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Mémoire de philosophie
Table des matières
Introduction 7
I. Un art ancestral 11
1. Entendre 14
2. Un instinct musical ? 15
1. Créer du lien 63
a. Une société qui s'individualise 63
b. La musique et son rôle social 65
2. La musique pour marquer son identité (laisser sa 73
trace en musique)
a. La musique utilisée depuis longtemps comme marqueur 73
d’identité collective
b. La musique : un marqueur d’identité individuelle ? 75
3. La détente pour annihiler le stress 80
Conclusion 83
Bibliographie 87
Introduction
7
événement sportif, d’une virée en ville, d’un moment de prière,
d’un dîner romantique, d’une mère qui berce son enfant ou
d’étudiants qui travaillent avec fond sonore.
1 HUGO Victor (1833), « Écrit sur la plinthe d’un bas-relief antique », Les
contemplations, in Poésie Française [en ligne]
8
Comment expliquer que cet art ancestral ait toujours existé dans
toute société, toute culture, toute époque ? Ou plus simplement,
pourquoi la musique ?
J’aimerais comprendre le rapport si particulier qu’il y a entre la
musique et le cerveau humain. Comment reçoit-on le son et quel est
l’efet produit dans tout le corps ? Comment expliquer ces émotions
suscitées par l’émission et la réception d’un son.
9
I.
Un art ancestral
La musique existe depuis les temps les plus reculés, sûrement
avant même l’époque de ses premières traces historiques. Il
n’est pas de civilisation qui, tôt ou tard, n’ait développé son
propre système musical ou n’en ait adopté un en l’adaptant à ses
nécessités et à ses goûts.
« Dès l’aube de l’humanité on a utilisé le son, pour
accompagner des potions, des médicaments... »1 explique
Philippe Baraqué, fondateur de la musicothérapie vocale.
Dans cette première partie, je propose une histoire
sommaire de la musique à travers diférentes croyances et cultures
avec des exemples d’utilisations spirituelle et thérapeutique de
la musique.
13
1.
Entendre
14
2.
Un instinct musical ?
15
ne l’aurait pas seulement précédé mais occasionné en préparant
nos ancêtres à communiquer par le langage et à développer
la lexibilité sensorielle nécessaire pour devenir véritablement
humains. Grâce au chant et à la danse, notre espèce aurait ainé
ses aptitudes motrices pour parvenir aux mouvements très
précis qu’impliquent le langage oral ou la communication par
signes. Selon lui, l’expérience de la musique est profondément
ancrée dans notre physiologie. Elle serait apparue avant
l’agriculture et il n’existe pas de preuve tangible que le langage
l’ait précédée. En fait, les indices matériels suggèrent plutôt le
contraire. La musique remonte sans doute à plus de 50 000 ans.
Les découvertes archéologiques témoignent de la présence de
musique, de tout temps, dans les sociétés humaines. De plus, le
chant a sans doute précédé l’usage des lûtes et des percussions.
16
charmer le sexe opposé » (1871, chap. XIX, p. 572).
17
3.
La musique à travers l’histoire : d’une
utilisation sacrée à une utilisation
« thérapeutique »
a. Musiques et croyances
18
génère débat depuis toujours. On parle parfois carrément
d’une interdiction de la musique. Seulement, le rapport avec
la musique est bien plus complexe. Tandis que certains textes
interdisent clairement la musique et les chants, d’autres, au
contraire, laissent supposer que cette interdiction est seulement
partielle.
Dans certaines traductions du Coran, Abou Hourayra,
compagnon de Mahomet, aurait dit que selon le Prophète,
écouter (individuellement) les instruments de musique est un
péché, se rassembler pour le faire est un péché plus grave et
y prendre du plaisir est du « Koufr » (Les savants ont traduit
ici le terme « Koufr » par manque de reconnaissance envers les
bienfaits de Dieu).
Ce débat sur la place de la musique dans la religion
islamique montre une fois de plus que celle-ci est considérée
comme puissante et peut être estimée comme dangereuse.
19
qui sont capables d’améliorer les auditeurs. Pour lui, « Les
instruments de musique de ce genre, impressionnent plus l’âme
dans le sens des émotions agréables, qu’ils ne forment de bonnes
dispositions intérieures »1.
20
du tambour, les divinités viennent s’incarner dans les corps de
leurs idèles. Chaque rythme de tambour est censé correspondre
à un dieu bien précis. La danse et la musique apparaissent alors
comme moyens de communication avec les ancêtres et les dieux.
21
lieu avant le départ des chasseurs pour une expédition de chasse
au phacochère ou à l’éléphant. Elle a lieu le plus souvent de
nuit, autour du feu entretenu au centre du campement mué en
place de danse.
22
employée pour aider au recouvrement de l’équilibre afectif et
de la santé physique.
23
musique, traitée en « afaire d’État »1, peut restaurer l’ordre
et l’entente chez l’homme, ce qui est sa vocation primitive
(Timée), et honorer les divinités. Pour lui, il n’existe pas
meilleure éducation que celle qui s’est établie au cours des âges :
la gymnastique pour le corps et la musique pour l’âme.
Si la musique a un tel pouvoir moral et éducatif, c’est bien
qu’elle possède certaines propriétés psychiques. Platon accepte
dans La République la conception psychologique de la structure
musicale de l’âme. En efet, pour lui, les sons envahissent les
trois parties de l’âme humaine. Il érigea ainsi le problème de la
continuité entre la matière et l’esprit. Il airmait que le rythme
et l’harmonie sont particulièrement propres à pénétrer dans
l’âme et à la toucher fortement.
24
1960) qui inluençaient l’humeur et les humeurs en utilisant
divers instruments, rythmes et sons. Le docteur Patrick
l'Échevin explique que selon le mal, « ils choisissaient l’aulos
au jeu extatique et émouvant ou celui doux et harmonieux de
la lyre »1.
En Chine
25
seule chanson." Après ces mots, il sortit la troisième lûte
et joua trois notes. Il y eut soudainement une rafale sur le
lac qui souleva des vagues violentes qui jetèrent poissons
et tortues hors de l’eau. Lu Xiangjun et ses domestiques
furent efrayés. Après cinq ou six notes, les oiseaux et les
animaux sur la Colline de Jun pleurèrent et hurlèrent, et la
lune déclina. Les bateaux sur le lac balancèrent tellement
que les gens à bord paniquèrent. »1
1 Conte chinois, « Les trois lûtes sacrées », in Chine Informations [en ligne]
2 VIERS Rina (2006), Langues et écritures de la méditerranée, p. 309
26
Les éléments, et tout ce qui leur correspond, sont soumis à la
prépondérance du Yang et du Yin, deux forces complémentaires
qui régissent l’univers. L’empereur Fou-Hi serait l’inventeur des
huit trigrammes qui fournissaient, sous forme de représentation
graphique, l’évolution des rapports entre le Yang et le Yin.
A ces huit trigrammes correspondent les huit catégories
d’instruments, comme le montre le schéma (page vingt-sept),
emprunté au traité de médecine chinoise de Chamfrault et Van
Nghi.1
28
Tinctoris à légitimer les pratiques musicales au sein de l'Église.
Ces pratiques, bien que largement répandues, ne cessaient
d’inquiéter les théoriciens mais aussi les théologiens qui se
penchaient sur les problèmes musicaux. Comme on l’a vu
précédemment, ils étaient toujours méiants à l’égard du plaisir
musical et avaient besoin de trouver des arguments bien fondés
pour légitimer l’usage de la musique au coeur de la liturgie. Sans
aucune prétention technique, le Complexus se présente avant
tout comme un hommage au noble art de la musique.
