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DOSSIER

Techniques de l’Ingénieur
l’expertise technique et scientifique de référence
c2254
Réaction sulfatique interne
dans les structures en béton - Mécanisme,
pathologie et prévention
Date de publication : 10/05/2009
Par :
Bruno GODART
Directeur technique Ouvrages d'Art au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC)

Loïc DIVET
Chef de la division Physico-chimie des Matériaux au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC)

Ce dossier fait partie de la base documentaire


Pathologie générale - Pathologie du béton
dans le thème Pathologie - Réhabilitation / Démolition - Déconstruction
et dans l’univers Construction

Document délivré le 24/09/2013


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Réaction sulfatique interne


dans les structures en béton
Mécanisme, pathologie et prévention
par Bruno GODART
Directeur technique Ouvrages d’Art au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC)

et Loı̈c DIVET
Chef de la division Physico-chimie des Matériaux au Laboratoire Central des Ponts et
Chaussées (LCPC)

1. Mécanisme de la réaction sulfatique interne............................ C 2 254 – 2


1.1 Différents types d’ettringite ............................................................... — 2
1.2 Mécanismes physico-chimiques de la RSI ........................................ — 3
1.3 Rôle des divers paramètres ............................................................... — 4
1.4 Courbe d’expansion du béton............................................................ — 5
1.5 Conséquences mécaniques pour le béton et les structures ............. — 6
2. Pathologie et gestion des ouvrages malades............................ — 6
2.1 Description des désordres et dépistage ............................................ — 6
2.2 Bilan des structures à l’étranger ........................................................ — 7
2.3 Bilan des structures en France........................................................... — 7
2.4 Diagnostic ........................................................................................... — 8
2.5 Surveillance et évaluation de l’état des ouvrages ............................ — 9
2.6 Gestion des ouvrages......................................................................... — 10
2.7 Problématique du traitement ............................................................. — 10
3. Prévention des désordres .............................................................. — 10
3.1 Principes ............................................................................................. — 10
3.2 Choix du niveau de prévention.......................................................... — 11
3.3 Précaution à adopter selon le niveau de prévention ........................ — 12
3.4 Dispositions constructives ................................................................. — 12
3.5 Essai de performance......................................................................... — 13
3.6 Estimation des températures atteintes dans les structures .............. — 14
4. Conclusion........................................................................................ — 15
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Pour en savoir plus ................................................................................ Doc. C 2 254

L a réaction sulfatique interne (RSI) par formation différée d’ettringite est une
cause de désordres susceptibles d’endommager sévèrement des ouvrages
en béton.
Les premiers cas sont apparus à l’étranger, à partir de 1987, dans certaines
pièces préfabriquées qui avaient été soumises à un traitement thermique ina-
5 - 2009

dapté à la formulation et à l’exposition du béton (comme, par exemple, des


traverses de chemin de fer).
Ce phénomène a été observé en France, à partir de 1997, sur des ponts dont le
béton avait été coulé en place. Il s’agit essentiellement de parties d’ouvrages
massives (piles, chevêtres sur piles ou culées, etc.) en contact avec l’eau ou
soumises à une forte humidité.
À la différence des réactions sulfatiques plus classiques, où les sulfates agres-
sent le béton depuis l’extérieur en provoquant une dégradation progressive de
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la surface vers le cœur de la pièce, la RSI affecte l’ensemble du béton sans faire
appel à une source extérieure de sulfates. Elle se manifeste alors par un gon-
flement du matériau et une fissuration de la structure.

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RÉACTION SULFATIQUE INTERNE DANS LES STRUCTURES EN BÉTON –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1. Mécanisme de la réaction de gonflement car ils se forment avant le durcissement du béton et


dans les espaces libres du matériau. Ils revêtent même un caractère
sulfatique interne bénéfique puisqu’ils contribuent à la cohésion de la pâte du ciment
au jeune âge par une diminution de la porosité et une augmenta-
tion concomitante de la résistance mécanique du mélange. Ce phé-
nomène est notamment prépondérant dans le cas de la prise des
Le phénomène de réaction sulfatique interne (RSI) résulte de la ciments sursulfatés et des ciments sulfoalumineux.
formation différée d’un minéral dénommé « ettringite » et de for-
mule chimique 3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O. 1.1.2 Ettringite de formation secondaire
Cette formation retardée de l’ettringite est susceptible de provo- Elle se forme quand le béton a déjà durci et résulte de mouve-
quer une expansion qui se manifeste par l’apparition, à la surface ments d’eau à l’intérieur (phénomènes de dissolution/précipita-
du béton, d’une fissuration multi-directionnelles à maille relative- tion), et d’apports en sulfates d’origine externe (par exemple, les
ment large. sols gypseux, les eaux séléniteuses, les remblais de schiste houil-
Mais, l’ettringite n’est pas systématiquement délétère pour le ler, etc.) ou interne (utilisation de granulats contenant des sulfates
béton puisqu’il s’agit d’un produit normal de l’hydratation des et, notamment, des calcaires contenant des pyrites framboı̈dales
ciments. C’est pourquoi, nous donnons ci-après quelques informa- mal cristallisées [2], utilisation d’eau de mer ou d’eau sulfatée
tions sur les différents types d’ettringite rencontrés dans les pour gâcher le béton, etc.). Dans ce dernier cas, le respect des tex-
bétons. tes normatifs permet d’éviter cette réaction.
Pour les phénomènes de dissolution/précipitation, l’ettringite
cristallise sous forme aciculaire dans les espaces libres du béton
1.1 Différents types d’ettringite et ne présente généralement pas de caractère expansif (figure 2).
Aujourd’hui, plusieurs termes sont employés dans la littérature Par contre, l’ettringite de formation secondaire consécutive à un
pour bien distinguer les différents modes et échéances de forma- apport externe de sulfates est susceptible de générer des gonfle-
tion de l’ettringite dans le béton. On distingue alors trois types ments. Contrairement aux faciès non expansifs, cette ettringite
d’ettringite qui peuvent coexister dans un même béton. Nous pathologique cristallise sous une forme massive et comprimée.
retiendrons la dénomination proposée par l’association française Les désordres liés à ce type d’ettringite concernent les bétons
de Génie civil, qui résulte des travaux du groupe GranDuBé (Gran- fabriqués avec des ciments non résistants aux sulfates (générale-
deurs associées à la durabilité des bétons) [1] : ment les ciments riches en C3A et libérant du Ca(OH)2 lors de leur
– de formation primaire qui ne provoque pas d’expansion ; hydratation).
– de formation secondaire qui peut provoquer une expansion ;
– de formation différée, consécutive à une élévation de tempéra- 1.1.3 Formation différée
ture subie par le béton au jeune âge, qui peut aussi provoquer une Cette ettringite se rencontre uniquement dans les bétons ayant
expansion. subi au jeune âge un échauffement supérieur à 65  C. Au-delà de
cette température, l’ettringite de formation primaire ne se forme
1.1.1 Ettringite de formation primaire pas au cours des réactions d’hydratation du ciment et/ou est
décomposée.
Cette ettringite correspond à un produit issu de l’hydratation des
ciments qui se forme par réaction entre le régulateur de prise La source des ions sulfate est donc d’origine interne car elle pro-
(gypse, hémihydrate, anhydrite) et l’aluminate tricalcique vient de l’absence, ou de la décomposition, de l’ettringite primaire.
(3CaO.Al2O3 ou C3A en notation cimentière) du clinker. Après retour à température ambiante et en présence d’humidité,
l’ettringite peut se former ou se reformer. Elle est alors susceptible
L’ettringite se rencontre sous l’aspect de cristaux de forme acicu-
de générer des pressions de gonflement dans certaines conditions
laire, comme le montre la figure 1. Ces cristaux ne provoquent pas
(figure 3).
Dans la suite de cet article, c’est ce type de réaction que nous
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désignerons par le sigle RSI.

Grossissement × 4 000 Grossissement × 750

Figure 1 – Aiguilles d’ettringite primaire non expansive dans la pâte Figure 2 – Ettringite secondaire non expansive dans un pore
de ciment (microscope électronique à balayage) (microscope électronique à balayage)

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capacité d’adsorption s’élève avec le rapport CaO/SiO2 des C–S–H


et que ce rapport augmente avec une élévation de la température
de prise du ciment.
La liaison sulfates-silicates de calcium hydratés est peu stable de
sorte qu’au cours du temps, les C–S–H peuvent libérer des sulfates
dans la solution interstitielle du béton.

