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Béton Armé Et Précontraint I ETUDE D UNE POUTRE CONTINUE. E.N.P.C. Module B.A.E.P.1. Jean Marc JAEGER Setec TPI. ENPC Module BAEP1 Séance 2 1
Béton Armé Et Précontraint I ETUDE D UNE POUTRE CONTINUE. E.N.P.C. Module B.A.E.P.1. Jean Marc JAEGER Setec TPI. ENPC Module BAEP1 Séance 2 1
DONNEES D’ENTREE
1 Équarrissage de la poutre, schéma statique,matériaux, charges appliquées,
DIMENSIONNEMENT DES ARMATURES A L’E.L.U.
2 Calcul des sollicitations enveloppes de flexion et de tranchant,
3 Détermination des armatures longitudinales inférieurs à mi-travée en ELU,
4 Détermination des armatures longitudinales supérieures sur appui en ELU,
5 Détermination des armatures transversales en ELU.
DETERMINATION DU FERRAILLAGE PRATIQUE
6 Construction de l’épure d’arrêt des barres longitudinales,
7 Répartition des barres transversales
7 Étude des zones d’appui,
8 Étude de la liaison âme – table.
VERIFICATIONS A L’E.L.S.
9 Vérification des contraintes de compression du béton en ELS,
10 Vérification des ouvertures de fissure en ELS,
11 Vérification des flèches de structure à l’ELS.
CALCUL AU FEU
ETABLISSEMENT DU PLAN DE FERRAILLAGE
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 3
Plan d’étude d’une poutre en béton armé
La justification d’une poutre en béton armé se fait selon les étapes suivantes :
i) Données d’entrée : les dimensions transversales (hauteur h, largeur b) et
longitudinales (portée à franchir l) figurent sur les plans de coffrage ainsi que les
caractéristiques des matériaux utilisés (fck, fyk); les charges appliquées font
l’objet de plans spécifiques.
ii) Sollicitations internes : la détermination de la distribution des sollicitations
internes (N,M,V) s’effectue avec la résistance des matériaux (R.D.M.) en
considérant un comportement élastique de la structure. Ces sollicitations sont
calculées dans les différents états : ELU Fondamental, ELS caractéristique, ELS
quasi-permanent..etc
iii) Calcul des sections critiques aux ELU: les sections d’acier, A en flexion et Asw/s
vis-à-vis de l’effort tranchant, sont calculées en ELU dans les sections
dimensionnantes (les plus sollicitées : mi-travée et appui).
iv) Ferraillage pratique : à partir des sections d’acier théoriques il faut définir un
ferraillage pratique longitudinal et transversal, cette étape est très importante elle
conditionne la faisabilité de la mise en œuvre du ferraillage et du bon bétonnage
de la poutre.
v) Vérifications aux E.L.S. : les justifications des clauses ELS (limitation des
contraintes du béton, limitation des ouvertures de fissures, limitation des flèches)
sont ensuite réalisées à partir du ferraillage pratique, si elles ne sont pas
vérifiées le ferraillage est modifié.
vi) Calcul au feu : une fois effectué le « calcul à froid » de la poutre il faut vérifier
son comportement au feu. ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 4
11.1 POUTRE CONTINUE – Données d’entrée
0.60 m
2 appuis 250mm*250mm
8.10 m 8.10 m
16.2 m
Matériaux
fck= 45MPa
2.00 m fyk = 500MPa
0.15 m Durabilité
XC3, S4
0.60 m
Charges uniformément
réparties
0.80 m g = 80 KN/ml
q = 25 KN/ml
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 5
Effort tranchant : diagramme des sollicitations enveloppes aux E.L.U.
L’étude R.D.M. de tous les cas de chargement générés par la combinaison E.L.U.
fondamentale (1,35 ou 1,0) G + (1,00 ou 0) Q, soit 8 cas de charges en tout dans
le cas de la poutre continue à deux travées, donne le diagramme des efforts
tranchant enveloppes le long de la poutre.
