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Chapitre 1

Le contexte de la Révolution Industrielle en


Grande-Bretagne au 18ème siècle.

1- UN NOUVEL HORIZON : L’ÉCONOMIE CAPITALISTE.


1­1 La propriété.
LOCKE, Deuxième traité du gouvernement civil, 1690.

1­2 L’accumulation.
Max WEBER, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905

1­3 La rationalité.
Max WEBER, Le savant et le politique, 1919
Georg SIMMEL, Philosophie de l’argent,1909

2- LE MARCHÉ.
2­1 Les institutions favorisent le marché.
2­1­1 Les fondements de l’analyse institutionnaliste.
Douglass NORTH, Institutions, Institutional change, and Economic Performance, 1990
2­1­2 Le renforcement du pouvoir étatique protége le marché et les droits de propriété.

2­2 La destruction des cadres sociaux traditionnels.
Karl POLANYI, La Grande Transformation, 1944
2­2­1 L’individualisme agraire.
2­2­2 La libéralisation du marché du travail.
2­2­3 Désencastrement vs encastrement structural…
Mark GRANOVETTER, Le marché autrement. Les réseaux dans l’économie, 2000

2­3 La construction d’un marché des produits : l’effet stimulant de la demande.
Patrick VERLEY, L’Echelle du monde, essai sur l’industrialisation de l’Occident, 1997
2­3­1 « Une société de consommateurs » (Verley)
2­3­2 L’amélioration des réseaux.

3- LA RÉVOLUTION AGRICOLE.
3­1 Une agriculture liée à la proto­industrialisation.
Franklin MENDELS, Proto-industrialization : the first phase of industrialization, 1972

3­2 Une agriculture plus efficace et plus rémunératrice.

3­3 Une agriculture de marché, condition nécessaire de la division du travail.

4- LA RÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE.
4­1 La population augmente.

4­2 La croissance démographique, facteur de croissance économique?
4­2­1 Le piège malthusien?
Thomas MALTHUS, Essai sur le principe de population, 1798
Esther BOSERUP, Population and Technology, 1981
4­2­3 Le retournement de la tendance : la transition démographique.
Chapitre 1
Le contexte de la Révolution Industrielle en
Grande-Bretagne au 18ème siècle.

1- Un nouvel horizon : l’économie capitaliste.


1­1 La propriété.
LOCKE, Deuxième traité du gouvernement civil, 1690.
• Locke est au fondement de la théorie des Droits naturels, auxquelles toute action, toute politique
doit se conformer. Parmi eux, le droit à la vie, à la liberté, à la propriété, la résistance à l'oppression
mais aussi l'égalité des droits…).
Ouvrage écrit au lendemain de la deuxième révolution anglaise.
Idée que les droits préexistent au souverain, que le contrat social passé avec lui et qui fonde la société civile
doit assurer la protection de ces droits.
Liberté de faire ce que l’on veut avec le produit de son travail => appropriation privée des biens et des fruits
du travail, mais aussi de la terre que l’on travaille => propriété privée = droit naturel que le souverain ne peut
empiéter (impôt) qu’avec le consentement des sujets. La propriété est ainsi dirigée contre l’absolutisme.
Fondement doctrinal du libéralisme et plus généralement grande influence sur l’invention des Droits de
l’homme (article 2 : liberté, propriété, sûreté, résistance à l’oppression).
• Locke est le philosophe par excellence des révolutions anglaises.
1649 : 1ère révolution : guerre civile entre le Parlement (assemblée d'élus emmené par Cromwell) et
le roi Charles 1er accusé de tyrannie.
1679 : loi de l'Habeas Corpus garantissant la liberté individuelle contre une arrestation arbitraire.
1688 : 2ème révolution : la couronne d'Angleterre est proposée au stadhouder de Hollande Guillaume
d'Orange, défenseur de la cause protestante en Europe, après acceptation du Bill of Rights = texte
très important dans l'histoire de l'Europe où «le pouvoir des lois est au­dessus du pouvoir du roi»,
notamment concernant les impôts.
=> Affirmation de l’individu et de ses droits.

