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Université Mohammed Premier

École Nationale des Sciences Appliquées


Al Hoceima

Filière: Génie Civil (S7) – 2013/2014

Hydrologie générale

Chap. 2: Le bassin versant

Pr. Said BENGAMRA


I. Définitions

Le bassin versant (BV) ou le bassin hydrologique représente l’unité


géographique sur laquelle se base l’analyse du cycle hydrologique et
de ces effets. Il est définie comme la totalité de la surface
topographique drainée par un cours d’eau principale (Oued) et ses
affluents.
Le BV est une zone de relief dont les eaux de ruissellement de surface
s’écoulent et se rassemblent vers un point unique appelé l’exutoire.

Exutoire: point à partir duquel nous pouvons tracer le départ et


l’arrivée de la ligne de partage des eaux.
BV1

BV2

Lig
n
ed
des e par
eau tage
x
La ligne de partage eaux de surface ne traverse aucun cours d’eau,
sauf au niveau de l’exutoire. Généralement, elle correspond à la ligne
de crête. On parle alors du BV topographique.
Le bassin versant réel (hydrogéologique): Dans le cas d'une région
où le sous-sol perméable, il se peut qu'une partie des eaux tombées
à l'intérieur du bassin topographique s'infiltre puis sorte
souterrainement du bassin (ou à l'inverse les eaux entrent
souterrainement dans le bassin).
III.2. Caractéristiques morphométriques des BV
III.2.1. La surface

Le BV étant l'aire de réception des précipitations et d'alimentation


des cours d'eau, les débits vont être reliés à sa surface.

La surface du bassin versant peut être mesurée par superposition


d'une grille dessinée sur papier transparent, par l'utilisation d'un
planimètre ou, mieux, par des techniques de digitalisation (logiciel).
III. 2.2. La forme
La forme d'un BV influence l'allure de l'hydrogramme de pluie au niveau de
l'exutoire.

La forme allongée favorise les faibles débits de pointe de crue, en raison des
temps importants d'acheminement de l'eau à l'exutoire. Ce phénomène est
lié à la notion de temps de concentration.

Par contre, les bassins en forme d'éventail (bv1), présentant un temps de


concentration plus court (tc1), auront les plus forts débits de pointe.

Le temps de concentration
tc des eaux sur un bassin
versant se définit comme le
maximum de durée
nécessaire à une goutte
d'eau pour parcourir le
chemin hydrologique entre
un point du bassin et
l'exutoire de ce dernier.
III. 2.2. La forme
Pour caractériser la forme d’un BV, Il existe différents indices morphologiques.
Citons à titre d'exemple l'indice de compacité de Gravelius (1914) KG :

P P
KG = = 0,28 A : surface du BV (km²),
2 πA A P : périmètre du BV (km).

Cet indice se détermine à partir d'une carte topographique en mesurant


le périmètre du BV et sa surface.

KG ≅ 1 BV de forme circulaire (en éventail)


KG > 1 BV de forme allongée
III.2.3. Le relief
Le relief a une grande influence sur l'écoulement, car de nombreux
paramètres hydrométéorologiques varient avec l'altitude
(précipitations, températures, etc.) et la morphologie du bassin.

La pente influe sur la vitesse d'écoulement. Ainsi, une pente forte


correspond à une durée de concentration courte des eaux de
ruissellement et vice-ver-ça.

Le relief se détermine lui aussi au moyen d'indices ou de


caractéristiques suivants :
III.2.3. Le relief
a. La courbe hypsométrique

La courbe hypsométrique fournit une vue synthétique de la pente du


bassin. Cette courbe représente la répartition de la surface du
bassin versant en fonction de son altitude. Elle représente le
profil du BV et sa pente moyenne.
III.2.3. Le relief
a. La courbe hypsométrique

Exemple
III.2.3. Le relief
a. La courbe hypsométrique

Exemple

altitude maximale est de 570m,


altitude minimale est de 170m,
80% de la superficie du bassin est située entre 200 et 400m.
III.2.3. Le relief
a. La courbe hypsométrique
Interprétation de la courbe hypsométrique
III.2.3. Le relief
b. Les altitudes
L'altitude maximale représente le point le plus élevé du bassin;
l'altitude minimale considère le point le plus bas, généralement à
l'exutoire. Elles sont obtenues directement à partir des cartes
topographiques.

