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La preuve ontologique (suite et fin)

C'est une démonstration a priori, à partir de la définition de l'être divin ou d'un concept
de Dieu. En général, la définition de ce concept conduit à conclure l'existence nécessaire de cet être.
L'attribut entraîne l'être. C'est une démonstration de type déductif, là où la preuve par les effets sera
davantage inductive. C'est une manière de se représenter dieu au moyen d'une description. On en
conclut que cet être ne peut pas ne pas exister.
Exemples : Descartes : être infini ; Anselme : être incommensurable.

Plusieurs types de preuve ontologique :


• argument définitionnel : « dieu est un être qui a toutes les perfections ».
• argument modal : « dieu est l'être nécessaire » (par opposition avec la contingence du
monde).
• argument d'expérience : expérience religieuse, miracle. « dieu est celui qui se révèle à moi
dans la prière ».

Synthèse

• Tautologique 'Dieu existe parce qu'un être tel que rien de plus grand ne peut être
conçu existe' : cette démonstration contient la définition et l'existence. Preuve
définitionnelle. Prédicat logique, grammatical # prédicat réel.

• Argument fantastique (Cyrille Michon) : pas de connaissance de son être : pure


spéculation. Représentation de Dieu. Question sensible : est-il seulement possible de
connaître son être, du moins rationnellement ?

• Purement conceptuelle : critique de Grégoire de Nysse : on crée une idôle conceptuelle.


Connaissance naturelle # connaissance surnaturelle de Dieu= grâce.

Les preuves a posteriori

Les preuves a posteriori se nomment également preuves par les effets.


Thomas va réfuter la preuve de Saint Anselme en expliquant que notre intellect n'est pas en
mesure de saisir Dieu en lui-même, son essence, mais seulement ses effets. Aucune démonstration
ne peut partir de l'essence de Dieu pour en montrer l'existence.

Extraits de la Somme théologique allant dans ce sens :

• « Ainsi, que le tout soit plus grand que la partie, cela est connu par soi de manière absolue
mais devrait demeurer inconnu à celui qui ne concevrait pas mentalement la notion du
tout. »
• « C'est ainsi qu'à l'égard des choses les plus complexes, notre intellect se comporte comme
l'oeil de la chouette ».

Pour Thomas, nous ne pouvons démontrer l'existence nécessaire de Dieu que par la
médiation de ses effets. « Les effets dépendant de leur cause, dès que l'être est établi, il suit
nécessairement que la cause préexiste. »

Thomas va formuler cinq preuves par les effets de l'existence de Dieu, déployées à la fois
dans la Somme théologique (première partie) et dans le Somme contre les gentils, au livre I. On les
appelle les cinq voies (quinque viae).
Les cinq voies
• Le premier moteur. Pour cerner le contenu de cet argument, je vous renvoie à notre cours
sur Aristote.
• La première cause : aucune cause efficiente ne peut être cause d'elle-même, il faut une
cause efficiente première non causée= Dieu= causa sui.
• Preuve par la nécessité : parmi les choses, on constate que certaines peuvent être ou ne pas
être, c'est-à-dire naissent et disparaissent. Or il est impossible que tout ce qui ait une telle
nature contingente existe toujours. Tous les êtres créés sont mortels. Ils auraient aussi bien
être que ne pas être. Leur existence est donc entachée de vanité. Si tout était contingent, à un
moment du monde, rien n'aurait existé. L'existence de Dieu est le garant de l'éternité du
monde, de l'existence d'un quelque chose plutôt que de rien.
Seul dieu est un être absolument nécessaire et éternel. Il existe donc un être nécessaire par
lui-même, et non par autre chose, cause de la nécessite que l’on trouve hors de lui. « Ce qui
n'existe pas ne commence à exister que par ce qui existe déjà. » Pb classique de génération
qui, absolutisé, peut mener à l'idée d'un créateur de toute forme de vie.
• Preuve par la perfection : les créatures du monde sont toutes, à un certain degré,
imparfaites. Il y a des degrés de perfections dans le monde et la divinité incarne le degré
absolu de perfection. Il s'agit de l'être le plus parfait. Mais Dieu, aucune noblesse que
pourrait posséder quoi que ce soit ne pourrait lui manquer.Dieu représente la quintessence de
l'être. Il concentre toutes les perfections. Sous ce rapport, il y a une inégalité entre lui et les
créatures. Dans le même ordre d'idée, il existe une inégalité de perfection entre les
créatures, selon leur degré de proximité avec Dieu (cf. 4e voie). Le degré de perfection des
créatures dépend de leur capacité à participer à Dieu. « Les perfections de tous les étants se
ramènent à celles de l’être » (Somme th, I, qu.4, art.2).
• Preuve par la finalité: nous voyons des êtres privés de connaissances agir en vue d'une fin,
qui constitue leur achèvement. Par exemple, les végétaux croissent jusqu'à l'état adulte. Ce
ne serait pas par hasard mais en vertu d'une intention qu'ils parviendraient à leur fin, à leur
existence en acte. Ce qui est privé de connaissance ne peut être guidé vers une fin que par un
être intelligent et intentionel, comme la flèche est guidée par la main de l'archer.

