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________________________________________________________________
MÉMOIRE
de fin d’études du
CERTIFICAT D’ÉTUDES
COMPLÉMENTAIRES D’URGENCES ET
RÉANIMATION PÉDIATRIQUE
Par
LES INTOXICATIONS
TITRE MÉDICAMENTEUSES CHEZ
L’ENFANT : ASPECTS
ÉPIDEMIOLOGIQUES ET CLINIQUES
Mots-clés Intoxications, médicaments, accidents, enfant
JURY :
Président : Pr Asma BOUZIRI Directeur de mémoire :
Au Dieu Tout Puissant qui me donne la vie, la santé et la capacité d’entreprendre ces
études complémentaires ;
A mon épouse bien aimée Pauline et à nos enfants Windinmi et Baowendsom : vous
êtes toujours là pour m’encourager à poursuivre, malgré les circonstances souvent
difficiles. Votre présence dans ma vie me donne de l’énergie à avancer. Puisse Dieu
nous garder ensemble le plus longtemps possible ;
ii
REMERCIEMENTS
Docteur Salem YAHYAOUI : plus qu’un Maître, vous êtes pour moi un ami, un frère.
Votre simplicité, votre humilité et vos valeurs sociales m’ont permis de mener à bien
ce travail. Merci pour votre disponibilité à diriger ce mémoire et l’encadrement reçu.
Trouvez en ce travail, l’expression de ma reconnaissance ;
Professeur Agrégé Samir HADDAD : vous avez tout de suite dit oui à notre demande
de siéger dans le jury devant juger ce travail. Merci pour votre disponibilité et les
enseignements reçus;
Professeur Agrégé Aida BORGI : votre rigueur et votre engagement pour des soins
de qualité font de vous un Maître respecté. Nous sommes honoré de vous avoir dans
ce jury ;
Résidents de Réa Poly et du CMNT : ce fut un plaisir de travailler avec vous, merci.
iii
Table des matières
DEDICACES ....................................................................................................... ii
INTRODUCTION ................................................................................................1
1. METHODE ..................................................................................................2
2. RESULTATS ................................................................................................6
iv
2.2.1. Facteurs influençant le délai de consultation ................................... 21
3. DISCUSSION............................................................................................. 28
CONCLUSIONS ................................................................................................ 37
ANNEXES .......................................................................................................... x
Références ......................................................................................................xiii
v
LISTE DES ABBREVIATIONS
Cp : Comprimé
ECG : Electrocardiographie
Hb : Hémoglobine
Kg : Kilogramme
l : litre
ml : millilitre
vi
LISTE DES TABLEAUX
vii
LISTE DES FIGURES
viii
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Introduction
Aspects épidémiologiques et cliniques
INTRODUCTION
Les intoxications dans la population pédiatrique sont très mal évaluées dans notre
contexte. En France , au cours de l’année 2012, les Centres Antipoisons avaient reçu
187028 appels pour des intoxications chez des patients de moins de 20 ans et 46%
concernaient ceux de moins de 10 ans[2]. Au Maroc les données montraient une
incidence de 76 cas d’intoxications médicamenteuses chez l’enfant dans le seul Hôpital
d’enfants de Casablanca, en deux ans[3]. Une étude faisant le bilan 2011-2015 du
laboratoire de toxicologie, du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Farhat-Hached
au centre de la Tunisie a noté 194 cas colligés chez les enfants de moins de 15 ans[4].
1
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Méthodes
Aspects épidémiologiques et cliniques
1. METHODE
1.2. PATIENTS
Nous avons inclus dans cette étude tous les cas d’intoxication médicamenteuse chez
les patients âgés de moins de 15 ans. Les cas retenus sont ceux qui ont été
hospitalisés au service médecine infantile C.
Dans cette étude, nous n’avons pas inclus les patients victimes d’une intoxication
autre que médicamenteuse.