1.2.2 Précipitation de l’ettringite


Après durcissement du béton et retour à la température
ambiante associée, éventuellement, à un lessivage des alcalins
contenus dans la solution interstitielle du béton, la précipitation
de l’ettringite peut se produire dans la pâte de ciment durcie à par-
tir des inclusions de monosulfoaluminates et des ions SO42– sous
forme de cristaux nanométriques à micrométriques. Il peut alors
régner des conditions de concentration qui conduisent à une très
forte instabilité du système chimique local et à la formation, dans
un espace confiné, d’une ettringite souvent qualifiée de « mal cris-
tallisée ». Elle peut développer localement des pressions élevées et
provoquer un gonflement ainsi qu’une fissuration de la pâte de
ciment.
Grossissement × 800 Au cours du temps et en conditions humides, les microcristaux
d’ettringite peuvent être dissous et recristalliser dans les fissures
Figure 3 – Ettringite ayant des propriétés expansives et localisée où l’ettringite apparaı̂t alors sous forme de veines caractéristiques,
à l’interface pâte/granulat (microscope électronique à balayage) ou dans les auréoles de transition situées autour des granulats.
Cette ettringite secondaire, formée postérieurement à l’appari-
tion des microfissures, ne provoquerait pas d’expansion, mais
1.2 Mécanismes physico-chimiques pourrait influencer les conditions de propagation des microfissu-
de la RSI res. Toutefois, cette thèse ne fait pas aujourd’hui l’objet d’un
consensus dans la communauté scientifique.
La RSI se traduit donc par la formation différée d’ettringite
dans un matériau cimentaire, après la prise, sans apport de sul-
1.2.3 Expansion
fates externes. Le caractère expansif, ou non, de l’ettringite dépend de la com-
position chimique initiale, en particulier du type de ciment (teneurs
Le mécanisme peut être décomposé schématiquement en trois en aluminates, en alcalins, quantité de Ca(OH)2 susceptible d’être
séquences : formée) et de la quantité de sulfates susceptibles d’être mobilisée.
– constitution d’une source en sulfates potentiellement Le mécanisme exact, par lequel la formation d’ettringite peut
remobilisable, générer des pressions au sein du béton, ne fait pas encore
– précipitation différée de l’ettringite ; l’unanimité. Deux principaux mécanismes, plus ou moins asso-
– expansion qui se traduit par la fissuration du béton. ciés, ont été proposés pour expliquer le gonflement induit par
la formation d’ettringite :
1.2.1 Constitution d’une source en sulfates – en relation avec les pressions de cristallisation associées à
Une élévation conséquente de la température modifie les réac- la croissance des cristaux d’ettringite ([18], [19], [20]) ;
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tions d’hydratation du ciment. En effet, les sulfates apportés par le – en relation avec les pressions osmotiques dues à la crois-
régulateur de prise ne sont pas mobilisés en totalité pour former sance d’une ettringite colloı̈dale [21].
l’ettringite primaire ([3], [4], [5], [68]). Par ailleurs, la solubilité de Dans la réalité, il est vraisemblable que les deux mécanismes
l’ettringite primaire augmente avec la température ce qui se traduit puissent entrer en jeu simultanément et ne soient pas vraiment
par une concentration plus élevée en ions sulfate dans la solution dissociés.
interstitielle du béton ([6], [7]).
De plus, la présence d’autres ions en solution tels que les ions & Gonflement par pressions de cristallisation
Na+ ou K+ augmentent également la solubilité de l’ettringite [8]. La théorie des pressions de cristallisation suggère que le gonfle-
Des calculs thermodynamiques et de nombreuses expériences ment engendré par un sel quelconque est en relation avec la pres-
attestent qu’en présence d’une forte quantité d’alcalins et à des sion de cristallisation de ce sel en solution. La pression de cristalli-
températures supérieures à 65  C, le domaine de stabilité de l’et- sation dépend elle-même du taux de sursaturation de la solution.
tringite est considérablement réduit ([9], [10]). Ces variations ther- Elle peut s’exprimer par la formule :
modynamiques entrainent une augmentation de la teneur en alca-
lins et en sulfates dans la solution interstitielle du béton. P = ðRT /VsÞ ðlogC /CsÞ

Selon Scrivener [11], aux températures comprises entre 70 et avec C concentration du sel en solution,
90  C environ, une part importante des sulfates résultant de la Cs concentration de la solution à la saturation,
décomposition de l’ettringite est incluse dans les silicates de cal-
Vs volume molaire du sel,
cium hydratés dénommés C–S–H (hydrate majoritaire des ciments)
sous forme d’ions SO42– adsorbés et de cristaux nanométriques de R constante des gaz parfaits,
monosulfoaluminates de calcium intimement mélangés aux hydra- T température absolue.
tes du ciment.
De nombreux travaux ont montré cette capacité d’adsorption Selon Scherer [22], les pressions engendrées dépendent de la
physique des ions SO42– par les C–S–H ([12], [13], [14], [15]). Par ail- courbure du cristal en supposant un matériau saturé et un réseau
leurs, Barbarulo [16] et Matschei [17] ont également montré que la constitué de pores cylindriques :

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RÉACTION SULFATIQUE INTERNE DANS LES STRUCTURES EN BÉTON –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

P = K CL Y CL
90

Température (°C)
avec P pression, Température à cœur
80
KCL courbure du pore,
70
YCL énergie libre du cristal.
60
Il en déduit que les plus grandes pressions sont développées 50
dans les plus petits pores d’accès à un gros cristal. Température en bordure de coffrage
40
& Gonflement par pressions osmotiques 30
Température extérieure

Les forces de gonflement proviennent de l’environnement élec- 20


trique des particules cryptocristallines d’ettringite précipitée.
Comme dans les matériaux argileux, ces particules peuvent déve- 10
lopper des forces d’attraction et de répulsion dans certaines condi- 0
tions de pH. 0 2 4 6 8 10 12 14
Temps après le coulage du béton (jours)
Une telle théorie a été développée par Mehta [21]. Les particules
colloı̈dales d’ettringite de surface spécifique très élevée et chargées Figure 4 – Exemple d’enregistrement des températures d’un béton
négativement attirent les molécules d’eau polaires qui les entou- d’une pièce massive (4 x 5 x 6 m)
rent. La répulsion électrostatique provoque le gonflement. Le phé-
nomène s’accompagne d’une très forte absorption d’eau.

Expansion (%)
1,6 Temps de latence = 87 jours
Les conditions chimiques de ce processus d’expansion ne diffé- Expansion max = 1,6 %
rent pas fondamentalement des conditions évoquées pour la pres- 1,2
sion de cristallisation. En effet, la formation de l’ettringite suit un Temps de latence = 603 jours
processus de dissolution/précipitation dans un espace confiné, en 0,8 Expansion max = 0,8 %
présence de chaux. Pièce massive
0,4
Préfabrication
0
1.3 Rôle des divers paramètres 0 200 400 600 800 1 000
Temps (jours)
La RSI n’est susceptible de se produire à long terme que sous 10 heures à 80°C 5 jours à 80-70 °C
certaines conditions spécifiques. La probabilité d’apparition est for-
tement liée à l’environnement de la structure et à certains paramè- Figure 5 – Influence de la durée de maintien à haute température
tres propres au matériau ou conditionnés par le processus de sur la RSI (d’après [70])
fabrication.
température reste entre 70 et 80  C pendant 5 jours. Il s’agit
1.3.1 Influence du cycle thermique subi d’éprouvettes cylindriques 11 x 22 cm dosées à 400 kg/m3 de
par le béton ciment et de rapport E/C = 0,5.
Par ailleurs, Brunetaud [26] a étudié les couplages entre certains
La température maximale atteinte dans le béton est un para- des principaux paramètres de la RSI par la méthode des plans d’ex-
mètre essentiel du déclenchement de la RSI. Il est maintenant périences. La principale interaction concerne alors la température
admis qu’un matériau cimentaire développera une expansion et la durée de l’échauffement.
liée à la RSI si celui-ci est porté à une température supérieure
à 65  C environ pendant son hydratation ([23], [24], [69]). 1.3.2 Influence de l’environnement de la structure
De plus, une température maximale plus élevée augmente les en béton
expansions finales observées ([25], [69]).
On a pu constater depuis longtemps, aussi bien en laboratoire
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& Dans le cas de l’industrie de la préfabrication des bétons, les piè- que sur ouvrages, le rôle fondamental de l’eau dans le déve-
ces subissent une phase dénommée prétraitement qui consiste à loppement de la RSI. L’eau est un milieu réactionnel nécessaire
maintenir le matériau à la température ambiante avant la période au déroulement de la réaction. Elle intervient, aussi bien dans
de montée en température. Pour Fu [25], plus la durée de la phase les processus de transfert, que dans la formation des produits
de prétraitement est courte, plus l’expansion finale du matériau est de réaction.
importante.
La RSI touche essentiellement les parties d’ouvrage en contact
& Dans le cas de pièces massives en béton coulées en place et, avec l’eau (zone immergée, zone de marnage) ou soumises à des
lors de fortes chaleurs d’été, l’hydratation du ciment peut suffire à venues d’eau (défaut d’étanchéité, absence de drainage, etc.),
générer des températures proches de 80  C au cœur de la pièce en voire exposées à un taux d’humidité élevé.
béton. De plus, la durée de maintien à haute température est beau-
En laboratoire, les travaux de Heinz et Ludwig [27] et, plus
coup plus longue (plusieurs jours) que dans le cas d’éléments en
récemment de Graf [28] ont montré qu’aucune expansion n’est
béton étuvés en usine (durée inférieure à 8 heures en général).
observée en dessous de 90 % d’humidité relative. La remise à
La figure 4 donne un exemple d’échauffement d’une pièce mas- 100 % d’humidité relative permet ensuite le développement d’ex-
sive en béton de 4 mètres de haut, pour 6 mètres de long et 5 mètres pansion. Les expansions finales sont plus élevées et les temps de
de large. La température au cœur du béton a atteint 80  C et le béton latence plus courts lorsque les échantillons sont conservés dans
a été maintenu à une température supérieure à 70  C durant 9 jours. l’eau, plutôt qu’à 100 % d’humidité relative ([27], [29]).
La présence d’eau entraı̂ne aussi une lixiviation du matériau, en
La durée de maintien à haute température favorise la RSI en particulier des alcalins. Les travaux de Famy [29] ont montré que la
accélérant la cinétique de la réaction et en augmentant l’amplitude conservation de prismes de mortier dans une solution alcaline pou-
du gonflement [70]. La figure 5 illustre ce phénomène pour une vait retarder, voire inhiber les expansions observées lorsque le mor-
même formulation de béton, en comparant un cycle thermique uti- tier est conservé sous eau. La lixiviation des alcalins est un facteur
lisé en usine de préfabrication où la température demeure à 80  C qui modifie les équilibres chimiques du matériau et qui est suscep-
pendant 10 heures avec un échauffement d’une pièce massive où la tible de modifier la cinétique de RSI, voire son déclenchement.

