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z Douce France Avec les chaises d’un théâtre à ciel ouvert


C. Trenet (1943) Et derrière eux comme un cortège en folie
Ils drainent tout le pays, les comédiens
Il revient à ma mémoire
Des souvenirs familiers 2) Si vous voulez voir confondus les coquins
Je revois ma blouse noire Dans une histoire un peu triste
Lorsque j’étais écolier Où tout s’arrange à la fin
Sur le chemin de l’école Si vous aimez voir trembler les amoureux
Je chantais à pleine voix Vous lamenter sur Baptiste
Des romances sans paroles Ou rire avec les heureux
Vieilles chansons d’autrefois Poussez la toile et entrez donc vous installer
Sous les étoiles, le rideau va se lever
Refrain Quand les trois coups retentiront dans la nuit
Douce France, cher pays de mon enfance Ils vont renaître à la vie, les comédiens
Bercée de tendre insouciance
Je t’ai gardée dans mon cœur 3) Les comédiens ont démonté leurs tréteaux
Mon village, au clocher aux maisons sages Ils ont ôté leur estrade
Où les enfants de mon âge Et plié les calicots
Ont partagé mon bonheur Ils laisseront au fond du cœur de chacun
Oui je t’aime, et je te donn’ ce poème Un peu de la sérénade
Oui je t’aime, dans la joie ou la douleur Et du bonheur d’Arlequin
Douce France, cher pays de mon enfance Demain matin quand le soleil va se lever
Bercée de tendre insouciance Ils seront loin, et nous croirons avoir rêvé
Je t’ai gardée dans mon cœur Mais pour l’instant, ils traversent dans la nuit
D’autres villages endormis, les comédiens
J’ai connu des paysages
Et des soleils merveilleux
Au cours de lointains voyages z La Varsovienne
Tout là-bas sous d’autres cieux Waclaw Swiecicki (1878)
Mais combien je leur préfère
Mon ciel bleu, mon horizon 1) En rangs serrés l’ennemi nous attaque
Ma grand’ route et ma rivière Autour de notre drapeau groupons-nous
Ma prairie et ma maison Que nous importe la mort menaçante
Pour être forts soyons prêts à mourir
Mais le genre humain courbé sous la honte
z Les Comédiens Ne doit avoir qu’un seul étendard
Par. J. Plante, mus. C. Aznavour (1962) Un seul mot d’ordre travail et justice
Fraternité de tous les ouvriers
Refrain O frères aux armes pour notre lutte
Viens voir les comédiens Pour la victoire de tous les travailleurs
Voir les musiciens Frères aux armes pour notre lutte
Voir les magiciens Pour la victoire de tous les travailleurs
Qui arrivent
Viens voir les comédiens 2) Les profiteurs vautrés dans la richesse
Voir les musiciens Privent de pain l’ouvrier affamé
Voir les magiciens Ceux qui sont morts pour nos grandes idées
Qui arrivent N’ont pas en vain combattu et péri
Contre les richards et les ploutocrates
1) Les comédiens ont installé leurs tréteaux Contre les rois contre les trônes pourris
Ils ont dressé leur estrade Nous lancerons la vengeance puissante
Et tendu des calicots Et nous serons à tout jamais victorieux
Les comédiens ont parcouru les faubourgs O frères aux armes pour notre lutte
Ils ont donné la parade Pour la victoire de tous les travailleurs
A grand renfort de tambour Frères aux armes pour notre lutte
Devant l’église une roulotte peinte en vert Pour la victoire de tous les travailleurs
2
z La Complainte de Mandrin J’y vis mes compagnons
A l’ombre d’un buisson
Nous étions vingt ou trente
Brigands dans une bande « Compagnons de misère
Tous habillés de blanc Allez dire à ma mère
A la mod’ des, vous m’entendez ? Qu’ell’ ne m’ reverra plus
Tous habillés de blanc J’ suis un enfant, vous m’entendez ?
A la mod’ des marchands Qu’ell’ ne m’ reverra plus
J’ suis un enfant perdu »
La première volerie
Que je fis dans ma vie
C’est d’avoir goupillé z La Java [de Mistinguett]
La bourse d’un, vous m’entendez ? Par. A. Villemetz et Jacques-Charles
C’est d’avoir goupillé Mus. M. Yvain (1922)
La bourse d’un curé
Quand arrive le sam’di
J’entrai dedans la chambre Sans fout’ de vernis
Mon dieu qu’elle était grande ! Ni fair’ de toilette
J’y trouvai mille écus Nous partons au galop
Je mis la main, vous m’entendez ? Avec mon costaud
J’y trouvai mille écus Dans un bal musette
Je mis la main dessus Où nous nous retrouvons
Rien qu’entre mec’tons
J’entrai dedans une autre Et vraies gigolettes
Mon dieu qu’elle était haute ! Deux par deux on tourn’ on tourn’ et on
De rob’s et de manteaux Fredonne au son de l’accordéon
J’en chargeai trois, vous m’entendez ?
De rob’s et de manteaux Refrain
J’en chargeai trois chariots Qu’est-ce qui dégot’ le fox-trot
Et même le shimmy
Je les portai pour vendre Les pas english, la scottish
A la foire en Hollande Et tout c’ qui s’ensuit
Les vendis bon marché C’est la java, la vieill’ mazurka
Ne m’avaient rien, vous m’entendez ? Du vieux Sébasto
Les vendis bon marché J’ suis ta Méness’, Je suis ta gonzess’
Ne m’avaient rien coûté Tu es mon Julot
Tout contre moi, serre-moi
Ces Messieurs de Grenoble Bien fort dans tes bras
Avec leurs longues robes Je te suivrai, je ferai
Et leurs bonnets carrés Ce que tu voudras
M’eurent bientôt, vous m’entendez ? Quand tu me prends
Et leurs bonnets carrés Dans mon cœur je sens comme un vertigo
M’eurent bientôt jugés J’aim’ ta casquett’, tes deux rouflaquett’s
Et ton bout d’ mégot
Ils m’ont jugé à pendre
Ah ! c’est dur à entendre Mais boul’vard Saint-Germain
A pendre et étrangler Les gens du gratin
Sur la place du, vous m’entendez ? Ils n’ont pas d’ principes
A pendre et étrangler Dès que les purotins
Sur la place du marché Ont quelqu’ chos’ de bien
Il faut qu’ils leur chipent
Monté sur la potence A présent les mondains
Je regardai la France Essay’nt mais en vain
J’y vis mes compagnons De copier nos types
A l’ombre d’un, vous m’entendez ? Et les poul’s de lux’ dans les salons
Chant’nt en se pâmant à leurs mich’tons
3
z Tout ça n’ vaut pas l’amour z Y’a d’ la joie
Par. F. Perpignan, mus. Trebitsch (1922) Par. C. Trenet, mus. C. Trenet et M. Emer (1937)

1) J’ viens d’épouser 1) Y’a d’ la joie


L’tambour major d’ la tromp’ de Vienne Bonjour, bonjour les hirondelles
Un beau garçon Y’a d’ la joie
Fier comme un roi doux comm’ la crème Dans le ciel par-dessus le toit
Eh bien figurez-vous Y’a d’ la joie
D’puis qu’il est mon époux Et du soleil dans les ruelles
Je vois combien Y’a d’ la joie, partout, y’a d’ la joie
Oh oui combien l’amour est doux Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle
Aussi maint’nant C’est l’amour qui vient avec je ne sais quoi
Il n’est plus rien qui m’asticote, C’est l’amour, bonjour, bonjour, les demoiselles
Ni le ciel bleu, Y’a d’ la joie, partout, y’a d’ la joie
Les p’tits oiseaux ni les banknotes
Quand on m’ parl’ du printemps, Le gris boulanger bat la pâte à pleins bras
De plaisirs excitants Il fait du bon pain, du pain si fin que j’ai faim
En riant gaiement je réponds simplement On voit le facteur qui s’envole là-bas,
Comme un ange bleu portant ses lettr’s au Bon Dieu
Tout ça n’ vaut pas l’amour Miracle sans nom, à la station Javel,
La belle amour, la vraie amour On voit le métro qui sort de son tunnel,
L’amour qui vous enchante quand le cœur Grisé de soleil, de chansons et de fleurs
Vous chante, la nuit et le jour Il court vers le bois, il court à tout’ vapeur
Tout ça n’ vaut pas l’amour
Les p’tits bécots 2) Y’a d’ la joie
Qu’on met autour La tour Eiffel part en balade
Voilà pourquoi je chante toujours Comme un’ folle
L’amour, l’amour, l’amour Elle saute la Seine à pieds joints
Puis ell’ dit : "Tant pis pour moi si j’ suis malade,
2) J’aime les fleurs, J’ m’embêtais, tout’ seule, dans mon coin"
Les di-amants et la toilette Y’a d’ la joie, le percepteur met sa jaquette,
Tout ce qui fait enfin la joie Plie boutique, et dit d’un air très doux, très doux
D’une coquette « Bien l’ bonjour, pour aujourd’hui finie la quête,
J’aime avoir sur le Pô Gardez tout, messieurs, gardez tout »
Un p’tit appartement
Et tout c’ qu’il faut Mais voilà qu’ soudain, je m’éveille dans mon lit,
Pour vivre confortablement Donc j’avais rêvé, oui car le ciel est gris
Aussi j’ vous l’ dis Il faut se lever, se laver, se vêtir,
Sans peur qu’on me ridiculise Et ne plus chanter si l’on n’a plus rien à dire
Je donn’rais tout, Mais je crois pourtant que ce rêve a du bon
Oui j’ donn’rais tout jusqu’à ma ch’mise Car il m’a permis de faire une chanson
Car tous ces beaux joujoux, Chanson de printemps, chansonnette d’amour
Les fleurs et les bijoux Chanson de vingt ans, chanson de toujours
Le mobilier, les bracelets, les colliers
3) Y’a d’ la joie
Tout ça n’ vaut pas l’amour Bonjour, bonjour les hirondelles
La belle amour, la vraie amour Y’a d’ la joie
L’amour qui fait revivre et qui vous Dans le ciel par-dessus le toit
Enivre encore et toujours Y’a d’ la joie
Tout ça n’ vaut pas l’amour Et du soleil dans les ruelles
Les p’tits bécots Y’a d’ la joie, partout, y’a d’ la... ah ! ah ! ah !
Qu’on met autour Tout le jour, mon cœur bat, chavire et chancelle
Voilà pourquoi je chante toujours C’est l’amour qui vient avec je ne sais quoi
L’amour, l’amour, l’amour C’est l’amour, bonjour, bonjour, les demoiselles
Y’a d’ la joie, partout, y’a d’ la joie
4
z Comm’ de bien entendu Comm’ de bien entendu
Par. J. Boyer, mus. G. van Parys (1939) Il se contenta d’ lui foutr’ le pied au cul
Comm’ de bien entendu
Introduction
Voici, contée sur un’ valse musette 6) Et, depuis l’on raconte
L’histoire en quelques mots Comm’ de bien entendu
Du beau roman d’une jeun’ midinette Qu’il y trouve son compte
Et d’un p’tit parigot Comm’ de bien entendu
Tous les refrains d’amour sont un peu bêtes Et, quand chez lui on monte
Celui-là l’est aussi Comm’ de bien entendu
Mais si vous r’prenez en chœur Il s’en va faire un p’tit tour au PMU
Ma chansonnette Comm’ de bien entendu
Je vous dirai : Merci !

1) Elle était jeune et belle z C’est lui qu’ mon cœur a choisi
Comm’ de bien entendu Par. R. Asso, mus. M. d’Yresne (1939)
Il eut l’ béguin pour elle
Comm’ de bien entendu 1) Je m’ rappell’ plus comment
Elle était demoiselle On s’était rencontrés
Comm’ de bien entendu Je n’ sais plus si c’est lui
Il se débrouilla pour qu’elle ne le soit plus Qu’a parlé le premier
Comm’ de bien entendu Ou bien si c’était moi
Qu’avais fait les avances
2) Ils se mir’nt en ménage Ça n’a pas d’importance
Comm’ de bien entendu Tout c’ que j’ veux me rapp’ler :
Elle avait du courage
Comm’ de bien entendu Refrain
Il était au chômage C’est lui qu’ mon cœur a choisi
Comm’ de bien entendu Et quand il m’ tient contre lui
Ça lui f’sait déjà un joli p’tit rev’nu Dans ses yeux caressants
Comm’ de bien entendu Je vois l’ ciel qui fout l’ camp
C’est bon... c’est épatant
3) Voulant faire un’ folie Il a pas besoin d’ parler
Comm’ de bien entendu Il a rien qu’à m’ regarder
Il offrit à sa mie Et j’ suis à sa merci
Comm’ de bien entendu Je n’ peux rien contre lui
Un billet de lot’rie Car mon cœur l’a choisi
Comm’ de bien entendu
Ça lui fit jamais que cent balles de perdues 2) Je n’ sais pas s’il est riche
Comm’ de bien entendu Ou s’il a des défauts
Mais d’ l’aimer comm’ je l’aime
4) Mais il se mit à boire Un homme est toujours beau
Comm’ de bien entendu Et quand on va danser
Ell’ ne fit pas d’histoires Qu’il pose sur mes hanches
Comm’ de bien entendu Ses belles mains si blanches
Mais pour pas être une poire Ça m’ fait froid dans le dos
Comm’ de bien entendu
Ell’ se consola en le faisant cocu 3) J’ sais pas c’ qui m’arriv’ra
Comm’ de bien entendu Si ça dur’ pas longtemps
Mais j’ me fich’ du plus tard
5) Il la trouva mauvaise J’ veux penser qu’au présent
Comm’ de bien entendu En tout cas il m’a dit
Mais elle ram’nait du pèze Qu’il m’aim’rait tout’ la vi-e
Comm’ de bien entendu C’que la vie sera joli-e
Au lieu d’ ram’ner sa fraise S’il m’ai-me pour tout l’ temps
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z L’Accordéoniste Les fill’s lui font la gueule
M. Emer (1942) Les hommes n’en veul’nt pas !
Et tant pis si ell’ crève
1) La fill’ de joie est belle Son homm’ ne r’viendra plus
Au coin d’ la rue Labat Adieu tous les beaux rêves
Elle a un’ clientèle Sa vie, elle est foutue
Qui lui remplit son bas Pourtant ses jambes tristes
Quand son boulot s’achève L’entraînent au boui-boui
Ell’ s’en va à son tour Où y’a un autre artiste
Chercher un peu de rêve Qui joue toute la nuit
Dans un bal du faubourg Elle écout’ la java... [accordéon]
Son homme est un artiste Elle entend la java... [accordéon]
C’est un drôl’ de p’tit gars Elle a fermé les yeux... [accordéon]
Un accordéoniste Les doigts secs et nerveux... [accordéon]
Qui sait jouer la java Ça lui rentr’ dans la peau
Elle écout’ la java Par le bas, par le haut
Mais ell’ ne la dans’ pas Elle a envie d’ gueuler, c’est physique
Ell’ ne regarde mêm’ pas la piste Alors pour oublier
Mais ses yeux amoureux Ell’ s’est mise à danser
Suivent le jeu nerveux A tourner au son de la musique
Et les doigts secs et longs de l’artiste [accordéon]
Ça lui rentr’ dans la peau Arrêtez !
Par le bas, par le haut Arrêtez la musique !
Elle a envie d’ chanter, c’est physique
Tout son être est tendu
Son souffle est suspendu z Ballade irlandaise
C’est une vraie tordue d’ la musique Par. E. Marnay, Mus. E. Stern (1958)

2) La fill’ de joie est triste Un oranger sur le sol irlandais


Au coin d’ la rue là-bas On ne le verra jamais
Son accordéoniste Un jour de neige embaumé de lilas
Il est parti soldat Jamais on ne le verra
Quand il r’viendra d’ la guerre Qu’est-ce que ça peut faire (bis)
Ils prendront un’ maison Tu dors auprès de moi
Ell’ sera la caissière Près de la rivière
Et lui sera l’ patron Où notre chaumière
Que la vie sera belle Bat comme un cœur plein de joie
Ils s’ront de vrais pachas
Et tous les soirs pour elle Un oranger sur le sol irlandais
Il jouera la java On ne le verra jamais
Elle écoute la java Mais dans mes bras
Qu’ell’ fredonne tout bas Quelqu’un d’autre que toi
Ell’ revoit son accordéoniste Jamais on ne le verra
Et ses yeux amoureux Qu’est-ce que ça peut faire (bis)
Suivent le jeu nerveux Tu dors auprès de moi
Et les doigts secs et longs de l’artiste L’eau de la rivière
Ça lui rentr’ dans la peau Fleure la bruyère
Par le bas, par le haut Et ton sommeil est à moi
Elle a envie d’ pleurer, c’est physique
Tout son être est tendu Un oranger sur le sol irlandais
Son souffle est suspendu On ne le verra jamais
C’est une vraie tordue d’ la musique Un jour de neige embaumé de lilas
Jamais on ne le verra
3) La fill’ de joie est seule Qu’est-ce que ça peut faire (bis)
Au coin d’ la rue là-bas Toi, mon enfant, tu es là
6
z Non, je ne regrette rien « Besame, besame mucho »
Par. M. Vaucaire, mus. Ch. Dumont (1961) Dis-toi que c’est la prière qu’au vent j’ai confiée
Dis-toi que c’est le désir éternel
Non, rien de rien Qui s’envole vers toi que j’appelle
Non, je ne regrette rien Les yeux ouverts dans la nuit,
Ni le bien qu’on m’a fait, ni le mal, Malgré l’heure qui fuit
Tout ça m’est bien égal Quand tout bas je te dis
Non, rien de rien « Besame, besame mucho »
Non, je ne regrette rien Si je reviens mon amour, le bonheur va chanter
C’est payé, balayé, oublié « Besame, besame mucho »
Je me fous du passé Et sa chanson n’aura plus qu’un seul mot :
aimer
Avec mes souvenirs
J’ai allumé le feu 3) Besame, besame mucho
Mes chagrins, mes plaisirs Como si fuer’esta noche la ultima vez
Je n’ai plus besoin d’eux Besame, besame mucho
Balayées les amours Que tengo miedo perderte perdert’ otra vez
Avec leurs trémolos Quiero tenerte muy cerca mirar mi’en tus
Balayées pour toujours Ojos verte junto’a mi
Je repars à zéro Piensa que tal vez mañana
Yo y’esta re lejos muy lejos de ti
Non, rien de rien Besame, besame mucho
Non, je ne regrette rien Como si fuer’esta noche la ultima vez
Ni le bien qu’on m’a fait, ni le mal, Besame, besame mucho
Tout ça m’est bien égal Que tengo miedo perderte perderte amor
Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
Car ma vie, car mes joies, aujourd’hui z Chevaliers de la Table ronde
Ça commence avec toi !
1. Chevaliers de la Table ronde
Goûtons voir si ce vin est bon (bis)
z Besame Mucho Goûtons voir, oui oui oui
Par. esp. C. Velasquez, Par. fr. F. Blanche, mus. C. Goûtons voir, non non non
Velasquez (1941) Goûtons voir si ce vin est bon (bis)

1) Besame, besame mucho 2. S’il est bon, s’il est agréable


Embrasse-moi mon amour que je puisse oublier J’en boirai jusqu’à mon plaisir
Besame, puisqu’on se quitte
Tous les regrets d’un bonheur fait de tant de 3. J’en boirai cinq à six bouteilles
baisers Une fille sur mes genoux
Oui, je sais bien qu’un beau jour on revient,
Mais j’hésite, ce jour est si loin 4. Si je meurs, je veux qu’on m’enterre
N’y croyons pas, disons-nous toi et moi Dans une cave où il y a du bon vin
Qu’on se voit pour la dernière fois
Besame, besame mucho 5. Les deux pieds contre la muraille
Embrasse-moi mon amour que je puisse oublier Et la têt’ sous le robinet
Oublier le temps en fuite
Et ma chanson n’aura plus qu’un seul mot : 6. Et les quatre plus grands ivrognes
aimer Porteront les quatr’ coins du drap

2) « Besame, besame mucho » 7. Sur ma tombe je veux qu’on inscrive


Si tu entends ce refrain des pays où je vais « Ici gît le roi des buveurs »
7
z La Java bleue z La Complainte de la Butte
Par. G. Koger et N. Renard, mus. V. Scotto (1938) Par. J. Renoir, mus. G. van Parys (1954)

Il est au bal musette Introduction


un air rempli de douceur En haut de la rue Saint-Vincent,
Qui fait tourner les têtes Un poète et une inconnue,
Qui fait chavirer les cœurs S’aimèr’nt l’espace d’un instant
Tandis qu’on glisse à petits pas Mais il ne l’a jamais revue
Serrant celui qu’on aime dans ses bras Cette chanson, il composa,
Tout bas l’on dit dans un frisson Espérant que son inconnue
En écoutant jouer l’accordé-on Un matin d’ printemps l’entendra
Quelque part au coin d’une rue
Refrain
C’est la java bleue, la java la plus belle 1) La lune trop blême
Celle qui ensorcelle, Pose un diadème
Et que l’on danse les yeux dans les yeux Sur tes cheveux roux
Au rythme joyeux La lune trop rousse
Quand les cœurs se confondent De gloire éclabousse
Comme elle au monde il n’y en a pas deux Ton jupon plein d’ trous
C’est la java bleue La lune trop pâle
Caresse l’opale
Chérie, sous ton étreinte, De tes yeux blasés
Je veux te serrer plus fort Princess’ de la rue
Pour mieux garder l’empreinte Sois la bienvenue
Et la chaleur de ton corps Dans mon cœur blessé
Que de promesses, que de serments
On se fait dans la folie d’un moment Refrain
Mais ces serments remplis d’amour Les escaliers de la Butte
On sait qu’on ne les tiendra pas toujours Sont durs aux miséreux
Les ailes des moulins
Protègent les amoureux
z Heure exquise
Franz Léhar (1909) 2) Petit’ mendigote
Je sens ta menotte
Refrain Qui cherche ma main
Heure exquise qui nous grise, lentement Je sens ta poitrine
La caresse, la promesse, du moment ! Et ta taille fine
L’ineffable étreinte de nos désirs fous J’oublie mon chagrin
Tout dit : gardez-moi puisque je suis à vous Je sens sur tes lèvres
Une odeur de fièvre
Sanglots profonds et longs De goss’ mal nourrie
Des tendres vi-olons Et sous ta caresse
Mon cœur chante avec vous Je sens une ivresse
Ah casse-cœur, ah casse-cou Qui m’anéantit
Brebis prends bien garde au loup
Le gazon glisse et l’air est doux 3) Mais voilà qu’il flotte
Et la brebis vous dit : je t’aime, loup ! La lune se trotte
La princesse aussi
Refrain Sous le ciel sans lune
Heure exquise qui nous grise, lentement Je pleure à la brune
La caresse, la promesse, du moment ! Mon rêve évanoui
L’ineffable étreinte de nos désirs fous
Tout dit : gardez-moi puisque je suis à vous
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z Mademoiselle de Paris z T’as pas, t’as pas tout dit
Par. H. Contet, Mus. P. Durand (1948) B. Lapointe (1975)

1) On l’appell’ Mad’moisell’ de Paris Di da di dou dan ding dang dang


Et sa vie c’est un p’tit peu la nô-tre Di da di dou dan ding dang dang
Son royaum’ c’est la rue d’ Rivoli
Son destin c’est d’habiller les au-tres Refrain
On dit qu’elle est petite main T’as pas, t’as pas, t’as pas tout dit
Et s’il est vrai qu’elle n’est pas gran-de T’as pas tout dit à ta Doudou
Que de bouquets et de guirlan-des T’as des doutes et t’y dis pas tout
A-t-elle semés sur nos chemins Et qui c’est qui l’a dans l’ dos
Toi !
Ell’ chante un air de son faubourg T’as pas, t’as pas, t’as pas tout dit
Ell’ rêve à des serments d’amour T’as pas tout dit à ta doudou
Ell’ pleure et plus souvent qu’à son tour T’as des doutes et t’y dis pas tout
Mad’moisell’ de Paris Et c’est toi qui l’a dans l’ dos,
Ell’ donn’ tout le talent qu’elle a Han !
Pour faire un bal à l’Opéra
Et file à la porte des Lilas 1) T’y as dit : "Je bouff’ rien que du caviar
Mad’moisell’ de Paris C’est des petits œufs, j’ les mange à la coque
Il fait beau et là-haut Je les fous en l’air quand ils sont trop noirs
Ell’ va coudre un cœur à son manteau Et j’en achète d’aut’"
Ben !
2) Mais le cœur d’une enfant de Paris Si t’avais été moins vantard
C’est pareil aux bouquets de Violette T’aurais dit : "Je bouff’ que des pommes de
On l’attache au corsage un sam’di terre
Le dimanche on le perd à la fête Et le soir s’il fait du vent tard
Adieu guinguette, adieu garçon Je prends un bol d’air"
La voilà seule avec sa peine Han !
Et recommence la semaine
Et recommence la chanson 2) T’y as dit : "Mon papa l’est riche
Il a des dents d’or, il met des cravates
Ell’ chante un air de son faubourg Ma maman met des plum’s d’autriche
Ell’ rêve à des serments d’amour Et s’épil’ les patt’s"
Ell’ pleure et plus souvent qu’à son tour Ben !
Mad’moisell’ de Paris Si t’avais été plus modeste
Ell’ donne un peu de ses vingt ans T’aurais dit qu’ ta mère elle est modiste
Pour faire un’ collection d’ printemps Et que ton papa l’empeste
Et seul’ s’en va rêver sur un banc Parce qu’il est lampiste
Mad’moisell’ de Paris Han !
Trois p’tits tours, un bonjour
Elle oublie qu’elle a pleuré d’amour 3) T’y as dit : "J’ai une maison
Tapissée partout, mêm’ dans les toilettes
Ell’ chante et son cœur est heureux Avec la télévision
Ell’ rêve et son rêve est tout bleu Montée sur roulettes"
Ell’ pleur’ mais ça n’est pas bien sérieux Ben !
Mad’moiselle de Paris Si t’avais été plus honnête
Ell’ vole à petits pas pressés Sans dire, des sornett’s sur ta maisonnette
Ell’ court vers les Champs-Elysées Elle aurait sonné ta sonnette
Et donne un peu de son déjeuner Pour t’offrir son aide
Aux moineaux des Tuil’ries Han !
Ell’ fredonne, ell’ sourit
Et voilà Mad’moisell’ de Paris Pour finir :
Di da di dou dan ding dang dang
Di da di dou dan ding dang dang
9
z Padam… Padam… z Le Petit cordonnier
Par. H. Contet, mus N. Glanzberg (1951) Par. F. Lemarque, adapt. mus. Revil (1953)

1) Cet air qui m’obsèd’ jour et nuit Un petit cordonnier, qui voulait aller danser
Cet air n’est pas né d’aujourd’hui Avait fabriqué des petits souliers
Il vient d’aussi loin que je viens Une belle est entrée, qui voulait les acheter
Traîné par cent mill’ musiciens Mais le cordonnier lui a déclaré
Un jour cet air me rendra folle Ils seront à vous sans qu’ils vous coût’nt un sou
Cent fois j’ai voulu dir’ pourquoi Mais il vous faudra danser avec moi
Mais il m’a coupé la parole Ils seront à vous sans qu’ils vous coût’nt un sou
Il parle toujours avant moi Mais il vous faudra danser avec moi
Et sa voix couvre ma voix
Petit cordonnier t’es bête, bête
Padam… Padam… Padam… Qu’est-c’ que t’as donc dans la tête, tête
Il arrive en courant derrièr’ moi Crois-tu que l’amour s’achète, chète
Padam… Padam… Padam… Avec un’ pair’ de souliers ?
Il me fait le coup du « souviens-toi »
Padam… Padam… Padam… Mais la belle accepta, elle emporta sous son
C’est un air qui me montre du doigt bras
Et je traîne après moi Les petits souliers, pour aller danser
Comme un’ drôle d’erreur Cordonnier tout réjoui, a mis ses plus beaux
Cet air qui sait tout par cœur habits
Et s’est pomponné pour la retrouver
2) Il dit : « Rappell’-toi tes amours Mais hélas quand il voulut la fair’ danser
Rappell’-toi puisque c’est ton tour Elle lui rit au nez d’un p’tit air futé
Y a pas d’ raison pour qu’ tu n’ pleur’s pas Mais hélas quand il voulut la fair’ danser
Avec tes souv’nirs sur les bras » Elle lui rit au nez d’un p’tit air futé
Et moi, je revois ce qui reste
Mes vingt ans font battre tambour Petit cordonnier t’es bête, bête
Je vois s’entrebattre des gestes Qu’est-c’ que t’as donc dans la tête, tête
Tout’ la comédie des amours Crois-tu que mon cœur s’achète, chète
Sur cet air qui va toujours Avec un’ pair’ de souliers ?

