THESE
Présentée devant
Pour obtenir
LE GRADE DE DOCTEUR
Par
Emmanuel DEFAŸ
Ingénieur ENSMM
JURY:
-7-
2.2.4.1 Principe de fonctionnement __________________________________________________ 39
2.2.4.2 Les divers systèmes de pulvérisation ___________________________________________ 41
2.2.4.3 Avantages et inconvénients __________________________________________________ 43
2.2.5 Choix de la technique de dépôt du PZT ___________________________________________ 43
2.3 Préparation des échantillons : le substrat, la couche de passivation, les électrodes ____ 44
2.3.1 Le substrat __________________________________________________________________ 44
2.3.2 La couche de passivation_______________________________________________________ 45
2.3.2.1 Etat de l’art _______________________________________________________________ 45
2.3.2.2 Expérimentation et choix technologique ________________________________________ 46
2.3.3 L’électrode inférieure _________________________________________________________ 47
2.3.3.1 Etat de l’art _______________________________________________________________ 47
2.3.3.2 Expérimentation et choix technologique ________________________________________ 49
-8-
3.3.2 Organisation des manipulations _________________________________________________ 76
4 Etudes spécifiques sur le film mince de PZT : gradients de concentrations des espèces
dans l’épaisseur et orientation cristalline _______________________________________ 89
4.2 Gradients de concentrations des espèces dans l’épaisseur de la couche mince de PZT _ 90
4.2.1 Introduction _________________________________________________________________ 90
4.2.2 Expérimentation _____________________________________________________________ 90
4.2.3 Technique de caractérisation : la spectrométrie de masse des ions secondaires (SIMS) _______ 91
4.2.4 Résultats et discussion_________________________________________________________ 93
4.2.5 Influence du recuit de cristallisation sur les profils SIMS des différentes éléments du PZT ___ 98
4.2.6 Conclusion ________________________________________________________________ 100
-9-
5.2.1 Expérimentation : ___________________________________________________________ 114
5.2.1.1 Elaboration des contacts ____________________________________________________ 114
5.2.1.2 Mesure d’épaisseur ________________________________________________________ 115
5.2.1.3 Caractéristiques des échantillons tests _________________________________________ 115
5.2.2 Caractérisation diélectrique ____________________________________________________ 116
5.2.2.1 Le phénomène diélectrique __________________________________________________ 116
5.2.2.2 La diélectricité du PZT _____________________________________________________ 118
5.2.2.3 Outil de caractérisation _____________________________________________________ 118
5.2.2.4 Résultats et discussion _____________________________________________________ 119
5.2.3 Caractérisation ferroélectrique _________________________________________________ 122
5.2.3.1 L’outil de caractérisation ferroélectrique : le montage Tower-Sawyer ________________ 122
5.2.3.2 Résultats et discussion _____________________________________________________ 124
5.2.4 Taille des contacts ___________________________________________________________ 127
5.2.4.1 Rôle de la multipulvérisation ________________________________________________ 127
5.2.4.2 Une solution pour récupérer les contacts court-circuités ___________________________ 127
5.2.5 Conclusion ________________________________________________________________ 128
-10-
5.3.6.2.2 Validation de la méthode ______________________________________________ 149
5.3.6.2.3 Confrontation des différentes méthodes de détermination du d31 _______________ 152
5.3.6.2.4 Remarque sur l’encastrement ___________________________________________ 153
5.3.7 Résultats expérimentaux sur le coefficient d31 _____________________________________ 154
5.3.8 Conclusion ________________________________________________________________ 157
6.2 Procédé d’élaboration global d’une membrane de silicium actionnée par une couche
mince de PZT________________________________________________________________ 165
6.2.1 Etat de l’art ________________________________________________________________ 165
6.2.2 Architecture générale d’une membrane composite __________________________________ 166
6.2.3 Optimisation de la géométrie et de la surface de l’électrode supérieure __________________ 167
6.2.3.1 Modélisation par éléments finis ______________________________________________ 167
6.2.3.2 Résultats FEM des positions et tailles optimales de l’électrode supérieure _____________ 168
6.2.3.3 Importance de l’épaisseur de la membrane _____________________________________ 169
6.2.3.4 Structuration de l’électrode supérieure : contact déporté ___________________________ 170
6.2.4 Succession des étapes technologiques ____________________________________________ 170
-11-
6.5.2 Principe physique du capteur __________________________________________________ 183
6.5.3 Banc de mesure en pression ___________________________________________________ 184
6.5.4 Résultats __________________________________________________________________ 185
6.5.4.1 Sensibilité _______________________________________________________________ 185
6.5.4.2 Détection de la fréquence de résonance ________________________________________ 186
6.5.5 Perspectives ________________________________________________________________ 188
-12-
Introduction générale
Introduction générale
-13-
Introduction générale
Le travail effectué au cours de cette thèse s’inscrit dans un programme plus large de
développement de nouveaux procédés technologiques sur silicium entrepris au Laboratoire de
Physique de la Matière. Il s’agissait de proposer des moyens technologiques de réalisation de
couches minces piézoélectriques compatibles avec le silicium et de démontrer leur efficacité
par le développement d’un démonstrateur. L’accent a été mis sur la recherche d’un procédé de
réalisation générique. Afin d’assurer une compatibilité optimale avec d’éventuels procédés
CMOS effectués sur la même puce, le budget thermique imposé à la structure a été réduit au
maximum. Comme les films minces présentent des propriétés physiques différentes du
massif, un soin particulier a été apporté sur la caractérisation des films notamment au niveau
piézoélectrique. Le développement d’un capteur de pression résonant à haute sensibilité à
partir de membranes composites silicium-piézoélectrique a démontré tout l’intérêt et la
faisabilité des films minces piézoélectriques sur silicium.
-14-
Introduction générale
-15-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
1.1 Introduction
Après avoir défini ce qu’est l’effet piézoélectrique, nous présentons dans ce premier
chapitre les applications majeures des microsystèmes utilisant des matériaux piézoélectriques.
Le noyau dur de la réalisation de MEMS utilisant la piézoélectricité est bien évidemment le
développement de la couche active. De nombreuses études ont été menées depuis une
vingtaine d’années sur l’élaboration de couches minces piézoélectriques. Trois matériaux se
distinguent particulièrement de ces travaux tant pour leurs techniques d’élaborations
compatibles avec la microélectronique que pour leurs propriétés piézoélectriques intrinsèques.
Ce sont le nitrure d’aluminium (AlN), l’oxyde de zinc (ZnO) et le zirconate-titanate de plomb
(PZT). Pour chacun d’eux, un petit historique précède les applications principales en couches
minces et leurs principales caractéristiques. Après avoir justifié le choix du PZT comme
matériau étudié au cours de cette étude, une présentation complète de celui ci est faite au
niveau cristallographique, ferroélectrique et piézoélectrique.
La piézoélectricité a été découverte en 1880 par Pierre et Jacques Curie sur le quartz,
bien que la première observation qualitative de cette propriété ait été faite par Haüy en 1817.
Il faudra cependant attendre 1921 pour voir la première utilisation industrielle d’un
transducteur piézoélectrique par Paul Langevin. Walter Cady développera un peu plus tard les
oscillateurs radioélectriques à quartz. Son nom sera repris pour désigner un prix remis chaque
année à une personnalité majeure de la piézoélectricité. Les premiers développements
mathématiques de la piézoélectricité ont été menés par Voigt en 1910 où apparaît la théorie de
l’élasticité des matériaux.
-16-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
Matériau Force
V =0 piézoélectrique
V ≠0
Voltmètre
-17-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
Une des premières applications aux capteurs des matériaux piézoélectriques dans les
MEMS a été les lignes à retard (SAW pour Surface Acoustic Wave), qui découlent
directement des travaux sur le quartz. Ainsi, Choujaa et al. du LPMO de Besançon [12]
propose une ligne à retard d’AlN déposée sur une membrane permettant d’obtenir un capteur
de pression. Polla et al. de l’université du Minnesota propose la réalisation d’un accéléromètre
piézoélectrique en vue de réguler la vitesse d’un pacemaker suivant l’activité physique de la
personne implantée [13]. Lee et al. de l’Université de Tokyo ont réalisé un capteur de force
piézoélectrique en couches minces utilisé dans un microscope à force atomique permettant
une résolution longitudinale de 0,15 nm [4].
Le premier film de ZnO réalisé par pulvérisation date de 1965. Le ZnO fut le premier
matériau piézoélectrique en couches minces à être commercialisé. C’était en 1976 et il
s’agissait de lignes à retard pour la télévision [14]. Le ZnO est apprécié pour son couplage
électromécanique et ses propriétés piézoélectriques qui sont relativement importants comparés
aux autres matériaux piézoélectriques non céramiques. Il possède également l’avantage de
pouvoir se graver facilement ce qui est d’un grand intérêt pour les microtechnologies.
Le ZnO possède une structure cristalline hexagonale et fait partie du groupe 6mm.
L’orientation de son axe c doit être perpendiculaire au substrat pour que l’on puisse utiliser
l’effet piézoélectrique. Ceci est une contrainte pour la croissance des couches.
De nombreuses techniques ont été étudiées pour déposer le ZnO. Citons le dépôt en
phase vapeur (CVD de Chemical Vapor Deposition) [15], la pulvérisation diode classique
[16], la pulvérisation triode [17], l’évaporation laser [18], le dépôt en phase vapeur d’organo-
métalliques (MOCVD) [19], le dépôt par résonance cyclotron électronique (ECR pour
Electron Cyclotron Resonance) [20]. Cependant, la technique la plus couramment utilisée est
la pulvérisation RF magnétron [21], permettant un dépôt à température assez faible (environ
150°C dans le bloc de pulvérisation), une vitesse de dépôt plus rapide que la pulvérisation
classique et un équipement à la fois simple et usuel dans les laboratoires de
microélectronique. Le dépôt en pulvérisation peut se faire en utilisant une cible de zinc et un
-18-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
mélange d’argon et d’oxygène pour le gaz du plasma ce qui donne une pulvérisation dite
réactive ou bien en utilisant directement une cible de ZnO. On observe depuis 1995 plusieurs
travaux sur la mise au point de procédés sol-gel adaptés au ZnO qui semble donner des
résultats tout à fait honorables.
Les dernières valeurs rapportées pour le coefficient piézoélectrique d33 sont aux
environs de 12 pC/N [22] et de 6% pour le coefficient de couplage électromécanique [23] ce
qui est équivalent aux valeurs du matériau massif, sous réserve des méthodes de mesures
mises en jeu pour la détermination des coefficients piézoélectriques des films minces qui ne
sont pas encore au point puisqu’elles font notamment l’hypothèse que les coefficients
élastiques des couches minces sont les mêmes que le matériau massif. Cette question sera
traitée dans le chapitre réservé à la caractérisation piézoélectrique.
-19-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
Bien qu’il soit déjà bien connu et bien caractérisé, l’AlN suscite encore la curiosité de
plusieurs centres de recherches comme le Massachussets Institute of Technology (MIT) de
Boston, notamment au niveau de son intégrabilité sur les applications MEMS en termes de
contraintes résiduelles (présentation orale au congrès MRS Boston 1998). Ce problème
concerne également des équipes françaises notamment à travers le travail de thèse de Thierry
Laurent au LPMO de Besançon [28].
A titre d’exemple, le Tableau 1 ci-dessous rassemble les principaux paramètres
technologiques utilisés par le Department of Materials Science and Engineering du MIT de
Boston pour la préparation d’AlN en couches minces par pulvérisation DC magnétron.
Tableau 1 : Paramètres de dépôt d’AlN en couches minces utilisés au MIT (Boston, MA)
piézoélectriques du PZT. La dernière grande différence avec les autres piézoélectriques est la
très grande constante diélectrique relative des PZT, pouvant atteindre 4000 pour le matériau
massif.
De très nombreuses techniques de dépôts ont été utilisées pour le PZT. De manière
générale, le dépôt du PZT est plus complexe que celui de composés plus simples comme le
ZnO ou l’AlN en raison de la présence de plusieurs métaux à déposer (Pb, Zr, Ti), de la
disparité des masses atomiques en particulier entre le plomb et l’oxygène, de la nécessité de
travailler dans une atmosphère non réductrice. De nombreuses techniques de dépôts imposent
également un recuit de cristallisation pour obtenir la phase pérovskite ferroélectrique et il est
nécessaire de polariser les couches pour observer un effet piézoélectrique. D’autre part, les
propriétés du PZT varient suivant le rapport entre titane et zirconium et ce rapport peut être
ajusté suivant l’application visée (piézoélectrique, ferroélectrique, diélectrique ou
pyroélectrique). Enfin, la gravure du PZT n’est pas aisée. La gravure réactive plasma (RIE
pour Reactive Ion Etching) à partir de dérivés chlorés est souvent utilisée [30].
A la fin des années 70 et début des années 80, c’est sur des dépôts PVD (Physical
Vapor Deposition) que les premières recherches sont effectuées, comme l’évaporation par
faisceau d’électron [31] ou le bombardement ionique [32] mais les investigations sont le plus
souvent menées sur la pulvérisation cathodique comme M. Sayer et al.[33]. A la fin des
années 80, les études de dépôts de PZT par techniques chimiques émergent comme le sol-gel,
où l’équipe de M. Sayer de l’université de Kingston (Canada) est une nouvelle fois parmi les
pionniers [34], ou bien le dépôt chimique en phase vapeur par organo-métalliques (MOCVD)
[35]. Au début des années 90, les trois méthodes principales sont : la pulvérisation, le sol-gel
et la MOCVD. De plus amples informations sur ces techniques seront fournies ultérieurement.
Les applications des PZT en couches minces sont nombreuses et variées. Tout
d’abord, la constante diélectrique très élevée est très utile pour la conception de mémoires
dynamiques diélectriques (DRAM) [36]. Les PZT utilisés ont une température de Curie entre
180°C et 400°C ce qui implique qu’ils présentent un effet ferroélectrique à la température
ambiante. Le fonctionnement de ces mémoires est donc différent de celui des DRAM
classiques diélectriques. Elles sont appelées DRAM non volatiles et dans ce cas précis FRAM
(Ferroelectric Random Access Memory). Le principal avantage par rapport aux DRAM
classiques est qu’il n’est pas nécessaire de les rafraîchir. L’information peut être conservée
sans utilisation d’alimentation d’où un gain de consommation électrique et donc une
-21-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
Les applications capteurs et actionneurs utilisant des couches minces de PZT ne sont
pas encore très nombreuses et ce pour plusieurs raisons. La première est la difficulté du
procédé d’élaboration dont les conditions de reproductibilité peuvent varier dans le temps et
d’un bâti de dépôt à un autre. Ce genre de problème est bien évidemment très limitatif en vue
d’un développement industriel. La deuxième est la méconnaissance des propriétés
mécaniques et électriques du PZT. Là aussi, de sérieux problèmes de reproductibilité sont
rencontrés. Une autre raison est le problème des contacts. On observe dans la littérature que la
taille des contacts utilisés pour caractériser électriquement des films minces de PZT dépasse
-22-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
rarement le mm². Ceci n’est évidemment pas gênant pour réaliser des mémoires FRAM où
l’on cherche à diminuer justement la taille des contacts, mais par contre, il s’agit d’une
limitation très importante pour la réalisation de microcapteurs. Finalement, une dernière
remarque peut être faite sur la fatigue du PZT d’une part et la dépolarisation dans le temps
d’autre part qui sont également deux paramètres qu’il faut impérativement contrôler pour
assurer la fiabilité d’un capteur dans le temps. Plusieurs recherches sont effectuées sur ce
dernier sujet en particulier par l’équipe de Mme Trolier-Mc Kinstry de l’Université de
Pennsylvanie (USA) [41].
1.4.1 Définitions
-23-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
l’écoulement des charges dans un circuit extérieur fermé. Parmi les cristaux pyroélectriques,
on peut distinguer les ferroélectriques pour lesquels l’axe polaire, support d’un dipôle
permanent, est mobile dans le réseau cristallin sous l’influence d’un champ électrique
extérieur. La décomposition des 32 classes cristallines suivant ces différentes dénominations
est résumée sur la Figure 2 [42].
32 classes cristallines
10 pyroélectriques 10 non-pyroélectriques
-24-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
O2-
Pb 2+
Zr4+ ou Ti4+
On notera que lorsque x est compris entre 0,45 et 0,5 environ, la phase obtenue est un
mélange de quadratique et de rhomboédrique. Cette phase est dénommée morphotropique.
Elle est importante car c’est dans cette zone que le PZT présente ses meilleures propriétés
-25-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
500
Paraélectrique
400
300
Quadratique
200
Rhomboédrique Morphotropique
100
AF
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
PbZrO3 x (PbTiO3) PbTiO3
-26-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
Ps Ps
a
Phase quadratique Phase rhomboédrique
1.4.3 Ferroélectricité
-27-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
Le matériau ferroélectrique est subdivisé en domaines. Dans chacun d’eux, tous les
dipôles élémentaires sont orientés dans le même sens. La taille de ces domaines varie suivant
le champ électrique. Dans le cas du PZT, la forme, le nombre et la taille des domaines
dépendent des conditions de croissance et des contraintes extérieures mécaniques et
électriques. Lorsqu’un champ électrique est appliqué, les dipôles élémentaires ont tendance à
s’orienter suivant la direction du champ. Plus le champ est fort, plus le nombre de dipôles
élémentaires qui basculent est grand, apportant ainsi leur contribution à la polarisation qui
augmente d’autant. C’est ce qui explique le cycle d’hystérésis de la Figure 6.
La déformation de la maille pérovskite lorsque le champ électrique est nul est
schématisée sur la Figure 6. Ainsi, le centre d’inertie des charges positives (Ti4+ ou Zr4+) dans
la maille cubique, est décalé par rapport au centre d’inertie des charges négatives (O2-).
Un article synthétique sur la ferroélectricité du PZT appliquée au FRAM a été publié
par Auciello, Scott et Ramesh [45].
P: polarisation
Ps
-Pr
-Ps
-28-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
Pour fixer les idées, les caractéristiques ferroélectriques typiques du PZT massif sont
données dans le Tableau 2 [46].
1.4.4 Piézoélectricité
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Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
Après Tension de
polarisation polarisation
Axe de +
polarisation
-
Figure 7 : Etape de polarisation des dipôles électriques par l’application d’un champ
électrique dans le cas des céramiques ferroélectriques polycristallines comme le PZT
1.5 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons vu que l’avenir des microsystèmes passe en partie par
l’étude approfondie de nouveaux matériaux piézoélectriques en couches minces et que leur
intégration sur des substrats de silicium constitue un véritable enjeu. Dans ce domaine, le
nitrure d’aluminium, l’oxyde de zinc et le zirconate titanate de plomb (PZT) se distinguent
-30-
Chap. 1 : Les matériaux piézoélectriques dans les microsystèmes électromécaniques (MEMS)
particulièrement. En raison de ses propriétés exceptionnelles, c’est le PZT qu’il a été choisi
d’étudier au cours de ce travail en dépit de la délicatesse des méthodes de dépôt. Le chapitre
suivant précise les techniques développées afin de préparer la réalisation de films minces de
PZT sur substrat silicium.
-31-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
2.1 Introduction
ses formes, l’évaporation par faisceau d’électrons, par laser ou bien par faisceau d’ions. La
Figure 8 résume le classement de toutes ces méthodes.
Dans les paragraphes suivants, nous avons choisi de présenter les trois méthodes les
plus utilisées qui sont le sol-gel, la MOCVD et la pulvérisation. Leur notoriété et leur
développement préférentiel sont dus au fait qu’il s’agit de techniques ne nécessitant que des
équipements standards de la micro-électronique. Ainsi, il devient plus simple d’intégrer un
procédé d’élaboration du PZT dans un processus global.
2.2.2 Sol-gel
L’idée de la technique sol-gel est d’étaler à la tournette sur le substrat une solution
contenant un solvant et des agents précurseurs du PZT. Le solvant est ensuite évaporé et un
deuxième traitement thermique permet de cristalliser la couche dans la phase ferroélectrique.
La Figure 9 présente un organigramme d’élaboration du PZT par une technique sol-gel
modifiée proposée par Kwok et al.[48].