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1.3.3 Influence de la composition du ciment L’utilisation de granulats calcaires en substitution de granulats


siliceux atténue le comportement expansif des bétons soumis à la
Les sulfates et les aluminates interviennent directement dans le RSI ([24], [41]), mais leur rôle inhibiteur ou simplement retardateur
mécanisme réactionnel pour former l’ettringite. Par conséquent, la ne fait pas l’objet d’un consensus. Ceci peut s’expliquer par des
RSI n’est possible que si le ciment utilisé contient suffisamment d’alu- modifications apportées au niveau de l’interface pâte/granulats.
minate tricalcique (C3A) et de sulfates. En effet, l’expansion du maté-
riau augmente avec la teneur en SO3 et en C3A du ciment ([31], [32]). La dimension des granulats joue aussi un rôle déterminant sur
les expansions ; un mortier étuvé est d’autant plus expansif que le
Il est maintenant communément reconnu que les alcalins jouent sable utilisé est fin ([25], [41]).
un rôle majeur sur le déclenchement de la RSI en jouant, notam- Selon les travaux de Brunetaud [26], le facteur E/C n’est pas aussi
ment, sur la solubilité de l’ettringite ([26], [33], [34]). L’ettringite influent que les paramètres température et durée de maintien. Tou-
est plus soluble quand le taux d’alcalins augmente. tefois, les résultats sont très dépendants du domaine étudié. Abais-
ser le rapport E/C d’un béton diminue la porosité et permet de dimi-
Ceci se traduit par une augmentation de la quantité de sulfates nuer les caractéristiques de transfert. Ceci se traduit alors par un
en solution. Du fait de la variation de la solubilité de l’ettringite important ralentissement de la vitesse de réaction.
avec la température, une interaction forte existe entre ces deux Cependant, les cas de gonflements importants sont plus nom-
paramètres au cours du processus de la RSI. Toutes choses égales breux lorsque le rapport E/C passe de 0,48 à 0,35. Pour des rapports
par ailleurs, une diminution de la teneur en alcalins augmente la E/C très élevés (> 0,55), l’ettringite précipite préférentiellement dans
valeur critique de la température. De plus, la quantité de sulfates les pores de la pâte de ciment qui servent alors de vases d’expan-
adsorbée sur les C–S–H augmente avec une élévation de la concen- sion [39]. Ce phénomène a été aussi observé par Petrov [71] au
tration en sulfates dans la solution ([14], [15]). Dans ces conditions, cours d’une étude sur l’influence des adjuvants entraineur d’air
des sulfates se trouvent non combinés chimiquement aux hydrates pour inhiber les phénomènes d’expansion dus à la RSI.
et sont alors susceptibles d’être remobilisés pour former plus tardi-
vement de l’ettringite.
1.4 Courbe d’expansion du béton
À l’échelle du matériau, plusieurs travaux ([35], [36]) ont montré
que l’expansion d’un mortier dépend fortement de la composition La RSI peut être diagnostiquée lorsque la précipitation tardive de
du ciment utilisée et en particulier, de sa teneur en alcalins. l’ettringite génère un endommagement à l’échelle du matériau ou
de la structure. Ce phénomène peut se traduire en laboratoire par
1.3.4 Influence des additions minérales une expansion de toute la masse de béton pouvant dépasser 1 %, ce
qui conduit à des dégradations importantes à l’échelle de la structure.
& L’utilisation de certaines additions minérales, telles que les lai-
tiers de haut fourneau, les cendres volantes, les pouzzolanes natu- Sur éprouvette de béton, le suivi est couramment réalisé par
relles, le métakaolin et les fumées de silice, peuvent améliorer la mesure des déformations longitudinales. Les mesures opérées sur
résistance des bétons vis-à-vis de la RSI. Plusieurs tra- pâte de ciment, mortier ou béton décrivent une courbe en « S »
vaux ([37], [38], [39]) ont montré que l’introduction de ces additions caractéristique d’un gonflement d’origine interne.
minérales dans les bétons, en substitution au ciment, réduit, voire Dans le cas de l’alcali-réaction, une étude basée sur un plan d’ex-
annule, l’expansion provoquée par la RSI. périences a permis d’établir un modèle fiable pour décrire les cour-
L’efficacité de ces additions dépend de leur nature, du taux de bes de gonflement [72]. Ce modèle est également bien adapté pour
substitution au ciment et de la composition de ce dernier (C3A et le cas de la RSI [70]. L’équation proposée est la suivante :
SO3). Pour les cendres volantes, leur efficacité est tributaire de t
leurs teneurs en chaux et en alcalins [40]. • 1 - e t carac
eðtÞ = e
& Le rôle exact par lequel ces additions minérales limitent le déve- t - t latence
loppement de la RSI n’est pas complètement élucidé, mais plu- 1 + e t carac
sieurs hypothèses peuvent être avancées : avec e• amplitude maximale de gonflement,
– effet de dilution des alcalins, des sulfates et des aluminates par t carac
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temps caractéristique qui correspond à la


le remplacement d’une partie du ciment ; pente au point d’inflexion,
– diminution de l’alcalinité de la solution interstitielle du béton
en raison de la réaction pouzzolanique, mais ces additions peuvent t latence temps de latence qui correspond à la position
aussi être une source d’alcalins ; du point d’inflexion.
– réduction de la teneur en portlandite Ca(OH2) dans la matrice
cimentaire suite à la réaction pouzzolanique ; Cette courbe est symétrique par rapport au point d’inflexion, ce
– rapport CaO/SiO2 des C–S–H obtenus en présence de ces addi- qui signifie que l’expansion finale est atteinte à partir de t = 2.
tions minérales plus faible qui diminue fortement la capacité d’ad- t latence. La figure 6 présente une courbe d’expansion obtenue par
sorption des ions SO42– à leurs surfaces. cette équation.
& L’utilisation des additions minérales à caractère hydraulique 0,25
Expansion (%)

latent ou pouzzolanique est doublement bénéfique pour les parties


massives de ponts en béton coulées en place vis-à-vis de la RSI. En 0,20 x x
effet, elles peuvent inhiber l’expansion générée par la RSI lorsqu’el-
les sont utilisées en quantité suffisante.
0,15
Elles permettent également de diminuer le dégagement de cha- εoo = 0,200 %
leur lors de la prise du béton ce qui se traduit par des températures τlatence = 100 jours
0,10
atteintes dans les structures et des durées de maintien à haute tem- 2 τcarac τcarac = 200 jours
pérature plus faibles. 0,05

1.3.5 Influence de la composition du béton 0


0 50 100 150 200 250
Deux facteurs liés à la formulation du béton peuvent avoir un Temps (jours)
effet sur la RSI. Il s’agit de la nature du granulat et du rapport
E/C (masse d’eau/masse de ciment). Figure 6 – Exemple de courbe en « S » d’un béton soumis à la RSI

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RÉACTION SULFATIQUE INTERNE DANS LES STRUCTURES EN BÉTON –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

L’expansion due à la RSI peut se manifester au bout de quel-


0,90

Expansion (%)
ques semaines à quelques mois dans les essais de laboratoire Partie 1
sur pâtes pures, sur mortiers ou sur bétons. 0,80
Pont x
Dans les bétons d’ouvrage, le délai peut atteindre plusieurs 0,70
années, selon les conditions d’humidité. 0,60
0,50
1.5 Conséquences mécaniques 0,40
Partie 2
pour le béton et les structures 0,30
0,20
Sur la base d’une évaluation de l’énergie libre de la réaction de
formation de l’ettringite à partir de réactifs anhydres, Dron et Bri- 0,10
vot [19] ont pu estimer que la pression de cristallisation à l’extré- Partie 3
0
mité d’une aiguille d’ettringite pouvait atteindre 70 MPa. Dans une 0 365 730 1 095 1 460
section donnée, la pression moyenne est évidemment à pondérer Temps (jours)
par le taux d’aiguilles en croissance, la densité des aiguilles, ainsi
que leur orientation. Figure 7 – Gonflement d’éprouvettes de bétons, reconstituées
Il n’en demeure pas moins que le gonflement ettringitique est en laboratoire, et représentatives des bétons composant
les différentes parties d’un même pont
puissant, qu’il génère des expansions de béton bien supérieures à
celles créées par l’alcali-réaction et qu’il peut aller jusqu’à l’éclate-
ment du matériau.
À la différence de l’alcali-réaction, où le gonflement du matériau
est lié à la distribution des sites réactifs au sein du béton, la RSI
résulte davantage d’un gonflement de la pâte de ciment et ce gon-
flement apparaı̂t ainsi de façon plus homogène au niveau d’une
éprouvette de béton. Pour un matériau donné, ce sont la localisa-
tion et la quantité de pâte gonflante ainsi que la distribution et l’im-
portance des vases d’expansion (macropores, bulles d’air, auréoles
de transition entre granulats et pâte de ciment,…) qui déterminent
son expansion.
Dans les pièces massives, des gradients thermiques dus à la
réaction exothermique d’hydratation du ciment existent à la cons-
truction entre le cœur et la périphérie des pièces. Dans certains
cas, la totalité de la pièce peut atteindre une température supé-
rieure au seuil de déclenchement de la RSI, et c’est l’ensemble de
la pièce qui gonfle.
Mais, dans la plupart des cas, le seuil de déclenchement est
atteint au cœur, alors qu’il ne l’est pas en périphérie de pièce, et il
se produit alors des gonflements différentiels entre le cœur et la
peau qui génèrent des gradients de contraintes internes et qui
Figure 8 – Fissuration en réseau observée sur une pile de pont
expliquent la large ouverture, parfois constatée, des fissures à la
au Portugal
surface des éléments de structures.
Des essais, menés récemment au LCPC, permettent d’estimer un à la direction selon laquelle l’expansion du béton est gênée (l’expan-
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ordre de grandeur du gonflement du béton. Il s’agit d’essais d’ex- sion du béton se faisant toujours préférentiellement suivant la direc-
pansion menés sur des éprouvettes de diamètre 11 cm et de hau- tion la moins contrainte). En outre, le gonflement d’une partie de la
teur 22 cm dont le béton a été reconstitué en laboratoire de façon structure atteinte de RSI peut provoquer la fissuration de l’autre par-
à reproduire les formulations de béton ayant servi à la fabrication tie non malade de la structure qui lui est liée.
des différentes parties d’un ouvrage atteint de RSI. Les résultats de
ces essais, menés selon la méthode d’essai LPC n 66 [57], mon- Un exemple de ce problème est donné par le gonflement de l’em-
trent que les gonflements totaux des éprouvettes peuvent atteindre base d’un pylône qui supporte un tablier haubané, ce gonflement
0,9 %, et que les cinétiques d’expansion peuvent varier du simple ayant pour conséquence d’écarter les jambes du pylône et de mettre
au quintuple selon la formulation du béton (voir figure 7). À la fin en traction les entretoises du pylône qui se fissurent.
de ces essais, les éprouvettes ont été testées sous presse afin
d’évaluer leur résistance en compression résiduelle.
Il en ressort que la résistance en compression est drastiquement
réduite par le développement de la RSI car, en fin d’essai, les
éprouvettes représentatives de la partie d’ouvrage qui a le plus 2. Pathologie et gestion
gonflé ont perdu les deux-tiers de leur résistance initiale à la com-
pression. La résistance à la traction et le module de déformation des ouvrages malades
sont également réduits, et ceci avant la chute de résistance en
compression.
Dans les structures, la pathologie se traduit par un gonflement et
une fissuration tridimensionnelle, lorsque le béton n’est pas gêné 2.1 Description des désordres
dans son expansion et que la structure est faiblement armée. et dépistage
Lorsque la structure présente un ferraillage important, selon une,
voire deux directions (ou lorsqu’elle est précontrainte, ou bien que Les désordres les plus courants, provoqués par une réaction sul-
des efforts concentrés existent au sein de celle-ci), la fissuration fatique interne, sont la fissuration en réseau et le faı̈ençage
s’oriente parallèlement aux efforts de compression ou parallèlement (figure 8).