Padam… Padam… Padam… Mais à peine la belle avait-elle fait trois pas
Des « Je t’aim’ » de quatorze Juillet Que ses p’tits souliers fur’nt ensorcelés
Padam… Padam… Padam… Ell’ se mit à tourner, comme un’ toupie déréglée
Des « toujours » qu’on achète au rabais Et les musiciens n’y comprenaient rien
Padam… Padam… Padam… Ell’ tourna, tourna jusqu’au petit matin
Des « veux-tu », en voilà par paquet Et tout épuisée se mit à pleurer
Et tout ça pour tomber Ell’ tourna, tourna jusqu’au petit matin
Juste au coin d’ la rue Et tout épuisée se mit à pleurer
Sur l’air qui m’a reconnue
Petit cordonnier arrête, rête
[Padam… Padam… Padam…] Je me sens tourner la tête, tête
Ecoutez le chahut qu’il me fait Tu ne dois pas être bête, bête
[Padam… Padam… Padam…] Pour m’avoir ensorcelée
Comm’ si tout mon passé défilait
Padam… Padam… Padam… Petit cordonnier arrête, rête
Faut garder du chagrin pour après Que ta volonté soit faite, faite
J’en ai tout un solfèg’ Tout’ la vie le cœur en fête, fête
Sur cet air qui bat Dans tes bras je veux danser
Qui bat, comme un cœur de bois
10
z La Valse brune Que l’ jeune homm’ à la main tenait
Par. G. Villard, mus. G. Krier (1909) négligemment

1) Ils ne sont pas des gens à valse lente 3) En voyant l’émoi d’ la d’moiselle
Les beaux rôdeurs qui glissent dans la nuit Il s’approcha un p’tit peu d’elle
Ils lui préfèrent la valse entraînante Et comm’ en chaque homm’ tout de suite
Souple et rapide, où l’on tourne sans bruit S’éveill’ le démon qui l’habite
Silencieux ils enlacent leurs belles Le jeune homm’ lui sortit sa... carte
Mêlant la cotte avec le cotillon Et lui dit j’ m’appelle Jules et j’habite rue
Légers, légers, ils partent avec elles Descartes
Dans un gai tourbillon
4) L’ métro continue son voyage
Refrain Ell’ se dit c’ jeune homme n’est pas sage
C’est la valse brune des chevaliers de la lune Je sens quelque chos’ de pointu
Que la lumière importune Qui d’un air ferme et convaincu
Et qui recherchent un coin noir Cherche à pénétrer dans mon... cœur
C’est la valse brune des chevaliers de la lune Ah qu’il est doux d’aimer, quel frisson de
Chacun avec sa chacune la danse le soir bonheur

2) Ils ne sont pas tendres pour leurs épouses 5) Ainsi à Paris quand on s’aime
Et quand il faut, savent les corriger, On peut se le dir’ sans problème
Un seul soupçon de leurs âmes jalouses Peu importe le véhicule
Et les rôdeurs sont prêts à se venger N’ayons pas peur du ridicule
Tandis qu’ils font à Berthe, à Léonore, Dit’s lui simplement je t’en... prie
Un madrigal en vers de leur façon Viens donc à la maison manger des spaghetti
Un brave agent de son talon sonore
Souligne la chanson
z La Vie en rose
3) Quand à la nuit le rôdeur part en chasse Par. E. Piaf, mus. Louiguy (1946)
Et qu’à la gorge il saisit un passant
Les bons amis pour que tout bruit s’efface 1) Des yeux qui font baisser les miens
Non loin de lui chantent en s’enlaçant Un rir’ qui se perd sur sa bouch’
Tandis qu’il pille un logis magnifique Voilà le portrait sans retouch’
Ou d’un combat qu’il sait sortir vainqueur De l’homme auquel j’appartiens
Les bons bourgeois, grisés par la musique,
Murmurent tous en chœur Refrain
Quand il me prend dans ses bras
Il me parle tout bas
z La jeune fille du métro Je vois la vie en rose
(Idylle souterraine, L. Henneve et G. Gabaroche Il me dit des mots d’amour
1933, dernier couplet Renaud) Des mots de tous les jours
Et ça m’ fait quelque chose
1) C’était un’ jeune fille simple et bonne Il est entré dans mon cœur
Qui demandait rien à personne Une part de bonheur
Un soir dans l’ métro y’avait presse Dont je connais la cause
Un jeune homm’ osa je l’ confesse C’est lui par moi,
Lui passer la main sur les... ch’veux Moi par lui, dans la vie
Comme elle était gentille ell’ s’approcha un peu Il me l’a dit, l’a juré pour la vie
Et dès que je l’aperçois
2) Mais comme ell’ craignait pour ses robes Alors je sens en moi
A ses attaques ell’ se dérobe Mon cœur qui bat
Sentant quelqu’ chos’ qui la chatouille
Derrièr’ son dos ell’ tripatouille 2) Des nuits d’amour à en mourir
Et tomb’ sur une bell’ pair’ de... gants Un grand bonheur qui prend sa place
Les ennuis les chagrins s’effacent
Heureux, heureux pour mon plaisir
11
z Coin de rue Ce doux refrain de nos faubourgs
C. Trenet (1954) Parle si gentiment d’amour
Que tout le monde en est épris
1) Je m’ souviens d’un coin de rue C’est la romance de Paris
Aujourd’hui disparu Que tout le monde en est épris
Mon enfance jouait par là C’est la romance de Paris
Je m’ souviens de cela
Il y avait une palissad’ La banlieue était leur vrai domaine
Un taillis d’embuscad’s Ils partaient à la fin d’ la semaine
Les voyous de mon quartier Dans les bois pour cueillir le muguet
Venaient s’y batailler Ou sur un bateau pour naviguer
A présent il y a un café Ils buvaient aussi dans les guinguettes
Un comptoir flambant qui fait d’ l’effet Le vin blanc qui fait tourner la tête
Une fleuris-te qui vend ses fleurs aux amants Et quand ils se donnaient un baiser, oui
Et mêm’ aux enterrements Tous les couples en dansant se disaient

2) Je revois mon coin de rue C’est ici que s’arrêt’ mon histoire
Aujourd’hui disparu Aurez-vous de la peine à me croire
Je m’ souviens d’un triste soir Si je vous dis qu’ils s’aimèr’nt chaque jour
Où le cœur sans espoir Qu’ils vieillir’nt avec leur tendre amour
Je pleurais en attendant Qu’ils fondèr’nt un’ famille admirable
Un amour de quinze ans Et qu’ils eur’nt des enfants adorables
Un amour qui fut perdu Qu’ils mourur’nt gentiment, inconnus, oui
Juste à ce coin de rue En partant comme ils étaient venus
Et depuis j’ai beaucoup voyagé
Trop souvent en pays étrangers
Mondes neufs, constructions et démolitions z Où sont tous mes amants
Vous m’ donnez des visions Par. M. Vandair, mus. Charlys (1935)

3) Je crois voir mon coin de rue Refrain


Et soudain apparus Où sont tous mes amants
Je revois ma palissad’ Tous ceux qui m’aimaient tant
Mes copains, mes glissad’s Jadis, quand j’étais belle
Mon muguet d’ deux sous d’ printemps Adieu les infidèles
Mes quinze ans, mes vingt ans Ils sont je ne sais où, à d’autres rendez-vous
Tout c’ qui fut et qui n’est plus Moi, mon cœur n’a pas vieilli pourtant
Tout mon vieux coin de rue Où sont tous mes amants

1) Dans la tristesse et la nuit qui revient


z La Romance de Paris Je reste seule, isolée, sans soutien
C. Trenet (1941) Sans nulle entrave, mais sans amour
Comme une épave, mon cœur est lourd
Ils s’aimaient depuis deux jours à peine Moi qui jadis ai connu le bonheur
Y a parfois du bonheur dans la peine Les soirs de fête et les adorateurs
Mais depuis qu’ils étaient amoureux Je suis esclave des souvenirs
Leur destin n’était plus malheureux Et cela me fait souffrir
Ils vivaient avec un rêve étrange
Et ce rêve était bleu comm’ les anges 2) La nuit s’achève et quand vient le matin
Leur amour était un vrai printemps, oui ! La rosée pleure avec tous mes chagrins
Aussi pur que leurs tendres vingt ans Toux ceux que j’aime, qui m’ont aimée,
Dans le jour blême sont effacés
Refrain Je vois passer du brouillard sur mes yeux
C’est la romance de Paris Tous ces pantins que je vois ce sont eux
Au coin des rues elle fleurit Luttant quand même, suprême effort,
Ça met au cœur des amoureux Je crois les étreindre encore
Un peu de rêve et de ciel bleu
12
z Le Temps des cerises Pour vous, grands de la terre
Par. J.-B. Clément (1866), mus. A. Renard (1868) Et nous, pauvres canuts,
Sans drap on nous enterre
Quand nous chanterons le temps des cerises C’est nous les canuts
Et gais rossignols, et merles moqueurs Nous sommes tout nus
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête Mais notre règne arrivera
Et les amoureux du soleil au cœur Quand votre règne finira
Quand nous chanterons le temps des cerises Mais notre règne arrivera
Sifflera bien mieux le merle moqueur Quand votre règne finira
Nous tisserons
Mais il est bien court le temps des cerises Le linceul du vieux monde
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant Car on entend déjà
Des pendants d’oreille La tempête qui gronde
Cerises d’amour aux roses pareilles C’est nous les canuts
Tombant sous la feuille en gouttes de sang Nous n’irons plus nus
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant
z La Marseillaise
Quand vous en serez au temps des cerises Rouget de Lisle (1792)
Si vous avez peur des chagrins d’amour
Evitez les belles 1) Allons enfants de la Patrie !
Moi qui ne crains pas les peines cruelles Le jour de gloire est arrivé
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour Contre nous de la tyrannie
Quand vous en serez au temps des cerises L’étendard sanglant est levé (bis)
Vous aurez aussi des peines d’amour Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
J’aimerai toujours le temps des cerises Ils viennent jusque dans vos bras
C’est de ce temps-là que je garde au cœur Egorger vos fils, vos compagnes
Une plaie ouverte
Et dame fortune en m’étant offerte Refrain
Ne saura jamais calmer ma douleur Aux armes, citoyens !
J’aimerai toujours le temps des cerises Formez vos bataillons !
Et le souvenir que je garde au cœur Marchons ! Marchons !
Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons
z Les Canuts
(Aristide Bruant, 1894 – et non 1831) 2) Que veut cette horde d’esclaves
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour chanter Veni Creator Pour qui ces ignobles entraves
Il faut une chasuble d’or Ces fers dès longtemps préparés (bis)
Pour chanter Veni Creator Français pour nous, ah quel outrage
Il faut une chasuble d’or Quels transports il doit exciter !
Nous en tissons C’est nous, qu’on ose méditer
Pour vous, grands de l’Eglise De-e rendre à l’antique esclavage !
Et nous, pauvres canuts
N’avons pas de chemise 3) Nous entrerons dans la carrière
C’est nous les canuts Quand nos aînés n’y seront plus
Nous sommes tout nus Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus (bis)
Pour gouverner il faut avoir Bien moins jaloux de leur survivre
Manteaux ou rubans en sautoir Que de partager leur cercueil
Pour gouverner il faut avoir Nous aurons le sublime orgueil
Manteaux ou rubans en sautoir De-e les venger ou de les suivre
Nous en tissons
13
z Sous le ciel de Paris z Tourbillon
Par. J. Dréjac, mus. H. Giraud (1951) Par. et mus. Bassiak (1962)

Sous le ciel de Paris 1) Elle avait des bagues à chaque doigt


S’envole une chanson hum hum Des tas d’ bracelets autour des poignets
Elle est née d’aujourd’hui Et puis elle chantait avec une voix
Dans le cœur d’un garçon Qui sitôt m’enjôla
Sous le ciel de Paris Elle avait des yeux des yeux d’opale
Marchent des amoureux hum hum Qui m’ fascinaient, qui m’ fascinaient
Leur bonheur se construit Y avait l’ovale de son visage
Sur un air fait pour eux De femme fatale qui m’ fut fatale
Sous le pont de Bercy De femme fatale qui m’ fut fatale
Un philosophe assis
Deux musiciens quelques badauds On s’est connu, on s’est reconnu
Puis les gens par milliers On s’est perdu d’ vue, on s’est reperdu d’ vue
Sous le ciel de Paris On s’est retrouvé, on s’est réchauffé
Jusqu’au soir vont chanter hum hum Puis on s’est séparé
L’hymne d’un peuple épris de sa vieille cité Chacun pour soi on est reparti
Dans l’ tourbillon d’ la vie
Près de Notre-Dame Je l’ai r’vue un soir, aïe aïe aïe,
Parfois couve un drame Ça fait déjà un fameux bail
Oui mais à Paname Ça fait déjà un fameux bail
Tout peut s’arranger
Quelques rayons du ciel d’été 2) Au son des banjos je l’ai reconnue
L’accordéon d’un marinier Ce curieux sourire qui m’avait tant plu
L’espoir fleurit Sa voix si fatale, son beau visage pâle
Au ciel de Paris M’émurent plus que jamais
Je m’ suis soûlé en l’écoutant
Sous le ciel de Paris L’alcool fait oublier le temps
Coule un fleuve joyeux hum hum Je m’ suis réveillé en sentant
Il endort dans la nuit Des baisers sur mon front brûlant
Les clochards et les gueux Des baisers sur mon front brûlant
Sous le ciel de Paris
Les oiseaux du Bon Dieu hum hum On s’est connu, on s’est reconnu
Viennent du monde entier On s’est perdu d’ vue, on s’est reperdu d’ vue
Pour bavarder entre eux On s’est retrouvé, on s’est réchauffé
Et le ciel de Paris Puis on s’est séparé
A son secret pour lui Chacun pour soi on est reparti
Depuis vingt siècles il est épris Dans l’ tourbillon d’ la vie
De notre île Saint-Louis Je l’ai r’vue un soir, ah la la,
Elle est retombée dans mes bras
Quand elle lui sourit Elle est retombée dans mes bras
Il met son habit bleu hum hum
Quand il pleut sur Paris Quand on s’est connu,
C’est qu’il est malheureux Quand on s’est reconnu
Quand il est trop jaloux Pourquoi s’ perdre de vue se reperdre de vue
De ses millions d’amants hum hum Quand on s’est retrouvé,
Il fait gronder sur eux Quand on s’est réchauffé
Son tonnerre éclatant Pourquoi se séparer ?
Et tous deux on est reparti
(Monter d’un demi-ton) Dans l’ tourbillon d’ la vie
Mais le ciel de Paris On a continué à tourner
N’est pas longtemps cruel hum hum Tous les deux enlacés
Pour se fair’ pardonner Tous les deux enlacés
Il offre un arc-en-ciel
14
z Ta voix z Ma môme
E. Recagno, R. Dumas (1930) Paroles: Pierre Frachet. Musique: Jean Ferrat
(1968)
1) C’était par une nuit divine
Que de ta voix câline Ma môme, ell' joue pas les starlettes
Tu me pris jusqu’au jour Ell' met pas des lunettes
Pour toi, ce n’était que foli-e De soleil
Et je jurai, meurtri-e, Ell' pos' pas pour les magazines
D’oublier ton amour Ell' travaille en usine
A Créteil
Mais quand j’entends ta voix
Qui chante comme une berceuse Dans une banlieue surpeuplée
J’adore malgré moi On habite un meublé
Tes paroles même trompeuses Elle et moi
En rêve je revois La fenêtre n'a qu'un carreau
Tes étreintes si langoureuses Qui donne sur l'entrepôt
Et j’oublie ma vie douloureuse Et les toits
Lorsque j’entends ta voix
On va pas à Saint-Paul-de-Vence
2) Souvent, seule avec ma souffrance On pass' tout's nos vacances
J’ai rêvé de vengeance A Saint-Ouen
Avec un autre amant Comme famille on n'a qu'une marraine
Lui dire à lui, bonheur suprême Quelque part en Lorraine
« Oui, c’est toi seul que j’aime » Et c'est loin
Voilà mon châtiment
Mais ma môme elle a vingt-cinq berges
Mais quand j’entends ta voix Et j'crois bien qu'la Saint'Vierge
Qui me prend et qui m’ensorcelle Des églises
Remplie d’un fol émoi N'a pas plus d'amour dans les yeux
C’est toi seul que mon cœur appelle Et ne sourit pas mieux
Et je m’en viens vers toi Quoi qu'on dise
Comme un chien soumis et fidèle
L’existence me semble belle L'été quand la vill' s'ensommeille
Lorsque j’entends ta voix Chez nous y a du soleil
Qui s'attarde
3) Pourtant cette vie me tourmente Je pose ma tête sur ses reins
Un noir dessein me hante Je prends douc'ment sa main
Je voudrais en finir Et j'la garde
D’un coup... te tuer de cette arme
Puis les yeux pleins de larmes On s'dit toutes les choses qui nous viennent
Pleurer ton souvenir C'est beau comm' du Verlaine
On dirait
Mais quand j’entends ta voix On regarde tomber le jour
De mon cœur s’efface la haine Et puis on fait l'amour
Et je sens malgré moi En secret
Que vers toi mon destin m’entraîne
Je subirai ta loi Ma môme, ell' joue pas les starlettes
Que tes bras me servent de chaîne Ell' met pas des lunettes
Tu le vois je redeviens tienne De soleil
Lorsque j’entends ta voix ! Ell' pos' pas pour les magazines
Ell' travaille en usine
A Créteil
15
z L’Air de Paris Porte en lui tout l’amour
Par. F. Lemarque, Mus. M. Heyrai (1957) Du monde entier
Puisqu’il nous l’a donné
On ne saura jamais A quoi bon chercher
Si c’est en plein jour A quoi bon savoir
Ou si c’est la nuit Ce que l’on ne saura jamais
Que naquit
Dans l’Ile Saint-Louis
L’ange ou bien le démon z La Bicyclette
Qui n’a pas de nom Par. P. Barouh, mus. F. Lai (1968)
Et que l’on appelle
Aujourd’hui 1) Quand on partait de bon matin
L’Air de Paris Quand on partait sur les chemins
Peut-être est-il venu A bicyclette
Au coin d’une rue Nous étions quelques bons copains
Comme un enfant perdu Y’avait Fernand, y’avait Firmin
L’Air de Paris Y’avait Francis et Sébastien
Ou là-haut dans le ciel Et puis Paulette
Passant d’un coup d’aile On était tous amoureux d’elle
Est-il descendu On se sentait pousser des ailes
Jusqu’à nous A bicyclette
L’Air de Paris Sur les petits chemins de terre
On a souvent vécu l’enfer
Toi tu es arrivée Pour ne pas mettre pied à terre
Deux mille ans après Devant Paulette
Moi je t’ai trouvée
Simplement 2) Faut dire qu’elle y mettait du cœur
Sans te chercher C’était la fille du facteur
Devant un café-crêm’ A bicyclette
Dans le matin blêm’ Et depuis qu’elle avait huit ans
Je t’ai dit « Je t’aim’ » Elle avait fait en le suivant
Souviens-toi Tous les chemins environnants
Nous étions là A bicyclette
Deux ombres que la vie Quand on approchait d’ la rivière
Avait réunies On déposait dans les fougères
En plein cœur de Paris Nos bicyclettes
Tout endormi Puis on se roulait dans les champs
On s’est aimé d’amour Faisant naître un bouquet changeant
Et depuis ce jour De sauterelles, de papillons
Tout notre passé Et de reinettes
S’est changé
En avenir 3) Quand le soleil à l’horizon
Profilait sur tous les buissons
On ne saura jamais Nos silhouettes
Si c’est en plein jour On revenait fourbus, contents
Ou si c’est la nuit Le cœur un peu vague pourtant
Que naquit De n’être pas seul un instant
L’Air de Paris Avec Paulette
On ne saura jamais Prendre furtivement sa main
Si le même jour Oublier un peu les copains,
L’Amour vit le jour La bicyclette
Avec lui On se disait c’est pour demain
Dans l’Ile Saint-Louis J’oserai, j’oserai... demain
On ne saura jamais Quand on ira sur les chemins
Si l’Air de Paris A bicyclette
16
z Sous les toits de Paris Quelle joie pour Nini
Par. R. Nazelles, mus. R. Moretti (1930) De r’trouver un passé tant chéri
Quand il dit : « Maintenant
1) Quand elle eut vingt ans, sa vieille maman Tu sais, c’est le moment
Lui dit un jour tendrement : Faut s’ marier tous les deux gentiment
« Dans notre log’ment, j’ai peiné souvent Car rien n’est cassé, tout est effacé
Pour t’él’ver fallait d’ l’argent Oublie le passé, et viens m’embrasser »
Mais t’as compris, un peu plus chaque jour Vit’ Nini pardonna
Ce que c’est le bonheur, mon amour Et l’ bonheur s’installa
Sous les toits de Paris c’est comm’ ça
Sous les toits de Paris, tu vois ma p’tit’ Nini
On peut vivre heureux et bien unis
Nous somm’s seul’s ici-bas z Accordéon
On n’ s’en aperçoit pas S. Gainsbourg (1962)
On s’ rapproch’ un peu plus et voilà
Tant que tu m’aim’s bien 1) Dieu que la vie est cruelle
J’ n’ ai besoin de rien Au musicien des ruelles
Près de ta maman Son copain son compagnon
Tu n’as pas d’ tourments C’est l’accordéon
C’est ainsi, qu’ cœur à cœur Qui c’est-y qui l’aide à vivre
On cueill’, comme une fleur A s’asseoir quand il s’enivre
Sous les toits de Paris, le bonheur C’est-y vous c’est moi, mais non
C’est l’accordéon
2) Un jour sans façon un joli garçon
Comme on chant’ dans les chansons Refrain
Lui fit simplement Accordez accordez accordez donc
Quelques compliments L’aumône à l’accordé l’accordéon
La grisa de boniments
« Nini, j’ te jur’ ça s’ fait plus la vertu 2) Ils sont comm’ cul et chemise
Je t’ador’, sois à moi, dis veux-tu ? Et quand on les verbalise
Il accompagne au violon
Sous les toits de Paris Son accordéon
Dans ma chambr’, ma Nini Il passe une nuit tranquille
On s’aim’ra, c’est si bon d’être unis Puis au matin il refile
C’est quand on a vingt ans Un peu d’air dans les poumons
Quand fleurit le printemps De l’accordéon
Qu’il faut s’aimer,
Sans perdre un instant » 3) Quand parfois il lui massacre
L’air était très pur Ses petits boutons de nacre
Et le ciel d’azur Il en fauche à son veston
Ell’ dit « Je n’ veux pas ! » Pour l’accordéon
Puis elle se donna Lui, emprunte ses bretelles
C’est ainsi qu’en ce jour Pour secourir la ficelle
Le vainqueur, comm’ toujours Qui retient ses pantalons
Sous les toits de Paris, fut l’amour En accordéon