Voici la liste des vingt principaux efets présentés dans son
traité :1
La musique :
1. Plaît à Dieu
2. Embellit les prières
3. Augmente la joie des bienheureux
4. Assure le triomphe de l'Église militante
5. Prépare les idèles à la bénédiction divine
6. Incite l’âme à la piété
7. Chasse la tristesse
8. Adoucit les cœurs
9. Fait fuir le diable
10. Cause l’extase
11. Élève l’esprit terrestre
12. Détourne la mauvaise volonté
13. Réjouit les hommes
14. Guérit les malades
15. Adoucit le travail
16. Incite l’âme au combat
29
17. Attire l’amour
18. Accroît la joie dans les banquets
19. Gloriie ceux qui la pratiquent
20. Rend l’âme heureuse
30
Au 20ème siècle
31
sur le corps sont donc récentes. Elles essaient de mettre en
évidence que l’écoute de certaines musiques a des répercussions
physiologiques et psychologiques sur l’organisme, notamment
au niveau cardio-vasculaire, respiratoire, musculaire et végétatif.
32
II.
Une expérience émotionnelle
Dans son ouvrage De la note au cerveau, le neuroscientiique
Daniel Levitin nous dit : « ce qui nous attire dans la musique,
c’est l’expérience émotionnelle »1. Il ajoute aussi que « la
musique est un outil plus eicace que le langage quand il s’agit
de susciter des sentiments et des émotions »2. Voyons alors en
quoi elle est une véritable expérience émotionnelle, suscitant
plaisir, angoisse, exaltation, tant au niveau du corps qu’au
niveau du cerveau.
35
1.
Des efets physiques : l’action directe de la
musique sur le corps
36
intime. Je vous touche au sens propre du terme. »1
37
de rythme et des dissonances, comme la techno, augmente le
stress, même lorsqu’elle est appréciée. »1
b. Le rythme
1 Ibid.
2 LEVITIN Daniel (2010), De la note au cerveau, p. 75
38
maîtrise du plaisir »1. Il explique que les rythmes musicaux
et poétiques sont intimement liés à l’expérience humaine. Ils
ressortissent de la cadence fondée sur la respiration, la marche
et le battement cardiaque. Il parle d’un plaisir de reconnaissance
et de l’économie (au sens de l’amoindrissement) du travail
intellectuel dans lequel s’ancre le rythme (ou la répétition du
même). Freud aurait montré la part que joue cette économie du
travail intellectuel, cette absence de tension, dans le plaisir.
39
2.
Le plaisir
40
ressentir le temps physiquement »1.
41
Leboucq. La brioche ne nous conduit à aucune expérience
introspective alors que la musique est vecteur de souvenir et crée
une sorte d’inassouvissement de l’appétit musical en émettant
des sons qui s’évaporent aussitôt. Le compositeur ajoute : « La
musique, c’est ce qui reste ; c’est le souvenir, c’est un temps
libre, livré à mon bon plaisir. »1
1 Ibid.
2 HELME Benoît (2009), « Les mystérieux bienfaits de la musique », in
Psychologies.com [en ligne]
42
Jean-Marc Chouvel, professeur à l’université de Reims et
auteur d’une thèse sur la théorie de la forme et ses implications
dans la création musicale contemporaine, dit de la musique
qu’elle est un « art du temps »1. Tout moment musical est
éphémère et est écartelé entre deux inconnues, la remémoration
(à quoi cela ressemble-t-il ?) et l’imminence (que va-t-il se
passer ?). En chacun d’entre nous, elle réveille les expériences
et les peurs, les phobies et les désirs. La musique déploie
une logique qui est la logique suprême, celle qui donne la
connaissance du temps.
b. L’attendu et l’advenu
43
le résultat d’une manipulation ingénieuse de nos attentes par
le compositeur et les musiciens. Ils travailleraient à créer une
attente ain de mieux la déjouer par des harmonies inhabituelles,
des attentes rythmiques. Le groupe he Police serait spécialiste
dans la « violation des attentes rythmiques »1.
c. La molécule du plaisir
44
impliquée dans l’euphorie provoquée par les psychostimulants
comme la cocaïne.
45
3.
Que se passe-t-il dans le cerveau ?
46
par un quatrième. C’est après que tout est assemblé. Et cet
« après » représente trente millièmes de seconde.
47
tempo lent comme tristes. Les changements de volume inimes
jouent quant à eux un rôle essentiel dans la communication des
émotions.
48
4.
La musique : un désir, un besoin, une
pulsion ?
49
désir a une inalité toujours supérieure au seul plaisir. Le désir
est volonté, c’est-à-dire faculté d’agir conformément à une
certaine représentation du réel.
Enin, selon le dictionnaire en ligne du CNRTL, un besoin se
déinit par une situation de manque ou une prise de conscience
d’un manque.
Sans vraiment répondre complètement à cette question,
voici quelques exemples d’auteurs qui ont pu y réléchir.
Nietzsche dit que « sans la musique, la vie serait une
erreur ». Peut-on alors considérer que la musique soit un
véritable besoin ? Comme celui de manger ou de dormir ?
Pour essayer d’y répondre, on peut aussi se demander : peut-
on vivre sans loisirs ? Ou sans l’Art ? La musique serait-elle un
élément indispensable ? Si l’on se réfère à Platon qui considère
la musique comme base indispensable de toute culture et de
toute éducation ou plus généralement aux Grecs qui associaient
la musique à la science, alors il semble naturel de répondre oui.
Pourtant, on peut vivre sans musique, celle-ci n’est pas
un élément nécessaire à la vie, si l’on parle de la vie au sens
physiologique. Donc la musique n’est pas un besoin à
proprement parler, mais peut le créer en engendrant du désir.
Platon parle de la notion de désir comme émotion négative,
primaire, quand il aborde les deux sortes de musiques qui
existent selon lui.1 La première est la musique relet de l’ordre
cosmique qui dispose au Bien, à la fois par son action calmante
sur les humeurs et par l’appel du sentiment esthétique. Elle ne
crée pas de désir au sens passionnel. L’autre musique au contraire
excite les passions et s’enferme dans une esthétique repliée sur
les désirs et les émotions primaires, et qui, par là, ouvre la porte
au Mal, dans l’individu comme dans la cité. Ce Mal, c’est
50
l’ignorance arrogante, celle qui se croit connaissance, puis le
manque de courage, l’absence de volonté et leur conséquence,
l’intempérance. Ce Mal entraîne inévitablement le relâchement
des lois et la corruption de l’ordre dans la cité qui glisse alors
vers la tyrannie. Cette musique qui crée du désir et conduit
l’Homme vers un état primaire est mauvaise pour Platon.
La musique comme objet de désir est décrite par Homère
dans l’épisode des Sirènes dans L'Odyssée. En charmant celui
qui l’écoute, elle l’attire vers l’inconscience, vers un état d’oubli
du réel.
51
la capacité de la musique de réveiller l’animalité qui est une
part de notre devenir. Elle serait une pulsion invocante. Dans
la mythologie, Néanthe, il du tyran de la ville de Lesbos, a
voulu jouer la lyre d’Orphée échouée sur le rivage de l’île et
transportée dans le temple. Mais il fut dévoré par des chiens que
la musique avait attirés. Alors les dieux (Apollon et les muses)
décidèrent de faire de la lyre une constellation et de l’éloigner à
jamais du monde des humains. Sa musique créait des pulsions
qui pouvaient s’avérer dangereuses.
52
5.
Quelle utilisation des propriétés émotionnelles
de la musique aujourd’hui ?
53
L’importance de la musique est également visible dans
l’augmentation sensible de la production et l’invention
d’instruments, presque interrompues depuis trois siècles.1
Enin, d’après Daniel Levitin, les américains dépensent plus
d’argent pour la musique que pour le sexe ou les médicaments !