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Les premiers désordres apparaissent après plusieurs années


d’utilisation, généralement en moins de dix ans et il s’agit toujours
de traverses de chemin de fer exposées à l’humidité. En effet, les
mêmes traverses mises en place dans des tunnels ne présentent
pas de signes d’altération. Dans certains cas, la RSI est parfois
associée à d’autres mécanismes de dégradation du béton, tels que
le gel-dégel ou l’alcali-réaction.
La RSI a également été identifiée dans quelques autres éléments
préfabriqués en béton. Cette réaction a été notamment mise en évi-
dence dans un mur d’escalier de parking aux Etats-Unis [49], dans
des poutres précontraintes et dans des caniveaux en Grande-Bre-
tagne [50], dans une tribune de stade aux Etats-Unis [51] et au
sein de toitures en fibro-ciment en Italie [52]. Dans la majorité de
ces éléments préfabriqués, les désordres ont été observés moins
de dix ans après la construction.
La RSI a été aussi rencontrée dans des pièces massives en béton
coulées en place. Cela concerne notamment des fondations de
pylônes de lignes électriques aux Etats-Unis ([49], [53]) et en Ita-
Figure 9 – Fissuration très marquée dans la partie de la pile lie [52]. Ces désordres sont apparus entre trois et huit ans après le
en contact avec l’eau (pont situé en France) coulage du béton.
Une importante expertise d’ouvrages d’art a été réalisée en
Ces maillages de fissures ne sont cependant pas caractéristiques Grande Bretagne qui a révélé vingt-trois cas de ponts touchés par
de la RSI, car d’autres pathologies, comme l’alcali-réaction et le gel la RSI : fondations, culée, chevêtre, mur en aile [50]. Ces bétons ont
interne produisent ces mêmes symptômes. La présomption initiale été coulés le plus souvent durant les périodes d’été et comportent
d’une RSI reste néanmoins fondée sur la présence de symptômes de forts dosages en ciment (entre 420 et 550 kg/m3), ainsi que des
visuels détectés lors d’une visite ou d’une inspection d’ouvrage. teneurs élevées en alcalins équivalents (> 4 kg/m3). Il s’agit généra-
Cette fissuration peut être orientée lorsque des efforts de compres- lement de pièces de forte épaisseur (au moins 60 cm). La tempéra-
sion s’opposent au gonflement interne (cas des ouvrages précon- ture maximale atteinte dans les pièces en béton a été estimée pro-
traints, ou des poteaux, par exemple). che de 80  C. Les désordres sont apparus entre huit et vingt ans
Dans certains cas, les fissures peuvent présenter un rejet (un après la construction.
décalage hors du plan des lèvres des fissures). Dans les cas où la
réaction est particulièrement expansive, les gonflements des élé-
ments de structures se matérialisent par des bombements de pare- 2.3 Bilan des structures en France
ments qui sont bien visibles à l’œil. Enfin, dans d’autres cas, les
conséquences du gonflement deviennent visibles au niveau du En France, la découverte de la RSI et de ses manifestations délé-
fonctionnement de la structure comme, par exemple, avec la mise tères est récente, avec des premiers cas identifiés vers les
en butée de l’ouvrage à ses extrémités ou le blocage de vannes années 1990. Ce phénomène a été principalement observé dans
mobiles dans des barrages. des pièces massives de ponts en béton coulées en place et lors de
fortes chaleurs d’été ([4], [54]).
Hormis les fissurations, mouvements et déformations de gonfle-
ment, il n’existe pas d’autres désordres apparents sur ouvrages Les cas de structures malades, répertoriées en France par le
associés à la RSI. Le « Manuel d’identification des réactions de Laboratoire central des Ponts et Chaussées, sont pour l’instant
dégradation interne du béton dans les ouvrages d’art », publié par peu nombreux (environ une trentaine), mais concernent le plus
le LCPC en février 1999, apporte une aide utile pour l’identification souvent des ouvrages de génie civil courants. Il s’agit de bétons
des diverses manifestations pouvant traduire l’existence d’une telle atteints essentiellement d’une RSI et ne faisant pas, notamment,
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réaction [60]. l’objet d’une réaction alcali-silice.

Il est également important de noter que ce sont généralement D’une manière générale, la manifestation de désordres est
les parties de structures en contact direct avec l’eau (piles en visible sur un ouvrage entre cinq et dix ans après la
rivière (figure 9), fondations, barrages, tuyaux d’irrigation,…) construction.
et les parties de structure soumises à des venues d’eau en rai-
son de défauts de drainage ou d’étanchéité (chevêtres sur De plus, ces désordres n’affectent jamais la totalité de l’ou-
appuis, sommiers de culée,…) qui sont touchées par cette vrage, mais essentiellement les parties massives exposées à
réaction. l’humidité ou à des venues d’eau.
Les parties de structure soumises aux intempéries, ou à une
humidité permanente, ou à une alternance de cycles séchage- Les bétons ont subi un échauffement important qui a pu
humidification (traverses de chemins de fer, toitures en fibro- conduire à une température de l’ordre de 80  C, cette dernière
ciment,…) peuvent également présenter des désordres. résultant de la géométrie de la pièce, de la période de coulage (en
été) et d’un fort dosage en ciment.
2.2 Bilan des structures à l’étranger Une expertise plus détaillée a été réalisée à partir de huit ouvra-
ges afin de rechercher les paramètres simultanément présents et a
Les premiers cas reconnus, où la RSI est considérée comme la priori nécessaires au développement de la RSI [4]. Ces paramètres
principale source de dégradation, correspondent à des traverses ont été classés en quatre groupes :
de chemin de fer préfabriquées en béton ayant subi un traitement – liés à la température ;
thermique. Plusieurs pays ont rencontré ce phénomène et l’on peut – liés au ciment ;
citer notamment la Finlande en 1987 [42], l’Allemagne en 1989 [43], – liés au béton ;
l’ancienne Tchécoslovaquie en 1991 [44], l’Australie [45], l’Afrique – liés à l’environnement.
du Sud en 1992 [46], les États-Unis en 1995 [47] et, plus récemment,
la Suède en 2004 [48]. Ces données sont rassemblées dans le tableau 1.

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Tableau 1 – Étude comparative des différents facteurs déterminants de la RSI


rencontrés dans des ponts expertisés

Pont « A » Pont « B » Pont « C » Pont « D » Pont « E » Pont « F » Pont « G » Pont « H »

Année de construction 1955 1967 1980 1988 1990 1982 1988 1989

Partie d’ouvrage Chevêtre Pile Chevêtre Pile Pile Chevêtre Socle de pile Chevêtre
concernée

Paramètres
liés à la température :

• T max ( C) > 80 > 80 > 80 > 75 > 80 > 70 > 75 > 75

• Période de bétonnage Août Inconnue Août/sept. Juillet/août Août/sept. Juillet/août Juillet/août Juillet/août

Paramètres liés au ciment :

• Type de ciment CPA CPAL (10 % CPA 55R CPJ 55 (10 % CPA 55R CPA CPA CPA 55R
de laitier) filler cal-
caire)

• SO3 (% massique 2,5 2,7 2,6 2,5 2,8 3,2 2,2 3,5

• C3A (% massique) 11,2 9,6 9,8 7,0 8,2 11,0 7,1 10,1

Paramètres liés au béton :

• Dosage en ciment (kg/m3) 430 430 400 380 410 350 385 400

• Rapport E/C 0,50 0,50 0,47 0,54 0,46 0,49 0,48 0,50

• Nature des granulats Siliceux Siliceux Silico- Siliceux Siliceux Silico- Siliceux Silico-
calcaire calcaire calcaire

• Teneur en alcalins (Na2O 2,0 4,3 4,0 4,1 2,3 3,0 3,9 4,6
équivalent en kg/m3) (1)

Paramètre
lié à l’environnement :

• Humidité Problème Absence de Condensa- Zone de Zone de Soumis aux Soumis aux Absence de
d’étanchéité drainage tion marnage marnage intempéries intempéries drainage
Alternance
humidifica-
tion-sé-
chage
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(1) Na2O équivalent = Na2O + 0,658 K2O

