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Câbles sous-marins à fibres optiques

par René SALVADOR


Ancien Élève de l’École Polytechnique
Ingénieur Général des Télécommunications

1. Nouveaux systèmes sous-marins à fibres optiques ....................... E 7 555 - 3


1.1 Systèmes à amplification directe ............................................................... — 3
1.2 Systèmes à très grand débit ....................................................................... — 5
1.3 Quel futur ?................................................................................................... — 6
2. Réseau ......................................................................................................... — 6
2.1 Réseau des liaisons à régénérateurs ......................................................... — 6
2.2 Projet de réseau à amplification optique................................................... — 7
3. Exploitation et maintenance................................................................. — 9
3.1 Gestion globale du réseau .......................................................................... — 9
3.2 Moyens de surveillance et de maintenance .............................................. — 10
3.3 Cas des systèmes à boîte de dérivation .................................................... — 10
4. Sécurité des liaisons et travaux en mer ............................................ — 10
4.1 Nécessité de renforcer la sécurité d’un câble sous-marin posé .............. — 10
4.2 Prévisions de tracé ...................................................................................... — 10
4.3 Ensouillage................................................................................................... — 10
4.4 Auxiliaires de réparation............................................................................. — 11
4.5 Navires-câbliers ........................................................................................... — 11
5. Conclusion ................................................................................................. — 11
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. E 7 555

’article Câbles sous-marins de télécommunications [E 7 550], édité en 1991,


L dresse un tableau complet de l’évolution de cet important domaine des
télécommunications intercontinentales, depuis les premiers câbles télé-
graphiques au milieu du XIXesiècle jusqu’à 1990. Il met en relief le pas important
franchi dans les années 50 avec l’apparition des systèmes de téléphonie
sous-marine à répéteurs immergés, le développement très rapide des systèmes
à transmission analogique sur câble coaxial qui, malgré la durée relativement
courte de leur règne, trois décennies seulement, ont permis d’installer un réseau
mondial de 300 000 km représentant près de 300 millions de circuits × kilomètres,
l’apparition en 1985 des systèmes numériques à fibres optiques, bien adaptés
au volume de la demande et aux exigences de souplesse et de qualité des exploi-
tants, qui se sont rapidement substitués à tout ce qui avait précédé.
Les caractères fondamentaux de cette technique ont été exposés en détail. Ils
3 - 1996

restent toujours les mêmes à travers tous les systèmes, notamment ceux ayant
trait à l’aspect maritime.
L’article Câbles sous-marins de télécommunications [E 7 550] reste toujours
entièrement valable. Le présent article a pour but de le prolonger en présentant
ce qui s’est fait entre 1990 et 1995, ainsi que les perspectives futures dans un
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domaine où les transformations sont de plus en plus rapides.

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CÂBLES SOUS-MARINS À FIBRES OPTIQUES ________________________________________________________________________________________________

L’élément fondamental intervenu depuis 1990 est la mise au point dans un délai
très court des systèmes à amplification directe des signaux optiques qui se
substituent depuis 1995 aux systèmes à régénération. En effet, ces derniers, après
le succès rapide des premières liaisons à 280 Mbit/s en 1988-90 et 560 Mbit/s
en 1991-94, ont rapidement montré leur limite. Il est difficile avec eux de dépasser
le débit de 2,5 Gbit/s, réalisé par le constructeur britannique STC sur le transatlan-
tique Nord Cantat III posé en 1994, et qui sera sans doute la dernière des grandes
liaisons à régénérateurs. L’obstacle provient non pas de l’optoélectronique, mais
de la complexité des réseaux intermédiaires de régénération et de supervision
dans les répéteurs immergés, qui nécessitent un grand nombre de composants
électroniques de haute fiabilité difficiles à produire pour des fréquences élevées.
Or, dans l’ambiance de concurrence acharnée dont les télécommunications
intercontinentales sont le théâtre, la pression est très forte pour aller vers des
liaisons de capacité de plus en plus grande tout en conservant un coût
commercialement attractif. C’est l’amplification directe qui est venue apporter
la solution. Elle a permis la mise en service de liaisons à 5 Gbit/s en 1995.
Ainsi, l’ère des systèmes à régénération aura duré moins de 10 ans, ce qui
ne doit pas masquer leur extraordinaire succès, puisque le réseau posé de 1988
à 1994 atteint les 200 000 km.
Cependant, si les systèmes à amplification directe ont conquis dès maintenant
toute la place, à peine nés ils montrent à leur tour leur limite pratique que l’on
situe vers 10 Gbit/s. Pour aller plus loin, il faut donc trouver autre chose, et c’est
là le grand objectif de cette fin de siècle. Le principe de base étant toujours
l’amplification directe, les laboratoires préparent l’avenir dans deux directions :
l’utilisation de l’effet soliton d’une part, et le multiplexage en longueur d’onde
d’autre part. Le domaine des fibres elles-mêmes peut ouvrir de son côté des
perspectives intéressantes : fibres à très faible atténuation ou fibres à amplifica-
tion continue. Ces améliorations ne sont pas forcément concourantes, et il y aura
des choix à faire pour trouver la meilleure solution pour l’an 2000.
Par ailleurs, la prédominance des câbles sous-marins dans les liaisons fixes
entre zones génératrices de fort trafic ne fait que s’affirmer, et cela quelle que
soit la distance, Australie-Europe, Australie-Amérique, Europe-Extrême-Orient
par exemple. Il en résulte deux conséquences importantes : sur l’exploitation
d’une part où des accords mondiaux entre opérateurs permettront d’utiliser au
mieux la capacité et la flexibilité du réseau, sur la sécurisation et la fiabilité d’autre
part. Cette dernière se manifeste dans la structure des réseaux par une tendance
à l’autosécurisation par boucle, et au niveau maritime par une meilleure étude
des tracés, un développement des techniques de protection par ensouillage et
un développement des procédures de réparation.
Nous allons examiner successivement :
— les nouveaux systèmes sous-marins optiques ;
— le réseau en service et en projet ;
— les accords d’exploitation et leur mise en œuvre ;
— les progrès dans l’étude des tracés et dans les travaux en mer d’ensouillage
et de réparation.
Il ne s’agit que d’un exposé très bref, et aussi précis que possible, mais qui
ne retient que l’essentiel. En ce qui concerne les systèmes, l’approfondissement
fait appel à des développements mathématiques difficiles et à des notions de
physique des particules à l’intérieur du verre qui n’auraient pas leur place ici.
Pour les techniques d’exploitation et les techniques maritimes, les outils auxquels
on fait appel sont simplement cités avec leurs principales caractéristiques, chacun
relevant d’un domaine qui pourrait faire lui-même l’objet d’un article
indépendant.
Les lecteurs intéressés devront se reporter aux deux recueils cités dans la biblio-
graphie de base et qui ont servi à l’élaboration du présent article, et, s’ils veulent
aller plus loin, à la bibliographie propre indiquée dans chaque article de ces
recueils.
Enfin, il est supposé que les notions contenues dans l’article Câbles
sous-marins de télécommunications [E 7 550] sont connues et qu’il n’y a pas lieu
d’y revenir.