Synthèse : on appelle ces preuves les cinq voies. Il s'agit de cinq preuves par les effets : cela
signifie qu'elles ne se basent pas sur un simple concept (l'absolu, l'infini) mais qu'on observe le
monde pour les trouver. Il y a donc une manière rationnelle d'évoquer l'existence de dieu. Certaines
formes de démonstration peuvent même être invoquées. La lumière naturelle nous permet ainsi
d'accéder à des vérités sur dieu, accessibles à la raison. En revanche, certains points de dogmes,
certaines croyances demeurent objets de révélation (dieu les transmettrait aux hommes par la foi) en
raison de leur caractère sacré et mystérieux.

Remise en contexte :
Le projet général de Thomas d'Aquin en matière de théologie et de philosophie
du divin.
Thomas d'Aquin entend restaurer la possibilité, pour la raison naturelle, d'accéder à des
vérités concernant le divin. Bien qu'il se présente en théologien et non en métaphysicien, il va
proposer à la doctrine sacrée d'user de la philosophie de trois manières :

1. montrer les « préambules de la foi ». Il s'agit des vérités révélées qui peuvent être aussi
être démontrées par la philosophie, indépendamment de la révélation. Par exemple, assurer
que Dieu pourvoie au salut des hommes présuppose que Dieu soit ; et assurer que Dieu est
est démontrable par la lumière naturelle. Que Dieu est est donc un préambule de la foi
démontrable par la philosophie ; idem pour la proposition que Dieu est un. Préambule le
plus célèbre : démonstration de l'existence de dieu. La révélation contient les préambules de
la foi parce qu’elles s’adressent à tous, veut le salut de tous, philosophes comme non
philosophes.

2. Utiliser la raison comme éclaircissement des vérités révélées. L’objet strict de la foi, en
revanche, contient ce qui ne peut se démontrer par raison naturelle : la Trinité, l’incarnation,
la résurrection, l’accès à la béatitude principalement. Mais même dans l’objet strict de la foi,
la raison a sa place car elle se déploie comme éclaircissement. Philosophie utile à la foi
comme éclaircissement de ce qui demeure dans tous les cas mystérieux. La raison opère
alors par similitude, par ex elle explicitera le mystère de la Trinité par des similitudes avec
des opérations en nous de la connaissance et de la volonté. Raisonnement par analogie,
comparaison=> risque anthropomorphique.

3. Combattre les attaques dirigées contre la foi. En montrant que ces idées sont fausses,
dépourvues de félicité.

Synthèse: On peut accéder aux vérités concernant dieu par la foi (révélation) ou par la
raison (lumière naturelle, philosophie première). Loin que le discours religieux soit toujours
irrationnel, il repose sur une part de raison, et c'est ce qui le distingue de la superstition. La
foi n'est pas une simple opinion, elle repose également sur des preuves. De cette façon, raison
et foi se complètent dans la connaissance des vérités religieuses qui peuvent être aussi bien
révélées que démontrées pour certaines d'entre elles.
Certains objets dépendent strictement de la foi, mais d'autres peuvent être démontrés
par la raison (lumière naturelle).

