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Pr Gilles SALLES
1) La maladie de Hodgkin fait partie des cancers du système lymphatique comme les
sont particulières.
médiastinale.
6) L’objectif thérapeutique est d’augmenter les taux de guérisons déjà élevés en évitant
1°/ Définition
La maladie de Hodgkin est plus fréquente chez l’homme (2 à 5 cas pour 100 000
habitants par an) que chez la femme (1 à 2 cas pour 100 000 habitants par an). Son
années. Elle peut être observée à tous les âges de la vie, mais avec un pic de survenue
mais plusieurs travaux récents indiquent qu’un certain nombre de maladies de Hodgkin
peut être détecté dans les cellules de Reed-Sternberg, dans une proportion très
variable de cas et il n’y a aucune preuve de son rôle dans la survenue de la maladie.
La maladie de Hodgkin est révélée dans près de 4 cas sur 5 par une adénopathie
périphérique indolore de siège cervical ou sus-claviculaire. Dans environ 10% des cas,
elle est découverte devant des adénopathies médiastinales mises en évidence sur un
compression (toux, dyspnée, douleurs). Enfin, dans 10 à 20% des cas, la maladie est
révélée par la présence de signes généraux, tels que la fièvre, un amaigrissement, des
diagnostic car cette cellule n’est pas pathognomonique de la maladie. Enfin, dans les
très rares formes hématologiques sans atteinte ganglionnaire, le diagnostic peut être
noyau clair, mono ou parfois polylobée avec un aspect en miroir, pluri-nucléolé. Les
habituel des cellules de Sternberg dans la maladie de Hodgkin classique est caractérisé
parfois CD20.
de Lukes-Rye (tableau I) :
diaphragmatiques;
- La forme à cellularité mixte (type 3) représente 15 à 20% des cas et s’observe plus
volontiers chez les sujets âgés, avec des signes généraux d’évolutivité ou chez les
diffuse n’est aujourd’hui plus considérée comme une maladie de Hodgkin mais
diagnostic n’est pas évident dans les 2 formes classiques (types 2 et 3), ou lorsqu’une
des formes atypiques est suspectée compte-tenu des frontières de ces formes avec
Le tableau clinique de maladie de Hodgkin révélé par une adénopathie superficielle fait
systémiques.
Après biopsie ganglionnaire, seules posent problème les formes frontières entre
Lukes Rye.
La maladie de Hodgkin est un des premiers cancers à avoir été guéri d’abord par la
radiothérapie utilisée seule à large champ, puis par la chimiothérapie, utilisée seule ou
faire l’objet d’une utilisation optimale. C’est pourquoi le traitement des maladies de
Hodgkin est aujourd’hui fondé sur une stadification très précise des patients atteints de
amaigrissement de plus de 10% du poids du corps pendant les 6 derniers mois, sueurs
les atteintes osseuses révélées par des douleurs focales ne sont pas exceptionnelles
grand diamètre tumoral mesuré au niveau de D5-D6 est supérieur ou égal au tiers du
diamètre transverse thoracique mesuré au même niveau (exemple Figure 1). L’examen
ganglionnaire cervicale, et par la réalisation d’une biopsie médullaire qui ne peut être
omise que pour les stades limités ayant des caractéristiques favorables (cf infra).
- un hémogramme complet,
parenchyme hépatique,
clinique, une ponction biopsie hépatique peut être réalisée, ainsi qu’une scintigraphie
osseuse, une IRM, ou tout autre examen servant à documenter une atteinte spécifique
de la maladie de Hodgkin.
Pour adapter la stratégie thérapeutique, les patients sont d’abord stratifiés à l’aide de la
classification d’Ann Arbor (tableau II) qui résulte de l’interprétation des constatations du
bilan d’extension ci-dessus. Dans les différents sous groupes identifiés à l’aide de cette
De nombreux autres facteurs pronostiques ont été décrits, qu’il s’agisse d’un pronostic
sexe masculin et de nombreux autres signes biologiques (élévation des LDH, de la β2-
guère utilisés dans la décision thérapeutique qui repose sur les critères exposés ci-
dessus.
EVOLUTION
favorable à long terme. Dès la mise en route d’un traitement adapté (chimiothérapie ou
notamment dans le médiastin est plus difficile. En effet, certaines de ces lésions
diminuent initialement sous traitement, mais persistent sur les radiographies simples ou
La réalisation d’un TEP au 18-FDG permet de préciser leur évolutivité. Cet examen est
Les patients qui rechutent après un 1er traitement peuvent encore bénéficier d’un
- les rechutes survenant après radiothérapie exclusive qui peuvent être rattrapées dans
- les rechutes tardives dont certaines peuvent être traitées avec succès pendant
plusieurs années, ce d’autant qu’elles surviennent avec un délai long par rapport à la
poussée initiale ;
- les rechutes précoces survenant moins d’un an après la fin du traitement initial qui
sont de très mauvais pronostic et qui sont traités par des chimiothérapies intensives
l’évolution est sévère. La survenue d’une maladie de Hodgkin pendant la grossesse est
laquelle une altération de l’immunité cellulaire liée à la maladie est observée. Les
infections à germes Gram+ chez les patients splénectomisés (ou ayant reçu une
irradiation sur l’aire splénique), ainsi que la survenue d’infections à virus herpétique
rapportée chez les patients traités pour maladie de Hodgkin, qu’il s’agisse
l’origine d’un excès de décès de cause cardiaque chez les patients traités par maladie
de Hodgkin.