Les agents précurseurs sont souvent des alkoxydes et ce sont alors des alcools qui sont
utilisés comme solvants. La réaction chimique produite est la suivante (équation 1) où R et R’
sont des chaînes carbonnées, M est l’ion métallique associé et (i, j) sont des entiers :
-34-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
-35-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
1 1
3 3 −1 2
η 0 3 13
t = C 0 (1 − C 0 ) 3 w e
3
(Équation 2)
2 ρ0
Cette méthode présente l’avantage d’être assez simple à mettre en œuvre. Elle ne
nécessite pas d’équipement lourd et spécifique comme la MOCVD. Une salle de chimie, une
tournette de salle blanche et un four suffisent à élaborer les couches de PZT. De plus, il est
facile d’ajuster les quantités des différents constituants du PZT (Pb, Zr, Ti et O) par le biais
du dosage des précurseurs organo-métalliques. Cette caractéristique est importante car les
propriétés du PZT varient énormément suivant le rapport Ti/Zr et suivant les dopants utilisés.
En contrepartie, la stoechiométrie finale de la couche est assez délicate à obtenir.
L’inconvénient majeur de la méthode sol-gel est l’épaisseur faible du dépôt qui est de l’ordre
de 50 nm après une passe du procédé. Ainsi, une itération des étapes d’étalement à la
tournette et d’évaporation du solvant doit être effectuée afin d’obtenir une épaisseur de
plusieurs centaines de nanomètres, ce qui multiplie les risques de craquelures car les
premières couches déposées subissent tous les recuits successifs d’évaporation. Ceci
augmente ainsi les risques de court-circuits lors des tests électriques. Ces caractéristiques sont
cependant assez compatibles avec la réalisation des mémoires ferroélectriques puisque
-36-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
l’objectif est d’obtenir des couches très minces afin de diminuer les tensions de basculement
en atteignant le champ coercitif plus rapidement. La taille des contacts doit être également
petite afin d’obtenir une grande intégration de cellules sur un même substrat. A contrario, les
applications microsystèmes nécessitent souvent des tailles de contacts plus importantes (de
l’ordre du mm²) ainsi que des épaisseurs plus importantes afin de pouvoir développer une plus
grande énergie, ce qui ne fait pas de la technique sol-gel un candidat idéal pour ce type de
réalisation.
Ainsi, cette technique a été beaucoup étudiée par les grandes équipes de recherche
américaines sur les mémoires FRAM et DRAM (Université d’état de Caroline du Nord –
Raleigh (NC), Université Polytechnique de Virginie – Blacksburg (VA)). Par ailleurs, des
travaux sont actuellement menés notamment à l’Université de Pennsylvanie (USA) pour
augmenter l’épaisseur de chaque itération du process sol-gel [50]. Les épaisseurs déposées
sont intéressantes (jusqu’à 12 µm) et les caractéristiques électriques communiquées sont tout
à fait honorables (Pr = 27 µC/cm² et d33 = 340 pC/N). Toujours avec une méthode sol-gel
modifiée, Barrow associé à l’équipe de M. Sayer de la Queen’s University (Canada) obtient
des épaisseurs de PZT de plusieurs dizaines de microns [51].
-37-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
-38-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
l’ordre de 700°C pour des vitesses de dépôts de quelques centaines de nm par heure [52]. Ceci
peut être un avantage puisque une étape du process est éliminée mais cela peut être un
inconvénient si l’on veut diminuer le budget thermique imposé à la structure. Ainsi, la
perspective de réaliser des capteurs intelligents avec l’électronique de contrôle sur le même
substrat est plus difficilement envisageable. Cependant, Tatsumi et al. de chez NEC ont
communiqué la réalisation d’un film mince de PZT par MOCVD à une température de 440°C
ce qui a permis de faire croître la couche sur une couche d’aluminium [54].
Malgré cela, cette technique se développe de plus en plus en raison des bons résultats
obtenus, par exemple des polarisations rémanentes de 50 µC/cm² pour des films épitaxiés sur
un substrat SrTiO3 [52]. De plus, une fois que la relation entre les compositions de la solution
des précurseurs et du film déposé est établie, le contrôle de la composition de la couche
devient aisé à faire évoluer ce qui rejoint le procédé sol-gel sur ce point.
2.2.4 Pulvérisation
-39-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
Les techniques de pulvérisation sont généralement utilisées pour déposer toutes sortes
de matériaux : métaux, matériaux réfractaires, diélectriques, céramiques. Il suffit que ceux ci
puissent supporter un léger échauffement d’une centaine de degrés et d’être mis sous vide. Le
principe de la pulvérisation est de bombarder la surface du matériau à déposer par les ions
d’un gaz neutre, très souvent l’argon. Lors du choc sur la surface, ceux ci communiquent leur
énergie cinétique. L’éjection de particules du matériau a alors lieu et ces dernières viennent se
déposer sur le substrat. L’ionisation des atomes d’argon est obtenue par chocs avec les
électrons libres, toujours présents dans un gaz, accélérés par une différence de potentiel entre
la cathode, où est installée la cible du matériau à déposer, et le substrat qui est à la masse. Il
en résulte un plasma froid visible par l’émission de photons dus à la désexcitation des ions
d’argon lorsqu’ils récupèrent un électron.
Une fois les atomes ionisés positivement, ils sont accélérés vers la cathode. Un schéma
de principe du fonctionnement de la pulvérisation est exposé Figure 11. Les mécanismes
-40-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
physiques de la pulvérisation sont traités dans de nombreux ouvrages dont deux sont cités en
référence [55, 56].
-41-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
Courant (mA)
1 1 ’
0 2 0
2 ’
Vrf
Vrf
0 0
Tension (V) Tension (V)
1: Courant d ’électrons fort 1 ’: Courant d ’électrons à l ’équilibre
2 : Courant d ’ions faible 2 ’: Courant d ’ions à l ’équilibre
Vrf: Tension 13,56 MHz
Afin d’augmenter les vitesses de dépôts, la plupart des bâtis de pulvérisation sont
équipées d’une cathode dite magnétron. Il s’agit d’un aimant permanent placé dans la cathode
qui permet d’appliquer un champ magnétique parallèle à la surface de la cathode et donc de la
cible. Les électrons dans cette région sont donc soumis à un champ électrique et un champ
magnétique perpendiculaires entre eux. Leur trajectoire s’enroule donc autour des lignes de
champ magnétique augmentant grandement la probabilité de choc avec les atomes d’argon et
donc le taux d’ionisation de ces derniers. Le système magnétron permet de confiner un
plasma très dense près de la cible ce qui a pour effet d’augmenter le taux de pulvérisation. Les
tensions utilisées sont également plus faibles.
Il existe finalement un autre procédé de pulvérisation dit triode où les procédés
d’obtention du plasma et d’accélération des ions en direction de la cible sont dissociés. Ce
système nécessite des tensions d’accélérations de l’ordre d’une centaine de volts ce qui est
moins importante que les procédés diodes mais la mise au point de ce système est plus
délicate. Il est également difficile de déposer des matériaux isolants. Une très bonne synthèse
de tous les systèmes de pulvérisation est faite dans les Techniques de l’Ingénieur par J-J.
Bessot [57].
-42-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
On notera que la plupart des dépôts de PZT en pulvérisation est effectuée par le
procédé diode RF magnétron en raison de vitesses de dépôts élevées et d’une bonne
connaissance du procédé car il a été beaucoup étudié.
-43-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
thèse ont été réalisés au laboratoire dans un bâti Alcatel DION 300 possédant un équipement
de pulvérisation cathodique et deux creusets d’évaporation par effet Joule. Une évolution de
la pulvérisation a été apportée en transformant la cathode classique en cathode magnétron.
Les détails techniques de cet appareil sont donnés dans l’annexe A.
2.3.1 Le substrat
-44-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
-45-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
Des essais ont été effectués avec des couches de passivation de silice puis avec des
couches de nitrure. Ces deux processus ont été réalisés au Centre Interuniversitaire de Micro-
Electronique de Grenoble (CIME). Le nitrure est déposé par PECVD (Plasma Enhanced
Chemical Vapor Deposition) à partir d’un mélange de silane (SiH4) et d’ammoniaque (NH3) à
300°C. La silice est un oxyde thermique obtenu par un cycle DWD (Dry-Wet-Dry). Le détail
de ce procédé est le suivant. Les plaquettes de silicium sont dans le four en attente à 750°C.
La température s’élève alors à 1130°C en 35 minutes. Une oxydation sèche est alors effectuée
pendant 5 minutes en faisant pénéter de l’oxygène pur dans le four (étape dry) permettant
l’obtention d’un oxyde de haute qualité. Ensuite, de l’oxygène saturé en eau est introduit dans
le four toujours à la même température ce qui entraîne une oxydation humide (Wet) des
plaquettes. L’oxyde humide est de moins bonne qualité mais croit beaucoup plus vite que
l’oxyde sec. C’est la durée de cette étape qui va déterminer l’épaisseur finale de l’oxyde.
Enfin, un deuxième oxyde sec est réalisé pendant 5 minutes sous O2. Un dernier recuit de 15
minutes sous azote stabilise l’oxyde et la descente en température à 750°C s’effectue en
1H30. A titre d’exemple, la durée totale de réalisation d’un oxyde de 1 µm est d’environ 6
heures en comptant les montées et descentes en température.
Il s’est avéré que le nitrure réalisé comme décrit plus haut ne constituait pas un bon
masque de gravure même après avoir subi un recuit de densification de 1 heure à 1050°C. De
plus, une étude SIMS (Secondary Ion Mass Spectroscopy) menée au laboratoire a révélé que
le nitrure ne jouait pas non plus son rôle de barrière de diffusion puisque des siliciures
semblent se former à l’interface Si-Si3N4 lors du recuit de cristallisation du PZT. En effet, le
titane contenu dans l’électrode inférieure diffuse à travers le nitrure et vient former des
composés de type SixTiy avec le silicium du substrat. De plus, le niveau de silicium recupéré
dans la couche de PZT augmente d’une décade et demi lorsqu’on compare un échantillon
recuit avec un échantillon non recuit. Du bore est également retrouvé jusqu’à la surface du
PZT après le recuit.
Aucun essai électrique n’a été effectué sur ce type de structure car il a paru plus
prudent de travailler avec une couche d’oxyde unique malgré l’inconvénient d’épaisseur qui
doit être de l’ordre du micromètre pour assurer un bon masque de gravure. Deux épaisseurs
d’oxyde ont été utilisées. Les études d’élaboration et de caractérisation du PZT, qui ne
nécessitent pas de gravure en face arriére, ont été menées avec un oxyde de 0,52 µm. Par
-46-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
contre, un oxyde plus important de 1,52 µm a été nécessaire dans le cas de réalisation de
membranes composites Si-PZT. Il s’est avéré que l’épaisseur de l’oxyde ne jouait pas sur les
conditions de cristallisation du PZT. Un procédé plus élaboré avec 0,52 µm de SiO2 en face
avant et 1,52 µm en face arrière a également été utilisé.
Muralt et al. [61] justifie l’utilisation d’une bi-couche SiO2-Si3N4 par la diminution de
la contrainte thermoélastique imposée par l’oxyde ce qui peut être intéressant lors de la
libération de la membrane.
La réalisation de l’électrode inférieure est une étape très importante et délicate car elle
va déterminer les conditions de croissance du PZT. Il est tout d’abord nécessaire que le
matériau utilisé ne puisse pas s’oxyder lors des traitements thermiques imposés à la structure.
En effet, l’apparition d’oxyde à l’interface entre l’électrode et le PZT peut faire chuter les
propriétés ferroélectriques [63]. Ensuite, l’adhésion doit être importante avec la couche de
passivation. Le matériau doit être aussi compatible avec les techniques de gravure de surface
permettant de structurer les dispositifs. Finalement, l’électrode inférieure doit favoriser la
cristallisation du PZT dans la phase pérovskite. A l’heure actuelle, deux catégories de
matériaux ont emmergé de ce cahier des charges exigeant. Il s’agit du platine (Pt) d’une part
et des oxydes de ruthénium (RuO2) et de rhodium (RhOx) d’autre part.
Le platine est largement accepté comme le standard en matière d’électrode inférieure
pour le PZT. En effet, son inertie chimique est grande et il est très difficile à oxyder. De plus,
la différence des paramètres de maille entre le platine et le PZT est inférieure à 3% [64, 65] ce
qui laisse entrevoir la possibilité d’orienter cristallographiquement la couche de PZT suivant
celle du platine [66]. Cependant, le platine adhère mal sur la silice ou le nitrure. Ainsi, une
couche de titane est très souvent déposée entre SiO2 et le platine. Le titane, fortement
réducteur, s’oxyde facilement sur la silice offrant ainsi une bonne adhésion [67]. Dans le cas
du nitrure, le tantale (Ta) offre une meilleure adhésion que le titane [61]. Sreenivas et al.
proposent la réalisation d’une couche d’oxyde de titane (TiO2) afin de diminuer la diffusion
du titane lors de recuits en atmosphère oxydante pouvant entraîner une perte d’adhésion dans
le cas d’une fine couche de Ti (10nm) ou bien la formation d’ilôts de TiO2 à la surface du Pt
-47-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
si la couche de titane est plus importante (100 nm) [68]. Bruchhaus et al. communiquent le
même genre de problème lors d’un recuit dans une atmosphère Ar/O2 [69]. Hwang et al. ont
montré que la couche de titane dans une structure Pt/Ti/Si ayant subi un recuit classique à
650°C pendant 30 min sous flux d’oxygène était complètement oxydée alors que la même
structure ayant subi un recuit rapide (RTA) à 650°C pendant 30 s sous oxygène présentait une
couche de titane non oxydée [66]. Ea Kim et al. [70] utilisent une structure plus élaborée
Pt/TiN/Ti/BPSG/Si où le titane joue toujours le rôle de couche adhésive alors que TiN est une
couche barrière évitant la diffusion du titane à travers les joints de grains du platine.
Les techniques de dépôt utilisées pour le titane et le platine sont parfois l’évaporation
mais très souvent la pulvérisation en raison des hautes températures d’évaporation du Ti/Pt,
respectivement 1668°C et 1772°C. Un bon article de synthèse sur les différentes techniques
utilisées pour le dépôt de Ti/Pt a été publié par Sreenivas et al. [68]. Deux tendances générales
se dégagent de tous les articles sur ce sujet : l’épaisseur de titane doit être assez faible par
rapport à celle du platine afin d’éviter la pénétration du titane lors des processus à
températures élevées et il ne doit pas y avoir de rupture du vide entre le dépôt du titane et du
platine pour éviter l’oxydation du titane [66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73]. Le Tableau 5 donne
les épaisseurs du titane et du platine utilisées dans la littérature. Les neuf premiers couples de
valeurs données apparaissent dans une publication datant de 1994 de Sreenivas et al. [68] qui
présentent entre autre un état de l’art du dépôt de Ti/Pt pour le PZT.
Malgré les bonnes propriétés du couple Ti/Pt, certains travaux ont montré des
problèmes de fatigue pour le PZT qui peuvent diminuer la polarisation rémanente de moitié
-48-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
en un million de cycle ce qui est très limitatif pour les mémoires ferroélectriques [37]. Ce
phénomène est associé à des lacunes d’oxygène qui apparaissent à l’interface entre le platine
et le PZT [74]. Une alternative possible est d’utiliser des électrodes en oxydes conducteurs
comme RuO2 ou RhOx qui ont en plus l’avantage d’avoir des paramètres de maille proche du
PZT. Les problèmes de fatigue sont alors considérablement diminués malgré une
augmentation du courant de fuite par rapport aux électrodes de Pt [37]. D’autres solutions ont
également été proposées comme la croissance épitaxiale du PZT ou l’utilisation de dopants
donneurs dans le PZT comme le niobium (Nb) ou le lanthane (La) [75]. Yoon et al. ont
communiqué la réalisation de PZT en couches minces polarisé entre des couches de RuO2/Ru
qui présente des propriétés ferroélectriques et piézoélectriques un peu inférieures à celles
d’une structure Ti/Pt mais dont la probabilité de court-circuits est très largement diminué
[76]. Dans le même article, une structure composite RuO2/Pt a été un bon compromis entre les
bonnes propriétés respectives de chacune des deux couches Pt et RuO2. Desu a également
proposé des électrodes composites PtRhOx (15 nm) /PtRh (80 nm) /PtRhOx (30 nm)
permettant de diminuer la fatigue du PZT (PtRhOx 30 nm), d’assurer une bonne conductivité
de l’électrode (PtRh) et de constituer une bonne barrière de diffusion lors des recuits (PtRhOx
15 nm) [77].
Dans cette étude, nous avons choisi d’utiliser des électrodes classiques de Ti/Pt afin de
se placer dans un contexte déjà bien détaillé par la littérature pour la croissance du PZT. Deux
techniques de dépôt ont été essayées : l’évaporation par canon à électrons et la pulvérisation
cathodique.
Les dépôts par canon à électrons ont été effectués au CEA-LETI de Saclay. Les
paramètres de dépôt sont rassemblés dans le Tableau 6.
-49-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
-50-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
3. Prépulvérisation du platine : la cible de titane est chassée par les deux vis en
actionnant l’obturateur en position masquage et la prépulvérisation du platine peut
démarrer.
4. Pulvérisation du platine : l’obturateur est dégagé pour permettre le dépôt du platine
sur le substrat où le titane vient d’être déposé.
-51-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
Des essais sur du Ti/Pt préparé en Suède à KTH (Stockholm) par canon à électrons
dont les paramètres expérimentaux sont inconnus ont également donné de bons résultats pour
le PZT. Cependant, une technique d’orientation préférentielle du PZT a été développée sur les
couches de Ti/Pt pulvérisées et sera exposée au chapitre 4.
-53-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
Le choix d’utiliser des cibles stœchiométriques de PZT a été motivé par ce dernier
argument ainsi que par la proximité du Laboratoire de Génie Electrique et de Ferroélectricité
(LGEF) de l’INSA de Lyon qui travaille depuis longtemps sur les céramiques
piézoélectriques massives et sur le PZT en particulier. Ce laboratoire a ainsi été impliqué dans
la fabrication des cibles de pulvérisation de PZT. Le degré d’expertise sur le PZT du LGEF a
également donné l’occasion de nombreuses réflexions très fructueuses sur l’élaboration des
couches minces de PZT.
-54-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
dans une matrice d’acier. A cette étape, la cible tient d’elle même mais il n’y a pas de
coalescence entre les grains de PZT. Un déliantage est alors effectué à 600°C qui permet
d’évacuer toutes les traces organiques puis la céramique est frittée à 1200°C de façon à
obtenir la cohésion entre les grains. Le matériau est ainsi densifié en diminuant sa porosité. La
Figure 14 résume toutes les étapes nécessaires à l’élaboration d’une cible de PZT.
Ce procédé d’élaboration est utilisé dans l’industrie pour fabriquer les céramiques
massives. C’est une technique relativement peu coûteuse mais qui pêche par le manque
d’homogénéité du matériau et par la fiabilité de fabrication. Comme la réaction de formation
du PZT se fait à 900°C, une perte de plomb est possible par évaporation du PbO qui est très
volatil. Pour limiter cet effet, le frittage est effectué dans une atmosphère saturée en PbO.
Il existe une autre technique d’élaboration des céramiques massives dite par voie humide
s’apparentant au sol-gel et qui présente l’avantage de respecter la stoechiométrie de la
composition car la formation de la phase pérovskite ne nécessite dans ce cas qu’une
température de 600°C, ce qui est en deçà de celle d’évaporation de l’oxyde de plomb autour
de 890°C.
-55-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
PbO-ZrO2-TiO2
Mélange avec liant organique
Séchage
Evaporation du liant
600°C - 15 H
Calcination - 6H à 950°C
Frittage: 1200°C - 20 H
Mélange - broyage
3H dans éthanol ou eau
Cible de PZT
Séchage
-56-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
La littérature est assez prolixe sur l’élaboration du PZT par pulvérisation cathodique et
il en ressort une grande diversité des différents paramètres de réglages, même pour des choix
technologiques proches. Afin de fixer les idées sur ce panel assez large, le Tableau 10
rassemble les principaux paramètres utilisés dans la littérature par les équipes de recherche les
plus en vue sur ce sujet depuis une dizaine d’années. La totalité des travaux publiés sur ce
sujet a été effectuée sur des bâtis de pulvérisation cathodique RF magnétron, mis à part celui
de l’équipe de M. Sayer de Kingston où c’est un système à diode continue qui a été utilisé
(cible métallique).