1­2 L’accumulation.
Max WEBER, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905
Weber est un sociologue (1864­1920) majeur de la modernité. Il cherche à repérer quels groupes
sociaux   ont   porté   la   naissance   d’une   nouvelle   vision   du   monde   dans   laquelle   l’enrichissement
devient non seulement possible mais même désirable.
Idée que l’invention du capitalisme a des racines religieuses (alors même que le contexte religieux
constituait plutôt un frein à la recherche du profit, aux marchés…). Transformation de la représentation du
travail et de l’argent.
-réforme et sectes protestantes à partir du 16 ème siècle, en particulier la variante calviniste : monde créé à la
gloire de Dieu, absolument transcendant et inaccessible (là aussi forme de désenchantement), et dogme de
la prédestination = question centrale du salut [point particulièrement critiqué selon Raymond Boudon].
=> inquiétude intérieure irréductible, mais rechercher d’une “assurance“ du salut dans le monde et pas extra
mondaine (monachisme…), à travers des indices de “second ordre“..
=> travail, accumulation, ascétisme permettent de glorifier Dieu (notamment à travers l’exercice du Beruf, à
la fois métier et vocation, terme très présent chez Luther et dans les traductions allemandes de la Bible).
-beaucoup d’exceptions (Ecosse pas très développée, manifestations du capitalisme également en terre
catholique ou luthérienne, des Italiens aux Fugger…). Et inversement, protestantisme peut-être développé
dans des circonstances libérales plus favorables à l’activité économique (cf l’émigration huguenote).
MAIS le calvinisme n’est ni une condition nécessaire, ni une condition suffisante mais simplement une
condition favorisante. Corrélation plutôt que lien de cause à effet (sorte d’effets “non voulus“ de la Réforme ?
“parenté de choix“ selon les termes de Goethe). Tensions persistantes de toutes façons entre religions et
économie.
Surtout, développement de cet impératif moral bien au-delà de la sphère des sectes protestantes et des
calvinistes = « cage d’acier » = rationalisation et surtout légitimation de l’activité économique et de la
bourgeoisie ≠ imitation du modèle nobiliaire.
Ainsi   naît   une   bourgeoisie   porteuse   de   cette   vision   du   monde.   Ouverture   sociale   avec   une
reconnaissance de l'enrichissement par la noblesse anglaise qui y participe souvent.
Ex : la noblesse anglaise, plus ouverte socialement, reconnaît davantage l’enrichissement, comme le
montrent les traités d'agronomie. Lord Townshend, Cambridge puis secrétaire privé du roi, voyage
aux PB en tant qu'ambassadeur, puis se retire pendant 8 ans sur ses terres. Il prône l'introduction du
navet dans un cycle de 4 ans, cherche à valoriser ses terres ≠ chasse, chiens, chevaux.
=> valorisation de l’ordre économique pour lui­même : l’accumulation des richesses est considérée
comme une fin en soi, comme un objectif  légitime  sur les plans individuel et social.   Comme le
souligne Phelps, « pas d’économie sans aspirations ».
•  Marx insiste beaucoup sur ce qu’on peut donc appeler l’accumulation, trait caractéristique du
capitalisme qui présente donc un caractère autoentretenu.
Cela   conduit   à   donner   un   statut   de  valeur  et   de  marchandise  (c’est­à­dire   échangeable   sur   un
marché) au plus de choses possibles, comme autant de chemins d’accumulation.
1­3 La rationalité.
Max WEBER, Le savant et le politique, 1919
Georg SIMMEL, Philosophie de l’argent, 1909
• La rationalisation apparaît trait fondamental de la modernité occidentale, en tant que recherche des
réponses dans le raisonnement humain et adéquation des moyens en vue d’une fin.
Ex :   les   Lumières   (critique   de   la   légitimité   du   pouvoir   royal   et   donc   de   l'Eglise,   démarche
scientifique,   valorisation   du   progrès)   forment   un   mouvement   d'idées   qui   met   en   cause   les
fondements de la société traditionnelle.
Il s’agit pour Weber d’un « désenchantement » :
-recours à la magie = explication du monde social et du monde physique par des forces au-delà du réel, qui
échappent à une connaissance raisonnée et qui entraînent une soumission des hommes à des rites et codes
mécaniques.
-travaux de sociologie religieuse : le catholicisme (et plus encore le protestantisme) (et tous les
monothéismes ?) désavouent les pratiques magiques = forme de rationalisation du sacré.
-modernité occidentale caractérisée par une rationalisation et un recours à la science = chercher à
comprendre et prévoir. Le surnaturel est banni des phénomènes naturels, mais aussi sociaux =
désenchantement du monde, qui signifie aussi un déficit de sens.
=> la rationalité est mise au service de l’économie. Baechler : « La fin de l’économique est la
prospérité, qu’il cherche  à atteindre en proportionnant les  ressources aux besoins ». Caractère
fondamental de l’économie capitaliste : l’efficacité rationnelle.
• Or, l’objectif d’accumulation requiert une capacité à quantifier. 
Georg Simmel, sociologue allemand (1858-1918) contemporain de Durkheim, Weber…, un des fondateurs
de la discipline, assez peu connu et reconnu, modeste carrière universitaire. Concept central qui traverse
son œuvre = Vergesellschaftung ou socialisation.
Prise en compte du temps long historique : analyse reprenant le concept de “désenchantement“ sur le long
terme, et établissant une “intellectualisation“ croissante du monde = mesure du monde, caractéristique de la
modernité.
-les sciences et autres connaissances modernes s’attachent à classer, répertorier, mesurer, évaluer =
processus variés de mise en chiffre de la réalité sociale, de quantification du monde.
-en conséquence, la perception qu’en ont les hommes est modifiée : désubstantialisation de toute chose.
-l’argent est l’aboutissement de ce processus, par sa capacité à tout mesurer = marchandises, temps,
travail, terres…
Ex : l’art flamand dans lequel les dynasties commerçantes montrent leurs richesses notamment dans
les  villes  illustre  cette  nouvelle  Weltanschauung  (beffrois,  peinture   étudiée   par Simmel :  ex de
Quentin  Metsys  et  son tableau  Le prêteur  et  sa femme…). C’est  d’ailleurs  dans  le capitalisme
marchand italien ou hollandais  que naissent les premières  techniques  modernes de comptabilité
(double colonne…) et les systèmes financiers…
A l’inverse, Robert Fossier montre bien l’imprécision et l’indifférence des gens du Moyen Age face
aux quantités : les unités sont extraordinairement variées, peu rigoureuses (un pas ? un “journal“ de
terres, soit ce qu’on peut labourer en un jour, mais avec quoi ? on lègue un “bois de cents porcs“ ?)
et les erreurs énormes même au plus haut niveau (en 1371, le roi d’Angleterre estime à 45 000 le
nombre des paroisses au4il cherche à taxer, elles sont 6 500 !).

