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Chapitre 4
INTRODUCTION A LA GEODESIE
PHYSIQUE
Didier BOUTELOUP
Cellule pédagogique et de recherche en astro-géodésie
Didier.bouteloup@ensg.ign.fr
(33) 01 64 15 31 37
CHAPITRE 4 : INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE
CHAPITRE 4
INTRODUCTION À LA GÉODÉSIE PHYSIQUE
1 Introduction ___________________________________________________________ 3
2 Rappels sur la notion de potentiel __________________________________________ 3
2.1 Gradient_____________________________________________________________ 3
2.2 Potentiel _____________________________________________________________ 3
3 Champ de pesanteur terrestre _____________________________________________ 4
3.1 Bilan des forces en un point ______________________________________________ 4
3.1.a Force de gravitation universelle __________________________________________________ 4
3.1.b Force centrifuge ______________________________________________________________ 5
3.1.c Accélération de pesanteur_______________________________________________________ 5
3.2 Verticale; déviation de la verticale _________________________________________ 5
3.2.a Définitions __________________________________________________________________ 5
3.2.b Coordonnées géographiques géodésiques et astronomiques______________________________ 7
3.3 Potentiel de gravité _____________________________________________________ 9
3.3.a Définition___________________________________________________________________ 9
3.3.b Potentiel créé par une sphère homogène ___________________________________________ 10
3.3.c Développement en harmo niques sphériques ________________________________________ 10
3.4 Géoïde _____________________________________________________________ 13
3.4.a Potentiel centrifuge __________________________________________________________ 13
3.4.b Potentiel de pesanteur ; géoïde __________________________________________________ 13
3.4.c Dénivellée élémentaire ________________________________________________________ 14
3.5 Potentiel d'un corps à symétrie ___________________________________________ 15
3.5.a Simplification du développement ________________________________________________ 15
3.5.b Champ en J2 _______________________________________________________________ 15
1 Introduction
Dans tout ce chapitre, nous supposerons toujours que la Terre est un système isolé :
c'est-à-dire que nous négligerons l'influence de la Lune, du Soleil et des autres corps
célestes. Entre autres, nous ne prendrons pas en considération les phénomènes de
marées.
2.1 Gradient
R 3 → R
U
M → U(M )
∂U
∂x
R 3 → R 3
grad U avec grad U ∂U
M →grad U(M )
∂y
∂U
∂z
2.2 Potentiel
R 3 → R 3
Soit F un champ vectoriel de l'espace; F .
M → F(M )
On dit que F dérive d'un potentiel si et seulement si il existe une fonction scalaire
U de l'espace telle que, en tout point M, F(M ) = grad U(M ) .
k
Au niveau élémentaire, considérons une
fraction élémentaire de la Terre, de uP' j
O
volume d v , de densité ρ et de centre de
i
gravité P ′ . Si la masse de ce morceau
λ
élémentaire est d m′ , on a: ρd v = d m′ . P'
(d m ')
m d m′ uuur ρ d v uuur
∫∫∫
Terre T
−G
l 2
u P′ = −Gm∫∫∫ 2 uP′
T
l
Remarquons que ρ, uP ′ et l dépendent du volume élémentaire considéré.
r r
g est exprimé en m / s2 , en gal (1 gal = 1 cm / s2 ) ou en mgal. g est mesurable
avec un gravimètre avec une précision de l'ordre de quelques µgal. Numériquement,
uur uur
à l'équateur g e ≈ 9,78 m/s2 et au pôle g p ≈ 9,83 m/s2 . Il s'agit par exemple de
l'accélération d'un corps en chute libre.
ur r
Nous noterons désormais g = g .
ρd v
Le terme − G ∫∫∫ u P ′ est appelé accélération gravitationnelle.