Au vu du Tableau 10, plusieurs tendances se détachent. Une majorité d’équipes
travaille avec une cible oxydée, au détriment de la cible métallique, et parmi celles ci, 3 sur 8
utilisent un excès de plomb dans la cible. Le rapport Zr/Ti est toujours proche de l’optimum
des propriétés ferroélectriques et piézoélectriques, c’est à dire 52/48.
De l’oxygène est très souvent présent dans le plasma, même lorsque la cible est
stœchiométrique ce qui permet de compenser l’appauvrissement de la cible en oxygène lors
de la pulvérisation.
-57-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
-58-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
pulvérisation utilisé ainsi que du système d’adaptation d’impédance que possède chaque bâti.
Malgré ces imprécisions, les puissances utilisées sont assez dispersées comme pour les
pressions. Il ne semble pas qu’il y ait de corrélation entre ces deux paramètres.
La distance entre cible et substrat est rarement citée et se situe entre 50mm et 100mm.
Le substrat est presque systématiquement chauffé à des températures comprises entre
200°C et 600°C. Ce n’est qu’à partir de 600°C que la cristallisation « in-situ » dans la phase
pévovskite est possible. Ainsi, un recuit de cristallisation est indispensable dans la plupart des
exemples exposés. Le porte-échantillon n’est pas porté à plus haute température car les taux
de pulvérisation de chaque composant varient alors énormément en particulier pour le plomb
et l’oxygène [87].
Le critère de choix des différents paramètres est très souvent dicté par les résultats de
cristallisation dans la phase pérovskite qui a lieu après le recuit. Cette vérification est
effectuée exclusivement par diffraction X (XRD pour X-Ray Diffraction en anglais). Cette
technique sera détaillée lors de la caractérisation cristallographique du PZT au chapitre 3.
Quelques équipes étudient cependant la concentration des espèces avant d’effectuer la
cristallisation afin de valider l’étape de dépôt. Les moyens de caractérisation utilisés sont le
RBS (Rutherford Backscattering Spectrometry) [82, 87] et la micro-analyse X dite EDS
(Energy Dispersive Spectroscopy) [81, 90]. A notre connaissance, la seule étude complète de
composition des composants prenant en compte la mesure de la concentration d’oxygène dans
la couche déposée a été effectuée par Varnière et al. de l’Université d’Orsay [85] en utilisant
une technique originale de combinaison de caractérisation RBS et NRA (Nuclear Reaction
Analysis).
-59-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
proviendront donc de la cible et il n’y aura pas d’interaction avec le gaz de plasma, par
opposition à une pulvérisation réactive avec de l’oxygène. De plus, il a été montré dans
plusieurs articles de la littérature que cette configuration particulière pouvait donner des
couches de PZT avec de bonnes propriétés ferroélectriques [95, 85].
2.4.3.1 Introduction
-60-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
La phase pyrochlore fait son apparition à 400°C et est très nette à partir de 500°C. La
phase pérovskite apparaît à 590°C, alors qu’à cette température, le pic principal à 29° de la
phase pyrochlore a quasiment disparu. Ensuite, à partir de 650°C, seule la phase pérovskite
est significative et c’est la prédominance des familles de plans cristallins qui varient, ce qu’on
appelle communément l’orientation préférentielle de la couche de PZT. Ainsi, à 650°C,
l’orientation se fait plutôt suivant les plans (111), alors qu’elle est plutôt suivant les plans
(100) pour 700°C et 800°C. Cet exemple illustre bien l’existence des deux phases du PZT et
les différences d’orientations possibles de la phase pérovskite.
Bien qu’assez peu répandu avant 1995, le procédé de cristallisation par recuit rapide
du PZT élaboré en pulvérisation suscite maintenant un réel intérêt et une quarantaine de
publications traite de ce sujet précis. C’est encore une fois l’équipe de M. Sayer de
l’Université de Kingston qui a lancé en 1991 les premiers travaux sur le recuit rapide du PZT
pulvérisé [96]. Le principal avantage de cette technique est d’apporter l’énergie sous forme de
rayonnement ce qui permet de chauffer l’échantillon en très peu de temps, de l’ordre de
quelques secondes, ce qui n’est pas le cas lorsque le chauffage est assuré par convection dans
un four à recuit. Basit et al. [89] estiment que le temps de montée en température de
l’échantillon entre 600°C et 800°C est de l’ordre de 4 minutes dans un four classique. Or, les
traitements thermiques sont dits rapides lorsque la durée du recuit est inférieure à 102 s. Ainsi,
il est possible d’obtenir des cristallisations de matériaux ou bien des diffusions de dopants en
des temps plus courts et mieux contrôlés mais également avec des budgets thermiques
beaucoup plus faibles, ce qui est d’un grand intérêt pour la compatiblité des différents
procédés d’élaborations d’un composant [97]. Bien que les traitements thermiques de la
microélectronique aient peu évolués depuis leurs débuts il y a environ 40 ans, deux grandes
firmes japonaises (Applied Materials et Tokyo Electron.) ont introduit en 1993 des
traitements thermiques rapides dans leur chaîne de fabrication, ce qui prouve tout l’enjeu
industriel de ce nouveau procédé [98].
Les températures typiques de recuits rapides des films de PZT sont du même ordre de
grandeur que celles utilisées en recuit classique, c’est à dire comprises entre 600°C et 800°C.
-62-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
Les temps de recuits sont toujours inférieurs à la minute et sont typiquement de l’ordre de 30
s [99, 100].
Le four utilisé au cours de ce travail est du type ADDAX R1000 dont un schéma
général est présenté sur la Figure 16.
la source d’énergie : elle est constituée par deux batteries de six lampes halogènes à
filament de tungstène et à enveloppe de quartz, disposées au dessus et au dessous de
l’échantillon à traiter. Un jet d’air comprimé évite la surchauffe de l’enveloppe de quartz.
Chaque lampe a une puissance maximale de 2,5 kW à 220 V. Le spectre lumineux issu d’une
lampe couvre le domaine visible et s’étend jusqu’à environ 4 µm dans l’infra-rouge. Le
positionnement des lampes a été défini pour donner la meilleure homogénéité de flux de
l’échantillon.
Chambre Porte
en quartz
Circulation d ’eau
caisson réflecteur
Lampes hologènes
plaquette de silicium
Gaz thermocouple
Dispositif de translation
Support en quartz
-63-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
le caisson réflecteur : il est en acier inox poli et chromé, conçu avec une double paroi
pour permettre un refroidissement par circulation d’eau. Avec l’ensemble source et réflecteur,
la puissance surfacique utile maximale est de 25 W/cm², ce qui correspond à une température
maximale de 1175°C pour une plaquette de silicium de 4 pouces.
Une phase de purge de la chambre au moyen d’un gaz qui peut être neutre (Argon,
Azote) ou non (Air purifié, Oxygène).
Une phase de préchauffage qui assure une bonne reproductibilité des conditions de
chauffe. Les lampes ainsi préparées ont un comportement optimal et le risque de rupture du
filament est grandement diminué.
-64-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
Une phase de refroidissement qui ne s’effectue que par l’arrêt d’alimentation des
lampes. Sa vitesse maximale est d’environ 80 °C/s jusqu’à 600°C où le régime est radiatif
puis diminue au fur et à mesure que la température diminue en raison du régime convectif du
refroidissement.
On trouvera en annexe B un exemple de programmation du four.
La Figure 17 illustre un exemple de recuit à 690°C pendant 30s avec une rampe en
température de 100°C/s effectué dans ce four. Les purges de début et de fin ne sont pas
représentées.
800
Plateau
700
600
rampe de T°
Température (°C)
500
Descente en T° libre
400
300
Préchauffage
200
100
0
0 20 40 60 80 100 120
Temps (s)
Figure 17 : Exemple de recuit à 690°C 30s dans le four à recuit rapide ADDAX R1000
2.5 Conclusion
Dans ce chapitre, après avoir comparé les trois principales méthodes de dépôt du PZT
(Sol-gel, MOCVD, pulvérisation), nous avons choisi la pulvérisation cathodique RF
magnétron notamment pour sa compatibilité avec la réalisation de MEMS. Le dépôt de PZT
se fera sur plaquettes de silicium avec une couche de passivation de silice thermique.
L’électrode inférieure sera constitué de titane et de platine, classiquement utilisée dans la
-65-
Chap. 2 : Préliminaires à l’élaboration de la couche piézoélectrique de PZT
littérature. La méthode de dépôt utilisée ici est une mise au point originale du bâti de
pulvérisation évitant la rupture du vide entre la réalisation des deux couches. Les paramètres
technologiques de la pulvérisation du PZT étant nombreux, un choix a été fait concernant
plusieurs d’entre eux d’après les travaux antérieurs, nos compétences propres et les moyens
techniques du laboratoire. Ainsi, la cible de pulvérisation est une céramique stoechiométrique
de PZT et le gaz de pulvérisation est constitué d’argon à 100 %. La cristallisation du PZT est
assurée par un recuit rapide (RTA) alors que le dépôt se fait sans chauffage du substrat ce qui
constitue à l’heure actuelle les conditions les plus favorables à une intégration dans un
procédé CMOS. Malgré ces choix qui orientent le champ d’investigation et au vu des résultats
de nos premiers essais et de la littérature, l’obtention des bons paramètres de dépôt n’est pas
aisée. Le chapitre suivant détaille la procédure originale développée dans le cadre de ce travail
afin de déterminer ces paramètres.
-66-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
3.1 Introduction
-67-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
-68-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
Cette deuxième méthode est basée sur l’hypothèse que chaque paramètre est
complètement indépendant des autres. Ainsi, la totalité de ceux ci forment une sorte de base
orthogonale qui fixe le nombre de degrés de liberté de l’expérimentation suivant le nombre de
valeurs que peut prendre chaque paramètre. En première approximation, il est supposé qu’il
n’existe aucune interaction entre les paramètres de l’expérimentation, c’est à dire que
l’influence d’un paramètre sur le résultat final ne dépend pas de la valeur d’un autre
paramètre. Cette hypothèse est très souvent érronée car il existe de nombreuses interactions
dans tout système physique. Cependant, l’expérience montre que dans 90 % des cas, les plans
menés avec cette supposition permettent de déduire les facteurs déterminants d’une
expérience. On notera qu’il est possible de prendre en compte une interaction dans un plan
d’expérience, ce qui correspond à un nouveau vecteur de la base.
A partir de ces deux hypothèses, le plan d’expérience doit être construit de façon à
pouvoir isoler l’influence de chaque paramètre sur le résultat final, c’est à dire que chaque
valeur de chaque paramètre soit combinée avec chaque valeur des autres paramètres, et ce, un
nombre égal de fois. C’est la notion d’orthogonalité du tableau d’expérimentation.
L’établissement de ces plans est relativement compliqué et ne sera pas abordé ici puisque
nous n’en sommes qu’utilisateur et que leur construction est transposable pour n’importe quel
domaine. La théorie de ces plans remonte au siècle dernier où elle fût développée par
Hadamard (1865-1963).
Le Tableau 12 donne un exemple de plan d’expériences afin d’illustrer notre
explication. Il s’agit d’une expérimentation portant sur sept paramètres pouvant prendre deux
valeurs différentes chacun. La première observation est que toutes les valeurs de chaque
paramètre apparaissent un nombre égal de fois, c’est à dire quatre fois ici. Ensuite, lorsqu’une
valeur d’un paramètre est sélectionnée (par exemple A-1) et que les essais correspondants
sont notés (1-2-3-4), toutes les autres valeurs de tous les autres paramètres apparaissent un
même nombre de fois dans les essais sélectionnées (2 ici). C’est pourquoi ce plan est dit
orthogonal. Ainsi, l’influence du paramètre A suivant ses 2 valeurs sur le résultat final est
estimé par :
1
A1 = (R1 + R 2 + R3 + R 4) Équation 3
4
-69-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
1
A2 = (R5 + R6 + R7 + R8) Équation 4
4
La méthode des plans d’expérience est très puissante mais également extrèmement
délicate. La plus grande rigueur est demandée lors de la réalisation des essais. Un facteur
déterminant de la réussite de ce plan est le moyen de caractérisation utilisé. Chaque essai doit
pouvoir être caratérisé de manière absolument identique au précédent afin d’assurer une
-70-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
-71-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
A partir de ces graphes, il est possible de faire de l’analyse chimique quantitative sous
certaines conditions ce qui nécessite l’emploi de logiciels spécialisés qui permettent
l’exploitation de lois physiques complexes et semi-empiriques. Il existe une relation de
proportionnalité entre la concentration d’un élement dans une cible et son taux d’émission X.
Cependant, dans une cible complexe, l’intensité d’une raie d’un atome donné dépend non
seulement de l’énergie des atomes incidents, de la nature de l’atome excité, de la raie
caractéristique analysée, mais aussi des autres éléments présents dans l’échantillon. C’est
l’effet de matrice qui est dû à deux phénomènes distincts :
-72-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
Pour être quantitative, l’analyse chimique nécessite l’utilisation d’un témoin ou étalon
dont la composition est connue par ailleurs. Ainsi, dans le cas du PZT, il est possible d’utiliser
trois cibles de Zr, Ti et Pb afin de définir les coefficients ZAF de chaque matériau.
Cependant, l’effet de matrice étant très important en EDS, il est préférable d’utiliser
directement la cible de pulvérisation comme étalon, ce qui limite grandement l’incertitude de
mesure. Ainsi, la composition chimique de la couche pulvérisée est directement comparée à la
composition stœchiométrique de PZT et l’effet de matrice est pris en compte. La précision de
la mesure est limitée par l’estimation de la composition de la cible Pb(Zr0.52Ti0.48)O3, qui est
supposée idéale en EDS, et par la résolution de cette technique de mesure. Lorsque le numéro
atomique des espèces chimiques recherchées est supérieur à 11, l’incertitude de mesure en
EDS est de l’ordre du pour cent quand il existe un étalon. Cette incertitude passe à environ 10
% lorsque le numéro atomique est inférieure à 11, ce qui est le cas de l’oxygène.
Ainsi, dans le cas du PZT, il est possible de comparer avec la méthode EDS la
composition de la couche pulvérisée avec celle de la cible de départ avec une précision de
l’ordre du pour cent pour Zr, Ti et Pb ayant pour numéros atomiques respectifs 40, 22 et 82.
Les renseignements fournis sur l’oxygène de numéro atomique 8 sont alors simplement
qualitatifs.
-73-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
-74-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
d hkl représente la distance entre les plans interréticulaires (hkl) du réseau cristallin
θ est l’angle d’incidence des rayons X par rapport à la surface de l’échantillon
λ est la longueur d’onde du faisceau incident
n est un entier qui représente l’ordre du mode de diffraction
Cette condition dépend de la distance entre les plans réticulaires du réseau cristallin.
Ainsi, chaque famille de plans de distance interréticulaire d hkl est à l’origine d’un faisceau
diffracté sous un angle d’incidence θ unique.
L’intensité de l’onde diffractée est mesurée par un compteur Geiger disposé
symétriquement à la source X par rapport à la normale à l’échantillon. Le principe du
diffractomètre θ-2θ est de fixer la source de rayons X et de faire tourner le compteur d’un
angle 2θ lorsque le goniomètre qui porte l’échantillon tourne d’un angle θ (Figure 19). Un
balayage des angles θ est alors effectué. Lorsqu’un angle correspondant à une famille de plans
(hkl) dans les conditions de Bragg est atteint, le compteur enregistre une augmentation de
l’intensité réfléchie. Ainsi, la position des pics sur un diagramme intensité réfléchie en
fonction de l’angle d’incidence θ est caractéristique du réseau cristallin.
La procédure d’identification du réseau cristallin est basée sur la méthode des poudres
dans laquelle on suppose que la probabilité de trouver une famille (hkl) en position de Bragg
est identique à toute autre famille (h’k’l’) ce qui est le cas dans un assemblage de fins cristaux
en nombre suffisant ou dans un échantillon polycristallin où la taille des grains ne dépasse pas
50 µm. C’est de cette façon qu’est construite la banque de données d’échantillons de
-75-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
référence JCPDS-ICDD [64]. Une fois le composé identifié, il devient alors possible
d’estimer l’orientation préférentielle de l’échantillon en comparant les intensités diffractées de
chaque pic avec celles de l’échantillon de référence en poudre. Ainsi, pour un composé
polycristallin, si un pic de diffraction correspondant à une famille de plan (hkl) a une intensité
plus importante sur l’échantillon que sur la référence JCPDS, toutes les intensités des pics
principaux étant normalisées, alors le nombre de grains dont les plans (hkl) sont parallèles à la
surface de l’échantillon est statistiquement plus important que l’échantillon de référence. On
parle alors d’orientation préférentielle suivant la direction <hkl>. Les fiches JCPDS du PZT,
du platine, du titane et du silicium sont rappelées dans l’annexe C.
Nous avons exposé dans le chapitre précédent trois choix technologiques qui ont été
faits dans cette étude : cible oxydée stoechiométrique Pb(Zr0.52Ti0.48)O3, gaz de plasma
d’argon pur et pulvérisation sans chauffage avec recuit rapide de cristallisation.
-76-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
-77-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
-78-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
Les paramètres du recuit de cristallisation ont été fixés par les résultats de la littérature
et par les essais préliminaires menés au laboratoire. Une température de 600°C constitue le
minimum à partir duquel il est possible d’observer une phase pérovskite unique pour le PZT.
La durée du recuit a été fixée à 30s. La rampe en température est de 100°C/s. Quatre gaz de
recuits ont été essayés : l’argon, l’azote, l’oxygène et l’air purifié. Dans tous les cas de figure,
l’air a donné les meilleurs résultats en particulier en termes de reproductibilité, et qui a donc
été utilisé ici. Une optimisation des paramètres de recuit a été effectuée et sera présentée au
chapitre 4.
Afin de pouvoir comparer les compositions des différents échantillons, deux rapports
sont définis, à l’instar des travaux de Vélu at al. [95] :
Ti Pb
R1= R2= Équation 6
Zr + Ti Zr + Ti
Echantillon S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 Moy.
R1=Ti/Zr+Ti 0,442 0,435 0,441 0,417 0,473 0,452 0,442 0,433 0,443
R2=Pb/Zr+Ti 0,869 0,938 0,823 0,959 1,033 0,959 0,995 0,923 0,937
La moyenne idéale de R1 est R1id = 0,48 alors que R1exp = 0,443. On observe donc un
déficit chronique en titane. Malgré toutes les précautions apportées à la méthode de
-79-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
caractérisation EDS, il est possible qu’une partie du pic de Pt apparaisse sous le Zr et fausse
légèrement les mesures. L’erreur absolue due à ce problème est estimée à quelques pour cent
de la valeur mesurée. Plusieurs travaux font part d’un taux de pulvérisation du zirconium
légèrement supérieur à celui du titane [78, 85] ce qui va dans le sens de nos résultats. Une
justification supplémentaire sera donnée lors de la caractérisation cristallographique.
La moyenne idéale de R2 est R2id=1. Là aussi, la moyenne mesurée est plus faible
(R2exp = 0,937). Cette carence en plomb est très souvent observée dans la littérature et la
solution apportée est un excés de plomb dans la cible de pulvérisation [96, 103].
b/
Ecart par rapport à la moyenne (%)
4
3 4
Ti/Zr+Ti Pb/Zr+Ti
2 Ti/Zr+Ti Pb/Zr+Ti
2
1
0 0
40 60 40 60 2,75 4,5 2,75 4,5
-1
-2 -2
-3
-4
-4
-5 -6
Distance cible-substrat (mm) Puissance de pulvérisation (W/cm²)
-80-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
4
c/
Figure 20 : Ecart par rapport à la moyenne des rapports R1 et R2 suivant (a) la distance
cible-substrat, (b) la puissance de pulvérisation et (c) la pression de pulvérisation
La puissance de pulvérisation n’a quasiment aucun effet sur R1. Par contre, R2
augmente quand la puissance est plus forte (Figure 20/b), indiquant une augmentation du taux
de plomb. Ce phénomène est corrélé avec la formation de zones sombres sur la surface de la
cible après la pulvérisation, comme on peut le voir sur la Figure 21. Bien que ces zones
apparaissent sur la cible quelles que soient les conditions de pulvérisation, plus la puissance
est grande et plus elles sont importantes. Une mesure EDS a été effectuée sur ces zones qui
fait état d’un rapport R2 = 0,1 au lieu de 1, ce qui est significatif d’une grosse perte de plomb.
