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C'est une démonstration a priori, à partir de la définition de l'être divin ou d'un concept
de Dieu. En général, la définition de ce concept conduit à conclure l'existence nécessaire de cet être.
L'attribut entraîne l'être. C'est une démonstration de type déductif, là où la preuve par les effets sera
davantage inductive. C'est une manière de se représenter dieu au moyen d'une description. On en
conclut que cet être ne peut pas ne pas exister.
Exemples : Descartes : être infini ; Anselme : être incommensurable.
Synthèse
• Tautologique 'Dieu existe parce qu'un être tel que rien de plus grand ne peut être
conçu existe' : cette démonstration contient la définition et l'existence. Preuve
définitionnelle. Prédicat logique, grammatical # prédicat réel.
• « Ainsi, que le tout soit plus grand que la partie, cela est connu par soi de manière absolue
mais devrait demeurer inconnu à celui qui ne concevrait pas mentalement la notion du
tout. »
• « C'est ainsi qu'à l'égard des choses les plus complexes, notre intellect se comporte comme
l'oeil de la chouette ».
Pour Thomas, nous ne pouvons démontrer l'existence nécessaire de Dieu que par la
médiation de ses effets. « Les effets dépendant de leur cause, dès que l'être est établi, il suit
nécessairement que la cause préexiste. »
Thomas va formuler cinq preuves par les effets de l'existence de Dieu, déployées à la fois
dans la Somme théologique (première partie) et dans le Somme contre les gentils, au livre I. On les
appelle les cinq voies (quinque viae).
Les cinq voies
• Le premier moteur. Pour cerner le contenu de cet argument, je vous renvoie à notre cours
sur Aristote.
• La première cause : aucune cause efficiente ne peut être cause d'elle-même, il faut une
cause efficiente première non causée= Dieu= causa sui.
• Preuve par la nécessité : parmi les choses, on constate que certaines peuvent être ou ne pas
être, c'est-à-dire naissent et disparaissent. Or il est impossible que tout ce qui ait une telle
nature contingente existe toujours. Tous les êtres créés sont mortels. Ils auraient aussi bien
être que ne pas être. Leur existence est donc entachée de vanité. Si tout était contingent, à un
moment du monde, rien n'aurait existé. L'existence de Dieu est le garant de l'éternité du
monde, de l'existence d'un quelque chose plutôt que de rien.
Seul dieu est un être absolument nécessaire et éternel. Il existe donc un être nécessaire par
lui-même, et non par autre chose, cause de la nécessite que l’on trouve hors de lui. « Ce qui
n'existe pas ne commence à exister que par ce qui existe déjà. » Pb classique de génération
qui, absolutisé, peut mener à l'idée d'un créateur de toute forme de vie.
• Preuve par la perfection : les créatures du monde sont toutes, à un certain degré,
imparfaites. Il y a des degrés de perfections dans le monde et la divinité incarne le degré
absolu de perfection. Il s'agit de l'être le plus parfait. Mais Dieu, aucune noblesse que
pourrait posséder quoi que ce soit ne pourrait lui manquer.Dieu représente la quintessence de
l'être. Il concentre toutes les perfections. Sous ce rapport, il y a une inégalité entre lui et les
créatures. Dans le même ordre d'idée, il existe une inégalité de perfection entre les
créatures, selon leur degré de proximité avec Dieu (cf. 4e voie). Le degré de perfection des
créatures dépend de leur capacité à participer à Dieu. « Les perfections de tous les étants se
ramènent à celles de l’être » (Somme th, I, qu.4, art.2).
• Preuve par la finalité: nous voyons des êtres privés de connaissances agir en vue d'une fin,
qui constitue leur achèvement. Par exemple, les végétaux croissent jusqu'à l'état adulte. Ce
ne serait pas par hasard mais en vertu d'une intention qu'ils parviendraient à leur fin, à leur
existence en acte. Ce qui est privé de connaissance ne peut être guidé vers une fin que par un
être intelligent et intentionel, comme la flèche est guidée par la main de l'archer.
Synthèse : on appelle ces preuves les cinq voies. Il s'agit de cinq preuves par les effets : cela
signifie qu'elles ne se basent pas sur un simple concept (l'absolu, l'infini) mais qu'on observe le
monde pour les trouver. Il y a donc une manière rationnelle d'évoquer l'existence de dieu. Certaines
formes de démonstration peuvent même être invoquées. La lumière naturelle nous permet ainsi
d'accéder à des vérités sur dieu, accessibles à la raison. En revanche, certains points de dogmes,
certaines croyances demeurent objets de révélation (dieu les transmettrait aux hommes par la foi) en
raison de leur caractère sacré et mystérieux.
Remise en contexte :
Le projet général de Thomas d'Aquin en matière de théologie et de philosophie
du divin.
Thomas d'Aquin entend restaurer la possibilité, pour la raison naturelle, d'accéder à des
vérités concernant le divin. Bien qu'il se présente en théologien et non en métaphysicien, il va
proposer à la doctrine sacrée d'user de la philosophie de trois manières :
1. montrer les « préambules de la foi ». Il s'agit des vérités révélées qui peuvent être aussi
être démontrées par la philosophie, indépendamment de la révélation. Par exemple, assurer
que Dieu pourvoie au salut des hommes présuppose que Dieu soit ; et assurer que Dieu est
est démontrable par la lumière naturelle. Que Dieu est est donc un préambule de la foi
démontrable par la philosophie ; idem pour la proposition que Dieu est un. Préambule le
plus célèbre : démonstration de l'existence de dieu. La révélation contient les préambules de
la foi parce qu’elles s’adressent à tous, veut le salut de tous, philosophes comme non
philosophes.