L'altitude moyenne se déduit directement de la courbe


hypsométrique ou se calcule.
Hmoy : altitude moyenne du bassin (m) ;
Ai . hi
H moy = ∑
Ai : aire comprise entre deux courbes de niveau (km2) ;
hi : altitude moyenne entre deux courbes de niveau (m) ;
A A : superficie totale du bassin versant (km2).

L'altitude médiane correspond à l'altitude lue au point 50% de la


surface totale du bassin, sur la courbe hypsométrique.

Cette grandeur se rapproche de l'altitude moyenne dans le cas où la courbe


hypsométrique du bassin concerné présente une pente régulière.
c. Le rectangle équivalent
La notion de rectangle équivalent ou rectangle de Gravelius, introduite
par Roche (1963), permet de comparer facilement les BV entre eux, en ce
qui concerne l'influence de leurs caractéristiques sur l'écoulement.

Le BV rectangulaire résulte d'une transformation géométrique du


bassin réel dans laquelle on conserve la même superficie, le même
périmètre (ou même KG) et donc par conséquent la même répartition
hypsométrique. Les courbes de niveau deviennent des droites
parallèles aux petits côtés du rectangle. La climatologie, la répartition
des sols, la couverture végétale et la densité de drainage restent
inchangées entre les courbes de niveau.
c. Le rectangle équivalent

Le périmètre du rectangle équivalent vaut : P = 2 ( L +;l )


La surface: A=
; L⋅l
P P
Le coefficient de compacité : K G = = 0,28
2 πA A

En combinant ces trois relations, on obtient :

 2 
K ⋅ A  1,12   P
L= G  1 + 1 −    l = −L K G ≥ 1,12
1,12   KG   2
 

 2 
KG ⋅ A   1,12  
l=  1 − 1 −   
1,12   KG  
 
III.2.3. Le relief
d. La pente moyenne du BV

La pente moyenne est une caractéristique importante qui renseigne sur la


topographie du bassin. Elle donne une bonne indication sur le temps de
concentration et influence directement le débit de pointe lors d'une averse.

Plusieurs méthodes ont été développées pour estimer la pente moyenne d'un
bassin. Toutes se basent sur une lecture d'une carte topographique réelle ou
approximative.

La méthode de Carlier et Leclerc (1964) consiste à calculer la moyenne


pondérée des pentes de toutes les surfaces élémentaires comprises entre
deux altitudes données.

Sm =
∑ D.L Sm : pente moyenne (m/km ou ‰),
D : équidistance entre deux courbes de niveau (m),
A L : longueur totale des courbes de niveau (km) ,
A : surface du bassin versant (km2).
III.2.3. Le relief
d. La pente moyenne du BV

Une autre méthode plus simple pour e calcul de la pente moyenne du BV :

2 ( H moy − H min )
Sm =
L

Sm : pente moyenne (m/km ou ‰),


Hmoy : altitude moyenne du bassin (m) ;
Hmin : hauteur minimale du BV.
L : longueur du cours d’eau principal (Km),
III.2.3. Le relief
e. L'indice de pente ip

Cet indice se calcule à partir du rectangle équivalent. Il est égal à la


somme des racines carrées des pentes moyennes de chacun des
éléments pondérés par la surface intéressée, soit :

n
1 d
i p = ∑ ( xi. )
L i =1 xi

ip: indice de pente (%),


L: longueur du rectangle (m),
xi: distance qui sépare 2 courbes sur le rectangle (m),
d: distance entre 2 courbes de niveau successives (m),
d/xi: pente moyenne d'un élément (%).
III.2.3. Le relief
f. Indice de pente globale Ig

Un indice de pente encore plus simple : Ig = D/L

D : la dénivelée h5 % - h95 %, définie sur la courbe hypsométrique ou même


directement à l’oeil sur la carte topographique ;
L : la longueur du rectangle équivalent.