Ainsi, quand la puissance est élevée, la cible pert plus de plomb qui est alors transmis dans le
plasma puis sur l’échantillon, faisant ainsi monter sa concentration dans le film déposé. Cette
propriété peut être utile afin d’éviter d’ajouter un surplus d’oxyde de plomb dans la cible. Des
essais (40 mm, 4,5 W/cm², 4 Pa, 3 h) sur cette même cible ont permis d’obtenir un excès de
plomb de 20 % dans la couche déposée.
Parallèlement, à forte puissance, une forte chute d’oxygène au-delà de 10 % apparaît
dans la couche, représentant d’ailleurs la seule influence sur le taux d’oxygène pour laquelle
l’estimation EDS soit fiable. Ce déficit est lié à un noircissement de la surface de la cible
caractéristique de lacunes en oxygène qui se répercutent sur la couche déposée. Un recuit
classique de la cible d’une heure à 600°C sous flux d’oxygène lui redonne sa couleur crème
d’origine. Un léger polissage élimine également cette couche noircie. C’est cette technique
-81-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
qui a été utilisée pour assurer une composition identique de la cible avant chaque
pulvérisation de l’essai.
Figure 21 : Image MEB de la surface de la cible de PZT après pulvérisation à 4,5 W/cm².
La croix indique la mesure EDS, révélatrice d’une grosse perte de plomb dans les zones
sombres de la cible
-82-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
25
Epaisseur moyenne = 495 nm
20
l'épaisseur moyenne (%) 15
Ecart par rapport à
10
0
2 4 6 8
-5
-10
-15
Pression de pulvérisation (Pa)
Les durées choisies pour ce plan (1h30 et 2h30) influent peu sur la composition des
couches. Cependant, les variations des teneurs en plomb et en oxygène de la cible au cours de
la pulvérisation entrainent la création de gradients d’espèces dans la couche déposée d’autant
plus importants que le dépôt est long. Une étude spécifique a été menée sur ce sujet et est
exposée dans le chapitre suivant.
La Figure 23 montre des prises de vues au microscope optique des huit échantillons
ayant subis le même recuit rapide à 600°C pendant 30s dans l’air. Une très forte corrélation
entre la pression de pulvérisation et l’état de surface de la couche est observée. En effet, les
échantillons S3 (6 Pa), S4 (8 Pa) et S8 (8 Pa) présentent une surface sans fissures ni
décollement. Les échantillons S1 (2 Pa), S2 (4 Pa) et S5 (2 Pa) sont complètement décollés.
Quelques bulles sont à signaler sur la surface de S6 (4 Pa) et S7 (6 Pa) est traversée par des
fissures. Ainsi, plus la pression est élevée et meilleure est la tenue mécanique du film après
recuit. Ce résultat inciterait à essayer des pressions supérieures mais des problèmes de
stabilité du plasma sont rencontrés au-delà de 8 Pa. On note également un effet important de
la durée de la pulvérisation sur l’état de la couche : les échantillons S1, S2, S7 et S8 élaborés
avec une durée de 2H30 ont globalement un aspect moins bon que les échantillons S5, S6, S3
et S4 déposés en 1H30. Le chapitre suivant donne une explication de ce phénomène.
-83-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
3.4.3 Cristallisation
En raison de la très grande fragilité des échantillons S1, S2 et S5, une étude
systématique de diffraction X de tout le plan d’expérience n’a pas pu être menée. La Figure
24 présente les diagrammes de diffraction X de deux échantillons (S4 et S6) du plan
d’expérience, choisis pour leurs résultats extrêmes. S6 présente une phase pyrochlore unique
(pics des plans (222) à 2θ = 29,5° et (400) à 2θ = 34,3° [106]) alors que S4 présente un
mélange de pérovskite ( pics des plans (100) à 2θ = 22°, (110) à 2θ = 30,9° et (111) à 2θ =
38,3° [64]) et de pyrochlore ((222) à 2θ = 29,5°). Le pic à 40° est caractéristique des plans
(111) du platine qui se trouve sous le PZT [65].
Les pics de diffraction à 22° et 30,9° correspondant respectivement aux familles de
plans (100) et (110) ne sont pas doublés comme dans le cas d’un PZT dont la phase
pérovskite présente un réseau cristallin quadratique riche en titane [107]. Cette unicité de ces
deux pics est caractéristique d’un PZT rhomboédrique dont la teneur en zirconium est
supérieure à celle de la phase morphotropique pour laquelle Zr/Ti = 52/48 [43]. Ceci confirme
donc les mesures EDS qui indiquent un rapport R1 en faveur du zirconium.
Le budget thermique de 600°C pendant 30 s choisi pour le recuit de cristallisation est
le minimum admissible afin d’obtenir une phase pérovskite, qui n’est d’ailleurs pas unique
pour le meilleur échantillon (S4). Une étude spécifique sur l’optimisation du recuit de
-84-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
Perov
(110) Pt (111)
CPS (unité arbitraire)
Perov Pyro
(100) (222)
Pyro Perov
(400) (111)
S4
S6
20 25 30 35 40
2-thétâ (°)
La première condition à respecter est la tenue mécanique des films de PZT après le
recuit de cristallisation qui impose sans ambiguité le choix d’une pression de plasma de 8 Pa.
Le critère suivant à optimiser est le rapport R2, correspondant à un équilibre de composition
entre le plomb d’une part et le zirconium-titane d’autre part. Ceci se fait évidemment au
détriment de R1 mais il a semblé plus important d’assurer la stoechiométrie de la phase
pérovskite pour les ions métalliques plutôt que le rapport entre Ti et Zr. Ainsi, au vu des
figures Figure 20/a et Figure 20/b et afin d’augmenter le taux de plomb dans la couche, la
distance interélectrode est fixée à 60 mm et la puissance de pulvérisation à 4,5 W/cm².
Comme indiqué précédemment, la vitesse de pompage est réglée à son minimum.
Pour vérifier la réussite du plan d’expériences, un essai de validation est indispensable.
Les conditions de cet essai sont exposées dans le Tableau 16.
-85-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
La durée est fixée à 2H30 afin d’assurer une épaisseur supérieure à 350 nm. Avec ces
paramètres, les valeurs des rapports attendues avant recuit sont R1 = 0,435 et R2 = 1,020,
obtenus en ajoutant la contribution de chaque valeur choisie pour chaque paramètre aux
valeurs moyennes de R1 et R2 du plan d’expériences selon la Figure 20.
Les résultats obtenus en EDS de cet essai avant recuit sont R1val = 0,432 et
R2val = 1,001, ce qui confirme remarquablement les valeurs attendues à 2 % près. A titre
indicatif, le taux d’oxygène mesuré en EDS est proche de la valeur idéale. L’échantillon
présente une surface sans fissures après le recuit et un mélange de pyrochlore et de pérovskite
est observé sur le diagramme de diffraction X, très similaire à celui de l’échantillon S4
(Figure 24).
Les mesures EDS après recuit donnent R1rec = 0,440 et R2rec = 1,017. Ainsi, le taux de
plomb reste constant. Le recuit rapide évite l’exodiffusion du plomb par l’intermédiaire du
PbO observée dans la littérature lors d’un recuit classique [82]. Sur tous les échantillons
recuits, on observe une diminution du taux d’oxygène estimée entre 10 et 20 % par rapport
aux échantillons non recuits. Par ailleurs, il a été observé que la concentration d’oxygène
augmente lorsque l’échantillon est laissé à l’air pendant plusieurs jours. Ce déficit en oxygène
après le recuit peut expliquer cet effet de pompe à oxygène exercé par la couche au cours du
temps.
Afin de combler ce déficit, des essais complémentaires ont été effectués avec un autre
gaz de pulvérisation qui est un mélange Argon-Oxygène (90/10). Les conditions de
pulvérisation sont identiques à l’essai de validation. En EDS, les mesures donnent R1 = 0,43
et R2 = 0,91. Le déficit en plomb peut être dû à la faible masse de l’oxygène entrainant une
mauvaise pulvérisation du plomb, élément le plus lourd du PZT. Il est également possible
qu’une recombinaison en PbO, très volatil, se produise dans le plasma lors du trajet du plomb
entre la cible et le substrat. Le taux d’oxygène est en très large excès avant recuit. Ce film
supporte très bien le recuit mais il est nécessaire d’augmenter la température de 100°C pour
obtenir la même qualité cristalline que l’échantillon de validation. Le léger déficit en plomb
-86-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
Perov (110)
CPS (Unité Arbitraire)
Perov (111)
Perov (100)
750°C
700°C
20 25 30 35 40
2-thétâ (°)
3.5 Conclusion
-87-
Chap. 3 : Elaboration et optimisation de couches minces de PZT par pulvérisation cathodique
subsiste des questions à régler. La durée de pulvérisation est un paramètre qui doit faire
l’objet d’un compromis entre l’épaisseur déposée et la perte de stœchiométrie de la cible au
cours de la pulvérisation qui peut entraîner des différences de compositions dans le film.
D’autre part, la cristallisation du PZT doit être améliorée et étudiée de façon plus approfondi.
La résolution de ces deux problèmes permet la stabilisation totale du procédé d’élaboration du
PZT développée dans le chapitre suivant.
-88-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
4.1 Introduction
-89-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
4.2.1 Introduction
Au vu des résultats du chapitre précédent, une des questions qui se pose est de savoir
d’où proviennent les fissures et les décollements des films de PZT après recuit lorsque la
pression est faible et la durée est longue. Existe-t-il une corrélation entre ce phénomène et le
changement de composition de la cible au cours de la pulvérisation ? L’idée a donc été
d’observer la composition des couches de PZT dans leur épaisseur suivant la pression de
pulvérisation utilisée pour leur élaboration. Le but est d’observer une éventuelle variation
d’un composé dans l’épaisseur de la couche de PZT liée à la pression de pulvérisation. Le
moyen de caractérisation utilisé est la spectromètrie de masse des ions secondaires (SIMS
pour Secondary Ion Mass Spectrometry). A notre connaissance, aucune étude sur ce sujet n’a
été présentée dans la littérature.
4.2.2 Expérimentation
Les quatre premiers échantillons du plan d’expériences (S1 à S4) semblent présenter
une grande sensibilité au recuit au vu de la Figure 23. Une partie non recuite de chacun de ces
échantillons a été reprise dans cette étude. Ils constituent la série A. Leurs conditions de dépôt
sont rappelées dans le Tableau 17.
-90-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
Comme il a été montré dans le chapitre précédent, ces échantillons présentent une
tenue mécanique du PZT après recuit d’autant meilleure que la pression de pulvérisation est
élevée. Une deuxième série (B) d’échantillons a été réalisée afin d’estimer ce phénomène lors
de l’utilisation des conditions de dépôt optimisées grâce au plan d’expériences (60 mm,
4,5 W/cm², 8 Pa, 100% Ar). Quatre échantillons ont donc été pulvérisés selon ces conditions
avec chacun une pression de plasma différente afin de focaliser l’étude sur ce paramètre. La
durée de pulvérisation de cette série B a été fixée à 3h pour accentuer les éventuels gradients
de concentration des espèces dans la couche de PZT déposée. Les paramètres d’élaboration de
cette série B sont également rapportés dans le Tableau 17.
-91-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
électrique (m/q). Le comptage des ions collectés se fait soit par une cage de Faraday dans le
cas de courants forts, soit par un photomultiplicateur pour les courants faibles.
La Figure 26 représente le schéma de principe d’un SIMS. Les éléments principaux
sont la source d’ions primaires, les optiques de transfert d’ions primaires et secondaires, un
analyseur électrostatique pour le filtrage en énergie, un analyseur magnétique pour le filtrage
m/q et un multiplicateur d’électrons.
L’établissement d’un profil de concentration en profondeur d’un ou plusieurs éléments
est réalisé en suivant l’intensité d’un ou plusieurs pics de masse en fonction du temps de
pulvérisation. Ce dernier peut être converti en profondeur d’investigation en mesurant la taille
du cratère par profilométrie optique ou mécanique. La vitesse d’érosion est maintenue
constante en minimisant les fluctuations du faisceau primaire.
La résolution en profondeur est comprise entre 4 nm et 20 nm, alors que la résolution
latérale est de l’ordre du micron. La sensibilité dépend du bruit de fond de l’appareil et varie
de quelques ppm à quelques ppb. Le SIMS est considéré comme le moyen de caractérisation
le plus sensible en terme de détection d’éléments. Cependant, les renseignements qu’il donne
sont uniquement qualitatifs en raison d’un effet de matrice très important. Un exemple type
est le cas du silicium pour lequel le signal SIMS est plus fort pour la silice (SiO2) que pour le
silicium seul. Cependant, il est possible de repérer des variations de compositions à l’intérieur
d’une même matrice, donc d’une même couche. Dans le cadre de notre étude, seule une
estimation qualitative sera menée. Pour être quantitatif, le SIMS doit être couplé à une autre
technique de caractérisation comme le RBS par exemple.
-92-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
L’appareil utilisé est un SIMS CAMECA IMS-4F présent au laboratoire. Les ions
primaires utilisés sont des ions O2+. Il existe une source d’ions césium qui était
malheureument en panne lors de ces manipulations. Ainsi, la détermination du profil
d’oxygène dans la couche n’a pas donné de résultats fiables en raison de la présence d’ions
primaires. Cependant, la source primaire d’oxygène assure une meilleure sensibilité que le
césium pour les autres éléments. Les profils suivis ont donc été le plomb, le zirconium, le
titane et le platine afin d’estimer l’interface entre l’électrode inférieure et le PZT.
Un important effet de charge a été observé sur tous les échantillons mesurés. Il s’agit
d’une instabilité générale des profils SIMS des différentes masses observées se traduisant par
une décroissance près de la surface du PZT et diminuant au fur et à mesure que l’on
-93-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
-94-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
A4 PZT Pt
A3
CPS
A1
Figure 27 : Zones sans effets de charges des profils de plomb des échantillons A1, A3, A4
-95-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
PZT Pt
B4
B3
CPS
B2
B1
Un gradient de plomb apparaît dans les huit échantillons sondés. Ce phénomène est
attribué au changement de composition de la cible de PZT au cours du dépôt. Nous avons vu
au chapitre précédent que certaines zones de la cible perdaient préférentiellement du plomb
(Figure 21) ce qui entraine une augmentation du taux moyen de ce dernier dans le film mince
déposé sur le substrat.
Au vu des résultats de ces deux séries, il existe une forte corrélation entre le gradient
de plomb existant dans l’épaisseur des films de PZT et la pression de pulvérisation lors de
l’étape de dépôt. Ainsi, plus la pression est faible, plus le gradient de plomb est important,
c’est à dire que la différence de concentration en plomb du PZT entre l’interface et la surface
est d’autant plus marquée que la pression est faible. Par ailleurs, un lien très important entre la
pression d’élaboration et la tenue mécanique du PZT après recuit a été observé et exposé au
paragraphe 2.4.2 pour la série A. Plus la pression est élevée et plus la tenue mécanique du
PZT après recuit est satisfaisante. Ce phénomène est confirmé par l’état de surface des
échantillons de la série B après recuit RTA de 600°C pendant 30 s sous air à 100°C/s qui est
similaire à celui des échantillons de la série A (Figure 23). Il existe donc une forte corrélation
entre le gradient de plomb dans l’épaisseur du PZT et la tenue mécanique des films après le
recuit. Plus le gradient est faible et meilleur est l’état de surface de la couche de PZT après
recuit.
-96-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
Elément Pb Zr Ti
α (10-6°C-1) 28,9 5,7 8,6
Comme ce gradient de plomb est présent dans tous les échantillons mesurés, la durée
de pulvérisation doit être limitée même dans le cas de dépôt avec les paramètres optimisés
déterminés au chapitre précédent. Une alternative possible, afin d’obtenir une épaisseur de
PZT intéressante, est d’effectuer des pulvérisations successives et courtes sur le même
substrat en ajustant la composition de la cible de PZT entre chaque dépôt. Cette idée, appelée
multipulvérisation, est développée par la suite.
-97-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
La Figure 29 présente les profils SIMS de Pb, Zr et Ti d’un échantillon test dont les
conditions de dépôt et de recuit sont donnés dans le Tableau 19.
Conditions de pulvérisation
Durée Puissance distance cible-substrat Pression
60 min 3,5 W/cm² 40 mm 3 Pa
Conditions de recuit RTA
Température Durée Gaz Rampe température
750 °C 30 s Air 100 °C/s
1,00E+06
1,00E+05
1,00E+04
Pb
CPS
Zr
Ti
1,00E+03
PZT Pt
1,00E+02
1,00E+01
0 2 4 6 8 10 12 14
Temps (min)
Cet échantillon a révélé un problème de charge moins important que les échantillons
précédents. Les profils de zirconium et de titane sont constants à travers l’épaisseur du film.
Le profil de plomb est constant près de l’interface PZT-Pt puis diminue à mesure que l’on
-98-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
approche de la surface du PZT. Par ailleurs, l’aspect de la surface de cet échantillon après
recuit est similaire à celui de S6 du plan d’expérience présenté sur la Figure 23.
Ainsi, le gradient de plomb observé près de l’interface tend à diminuer lors du recuit
de cristallisation, ce dernier ayant un effet d’homogénéisation sur la composition du PZT.
D’autre part, la Figure 29 révèle un déficit en plomb après le recuit dans la zone proche de la
surface (abscisse entre 2 et 5 min). Cette observation est révélatrice d’une exodiffusion de
plomb lors du recuit probablement sous forme de PbO qui est le composé le plus volatil
susceptible de se former lors du chauffage. L’étendue globale de cette carence dans la couche
de PZT n’est pas très importante car elle n’est pas observée par la microsonde X (EDS) qui
effectue une moyenne sur toute l’épaisseur de la couche
1,00E+05
CPS
Ti
Zr
Pb
1,00E+04
Figure 30 : Profil SIMS de Pb, Zr et Ti de l’échantillon test deux ans plus tard
-99-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
4.2.6 Conclusion
Cette étude SIMS a permis de proposer une explication à l’apparation des craquelures
et cloques sur les films minces de PZT après recuit de cristallisation. Il s’agit d’un gradient de
plomb à travers l’épaisseur de la couche de PZT pouvant entrainer une différence de
coefficients de dilatation thermoélastique entre le haut et le bas du film. Cette non uniformité
de plomb est d’autant plus faible que la pression de pulvérisation est forte, ce qui explique la
meilleure tenue mécanique après recuit des couches élaborées à pression élevée (8 Pa).
Cependant, ce gradient est toujours présent quelles que soient les conditions d’élaboration. La
durée de pulvérisation doit donc être limitée afin de réduire la disparité de la concentration en
plomb à travers le film. Après le recuit, une perte de plomb est observée près de la surface du
PZT significative d’une exodiffusion du PbO. Les profils SIMS révèlent également une
migration des composants du PZT dans l’épaisseur du film au cours du temps, ce qui pose le
problème de la stabilité du PZT. Ce fluage peut entrainer également des conséquences sur les
contraintes résiduelles du multicouche, qui représentent un facteur très important des
microtechnologies. Cet aspect sera repris dans le chapitre 5 avec une étude spécifique des
contraintes du PZT en couches minces.
-100-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
On notera tout d’abord l’importance de cette étape d’orientation par le fait que
certaines méthodes sont brevetées par de grands groupes industriels comme Mitsubishi [111].