Terre l
2
3.2.a Définitions
Autrement dit, la verticale est "la direction du fil à plomb". Le plan passant par
r
M et orthogonal à v est le plan horizontal. On appelle zénith la direction définie
uur uur
par +v et nadir la direction opposée de −v .
r r r r
On appelle déviation de la verticale l'angle θ entre n et v . On a cos θ = n ⋅ v .
r r uur
Si n ≠ v , définissons un vecteur normal Tα
r r r uur g
orthogonal à n et coplanaire avec n et v . Tα ellipsoïde
est donc un vecteur du plan tangent et peut
Fig. 2 : Vecteurs g et n
s'écrire:
uur uur uuur
Tα = sin α Tp + cos α Tm
r v
v s'exprime alors: n
v = cos θ n + sin θ Tα θ η
ξ Tα
Il est clair que θ étant un angle infiniment Tm Tp
cos θ ≈ 1 α
petit, et les composantes de v dans le
sin θ ≈ θ
θ sin α
M
repère local sont vθ cos α , où θ cos α et
1 Fig. 3 : Décomposition de la
R L déviation de la verticale
θ sin α sont des angles infiniment petits.
Tm v n
Il est clair que, par définition de L , a θ T1
a T2
Tp
priori, R ≠ R 1− (ξ ) R +2 (η )R L .
La g M
O ϕ
Cherchons une relation entre les g
coordonnées astronomiques (λa ,ϕ a ) , λg
ϕ
les coordonnées géographiques λg ,ϕ g ( ) a
cos λa cos ϕ a η
v sin λ a cos ϕ a et v ξ
sin ϕ 1
a R R
Lg
− sin λg cos λg
0
R = − sin ϕ g cos λ g − sin ϕ g sin λg cos ϕ g
cos ϕ g cos λ g cos ϕ g sin λg sin ϕ g
3.3.a Définition
R 3 → R
uuur
Considérons f P′ G d m′ où l = P′P
P → f P′ (P ) =
l
d m′
On peut montrer que −G u P′ = grad f P′ (P ) . Ainsi, l'accélération
l2
G d m′ Gρ d v
gravitationnelle exercée par d v sur P dérive du potentiel = .
l l
Globalement , au niveau de la Terre, on peut écrire:
ρdv Gρ d v Gρ d v
− G ∫∫∫ u P′ = ∫∫∫ grad = grad ∫∫∫
Terre l l T l
2
T
uuur
Si on note r = OP , on peut montrer que le potentiel gravitationnel créé par la
sphère a pour expression:
V (P ) =
GM
r
Fig. 5 : Colatitude de P
GM + ∞ n a
n
V= 1+ ∑ ∑ [C nm cos(m λ ) + S nm sin (m λ )]P nm (cos θ )
r n =1m =0 r
C n 0 = C n
On note aussi
Sn 0 = Sn
Gm
• Le premier terme correspond au modèle d'une sphère homogène, et
r
les autres termes du développement peuvent donc s'interpréter comme
des "corrections" par rapport à ce modèle.
GM +∞ n a
[ ]
n
Et V s'écrit: V= ∑ ∑ J n m cos (mλ ) + K n m sin (mλ ) Pn m (cos θ )
1 −
r n =1 m =0 r
Exemples
3.4 Géoïde
R 3
→R
Soit la fonction scalaire Φ définie parΦ 1 2 2
P → Φ (P ) = ω T p
2
uur
Il se démontre rapidement que ω T2 p u λ = grad Φ ; c'est-à-dire que
l'accélération centrifuge dérive du potentiel Φ .
r
Notons W = V + Φ . Il est clair que l'accélération de pesanteur g dérive du
potentiel W. W est appelé potentiel de pesanteur.
W = W2
r
ligne de force
N
ellipsoïde U = W0
M 0′ Q0
hM ≈ H M + N P
∂W
∂X
∂W
Il est clair que g .
∂Y
∂W
∂Z
( I,J,K )
∂W ∂W ∂W ∂W
Or au voisinage de M = = 0 donc = −g et d W = − d Z.
∂X ∂Y ∂Z ∂Z
Si on note d Z = d n , on a d W = −g d n
(ii) La symétrie par rapport au plan équatorial impose que, quel que soit θ,
W(π − θ ) = W(θ ) . Or Φ (π − θ ) = Φ (θ ) , donc V(π − θ ) = V(θ ) .