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1. Nouveaux systèmes Cinq facteurs interviennent.


■ Puissance optique à l’entrée des amplificateurs
sous-marins à fibres Elle doit être suffisante pour que le rapport signal/bruit de chaque
optiques amplificateur soit assez élevé et qu’ainsi le bruit accumulé soit
compatible avec l’exigence de qualité. Ceci doit être encore réalisé
en fin de vie de la liaison, 25 ans comme dans tout système sous-
1.1 Systèmes à amplification directe marin. Il faut donc inclure les prévisions d’usure des composants
et de la fibre, ainsi que l’effet des réparations envisageables sur le
1.1.1 Généralités câble.
■ Dispersion chromatique de la fibre
Pour résoudre le problème essentiel d’accroissement du débit des
liaisons sous-marines sans augmentation de coût, les constructeurs Elle doit être très proche de zéro et légèrement négative pour assu-
se sont intéressés aux activités des laboratoires de recherche, rela- rer la propagation des impulsions à 5 Gbit/s avec un minimum de
tives à l’amplification optique à la longueur d’onde 1 550 nm déformation. Pour une liaison de 6 500 km par exemple l’objectif
permettant l’accès à une bande passante quasi illimitée. Revenir à serait, en bout de liaison, entre – 50 ps/nm et 0 ps/nm. Même une
une structure comme celle des systèmes coaxiaux, où les répéteurs fibre à dispersion décalée telle que l’on peut les produire industrielle-
ne sont pas des régénérateurs mais des amplificateurs, est alors ment aujourd’hui ne le permet pas. Il faut donc se contenter d’une
apparu comme une possibilité prometteuse, d’autant plus qu’elle dispersion négative plus élevée compensée à l’entrée de chaque
entraînait une simplification des répéteurs utilisant un moins grand amplificateur et avant le terminal de réception par une longueur de
nombre de composants, donc moins coûteux, plus fiables et fibre à dispersion positive.
consommant moins d’énergie. Le problème n’était pas simple, car ■ Dispersion de polarisation
il s’agissait de mettre un grand nombre d’amplificateurs en série avec
une addition des distorsions dont la somme devait être maintenue Elle doit être réduite au minimum pour la fibre et les composants,
en dessous du niveau assurant le respect des performances de trans- qui sont donc étudiés de façon particulière pour réduire ces effets.
mission exigées (taux d’erreur et accumulation d’erreurs). Des efforts ■ Effets non linéaires de la fibre (effet Kerr : variation de l’indice en
importants de recherche et de développement ont été menés dans fonction du niveau lumineux)
tous les laboratoires des quatre grands constructeurs mondiaux de
systèmes sous-marins, qui ont abouti en moins de cinq ans à mettre Ils sont une source de déformation des impulsions et doivent donc
sur le marché des liaisons transocéaniques à 5 Gbit/s par paire de être réduits par une limitation de la puissance optique en sortie des
fibres : le TAT12 est entré en service en 1995 entre le Royaume-Uni amplificateurs.
et les États-Unis avec un prolongement Royaume-Uni-France. Il sera ■ Monochromatisme de l’émetteur
suivi par le TAT13 en 1996. Comme toujours, chacun des
constructeurs a étudié son propre système, mais ils se sont tous Il doit être beaucoup plus poussé que dans les systèmes régénerés
rapprochés pour mettre au point, ensemble, des conditions et la longueur d’onde, parfaitement définie, doit correspondre à la
d’intégration permettant de réaliser une liaison avec des segments fois à l’optimum de dispersion chromatique de la fibre et au maxi-
provenant de différents constructeurs. mum de gain des amplificateurs.
Dans ce qui suit, lorsque des détails sont donnés sur les L’ingénierie des systèmes amplifiés consiste donc à rechercher le
composants et les paramètres, il s’agit du système français d’Alcatel, meilleur compromis entre ces différents paramètres, compte tenu
mais les autres systèmes, américain, britannique et japonais, sont des caractéristiques de la fibre et des composants pouvant être
très proches. produits industriellement. La complexité du problème a nécessité
la mise en place de simulateurs permettant d’intégrer tous les
éléments à prendre en compte. L’essentiel est de déterminer les para-
mètres de l’amplificateur et la longueur des sections de manière à
1.1.2 Amplificateur à fibre dopée à l’erbium faire un équilibre entre le meilleur rapport signal sur bruit favorisé
par un niveau de sortie élevé et la moindre incidence des effets non
L’amplificateur optique à fibre dopée à l’erbium (AOFD) utilise
linéaires favorisée, au contraire, par une diminution du même
l’amplification de la lumière incidente par émission stimulée. Celle-ci
niveau. Il faut également déterminer la longueur de fibre à dispersion
se produit dans un milieu devenu amplificateur par apport d’une
positive et les caractéristiques de filtrage à la réception.
énergie extérieure appelé pompage. Le milieu amplificateur est le
cœur d’une fibre optique dopée avec des ions erbium Er3+, et l’apport Les résultats obtenus par simulation doivent être validés par une
d’énergie se fait par injection dans cette fibre d’un faisceau lumineux expérimentation. Ainsi, dans le cadre de la mise au point des
monochromatique puissant. Sous l’effet du pompage, l’émission sti- systèmes qui seront utilisés sur le TAT12 et le TAT13 et de leurs
mulée est accompagnée d’une émission spontanée ou bruit optique. conditions d’intégration (systèmes étudiés par Alcatel, ATT et STC),
il a été réalisé en laboratoire des liaisons expérimentales, qui ont
La longueur d’onde du flux de pompage est 1 480 nm, et le spectre
généralement fonctionné sans erreur pendant des périodes de
de sortie de l’amplificateur présente un pic à 1 538 nm, valeur pour
plusieurs jours.
laquelle l’atténuation de la fibre de ligne est minimale. C’est pourquoi
les paramètres de l’amplificateur ont été choisis de manière à opti- Le pas maximal entre répéteurs dépend de la longueur de la
miser le fonctionnement à 1 538 nm. liaison, compte tenu de la loi d’addition du bruit et des effets non
linéaires : 45 km pour 6 500 km et 35 km pour 9 000 km. Pour
l’augmenter de quelques kilomètres, il est possible d’employer un
1.1.3 Conception d’une liaison code correcteur d’erreur à faible redondance (5 à 15 %) qui
à amplificateurs optiques transforme un taux d’erreur non corrigé de 10–6 en un taux d’erreur
inférieur à 10–15. On a obtenu ainsi 50 km sur le TAT12.
Pour constituer une liaison de plusieurs milliers de kilomètres avec La gestion des marges de puissance pour le vieillissement, les
un débit de 5 Gbit/s satisfaisant aux performances exigées – taux réparations et les phénomènes aléatoires imprévus est différente de
d’erreur inférieur à 10–12 assorti des conditions de non accumulation celle des systèmes régénérés. En effet, alors que dans ces derniers
d’erreurs analogues à celles des systèmes régénérés – il faut réaliser la dégradation sur une section engendre des erreurs irrécupérables
une chaîne « sections de câble-amplificateurs » évitant à la réception sur les autres, dans les systèmes amplifiés le défaut d’une section
un élargissement des impulsions et une accumulation de bruit trop s’atténue au passage des sections suivantes et donne en général
importants. comme seule pénalité une légère dégradation du rapport signal à
bruit à l’extrémité. Ce phénomène est dû essentiellement au fait qu’il