Plusieurs techniques d’orientation préférentielle de la couche de PZT sont proposées dans la
littérature. Hwang et al. [66] observe que le recuit rapide favorise la direction {111} alors que
le recuit classique favorise la direction {100}. Dans sa thèse, G. Vélu [112] évoque également
ce phénomène mais obtient des orientations différentes : (110) pour le recuit conventionnel et
(100) pour le recuit rapide. Ding et al. [75] observent également une orientation (100) après
un recuit rapide et ont remarqué une variation de cette orientation suivant la pression de
pulvérisation. Ils concluent que plus les films sont orientés et plus la polarisation rémanente
est importante. Une autre technique plus spécifique est de favoriser la croissance
préférentielle du PZT par une couche tampon constituée d’un matériau possédant des
paramètres de maille très proches du PZT comme le titanate de plomb (PbTiO3 ou PT). Cette
méthode a d’abord été proposée par Auciello et al [113] sur des substrats MgO afin
d’améliorer le vieillissement du PZT. C’est l’orientation (100) qui est privilégiée par ce
procédé. La technique a été reprise par Maeder et al. [114] sur des substrats silicium qui met
en évidence que cette orientation préférentielle a lieu avec des électrodes inférieures en
platine mais pas en RuO2. Toujours dans sa thèse, Vélu [112] utilise la même technique de
couche tampon et arrive sous certaines conditions à obtenir l’orientation (111) du PZT pour
laquelle il observe une augmentation de la polarisation rémanente mais aussi du champ
coercitif par rapport à l’orientation (100). Cependant, cette couche tampon semble diminuer
les propriétés ferroélectriques globales du PZT de par les moins bonnes qualités du PbTiO3.
Jung et al. [82] propose de précéder la pulvérisation du PZT par une couche tampon originale
de PZT sol-gel. Cette technique permet d’obtenir l’orientation (100) ainsi que d’améliorer la
tenue mécanique des films après recuit. Lee et al. [115] observe la variation de l’orientation
de la couche de PZT suivant la température d’élaboration de l’électrode inférieure de platine.
Leurs résultats ferroélectriques indiquent que la polarisation rémanente est plus importante
-101-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
lorsque l’orientation est (111). Le champ coercitif est alors plus important aussi. De la même
façon, Chang Jung Kim et al. observe une très nette amélioration des propriétés
ferroélectriques du PZT rhomboédrique lorsque celui ci est orienté suivant la direction (111)
[116].
L’idée exploitée lors de ce travail est que les paramètres de maille du platine et du
PZT sont très proches [64, 65]. De plus, le platine a naturellement tendance à se déposer sur la
silice suivant une orientation (111), quelle que soit la technique de dépôt utilisée. Ainsi, la
favorisation de cette orientation (111) du Pt doit pouvoir influencer la croissance du PZT
suivant la même orientation. Ainsi, la cristallisation du platine a été modifiée par un recuit
rapide préalable au dépôt du PZT.
Une série de trois échantillons a été préparée suivant les conditions optimisées de
pulvérisation du PZT déjà déterminées (4,5 W/cm², 8 Pa, 60 mm). Une durée de 60 min a été
utilisée afin de limiter le gradient de plomb. Un recuit de cristallisation de 600°C 30s sous air
est effectué après dépôt du PZT. L’électrode inférieure de Ti/Pt a été réalisée par pulvérisation
suivant les conditions détaillées au chapitre 3. Les seules différences d’élaboration entre ces
échantillons sont les conditions d’un recuit de la couche de Ti/Pt avant dépôt du PZT
dénommé prérecuit par la suite. Le Tableau 20 résume les caractéristiques de ce prérecuit
pour chacun de ces échantillons.
-102-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
R 600
R 400
CPS (u. a. log)
NR
NR
38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48
2-theta (°)
Figure 31 : Diagrammes de diffractions des trois échantillons NR, R400 et R600 après
prérecuit. Les droites verticales représentent les pics JCPDS de Ti et Pt
Les diagrammes de diffraction de ces trois échantillons après dépôt de PZT et recuit de
cristallisation sont présentés sur la Figure 32. La première remarque est que le précuit favorise
-103-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
111
111
CPS (u.a.)
100
110
R 600
R 400
110
NR
20 25 30 35
2-theta (°)
Figure 32 : Diagramme de diffraction des échantillons NR, R400 et R600 après dépôt et
recuit de cristallisation. Les indices hkl se rapportent à la phase pérovskite du PZT
-104-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
101
CPS (u. a.)
110
211
111 200
112
001 100 002 201 022
102 210 220
212
20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70
2-thétâ (°)
Le diagramme de la cible (Figure 33) est très similaire à celui de la base de donnée
JCPDS où les pics des familles de plans (110) dominent les autres. Le caractère quadratique
de la cible ressort bien avec le dédoublement de presque tous les pics de diffraction.
L’échantillon NR, n’ayant pas subi de prérecuit, présente de très faibles pics
pérovskites avec prédominance du pic (110) comme la cible de PZT. On retrouve la même
prédominance (110) dans les échantillons du plan d’expérience. L’échantillon R400 possède
une très nette orientation (111). Les pics (100) et (110) ne sont pas présents. L’échantillon
R600 est un mélange d’orientation (100) et (111) avec une très faible apparition du pic (110).
Ainsi, la forte orientation (111) de R400 est reliée à celle de la couche de platine qui
présente sur la Figure 31 les meilleures caractéristiques cristallographiques. Les différences
induites par le prérecuit à 600°C sur la couche de platine (émergence du titane et contraintes)
orientent différemment la couche de PZT. Ce mélange d’orientation (100) et (111) semble
alors plus adapté à une composition purement morphotropique du PZT alors que celle obtenue
dans ce travail a un caractère rhomboédrique marqué.
On notera par ailleurs que le prérecuit à 400°C favorise la tenue mécanique du film de
PZT après recuit de cristallisation. Le prérecuit à 600°C tend lui à fragiliser la couche de PZT.
-105-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
Cette propriété a été vérifiée sur de nombreux échantillons. Une explication possible, basée
sur une observation de Sreenivas et al. [68], est la diffusion simultanée du titane et de
l’oxygène à travers les joints de grains du platine lors du prérecuit. Ce phénomène provoque
l’apparition de petits monticules de TiO2 à la surface du platine. Ceux ci pourraient favoriser
ainsi les craquelures sur la surface du PZT dans le cas des échantillons prérecuits à 600°C
pour lesquels l’influence du titane est nette en diffraction X (cf Figure 31).
4.3.5 Conclusion
Un recuit rapide de 400°C pendant 30s sous argon de l’électrode inférieure de Ti/Pt
préalable au dépôt de PZT permet de favoriser de façon très importante l’orientation (111) du
PZT. De par la nature rhomboédrique de la phase du PZT obtenue, cette orientation (111) doit
déboucher sur une amélioration des propriétés ferroélectriques et piézoélectriques du PZT.
D’autre part, ce prérecuit à 400°C confère au film de PZT une meilleure résistance mécanique
lors du recuit de cristallisation. Cette étape simple et efficace entre donc dans le processus
global d’élaboration du PZT.
-106-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
Les échantillons utilisés pour optimiser le recuit de cristallisation sont élaborés suivant
le processus détaillé dans le Tableau 21. Un dépôt successif de cinq couches de PZT est
effectué sur chaque substrat avec polissage de la cible avant chaque pulvérisation afin de
redonner la stoechiométrie initiale de sa surface. Cette méthode est identique à celle utilisée
pour certains échantillons du plan d’expériences. La durée de tous les recuits de cristallisation
est fixée à 30 s, valeur nominale de la littérature. Des essais préliminaires à ce travail
effectués avec des rampes en température de 10°C/s, 50°C/s et 100°C/s ont démontré que plus
la pente est importante et meilleur est l’aspect de la surface après recuit quelle que soit la
température et la durée du plateau. Ainsi, la pente des montées et descente en température est
fixée à 100°C/s. Comme annoncé au chapitre 3, le gaz utilisé lors de ce recuit de
cristallisation est exclusivement l’air. En effet, tous les essais de recuits effectués avec argon
ou azote aboutissent à l’apparition de craquelures sur la surface du PZT. Le recuit sous
oxygène donne des résultats équivalents à l’air en terme de tenue mécanique mais la
température du recuit doit être plus élevée pour donner la même qualité cristallographique. La
température reste donc le dernier paramètre qui va varier entre les différents échantillons. La
température de recuit du premier échantillon est fixée à 600°C et est incrémentée de 50°C
entre chaque échantillon. La dernière température est de 900°C. Ces conditions sont
rassemblées dans le Tableau 21.
Pulvérisation du PZT
Durée Puissance Distance Pression
5 x 60 min. 4,5 W/cm² 60 mm 8 Pa
Prérecuit de l’électrode inférieure : 400°C – 30s- 100°C/s - 100% Ar
Recuit de cristallisation
Température Durée Rampe Gaz
De 600 à 900°C 30 s 100°C/s Air
-107-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
4.4.3 Résultats
-108-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
arbitraire)
CPS (Unité
)
t (°C
ecui
850
800
de r
750
ture
700
péra
25 650
30
2-Thét
Tem
â (°) 35 600
Les images de microscopie optique de ces échantillons sont représentées sur la Figure 35.
A 600°C où la pyrochlore est unique, les grains sont très fins. A 650°C, un mélange de
grains fins et plus gros est observé. Ces derniers correspondent à la phase pérovskite
puisqu’ils sont présents de manière unique dans les échantillons à 700°C et 750°C. C’est à
cette température que les grains sont les plus gros et les mieux définis. Alors que l’orientation
de la pérovskite change à 850°C, la taille des grains diminue également beaucoup. A 850°C,
on distingue à peine les grains qui paraissent noyés dans une gangue qui pourrait être le
Pb2O3. A 900°C, la couche se décolle.
4.4.4 Conclusion
Pulvérisation du PZT
Durée Puissance Distance Pression
5 x 60 min 4,5 W/cm² 60 mm 8 Pa
Prérecuit de l’électrode inférieure : 400°C – 30s- 100°C/s - 100% Ar
Recuit de cristallisation
Température Durée Rampe Gaz
700°C 30 s 100°C/s Air
-110-
Chap. 4 : Etudes spécifiques sur le film mince de PZT
4.6 Conclusion
-111-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
5.1 Introduction
-113-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
5.2.1 Expérimentation :
Les tests électriques ont été effectués en déposant une électrode supérieure sur le PZT.
Cette structure est communément appelée MIM pour Métal-Isolant-Métal. L’électrode
supérieure est élaborée par un procédé identique à celui utilisé pour l’électrode inférieure (cf
chapitre 2). Il s’agit donc de titane platine pulvérisés successivement sans rupture de vide. Les
détails technologiques sont exposés chapitre 2. Deux méthodes ont permis de structurer les
électrodes supérieures pour les tests électriques :
- le dépôt à travers un masque métallique qui joue alors le rôle de pochoir
- le dépôt par la technique lift-off utilisant les procédés de photolithographie à l’aide
d’une résine photosensible. Nous reviendrons en détail sur cette dernière technique
dans le chapitre 6.
La surface des contacts est une donnée très importante de la réalisation de MEMS. En
effet, lors de la réalisation des contacts, il faut minimiser les risques de court-circuits de la
structure MIM qui rendent la structure inutilisable. Or, plus la surface de l’électrode
supérieure est importante, plus la probabilité de court-circuit augmente. Contrairement aux
mémoires FRAM où les plots de contacts sont minimisés au maximum (10-4 mm² chez
Radiant technologies [117]), les microsystèmes piézoélectriques requièrent très souvent des
surfaces de contacts de l’ordre du mm². Cette valeur est assez difficile à atteindre avec le PZT
et le procédé d’élaboration doit tenir compte de cette spécification. Afin de limiter les court-
circuits lors des tests électriques, ceux ci ont été effectués avec des électrodes supérieures
circulaires de 0,5 mm de diamètre, ce qui représente une surface de contact de 0,2 mm². Au
delà des résultats sur les propriétés électriques intrinsèques du PZT, ces caractérisations
diélectriques et ferroélectriques permettent de déterminer les conditions d’élaboration les plus
favorables à l’obtention de contacts non court-circuités.
Le contact sur l’électrode inférieure est prévu lors de la pulvérisation du PZT en
masquant une partie du platine par une petite rondelle d’acier.
-114-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
La première méthode n’est pas valable en raison de l’effet de bord entrainé par
l’épaisseur du masque qui est au minimum d’une centaine de µm pour une fine plaquette de
verre. L’erreur d’estimation de l’épaisseur peut alors atteindre 30%. Dans le même ordre
d’idée, la réalisation d’une marche de résine photosensible a été tentée mais celle ci supporte
mal le chauffage d’une centaine de degrés pendant plusieurs heures lors de la pulvérisation et
il devient alors impossible de l’éliminer.
La méthode de mesure de cratère SIMS est tout à fait fonctionnelle mais peut être
qualifiée de luxueuse. Il n’est pas envisageable d’effectuer une mesure SIMS pour chaque
échantillon.
La gravure chimique est la méthode la plus simple. Le PZT peut être gravé par l’acide
chloridrique (HCl) ou par l’hydroxyde de potassium (KOH). Une marche de résine
photosensible est réalisée sur la surface du PZT et l’échantillon est plongé dans le bain de
gravure. La disparition du PZT est quasi instantanée dans HCl bouillant [73]. L’élimination
de la résine dans l’acétone permet alors de mesurer l’épaisseur du PZT par profilométrie
mécanique (AlphaStep 200).
-115-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Un milieu est dit diélectrique lorsque celui-ci se polarise quand il est placé dans un
champ électrique, c’est à dire qu’il se comporte alors comme une collection de dipôles
élémentaires qui s’orientent suivant le sens du champ électrique. A la différence d’un
ferroélectrique, le diélectrique parfait voit sa polarisation s’annuler lorsqu’il n’y plus de
champ électrique. Afin de préciser les grandeurs physiques mesurées, prenons l’exemple d’un
condensateur plan (Figure 36). Lorsque celui ci est polarisé et qu’il est placé en circuit ouvert,
il y a présence sur chaque face en regard de charges libres et de charges liées. Ces dernières se
trouvent au bout de chaque chaine de dipôles élémentaires présents dans le diélectrique.
-116-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Figure 36 : Modèle d’apparition des charges libres et liées dans un diélectrique soumis à
un champ électrique
D = ε0 E+ P Équation 7
Cette équation peut être également écrite avec la constante diélectrique ε qui est un
tenseur d’ordre 3 dans le cas des milieux inhomogènes anisotropes.
→ →
D =ε E Équation 8
Ainsi, pour un condensateur plan où tous les vecteurs sont alignés avec la normale à la
surface, on a :
-117-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
σ ε0
D =σ E= P = σ (1 − ) Équation 9
ε ε
ε = ε 0ε r Équation 10
Le PZT présente des propriétés diélectriques très importantes, comme tous les
composés pérovskites (BaTiO3, PbTiO3). εr peut aller de 400 jusqu’à 4000 lorsque le PZT
présente une phase pérovskite. Cette constante diélectrique est maximale à la température de
Curie où s’effectue la transition de la phase ferroélectrique en phase paraélectrique [118]. Sa
valeur peut alors atteindre quelques milliers [118]. L’utilisation principale de cette constante
diélectrique élevée est la réalisation de mémoires dynamiques diélectriques (DRAM) où une
intégration bien supérieure aux DRAM classiques est envisageable. En effet, la haute
permittivité électrique permet d’obtenir des capacités élevées sans diminuer l’épaisseur à
quelques nanomètres comme c’est le cas pour les oxydes ou les nitrures pour lesquels εr est
compris entre 4 et 6. Cependant, pour avoir un comportement purement diélectrique, le PZT
doit être porté au dessus de la température de Curie. C’est une des raisons pour lesquelles on
lui préfère le BST ((Ba,Sr)TiO3) car le PZT est ferroélectrique à température ambiante.
D’autre part, il existe un rapport de proportionnalité entre la constante diélectrique et
les coefficients piézoélectriques du PZT. Plus εr est élevée, plus les propriétés
piézoélectriques seront importantes mais plus la température de Curie sera faible [119].
-118-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
1200
5X750
1000
Constante diélectrique relative
800
5X700
600
400
5X650
200
5X900 5X850
5X600
0
-250 -200 -150 -100 -50 0 50 100 150 200 250
Champ électrique continu (kV/cm)
-119-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Les valeurs de εr obtenues pour les échantillons 5X700 et 5X750, qui sont
respectivement de 940 et 1005 à champ nul, sont tout à fait comparables à celles observées
dans la littérature. Les pertes diélectriques δ sont d’environ 5% à champ nul, ce qui est un peu
plus élevé que les valeurs communément observées qui sont de l’ordre de 3-4 % [123, 40].
Ceci peut être lié à la nature de l’électrode supérieure en titane platine qui assure un très bon
contact ohmique et qui peut ainsi augmenter les pertes diélectriques.
La Figure 38 représente les constantes diélectriques relatives des trois échantillons
recuits à 700°C (5X700, 1X6, 1X8). L’échantillon 1X6 a un εr de 1160 à champ nul alors que
celle de 1X8 est de 680. La grande différence entre les deux semble due à une variation du
taux de titane dans la couche de PZT. En effet, nous avons vu sur la Figure 20 qu’une
pression de pulvérisation de 8 Pa fait chuter le taux de titane dans la couche déposée. Or, pour
le matériau massif, c’est aussi près de la zone morphotropique que la constante diélectrique
est la plus forte [43]. Les pertes diélectriques sont plus élevées pour les deux échantillons
pulvérisés en une fois d’environ 1%.
1400
1200
Constante diélectrique relative
1000
800
1X6
5X700 600
1X8
400
200
0
-250 -200 -150 -100 -50 0 50 100 150 200 250
Champ électrique continu (kV/cm)
-120-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
2,5E-09
2,0E-09
Capacité (F)
1,5E-09
1,0E-09
5,0E-10
0,0E+00
-25 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15 20 25
Tension continue (V)
-121-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
2,5E-09
2,0E-09
1,5E-09
Capacité (F)
1,0E-09
5,0E-10
0,0E+00
1,0E+02 1,0E+03 1,0E+04 1,0E+05 1,0E+06
Fréquence (Hz)
Comme nous l’avons vu dans le premier chapitre, la ferroélectricité d’un matériau est
caractérisée expérimentalement par l’observation d’un cycle d’hystérésis de la polarisation en
fonction du champ électrique appliqué. Pour ce faire, le montage électrique utilisé est le
circuit Tower-Sawyer, du nom de ses inventeurs qui ont développé cette technique simple en
1930 [124]. La plupart des caractérisations ferroélectriques sur couches minces observées
dans la littérature se font avec un appareil de la firme Radiant Technologies Inc. (NM, USA),
dénommé RT66 ou RT6000. N’étant pas équipé de ce matériel au laboratoire, nous avons
réalisé un montage Tower-Sawyer modifié adapté à nos besoins. Ce circuit est schématisé sur
la Figure 41.
-122-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Le principe de fonctionnement est basé sur la mise en série d’une capacité C0 avec la
couche mince de PZT, dénommée Cp dans les calculs qui suivent.
Si on néglige le courant dans la résistance R0 et dans l’ampli op., la charge
emmagasinée dans les deux capacités est identique :
La capacité C0 est choisie de façon à être grande par rapport à Cp. Comme l’excitation
est sinusoidale (50 Hz), la notation des impédances complexes peut être utilisée et on a :
1 1
ZC = >> Z C = Équation 12
p
jC p w jC0 w
0
La tension de sortie du pont diviseur (R1, R2) qui correspond à Vx est donc
proportionnelle à la tension VPZT aux bornes du PZT.
-123-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
R1
VPZT = (1 + )VX Équation 13
R2
D’autre part, dans l’équation 7, pour les ferroélectriques, la contribution du champ
électrique est négligeable par rapport à celle de la polarisation. On obtient :
q
D = P =σ = Équation 14
S
avec σ la charge surfacique et S la surface de l’électrode supérieure du PZT.
En combinant les équations 11 et 14, on a finalement :
C0Vy
P= Équation 15
S
Le tracé de la courbe P=f(E) est obtenu sur l’oscilloscope en observant la tension Vx
proportionnelle à VPZT et donc au champ électrique E et la tension Vy proportionnelle à P.
L’ampli op. est monté en suiveur et présente une grande impédance d’entrée
(> 1012 Ω) afin de supprimer l’influence de l’impédance d’entrée de l’oscilloscope qui est de
1 MΩ. La résistance R0 est utilisée classiquement pour compenser les pertes résistives de la
capacité ferroélectrique. Cette méthode de compensation, proposée notamment par Ikeda et al.