2. Utiliser la raison comme éclaircissement des vérités révélées. L’objet strict de la foi, en
revanche, contient ce qui ne peut se démontrer par raison naturelle : la Trinité, l’incarnation,
la résurrection, l’accès à la béatitude principalement. Mais même dans l’objet strict de la foi,
la raison a sa place car elle se déploie comme éclaircissement. Philosophie utile à la foi
comme éclaircissement de ce qui demeure dans tous les cas mystérieux. La raison opère
alors par similitude, par ex elle explicitera le mystère de la Trinité par des similitudes avec
des opérations en nous de la connaissance et de la volonté. Raisonnement par analogie,
comparaison=> risque anthropomorphique.
3. Combattre les attaques dirigées contre la foi. En montrant que ces idées sont fausses,
dépourvues de félicité.
Synthèse: On peut accéder aux vérités concernant dieu par la foi (révélation) ou par la
raison (lumière naturelle, philosophie première). Loin que le discours religieux soit toujours
irrationnel, il repose sur une part de raison, et c'est ce qui le distingue de la superstition. La
foi n'est pas une simple opinion, elle repose également sur des preuves. De cette façon, raison
et foi se complètent dans la connaissance des vérités religieuses qui peuvent être aussi bien
révélées que démontrées pour certaines d'entre elles.
Certains objets dépendent strictement de la foi, mais d'autres peuvent être démontrés
par la raison (lumière naturelle).
La preuve cosmologique
-par des explications scientifiques, basées sur la mise au jour de lois naturelles
-par la convocation d'un agent libre effectuant des choix rationnels
Risque: l'argument cosmologique peut être perçu comme une pétition de principe
(sophisme, erreur de raisonnement). C'est-à-dire qu'il prétend démontrer qc qu'il postule déjà :
l'existence d'un Dieu. De fait, il se base sur des phénomènes qu'on peut expliquer aussi bien par la
seule nature que par le recours au concept d'un être intelligent et tout-puissant.
Exemples de passages chez Thomas d'Aquin postulant une intention dans la nature:
« ce qui est privé de connaissance ne peut tendre à une fin que dirigé par un être
connaissant et intelligent, comme la flèche par l'archer. Il y a donc un être intelligent par lequel
toutes choses naturelles sont ordonnées à leur fin et cet être, c'est lui que nous appelons Dieu. »
Somme théologique
« La 5e voie est tirée du gouvernement des choses. Nous voyons que des êtres privés de
connaissance, comme les corps obéissant aux lois naturelles, agissent en vue d'une fin. Ce n'est pas
par hasard, mais en vertu d'une intention qu'ils parviennent à leur fin. »
Elle présente une lecture des faits naturels tout à fait discutable. Quels sont ses fondements
logiques ?
• c'est une pensée finaliste. Or, on le sait, le finalisme est détruit par le darwinisme, en ce que
ce dernier met en évidence le rôle du hasard et de l'aléatoire dans les mutations génétiques et
l'apparition de nouvelles espèces. Va à rebours de l'idée que l'observation de la nature serait
un laboratoire pour la pensée théologique.
• c'est bien souvent une pétition de principe, un argument circulaire. On croit en un Dieu
donc on observe le monde à travers des concepts d'intention, d'ordre et de finalité et ce
faisant, on croit en observer alors qu'on les projette.
Si l'on part du principe que le concept de Dieu permet d'éclairer les réalités naturelles,
l'inverse est tout aussi vérifiable. Exemples de lois naturelles devenues historiquement peu
compatibles avec le concept de Dieu :
Kant veut mettre de l'ordre dans les preuves classiques de l'existence de Dieu.
De la connaissabilité du divin
Dieu est une idée de la raison et non un concept de l'entendement. Il n'est pas
susceptible d'une expérience sensible.
Le contenu de cette idée est un être originaire, suprême. La raison place cette idée au
fondement de tout, sans vérifier qu'il s'agisse d'une réalité donnée.
La pensée de cet être est liée à un fonctionnement de la raison : la recherche d'un
inconditionné à partir du conditionné. C'est l'expression du principe de raison suffisante, de
causalité. Il y a là un refus de la contingence : on se raccroche à la nécessité.
Elle repose sur l'idée de l'être le plus réel de tous. Or, il s'agit d'une démarche de la
métaphysique classique (platonicienne, cartésienne) : le plus réel, c'est ce qu'on ne voit pas,
mais ce qu'on pense clairement. (ex : idées platoniciennes, idées claires et distinctes de
Descartes).
Avec la philosophie kantienne, impliquant le renouvellement de la métaphysique et des
conditions de la connaissance, ce n'est plus acceptable . Ce qui se connaît est ce qui fait l'objet
d'une expérience+ parvient à être appréhendé par les concepts de l'entendement (temps,
espace etc). Tout ce qui ne se conforme pas à ce cadre expérimental fera l'objet d'une simple
PENSÉE.
Ce raisonnement flatte notre raison, s'avère persuasif. Mais c'est un raisonnement spéculatif,
voir sophistique (appel à l'ignorance, fausse implication, argument d'autorité...).
Forme prise : « Si quelque chose existe, il faut aussi qu'existe un être absolument
nécessaire ? Or, j'existe au moins moi-même, donc existe un être absolument nécessaire. »
La preuve physico-théologique
Idée d'un être suprême= principe régulateur de la raison. Unification du monde physique
et de ses lois grâce à idée d'un premier principe (cf Aristote).