2.4 Diagnostic Il est important de noter que les prélèvements doivent être
suffisamment profonds pour être représentatifs des températu-
Le diagnostic doit permettre de déterminer l’origine exacte des res maximales atteintes dans la pièce en béton.
désordres, d’estimer l’étendue du phénomène et éventuellement
d’obtenir des informations sur l’évolution à terme de la réaction
délétère. La difficulté du diagnostic réside dans la complexité de la En effet, il peut exister un fort gradient de températures à partir
RSI et dans la confusion qui peut exister avec des désordres simi- de la surface vers le cœur. Le matériau peut apparaı̂tre sain dans
laires dus à l’alcali-réaction. les premiers centimètres en raison d’une plus faible élévation de
température alors que des produits délétères peuvent être présents
La démarche doit reposer sur une approche globale, c’est-à-dire
à cœur.
qu’elle doit prendre en compte à la fois les aspects microscopiques
propres au matériau et les aspects macroscopiques liés à la struc-
ture (environnement, sollicitations mécaniques,…) [55]. 2.4.2 Examens au microscope électronique
à balayage
2.4.1 Prélèvement de carottes in situ La microscopie électronique à balayage est actuellement la seule
technique permettant d’identifier des produits résultant de la RSI.
Les analyses en laboratoire sur des carottes prélevées sur
Cette technique permet de distinguer une ettringite normale résul-
ouvrage constituent les bases indispensables du diagnostic. Cette
tant de l’hydratation du ciment, d’une ettringite délétère ayant des
étude est alors effectuée à partir d’échantillons prélevés sur l’ou-
propriétés expansives.
vrage par carottage, tant en zone altérée (avec un échantillonnage
réparti compte tenu de l’hétérogénéité du phénomène) qu’en zone En effet, la présence d’ettringite n’est pas suffisante pour déclarer
saine. un béton affecté par une réaction sulfatique.

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2.4.3 Bilan minéralogique du béton constitué de quatre axes tracés dans une zone d’un mètre
carré sur la partie de parement à étudier (figure 10).
En complément aux examens microscopiques, il est nécessaire
L’indice de fissuration d’une zone déterminée est la somme
de recourir à l’analyse minéralogique complète qui permet de
des ouvertures des fissures interceptées par les quatre axes,
reconstituer le béton à l’origine (nature des granulats, type de
rapportée à l’unité de longueur (ouverture/m). Dans le cas
ciment, dosage en ciment, teneur en alcalins, etc.). C’est aussi un
d’une fissuration orientée, la valeur de l’indice de fissuration
moyen de déterminer l’origine des sulfates (interne ou externe)
à considérer n’est pas la moyenne des valeurs obtenues sur
impliqués dans la réaction sulfatique et de vérifier la présence des
les différents axes du repère mais la valeur maximale obte-
paramètres nécessaires au développement de la RSI.
nue sur l’axe perpendiculaire aux fissures.
La méthode d’essai LPC n 47 fournit également un tableau
2.4.4 Calcul de l’histoire thermique de la pièce
pour analyser la gravité de la fissuration.
en béton
 La démarche de surveillance et d’évaluation vise également à
Le paramètre température est primordial dans les mécanismes évaluer les déformations globales de la structure dans le
de la RSI. C’est pourquoi, il est parfois souhaitable de procéder à temps, en l’équipant avec des bases de mesure dimensionnel-
une étude thermique afin d’évaluer par le calcul la température les. Les informations recueillies doivent permettre de connaı̂tre
maximale qui a pu être atteinte lors de la construction. La connais- précisément l’évolution ultérieure de l’ouvrage sous l’effet de
sance de ce paramètre constitue un élément important pour com- la pathologie qui le touche et serviront aussi, le cas échéant, à
pléter le diagnostic. paramétrer les modèles de recalcul de la structure ou encore à
Des outils de calcul relativement simples peuvent être utilisés évaluer l’influence d’un éventuel traitement ultérieur.
pour estimer l’élévation de température à partir de certains para- Bien que plus difficile à réaliser, le suivi des déformations
mètres de la formulation du béton, du ciment utilisé et de la géo- (figure 11) présente un intérêt supérieur au suivi de la fissu-
métrie de la pièce [56]. Dans certains cas, il est préférable de réali- ration car il intègre le gonflement du béton entre les fissures.
ser une étude plus fine en utilisant un code de calcul aux éléments
finis qui prend en compte la chaleur dégagée par le béton lors d’un
essai spécifique [55].

2.4.5 Essai d’expansion résiduelle


C’est un essai qui permet d’évaluer si le gonflement du béton de
l’ouvrage peut encore fortement augmenter. Il constitue donc un
moyen de diagnostic au sein d’un ouvrage mais aussi un élément
de pronostic sur l’évolution possible de la réaction sulfatique. Cette
méthode consiste à évaluer le gonflement ultérieur potentiel du
béton en place en mesurant les déformations de carottes extraites
de l’ouvrage puis conservées dans un milieu propice à accélérer la
réaction conformément à la méthode d’essai des lpc n 67 [68].

2.5 Surveillance et évaluation de l’état


des ouvrages
& La surveillance et l’évaluation initiale d’un ouvrage suspecté de
RSI nécessite de rassembler et d’étudier toutes les informations
Figure 10 – Relevé de fissuration en cours sur un piédroit
disponibles sur la construction, de caractériser l’état de fissuration
et d’endommagement de l’ouvrage, et d’implanter une instrumen-
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tation simplifiée de mesure de l’évolution des déformations de cer- Distancemètre D7 et Sonde de température T7
taines parties de l’ouvrage (bases de distancemétrie). Cette surveil-
0,5 60

Température en °C
mm/m

lance est dite « renforcée » au sens du fascicule 03 de l’Instruction P4D7


technique pour la surveillance et l’entretien des ouvrages d’art [61]. Linéaire 50
0,4
P4T7
40
& L’étude du dossier d’ouvrage, lorsqu’il existe, permet de recueil- 0,3
30
lir et d’analyser toutes les informations utiles pouvant être en rela-
tion avec la réaction pathologique suspectée (environnement, 0,2 20
nature des sols, historique de la construction, méthode de fabrica- P4T7 10
0,1
tion, analyses déjà effectuées, composition des bétons, nature et 0
origine des composants,…). La saison de construction, l’existence 0
9/7/03 0:00
28/8/03 0:00
17/10/03 0:00
6/12/03 0:00
25/1/04 0:00
15/03/04 0:00
4/5/04 0:00
23/6/04 0:00
12/8/04 0:00
1/10/04 0:00
20/11/04 0:00
9/1/05 0:00
28/2/05 0:00
19/4/05 0:00
8/6/05 0:00
28/7/05 0:00
16/9/05 0:00
5/11/05 0:00
25/12/05 0:00
13/2/06 0:00
d’un traitement thermique et l’estimation grossière de la tempéra-
ture que le béton a pu atteindre lors de la construction, ainsi que la
nature et le dosage en ciment sont des éléments importants du
dossier.
& La démarche de surveillance et d’évaluation vise à quantifier et à Date et heure
suivre dans le temps l’état de fissuration de l’ouvrage et à repérer Déformations globales mesurée par distancemétrie (en bleu,
la présence de fissures isolées importantes autres que celles dues courbe du haut) et mesure de la température associée (en rose,
au retrait. Les moyens de mesure de cette fissuration doivent être courbe du bas) – Noter l'influence de la température sur la
précis, fiables, et reproductibles dans le temps. mesure de la déformation globale et la droite de tendance
 La méthode LPC n 47 « Détermination de l’indice de fissura- représentant une déformation irréversible de 0,05 mm/m par an.
tion d’un parement de béton » répond à l’objectif de quantifi-
cation de la fissuration lorsqu’elle est non orientée [62]. Cette Figure 11 – Exemple de résultats de suivi de déformations globales
méthode consiste à relever, à l’aide d’un fissuromètre, et de par distancemétrie – Noter l’influence de la température
façon exhaustive, toutes les fissures interceptant un repère et la déformation irréversible

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Les moyens de suivi de déformation couramment utilisés


sont, pour les grandes bases, la distancemétrie par fil invar,
la distancemétrie infrarouge et la distancemétrie laser et,
pour les petites bases, le pied à coulisse à grande capacité
(500 à 1 500 mm), ou l’extensomètre LCPC de 400 mm [63].
D’autres moyens sont envisageables, sous réserve que la
précision obtenue soit au minimum de 0,05 mm/m.

Dans tous les cas, il est conseillée de suivre les déformations


d’ensemble avec des bases de longueur proche des dimen-
sions de la pièce et ce, dans les trois directions.
Il est également conseillé de mettre en place une référence de
mesure dans une zone apparemment saine et d’implanter des
sondes de température dans la structure pour pouvoir effec-
tuer les corrections thermiques nécessaires.