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existe dans chaque amplificateur une autorégulation de la puissance fréquence (7,5 kHz) du laser de pompage qui engendre une faible
de sortie par action sur la puissance de pompage. Dans ces condi- surmodulation du signal optique à 1 538 nm émis qui ne dégrade
tions, les marges peuvent être prises globalement sur le rapport pas la transmission du signal à 5 Gbit/s.
signal à bruit de la liaison. Les composants électroniques ont quasiment disparu : seules
restent les fonctions basse fréquence d’alimentation du laser de
pompage et de supervision, ce qui a permis de réduire la consomma-
1.1.4 Équipements terminaux tion en énergie pour deux systèmes (liaison à deux paires de fibres)
de 50 W dans le S560 régénéré à 30 W dans le système amplifié.
Les fonctions du terminal sont les mêmes que dans les précédents
Le répéteur conserve la même mécanique, qui peut contenir les
systèmes : interface entre les signaux d’accès venant du réseau
éléments pour quatre paires de fibres.
terrestre et le signal optique émis ou reçu sur la ligne sous-marine,
supervision, téléalimentation en énergie.
Un problème de hiérarchie se pose car il n’y a pas de norme inter- 1.1.6 Fibre et câble
nationale à 5 Gbit/s. Les constructeurs se sont mis d’accord pour un
multiplexage bit à bit de deux trains dits STM16 constitués dans une
Dans les systèmes régénérés à 1 550 nm, le paramètre le plus
hiérarchie normalisée à 2,5 Gbit/s.
important pour les fibres était leur atténuation, on avait atteint
L’équipement de supervision permet la gestion de la liaison : à 0,20 dB/km et même 0,18 dB/km avec des fibres à cœur de silice. Les
partir des deux extrémités, chaque répéteur est consulté pour effets de câblage, d’instabilité thermique, de prévention contre les
connaître ses niveaux d’entrée et de sortie donc l’état de la liaison. effets nocifs de l’hydrogène étaient bien maîtrisés.
S’il y a défaut, le répéteur ou la section responsable est identifié,
Dans les systèmes optiques à amplification à 5 Gbit/s, d’autres
et le cas échéant le terminal commande l’activation des éléments
paramètres sont prédominants : la dispersion chromatique qui doit
redondants.
être minimisée donc exige l’emploi d’une fibre à dispersion décalée,
Dans le système français : la dispersion de polarisation, et la surface effective qui intervient
— le laser d’émission est du type DFB (Distributed FeedBack) dans l’effet Kerr. Les efforts ont donc porté sur une amélioration de
réglé sur la longueur d’onde donnant la transmission optimale ; ces paramètres et une longueur de 2 200 km a été réalisée en France
— le modulateur à 5 Gbit/s est un modulateur externe en niobate dans le cadre du programme d’intégration effectué en vue du partage
de lithium ; industriel dans les liaisons TAT12 et TAT13. Les résultats sont satis-
— les circuits intégrés à 5 Gbit/s qui assurent les fonctions de faisants, et cette fibre est produite industriellement depuis 1994.
régénération, de multiplexage et de démultiplexage sont en Pour le câble, il existe toujours deux structures : câble utilisant une
technique GaAs ; fibre élastique ou câble ménageant un mou de fibre. Alcatel continue
— un amplificateur optique à l’émission assure un niveau de sortie à utiliser cette deuxième structure, mais grâce à l’introduction de
à + 5 dBm, et un préamplificateur optique à la réception assure une fibres à 1 % d’allongement élastique le jonc central a pu être réduit
excellente sensibilité de – 34 dBm ; et le diamètre extérieur du câble de grand fond ramené à 21,5 mm.
— le terminal est totalement redondant et les deux terminaux Il existe bien sûr à partir de ce dernier toutes les variantes de
fonctionnent en permanence en parallèle ce qui assure une protection : armure légère antimorsure, simple armure pour petit
continuité immédiate en cas de défaut sur l’un d’eux ; fond, double armure pour zone côtière.
— un code correcteur d’erreur avec une redondance de 7 % peut
être inséré dans le terminal. Un effort est entrepris actuellement pour pouvoir réduire encore
le mou en améliorant davantage le comportement mécanique des
fibres. Par ailleurs la moindre consommation en énergie des
systèmes à amplification permet de réduire le conducteur de cuivre
1.1.5 Répéteur entourant la corde d’acier et l’épaisseur du polyéthylène extérieur.
Tout ceci concourt à réduire à la fois le prix du câble et son encombre-
Le répéteur amplifie sans le déformer le signal à 5 Gbit/s afin de
ment, donc à accroître la capacité des navires et à faire des
compenser les pertes du segment précédent. Il détecte et réalise les
économies dans le coût de la pose. Il y a toutefois une limite à cette
commandes provenant du terminal et fournit à celui-ci sur demande
réduction de diamètre due à la maniabilité dans les opérations en
les informations concernant son état.
mer et à la sécurité de fonctionnement dans un environnement
Il comprend : sous-marin hostile.
— le laser de pompage à 1 480 nm redondant (2 lasers commu-
tables) ;
— la fibre dopée à l’erbium optimisée en dopage et en longueur 1.1.7 Application aux systèmes sans répéteurs
pour réduire au minimum son facteur de bruit ;
— le multiplexeur optique qui effectue le couplage du signal à Le marché des liaisons courtes sans répéteurs se développe
1 538 nm et du pompage ; aussi rapidement que celui des liaisons transocéaniques. L’intérêt
— le filtrage du résidu de pompage à la sortie. est donc d’en augmenter la portée et le débit.
Pour une liaison de 6 500 km les caractéristiques sont : Dans ce type de liaison, le paramètre essentiel pour la fibre est
— puissance de sortie : + 2,5 dBm ; l’affaiblissement qui doit être le plus bas possible. C’est donc le
— gain : ≈ 10 dB ; domaine de la fibre à cœur de silice, l’utilisateur s’accommodant
— facteur de bruit : < 7 dB ; d’une dispersion chromatique plus élevée. Les pénalités qu’elle
— sensibilité du gain à la polarisation : 0,1 dB. engendre sont minimisées en combinant les avantages d’un
La puissance de sortie est mesurée et contrôlée en réagissant émetteur laser puissant à modulation externe, d’un détecteur ultra-
sur le courant du laser de pompage afin de garantir un niveau émis sensible à photodiode à avalanche, et d’un code correcteur d’erreur.
dans la fibre indépendant des évolutions des composants ou d’une Le record ainsi obtenu en 1994 est une liaison Aden-Djibouti de
atténuation accidentelle. Ainsi la propagation n’évolue pas dans le 267 km à 622 Mbit/s.
temps. L’amplification optique par fibre dopée à l’erbium va être appliquée
La détection des informations de supervision transmise à l’aide à ce type de liaison de deux manières :
d’une légère surmodulation à basse fréquence (7,5 kHz) de l’ampli- — postamplification à l’émission entre le laser et la ligne ;
tude des bits est effectuée à partir du coupleur d’entrée. L’émission — préamplification à la réception entre la ligne et le détecteur.
des informations de supervision se fait par une modulation à basse