La preuve cosmologique

La preuve cosmologique fait partie des principaux arguments théistes en faveur de


l'existence d'un Dieu. La preuve cosmologique va souvent de pair avec une preuve téléologique. Par
opposition avec la preuve ontologique, elle se distingue par son caractère a posteriori. Comment en
vient-on à forger la preuve cosmologique? On observe des phénomènes perçus comme des
évidences empiriques de l'existence d'un être intelligent, intentionnel, ayant ordonné le
monde. Néanmoins, d'une évidence empirique, on ne peut conclure à une nécessité. Un effet ne
mène pas forcément à sa cause, même si l'intelligence humaine fonctionne sur ce modèle: recherche
de connexions nécessaires entre phénomènes, recours perpétuel au principe de causalité. Revoir
Hume, Enquête sur l'entendement humain. Les phénomènes naturels se laissent expliquer de deux
manières :

-par des explications scientifiques, basées sur la mise au jour de lois naturelles
-par la convocation d'un agent libre effectuant des choix rationnels

Risque: l'argument cosmologique peut être perçu comme une pétition de principe
(sophisme, erreur de raisonnement). C'est-à-dire qu'il prétend démontrer qc qu'il postule déjà :
l'existence d'un Dieu. De fait, il se base sur des phénomènes qu'on peut expliquer aussi bien par la
seule nature que par le recours au concept d'un être intelligent et tout-puissant.

Exemples de passages chez Thomas d'Aquin postulant une intention dans la nature:

« ce qui est privé de connaissance ne peut tendre à une fin que dirigé par un être
connaissant et intelligent, comme la flèche par l'archer. Il y a donc un être intelligent par lequel
toutes choses naturelles sont ordonnées à leur fin et cet être, c'est lui que nous appelons Dieu. »
Somme théologique

« La 5e voie est tirée du gouvernement des choses. Nous voyons que des êtres privés de
connaissance, comme les corps obéissant aux lois naturelles, agissent en vue d'une fin. Ce n'est pas
par hasard, mais en vertu d'une intention qu'ils parviennent à leur fin. »

Quels sont les présupposés de la preuve cosmologique ?

Elle présente une lecture des faits naturels tout à fait discutable. Quels sont ses fondements
logiques ?

• c'est un raisonnement par analogie. En voici les composantes principales :

Intention divine Intention humaine


• Providence à l'ordre dans le monde. But, • Actions intentionnelles. Actions tournées
finalité accordée à toute chose dans le vers une fin.
monde # hasard.

• Dieu architecte, horloger. • Modèle technique : mettre en œuvre


moyens en vue d'une fin, élaborer
architecture d'un bâtiment, structure et
finalité d'une chose
• Etre parfaitement libre et tout-puissant. • Etre libre. Pouvoir causal.
Pouvoir causal absolu et soutient l'idée
d'un principe de raison : toute chose
possède une cause.

• Etre intelligent : rien n'arrive dans le • Etre intelligent : actions pensées


monde sans raison. (contredit par Spinoza, de nombreuses
motivations inconscientes et des actions
trop conditionnées par des causes
inconnues pour être pleinement libres)

Le fondement premier de cet analogie est l'argument du DESSEIN (ordre de l'univers //


ordre produit par les agents humains. Grosses limites au dit argument : désordre dans les actions des
agents moraux, propension à l'erreur, à l'ignorance. Il faut calmer l'anthropocentrisme et l'orgueil).

• c'est une pensée finaliste. Or, on le sait, le finalisme est détruit par le darwinisme, en ce que
ce dernier met en évidence le rôle du hasard et de l'aléatoire dans les mutations génétiques et
l'apparition de nouvelles espèces. Va à rebours de l'idée que l'observation de la nature serait
un laboratoire pour la pensée théologique.

• c'est bien souvent une pétition de principe, un argument circulaire. On croit en un Dieu
donc on observe le monde à travers des concepts d'intention, d'ordre et de finalité et ce
faisant, on croit en observer alors qu'on les projette.

• doit-on conclure de ces causes à un ou plusieurs dieux ? Confusion, aspect indéterminé


de l'AC. Hume déclare à ce sujet : « Multiplier les causes sans nécessité est contraire à la
vraie philosophie ». Certes, mais qu'en est-il de la théologie ?

Si l'on part du principe que le concept de Dieu permet d'éclairer les réalités naturelles,
l'inverse est tout aussi vérifiable. Exemples de lois naturelles devenues historiquement peu
compatibles avec le concept de Dieu :

• la théorie de l'évolution # fixisme et créationnisme


• le finalisme # hasard
• fatalisme # déterminisme
• nécessité # contingence : le monde ainsi que les choses qui le composent présentent de
nombreuses marques de contingence. Ex : non éternité des espèces animales, végétales //
réchauffement, adaptations. Dinosaures RIP.