Imposer cette contrainte à V revient à faire disparaître les polynômes
de Legendre de degré impair:
J2 n+1 = 0
GM + ∞ a
2n
V= 1 − ∑ J 2 n P2 n (cosθ )
r n =1 r
3.5.b Champ en J2
GM +∞ a 1
2n
W= 1 − ∑ J 2 n P2 n (cos θ ) + ω T2 r 2 sin 2 θ
r n =1 r 2
1 d2 2
P2 (x ) = 2 2
2 2! d x
(
x − 1
2
) [ ( )] (
= 1 × d 2 × 2 x x 2 − 1 = 1 3x 2 − 1
8 d x 2
)
On aboutit au GM a
2
1 − 3 cos 2 θ 1 2 2
champ en J2: W≈ 1 + J 2 + ω T r sin 2 θ
r r 2 2
4.1 Problématique
L'expression de VN est:
GM c 1 q 2 1
VN = arctan + ω T2 a 2 sin β −
c u 2 q0 3
1 u2 u
avec: • q (u ) =
c
1 + 3 2 arctan − 3
2 c u c
On aboutit à l'expression de U:
q 2 1 1
U(u, β ) =
GM c 1
arctan + ω T2 a 2 sin β − + ω T2 v 2 cos 2 β
c u 2 q0 3 2
(i) à l'équateur:
ω T2 a 2 b
m =
GM (')
m
q0
1 − m − e ′ avec
γe = GM
2
a b 6 q 0 q (') = − v × d q
c du
(') u 2 u c
q (u ) = 31 + 2 1 − × arctan − 1
c c u
On trouve
q (') = q (') (b ) = 31 + 1 1 − arctan e′ − 1
0 e ′ 2 e′
(ii) au pôle:
GM m q 0
(')
γp = 1 + e′
a 2 3 q 0
a γ p sin 2 β + b γ e cos2 β
γ=
a 2 sin 2 β + b2 cos2 β
Or, sur l'ellipsoïde de référence, β = ψ est lié à la latitude
géographique ϕ:
sin ψ = b sin ϕ
aw
cos ϕ
cosψ =
w
On en tire la formule de Somigliana :
aγ e cos 2 ϕ + bγ p sin 2 ϕ
γ0 =
(a 2
cos 2 ϕ + b 2 sin 2 ϕ )
1/ 2
h M
r
γp r
b γ0 M0
ϕ r
γe
a
Fig. 9 : Pesanteur normale sur l'ellipsoïde.
a −b
f =
a
ω a b
2 2
m=
GM
2 3 2
γ = γ 0 1 − (1 + f + m − 2 f sin ϕ ) h + 2 h
2
a a
où f est l'aplatissement de l'ellipsoïde. Ces formules sont utilisées dans les calculs de
certains types d'altitudes et pour la réalisation de géoïdes gravimétriques.
e2 e′
• J2 = 1 − 2m ,
3 15q 0
• tous les termes J 2n se déduisent du terme J2 par une formule de
récurrence.
e2 ω 2a 3e
J2 = 1 − 2 T où q0 est fonction de e seulement.
3 15GM q 0
Cette dernière fonction n'est pas explicite en e, mais permet tout de même de
déterminer e, par exemple de manière itérative.
Ainsi, le dernier ellipsoïde de référence recommandé pour servir de surface
géométrique de référence et de surface équipotentielle du champ de pesanteur
normal est l'ellipsoïde GRS 1980 (Geodetic Reference System 1980), adopté par
l'Association Internationale de Géodésie en 1979, et défini de manière dynamique:
• a= 6 378 137 m
• GM = 3 986 005 108 m3 / s 2
• J2 = 108 263 10 −8
• ω T = 7292115 10−13 rad/s
5 Systèmes d'altitude
5.1 Introduction
∆CM
M′
est mesurable. En effet:
• g est mesurable sur la surface terrestre avec un gravimètre.