CCL  Economie :   sphère  autonome  avec   sa  rationalité   propre  =   recherche   d’une   accumulation
efficace   (nouvelle   hypothèse   de   comportement)   comme   une   fin   en   soi  =>   capitalisme
(accumulation,   propriété   privée),   dans   un   nouveau   cadre   institutionnel   et   un   nouveau   mode
coordination = le marché.
[tableau Cochet­Henry p. 50]

2- Le marché.
2­1 Les institutions favorisent le marché.
2­1­1 Les fondements de l’analyse institutionnaliste.
Douglass NORTH, Institutions, Institutional change, and Economic Performance, 1990
[voir aussi MONTESQUIEU, De l’esprit des Lois, livre XX chapitre IV]
« When it is costly to transact then institutions matter »
« While the rules may be changed overnight, the informal norms usually change only gradually.
Since it is the norms that provide "legitimacy" to a set of rules, revolutionary change is never as
revolutionary   as  its   supporters   desire and  performance  will   be  different   than anticipated.   And
economies that adopt the formal rules of another economy will have very different performance
characteristics than the first economy because of different informal norms and enforcement. The
implication   is   that   transferring   the   formal   political   and   economic   rules   of   successful   western
market economies to Third World and eastern European economies is not a sufficient condition for
good economic performance. »
North, Nobel Prize lecture, 1993
Les institutionnalistes raisonnent en économistes (hypothèses de la micro, mais rationalité limitée)
en s’attachant aux évolutions historiques.
• D’abord, les coûts de transaction croissent dans les économies développées centrées sur le marché
(division du travail, spécialisation…) et d’une complexité croissante, alors même que diminuent les
coûts de production.
­beaucoup de personnes concernées : avocats, comptables, banquiers…
­différentes   types   de   coûts   :   coût   de   recherche   (information   préalable   à   l'échange),   coût   de
négociation (détermination des termes de l'échange), coût d'application (sécurisation, transfert et
garantie des droits de propriété).
•   Ensuite, les  institutions sont des « contraintes d’origine humaine qui structurent l’interaction »
comme   les   règles   formelles   (constitution,   lois,   droits   de   propriété…),   mais   aussi   les   règles
informelles  (les  normes   de  comportements,   conventions,  tabous,  codes   moraux  individuels…  =
“coutumes cristallisées“) qui encadrent les organisations (entreprises, administrations, lobbies…).
=>   il   est   nécessaire   de   s’appuyer   sur  des   institutions   fiables   pour  une   prévision   rationnelle   de
l’échange et une diminution des coûts de transaction.
• Les institutions apparaissent ainsi comme une sorte de règles du jeu issues d’une longue évolution
culturelle, évoluant lentement et graduellement, par adaptation et imitation, de manière exogène ou
endogène.
­les  institutions  informelles  qui légitiment les institutions  formelles  changent toujours beaucoup
moins vite.
­il est possible que se maintiennent des institutions inefficaces légitimées par l’histoire.
­il y a des processus de dépendance de sentier (path dependancy). North oppose par exemple le long
chemin effectué par les Anglais de la Charte de 1215 à 1689, au fonctionnement de la couronne
castillane qui produit le sous développement de l’Amérique Latine. Comme le disait John Stuart
Mill, on reste « esclave des conditions antérieures ».

