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Non port des équipements de protection individuelle (EPI) par le

travailleur : qui est responsable en cas d’accident ?


 25 novembre 2016 Blog Hseci.com  0 Commentaire Accicent de
travail, EPI, Lunettes de sécurité, Réglémentation
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Non port des équipements de protection individuelle (EPI) par le travailleur
: qui est responsable en cas d’accident ?
La jurisprudence rappelle que le chef d’entreprise doit veiller à l’application
des règles de sécurité dans son entreprise.
L’employeur est soumis à une obligation de sécurité très exigeante puisqu’elle
porte sur une obligation de résultat, en effet la préservation effective de la santé
et de la sécurité du salarié est placée sous son autorité. Il est alors naturel que
l’employeur puisse en contrepartie faire usage de son pouvoir disciplinaire en
cas de manquements de ses salariés aux consignes de sécurité.
Obligations de l’employeur
L’employeur, a une obligation générale de sécurité à l’égard de ses salariés. Il
doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la
santé physique et mentale de ses travailleurs. Ces mesures comprennent
notamment :
 des actions de prévention des risques professionnels,
 des actions d’information et de formation,
 la mise en place d’une organisation et de moyens adaptés
Les équipements de protection individuelle (EPI)
Le Code du Travail, stipule que « L’employeur met à la disposition des
travailleurs, en tant que de besoin, les équipements de protection individuelle
appropriés et, lorsque le caractère particulièrement insalubre ou salissant des
travaux l’exige, les vêtements de travail appropriés. Il veille à leur utilisation
effective. »
D’après les principes généraux de prévention, l’employeur a une obligation de
résultat en matière de protection de la santé et de la sécurité de ses salariés.
Ainsi, si à l’issue de l’analyse de sécurité sur un poste de travail, un EPI est
rendu obligatoire, l’employeur doit :
 mettre à disposition l’EPI adéquat aux salariés concernés,
 informer les salariés concernés sur l’obligation de port effectif de ces
équipements par le biais du règlement intérieur ou de consignes écrites portées à
l’attention du personnel concerné,
 s’assurer auprès de ces mêmes personnes que l’équipement est
effectivement porté,
 informer les salariés sur les sanctions dont ils sont passibles en cas de
non-observation de ces obligations.
Exemple : pour la simple utilisation de chaussures de sécurité ou de gants,
l’employeur doit définir les consignes de sécurité et organiser une formation.
Un défaut de formation ou d’information du salarié pourrait contribuer à
diminuer la responsabilité de celui-ci en cas de manquement. A contrario, si
l’employeur met tout en œuvre pour garantir la sécurité, le manquement d’un
salarié à son obligation constitue une faute susceptible d’être sanctionnée.
Illustration par cet arrêt de la cour de cassation du 25 février 2014 : Faute de
l’employeur retenue pour le non port d’EPI par un salarié. (cas Français)
Rappel des faits : La situation était une chute de hauteur de 12 mètres d’un
salarié, résultant de l’absence combinée de protections collectives (car retirées
temporairement) et individuelles (car non portées et de plus en nombre
insuffisant). L’employeur tenta alors un pourvoi en cassation, afin d’écarter sa
responsabilité compte tenu du fait que l’agent « avait sciemment refusé d’utiliser
les baudriers de sécurité ». Pour ce faire, la cour de cassation rappela à
l’employeur qu’« il appartenait à l’employeur de prévoir des moyens de sécurité
compensatoires tels que des harnais antichute et qu’il lui incombait de s’assurer
que les salariés concernés se munissaient effectivement de tels équipements,
sans laisser à leur appréciation l’opportunité de le faire ».
L’employeur a été condamné à une amende de 80 000 euros pour blessures
involontaires et infractions à la sécurité des travailleurs. La cour de cassation a
statué que lorsque l’employeur n’a pas veillé à la constante application des
règles de sécurité il ne peut pas se prévaloir d’une faute exclusive de la victime.
L’arrêt de la cour de cassation rappelle l’article R4321-4 du Code du Travail et
que  la décision de non-port des EPI par les salariés demeure bien le problème
de l’employeur, et qu’il doit donc veiller à l’utilisation des EPI !
Obligations des salariés
Les salariés ont également des obligations en matière de santé et sécurité au
travail : « Chaque salarié doit prendre soin, en fonction de sa formation et
selon ses possibilités, de sa sécurité et de sa santé, ainsi que de celles des autres
personnes concernées du fait de ses actes ou de ses omissions au travail ».
Cette obligation implique notamment qu’il :
 utilise correctement les machines, appareils, outils, véhicules et dispositifs
de sécurité, qu’il ne doit ni modifier, ni mettre hors service,
 porte les équipements de protection, en respectant leur destination,
 alerte l’employeur de toute situation de travail présentant un risque de
danger grave et imminent et de toute défectuosité des systèmes de protection.
Un salarié qui ne respecte pas les règles de sécurité, par exemple en cas de non
port de ses protections (EPI), peut être sanctionné. Les sanctions peuvent aller
du simple avertissement au licenciement disciplinaire suivant la gravité de la
faute.
Exemple : le refus de porter un casque de sécurité ou tout équipement de
protection obligatoire constitue un manquement à l’obligation générale de
sécurité du salarié pouvant justifier un licenciement pour faute grave.
Attention ! Si le salarié n’a pas reçu la formation nécessaire, il peut s’exonérer
de sa responsabilité (à condition de n’avoir commis aucune imprudence et
d’avoir respecté les consignes de sécurité).
Rappel : Le salarié, qui a un motif raisonnable de penser que sa situation de
travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé, dispose
d’un droit d’alerte et de retrait.
Contrôle et responsabilités de l’employeur
Les règles de sécurité dans l’entreprise peuvent être contrôlées par l’inspection
du travail qui peut :
 dresser des procès-verbaux et mettre en demeure l’employeur en cas
d’infraction,
 saisir le juge de référés en cas de risque sérieux d’atteinte à l’intégrité
physique d’un travailleur,
 prescrire toutes les mesures utiles et notamment, en cas de danger grave et
imminent, l’arrêt temporaire des travaux sur certains chantiers.
En cas de manquement de l’employeur à son obligation de sécurité ; par
exemple, la non mise à disposition des EPI rendus obligatoires par l’analyse au
poste de travail (par inconscience, méconnaissance du danger ou prétextes de
coûts,  …), ou s’il n’informe pas les salariés sur l’obligation d’utiliser ces EPI :
 l’employeur engage sa responsabilité civile en cas d’accident du travail ou
de maladie professionnelle du salarié,
 il est également passible de sanctions pénales (amendes et, dans certains
cas, peines d’emprisonnement). Sa responsabilité pénale sera engagée pour
manquement à une obligation de sécurité. Dans ce cas, le manquement à cette
obligation de résultat en matière de protection du salarié pourra revêtir le
caractère d’une faute inexcusable

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