Alors, quels facteurs ont donné une telle force à cet AC ?

• l'observation de régularités mathématiques dans la nature

=> le nombre d'or


=> les fractales
=> les spirales logarithmiques

N.B. : plusieurs phénomènes sont toutefois impossibles à modéliser mathématiquement. Ex :


météorologie. Pas de prédiction possible comme en sciences physiques p.ex.

• l'impressionnante perfection des êtres naturels, de leurs organes


La capacité du vivant à se régénérer, s'adapter. Complexité, perfection des organes. Ex : œil.
Nombreux textes en philosophie pour louer une nature si bien faite.

• l'ordre, la beauté et l'harmonie du monde.


Il s'agit d'un sentiment plus diffus mais la beauté des phénomènes naturels peut éveiller un
sentiment d'émerveillement (moment lyrique) : un coucher de soleil, une fleur, le doux chant
de l'oiseau... Se peut-il que tout cela échappe à une fin ?
La critique kantienne des preuves de l'existence de Dieu

Préambule : les critiques kantiennes à l'égard de la métaphysique traditionnelle

La métaphysique spéciale (# métaphysique générale : traite de l'ontologie) aborde trois


notions : le MONDE, le MOI, DIEU. Mais elle a tendance à considérer ces entités comme des
choses en soi, Kant veut donc ressaisir le noyau rationnel de chacun de ces discours
(respectivement, la cosmologie, la psychologie et la théologie). Fonder une connaissance
transcendantale : conditions de connaissance a priori des phénomènes # transcendante : concerne
objets se situant au-delà de toute expérience. Il entend notamment critiquer une théologie
dogmatique ayant tendance à faire de Dieu une chose en soi. Mais la raison a affaire à des IDEES et
non à des choses en soi (entendement lui a affaire à des CONCEPTS). Kant montre que l'AC étend
le principe causal au-delà du monde sensible, perceptible et connaissable. Donne cause extra-
mondaine à des phénomènes mondains.

Kant veut mettre de l'ordre dans les preuves classiques de l'existence de Dieu.

• Objectif numéro un : désamorcer la preuve ontologique : elle confond le prédicat


grammatical, logique et le prédicat réel. L'existence d'une chose ne peut être dérivée
d'un concept. Par exemple, la perfection divine est une IDEE de la raison.

• Objectif numéro deux : faire du ménage. Beaucoup de preuves cosmologiques


sont en réalité des PO déguisées. Exemple des cinq voies de Thomas : l'être
nécessaire, l'être le plus parfait. En apparence, c'est une observation mais il s'agit de
concepts. La preuve physico-théologique est la seule véritable preuve par les effets :
elle part de l'ordre et de l'harmonie présents dans le monde. Ceux-ci manifesteraient
l'existence d'un créateur intelligent, dotant la matière d'une finalité.

• Objectif numéro trois : réhabiliter le projet de conception d'un être suprême,


dans l'architecture du savoir. L'idée de Dieu reflète l'idéal de la raison, à savoir l'idéal
d'une unité du savoir. Synthétiserait possiblement la totalité de l'expérience sous la
forme d'un entendement suprême. Foi en un auteur suprême du monde.

De la connaissabilité du divin

Dieu est une idée de la raison et non un concept de l'entendement. Il n'est pas
susceptible d'une expérience sensible.
Le contenu de cette idée est un être originaire, suprême. La raison place cette idée au
fondement de tout, sans vérifier qu'il s'agisse d'une réalité donnée.
La pensée de cet être est liée à un fonctionnement de la raison : la recherche d'un
inconditionné à partir du conditionné. C'est l'expression du principe de raison suffisante, de
causalité. Il y a là un refus de la contingence : on se raccroche à la nécessité.

Critique de la preuve ontologique


Concept d'un être absolument nécessaire= concept pur de la raison, plus exactement : IDEE.
PB: on ne peut pas en prouver l'existence. On en donne une définition nominale, des prédicats
grammaticaux, mais pas une preuve.

Critique de la preuve cosmologique


Renouvellement de la démarche scolastique, bien que revête une apparence plus concrète.
Reconduit raisonnement de la PO car passe faussement par l'expérience.
Fondement de la preuve cosmologique: idée d'un être nécessaire, argument tiré de la
contingence du monde. Preuve MODALE (opère par degrés de certitudes et d'être :
contingent/possible/ nécessaire).

