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Chapitre 5 : Les transformations des structures économiques, sociales et

démographiques depuis le XIXe siècle.

I. Les transformations des structures économiques et financières :


Dans une économie sans progrès technique et sans gains de productivité, la production des
richesses supplémentaires passe par une hausse de la population active en emploi. ®Ce qui
pousse les auteurs mercantilistes à considérer au 16e siècle que la hausse de la population est
un facteur essentiel à l’enrichissement de la nation.
→ L’évolution du travail depuis le 19e dans les pays développés à économie du marché
(PDEM) relève un mécanisme plus complexe que celui des mercantilistes. En effet,
l’évolution du travail passe par une baisse considérable du nombre d’heures travaillées dans
les pays d’Europe, alors que celui-ci augmente considérablement aux Etats unis et au Japon.
Plusieurs périodes peuvent ainsi être distinguées afin de rendre compte de ce mouvement de
baisse de la durée du travail :
1. Jusqu’au milieu des années 1960 :
· le déclin de l’emploi agricole (notons qu’en agriculture, la durée de travail est
sensiblement supérieure aux autres secteurs économiques).
· la hausse du taux de salarisation de la population active : car les emplois
salariés suivent une réglementation plus stricte (® durée légale hebdomadaire,
conventions collectives…) que les emplois indépendants.
2. Entre les années 1970 et les années 1980, la baisse de la durée du travail concerne
essentiellement les salariés à temps plein par le biais de 2 canaux :
· La durée moyenne hebdomadaire de travail des salariés passe de 45,5 h en
1966 à 39h en 1982. (Notons que la durée légale est de 40h selon la loi du
Front populaire en 1936).® Cette baisse s’explique par l’augmentation de la
productivité de ce travail pendant les années 1970.
· La hausse du nombre de jours de congés annuels (passage de 4 semaines en
1968 à 5 semaines en 1982).
3. Depuis les années 1980 :
· Le développement de l’emploi à temps partiel, qui s’explique par la
réduction effective de la durée hebdomadaire travaillée qui baisse la
durée de travail global en 2 décennies. (+ effet des lois Robien (1996)
et des lois Aubry (1998,2000) → baisse de la durée du travail)

Le paradoxe de Gilbert Cette :

Alors que les Etats Unis sont le PDEM dans lequel le PIB par habitant est nettement le plus
élevé, la productivité horaire du travail aux Etats Unis est plus faible que celle de certains
pays d’Europe. Par exemple : sur la période de 1980-2006, la productivité horaire en France
est de 2,2% contre 1,6 seulement aux Etats Unis. Cette différence s’explique alors par la
comparaison qui se fait selon la base d’indicateur productivité par emploi (pdité par tête).
· Productivité horaire « observée » : effet de structure lié à l’utilisation des
ressources en main-d’œuvre et non d’une plus grande proximité de ses pays
avec la frontière technologique.
· Productivité horaire structurelle : à def
Cette montre que :
→ Ces 2 rendements décroissants tendent à surestimer la productivité horaire en Europe.
→ La productivité marginale de chaque travailleur finit par être décroissante après une longue
période de travail et cela par un « effet de fatigue ».
→ La baisse de la durée de travail augment la productivité horaire du travail en Europe.
→ Adultes / jeunes (pdité)
⇒ Cette montre alors en 2005 que la productivité horaire observée de la France
est 7% supérieure à celle des États Unis, tandis que sa productivité horaire
structurelle, c'est-à-dire corrigée par l’effet de la structure, est 3,4% plus faible
que celle des Etats Unis.

Débat → La durée du travail et ses effets sur la croissance et sur l’emploi :

P.Artus, P.Cahucet, A. Zylverberg : Temps de travail, revenu et emploi (2007) : les écarts
qui se sont creusés entre l’Europe et les Etats Unis depuis 2 décennies sont principalement
imputables à des évolutions différentes en matière dans l’utilisation des ressources en main
d’œuvre : cela se constate à travers le PIB/hab := ratio démographique x taux d’emploi x
durée de travail x productivité horaire.