1.3. METHODES
Les dossiers ont été sélectionnés pour consultation à partir du répertoire électronique
du service mentionnant les diagnostics de sortie. Ont été analysés, tous les dossiers
portant les codages suivants : « intoxication médicamenteuse» et «P2».
2
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Méthodes
Aspects épidémiologiques et cliniques
Pendant cette période d’étude, 105 dossiers ont été retenus pour l’étude et 6 patients
ont été exclus parce que les observations cliniques n’ont pas été retrouvées.
Les informations ont été collectées dans les dossiers médicaux à l’aide d’une fiche de
collecte permettant le recueil des données suivantes:
- La date de l’intoxication
- Le genre, l’âge en mois, le niveau socio-économique, les professions, l’origine
géographique des parents.
- Les éléments permettant d’identifier le toxique : nom, forme galénique, classe
thérapeutique, voie d’administration.
- Les circonstances de l’intoxication, les facteurs favorisants, le lieu de survenue
de l’intoxication et les mesures immédiates entreprises avant la consultation
- Les manifestations cliniques : état de la conscience, signes neurologiques,
digestifs, respiratoires, cardio-vasculaires, neuro-végétatifs,
cutanéomuqueux, uro-génitaux, autres.
- Les données biologiques : hémogramme, fonction rénale, bilan inflammatoire,
Gaz du sang, bilan hépatique,
- Les données de l’imagerie et d’électrophysiologie: radiographie, échographie,
tomodensitométrie, endoscopie digestive, électrocardiographie.
- La prise en charge hospitalière : traitements symptomatique, évacuateur,
épurateur, spécifique et psychologique.
- L’évolution de l’état clinique de l’intoxiqué en hospitalisation : favorable,
complications, séquelles, décès.
- La durée d’hospitalisation et le mode de sortie.
La population pédiatrique était composée de patients des deux genres âgés de zéro à
quinze ans.
Pour le niveau socio-économique des parents, en l’absence de critères objectifs de
jugement, nous avons établi arbitrairement les classes suivantes :
Niveau élevé : quand l’un ou les deux parents étaient des cadres supérieurs.
Niveau moyen : quand les deux parents étaient des travailleurs autres que des
cadres supérieurs.
3
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Méthodes
Aspects épidémiologiques et cliniques
Niveau bas : quand aucun ou un seul des parents avait un travail autre qu’un
cadre supérieur.
L’âge des patients a été étudié en mois et classé selon les catégories d’âge adoptées
par l’OMS :
Moins de 12 mois
12 à 59 mois
60 à 119 mois
120 à 180 mois
Le délai de consultation était évalué par le temps écoulé entre la survenue de
l’intoxication et la demande de soins dans une structure de santé.
Les données ont été analysées au moyen du logiciel Epi-info dans sa version 7.1.3.3
Pour les variables quantitatives, des moyennes, des médianes et des écarts-types ont
été calculés et les valeurs extrêmes ont étés déterminées.
Les comparaisons de pourcentages sur séries indépendantes ont été effectuées par
le test du chi-deux de Pearson, et en cas de non-validité de ce test par le test exact
bilatéral de Fisher.
Dans tous les tests statistiques, le seuil de signification a été fixé à 0,05.
4
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Méthodes
Aspects épidémiologiques et cliniques
5
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
2. RESULTATS
70
60
60
50
40
30
22
20 15
14
10
0
Année 2012 Année 2013 Année 2014 Année 2015
6
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
80
71
70
60
50
40
30
20 14
13
10 7
0
[00;12[ [12;60[ [60;120[ [120;180]
7
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Pathologies neuropsychiatriques 4
Intoxication médicamenteuse 4
Infection materno-fœtal 4
Asthme 3
Atopie 2
Amygdalectomie 1
Cryptorchidie 1
Myopathie 1
Total 20
8
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Ouvrier/journalier 26 (24,8%)
Autres* 10 (9,5%)
Chauffeur 8 (7,6%)
Les mères des patients étaient des femmes au foyer dans 58,1% des cas comme le
montre le tableau III.