2.6 Gestion des ouvrages


Le guide d’aide à la gestion des ouvrages d’art édité par le
LCPC [63] fournit une bonne base pour appréhender la gestion
des ouvrages atteints de réaction sulfatique interne. Les actions de Figure 12 – Démolition et remplacement d’un chevêtre d’une pile
gestion peuvent varier en fonction de l’état d’endommagement de du pont de Fozières sur l’autoroute A 75, après étaiement provisoire
l’ouvrage et de la vitesse d’évolution de ses dégradations. Trois cas du tablier
peuvent ainsi être considérés.
& Dans le premier cas, celui d’ouvrages peu endommagés et évo- Toutefois, certaines techniques permettent de ralentir l’évolution
luant peu, ceux-ci sont soumis aux règles de gestion communes à du phénomène ou d’en limiter les effets :
l’ensemble du patrimoine, et il est recommandé de vérifier, tous les – la mise en place d’une protection générale ;
3 ans, son aspect visuel dans le cadre de la surveillance organisée. – la mise en œuvre d’une précontrainte ou d’une cage d’enserre-
ment en armatures passives pour essayer de confiner le gonfle-
& Dans le second cas, celui d’ouvrages endommagés mais évo-
ment d’une pièce ;
luant peu, il convient tout d’abord de s’assurer que l’état d’endom- – dans certains cas de structures non armées (exemple de barra-
magement atteint n’affecte pas la capacité portante de la structure ges), la réalisation de saignées permettant de libérer les efforts de
ou ne porte pas atteinte à la sécurité des usagers (exemple d’élé- compression emmagasinés dans la structure sous l’effet du
ments de corniche ou de morceaux de béton susceptibles de se gonflement.
détacher de l’ouvrage).
Pour ces ouvrages, même si l’on ne craint pas un problème de Mais, le traitement de base, qui peut être appliqué à tout ouvrage
durabilité directement lié à la réaction de gonflement, il peut y atteint de réaction sulfatique interne afin d’essayer de ralentir sa
avoir lieu, toutefois, de colmater les fissures ou, mieux, de mettre dégradation, consiste à limiter les arrivées d’eau, par exemple par
en place une protection sur l’ouvrage afin de limiter la pénétration une réfection du dispositif d’évacuation des eaux (cas des écoule-
des agents agressifs dans le béton et de limiter ainsi les risques de ments d’eau localisés sur un chevêtre), ou du dispositif d’étan-
corrosion des armatures. Les produits de réparation et de protec- chéité. Mais, il est aussi évident que ce traitement est inefficace
tion employés doivent être suffisamment souples pour s’accommo- dans le cas des structures soumises à des remontées capillaires
der de l’évolution des fissures du support ([64], [65]). Au niveau de ou des structures immergées.
la surveillance, il est recommandé de vérifier, tous les 3 ans, que Enfin, dans les quelques rares cas où tous les résultats de mesu-
l’évolution du gonflement de l’ouvrage reste faible. res in situ, d’essais d’expansion et de calcul, confortés par une évo-
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& Dans le troisième et dernier cas, celui d’ouvrages très endom- lution rapide des désordres visibles in situ, mettent en évidence un
risque fort à court terme pour la sécurité, une démolition de l’ou-
magés et/ou évoluant rapidement, il est nécessaire de vérifier la
vrage ou de la partie d’ouvrage concernée est à programmer
capacité portante de la structure et sa sécurité vis-à-vis des diffé-
(figure 12).
rents états limites (service, ultime, fatigue, stabilité de forme).
Pour cela, plusieurs approches peuvent être mises en œuvre :
– des investigations sur site, avec par exemple la réalisation d’un
essai de chargement permettant, sous charge contrôlée, de vérifier 3. Prévention des désordres
le comportement de l’ouvrage et, notamment, de le comparer à son
comportement lors des essais de réception réalisés à sa mise en
service ;
– un recalcul de l’ouvrage, visant à vérifier sa capacité portante et
3.1 Principes
le non dépassement d’états-limites notamment dans les armatures. La prévention des désordres dus à la réaction sulfatique interne
Ces ouvrages font l’objet d’une surveillance renforcée, avec par fait l’objet d’un guide technique du LCPC [56]. La démarche de pré-
exemple une plus grande fréquence des visites (entre 3 mois et vention suivie dans ce guide consiste à identifier les parties d’ou-
1 an), ou une surveillance métrologique. vrages susceptibles de développer des désordres dus à la réaction
sulfatique interne. Ce sont essentiellement les parties d’ouvrage
définies comme étant des pièces critiques (c’est-à-dire des pièces
2.7 Problématique du traitement en béton pour lesquelles la chaleur dégagée n’est que très partiel-
lement évacuée vers l’extérieur et conduit à une élévation impor-
Il n’existe actuellement aucune méthode permettant d’arrêter tante de la température du béton) et les produits préfabriqués en
une réaction sulfatique interne. Il n’existe donc pas aujourd’hui béton ayant subi un traitement thermique.
de méthode de réparation pouvant être jugée comme suffisam- On effectue ensuite un croisement entre, d’une part, la catégorie
ment fiable et durable pour être considérée comme une solu- dans laquelle se trouve l’ouvrage (ou la partie d’ouvrage) définie en
tion de réparation définitive de l’ouvrage. fonction du niveau de risque d’apparition de désordres que l’on est

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prêt à accepter et, d’autre part, les actions environnementales aux-


quelles est soumis l’ouvrage (ou la partie d’ouvrage) pendant la vie Tableau 2 – Classes d’exposition de la partie d’ouvrage
de la structure. Ce croisement permet de définir un niveau de pré- vis-à-vis de la RSI (d’après [56])
vention qui détermine alors les précautions à appliquer.
Ces précautions reposent de façon importante sur la limitation de Désignation Description
la température maximale atteinte au cœur des parties d’ouvrages Exemples informatifs illustrant le
de la classe de l’environ-
lors du durcissement du béton et sur le choix d’une formulation choix des classes d’exposition
d’exposition nement
adéquate du béton.
Sec ou hu- • Partie d’ouvrage en béton située à
3.2 Choix du niveau de prévention midité mo- l’intérieur de bâtiments où le taux
dérée d’humidité de l’air ambiant est
XH1
Avant de définir le niveau de prévention, il convient tout d’abord faible ou moyen
d’introduire les notions de catégorie d’ouvrage et de classe • Partie d’ouvrage en béton située à
d’exposition. l’extérieur et abritée de la pluie

3.2.1 Catégorie de l’ouvrage ou de la partie Alternance • Partie d’ouvrage en béton située à


d’ouvrage d’humidité et l’intérieur de bâtiments où le taux
de séchage, d’humidité de l’air ambiant est élevé
Les ouvrages (ou parties d’ouvrage) sont classés en 3 catégories
humidité éle- • Partie d’ouvrage en béton non
représentatives du niveau de risque vis-à-vis de la réaction sulfa-
vée protégée par un revêtement et sou-
tique interne que l’on est prêt à accepter pour un ouvrage (ou une
XH2 mis aux intempéries, sans stagna-
partie d’ouvrage) donné. Le choix de la catégorie d’ouvrage est
tion d’eau à la surface
fonction de la nature de l’ouvrage, de sa destination, des consé-
• Partie d’ouvrage en béton non
quences des désordres sur la sécurité souhaitée, et de son entre-
protégée par un revêtement et sou-
tien ultérieur.
mise à des condensations fréquen-
& La catégorie I concerne les ouvrages (ou parties d’ouvrage) pour tes
lesquels les conséquences d’une apparition de désordres sont fai-
bles ou acceptables. La plupart des produits préfabriqués en béton En contact • Partie d’ouvrage en béton sub-
entrent dans cette catégorie à l’exception des éléments préfabri- durable avec mergée en permanence dans l’eau
qués structurels et des produits destinés à être utilisées dans des l’eau : im- • Eléments de structures marines
ambiances agressives (écrans acoustiques, corniches d’ouvrages mersion per- • Un grand nombre de fondations
d’art, certaines canalisations d’assainissement,…). XH3 manente, • Partie d’ouvrage en béton réguliè-
& La catégorie II rassemble les ouvrages (ou parties d’ouvrage) stagnation rement exposée à des projections
d’eau à la d’eau
pour lesquels les conséquences d’une apparition de désordres
surface, zone
sont peu tolérables. Les éléments porteurs de la majeure partie
de marnage
des bâtiments et les ouvrages de génie civil (dont les ponts cou-
rants) entrent dans cette catégorie, ainsi que les éléments préfabri-
qués structurels.
& La catégorie III correspond à des ouvrages (ou parties d’ouvrage) Tableau 3 – Choix du niveau de prévention
pour lesquels les conséquences d’une apparition de désordres sont
inacceptables ou quasi inacceptables. Ce sont généralement des Classes d’exposition de la partie d’ouvrage
ouvrages à caractère exceptionnel dont l’absence totale de désor- Catégories
dres peut être nécessitée par des raisons de sécurité, d’esthétique d’ouvrage
XH1 XH2 XH3
ou d’impossibilité de réparation ou de remplacement.
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I As As As
3.2.2 Classes d’exposition vis-à-vis de la RSI
La norme NF EN-206-1 qui définit de nombreuses classes d’expo- II As Bs Cs
sition relatives aux différentes agressions possibles du béton, ne
définit pas de classe d’exposition adaptée à la réaction sulfatique
interne. C’est pourquoi les recommandations du LCPC [56] intro- III As Cs Ds
duisent trois classes complémentaires par rapport à cette norme :
XH1, XH2 et XH3. Celles-ci tiennent compte du fait que l’eau ou
une hygrométrie ambiante élevée sont des facteurs nécessaires au d’exposition XH à laquelle est soumise la partie d’ouvrage considé-
développement de la réaction sulfatique interne. rée. Elle peut aussi se faire en considérant l’ouvrage dans son
L’apport d’alcalins et de sulfates par le milieu environnant est entier, mais il est recommandé d’examiner chaque partie d’ouvrage
également source d’aggravation de désordres, mais l’on considère pour déterminer le niveau de prévention adapté.
qu’ils font partie d’un processus de dégradation par la surface et Le choix des niveaux de prévention, désignés par les lettres As,
qu’ils relèvent de dispositions préventives qui sont traitées par ail- Bs, Cs et Ds, est de la responsabilité du maı̂tre d’ouvrage qui peut
leurs (par exemple, dans la norme NF EN 206-1). s’aider pour cela du tableau 3.
Ces trois classes d’exposition XH1, XH2 et XH3 sont définies
À titre d’exemple d’application, dans le cas d’un pont classé en
selon les indications du tableau 2 qui présente également, à titre
catégorie II, les pieux et les semelles de fondation peuvent relever
informatif, des exemples de parties d’ouvrage classées dans les
d’un niveau de prévention Cs, alors que les piles et le tablier pourront
milieux ambiants appropriés.
relever d’un niveau de prévention Bs.
Quant aux chevêtres sur pile et les sommiers sur culée, le choix du
3.2.3 Niveaux de prévention niveau de prévention se fera en fonction des dispositions prises pour
La détermination du niveau de prévention se fait en fonction, assurer l’évacuation des eaux sur ces parties d’ouvrage : le niveau de
d’une part, de la catégorie de l’ouvrage et, d’autre part, de la classe prévention sera Bs ou Cs, selon les risques de stagnation d’eau.