Cet indice, très facile à calculer, est des plus utilisés. Il sert de base à une
des classifications O.R.S.T.O.M. pour des bassins versants dont la surface
est des l'ordre de 25 km2 :
III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique

Le réseau hydrographique: l'ensemble des cours d'eau naturels


ou artificiels, permanents ou temporaires, qui participent à
l'écoulement.

Le réseau hydrographique peut prendre plusieurs formes.


III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.3.1. La topologie : structure du réseau et ordre des cours d'eau

La topologie c’est l'étude des propriétés géométriques du RH, elle


est utile dans la description du réseau hydrographique et
notamment pour sa classification.

On trouve les types : dendritique, en treillis, en parallèle,


rectangulaire, à méandre, anastomosé, centripète, etc.
III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.3.1. La topologie : structure du réseau et ordre des cours d'eau

La classification est facilitée par un système de numérotation des


tronçons de cours d'eau (rivière principale et affluents).

Il existe plusieurs types de classifications des tronçons des cours


d'eau, dont la classification de Strahler (1957) qui est la plus utilisée.
Cette classification permet de décrire le développement du réseau
de drainage d'un bassin de l'amont vers l'aval. Elle se base sur les
règles suivantes :
III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.3.1. La topologie : structure du réseau et ordre des cours d'eau

Tout cours d'eau dépourvu de tributaires est d'ordre un.

Le cours d'eau formé par la confluence de deux cours d'eau


d'ordre différent prend l'ordre du plus élevé des deux.

Le cours d'eau formé par la confluence de deux cours d'eau


du même ordre est augmenté de un.

Un bassin versant a l'ordre du plus élevé de


ses cours d'eau, soit l'ordre du cours d'eau
principal à l'exutoire. Ce BV est d’ordre 4.
III.3.2. Les longueurs et les pentes caractéristiques du réseau

a) Les longueurs caractéristiques

Un BV se caractérise principalement par deux types de longueurs :

La longueur d'un bassin versant (LCA) est la distance curviligne mesurée le


long du cours d'eau principal depuis l'exutoire jusqu'à le centre de gravité
du bassin.

La longueur du cours d'eau principal (L) est la distance curviligne depuis


l'exutoire jusqu'à la ligne de partage des eaux en amont.
b) Le profil longitudinal du cours d'eau

On représente graphiquement la variation altimétrique du fond du cours


d'eau en fonction de la distance à l'exutoire. Cette représentation devient
intéressante lorsque l'on reporte les cours d'eau secondaires d'un bassin
versant qu'il est alors facile de comparer entre eux et au cours d'eau
principal.

Le profil en long d'un cours d'eau permet de définir sa pente moyenne.

Saidi et al., 2006


III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.3.2. Les longueurs et les pentes caractéristiques du réseau
c) La pente moyenne d'un cours d'eau

La pente moyenne du cours d'eau détermine la vitesse avec laquelle l'eau


s’écoule à l'exutoire du bassin, donc le temps de concentration. Cette
variable influence donc le débit maximal observé. Une pente forte favorise
et accélère l'écoulement superficiel, tandis qu'une pente douce ou nulle
donne à l'eau le temps de s'infiltrer, entièrement ou en partie, dans le sol.

Le calcul des pentes moyennes et partielles de cours d'eau s'effectue à


partir du profil longitudinal du cours d'eau principal et de ses affluents.

∆H max
Pmoy =
L
Pmoy : pente moyenne du cours d'eau (m/km) ;
∆Hmax: dénivellation maximale de la rivière (m) (différence d'altitude entre le point le plus éloigné et l'émissaire);
L : longueur du cours d'eau principal ((Km).
La pente stratigraphique. Elle contrôle le chemin des eaux infiltrées qui
alimentent les aquifères. Elle détermine la direction de l'écoulement des
eaux souterraines
III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.3.2. Les longueurs et les pentes caractéristiques du réseau
c) La pente moyenne d'un cours d'eau

Calcul de la pente moyenne du cours d'eau selon Linsley (1982)


III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.3.3. Le Degré de développement du réseau
a) La densité de drainage

La densité de drainage, introduite par Horton, est la longueur totale du


réseau hydrographique par unité de surface du bassin versant :

Dd =
∑ Li Dd : densité de drainage (km/km2) ;
Li : longueur de cours d'eau (km) ;
A A : surface du bassin versant (km2).