• d n est mesurable avec un niveau
et deux mires. Le niveau
matérialise l'horizontale en S, et
les deux mires sont maintenues Wn
verticales en A et B. Si la distance PN
5.3 Altitude
D'une manière générale, l'altitude d'un point M est son éloignement d'une surface de
référence proche du géoïde. Comme on l'a vu ci-dessus, la technique du nivellement
utilisée seule fournit une dénivelée entre deux points qui dépend du chemin suivi. Seule
la différence de potentiel entre les deux points est invariante. On est donc conduit à
adopter la définition générale suivante de l'altitude d'un point M :
(*) W ( A) − W ( M )
H( M ) =
γ (*) ( M )
A est un point de référence dont l'altitude est conventionnellement nulle, par exemple
le niveau moyen enregistré par un marégraphe. Le symbole (*) distingue les différents
types d'altitude. γ (*) ( M ) est une fonction du seul point M qui a la dimension d'une
accélération. Comme la différence de potentiel ne dépend pas du chemin suivi, la formule
ci-dessus garantit une définition correcte et sans équivoque de l'altitude. Le choix de la
fonction γ (*) ( M ) détermine le type d'altitude. En particulier, si la valeur de γ (*) ( M )
est proche de la valeur de la pesanteur entre M et le géoïde, H((*) M ) est proche de la
(D ) W ( A) − W ( M )
On appelle altitude dynamique la grandeur H ( M ) =
γ (*) ( M )
Les altitudes dynamiques H ( D) sont définies en choisissant pour γ (*) ( M ) une constante
notée γ ( D) égale à la pesanteur normale sur l'ellipsoïde, à la latitude de 45°. γ ( D) se
calcule par la formule de Somigliana. Les altitudes dynamiques ont un intérêt
scientifique évident : elles sont directement proportionnelles aux différences de
potentiel et leur interprétation physique est très simple. Elles peuvent cependant
s'écarter des hauteurs au-dessus du géoïde de 0,25 %, ce qui n'est pas tolérable pour
de nombreuses applications où l'aspect géométrique prime sur la physique. Il est
commode d'ajuster les réseaux de nivellement de grande étendue (nationaux ou
continentaux) en altitude dynamique, quitte à les transformer ensuite en altitudes
usuelles. La référence théorique des altitudes dynamiques est le géoïde.
5.5 Altitude orthométrique
force du champ de pesanteur ( M 0 M sur la figure 10). Ce type d'altitude est donc très
proche de l'altitude commune, la "hauteur au-dessus du niveau de la mer". La valeur
moyenne de g sur l'arc de ligne de force M 0 M est :
1
H ((MO)) M∫0 M
g~ = g ⋅ ds
H((MO))
h
Marégraphe
A géoïde W=W(A) M0
N
ellipsoïde U = W0
M 0′ Q0
Une formule pratique est obtenue en remplaçant g% par la valeur de g au point milieu
H ((O)
entre M 0 et M, à l'altitude , obtenue par un développement limité :
M)
2
W ( A) − W ( M)
H ((MO)) =
1 ∂g
g (M ) + ⋅ H ((MO))
2 ∂H moy
∂g
est le gradient moyen de la pesanteur entre M et M 0 , g(M) est la pesanteur
∂H moy
réelle en M, sur la surface topographique. Le calcul de H((MO)) à partir de W (A ) − W ( M)
est itératif mais peut être remplacé par :
W ( A) − W ( M ) 1 ∂g W ( A) − W ( M )
H ((MO)) = 1−
g (M) 2 ∂H moy (g (M) ) 2
∂g
La modélisation de est délicate, il existe plusieurs choix possibles et donc plusieurs
∂H
sous-types d'altitudes orthométriques. Pour les altitudes orthométriques de Helmert,
qui sont la meilleure réalisation des altitudes orthométriques, on part d'une formule due
à Bruns (Heiskanen et Moritz, 1967, p. 53) :
∂g
= −2 gJ + 4 πGρ − 2 ω 2
∂H
J est la courbure moyenne du géoïde au point M 0 , ρ est la masse volumique de la croûte
terrestre. On approxime la courbure du géoïde par celle de l'ellipsoïde, g par
l'accélération normale et on prend pour ρ une valeur moyenne, en général 2670 kg m −3.
Cela donne le gradient de Poincaré-Prey :
∂g
= −0,848 × 10 −6 s −2 = −0,0848 mGal/m
∂H moy
La référence idéale des altitudes orthométriques de Helmert est le géoïde, dans la
mesure où la masse volumique réelle de la croûte terrestre est bien représentée par la
valeur moyenne adoptée.