1.000
0.800 0.73 MN
0.600 0.46 MN
0.400
0.200
0.000
0.00
0.81
1.62
2.43
3.24
4.05
4.86
5.67
6.48
7.29
8.10
8.91
9.72
10.53
11.34
12.15
12.96
13.77
14.58
15.39
16.20
-0.200
-0.400
-0.600
-0.800
-1.000
z
θ α
Essais de poutres
en béton armé
JR Robinson et
JM Demorieux
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 99
Principe du calcul des armatures transversales
Un effort appliqué en face supérieure d’une poutre en béton armé descend en
partie basse de la poutre par des bielles de compression. Les composantes
horizontales de ces bielles sont équilibrées par le tirant inférieur que constituent
les armatures longitudinales inférieures de la poutre. Les composantes verticales
de ces bielles sont « remontées » en partie haute de la poutre par les tirants que
constituent les armatures transversales. De nouvelles bielles se forment
successivement jusqu’à la dernière bielle arrivant sur appui nommée bielle
d’about. On pourrait considérer qu’une bielle se forme par cours d’armatures
transversales.
Le rôle des armatures d’effort tranchant est de coudre les deux parties de la
poutre séparées par une fissure, ces armatures doivent « remonter » la
composante verticale de l’effort véhiculé par la bielle de compression en notant
que cette composante est l’effort tranchant. Le principe du calcul des armatures
transversales est simple, il s’agit de dénombrer les barres d’acier traversant la
fissure et de comparer l’effort résistant développé par ces aciers à l’effort
agissant. Il faudra également vérifier que la contrainte de compression dans les
bielles est acceptable. Ces vérifications sont faites en E.L.U.
L’angle d’inclinaison des bielles, qui avait traditionnellement pour valeur 45°, est
maintenant laissé au choix du projeteur béton armé dans les limites suivantes :
1 ≤ cotg θ ≤ 2,5 ou 21.8°≤ θ ≤45°
Section 6 §6.2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 11
Procédure du calcul à l’effort tranchant
L’Eurocode 2 définit dans les procédures générales de vérification (6.2.1) quatre
valeurs de calcul. Ces vérifications sont faites exclusivement aux états limites
ultimes.
VEd sur appui : calculé au nu de l’appui d’après la résistance des matériaux, cet
effort sert à calculer la résistance de la bielle sur appui et celle de l’appui lui-
même,
av
0.25m
De plus :
« Dans les régions ou il n’y a pas de discontinuité de VEd, la détermination des
armatures d’effort tranchant sur une longueur élémentaire l=z(cotg θ+cotgα)
peut être effectuée en utilisant la plus petite valeur de VEd sur cette longueur. »
Remarque : non cumulable avec la clause « distance d du nu de l’appui »
200
k = 1+ ≤ 2,0 avec d en mm
d
Asl
ρ1 = avec A sl aire d' armatures longitudinales
bw d
ancrées au delà de la section de calcul
σ cp = 0 en flexion simple
vmin = 0,035k 3 / 2 ⋅ fck 1/ 2
Section 6 §6.2.2
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 17
Calcul de VRd,c
Dans le cas ou l’effort tranchant de calcul VEd est inférieur à l’effort tranchant
résistant sans armatures transversales VRd,c il n’y a pas lieu de placer d’armatures
transversales.
θ
z.cosθ
z
αsinθ
z.cotgα θ
θ α
θ
z.cotgθ α
z.cotgα
Épaisseur de la bielle : bw
θ + cotg α.sinθ
Largeur d’appui de la bielle: z.(cosθ θ)
θ + cotgα
Longueur d’appui de la bielle sur l’horizontale : z.(cotgθ α)
VRd,s z
Fs θ α
α t
θ+cotα
z.(cotθ α) s
z.(cot θ + cot α ) A
VRd , sy = .Fst sin α = sw zf ywd .(cot θ + cot α ). sin α
s s
Cas le plus courant α = π/2 (armatures verticales) :
z.cotθ Asw
VRd,sy = .Fst = f ywd.z.cotθ
s s
Section 6 §6.2.3 (3)
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 23
Calcul de la section d’acier aux états-limites ultimes
Le calcul de l’effort tranchant de calcul pouvant être équilibré par les armatures
d’effort tranchant VRd,s consiste à dénombrer les barres d’acier qui traversent une
fissure inclinée de θ par rapport à l’horizontale, puis à calculer l’effort résistant de
ces barres et à le projeter sur la verticale.
