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Ressources documentaires.

Droit et protection de l’environnement – Module 1

Module 1 : Introduction au droit de l’environnement


Cécile DUCLAUX-MONTEIL OTT

Table des matières

Séquence 1 : Éléments d’histoire et définition du droit de l’environnement ........................ 2


Séquence 2 : Les spécificités du droit de l’environnement ................................................... 3
Séquence 3 : Les sources du droit de l’environnement ........................................................ 5
Annexes documentaires .................................................................................................... 7

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Ressources documentaires. Droit et protection de l’environnement – Module 1

Le Module 1 que nous allons étudier ensemble concerne l’introduction au droit l’environnement et
s’articule autour de trois séquences :

• Histoire et définition du droit de l’environnement


• Spécificités du droit de l’environnement
• Sources du droit de l’environnement

Séquence 1 : Éléments d’histoire et définition du droit de


l’environnement
A. QUELQUES ÉLÉMENTS D’HISTOIRE

Il faut d’emblée relever que les problèmes environnementaux ne sont pas nés avec l’essor de la
civilisation industrielle. Toutefois, le droit de l’environnement n’a véritablement pris son essor qu’en
1960, en réaction à un certain nombre de catastrophes liées aux marées noires ou autres pollutions
des mers, à la production d’énergie nucléaire et à l’industrie chimique.

(a) Concernant les marées noires, même si des marées noires avaient déjà eu lieu lors des deux
conflits mondiaux, le naufrage du pétrolier libérien Torrey Canyon, qui inaugure au large de la Grande-
Bretagne la série des marées noires le 18 mars 1967, avec plus de 77 000 tonnes d'hydrocarbures
déversées dans la Manche, allait frapper l'opinion publique.

(b) S’agissant de l’industrie chimique, l'explosion de plusieurs centaines de tonnes de nitrate


d'ammonium dans l'usine pétrochimique AZF, le 21 septembre 2001 à Toulouse, a tué 31 personnes
et blessé 2500 autres. Les dégâts matériels ont été estimés à environ deux milliards d'euros.

(c) Enfin, en ce qui concerne la production nucléaire, le 11 mars 2011, un tsunami ravageait la
partie nord-ouest de l'île d'Honshū, au Japon, faisant un nombre considérable de victimes, 18 079
morts et disparus, des blessés et des destructions considérables. Situées en bord de mer, deux
centrales nucléaires ont été touchées et celle de Fukushima-Daiichi complètement détruite.

B. DÉFINITION DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

La doctrine est constante sur un point : définir cette matière se révèle être une tâche particulièrement
ardue.

Usuellement, le terme « environnement » est utilisé comme synonyme pour d’autres notions dont il
se distingue pourtant, telles que l’écologie, les écosystèmes ou le cadre de vie.

Le terme environnement connaît une pluralité de définitions dépendant du domaine. Par conséquent,
le champ d’application auquel cette notion renvoie est trop vaste.

L’environnement comme notion commune est l’ensemble de l’air, l’eau, le sol, les ressources
naturelles, la faune et la flore, le paysage. Cela revient à considérer que le droit de l’environnement
regroupe l’ensemble de règles intéressant la totalité de ces éléments qui nous entoure.

Le Petit Robert définit lui l’environnement comme l’« ensemble des conditions naturelles (physiques,
chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) dans lesquelles les organismes vivants (en
particulier l’homme) se développent ».

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Pour la Cour internationale de Justice : « (...) l’environnement n’est pas une abstraction, mais bien
l’espace où vivent les êtres humains et dont dépend la qualité de leur vie et de leur santé, y compris
pour les générations à venir » (CIJ, Avis sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, 8
juillet 1996, § 29).

La définition du droit de l’environnement se trouve également dans sa justification. En effet, ce droit


est justifié par l’idée d’un droit pacificateur : lorsque que nous étudions les principaux accords
interétatiques de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, concernant les ressources naturelles ou les
pollutions, nous constatons qu’ils ont pour but premier d’assurer des relations de bon voisinage entre
les États souverains. Je vous invite, par exemple, à lire la sentence arbitrale rendue en 1941 entre les
États Unis et le Canada, Affaire de la Fonderie du Trail.