3) Malgré les serments, 4 ) Mais un jour par lassitude


Hélas son amant Il laiss’ra la solitude
La quitta cruellement Se pointer à l’horizon
La pauvre Nini De l’accordéon
Pleura bien des nuits Il en tirera cinquante
Un soir on f’rapp’, c’était lui Centimes à la brocante
Il supplia : « Ma chérie, j’ai eu tort, Et on f’ra plus attention
Pardonn’-moi, tu sais je t’aime encor » A l’accordéon
Sous les toits de Paris
17
z Si tu veux... Marguerite L’soir d’ la noce après la fête
Par. V. Telly, mus. A. Valsien (1912) Ell’ me dit en tête à tête
Toi tu m’as donné
1) Connaissez-vous Marguerite Ton nom à porter
Une femm’ ni grand’ ni p’tite Moi j’ peux plus rien te r’fuser
Qu’a des yeux troublants Ayant tiré les verrous
Un teint rose et blanc Ell’ me dit mon cher époux
Une petit’ bouch’ d’enfant
Eh bien cett’ beauté suprême Dernier refrain
Quand je lui ai dit je t’aime Maintenant pour ton bonheur
M’a donné des fleurs Marguerite, Marguerite
Me disant farceur Maintenant, pour ton bonheur
Je veux faire ton bonheur ! Marguerite te donn’ son cœur !
J’ lui dis merci du bouquet
Mais c’ n’est pas ça qu’il faudrait :
z Les Amants d’un jour
Refrain Par. C. Delecluse et M. Senlis, mus. M. Monnot
Si tu veux fair’ mon bonheur (1956)
Marguerite, Marguerite
Si tu veux fair’ mon bonheur Moi j’essuie les verr’s au fond du café
Marguerit’ donn’ moi ton cœur J’ai bien trop à fair’ pour pouvoir rêver
Et dans ce décor banal à pleurer
2) Ell’ me dit comm’ c’est dimanche Il me sembl’ encor’ les voir arriver
Je vais mettr’ ma robe blanche Ils sont arrivés se tenant par la main
Mes souliers d’ satin L’air émerveillé de deux chérubins
Et dans un sapin Portant le soleil ils ont demandé
Nous filons à Tabarin D’une voix tranquille, un toit pour s’aimer
Ell’ ne dansait pas en m’sure Au cœur de la ville et je me rappelle
Ell’ piétinait ma chaussure Qu’ils ont regardé d’un air attendri
Dans mon œil bientôt La chambre d’hôtel au papier jauni
Ell’ me plant’ presto Et quand j’ai fermé la porte sur eux
L’épingle de son chapeau Y’avait tant d’ soleil au fond de leurs yeux
Tu me crèv’s l’œil, c’est gentil Que ça m’a fait mal, que ça m’a fait mal
Mais c’est pas ça qui m’ suffit !
Moi j’essuie les verr’s au fond du café
3) Le soir même sous sa fenêtre J’ai bien trop à fair’ pour pouvoir rêver
J’chantais pour la voir paraître Et dans ce décor banal à crever
Je suis malheureux C’est corps contre corps qu’on les a trouvés
Car tes jolis yeux On les a trouvés se tenant par la main
Ont mis tout mon cœur en feu ! Les yeux refermés vers d’autres matins
Alors elle par bonté d’âme Remplis de soleil on les a couchés
M’envoie pour éteindr’ ma flamme Unis et tranquilles dans un lit creusé
Un seau d’eau viv’ment Au cœur de la ville et je me rappelle
M’disant gentiment Avoir refermé dans le petit jour
Es-tu plus heureux maint’nant ? La chambre d’hôtel des amants d’un jour
J’ lui dis merci du seau d’eau Mais ils m’ont planté tout au fond du cœur
Mais c’est pas ça qu’il me faut Un bout d’ leur soleil et tant de couleurs
Que ça me fait mal, que ça me fait mal
4) Comm’ c’est un’ jeun’ fill’ bien sage
Ell’ dit j’ connais que l’ mariage Moi j’essuie les verr’s au fond du café
Je lui dis j’ veux bien J’ai bien trop à fair’ pour pouvoir rêver
Et dès l’ lendemain Et dans ce décor banal à pleurer
Son père m’accordait sa main Y’a toujours dehors la chambre à louer
18
z Pour une amourette Longtemps quelquefois,
Lény Escudéro (1962) Va sécher tes larmes
A un nouvel amour,
Pour un’ amourette De jeter déjà
Qui passait par là, Les peines d'un jour.
J'ai perdu la tête Un’ p’tit’ amourette
Et puis me voilà, Un jour reviendra,
Pour une amourette Te tourner la tête
Qui se posait là, Te tendre les bras,
Pour un’ amourette Chanter la romance
Qui m’tendait les bras… Ou le rêve joli,
Pour une amourette Mais je sais d'avance
Qui me disait viens, Que tu diras oui…
J'ai cru qu'une fête Alors les amours,
Dans’ et tend les mains, Pour toi refleuriront
Pour un’ amourette Tu aimeras encore
Qui f’sait du bonheur, A la belle saison
J'ai fui la planète Un’ p’tit’ amourette
Pour la suivr’ ailleurs… Jamais trop jolie
Alors je m’ suis dit Quand on sait d'avance
T'es au bout du chemin Ce que dure la vie…
Tu peux t'arrêter là
Te reposer enfin
Et lorsque l'amour z J’ai deux amours
S'est noyé dans ses yeux Par. G. Keger et H. Varna, mus. C. Vence (1930)
J'ai cru que je venais
D'inventer le ciel bleu… 1) On dit qu’au delà des mers
Là-bas sous le ciel clair
Pour un’ amourette Il existe une cité
Qui m'avait souri, Au séjour enchanté
Je m’ suis fait honnête Et sous les grands arbres noirs
J'ai changé ma vie, Chaque soir
Pour un’ amourette Vers elle s’en va tout mon espoir
Qui savait m’aimer,
Pour un’ amourette Refrain
Qui croyait m'aimer… J’ai deux amours
Pour un’ amourette Mon pays et Paris
L'amour éternel, Par eux toujours
Dur’ le temps d'un’ fête Mon cœur est ravi
Le temps d'un soleil, Ma savane est belle
Et mon amourette Mais à quoi bon le nier
Qui était trop jolie, Ce qui m’ensorcelle
Vers d'autres conquêtes C’est Paris, Paris tout entier
Bientôt repartit… Le voir un jour
Le premier adieu C’est mon rêve joli
A gardé son secret J’ai deux amours
Ell’ emportait l'amour Mon pays et Paris
Me laissant les regrets
Mais le dieu Printemps 2) Quand sur la rive parfois
Au loin refleurissait Au lointain j’aperçois
Et tout contre mon cœur Un paquebot qui s’en va
Déjà il me disait : Vers lui je tends les bras
Et le cœur battant d’émoi
Un’ p’tit’ amourette A mi-voix
Faut la prendr’ comme ça, Doucement je dis "emporte-moi !"
Un jour, deux peut-être
19
z Où est-il donc ? Où sont-ils tous nos vieux bals musette ?
Par. A. Decaye et L. Carol, mus. V. Scotto (1925) Leurs javas au son d’ l’accordéon ?
Où sont-ils tous mes r’pas sans galette,
1) Y’en a qui vous parl’nt de l’Amérique, Avec un cornet d’ frites à deux ronds
Ils ont des visions de cinéma ; Où sont-ils donc ?
Ils vous dis’nt "quel pays magnifique,
Notre Paris n’est rien auprès d’ ça". Reprise à l’accordéon, puis :
Ces boniments-là rend’nt moins timide, Où sont-ils tous mes vieux bals musette ?
Bref l’on y part, un jour de cafard... Leurs javas au son d’ l’accordéon ?
Ça f’ra un d’ plus qui, le ventre vide, Où sont-ils tous mes r’pas sans galette,
A New York cherchera un dollar Quand j’ bouffais même sans avoir un rond
Parmi les gueuses et les proscrits, Où sont-ils donc ?
Des émigrants au cœur meurtri,
Il dira, regrettant Paris
z La Belle de Cadix
Refrain Par. M. Vandair, mus. F. Lopez (1945)
Où est-il, mon Moulin d’ la Place Blanche ?
Mon tabac et mon bistro du coin ? La Belle de Cadix a des yeux de velours
Tous les jours pour moi c’était Dimanche ! La Belle de Cadix vous invite à l’amour
Où sont-ils, les amis, les copains ? Les caballeros sont là
Où sont-ils tous mes vieux bals musette ? Si dans la posada
Leurs javas au son d’ l’accordéon ? On apprend qu’elle danse
Où sont-ils tous mes r’pas sans galette ? Et pour ses jolis yeux noirs
Avec un cornet d’ frites à deux ronds Les hidalgos le soir
Où sont-ils donc ? Viennent tenter la chance
Mais malgré son sourire et son air engageant
2) D’autres croyant gagner davantage La Belle de Cadix ne veut pas d’un amant
Font des rêves d’or encore plus beaux Chica ! chica ! chic ! Ay ! Ay ! Ay ! (ter)
Pourquoi risquer un si long voyage Ne veut pas d’un amant
Puisque Paris est plein de gogos ?
On monte une affaire colossale, La Belle de Cadix a des yeux langoureux
Avec l’argent du bon populo, La Belle de Cadix a beaucoup d’amoureux
Mais un jour, crac... c’est le gros scandale : Juanito de Cristobal
Monsieur couch’ra ce soir au dépôt ! Tuerait bien son rival
Et demain on le conduira Un soir au clair de lune
Pour dix années à Nouméa Et Pedro le matador
Encor un de plus qui dira : Pour l’aimer plus encor
Donnerait sa fortune
3) Mais Montmartre semble disparaître Mais malgré son sourire et son air engageant
Car déjà de saison en saison La Belle de Cadix n’a jamais eu d’amant
Des Abbesses à la Place du Tertre, Chica ! chica ! chic ! Ay ! Ay ! Ay ! (ter)
On démolit nos vieilles maisons. N’a jamais eu d’amant
Sur les terrains vagues de la butte
De grandes banques naîtront bientôt La Belle de Cadix est partie un beau jour
Où ferez-vous alors vos culbutes, La Belle de Cadix est partie sans retour
Vous les pauvres gosses à Poulbot ? Elle a dansé une nuit
En regrettant le temps jadis Dans le monde et le bruit
Nous chant’rons, pensant à Salis Toutes les seguedillas
Montmartre ton "De profundis" ! Et puis dans le clair matin
Elle a pris le chemin
Dernier Refrain Qui mène à Santa-Filla
Où est-il, mon Moulin d’ la Place Blanche ? La Belle de Cadix n’a jamais eu d’amant
Mon tabac et mon bistro du coin ? La Belle de Cadix est entré au couvent
Tous les jours pour nous c’était Dimanche ! Chica ! chica ! chic ! Ay ! Ay ! Ay ! (ter)
Où sont-ils, nos amis, nos copains ? Est entrée au couvent
20
z Siffler sur la colline Mais qui en disent long
Paroles et Musique: Jean-Michel Rivat et Frank En voyant notre mine ravie
Thomas (1968) Les passants dans la rue nous envient
C’est si bon de guetter dans ses yeux
Oh oh, oh oh - Oh oh, oh oh Un espoir merveilleux
Qui donne le frisson
Je l'ai vu près d'un laurier, elle gardait ses C’est si bon ces petit’s sensations
blanches brebis Ça vaut mieux qu’un million
Quand j'ai demandé d'où venait sa peau fraîche Tell’ment, tell’ment c’est bon
elle m'a dit
C'est d'rouler dans la rosée qui rend les bergères 2) Vous devinez quel bonheur est le nôtre
jolies Et si je l’aim’ vous comprenez pourquoi
Mais quand j'ai dit qu'avec elle je voudrais y Elle m’enivre et je n’en veux plus d’autres
rouler aussi Car elle est tout’s les femmes à la fois
Ell’ me fait Oh ! Ell’ me fait Ah !
Elle m'a dit ...
Elle m'a dit d'aller siffler là-haut sur la colline C’est si bon de pouvoir l’embrasser
De l'attendre avec un petit bouquet d'églantines Et puis d’ recommencer
J'ai cueilli des fleurs A la moindre occasion
et j'ai sifflé tant que j'ai pu C’est si bon de jou-er du piano
J'ai attendu, attendu, elle n'est jamais venue Tout le long de son dos
Tandis que nous dansons
A la foire du village, un jour je lui ai soupiré C’est inouï ce qu’elle a pour séduire
Que je voudrais être une pomme suspendue à un Sans parler de c’ que je n’ peux pas dire
pommier C’est si bon quand j’ la tiens dans mes bras
Et qu'à chaque fois qu'elle passe elle vienne me De me dir’ que tout ça
mordre dedans C’est à moi pour de bon
Mais elle est passée et tout en me montrant ses C’est si bon et si nous nous aimons
jolies dents Cherchez pas la raison
C’est parc’ que c’est si bon
Elle m'a dit ... C’est parc’ que c’est... trop... bon
Elle m'a dit d'aller siffler là-haut sur la colline
De l'attendre avec un petit bouquet d'églantines
J'ai cueilli des fleurs et j'ai sifflé tant que j'ai pu z La Javanaise
J'ai attendu, attendu, elle n'est jamais venue S. Gainsbourg (1962)

Zaï Zaï Zaï Zaï, Zaï Zaï Zaï Zaï (2x) 1) J’avoue, j’en ai bavé, pas vous, mon amour
Oh oh, oh oh (2x) Avant d’avoir eu vent de vous, mon amour

Refrain
z C’est si bon Ne vous déplaise
Par. A. Hornez, mus. H. Betti (1947) En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
1) Je ne sais pas s’il en est de plus blonde Le temps d’une chanson
Mais de plus belle il n’en est pas pour moi
Elle est vraiment toute la joie du monde 2) A votre avis qu’avons-nous vu, de l’amour
Ma vie commence dès que je la vois De vous à moi, vous m’avez eu, mon amour
Et je fais : Oh ! Et je fais : Ah !
3) Hélas avril en vain me voue à l’amour
C’est si bon de partir n’importe où J’avais envie de voir en vous cet amour
Bras dessus bras dessous
En chantant des chansons 4) La vie ne vaut d’être vécue sans amour
C’est si bon de se dir’ des mots doux Mais c’est vous qui l’avez voulu mon amour
Des petits riens du tout
21
z La Mattchiche Et mieux qu’ le cak’-walk
Chanson populaire espagnole, par de Briollet et Léo Met l’amour au cœur
Lelièvre, arr. Ch. Borel-Clerc (1924) Dit’s à vos amants
De vous la montrer rapid’ment
1) Un Espagnol sévère C’est la danse nouvelle Mesdemoiselles
D’une ouvrière Dans les bras d’un homm’ tendre
Au moulin d’ la Galette Il faut l’apprendre
Fit la conquête J’ vous souhait’ jusqu’à l’aurore
Il dit à sa compagne D’danser encore
Comme en Espagne Cett’ dans’ qui nous aguiche
Je m’en vais vous montrer Viv’ la Mattchiche
Un pas à la mode Tout doucement
Qui va vous charmer Sans presser le mouv’ment
Amoureusement Ce s’ra charmant
Laissez-vous conduir’ gentiment Car l’amour vous attend
C’est la danse nouvelle Mademoiselle
Ainsi qu’une Espagnole
Lascive et folle z Aux Champs-Elysées
Il faut cambrer la taille (Waterloo road, par. fr. de P. Delanoë,
D’un air canaille par. orig. et mus. M. Wilsh et M. Deighan, 1969)
Cett’ dans’ qui nous aguiche
C’est la Mattchiche 1) Je m’ baladais sur l’Avenue
Allons douc’ment Le cœur ouvert à l’inconnu
Ne pressons pas l’ mouv’ment J’avais envie de dire bonjour
C’est palpitant et ça dur’ plus longtemps A n’importe qui
N’importe qui et ce fut toi
2) Adorant qu’on la frôle Je t’ai dit n’importe quoi
S’sentant tout’ drôle Il suffisait de te parler
La jolie Montmartroise Pour t’apprivoiser
D’humeur grivoise
Se faisant plus câline Refrain
Tendre et féline Aux Champs-Elysées (bis)
Dit à son hidalgo Au soleil, sous la pluie,
J’ suis fatiguée, allons au dodo A midi, ou à minuit,
Mais vers les minuit Il y a tout c’ que vous voulez
Ils s’ réveillèr’nt en ch’mis’ de nuit Aux Champs-Elysées
Puis redoublant de zèle
La demoiselle 2) Tu m’as dit « J’ai rendez-vous
Dit cett’ dans’ est un rêve Dans un sous-sol avec des fous
Faut que j’ me lève Qui vivent la guitare à la main
Elle est bien plus exquise Du soir au matin »
Quand en chemise Alors je t’ai accompagnée
On saut’ comme une biche On a chanté, on a dansé
Viv’ la Mattchiche Et l’on n’a même pas pensé
O mon Trésor, ma petit’ gueul’ en or, A s’embrasser
Encor, encor, je t’en prie serr’-moi fort
3) Hier soir deux inconnus
3) Depuis lors les p’tit’s femm’s Et ce matin sur l’Avenue
Chaqu’ soir se pâment Deux amoureux tout étourdis
Pour cett’ danse espagnole Par la longue nuit
Qui les rend folles Et de l’Etoile à la Concorde
La Mattchiche prenante Un orchestre à mille cordes
Et délirante Tous les oiseaux du Point du Jour
Maintenant fait fureur Chantent l’Amour
22
z Ah ! le petit vin blanc Demande sévère
Par. J. Dréjac, mus. J. Dréjac et Ch. Borel-Clerc (1943) A la jeune enfant
Ma fille, raconte,
1) Voici le printemps Comment, triste honte,
La douceur du temps As-tu fait ton compte,
Nous fait des avances Réponds, je t’attends
Partez mes enfants
Vous avez vingt ans
Partez en vacances z Mon amant de Saint-Jean
Vous verrez agiles Par. L. Agel, mus. E. Carrara (1942)
Sur l’onde tranquille
Les barques dociles 1) Je ne sais pourquoi j’allai danser
Aux bras des amants A Saint-Jean, au musette
De fraîches guinguettes Mais il m’a suffi d’un seul baiser
Des filles bien faites Pour que mon cœur soit prisonnier
Y a des chansonnettes
Et y a du vin blanc Comment ne pas perdre la tête
Serrée par des bras audacieux
Refrain Car l’on croit toujours
Ah ! le petit vin blanc Aux doux mots d’amour
Qu’on boit sous les tonnelles Quand ils sont dits avec les yeux
Quand les filles sont belles Moi qui l’aimais tant
Du côté de Nogent Je le trouvais le plus beau de Saint-Jean
Et puis de temps en temps Je restais brisée sans volonté
Un air de vieille romance Sous ses baisers
Semble donner la cadence
Pour fauter pour fauter 2) Sans plus réfléchir je lui donnai
Dans les bois dans les prés Le meilleur de mon être
Du côté du côté de Nogent Beau parleur chaque fois qu’il mentait
Je le savais mais je l’aimais
2) Suivons le conseil
Monsieur le soleil Comment ne pas perdre la tête
Connaît son affaire Serrée par des bras audacieux
Cueillons en chemin Car l’on croit toujours
Ce minois mutin Aux doux mots d’amour
Cette robe claire Quand ils sont dits avec les yeux
Venez belle fille Moi qui l’aimais tant
Soyez bien gentille Je le trouvais le plus beau de Saint-Jean
Là, sous la charmille Je restais brisée sans volonté
L’amour nous attend Sous ses baisers
Les tables sont prêtes
L’aubergiste honnête 3) Mais hélas à Saint-Jean comme ailleurs
Y’a des chansonnettes Un serment n’est qu’un leurre
Et y a du vin blanc J’étais folle de croire au bonheur
Et de vouloir garder son cœur
3) A ces jeux charmants
La taille souvent Comment ne pas perdre la tête
Prend de l’avantage Serrée par des bras audacieux
Ce n’est pas méchant Car l’on croit toujours
Ça finit tout l’ temps Aux doux mots d’amour
Par un mariage Quand ils sont dits avec les yeux
Le gros de l’affaire Moi qui l’aimais tant
C’est lorsque la mère Mon bel amour, mon amant de Saint-Jean
Il ne m’aime plus... c’est du passé...
N’en parlons plus
23
z Bambino Les mamans c’est fait pour ça
Nisa, J. Larue, G. Fanciulli (1956) Et là, blotti dans l’ombre de ses bras
Pleure un bon coup et ton chagrin s’envolera
1) Les yeux battus,
La mine triste et les joues blêmes
Tu ne dors plus, z Aragon et Castille
Tu n’es que l’ombre de toi-même Par. B. Lapointe, mus. E. Lorin et Lapointe (1960)
Seul dans la rue,
Tu rôdes comme une âme en peine Refrain
Et tous les soirs, Au pays da-ga d’Aragon
Sous sa fenêtre on peut te voir Il y’avait tu-gu d’une fill’
Je sais bien que tu l’adores Qui aimait les glac’s au citron… et vanille
Et qu’elle a de jolis yeux Au pays de-gue de Castill’
Mais tu es trop jeune encor Il y’avait tun-gun d’un garçon
Pour jouer les amoureux Qui vendait des glaces vanill’… et citron

Et gratte, gratte, sur ta mandoline 1) Moi j’aime mieux les glac’s au chocolat,
Mon petit Bambino Poil aux bras
Ta musique est plus jolie Mais chez mon pâtissier il n’y en a plus,
Que tout le ciel de l’Italie C’est vendu
Et chante, chante de ta voix câline C’est pourquoi je n’en ai pas pris,
Mon petit Bambino Tant pis pour lui
Tu peux chanter tant que tu veux Et j’ai mangé pour tout dessert,
Elle ne te prend pas au sérieux Du camembert
Avec tes cheveux si blonds Le camembert c’est bon quand c’est bien fait,
Tu as l’air d’un chérubin Viv’ l’amour
Va plutôt jouer au ballon A ce propos, rev’nons à nos moutons...
Comme font tous les gamins
2) Vendre des glac’s c’est un très bon métier,
2) Tu peux fumer Poil aux pieds
Comme un monsieur des cigarettes C’est beaucoup mieux que marchand de
Te déhancher mouron,
Sur le trottoir quand tu la guettes Patapon
Tu peux pencher Marchand d’ mouron c’est pas marrant,
Sur ton oreille ta casquette J’ai un parent
Ce n’est pas ça Qui en vendait pour les oiseaux,
Qui dans son cœur te vieillira Mais les oiseaux
L’amour et la jalousie N’en achetaient pas, ils préféraient l’crottin,
Ne sont pas des jeux d’enfant De mouton
Et tu as toute la vie A ce propos, rev’nons à nos agneaux......
Pour souffrir comme les grands
3) Mais la Castill’ ça n’est pas l’Aragon,
Et gratte, gratte, sur ta mandoline Ah ! Mais non
Mon petit Bambino Et l’Aragon ça n’est pas la Castille,
Ta musique est plus jolie Et la fill’
Que tout le ciel de l’Italie S’est passée de glac’s au citron,
Et chante, chante de ta voix câline Avec vanille
Mon petit Bambino Et le garçon n’a rien vendu,
Tu peux chanter tant que tu veux Tout a fondu
Elle ne te prend pas au sérieux Dans un commerce, c’est moch’ quand le fond
Si tu as trop de tourment fond,
Ne le garde pas pour toi Poil aux pieds
Va le dire à ta maman A propos d’ pieds, chantons jusqu’à demain....
24
z Un Gamin d’ Paris Un gamin d’ Paris
Par. M. Micheyl, mus. A. Marès (1951) M’a dit à l’oreille
Si je pars d’ici
Un gamin d’ Paris Sachez que la veille
C’est tout un poème J’aurai réussi
Dans aucun pays A mettre Paris en bouteille
Il n’y a le même
Car c’est un titi
Petit gars dégourdi z Pigalle
Que l’on aime Par. G. Ulmer et G. Koger, mus. G. Ulmer et G.
Un gamin d’ Paris Luypeerts (1946)
C’est le doux mélange
D’un ciel affranchi C’est un’ ru-e, c’est un’ place
Du diable et d’un ange C’est même tout un quartier
Et son œil hardi On en parle, on y passe
S’attendrit devant une orange On y vient du monde entier
Pas plus haut que trois pommes Perchée au flanc de Paname
Il lance un défi De loin, el-le vous sourit
A l’aimable bonhomme Car el-le reflète l’âme
Qui l’appelait : "mon petit" La douceur et l’esprit de Paris
Un gamin d’ Paris Un p’tit jet d’eau, un’ station de métro
C’est une cocarde Entourée de bistrots, Pigalle
Bouton qui fleurit Grands magasins, ateliers de rapins
Dans un pot d’ moutarde Restaurants pour rupins, Pigalle
Il est tout l’esprit Là, c’est l’ chanteur des carr’fours
L’esprit de Paris qui musarde Qui fredonn’ les succès du jour
Ici l’athlète en maillot
Pantalons trop longs pour lui Qui soulèv’ des poids d’ cent kilos
Toujours les mains dans les poches Hôtels meublés discrèt’ment éclairés
On le voit qui déguerpit Où l’on n’ fait que passer, Pigalle
Aussitôt qu’il voit un képi Et vers minuit un refrain qui s’enfuit
D’une boîte de nuit, Pigalle
Un gamin d’ Paris
C’est tout un poème On y croise des visages
Dans aucun pays Communs ou sensationnels
Il n’y a le même On y parle des langages
Car c’est un titi Comme à la tour de Babel
Petit gars dégourdi Et quand vient le crépuscule
Que l’on aime C’est le grand marché d’amour
Il est héritier C’est le coin où déambulent
Lors de sa naissance Ceux qui prennent la nuit pour le jour
De tout un passé Girls et mann’quins, gitan’s aux yeux malins
Lourd de conséquences Qui lisent dans les mains, Pigalle
Et ça il le sait Clochards, cam’lots, tenanciers de bistrots
Bien qu’il ignore l’histoir’ de France Trafiquants de coco, Pigalle
Sachant que sur les places Petit’s femm’s qui vous sourient
Pour un idéal En vous disant : « Tu viens chéri »
Des p’tits gars pleins d’audace Et Prosper qui dans un coin
A leur façon fir’nt un bal Discrèt’ment surveill’ son gagn’ pain
Un gamin d’ Paris Un p’tit jet d’eau, un’ station de métro
Rempli d’insouciance Entourée de bistrots, Pigalle
Gouailleur et ravi Ça vit, ça gueul’, les gens diront c’ qu’ils
De la vie qui danse veul’nt
S’il faut, peut aussi Mais au monde y a qu’un seul Pigalle
Comm’ Gavroch’ entrer dans la danse
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z Le Clair de Lune à Maubeuge Mais moi j’aime pas la frime
Par. P. Perrin, mus. P. Perrin et Cl. Blondy (1962) J’ préfèr’ les p’tits bistrots
3ème cplt : Cathy, Nadine, Elisabeth (mars 2000) Et je dis non,
Non non non non
Je suis allé aux fraises Oui je dis non
Je suis rev’nu d’ Pontoise Non non non non
J’ai filé à l’anglaise non non non non
Avec une tonkinoise Tout ça n’ vaut pas
Si j’ai roulé ma bosse Un’ soirée Bachiques-Bouzou-kes
Je connais l’univers Tout ça n’ vaut pas
J’ai même roulé carrosse Chanter dans l’Jardin des Hall’s
Et j’ai roulé les R Tout ça n’ vaut pas
Et je dis non, Une bonn’ bouteill’, un cass’-croûte
Non non non non Tout ça n’ vaut pas
Oui je dis non Les copains autour d’un bar... à vins
Non non non non
non non non non
Tout ça n’ vaut pas z Chez Laurette
Un clair de lune à Maubeuge Par. M. Delpech, mus. R. Vincent (1965)
Tout ça n’ vaut pas
Le doux soleil de Tourcoing 1) A sa façon de nous app’ler ses gosses
Tout ça n’ vaut pas On voyait bien qu’elle nous aimait beaucoup
Une croisière sur la Meuse C’était chez elle que notre argent de poche
Tout ça n’ vaut pas Disparaissait dans les machines à sous
Des vacances au Kremlin... Bicêtre Après les cours on allait boire un verre
Quand on entrait Laurette souriait
J’ai fait toutes les bêtises Et d’un seul coup nos leçons nos problèmes
Qu’on peut imaginer Disparaissaient quand elle nous embrassait
J’en ai fait à ma guise
Et aussi à Cambrai C’était bien chez Laurette
Je connais toutes les mers Quand on y f’sait la fête
La mer Rouge, la Mer Noire Elle venait vers nous, Laurette
La Mer-diterranée C’était bien, c’était chouette
La Mer de Charles Trenet Quand on était fauché
Et je dis non, Elle payait pour nous, Laurette
Non non non non
Oui je dis non 2) Et plus encore afin qu’on soit tranquille
Non non non non Dans son café y’avait un coin pour nous
non non non non On s’y mettait pour voir passer les filles
Tout ça n’ vaut pas Et j’en connais qui nous plaisaient beaucoup
Un clair de lune à Maubeuge Si par hasard on avait l’âme en peine
Tout ça n’ vaut pas Laurette seule savait nous consoler
Le doux soleil de Tourcoing Elle nous parlait et l’on riait quand même
Tout ça n’ vaut pas En un clin d’œil ell’ pouvait tout changer
Une croisière sur la Meuse
Tout ça n’ vaut pas C’était bien, chez Laurette
Des vacances au Kremlin... Bicêtre On y retournera
Pour ne pas l’oublier, Laurette
J’ai vu tous les spectacles Ce s’ra bien, ce s’ra chouette
Qu’on peut imaginer Et l’on reparlera
Mais j’en ai eu ma claque Des histoir’s du passé, chez Laurette
Moi je préfèr’ chanter Ce s’ra bien, ce s’ra chouette
J’ai dîné chez Maxim’s Et l’on reparlera
J’ai soupé au Lido Des histoir’s du passé, chez Laurette
26
z Mon Homme Connu ceci
Par. A. Willemetz et J. Charles, mus. M. Yvain (1920) Ose venir la première
Me j’ter la pierre
1) Sur cette terr’, ma seul’ joie En avoir un dans la peau
Mon seul bonheur C’est l’ pir’ des maux
C’est mon homme Mais c’est connaître l’amour
J’ai donné tout c’ que j’ai Sous son vrai jour
Mon amour et tout mon cœur Et j’ dis qu’il faut qu’on pardonne
A mon homme Quand un’ femm’ se donne
Et même la nuit A l’homm’ qu’elle a dans la peau
Quand je rêve c’est de lui
De mon homme
Ce n’est pas qu’il est beau z Rio
Qu’il est riche ni costaud L’incendie à Rio, par. M. Tézé, mus. G. Gustin
Mais je l’aime, c’est idiot (1966)
I’ m’ fout des coups
I’ m’ prend mes sous 1) En pleine nuit, une sirène
Je suis à bout mais malgré tout Appelle au feu tous les pompiers
Que voulez-vous Et tout Rio qui se réveille
Voit brûler l’usine de café
Je l’ai tell’ment dans la peau Il n’y a pas de temps à perdre
Qu’ j’en d’viens marteau Sinon tout l’ quartier va brûler
Dès qu’il s’approch’ c’est fini Oui, mais voilà, pendant c’ temps-là
Je suis à lui A la caserne on entend les pompiers crier
Quand ses yeux sur moi se pos’nt
Ça m’ rend tout’ chose Refrain
Je l’ai tell’ment dans la peau Qu’est-ce qu’on a fait des tuyaux
Qu’au moindre mot Des lanc’s et de la grande échelle
I’ m’ f’rait faire n’importe quoi Qu’est-ce qu’on a fait des tuyaux
J’ tuerais ma foi Pas de paniqu’ il nous les faut
J’ sens qu’il me rendrait infâme
Mais je n’ suis qu’un’ femme 2) Mais l’incendie là-bas fait rage
Et j’ l’ai tell’ment dans la peau Et le ciel est noir de fumée
Et tous les gens dans les étages
2) Pour le quitter c’est fou Se dis’nt "mais que font les pompiers ?"
C’ que m’ont offert Il n’y a plus de temps à perdre
D’autres hommes Sinon tout l’ quartier va brûler
Entre nous, voyez-vous Oui, mais voilà, pendant c’ temps-là
Ils ne valent pas très cher A la caserne on entend les pompiers crier
Tous les hommes
La femme à vrai dir’ 3) Au p’tit matin on le devine
N’est faite que pour souffrir Tout le quartier avait brûlé
Par les hommes Il ne restait plus que des ruines
Dans les bals j’ai couru Sur des centain’s de mètr’s carrés
Afin d’ l’oublier j’ai bu Quand tout à coup dans le jour blême
Rien à faire, j’ai pas pu On vit accourir un pompier
Quand i’ m’ dit « viens ! » Qui s’écria : "je viens d’ la part du capitain’
J’ suis comme un chien Vous dir’ de n’ pas vous énerver
Y a pas moyen c’est comme un lien
Qui me retient Dernier refrain
On a r’trouvé les tuyaux
Je l’ai tell’ment dans la peau Les lances et la grande échelle
Qu’ j’en suis dingo Mais on est en panne d’auto
Que cell’ qui n’a pas aussi Et on cherch’ la manivelle"
27
z La Chansonnette Car on n’oublie jamais
Par. J. Dréjac, mus. P. Gérard (1966) Le flonflon qui vous met
Le cœur en fête
1) La, la, la, min’ de rien Il faut du temps, c’est vrai
La voilà qui revient Pour séparer
La Chansonnette Le bon grain de l’ivraie
Elle avait disparu Pour comparer
Le pavé de ma rue Mais on trouve un beau jour
Etait tout bête Sa Chansonnette... d’amour
Les refrains de Paris
Avaient pris l’ maquis
Les forains, l’orphéon z Tel qu’il est
La chanson d’ Mackie Par. M. Vandair et Charlys, mus. M. Alexander (1935)
Mais on n’oublie jamais
Le flonflon qui vous met 1) J’avais rêvé de prendre un homme
Le cœur en fête Un garçon chic et distingué,
Quand le vieux musicien Mais je suis chipée pour la pomme
Dans le quartier D’un vrai tordu mal balancé
Vient revoir les anciens Ce n’est pas un Apollon mon Jules,
Fair’ son métier Il n’est pas taillé comme un Hercule
Le public se souvient Malgré qu’il ait bien des défauts,
La Chansonnette... tiens, tiens... C’est lui que j’ai dans la peau

2) Les titis, les marquis Refrain


C’est parti mon kiki Tel qu’il est il me plaît,
La Chansonnette Il me fait de l’effet
A Presley fait du tort Et je l’aime
Car tous les transistors C’est un vrai gringalet
Soudain s’arrêtent Aussi laid qu’un basset
Sous le ciel de Paris Mais je l’aime
Un accordéon Il est bancal du côté cérébral
Joue la chanson d’ Mackie Mais ça m’est bien égal
Comme avant l’ néon S’il a l’air anormal
Cueilli par un flonflon C’est complet, il est muet,
Un têtard en blouson Ses quinquets sont en biais
D’un franc d’ violettes Mais je l’aime, il me plaît tel qu’il est
Va fleurir sa Bardot
Car malgré son 2) Il est carré mais ses épaules
Aigle au milieu du dos Par du carton sont rembourrées
Le cœur est bon Quand il est tout nu ça fait drôle
Et sous ses cheveux gris On n’en voit plus que la moitié
La Chansonnette... sourit Il n’a pas un seul poil sur la tête
Mais il en a plein sur les gambettes
3) La, la, la, haut les cœurs Et celui qu’il a dans la main
Avec moi, tous en chœur, C’est pas du poil, c’est du crin
La Chansonnette
Et passons la monnaie 3) Le boulot pour lui c’est la chose
En garçon qui connaît La plus sacrée, il n’y touch’ pas
La Chansonnette Pour tenir le coup il se dose
Il a fait sa moisson De Phosphatine à tous les r’pas
De refrains d’ Paris Ce qui n’est pas marrant c’est qu’il ronfle
Les forains, l’orphéon, On dirait un pneu qui se dégonfle
La chanson d’ Mackie Et quand il faut se bagarrer
Il est encore dégonflé
28
z Mexico z Le Soleil et la lune
Par. R. Vincy, mus. F. Lopez (1951) C. Trénet, mus. C. Trenet et A. Lasry (1939)

