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UV 104 Comptabilité
Série 8 : Les coûts partiels
Chapitre 37 : L’analyse de la relation coût – volume - profit
L’analyse de la relation coût – volume - profit a pour objet l’étude des interrelations entre les
ventes, les coûts, le niveau d’activité et par conséquent la profitabilité de l’entreprise (aptitude de
l’entreprise à générer un profit). Elle fournit un cadre de raisonnement pertinent à de nombreuses
décisions de gestion telles que :
• quel est l’impact sur le résultat d’une hausse des prix de vente de x % et d’une baisse conjuguée
des ventes de y % ?
• quel doit être le montant du chiffre d’affaires pour obtenir un résultat de x euros ?
• quel est l’impact sur le résultat d’une baisse des prix de vente de x % ?
• etc….
On sait par ailleurs que le niveau d’activité est un des principaux facteurs d’incertitude de
l’entreprise car il est soumis aux fluctuations de la demande, aux phénomènes de saisonnalité, au
cycle micro-économique, et de façon générale à des facteurs extérieurs à l’entreprise que les
dirigeants ne peuvent pas toujours maîtriser.
L’analyse coût - volume - profit présente donc un réel intérêt pour les gestionnaires. Elle fournit des
outils d’aide à la décision à l’évaluation du risque. Comme tout modèle de gestion, elle présente des
limites.
Exemple :
Cette présentation met en évidence les relations existantes entre les coûts (variables et fixes), le
volume des ventes et le profit. On voit ainsi qu’il faut réaliser une marge sur coût variable suffisante
pour couvrir la totalité des charges fixes.
Lorsque l’entreprise couvre ses charges fixes cela signifie qu’elle a atteint, voire dépassé son seuil
de rentabilité ou point mort.
Exemple :
Si l'on considère à nouveau le cas de l'entreprise BERGER, cela signifie que l'on cherche un niveau
de chiffre d'affaires appelé seuil de rentabilité tel que :
Éléments Marges %
Seuil de rentabilité (SR) ? 100 %
- Charges variables ? 60 %
= Résultat courant 0
D’où :
SR × 40% = CF
CF 220 000
SR = ⎯⎯⎯⎯ = ⎯⎯⎯⎯ = 550 000 €
40% 0,40
Le seuil de rentabilité exprimé en chiffre d’affaires peut donc être déterminé par le calcul en
appliquant la règle suivante :
Charges fixes
Seuil de rentabilité = ⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯
(en valeur) Taux de marge sur coûts variables
Remarque : lorsqu’il est exprimé en valeur, le seuil de rentabilité est parfois appelé chiffre
d’affaires critique.
450 000
y = 0,40 x
400 000
350 000
300 000
MCV et charges fixes
Zone bénéfice
250 000
y = 220 000
200 000
Zone perte
150 000
0
0 200 000 400 000 600 000 800 000 1 000 000 Chiffres d'affaires
200 000
y = 0,40 x
150 000
100 000
50 000
Zone bénéfice
0 Chiffre d'affaires
0 200 000 400 000 600 000 800 000 1 000 000
-50 000
Zone perte
-100 000
-150 000
-200 000
-250 000
Résultat courant
Seuil de rentabilité = 550 000 €
Chiffre d'affaires et
charges totales
Détermination graphique du seuil de rentabilité
1 200 000
200 000
0
0 200 000 400 000 600 000 800 000 1 000 000
Chiffre d'affaires
Seuil de rentabilité = 550 000 €
L’entreprise peut par ailleurs être amenée à procéder à des changements pour s’adapter à
l’évolution de la demande et aux exigences de la compétitivité ; cela permet le plus souvent
d’augmenter la marge sur coût variable mais implique une augmentation des charges fixes.
Exemple :
Considérons le cas de l’entreprise ALUIN qui va connaître, au cours de l’exercice N+1 des
changements de structure liés au renouvellement du matériel. Son taux de marge sur coût variable
(25 % du chiffre d’affaires) ne sera pas affecté par ces changements de structure.
Chiffre d’affaires hors taxes (CAHT) Charges fixes Seuil de rentabilité (SR)
CAHT < 30 000 € 4 500 € 4 500 / 0,25 = 18 000 €
30 000 € <= CAHT < 70 000 € 12 000 € 12 000 / 0,25 = 48 000 €
70 000 € <= CAHT < 90 000 € 20 000 € 20 000 / 0,25 = 80 000 €
Le graphique ci-dessous montre que l’entreprise va atteindre ces seuils de rentabilité par alternance
de zones de perte (surface grisée) et de zones de bénéfice (surface hachurée).
Ce graphique montre également que si l’entreprise est par exemple dans la zone de chiffre d’affaires
comprise entre 48 000 € et 70 000 € et qu’elle pense qu’elle n’atteindra pas un chiffre d’affaires d’au
moins 80 000 €, elle a alors intérêt à ne pas développer ses ventes afin de ne pas rentrer dans la
zone comprise entre 70 000 € et 80 000 € car elle se trouverait alors en déficit.
Il y a au moins une leçon à tirer de cette démonstration : la croissance du chiffre d’affaires doit faire
l’objet d’un suivi permanent à l’aide d’indicateurs de gestion pour être efficacement maîtrisée.
Dans le prolongement de la notion de seuil de rentabilité plusieurs indicateurs peuvent être utilisés
pour évaluer le risque lié à un retournement de conjoncture :
• le point mort exprimé en mois ou en jours ;
• la marge ou distance de sécurité ;
• le taux de prélèvement des charges fixes ;
• le levier d’exploitation ou opérationnel.