II. Emploi et structure de la population active :

Population active : def

Cette population active a connu une hausse significative des niveaux de qualification sur la
longue période. La qualification = l’opération sociale par laquelle des individus sont
sélectionnés sur le marché du travail et affectés à des emplois hiérarchisés. On distingue :
● La qualification des individus = l’ensemble des capacités socialement acquises que les
individus peuvent mobiliser dans leur profession.
● La qualification des emplois = l’ensemble des capacités socialement définies et
requises pour occuper un emploi.

Ainsi, la combinaison des dispositifs de la formation initiale, la formation continue et la


validation des acquis de l’expérience (VAE) mènent à la hausse de la qualification des
emplois.

A.Fisher (The clash of progress and security, 1934) et C.Clark : sont les premiers à
proposer une description du système productif en secteurs d’activité → distinction
entre secteur primaire, secondaire et tertiaire.
Clark considère alors comme :
❏ Primaires : les activités agricoles, minières, forestières et maritimes.
❏ Secondaires : les activités manufacturières et la construction
❏ Le tertiaire : toutes les autres activités.

J.Fourastié reprend cette classification en 1949 dans Le grand espoir du XXe siècle, et y
ajoute que le progrès technique est d’une intensité différente selon le secteur d’activité. Le
secteur primaire se caractérise par un progrès technique « moyen », celui du secteur
secondaire est « fort » et enfin, celui du tertiaire est « faible ».

Toutefois, ce découpage des activités en différents secteurs n’est plus souvent utilisé par les
économistes et cela pour 2 raisons principales :
→ Les frontières entre les secteurs d’activité sont trop formelles et peuvent être remises
en cause : les activités minières se rapprochent à l’industrie ou bien à l’agriculture par
exemple ?
→ La remise en cause de l’inégale répartition des gains de productivité selon les secteurs
proposée par Fourastié : de nombreux services ont vu leurs gains de productivité
exploser grâce aux NTIC.

L’explication de cette évolution de l’inégale répartition des gains de productivité est valide
pendant la première moitié du 20e, et jusqu’au début des années 1970. Pendant cette période,
le secteur de l’industrie est le secteur « centre » de l’économie (puisqu‘il permet d’importants
progrès techniques) mais aussi un secteur « centre » de la société (dans la mesure où il permet
la construction de rapports sociaux autours d’enjeux industriels).

A partir de la récession des années 1970, des travaux sur la « tertiairisation de l’économie »
viennent montrer que cette dynamique sectorielle conduit à un ralentissement de la
croissance économique. On distingue ainsi 2 analyses classiques : la première qui traite des
facteurs de l’offre, la seconde de ceux de la demande :

1. A.Sauvy expose dans La machine et le chômage (1981) la thèse du déversement


de l’emploi. En effet, il montre que l’emploi « se déverse » d’un secteur à un autre
(celui qui connait les plus faibles gains de productivité).
Loi de Baumol (1967) : Selon Baumol, l’économie est composée de 2 secteurs :
● l’un « progressif » : l’introduction de technologies permet la réalisation
de gains de productivité.
● l’autre « non progressif » : dans lequel le travail présente une
productivité stationnaire.
Ainsi, selon cette loi, le secteur non progressif absorbe progressivement l’essentiel
de la main d’œuvre si les salaires progressent au même rythme dans les 2 secteurs.
Ce qui provoque un ralentissement de la productivité puisque le secteur non
progressif devient dominant, ce qui, à terme, conduit à un ralentissement de la
croissance économique.
2. L’analyse du facteur « demande » met en évidence que la croissance des revenus
provoquée par les Trente Glorieuses a mené à une déformation des structures de la demande.
Cette demande se déplace alors vers les biens supérieurs et donc vers les services.

D.Bell , montre dans Vers la société post-industrielle (1973) que la « Loi d’Engel » dit qu’en
situation d’augmentation du pouvoir d’achat, la demande des ménages porte successivement
sur :
→ Les biens alimentaires produits dans les secteurs agricoles : pour répondre
aux besoins primaires.
→ Les biens manufacturés et industriels.
→ Les biens « supérieurs » (selon Bell) : essentiellement des services.

⇒ La croissance amène à la tertiairisation de la demande finale.

De même, la progression du « tertiaire » est un élément important à la croissance


économique, comme on peut le constater à travers la Recherche et développement,
l’éducation ou encore de la formation qui représentent des incontournables au capital humain
et à l’innovation, réel levier de la croissance économique.