fonction de reproduction des patients. Celles-ci sont surtout liées à l’utilisation des
(caryolysine). Ainsi, la stérilité masculine est quasiment constante chez les patients
ayant reçu plus de 6 cures de MOPP (cf infra) ; le risque de voir survenir une
ménopause précoce avec le même traitement s’accroît de 10% à 100% avec l’âge de la
patiente. Ceci amène à considérer des protocoles de chimiothérapie moins toxiques sur
la lignée gonadique.
anomalies génétiques chez les enfants de patients traités pour une maladie de
Hodgkin.
4 -3) La survenue des seconds cancers est préoccupante chez les patients traités pour
tardivement (10 à 20 ans) chez les patients traités par maladie de Hodgkin, notamment
dans les territoires irradiés. Cette augmentation porte à la fois sur les cancers cutanés,
les cancers du poumon, les cancers du sein, et les cancers de divers organes lorsqu’il
s’agissait d’enfants traités. Ceci conduit actuellement à limiter les doses et les champs
PRINCIPES DU TRAITEMENT
1°/ La radiothérapie
Les grands champs d’irradiation classiques sont définis en sus diaphragmatique par
aortique, les chaînes ganglionnaires iliaques primitives externes droites et gauches, les
régions inguinales bilatérales) avec barre splénique. Ces grands champs ne sont
La tendance actuelle (où la radiothérapie devient très peu utilisée dans les stades
disséminés) est l’utilisation de champs réduits sur une ou plusieurs aires ganglionnaires
dose de 30 à 36 grays sur les territoires irradiés de manière prophylactique. Des essais
avec des doses plus faibles (20 Gy) – pour limiter le risque de séquelles - semblent
2°/ La polychimiothérapie
les années 70, reste la référence qui a permis l’obtention de meilleurs résultats tant en
long terme.
ont été développés plus récemment avec une efficacité peut-être supérieure mais avec
une toxicité plus élevée. Il faudra attendre les résultats à long terme de la comparaison
surface, un progrès majeur a été réalisé avec la conception d’un anticorps couplé à une
toxine (anticorps anti-CD30 couplé à une toxine pour les micro-tubules, la monomethyl
auristatine E ou MMAE). Cet anticorps a une efficacité démontrée pour les échecs
après autogreffe ; il devrait rapidement être développé chez les patients avec un
Celles-ci doivent être posées en fonction des critères pronostiques définis ci-dessus.
pour les patients de sexe masculin; une contraception orale est proposée aux femmes
une patiente, une ovariopexie (déplacement des ovaires dans la cavité abdominale)
Dans les stades localisés sus diaphragmatique, les patients ayant une maladie avec
des caractéristiques favorables (tableau III) vont pouvoir être traités par de 3 ou 4 cures
chimiothérapie isolée est à l’essai chez ces patients lorsque les examens d’imagerie
18
métabolique (TEP scanner au -FDG glucose) montrent une rémission complète à
chimiothérapie de type ABVD suivies d’une irradiation focalisée sur les territoires
Dans les formes favorables, plus de 95% des patients sont survivants à 10 ans alors
que dans les formes défavorables, la survie à 10 ans est de proche de 85 (80 à 90%)%.
n’est plus utilisée chez ces patients en rémission complète car elle accroît le risque de
Une rémission complète est obtenue chez la majorité de patients (85 à 95 % environ)
mais les rechutes restent fréquentes avec une survie à long terme de 75 à 85%, mais
Ainsi si les progrès thérapeutiques importants ont été obtenus dans la maladie de
surmortalité par toxicité des patients traités pour maladie de Hodgkin. Le souci de cette
modifications par rapport à ces standards ne peuvent se faire que dans le cadre
long terme.
Fermé C. Maladie de Hodgkin. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Hématologie, 13-016-
la biologie, le traitement.
II sus-diaphragmatiques des stades étendus et évolutifs (stades IIIB et IV), les autres
présentations (I - II sous diaphragmatique d’une part, stade IIIA d’autre part) étant
permettre d’obtenir une rémission complète prolongée après 5 ans chez 80 à 95% des
Actuellement les types 2 et 3 sont considérées commes des formes typiques les plus
fréquentes (respectivement 80% et 15-20%) des maladies de Hodgkin.
Stade Définition