On a chanté les Parisiennes 1) Sur le toit de l’hôtel où je vis avec toi


Leurs petits nez et leurs chapeaux Quand j’attends ta venue mon amie
On a chanté les Madrilènes Quand la nuit fait chanter
Qui vont aux arènes Plus fort et mieux que moi
Pour le torero Tous les chats, tous les chats, tous les chats
On prétend que les Norvégiennes Que dit-on sur les toits,
Filles du Nord, ont le sang chaud Que répètent les voix
Et bien que les Américaines De ces chats, de ces chats qui s’ennuient
Soient les souveraines Des chansons que je sais,
Du Monde Nouveau Que je traduis pour toi
On oublie tout Les voici, les voici, les voilà
Sous le beau ciel de Mexico
On devient fou Refrain
Au son des rythmes tropicaux Le soleil a rendez-vous avec la lune
Le seul désir qui vous entraîne Mais la lune n’est pas là et le soleil attend
Dès qu’on a quitté le bateau Ici bas souvent chacun pour sa chacune
C’est de goûter une semaine Chacun doit en faire autant
A l’aventure mexicaine La lune est là, la lune est là,
Au soleil de Mexico La lune est là mais le soleil ne la voit pas
Pour la trouver, il faut la nuit
Refrain Il faut la nuit, mais le soleil ne le sait pas et
Mexico, Mexico toujours luit
Sous ton soleil qui chante Le soleil a rendez-vous avec la lune
Le temps paraît trop court Mais la lune n’est pas là et le soleil attend.
Pour goûter au bonheur de chaque jour Papa dit qu’il a vu ça, lui.
Mexico, Mexico
Tes femmes sont ardentes 2) Des savants, avertis par la pluie et le vent
Et tu seras toujours Annonçaient
Le Paradis des cœurs et de l’Amour Un jour la fin du monde
Les journaux commentaient
Une aventure mexicaine En termes émouvants
Sous le soleil de Mexico Les avis, les aveux des savants
Ça dure à peine une semaine Bien des gens affolés
Mais quelle semaine, et quel crescendo Demandaient aux agents
Le premier soir on se promène Si le monde était pris dans la ronde
On danse un tendre boléro C’est alors que docteurs,
Puis le deuxième on se déchaîne Savants et professeurs
Plus rien ne vous freine Entonnèr’nt subito tous en chœur
On part au galop
On oublie tout 3) Philosoph’s, écoutez,
Sous le beau ciel de Mexico Cette phrase est pour vous
On devient fou Le bonheur est un astre volage
Au son des rythmes tropicaux Qui s’enfuit à l’appel
Si vous avez un jour la veine De bien des rendez-vous
De pouvoir prendre le bateau Il s’efface, il se meurt devant nous
Allez goûter une semaine Quand on croit qu’il est loin,
A l’aventure mexicaine Il est là tout près d’ nous
Au soleil de Mexico Il voyage, il voyage, il voyage,
Puis il part, il revient,
A la fin : Il s’en va n’importe où,
Mexico, Mexico, Mexico, Mexico ! Cherchez-le, il est un peu partout
29
z Le Galérien z Madelon
Par. M. Druon, mus. L. Poll (1947) Par. L. Bousquet, mus. C. Robert (1914)

Je m’ souviens, ma mèr’ m’aimait 1) Pour le repos, le plaisir du militaire,


Et je suis aux galères Il est là-bas, à deux pas de la forêt,
Je m’ souviens ma mèr’ disait Une maison aux murs tout couverts de lierre
Mais je n’ai pas cru ma mère "Aux tourlourous", c’est le nom du cabaret.
Ne traîn’ pas dans les ruisseaux La servante est jeune et gentille,
T’bats pas comme un sauvage Légère comme un papillon,
T’amus’ pas comme les oiseaux Comme son vin, son œil pétille,
Ell’ me disait d’être sage Nous l’appelons la Madelon.
Nous en rêvons la nuit,
J’ai pas tué, j’ai pas volé Nous y pensons le jour,
J’ voulais courir la chance Ce n’est que Madelon,
J’ai pas tué j’ai pas volé Mais pour nous c’est l’amour.
J’ voulais qu’ chaqu’ jour soit dimanche
Je m’ souviens ma mèr’ pleurait Refrain
Dès qu’ je passais la porte Quand Madelon vient nous servir à boire,
Je m’ souviens comme ell’ pleurait Sous la tonnelle, on frôle son jupon,
Ell’ voulait pas que je sorte Et chacun lui raconte une histoire,
Une histoire à sa façon
Je m’ souviens ma mère disait La Madelon pour nous n’est pas sévère
Suis pas les bohémiennes Quand on lui prend la taille ou le menton
Je m’ souviens comme ell’ disait Elle rit, c’est tout l’ mal qu’elle sait faire
On ramass’ les gens qui traînent Madelon ! Madelon ! Madelon !
Un jour les soldats du roi
T’emmèn’ront aux galères 2) Nous avons tous au pays une payse
Ils vous mèn’ront trois par trois Qui nous attend et que l’on épousera
Comme ils ont emm’né ton père Mais elle est loin, bien trop loin pour qu’on lui
dise
Toujours, toujours ell’ disait Ce qu’on fera quand la classe rentrera
T’en va pas chez les filles En comptant les jours on soupire,
Fais donc pas toujours c’ qui t’ plaît Et quand le temps nous semble long
Dans les prisons y a des grilles Tout ce qu’on ne peut pas lui dire
J’ai pas tué j’ai pas volé On va le dire à Madelon.
Mais j’ai cru Madeleine On l’embrasse dans les coins
J’ai pas tué, j’ai pas volé Elle dit : « – Veux-tu finir... »
J’ voulais pas lui fair’ de peine On s’ figur’ que c’est l’autr’
Ça nous fait bien plaisir
Tu auras la tête rasée
On te mettra des chaînes 3) Un caporal en képi de fantaisie
T’en auras les reins brisés S’en fut trouver Madelon un beau matin
Et moi j’en mourrai de peine Et fou d’amour, lui dit qu’elle était jolie
Toujours, toujours tu ram’ras Et qu’il venait pour lui demander sa main
Quand tu s’ras aux galères La Madelon, pas bête en somme,
Toujours, toujours tu ram’ras Lui répondit en souriant :
Tu pens’ras p’t’être à ta mère « – Et pourquoi prendrais-je un seul homme
Quand j’aime tout un régiment ?
J’ai pas tué, j’ai pas volé Tes amis vont venir,
Mais j’ai pas cru ma mère Tu n’auras pas ma main,
Et je m’ souviens qu’ell’ m’aimait J’en ai bien trop besoin
Pendant qu’ je rame aux galères Pour leur verser du vin »
30
z Le p’tit bal perdu Le soir tombait dessus la piste
Par. Robert Nyel, Mus. Gaby Verlor (1961) Sur les gravats et sur ma vie
Il était redev’nu tout triste
1) C’était tout juste après la guerr’ Ce petit bal qui s’appelait
Dans un p’tit bal qu’avait souffert, Qui s’appelait, qui s’appelait
Sur une piste de misère Qui s’appelait
Y en avait deux à découvert
Parmi les gravats ils dansaient Non, je n’ me souviens plus
Dans ce p’tit bal qui s’appelait Du nom du bal perdu
Qui s’appelait, qui s’appelait Ce dont je me souviens
Qui s’appelait C’est de ces amoureux
Qui ne regardaient rien autour d’eux
Non, je n’ me souviens plus Y avait tant de lumière
Du nom du bal perdu Avec eux dans la rue
Ce dont je me souviens Alors la belle affaire
C’est de ces amoureux Le nom du bal perdu
Qui ne regardaient rien autour d’eux Non, je n’ me souviens plus
Y avait tant d’insouciance Du nom du bal perdu
Dans leurs gestes émus Ce dont je me souviens
Alors quelle importance C’est qu’on était heureux
Le nom du bal perdu Les yeux au fond des yeux
Non, je n’ me souviens plus Et c’était bien, et c’était bien
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens
C’est qu’ils étaient heureux z Le Plus beau tango du monde
Les yeux au fond des yeux Par. H. Alibertet R. Vincy, mus. V. Scotto et R. Sarvil
Et c’était bien, et c’était bien (1935)

2) Ils buvaient dans le même verre 1) Près de la grève,


Toujours sans se quitter des yeux Souvenez-vous
Ils faisaient la même prière Des voix de rêve
D’être toujours, toujours heureux Chantaient pour nous
Parmi les gravats ils souriaient Minute brève
Dans ce p’tit bal qui s’appelait Du cher passé
Qui s’appelait, qui s’appelait Pas encor’ effacé
Qui s’appelait
Refrain
Non, je n’ me souviens plus Le plus beau de tous les tangos du monde
Du nom du bal perdu C’est celui que j’ai dansé dans vos bras
Ce dont je me souviens J’ai connu d’autres tangos à la ronde
C’est de ces amoureux Mais mon cœur n’oubliera pas celui-là
Qui ne regardaient rien autour d’eux Son souvenir me poursuit, jour et nuit
Y avait tant d’insouciance Et partout je ne pense qu’à lui
Dans leurs gestes émus Car il m’a fait connaître l’amour
Alors quelle importance Pour toujours
Le nom du bal perdu Le plus beau de tous les tangos du monde
Non, je n’ me souviens plus C’est celui que j’ai dansé dans vos bras
Du nom du bal perdu
Ce dont je me souviens 2) Il est si tendre
C’est qu’ils étaient heureux Que nos deux corps
Les yeux au fond des yeux Rien qu’à l’entendre
Et c’était bien, et c’était bien Tremblent encor’
Et sans attendre
3) Et puis quand l’accordéoniste Pour nous griser
S’est arrêté, ils sont partis Venez... venez danser
31
z Lili Marleen (Traduction :
(Par. H. Leip 1915, mus N. Schultz 1938) Devant la caserne devant la porte cochère
Y avait une lanterne qui est toujours là
C’est là-bas que nous nous reverrons
Vor der Kaserne Auprès de la lanterne nous voudrions être
Vor dem grossen Tor Comme autrefois Lili Marlène
Stand eine Laterne Nos deux ombres avaient l’air d’une seule
Und steht sie noch davor On voyait clairement que nous nous aimions
Dort wollen wir uns wiedersehn, Et tout le monde doit s’en apercevoir
Quand nous sommes près de la lanterne
Bei der Laterne woll’n wir stehn Comme autrefois Lili Marlène
Wie einst Lili Marleen (bis) Elle reconnaît tes pas, ta belle démarche
Tous les soirs elle est allumée
Uns’re beiden Schatten Mais moi elle m’a longtemps oublié
Sah’n wie einer aus Et si jamais un malheur devait m’arriver
Dass wir lieb’ uns hatten Qui serait auprès de la lanterne
Avec toi Lili Marlène)
Das sah man leicht daraus
Und alle Leute soll’n es seh’n,
Wenn wir bei der Laterne steh’n
Wie einst Lili Marleen (bis) z Quand on s’ promène
au bord de l’eau
Deine Schritte kennt sie Par. J. Duvivier, mus. M. Yvain (1936)
Deinen schönen Gang,
Alle Abend brennt sie 1) Du lundi jusqu’au samedi
Doch mich vergass sie lang Pour gagner des radis
Und sollte mir ein Leid gescheh’n, Quand on a fait sans entrain
Wer wird bei der Laterne steh’n ? Son boulot quotidien
Mit dir Lili Marleen (bis) Subi le propriétaire,
L’percepteur, la boulangère,
Et trimbalé sa vie d’ chien :
Phonétique : Le dimanche viv’ment, on file à Nogent,
Alors brusquement, tout paraît charmant !
1) Foa dea cazèné
Foa dèm grosseun toa Refrain
Chtant aïne latèné Quand on s’ promène au bord de l’eau,
Ount chtét zi nor tafoa Comme tout est beau, quel renouveau !
Toat voleun vir ouns videazén Paris au loin nous semble une prison,
Baï dea latèné voln vir chtén On a le cœur plein de chansons
Vi aïnst Lili Marlén (bis) L’odeur des fleurs nous met tout à l’envers
Et le bonheur nous soûle pour pas cher
2) Ounzré baïdeun chateun Chagrins et peines de la semaine
Zan vi aïneur aous Tout est noyé dans le bleu dans le vert
Das via lip ouns hateun Un seul dimanche au bord de l’eau
Das za man laïcht daraous Aux trémolos des p’tits oiseaux
Ount allé loïte zoln es zén Suffit pour que tous les jours
Vén vir baï dea latèné chtén Semblent beaux
Vi aïnst Lili Marlén (bis) Quand on s’ promène au bord de l’eau

3) Daïne schrité ként zi 2) J’connais des gens cafardeux


Daïneun choïneun gang Qui tout l’ temps s’ font des ch’veux
Alé abeunt brènt zi Et rêvent de filer ailleurs
Dor mich fagas zi lang Dans un monde meilleur
Ount zolte mia aïn laït guéchén Ils dépensent des tas d’oseille
Vea virt baï dea latèné chtén Pour découvrir des merveilles,
Mit dia Lili Marlén (bis) A moi ça m’ fait mal au cœur
Car y a pas besoin pour trouver un coin
Où l’on s’ trouve bien, de chercher si loin !
32
z Les amoureux des bancs publics z Java qu’est-ce que tu fais là
Par. et Mus. G. Brassens (1952) Par. E. Marnay, mus. E. Stern (1955)

1) Les gens qui voient de travers Java qu’est-c’ que tu fais là


Pensent que les bancs verts Entre les deux bras d’un accordéoniste
Qu’on voit sur les trottoirs Faut pas t’ gaspiller comm’ ça
Sont faits pour les impotents ou les ventripotents Avec tous les gars
Mais c’est une absurdité Qui s’ prenn’nt pour des artistes
Car à la vérité Tu t’ ramèn’s et tu t’en vas
Ils sont là, c’est notoir’ A l’envers, à l’endroit
Pour accueillir quelque temps les amours Et tu miaules comme un chat
débutant’s Qui s’ bagu’naud’ sur les toits
Java qu’est-c’ que tu fais là
Refrain Entre les deux bras d’un accordéoniste
Les amoureux qui s’ bécot’nt sur les bancs Faut pas nous prendr’ pour des touristes
publics, bancs publics, bancs publics, On n’est pas des auvergnats
En s’ foutant pas mal du r’gard oblique
Des passants honnêtes T’en pinc’s un peu pour les ceuss’
Les amoureux qui s’ bécot’nt sur les bancs Qui portent des bretelles
publics, bancs publics, bancs publics, Faut voir à voir à savoir
En s’ disant des « je t’aim’ » pathétiques Trier sa clientèle
Ont des p’tit’s gueul’s bien sympathiques ! Quand les poulets à sifflets
Te mettent tout en transes
2) Ils se tiennent par la main Tu leur donn’s la contredanse
Parlent du lendemain Et puis voilà
Du papier bleu d’azur
Que revêtiront les murs de leur chambre à Java qu’est-c’ que tu fais là
coucher Entre les deux bras d’un accordéoniste
Il se voient déjà, douc’ment, Faut pas t’ gaspiller comm’ ça
Ell’ cousant, lui fumant Avec tous les gars
Dans un bien-être sûr Qui s’ prenn’nt pour des artistes
Et choisissent les prénoms de leur premier bébé L’ paradis tourne avec toi
A l’envers, à l’endroit
3) Quand la saint’ famille Machin Viens donc voir un peu par là
Croise sur son chemin Qu’on profite de ça
Deux de ces malappris Java qu’est-c’ que tu fais là
Ell’ leur décoch’ hardiment des propos venimeux On n’attend que toi pour balayer la piste
N’empêch’ que tout’ la famille, C’est pas joli d’être égoïste
Le pèr’, la mèr’, la fill’, le fils, le Saint-Esprit, Avec tes p’tits pot’s à toi
Voudrait bien, de temps en temps,
Pouvoir s’ conduir’ comme eux
Java qu’est-c’ que tu fais là.......
4) Quand les mois auront passé Avec ta mine triste
Quand seront apaisés Je cherche un accordéoniste
Leurs beaux rêves flambants Pour m’endormir dans ses bras
Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds
Ils s’apercevront, émus
Qu’ c’est au hasard des rues
Sur un d’ ces fameux bancs
Qu’ils ont vécu le meilleur morceau de leur
amour
33
z Les Grands boulevards z Vesoul
Paroles: Jacques Plante. Musique: Traditionnel russe Jacques Brel (1968)
(1951)
T'as voulu voir Vierzon
J'aime flâner sur les grands boulevards Et on a vu Vierzon
Y a tant de choses, tant de choses T'as voulu voir Vesoul
Tant de choses à voir Et on on a vu Vesoul
On n'a qu'à choisir au hasard T'as voulu voir Honfleur
On s'fait des ampoules Et on a vu Honfleur
A zigzaguer parmi la foule T'as voulu voir Hambourg
J'aime les baraques et les bazars Et on a vu Hambourg
Les étalages, les loteries J'ai voulu voir Anvers
Et les camelots bavards Et on a revu Hambourg
Qui vous débitent leurs bobards J'ai voulu voir ta sœur
Ça fait passer l'temps Et on a vu ta mère
Et l'on oublie son cafard Comme toujours
T'as plus aimé Vierzon
Je ne suis pas riche à million Et on a quitté Vierzon
Je suis tourneur chez Citroën T'as plus aimé Vesoul
J'peux pas me payer des distractions Et on a quitté Vesoul
Tous les jours de la semaine T'as plus aimé Honfleur
Aussi moi, j'ai mes petites manies Et on a quitté Honfleur
Qui me font plaisir et ne coûtent rien T'as plus aimé Hambourg
Ainsi, dès le travail fini Et on a quité Hambourg
Je file entre la porte Saint-Denis T'as voulu voir Anvers
Et le boulevard des Italiens On n'a vu qu'ses faubourgs
T'as plus aimé ta mère
J'aime flâner sur les grands boulevards Et on a quitté ta sœur
Y a tant de choses, tant de choses Comme toujours
Tant de choses à voir
On y voit des grands jours d'espoir Mais je te le dis
Des jours de colère Je n'irai pas plus loin
Qui font sortir le populaire Mais je te préviens
Là vibre le cœur de Paris J'irai pas à Paris
Toujours ardent, parfois frondeur D'ailleurs j'ai horreur
Avec ses chants, ses cris De tous les flons flons
Et de jolis moments d'histoire De la valse musette
Sont écrits partout le long Et de l'accordéon
De nos grands boulevards T'as voulu voir Paris
Et on a vu Paris
J'aime flâner sur les grands boulevards T'as voulu voir Dutronc
Les soirs d'été quand tout le monde Et on a vu Dutronc
Aime bien se coucher tard J'ai voulu voir ta sœur
On a des chances d'apercevoir J'ai vu le mont Valérien
Deux yeux angéliques T'as voulu voir Hortense
Que l'ont suit jusqu'à République Elle était dans l'Cantal
Puis je retrouve mon petit hôtel J'ai voulu voir Byzance
Ma chambre où la fenêtre donne Et on a vu Pigalle
Sur un coin de ciel à la gare Saint-Lazare
D'où me parviennent comme un appel J'ai vu les Fleurs du Mal
Toutes les rumeurs, toutes les lueurs Par hasard
Du monde enchanteur
Des grands boulevards T'as plus aimé Paris
Et on a quité Paris
T'as plus aimé Dutronc
34

Et on a quitté Dutronc T'as voulu voir Paris


Maintenant je confonds ta sœur Et on a vu Paris
Et le mont Valérien T'as voulu voir Dutronc
De ce que je sais d'Hortense Et on a vu Dutronc
J'irai plus dans l'Cantal J'ai voulu voir ta sœur
Et tant pis pour Byzance J'ai vu le mont Valérien
Puisque j'ai vu Pigalle T'as voulu voir Hortense
Et la gare Saint-Lazare Elle était dans l'Cantal
C'est cher et ça fait mal J'ai voulu voir Byzance
Au hasard Et on a vu Pigalle
à la gare Saint-Lazare
Mais je te le redis chauffe Marcel J'ai vu les Fleurs du Mal
Je n'irai pas plus loin
Mais je te préviens kaï kaï
Le voyage est fini z Il est 5 heures, Paris s'éveille
D'ailleurs j'ai horreur Paroles: Jacques Lanzmann & Anne Ségalen, mus.
De tous les flons flons Jacques Dutronc (1968)
De la valse musette
Et de l'accordéon Je suis l'dauphin d'la place Dauphine
T'as voulu voir Vierzon Et la place Blanche a mauvaise mine
Et on a vu Vierzon Les camions sont pleins de lait
T'as voulu voir Vesoul Les balayeurs sont pleins d'balais
Et on on a vu Vesoul
T'as voulu voir Honfleur Refrain
Et on a vu Honfleur Il est cinq heures, Paris s'éveille
T'as voulu voir Hambourg
Et on a vu Hambourg Les travestis vont se raser
J'ai voulu voir Anvers Les stripteaseuses sont rhabillées
Et on a revu Hambourg Les traversins sont écrasés
J'ai voulu voir ta sœur Les amoureux sont fatigués
Et on a vu ta mère
Comme toujours. Le café est dans les tasses
Les cafés nettoient leurs glaces
T'as plus aimé Vierzon Et sur le boulevard Montparnasse
Et on a quitté Vierzon... La gare n'est plus qu'une carcasse
(chauffe... chauffe)
T'as plus aimé Vesoul La tour Eiffel a froid aux pieds
Et on a quitté Vesoul L'Arc de Triomphe est ranimé
T'as plus aimé Honfleur Et l'Obélisque est bien dressé
Et on a quitté Honfleur Entre la nuit et la journée
T'as plus aimé Hambourg
Et on a quité Hambourg Les banlieusards sont dans les gares
T'as voulu voir Anvers A la Villette on tranche le lard
Et on n'a vu qu'ses faubourgs Paris by night, regagne les cars
Tu n'as plus aimé ta mère Les boulangers font des bâtards
Et on a quitté sa sœur
Comme toujours... Chauffez les gars Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Mais mais je te le reredis ... Kaï Les gens se lèvent, ils sont brimés
Je n'irai pas plus loin C'est l'heure où je vais me coucher
Mais je te préviens
J'irai pas à Paris Dernier refrain
D'ailleurs j'ai horreur Il est cinq heures, Paris se lève
De tous les flons flons Il est cinq heures, Je n'ai pas sommeil
De la valse musette
Et de l'accordéon
35
z Nathalie Que ma vie me semble vide
Par. Pierre Delanoë, mus. Gilbert Bécaud (1964) Mais je sais qu'un jour à Paris
C'est moi qui lui servirai de guide
La place Rouge était vide Nathalie, Nathalie
Devant moi marchait Nathalie
Il avait un joli nom, mon guide
Nathalie z Le Métèque
G. Moustaki (1969)
La place Rouge était blanche
La neige faisait un tapis Avec ma gueule de métèque
Et je suivais par ce froid dimanche De Juif errant, de pâtre grec
Nathalie Et mes cheveux aux quatre vents
Avec mes yeux tout délavés
Elle parlait en phrases sobres Qui me donnent l’air de rêver
De la révolution d'octobre Moi qui ne rêve plus souvent
Je pensais déjà Avec mes mains de maraudeur
Qu'après le tombeau de Lénine De musicien et de rôdeur
On irait au café Pouchkine Qui ont pillé tant de jardins
Boire un chocolat Avec ma bouche qui a bu
Qui a embrassé et mordu
La place Rouge était vide Sans jamais assouvir sa faim
J'ai pris son bras, elle a souri
Il avait des cheveux blonds, mon guide Avec ma gueule de métèque
Nathalie, Nathalie... De Juif errant, de pâtre grec
De voleur et de vagabond
Dans sa chambre à l'université Avec ma peau qui s’est frottée
Une bande d'étudiants Au soleil de tous les étés
L'attendait impatiemment Et tout ce qui portait jupon
On a ri, on a beaucoup parlé Avec mon cœur qui a su faire
Ils voulaient tout savoir Souffrir autant qu’il a souffert
Nathalie traduisait Sans pour cela faire d’histoires
Avec mon âme qui n’a plus
Moscou, les plaines d'Ukraine La moindre chance de salut
Et les Champs-Élysées Pour éviter le purgatoire
On à tout mélangé
Et l'on a chanté Avec ma gueule de métèque
De Juif errant, de pâtre grec
Et puis ils ont débouché Et mes cheveux aux quatre vents
En riant à l'avance Je viendrai, ma douce captive
Du champagne de France Mon âme sœur, ma source vive
Et l'on a dansé Je viendrai boire tes vingt ans
Et je serai prince de sang
Et quand la chambre fut vide Rêveur ou bien adolescent
Tous les amis étaient partis Comme il te plaira de choisir
Je suis resté seul avec mon guide Et nous ferons de chaque jour
Nathalie Toute une éternité d’amour
Que nous vivrons à en mourir
Plus question de phrases sobres
Ni de révolution d'octobre Et nous ferons de chaque jour
On n'en était plus là Toute une éternité d’amour
Fini le tombeau de Lénine Que nous vivrons à en mourir
Le chocolat de chez Pouchkine
C'est, c'était loin déjà
36
z Etoile des neiges C’est bien toi la rein’ de la place Blanche
Par. J. Plante, mus. F. Winckler (1947)
Petit’ gueule d’amour t’es à croquer
1) Dans un coin perdu de montagne Quand tu trimballes ton éventaire
Un tout petit Savoyard Ton arsenal sans fair’ de chiqué
Chantait son amour dans le calme du soir A vaincu plus d’un grand militaire
Près de sa bergère au doux regard
Petit’ gueule d’amour t’es à croquer
Etoile des Neiges Les gens dis’nt que t’es d’ la mauvaise graine
Mon cœur amoureux Parc’ qu’à chaque homme tu donn’s la becquée
S’est pris au piège Et qu’ l’amour pour toi c’est d’ la rengaine
De tes grands yeux
Je te donne en gage Petit’ gueule d’amour t’es à croquer
Cette croix d’argent Chapeau bas, t’es une vrai citoyenne
Et de t’aimer toute ma vie je fais serment Tu soulages sans revendiquer
Les ardeurs extra-républicaines
2) Hélas, soupirait la bergère
Que répondront nos parents Petit’ gueule d’amour t’es à croquer
Comment ferons-nous, Car parfois tu travailles en artiste
Nous n’avons pas d’argent Ton corps tu l’ prêtes sans rien fair’ casquer
Pour nous marier dès le printemps A tous les gars qu’ont le regard triste