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Un troisième schéma est à l’étude : adjonction d’un amplificateur Deux techniques appliquées aux sources laser sont envisagées
à pompage déporté à une trentaine de kilomètres de l’arrivée. Le pour cette génération :
laser de pompage est dans le terminal d’arrivée et le pompage — commutation de gain et compression temporelle dans une
transmis dans la fibre de ligne, ce qui évite une téléalimentation. fibre externe pour ramener les impulsions en limite de Fourier ;
L’objectif est de réaliser des portées de plus de 300 km pour — blocage de mode en cavité externe.
622 Mbit/s. La première méthode est plus simple à mettre en œuvre, mais des
Dans ce type de liaison, où le nombre de paires de fibres n’est expériences sont nécessaires pour s’assurer que les impulsions
pas limité par l’espace nécessaire pour disposer les amplificateurs générées pourront bénéficier de l’effet soliton. La deuxième est plus
correspondants dans l’enceinte mécanique du répéteur, un autre complexe, mais s’est déjà avérée comme très fructueuse : conserva-
moyen d’accroître la capacité de transmission est d’accroître le tion de la même longueur temporelle et détection toujours possible
nombre de paires de fibres. Des câbles à 6 paires de fibres sont après 8 000 km.
actuellement sur le marché, et des études sont faites, notamment Comme pour les liaisons « à dispersion zéro », il faut étudier les
en Grande-Bretagne et au Japon pour des structures de câble dit problèmes spécifiques à une liaison longue : influence du bruit des
compact à 24 paires de fibres. amplificateurs, de la saturation, de la fluctuation des paramètres de
la fibre, de l’interaction entre solitons. Outre le rapport signal sur
bruit, il faut tenir compte d’une gigue de phase qui est une consé-
1.1.8 Limite de ce type de système quence de l’action des différents paramètres et qui a les mêmes effets
sur la réception qu’un élargissement des impulsions. Des simula-
Le système à 5 Gbit/s qui vient d’être décrit est dit du type « à tions ont été faites afin de rechercher un résultat économiquement
dispersion chromatique zéro » car l’un des principaux efforts a porté valable dans lequel l’intervalle entre répéteurs est du même ordre
sur la diminution la plus grande possible de ce paramètre de la fibre. que dans les systèmes précédents ; les composants sont réalisables
Il représente un pas énorme en capacité, avec un coût beaucoup notamment ceux du filtrage nécessaire à l’atténuation de la gigue.
moins élevé pour le circuit et une fiabilité plus grande des répéteurs En particulier, si l’on veut augmenter le débit il faut trouver et réaliser
qui sont moins compliqués que dans le cas des régénérateurs. la largeur d’impulsion à ne pas dépasser.
La largeur de bande étant sans limite pour les amplificateurs, on Les études en cours n’ont pas encore débouché sur une solution
serait tenté de croire que ce type de système « à dispersion chroma- définitive. On pense actuellement obtenir de façon certaine
tique zéro » permettra d’obtenir des capacités encore plus grandes. 10 Gbit/s sur 9 000 km avec un espacement de 40 km des amplifi-
Les difficultés inhérentes à la mise au point d’une liaison, avec tous cateurs, mais il faudrait faire mieux pour en tirer un avantage
les compromis nécessaires à trouver entre les différentes sources économique certain.
de distorsion et les qualités exigées des composants, laissent
malheureusement à penser qu’il existe une limite vers 10 Gbit/s.
Des essais de simulation ont été faits, et deux voies ont été 1.2.2 Multiplexage en longueur d’onde
explorées :
— action sur les terminaux seuls : forme et largeur des impulsions, La deuxième idée pour augmenter la capacité d’une liaison est
caractéristiques de l’émetteur, compensation à la réception ; de transmettre sur la même fibre plusieurs longueurs d’onde,
— action sur les amplificateurs de ligne, pour lesquels une chacune pouvant être séparée à l’arrivée. Cela paraît possible avec
longueur d’onde de pompage de 980 nm améliorerait le facteur de des liaisons à amplification optique, et théoriquement avec n
bruit. longueurs d’onde on devrait multiplier la capacité par n.
La conclusion ne varie pas et les systèmes « à dispersion zéro » Le problème le plus important est de positionner correctement ces
semblent bien limités à 10 Gbit/s. longueurs d’onde par rapport à celle pour laquelle la dispersion de
la fibre est minimale et qui correspond à un maximum dans le spectre
de l’amplificateur. Les longueurs d’onde doivent être suffisamment
rapprochées pour être dans la zone acceptable, mais suffisamment
1.2 Systèmes à très grand débit éloignées pour minimiser les pénalités non linéaires supplé-
mentaires dues au mélange des ondes voisines. Actuellement, on
1.2.1 Utilisation de l’effet soliton s’accorde pour penser que le nombre maximal de longueurs d’onde
possibles est de quatre, et là encore des simulations sont en cours
Une des voies explorées pour réaliser des systèmes de 6 000 pour explorer ce type de solution.
à 9 000 km à débit > 10 Gbit/s est l’utilisation des particularités de Combiner le multiplexage en longueur d’onde et l’effet soliton
propagation des impulsions du type soliton. paraît très attractif, car la brièveté des impulsions soliton facilite la
Théoriquement, les solitons sont des impulsions très brèves et séparation entre les différentes longueurs d’onde, mais ces impul-
intenses qui se propagent sans se déformer sur de grandes distances sions sont très sensibles aux variations de gain des amplificateurs
grâce à la compensation des effets de la dispersion chromatique par et d’atténuation de la fibre. Le développement de tels systèmes porte
les effets non linéaires de type Kerr à condition que les pertes de donc sur la mise au point d’amplificateurs ayant un spectre très plat
propagation (atténuation) soient nulles. dans la zone des longueurs d’onde utilisées, et d’une fibre présentant
dans cette même zone les caractéristiques d’atténuation, de
Or, avec les amplificateurs à fibres dopées à l’erbium qui peuvent
dispersion et de surface effective souhaitables.
être réglés avec un niveau de sortie élevé et grâce à la faible atténua-
tion des fibres (0,2 dB/km), on s’approche de très près de cette situa-
tion de pertes nulles et on peut avoir une propagation de type soliton
sur plusieurs dizaines de kilomètres au-delà de l’amplificateur. 1.2.3 Multiplexage par polarisation
Mais, il faut générer des impulsions adéquates de largeur tempo-
Troisième voie actuellement explorée : utiliser avec une seule
relle de l’ordre de 10 ps, de grande pureté spectrale, et de forme
longueur d’onde les deux polarisations orthogonales pour réaliser
voisine de ce qu’on appelle la sécante hyperbolique idéale (ou encore
des systèmes à deux canaux. Les impulsions de chaque canal sont
impulsion dite en limite de Fourier).
séparées d’un demi-bit, et les deux sens de polarisation sont
séparés à l’arrivée.