[125], a été testée sur nos structures mais ne se justifie pas car les pertes sont faibles et les
résultats de la compensation sont bien inférieures au pour cent. Cependant, cette résistance est
maintenue car elle assure une plus grande stabilité du cycle d’hystérésis pour certains
échantillons sans apporter de grande variation sur les grandeurs mesurées. La tension
sinusoidale d’excitation est obtenue par un rototransformateur branché sur le secteur. Sa
fréquence est donc de 50 Hz et son amplitude peut atteindre 100V.
-124-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
40
5X750
30
5X700
20
5X650
10
P (µC/cm²)
5X850
0
-500 -400 -300 -200 -100 0 100 200 300 400 500
-10
5X900 5X600
-20
-30
-40
E (kV/cm)
Figure 42 : Cycle d’hystérésis ferroélectrique des courbes P=f(E) pour les échantillons
multipulvérisés et recuits à des températures différentes
-125-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
parlent d’une charge d’espace entre l’électrode et le ferroélectrique qui apparaît en raison de
l’orientation préférentielle du PZT [116].
La polarisation des trois échantillons recuits à 700°C (5X700, 1X6 et 1X8) est
représentée sur la Figure 43.
60
1X6
40
Polarisation (µC/cm²)
20
1X8 5X700
0
-500 -400 -300 -200 -100 0 100 200 300 400 500
-20
-40
-60
Champ électrique (kV/cm)
Figure 43 : Cycle d’hystérésis ferroélectrique des courbes P=f(E) pour les échantillons
1X6, 1X8 et 5X700 recuits à 700°C.
L’échantillon pulvérisé à 6 Pa présente les meilleurs résultats avec une polarisation rémanente
de 18 µC/cm² et un champ coercitif de 30 kV/cm. L’échantillon pulvérisé à 8 Pa a une
polarisation légèrement supérieure à l’échantillon multipulvérisé mais le champ coercitif
augmente également. Il serait difficile de faire de grandes déductions sur trois échantillons.
On peut cependant noter que, comme pour la constante diélectrique, les meilleures propriétés
de l’échantillon 1X6 sont probablement dues à une composition chimique plus proche de la
phase morphotropique. L’augmentation du champ coercitif dans l’échantillon 1X8 peut être le
résultat de la meilleure orientation cristalline (111) par rapport à l’échantillon multipulvérisé
qui apporte une certaine raideur aux dipôles élémentaires du PZT qui requièrent une plus
grande énergie de basculement [116].
-126-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Fujisawa et al. ont observé que le passage du courant dans un film de PZT
polycristallin se fait presque exclusivement au niveau des joints de grains [128]. La méthode
utilisée est la confrontation d’une cartographie de l’intensité du courant avec la topographie
de la même zone obtenue par microscope à force atomique. Cette propriété laisse penser qu’il
est également possible que les court-circuits observés dans les films de PZT prennent
naissance aux joints de grains. Comme les joints de grains représentent un très faible volume
par rapport aux grains, un courant élevé doit considérablement augmenter la température de
ce passage conducteur par effet Joule. Ainsi, l’idée simple que nous avons supposée est
qu’une tension élevée appliquée sur un plot déficient pouvait supprimer le court-circuit. Le
montage réalisé pour vérifier cette supposition est une simplification du circuit Tower-Sawyer
(cf Figure 41). Seuls ont été conservés le rototransformateur d’entrée et la capacité C0 afin
d’éviter la détérioration de l’ampli op.
-127-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Il s’est avéré que l’application d’une tension proche de la tension de claquage à l’aide
de pointes en tungstène (environ 60 V pour une épaisseur de 1 µm) permettait de récupérer
instantanément une très grande partie des contacts déficients. Cette propriété est cependant
très dépendante des conditions de réalisation de la couche de PZT. Cette étape entraîne une
détérioration partielle de l’ordre de 10 % de la surface de l’électrode. Les propriétés
ferroélectriques de ces plots récupérés correspondent donc à une surface de polarisation
inférieure. En dehors de cette diminution logique, il n’a pas été observé d’autre incidence sur
les propriétés du PZT.
Il n’est pas prouvé que l’explication de ce phénomène soit celle proposée ci-dessus et
qui nous a permis d’intuiter ce résultat intéressant. Des mesures SIMS avant et après
élimination des court-circuits pourraient peut être apporter des informations pertinentes. Il est
également à noter que ces court-circuits dépendent aussi grandement de la nature des
électrodes utilisées [127] et que les courants de fuite suivent une loi correspondant à
l’existence d’une charge d’espace qui ne peut pas être expliquée uniquement par les joints de
grains [106, 128].
5.2.5 Conclusion
-128-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
5.3.1 Introduction
-129-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
piézoélectriques par l’intermédiaire des coefficients dij. Nous utiliserons cette convention au
cours de cette étude.
L’effet piézoélectrique étant réversible, il est possible d’envisager des caractérisations
basées sur l’effet direct ou indirect. Le déplacement d’une couche mince soumise à un champ
électrique est très faible (0,1 nm) et nécessite des moyens optiques sophistiqués. Etzold et al.
propose une méthode interférométrique où un laser est focalisé et réfléchi sur la surface de
l’échantillon ce qui permet d’estimer le coefficient d33 [130]. Cependant, la courbure
engendrée dans l’échantillon fausse l’estimation réelle du déplacement dû à l’effet
piézoélectrique. Ainsi, Kholkin et al. ont adapté une technique interférométrique à double
faisceau (Mach Zender) qui permet de s’affranchir de cet effet de courbure [131]. Cet
équipement délicat et lourd à developper permet une résolution maximale de 2.10-5 nm en
utilisant une détection synchrone. Avec cette technique, Damjanovic et al. [132] obtiennent
un d33 de 70 pC/N pour du PZT déposé en sol-gel. Une détermination du d31 par double
interférométrie est donnée par Luginbuhl et al. en mesurant la déflexion quasi-statique d’une
poutre de silicium (e :15 µm, L : 800 µm) actionnée par une couche mince de PZT [133]. Ils
obtiennent des d31 compris entre -9 et -30 pC/N suivant l’application d’une tension continue
qui favorise la polarisation du PZT. En combinant cette même méthode interférométrique à la
réalisation d’une membrane de silicium mue par une couche mince de PZT, Muralt et al.
arrive à dériver le coefficient d31 de la variation de la fréquence de résonance de la membrane
suivant une tension continue appliquée sur le PZT [134]. Ils obtiennent un d31 de -35 pC/N.
Kanno et al. propose la détermination simultanée du d31 et du coefficient de la matrice de
compliance s11E par la libération totale d’une poutre de PZT [126]. Cette caractérisation est
possible en raison de l’épitaxie du PZT sur un substrat MgO qui est ensuite éliminé par
gravure humide. La détermination du d31 se fait par la mesure par microscopie laser de la
variation de la longueur de la poutre suivant l’application d’une tension continue. Ils estiment
le d31 autour de –100 pC/N ce qui représente, à notre connaissance, la valeur la plus élevée
jamais enregistrée sur couches minces. Malheureusement, cette méthode n’est pas directement
adaptable aux microsystèmes sur silicium.
Les méthodes de mesures basées sur l’effet piézoélectrique direct sont plus
nombreuses. Lefki et Dormans propose une technique simple de détermination du d33 basée
sur la mesure de la charge créée par l’application d’une force connue [135]. Des valeurs au-
delà de 200 pC/N sont rapportées. Lee et al. dérive le coefficient d31 de la variation de la
fréquence de résonance d’une micropoutre de PZT utilisée comme capteur de force dans un
-130-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
AFM [136]. La résonance de la poutre est repérée par l’observation de la charge créée aux
bornes du PZT. Les d31 communiqués varient entre -18 et -35 pC/N. Une méthode plus simple
est proposée par Shepard et al. qui consiste à déposer le PZT pleine plaque sur un wafer de
silicium puis à imposer une pression uniforme sur tout le wafer [137]. La charge créée entre
les deux faces du PZT est recueillie par des plaques d’aluminium reliées à un amplificateur de
charge. Les d31 communiqués varient entre -5 et -59 pC/N suivant les conditions de
polarisation du PZT. Dernièrement, cette équipe de recherche de l’université de Pennsylvanie
a publié des caractérisations de d31 de couches de PZT sur silicium fabriquées par Kanno et al.
précédemment cités (épitaxie du PZT sur MgO [126]). Les valeurs de ce coefficient atteignent
-70 pC/N ce qui est le maximum relevé sur des couches de PZT déposé sur substrat silicium
[138]. Finalement, Deschanvres et al. ont développé sur ZnO la technique dite de la poutre
vibrante libre [139]. La couche piézoélectrique est déposée sur une poutre de silicium. Celle
ci est encastrée d’un côté alors qu’une déflexion initiale est imposée de l’autre côté. La poutre
est ensuite relâchée, se met à vibrer et la variation de tension aux bornes du ZnO est recueillie
sur un oscilloscope. Le premier maximum de l’oscillation mesurée permet de donner une
estimation de la qualité piézoélectrique de la couche. Jaber et al. [140] sur PT puis Cattan et
al. sur PZT [141] ont amélioré et appliqué cette technique du premier maximum pour
déterminer le coefficient effectif e31. Les valeurs de d31 correspondantes atteignent -25 pC/N
pour le PZT (en introduisant les coefficients de compliance du PZT massif). La méthode mise
au point par Sakata et al. est proche de celle ci puisqu’ils mesurent la déflexion d’une poutre
similaire avec un capteur de déplacement tout en recueillant la charge créée aux bornes du
PZT [142]. Un d31 de -45 pC/N est communiqué.
-131-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
TDS210 Oscilloscope
PC
Porte vérin
µvérin
Porte échantillon
PZT
3
Poutre Si
1
2
sur un oscilloscope Tektronix TDS 210 dont les données sont ensuite récupérées sous format
ASCII. Le micro-vérin est piloté par un ordinateur et sa hauteur peut être ajustée au µm près.
Cependant, l’usinage conique fuyant de la pièce en contact avec la poutre qui permet
l’échappement sans freinage de cette dernière entraine une incertitude réelle de quelques µm
sur la hauteur du vérin. L’échappement est assuré manuellement en déplaçant le vérin monté
sur un système rails-roulettes sans jeu. Les contacts sur les électrodes sont pris par des fils
d’or microsoudés de 50 µm de diamètre.
La fréquence de résonance du mode fondamental de la poutre est mesurée
indépendamment mais non simultanément à l’aide d’un profilomètre optique UBM qui repère
la variation de réflectivité lorsque la poutre est mise en vibration par un stimulus mécanique.
La longueur vibrante de la poutre de silicium est de 30 mm (longueur totale 40 mm),
sa largeur de 10 mm et son épaisseur varie de 180 µm à 500 µm. Toutes les poutres
proviennent de wafers d’orientation (100) et ont été découpées suivant les directions
cristallographiques {110}.
Les valeurs retenues de la flèche initiale des poutres correspondent à environ la moitié
de la flèche de rupture et vont de 600 µm à 1400 µm pour des épaisseurs de poutres
respectives de 500 µm et 180 µm.
L’encastrement est assuré par le blocage de 10 mm de longueur de la poutre sur toute
la largeur obtenu par serrage mécanique sur le porte échantillon. Une clef dynamométrique
permet d’assurer un serrage reproductible.
Les électrodes supérieures sont structurées par une étape de photolithographie. Des
lignes dans le sens de la largeur de 10 µm de large et espacées de 100 µm permettent de
déterminer la distance de la partie vibrante de la poutre. La taille des électrodes varient de
0,25 mm² à 1 mm². La forme est carrée pour correspondre à la modélisation par éléments finis
(FEM). La position des électrodes testées est discutée plus loin.
-133-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
-134-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
S5 = s44E T5 + d15 E1
S6 = s66E T
Le domaine de validité de ces hypothèses sera précisé dans le paragraphe suivant grâce à la
modélisation par éléments finis. Suivant ces hypothèses, on obtient :
Les équations (17) et (18) sont additionnées puis T1+T2 est substitué dans (16), ce qui donne :
-135-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
T 2d 312 d
D3 = ε 33 − E E + E 31 E ( S1 + S 2 )
E 3
Équation 19
s11 + s12 s11 + s12
U
E3 = − Équation 20
t pzt
L’expression du courant I débité par le PZT est donc, d’après (19) et (20) :
dD3 T 2d 312 Σ dU d d ( S1 + S 2 )
I = ∫∫Σ dΣ = − ε 33 − E
E
+ E 31 E ∫∫Σ dΣ Équation 21
dt s11
+ s12 pzt
t dt s11
+ s12
dt
D’après cette équation, le schéma équivalent du PZT est donc une source de courant Ipzt en
parallèle avec une capacité Cpzt avec :
T 2d 312 Σ d 31 d ( S1 + S 2 )
C pzt = ε 33 − E
E
et I pzt = E ∫∫Σ
dΣ
s11
+ s12 pzt
t s11 + s12
E
dt
La théorie de la piézoélectricité ne tient pas compte des courants de fuite qui sont
pourtant déterminants dans cette méthode de détermination du d31 [139]. Une résistance en
parallèle Rf est donc ajoutée au modèle du piézoélectrique parfait. La Figure 46 présente le
schéma équivalent du modèle réel de la couche de PZT.
-136-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Avec cette nouvelle donnée et suivant les notations précédentes, on obtient l’équation
suivante qui régit le modèle réel :
dU U
I pzt = C pzt + Équation 22
dt R f
Les solutions analytiques des déformations suivant les directions 1 et 2 dans le cas
statique sont [143] :
3t Si ( L − x)
S1 = δ Équation 24
2 L3
-137-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
s12 Si
S2 = S1 Équation 25
s11Si
On peut remplacer les expressions de S1 et S2 ((24) et (25)) dans Ipzt ((21)) ce qui donne après
intégration et dérivation :
dδ
I pzt = A Équation 26
dt
d 31 s12 Si 3t Si ( L − xm )Σ
avec A = 1 +
s11 + s12E s11Si
E
2 L3
dU U A dδ
+ = Équation 27
dt R f C pzt C pzt dt
w
U = − AR f δ 0
1 − 2azw + a 2 w2 − zwt
{
e sin w 1 − z 2 t − ψ }
1 − z 1 − 2Tzw + T w
2 2 2
(T − a ) w2 −
t
−
t
+ e T
+ U e T Équation 28
1 − 2Tzw + T 2 w2
0
avec : T = R f C pzt
U 0 = U (t = 0) , δ 0 = δ (t = 0) et δ 0 = δ (t = 0)
' '
-138-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
δ 0'
a=− 2
w δ0
(T − a ) 1 − z 2 w
ψ = arcsin
2
1 − 2 azw + a 2
w 2
1 − 2Tzw + T 2
w
5.3.5.1.1 Introduction
La méthode des éléments finis a été développée pour donner une solution numérique
aux problèmes de la mécanique déformable ne possédant pas de solutions analytiques. Le
principe est de discrétiser la structure à modéliser en sous parties appelées éléments. Les
sommets des éléments sont appelés nœuds. Un certain nombre d’inconnues variationnelles
appelées degrés de liberté est défini sur chaque nœud. Des matrices de rigidité et d’efforts
sont élaborées qui caractérisent les propriétés et conditions de chaque nœud du maillage.
L’étude des déplacements d’une structure continue devient alors une étude discrète où les lois
de la mécanique des milieux déformables sont appliquées sur les nœuds. Le déplacement en
chaque point de la structure est obtenue par approximation à partir des résultats obtenus aux
nœuds. Cette méthode est bien sûr assistée par ordinateur vue la lourdeur des calculs à
effectuer. Il existe de nombreux ouvrages dans la littérature qui traitent de ce sujet [144].
C’est le logiciel ANSYS 5.4 qui est utilisé dans ce travail.
-139-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Electrode supérieure
PZT
Silicium
Les dimensions ne sont pas respectées sur le schéma. La forme des électrodes est
carrée par souci de concordance des nœuds entre le silicium et le PZT. L’encastrement de la
poutre du côté du porte échantillon est supposé parfait. Toute la surface du PZT en contact
avec le silicium est contrainte à une tension nulle. Les nœuds de PZT directement sous
l’électrode supérieure possèdent tous le même potentiel. Un déplacement imposé à l’arête de
silicium supérieure du côté libre simule la déflexion initiale. Le programme développé se
trouve dans l’annexe D. Pour ces simulations, les coefficients massifs du PZT ont été utilisés
[145]. Les propriétés mécaniques du PZT sont décrites avec le module de Young et le
coefficient de Poisson. L’anisotropie du silicium, qui est monocristallin, est simulée. Les
valeurs de ces coefficients sont précisées dans le programme de l’annexe D.
Les formules analytiques des déformations du silicium données par les équations (24)
et (25) sont comparées aux résultats de la simulation numérique sur la Figure 48. La flèche
initiale est de 600 µm pour une épaisseur de silicium de 500 µm. On observe une parfaite
adéquation entre les deux modèles lorsque x est compris entre 10 et 30 mm. Les formules
analytiques ne sont pas vérifiées près de l’encastrement. Ainsi, les électrodes ne doivent pas
être placées à moins de 10 mm de l’encastrement. On notera que le choix d’utiliser du
silicium suivant la direction {110} est judicieux puisque c’est dans cette orientation qu’il
présente le coefficient de Poisson le plus faible (0.0625) [58]. L’influence de l’encastrement
-140-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
sur les résultats finaux est ainsi minimisée puisque c’est sur les déformations transversales
qu’elle est la plus importante. .
5x10-4
Simulation FEM
4x10-4
Déformation
Modèle analytique
-4
3x10
S1
-4
2x10
-4
1x10
S2
0
-4
-1x10
0 5 10 15 20 25 30
X (mm)
L’hypothèse de continuité des déformations entre silicium et PZT est également faite
par le logiciel de simulation. Elle est assurée par une parfaite concordance entre les nœuds des
deux couches, ce qui passe par l’élaboration d’un maillage précis et rigoureux. Le nombre
maximum d’éléments simulés dans l’épaisseur du PZT admissible par le logiciel est de 7 pour
une épaisseur de PZT de 1 µm, ce qui permet cependant d’avoir une bonne estimation de son
comportement. Dans le cas d’électrodes situées à 10 mm de l’encastrement, toutes les
hypothèses émises lors de la modélisation du film piézoélectrique sont vérifiées avec une
précision minimale de 3 %, et ce, pour des tailles d’électrodes allant de 0.5 à 1 mm de côté,
pour des wafers de silicium ayant une épaisseur comprise entre 180 µm et 500 µm. On notera
cependant qu’il existe des effets de bords mais qui n’interviennent que sur la dernière ligne
des nœuds. Le fait que le PZT soit structuré ou non ne semble pas avoir d’influence sur les
contraintes et les déformations pour la partie du film située sous l’électrode. En effet, le
rapport de forme est tel que cette influence se limite aux effets de bords.
Afin de confirmer la concordance des modèles analytiques et numériques au niveau
piézoélectrique, la Figure 49 illustre la comparaison du déplacement électrique D3 suivant les
déformations S1+S2 obtenu d’une part analytiquement par l’équation (19) et d’autre part par la
-141-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
simulation. La valeur E3 qui apparaît dans l’équation (19) est déterminée par FEM. La
simulation est faite sur une électrode carrée de 1 mm² située à 10 mm de l’encastrement. La
superposition très satisfaisante des deux courbes valide les hypothèses piézoélectriques.
6x10-5
-5 Modèle analytique
4x10
Simulation
2x10-5
D (C/m²)
0
-5
-2x10
-4x10-5
-6x10-5
3,00x10-4 3,05x10-4 3,10x10-4 3,15x10-4 3,20x10-4
S1+S2
Il faut tout d’abord remarquer que dans le cas du montage de la Figure 44, le film de
PZT est branché directement sur l’oscilloscope. Ainsi, il est nécessaire d’ajouter en parallèle
aux éléments du modèle réel du film (Figure 46) la résistance et la capacité d’entrée de
l’oscilloscope. Ceci n’implique pas de modification du modèle analytique autre que le
changement des valeurs Cpzt et Rf puisque la forme générale de l’impédance n’est pas
modifiée. On a toujours une résistance en parallèle avec une capacité. Le modèle expérimental
est schématisé sur la Figure 50.