Elle repose sur l'idée de l'être le plus réel de tous. Or, il s'agit d'une démarche de la
métaphysique classique (platonicienne, cartésienne) : le plus réel, c'est ce qu'on ne voit pas,
mais ce qu'on pense clairement. (ex : idées platoniciennes, idées claires et distinctes de
Descartes).
Avec la philosophie kantienne, impliquant le renouvellement de la métaphysique et des
conditions de la connaissance, ce n'est plus acceptable . Ce qui se connaît est ce qui fait l'objet
d'une expérience+ parvient à être appréhendé par les concepts de l'entendement (temps,
espace etc). Tout ce qui ne se conforme pas à ce cadre expérimental fera l'objet d'une simple
PENSÉE.

Ce raisonnement flatte notre raison, s'avère persuasif. Mais c'est un raisonnement spéculatif,
voir sophistique (appel à l'ignorance, fausse implication, argument d'autorité...).

Forme prise : « Si quelque chose existe, il faut aussi qu'existe un être absolument
nécessaire ? Or, j'existe au moins moi-même, donc existe un être absolument nécessaire. »

De la CONNAISSANCE de mon existence qui est un FAIT, j'induis la fausse connaissance


d'une existence qui est SUPPOSEE. Certes, la preuve cosmologique part d'une existence réelle mais
elle effectue un BOND pour déduire une existence non observée. Expérience donnée/ expérience
absolutisée. Existence nécessaire. Mais aucune connaissance précise sur propriétés de cet être par
exemple. Ce qui permet le passage d'une prémisse à l'autre n'est pas la rigueur d'un raisonnement
mais une CROYANCE ainsi qu'un MECANISME, une HABITUDE de la raison.

Conclure du CONTINGENT à une EXISTENCE : fonctionnement transcendantal de


l'entendement. N'a de sens que dans le cadre de l'expérience. Hypothèse/ certitude apodictique

La preuve physico-théologique

Preuve physico-théologique : pas transcendantale, à la différence des deux autres, mais


basée sur principes empiriques.

Idée d'un être suprême= principe régulateur de la raison. Unification du monde physique
et de ses lois grâce à idée d'un premier principe (cf Aristote).

Principe de la preuve physico-théologique: chercher si une expérience déterminée, par


conséquent celle des choses de ce monde, sa nature et son ordonnance ne fournissent pas un
fondement probant qui put nous procurer avec sureté la conviction de l’existence d’un être
suprême.
Seule possibilité théorique de garantir une connaissance du divin, car un raisonnement
purement a priori est totalement exclu. Expérience/ idée : Dieu ne se donne jamais dans une
expérience, donc incompatibilité fondamentale entre les deux.
Deux impasses :
L’Idée transcendantale d’un être originaire qui soit nécessaire et totalement suffisant est si
démesurément grande, elle dépasse de si haut tout ce qui est empirique et toujours
conditionné, que d’une part on ne peut jamais dégager de l’expérience assez de matière
pour remplir un tel concept, et que d’autre part on tatonne toujours au milieu du
conditionné en ne cessant en vain de chercher l’inconditionné, dont aucune loi de quelque
synthèse empirique que ce soit ne nous fournit un exemple ou ne procure le moindre indice.
Idée incommensurable avec expérience : impossible de remonter à l'origine, au
commencement, impossible de faire expérience d'une grandeur incommensurable (cf preuve
Anselme ou idée d'infini).
Expérience incapable de donner assez de preuves d'une telle existence, pas de preuves
infaillibles ou d'expérience cruciale, peut nourrir des hypothèses mais pas une certitude. (ex
d'indices : miracle, phénomène non compatible avec lois de nature mais pour d'autres, ce sont
régularités de nature qui donneront marque d'un architecte, mais pas infaillibles non plus. Ex : tout
n'est pas mathématisable dans nature.) En somme, selon le concept de Dieu mobilisé, on peut faire
dire à une expérience une chose (Dieu existe) et son contraire (Dieu n'existe pas), car la mise en
relation de ces faits et de la conclusion transcendantale reste en dehors du champ de l'expérience, de
l'entendement.