Ensuite, une approche utilitariste liée aux préoccupations d’hygiène et de promotion de l’agriculture
va également justifier des textes s’intéressant à l’environnement. Exemple : La convention de Paris du
19 mars 1902 sur la protection des oiseaux utiles à l’agriculture.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’approche utilitariste dite « anthropocentrique » et


celle qualifiée d’« éco centrique » vont se confronter. Aujourd’hui c’est une voie médiane, incarnée
par le développement durable, qui explique la protection de l’environnement.

En définitive, nous pouvons définir le droit de l’environnement comme l’ensemble de règles


juridiques ayant pour objectif d’assurer la préservation de l’environnement mondial.

J’espère que vous avez apprécié cette première séance. Je vous souhaite une bonne lecture et vous
remercie pour votre aimable attention.

Séquence 2 : Les spécificités du droit de l’environnement


A. LES CARACTÈRES ET LES TRAITS DISTINCTIFS DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

Qualifiant le droit de l’environnement d’un droit original, le Professeur Raphaël Romi, dans un de ses
ouvrages sur le droit de l’environnement dit plutôt que c’est un « droit contre » : le développement
industriel incontrôlé, les catastrophes naturelles, technologiques et l’effet de serre

C’est un droit qui a une dimension universaliste : marqué par le phénomène de mondialisation et de
globalisation.

C’est un droit transversal mais autonome : il est au croisement de plusieurs disciplines juridiques. Il
est en interaction avec d’autres branches de droit. Il a un champ d’application vaste parce qu’il couvre
une pluralité de secteurs ou d’activités1.

C’est un droit technique et complexe : il est profondément marqué par sa dépendance étroite à la
science et à la technologie.

1Une sous branche liée aux éléments composant l’environnement (droit de l’air, de l’eau, du sol) ; une sous
branche liée aux activités humaines (lois réglementant la chasse, la pêche, l’énergie) ; une sous branche liée aux
activités nuisibles ou polluantes pour l’environnement (droit des installations classées, droit des risques naturels
ou industriels).

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Ressources documentaires. Droit et protection de l’environnement – Module 1

C’est un droit à vocation finaliste : l’objectif majeur du droit de l’environnement est de contribuer à
la meilleure protection possible de l’environnement.

C’est un droit qui présente la particularité d’être à la fois préventif et curatif : naturellement
préventif, il est tourné vers l’avenir et mu par la volonté d’anticiper l’événement. En mettant en œuvre
son rôle curatif, le droit de l’environnement est animé par la nécessité de réparer les erreurs du passé
à travers ses fonctions répartitrices et répressives.

Le droit de l’environnement est également porteur de concepts qu’il développe et qui sont adaptés
aux défis nouveaux que connaît la société. Nous pouvons citer à titre d’exemple : le concept de
développement durable, le concept d’irréversibilité, etc.

B. DROIT DE L’ENVIRONNEMENT ET LES DROITS VOISINS

Environnement et Santé

Les dégradations de l’environnement, qu’il soit physique ou social, peuvent constituer des agressions
pour la santé. La santé, apparaît ainsi, comme l’un des domaines de référence privilégié des problèmes
de l’environnement. Des maladies à l’instar des maladies respiratoires aiguës comme la pneumonie,
notamment, sont causées par les polluants de l’air, en l’occurrence du plomb et de l’oxyde de carbone.
Le lien de causalité entre les problèmes d’environnement et des questions de santé publique établi
par la communauté scientifique a amené les juristes à construire plus d’une réponse juridique. Ainsi
plusieurs principes, que vous étudierez dans un prochain Module, ont été développés.

Droit de l’environnement et droit de l’urbanisme

Le droit de l’environnement est un droit carrefour ayant une existence propre mais rayonnant sur
d’autres droits dont il ne peut être isolé.

C’est le cas du droit de l’urbanisme qui peut être défini comme l’ensemble des études et des
conceptions ayant pour objet l’implantation et l’aménagement des villes. Le droit de l’urbanisme régit
l’affectation de l’espace qui ne peut être dissociée de la qualité du milieu défendu par le droit de
l’environnement.

Avec l’avènement des villes durables, qui respectent les principes du développement durable, les
projets d’aménagement urbains doivent, désormais, faire l’objet d’une évaluation de leurs incidences
sur l’environnement.