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Cette méthode, qui double la capacité d’une liaison, est celle qui Les capacités ne sont pas facilement comparables, car la
semble pouvoir être mise en œuvre le plus rapidement. souplesse d’utilisation des liaisons numériques leur permet de
faire cohabiter téléphone, données à grande vitesse, images et tout
autre type de communication, avec possibilité de modifier à tout
1.2.4 Autres possibilités instant la répartition entre les divers modes d’utilisation. Toutefois,
pour les évaluer de manière acceptable, on a choisi comme unité
Deux autres voies sont explorables, mais avec des résultats de base le circuit téléphonique en coaxial, et le canal élémentaire
probablement plus lointains : à 64 kbit/s en optique, en sachant que l’utilisation d’un
concentrateur de communication DCMS (Digital Circuit Multiplying
— la fibre amplificatrice avec injection du pompage aux extré-
Systems) permet d’établir cinq communications téléphoniques
mités ; il n’y aurait plus de répéteurs, mais des sections de fibres
avec un tel canal (cf. article Câbles sous-marins de télécommuni-
dopées à l’erbium régulièrement espacées ;
cations [E 7 550]).
— les fibres nouvelles en verre aux halogènes ayant des atténua-
tions très basses de l’ordre de 0,01 dB/km pour des longueurs d’onde Les dernières liaisons coaxiales avaient une capacité de 3 000 à
situées dans le haut infrarouge entre 2 000 et 4 000 nm, et qui 5 000 circuits.
pourraient permettre des espacements de répéteurs de 1 000 km. Les liaisons à régénérateurs ont les caractéristiques et l’évolution
Dans ce domaine, il y a rapprochement entre les recherches relatives suivante en capacité et en coût de l’unité de base transatlantique.
aux liaisons sans répéteurs et celles relatives aux liaisons trans- Il s’agit de liaisons à 2 ou 3 paires de fibres.
océaniques.
La physionomie du réseau reflète les grands axes de communica-
tion du monde d’aujourd’hui, dans lequel la traversée de l’Atlantique
Nord a perdu sa prédominance écrasante au profit du Pacifique, de
1.3 Quel futur ? l’Extrême-Orient et de l’Océan Indien. Sans en faire une liste exhaus-
tive, on peut le décrire comme ci-après. (Les liaisons importantes
sont indiquées avec leur sigle pratiqué couramment par les utilisa-
Aujourd’hui les systèmes à amplification directe à 5 Gbit/s teurs et la capacité par paire de fibres est indiquée ainsi que le
existent. Par des actions sur les terminaux, relativement peu nombre de fibres ce qui permet de se référer au tableau 1 pour la
coûteuses, ou par une amélioration de la conception des répéteurs, capacité et la date de pose à un ou deux ans près). (0)
la capacité pourrait être portée à 10 Gbit/s. Mais la mise au point
d’une liaison longue, avec les compromis nécessaires à trouver entre
les différents paramètres devient très difficile lorsque la fréquence
augmente. Tableau 1 – Caractéristiques des liaisons
Par contre, les multiplexages en polarisation et en longueur d’onde sous-marines
sont pour beaucoup plus prometteurs pour les raisons ci-après :
Année Débit par paire Capacité Coût du circuit
— on peut revenir à un débit par longueur d’onde de 2,5 Gbit à de mise en de fibres en unités transatlantique
mettre en œuvre ; service de base pour un système
— la combinaison des multiplexages en longueur d’onde et par paire à 2 paires de fibres
polarisation permet d’obtenir 8 × 2,5 Gbit/s soit 20 Gbit/s par paire de fibres
de fibre ;
($)
— le multiplexage permet de réaliser, à l’aide de boîte de
dérivation, qui oriente non plus un train de bits mais tout le canal 1988-1990 280 Mbit/s 3 900 45 000
constitué par une longueur d’onde, des architectures de réseau très 1991 420 Mbit/s 5 750 28 000
intéressantes. 1991-1994 560 Mbit/s 7 800 16 000
Ceci est la prochaine étape, et des liaisons de ce type pourraient 1994 2,5 Gbit/s 32 000 7 000
être en service en 1997-98.
Au-delà quel sera le système du début du XXIesiècle ? Il cumulera
sans doute la propagation type soliton avec le multiplexage et Les figures 1 et 2 indiquent le réseau européen des liaisons
longueur d’onde, mais une telle combinaison permettra-t-elle en sous-marines à fibres optiques.
additionnant tous les avantages d’atteindre 100 Gbit/s. La réponse
à cette question est aujourd’hui le problème numéro un posé aux
concepteurs de systèmes sous-marins. ■ Atlantique Nord (Europe – États-Unis – Canada)
— TAT8 :
• débit : 280 Mbit/s par paire de fibres,
• 2 paires de fibres ;
2. Réseau — PTAT :
• débit : 420 Mbit/s par paire de fibres,
2.1 Réseau des liaisons à régénérateurs • 3 paires de fibres ;
— TAT9, TAT10, TAT11 :
La qualité des liaisons sous-marines optiques à régénérateurs et • débit : 560 Mbit/s par paire de fibres,
leur coût très attractif face à la progression continue de la demande • 3 paires de fibres ;
en supports de transmission intercontinentaux de haute perfor- — CANTAT III :
mance ont eu pour conséquence la pose en moins de dix ans d’un • débit : 2,5 Gbit/s par paire de fibres,
réseau mondial de 225 000 km, soit les deux tiers en longueur du • 2 paires de fibres.
réseau de coaxiaux posés entre 1950 et 1985, mais offrant une capa-
cité en circuits × kilomètres totale vingt fois plus élevée.