-142-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Les nouvelles résistance Req et capacité Ceq introduites dans le modèle (équation (28))
sont donc telles que :
Re R f
Req = Équation 29
Re + R f
-143-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Avec cette méthode, le coefficient d31 est obtenu après ajustement des paramètres
analytiques à partir de l’équation (26) par l’expression suivante :
-144-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
0,0010
0,015
0,0005
0,0000
0,010 Défini U0 et t0
-0,0005
Tension U (V)
0,005
0,000
-0,005
-0,010
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05
Temps (s)
Le modèle analytique ainsi défini est introduit dans l’algorithme de régression avec les
points expérimentaux précédemment obtenus. Le résultat de l’ajustement est présenté sur la
Figure 52.
Au vu de ces résultats, l’ajustement révèle des résultats très satisfaisants. L’algorithme
donne des incertitudes sur tous les paramètres ajustés inférieures au pour cent. Pour cet
échantillon, le d31 obtenu est faible (-2 pC/N) mais correspond à 5 % près à la valeur calculée
par la méthode du premier maximum détaillée dans la référence à condition d’utiliser la
valeur de la capacité ajustée par l’algorithme [141].
Il subsiste cependant plusieurs difficultés. La valeur ajustée de Ceq est supérieure
d’environ 30 % à la valeur mesurée à l’impédancemètre et ce pour tous les échantillons testés.
Il est probable que ce phénomène provienne de la mesure de Rf et Cpzt à l’impédancemètre qui
ne reflète pas exactement le comportement du film ferroélectrique lors de la mesure
piézoélectrique. Nous y reviendrons dans le paragraphe suivant. Ensuite, les conditions
initiales sont importantes dans l’estimation du coefficient A. En effet, l’ajustement de la
courbe théorique sur les points expérimentaux n’est convenable qu’en prenant compte de la
vitesse initiale. Les ajustements effectués sans ce paramètre δ0’ entrainent une surestimation
du d31 qui peut atteindre 40 % et de grandes incertitudes sur les valeurs des paramètres
ajustées.
-145-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
-2
1,5x10
Courbe expérimentale
5,0x10-3
0,0
-3
-5,0x10
-2
-1,0x10
0,0 1,0x10
-2
2,0x10-2 3,0x10-2 4,0x10-2 5,0x10
-2
Temps (s)
En conclusion, cette méthode donne de très bons résultats mais nécessite des mesures
extrêmement minutieuses et un traitement des données assez lourd. La précision des résultats
reste tributaire de l’estimation correcte de Rf et Cpzt ce qui est également le cas de la méthode
du premier maximum où Cpzt apparaît directement dans le calcul du d31. La méthode de
l’intégrale présentée dans le paragraphe suivant permet de préciser ces paramètres et offre une
alternative aux méthodes précédentes.
-146-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Reprenons l’équation (27) avec Req et Ceq en intégrant sur le temps entre 0 et l’infini :
+∞
dU +∞
U +∞
A dδ
∫0 dt + ∫0 dt = ∫0 dt Équation 32
dt Req Ceq Ceq dt
1 +∞ A
ce qui donne : U (+∞) − U 0 + ∫0 Udt = (δ (+∞) − δ 0 ) Équation 33
Teq Ceq
− 1 +∞ Teq
A= ∫0 Udt + U0 Équation 34
Reqδ 0 Reqδ 0
s12 Si
1 + 3t Si ( L − xm )ΣReqδ 0
s11Si
Cependant, la Figure 51 montre que la tension U est presque symétrique par rapport à
l’axe des abscisses ce qui signifie que l’intégrale de U dans le temps est proche de 0. Une
solution est d’augmenter l’impédance d’entrée Req du système de mesure ce qui a pour effet
d’augmenter la constante de temps électrique Teq et donc de ralentir la décharge du
condensateur piézoélectrique. L’intégrale de la tension au cours du temps devient non
négligeable et le premier terme de l’équation (34) est prépondérant par rapport au deuxième
comme nous le vérifierons sur les valeurs expérimentales. Le montage élaboré est présenté sur
la Figure 53.
-147-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
1 1 1 1 1
=− + = f Équation 36
Aδ 0 R f Re
+∞
∫ Udt Re
0
-148-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
d’estimation avec différentes résistances d’entrées qui nécessite plusieurs mesures non
simultanées est valable lorsque les propriétés piézoélectriques du PZT sont stabilisées. Si
l’hypothèse est faite que la résistance de fuite du PZT est constante dans le temps, on peut
espérer la déterminer avec les paramètres de la courbe Cf. Il faut également remarquer que si
la déflexion initiale δ0 est prise comme variable dans l’équation (34) sans le deuxième terme,
la courbe représentative de l’intégrale en fonction de δ0 doit également être une droite dont le
coefficient directeur est –AReq ce qui donne une nouvelle possibilité de calculer le d31.
-149-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
0,01
0,01
0,00
0,00
Tension U0 (V)
Tension U0 (V)
-0,01
-0,01
Re = 10MOhm
4.7 MOhm -0,02
-0,02
-0,03
-0,03
-0,04
-0,04
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Temps (s)
Temps (s)
0,01
0,00
0,00
-0,01 -0,01
Tension U0 (V)
Tension U0 (V)
-0,02 Re = 22 MOhm Re = 32 MOhm
-0,02
-0,03
-0,03
-0,04
-0,05 -0,04
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
Temps (s) Temps (s)
-150-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
-200
-400
-600
1/(intégrale de U) (V )
-1
-800
-1000
-1200
-1400
-1600
-1800
-2000
La Figure 56 présente les résultats des valeurs absolues des d31 calculées à partir de la
méthode de l’intégrale suivant l’équation (35). Les valeurs obtenues sont homogènes et la
moyenne du d31 est de –7,7 pC/N. Cette valeur est inférieure de 4 % à celle obtenue par la
méthode de la pente. Cette différence est systématiquement observé et provient du fait que
l’algorithme de calcul utilisé donne des valeurs légèrement plus faibles pour les résistances Re
élevées comme on le voit sur la Figure 56. Une explication possible est qu’une partie du
signal n’est pas prise en compte dans le calcul de l’intégrale pour les résistances élevées
puisque la duréee d’acquisition est identique pour tous les essais. L’idéal serait de pouvoir
déterminer avec précision la fin du signal ce qui n’est pas aisé en raison du bruit de mesure et
de l’offset qui augmente avec la résistance d’entrée. L’expérience montre que la limitation des
résistances d’entrées entre 4,7 MΩ et 33 MΩ et l’acquisition du signal sur une durée fixe (1 s
ici) donnent les meilleurs résultats.
-151-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
6
d31 (pC/N)
0
0,0E+00 5,0E+06 1,0E+07 1,5E+07 2,0E+07 2,5E+07 3,0E+07 3,5E+07
Re (Ohm)
-152-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
valeur du d31. La détermination de la valeur réelle de la capacité peut être obtenue grâce à la
confrontation des méthodes de l’ajustement et de l’intégrale. En effet, l’algorithme de calcul
donne une très bonne estimation de la constante de temps électrique ReqCeq et l’intégration du
signal suivant différentes résistances d’entrées Re permet de déterminer Rf. Une alternative
pour améliorer la méthode du 1er maximum serait d’ajouter une capacité de forte valeur en
parallèle avec le film de PZT ce qui permettrait de connaître la valeur de Ceq de manière
précise. Cette modification entraine évidemment une diminution importante du signal
recueilli et augmente ainsi l’incertitude de mesure.
-153-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Bien qu’il ne soit pas possible de conclure définitivement sur l’influence réelle de
l’encastrement sur la mesure du d31 par la méthode de la poutre vibrante, l’issue de ces
recherches semble déboucher vers une sous estimation du d31 de quelques pour cent.
La Figure 57 présente les valeurs absolues des d31 obtenues avec la méthode de
l’intégrale suivant différents champs électriques de polarisation maintenus pendant 20 min à
température ambiante. La mesure est faite 1 min après l’arrêt de la polarisation.
16
14
12
10
d31 (pC/N)
0
0 50 100 150 200 250
Champ électrique continu de polarisation (kV/cm)
Certains échantillons présentent un effet piézoélectrique sans avoir subi de polarisation mais
les d31 sont alors très faibles. Cet effet est observé dans la littérature [141] et l’explication la
plus couramment avancée est une prépolarisation du PZT due aux contraintes résiduelles et à
l’orientation préférentielle du film. L’augmentation du d31 avec le champ de polarisation
correspond au basculement progressif des domaines ferroélectriques suivant le sens du champ
appliqué. Une saturation apparaît au delà de 170 kV/cm qui indique que l’orientation des
-154-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
dipôles est totale. Cependant, il semble possible d'augmenter encore l'effet piézoélectrique en
polarisant le PZT en chauffant légèrement l’échantillon ce qui entraine une plus grande
mobilité des parois des domaines ferroélectriques. Certaines équipes travaillent sur cette
polarisation maximale en diminuant les domaines orientés à 90° qui ne participent pas à
l’effet piézoélectrique [146]. Le d31 maximal obtenu est de 15 pC/N ce qui est en accord avec
la polarisation rémanente Pr aux environs de 12 µC/cm² des échantillons multipulvérisés. En
effet, on remarque souvent dans la littérature que d31 et Pr ont des valeurs assez proches pour
le PZT en couches minces quelle que soit la méthode de dépôt utilisée. Ceci n’est vrai que
lorsque la méthode de caractérisation piézoélectrique est passive c’est à dire sans
superposition d’une tension continue lors de la mesure. Cette tension permet de maintenir les
domaines ferroélectriques orientés et donc d’augmenter l’effet piézoélectrique dans le PZT.
Nous aurons l’occasion de revoir ce phénomène dans le dernier chapitre de ce travail. Cette
valeur de d31 est un peu faible par rapport à celle trouvée dans la littérature. La raison
principale semble être la technique de multipulvérisation qui permet d’augmenter la taille des
contacts mais diminue les propriétés piézoélectriques d’environ 30 % au vu des résultats
ferroélectriques (Figure 43). D’autre part, le fait de ne pas être dans la zone morphotropique
dans le diagramme de phase entraine également une diminution du d31. Au delà d’une
polarisation de 200 kV/cm pendant plusieurs minutes, la couche est détruite.
-155-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
16
14
12
10
d31 (pC/N)
0
0 10 20 30 40 50 60 70
Durée de polarisation (min)
-156-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
0,9
0,8
13,8% par décade
0,7
Stabilisation du
viellissement
d31 normalisé (%)
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
1,E+01 1,E+02 1,E+03 1,E+04 1,E+05 1,E+06 1,E+07 1,E+08
temps (s)
5.3.8 Conclusion
-157-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
et pourrait déboucher sur une comparaison beaucoup plus fiable des différentes techniques
d’élaboration du PZT ainsi qu’une confrontation avec les propriétés du matériau massif.
Les contraintes résiduelles dans les couches minces jouent un rôle très important dans
le comportement mécanique de dispositifs à l’échelle du micron. De nombreuses recherches
sont conduites sur ce sujet qui s’intègrent dans une problématique plus large de connaissance
précise des propriétés mécaniques des matériaux en couches minces. En effet, pour des films
de l’ordre du micron, la faible épaisseur, les procédés d’élaboration, la microstructuration
modifient les propriétés des matériaux par rapport aux composés massifs. Il existe plusieurs
techniques de détermination des coefficients d’élasticité et de résistance à la rupture, bien
résumées par Obermeier [149]. Cependant, ces techniques ne sont exploitables que lorsque
l’épaisseur de la couche mince n’est pas négligeable par rapport à celle du substrat. Si cette
condition n’est pas réalisée, il est cependant possible de déterminer les contraintes résiduelles
dans les films. Diverses techniques sont communiquées dans la littérature. L’article précédent
ainsi qu’une communication plus récente de Cammarata et al. proposent une vue d’ensemble
de ces méthodes [150]. Dans le cas du PZT en couches minces, quatre méthodes ont été
répertoriées. Le décalage des pics sur un diagramme de spectroscopie Raman permet de
donner une estimation des contraintes résiduelles [151]. L’avantage de cette technique est de
pouvoir donner des résultats locaux, ce qui peut être intéressant pour déterminer les
contraintes sur un dispositif in situ. Certaines microstructures permettent de connaître les
contraintes résiduelles dans le PZT comme dans le cas de la membrane composite de Muralt
et al. [8]. Les contraintes provoquent une variation des distances interéticulaires dans le
matériau qui peut être observée par diffraction X [152]. Comme la méthode de décalage de
pics Raman, cette technique permet de travailler sur des surfaces de l’ordre du micron et de
faire de la cartographie de contraintes. Finalement, la méthode la plus courante est celle de la
mesure de la courbure moyenne d’un échantillon suivant les différentes couches déposées
[153]. La formule de Stoney, développée au début du siècle puis reprise par Townsend et al.,
permet de traduire cette courbure en contraintes résiduelles [154].
-158-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Dans cette partie, nous proposons une étude des contraintes résiduelles de chaque film
constituant le multicouche Si/SiO2/Ti/Pt/PZT à l’aide de la méthode de la courbure. Un
phénomène de variation dans le temps de la contrainte dans le PZT est mis en évidence. Un
début d’explication est donné, illustré par des mesures à la sonde ionique (SIMS). Les
perspectives de ce travail sont ensuite détaillées.
La formule de Stoney dans le cas d’un film mince est exprimée par l’équation (37).
Les hypothèses de travail assurant la validité de cette formule sont l’isotropie de la contrainte
biaxiale dans le plan, la continuité des déformations entre le substrat et le film mince et la très
faible épaisseur du film par rapport à celle du substrat.
ES t S2 1 1
σf = − Equation 37
1 − ν S 6t f R R0
Bien que le silicium soit anisotrope, l’hypothèse d’isotropie de la contrainte est bien vérifiée
car le rapport E/(1-ν) est à peu près constant (180.2 GPa) quelle que soit la direction choisie
dans le plan cristallographique (100) qui correspond à l’orientation de nos échantillons.
Par convention, une contrainte de compression sera notée négativement et une contrainte de
tension sera positive.
5.4.3 Expérimentation
La courbure des échantillons est mesurée avec le profilomètre optique. Cette méthode
sans contact évite de modifier la courbure lors la mesure comme dans le cas d’un profilomètre
mécanique.
Comme le bâti de pulvérisation utilisé ne permet pas de déposer le PZT de façon
homogène sur une surface importante, les échantillons utilisés sont des carrés de silicium de
-159-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
2 cm de côté. Afin d’avoir une courbure importante en dépit de cette surface assez faible,
l’épaisseur du substrat est choisie relativement petite (187 µm) mais toujours beaucoup plus
importante que celle des films qui sont de l’ordre du micron. Pour chaque échantillon et à
chaque étape du procédé d’élaboration, quatre mesures de courbures sont réalisées suivant
quatre directions différentes orientées à 45° les unes des autres conformément à la méthode
mise au point au laboratoire [58]. Nous nous intéresserons particulièrement à toutes les étapes
mises au point au laboratoire, c’est à dire l’électrode inférieure et le film de PZT avec les
divers traitements thermiques.
Les échantillons caractérisés ont été préalablement oxydés thermiquement sur une épaisseur
de 0,66 µm. L’oxyde a été supprimé sur une des faces. Aucune mesure de courbure n’a été
faite sur le silicium non oxydé. L’homogénéité des courbures mesurées sur divers échantillons
oxydés minimisent cette incertitude et nous supposerons que le rayon de courbure du silicium
nu est infini. L’élaboration des échantillons est résumé dans le Tableau 24.
Pour la détermination des contraintes après un recuit, l’hypothèse est faite que seule la
dernière couche déposée est modifiée par le recuit, c’est à dire que tous les films déposés
préalablement sont considérés comme stables. Cette approximation n’est certainement pas
totalement vérifiée en particulier dans le cas du recuit de cristallisation qui doit modifier l’état
de contraintes de l’électrode inférieure. Cependant, cette technique simple donne une bonne
idée de la contrainte résiduelle dans le film de PZT et est universellement utilisée dans la
littérature. Chaque contrainte est déterminée par l’équation (37) en utilisant les rayons de
courbure mesurés à chaque étape du procédé d’élaboration du multicouche.
-160-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
Le Tableau 25 donne les valeurs des contraintes de chaque couche après moyennage
sur 4 échantillons, exceptée après recuit de cristallisation de la couche de PZT qui n’a été
effectué que sur un échantillon.
-161-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
20
10
0
100 1000 10000
-10
Contrainte (MPa)
-20
-30
-40
-50
-60
-70
-80
Temps (heures)
5.4.5 Perspectives
Les perspectives de ce travail sont tout d’abord de mieux connaître les contraintes
dans le PZT en fonction des conditions d’élaboration. En effet, il peut être intéressant
d’ajuster les contraintes dans un dispositif afin d’en améliorer les propriétés mécaniques.
Nous pensons en particulier au cas des membranes bistables Si/SiO2, développées au
laboratoire, qui peuvent jouer le rôle de micro-commutateurs. Celles ci pourraient être
actionnées électriquement par une couche mince de PZT.
-162-
Chap. 5 : Caractérisations électriques et mécaniques du PZT en couches minces
5.5 Conclusion
-163-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
6.1 Introduction
-165-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
distinguent par la qualité et l’originalité du travail effectué et par la précision des résultats
présentés. Muralt et al. de l’EPFL (Suisse) ont développé ce dispositif en 1996 en vue de la
réalisation d’un micromoteur [8, 134]. Il s’agit de membranes circulaires qui permettent une
modélisation analytique qui, bien que partielle, permet de déterminer les propriétés
piézoélectriques du PZT ainsi que l’état de contraintes de la membrane à partir de
caractérisations dynamiques de la membrane. Biwersi et al. du LPMO de Besançon proposent
en 1998 la réalisation d’ondes circulaires sur une membrane composite PZT-silicium par la
superposition de deux modes de vibration [156]. Cette application permet d’envisager la
réalisation d’un micromoteur où le rotor serait placé sur cette membrane qui ferait office de
stator. En 1996, Wakabayachi et al. de OMRON Corporation (Japon) ont réalisé et caractérisé
de façon statique le déplacement d’une membrane de silicium actionnée par PZT en couches
minces [129]. Bien que l’exploitation des résultats expérimentaux soit assez succinte, la
technologie de réalisation de ce dispositif est tout à fait remarquable. Dans les paragraphes
qui suivent, nous présentons la réalisation d’une structure assez similaire en intégrant la
méthode d’obtention du PZT développé dans ce travail dans un procédé standard des
microsystèmes.
Le schéma de la membrane composite que l’on se propose d’étudier est représenté sur
la Figure 61. Les membranes réalisées sont carrées et ont un côté de 3 mm. Seize membranes
sont obtenues sur une plaquette de 2 pouces grâce à un masque chrome/verre développé pour
une précédente étude au laboratoire [58]. En ce qui concerne la structuration de la face avant
du wafer, nous avons opté pour la solution la plus simple, c’est à dire ne pas structurer
l’électrode inférieure et le PZT. La polarisation sélective du PZT est uniquement effectuée par
la forme de l’électrode supérieure.
-166-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
PZT
Substrat Si
Le but de cette modélisation par éléments finis est de connaître les dimensions et la
forme optimales de l’électrode supérieure, structurée suivant les spécifications précédentes,
permettant d’obtenir une déflexion statique maximale d’une membrane composite silicium-
PZT carrée de 3 mm de côté excitée par une tension continue. Différents modèles éléments
finis de membranes Si/PZT ont été élaborés. En tenant compte de la symétrie d’ordre quatre
de la membrane, un quart de la structure est simulé. L’objectif étant de comparer les
déflexions obtenues pour différentes formes d’électrodes, les modèles ont été simplifiées :
nous avons considéré la membrane comme parfaitement encastrée, non contrainte et
constituée de deux couches : silicium et PZT. Trois dispositions différentes de l’électrode
supérieure sont testées comme représenté sur la Figure 62: une croix centrale allant jusqu’aux
bords de la membrane, quatre bandes parallèles aux côtés placées aux lieux de contraintes
maximales lors d’une sollicitation mécanique de la membrane et enfin un carré central.