Pour les altitudes dites orthométriques normales3 , on remplace le gradient moyen
∂g
dans la formule) par le gradient moyen de la pesanteur normale. La référence
∂H moy
idéale des altitudes orthométriques normales n'est donc pas exactement le géoïde.
Relation entre altitude orthométrique et hauteur ellipsoïdale
La ligne de force du champ de pesanteur (MM 0 ) et la normale à l'ellipsoïde (MM′0) ne
différant que par la courbure de la ligne de force et la déviation de la verticale (voir
figure), on peut , à 1 mm près transformer une altitude orthométrique de Helmert en
hauteur ellipsoïdale par :
h ≈ N + H ( O)
où N est la hauteur du géoïde sur l’ellipsoïde.
5.6.a Définition
On appelle surface sphéropotentielle d'un point M la surface équipotentielle du champ
normal, dont le potentiel normal est égal au potentiel réel de M . Le point Q est
l'intersection de la sphéropotentielle et de la ligne de force. L'altitude normale de M
est la hauteur Q 0Q de la surface sphéropotentielle au-dessus de l'ellipsoïde, prise le
long de la ligne de force du champ normal. L'arc de ligne de force compris entre Q et M
est l'anomalie d'altitude ζ . γ~ est l'accélération normale moyenne sur l'arc de ligne de
force du champ normal Q 0 Q :
1 U( Q0 ) − U(Q) W ( A) − W ( M )
γ~ = ∫ γ (h ) ⋅ ds = =
H ((NM)) Q 0Q H ((M
N)
) H (( NM))
où ds est la différentielle de l'abscisse curviligne de la ligne de force du champ normal.
3 Les altitudes NGF-Lallemand utilisées en France avant 1969 appartenaient à ce type, à ceci près que g n'a pas été mesuré pour estimer les
différences de potentiel, mais modélisé.
M
W=W(M)
surface équipotentielle ζ
U=W(M)
Q
surface sphéropotentielle
N
H ((M ))
géoïde M0
ellipsoïde
Q0
On a donc :
W ( A) − W ( M )
H ((MN )) =
γ~
En pratique, on emploie la formule :
W (A) − W (M)
2
W (A) − W (M) W (A) − W (M)
H =
(N )
1 + (1 + f + m − 2 f sin 2 ϕ ) −
(M)
γ0 aγ 0 aγ 0
aγ e cos 2 ϕ + bγ p sin 2 ϕ
où γ 0 est donné par la formule de Somigliana γ 0 =
(a 2 cos 2 ϕ + b 2 sin 2 ϕ )1 / 2
ω 2 a 2b
et m par m =
GM
Contrairement aux altitudes orthométriques, les altitudes normales sont tributaires
d'une formule de pesanteur normale donc, dans une certaine mesure, du choix d'un
ellipsoïde de référence. Par contre, elle ne dépend pas de la répartition des masses dans
la croûte terrestre.
ζ quasigéoïde
ellipsoïde
Q0
Fig. 13 : Quasigéoïde
Le géoïde est la surface d'altitude normale nulle. Le quasi-géoïde est la surface obtenue
en reportant depuis chaque point M de la surface topographique, vers le bas, son
altitude normale. Pour passer d'une altitude normale à une hauteur ellipsoïdale, on ne
commet pas d'erreur supérieure à 1 mm en confondant la normale à l'ellipsoïde et la
ligne de force du champ de pesanteur. On obtient donc une relation entre la hauteur
ellipsoïdale, l'anomalie d'altitude et l'altitude normale :
h ≈ ζ + H(N)
La différence entre l'anomalie d'altitude et de la hauteur du géoïde est :
g% − γ%
N − ζ = H ( N ) − H (O) = H
γ%
où H (O ) désigne ici l'altitude orthométrique de Helmert et H désigne indifféremment
l'altitude normale ou l'altitude orthométrique. On emploie la formule et son équivalente
pour la pesanteur normale :
∂γ
= −2γJ0 − 2ω 2
∂H
J 0 est la courbure moyenne de l'ellipsoïde. Ces deux formules permettent de calculer
g% − γ% à partir des valeurs en surface g et γ :
g% − γ% = g − γ − 2 πGρH + γ ( J − J 0 ) H
Les trois premiers termes du second membre représentent, à une petite correction
près, l'anomalie de Bouguer ∆g B telle qu'elle est cartographiée, en France, par le Bureau
de Recherches Géologiques et Minières4 . Le dernier terme, qui contient la courbure du
géoïde, est plus difficile à évaluer mais est très petit. On a donc :
∆g B
H ( N ) − H ( O) ≈ H
γ%
Cette formule permet de convertir des altitudes de Helmert en altitudes normales, mais
ne s'applique pas aux altitudes orthométriques normales.