Le prix de deux billets de concert peut facilement atteindre le
budget hebdomadaire consacré à la nourriture par une famille
de quatre personnes et un CD coûte presque autant qu’un
T-shirt ou 20 baguettes de pain.
54
de l’emploi d’un nouveau type d’arme « non létale »1 dans les
manifestations, le LRAD (Long Range Acoustic Device), vite
labellisé canon à son par les médias, de l’usage du Mosquito, un
émetteur de très hautes fréquences, pour chasser les indésirables
de certains endroits. D’après l’auteur du livre Le Son comme
arme, Juliette Volcler, c’est depuis la guerre du Vietnam que
le son devient en tant que tel un instrument de combat. Dans
une interview, elle donne l’exemple de l’épisode Noriega, en
1989, où le général panaméen est bombardé de hard-rock par
les haut-parleurs de l’armée américaine. Elle explique que les
dispositifs utilisés sont eicaces parce qu’ils sont insupportables
et dangereux pour l’oreille. Leur atout considérable réside
dans le mélange de fascination et de peur qu’ils suscitent,
largement alimenté par l’absence d’informations étayées sur
leur fonctionnement.
On peut aussi citer un autre exemple singulier, les « drogues »
sonores, qui consistent à écouter une musique pour se plonger
dans un état particulier. On trouve sur Internet le logiciel
I-doser, qui permet de charger des « doses » de drogues auditives.
Ces « drogues » émettraient certaines fréquences sonores, qui
activeraient des hormones du cerveau, et permettraient de
générer des états diférents selon les sons écoutés (sensations
de plaisir ou même d’orgasme, hallucinations, relaxation).
Le téléchargement de ces cyberdrogues étant légal, il séduit de
nombreux adolescents. Pourtant, ce phénomène venu des Etats-
Unis est contesté. Selon la Mission interministérielle de lutte
contre la drogue et la toxicomanie, les efets de ces « drogues »
n’auraient pour l’instant pas été réellement prouvés.
Enin, pour illustrer l’importance de la musique aujourd’hui,
55
on peut parler une fois encore de la musicothérapie, activité qui
tend à se développer et qui utilise les propriétés thérapeutiques
de la musique pour soigner. Véritable métier, la musicothérapie
est basée sur une analyse psychologique des patients. En
fonction de cette analyse et selon les besoins décelés, le
musicothérapeute choisit une manière d’utiliser la musique. Il
peut proposer une écoute au patient qui s’allonge et ferme les
yeux, choisir de faire participer le patient par la manipulation
d’un ou plusieurs instruments ou créer un échange sonore entre
plusieurs personnes par le biais de percussions.
56
- je me suis demandé en quoi celle-ci, dans une société où les
comportements individualistes et le stress semblent s'accroître,
pourrait-elle être considérée comme un vecteur de mieux-vivre ?
57
III.
Auourd'hui, mieux vivre en musique
« L’essentiel n’est pas de vivre, mais de
bien vivre. »1
(Platon)
61
nostalgie, la transcendance, le calme, la joie, la tendresse, la
tristesse et l’agitation. Des sentiments comme la culpabilité, la
honte ou le dégoût n’étaient jamais évoqués.
Ce mieux-vivre s’exprime de multiples façons à travers la
musique. Celle-ci devient parfois un exutoire. « Nous projetons
nos tensions désagréables dans la mélodie au lieu de nous en
vouloir ou d’en vouloir aux autres »1, explique Édith Lecourt,
psychanalyste et musicothérapeute.
Elle est aussi une Muse, inspirant de nombreux créateurs ou
chercheurs. Edith Lecourt, qui trouve souvent de nouvelles idées
de recherches en écoutant de la musique, parle carrément d’une
forme de pensée diférente qu’elle compare à une respiration.
Elle contribue à l’éveil, ouvrant un espace où les émotions
ressenties sont susceptibles d’élargir notre champ de pensée. Le
psychologue et musicothérapeute Alfred Tomatis, par exemple,
aurait observé lors d’une étude que ses étudiants avaient amélioré
leurs scores de neuf points à un test de quotient intellectuel
après avoir écouté, pendant dix minutes, la Sonate pour deux
pianos en ré majeur de Mozart.
Dans cette dernière partie, je souhaite montrer, d’une part,
le besoin d’exister, de se rassembler, de partager et de se détendre
dans une société de proit, de vitesse, d’individualisation et
d’eicacité, et d’autre part, de quelle manière la musique peut
proposer une réponse à ces besoins.
62
1.
Créer du lien
63
l’individu se libère de l’emprise des institutions, s’afranchit
des normes et des règles collectives pour efectuer ses propres
choix de vie. Il en résulte que chaque individu peut choisir
librement son mode de vie, agir comme il l’entend, il y a donc
un bouleversement du modèle familial.
Seulement, en s’afranchissant des modèles anciens et en
gagnant une liberté de choix, l’individu se retrouve de plus en
plus seul. La solitude, corollaire d’une plus grande liberté, est
une des conséquences de l'individualisation et peut être parfois
diicile à supporter. C’est ce qu’Alain Ehrenberg appelle « la
fatigue d’être soi »1, identiiée comme la crise de l’être moderne.
Une fragilité qui se traduit par l’augmentation du stress et de la
dépression. Alexis Métais explique qu’aujourd’hui, « des individus
essayent de retrouver ces structures de la société traditionnelle,
en recherchant plus de convivialité, en recréant l’ambiance de
village à travers des repas de voisinage ou le développement de
marchés locaux »2. Selon lui, le désengagement de l’individu dans
la vie publique illustrerait la crise des démocraties modernes.
Il cite Alexis De Tocqueville, auteur de De la démocratie en
Amérique (1840), qui analyse l’individualisme comme un repli
sur la sphère privée et un abandon de la sphère publique et de la
participation à la vie de la cité.
Cependant, des exemples symboliques peuvent être exposés,
et qui, sans prouver une évolution contraire, nuanceront l’idée
d’une société complètement individualiste. On ne peut nier par
exemple le caractère collectif du développement de l’écologie,
qui correspond à une gestion globale des ressources et une
64
préservation de l’habitat collectif. De même que l’écologie, les
événements liés à la musique ont bien souvent ce même caractère
collectif. La fête de la musique ou les festivals musicaux tels les
Eurockéennes de Belfort ou les Francofolies de la Rochelle sont
des moments de regroupement, de partage, d’échanges où les
gens sont unis par un même sentiment d’exaltation et d’ivresse.
65
qui cite dans son livre les psychologues John Tooby et Leda
Cosmides. Ceux-ci airment que la musique a pour fonction de
préparer l’enfant à des activités sociales et cognitives complexes.
Daniel Levitin précise que le fait de jouer ensemble rapproche
selon lui indéniablement les individus.
66
la musique constitue un élément de soulagement et de soutien.
Elle permet d’entretenir une activité intellectuelle, de travailler
la mémoire et de mieux vivre au quotidien. Ensuite, l’un des
constats qui ressort et celui qui m’intéresse particulièrement
ici, est l’idée que la musique permet aux personnes âgées de
conserver des liens sociaux et ainsi, de limiter leur glissement
vers une situation de plus en plus négative. En revêtant le rôle
d’accompagnateur, la musique serait « un tuteur d’acceptance »1,
une façon d’apprendre à mieux vivre avec sa vieillesse, sa maladie
ou son accident. Pour insister sur son rôle social, Virginie Pape
la décrit comme un cheminement vers l’autre, avec les autres,
« une rencontre »2. En fait, selon elle, tout dans la musique est
interaction.