2­1­2   Le   renforcement   du   pouvoir   étatique   protége   le   marché   et   les   droits   de


propriété.
• Cette évolution historique des institutions donne naissance à des systèmes plus efficients, par une
sorte   de   processus   de   tri   sélectif   des   institutions   au   regard   d’un   critère   de   maximisation
économique. Elle sont à la fois facteur de / réponse à des comportements économiques.
­le développement des premiers systèmes de droits de propriété (même collective) daterait de la
révolution néolithique (?). Plus sûrement, l’Etat moderne se renforce, développement une justice,
une armée  (éventuellement  en domestiquant  la noblesse), ce qui suppose un accroissement  des
ressources.
­finalement, le succès des pays vient de la mise en place de solutions adaptées pour contenir la
hausse des coûts de transaction, notamment par des  droits de propriété  mieux garantis (limitation
des risques) et des systèmes juridiques fiables (coût d’exécution des contrats abaissés, certitude que
la fraude sera sanctionnée…). Comme le dit Say, les entraves compriment l'essor de la production,
le défaut de sûreté le supprime tout à fait.
Ex   de   l’Etat   anglais,   avec   un  système   fiscal   beaucoup   plus   efficace   (pas   de  privilèges)   et   des
ressources fiscales par habitant 2,7 fois plus élevées qu’en France vers 1780 (réformes de Robert
Walpole dans les années 1720, fiscalité excises indirecte plus que Land Tax directe).
Ex : droits de propriété intellectuelle, avec des brevets protégeant les inventions.
­1623 : début du système britannique (Statute of the monopolies). Accélération en 1852 avec le
Patent Amendement Act qui baisse le coût des brevets (division par 4).
­fin 18ème : autres pays occidentaux (EU 1790, France révolutionnaire 1791 puis les autres dans les
deux premières décennies du 19ème siècle).
­question des DPI cruciale aujourd’hui.
• Mais dans tous les cas, les droits de propriété sont circonscrits, assortis de conditions (je possède
une voiture, mais je ne peux pas conduire n’importe comment, je possède une terre mais pas son
sous­sol…). 
La relation de possession est très variée et complexe : « ce que l’on possède, ce sont des droits à
l’action qui sont socialement reconnus » (Alchian et Demsetz) et qui sont progressivement définis,
souvent à l’occasion de litiges qui permettent de tracer la limite de la propriété. Le droit de propriété
évolue fortement, par jurisprudence, mais historiquement les droits de propriété communaux ont
plutôt régressé (voir par exemple les Enclosure Acts).
2­2 La destruction des cadres sociaux traditionnels.
Karl POLANYI, La Grande Transformation, 1944

2­2­1 L’individualisme agraire.
• L’organisation de la production agricole traditionnelle est collective.
Les terres ne sont pas possédées en pleine propriété, leur usage est encadré par un ensemble de
règles  collectives  lentement  stratifiées  qui définissent les  droits et devoirs de chacun (pratiques
culturales, corvées, pâture, usage de la forêt…). Fondamentalement, un individu se définit par sa
place dans la communauté.
• Le mouvement des enclosures est déclenché à l'initiative des seigneurs pour améliorer l'élevage :
les terres sont soustraites aux usages communautaires de l'openfield et individualisées par un titre de
possession.
1604 : le premier  Enclosure Act  du Parlement (mais frein de la Couronne) permet l'enclos si les
propriétaires de la majorité des terres le souhaitent ("on pèse les voix"). Puis la très grande période
d'enclosure se situe au tournant du 18ème ­ 19ème.
• Conséquence majeure selon Polanyi :
­l’individualisme  se développe  avec  la fin des  réglementations  collectives.  Les  choix  culturaux
comme les bénéfices sont privés.
­un marché de la terre individualisée  comme facteur de production, capital, se développe, sans
servitudes collectives féodales = propriété au sens moderne. Le rachat des terres par des farmers
(revenus   souvent   100   à   150   £   par   an)   mais   surtout   par   de   grands  landlords  conduit   à   une
concentration très forte de la propriété foncière estate entre les mains de la gentry : revenu moyen
doublé au 18ème pour atteindre 10.000 £ par an.
­un marché du travail salarié apparaît avec les paysans expulsés (yeomen et surtout cottagers), à la
fois m d'o pour l'industrie mais surtout m d'o pour les terres mieux exploitées et assez  labour­
intensive. Naît un prolétariat (la moitié de la population rurale ?) aux conditions de vie dégradées,
tandis que se durcissement les rapports sociaux.
=> la violence du phénomène est dénoncée Thomas More (humaniste, chancelier de Henri VIII
finalement décapité pour catholicisme), les moutons « mangent même les hommes » (Utopia, 1516).

2­2­2 La libéralisation du marché du travail.
•  Plus   généralement,   prennent   fin   les   réglementations   d’Ancien   Régime   (médiévales   et
mercantilistes).   Celles­ci   prévoyaient   que   le   travail   artisanal   urbain   obéissait   à   des   règles   qui
s’imposent  à tous : niveau des  salaires,  horaires  de travail,  normes  de qualité  (par exemple  les
dimensions des pièces de tissu)… D’une manière générale, la notion même de concurrence est très
mal perçue.
Ce  corpus  de  règles  est  très   critiqué   par des   libéraux   comme  Smith,  qui  y  voient  une  entrave
majeure.
• Les réglementations tombent parfois en désuétude, elles sont abolies sinon.
Ex : Combination Laws de 1799 et 1800 interdisant toute forme d’organisation ouvrière.
Ex : Statute of Artificers de 1563 (artisans) aboli en 1814 = codification des professions, fixation
des salaires, 7 ans d'apprentissage, normes de qualité…
Ex : démantèlement des lois sociales mercantilistes.
Les Poor Laws, depuis notamment en 1598 et 1601 (et relancées en 1795 : Speenhamland) créent
des   fonds   gérés   par   les   paroisses,   prélevés   sur   les   revenus   de   la   propriété,   permettant   la
redistribution   d'environ   1%   du   revenu   national,   et   jusqu'à   2%   au   début   19ème  (10   à   12%
actuellement).
Elles sont abolies en 1834 (en fait replacées par les  New Poor Laws) avec une redistribution qui
tombe à 0,5%.
=> le marché du travail est donc largement libéralisé, avec une mobilité complète de ce facteur de
production. Ce marché du travail (salariat) est au cœur du capitalisme.