Droit de l’environnement et Droits de l’homme

L’article 3 de la Charte des Droits de l’homme et l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils
et politiques ont proclamé le droit intangible de tout homme à la vie et à un milieu de vie sain.

Désormais, l’homme n’est plus conçu comme séparé de la nature et en rupture avec elle, mais il
constitue un élément et l’aboutissement d’une longue évolution. Le droit de l’environnement est venu
régler les rapports et l’équilibre entre l’homme et la nature. En effet, les droits fondamentaux de
l’homme ne peuvent s’épanouir que dans un environnement sain.

C’est ainsi que ce droit a pour but d’empêcher, de supprimer ou de limiter les impacts négatifs ou
dangereux des activités humaines sur les éléments et les milieux naturels. Il évolue en étroite

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dépendance avec l’évolution de la science et de la technologie. Une bonne gérance s’impose pour
préserver la qualité de la vie et pour sauvegarder « les droits des générations futures ».

Séquence 3 : Les sources du droit de l’environnement


Nous examinerons successivement, les sources internationales du droit de l’environnement, les
sources nationales et les autres sources du droit de l’environnement.

A. LES SOURCES INTERNATIONALES DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

Il existe une multitude de conventions internationale. Et c’est principalement grâce à elles que petit à
petit, secteur par secteur, le droit de l’environnement s’est développé. Il ne s’agira pas d’en faire une
présentation exhaustive, ni même d’en considérer les principales, chacune ayant une signification
particulière.

1. Les conventions à portée universelle : elles sont souvent adoptées lors de grandes conférences et
signées dans le cadre des Nations unies et de ses institutions spécialisées. Exemple : La convention sur
la diversité biologique et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de
1992

2. Les traités régionaux : ils sont également nombreux et diversifiés

Europe : la Convention d’Aarhus sur l’accès à l’information, la participation du public au processus


décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement en 1998.

Afrique : la Convention africaine de Maputo du 11 juillet 2003 sur la conservation de la nature et des
ressources naturelles remplace la Convention d’Alger de 1968. La Convention de Maputo « modifie,
substantiellement, la convention d’Alger afin de l’adapter aux nouvelles conceptions comme le
développement durable ».

Amérique : la Convention de Washington de 1940 pour la protection de la flore, de la faune et des


beautés panoramiques naturelles des pays de l’Amérique

Asie : la Convention régionale de Koweït sur la coopération pour la protection de l’environnement


marin contre la pollution de 1978.

Antarctique : il fait l’objet d’une protection particulière avec la Convention de Londres sur la protection
des phoques de l’Antarctique de 1972, le Protocole au traité sur l’Antarctique sur la protection de
l’environnement, signé à Madrid en 1991.

Les accords internationaux en matière d'environnement sont importants, puisqu'ils permettent à


différents pays de travailler ensemble pour trouver des solutions aux enjeux environnementaux
cruciaux ayant un caractère transnational ou mondial, notamment la pollution atmosphérique, les
changements climatiques, la protection de la couche d'ozone et la pollution des océans.

B. LES SOURCES INTERNES

Le droit de l’environnement trouve aussi ses fondations au sein des ordres juridiques internes.

Les lois et les règlements : ce sont des sources importantes du droit de l’environnement car les
questions liées à l’environnement y sont traitées de façon bien spécifique. Pour mieux cadrer avec les

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réalités actuelles en matière de défis environnementaux, ces textes de lois font l’objet d’un
encadrement juridique progressif.

La constitutionnalisation du droit de l’environnement : depuis la conférence de Stockholm en 1972,


La constitutionnalisation du droit de l’environnement est désormais réalisée dans la plupart des pays.
Cette constitutionnalisation engendre de nombreuses conséquences importantes : par exemple, la
clause constitutionnelle reconnaissant le droit à l’environnement est considérée, par plusieurs auteurs,
comme une clause de non régression.

C. LES AUTRES SOURCES DE DROIT

La coutume : elle ne semblait pas être une norme permettant la consécration de la norme
environnementale. Elle a dû s’adapter dans son mode de formation pour devenir créatrice de normes
environnementales. Dans l’affaire Fonderie du Trail (Canada c États-Unis) de 1941, par exemple, la
juridiction arbitrale développe le principe d’abus de droit, qui sera repris de façon générale par la Cour
en 1949 dans l’affaire Détroit de Corfou, « aucun État ne peut utiliser son territoire aux fins d’actes
contraires aux droits des autres États »2.