Chez les jeunes, la musique est également un moyen de
lutte contre la solitude. Elle brise le face-à-face avec soi-même
qui peut être générateur d’angoisse, en particulier chez les
adolescents. Le sociologue Michel Fize parle de cette génération
d’adolescents, dont « on a l’impression qu’ils naissent avec
une partie de leur cerveau formatée pour l’écoute musicale »3.
Cette boulimie de musique ferait partie à présent de la nature
adolescente.
67
naissances, deuils, jeux, prières, travaux, guerres, amour. La
musique est présente non seulement comme vecteur participatif
au rassemblement mais aussi comme canal informatif sur la
nature du rassemblement. Chez plusieurs peuples, la musique
traditionnelle est si diversiiée que chaque rythme est empreint
d’une valeur symbolique. Par exemple, quand l’occasion est
festive comme pour le mariage ou la nomination d’un nouveau
né, les premiers sons du tam-tam le font savoir. De même pour
le deuil. C’est également la musique qui annonce les étapes du
déroulement des cérémonies.
Chez les Moba du Togo par exemple, toutes les étapes
d’une cérémonie funéraire depuis l’annonce de la mort jusqu’à
l’enterrement et les autres manifestations qui vont suivre jusqu’à
la sortie de deuil, sont ponctuées par des rythmes diférents qui
les annoncent et les symbolisent. Lorsqu’on est à l’étape du
lavement d’un cadavre par exemple, tout le monde l’apprend
au son du tam-tam. C’est la même chose pour les cérémonies
d’initiation, de mariage, de sacriice… On peut ainsi suivre à
l’oreille toutes les étapes d’une cérémonie traditionnelle.1
« Étant du son organisé, (la musique) exprime des aspects de
l’expérience des individus en société »2, explique John Blacking
dans Le sens musical. Mise en forme d’un partage, elle uniie des
groupes et contribue à leurs mobilisations.
68
dans quelle mesure la musique participe de la vie sociale.
Selon lui, « une ethnomusicologie qui concilierait l’étude
des représentations musicales et une conception de la société
en tant que représentation collective enrichirait sensiblement
la recherche musicologique, mais aussi l’étude des groupes
humains »1.
Martin Strokes, professeur de musique et chercheur au
King’s College de Londres, met en avant cette idée lorsqu’il
dit que la musique concentre et condense les relations sociales,
qu’elle en est le produit.
69
il publia plusieurs écrits traitant de ce sujet. Dans l’Essai sur
l’origine des langues, Rousseau prend la musique non seulement
pour une suite de sons agréables à l’oreille, mais aussi pour une
sorte de langue qui se sert des sons comme signes. Il souligne
l’aspect moral qu’il y a dans la musique, ce qui permet de la
comparer avec le discours.
Pour Hegel, tous les sentiments particuliers qu’exprime la
musique - toutes les nuances de la joie, de la sérénité, de la
gaieté spirituelle et capricieuse, l’allégresse et ses transports, tous
les degrés de la tristesse et de l’anxiété - deviennent les domaine
propre de l’expression musicale.
Enin, Virginie Pape ne considère pas seulement la musique
comme un langage à part entière, mais l’envisage comme
un véritable « matériau de construction »1, de création et de
récréation. Un matériau qui, lorsqu’il est manipulé à plusieurs,
rassemble autour de constructions communes.
70
rendions forcément compte, nous nous mettrions donc à moins
posséder, à privilégier l’usage et à partager davantage. Il en est de
même pour le partage de musiques. On crée des échanges, sans
pour autant être possesseur des morceaux partagés, on privilégie
l’écoute, la découverte musicale, plutôt que l’appropriation.
Ces échanges entre individus ont favorisé le développement
du système Peer to Peer1. On pourrait presque comparer ces
échanges à de réelles discussions (j’aime cette musique, je la
propose à tous, je cherche une chanson particulière, ...).
71
domestiques n’ont pas réléchi à la pénible incommodité que ces
exercices bruyants font subir au public... »1
72
2.
La musique pour marquer son identité
(laisser sa trace en musique)
73
territoriale, religieuse et linguistique. Ces derniers remarquent
que le besoin de se doter d’une image sonore symbolique
est propre aux nations jeunes ou sujettes à de profondes
transformations. Ce fut le cas, par exemple, de l’Afghanistan à
la in du XIXe siècle, de la Turquie post-kémalienne, de l’État
d’Israël ou de Trinidad.
Pour certains groupes, la musique est un réel moyen
d’identiication. Les Roms, bohémiens, romanichels et gitans,
considérés comme des collectivités itinérantes et de passage et
communément appelées gens du voyage, se déplaçaient d’un
pays à l’autre. La vie moderne et la politique les ont obligés
à se sédentariser de plus en plus. Étrangers un peu partout,
rejetés dans des ghettos, marginalisés, la musique et la danse
ont été pour certains, comme les tziganes, leur source première
d’identiication.
Elle est également un puissant marqueur identitaire dans
les nouveaux États d’Asie centrale. Les empereurs chinois
marquaient leur accès au trône par un changement de diapason
à une époque où les Pythagoriciens considéraient que les
changements afectant les modes avaient nécessairement des
répercussions sur les lois de l’État. En Asie intérieure, où le
brassage des peuples et des genres musicaux est moins profond
qu’en Europe occidentale, la musique et la langue participent
davantage du sentiment identitaire et communautaire. À l’issue
d’un concert de musique traditionnelle, et d’autant plus s’il
touche une diaspora, les auditeurs reconnaissent qu’ils se sont
sentis « vraiment ouzbeks », « vraiment afghans »1, ou autre.
L’instrumentalisation de la fête va beaucoup plus loin avec le
Nouvel an chinois, où les cinquante-trois minorités du pays
74
déilent dans la capitale en chantant et dansant sur leurs propres
airs traditionnels. Expression des identités, peut-être, mais dans
des limites habilement déinies : quelle que soit la langue de la
minorité (tibétain, ouïgour, sibo, mongol ou tatar), les chants
sont tous en mandarin.
75
en émane ainsi une identité musicale, culturelle, sociale ou
plus simplement personnelle, au sens large où l’entendent
les psychologues, c’est-à-dire une identité que l’on peut
assimiler au système de sentiments et de représentations par
lequel le soi se spéciie et se singularise »1
76
personnelle à un moment donné de son existence et aiche des
choix et des orientations de nature diverse (esthétique, politique,
intellectuelle, spirituelle…) dont les fondements ne sont pas
toujours conscients. Il comporte aussi des réminiscences plus
ou moins assumées, qui font que telle ou telle musique demeure
associée à tel penchant ou à tel souvenir.
77
déinit « autant par ce qu’il exclut que par ce qu’il intègre et
ceci d’autant plus librement qu’il ne procède d’aucun besoin
vital ni d’aucune contrainte apparente »1. Il permet aussi de
marquer une rupture avec certaines idées reçues. Par exemple,
en rejetant la musique qu’écoutent ses parents, l’adolescent se
démarque de l’inluence familiale pour s’identiier à d’autres
cercles, qui correspondent à sa classe d’âge et au milieu qu’il
fréquente. Laurent Aubert précise que cette revendication est
généralement assortie d’autres signes de reconnaissance, relatifs
au langage, aux choix vestimentaires ou à la manière de se situer
socialement.
1 Ibid.
2 SEEGER A. (2004), « Chanter l’identité : Musique et organisation sociale
chez les Indiens Suyá du Mato Grosso (Brésil) », L’Homme
78
sens relevant d’une sémantique. Elle a cherché à comprendre
les signes qu’il pouvait véhiculer, leur signiication et leur
interprétation dans l’acte de communication qu’il représente.