2­2­3 Désencastrement vs encastrement structural…
Mark GRANOVETTER, Le marché autrement. Les réseaux dans l’économie, 2000
• Vers un marché “autorégulateur“ (Polanyi)?
Pour   Polanyi,   les   relations   économiques   ne   sont   plus   encastrées   (embedded)   dans   les   relations
sociales :   elles   deviennent   des   relations  individuelles   et   marchandes,  coordonnées   par   les   prix,
autonomes par rapport aux autres formes de rapport sociaux et aux autres codifications (sociales,
religieuses, politiques, morales…). Bref, la relation humaine est réduite à la question : combien ?
•  Mais la sociologie  économique contemporaine  précise cette idée. L’idée fondatrice est le fait
économique est aussi un fait social = les individus entretiennent des relations sociales (affectives,
personnelles, affinités culturelles, de formation…). Des normes et des règles non économiques…
persistent au cœur des relations (sociales) de marché intéressées, qui ne sont pas rejetées en tant que
telles, et sont nécessaires à son fonctionnement [cette vision présente des points commun avec les
institutionnaliste, mais ceux­ci voient ces normes et règles autour des relations marchandes qui s’en
trouvent plus ou moins favorisées].
On parle alors  encastrement structural  des relations marchandes [ce qui ne signifie pas que le
caractère libérateur des relations marchandes par rapport aux contraintes sociales disparaisse, par
exemple les contraintes féodales]. On peut parler de marché rencontre.
Ex : c’est très net pour la réduction de l’incertitude, notamment concernant la qualité ou bien l’état
du futur, au­delà des règles de droit). Sur le marché des voitures d’occasion analysé par Akerlof, les
acteurs ne peuvent correctement évaluer le rapport qualité/prix du bien, et donc le prix ne donne pas
une bonne information. Ils recherchent systématiquement des vendeurs connus par un réseau social.
• Ceci conduit à la notion cruciale de réseau social, soit un ensemble d’acteurs (individus, firmes)
rattachés par une relation au­delà de la relation bilatérale.
Ex : beaucoup de transactions entre firmes se font sans contrats (même dans un cadre institutionnel
efficace,   où   les   problèmes   d’incertitude   sont   moindres).   Il   existe   des   réseaux   d’entreprises   qui
travaillent en confiance, pour les apprentissages des marchés, les apprentissages organisationnels…
Mais les réseaux peuvent aussi être une entrave : l’encastrement n’est pas une bonne chose en soi.
2­3 La construction d’un marché des produits : l’effet stimulant de la demande.
Patrick VERLEY, L’Echelle du monde, essai sur l’industrialisation de l’Occident, 1997

 2­3­1 «    Une société de consommateurs   » (Verley)
Une consommation (qui n’est pas encore la consommation de masse) se développe dans la société
anglaise. Le terme consommateur est attesté vers 1750.
•  Produits ? La consommation est dirigée vers les biens de consommations simples plus que les
biens de production très minoritaires au début (rapport de 1 à 8 ? peut­être moins dans les pays
tardifs).
Ex : la bière, avec nouvelles techniques et concentration (Whitbread par exemple).
Ex : les indiennes, cotonnades imprimées originaires d’Inde.
Elles   sont   imitées   par   les   fabricants   européens   dés   la   fin   du   17ème  siècle,   sous   des  protections
douanières rapidement mises en place. Même si elles sont moyennement restrictives en GB, elles
encouragent la production locale et le commerce lointain pour les fibres.
C’est le premier marché industriel homogène et ample avec une forte  élasticité­prix  et donc une
incitation au progrès technique et aux économies d’échelle. Véritable « maillon manquant » entre
proto­industrie et industrie selon Chapman.
=> croissance tirée en GB (jusque vers 1860­1870) par les biens qui répondent aux besoins les plus
simples = nourriture et habillement, aménagement de la maison.
•  La  structure sociale du marché  présente une plus grande continuité sociale (par opposition au
marché dual), autour d’une qualité moyenne.
midling sorts  rurales (farmers) et urbaines => 25% de la population britannique avec un revenu
supérieur entre  50£ et 400 £. Processus  d’émulation  sociale : imitation  des  classes supérieures,
notamment  en GB où le  clivage  aristocratique  est moins  net qu’en France.  Mais  raisonnement
contradictoire différenciation / homogénéisation.
classes   pauvres :   même   si   les   salaires   réels   semblent   baisser   au   début   de   la   RI,   beaucoup   de
travailleurs ne sont pas complètement salariés, et le taux de commercialisation de leur production
artisanale et agricole varie beaucoup + augmentation de la quantité fournie de travail (femmes et
enfants, jours fériés = “révolution industrieuse“).