Autres* 11 (10,5%)
9
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
60
51
50
40
30
30
23
20
10
1
0
Bas moyen Elevé Non évalué
14 13
12
12 11
10 10
10 9 9
8 7
6 6 6 6
6
10
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Domicile
90%
11
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Reconditionnement 1
Erreur de dosage 6
Défaut de rangement 70
inconnue; 8
Intramusculaire;
2
Orale; 95
12
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Rien 90
Administration de lait 13
Administration d'huile 1
Faire vomir 1
0 20 40 60 80 100
Figure 8: répartition des patients selon les mesures entreprises par les
parents avant la consultation
13
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
16 15
14 13
12
10
fréquence
4 3
0
0-moins de 2h 2h- moins de 6h Plus de 6 h
délai de consultation
14
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Fréquence
Classe N=112 Médicament (n)
thérapeutique
n (%)
112
Total
(100,0%)
15
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Forme inconnue 2
Injectable 2
Cp/géllules 62
0 10 20 30 40 50 60 70
16
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Aphasie 1
Agitation 7
Ataxie 3
Asthénie 3
Convulsions 1
Signes neurologiques
Céphalées 2
Hypertonie 6
Somnolence 3
Altération de la
13
conscience
Myosis 2
Signes neurovégétatifs
Mydriase 1
Douleurs abdominales 5
Diarrhée 1
Signes digestifs
Nausées/ vomissements 9
Hyper sialorrhée 1
Cernes oculaires 1
Hypotension artérielle 2
Signes cardio-
vasculaires Vasodilatation
1
périphérique
2.1.5.2. Biologie
L’état clinique de 38 patients (36,2%) n’avait pas nécessité la réalisation de bilan
paraclinique. Deux enfants victimes d’une intoxication à la théophylline et au
salbutamol avaient présenté une hypokaliémie avec des valeurs respectivement de
3,47 mmol/l et de 2,98 mmol/l (tableau VI).
17
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
n(%)
Dosage des
enzymes 1(0,9%) Pas d’anomalies
musculaires
2.1.5.3. Imagerie
La radiographie thoracique a été demandée chez 2 patients soit 1,9%, les résultats
étaient revenus normaux.
2.1.5.4. Electrophysiologie
L’électrocardiogramme a été réalisé dans 4 cas soit 3,8% ; le tracé était pathologique
chez un patient avec des complexes QRS larges suite à la prise de 5 cp de Moxonidine
pour autolyse.
2.1.5.5. Toxicologie
La recherche de toxique a été réalisée chez 43 patients. Il s’agissait d’un prélèvement
sanguin, urinaire ou du liquide de lavage gastrique, en fonction de la voie
d’intoxication, des propriétés des toxiques et du délai de consultation. Le tableau VII
résume la fréquence des demandes d’analyse toxicologique en fonction de leur nature
biologique :
18
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Paracétamolémie
positive : 15 cas
Sang 43(40,9%)
Recherche positive aux
benzodiazépines : 2 cas
Présence de
Urines 23(21,9%) benzodiazépines dans les
urines : 1 cas
2.1.6.1. Traitement
La surveillance clinique a été le traitement de 23 patients soit 21,9% des cas. Le
tableau VIII résume les principes du traitement administré.
b) Traitement anticonvulsivant
Il faisait suite à l’ingestion des neuroleptiques avec hypertonie pour son effet
myorelaxant. Le diazépam a été administré à la dose de 0,5 mg/Kg en injection
intramusculaire ou intra rectale.
19
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Symptomatique :
Diazepam 7 (6,7%)
Oxygénothérapie 2 (1,9%)
Traitement évacuateur
2.1.6.2. Evolution
Elle était favorable dans tous les cas. Aucun cas de décès ni de complications n’a
été enregistré.