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■ Promotion des systèmes et partage industriel


■ Atlantique Sud
La promotion de ces systèmes a été réalisée par des accords multi-
— Système Europe occidentale – Espagne – Portugal – Afrique latéraux entre entités exploitantes intéressées, chacun étant un cas
du Sud spécifique. L’un des plus complexes, dont la mise en place a
TAGIDE2, PENCAN5, EURAFRICA, SAT2 : demandé des efforts énormes, en France en particulier, est le
• débit : 560 Mbit/s par paire de fibres, SEA-ME-WE II : accord signé le 2 octobre 1991 entre 52 entités de
• 2 paires de fibres ; télécommunications de 41 pays différents.
— COLOMBUS 2 (Canaries – Antilles) Généralement, la fourniture fait l’objet d’un appel d’offres inter-
• débit : 560 Mbits/s par paire de fibres, national auprès des quatre grands constructeurs mondiaux, mais il
• 2 paires de fibres ; est suivi d’un partage industriel, rendu possible par le respect des
— Système US – Caraïbes – Brésil – Buenos-Aires (avec points conditions techniques d’intégration, et négocié entre les promoteurs,
d’atterrissement intermédiaires) : dont certains soutiennent leur industrie nationale.
• débit : 560 Mbit/s par paire de fibres, La position du constructeur français Alcatel s’est non seulement
• 2 paires de fibres. maintenue, mais encore améliorée par rapport à celle qu’il avait
■ Pacifique conquise à l’époque du coaxial.
— Traversées Amérique du Nord – Hawaï – Japon – Taiwan En particulier, afin de satisfaire au désir des Australiens de faire
et Philippines : participer leur industrie nationale à la construction du réseau
HAW5, TPC3 : Pacifique, Alcatel a obtenu le marché pour implanter une usine en
• débit : 280 Mbit/s par paire de fibres, Australie, qui a participé à la production des liaisons PACRIM Est
• 3 paires de fibres ; et Ouest.
— NPC :
• débit : 420 Mbit/s par paire de fibres,
• 3 paires de fibres ; 2.2 Projet de réseau
HAW6, TPC4 :
à amplification optique
• débit : 560 Mbit/s par paire de fibres,
• 3 paires de fibres ;
— D’Australie et Nouvelle-Zélande vers Hawaï et Guam En 1995 et 1996, un réseau transatlantique et un réseau transpa-
PACRIM Ouest-PACRIM Est-TASMAN : cifique à débit de 5 Gbit/s sont en cours d’installation.
• débit : 560 Mbit/s par paire de fibres, Ces liaisons constitueront des boucles autosécurisées. En effet,
• 2 paires de fibres. leur énorme capacité de 60 000 unités de base par paire de fibres
■ Méditerranée - Océan Indien rend le reroutage impossible par tout autre moyen en cas d’inter-
ruption. Heureusement, leur coût très bas, de l’ordre de 3 000 $ pour
— SEA-ME-WE II de Marseille à Singapour via la Mer Rouge une unité de base dans une liaison de 6 500 km, a permis de décider
et l’Inde : la pose simultanée de deux liaisons transocéaniques avec bouclage
• débit : 560 Mbit/s par paire de fibres, aux extrémités permettant une restauration immédiate : sur chaque
• 2 ou 3 paires de fibres suivant les branches. liaison la moitié de la capacité est affectée aux services dits priori-
Ce réseau complexe avec de nombreuses boîtes de dérivation taires, l’autre moitié étant laissée libre pour des services non priori-
assure aussi les liaisons entre les riverains de la Méditerranée taires. En cas de rupture d’une branche, les services prioritaires de
du bassin occidental et du bassin oriental. celle-ci viennent immédiatement s’insérer à la place des services non
prioritaires de l’autre.
■ Réseaux régionaux
Le schéma prévu est le suivant.
Plusieurs régions ont des réseaux très denses de câbles courts
ou de longueur moyenne :
— Manche et Mer du Nord ; ■ Atlantique
— Caraïbes ; TAT12 : Royaume-Uni – États-Unis
— Extrême-Orient et Indonésie. TAT13 : France – États-Unis
Les liaisons de moins de 300 km sans répéteurs ont été lar- Bouclage en Europe par une liaison sous-marine courte entre
gement utilisées dans ces réseaux. les stations terminales de France et du Royaume-Uni.
Aux États-Unis les stations terminales sont très proches et
■ Boîtes de dérivation reliées par le réseau terrestre.
Des boîtes de dérivation ont été utilisées dans de nombreux cas
notamment pour raccorder plusieurs points d’atterrissement à une ■ Pacifique
seule traversée océanique. TPC 5 Nord : direct États-Unis – Japon
Avant 1990, il s’agit de dérivation physique des fibres. TPC 5 Sud : États-Unis – Hawaï – Guam – Japon
Depuis 1990, les boîtes de dérivation sont dites actives et orientent Bouclage par des liaisons sous-marines courtes entre les deux
des trains de bits à 45 et 140 Mbit/s. Le premier exemple est le TAT9 points d’atterrissement aux États-Unis d’une part et au Japon
posé en 1991, et l’exemple le plus large d’utilisation pour un réseau de l’autre.
très diversifié est le SEA-ME-WE II.