2­3­2 L’amélioration des réseaux.
•  Les réseaux commerciaux sont de bonne qualité vers l’étranger (négociants au loin) et sur les
marchés intérieurs : maisons de gros, colportage (agent du great reclothing dans l’Angleterre rurale
fin 18ème siècle), détaillants.
• Les moyens de transports s’améliorent au 18ème siècle en GB, principalement les canaux mais aussi
les routes à péages (turnpikes).
Les  canaux  sont un moyen de transport surtout intéressant pour son coût  ≠ rapidité  et pour le
transport des pondéreux. Un effort colossal est mené au 18ème, par des intérêts privés: pas un point
de l'Angleterre a moins de 25 km d'une voie navigable. Le déterminisme géographique joue : relief,
insularité, réseau hydrographique.
Ex : 900 km sont creusés par James Brindley, roturier génial et illettré, qui travaille notamment pour
le  duc de Bridgewater,  pour relier  sa mine  à  Manchester (1759), puis  Manchester   à Liverpool
(1776). Le prix du charbon baisse de moitié à Manchester.
• Globalement, l’amélioration des réseaux en Europe précède même la demande économique (enjeu
stratégique, circulation des hommes et de l’information). Mais l’effet peut être inverse : le goulet
d'étranglement peut créer l'investissement.
•  Londres   joue   un   grand   rôle,   immense   ville   dés   cette   époque   (≈   600.000   hab   en   1700),   à
approvisionner et plaque tournante du trafic international.
=> le marché s’élargit, la concurrence s’accroît.
CCL :
­naissance d’une économie de marché, comme mode de coordination des aspirations économiques
mais aussi comme cadre de la pensée économique, science de l’échange.
­demande accrue stimulante.

3- La révolution agricole.
3­1 Une agriculture liée à la proto­industrialisation.
Franklin MENDELS, Proto-industrialization : the first phase of industrialization, 1972
• Les grandes caractéristiques de ce mode d’organisation de la production sont :
­une   organisation   de   la   production   fondée   sur   la   relation   entre   un   paysan­manufacturier   et   un
marchand­fabricant qui fournit les matières premières et même parfois les machines pour une étape
de la fabrication, les finitions étant réalisées en ville.
­les relations sont marchandes entre ces acteurs, hors des cadres corporatistes de la ville auxquels la
proto­industrialisation cherche précisément à échapper (d’où le nom de putting­out system : placer
la production hors des villes).
­c’est une activité de complément saisonnier pour les paysans, à domicile (c’est le domestic system,
très éloigné de l’usine donc), en plus d’éventuels surplus agricoles commercialisés.
• En Angleterre, 50% de la population est agricole au début du 18 ème siècle, mais 10% sont engagés
dans l'industrie lainière (temps plein ou partiel) en relation avec la production agricole.
Le marché est donc très présent (moins d'autoconsommation) et environ 1/3 des revenus sont des
salaires (plus que des PED africains actuellement) (ce qui permet d’imposer des salaires très bas
puisque pas seule source de revenu cf Wallerstein).
3­2 Une agriculture plus efficace et plus rémunératrice.
•  Situation GB fin du 18ème  : 36% du revenu et 40% de la PA sont agricoles (ce qui est faible
comparé à ailleurs), et 3/4 du salaire d'un ouvrier passe dans l'alimentation de base (demande très
inélastique) => l’agriculture a forcément une influence importante [rq : actuellement situation des
PED comme le Maroc].
• Un certain nombre de progrès techniques, souvent venues des régions les plus en avance (Italie du
Nord et Hollande) permettent une amélioration :
­la “révolution de l’azote“ par les plantes fourragères, la fumure… permet le recul de la jachère.
­l’outillage s’améliore, par la charrue, le semoir (brevet de Jethro Tull dés 1701.
­la sélection animale est systématisée.
• La croissance annuelle de la production est d’environ 0,5% à 1% sur le siècle = un doublement de
la production avec augmentation des  rendements  (qui peuvent permettre une densification rurale)
mais surtout de la  productivité  (qui permet de dégager un surplus par tête), même si les grands
progrès sont postérieurs à l’industrialisation.
Comme on l’a vu plus haut, le revenu par habitant s’élève, bien qu'assez lentement : selon Crafts,
0,31% par an entre 1700 et 1760. Les paysans anglais sont plus riches que ceux du continent (pain
blanc, viande…).
 [Brasseul p. 186]
3­3 Une agriculture de marché, condition nécessaire de la division du travail.
•  La hausse des revenus agricoles pourrait avoir des conséquences positives sur la production et
l’investissement industriels.
­demande ?
Elle   peut   s’exercer   sur   le   textile,   notamment   le   textile   cotonnier   qui   présente   une   plus   grande
élasticité à la demande (difficile de produire rapidement plus de laine, mais possible d'importer plus
de coton).
Elle s’exerce aussi sur les produits métallurgiques, avec une augmentation forte de la production de
fer dés la première moitié du 17ème, en partie due à l'agriculture, dans un contexte de paix et sans
demande industrielle importante (moins de jachère => plus de labours / outillage à renouveler /
usage du cheval…).
MAIS ces raisonnements sont à manier avec précaution : la hausse des prix agricoles notamment fin
18ème peut d’un autre côté limiter le pouvoir d’achat de ceux qui ne sont pas agriculteurs. De même,
l’élévation du pouvoir d’achat des paysans pour des produits industriels suppose que soient vendus
les produits agricoles à l’industrie, au risque du raisonnement circulaire…
­transferts financiers ?
Les   grands   propriétaires   ont   pu   accumuler   une   rente,   mais   peu   investie   dans   l’industrie   (à
l’exception des mines, liées à la propriété foncière). Les enclosures et la modernisation sont assez
coûteuses et le mode de vie des landlords et des nouveaux industriels soucieux de nobility conduit à
réinvestir dans la terre.
­offre de main d’œuvre ?
La   thèse   marxiste   de   l’expulsion   des   paysans met   l’accent   sur   la   prolétarisation   (avérée)   des
journaliers perdant les communaux. Mais les enclosures sont labour­intensive et retiennent la main
d’œuvre : il n’y a pas de diminution absolue de la PA agricole ni de fort exode rural avant le milieu
du 19ème siècle).
•  En   fait,   les   progrès   permettent   de   dégager   des   surplus,   nécessaires   à   l’existence   d’une   main
d’œuvre   industrielle   et   plus   généralement   à   la  division   du   travail,   à   condition   qu’ils   soient
commercialisés : la  fonction de marché  est déterminante, plus encore que les progrès techniques,
dans une agriculture déjà sortie de l'autoconsommation avec déjà une forte population urbaine (21%
en 1750 contre 10% en France mais 35% en Hollande).
CCL
Thèses de Bairoch et Rostow en partie validée.
Développement agricole précédent la RI, lié aux relations de marché. Corrélation ou lien de cause à
effet ? Certitude = condition nécessaire de la DT et donc de la RI, mais non suffisante, et permettant
une forte croissance démo après 1750.