20
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
plus de 4 jours
4%
3-4 jours
23%
0-2 jours
73%
Nous avons recherché l’influence de certains facteurs sur le délai de consultation, les
circonstances de l’intoxication et la durée du séjour hospitalier.
Délai de
3,3±2,9 4,6±4,5 0,42
consultation
Le délai de consultation n’était pas statistiquement différent entre les patients venant
de Tunis et ceux en provenance des autres régions.
21
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Délai de
2,5±1,3 2 3,7±3,6 0,00
consultation
Le genre
-Masculin 57 1 5
-Féminin 0,01
31 6 5
22
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Femmes au
54 (88,5%) 7 (11,5%) 61
foyer
Niveau socio-
économique des Accidentelle Non accidentelle
parents
23
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Genre
2,2±1
M 0,04
3±2,7
F
Origine géographique
2,2±1,0
Tunis 2,4±1,0 0,32
Région
Circonstances de l’intoxication
2,2±0,8
Accidentelle
3,8±3,0
Inconnue 0,00
5,1±5,5
Volontaire
Etat de la conscience
2,4±1,8
Normal
3,3±2,4
obnubilé 0,00
2
comateux
24
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Lavage gastrique
Oui 2,6±2,3
0,58
Non 2,4±1,5
Administration
d’antidote
3,3±1,8
Oui 0,22
2,2±1,1
Non
2.3.1. Observation 1
Les parents n’ont pas formulé de plaintes et l’examen clinique était normal à
l’admission. Le bilan biologique réalisé a objectivé une glycémie capillaire normale
(0,85g/l), un hémogramme normal (leucocytes= 8700/mm 3, Hb=13,6g/dl et des
plaquettes à 378000/mm3), une créatininémie normale à 11,4 umol/l et une azotémie
élevée à 7,6 mmol/l
25
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
2.3.2. Observation 2
Fille de 132 mois, sans antécédents pathologiques connus, profession des parents
non précisée, admise pour ingestion volontaire de médicaments. Elle aurait de pris
cinq cp d’un anti hypertenseur à type de moxonidine par voie orale à domicile dans
le but d’autolyse suite à un conflit avec les parents.
Elle avait bénéficié d’une alcalinisation des urines par le SAMUR en prise en charge
pré hospitalière. Elle est sortie le jour même contre avis médical.
Figure 12: ECG montrant des QRS larges (152 ms en V1 et 144 ms en V2)
2.3.3. Observation 3
Enfant de 80 mois, de sexe masculin, suivi en neurologie pour dyslexie, issu d’une
famille à niveau socio-économique moyen (les deux parents étaient salariés du privé)
26
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Résultats
Aspects épidémiologiques et cliniques
Il n’y avait pas de plaintes et l’examen clinique à l’admission était normal. Le bilan
biologique était normal en dehors de la kaliémie qui était basse à 2,98 mmol/l.
L’évolution a été favorable et le patient est sorti le jour même sur décision médicale.
27
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Discussion
Aspects épidémiologiques et cliniques
3. DISCUSSION
Le foyer et ses environs peuvent présenter des dangers pour l’enfant, notamment des
dangers liés aux intoxications qui dans la plupart sont évitables [1,5,6]. Elles
constituent un problème de santé publique aussi bien dans les pays développés que
ceux en développement du fait de son poids social et économique en augmentation
[1,7]. A notre connaissance, il n’existe pas d’études antérieures traitant
spécifiquement des intoxications médicamenteuses chez l’enfant dans notre contexte.
28
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Discussion
Aspects épidémiologiques et cliniques
urgences faisait suite à une intoxication. Cette incidence reste en deçà de celle de
Mutulu [10] qui trouvait une incidence de 2,9%.
3.2.2.1. Sexe
Le sex-ratio était de 1,4 soit 60% de genre masculin et 40% de genre féminin. Dans
notre série, les garçons étaient plus exposés que les filles. Cette situation pourrait
s’expliquer par les caractéristiques physiques et psychologiques propres au garçon :
plus grande curiosité, désir d’autonomie, agressivité et turbulence, qui l’exposent plus
aux accidents que la fille. Dans la littérature, les données ne sont pas concordantes.