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3.3 Précaution à adopter selon le niveau Tableau 4 – Présentation des six conditions utilisables
de prévention en cas de dépassement de la température seuil
À chacun des quatre niveaux de prévention As, Bs, Cs et Ds
Conditions À respecter
correspond un type de précaution à appliquer. Le principe de
prévention repose essentiellement sur la limitation de l’échauf- – Durée de maintien de la température du
fement du béton caractérisé par la température maximale béton au-delà de 75  C < 4 heures
Tmax susceptible d’être atteinte au sein de l’ouvrage et, le cas 1
– Alcalins équivalents actifs du bé-
échéant, par la durée de maintien d’une température élevée. ton < 3 kg/m3

Dans le cas d’un dépassement de la température maximale – Utilisation d’un ciment conforme à la
conseillée en fonction du niveau de prévention, plusieurs solutions norme NF P 15-319 (ES).
2 (Nota)
de remplacement sont parfois proposées. Dans le cas de CEM I et CEM II/A : alcalins
Les précautions correspondant aux quatre niveaux de prévention équivalents actifs du béton < 3 kg/m3
sont les suivantes :
– Utilisation de ciments non conformes à la
– niveau As : Tmax < 85  C. Dans le cas d’un traitement ther- norme NF P 15-319 de type CEM II/B-V ou
mique en usine de préfabrication, un dépassement de la tempéra- CEM II/B-S ou CEM II/B-Q ou CEM II/B (S-V)
ture Tmax = 85  C est autorisée jusqu’à 90  C, à condition que la 3
ou CEM III/A ou CEM V
durée pendant laquelle la température dépasse 85  C soit limitée à – Avec SO3 du ciment < 3 % et C3A
4 heures ; du clinker < 8 %
– niveau Bs : Tmax < 75  C. Si la température maximale atteinte
dans le béton ne peut rester inférieure à 75  C, alors elle doit rester – Utilisation, en combinaison avec du
inférieure à 85  C et au moins une des six conditions données dans CEM I, de cendres volantes, de laitiers de
le tableau 4 doit être respectée ; haut fourneau ou de pouzzolanes naturelles
– niveau Cs : Tmax < 70  C. Si la température maximale atteinte 4 calcinées
dans le béton ne peut rester inférieure à 70  C, alors elle doit rester – Proportion des additions > 20 %
inférieure à 80  C et au moins une des six conditions données dans – Avec SO3 du CEM I < 3 % et C3A du
le tableau 4 doit être respectée ; CEM I < 8 %
– niveau Ds. Pour ce niveau de prévention, le risque vis-à-vis de la
RSI doit être pris en compte par une des deux précautions suivantes, – Vérification de la durabilité du béton vis-à-
la première précaution étant recommandée comme prioritaire : vis de la RSI à l’aide de l’essai de perfor-
5
 Précaution 1 : Tmax < 65  C, mance et par la satisfaction aux critères
décisionnels
 Précaution 2 : si Tmax ne peut rester inférieure à 65  C, alors
elle doit rester inférieure à 75  C en respectant les 2 conditions – Pour les éléments préfabriqués, le couple
suivantes : béton/échauffement envisagé est identique
6
 utilisation d’un ciment conforme à la norme NF P 15-319 (ES) ou analogue à un couple béton/échauffe-
avec dans le cas des CEM I et CEM II/A, une limitation à 3 kg/m3 ment disposant de 5 références d’emploi
de la teneur en alcalins équivalents actifs du béton (voir nota du
tableau 4). Nota : des travaux très récents menés au LCPC conduisent à
amender cette condition en excluant les ciments conformes à la
 validation de la formulation du béton par un laboratoire indé-
norme NF P 15-319 (ES) de type CEM I, CEM II/A-L et CEM II/A-LL
pendant expert en RSI.
pour les bétons de pièces critiques coulés en place.
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3.4 Dispositions constructives millimètres – [65]) et suffisamment étanches à l’eau et à la vapeur


Les principales dispositions constructives recommandées pour d’eau. C’est une solution qui peut être employée pour accompa-
éviter le déclenchement d’une réaction sulfatique interne visent à gner une solution de prévention plus fiable, mais pas pour assu-
éviter les contacts prolongés avec l’eau pendant la durée d’utilisa- rer de façon définitive la prévention d’une RSI, car elle nécessite
tion de la structure, à limiter la température maximale atteinte au une réfection régulière du revêtement.
sein du béton dans les pièces critiques, et à maı̂triser les traite-
Par ailleurs, il est quasiment impossible d’étancher des appuis
ments thermiques des éléments préfabriqués.
fondés dans l’eau, comme des piles en rivière, dans la mesure
où l’on ne peut s’opposer aux remontées capillaires. Dans ce
3.4.1 Éviter les contacts prolongés avec l’eau type de cas, il convient d’adopter des dispositions visant à
Pour éviter les contacts des pièces critiques avec l’eau, l’ouvrage réduire les élévations trop importantes de température.
doit être conçu de manière à éviter de créer des zones d’accumula-
tion et de stagnation d’eau ainsi que des cheminements préféren- 3.4.2 Limiter les élévations de température
tiels dus aux ruissellements, ce qui nécessite de prévoir des profils
et des formes de pente permettant une évacuation rapide des eaux. Le choix d’un ciment le moins exothermique possible, la substitu-
tion d’une partie du ciment par des additions minérales (laitiers, cen-
C’est notamment le cas avec les tabliers de ponts où il est exigé de dres volantes, pouzzolanes,…) ou la diminution du dosage en ciment
mettre en œuvre une chape d’étanchéité (conformément au fasci- sont des solutions qui permettent de réduire l’échauffement du
cule 67 du CCTG, titre I, complété par les avis techniques du SETRA béton et donc les températures atteintes au sein des pièces critiques.
sur les systèmes d’étanchéité) et de prévoir des dispositifs d’évacua-
tion des eaux qui soient efficaces et entretenus régulièrement. Les recommandations du LCPC [56] indique à titre d’exemple, que
L’application d’un revêtement de protection du béton permet le remplacement dans la formulation du béton d’un ciment CEM I
également d’éviter la réaction en minimisant la pénétration de 52,5 N par un CEM III 42,5 N (sur une pièce ayant une épaisseur
l’eau dans la structure ; les revêtements de protection les plus apparente de 1 m) se traduit par une diminution de la température
efficaces sont ceux ayant une épaisseur importante (quelques maximale de 15  C environ.

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d’immobilisation des moyens de production, augmenter le nombre


de fabrications journalières, et procurer au béton des résistances
mécaniques suffisantes pour opérer le démoulage, la manutention,
le relâchement des armatures de précontrainte ou encore les traite-
ments d’aspect.
Les modalités et les moyens de traitement thermique doivent
être déterminés en prenant en compte la géométrie et les dimen-
sions des éléments, la composition du béton et sa plasticité, ainsi
que les conditions d’ambiance thermo-hygrométriques de la pro-
duction et du stockage, de façon à éviter tout choc thermique et
l’apparition de fissures ou de défauts de surface nuisibles à la dura-
bilité du béton ou à l’aspect des éléments.
Un cycle de traitement thermique comporte généralement quatre
phases :
– prétraitement ;
– montée en température ;
– maintien à la température du palier ;
Figure 13 – Système de refroidissement utilisé lors de la construction
– refroidissement.
d’une poutre d’ancrage massive lors du remplacement La phase de montée en température doit être contrôlée de façon
de la suspension du pont d’Aquitaine (Crédit photo : Vinci Construction)
à ce que la vitesse de croissance de la température reste inférieure
à une vitesse maximale qui est fonction du « rayon maximal d’étu-
Cette solution doit cependant être en accord avec les autres exi- vage » Remax (défini comme la distance la plus courte entre les
gences liées à la construction comme la résistance au jeune âge du points situés sur l’axe de symétrie de la pièce et le parement [56]).
béton, l’ouvrabilité, la durabilité,… et, dans certains cas particuliers, La durée du palier de maintien en température dépend de cette der-
comme la résistance simultanée d’un béton au gel-dégel et à la nière (cette durée est généralement comprise entre 1 et 3 heures
RSI, il apparaı̂t parfois difficile de concilier l’ensemble des exigen- pour 85  C, et entre 4 et 12 heures pour 65  C.)
ces ; c’est pourquoi des moyens autres que ceux agissant sur la for- Sur le plan normatif, la norme NF EN 13369 précise la tempéra-
mulation des bétons doivent aussi être considérés pour limiter les ture maximale du béton en fonction de l’environnement dans
élévations de température. lequel sera exposé l’élément préfabriqué.
Parmi ces moyens, certains ont trait au refroidissement des com-
posants du béton : l’utilisation d’eau de gâchage froide ou réfrigé-
rée, le refroidissement des granulats (pulvérisation d’eau sur les 3.5 Essai de performance
gravillons), la protection des stocks de granulats vis-à-vis de l’enso- Un essai de performance sur éprouvette de béton a été déve-
leillement ou la substitution d’une partie de l’eau de gâchage par loppé au LCPC ([57], [58], [59]). Il consiste à caractériser le risque
de la glace. de gonflement d’un béton vis-à-vis de la RSI. Ce béton est défini,
Si les deux premières méthodes sont relativement simples à à la fois, par sa formulation et par l’échauffement auquel il est
mettre en œuvre, l’utilisation de glace est plus délicate : elle néces- exposé au jeune âge. L’essai comporte quatre étapes distinctes :
site des installations lourdes et le temps de malaxage doit être pro- – la fabrication du béton ;
longé pour garantir une fonte complète de la glace. La technique – le traitement thermique simulant l’échauffement du béton ;
d’injection d’azote liquide dans le malaxeur à béton ou dans la tou- – les cycles de séchage et d’humidification ;
pie est également intéressante, mais elle est très peu utilisée car – l’immersion définitive dans de l’eau à une température de 20  C
très onéreuse et techniquement compliquée. et le suivi des déformations longitudinales.
D’autres moyens sont relatifs à la conception et à la mise en
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œuvre. Il est ainsi possible d’éviter de couler des pièces critiques La durée minimale de cet essai est de 12 mois d’immersion, et
lors de fortes chaleurs ou de choisir une période nocturne pour elle peut être prolongée à 15 mois lorsqu’une expansion significa-
minimiser la température du béton frais. Il est parfois aussi pos- tive est mesurée.
sible de modifier la conception de pièces massives pour les trans- Le couple « formule de béton et échauffement » est considéré
former en éléments creux qui s’échauffent ainsi beaucoup moins. comme apte à l’emploi si l’un des deux critères suivants (critère 1
Pour les pièces de grande dimension, il est possible de prévoir un ou critère 2) portant sur le seuil de gonflement et sur la pente de la
fractionnement du bétonnage en plusieurs phases de façon à favo- courbe de gonflement est respecté :
riser les échanges thermiques. Ce fractionnement n’est efficace que – critère 1 :
si un délai conséquent (au minimum une semaine) est respecté
entre les coulages successifs.  la déformation longitudinale moyenne de trois éprouvettes
est inférieure à 0,04 % et aucune valeur individuelle ne
Enfin, il est également possible de faire appel à une technique de dépasse 0,06 % à l’échéance de 12 mois,
refroidissement utilisée dans la construction des barrages. Il s’agit
 la variation mensuelle de la déformation longitudinale
de refroidir le béton après sa mise en œuvre en incorporant des ser-
moyenne des trois éprouvettes, mesurée à partir du 3e mois,
pentins dans le béton et en y faisant circuler de l’eau fraı̂che qui éva-
est inférieure à 0,004 % ;
cue les calories dégagées par le béton (figure 13). Cette méthode
doit cependant faire l’objet d’un dimensionnement du système de – critère 2 :
refroidissement afin d’éviter l’apparition de gradients thermiques à  la déformation longitudinale individuelle des trois éprouvettes
l’intérieur de la masse de béton, notamment au voisinage des est comprise entre 0,04 % et 0,07 % à l’échéance de 12 mois.
tubes, ces gradients pouvant générer de la fissuration interne. Dans ce cas, il est nécessaire de prolonger l’essai jusqu’au
15ème mois,
3.4.3 Maı̂triser les traitements thermiques
 la variation mensuelle de la déformation longitudinale
des pièces préfabriquées moyenne des trois éprouvettes, mesurée à partir du 12e mois
Le traitement thermique des éléments préfabriqués est réalisé au est inférieure à 0,004 %, et la variation entre le 12ème mois et
moyen d’un apport extérieur de chaleur afin de réduire la durée le 15ème mois est inférieure à 0,006 %.