4- La révolution démographique.
4­1 La population augmente.
• Périodisation :
­d’abord une quasi stagnation de la population entre 1650 et 1730, autour de 5,8 à 6 M d'hab =
0,001% par an.
­puis une entrée dans la croissance (de 7,5 M en 1751 à 10,9 en 1801, soit 0,75% par an) avec une
accélération dans la première moitié du 19ème (taux maxima de +1,3% par an).
La croissance est sans précédent, la pop anglaise est multipliée par 3 entre 1700 et 1850 (21 M) puis
45 M   d’habitants   à   la   veille   de   la   première   guerre   mondiale,   tandis   que   l’espérance   de   vie
s’allonge : de 28­30 ans à 53 ans au début du 20ème siècle.
• La natalité augmente, essentiellement par une nuptialité plus importante et plus précoce, d'où plus
de naissances et diminution de l'âge moyen des premières naissances => nouveau­nés en meilleure
santé. Mais l’explication ultime est largement inconnue.
• Surtout, la mortalité baisse.
Ex : France, dernières crises démo d'Ancien Régime comme :
­les accidents météorologiques fin 1730­début 1740.
­la peste de Provence en 1720, dernière grande épidémie avant le choléra au 19 ème. Environ 1/3 des
villages   perdent   plus   du   1/3   de   leur   pop,   mais   épidémie   contenue   grâce   aux   efforts   de
l'administration et de l'armée (barrages).
­moins de paludisme avec tous les travaux d'assainissement­drainage­polders…
­hygiène préventive plus que médecine.
Ex   :   inoculation   de   la   vaccine   par   Jenner   en   1796   =   forme   non   dangereuse   de   la   variole   qui
immunise et vient des vaches (les garçons de ferme étaient immunisés…).
­augmentation des subsistances disponibles.
Ex : consommation de viande fraîche pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, abattage
toute l'année et moins de scorbut.
4­2 La croissance démographique, facteur de croissance économique?
[complexité des liens entre démographie et développement]
4­2­1 Le piège malthusien?
Thomas MALTHUS, Essai sur le principe de population, 1798
Esther BOSERUP, Population and Technology, 1981
Malthus (1766­1834) écrit à cette époque, effrayé par cette croissance démo en GB.
• Sa théorie est basée sur les rendements décroissants (qui est en fait une théorie de la productivité
décroissante déjà formulée par Turgot). Les ressources sont insuffisantes (apologue du banquet) car
la mise en culture de terres marginales entraîne un prix plus élevé du blé [car plus de travail, seul
paramètre qui créé de la valeur], fixé au coût marginal. L’idée est celle d’une nature avare pour une
humanité croissante.
D’autres arguments ont été avancés comme : l’élévation du ratio de dépendance (plus d’enfants non
“productifs“), la pression sur les salaires qui freine la recherche d’un progrès technique  labour­
saving.
[Vidal p. 47]
Les  réactions  démographiques  se font dans un "système homéostatique dilatoire" ie système  se
maintenant en équilibre avec un certain retard :
­la réaction peut être préventive, par ajustement de la nuptialité, par une sorte de contrainte morale
intégrée   par   les   plus   “civilisés“.   Malthus   s’oppose   d’ailleurs   aux  Poor   Laws  qui   selon   lui
encouragent la natalité.
­mort,   famines…   pour   les   plus   “imprévoyants“ !   Mais   comme   le   montrent   Turgot   et   Sen,   les
famines pas provoquées par l’accroissement démographique mais plutôt par des facteurs politiques
(guerres…),   institutionnels   (faiblesse   des   marchés,   réduction   des   droits   des   paysans   sur   leur
production = entitlements…).
• Et la croissance démographique présente des avantages selon Boserup (1965) :
­main   d'œuvre   pas   chère   pour   la   nouvelle   industrialisation   car   travail   plus   abondant   même   si
salaires déterminés par le prix du blé. Mais dans le cas britannique, les salaires étaient plutôt plus
élevés qu’ailleurs.
­de plus fortes densités permettent de faire des économies d'échelle au niveau des produits mais
aussi   au   niveau   des   institutions.  Densité  élevée   =   abaissement   des   coûts   de   transaction   et   de
protection du marché, pression pour définir les droits de propriété (North)… On peut même parler
de trappe de “faible densité“ par opposition à la trappe malthusienne. 
­incitations   à   transformer   les   modes   de   production   (progrès   technique   notamment)   car
renouvellement des générations, hausse des prix par une demande accrue… Mais la demande croît
surtout si le revenu par tête augmente.