Problème également dans l'application principe de causalité :


Si l’être suprême était inscrit dans cette chaîne des conditions, il serait lui-même un membre
de la série de telles conditions, et tout comme les membres inférieurs.
Comment penser une cause ultime dans chaîne de causalités ? Peut-on en faire
expérience ? Principe ne peut pas être transcendant s'il est dans la chaîne, et s'il est
transcendant, il n'appartient pas à la chaîne (donc pas objet d'expérience).
=>Un principe suprême, donc supérieur doit-il être transcendant ? L'idée de faire d'une cause
immanente première un être nécessaire est-elle rigoureuse ?
Si l’être suprême était inscrit dans cette chaîne des conditions, il serait lui-même un membre
de la série de telles conditions, et tout comme les membres inférieurs. qu’il précède, il
exigerait encore une recherche ultérieure en vue d’atteindre, en remontant encore plus haut,
son principe. Veut-on au contraire le séparer de cette chaîne et, en tant qu’il est un être
simplement intelligible, ne pas l’inclure dans la série des causes naturelles, quel pont la
raison peut-elle bien jeter, dans ces conditions, pour parvenir jusqu’à lui, étant donné que
toutes les lois du passage des effets aux causes, toute synthèse et toute extension même de
notre connaissance en général ne s’appliquent à rien d’autre qu’à l’expérience possible,
par conséquent simplement (B 650) sur des objets du monde sensible, et qu’elles ne peuvent
avoir de signification que relativement à ces objets ?
Preuve physico-théologique = la plus compatible avec le fonctionnement de la raison
humaine. La plus proche d'une forme de connaissance, même si reste hypothétique.
• Heuristique : permet d'étendre notre connaissance de la nature. Intentions projetées //
causes découvertes.
• Unifie le divers de l'expérience à travers concept de cause suprême.
• Un problème demeure: le fil conducteur de ce raisonnement n'est pas une connaissance
mais une croyance en un être suprême dont on cherche les indices de l'existence dans
monde sensible.
Cette preuve mérite d’être mentionnée toujours avec respect. Elle est la plus ancienne, la
plus claire et la mieux appropriée à la raison humaine commune. Elle anime l’étude de la
nature, tout comme elle tire elle-même de cette étude son existence et en recoit toujours une
force nouvelle. Elle introduit des fins et des intentions là ou notre observation n’en avait pas
découvert d’elle-même, et elle élargit notre connaissance de la nature grace au fil
conducteur que constitue une unité particulière dont le principe est extérieur à la nature.
Mais ces connaissances agissent à nouveau, en retour, sur leur cause, c’est-à-dire sur l’Idée
(B 652) qui les fait naître, et elles accentuent notre croyance en un auteur suprême, au point
d’en faire une irrésistible conviction.
Déconstruction de la preuve physico-théologique
Ressort ultime de la preuve PT= preuve ontologique.
Preuve ontologique, en son fond= croyance elle-même et sa capacité à trouver de nombreux
principes de justifications a priori.
Preuve PT peut indiquer qu'il existe qc comme un ARCHITECTE du monde mais pas un
CREATEUR (rappelez caractéristiques : transcendant, premier, nécessaire etc). Reste un argument
transcendantal car ne permet pas de sortir de contingence, on en sort par la croyance. On ne peut pas
dépasser la contingence de la matière, or l'idée d'un être suprême à l'origine du tout le fait.
Les principaux moments de la preuve physico-théologique évoquée sont les suivants :
1°) Partout dans le monde se découvrent des signes évidents d’une mise en ordre conforme
à un dessein déterminé, opéré avec une grande sagesse et constituant un tout aussi
indescriptible dans la diversité de son contenu qu’il peut être illimité quant à la grandeur de
son étendue.
2°) Cette mise en ordre conforme à des fins est totalement étrangère aux choses du monde
et ne leur est attachée que de facon contingente, autrement dit : la nature de cette diversité
de choses n’aurait pas pu d’elle-même, par des moyens convergents de tant de sortes,
s’accorder à des intentions finales, si ces moyens n’avaient été choisis tout exprès pour cela
et disposés à cette fin par un principe organisateur doué de raison prenant pour fondement
des Idées et intervenant d’après elles.
3°) Il existe donc une (ou plusieurs) cause sublime et sage qui doit etre la cause du
monde, non pas simplement comme une nature toute-puissante agissant aveuglément, par sa