Un cours d’armatures transversale a une section notée Asw et les différents cours
sont espacés d’une distance s. L’analyse géométrique considère un triangle de
hauteur z dont un coté est parallèle à la fissure inclinée de θ par rapport à
l’horizontale et l’autre parallèle aux aciers transversaux inclinés de α par rapport à
l’horizontale. Le nombre de cours d’armatures qui traversent la fissure est égal à
z(cotgθ+cotgα)/s, chaque cours développe un effort résistant Fst = Asw fywd en
notant fywd le taux de travail de ces aciers et est incliné de α sur l’horizontale. En
projetant cet effort résistant sur la verticale on obtient l’expression de VRd,s (avec
Asw aire de la section d’un cours d’armatures transversales , s espacement entre
deux cours successifs, z bras de levier, qui résulte du calcul en flexion ou qui
peut être pris égal à 0.9d, fywd limite d’élasticité de calcul des armatures
transversales égal à fyk/γs et θ angle d’inclinaison des bielles).
z
σc = bw.z.(cotθ + cotα).sin2 θ.σc
bw
V Rd,max
θ α
σc=ν fcd
ν = 0,6 (1-fck/250)
1.000 +0.73MNm
0.500
0.000
0.00
0.81
1.62
2.43
3.24
4.05
4.86
5.67
6.48
7.29
8.10
8.91
9.72
10.53
11.34
12.15
12.96
13.77
14.58
15.39
16.20
-0.500
-1.000
-1.500 -1.19MNm
A
Ftd représente le supplément de traction
dans la membrure tendue provoqué par
VRd,sy z
le seul effort tranchant (supposant une haute
densité d’armatures transversales)
Ftd α θ
Section 9 §9.2.1.3
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 29
Décalage de la courbe enveloppe des moments
Considérons une section droite Σ soumise à un moment de flexion MELU et un
effort tranchant VELU. Le calcul, dans la section Σ ,des aciers équilibrant le
moment de flexion MELU donne une section d’acier Ast.
En réalité le moment de flexion dans cette section est équilibré par une bielle de
compression, inclinée d’un angle θ et passant par le centre de gravité de la
section Σ, qui s’appuie sur des armatures de flexion situées dans une section
voisine de Σ. Il faut tenir compte du surcroît de traction correspondant dans la
section Σ, le décalage de la courbe des moments permet de tenir compte de cet
effet.
(cot θ − cot α )
longitudinales:
Ftd .z
al = =z
VRd , sy 2 M
A : enveloppe de Med/z
Section 9 §9.2.1.3
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 31
Décalage de la courbe des moments
Les deux courbes enveloppes des moments de flexion sont décalées pour tenir
compte de l’inclinaison des bielles due à l’effort tranchant, chacune dans le sens
le plus défavorable, d’une quantité égale à al=z/2(cotgθ-cotgα).
M R = βd × Af yd
hauteur utile : d
hauteur de béton comprimé : αd
bras de levier : βd
allongement des aciers : εst
raccourcissement du béton : εc
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 33
Moment résistant d’une section
Le moment résistant MR d’une section armée avec un, deux ou trois lits d’acier
(ou plus) est le moment maximum que l’on peut appliquer à cette section tout en
satisfaisant aux critères de l’état limite ultime.
Les deux équations d’équilibre du béton armé se résolvent en adoptant cette fois
comme inconnues le moment de flexion MR et la hauteur de béton comprimé αd.
Le principe est le suivant:
- on fait l’hypothèse d’une section en pivot B, les aciers travaillant au taux fyd,
- on en déduit l’effort de traction équilibré par les armatures et donc l’effort de
compression repris par le béton comprimé,
- d’où la hauteur de béton comprimé αd et le bras de levier βd,
- le moment de flexion est directement déduit de la connaissance du bras de
levier et de l’effort de traction équilibré par les aciers.