 4­2­3 Le retournement de la tendance   : la transition démographique.
• Dans le cas de la GB, la crainte semble fondée au début.
Le revenu par tête stagne (+0,01% par an entre 1760 et 1780), avec la hausse des prix agricoles liée
à   la   forte   pression   démographique.   En   fait,   la   productivité   croît   mais   compense   tout   juste   la
croissance démographique, compte tenu de l’élévation du ratio de dépendance.
Ex : émeutes de la faim en 1795­1796 et 1800­1801 dans un contexte de guerre.
•  Cependant, la revenu par tête reprend sa croissance et la croissance démographique diminue à
partir du troisième quart du 19ème siècle, où la natalité baisse enfin.
Le   schéma   de   transition   démographique   endogénéise   la   fécondité   qui   dépend   des   variables
économiques et synthétise les transformations liées au développement (urbanisation, élévation du
niveau d’instruction, baisse de la taille de la famille). La transition démographique est un profond
démenti puisque l’élévation du niveau de vie s’accompagne d’une tendance lourde à la réduction de
la fécondité.
•  Mais la pression démographique  reste forte tout au long du 19ème  siècle  avec un mouvement
d’émigration sans précédents (sauf en France).
Estimation : 22 M de Britanniques émigrent entre 1815 et 1914, dont 4 M d’Irlandais, notamment
dans les années 1840 et 1880. Destination : 60% Etats­Unis, 30% Canada et ANZ.
• Mais les relations sont très complexes et analyses empiriques sont peu probantes pour les PED :
d’abord moins de bouches à nourrir, ou d’abord plus de bras pour travailler ?
Le   débat   s’oriente   nettement   en   direction   des   thèses   malthusiennes   dans   les   années   1960,   au
fondement de toutes les politiques de contrôle des naissances. Il y a une corrélation négative très
nette entre croissance démo et croissance éco dans les années 1980 par exemple (voir les cas de
l’Afrique ≠ Asie).
Mais les choses ne sont pas aussi simples : les modèles à générations de Modigliani montrent par
exemple que l’accroissement de l’espérance de vie peut modifier les comportements  d’épargne,
favoriser la capitalisation…
• Dans tous les cas, les phénomènes démographiques présentent une grande inertie. C’est net pour
la natalité, qui peut rester forte même si la fécondité baisse, compte tenu de l’ampleur des jeunes
générations qui arrivent à l’âge de procréer. Et on connaît déjà le nombre de gens qui arriveront à la
retraite en 2070, quoiqu’on fasse…

CONCLUSION
­ainsi apparaît le  capitalisme, comme objectif d’accumulation, fondé sur la propriété privée et le
salariat. Les relations de marché coordonnées par les prix se généralisent, permettant une division
du   travail   mais   aussi   porteuse   de   concurrence.   Bref,   les   institutions   évoluent,   sorte   de
développement précédant la croissance.
­dans   ce   contexte   mature,   s’accroît   l’incitation  à   produire   et   innover   dans   certains   secteurs
(notamment par la demande). Or, l’offre répond…

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