Selon elle, la voix pourrait être « marqueur d’une identité social »1
qui peut elle-même être marquée par des facteurs géographiques.
En émanant d’un corps pour atteindre celui de l’autre, elle est
le support charnel à l’expression et à la communication. Il y a
donc une interaction entre voix et écoute. La voix implique une
réponse émotionnelle de celui auquel elle se destine. Cette «
théâtralité » dont parle la psychanalyste est inhérente au chant.
La voix est aussi ce qui permet la communication des
émotions. Le philologue hongrois Ivan Fónagy (1920 - 2005),
l’un des grands linguistes d’avant-garde du XXe siècle, a mis
en place une sémiologie précise pour certaines émotions. Il a
étudié le lien entre les émotions exprimées et la déformation du
geste articulatoire.
79
3.
La détente pour annihiler le stress
80
Justement, l’état de stress est particulièrement notable
dans certains contextes comme l’espace urbain. La musique
pouvant être envisagée comme outil de détente, je me suis donc
intéressée aux comportements actuels qu’on avait vis à vis de
la musique dans le contexte urbain. La pratique qui ressort
principalement est l’utilisation du baladeur (l’écoute itinérante
et personnelle). Elle semble être le meilleur moyen d’isolement
car le plus adapté à cet espace. Il suit, pour s’en rendre compte,
d’une virée en métro, où les écouteurs s’accrochent à presque
toutes les oreilles. En isolant l’individu des bruits extérieurs,
le baladeur procure une expérience émotionnelle solitaire, et
conduit à un repli vers soi. « Si les gens écoutent de plus en plus
de musique en ville, c’est non seulement parce qu’ils ne veulent
pas s’ennuyer, se sentir “vides”, mais aussi parce qu’ils ne veulent
pas être ennuyés par les autres »1, remarque le psychanalyste
Didier Lauru. Il ajoute qu’en les isolant, la musique leur permet
de s’évader, de se protéger des autres mais qu’il n’est pas question
d’une désocialisation. Selon lui, « ce comportement est une
conséquence du manque de lien social, et non une cause »2. En
s’isolant de l’extérieur, l’individu cherche également à retrouver
une tranquillité psychologique.
81
précisément cette activité d’écoute itinérante et le rapport qu’elle
crée entre l’auditeur et la ville. Les auditeurs s’immergeraient
dans une bulle intimiste qui les tiendrait à distance, voire les
protégerait de la ville environnante, décrite comme bruyante,
stressante, voire oppressante. L’auteur parle d’une sorte de
mobilité augmentée. De plus, les déplacements sonores des
auditeurs, rythmés par la musique, leur permettent de remodeler
leur environnement sensible. Ils se placent délibérément dans
une situation de dépaysement sonore. Leurs rapports à l’espace
urbain sont donc diférents. Les déplacements deviennent de
véritables expériences urbaines (et pas seulement musicales)
et le port des oreillettes place l’auditeur-baladeur et les autres
membres de l’espace public urbain dans des mondes sensoriels
en partie diférents.
Conclusion
83
l’identité et par l'appropriation de chacun, la musique pourrait
être vecteur d’un certain mieux-vivre. Les comportements
actuels semblent en efet le justiier à travers le besoin d'exister,
de se regrouper et de se déconnecter.
84
Gabriel dans le ilm Mission1 de Roland Jofé. Cette musique,
cet échange sensible, qui attire la curiosité des indigènes et crée
le dialogue qui semblait impossible.
85
Bibliographie
Ouvrages
PAPE Virginie (2011), Les musiques de la vie, Paris, éd. Odile Jacob,
coll. «Psychologie», 176 p.
Articles
87
de l’institution à la passion, 26 et 27 mai 2006
88
Stendhal
Documents audiovisuels
Ressources en ligne
Articles
89
COLLIN Dominique, « Platon et la musique », in Encyclopédie de
l’Agora [en ligne]. URL : http://agora.qc.ca/documents/musique--
platon_et_la_musique_par_dominique_collin (consulté en décembre
2012)
90
GILLIE-GUILBERT Claire, « "Et la voix s’est faite chair…" Naissance,
essence, sens du geste vocal », Cahiers d’ethnomusicologie, 2001, n°14,
p. 3 - 38 [En ligne]. URL : http://ethnomusicologie.revues.org/71
91
(consulté en novembre 2012)
92
Ouvrages
93
Consonances urbaines
Y-a-t-il un accord possible
entre musique et espaces publiques ?
Mémoire de projet
« De la musique avant toute chose »
Avant-propos 105
Introduction 107
a. Écouter 113
2. Rencontres 126
3. Expériences 133
a. L'échange 167
b. L'évasion 178
1. Objectifs 195
2. Ma posture 198
Conclusion 215
Bibliographie 220
Avant-propos
105
rélexion. Persuadée de la richesse du thème, j’ai choisi de travailler
de nouveau la musique comme on travaille un matériau. En
analysant ses propriétés, en explorant ses possibilités, en cherchant
des applications.
106
Introduction
107
sur le rapport aux autres et le rapport à soi en ville, j'ai essayé
de composer des accords mêlant les qualités intrinsèques de la
musique aux particularités de certains espaces publics.
Pour moi, le rêve, l'enchantement et le divertissement sont
de réels besoins, et par conséquent des sujets de design aussi
légitimes que les autres. En construisant un projet s'appuyant
sur des enjeux sociologiques, culturels et psychologiques, j'ai
utilisé la musique pour donner à voir et revoir, à vivre et revivre
les lieux, pour enchanter ou réanchanter les espaces et mettre en
valeur certains comportements. En abordant la musique comme
un outil de rassemblement, d’évasion et de déconnexion, j’aspire
à une ville sensible, poétique.
108
I.
Exploration des efets de la musique
Ce mémoire étant la suite logique du mémoire de philosophie
dans lequel j'ai pu détailler, analyser, décortiquer la musique et
ses efets sur les individus, je ne ferai, dans cette première partie,
qu'une courte synthèse sur l'histoire de l'utilisation de ses
qualités et de ses efets sur l'homme. Je m'attarderai davantage
sur la démonstration de ces efets à travers des rencontres et
des expériences, des recherches, des enquêtes et des impressions,
agrémentées par des références imagées de domaines variés. Des
bienfaits de la musique au réanchantement des espaces publics,
cette première partie est construite comme un parcours à travers
les diférentes étapes qui m’ont menée au projet. Tous ces pas,
parfois reculant, parfois de côté, parfois de travers, ont, les uns
après les autres, formé le chemin de ma rélexion. L’avançant, la
guidant, l’inluençant, l’organisant.
111
Alexander Lauterwasser,
Recherches sur les formes
générées par le son
1.
La musique, « matériau » fascinant
a. Écouter
113
Cortex sensoriel
Cortex moteur Informations tactiles
Mouvement tel concernant la danse
que battre du pied, ou le jeu d'un Cortex auditif
danser ou jouer instrument Première étape de
d'un instrument l'écoute, perception et
analyse des notes
Cortex préfrontal
Création des attentes,
transgression et satisfaction
Cervelet Cortex visuel
Mouvements tel que battre Lire la musique, observer les
du pied, danser ou jouer mouvements d'un musicien
d'un instrument. (ou ses propres mouvements)
Participe également au
réactions émotionnelles face
à la musique
Hippocampe
Corps calleux Mémoire musicale :
Relie les deux hémisphères souvenirs des expériences
musicales et de leur contexte
Noyau accumbens
Réactions émotionnelles
à la musique
Amygdales
Cervelet
cérébelleuses Mouvements tel que battre du pied,
Réactions danser ou jouer d'un instrument.