Nos résultats corroborent avec ceux de Gharbi en Tunisie [6], Franklin [11] aux Etats
Unis d’Amérique, Mintegi [8] en Espagne et Diallo [12] qui retrouvaient une
prédominance masculine avec respectivement 60% ; 54,6% et 59,5%. Par contre,
Mutulu [10] et Sahin [13] observaient une prédominance féminine avec
respectivement 55% et 51,6%.
3.2.2.2. Age
L’âge moyen des patients était de 53±42,70 mois et la majorité des patients avait
entre 12 et 59 mois (67,6%). En effet, cette tranche d’âge correspond à la période
dite des « bébés marcheurs ». C’est une période au cours de laquelle l’enfant acquiert
une autonomie motrice qui lui permet de satisfaire sa curiosité en explorant le monde
autour de lui et en portant à sa bouche tout ce qu’il prend par la main. Nos résultats
sont similaires à ceux de la littérature [8,10–13].
3.2.2.3. Terrain
Dans notre série, 80,9% des patients étaient sans antécédents pathologiques
notables. Quatre patients étaient suivis pour pathologies neuropsychiatriques et
quatre avaient des antécédents d’intoxication médicamenteuse. La pathologie
psychiatrique favorise des intoxications volontaires dans des situations de dépression,
les récidives pour tentatives de suicide étant fréquentes [14]. Dans notre contexte,
toutes ces intoxications étaient survenues chez des enfants de 12 à 59 mois et étaient
accidentelles.
29
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Discussion
Aspects épidémiologiques et cliniques
Les patients provenaient du grand Tunis dans 42% des cas et 58% du reste de la
Tunisie. L’hôpital d’enfant Béchir Hamza est un hôpital pédiatrique de référence
nationale.
Les pères des patients étaient des ouvriers ou journaliers dans 24,8% des cas et
salariés du privé dans 20% des cas. Les mères étaient femme au foyer dans 51,8%.
Ces données sont le reflet des conditions professionnelles de la population générale
en Tunisie. Selon le rapport national 2015, les femmes consacrent huit fois plus de
temps aux travaux domestiques non rémunérés [15].
Le niveau socio-économique des parents était bas dans la majorité des cas (48,6%),
moyen (29,5%), élevé (0,9%). Dans 21% des cas, il n’a pas pu être évalué. Malgré
l’augmentation du nombre d’emploi dans les différents secteurs, le pouvoir moyen
d’achat dans la population générale reste faible [6,15]. Des actions doivent être
renforcées dans les centres de santé périphériques pour une communication efficace
sur les conséquences des intoxications médicamenteuses.
30
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Discussion
Aspects épidémiologiques et cliniques
Dans notre étude, la voie orale représentait 91% des cas. Nos résultats sont
comparables aux données de la littérature [5,7,16,18–21].
Après avoir constaté l’ingestion du médicament, 13 parents ont d’abord fait boire du
lait à leur enfant avant le recours à la consultation. Cette pratique culturelle est
néfaste et devra être abandonnée car pouvant compromettre la prise en charge du
patient en accélérant ainsi l’absorption digestive du médicament. Une sensibilisation
de la communauté sur les comportements à éviter en cas d’intoxication
médicamenteuse est nécessaire.
Le délai de consultation était de 2,5 heures avec des valeurs allant de 1 à 14 heures.
La majorité a consulté avant la deuxième heure (48,4%). Ce délai est supérieur à
ceux trouvés en Turquie en 2008 (1,98±2,5 heures), en Inde (1 heure) et en Iran en
2011 où 70,8% étaient pris en charge avant la deuxième heure suivant l’intoxication
[10,13,18]. Notre résultat est comparable à celui de Kouéta [7] au Burkina Faso. Une
des règles d’or est que « le délai entre la prise du toxique et la prise en charge efficace
doit être le plus court possible » car conditionnant la prise en charge et pronostic
[22].