On vérifie que l’hypothèse est justifiée, si elle ne l’est pas on refait le calcul avec
les hypothèses résultant de la première itération.
• Dispositions d’ancrage
Fig. 6.27
§ 9.2.1.4
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 35
Ancrages des barres longitudinales sur appui
L’effort de traction dans les armatures longitudinales à ancrer sur appui
d’extrémité, dans une poutre isostatique soumise à une flexiuon simple , est
donnée par l’article 6.2.3.7(5) de l’EC2, il est égal à : FE = VEd ⋅ (cotθ − cotα ) / 2
La section d’acier à ancrer totalement sur appui a pour valeur Aap= FE /fyd, cette
valeur doit être supérieure à β2 A travée avec β2 > 0.25. A noter que ce dernier
coefficient est égal à 0 selon l’Annexe Nationale.
Ces aciers doivent ancrés d’une longueur d’ancrage lbd définie selon le schéma ci-
dessus.
Sur un appui intermédiaire, l’effort FE tel que calculé ci-dessus s’applique mais doit
être réduit d’une valeur Mappui/z du fait de la compression en fibre inférieure
générée par le moment sur appui.
La longueur d’ancrage sur appui intermédiaire doit être au moins égale à dix
diamètres . En général les barres longitudinales inférieures s’ arrêtent à 1cm de
l’axe de l’appui et se recouvrent via une barre couvre joint qui a pour longueur
2lbd+2cm.
Section 8 § 8.4.3
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 37
Longueur d’ancrage lbd
La longueur d’ancrage de calcul lbd se déduit de la longueur d’ancrage de
référence lb,rqd. Cette longueur d’ancrage de référence se calcule en supposant
que la contrainte d’adhérence entre la barre et le béton est constante et ne peut
dépasser une valeur égale à fbd.
En exprimant que l’effort à ancrer a pour valeur l’aire d’acier As = πφ²/4 supportant
une contrainte de traction σsd et que cet effort est équilibré par une surface
périmétrique d’acier πφ lb,rqd suportant une contrainte fbd on aboutit à l’expression
de la longueur d’ancrage de référence lb,rqd = (φ/4) (σsd / fbd).
La longueur d‘ancrage de calcul lbd vaut : lbd = α1 α2 α3 α4 α5 lb,rqd
Les coefficients αi sont
précisés par le Tableau 8.2
des règles EC2 dont un
extrait figure ci-contre.
• Contrainte bielle
σbielle θ)/(bappui.a1.sinθ
= (VEd/sinθ θ)
Fig. 6.27
Nota: avec θ=22° il n’est pas toujours facile d’assurer cette condition
Section 8 § 8.4.3
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 39
Bielle d’about
L’étude de la bielle d’about se fait selon un modèle bielles-tirants définit par
l’article 6.5 des règles EC2.
L’angle de la bielle d’about peut être différent de l’inclinaison des bielles en zone
courante pour tenir compte des charges appliquées directement en zone d’appui.
• Armatures de couture
Astfyd/sf>VEd.hf/cotgθf
Section 6 § 6.2.4
ENPC – Module BAEP1 – Séance 2 41
Cisaillement entre l’âme et la membrure supérieure
La prise en compte de la table de compression dans les calculs de section en
flexion se traduit des efforts de compression agissant sur la partie de table située
en dehors de l’âme de la poutre. Ces efforts de compression, Fd , n’existent pas
en zone de moment nul, ils vont donc « rejoindre» progressivement l’âme par le
biais de variations progressives ∆ Fd entre deux sections successives séparées
de ∆x.
Des armatures de couture doivent être disposées tout du long de la liaison âme-
table. L’angle d’inclinaison des bielles doit être compris entre 45° et 26,5° pour les
membrures comprimées.
Une grande partie du travail de l’ingénieur béton armé consiste à vérifier que le
ferraillage peut être mis en œuvre facilement et que celui-ci n’entravera pas le
bon bétonnage (descente du béton au moment du coulage) de l’ensemble de la
poutre.