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Figure 1 – Réseau européen des liaisons sous-marines à fibres optiques (1996) [doc. France Télécom]

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Figure 2 – Réseau européen des liaisons sous-marines à fibres optiques (1996) [doc. France Télécom]

3. Exploitation surface du globe (observation, cartographie, système de repérage


GPS, météo...), la stratégie militaire et spatiale, et la desserte de
et maintenance clients dispersés à l’intérieur des terres, en particulier pour le télé-
phone mobile en expansion très rapide, seraient ainsi dégagés de
tout autre type de trafic.
3.1 Gestion globale du réseau Grâce aux dérivations, ce réseau offre des éléments de souplesse
et de diversification d’itinéraires, dont il est normal que les différents
Le réseau est aujourd’hui mondial. La jonction Méditerra- exploitants cherchent à tirer le meilleur parti pour améliorer la
née-Océan Indien SEA-ME-WE II ferme la boucle faisant le tour du sécurité et élargir la panoplie de services offerts. À l’origine, la
globe. Les Australiens, éloignés de tout, ont été parmi ses plus conception et la promotion des liaisons se sont faites dans un cadre
chauds partisans. régional entre les entités intéressées, qui ont mis en place un sys-
Par ailleurs, les capacités installées sont énormes et le coût par tème d’entraide entre les différentes liaisons. Mais cela ne suffit plus,
unité de base est très bas. C’est pourquoi l’essentiel des communica- et devant l’importance du réseau global pour l’économie mondiale,
tions intercontinentales fixes entre les centres mondiaux généra- les grands opérateurs mondiaux ont décidé de mettre en place un
teurs de fort trafic (Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique système de gestion d’ensemble permettant d’augmenter la sécurité,
du Sud, Australie, Japon, Extrême-Orient) sera de plus en plus d’optimiser l’utilisation de la capacité, de réduire les temps de
acheminé par câbles sous-marins qui seront la portion inter- rétablissement des services en cas de défaut, d’envisager la mise
continentale d’un réseau mondial d’autoroutes de l’information. Les en place de services occasionnels (télévision par exemple) sur les
satellites, indispensables pour la télédiffusion de son, de données capacités en attente et ainsi d’améliorer la rentabilité des
et surtout d’images, la collecte d’informations simultanées à la investissements.

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Un premier accord dans ce sens a été signé en octobre 1992 Dans ce but, des efforts considérables ont été faits dans les trois
entre ATT, British Telecom, Deutsche Telekom, France Télécom, domaines qui concernent cette sécurisation : le choix du tracé,
KDD (Japon) et OTC (Australie). l’ensouillage et les procédures de réparation.

3.2 Moyens de surveillance 4.2 Prévisions de tracé


et de maintenance
Pour parvenir à la gestion globale du réseau souhaitée, un Les moyens utilisés en océanographie pour les études de bathy-
ensemble de moyens techniques est nécessaire. métrie ont beaucoup progressé ces dernières années. En France en
particulier, IFREMER a mis en œuvre de nouveaux sondeurs multi-
À la base, chaque système sous-marin a son système de super- faisceaux, notamment le E M12S livré sur le Jean Charcot en avril
vision organisé autour d’un ordinateur puissant, qui surveille la 1992. Ce sondeur allie une portée et une couverture remarquables,
qualité de transmission, les paramètres de fonctionnement des avec une rapidité d’exécution et un confort des observateurs qui à
terminaux et des éléments immergés grâce à des mesures cycliques, la fois visualisent sur écran et cartographient automatiquement sur
procède à un diagnostic en cas de défaut, commande éventuellement commande. L’intérêt d’utiliser de tels appareils pour faire un relevé
la commutation des organes redondants. Si le défaut provoque une détaillé de fonds dans la zone projetée d’un câble sous-marin, afin
interruption partielle ou totale, l’information est communiquée aux d’y déterminer le trajet le plus sûr, a paru évident. C’est ainsi qu’une
organismes régionaux puis, si nécessaire, à l’organisme central, qui campagne de reconnaissance de la route du SEA-ME-WE 2 a pu être
commande les instructions de reroutage et de transfert des services réalisée. Trois navires océanographiques ont été mobilisés, et
prioritaires. L’organisation sophistiquée que cela implique est en 700 cartes couvrant 200 000 km2 de fonds océaniques de toutes
train de se développer et de se mettre progressivement en place. profondeurs ont été établies.
Ceci n’est qu’un exemple, et aujourd’hui toute étude de tracé de
câble commence par une campagne de reconnaissance par des
3.3 Cas des systèmes navires océanographiques équipés des outils les plus modernes. Le
à boîte de dérivation prix de telles campagnes est tout à fait accessible eu égard à l’enjeu.