Etoile des Neiges Dernier refrain


Sèche tes beaux yeux Dans tes baisers Julie la Rousse
Le ciel protège On peut embrasser le monde entier
Les amoureux
Je pars en voyage z Porque te vas
Pour qu’à mon retour Jose Luis (1974)
A tout jamais
Plus rien n’empêche notre amour Hoy en mi ventana brilla el sol
Y el corazon
3) Et quand les beaux jours refleurirent Se pone triste contemplando la ciudad
Il s’en revint au hameau Porque te vas
Et sa fiancée l’attendait tout là-haut Como cada noche desperté
Parmi les clochettes des troupeaux Pensando en ti
Y en mi reloj todas las horas vi pasar
Etoile des Neiges Porque te vas
Tes garçons d’honneur
Vont en cortège Todas las promesas de mi amor se iran contigo
Portant des fleurs Me olvidaras, Me olvidaras
Par un mariage Junto a la estacion lloraré igual que un niño
Finit mon histoire Porque te vas, Porque te vas
De la bergère
Et de son petit Savoyard Bajo la penumbra de un farol
Se dormiran
Todas las cosas que quedaron por decir
z Julie la Rousse Se dormiran
R. L. Lafforgue (1956) Junto a las manillas de un reloj
Esperaran
Refrain Todas las horas que quedaron por vivir
Fais-nous danser Julie la Rousse Esperaran
Toi dont les baisers font oublier
Todas las promesas de mi amor se iran contigo
Petit’ gueule d’amour t’es à croquer Me olvidaras, Me olvidaras
Quand tu passes en tricotant des hanches Junto a la estacion yo lloraré igual que un niño
D’un clin d’œil le quartier est dragué Porque te vas, Porque te vas, Porque te vas
37
z Le P’tit bal du sam’di soir De temps en temps un garçon
Mus. J. Delettre et Borel-Clerc Pousse un’ petit’ chanson
Par. J. Dréjac et J. Delettre (1947) Ça fait rêver les filles
Dans l’ noir y a des yeux qui brillent
1) Dans le vieux faubourg On croirait des p’tits lampions
Tout chargé d’amour Oui des lampions merveilleux
Près du pont de la Villette Du carnaval joyeux
Un soir je flânais D’une fête éternelle
Un refrain traînait On serre un peu plus sa belle
Un air de valse musette Au p’tit bal du sam’di soir
Comme un vieux copain
Me prenait la main il m’a dit viens 3) Un dimanche matin
Pourquoi le cacher Avec Baptistin
Ma foi j’ai marché, et j’ai trouvé (C’est l’ patron de la guinguette)
Le p’tit bal du sam’di soir On s’est attablés
Où le cœur plein d’espoir Et on a joué
Dansent les midinettes Au ch’min d’ fer en tête à tête
Pas de frais pour la toilette Comme il perdait trop
Pour ça vous avez l’ bonsoir Il a joué l’ bistrot
Mais du bonheur dans les yeux J’ai dit banco
De tous les amoureux J’ai gagné ma foi
Ça m’a touché c’est bête Et depuis trois mois il est à moi
Je suis entré dans la fête Le p’tit bal du sam’di soir
L’air digne et le cœur joyeux Où le cœur plein d’espoir
D’ailleurs il ne manquait rien Dansent les midinettes
Y avait tout ce qu’il convient Pas de frais pour la toilette
Des moul’s et du vin rouge Pour ça vous avez l’ bonsoir
Au troisièm’ flacon ça bouge Mais du bonheur dans les yeux
Au quatrième ça va bien De tous les amoureux
Alors il vaut mieux s’asseoir Vous pensez si c’est chouette
L’patron vient vous voir Tout l’ monde perd un peu la tête
Il vous dit : « C’est la mienne » Ça fait qu’ tout est pour le mieux
Et c’est comm’ ça tout’s les s’maines Baptistin dans l’occasion
Au p’tit bal du sam’di soir Perdait sa situation
En perdant sa boutique
2) Vous l’avez d’viné, j’y suis retourné Mais comme il est sympathique
Maintenant j’ connais tout l’ monde Alors j’ l’ai pris comm’ garçon
Victor et Titi, Fernand le tout p’tit Et c’est lui qui sert à boire
Nénette et Mimi la blonde Aux amoureux dans l’ noir
D’ailleurs des beaux yeux Dans ma baraque en planches
Y en a tant qu’on veut Du samedi jusqu’au dimanche
Ils vont par deux Au p’tit bal du samedi soir
Et blagu’nt dans les coins
On est aussi bien qu’au Tabarin
Au p’tit bal du sam’di soir z Trois petites notes de musique
Où le cœur plein d’espoir Par. H. Colpi, mus. G. Delerue (1961)
Dansent les midinettes
Pas de frais pour la toilette Trois petit’s not’s de musique
Pour ça vous avez l’ bonsoir Ont plié boutique
Mais du bonheur, des aveux Au creux du souv’nir
Car tous les amoureux C’en est fini d’ leur tapage
Se montent un peu la tête Ell’s tournent la page
Quand l’accordéon s’arrête Et vont s’endormir
Ils vont s’asseoir deux par deux Mais un jour sans crier gare
Ell’s vous revienn’t en mémoire
38
Toi, tu voulais oublier Puis je t’inviterai
Un p’tit air galvaudé Ta taille, je prendrai
Dans les rues de l’été Nous danserons tranquill’s
Toi, tu n’oublieras jamais Loin des gens de la vil-le
Une rue, un été, Nous danserons l’amour
Un’ fill’ qui fredonnait Les yeux au fond des yeux
Vers une nuit profonde
La, la, la, la, je vous aime Vers une fin du monde
Chantait la rengaine, Un jour tu verras
La, la, mon amour On se rencontrera
Des parol’s sans rien d’ sublime Quelque part, n’importe où
Pourvu que la rime Guidés par le hasard
Amène "toujours" Nous nous regarderons
U-ne romanc’ de vacances Et nous nous sourirons
Qui lancinante vous relance Et la main dans la main
Par les rues nous irons
Vrai, elle était si jolie
Si fraîche épanouie
Et tu n’ l’as pas cueillie z Havanaise de Carmen
Vrai, pour son premier frisson (Georges Bizet, 1875)
Elle t’offrait une chanson
A r’prendr’ à l’unisson 1) L’amour est un oiseau rebelle
Que nul ne peut apprivoiser
Trois petit’s notes de musique Et c’est bien en vain qu’on l’appelle
Qui vous font la nique S’il lui convient de refuser
Du fond des souv’nirs Rien n’y fait, menace ou prière
Lèv’nt un cruel rideau d’ scène L’un parle bien, l’autre se tait
Sur mille et un’s peines Et c’est l’autre que je préfère
Qui n’ veul’nt pas mourir Il n’a rien dit, mais il me plaît

Refrain
z Un jour tu verras L’amour est enfant de Bohême
Par. Mouloudji, mus. G. van Parys (1954) Il n’a jamais, jamais connu de loi
Si tu ne m’aimes pas, je t’ai-me
Un jour, tu verras Si je t’aime, prends garde à toi
On se rencontrera Prends garde à toi !
Quelque part, n’importe où Si tu ne m’aimes pas,
Guidés par le hasard Si tu ne m’aimes pas, je t’aime
Nous nous regarderons Prends garde à toi !
Et nous nous sourirons Mais si je t’ai-me
Et la main dans la main Si je t’aime, prends garde à toi !
Par les rues nous irons
Le temps passe si vite 2) L’oiseau que tu croyais surprendre
Le soir cachera bien nos cœurs Battit de l’aile et s’envola
Ces deux voleurs qui gardent leur bonheur L’amour est loin, tu peux l’attendre
Puis nous arriverons Tu ne l’attends plus, il est là
Sur une place grise Tout autour de toi, vite, vite
Où les pavés seront doux à nos âmes grises Il vient, s’en va, puis il revient
Il y aura un bal Tu crois le tenir, il t’évite
Très pauvre et très banal Tu crois l’éviter, il te tient
Sous un ciel plein de brume
Et de mélancolie
Un aveugle jouera de l’orgu’ de Barbarie
Cet air pour nous sera le plus beau l’ plus joli
39
z Les Enfants du Pirée z Bandiera Rossa
Musique & paroles originales : Manos Hadjidakis Carlo Tuzzi (1908)
Paroles françaises – Jacques Larue- 1960
1) Avanti o popolo, alla riscossa,
(prononcer th comme en anglais) Bandiera rossa, bandiera rossa
1) Ap to parathiro mou steln(o) éna di-o Avanti o popolo, alla riscossa,
Ké tria ké tesséra filia Bandiera rossa trionferà.
Pou ftanoun sto limani éna ké di-o
Ké tria ké tesséra poulia Refrain
Pos ithéla na ika éna ké dio Bandiera rossa deve trionfar (ter)
Ké tria ké tesséra pédia E viva il comunismo e la libertà.
Pou san tha mégalossoun ola na guinoun
Lévendès guia kari tou Piréa 2) Avanti o popolo, alla stazione,
Rivoluzione, rivoluzione
Refrain Avanti o popolo, alla stazione,
Mon dieu que j'aime Rivoluzione trionferà.
Ce port du bout du monde
Que le soleil inonde 3) Non più nemici, non più frontiere :
De ses reflets dorés Sono i confini rosse bandiere.
Mon dieu que j'aime O proletari, alla riscossa,
Sous leurs bonnets oranges Bandiera rossa trionferà.
Tous les visages d'anges
Des enfants du Pirée

2) Noyés de bleu sous le ciel grec, z Carioca


Un bateau, deux bateaux, trois bateaux Par. L. Hennevé &L. Palex, mus. V. Youmans
S'en vont chantant (1933)
Griffant le ciel à coups de bec,
Un oiseau, deux oiseaux, trois oiseaux Connaissez-vous la Carioca ?
Font du beau temps C’est pas l’fox trot ni mêm’ la polka
Dans les ruelles d'un coup sec, Sa musique au rythme nouveau
Un volet, deux volets, trois volets Rit et soupire amoroso
Claquent au vent Avec un balanc’ment canaille
Et faisant une rond’ avec, Qui vous affole et vous tenaille
Un enfant, deux enfants, trois enfants C’est épatant de la danser
Dansent gaiement En s’enlaçant sans se lasser

3) Je rêv’ aussi d'avoir un jour, Refrain


Un enfant, deux enfants, trois enfants Carioca ! ensorcelante et belle
Jouant comm’ eux Carioca ! charmant refrain d’amour
Le long du quai, flânent toujours Carioca ! tu nous donnes des ailes
Un marin, deux marins, trois marins Car la nuit, le jour
Aventureux ton rythme ardent grise toujours
De notr’ amour on se fera,
Un amour, dix amours, mill’ amours Quand on connaît la Carioca
Noyés de bleu On n’dans’ plus ni fox-trot ni polka
Et nos enfants feront des gars, On ne trouv’ rien de plus charmant
Que les filles, un beau jour, à leur tour Que cette danse des amants
Rendront heureux L’on d’vient très vite et de tout son cœur
Un intrépide carioqueur
Quand un nouveau béguin vous prend
C’est l’premier truc qu’on lui apprend
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z Salade de fruits L’amour peut-être s’est embarqué
Par. N. Roux, mus. A. Canfora et N. Roux (1959) Aimons-nous ce soir, sans songer
A ce que demain peut changer
1) Ta mère t'a donné comme prénom Au fil de l’eau point de serments
Salade de fruits, ah ! quel joli nom Ce n’est que sur terre qu’on ment !
Au nom de tes ancêtres hawaïens
Il faut reconnaître que tu le portes bien 2) Pourquoi chercher à connaître
Quel fut ton passé ?
Refrain Je n’ouvre point de fenêtres
Salade de fruits, jolie, jolie, jolie Sur les cœurs blessés
Tu plais à mon père, tu plais à ma mère Garde pour toi ton histoire,
Salade de fruits, jolie, jolie, jolie Véridique ou non
Un jour ou l'autre il faudra bien Je n’ai pas besoin d’y croire
Qu'on nous marie Le meilleur chaînon
C’est ton nom
2) Pendus dans la paillote au bord de l'eau
Y a des ananas, y a des noix de cocos 3) Ta bouche est triste et rappelle
J'en ai déjà goûté je n'en veux plus Ces fruits mal mûris
Le fruit de ta bouche serait le bienvenu Loin d’un soleil qui leur prête
Leurs chauds coloris
3) Je plongerai tout nu dans l'océan Mais sous ma lèvre enfiévrée
Pour te ramener des poissons d'argent Par l’onde et le vent
Avec des coquillages lumineux Je veux la voir empourprée
Oui mais en revanche tu sais ce que je veux Comme au jour levant
Fleur des champs
4) On a donné chacun de tout son cœur
Ce qu'il y avait en nous de meilleur
Au fond de ma paillote au bord de l'eau z Sur l’ pont des Arts
Le palmier qui bouge c'est un petit berceau Le Vent, G. Brassens (1954)

Dernier refrain Refrain


Salade de fruits, jolie, jolie, jolie Si par hasard, sur l’ pont des Arts
Tu plais à ton père, Tu plais à ta mère Tu croises le vent, le vent fripon
Salade fruits, jolie, jolie, jolie Prudence, prends garde à ton jupon
C'est toi le fruit de nos amours ! Si par hasard, sur l’ pont des Arts
Bonjour petit ! Tu croises le vent, le vent maraud
Prudent, prends garde à ton chapeau

z Le Chaland qui passe 1) Les Jean-Foutre et les gens probes


Par. it. E. Neri, par. fr. A. de Badet, Médis’nt du vent furibond
Mus. C. A. Bixio (1932) Qui rebrouss’ les bois,
Détrouss’ les toits, retrouss’ les robes
1) La nuit s’est faite, la berge Les Jean-Foutre et les gens probes
S’estompe et s’endort Le vent, je vous en réponds,
Seule au passage une auberge S’en soucie et c’est justice
Cligne ses yeux d’or Comme de Colin Tampon
Le chaland glisse et j’emporte
D’un geste vainqueur 2) Bien sûr, si l’on ne se fonde
Ton jeune corps qui m’apporte Que sur ce qui saute aux yeux
L’inconnu moqueur Le vent sembl’ un’ brute
De son cœur Raffolant de nuire à tout l’ monde
Mais une attention profonde
Refrain Prouv’ que c’est chez les fâcheux
Ne pensons à rien, le courant Qu’il préfèr’ choisir les victimes
Fait de nous, toujours, des errants De ses petits jeux
Sur mon chaland, sautant d’un quai
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z La Tendresse Un enfant nous embrasse
Par. et mus. H. Giraud, N. Roux (1963) Parce qu’on le rend heureux
Tous nos chagrins s’effacent
1) On peut vivre sans richesse On a les larmes aux yeux
Presque sans le sou Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu
Des seigneurs et des princesses
Y en a plus beaucoup Dans votre immense sagesse
Mais vivre sans tendresse Immense ferveur
On ne le pourrait pas Faites donc pleuvoir sans cesse
Non, non, non, non, Au fond de nos cœurs
On ne le pourrait pas Des torrents de tendresse
Pour que règne l’amour
On peut vivre sans la gloire Règne l’amour
Qui ne prouve rien Jusqu’à la fin des jours
Etre inconnu dans l’histoire
Et s’en trouver bien
Mais vivre sans tendresse z Il n’y a plus d’après
Il n’en est pas question G. Béart (1959)
Non, non, non, non,
Il n’en est pas question 1) Maintenant que tu vis
A l’autre bout d’ Paris
Quelle douce faiblesse Quand tu veux changer d’âge
Quel joli sentiment Tu t’offr’s un long voyage
Ce besoin de tendresse Tu viens me dir’ bonjour
Qui nous vient en naissant Au coin d’ la rue du Four
Vraiment, vraiment, vraiment Tu viens me visiter
A Saint-Germain-des-Prés
Le travail est nécessaire
Mais s’il faut rester Refrain
Des semaines sans rien faire Il n’y a plus d’après
Eh bien on s’y fait A Saint-Germain-des-Prés
Mais vivre sans tendresse Plus d’après-demain, plus d’après-midi
Le temps vous paraît long Il n’y a qu’aujourd’hui
Long, long, long, long Quand je te reverrai
Le temps vous paraît long A Saint-Germain-des-Prés
Ce n’ sera plus toi, ce n’ sera plus moi
2) Dans le feu de la jeunesse Il n’y a plus d’autrefois
Naissent les plaisirs
Et l’amour fait des prouesses 2) Tu me dis « Comm’ tout change »
Pour nous éblouir Les rues te sembl’nt étranges
Oui mais sans la tendresse Même les cafés-crème
L’amour ne serait rien N’ont plus le goût qu’ tu aimes
Non, non, non, non, C’est que tu es une autre
L’amour ne serait rien C’est que je suis un autre
Nous sommes étrangers
Quand la vie impitoyable A Saint-Germain-des-Prés
Vous tombe dessus
Qu’on n’est plus qu’un pauvre diable 3) A vivre au jour le jour
Broyé et déçu Le moindre des amours
Alors sans la tendresse Prenait dans ces ruelles
D’un cœur qui nous soutient Des allur’s éternelles
Non, non, non, non, Mais à la nuit la nuit
On n’irait pas plus loin C’était bientôt fini
Voici l’éternité de Saint-Germain-des-Prés
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z J’ai la mémoire qui flanche z La Mauvaise réputation
Par. C. Bassiak, mus. C. B. et F. Rauser (1963) G. Brassens (1952)

J’ai la mémoire qui flanche Au village, sans prétention


J’ me souviens plus très bien J’ai mauvaise réputation
Comme il était très musicien Qu’ je m’ démène ou qu’ je reste coi
Il jouait beaucoup des mains Je pass’ pour un je ne sais quoi
Tout entre nous a commencé Je ne fais pourtant de tort à personne
Par un très long baiser En suivant mon ch’min de petit bonhomme
Sur la vein’ bleu-tée du poignet Mais les brav’s gens n’aiment pas que
Un long baiser sans fin L’on suive une autre route qu’eux
Non, les brav’s gens n’aiment pas que
J’ai la mémoire qui flanche L’on suive une autre route qu’eux
J’ me souviens plus très bien Tout le monde médit de moi
Quel pouvait être son prénom Sauf les muets, ça va de soi
Et quel était son nom
Il s’appelait, je l’appelais Le jour du quatorze juillet
Comment l’appelait-on ? Je reste dans mon lit douillet
Pourtant c’est fou comme j’aimais La musique qui marche au pas
L’appeler par son nom Cela ne me regarde pas
Je ne fais pourtant de tort à personne
J’ai la mémoire qui flanche En n’écoutant pas le clairon qui sonne
Je m’ souviens plus très bien Mais les brav’s gens n’aiment pas que
De quell’ couleur étaient ses yeux L’on suive une autre route qu’eux
J’crois pas qu’ils étaient bleus Non, les brav’s gens n’aiment pas que
Etaient-ils verts, étaient-ils gris, L’on suive une autre route qu’eux
Étaient-ils vert-de-gris ? Tout le monde me montre au doigt
Ou changeaient-ils tout l’ temps d’ couleur Sauf les manchots, ça va de soi
Pour un non, pour un oui ?
Quand j’ croise un voleur malchanceux
J’ai la mémoire qui flanche Poursuivi par un cul-terreux
Je m’ souviens plus très bien J’ lanc’ la patte et, pourquoi le taire
Habitait-il ce vieil immeuble Le cul-terreux se r’trouv’ par terre
Bourré de musiciens ? Je ne fais pourtant de tort à personne
Pendant qu’il me, pendant que je, En laissant courir les voleurs de pommes
Pendant qu’on f’sait la fête, Mais les brav’s gens n’aiment pas que
Tous ces saxos, ces clarinettes, L’on suive une autre route qu’eux
Qui me tournaient la tête Non, les brav’s gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
J’ai la mémoire qui flanche, Tout le monde se rue sur moi
Je m’ souviens plus très bien Sauf les culs-d’-jatt’, ça va de soi
Lequel de nous deux s’est lassé
De l’autre le premier Pas besoin d’être Jérémie
Etait-ce moi, était-ce lui, Pour d’viner l’ sort qui m’est promis
Était-ce moi ou lui ? s’ils trouv’nt une corde à leur goût
Tout c’ que je sais, c’est que depuis Ils me la passeront au cou
Je n’ sais plus qui je suis Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant les ch’mins
J’ai la mémoire qui flanche, Qui n’ mèn’nt pas à Rome
Je m’ souviens plus très bien Mais les brav’s gens n’aiment pas que
Voilà qu’après tout’s ces nuits blanch’s, L’on suive une autre route qu’eux
Il ne reste plus rien Non, les brav’s gens n’aiment pas que
Rien qu’un p’tit air qu’il sifflotait L’on suive une autre route qu’eux
Chaqu’ jour en se rasant : Tout l’ mond’ viendra me voir pendu
Padoudoudi, doudadoudi, doudoudidoudida Sauf les aveugl’s, bien entendu
43
z Le Jardin extraordinaire Qu’ l’amour est un commerce
C. Trenet (1957) Dans les bars d’ la cité,
Oui mais, oui mais pas dans
1) C’est un jardin extraordinaire Dans dans
Il y a des canards qui parlent anglais
J’ leur donn’ du pain 3) Dans mon jardin extraordinaire
Ils remuent leur derrièr’ Un ang’ du bizarre, un agent, nous dit :
En m’ disant : « thank you « Etendez-vous
Very much Monsieur Trenet ! » Sur la verte bruyère
On y voit aussi des statues J’ vous jouerai du luth
Qui se tienn’nt tranquill’s tout le jour, dit-on Pendant qu’ vous s’rez réunis »
Mais moi je sais que dès la nuit venue Cet agent était un grand poète
Ell’s s’en vont danser sur le gazon Mais nous préférions, Artémise et moi,
Papa, c’est un jardin extraordinaire La douceur d’une couchett’ secrète
Il y a des oiseaux qui tienn’nt un buffet Qu’elle m’ fit découvrir au fond du bois
Ils vendent du grain, Pour ceux qui veul’nt savoir
Des p’tits morceaux de gruyèr’ Où c’ jardin se trouve
Comme clients ils ont Il est, vous l’ voyez, au cœur d’ ma chanson
Monsieur l’ maire et l’ sous-préfet J’y vol’ parfois,
Quand un chagrin m’éprouve
Il fallait bien trouver, Il suffit pour ça d’un peu d’imagination
Dans cette grand’ vill’ maussade, Il suffit pour ça d’un peu d’imagination
Où les tourist’s s’ennuient
Au fond d’ leurs autocars,
Il fallait bien trouver z Fanchon
Un lieu pour la prom’nade Anonyme (18ème siècle)
J’avoue qu’ ce sam’di-là
J’ suis entré par hasard Amis, il faut faire une pause
Dans dans J’aperçois l’ombre d’un bouchon
Buvons à l’aimable Fanchon
2) Dans ce jardin extraordinaire Chantons pour elle quelque chose
Loin des noirs buildings et des passag’s cloutés
Y avait un bal Refrain
Qu’ donnaient des primevères Ah ! Que son entretien est doux
Dans un coin d’ verdure, Qu’elle a de mérite et de gloire
Des petit’s grenouilles chantaient Elle aime à rire, elle aime à boire,
Une chanson pour saluer la lune, Elle aime à chanter comme nous ! (ter)
Dès qu’ celle-ci parut, tout’ rose d’émotion Oui, comme nous.
Elles entonnèrent, je crois, la valse brune
Un’ vieill’ chouett’ me dit : « quelle Fanchon, quoique bonne chrétienne
distraction ! » Fut baptisée avec du vin
Maman dans ce jardin extraordinaire Un Bourguignon fut son parrain
J’ vis soudain passer la plus bell’ des filles Une Bretonne sa marraine
Elle vint près d’ moi
Et là m’ dit sans manière : Fanchon préfère la grillade
« Vous m’ plaisez beaucoup, A tous les mets plus délicats
J’aime les homm’s dont les yeux brill’nt » Son teint prend un nouvel éclat
Quand on lui verse une rasade
Il fallait bien trouver
Dans cette grand’ vill’ perverse Fanchon ne se montre cruelle
Une gentille amourette, Que lorsqu’on lui parle d’amour
Un p’tit flirt de vingt ans Mais moi je ne lui fais la cour
Qui me fasse oublier Que pour m’enivrer avec elle
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z La Butte rouge La butte rouge, c’est son nom
Par. Montehus, mus. G. Krier (1923) L’ baptêm’ s’ fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient
1) Sur cette butte-là, y’avait pas d’ gigolet-te Roulaient dans le ravin
Pas de marlou ni de beau muscadin Aujourd’hui, y’a des vignes,
Ah ! c’était loin du moulin d’ la Galet-te Il y pousse du raisin
Et de Paname qu’est le roi des patelins Mais moi, j’y vois des croix
C’qu’elle en a vu, du beau sang, cette terre Portant l’ nom des copains
Sang d’ouvriers et sang de paysans
Car les bandits qui sont cause des guerres
N’en meurent jamais, z Amazing Grace
On n’ tue qu’ les innocents Par. John Newton, ancien négrier devenu
abolitionniste, 1779 ; mus. "New Britain," Mélodie
La butte rouge, c’est son nom américaine du 19ème siècle
L’ baptêm’ s’ fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient Amazing grace! How sweet the sound
Roulaient dans le ravin That saved a wretch like me!
Aujourd’hui, y’a des vignes, I once was lost, but now am found;
Il y pouss’ du raisin : Was blind, but now I see.
Qui boira d’ ce vin-là
Boira l’ sang des copains ‘Twas grace that taught my heart to fear,
And grace my fears relieved;
2) Sur cette butte-là, on n’y f’sait pas la noce How precious did that grace appear
Comme à Montmartre The hour I first believed.
Où l’Champagn’ coule à flots
Mais les pauv’ gars Through many dangers, toils and snares,
Qu’y avaient laissé des gosses I have already come;
Y f’saient entendre de terribles sanglots ‘Tis grace hath brought me safe thus far,
C’qu’elle en a bu, des larmes, cette terre, And grace will lead me home.
Larmes d’ouvriers, larmes de paysans,
Car les bandits qui sont cause des guerres Phonétique (il faut rouler les r !):
Ne pleurent jamais Eumeïzing’ greïss ! Haou souitt ze saound
Car ce sont des tyrans Zatt seïvd eu rouetch laïk mi
Aï ouanz ouaz lost beutt naou am faound
La butte rouge, c’est son nom Ouaz blaïnd beutt naou aï si
L’ baptêm’ s’ fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient Touaz greïss zatt tott maï heurtt tou fir
Roulaient dans le ravin End greïss maï firz rilivd
Aujourd’hui, y’a des vignes, Haou précheuss did zatt greïss eupir
Il y pousse du raisin Zi haour aï feurst bilivd
Qui boit de ce vin-là
Boit les larmes des copains Srou méni dennjeurz toïlz end snerz
Aï hav olrèdi comm
3) Sur cett’ butte-là, Tiz greïss haz brott mi seïf zeus far
On y r’fait des vendanges End greïss ouil lid mi homm
On y entend des cris et des chansons
Filles et gars doucement s’y échangent (Traduction: Merveilleuse grâce ! Si doux est ton nom
Des mots d’amour qui donnent le frisson qu’il sauva un misérable tel que moi ; J’étais perdu, mais
Peuvent-ils songer me voilà sauvé ; J’étais aveugle, mais maintenant je vois.
Ce fut la grâce qui enseigna à mon cœur la peur, et ce fut
Dans leurs folles étreintes
elle qui la chassa. La grâce m’apparut si précieuse, dès
Qu’à cet endroit qu’en elle je mis ma confiance. Malgré les dangers, les
Où s’échangent leurs baisers épreuves et les pièges que j’ai dû traverser, la grâce m’a
J’ai entendu, la nuit, monter des plaintes toujours mené à bon port, et c’est elle qui me conduira à
Et j’y ai vu des gars au crâne brisé ? ma destination finale.)
45
z Ah ! que nos pères Paris bandit aux mains qui glissent
T’as pas d’amis dans la police
Ah ! que nos pères étaient heureux (bis) Dans ton corsage de néon
Quand ils étaient à table Tu n’est pas sage mais c’est si bon...
Le vin coulait à côté d’eux (bis) Hold-up savants pour la chronique
Ça leur était fort agréable Tractions avant pour la tactique
Un p’tit coup sec dans l’ diapason
Refrain Rang’ tes kopecks sinon t’es bon...
Ils buvaient à pleins tonneaux A la la une à la la deux
Comme des trous Fil’-moi trois tunes j’ te verrai mieux
Comme des trous morbleu La tout’ dernièr’ des éditions
Bien autrement que nous morbleu T’es en galèr’ mais c’est si bon...
Bien autrement que nous A la la der à la la rien
T’es un gangster à la mie d’ pain
Ils n’avaient ni riches buffets (bis) Faut être adroit pour fair’ carton
Ni verres de Venise La prochain’ fois tu s’ras p’têt’ bon
Mais ils avaient des gobelets (bis)
Aussi grands que leurs barbes grises Paris j’ai bu à la voix grise
Le long des rues tu vocalises
Ils ne savaient ni le latin (bis) Y a pas d’espoir pour tes haillons
Ni la théologie Seul’ment l’ trottoir mais c’est si bon...
Mais ils avaient le goût du vin (bis) Tes vagabonds te font des scènes
C’était là leur philosophie Mais sous tes ponts coule la Seine
Pour la romance à illusion
Quand ils avaient quelque chagrin (bis) Y a d’ l’affluence mais c’est si bon...
Ou quelque maladie Môm’s égarées dans les faubourgs
Ils plantaient là le médecin (bis) Prairie pavée où pouss’ l’amour
Apothicaire et pharmacie Ça pousse encore à la maison
On a eu tort mais c’est si bon...
Celui qui planta le Provins (bis) Regards perdus dans le ruisseau
Au doux pays de France Où va la rue comme un bateau
Dans l’éclat du rubis du vin (bis) Ça tangue un peu dans l’entrepont
Il a planté notre espérance C’est laborieux mais c’est si bon...