Aucun type d'altitudes ne répond parfaitement à tous les critères; chacun d'eux
représente une solution de compromis. Pour évaluer chaque type d'altitudes
relativement au 3ème critère, il convient d'avoir à l'esprit les ordres de grandeur des
variations de g à la surface de la Terre:
9 , 8 1 0 0 0 0 0 0 0
variations en fonction de ϕ
variations du niveau des mers
anomalies maximales irrégularités de la rotation terrestre
et variations en fonction de l'altitude
(environ 0,9 mgal par mètre)
anomalies courantes variations séculaires
variations lunisolaires variations atmosphériques,
et saisonnières
Fig. 14 : Ordre de grandeur des anomalies de pesanteur
En France continentale, les altitudes fournies par l'IGN sont des altitudes normales
(champ normal relatif à l'ellipsoïde GRS 1980), exprimées en mètre, la surface
équipotentielle prise comme modèle de géoïde étant le niveau moyen de la mer
Méditerranée mesuré au marégraphe de Marseille. Le système d'altitudes ainsi défini
est appelé système altimétrique IGN 1969.
6 Estimation du géoïde
M
6.1 Anomalies de la pesanteur
vP
géoïde P
Soient M un point quelconque de la (W=W0 )
surface topographique, P l'intersection de
la ligne de force passant par M avec le N
g
P
nQ
géoïde et Q la projection de M sur
l'ellipsoïde. ellipsoïde Q
( U=U0 ) γ
Q
η
v ξ
1
R
L
PN
• R est le rayon de la sphère
terrestre,
• (α,ψ ) sont les pseudo- α
M
coordonnées obliques d'un point P P (dσP )
quelconque de la surface ψ
k
terrestre, M étant utilisé comme
pseudo-pôle,
O
• d σ P est l'élément de surface i j
infiniment petit dans la direction
de P de la sphère de rayon 1
centrée au centre O de la Terre.
On a: Fig. 16 : Intégration des anomalies
d σ P = sin ψ d α × d ψ gravimétriques
ψ ψ ψ
S(ψ ) =
1
− 6 sin + 1 − cosψ 5 + 3 ln sin + sin 2 ,
ψ 2 2 2
sin
2
R π 1 2π
∫∫ S(ψ )∆ g(α ,ψ ) d α S(ψ ) sin ψ dψ
R
N= gdσ = ∫ ∫∆
4πγ sphère 2γ ψ = 0 2π α =0
Lorsque l’on dispose d’un semis de points déterminés dans les deux systèmes, il est
possible de déterminer par interpolation la valeur de N en n’importe quel point. Cette
méthode donne donc directement une surface de conversion des hauteurs ellipsoïdales
du système de référence en altitudes et non le géoïde (ou du moins que dans la mesure
où l’altitude 0 est proche du géoïde).
géodésique NTF a été établi dans les années 1970. Il est communément désigné
"modèle de géoïde Levallois".
En 1999, le CNIG5 a officiellement recommandé l'utilisation d'une nouvelle surface
de référence; la Référence d'Altitudes Françaises 1998 (RAF98). Il s'agit d'un
quasi-géoïde correspondant aux altitudes normales IGN 1969. RAF98 est une grille
régulière fournissant à chaque noeud la hauteur N du quasi-géoïde au-dessus de
l'ellisoïde GRS 1980:
N = hGRS80 − H (n)
IGN69
Bibliographie
& Groupe de Travail du CNIG « Positionnement Statique et Dynamique »
Conversion altimétrique RGF93-IGN69
De larges extraits de ce compte rendu ont servis de support dans ce document.
ANNEXES