D.Cohen développe dans Trois leçons sur la société post-industrielle (2006) l’hypothèse de
l’émergence d’un nouveau système productif suite à une série de ruptures avec l’ancien mode
de régulation industriel. Toutefois, il insiste sur 4 ruptures fondamentales :
a) Les NTIC : permettent aux PDEM de rentrer dans une « société de l’information. »
b) Révolution dans l’organisation du travail : fondée sur la flexibilité du travail.
c) La globalisation financière : conduit à l’imposition de la corporate governance qui
pousse au recentrage des firmes sur leur « cœur de métier ».
d) L’émergence d’une nouvelle « économie-monde » où les PDEM se spécialisent dans
les travaux de conception tandis que les pays émergents se chargent de la fabrication.

⇒ Cohen développe l’idée de l’émergence d’un nouveau système productif qui s’articule
autour de l’innovation et des services qui permettent la création de la croissance
économique.

Débat : La désindustrialisation des pays de l’UE et leur perte de compétitivité vis-à-vis


des Etats Unis ou et des pays émergents
(Important ou pas ?)

III. Croissance économique et transformation des systèmes financiers :


a) De la Révolution industrielle à 1945 : institutionnalisation des systèmes
financiers et financement de la croissance.
Le XIXe siècle :

Sous l’Ancien Régime, la France est marquée par une suite d’épisodes de crises bancaires
menant à la perte de crédibilité du système bancaire aux yeux de l’opinion publique. On
retrouve parmi ces crises la faillite de J.Law et de la banque royale en 1720 sous la régence
de Louis XV… Cela mène à un retard du développement du système financier français de
telle sorte que la banque de France voit le jour en 1800 tandis que la Banque d’Angleterre
était mise en place en 1694 déjà.

La première « révolution bancaire » en France a eu lieu sous le Second Empire et concernait


principalement les banques commerciales. Cette révolution a permis de distinguer les
banques d’affaires (merchant banks) et les banques de dépôt (joint stock banks).

Ainsi, l’accroissement de la taille des entreprises et le développement des chemins de fer ont
permis une importante concentration du capital, ce qui permet l’extension des marchés de
capitaux. En 1914, Paris occupe la deuxième place financière dans le monde après Londres.
L’Europe devient, selon Hautcoeur, le « centre de gravité de la finance mondiale ».

L’entre-deux-guerres :

Cette période se montre particulièrement difficile pour le système bancaire et financier des
pays industrialisés. La crise de 1929 conduit à de nombreuses faillites bancaires (résistance
tout de même du Crédit lyonnais et de Société générale).

Durant cette période la Banque de France acquiert un double statut, celui de banque
commerciale par l’augmentation du nombre des comptes qu’elle gère, mais aussi celui de
Banque centrale, par sa contribution au financement du déficit public.

b) De 1945 à nos jours : les systèmes financiers entre réglementation et


globalisation :

Les Trente Glorieuses : des systèmes financiers sous contrôle :

L’Etat joue un rôle essentiel pendant les Trente Glorieuses. Ainsi, le traité de Bretton Woods
(1944) organise la stabilité des changes et permet aux Etats de mieux contrôler les
mouvements de capitaux.

S’agissant de la France, le poids des institutions financières publiques et les nationalisations


bancaires permettent de mobiliser l’épargne et le pouvoir de création monétaire au service
des objectifs déterminés par la planification indicative ( plan quinquennal de 1947-1952 dont
le but est la hausse soutenue de la production industrielle). Les autorités politiques contrôlent
les taux d’intérêts à partir de 1945 et mettent en place des politiques de crédits incitatives
(crédits bonifiés au service du logement par ex).

Toutefois, entre la fin des années 1960 et début des années 1970, la France mène une réforme
visant la réduction du rôle de l’Etat dans l’économie, afin de permettre la régulation
marchande et la concurrence bancaire.

Le rapport Marjorin-Sadrin-Wormser qui est remis au gouvernement en 1969 défend une


politique monétaire moins réglementaire. Toutefois, la mise en œuvre de ce rapport est
freinée par certains obstacles (tels que l’inflation), où on a du donner la priorité au contrôle
de la masse monétaire. La libéralisation des systèmes financiers et bancaires francais auront
alors lieu à partir des années 1980.

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