Paris je prends au cœur de pierre


Un compt’ courant des bell’s manière
z Paris Canaille Un coup d’ chapeau à l’occasion
Léo Ferré (1953)
Il faut c’ qu’ y faut mais c’est si bon...
Des sociétés très anonymes
Paris marlou aux yeux de fille
Un député que l’on estime
Ton air filou tes vieill’s guenilles
Un p’tit mann’quin en confection
Et tes gueulant’s d’accordéon
C’est pas l’ bais’-main mais c’est si bon...
Ça fait pas d’ rent’s mais c’est si bon...
Pass’ la monnaie v’là du clinquant
Tes gigolos te déshabillent
Un coup d’ rabais and gentleman
Sous le métro de la Bastille
Un carnet d’ chèque sans provision
Pour se soûler à tes jupons
Faut faire avec mais si c’est bon...
Ça fait gueuler mais c’est si bon...
Un p’tit Faubourg Saint-Honoré
Brins des Lilas fleur de Pantin
Trois petits fours et je m’en vais
Ça fait des tas de p’tits tapins
Surpris’-partie surpris’-restons
Qui font merveille en tout’ saison
On est surpris mais c’est si bon...
Ça fait d’ l’oseille et c’est si bon...
Dédé la Croix, Bébert d’Anvers
Paris flonflon t’as l’âme en fête
Ça fait des mois qu’y sont au vert
Et des millions pour tes poètes
Alors ces dam’s s’ font un’ raison
Quelques centimes à ma chanson
A s’ font bigam’s et c’est si bon...
Ça fait la rime et c’est si bon...
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z Au Printemps Pour l’ombre d’un regard
Jacques Brel (1958) En riant,
Tout’ la terre
Au printemps, au printemps, Se chang’ra en baisers
Et mon cœur et ton cœur Qui parleront d’espoir
Sont repeints au vin blanc Vois ce miracle
Au printemps, au printemps, Car c’est bien le dernier
Les amants vont prier Qui s’offre encor à nous
Notre Dam’ du bon temps Sans avoir à l’app’ler
Au printemps, Vois ce miracle
Pour un’ fleur un sourir’ un serment Qui devait arriver
Pour l’ombre d’un regard C’est la première chance
En riant La seule de l’année
Tout’s les filles
Vous donn’ront leurs baisers Au printemps, au printemps,
Et puis tous leurs espoirs Et mon cœur et ton cœur
Vois tous ces cœurs Sont repeints au vin blanc
Comme des artichauts Au printemps, au printemps,
Qui s’effeuill’nt en battant Les amants vont prier
Pour s’offrir aux badauds Notre Dam’ du bon temps
Vois tous ces cœurs Au printemps, au printemps, au printemps
Comm’ de gentils mégots
Qui s’enflamm’nt en riant
Pour les fill’s du métro z Si toi aussi tu m’abandonnes
High Noon, par. angl. N. Washignton, par. fr. M.
Au printemps, au printemps, François et H. Contet, mus. D. Tiomkin (1952)
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc Si toi aussi tu m’abandonnes
Au printemps, au printemps, O mon unique amour, toi !
Les amants vont prier Nul ne pourra plus jamais rien,
Notre Dam’ du bon temps non, rien pou-our moi
Au printemps, Si tu me quittes plus personne
Pour un’ fleur un sourir’ un serment Ne comprendra mon désarroi
Pour l’ombre d’un regard Et je garderai ma souffrance
En riant Dans un silence
Tout Paris Sans espérance
Se chang’ra en baisers Puisque ton cœur ne sera plus là
Parfois même en grand soir
Vois tout Paris C’est la cruelle incertitude
Se change en pâturages Qui vient hanter ma solitude
Pour troupeaux d’amoureux Que deviendrai-je dans la vie
Aux bergères peu sages Si tu me fuis
Vois tout Paris J’ai tant besoin de ta présence
Joue la fête au village Tu restes ma dernière chance
Pour bénir au soleil Si tu t’en vas, j’aurai trop peur
Ses nouveaux mariages Peur de ne plus vivre une heure

Au printemps, au printemps, Si toi aussi tu m’abandonnes


Et mon cœur et ton cœur Il ne me restera plus rien
Sont repeints au vin blanc Plus rien au monde plus personne
Au printemps, au printemps, Qui me comprenne
Les amants vont prier Qui me soutienne
Notre Dam’ du bon temps Ou qui me donn’ simplement la main
Au printemps,
Pour un’ fleur un sourir’ un serment Attends ! Attends ! Attends… demain !
47
z Le Poinçonneur des Lilas 3) J’ suis le poinçonneur des Lilas
S. Gainsbourg (1958) Arts-et-Métiers direct par Levallois
J’en ai marre, j’en ai ma claque
1) J’ suis l’ poinçonneur des Lilas De ce cloaque
Le gars qu’on croise et qu’on n’ regarde pas Je voudrais jouer la fill’ de l’air
Y a pas d’ soleil sous la terre Laisser ma casquette au vestiaire
Drôle de croisière Un jour viendra j’en suis sûr
Pour tuer l’ennui j’ai dans ma vest’ Où j’ pourrai m’évader dans la nature
Les extraits du Reader’s Digest J’ partirai sur la grand’route
Et dans c’ bouquin y a écrit Et coût’ que coûte
Que des gars s’ la coulent douce à Miami Et si pour moi il n’est plus temps
Pendant c’ temps que je fais l’ zouave Je partirai les pieds devant
Au fond de la cave
Paraît qu’y a pas d’ sot métier J’fais des trous, des p’tits trous
Moi j’ fais des trous dans des billets Encor’ des p’tits trous
Des p’tits trous, des p’tits trous
J’fais des trous, des p’tits trous Toujours des p’tits trous
Encor’ des p’tits trous Y a d’ quoi d’venir dingue
Des p’tits trous, des p’tits trous De quoi prendre un flingue
Toujours des p’tits trous S’faire un trou, un p’tit trou
Des trous d’ second’ classe Un dernier p’tit trou
Des trous d’ premièr’ classe Un p’tit trou,
J’fais des trous, des p’tits trous un p’tit trou
Encore des p’tits trous Un dernier p’tit trou
Des p’tits trous, des p’tits trous Et on m’ mettra dans un grand trou
Toujours des p’tits trous Et j’ n’entendrai plus parler d’ trous
Des petits trous, des petits trous Plus jamais d’ trous
Des petits trous, des petits trous De petits trous, de petits trous,
De petits trous
2) J’ suis l’ poinçonneur des Lilas
Pour Invalid’s changer à Opéra
Je vis au cœur d’ la planète z Syracuse
J’ai dans la tête Par. B. Dimey, mus. H. Salvador (1962)
Un carnaval de confettis
J’en amène jusque dans mon lit J’aimerais tant voir Syracuse
Et sous mon ciel de faïence L’île de Pâques et Kairouan
Je n’ vois briller que les correspondances Et les grands oiseaux qui s’amusent
Parfois je rêve, je divague A glisser l’aile sous le vent
Je vois des vagues
Et dans la brume au bout du quai Voir les jardins de Babylone
J’ vois un bateau qui vient m’ chercher Et le palais du grand Lama
Rêver des amants de Vérone
Pour m’ sortir de ce trou Au sommet du Fuji-Yama
Où je fais des trous
Des p’tits trous, des p’tits trous Voir le pays du matin calme
Toujours des p’tits trous Aller pêcher au cormoran
Mais l’ bateau se taille Et m’enivrer de vin de palme
Et j’ vois qu’ je déraille En écoutant ..chanter le vent
Et je rest’ dans mon trou
A fair’ des p’tits trous Avant que ma jeunesse s’use
Des p’tits trous, des p’tits trous Et que mes printemps soient partis
Toujours des p’tits trous J’aimerais tant voir Syracuse
Des petits trous, des petits trous Pour m’en souvenir à Paris
Des petits trous, des petits trous
48
z La plus bath des javas Une roue péta dans son gilet
Par. Georgius, mus. Tremolo (1925)
Alors on l’arrêta
1) Je vais vous raconter Sur un air de java
Une histoire arrivée Mais rouge de colère
A Nana et Julot Gueul’ d’Acier Sur un air de javère
Pour vous raconter ça Dans le ventre du flic
Il fallait un’ java Sur un air de javic
J’en ai fait un’ bath écoutez-la Il plongea son eustache
Mais j’ vous préviens surtout Sur un air de jeun’ vache
J’ suis pas poèt’ du tout
Mes couplets n’ rim’nt pas bien 4) Nana ne sachant rien
Mais j’ m’en fous Continuait son turbin
Six mois se sont passés...Un matin
L’grand Julot et Nana Ell’ rentre à la maison
Sur un air de java Mais elle a des frissons
S’ connur’nt au bal musett’ Elle s’arrête devant la prison
Sur un air de javette L’échafaud se dress’ là
Ell’ lui dit : "J’ai l’ béguin" L’bourreau qui n’ s’en fait pas
Sur un air de javin Fait l’ coup’ret à la Pâte Oméga
Il répondit : "Tant mieux" Julot vient à p’tits pas
Sur un air déjà vieux Sur un air de java
C’est lui qu’on guillotine
Refrain Sur un air de javine
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Sa têt’ roul’ dans l’ panier
Ecoutez ça si c’est chouette Sur un air de javier
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Et Nana s’évanouille
C’est la plus bath des javas Sur un air de javouille

2) Ils partir’nt tous les deux


Comme des amoureux z Méditerranée
A l’hôtel meublé du Pou Nerveux Par. R. Vincy, mus. F. Lopez (1956)
Le lendemain, Julot
lui dit : "J’ t’ai dans la peau" Sous le climat qui fait chanter tout le Midi,
Et il lui botta le bas du dos Sous le soleil qui fait mûrir les ritournelles,
Ell’ lui dit : "J’ai compris, Dans tous les coins on se croirait au Paradis
Tu veux d’ l’argent, chéri, Près d'une mer toujours plus bleue, toujours plus
J’en aurai à la sueur du nombril" belle
Et pour qu'elle ait dans sa beauté plus de douceur
Alors ell’ s’en alla Mille jardins lui font comme un collier de fleurs...
Sur un air de java
Boul’vard de la Chapelle Méditerranée
Sur un air de javelle Aux îles d'or ensoleillées
Elle s’ vendit pour de l’or Aux rivages sans nuages
Sur un air de javor Au ciel enchanté
Méditerranée
A trois francs la séance
C'est une fée qui t'a donné
Sur un air de jouvence
Ton décor et ta beauté
Mé-di-terranée !
3) Son homm’ pendant ce temps,
Ayant besoin d’argent Au clair de lune, entendez-vous dans le lointain,
Mijotait un vol extravagant Comme un écho qui, sur les vagues, s'achemine ?
Il chipa, lui, Julot Entendez-vous le gai refrain des tambourins
Une ram’ de métro Accompagné du trémolo des mandolines ?
Qu’il dissimula sur son pal’tot C'est la chanson qui vient bercer, toutes les nuits,
Le coup était bien fait Les amoureux du monde entier qu'elle a séduits.
Mais just’ quand il sortait
49
z Le Tord-Boyau Cet endroit est tell’ment sympathiqu’
Par. P. Perret, mus P. Perret et F. Charpin (1963) Qu’y a déjà l’ tout Paris qui rappliqu’
Un p’tit peu déçu d’ pas être invité
1) Il s’agit d’un boui-boui bien crado Ni filmé par les actualités
Où les mecs par dessus l’ calendo Au Tord-Boyaux le patron s’appell’ Bruno
Se rinc’nt la cloison au Kroutchev maison Allez vit’ le voir avant
Un Bercy pas piqué des hann’tons Qu’il s’achèt’ La Tour d’Argent
D’ temps en temps y’a un vieux pue-la-sueur
Qui s’offre un vieux jambon au vieux beurre
Et puis un’ nana, un’ jolie drôless’ z Le loup, la biche et le chevalier
Qui lui vant’ son magasin à fess’s Par. M. Pon. Mus. H. Salvador (1950)
Au Tord-Boyaux le patron s’appell’ Bruno
Il a d’ la graiss’ plein les tiffs Une chanson douce
Des gros points noirs sur le pif Que me chantait ma maman
En suçant mon pouce
2) Quand Bruno fait l’ menu et le sert J'écoutais en m'endormant
T’as les premièr’s douleurs au dessert Cette chanson douce
L’estomac à g’noux qui demand’ pardon Je veux la chanter pour toi
Les boyaux qui tricotent des napp’rons Car ta peau est douce
Les rotules de Grand Mère c’est du beurre Comme la mousse des bois
A côté du bifteck pomm’ vapeur
Si avant d’entrer y t’ rest’ un’ molair’ La petite biche est aux abois.
Un conseil, tu la laisses au vestiaire Dans le bois, se cache le loup
Au Tord-Boyaux le patron s’appell’ Bruno Ouh, ouh, ouh ouh !
Sa femme est mort’ y’a trois mois Mais le brave chevalier passa
D’un ulcère à l’estomac Il prit la biche dans ses bras
La, la, la, la
3) Dans l’ quartier mêm’ le mois le plus doux
Tu n’ risques pas d’entendre « miaou » La petite biche
Des greffiers mignons, y’en a plus besef Ce sera toi, si tu veux
Ils sont tous dev’nus terrine du chef Le loup, on s'en fiche
Je m’ souviendrai longtemps d’un gazier Contre lui, nous serons deux
Qui voulait à tout prix du gibier Une chanson douce
Il chuta avant de sucer les os Que me chantait ma maman
Les moustaches en croix sur le carreau Une chanson douce
Au Tord-Boyaux le patron s’appell’ Bruno Pour tous les petits enfants
Il envoie des postillons
Ça fait des yeux dans l’ bouillon O le joli conte que voilà
La biche, en femme, se changea
4) Sois prudent, prends bien garde au fromage La, la, la, la
Son camembert a eu l’ retour d’âge Et dans les bras du beau chevalier
Avant d’ le sentir j’ te jure que t’hésites Belle princesse elle est restée
Ou alors c’est qu’ t’as d’ la sinusite A tout jamais
Comme Bruno a un gros panaris
Le médecin a prescrit l’ bain-marie La jolie princesse
Et subreptic’ment en t’am’nant l’assiette Avait tes jolis cheveux
Il le glisse au chaud dans la blanquette La même caresse
Au Tord-Boyaux le patron s’appell’ Bruno Se lit au fond de tes yeux
Rien qu’à humer l’ mironton Cette chanson douce
T’as la gueul’ plein’ de boutons Je veux la chanter aussi
Pour toi, ô ma douce
5) Il s’agit d’un boui-boui bien crado Jusqu'à la fin de ma vie (bis)
Où les mecs par dessus l’ calendo
Se rinc’nt la cloison au Kroutchev maison
Un Bercy pas piqué des hann’tons
50
z Ma liberté z La Marie vison
Georges Moustaki (1968) Par. Roger Varnay, mus. Marc Heyral (1954)

Ma liberté Refrain
Longtemps je t'ai gardée Elle a roulé sa bosse elle a roulé carosse
Comme une perle rare Elle a plumé plus d'un pigeon
Ma liberté La Marie-Vison
C'est toi qui m'as aidé Du côté d'la Chapelle
A larguer les amarres C'est comm'ça qu'on l'appelle
Pour aller n'importe où Même en été elle a sur l'dos
Pour aller jusqu'au bout Son sacré manteau
Des chemins de fortune Il est bouffé aux mites
Pour cueillir en rêvant Et quand elle a la cuite
Une rose des vents Ell' n'peut pas s'empêcher de raconter
Sur un rayon de lune Que la vie était belle
Qu'ell' portait des dentelles
Ma liberté
Et tous les homm's, oui tous les homm's
Devant tes volontés
Etaient fous d'elle
Mon âme était soumise
Elle a roulé sa bosse elle a roulé carosse
Ma liberté
Elle a plumé plus d'un pigeon la Marie-Vison
Je t'avais tout donné
Ma dernière chemise
Et combien j'ai souffert Mais un soir, un soir ce fut plus fort qu'elle
Pour pouvoir satisfaire La v'la qui s'est mise à pleurer
Tes moindres exigences Et son secret, son secret trop lourd pour elle
J'ai changé de pays Dans un bistrot me l'a confié.
J'ai perdu mes amis
Pour gagner ta confiance Refrain
Ell' n'a jamais cherché un p'tit cœur à aimer
Ma liberté Ell' n'a choisi que des ballots
Tu as su désarmer Au cœur d'artichaut
Toutes mes habitudes A jouer de la prunelle de Passy à Grenelle
Ma liberté On perd son temps et ses vingt ans
Toi qui m'as fait aimer V'là qu'ils fich'nt le camp
Même la solitude Pour ce sacré manteau
Toi qui m'as fait sourire Qu'ell' voulait sur son dos
Quand je voyais finir Elle a foutu au clou ses rêv's de gosse
Une belle aventure Et ce sacré manteau
Toi qui m'as protégé
Qu'ell' a toujours sur l'dos
Quand j'allais me cacher
Ca l'a mené
Pour soigner mes blessures
A la Chapelle dans mon quartier
Ma liberté Elle a roulé sa bosse elle a roulé carosse
Pourtant je t'ai quittée Elle a plumé plus d'un pigeon
Une nuit de décembre
J'ai déserté Coda
Les chemins écartés La Marie-Vison
Que nous suivions ensemble Vous, les jouvencelles
Lorsque sans me méfier Ne fait's pas comme elle
Les pieds et poings liés S'aimer d'amour,
Je me suis laissé faire C'est ça qu'est bon
Et je t'ai trahie pour Sacré nom de nom !
Une prison d'amour
Et sa belle geôlière

Et je t'ai trahie pour


Une prison d'amour
Et sa belle geôlière
51
z Gloire au Dix-septième La caill’, la tourterelle, et la jolie perdrix
Par. Monthéus, mus. R. Chantelegret et P. Doubis Et ma blanche colombe qui chante jour et nuit
(1907)
Ell’ chante pour les filles qui n’ont pas de mari
1) Légitime était votre colère Pour moi ne chante guère, car j’en ai un joli
Le refus était un grand devoir
On ne doit pas tuer ses père et mère Mais dites-moi donc, belle, où est votre mari ?
Pour les grands qui sont au pouvoir Il est dans la Hollande, les Hollandais l’ont pris
Soldats votre conscience est nette
On n’ se tue pas entre français Que donneriez-vous, belle, pour ravoir vot’ mari?
Refusant d’ rougir vos baïonnettes Je donnerais Versailles, Paris et Saint-Denis
Petits soldats oui vous avez bien fait
Les tours de Notre-Dame, l’clocher de mon pays
Refrain Et ma jolie colombe qui chante jour et nuit.
Salut, salut à vous,
Braves soldats du dix-septième
Salut, braves pious-pious z L’Internationale
Chacun vous admire et vous aime Par. E. Pottier (1871), mus. P. Degeyter (1888)
Salut, salut à vous
A votre geste magnifique 1) Debout les damnés de la terre
Vous auriez en tirant sur nous Debout les forçats de la faim
Assassiné la République La raison tonne en son cratère
C’est l’éruption de la fin
2) Comm’ les autres vous aimez la France Du passé faisons table rase
J’en suis sûr même vous l’aimez bien Foule esclave, debout debout
Mais sous votre pantalon garance Le monde va changer de face
Vous êtes restés des citoyens Nous ne sommes rien, soyons tout
La Patrie c’est d’abord sa mère
Cell’ qui vous a donné le sein Refrain
Et vaut mieux même aller aux galères C’est la lutte finale
Que d’accepter d’être son assassin Groupons-nous et demain
L’Internationale sera le genre humain (bis)
3) Espérons qu’un jour viendra en France
Où la paix, la concord’ règnera 2) Il n’est pas de sauveurs suprêmes
Ayons tous au cœur cette espérance Ni Dieu, ni César ni tribun :
Que bientôt ce grand jour viendra Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Vous avez j’té la premièr’ graine Décrétons le salut commun !
Dans le sillon d’ l’humanité Pour que le voleur rende gorge
La récolte sera prochaine Pour tirer l’esprit du cachot
Et ce jour-là vous serez tous fêtés Soufflons nous-mêmes notre forge
Battons le fer quand il est chaud !

z Auprès de ma blonde 3) Hideux dans leur apothéose


A. Joubert (fin 17ème siècle) Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Dans les jardins d’mon père, les lilas sont fleuris Que dévaliser le travail ?
(bis) Dans les coffres-forts de la bande
Tous les oiseaux du monde vienn’nt y faire leurs Ce qu’il a créé s’est fondu
nids En décrétant qu’on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû
Refrain
Auprès de ma blonde
Qu’il fait bon, fait bon, fait bon,
Auprès de ma blonde qu’il fait bon dormir
52
z L’insurgé Tous les vieux ponts nous connaissent
Paroles d'Eugène Pottier-musique de Pierre Degeyter.
Témoins de folles promesses
Après le vote de la loi d'amnistie, Eugène Pottier revient de son Qu’au fil de l’eau, leur écho va conter
exil aux Etats-Unis. C'est en 1884 qu'il compose l'Insurgé en Aux gais moineaux effrontés
hommage à Blanqui et aux Communards Et dans tes bras qui m’enchaînent
En écoutant les sirènes
1) L’insurgé, son vrai nom, c’est l’Homme,
Je laisse battre, éperdu de bonheur
Qui n’est plus la bête de somme
Mon cœur auprès de ton cœur
Qui n’obéit qu’à la raison
Et qui marche avec confiance
Car le soleil de la science
Se lève rouge à l’horizon. z C’est un mauvais garçon
Par. J. Boyer, mus. G. van Parys (1936)
Refrain
Devant toi, misère sauvage, 1) Nous les paumés
Devant toi, pesant esclavage, Nous ne sommes pas aimés
L’insurgé se dresse Des bons bourgeois qui nagent dans la joie
Le fusil chargé. Il faut avoir, pour être à leur goût,
Un beau faux-col et un chapeau mou
2) On peut le voir en barricades Ça n’ fait pas riche une casquette
Descendr’ avec les camarades, Ça donn’ le genre malhonnête
Riant, blaguant, risquant sa peau. Et c’est pourquoi
Et sa prunelle décidée Quand un bourgeois nous voit
S’allum’ aux splendeurs de l’idée, Il dit en nous montrant du doigt
Aux reflets pourprés du drapeau.
C’est un mauvais garçon
3) Il comprend notre mèr’ aimante, Il a des façons pas très catholiques
La planète qui se lamente On a peur de lui
Sous le joug individuel. Quand on le rencontre la nuit
Il veut organiser le monde C’est un méchant p’tit gars qui fait du dégât
Pour que de sa mamell’ ronde Sitôt qu’il s’explique
Coul’ un bien-être universel. Ça joue du poing, d’ la tête et du chausson
Un mauvais garçon

2) Tout’s les bell’s dames


z Sur les quais du vieux Paris Plein’s de perles et de diam’s
Par. L. Poterat, mus. R. Erwin (1939)
En nous croisant ont des airs méprisants
Quand doucement tu te penches Oui, mais demain, peut-être ce soir
En murmurant « C’est dimanche : Dans nos musettes ell’s viendront nous voir
Si nous allions en banlieue faire un tour Elles guincheront comm’ des filles
Sous le ciel bleu des beaux jours » En s’enroulant dans nos quilles
Mille projets nous attirent Et nous lirons dans leurs yeux chavirés
Mais dans un même sourire L’aveu qu’elles n’osent murmurer
Nous referons le trajet simple et doux
De nos premiers rendez-vous C’est un mauvais garçon
Il a des façons pas très catholiques
On a peur de lui
Refrain
Sur les quais du vieux Paris Quand on le rencontre la nuit
Le long de la Seine, le bonheur sourit C’est un méchant p’tit gars
Sur les quais du vieux Paris Qui fait du dégât sitôt qu’il s’explique
L’amour se promène en cherchant un nid Mais y a pas mieux
Vieux bouquinistes, belles fleuristes Pour donner l’ grand frisson
Comme on vous aime, vivants poèmes Qu’un mauvais garçon
Sur les quais du vieux Paris
De l’amour bohème, c’est le paradis
53
z La Complainte des infidèles 3) Le temps du muguet ne dure jamais
Par. C. Rim, mus. G.van Parys (1931) Plus longtemps que le mois de mai
Quand tous ses bouquets
Bonnes gens, écoutez la triste ritournelle Déjà seront fanés
Des amants errants en proie à leurs tourments Pour nous deux rien n’aura changé
Parce qu’ils ont aimé des femmes infidèles Aussi belle qu’avant
Qui les ont trompés ignominieusement Notre chanson d’amour
Méfiez-vous, femmes cruelles Chantera comme au premier jour
Qu’on vous en fasse tout autant
La douleur n’est pas éternelle 4) Il s’en est allé le temps du muguet
Même chez le meilleur des amants Comm’ un vieil ami fatigué
Vaincues par vos propres armes Pour toute une année pour se faire oublier
Vous connaîtrez à votre tour En partant il nous a laissé
Et le désespoir et les larmes Un peu de son printemps
De la jalousie et de l’amour Un peu de ses vingt ans
Pour s’aimer, pour s’aimer longtemps
Refrain :
Cœur pour cœur
Dent pour dent, z A Paris
Telle est la loi des amants (bis) F. Lemarque (1948)

Bonnes gens, 1) A Paris


C’est le refrain des filles cruelles Quand un amour fleurit
Sans foi, ni serment Ça fait pendant des s’main’s
Trompées par leurs amants Deux cœurs qui se sourient
Parce qu’ils ont aimé des femmes infidèles, Tout ça parce qu’ils s’aim’nt
Ils se sont vengés victorieusement A Paris
Ah ! souffrez mes tourterelles Au printemps
Vous voici en peine d’amant Sur les toits, les girouett’s
Des inquiétudes mortelles, Tourn’nt et font les coquett’s
C’est vous qui connaîtrez le tourment Avec le premier vent
Répandez vos jolies larmes Qui passe indifférent
Oui, pleurez, c’est bien votre tour Nonchalant
Vous avez dû rendre vos armes Car le vent
Et l’amour est mort, vive l’amour Quand il vient à Paris
N’a plus qu’un seul souci
C’est d’aller musarder
z Le Temps du muguet Dans tous les beaux quartiers
Par. fr. F. Lamarque, mus. et par. orig. B. Soloviev- De Paris
Sodoï et M. Matoussovski Le soleil
Qui est son vieux copain
1) (Phonétique) Est aussi de la fête
Niè souichné v’sadou dajé chorori Et comm’ deux collégiens
Fsio zdiès zamiérouo do outra Il s’en vont en goguett’
Yesli bé znali, vé cac mnié darogui Dans Paris
Padmaskofskié viétchiéra
Yesli bé znali, vé cac mnié darogui Et la main dans la main
Padmaskofskié viétchiéra Ils vont sans se frapper
Regardant en chemin
2) Il est revenu, le temps du muguet Si Paris a changé
Comm’ un vieil ami retrouvé
Il est revenu flâner le long des quais 2) Y a toujours
Jusqu’au banc où je t’attendais Des taxis en maraud’
Et j’ai vu refleurir Qui vous chargent en fraude
L’éclat de ton sourire Avant le stationn’ment
Aujourd’hui plus beau que jamais Où y a encor’ l’agent
54
Des taxis z La Goualante du pauvre Jean
Au café Par. R. Rouzaud, mus. M. Monnot (1954)
On voit n’importe qui
Qui boit n’importe quoi Esgourdez rien qu’un instant
Qui parle avec ses mains La goualant’ du pauvre Jean
Qu’est là depuis l’ matin Que les femmes n’aimaient pas
Au café Et n’oubliez pas !
Y a la Seine Dans la vie y a qu’un’ morale
A n’importe quelle heure Qu’on soit riche ou sans un sou
Elle a ses visiteurs Sans amour on est rien du tout
Qui la r’gard’nt dans les yeux On est rien du tout
Ce sont ses amoureux Lui aussi était rupin
A la Seine Et fringué comme un gandin
Et y a ceux Il pionçait dans de beaux draps
Ceux qui ont fait leur lit Mais n’oubliez pas
Près du lit de la Seine Dans la vie on est peau d’ balle
Et qui s’ lav’nt à midi Quand notre cœur est au clou
Tous les jours de la s’main’ Sans amour on est rien du tout
Dans la Seine On est rien du tout

3) Et les autres Il guinchait dans les salons


Ceux qui en ont assez Il baffrait comm’ un cochon
Parc’ qu’ils en ont vu d’ trop Et lichait tous les tafias
Et qui veul’nt oublier Mais n’oubliez pas
Alors ils s’ jett’nt à l’eau Rien ne vaut un’ bell’ fille
Mais la Seine Qui partag’ notre ragoût
Ell’ préfère Sans amour on est rien du tout
Voir les jolis bateaux On est rien du tout
Se promener sur elle Pour gagner des picaillons
Et au fil de son eau Il fut un méchant larron
Jouer aux caravell’s On le saluait bien bas
Sur la Seine Mais n’oubliez pas
Les ennuis Un jour on fait la pirouette
Y en a pas qu’à Paris Et derrière les verrous
Y en a dans l’ monde entier Croyez-moi on est rien du tout
Oui mais dans l’ monde entier On est rien du tout
Y a pas partout Paris
V’là l’ennui Esgourdez tous les galants
A Paris Soyez fiers de vos vingt ans
Au quatorze juillet On ne les a qu’une fois
A la lueur des lampions Et n’oubliez pas
On danse sans arrêt Plutôt qu’une cordelette
Au son d’ l’accordéon Mieux vaut un’ femme à son cou
Dans les rues Sans amour on est rien du tout
On est rien du tout
Depuis qu’à Paris on a pris la Bastille Et voilà mes pauvres gens
Dans tous les faubourgs La goualant’ du pauvre Jean
Et à chaque carr’four Qui vous dit en vous quittant
Il y a des gars et il y a des fill’s « Aimez-vous ! »
Qui sur les pavés
Sans arrêt, nuit et jour
Font des tours
Et des tours
A Paris
55
z Le piano du Pauvre L'instrument d'service
Léo Ferré (1954)
Le piano du pauvre
Le piano du pauvre N'a pas fini d'jacter
Se noue autour du cou Sous le regard fauve
La chanson guimauve Des rupins du quartier
Toscanini s'en fout Pendant qu'les barbus
Mais il est pas chien Du vieil Institut
Et le lui rend bien Posent leurs bésicles
Il est éclectique Pour entendre au loin
Sonate ou java Le piano moulin
Concerto polka Qui leur fait l'article
Il aim' la musique
Le piano du pauvre
Le piano du pauvre Dans sa boîte à bobards
C'est l'Chopin du printemps S'tape un air guimauve
Sous le soleil mauve En s'prenant pour Mozart
Des lilas de Nogent S'il a l'air grognon
Il roucoule un brin Et joue sans façons
A ceux qui s'plais'nt bien Des javas perverses
Et fait des avances C'est qu'il est pas chien
Ravel ou machin Et puis qu'il faut bien
C'est déjà la fin Fair' marcher l'Commerce...
Mais v'là qu'y r'commence