31
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Discussion
Aspects épidémiologiques et cliniques
Ces médicaments étaient en majorité des cp et des gélules (59%). Ce qui pourrait
s’expliquer par le fait que d’une part ces médicaments ne sont pas destinés aux
enfants (âge jeune des patientes) et d’autre part par la facilité de défaire leurs
emballages. Ces résultats corroborent les données nationales [6,23].
32
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Discussion
Aspects épidémiologiques et cliniques
L’état clinique de 36,2% des patients ne nécessitait pas la réalisation d’un bilan
paraclinique. L’hémogramme a été réalisé chez 51 patients parmi lesquels 7 avaient
une anémie avec un taux d’Hb inférieur à 10g/dl. Il s’agissait d’une anémie
microcytaire d’origine carentielle probable.
Sur 49 patients ayant bénéficié d’un ionogramme sanguin, deux ont présenté des
troubles à types d’hypokaliémie. Dans le premier cas, il s’agissait d’une intoxication à
la théophylline et l’hypokaliémie était modérée à 3,47 mmol/l. Des cas ont été décrits
dans la littératures [24,25]. Dans le second cas, le médicament en cause était le
salbutamol. Ce médicament est connu pour son effet hypokaliémies, utilisé pour la
prise en charge de certaines hyperkaliémies [26,27].
Un examen ECG a été fait chez 4 patients dont un était anormal et présentait des
complexes QRS larges. Il s’agissait d’une intoxication au moxonidine. Ce médicament
est un anti HTA de la classe des β-bloquants. Ces anomalies ECG ont déjà été décrites
dans la littérature [29,30].
33
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Discussion
Aspects épidémiologiques et cliniques
toxicologique ne doit pas être systématique devant toute intoxication mais lorsque
l’identification du ou des toxiques est utile au diagnostic ou au traitement [14,31,32].
En somme, le bilan demandé n’a pas toujours tenu compte de l’état clinique du patient
ni des implications thérapeutiques.
Le lavage gastrique (45 cas) et l’administration du charbon activé (28 cas) étaient les
principes du traitement évacuateur. En effet, le lavage gastrique ne doit pas être
pratiqué de façon systématique après une intoxication aiguë par voie orale, car il n’y
a aucune évidence qu’il puisse influencer l’évolution clinique. L’indication d’un lavage
gastrique doit être discutée dans une perspective risque–bénéfice en cas d’ingestion
depuis moins d’une heure d’une quantité de toxique non carboadsorbable
(notamment le lithium et le fer) susceptible d’engager le pronostic vital [32]. Aussi,
l’administration d’une dose unique de charbon activé peut être envisagée lorsqu’elle
suit depuis moins d’une heure l’ingestion de quantités toxiques d’une substance
carboadsorbable. Passé ce délai, aucune donnée ne permet de confirmer ni d’infirmer
l’efficacité du charbon activé [33].
Dans notre série, le traitement épurateur n’a pas été utilisé. Aucun cas ne nécessitait
une mise en route d’un traitement épurateur.
34
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Discussion
Aspects épidémiologiques et cliniques
ou biologique. Pour les toxiques lésionnels (paracétamol), l’antidote doit être employé
avant l’atteinte organique [33].
Dans tous les cas, une prise en charge psychosociale a été faite. Il s’agissait d’un
entretien avec les parents et/ou l’enfant fait par l’assistante sociale ou une
consultation psychiatrique pour les tentatives de suicide. Des auteurs recommandent
vivement cette modalité thérapeutique pour éviter les récidives qui sont souvent
fatales surtout si l’intoxication est volontaire [22,33–36].
L’évolution était favorable dans tous les cas. Nos résultats sont semblables à ceux de
Sahin [13] qui retrouvait une évolution favorable dans 100% des cas.