fécondité, mais comme une intelligence, par sa liberté.
4°) On peut conclure à l’unité de cette cause à partir de l’unité de la relation réciproque
des parties du monde considérées comme les pieces diverses d’une construction, cela avec
certitude pour ce que notre observation atteint, et au-delà avec vraisemblance, en suivant
tous les principes de l’analogie.
Prétention de la raison à connaître le TOUT. Concept de Dieu permet de passer d'une
expérience particulière à l'idée du TOUT, à une possible connaissance de la totalité. Bien sûr, c'est
un leurre. PT repose d'abord sur fonctionnement empirique, de l'entendement mais rapidement,
lubies de raison l'emportent. Il y a de la raison pure dans la croyance, de la raison
métaphysicienne, spéculative. Cette raison, par ses capacités d'intellection, pense pouvoir
dépasser le champ de l'expérience et passer du pensable à l'existant.
A cet égard, deux types de théologies se frayent un chemin : la théologie transcendantale qui
part de concepts et la théologie naturelle qui part d'observations. Il est évident que Kant plébiscitera
davantage la théologie naturelle mais il montrera également qu'elle ne parvient pas davantage à
fonder des connaissances. Cette différence de postures conduire également à la distinction entre
DEISME et THEISME.
Le déisme postule que nous pouvons connaître Dieu par la seule raison mais admet que
c'est un concept spéculatif. Cause du monde. Il rejoint la théologie transcendantale qui se divise en
deux catégories :
• la cosmo-théologie : connaissance du divin par l'expérience
• l'onto-théologie : connaissance du divin par le biais de concepts
Le théiste pense pouvoir pousser l'analogie avec la nature jusqu'à trouver un fondement de
cet être dans le monde. Ses arguments majeurs, comme on l'a vu avec l'argument cosmologique
sont : 1. l'idée d'un être intentionnel et intelligent, auteur du monde, 2. l'idée d'un ordre du
monde, notamment causal et final.
Par ailleurs, la théologie comporte deux versants, deux usages principaux.
La théologie physique d'une part postule un être nécessaire, au fondement du monde,
principe de tout ordre.
La théologie morale postule un être libre, agissant, au principe de toute perfection
(sainteté). Leurs champs d'application diffèrent, théorique pour l'une, pratique (morale) pour l'autre.
La théologie semble être un moyen pour la raison de compléter l'édifice de ses
connaissances. Mais ce complément suprême demeure spéculatif. Idées de perfection et de
nécessité # preuves infaillibles.
Dieu ne peut pas être l'objet d'un jugement synthétique a priori puisque ne correspond pas
aux conditions de possibilité de l'expérience.
Celui qui n’admet qu’une théologie transcendantale se nomme déiste, celui qui admet en outre une
théologie naturelle se nomme théiste. Le premier admet qu’en tout cas nous pouvons connaître
l’existence d’un être originaire par la simple raison, mais considère que le concept que nous en
possédons est simplement transcendantal, c’est-à-dire qu’il s’agit du concept d’un être qui a toute
réalité, mais dont on ne peut pas déterminer plus précisément cette réalité. Le second affirme que la
raison est en mesure de déterminer avec plus de précision l’objet en suivant l’analogie avec la
nature, à savoir comme un être qui contient ensoi, à travers son entendement et sa volonté, le
fondement originaire de toutes les autres choses. Le premier se représente donc, sous le nom de
Dieu, simplement une cause du monde (en laissant non décidée la question de savoir si c’est par la
(B 660) nécessité de sa nature ou par liberté qu’il en est la cause), le second se représente ainsi un
auteur du monde.
=>Les questions transcendantales n'autorisent que des réponses transcendantales.
=> La théologie ne peut être que transcendantale, idéale, conceptuelle et spéculative.
=> Philosophiquement, elle s'inscrit dans la tradition de la métaphysique spéculative,
évoluant à l'écart des sciences naturelles dans la modernité selon Kant. Elle révèle un
usage pur de la raison, détaché de l'expérience. Si refonder la science implique de
refonder les méthodes de la métaphysique afin que cette dernière débouche sur des
connaissances, que restera-t-il de la théologie? Peut-elle dépasser la croyance pour
aboutir à des connaissances vérifiables ? Pourrait-on alors la considérer encore comme
une marque de foi ?

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