émotionnelles à la Participe également au réactions
musique émotionnelles face à la musique
divisent le son en plusieurs bandes de fréquences. Elles envoient
un signal électrique au cortex auditif primaire qui indique
les fréquences présentes dans le signal. Pour distinguer les
diférents timbres entendus, d'autres régions du lobe temporal
prennent le relai, notamment le sillon temporal supérieur et la
circonvolution temporale supérieure des deux côtés du cerveau.
Ensuite, pour identiier ces timbres, l'hippocampe permet
d'accéder aux souvenirs de sons similaires déjà entendus par
l'individu. Après quoi, celui-ci devra consulter son dictionnaire
mental en utilisant les structures situées à la jonction des
lobes temporal, occipital et pariétal. Jusqu'à présent, il s'agit
des mêmes régions que celles qu'on sollicite en entendant un
klaxon. En revanche, de nouveau groupes de neurones s'activent
lorsque l'on prête attention aux séquences de notes (comme le
cortex préfontal dorso-latéral), au rythme (cervelet latéral et
vermis cérébelleux) et aux émotions (comme les lobes frontaux,
et le cervelet).1
115
Rembrandt
David jouant de la harpe devant Saül
1657
siècle, Rembrandt peint une scène de la Bible, dans laquelle
David joue de la cithare pour soulager le roi Saül de ses mots
de tête.
118
Laure Prieur, photographe
Musicien sur le point d'entrer en transe
peint de magniiques chœurs d’anges. Vermeer associe le virginal
ou le luth à ses personnages féminins. Chagall est fasciné par le
violon, Picasso par la guitare et Nicolas de Staël par l’orchestre.
120
La mélancolie de Tristan
apaisée par la harpe d'Iseut
15 ème siècle
Errol Le Cain
Illustration du joueur
de lûte de Hamelin
« mathématisation de l'art »1) et psychologiques. Newton
développa ainsi le spectre à sept couleurs et Alfred Binet, à la in
du XIXe siècle, it des observations intéressantes sur le problème
de l’audition colorée et eu la certitude qu’un pourcentage non
négligeable de personnes airme entendre des sons colorés.
1 Ibid, p. 2
2 La Sacem, Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de musique
(2011), Sondage « Les Français et la musique » [en ligne]
3 Ibid.
123
ligne, téléchargement).
Chez les 15‐24 ans, le support préféré pour écouter de la
musique est le baladeur (27%), suivi de la radio traditionnelle
(20%) puis du téléphone portable (13%). La musique
accompagne tous les moments de la journée et toutes les
occasions : lors des déplacements (voiture, transports en
commun, voyages) et dans les moments d’attente. Une majorité
utilise internet pour écouter de la musique (79%).
124
Fête de la musique
Bordeaux
2011
2. Rencontres
126
a. Fanny Petit Liaudon, étudiante
127
tester) à plusieurs. Dans le domaine des capacités mentales, le
son est outil de stimulation, il est un langage de substitution.
Enin, dans le domaine des capacités physiques, le son est outil
de prise de conscience de son corps, et outil de détente.
128
alors qu’à Dijon, elle est plutôt comportementaliste.
129
Le missionnaire Frère Gabriel
communique avec les indigènes
grâce à son hautbois
ilm Mission de Roland Jofé
1986
sensations sont sûrement les mêmes qu’il y a des milliers
d’années et l’utilisation de la musique permet le retour à un état
basique. Elle était déjà utilisée à la préhistoire et plongeait dans
les mêmes états qu’aujourd’hui.
a. Dessiner la musique
133
Baptiste Haladjian
Sculptures de son
2010
135
Radiohead, Paranoïd Androïd
Les Cowboys Fringants, Lettre à Lévesque
Muse Breako RMX, Infected Muschroom
Bat for lashes, All your gold
James Blake, Unluck
Michel Sardou, Les lacs du Connemara
Des'Ree, Kissing You
Noir Désir, Pyromane
Lokua Kanza, Famille
Etta James, Damn your eyes
Antony and the Johnsons, Hope there's someone
James Blake, Why don't you call me
b. Espaces sonores
139
Kim
22 ans
Quai du RER C « Le musée de Cluny a
(Gare d’Austerlitz) une allure médiévale toute
particulière qui m’a évoqué,
lorsque je l’ai visité (ou lorsque
j’y passe) des musiques telles
que Carmina Burana de Carl
Orf... »
Christian
49 ans
Jardin des Plantes Camille
21 ans
Labyrinthe
(Jardin des Plantes)
Alexandre
23 ans
Rue de la
Roquette
Danse Arabe,
Casse Noisette
« Ahurie à la sortie d’une pièce de théâtre, Tchaïkovsky
avec dans les oreilles, un orchestre qui me
jouerait ça... J’ai pris des polaroïds là bas, il a
plu, ils étaient tout délavés et c’était génial. »
Big Church
Sunn
Say Ladeo
(Full Song version)
Bobby McFerrin
4.
Une synthèse des propriétés de la musique
142
du métier), j’ai voulu trouver une manière d'utiliser toutes ces
propriétés, de les faire connaître, de les démocratiser, de les
généraliser et de les ofrir au plus grand nombre. Dans quel
contexte cela aurait-il un intérêt ?
144
II.
L'espace public urbain
Paul Klee
Ville de rêve
1921
La ville est un milieu physique où se concentre une forte
population humaine qui a aménagé cet espace pour faciliter
et concentrer les activités. Lieu d’évolutions (nouvelles
technologies, nouveaux modèles de culture..), d’exercice du
pouvoir et de consommation, elle se caractérise par ses réseaux
de communication variés et ses habitats résidentiels.
Ce qui m’intéresse particulièrement dans ce contexte,
c’est la forte population et les espaces publics multiculturels
qui engendrent des comportements variés, des situations
d’échanges, de communication, de passages et de lux.
149
Il parle de rapports sociaux particuliers : « disparaissent
(sont hors discours) des notions comme amitié, solidarité »1. Sa
description de la ville comme un espace encombré, où le temps
est celui de l’urgence, m'a semblé intéressante. « La ville serait
un espace fragmentaire où le sujet n’existerait que dans la forme
de bribes, de morceaux »2.
Le physicien allemand du 20ème siècle, Werner Heisenberg,
propose une autre déinition de l’espace urbain : « l’espace
urbain est un espace matériel (politico-symbolique), socio-
historique, avec une quantité de sujets qui vivent (signiient)
dedans, où ce qui est entre parenthèse est décisif »3.
1 Ibid, p. 113
2 Ibid, p. 118
3 Ibid, p. 126
150
1.
Enquête sur les comportements liés à la
musique dans les espaces publics
Mon état des lieux m’a permis de faire des constats sur deux
points : les comportements liés aux diférents espaces publics
et les comportements liés à la musique (dans l’espace public
urbain).
D'abord, pour avoir une vision globale des habitudes
d'écoute en milieu urbain et ain d'établir un état des lieux de
l'écoute musicale en ville, j’ai élaboré une enquête via l’outil
Formulaire de Google Drive. En trois jours, plus de soixante treize
citadins parisiens ont répondu aux seize questions concernant
leurs habitudes d’écoute (chez eux et en ville) et leurs habitudes
de déplacement.
Dans les réponses reçues, il en ressort une importance de
la musique souvent considérée comme moyen d’évasion. Les
pratiques de partage de musique sont également répandues et
appréciées. En ville, la musique permet souvent la détente. Pour
ce qui est des lieux publics en eux même, certains sont vécus de
manière positive (les parcs, les jardins) et d’autres de manière
plutôt négative (les couloirs de métro, les transports).