Le piano du pauvre z Pour un flirt


Se noue autour des reins Michel Delpech (1971)
Sa chanson guimauve
Ça va toujours très loin La, la, la, la…
Car il n'est pas chien
Toujours il y r'vient Pour un flirt avec toi
Il a la pratique Je ferais n'importe quoi
C'est pour ça d'ailleurs Pour un flirt avec toi
Qu'les histoir's de cœur Je serais prêt à tout
Finiss'nt en musique Pour un simple rendez-vous
Pour un flirt avec toi
Le piano du pauvre
Est un joujou d'un sou Refrain
Quand l'amour se sauve Pour un petit tour, un petit jour
Y a pas qu'lui qui s'en fout Entre tes bras
Car on n'est pas chien Pour un petit tour, au petit jour
On le lui rend bien Entre tes draps
On est éclectique
Jules ou bien machin Je pourrais tout quitter
C'est déjà la fin Quitte à faire démodé
Mais v'là qu'on y r'pique Pour un flirt avec toi
Je pourrais me damner
Le piano du pauvre Pour un seul baiser volé
C'est pas qu'il est voyou Pour un flirt avec toi
La chanson guimauve
On en prend tous un coup Je ferais l'amoureux
Car on n'est pas chien Pour te câliner un peu
On a les moyens Pour un flirt avec toi
Et le cœur qui plisse Je ferais des folies
Quand Paderewsky Pour arriver dans ton lit
Tir' de son étui Pour un flirt avec toi
56
z Emmenez-moi Où rien n’est important
Par. G Aznavour, mus. G Garvarentz (1967) Que de vivre,
Où des filles alanguies
1) Vers les docks ou le poids et l’ennui Vous ravissent le cœur
Me courbent le dos En tressant m’a-t-on dit
Ils arrivent le ventre alourdi De ces colliers de fleurs
De fruits, les bateaux. Qui enivrent.
Ils viennent du bout du monde Je fuirai laissant là mon passé
Apportant avec eux Sans aucun remords
Des idées vagabondes Sans bagage et le cœur libéré
Aux reflets de ciel bleu, En chantant très fort.
De mirages.
Traînant un parfum poivré
De pays inconnus z Les petits papiers
Et d’éternels étés S. Gainsbourg (1965)
Où l’on vit presque nu,
Sur les plages Laissez parler les p’tits papiers
Moi qui n’ai connu toute ma vie A l’occasion papier chiffon
Que le ciel du Nord Puissent-ils un soir papier buvard
J’aimerais débarbouiller ce gris Vous consoler
En virant de bord.
Laisser brûler les p’tits papiers
Refrain Papier de riz ou d’Arménie
Emmenez-moi au bout de la terre Qu’un soir ils puissent papier maïs
Emmenez-moi au pays des merveilles Vous réchauffer
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil. Un peu d’amour papier velours
Et d’esthétique papier musique
2) Dans les bars à la tombée du jour C’est du chagrin papier dessin
Avec les marins Avant longtemps
Quand on parle de filles et d’amour
Un verre à la main Laissez glisser papier glacé
Je perds la notion des choses Les sentiments papier collant
Et soudain ma pensée Ça impressionne papier carbone
M’envole et me dépose Mais c’est du vent
Un merveilleux été
Sur la grève, Machin Machine papier machine
Où je vois tendant les bras Faut pas s’ leurrer papier doré
L’amour qui comme un fou Celui qu’y touche papier tue-mouches
Court au devant de moi Est moitié fou
Et je me pends au cou
De mon rêve C’est pas brillant papier d’argent
Quand les bars ferment, C’est pas donné papier-monnaie
que les marins Ou l’on en meurt papier à fleurs
Rejoignent leurs bords Ou l’on s’en fout
Moi je rêve encor’ jusqu’au matin
Debout sur le port. Laissez parler les p’tits papiers
A l’occasion papier chiffon
3) Un beau jour sur un rafiot craquant Puissent-ils un soir papier buvard
De la coque au pont Vous consoler
Pour partir je travaillerai dans
La soute à charbon. Laisser brûler les p’tits papiers
Prenant la route qui mène Papier de riz ou d’Arménie
A mes rêves d’enfant Qu’un soir ils puissent papier maïs
Sur des îles lointaines Vous réchauffer
57
z C’est une fleur de Paris 2) Quand j’écoute béat
Par. M. Vandair, mus. H. Bourtayre (1945) Un solo de batterie
V’là la java qui râle
1)Mon épicier l’avait gardée dans son comptoir Au nom de la patrie
Le percepteur la conservait dans son tiroir Mais quand je crie bravo
La fleur si belle de notre espoir A l’accordéoniste
Le pharmacien la dorlotait dans un bocal C’est le jazz qui m’engueule
L’ex-caporal en parlait à l’ex-général Me traitant de raciste
Car c’était elle notre idéal
C’est une fleur de Paris 3) Pour moi jazz et java
Du vieux Paris qui sourit C’est du pareil au même
Car c’est la fleur du retour J’ me saoule à la Bastille
Du retour des beaux jours, des beaux jours Et m’ noircis à Harlem
Pendant quatre ans, dans nos cœur Pour moi jazz et java
Elle a gardé ses couleurs Dans le fond c’est tout comme
Bleu, blanc, rouge, avec l’espoir elle a fleuri Le jazz dit " Go men "
C’est une fleur de Paris La java dit " Go home "

2) Le paysan la voyait fleurir dans ses champs 4) Jazz et java copains


Le vieux curé l’adorait dans un ciel tout blanc Ça doit pouvoir se faire
Fleur d’espérance, fleur de bonheur Pour qu’il en soit ainsi
Tous ceux qui se sont battus pour nos libertés Tiens, je partage en frère
Au petit jour, devant leurs yeux l’ont vue briller Je donne au jazz mes pieds
La fleur de France aux trois couleurs Pour marquer son tempo
C’est une fleur de chez nous Et je donne à la java… mes mains
Elle est sortie de partout Pour le bas de son dos
Car c’est la fleur du retour Et je donne à la java mes mains
Du retour des beaux jours Pour le bas de… son dos
Pendant quatre ans, dans nos cœurs
Elle a gardé ses couleurs
Bleu, blanc, rouge, z Marjolaine
Avec l’espoir elle a fleuri Par. F. Lemarque, mus. R. Revil (1957)
C’est une fleur de Paris
Un inconnu et sa guitare
Dans une rue pleine de brouillard
z Le Jazz et la java Chantait, chantait une chanson
Par. C. Nougaro, mus. J. Datin d’après un thème de Que répétaient deux autres compagnons
Haydn (1962)
Marjolaine, toi si jolie
Refrain Marjolaine, le printemps fleurit
Quand le jazz est Marjolaine, j’étais soldat
Quand le jazz est là Mais aujourd’hui
La java s’en Je reviens près de toi
La java s’en va
Il y a de l’orage dans l’air Tu m’avais dit : "Je t’attendrai"
Il y a de l’eau dans le… gaz Je t’avais dit: "Je reviendrai"
Entre le jazz et la java J’étais parti encore enfant
Suis revenu un homme maintenant
1) Chaque jour un peu plus
Y’a le jazz qui s’installe Marjolaine, toi si jolie
Alors la rage au cœur Marjolaine, je n’ai pas menti
La java fait la malle Marjolaine, j’étais soldat
Ses p’tit’s fess’s en bataille Mais aujourd’hui
Sous sa jupe fendue Je reviens près de toi
Elle écrase sa Gauloise
Et s’en va dans la rue
58
J’étais parti pour dix années Car sur les bords d'la Mer du Nord
Mais dix années ont tout changé Elle se remit à faire du sport
Rien n’est pareil et dans ta rue Je tolérais ce violon d'Ingres
A part le ciel, je n’ai rien reconnu Sinon elle devenait malingre

Marjolaine, toi si jolie Puis un beau jour j'en ai eu marre


Marjolaine, le printemps s’enfuit C'était pis que la mer à boire
Marjolaine, je sais trop bien J'lai refilée à un gigolo
Qu’amour perdu Et j'ai nagé vers d'autres eaux
Plus jamais ne revient En douceur, en douceur…

Un inconnu et sa guitare Z'étaient chouettes les filles du bord de mer


Ont disparu dans le brouillard Z'étaient bêtes pour qui savait leur plaire
Et avec lui ses compagnons
Sont repartis, emportant leur chanson
z A Joinville-le-Pont
Marjolaine, toi si jolie Par. R. Pierre, mus. E. Lorin (1952)
Marjolaine, le printemps fleurit
Marjolaine, j’étais soldat 1) J’ suis un p’tit gars plombier zingueur
J’fais des s’main’s de quarante-huit heures
Et j’attends qu’ les dimanch’s s’amèn’nt
z Les Filles du Bord de Mer Pour sortir ma grande Germaine
Paroles et Musique: Salvatore Adamo 1964 Ou bien une autr’ ça r’vient au même
Mais moi j’ préfère quand même Maimain’
Je me souviens du bord de mer A qui qu’un jour fougueux j’ai dit
Avec ses filles au teint si clair Si qu’on allait s’ prom’ner chérie
Elles avaient l'âme hospitalière
C'était pas fait pour me déplaire Refrain
Naïves autant qu'elles étaient belles A Joinville-le-Pont, pon pon
On pouvait lire dans leurs prunelles Tous deux nous irons, ron ron
Qu'elles voulaient pratiquer le sport Regarder guincher, chez chez chez Gégène
Pour garder une belle ligne de corps Si l’cœur nous en dit, dit dit
Et encore, et encore… On pourra aussi, si, si
Z'auraient pu danser la java Se mettre à guincher, chez chez chez Gégène

Z'étaient chouettes les filles du bord de mer 2) Au bord de l’eau y’a des pêcheurs
Z'étaient faites pour qui savait y faire Et dans la Marn’ y’a des baigneurs
On voit des gens qui mang’nt des moul’s
Y'en avait une qui s'appelait Eve Ou des frit’s s’ils aiment pas les moul’s
C'était vraiment la fille d'mes rêves On mange avec les doigts c’est mieux
Elle n'avait qu'un seul défaut Y’a qu’ les bell’s fill’s qu’on mang’ des yeux
Elle se baignait plus qu'il ne faut Sous les tonnelles on mang’ des glaces
Plutôt qu'd'aller chez le masseur Et dans la Marne on boit la tasse
Elle invitait le premier baigneur
A tâter du côté de son cœur, 3) Et quand la nuit tombe à neuf heures
En douceur, en douceur… Y’a p’us d’ pêcheurs, y’a p’us d’ baigneurs
En douceur et profondeur Y’a p’us d’ belles filles sous les ramures
Y reste plus qu’ des épluchures
Z'étaient chouettes les filles du bord de mer Mainmain’ me dit j’ai mal aux pieds
Z'étaient chouettes pour qui savait y faire Sur mon vélo j’ dois la ram’ner
Mais dès l’ lundi j’ pense au sam’di
Lui pardonnant cette manie Quand vient l’ samedi, moi ça me dit
J'lui propose de partager ma vie
Mais dès que revint l'été
Je commence à m'inquiéter
59
z Armstrong On pourrait changer d’ planète
Par. Claude Nougaro, mus. trad. USA (1964) Tant qu’ j’ai mon cœur près du tien
J’entends les flonflons d’ la fête
Armstrong, je ne suis pas noir, Et la terr’ n’y est pour rien
Je suis blanc de peau
Quand on veut chanter l'espoir ? 2) Ah oui parlons-en d’ la terre
Quel manque de pot, Pour qui ell’ se prend la terre
Oui j'ai beau voir le ciel… l'oiseau… Ma parol’ y’a qu’elle sur terre
Rien, rien, rien ne luit là-haut… Y a qu’ell’ pour fair’ tant d’ mystère
Les anges… zé-ro,
Je suis blanc de peau Mais pour nous y a pas d’ problème
Car c’est pour la vie qu’on s’aime
Armstrong, tu te fends la poire, Et si y avait pas d’ vie même
On voit toutes tes dents Nous on s’aimerait quand même
Moi, je broie plutôt du noir,
Du noir en dedans, Car... Tu me fais tourner la tête
Chante pour moi, Louis… oh ! oui… Mon manège à moi c’est toi
Chante, chante, chante…ça tient chaud… Je suis toujours à la fête
J'ai froid… oh ! moi, Quand tu me tiens dans tes bras
Qui suis blanc de peau… Je ferais le tour du monde
Ça ne tourn’rait pas plus qu’ ça
Armstrong, la vie, quell’ histoire ? La terr’ n’est pas assez ronde
C'est pas très marrant Pour m’étourdir autant qu’ toi
Qu'on l'écrive blanc sur noir,
Ou bien noir sur blanc
On voit surtout du rouge…du rouge z Tchi-Tchi
Sang, sang, sans trêv’ ni repos… Par. R. Pujol, E. Audiffred et G. Koger, mus. V.
Qu'on soit… ma foi, Scotto (1936)
Noir ou blanc de peau
1) Tu n’as que seize ans et faut voir comme
Armstrong, un jour, tôt ou tard, Tu affoles déjà tous les hommes
On n'est que des os Est-ce ton œil si doux
Est-c’ que les tiens seront noirs ? Qui les mine ?
Ce s’rait rigolo Ou bien la rondeur de ta poitrine
Allez Louis, allé-luia… Qui les rend fous ?
Au-delà de no-s oripeaux…
Noir et blanc seront ressemblants… Refrain
Comm’ deux gout-tes… d'eau… O Catarinetta bella Tchi-tchi
Ecoute l’amour t’appelle, Tchi-tchi
Pourquoi dire non, maintenant ? Ah Ah
z Mon Manège à moi Faut profiter quand il est temps ! Ah Ah
Par. J. Constantin, mus. N. Glanzberg (1958) Plus tard quand tu seras vieille, Tchi-tchi
Tu diras baissant l’oreille, Tchi-tchi
Tu me fais tourner la tête Si j’avais su dans ce temps-là, Ah Ah
Mon manège à moi c’est toi O ma belle Catarinetta
Je suis toujours à la fête
Quand tu me tiens dans tes bras 2) Malgré les jolis mots, les invites
Je ferais le tour du monde Tu remets à demain, tu hésites…
Ça ne tourn’rait pas plus qu’ ça Ça c’est, en vérité, ridicule !
La terr’ n’est pas assez ronde Dis toi bien, au fond, que tu recules
Pour m’étourdir autant qu’ toi Pour mieux sauter !

1) Ah c’ qu’on est bien tous les deux 3) Pourquoi donc te montrer si rebelle ?
Quand on est ensembl’ nous deux L’amour c’est une chose éternelle !
Quelle vie on a tous les deux Demande-le, crois-moi, à ta mère :
Quand on s’aime comm’ nous deux Elle l’a chanté, avec ton père, bien avant toi
60
z La Foule z La Marine
Par. M. Rivegauche, mus. A. Cabral (1953) Georges Brassens (1953)

1) Je revois la ville en fête et en délire On les r'trouve en raccourci


Suffoquant sous le soleil et sous la joie Dans nos p'tits amours d'un jour
Et j’entends dans la musique les cris, les rires Toutes les joies, tous les soucis
Qui éclatent et rebondissent autour de moi Des amours qui durent toujours
Et perdue parmi ces gens qui me bousculent
Etourdie, désemparée, je reste là C'est là l'sort de la marine
Quand soudain je me retourne, il se recule Et de toutes nos p'tites chéries
Et la foule vient me jeter entre ses bras On accoste. Vite ! un bec
Pour nos baisers, l'corps avec
Emportés par la foule qui nous traîne,
Nous entraîne Et les joies et les bouderies
Ecrasés l’un contre l’autre Les fâcheries, les bons retours
Nous ne formons qu’un seul corps Il y a tout, en raccourci
Et le flot sans effort Des grandes amours dans nos p'tits
Nous pousse enchaînés l’un et l’autre
Et nous laisse tous deux On a ri, on s'est baisés
Epanouis, enivrés et heureux Sur les neunœils, les nénés
Entraînés par la foule, qui s’élance Dans les ch'veux à plein bécots
Et qui danse une folle farandole Pondus comme des œufs tout chauds
Nos deux mains restent soudées
Et parfois soulevés Tout c'qu'on fait dans un seul jour!
Nos deux corps enlacés s’envolent Et comme on allonge le temps!
Et retombent tous deux Plus d'trois fois, dans un seul jour
Epanouis, enivrés et heureux Content, pas content, content

2) Et la joie éclaboussée par son sourire Y a dans la chambre une odeur


Me transperce et rejaillit au fond de moi D'amour tendre et de goudron
Mais soudain je pousse un cri parmi les rires Ça vous met la joie au cœur
Quand la foule vient l’arracher d’entre mes La peine aussi, et c'est bon
bras…
On n'est pas là pour causer
Emportés par la foule qui nous traîne, Mais on pense, même dans l'amour
Nous entraîne On pense que d'main il fera jour
Nous éloigne l’un de l’autre Et qu'c'est une calamité
Je lutte et je me débats
Mais le son de ma voix C'est là l'sort de la marine
S’étouffe dans les rires des autres Et de toutes nos p'tites chéries
Et je crie de douleur On s'accoste. Mais on devine
De fureur et de rage et je pleure Qu'ça n'sera pas le paradis
Et traînés par la foule, qui s’élance et qui danse
une folle farandole On aura beau s'dépêcher
Je suis emportée au loin Faire, bon Dieu ! la pige au temps
Et je crispe mes poings Et l'bourrer de tous nos péchés
Maudissant la foule qui me vole Ça n'sera pas ça ; et pourtant
L’homme qu’elle m’avait donné
Et que je n’ai jamais retrouvé… Toutes les joies, tous les soucis
Des amours qui durent toujours !
On les r'trouve en raccourci
Dans nos p'tits amours d'un jour...
61
z Le Déserteur z L’homme à la moto
Par. B. Vian, mus. B. Vian et H. Berg (1964) Par. J. Dréjac, mus. Lieber, Stoller (1956)

Monsieur le Président Refrain


Je vous fais une lettre Il portait - des culottes
Que vous lirez peut-être Des bottes de moto
Si vous avez le temps Un blouson
Je viens de recevoir De cuir noir avec un aigle sur le dos
Mes papiers militaires Sa moto qui partait comm’
Pour partir à la guerre Un boulet de canon
Avant mercredi soir Semait - la terreur
Monsieur le Président Dans toute la région
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre Jamais il ne se coiffait,
Pour tuer de pauvres gens Jamais il ne se lavait
C’est pas pour vous fâcher Les ongles pleins de cambouis mais sur les
Il faut que je vous dise biceps il avait
Ma décision est prise, Un tatouag’ avec un cœur
Je m’en vais déserter Bleu sur la - peau blêm’
Et juste à l’intérieur
Depuis que je suis né On lisait : "Maman je t’aime"
J’ai vu mourir mon père Il avait une petit’ amie
j’ai vu partir mes frères Du nom de Marie-Lou
Et pleurer mes enfants On la prenait en pitié,
Ma mère a tant souffert Une enfant de son âge
Qu’elle est dedans sa tombe Car tout l’ mond’ savait bien
Et se moque des bombes Qu’il aimait entre tout
Et se moque des vers Sa chienne de moto bien davantage...
Quand j’étais prisonnier
On m’a volé ma femme Marie-Lou la pauvre fille
On m’a volé mon âme L’implora, le supplia,
Et tout mon cher passé Dit : "Ne pars pas ce soir,
Demain de bon matin Je vais pleurer si tu t’en vas..."
Je fermerai ma porte Mais les mots furent perdus,
Au nez des années mortes Ses larm’s pareillement
J’irai sur les chemins Dans le bruit de la machine et du tuyau
d’échappement
Je mendierai ma vie Il bondit comme un diabl’
Sur les routes de France Avec des flammes dans les yeux
De Bretagne en Provence Au passage à niveau,
Et je dirai aux gens Ce fut comme un éclair de feu
Refusez d’obéir Contre u-ne locomotiv’
Refusez de la faire, Qui filait vers le midi
N’allez pas à la guerre Et quand on débarrassa les débris...
Refusez de partir
S’il faut donner son sang On trouva - sa culotte,
Allez donner le vôtre Ses bottes de moto
Vous êtes bon apôtre Son blouson
Monsieur le Président De cuir noir avec un aigle sur le dos
Si vous me poursuivez Mais plus rien de la moto et
Prévenez vos gendarmes Plus rien de ce démon
Que je n’aurai pas d’armes Qui semait la terreur
Et qu’ils pourront tirer Dans toute la région...
62
z La Caissière du Grand café On dirait qu’elle les attire
Par. L. Bousquet, M. L. Izoird (1914) Avecque son chignon
Qu’est toujours bien coiffé
V’là longtemps qu’après la soup’ du soir La bell’ caissière du Grand café
De d’ssus l’ banc ousque je vais m’asseoir
Je vois une femme une merveille N’y tenant plus j’ai fait un mot d’écrit
Qu’elle est brune et qu’elle a les yeux noirs J’ai voulu l’ lui donner aujourd’hui
En fait d’ femmes j’ m’y connais pas des tas Mais je suis resté la bouche coite
Mais je m’ dis en voyant ses appas Et je sais pas qu’est-c’ qu’elle a compris
Sûrement que des beautés pareilles En r’gardant mon papier dans ma main
Je crois bien qu’y en a pas Ell’ m’a dit avec un air malin
Au bout du couloir, la porte à droite
Elle est belle, elle est mignonne Tout au fond vous trouv’rez bien
C’est un’ bien jolie personne
De dedans la rue on peut la voir Elle est belle, elle est mignonne
Qu’elle est assis’ dans son comptoir C’est un’ bien jolie personne
Elle a toujours le sourire Mais les femm’s, ça n’a pas de raison
On dirait d’un’ femme en cire Quand ça dit oui, ça veut dire non
Avecque son chignon Maint’nant elle veut plus que j’ l’aime
Qu’est toujours bien coiffé Mais j’ m’en moque, j’ l’aimerai quand même
C’est la caissièr’ du Grand café Et j’ n’oublierai jamais
Le chignon bien coiffé
Entouré d’un tas de verr’s à pied D’ la belle caissière du Grand café
Bien tranquill’ devant son encrier
Elle est dans la caisse, la caissière
Ça fait qu’on n’en voit que la moitié z J’attendrai
Et moi que déjà je l’aime tant Par. it. N. Rastelli, par. fr. L. Poterat
J’ dis tant mieux qu’on cache le restant Mus. D. Oliveri (1937)
Car si je la voyais tout entière
Je d’viendrais fou complèt’ment Les fleurs pâlissent, le feu s’éteint
L’ombre se glisse dans le jardin
Elle est belle, elle est mignonne L’horloge tisse des sons très las
C’est un’ bien jolie personne Je crois entendre ton pas
Et quand j’ai des sous, pour mieux la voir Le vent m’apporte des bruits lointains
Je rentre prendre un café noir Guettant ma porte, j’écoute en vain
En faisant fondre mon sucre Hélas, plus rien, plus rien ne vient
Pendant deux trois heures je r’luque
Avecque son chignon Refrain
Qu’est toujours bien coiffé J’attendrai le jour et la nuit
La bell’ caissière du Grand café J’attendrai toujours ton retour
J’attendrai car l’oiseau qui s’enfuit
C’est curieux comme les amoureux Vient chercher l’oubli dans son nid
On s’ comprend rien qu’avecque les yeux Le temps passe et court
Je la regarde, elle me regarde En battant tristement
Et nous nous regardons tous les deux Dans mon cœur plus lourd
Quand ell’ rit c’est moi que je souris Et pourtant j’attendrai ton retour
Quand je souris c’est elle qu’elle rit
Maintenant je crois pas que ça tarde Reviens bien vite, les jours sont froids
Je vais voir le paradis Et sans limite, les nuits sans toi
Quand on se quitte, on oublie tout
Elle est belle, elle est mignonne Mais revenir est si doux
C’est un’ bien jolie personne Si ma tristesse peut t’émouvoir
Pour lui parler d’puis longtemps j’attends Avec tendresse reviens un soir
Qu’ dans son café y ait plus d’ clients Et dans mes bras tout renaîtra
Mais j’ t’en moqu’, c’est d’ pire en pire
63
z L’Orage Dieu fass’ que ma complainte aille, tambour
G. Brassens (1960) battant
Lui parler de la pluie, lui parler du gros temps
Parlez-moi de la pluie, et non pas du beau temps Auxquels on a t’nu tête ensemble
Le beau temps me dégoûte et m’ fait grincer les Lui conter qu’un certain coup de foudre assassin
dents Dans le mill’ de mon cœur a laissé le dessin
Le bel azur me met en rage D’un’ petit’ fleur qui lui ressemble
Car le plus grand amour qui m’ fut donné sur
terr’
Je l’ dois au mauvais temps, je l’ dois à Jupiter z La Chanson des blés d’or
Il me tomba d’un ciel d’orage Par. C. Soubise - L. Lemaitre, mus. F. Doria (1882)