Le mode de sortie était normal sur décision médicale dans 92,3% des cas. Une
déclaration écrite de l’intoxication a été faite au service social de l’hôpital avant la
sortie dans tous les cas. Dans les cas de sortie contre avis médical, des entretiens ont
été réalisés en vue de convaincre les parents de rester sans succès. Il est
recommandé de consigner toute action dans le dossier dans l’attente d’un avis
psychiatrique [33].
Le délai de consultation était plus court chez les patients ayant reçu du lait en post
ingestion du médicament (p=0,00). Par contre, il n’était pas influencé par la
provenance. La présence d’un parent à proximité et qui aurait été témoin de l’accident
pourrait expliquer les prises d’initiative d’administrer du lait, de l’huile ou de faire
vomir avant la consultation. L’Hôpital d’Enfant Béchir Hamza admet des patients
directement ou sur référence d’une structure périphérique. Le patient avait la
possibilité de bénéficier les premiers soins avant sa référence.
L’intoxication volontaire était plus fréquente chez les patients plus âgés (132,3±18,6
mois, p=0,00) de sexe féminin (p=0,01). En effet, les filles sont plus dépressives,
35
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Discussion
Aspects épidémiologiques et cliniques
plus anxieuses et ont plus de plaintes somatiques que les garçons [37]. Aussi, les
tentatives de suicide ne seraient pratiquement pas observées avant 9 ans. Les
données de la littératures confirment ces résultats [13,38,39].
L’intoxication accidentelle survenait plus fréquemment chez des patients dont les
mères étaient des femmes au foyer (p=0,00). Par contre, le niveau socio-économique
des parents n’influençait pas les circonstances de survenue de l’intoxication. Les
jeunes enfants accompagnent leurs mères dans toutes leurs activités domestiques
quotidiennes, et il suffit d’une brève période d’inattention pour qu’un accident
survienne. Kouéta [7] avait abouti à la même conclusion.
La durée d’hospitalisation était plus longue chez les patients de genre féminin, ceux
présentant un trouble de la conscience et dans les intoxications volontaires. Le lavage
gastrique et le traitement antidotique non pas réduit la durée de séjour hospitalier.
Nous avions montré précédemment que les intoxications volontaires survenaient
surtout chez les filles. Ainsi, la complexité de la prise en charge des tentatives de
suicide explique la durée d’hospitalisation plus longue. L’efficacité du charbon activé
diminue avec le temps, on considère que son effet est maximal dans l’heure qui suit
l’ingestion. L’administration routinière du charbon activé après une heure post
ingestion ne devrait plus être réalisée [22]. L’administration de l’antidote a pour but
de prévenir ou réduire les effets secondaires des produits ingérés. Nos résultats
pourraient s’expliquer par le non-respect de ces principes thérapeutiques.
36
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Conclusions
Aspects épidémiologiques et cliniques
CONCLUSIONS
37
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Conclusions
Aspects épidémiologiques et cliniques
L’intoxication médicamenteuse était accidentelle dans 87% des cas, volontaire à but
d’autolyse dans 7% des cas. La circonstance de survenue était inconnue dans 6% des
cas. Ces patients ont été hospitalisés pour une symptomatologie neurologique sans
notion d’ingestion de médicaments. Le diagnostic a été posé au cours d’une longue
hospitalisation. Elle survenait à domicile dans 90% des cas. Dans notre série, les
facteurs favorisant la survenue de l’intoxication étaient précisés dans les observations
cliniques de 77 patients parmi lesquels plus de 90% des cas faisaient suite à un défaut
de rangement. La voie orale était la voie d’absorption dans 91% des cas. Quatre-
vingt-dix parents d’enfants avaient demandé immédiatement les soins dans une
structure de santé alors que 15 parents avaient fait d’abord boire du lait, de l’huile à
leurs enfants. Le délai de consultation était précisé chez seulement 31 patients parmi
lesquels 15 (48,4%) étaient amenés par leurs parents dans une structure de santé
pour demande de soins avant la deuxième heure. La médiane du délai de consultation
était de 2,5 heures avec des extrêmes de 1 heure et 14 heures.