Pour 15% des personnes interrogées, la musique est
considérée comme vitale. 13% d'entre-elles l'envisagent
151
comme nécessaire, 15% comme importante et seulement 4,9%
la considèrent comme étant peu importante. Enin, 78 % des
personnes sont curieuses de ce qu’écoute ou lit leur voisin de
bus ou de métro.
152
«Les lieux que j’apprécie le moins : les changements
de metro. Ça n’est pas un environnement agréable
(foule, odeurs...) et on ne peut rien faire d’autre que
se deplacer.»
«J’écoute de la musique
en ville pour me motiver, et
vivre plus profondément des
instants banals du quotidien»
155
constante, il est l’objet d’une construction sociale. »1
À l'image de cette déinition, les espaces publics sont en
sociologie urbaine des espaces de rencontres socialement
organisés par des rituels d’exposition ou d’évitement. Cette
déinition de l'espace public m'intéresse tout particulièrement.
Un espace qui jongle entre l'ouverture vers les autres et le besoin
d'introspection. Deux attitudes qu'on retrouve avec l'utilisation
thérapeutique de la musique, tantôt outil de communication,
tantôt outil de détente personnelle.
156
dans les comportements d'échanges et de divertissement et le
rapport à soi à travers le besoin introspectif de déconnexion. Y
associer la musique permettrait de mettre en valeur ces attitudes
d'ouverture et de fermeture.
157
3.
Cet espace public qu'on investit
158
ou dans un espace vert près d'un étang... »1
159
Florian Rivière
Hacktiviste urbain
En investissant l'espace public comme il investirait un espace
privé, l'artiste mélange les sphères et insiste sur l'appropriation
personnelle d'un espace censé rester neutre. C'est ce que fait
également le collectif de street art berlinois Mentalgassi en
utilisant les supports de la rue pour jouer sur le détournement
d’images et mettre en exergue la déshumanisation de nos
comportements quotidiens.
Enin, on peut citer l'enseigne de mobilier Ikea, qui, pour
promouvoir ses produits, a joué sur ce besoin collectif de se
sentir « comme chez soi » dans un espace impersonnel. En
installant des fauteuils et des canapés sur les quais du métro
parisien, elle apporte un peu de confort et de chaleur à un
espace banal et froid.
161
Collectif Mentalgassi
Public Intimacy Series
Ikea s'expose dans quatre stations parisiennes
du 10 au 24 mars 2010
Autre exemple d'inquiétude, formulée par les auteurs
de l'ouvrage québécois Dérive de l'espace public à l'heure du
divertissement. Ces derniers pensent quant à eux que le principal
danger qui peut toucher l'espace public est une uniformisation
des sujets. En devenant des êtres reproduits sur un même
modèle représentationnel, ils empêcheraient un renouvellement
de l'espace public et des échanges.
164
Ursus Wehrli
he art of clean up
4.
Diférentes approches
des espaces publics
166
que la musique encouragerait, dévoilerait, transformerait. Des
lieux dans lesquels mon intervention pourrait inviter le public
à devenir contributeur actif dans le process et le résultat ou
simplement à se placer en observateur-auditeur.
a. L'échange
167
J'en ai choisi trois qui m'ont particulièrement touchée.
Le premier est un projet d' Aram Bartholl, qui a imaginé une
version street du Peer to Peer (un système de partage de ichiers
sur le net) en développant le projet Dead Drops.
Ce New Yorkais a installé cinq ports USB dans sa ville,
carrément plantés dans les murs de divers bâtiments. Ces Dead
Drops sont des points d’échanges où tout le monde peut ofrir
ou prendre les ichiers qu’il veut, juste en y branchant son
ordinateur.
Le second projet qui a retenu mon attention est celui de
Hyeonil Jeong, jeune designer New Yorkais, qui a conçu divers
instruments sonores pour créer de l'interaction dans le métro.
C'est par hasard que je suis tombée sur ces installations, lors
d'un voyage à New York en avril dernier. Des gens étaient déjà
en train de s'amuser à taper des rythmes en attendant leur train.
C'est avec surprise que j'ai compris qu'ils ne se connaissaient
pas. Ils échangeaient par des sons, proitant de cet instant de
convivialité.
Enin, le troisième projet qui me touche particulièrement
par sa poésie et la gaieté qu'il génère a été imaginé par l'agence
montréalaise Daily Tous Les Jours. Vingt et une banlançoires
sont disposées sur la place du quartier des spectacles. Lorsque
les gens s'y balancent, leur croisement crée des sons (des
tintements légers et vifs, comme ceux d'un xylophone). Plus les
gens accordent leur mouvement - se balancent ensemble - plus
les sons sont accordés.
168
Aram Bartholl
Dead Drops
2010
Hyeonil Jeong
Jammin NYC
2012
Daily tous les jours
21 balançoires
2011
de l’époque moderne, il désigne un pavillon de jardin ouvert
de multiples côtés vers le paysage jardiné (dans la haute société
européenne). Il devient alors l’abri de rendez-vous galants et
le symbole des convoitises amoureuses nocturnes. Ce n'est que
dans la première moitié du XIXe siècle qu'il prend sa fonction
musicale. La musique n’est plus alors réservée à une élite savante
coninée dans des salons feutrés ou des jardins entretenus,
elle devient une afaire publique. D'ailleurs, c'est en 1848
que la musique est oiciellement reconnue « comme matière
de l’enseignement et comme mode de culture et de progrès
intellectuel pour le plus grand nombre »1.
La même année, le Ministre de l’Intérieur autorise les
mélomanes à se produire en plein air et en public - un
droit jusque là réservé aux militaires - « à condition que ces
rassemblements aient lieu en des endroits au préalable déinis et
facilement cernables par les forces de police en cas d’apparition
de troubles »2.
Dès lors, on se met à construire des estrades un peu partout
en France pour accueillir des formations d’instruments à
vent et des percussions. Le kiosque à musique recouvert d’un
toit n’existait pas encore. Puis, avec l'arrivée de la valse, les
instruments à cordes (instruments de prédilection) ont du mal
à se faire entendre, leur capacité acoustique étant loin de valoir
celle des cuivres ou celle des bois. C’est alors qu'on édiie un
toit au dessus de l’estrade. Cette couverture permet à la fois de
favoriser l’acoustique et d’abriter les musiciens.
Rapidement, les villages français se dotent d’un kiosque
musical que les maires faisaient édiier le long des promenades
172
Marie-Claude via fotocommunity [en ligne]
Rendez-vous au kiosque à musique...
2012
de bord de mer, dans les jardins publics ou sur les places. L’âge
d’or des kiosques à musique débute. Toutes les couches de la
société s’y retrouvent pour danser au son de l’orchestre installé
dessous. Cette belle époque des kiosques à musique durera
jusqu’en 1914.
174
Anonyme
Daily tous les jours
La machine à Turlute
2011
b. L'évasion
178
Barreau & Charbonnet, designers et plasticiens
Le sas des ralentis
2012
180
Extrait de Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de
Georges PEREC (éditions Bourgeois, 1975)
»
Pommes de terre en gros. Une dame menant trois enfants à
l'école (deux d'entre eux ont de longs bonnets rouge s à pompons)
Il y a une camionnette de croque-morts devant l'église.
couple ou en famille.
182
Pratiques recensées dans les parcs urbains
(d'après une étude des espaces verts de la ville de Nantes)1
Sport
jogging
échaufement
Sport vélo/VTT
foot avec les enfants
roller/skate
pêche
Trajet / à vélo
parcours domicile - travail
contemplative domicile - commerces
Visite touristique
en famille
183
a également permis de repérer des circuits récurrents de
déambulation au sein des parcs et jardins. Bien que chaque
usager soit théoriquement totalement libre de ses faits et gestes,
l’aménagement et la composition de l’espace sont de puissants
organisateurs des lux qui, en déinitive, ne changent qu’en
termes de vitesse des parcours empruntés et de sens de rotation
des itinéraires de promenade.