Par un soir de novembre, à cheval sur le toit Mignonne, quand la lu-ne éclai-re la plain’
Un vrai tonnerr’ de Brest, avec des cris d’ Aux bruits mélodieux
putois, Lorsque – l’étoi-le du mystè-re revient
Allumait ses feux d’artifice Sourire aux amoureux
Bondissant de sa couche en costume de nuit As-tu parfois sur la colli-ne
Ma voisine affolée, vint cogner à mon huis Parmi les souffles caressants
En réclamant mes bons offices. Entendu la chanson divi-ne
"Je suis seule et j’ai peur, ouvrez-moi par pitié Que chantent les blés frémissants ?
Mon époux vient d’ partir faire son dur métier
Pauvre malheureux mercenaire Refrain
Contraint d’ coucher dehors quand il fait Mignonn’, quand le soir descendra sur la terre
mauvais temps Et que le rossignol viendra chanter encor
Pour la bonne raison qu’il est représentant Quand le vent soufflera sur la vaste bruyère
D’une maison de paratonnerres " Nous irons écouter la chanson des blés d’or
(bis)
En bénissant le nom de Benjamin Franklin
Je l’ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins As-tu parfois sous la ramu-re à l’heure
Et puis l’amour a fait le reste Où chantent les épis
Toi qui sèmes des paratonnerr’s à foison Ecouté leur joyeux murmu-re au bord
Que n’en as-tu planté sur ta propre maison ? Des vallons assoupis
Erreur on ne peut plus funeste. Connais-tu cette voix profon-de
Qui revient au déclin du jour
Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs Chanter parmi la moisson blon-de
La belle ayant enfin conjuré sa frayeur Des refrains palpitants d’amour
Et recouvré tout son courage
Rentra dans ses foyers, fair’ sécher son mari Mignonne, allons à la nuit clo-se rêver
En m’ donnant rendez-vous les jours Aux chansons du printemps
d’intempéries Pendant que des parfums de ro-se viendront
Rendez-vous au prochain orage Embaumer nos vingt ans
Aimons sous les rameaux super-bes
A partir de ce jour, j’ n’ai plus baissé les yeux Car la nature aura toujours
J’ai consacré mon temps à contempler les cieux Du soleil pour dorer les ger-bes
A regarder passer les nues Et des ro-ses pour nos amours !
A guetter les stratus, à lorgner les nimbus
A faire les yeux doux aux moindres cumulus
Mais elle n’est pas revenue z Jolie Môme
L. Ferré (1961)
Son bonhomm’ de mari avait tant fait d’affair’s
Tant vendu ce soir-là de petits bouts de fer T’es toute nue sous ton pull
Qu’il était dev’nu millionnaire Y’a la rue qu’est maboul’
Et l’avait emmenée vers des cieux toujours Jolie môme
bleus T’as ton cœur à ton cou
Des pays imbécil’s où jamais il ne pleut Et l’bonheur par en-d’ssous
Où l’on ne sait rien du tonnerre Jolie môme
64
T’as l’ rimmel qui fout l’ camp T’es qu’un’ pauvr’ petite fleur
C’est l’ dégel des amants Qu’on guimauv’ et qui meurt
Jolie môme T’es qu’une femme à r’passer
Ta prairie ça sent bon Quand son âme est froissée
Fais en don aux amis Jolie môme
Jolie Môme T’es qu’un’ feuille de l’automne
Qu’on effeuille monotone
T’es qu’un’ fleur du printemps T’es qu’un’ joie en allée
Qui s’ fout d’ l’heure et du temps Viens chez moi la r’trouver
T’es qu’un’ rose éclatée Jolie môme
Que l’on pose à côté
Jolie môme T’es tout’ nue sous ton pull
T’es qu’un brin de soleil Y’a la rue qu’est maboul’
Dans l’ chagrin du réveil Jolie môme.... !
T’es qu’un’ vamp qu’on éteint
Comme un’ lampe au matin
Jolie môme z Passant par Paris
Anonyme, antérieure à la Révolution
Tes baisers sont pointus
Comme un accent aigu 1) Passant par Paris
Jolie môme Vidant la bouteille (bis par le chœur)
Tes p’tits seins sont du jour Un de mes amis
A la coque à l’amour Me dit à l’oreille
Jolie môme Chœur : BON BON BON
Ta barrière de frou-frou Solo : Le bon vin m’endort
Faut s’ la faire mais c’est doux L’amour me réveille
Jolie môme Chœur : Le bon vin m’endort
Ta violette est l’ violon L’amour me réveille encor
Qu’on violente et c’est bon
Jolie môme 2) Jean, prends garde à toi
On courtis’ ta belle
T’es qu’un’ fleur de pass’ temps ... Courtis’ qui voudra
Qui s’ fout d’ l’heure et du temps Je me fie en elle
T’es qu’une étoile d’amour
Qu’on entoile aux beaux jours 3) J’ai eu de son cœur
Jolie môme La fleur la plus belle
T’es qu’un point sur les « i » ...Dans un beau lit blanc
Du chagrin de la vie Gréé de dentelles
T’es qu’une chose de la vie
Qu’on arrose qu’on oublie 4) J’ai eu trois garçons
Jolie môme Tous trois capitaines
...L’un est à Bordeaux
T’as qu’une paire de mirettes L’autre à La Rochelle
Au poker des conquêtes
Jolie môme 5) L’plus jeune à Paris
T’as qu’une rime au bonheur Courtisant les belles
Faut qu’ ça rime ou qu’ ça pleure ...Et l’ père est ici
Jolie môme Qui hâl’ la ficelle
T’as qu’un’ source au milieu
Qu’éclabousse du bon dieu
Jolie môme
T’as qu’un’ porte en voil’ blanc
Que l’on pousse en chantant
Jolie môme
65
z Milord Allez venez ! Milord
Par. G. Moustaki, mus. M. Monnot (1959) Vous avez l’air d’un môme
Laissez-vous fair’, Milord
Allez venez ! Milord Venez dans mon royaume
Vous asseoir à ma table Je soigne les remords
Il fait si froid dehors Je chante la romance
Ici, c’est confortable Je chante les milords
Laissez-vous faire, Milord Qui n’ont pas eu de chance
Et prenez bien vos aises Regardez-moi, Milord
Vos peines sur mon cœur Vous n’ m’avez jamais vue...
Et vos pieds sur un’ chaise (pause)
Je vous connais, Milord Mais vous pleurez, Milord
Vous ne m’avez jamais vue Ça, j’ l’aurais jamais cru.
Je ne suis qu’une fill’ du port
Une ombre de la rue... Eh ! bien voyons…, Milord
Souriez-moi, Milord
Pourtant, j’ vous ai frôlé Mieux que ça, un p’tit effort...
Quand vous passiez hier Voilà, (voilà) c’est ça !
Vous n’étiez pas peu fier Allez riez ! Milord
Dame ! le ciel vous comblait Allez chantez ! Milord
Votre foulard de soie Ta da da da, da da,
Flottant sur vos épaules Mais oui, dansez, Milord…
Vous aviez le beau rôle La la la la…
On aurait dit le roi
Vous marchiez en vainqueur
Au bras d’une demoiselle z A la Bastille
Mon Dieu ! qu’elle était belle A. Bruant (1910)
J’en ai froid dans le cœur...
Quand elle était p’tite, le soir elle allait
Allez venez ! Milord A Sainte-Marguerite où qu’elle s’ dessalait
Vous asseoir à ma table Maintenant qu’elle est grande, elle marche le soir
Il fait si froid dehors Avec ceux de la bande du Richard-Lenoir
Ici, c’est confortable
Laissez-vous faire, Milord Refrain
Et prenez bien vos aises A la Bastille on aime bien Nini-Peau d’ Chien
Vos peines sur mon cœur Elle est si bonne et si gentille
Et vos pieds sur une chaise Qu’on aime bien - qui ça ?
Je vous connais, Milord Nini Peau d’ Chien - où ça ? A la Bastille
Vous n’ m’avez jamais vue
Je ne suis qu’une fille du port Elle a la peau douce aux tâches de son
Une ombre de la rue... A l’odeur de rousse qui donne un frisson
Et de sa prunelle aux tons vert-de-gris
Dir’ qu’il suffit parfois L’amour étincelle quand ses yeux sourient
Qu’il y ait un navire
Pour que tout se déchire Quand le soleil brille dans ses cheveux roux
Quand le navir’ s’en va L’ génie d’ la Bastille lui fait les yeux doux
Il emm’nait avec lui Et quand elle s’ promène su’ l’ bout d’ l’Arsenal
La douce aux yeux si tendres Tout l’ quartier s’amène au coin du canal
Qui n’a pas su comprendre
Qu’ell’ brisait votre vie Mais celui qu’elle aime, qu’elle a dans la peau
L’amour, ça fait pleurer C’est Bibi-la-crème le roi des costauds
Comme quoi l’existence Parce que c’est un homme qui n’a pas l’ foie
Ça vous donn’ tout’s les chances blanc
Pour les reprendre après... Aussi faut voir comme Bibi l’a dans l’ sang
66
z Lily On la trouvait plutôt jolie, Lily
P. Perret (1977) Elle arrivait des Somalies Lily
Dans un bateau plein d’émigrés
On la trouvait plutôt jolie, Lily Qui venaient tous de leur plein gré
Elle arrivait des Somalies Lily Vider les poubelles à Paris.
Dans un bateau plein d’émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris z Le Chant des Partisans
Elle croyait qu’on était égaux Lily Par. M. Druon, J. Kessel, mus. A. Marly (1944)
Au pays d’ Voltaire et d’Hugo Lily
Mais pour Debussy en revanche Ami entends-tu le vol noir des corbeaux
Il faut deux noires pour une blanche Sur nos plaines
Ça fait un sacré distinguo Ami entends-tu ces cris sourds du pays
Elle aimait tant la liberté Lily Qu’on enchaîne
Elle rêvait de fraternité Lily
Un hôtelier rue Secrétan Ohé ! partisans, ouvriers et paysans :
L(ui) a précisé en arrivant C’est l’alarme
Qu’on ne recevait que des Blancs Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang
Et des larmes
Elle a déchargé des cageots Lily
Elle s’est tapé les sales boulots Lily Montez de la mine descendez des collines
Elle crie pour vendre des choux-fleurs Camarades
Dans la rue ses frères de couleur Sortez de la paille les fusils, la mitraille,
L’accompagnent au marteau-piqueur Les grenades
Et quand on l’appelait Blanche-Neige Lily
Elle se laissait plus prendre au piège Lily Ohé ! les tueurs à la balle et au couteau
Elle trouvait ça très amusant Tuez vite
Même s’il fallait serrer les dents Ohé ! saboteurs attention à ton fardeau
Ils auraient été trop contents D’ dynamite
Elle aima un beau blond frisé Lily
Qui était tout prêt à l’épouser Lily C’est nous qui brisons les barreaux des prisons,
Mais la belle-famille lui dit nous pour nos frères
Ne sommes pas racistes pour deux sous La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse,
Mais on veut pas de ça chez nous la misère

Elle a essayé l’Amérique Lily Il y a des pays où les gens au creux des lits
Ce grand pays démocratique Lily Font des rêves
Elle aurait pas cru sans le voir Ici nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue,
Que la couleur du désespoir nous on crève
Là-bas aussi ce fût le noir
Mais dans un meeting à Memphis Lily Ici chacun sait ce qu’il veut ce qu’il fait
Elle a vu Angela Davis Lily Quand il passe
Qui lui dit viens ma petit’ sœur Ami si tu tombes, un ami sort de l’ombre
En s’unissant on a moins peur A ta place
Des loups qui guettent le trappeur
Et c’est pour conjurer sa peur Lily Demain du sang noir sèchera au grand soleil
Qu’elle lève aussi un poing rageur Lily Sur les routes
Au milieu de tous ces gugus Chantez compagnons : dans la nuit la liberté
Qui foutent le feu aux autobus Nous écoute
Interdits aux gens de couleur
Ami entends-tu les cris sourds du pays
Mais dans ton combat quotidien Lily Qu’on enchaîne
Tu connaîtras un type bien Lily Ami entends-tu le vol noir des corbeaux
Et l’enfant qui naîtra un jour Sur nos plaines
Aura la couleur de l’amour
Contre lequel on ne peut rien
67
z Le petit bonheur Il me restait l’oubli
F. Leclerc (1950) Il me restait l’ mépris
Enfin que je me suis dit
C’est un petit bonheur que j’avais ramassé Il me reste la vie
Il était tout en pleurs sur le bord d’un fossé J’ai repris mon bâton, mes deuils, mes peines et
Quand il m’a vu passer mes guenilles
Il s’est mis à crier Et je bats la semelle dans les pays de
Monsieur ramassez-moi malheureux
Chez vous emmenez moi Aujourd’hui quand je vois une fontaine ou une
Mes frèr’s m’ont oublié je suis tombé je suis fille
malade, Je fais un grand détour ou bien je me ferme les
Si vous n’ me cueillez point je vais mourir, yeux (bis)
quelle ballade !
Je me ferai petit tendre et soumis je vous le jure
Monsieur je vous en prie délivrez moi de ma z Avoir un bon copain
torture Par. J. Boyer, mus. W. Heymann (1930)

J’ai pris le p’tit bonheur 1) C’est le printemps


L’ai mis sous mes haillons On a vingt ans
J’ai dit faut pas qu’il meure Le cœur et le moteur battent gaiement
Viens-t-en dans ma maison Droit devant nous
Alors le p’tit bonheur Sans savoir où
A fait sa guérison Nous filons comme des fous
Sur le bord de mon cœur Car aujourd’hui
Y avait une chanson Tout nous sourit
Mes jours mes nuits mes peines mes deuils mon Dans une auto qu’on est bien entre amis
mal tout fut oublié Aussi chantons
Ma vie de traîne-misère j’avais dégoût d’ la Sur tous les tons
recommencer Le bonheur d’être garçons
Quand il pleuvait dehors ou qu’ mes amis m’
faisaient des peines Refrain
J’ prenais mon p’tit bonheur et j’ lui disais c’est Avoir un bon copain
toi ma reine Voilà c’ qu’il y a d’ meilleur au monde
Oui car un bon copain
Mon bonheur a fleuri C’est plus fidèle qu’une blonde
Il a fait des bourgeons Unis main dans la main
C’était le paradis A chaque seconde
Ça s’ voyait sur mon front On rit de ses chagrins
Or un matin joli, Quand on possède un bon copain
Quand j’ sifflais ce refrain
Mon bonheur est parti 2) Les doux aveux
Sans me donner la main Des amoureux
J’eus beau le supplier le cajoler lui faire des Avouons-le maintenant c’est vieux jeu
scènes Sexe charmant
Lui montrer le grand trou qu’il me faisait au Tes longs serments
fond du cœur Ne sont que des boniments
Il s’en allait toujours la tête haute sans joie sans Foin des baisers
haine Pour se griser
Comme s’il ne voulait plus voir le soleil dans Sur une route il suffit de gazer
ma demeure Le grand amour
Ça dure un jour
J’ai bien pensé mourir L’amitié dure toujours
De chagrin et d’ennui
J’avais cessé de rire
C’était toujours la nuit
68
z La rue de notre amour 2) Il est si doux
Par. M. Vandair, mus. Alexander (1940) Mon cher trésor, d’être un peu fou
La vie est parfois trop amère
1 - Elle est pleine, pleine de cafard Si l’on ne croit pas aux chimères
Des rengaines que chante un clochard Le chagrin est vite apaisé
Sur le toit d'une vieille maison Et se console d’un baiser
Un moineau chante aussi sa chanson Du cœur on guérit la blessure
Le ciel porte ses rêves d'azur Par un serment qui le rassure
Sur les portes et sur les vieux murs
C'est un coin romantique et fané
Mais c'est là que notre amour est né. z Bella ciao
Air traditionnel, paroles 1943
Refrain
C'est la rue de notre amour Una mattina, mi son’ svegliato,
Tout au fond d'un vieux faubourg O bella ciao, bella ciao,
On y voit roder le soir Bella ciao, ciao, ciao,
Des amoureux dans les coins noirs Una mattina mi son’ svegliato,
C'est la rue de nos désirs E ho trovato l’invasor.
Où l'amour a su fleurir
Tout au fond d'un vieux faubourg O partigiano, portami via,
C'est la ruelle des cœurs fidèles O bella ciao, bella ciao,
Nous aimons toujours toujours Bella ciao, ciao, ciao,
La rue de notre amour O partigiano portami via,
Che mi sento di morir.
2 - Elle est belle quand le ciel est bleu
Elle est belle même quand il pleut E se io muoio, da partigiano,
Mais le jour où je t'ai rencontré O bella ciao, bella ciao,
Le soleil avait tout éclairé Bella ciao, ciao, ciao,
Le jour même c'est toi qui m'a dit E se io muoio da partigiano,
Je vous aime c'est pourquoi depuis Tu mi devi seppellir.
Nous n'avons qu'un logis pour nous deux
Dans la rue de nos premiers aveux. E seppellire sulla montagna,
O bella ciao , bella ciao,
Bella ciao, ciao, ciao
z Parlez-moi d’amour E seppellire sulla montagna,
Jean Lenoir (1930) Sotto l’ombra d’un bel fior.

Refrain Cosi le genti che passeranno,


Parlez-moi d’amour O bella ciao, bella ciao,
Redites-moi des choses tendres Bella ciao, ciao, ciao,
Votre beau discours Cosi le genti che passeranno,
Mon cœur n’est pas las de l’entendre Mi dirranno “che bel fior”.
Pourvu que toujours
Vous répétiez ces mots suprêmes : E quest’ è’l fiore del partigiano
Je vous aime O bella ciao, bella ciao,
bella ciao, ciao ciao,
1) Vous savez bien E quest’ è’l fiore del partigiano
Que dans le fond je n’en crois rien Morto per la liberta.
Mais cependant je veux encore
Ecouter ce mot que j’adore (Traduction : Ce matin, je me suis réveillé et
Votre voix aux sons caressants l’envahisseur était là. Adieu ma belle ! O partisans,
Qui le murmure en frémissant emportez-moi, je me sens le courage de mourir. Et si je
meurs comme un partisan tu devras m’enterrer.
Me berce de sa belle histoire M’enterrer dans la montagne, à l’ombre d’une belle
Et malgré moi je veux y croire fleur. Et les gens qui passeront diront ‘‘Quelle belle
fleur’’. C’est la fleur du partisan mort pour la liberté)
69
z Je chante On va vous enfermer,
Par. C. Trenet, mus. C. Trenet et P. Misraki (1937) Oui, votre compte est bon"
Non ! Ficelle
Je chante Tu m'as sauvé de la vie
Je chante soir et matin Ficelle
Je chante Sois donc bénie
Sur mon chemin Car, grâc’ à toi j'ai rendu l'esprit
Je chante Je me suis pendu cett’ nuit
Je vais de ferm’ en château
Je chante pour du pain Et depuis ! Je chante
Je chante pour de l'eau Je chante soir et matin
Je couche Je chante
La nuit sur l'herbe des bois Sur les chemins
Les mouches Je hante les fermes et les châteaux
Ne me piqu ‘nt pas Un fantôme qui chant’
Je suis heureux On trouv’ ça rigolo
J'ai tout et j'ai rien Et je couche
Je chante sur mon chemin Parmi les fleurs des talus
Les mouches
Les elfes Ne me piqu’nt plus
Divinités de la nuit Je suis heureux
Les elfes Ca va, j'ai plus faim
Couch’nt dans mon lit Et je chante
La lune Sur mon chemin
Se faufil’ à pas de loup
Dans le bois, pour danser
Pour danser avec nous z Framboise !
Je sonne B. Lapointe (1960)
Chez la comtess’aujourd’hui
Personne 1) Elle s’appelait Françoise,
Ell’ est partie Mais on l’appelait Framboise !
Ell’ n'a laissé Une idée de l’adjudant
Qu'un plat d'riz pour moi Qui en avait très peu, pourtant,
Me dit un laquais chinois (des idées)...
Elle nous servait à boire
Je chante Dans un bled du Maine-et-Loire ;
Mais la faim qui me poursuit Mais c’ n’était pas Madelon...
Tourmente mon appétit Elle avait un autre nom,
Je tombe Et puis d’abord pas question
Soudain au creux d'un sentier De lui prendre le menton...
Je défaill’ en tombant D’ailleurs elle était d’Antib’s !
Et je meur’s à moitié
"Eh, gendarmes Refrain
Qui passez sur le chemin Quelle avanie !
Gendarmes Avanie et Framboise
Je tends les mains Sont les mamelles du Destin !
Pitié, j'ai faim
Je voudrais manger, 2) Pour sûr qu’elle était d’Antibes !
Je suis tout léger, léger" C’est plus près que les Caraïbes,
C’est plus près que Caracas.
Au poste Est-ce plus près que Pézenas ?
D'autres moustaches m'ont dit (Je n’ sais pas)
Au poste Et tout en étant Française,
"Ah ! mon ami L’était tout de même Antibaise :
C'est vous le Et bien qu’elle soit Française,
Le chanteur vagabond Et, malgré ses yeux de braise,
70
Ça n’ me mettait pas à l’aise Que reste-t-il de tout cela
De la savoir Antibaise, Dites-le moi
Moi qui serais plutôt pour... Un p’tit village, un vieux clocher
Un paysage, si bien caché
3) Elle avait peu d’avantages : Et dans un nuage
Pour en avoir d’avantage, Le cher visage de mon passé
Elle s’en fit rajouter
A l’institut de beauté 2) Les mots
(Ah ! ah ! ah ! ) Les mots tendres qu’on murmure
On peut, dans le Maine-et-Loire, Les caresses les plus pures
S’offrir de beaux seins en poire... Les serments au fond du bois
Y a un institut d’Angers Les fleurs
Qui opère sans danger : Qu’on retrouve dans un livre
Des plus jeunes aux plus âgés, Dont le parfum vous enivre
On peut presque tout changer, Se sont envolés, pourquoi ?
Excepté ce qu’on ne peut pas...

4) "Davantage d’avantages, z Domino


Avantagent d’avantage" Par. J. Plante, mus. L. Ferrari (1950)
Lui dis-je, quand elle revint
Avec ses seins Angevins... 1) Domino, Domino
(deux fois dix ! ) Le printemps chante en moi Dominique
"Permets donc que je lutine Le soleil s’est fait beau
Cette poitrine angevine..." J’ai le cœur comme un’ boîte à musique
Mais elle m’a échappé, J’ai besoin de toi, de tes mains sur moi
A pris du champ dans le pré De ton corps doux et chaud
Et j’ n’ai pas couru après... J’ai envie d’être aimée Domino
Je n’ voulais pas attraper
Une Angevine de poitrine ! Méfie-toi mon amour
Je t’ai trop pardonné
Moralité : J’ai perdu plus de nuits que tu n’ m’en as donné
Avanie et mamelles Bien plus d’heures à t’attendre
Sont les framboises du Destin ! Qu’à te prendre sur mon cœur
Il se peut qu’à mon tour je te fasse du mal
Tu m’en as fait toi-même et ça t’est bien égal
z Que reste-t-il de nos amours ? Tu t’amuses de mes peines
Par. C. Trenet, mus. C. Trenet et L. Chauliac (1942) Et je m’use de t’aimer

1) Ce soir, 2) Domino, Domino


Le vent qui frappe à ma porte Le printemps chante en moi Dominique
Me parle des amours mortes Le soleil s’est fait beau
Devant le feu qui s’éteint J’ai le cœur comme un’ boîte à musique
Ce soir J’ai besoin de toi, de tes mains sur moi
C’est une chanson d’automne De ton corps doux et chaud
Dans la maison qui frissonne J’ai envie d’être aimée Domino
Et je pense aux jours lointains
Il est une pensée que je ne souffre pas
Refrain C’est qu’on puisse me prendre ma place en tes
Que reste-t-il de nos amours bras
Que reste-t-il de ces beaux jours Je supporte bien des choses
Une photo vieille photo de ma jeunesse Mais à force c’en est trop
Que reste-t-il des billets doux Et qu’une autre ait l’idée de me voler mon bien
Des mois d’avril des rendez-vous Je ne donne pas cher de ses jours et des tiens
Un souvenir qui me poursuit sans cesse Je regarde qui t’entoure
Bonheur fané cheveux au vent Prends bien garde mon amour
Baisers volés rêves mouvants
71
3) Domino, Domino Sur la grand’mare des canards
J’ai bien tort de me mettre en colère Et s’app’lait Les copains d’abord,
Avec toi, Domino, Les copains d’abord
Je sais trop qu’il n’y a rien à faire
T’as le cœur léger Ses fluctuat nec mergitur
Tu ne peux changer C’était pas d’ la littérature
Mais je t’aime, que veux-tu, N’en déplaise aux jeteurs de sort
Je ne peux pas changer moi non plus Aux jeteurs de sort
Son capitaine et ses matelots
Domino, Domino N’étaient pas des enfants d’ salauds
Je pardonne toujours mais reviens Mais des amis franco de port
Domino, Domino, Des copains d’abord
Et je ne te dirai plus rien
C’étaient pas des amis de luxe
Des petits Castor et Pollux
z Ça, c’est Paris Des gens de Sodome et Gomorrhe
Par. L. Boyer et J. Charles, mus. J. Padilla (1926) Sodome et Gomorrhe
C’étaient pas des amis choisis
Refrain Par Montaigne et La Boétie
Paris, reine du monde, Paris, c’est une blonde Sur le ventre ils se tapaient fort
Le nez retroussé, l’air moqueur Les copains d’abord
Les yeux toujours rieurs
Tous ceux qui la connaissent C’étaient pas des anges non plus
Grisés par ses caresses L’Evangile ils l’avaient pas lu
S’en vont mais revienn’nt toujours Mais ils s’aimaient toutes voiles dehors
Paris, à tes amours Toutes voiles dehors
Jean, Pierre, Paul et compagnie
1) La p’tit’ femm’ de Paris C’était leur seule litanie
Malgré ce qu’on en dit Leur credo, leur confiteor
A les mêmes attraits Aux copains d’abord
Que les autres, oui, mais...
Elle possède à ravir Au moindre coup de Trafalgar
La manière d’ s’en servir C’est l’amitié qui prenait l’ quart
Elle a perfectionné C’est elle qui leur montrait le nord
La façon d’ se donner Leur montrait le nord
Ça, c’est Paris ! Ça, c’est Paris ! Et quand ils étaient en détresse
Leurs bras lançaient des SOS
2) Mesdam’s, quand vos maris On aurait dit des sémaphores
Vienn’nt visiter Paris Les copains d’abord
Laissez-les venir seuls
Vous tromper tant qu’ils veul’nt Au rendez-vous des bons copains
Lorsqu’ils vous reviendront Y’avait pas souvent de lapin
J’ vous promets qu’ils sauront Quand l’un d’entre eux manquait à bord
Ce qu’un homm’ doit savoir C’est qu’il était mort
Pour bien fair’ son devoir Oui, mais jamais au grand jamais
Ça, c’est Paris ! Ça, c’est Paris ! Son trou dans l’eau n’ se refermait
Cent ans après, coquin de sort, il manquait encor

z Les Copains d’abord Des bateaux, j’en ai pris beaucoup


G. Brassens (1964) Mais le seul qui ait tenu le coup
Qui n’ait jamais viré de bord,
Non, ce n’était pas le radeau Mais viré de bord
De la Méduse, ce bateau, Naviguait en père peinard
Qu’on se le dise au fond des ports Sur la grand’mare des canards
Dise au fond des ports Et s’app’lait les copains d’abord
Il naviguait en père peinard Les copains d’abord
Table
Accordéon 16 Complainte des infidèles (la) 53
Accordéoniste (l’) 5 Copains d’abord (les) 71
Ah ! le petit vin blanc 22
Ah ! que nos pères 45 Déserteur (le) 61
Air de Paris (l’) 15 Domino 70
A Joinville-le-Pont 58 Douce France 1
A la Bastille 65
Amants d’un jour (les) 17
Amazing Grace 44 Emmenez-moi 56
Amoureux des bancs publics (les) 32 Enfants du Pirée (les) 39
A Paris 53 Etoile des neiges 36
Aragon et Castille 23
Armstrong 59 Fanchon 43
Au Printemps 46
Filles du bord de mer (les) 58
Auprès de ma blonde 51
Foule (la) 60
Aux Champs-Elysées 21
Framboise 69
Avoir un bon copain 67

Ballade irlandaise (la) 5


Galérien (le) 29
Gamin d’ Paris (Un) 24
Bandiera Rossa 39
Gloire au Dix-septième 51
Bambino 23
Goualante du pauvre Jean (la) 54
Bella ciao 68
Grands boulevards (les) 33
Belle de Cadix (la) 19
Besame Mucho 6
Bicyclette (la) 15 Havanaise de Carmen 38
Butte rouge (la) 44 Heure Exquise (l’) 7
Homme à la moto (l’) 61
Ça, c’est Paris 71
C’est lui qu’ mon cœur a choisi 4 Il est 5 heures, Paris s’éveille 34
C’est si bon 20 Il n’y a plus d’après 41
C’est un mauvais garçon 52 Insurgé (l) 52
C’est une fleur de Paris 57 Internationale (l’) 51
Caissière du Grand café (la) 62
Canuts (les)
Carioca (la)
12
39
J’ai deux amours 18
Chaland qui passe (le) 40 J’ai la mémoire qui flanche 42
Chanson des blés d’or (la) 63 Jardin extraordinaire (le) 43
Chansonnette (la) 27 J’attendrai 62
Chant des Partisans (le) 66 Java bleue (la) 7
Chevaliers de la Table Ronde 6 Java [de Mistinguett] (la) 2
Chez Laurette 25 Javanaise (la) 20
Clair de Lune à Maubeuge (le) 25 Java qu’est-ce que tu fais là 32
Coin de rue 11 Jazz et la java (le) 57
Comédiens (les) 1 Je chante 69
Comm’ de bien entendu 4 Jeune fille du métro (la) 10
Complainte de la Butte (la) 7 Jolie Môme 63
Complainte de Mandrin (la) 2 Julie la Rousse 36
Lili Marleen 31 Quand on s’ promène 31
Lily 66 Que reste-t-il ? 70
Loup, la biche et le Chevalier (le) 49
Rio 26
Ma liberté 50 Romance de Paris (la) 11
Ma môme 14 Rue de notre amour (la) 68
Madelon (la) 29
Mademoiselle de Paris 8 Salade de fruits 40
Marie vison (la) 50 Si toi aussi tu m’abandonnes 46
Marine (la) 60 Si tu veux... Marguerite 17
Marjolaine 57 Siffler sur la colline 20
Marseillaise (la) 12 Soleil et la lune (le) 28
Mattchiche (la) 21 Sous le ciel de Paris 13
Mauvaise réputation (la) 42 Sous les toits de Paris 16
Méditerranée 48 Sur le pont des Arts 40
Métèque (le) 35 Sur les quais 52
Mexico 28 Syracuse 47
Milord 65

T’as pas, t’as pas tout dit


Mon amant de Saint-Jean 22
Mon homme 26 8
Mon manège à moi 59 Ta voix 14
Tchi-Tchi 59
Nathalie 35 Tel qu’il est
Temps des cerises (le)
27
12
Non, je ne regrette rien 6 Temps du muguet (le) 53
Tendresse (la) 41
Orage (l’) 63 Tord-Boyau (le) 49
Où est-il donc ? 19 Tourbillon (le) 13
Où sont tous mes amants ? 11 Tout ça n’ vaut pas l’amour 3
Trois petites notes 37
Padam 9
Paris Canaille 45 Un jour tu verras 38
Parlez-moi d’amour 68
Passant par Paris 64 Valse brune (la) 10
Petit bal du sam’di soir (le) 37 Varsovienne (la) 1
Petit bal perdu (le) 30 Vesoul 33
Petit bonheur (le) 67 Vie en rose (la) 10
Petit cordonnier (le) 9

Y’a d’ la joie
Petits papiers (les) 56
Piano du pauvre (le) 55 3
Pigalle 24
Plus bath des javas (la) 48
Plus beau tango du monde (le) 30
Poinçonneur des Lilas (le) 47
Porque te vas 36
Pour un flirt 55
Pour une amourette 18

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