Cinq patients étaient victimes d’une intoxication poly médicamenteuse faite d’une
association de deux à trois médicaments. Les neurotropes représentaient 39,3% suivi
des antalgiques 17,8% et des médicaments cardio-vasculaires 11,6%. La quantité du
médicament absorbé était connue ou approximée par les parents dans 83% des cas.
Elle n’était pas connue dans 22% des cas. Les médicaments présentés sous formes
de gélules ou de comprimés étaient les plus fréquents avec 62 cas (59%).
Dans notre série, 69 patients soit 65,7% des cas étaient asymptomatiques. La
symptomatologie neurologique était prédominante (39 cas).
38
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Conclusions
Aspects épidémiologiques et cliniques
Nous avons recherché l’influence de certains facteurs sur le délai de consultation, les
circonstances de l’intoxication et la durée du séjour hospitalier. Il n’y avait pas de
différence statistiquement significative entre les patients provenant de Tunis et ceux
provenant du reste du pays quant au délai de consultation et de la durée
d’hospitalisation (p=0,42). Les patients qui avaient reçus du lait ou de l’huile étaient
amenés plutôt en consultation (p=0,00). Les intoxications volontaires survenaient
chez les patients plus âgés (p=0,00) et chez les filles (p=0,01). Elle était accidentelle
chez les patients dont les mères étaient des femmes au foyer (p=0,00). Le niveau
socio-économique des parents n’avait pas d’impact sur les circonstances de survenue
de l’intoxication médicamenteuse (p=0,11). La durée d’hospitalisation était plus
longue chez les patients admis pour intoxication volontaires (p=0,00), avec des
troubles de la conscience (p=0,00) et les patients de genre féminin (p=0,04). Le
lavage gastrique (p=0,58) et le traitement antidotique (p=0,22) n’ont pas modifié la
durée d’hospitalisation.
39
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Conclusions
Aspects épidémiologiques et cliniques
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Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Annexes
Aspects épidémiologiques et cliniques
ANNEXES
1.Caractéristiques sociodémographiques
N° d’identification ou code :
Date d’intoxication :
Situation familiale et niveau socio-économique : Bas /___/ Moyen /___/ Elevé /___/
2.Antécédents de l’intoxique
3.Identification du toxique :
Nom du toxique :
Dose supposée absorbée connue : oui/___/ non /___/ si oui, quantité /___/
Classe thérapeutique :
Autre /___/
x
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Annexes
Aspects épidémiologiques et cliniques
4.Etude clinique
4.1.Signes digestifs :
4.2.Signes respiratoires :
4.3.Signes cardio-vasculaire :
4.4.Signes neurologiques :
Déficit sensitif /___/ Hypotonie /___/ Raideur nuque /___/ Vertige /___/ Autre
/___/ Préciser :
4.7.Autres signes :
5.Biologie
x
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Annexes
Aspects épidémiologiques et cliniques
Fonction rénale : Urée : /___/Créat: /___/ Insuf rénale Oui /___/ non /___/ ND
/___/
Bilan Hépatique : GOT : /___/ GPT : /___/ Cytolyse : oui /___/ non/___/ ND /___/
CPK totale : /___/ CPKmb : /___/ Rhabdomyolyse Oui /___/ non/___/ ND /___/
Acidemie /___/ acidose métabolique/___/ acd respiratoire /___/ acd mixte /___/
6.Imagérie
7.Traitement
xi
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Annexes
Aspects épidémiologiques et cliniques
8.Evolution
Tunis, le……………………………
DECLARATION D’INTOXICATION
Signature et cachet
xii
Les intoxications médicamenteuses chez l’enfant : Références
Aspects épidémiologiques et cliniques
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Title: Drug poisoning in childhood: epidemiological and clinical aspects
Abstract
Résumé