3.
La déconnexion : le silence
184
Extrait du poème espagnol traduit J’ai besoin de silence,
de Hugo Cuevas Mohr (recueil Puerta en puerta)
« Silence
j’ai besoin
de silence
Silence
je réclame
du silence
Silence
que la ville se taise
que la rue s’arrête
que les radios disparaissent
que les voitures patientent
j’ai besoin de silence
Silence
je ne veux pas de voix, je ne veux pas de cris
je ne veux pas de portes qui claques, ni de lamentations
je ne veux pas de coups de feu, ni de peur
je ne veux pas de discours, ni de consignes
je ne veux pas de murmures
je veux le silence
Silence
que mes oreilles n’entendent plus rien
que mes yeux se ferment pour oublier
que je puisse sentir mon soule
que je puisse pénétrer en moi
»
j’exige le silence
(...)
tranquille. Ne plus rien entendre.
Contrairement aux deux attitudes décrites précédemment,
les désirs d'échange et d'évasion, ce besoin de silence et de
déconnexion complète est diicilement réalisable dans les
divers lieux publics et semble plus facile à solutionner dans
l'espace privé.
186
Kevin
L'attente à l'arrêt de bus
(Place République à Rennes)
2011
via lickr [en ligne]
URL : http://www.lickr.com/photos/billy_boy_35/
fois par semaine, alors que seuls 4 % de la population totale
(non afectée par le bruit) consomment de tels produits.
188
Richard Hooker (photos 2 et 3)
Bus Stops
2001-2005
Daily tous les jours
Sound capsule
2010
(ou espérant engendrer) de nouveaux comportements.
Seulement, en concentrant autant de technologies et de
fonctions diférentes, il semble vouloir combler absolument le
moment de l'attente. Celle-ci doit devenir aussi eicace que le
reste de nos déplacements.
Dans les faits, le public n'a pas complètement investi cet arrêt
du futur. Changer des habitudes aussi naturelles qu'attendre à un
arrêt de bus est peut-être plus compliqué qu'on ne l'imaginait.
Malgré tout, le but de cette initiative - montrer que les arrêts de
bus urbains et leur gestion pouvaient évoluer, « que ce soit en
termes de confort, d’information ou de services »1 - est plutôt
atteint.
1 Dev Mag', « Osmose, la station de bus du futur », in RATP DEV [en ligne]
191
III.
Quand la musique s'invite en ville
Partage et appropriation sonores des espaces
1.
Objectifs
Par le biais de la musique, ma démarche vise à travailler à la
fois sur le rapport à ceux et ce qui nous entoure et le rapport à soi
en ville. Pour cela, le projet prend en compte les trois attitudes
analysées précédemment - la volonté d'échanges (le rapport aux
autres), le besoin d'évasion et le besoin de déconnexion totale - et
les intègre à trois types d'espaces publics - le kiosque à musique,
le jardin et l'arrêt de bus. En mêlant les qualités intrinsèques
de la musique aux particularités de ces espaces publics, il s'agit
de proposer aux citadins de nouvelles expériences urbaines qui
invitent à de nouveaux rapports aux lieux, aux autres et à soi-
même.
Dans ce projet, la musique est l'outil qui sert à créer de
l'interaction et de l'évasion. Dans un premier cas, elle est un
outil à manipuler (les citadins sont acteurs des sons produits).
Dans le second cas, elle est un outil à entendre. Pour mettre en
valeur ses qualités, il est intéressant de travailler également sur
son pendant, le silence. Même s'il n'est pas directement question
de musique, le silence y est étroitement lié. Avec cette troisième
direction de recherche, il ne s'agit plus de créer ou d'entendre
des sons, mais de diminuer les sons qui sont déjà là (les bruits de
la ville), voire les supprimer un moment. La musique n'est plus
195
l'outil principal de travail, mais peut en devenir un objectif :
en créant une "bulle" de silence, le choix est laissé à l'individu
d'écouter sa propre musique.
196
Communication :
échanges
Musique
Silence
Individuel :
détente, évasion
Ville
198
enchantant le quotidien des citadins. Ma démarche de design
prend en compte une dimension poétique, sensible et plastique
qui s'apparente au processus créatif de l'artiste. En efet, en
proposant des expériences sonores, spaciales et humaines, il me
tient à cœur d'aborder la ville - cet espace si impersonnel et
fonctionnel - d'une manière plus sensible.
199
3.
Trois espaces / trois approches de la musique
200
Dans un deuxième temps, je veux insister sur le rapport aux
autres et aux lieux en développant un système de connexion
entre plusieurs kiosques à musique. En reliant ainsi les gens
et les espaces, il peut alors devenir possible d'entendre ce que
joue ou écoute une personne dans un autre lieu parisien. Les
kiosques deviennent des plateformes d'échanges musicaux, des
incarnations spatiales et matérielles des plateformes virtuelles,
rassemblant réellement les gens.
Mon travail de designer consiste à concevoir les objets
appropriés à l'expérience et au lieu ainsi qu'à développer le
service d'échanges musicaux.
202
2. Le jardin public / évasion
204
Etape 3
Borne 3 = sons 1
+2+3
Etape 2
Borne 2 = sons
1+2
Etape 1
Borne 1 =
son(s) 1
« Être dans sa bulle »
L'arrêt de bus revisité
Vision d'ensemble
Contexte :
espaces Outil :
publics musique
Rendre le
quotidien agréable, Faire rêver
le réanchanter Divertir
Détendre
apaiser
Améliorer l'existant à évader
toute échelle pour aller
Bulle
vers un mieux-vivre
Déconnexion
Communication
échanges
partage
collectif
Conclusion
Alors que nous vivons dans une société qui prône l'eicacité
permanente où le stress - « le mal du siècle » actuel - est devenu
une de ses principales caractéristiques, prendre son temps pour
se divertir, pour rêver ou pour se reposer relèvent presque du
luxe.
215
« Consonances urbaines » propose une vision sensible et
poétique de la ville. Le pari est de créer de véritables accords
entre certains espaces urbains et les qualités de la musique. Des
accords qui engendrent rassemblement, évasion et déconnexion,
où la musique est un outil générateur d'expériences sonores,
spatiales et humaines.
Je veux mettre en valeur les rapports aux autres, aux lieux
et à soi-même dans ce contexte public et multiculturel qu'est
le ville.
Pour cela, ma démarche s'appuie à la fois sur des processus
poétiques, sensibles et plastiques qui s'apparentent à ceux de
l'artiste et à la fois sur une analyse des comportements citadins
liés aux espaces choisis.
216
Merci...
217
Et merci...
218
Enin...
219
Bibliographie
Ouvrages
PAPE Virginie (2011), Les musiques de la vie, Paris, éd. Odile Jacob,
coll. «Psychologie», 176 p.
Articles
220
un patient atteint d'une démence avancée de type Alzheimer », Revue
internationale de soins palliatifs, janvier 2008, n° 23, p. 39-40
Mémoires
Documents audiovisuels
221
MENANT Marc, Musicothérapie, médecine de demain, documentaire,
2008
Ressources en ligne
Ouvrages
Articles
222
gensol.arte.tv/blog/2012/10/15/florian-riviere-plus-dautonomie-
plus-de-liberte-dans-lespace-public/ (consulté en janvier 2013)
223
sites.google.com/site/lamusicotherapie/vers-une-reconnaissance
(consulté en novembre 2012)
Autres
224
Daily Tous Les Jours [en ligne]. URL : http://www.dailytouslesjours.
com/us/ (consulté en septembre 2012)
225