Lorsque les ventes sont régulières, le chiffre d’affaires mensuel est constant, le point mort peut être
déterminé par la formule suivante :
550 000 × 12
Point mort = ⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯ = 6,60 mois
1 000 000
L’entreprise BERGER a atteint son seuil de rentabilité le 18 juillet environ. [6 mois + (30 jours × 0,60)]
450 000,00
400 000,00
350 000,00
300 000,00
Zone bénéfice
250 000,00
100 000,00
50 000,00
0,00 Mois
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Plus le point mort est atteint tardivement, plus le risque est important car un retournement de
conjoncture peut mettre l’entreprise en déficit.
Charges fixes
Seuil de rentabilité = ⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯
Taux de marge sur coût variable
180 000
Seuil de rentabilité = ⎯⎯⎯⎯⎯ = 450 000 €
0,40
Le cumul du chiffre d’affaires montre que le seuil de rentabilité est atteint au cours du troisième
trimestre. Pour calculer le point mort, il faut cumuler le chiffre d’affaires trimestre par trimestre, puis
procéder au calcul de la date par interpolation linéaire.
Une fois qu’elle a réalisé le chiffre d’affaires cumulé des deux premiers trimestres soit 350 000 €,
l’entreprise doit encore réaliser un chiffre d’affaires de 450 000 – (160 000 + 190 000) = 100 000
pour atteindre le seuil de rentabilité. Le point mort se situe donc :
La marge de sécurité est constituée par le volume de chiffre d’affaires réalisé en sus du seuil de
rentabilité, ramenée au chiffre d’affaires elle s’appelle indice de sécurité :
Dans l’entreprise BERGER, cette marge est de : 1 000 000 – 550 000 = 450 000.
Plus la marge et l’indice de sécurité sont élevés plus grande est l’aptitude de l’entreprise à faire face
au risque. Sur cette part de chiffre d’affaires, il n’y a plus de charges fixes à absorber ; la marge
dégagée est donc du résultat.
On peut donc aussi définir la marge de sécurité comme la part de chiffre d’affaires réalisé au cours
de la période où est formé le résultat et poser l’égalité suivante :
L’indice de sécurité permet d’exprimer la marge de sécurité pour 1 € de chiffre d’affaires. Cet
indicateur facilite les comparaisons dans le temps et dans l’espace (entre entreprises de même
activité) :
Marge de sécurité
Indice de sécurité = ⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯
Chiffre d’affaires total hors taxes
450 000
Indice de sécurité = ⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯ = 0,45 soit 45 %
1 000 000
Concrètement cet indice (appelé aussi taux de profitabilité) signifie que l’entreprise peut subir une
baisse de 45 % de son chiffre d’affaires sans être déficitaire.
Charges fixes
Taux de prélèvement des charges fixes = ⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯
Chiffre d’affaires total hors taxes
220 000
Taux de prélèvement des charges fixes = ⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯ = 0,22 soit 22 %
1 000 0000
400 000
Levier d’exploitation = ⎯⎯⎯⎯⎯⎯ = 2,222
180 000
Cela signifie que si l’activité baisse de 10 %, le résultat courant baissera de 2,222 × 10 % = 22,22 %.
A contrario, si l’activité augmente de 10 %, le résultat augmentera de 22,22 %.
On se trouve ici en présence d’un phénomène d’amplification. En effet lorsqu’on dépasse le seuil de
rentabilité, toute augmentation du chiffre d’affaires permet de dégager une marge sur coût variable
correspondant à du résultat car toutes les charges fixes ont été absorbées.
Sur le même registre, et pour reprendre une expression empruntée à l’économie, on peut dire que le
levier d’exploitation (également appelé coefficient de volatilité) mesure l’élasticité du résultat
courant à l’augmentation du chiffre d’affaires. On peut donc l’exprimer par le rapport :
Ou :
Si l’activité augmente de 10%, le chiffre d’affaires passe à 1 000 000 × 1,10 = 1 100 000
Le résultat quant à lui passe à (400 000 × 1,10) – 220 000 = 220 000
• le volume d’activité est considéré comme le facteur déterminant des coûts : seules les quantités
vendues influencent le niveau des charges.
Remarque : dans la réalité, on sait qu’il en va tout autrement car les coûts sont influencés de façon complexe
par de nombreuses variables ou facteurs liés entre eux (l’échelle ou la taille critique, le degré d’intégration,
l’expérience, la technologie, la complexité, l’interaction « structures de l’entreprise – comportements des
acteurs », etc). La courbe de coûts est par nature difficilement modélisable.
Remarque : là encore, théorie et réalité économique montrent que les rendements d’échelle
peuvent être croissants ou décroissants pour les raisons invoquées précédemment.
• les prix de vente unitaire et les coûts unitaires des facteurs (matières premières, salaires,…) sont
supposés constants.
Remarque : là aussi, la réalité est différente car des réductions de prix sont généralement accordées aux
clients en raison de leur personnalité, des quantités achetées, de la qualité des matières, des conditions de
livraison et des conditions de paiement. Par ailleurs, les fournisseurs accordent également des réductions de
prix et l’on sait que toutes les heures de travail ne sont pas payées au même taux.
• dans la méthode du coût variable simple, les différentes activités de l’entreprise équivalent à une
seule et le chiffre d’affaires est considéré globalement. Les marges par produits sont des marges
de contribution destinées à couvrir les charges fixes qui sont considérées comme communes
qu’elles soient directes ou indirectes.
Remarque : dans la réalité les charges fixes se décomposent en charges fixes spécifiques à chaque activité et
charges fixes communes. La méthode du coût variable évolué, présentée dans le chapitre précédent, permet de
répondre à cette insuffisance.