La densité de drainage dépend de la géologie (structure et lithologie), des


caractéristiques topographiques du BV et, dans une certaine mesure, des
conditions climatologiques et anthropiques.

En pratique, les valeurs de Dd varient de 3 à 4 pour des régions où le RH


n’est pas développé ; elles dépassent 1000 pour certaines zones où le RH
est très ramifié avec peu d'infiltration.
III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.3.3. Le Degré de développement du réseau
b) La densité hydrographique

La densité hydrographique représente le nombre de canaux d’écoulement


par unité de surface.

Dh =
∑ N i
Dh : densité hydrographique (km2) ;
Ni : nombre de cours d'eau ;
A A : superficie du bassin (km2).

En générale, les régions à haute densité de drainage et à haute densité


hydrographique présentent en général une roche mère imperméable, un
couvert végétal restreint et un relief montagneux. L'opposé, c'est-à-dire faible
densité de drainage et faible densité hydrographique, se rencontre en région
à substratum très perméable, à couvert végétal important et à relief peu
accentué.
III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique

III.3.4. L'endoréisme

L'endoréisme est un phénomène rencontré dans certains bassins


versants pour lesquels le réseau hydrographique n'est relié à aucun
autre réseau. L'eau est alors acheminée et concentrée en un point du
bassin qui peut être un lac, une mare ou une accumulation
souterraine. Ce phénomène est généralement observé en zones arides
( mer Morte).
III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.3.5 Les caractéristiques agro-pédo-géologiques
III.3.5.1. La couverture végétale du sol

Le couvert végétal retient, selon sa densité, sa nature et l'importance de la


précipitation, une proportion variable de l'eau atmosphérique. Cette eau
d'interception est en partie soustraite à l'écoulement.

La forêt exerce une action limitatrice importante sur le ruissellement


superficiel. Elle régularise le débit des cours d'eau et amortit les crues de
faibles et moyennes amplitudes et par conséquent réduit l’érosion des sols.

Vu l'importance du rôle joué par la forêt, on traduit sa présence de par un


indice de couverture forestière K :

Surface des forêts


K= × 100
Surface totale du bassin
III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.3.5 Les caractéristiques agro-pédo-géologiques

III.3.5.2. La nature du sol

La nature du sol intervient sur la rapidité de montée des crues et sur leur
volume.

En effet, le taux d'infiltration, le taux d'humidité, la capacité de rétention,


les pertes initiales, le coefficient de ruissellement sont fonction du type
de sol et de son épaisseur.

Pour étudier ce type de réactions, on peut comparer le coefficient de


ruissellement sur différentes natures de sol (intérêt d'une carte
pédologique détaillée dans les études de prédétermination des crues).
III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.3.5 Les caractéristiques agro-pédo-géologiques

III.3.5.3. La géologie du bassin versant

La géologie d'un bassin versant influe sur l'écoulement de l'eau souterraine


et également sur le ruissellement de surface. Dans ce dernier cas, les
caractères géologiques principaux à considérer sont la lithologie (nature
de la roche mère) et la structure tectonique.

L'étude géologique d'un bassin versant a pour objet de déterminer la


perméabilité de chaque affleurement. Celle-ci intervient sur la vitesse de
montée des crues, sur leur volume et sur le soutien apporté aux débits
d'étiage par les nappes souterraines.
III.3. Caractéristiques du réseau hydrographique
III.3.5 Les caractéristiques agro-pédo-géologiques

III.3.5.3. La géologie du bassin versant

Un bassin à substratum imperméable présente une crue plus rapide et plus


violente qu'un bassin à substratum perméable, soumis à une même averse.
Ce dernier retient l'eau plus aisément, et en période de sécheresse, un
débit de base sera ainsi assuré plus longtemps.
C- Caractéristiques géologiques
III.3.5.4. les grands bassins versants du Maroc

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