La jurisprudence et le rôle du juge : la CIJ s’est intéressée à l’environnement dès 1949, avec l’affaire
Détroit de Corfou, en posant le principe fondamental d’interdiction d’utilisation par un État de son
territoire à des fins d’actes contraires aux droits des autres États.

Pour le juge national, le droit environnemental international est surtout pertinent quand il s’ajoute au
corpus de lois nationales, par le biais de la ratification, l’incorporation ou la transposition. Pour
résoudre un problème environnemental particulier, les juges doivent prendre en considération toutes
les lois nationales et locales pertinentes. Leur rôle est fondamental, car il existe de nombreuses
nuances subtiles des situations particulières qu’ils rencontrent dans des affaires individuelles.

La doctrine : elle ne crée pas directement le droit mais y contribue. Elle aide à la réflexion des juges

Les actes unilatéraux des États : un acte unilatéral est une manifestation unilatérale de volonté
imputable à l’État, produisant volontairement des effets de droit. L’État, auteur d’une déclaration
unilatérale, ne peut se rétracter arbitrairement dès lors que cette déclaration crée une obligation
juridique. Exemple : C.I.J, Affaire Essais nucléaires, Australie c. France, 20 décembre 1974 §§ 51 et 53

Les actes unilatéraux des organisations internationales : ils ne sont pas identiques aux actes des États.
Un acte unilatéral d’une organisation internationale devra respecter la charte constitutive de
l’organisation internationale

Les traditions religieuses : les traditions religieuses du monde entier constituent une base pour le droit
de l’environnement.

Les communautés traditionnelles : ces communautés traditionnelles ont développé des savoirs
pertinents pour la protection de leur environnement et de leurs ressources.

Les principes de droit de l’environnement : ils constituent une catégorie de normes spécifiques. Vous
les étudierez au module 2.

2 C.I.J Détroit de Corfou, arrêt sur le fond, 9 avril 1949, Rec,.,C.I.J, 1949, p.4

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Ressources documentaires. Droit et protection de l’environnement – Module 1

CONCLUSION

Si l’émergence du droit de l’environnement a été favorisée par les grandes catastrophes


environnementales, il s’est également façonné autour des systèmes d’accords multilatéraux et
internes. C’est un droit dynamique, en constante évolution qui s’adapte aux évolutions de nos sociétés.

Par ce bref résumé, nous arrivons au terme de ce Module. Je vous remercie pour ce temps passé
ensemble et vous souhaite une bonne continuation pour la suite de votre MOOC.

N'oubliez pas de retourner sur la plateforme de formation pour répondre au


questionnaire d’évaluation et valider vos connaissances ! C’est nécessaire si vous
souhaitez obtenir votre attestation en fin de session.

Annexes documentaires

Manuel pour la formation des magistrats


africains : Emmanuel D. Kam Yogo, 2018,
Manuel judiciaire de droit de l’environnement en
Afrique. IFDD, Québec, Canada, 252 p.

Cliquer sur l’image pour y accéder

Guide méthodologique sur la mesure de


l’efficacité des législations environnementales :
Michel Prieur, 2018, Les indicateurs juridiques.
IFDD, Québec, Canada, 188 p.

Cliquer sur l’image pour y accéder

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Ressources documentaires. Droit et protection de l’environnement – Module 1

Guide à l’usage des décideurs : Georges et Kitty


Pring, 2017, Cours et tribunaux de
l’environnement. IFDD, Québec, Canada, 138 p.

Cliquer sur l’image pour y accéder

Revie africaine du droit de l’environnement :


La Revue Africaine de Droit de l'Environnement
(RADE) est publiée sous l'égide de la Commission
mondiale du droit de l'environnement (CMDE),
avec l'appui de l'Institut de la Francophonie pour
le Développement Durable (IFDD), organe
subsidiaire de l'Organisation internationale de la Cliquer ici pour y accéder
Francophonie (OIF) et le soutien de l'Université
Senghor d'Alexandrie. Elle vise à promouvoir
l'essor du droit de l'environnement et à
renforcer son effectivité en Afrique, par la
diffusion d'informations et d'idées, et le partage
d'expériences et de bonnes pratiques.

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