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Ratio Qm/Q41 pour l'évaluation de Qm Coefficient K' des additions pour le calcul du
"liant équivalent chaleur"
1,6
Qm/Q41

K'
1,5 1,0
0,8 Fumée de silice (K'=1)
1,4
0,6 Laitier
1,3
0,4 Cendres volantes
1,2 0,2
1,1 0
0 1 2 3 4 5
1,0
0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 Épaisseur de la pièce EP (m)
Rc2/Rc28

Figure 15 – Abaque pour l’estimation du coefficient de pondération


des additions (d’après [56])
Figure 14 – Abaque pour l’estimation de la chaleur maximale dégagée
à long terme par le ciment (d’après [56])

3.6 Estimation des températures atteintes Correction de l'élévation de température lié au rapport
Eeff/LEch
dans les structures 8

Alpha
Afin de pouvoir appliquer la politique de prévention précédem-
6
ment définie, il est nécessaire de pouvoir estimer la température
maximale susceptible d’être atteinte par le béton au cœur des 4
structures.
L’annexe 4 des recommandations du LCPC [56] fournit une 2
méthode pour estimer la température maximale au cœur d’une
pièce en béton pour laquelle on ne connaı̂t que l’épaisseur (dans 0
sa plus petite dimension) et les quelques données de base suivan- -2
tes sur la composition du béton :
– dosage en ciment du béton C ; -4
– dosage en addition minérale A ;
-6
– masse volumique du béton Mv ; 0,35 0,40 0,45 0,50 0,55 0,60
– dosage en eau efficace Eeff du béton ; Eeff/LEch
– résistance en compression à 2 jours du ciment Rc2, selon
NF EN 196-1 ;
– résistance en compression à 28 jours du ciment Rc28, selon
Figure 16 – Abaque pour l’estimation du terme correctif a lié
NF EN 196-1 ; au rapport Eeff/Lech (d’après [56])
– chaleur d’hydratation à 41 h du ciment Q41 (en kJ/kg), selon
NF EN 196-9.  Lors de la quatrième étape, on évalue l’élévation de tempéra-
& Cette méthode se décompose en cinq étapes. ture en conditions adiabatiques (isolation parfaite) DTadia (en

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C) à partir de la formule :
 La première étape consiste à estimer la chaleur maximale
dégagée à long terme par le ciment Qm (en kJ/kg) par la DT adia = ðQm ¥ LEchÞ/ðC th ¥ MvÞ + a
formule : avec Cth capacité thermique du béton prise égale à
Qm = Q41 ¥ ratio Qm/Q41 1 kJ/(kg . C)

où la valeur du ratio_« Qm/Q41 » est donnée par l’abaque de  À la cinquième et dernière étape, on estime les déperditions
Rc2 thermiques qui dépendent en particulier de la nervosité du
la figure 14 sur la base du rapport .
Rc28 ciment et de l’épaisseur de la pièce (la vitesse de production
 La seconde étape consiste à prendre en compte les additions de chaleur est en compétition avec la vitesse de dissipation) à
qui participent au dégagement de chaleur du béton. On intro- l’aide d’un coefficient de réduction R (compris entre 0 et 1)
duit alors un liant équivalent chaleur noté « LEch » (en kg/m3) évalué à l’aide de l’abaque de la figure 17. L’élévation de tem-
par la formule : pérature DT (en  C) est alors déduite de la formule :
LEch = C + K ¢A DT = R ¥ DT adia
avec A dosage en addition, C’est cette élévation de température qu’il convient d’ajouter à
K′ coefficient de pondération des additions donné la température du béton frais au moment du bétonnage pour
par l’abaque de la figure 15. obtenir la température maximale atteinte par le béton dans la
structure.
 La troisième étape consiste à prendre en compte le rapport
Eeff/LEch qui conditionne le taux d’hydratation maximal à & Enfin, si l’on souhaite obtenir une estimation plus précise de la
long terme du liant. Plus ce rapport est élevé, plus l’hydrata- température maximale atteinte au sein du béton, il convient d’avoir
tion est complète, et plus importante est la chaleur dégagée. recours à un code de calcul aux éléments finis et à prendre en
Ceci est pris en compte au travers d’un terme correctif a ( C) compte la chaleur dégagée par le béton à partir de mesures de cha-
donné par l’abaque de la figure 16. leur dégagée en fonction du temps (essai calorimétrique). Cette

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Coefficient de réduction R 4. Conclusion


1,0
EP = 4 m
R
3 La réaction sulfatique interne par formation différée d’ettringite a
0,9
été découverte il y a une vingtaine d’années dans des éléments
2 préfabriqués étuvés, et c’est seulement depuis une dizaine d’an-
0,8 nées que l’on sait qu’elle peut affecter des structures coulées en
place dont le béton a atteint des températures élevées. Cette décou-
verte assez récente explique le peu d’études et de recherches qui lui
0,7 ont été consacrées jusqu’à présent.
1
Que ce soit au niveau de la compréhension des phénomènes,
0,6 de l’étude des mécanismes de gonflement, de la modélisation
0,75 du comportement du matériau et des structures, et du traite-
ment des ouvrages, des recherches fondamentales et appli-
0,5 quées sont encore nécessaires pour améliorer nos connaissan-
ces dans ces domaines.
0,50
0,4
& En matière de pathologie, il convient de noter que la situation
est plutôt rassurante en termes de sécurité dans la mesure où
0,3 l’évolution dans le temps des ouvrages atteints de réaction sulfa-
tique interne est suffisamment progressive pour laisser le temps
aux gestionnaires de ces ouvrages de prendre les décisions adap-
0,25
0,2 tées. Par contre, en terme de gestion, ces structures malades
posent des problèmes difficiles, car il n’existe pas de solution
éprouvée et pérenne pour réparer ces ouvrages qui ne manqueront
0,1 pas de poser des problèmes de durabilité.

& En matière de prévention, il convient de noter le travail impor-


0 tant mené par le LCPC avec l’aide de l’industrie cimentière et de la
200 240 280 320 360 400 profession du génie civil pour mettre au point des recommanda-
Q41 (J/g) tions destinées à éviter l’apparition de nouveaux désordres, et ceci
malgré le niveau relativement faible de connaissances sur le sujet.
Figure 17 – Abaque pour l’estimation du coefficient de réduction R
lié aux déperditions thermiques (d’après [56])
Des efforts ont également été déployés pour mettre au point un
essai accéléré d’expansion d’un béton atteint de RSI, avec l’objectif
d’aller vers une démarche performantielle.
chaleur peut être déduite des mesures de chaleur effectuées sur
mortier normalisé (essai « ciment »), être mesurée sur MBE (mor- Rendez-vous est donné dans une dizaine d’années pour évaluer
tier de béton équivalent) ou directement sur béton. si cette politique de prévention a bien atteint ses objectifs.
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P
O
U
Réaction sulfatique interne R
dans les structures en béton
Mécanisme, pathologie et prévention E
N
par Bruno GODART
Directeur technique Ouvrages d’Art au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC)

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