Il s’agit de la purification constante dont le chrétien
bénéficie durant toute sa vie. D’après le temps du verbe, il est dit : " nous purifie constamment ". Il s’agit d’un processus continu dont nous pouvons bénéficier journellement si nous demeurons en communion avec Dieu en réalisant les conditions des v. 7 et 9.
" Cette purification par le sang de Jésus que Jean
enseigne avec toute l’Ecriture (2.2; 4.10) n’est pas l’effet de la première appropriation que le pécheur se fait du sacrifice du Christ, et par lequel il est justifié et réconcilié avec Dieu, car il s’agit, dans notre passage, d’hommes qui marchent dans la lumière et sont déjà en communion avec Dieu. Mais Jean leur montre, dans la puissante et perpétuelle efficace du sacrifice de la croix, un moyen de conserver cette communion, en obtenant toujours de nouveau le pardon des fautes dans lesquelles ils tombent journellement. C’est pourquoi il emploie le verbe au présent : son sang nous purifie, indiquant l’action permanente du sacrifice du Christ. Cet immense privilège leur est assuré, si d’autre part ils sont sincères dans leurs efforts pour se tourner constamment vers la lumière. Du reste, le sang de Jésus, le sacrifice de la croix, en tant qu’il est un moyen de pardon et de réconciliation avec Dieu, est en même temps un moyen de purification intérieure du péché, ou de sanctification, et de la sorte il contribue aussi à affermir l’âme dans la communion avec Dieu " (BA NT 4p. 254).
Le temps présent du verbe indique qu’il s’agit d’une
purification constante. Trop souvent, dit Jackman, nous nous privons des joies de la marche dans la lumière parce que nous n’osons pas revenir constamment à Dieu avec les mêmes péchés pour en demander pardon. C’est tomber dans le piège du diable. Le temps présent du verbe et la mention de " tous les péchés " est une glorieuse invitation. " Nous ne pouvons jamais venir trop souvent à Dieu si nous venons dans un esprit d’humble repentance et de foi active. C’est parce que ce sang est celui du Fils de Dieu qu’il a une telle vertu. Sa puissance de purification s’étend à chacun et à tous les péchés. Marcher dans la lumière signifie devenir de plus en plus conscient de ce qui empêcherait notre communion avec Dieu et avec les autres chrétiens et, à mesure que le péché est révélé, ne pas courir pour se replonger dans les ténèbres " (D. Jackman The Message of John’s Letters p. 31).
Le mot d’ordre du Réveil du Ruanda était " Repentance
immédiate " dès que l’on prenait conscience d’une attitude fausse qui nous séparait de Dieu et des frères. J’ai ainsi entendu une traductrice d’un des frères du Ruanda exprimer la pensée d’orgueil qui lui était venue pendant sa traduction et demander à Dieu de l’en purifier.
1 Jean 1.7
Pourquoi avons-nous besoin d’être purifiés si
nous marchons dans la lumière ?
" De quel péché avons-nous besoin d’être purifiés si
nous marchons dans la lumière ? Alford, conscient de cette difficulté, souligne qu’ici et dans le v. 9, la purification indique ‘une sanctification distincte de la justification’. Ebrard juge que le v. 9 impose cette interprétation. Mais il serait inhabituel d’attribuer ce bienfait au sang de Jésus. Law, pour qui ‘lumière’ signifie révélation plutôt que sainteté, ne voit rien de choquant dans la présence de péchés chez ceux qui ‘marchent dans la lumière’. Il va plus loin et écrit : ‘marcher dans la lumière’ c’est avant tout confesser le péché ; marcher dans les ténèbres, c’est ignorer ou nier le péché. Mais si ‘lumière’ signifie sainteté autant que révélation, marcher en elle c’est non seulement vivre dans l’honnêteté, mais au moins jusqu’à un certain point, dans la pureté également. Ainsi donc, il y aurait ici une allusion à la purification non de péchés délibérés, mais de tout péché, même ceux commis inconsciemment ou, comme cela peut être suggéré par l’emploi du singulier péché, de la souillure de la nature déchue. Ce qui est clair, c’est que si nous marchons dans la lumière, Dieu a fait le nécessaire pour nous purifier de tout péché qui autrement troublerait notre communion avec lui et avec autrui. Cette disposition prise par Dieu, c’est le sang de Jésus son Fils, autrement dit la vertu de sa mort pour nos péchés (L’évêque Westcott, dans une note complémentaire, soutient que " par l’effusion du sang, la vie qui était en lui n’a pas été détruite, bien que séparée de l’organisme qu’il avait vivifié auparavant ". Ainsi la " participation au sang de Christ est participation à sa vie … la simple idée de la mort du Christ, séparé de sa vie, rejoint tout à fait l’arrière-plan des écrits de Jean ". Brooke est d’accord, et il décrit le sang du Christ comme " la puissance de la vie de Christ … rendue libre par la mort, pour un service plus large que celui qui était possible dans les limites d’une vie humaine en Palestine à une époque déterminée ". Mais cette interprétation a été sérieusement combattue par A.M. Stibbs dans un ouvrage sur la signification du mot sang dans l’Ecriture (The Meaning of the Word " Blood " in Scripture, Tyndale Presse, 1948), où il montre clairement que le sang dans la Bible (par ex. Lévitique 17:11) ne signifie pas simplement la " vie ," mais la " vie ôtée violemment ; c’est l’indication de la vie, soit offerte, soit prise par la mort " (p. 33).). C’est la seule référence explicite dans l’épître à la puissance salvatrice de la mort de Jésus-Christ ; mais on perçoit des allusions dans : le Fils est venu pour être le ‘Sauveur du monde’ (4.14), ‘comme victime expiatoire pour nos péchés’ (4.10 ; cf. note sur 2.2) et ‘afin que nous vivions par lui’ (4.9). L’efficacité de cette mort pour nos péchés réside dans le caractère unique de la personne de celui qui mourut. Il était à la fois homme (Jésus) et Dieu (son Fils). La condition pour recevoir la purification par le sang du Christ et pour jouir de la communion les uns avec les autres, c’est de marcher dans la lumière, d’être sincère, ouvert, honnête et transparent " (J. Stottep. Jean p. 71- 72). " Le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. N’est-ce pas nous ramener aux rudiments de la conversion chrétienne ? et l’âme qui jouit de la communion divine a-t-elle des péchés dont il serait nécessaire de la purifier ? Tout à l’heure, saint Jean va rappeler que tout vrai chrétien doit se reconnaître coupable d’avoir péché ‘et qu’il peut tomber encore dans le péché’ : il a donc besoin d’être purifié de ses péchés actuels, et non pas seulement d’être débarrassé du principe de péché que tout homme porterait en lui, suivant l’exégèse que certains interprètes donnent de ce passage. Tous les péchés ne détruisent pas la communion avec Dieu et, d’autre part, la purification est d’autant plus complète, que l’âme est plus attachée à Dieu par un amour parfait, plus en communion avec lui. C’est pour cela que cette purification est présentée (au présent) comme une action continue : plus l’âme avance dans l’amour de Dieu, plus elle est pure et purifiée : aussi bien les saints demandent-ils à Dieu, jusqu’à la veille d’entrer en sa gloire, d’être purifiés et pardonnés " (J. Bonsirvenep. St Jean p. 91).