Lorsqu’un système sous-marin est équipé de boîtes de dérivation,


il est possible à partir des terminaux de télécommander les branche-
ments de téléalimentation afin de maintenir en service en cas de
4.3 Ensouillage
défaut toutes les branches autres que la branche fautive. Cette per-
manence peut être maintenue pendant la réparation en mer, si des
Lorsque la nature du fond le permet c’est le moyen de protection
dispositions spéciales sont prises à bord du navire pour éliminer les
le plus efficace contre les engins de pêche. Depuis les premières
risques de retour de haute tension provenant de la boîte de
opérations d’ensouillage, comme celle du TAT6 en 1975, et les
dérivation.
résultats parfois médiocres obtenus parce que le câble ressortait de
Une procédure de réparation dite « en mode sécurisé » a été mise la tranchée derrière la charrue et restait en suspension entre les
au point par France-Télécom et adoptée depuis par de nombreux irrégularités du fond, on n’a cessé d’améliorer les engins et leur
autres exploitants. Elle est basée sur trois principes fondamentaux : navire-support. En France, comme en Grande-Bretagne, aux
— équipotentialité entre tous les éléments conducteurs du câble États-Unis et au Japon des engins de plus en plus performants ont
sous-marin ; été réalisés.
— redondance systématique des câbles de mise à la terre ; La situation actuelle de l’équipement français donne un excellent
— isolement des opérateurs. exemple des résultats obtenus.
Lorsque la boîte de dérivation est active avec possibilité d’aiguiller
des trains à 45 ou à 140 Mbit/s, le réseau est parfaitement synchro- ■ Une nouvelle charrue « Élise 2 » permet l’ensouillage à 110 cm
nisé entre les terminaux de toutes les branches, et un système auto- jusqu’à 1 000 m de profondeur de câbles ayant jusqu’à 150 mm de
matique de gestion informe en permanence les stations terminales diamètre posés par l’arrière par le navire-câblier porteur. Pour
et les coordonne pour la localisation du défaut et les opérations de réduire la tension de sortie de la charrue, et éviter ainsi au câble de
reconfiguration du trafic. rejaillir de la tranchée dans les à-coups, une chenille de détensionne-
ment a été introduite dans la charrue. Son rôle est de pousser sans
tension le câble dans la tranchée, en faisant disparaître les à-coups
inévitables entre le navire et la charrue. L’arrière du Vercors a été
aménagé pour permettre le stockage de la charrue dans l’alignement
4. Sécurité des liaisons du chemin de câble, ce qui permet de passer le câble à travers la
et travaux en mer charrue avant la mise à l’eau et de réaliser ainsi une pose sans joint.
■ Un engin de post-ensouillage, le « Castor II » a été réalisé avec la
société SIMEC. Il peut travailler dans des sols très durs où la charrue
4.1 Nécessité de renforcer la sécurité est inutilisable et réaliser tous les ensouillages postérieurs à la pose.
d’un câble sous-marin posé Il peut creuser soit avec une roue trancheuse, soit par jet, et le câble
est chargeable et déchargeable latéralement par commande à
Plus que jamais, avec l’importance prise par les liaisons sous- distance. Le navire support peut être plus petit qu’un navire-câblier
marines dans le trafic intercontinental, la fiabilité doit être renforcée traditionnel. Il peut travailler jusqu’à 1 000 m de fond, et porte toutes
non seulement au niveau des éléments constitutifs, câbles et les caméras nécessaires pour le contrôle à distance du travail.
répéteurs, mais aussi au niveau de la protection du câble posé contre La société ATT aux États-Unis a eu une action similaire : améliora-
les risques extérieurs. D’autre part, la rapidité d’intervention des tion des performances de la charrue d’une part, construction d’un
navires-câbliers doit être améliorée. véhicule à jet ou roue trancheuse propulsé sur le fond par des
chenilles d’autre part.

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Japonais et Britanniques, qui ont un réseau très dense en faible 4.5 Navires-câbliers
profondeur dans leur environnement direct, ont surtout porté leurs
efforts sur des véhicules plus légers et plus simples. Les navires-câbliers se renouvellent beaucoup moins vite que les
systèmes de liaisons sous-marines et il faut donc les utiliser tels qu’ils
sont pendant deux décennies au moins. Ceci a toujours été possible,
4.4 Auxiliaires de réparation au prix de quelques améliorations d’équipement essentiellement au
niveau de la mesure et du traitement des paramètres essentiels afin
de permettre une exécution plus précise et plus rapide du travail.
Puisqu’on ensouille plus et mieux, il faut parallèlement développer L’amélioration la plus importante depuis 1990 a été apportée par
l’équipement de réparation des câbles ensouillés. Bien sûr les véhi- le système de repérage par satellite GPS. Les plus récents récepteurs
cules d’ensouillage autopropulsés type Castor II sont aussi des outils « GPS-différentiel », qui équipent aujourd’hui tous les navires-
de réparation, mais ils sont trop lourds et encombrants pour une câbliers, permettent de se positionner en permanence à quelques
utilisation rapide et pratique. C’est pourquoi, à partir du premier mètres près dans toutes les mers et océans du globe. Cette précision
modèle de véhicule robot de réparation de 1978, le SCARAB I, des permet de se passer de bouée marque pour les travaux de réparation,
engins plus performants ont été construits. Les plus récents sont le et de fil sans mou pendant les poses.
SCARAB IV et le Pacific-SCARAB I. Les améliorations portent sur la
puissance du jet, les moyens de repérage du câble par sondeur dont
l’image de réception est renvoyée à bord du navire porteur, et les
télécommandes. 5. Conclusion
La France, ayant participé au développement des SCARAB, a
réalisé avec une Société américaine un engin appelé ROV (Remove
La place des câbles sous-marins à fibres optiques dans les télé-
Operated Vehicule) plus simple donc moins coûteux pour utilisation
communications planétaires n’est pas près de diminuer. Les liaisons
en Méditerranée où les travaux peuvent se faire avec un véhicule
à 5 Gbit/s par paire de fibres et la gestion globale par les principaux
moins puissant. Au Japon, KDD a construit trois types d’engins :
exploitants en font un outil d’une ampleur et d’une efficacité que
— MARCAS 2 500 pour ensouillage, maintenance et réparation ; l’on aurait difficilement imaginées il y a seulement dix ans. C’est une
— AQUA Explorer 1 000 pour l’inspection et la prévention ; étape importante, mais ce n’est qu’une étape et le début du XXIe
— KM 300 pour la recherche d’un câble ensouillé fautif et le repé- siècle réserve peut-être encore des surprises insoupçonnées quant
rage exact du défaut. aux progrès dans ce domaine.

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P
O
U
Câbles sous-marins à fibres optiques R

E
par René SALVADOR N
Ancien Élève de l’École Polytechnique
Ingénieur Général des Télécommunications

S
Bibliographie
L’onde électrique. Revue de la Société des Électri- Suboptic 86, Versailles. Fédération des Industries Suboptic 93, Texte intégral des communications
A
ciens et Électroniciens (SEE), vol 73, n o 2,
mars-avril 1993.
Conférence internationale sur les systèmes sous-
Électriques et Électroniques (FIEE), 429 p.,
18-21 fév. 1986.
diffusé en France par la SEE (entièrement en
anglais), 29 mars-2 avril 1993. V
2 e conférence internationale sur les systèmes sous-
marins de télécommunications à fibres optiques. marins de télécommunications à fibres optiques.
O
I
Organismes
En France À l’étranger
R
France Télécom British Telecom (BT)
Direction de l’International (FTI) Cable and Wireless (CW)
Réseaux et Services internationaux (FTRSI) ATT International
(dont fait partie la Direction des Câbles sous-marins)
France-Câbles et Radio (FT - FCR)
Centre National d’Études des Télécommunications (CNET)
KDD Submarine Construction Department
P
L
U
S
3 - 1996
Doc. E 7 555

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