-167-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
-168-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
0,8
Tension de polarisation: 14V
0,7 d31 PZT: 20 pC/N
Epaisseur Si: 20 µm
Flèche au centre (µm) 0,6 Epaisseur PZT: 0,8 µm
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
Côté de l'électrode supérieure (mm)
d31eq=20pC/N
épaisseur PZT=1µm
1,5
Tension=10V
Flèche au centre (µm)
0,5
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Epaisseur Si (µm)
-169-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
Toutes les étapes technologiques présentées ici ont été réalisées dans le laboratoire à
l’exception de la première étape d’oxydation thermique du wafer (CIME Grenoble). Le
-170-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
procédé d’élaboration a été développé sur des wafers entiers de silicium de 2 pouces et
d’épaisseur 360 µm ainsi que sur des membranes carrées prédécoupées de 7 mm de côté. La
Figure 66 présente la succession des étapes technologiques nécessaires à l’élaboration des
membranes composites à partir d’un wafer complet dont les caractéristiques sont données
dans le chapitre 2.
L’étape a) d’oxydation thermique est détaillée au chapitre 2. La silice a une épaisseur
de 1,52 µm afin de réaliser un bon masque de gravure lors de la dernière étape de libération
de la membrane. L’étape b) est réalisée par procédé classique de photolithographie : une
couche de résine photosensible positive (Shipley 1813) est déposée sur le wafer, puis est
insolée avec des ultra-violets. Certaines zones sont protégées de la radiation à l’aide d’un
masque chrome sur verre qui détermine la taille de l’ouverture des membranes. La résine est
ensuite développée et les zones insolées sont dissoutes dans le solvant. Le wafer entier est
ensuite plongé dans une solution de HF tamponné (BE7-1) qui grave la silice à une vitesse de
0,1 µm par min à 28°C. Les étapes c) et d) de dépôt de l’électrode inférieure et du PZT ont été
largement développées précédemment puisqu’elles constituent le procédé optimisé de
réalisation du PZT.
-171-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
L’étape e) est une pulvérisation de silice qui permet de limiter le contact entre le PZT
et l’électrode supérieure afin de connaître parfaitement la surface polarisée et de limiter les
court-circuits éventuels comme cela a été précisé précédemment. Les principales
caractéristiques de ce dépôt sont exposées dans le Tableau 26.
Cette couche de silice est structurée par la technique dite lift-off effectuée avec une
résine photosensible classique (Shipley LOL 2000) rendue inversible par l’ajout de 2 %
d’imidazole [157]. Le principe du lift-off est de déposer et de structurer la résine, de déposer
la couche de silice puis de supprimer la résine non développée dans un solvant (Remover ou
acétone). La silice qui est déposée sur la résine est donc décollée du wafer et il ne subsiste que
la silice ayant été déposée sur les surfaces où la résine a été développée. L’intérêt d’utiliser
une résine inversible est de pouvoir réaliser ce qu’on appelle communément la « casquette »
sur les bords de la résine qui a alors beaucoup plus de facilités a être dissoute par le solvant
lors de l’étape finale. De plus amples renseignements sur cette technique relativement
classique peuvent être obtenus dans la référence [157] ou directement auprès de l’entreprise
Shipley.
L’étape f) est la pulvérisation de l’électrode supérieure en Ti/Pt conformément à la
technique utilisée pour l’électrode inférieure sans le prérecuit à 400°C. La structuration de
cette couche se fait également par lift-off. Les différentes tailles envisagées sont discutées par
la suite. Avant de réaliser l’étape de libération de la membrane, les plots de PZT sont d’abord
testés ferroélectriquement et les court-circuits éventuels sont supprimés grâce à la technique
détaillée dans le chapitre précédent.
La définition latérale nécessaire des masques de photolithographie des étapes e) et f)
étant de l’ordre de 50 µm, des masques ont été développés avec un logiciel de CAO puis
réalisés sur films transparents à faible coût par les techniques classiques de flashage. Les
masques des étapes b), e) et f) sont exposés dans l’annexe E.
L’étape g) consiste en la gravure humide du silicium par hydroxyde de potassium
(KOH). Cette technique est très bien décrite dans la thèse de C. Malhaire et ne sera donc pas
-172-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
réexposée ici puisqu’il n’y pas de différence majeure dans la méthode utilisée [58]. La
gravure est effectuée dans un bain de KOH à 40 % (pourcentage massique) à une température
de 60°C. La Figure 67 précise le montage utilisé afin de protéger la face avant du wafer.
Il s’agit d’un tore d’inox sur lequel sont usinées deux gorges qui accueillent chacune
un joint EPDM qui résiste à la potasse. Une plaque de plexiglass est ensuite solidarisée avec
le wafer et la pièce en inox par le serrage de 6 vis. La transparence du plexiglass permet de
jauger la force de serrage suivant l’écrasement du joint extérieur. La difficulté de réalisation
de la pièce inox réside dans la précision de la hauteur relative entre les deux gorges qui doit
correspondre à l’épaisseur du wafer sinon le serrage risque de le casser ou bien l’étanchéité ne
sera pas assurée. Le principe de ce montage a été repris pour élaborer un dispositif qui permet
de graver des membranes isolées de 7 mm de côté, découpées après l’étape b) de la Figure 66.
L’arrêt de la gravure est obtenue en calculant précisément la vitesse de gravure et la
profondeur à graver. C’est ce qu’on appelle une gravure au temps. La vitesse mesurée de
gravure des plans (100) du silicium est de 20,0 µm/h pour une température de 60 °C et un
KOH à 40 %. La durée de gravure est donc de 17 h pour obtenir une membrane de 20 µm
d’épaisseur. L’oxyde face arrière fait office de masque de gravure. Il est gravé à une vitesse
d’environ 50 nm/h dans les conditions précédentes. Ainsi, une épaisseur d’oxyde de 1,52 µm
donne une marge de manœuvre acceptable pour une gravure de 17 h. L’épaisseur résiduelle de
la membrane visée est de 20 µm. A partir de cette épaisseur, les contraintes résiduelles dans le
-173-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
La Figure 68 est une photographie d’un wafer 2 pouces processé où la surface des
électrodes supérieure est de 2.25 mm².
-174-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
optique dont le fonctionnement est détaillé dans le paragraphe suivant. Le fond de membrane
présente une irrégularité de l’ordre du micron et il a été observé que le centre de la membrane
est plus épais que les bords [58]. Ainsi, la mesure profilométrique permet de déterminer une
moyenne de la profondeur gravée. L’épaisseur de la membrane est obtenue en retranchant la
profondeur gravée à l’épaisseur du wafer. L’incertitude de mesure est principalement due à la
connaissance précise de l’épaisseur du wafer. On estime cette incertitude à +/- 3 µm au
minimum. Celle ci n’implique pas un grand changement de la déflexion de la membrane
actionnée par le PZT lorsque l’épaisseur de la membrane se situe autour de 20 µm comme on
peut le voir sur la Figure 64. Cependant, dès que l’épaisseur de silicium avoisine la dizaine de
µm, il est nécessaire d’envisager une autre technique de mesure d’épaisseur comme la
spectrométrie infrarouge par transformée de Fourier (FTIR) avec laquelle les incertitudes
peuvent être limitées à 0,1 µm.
-175-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
L’échantillon caractérisé dans cette partie est une membrane d’épaisseur totale 21 µm.
La surface de l’électrode est de 1 mm². Une tension alternative de fréquence 0,02 Hz
d’amplitude +14V qui correspond à une excitation quasi-statique est appliquée entre les
électrodes du PZT (cf Figure 69). La Figure 70 présente la déflexion maximale de la
membrane observée par profilométrie optique en fonction de la tension appliquée.
0,1
0
-15 -10 -5 0 5 10 15
-0,1
Déflexion da la membrane (µm)
-0,2
a/
-0,3
b/
-0,4
-0,5
-0,6
-0,7
-0,8
-0,9
Tension (V)
-176-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
-177-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
Figure 71 : Forme des deux premiers modes de vibration de la membrane obtenu par
simulation
-178-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
dδ
δ = A sin ωt => v = = Aw cos wt Équation 37
dt
-179-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
Excitation alternative
du PZT
Laser + Faisceau
Interféromètre Membrane
-180-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
1,6
1,4
Déplacement de la membrane (µm/V)
1,2
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Fréquence d'excitation (kHz)
200
150
100
50
Phase (°)
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
-50
-100
-150
-200
Fréquence d'excitation (kHz)
-181-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
1,8
Amplitude de déplacement (µm/V)
1,6
1,4
1,2
0,8
0,6
0,4
0,2
0
-1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5
Position par rapport au centre de la membrane (mm)
L’amplitude de déplacement maximale obtenue est de 1,8 µm/V. Bien que ce résultat
ne soit pas directement comparable à la littérature puisque les dimensions des membranes ne
sont pas identiques, citons tout de même les amplitudes de déplacement observées. Muralt et
al. obtiennent une déflexion maximale du mode fondamental de 1,1 µm/V pour des
membranes de 2 mm de diamètre et de 16 µm d’épaisseur [134]. Biwersi et al. observent des
amplitudes de 64 nm/V pour des membranes rectangulaires de 4,1 mm x 6,66 mm dans le cas
particulier de la superposition de deux modes de vibration ((2,1) et (1,3)) qui produit une onde
de déplacement circulaire [156].
-182-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
Le principal intérêt des capteurs résonants est que la donnée expérimentale mesurée
est le temps. Or, il s’agit de la grandeur physique que l’on sait déterminer avec la plus grande
précision. D’autre part, la mesure de la fréquence d’un signal est un problème bien maitrisé en
électronique. Les capteurs de pression silicium résonants utilisent souvent des structures
compliquées difficiles à élaborer. Le dispositif de Buser et al. est basé sur la variation de la
fréquence de résonance d’un pont microusiné dans un wafer de silicium collé sur un autre
wafer où ont été usinés deux bras, sur lesquels repose le pont, et une membrane qui fait office
de corps d’épreuve [160]. Burns et al. propose la réalisation d’un capteur où la variation de
pression est mesurée grâce à la variation de fréquence de rénonance d’une micropoutre
enfermée dans une cavité dans laquelle a été réalisé le vide [161]. La micropoutre est réalisée
sur une membrane qui lui transmet la déformation mécanique lorsqu’une pression est
appliquée. L’entreprise Sextant Avionique a réalisé un capteur au fonctionnement
relativement proche du précédent qui est une adaptation d’un capteur résonant sur quartz
d’une génération antérieure [1]. Ce capteur, dénommé P90, présente d’excellentes
caractéristiques (précision pleine échelle de 10-4) mais sa réalisation est complexe. Elle
comporte en particulier le collage de trois wafers de silicium ayant subi des procédés
d’élaboration différents. De plus, le vide est réalisé entre le wafer médiant et les wafers
extérieurs.
Nous proposons ici une étude de faisabilité d’un capteur de pression résonant réalisé à
partir de la membrane composite précédemment décrite qui présente une structure beaucoup
plus simple que celles détaillées ci-dessus.
Le principe de base de ce capteur est présenté sur la Figure 75. Une tension alternative
est appliquée entre les électrodes de la couche de PZT d’une membrane composite Si-PZT.
L’effet piézoélectrique du PZT provoque la vibration de la membrane. En se plaçant à la
fréquence d’un mode de résonance particulier, l’application d’une pression sur l’une des faces
-183-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
de la membrane doit provoquer une variation de cette fréquence. La variation de pression est
alors directement reliée à une variation de fréquence.
PZT
Membrane Si
Fréquence de résonance f
Fréquence de résonance f ’= f + Δf
Le banc de mesure en pression est présenté sur la Figure 76. Une pompe à palettes est
reliée à un porte-échantillon sur lequel repose la membrane. De la graisse à vide assure une
bonne étanchéité. Avec ce procédé, c’est une dépression qui est appliquée sur la partie
inférieure de la membrane. L’intensité de cette dépression est contrôlée par une fuite réglable
et est estimée par un capteur de pression indépendant dont l’incertitude de mesure est
d’environ 2 mbar. Le déplacement de la membrane est mesuré par le vibromètre laser
conformément à la Figure 72.
Laser
Excitation
alternative Membrane
Pompe Capteur de
pression
Fuite réglable Porte échantillon
-184-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
6.5.4 Résultats
6.5.4.1 Sensibilité
35
Fréquence de résonance (kHz)
30
25
20
15
0 20 40 60 80 100 120 140
Différence de pression appliquée entre le haut et le bas de la membrane (mbar)
L’étendue de mesure est d’environ 100 mbar car pour des dépressions plus
importantes, le déplacement du mode fondamental n’est plus détectable. La sensibilité
observée est de 115 Hz/mbar. La fréquence de résonance augmente avec la différence de
pression entre le haut et le bas de la membrane. Un décalage de fréquence en fonction de la
pression appliquée du même ordre de grandeur est observé sur le mode à 80,4 kHz entre 300
et 700 mbar. Le Tableau 27 rassemble les sensibilités normalisées observées dans la littérature
sur différents capteurs de pression résonant. La sensibilité normalisée est définie par
-185-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
1 ∆f
s= Équation 38
f 0 ∆P
A notre connaissance, la sensibilité mesurée sur ce capteur est la plus importante jamis
rapportée. Le coefficient de qualité Q intervient également dans la détermination précise de la
fréquence de résonance et donc dans la précision de mesure de la pression. Dans le cas de
notre capteur, le facteur de qualité est de 110 lorsqu’aucune pression n’est appliquée.
Pour que le capteur de pression soit autonome, il faut que la fréquence de résonance
soit mesurable sans utiliser le vibromètre laser. Une solution est d’observer les variations des
propriétés électriques du PZT aux environs de la fréquence de résonance. Physiquement,
lorsque le déplacement de la membrane est important, la déformation du PZT est également
importante et une tension piézoélectrique est générée qui se superpose à la tension
d’excitation créant ainsi une variance d’impédance du PZT à la résonance. La membrane
composite constitue un système résonant qui peut être modélisé près de la résonance par le
circuit équivalent présenté sur la Figure 78 appelé modèle de Mason.
-186-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
Cb
L R
Ca
9,0E-06
8,9E-06
8,8E-06
8,7E-06
Re(Admittance) (S)
8,6E-06
8,5E-06
8,4E-06
8,3E-06
8,2E-06
8,1E-06
18000 18100 18200 18300 18400 18500 18600 18700 18800 18900 19000
Fréquence (Hz)
-187-
Chap. 6 : Réalisation et caractérisation de membranes composites Si/PZT
6.5.5 Perspectives
6.6 Conclusion
-188-
Chap. 7 : Perspectives d’applications
7.1 Introduction
7.2 Micropompe
-189-
Chap. 7 : Perspectives d’applications
Temps (s)
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
-0,2
Déplacement de la membrane (µm)
-0,4 0V 0V 0V 0V
-0,6
-0,8
-1
En 1996, Gruverman et al. ont proposé une technique de détection des propriétés
piézoélectriques du PZT à l’aide d’un microscope à force atomique (AFM pour Atomic Force
Microscopie) [163]. Cette méthode, détaillée dans le paragraphe suivant, permet de réaliser
une cartographie de l’état de polarisation des domaines ferroélectriques du PZT. Ce mode de
fonctionnement particulier de l’AFM est appelé mode de réponse piézoélectrique. Au delà de
cette simple caractérisation, il est possible de polariser localement le PZT en appliquant une
tension continue entre la pointe de l’AFM et l’électrode inférieure de l’échantillon. Comme le
PZT présente une polarisation rémanente, cette région polarisée localement du PZT est visible
sur l’image obtenue par le mode de réponse piézoélectrique. Il est alors possible d’écrire, de
relire et d’effacer des données non volatiles inscrites électriquement sur le PZT et ce, sans
-190-
Chap. 7 : Perspectives d’applications
l’utilisation d’électrode supérieure. De plus, et c’est peut être l’aspect le plus intéressant, la
taille des domaines polarisables est inférieure à 100 nm. En 1996, Hidaka et al. communique
des domaines de 50 nm discernables sur des couches de PZT polycristallin sur substrat en
saphir [164]. En 1998, Tybell. et al. arrive à discerner des domaines de 30 nm de diamètre sur
du PZT épitaxié par pulvérisation cathodique off-axis sur substrat SrTiO3 laissant présager
des densités d’intégration de données de 25 Gbits/cm² [165]. En 1997, Gruverman et al.
montrent qu’il est possible d’orienter des domaines de 30 nm sur du PZT polycristallin déposé
sur un substrat silicium et mettent en évidence des problèmes de dépolarisation dans le temps
[166]. Ce phénomène est initié aux joints de grains. Cependant, ces mêmes joints de grains
permettent de confiner l’effet de polarisation sur un seul grain sans influencer l’état
ferroélectrique des grains voisins limitant ainsi le phénomène d’influence (cross-talk en
anglais).
Le Laboratoire de Métrologie des Interfaces Techniques (LMIT) de Montbéliard a mis
au point une technique similaire de réponse piézoélectrique sur un AFM. Une collaboration
est en cours avec cette équipe afin de caractériser les couches de PZT préparées au cours de ce
travail. Le but est d’étudier les potentialités réelles du PZT comme médium de stockage
d’informations sur des domaines élémentaires de quelques dizaines de nm. Les premiers
résultats obtenus sur nos couches sont détaillés.
-191-
Chap. 7 : Perspectives d’applications
Laser Déflexion
du levier
Photodiode
Echantillon
Déflexion constante
Force constante
Tube Piézo
7.3.3 Résultats
-192-
Chap. 7 : Perspectives d’applications
-193-
Chap. 7 : Perspectives d’applications
7.3.4 Perspectives
Les perspectives de ce projet sont d’élaborer des couches de PZT mieux adaptées à
cette technique. Pour l’élaboration du matériau, plusieurs développements sont possibles.
Bien que les grains ne correspondent pas exactement aux domaines ferroélectriques, nous
avons vu qu’ils jouent un rôle très important dans la taille des zones discernables dans le
mode de réponse piézoélectrique de l’AFM. Ainsi, plus les grains seront petits, plus la taille
-194-
Chap. 7 : Perspectives d’applications
de ces zones sera réduite. Le recuit rapide de cristallisation est un moyen efficace de diminuer
la taille des grains par rapport à un recuit classique. Les premiers essais obtenus sur une
couche de PZT d’environ 50 nm d’épaisseur révèlent une taille de grains d’environ 40 nm. Il
est également envisageable de réaliser des couches épitaxiées de PZT sur des substrats de
SrTiO3 dans le bâti de pulvérisation par une technique appelée « off-axis » qui consiste à
placer l’échantillon à 90° de la cible [168]. Cette méthode, rapportée pour la première fois en
1989 par Eom et al. de l’Université de Standford sur des films minces de YBCO, permet
d’améliorer l’homogénéité des dépôts, diminue l’énergie des espèces incidentes et supprime
l’effet néfaste de la repulvérisation du substrat par les ions négatifs [169]. Un autre point très
important est de diminuer la rugosité de l’échantillon. Sur les échantillons caractérisés
précédemment, la rugosité RMS est d’environ 5 nm. Les meilleurs résultats de la littérature
donnent une rugosité 10 fois plus faible [168]. Le facteur déterminant de cette rugosité semble
être la qualité du polissage initial du substrat qui peut être amélioré sur nos échnatillons.
L’étude et l’amélioration des propriétés de fatigue du PZT sont en cours [170]. La
diminution de la fatigue peut être obtenue en utilisant des électrodes pulvérisées de RuO2 qui
permettent de conserver l’orientation cristallographique du PZT [127]. Il est également
possible d’effectuer une polarisation sous ultra-violet qui permet de créer une charge d’espace
aux interfaces PZT-électrodes qui confère au PZT une plus grande stabilité des propriétés
ferroélectriques dans le temps [147].
L’idée est ensuite de réaliser un système permettant d’écrire, de lire et d’effacer des
données sur une couche mince de PZT. Une réalisation possible est un réseau de pointe AFM
ce qui serait une adaptation directe du mode de réponse piézoélectrique de l’AFM.
7.4 Conclusion
-195-
Conclusion générale
Conclusion générale
-197-
Conclusion générale
-198-
Conclusion générale
-199-
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