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CHOIX DE L’AUDITEUR EXTERNE, STRUCTURE DE

PROPRIETE ET DE GOUVERNANCE ET
HONORAIRES D’AUDIT : APPLICATION AUX
ENTREPRISES FRANÇAISES

Auditor selection, ownership and governance structure and


audit fees: The French case

Mehdi NEKHILI
Université de Reims – Rouen Business School
Wafa MASMOUDI AYADI
Université de Sfax
Dhikra CHEBBI
Université du Maine

Résumé : Outre la taille de l’auditeur externe qui demeure un déterminant majeur, les
honoraires d’audit dépendent également des caractéristiques du marché de l’audit ainsi que
celles de gouvernance et de propriété des entreprises. Sur la base d’un échantillon de 130
entreprises cotées pendant la période 2004-2006, nous montrons la présence d’une prime
d’audit en faveur des cabinets de grande taille. Les résultats de l’étude font ainsi ressortir que
la présence d’un auditeur « Big » parmi les commissaires aux comptes exerce un effet positif
et significatif sur le niveau des honoraires d’audit. Cet effet est plus important lors du recours
conjoint à deux auditeurs « Big ». La présence des cabinets « Majors » n’est pas non plus à
l’avantage des entreprises françaises en termes des honoraires d’audit. Les mécanismes de
gouvernance et les caractéristiques de propriété agissent d’une manière ou d’une autre sur la
sélection des auditeurs témoignant ainsi d’une relation de complémentarité ou de
substituabilité avec l’audit externe.
Mots clés : Auditeur externe, Big Four, Majors, Honoraires d’audit, Gouvernance, Structure
de propriété.

Abstract: Besides the size of the external auditor which is a major determinant, audit fees
depend also on audit market characteristics, corporate governance and ownership. On the
Basis of a sample of 130 French listed companies during the period 2004-2006, we present
evidence of a « Big » auditor premium. The results highlight that the presence of a « Big »
among auditors has a positive and significant effect of the level of audit fees. This impact is
more important in the case of joint audit by two « Big » auditors. The choice of a « Major »
auditor also increases the level of audit fees. Finally, we find that governance and ownership
characteristics act in different ways on auditor’s selection involving complementarity or
substitution with external audit.
Keywords: External auditor, Big Four, Majors, Audit fees, Governance, Ownership structure.

Classement JEL : G30 ; M42.

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vec la mondialisation de l’économie et l’ouverture internationale des entreprises,

A plusieurs cabinets d’audit se sont organisés en réseaux pour s’adapter à

l’évolution de leurs clients. Au cours de ces vingt dernières années, on a

constaté une réduction du nombre d’acteurs majeurs par le biais de fusions pour arriver à

quatre aujourd’hui (PricewaterhouseCoopers, KPMG, Ernst & Young et Deloitte). En

parallèle, la chute spectaculaire d’un des plus grands cabinets d’audit, en l’occurrence le

réseau Arthur Andersen, suite à la faillite d’Enron a rendu nécessaire la réflexion sur la

question de l’indépendance des auditeurs, qui constitue une caractéristique fondamentale pour

garantir la qualité d’audit. Pour protéger cette indépendance, les législateurs de nombreux

pays ont pris des mesures en vue d’exiger la séparation des activités d’audit et de conseil et

d’améliorer la transparence de la relation entre l’auditeur et son client par la publication des

honoraires d’audit. Les recherches sur les honoraires d’audit sont assez anciennes et

nombreuses dans les pays anglo-saxons et dévoilent, en général, un ensemble de régularités

visant à créer des modèles de déterminants des honoraires d’audit (Simunic, 1980 ; Palmrose,

1986 ; Chan et al., 1993 ; Anderson et Zéghal, 1994 ; Hay et al., 2006).

Dans le contexte français, les modalités de publication des honoraires d’audit sont assez

spécifiques. Ce n’est qu’à partir du règlement COB n°2002-06, applicable à compter du 1er

janvier 2003, que les sociétés cotées sur le Nouveau Marché et les sociétés réalisant une

émission de titres au cours de l’année sont tenues de divulguer dans leurs documents de

référence et prospectus d’émission le montant des honoraires d’audit et de conseil versés à

chacun des commissaires aux comptes. En 2003, la loi de Sécurité Financière (LSF) fait

ressortir une obligation pour toutes les sociétés de mise à la disposition des actionnaires de

l’information concernant les honoraires versés aux commissaires aux comptes. Ultérieurement

et à partir de l’exercice 2005, l’obligation de publication des honoraires d’audit a été

généralisée à l’ensemble des sociétés faisant appel public à l’épargne.

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La mise en place de la publication des honoraires d’audit s’inscrit ainsi dans un cadre

d’évolutions réglementaires, ayant pour objectif de conforter la transparence de la relation

entre les auditeurs et leurs clients et de permettre aux utilisateurs des états financiers d’avoir

une idée sur l’indépendance des auditeurs et d’évaluer la qualité d’audit et la qualité des états

financiers. Vu les spécificités du terrain en question et l’ouverture des restrictions en matière

de divulgation des honoraires, les travaux dans ce domaine deviennent de plus en plus étendus

et riches. En France, nous notons principalement les travaux récents de Gonthier-Besacier et

Schatt (2007), d’Audousset-Coulier (2008) et de Broye (2009). L’étude de Gonthier-Besacier

et Schatt (2007) se limite à l’examen de la relation en 2002 entre le recours à un cabinet

« Big four » et le montant des honoraires d’audit sans intégrer les aspects de gouvernance.

L’étude d’Audousset-Coulier (2008) intègre les caractéristiques de gouvernance mais porte

sur des données relativement anciennes (2002-2003). L’étude de Broye (2009) porte sur des

données plus récentes (2005) mais se focalise sur l’examen de la relation entre les

caractéristiques du comité d’audit et les honoraires d’audit.

Notre objectif est de compléter ces études pour une meilleure compréhension du marché

de l’audit en France en apportant des explications supplémentaires sur les déterminants des

honoraires d’audit. Dans notre étude, les honoraires d’audit sont liés aux caractéristiques du

marché français de l’audit, qui sont la prédominance des auditeurs « Big », le principe du co-

commissariat et la durée de la relation entre l’auditeur et l’entreprise. Nous intégrons

également les caractéristiques de propriété et de gouvernance. Si la structure de gouvernance

et de propriété affecte le choix des auditeurs, la mise en place de mécanismes efficaces de

contrôle et la présence de certaines catégories d’actionnaires peuvent déterminer l’effort de

contrôle réalisé par les auditeurs externes, et influer, par conséquent, sur les honoraires

d’audit (Audousset-Coulier, 2008). Les mécanismes de gouvernance retenus dans notre étude

se rattachent principalement au fonctionnement du conseil d’administration (cumul des

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fonctions de directeur général et de président du conseil d’administration, degré

d’indépendance du conseil d’administration et du comité d’audit). Les caractéristiques de

propriété, quant à elles, se rattachent à la propriété managériale, à la présence d’actionnaires

de contrôle et à la propriété institutionnelle.

Nous structurons notre article comme suit. Dans la première section, nous présenterons le

cadre conceptuel et nous développerons les hypothèses relatives à l’impact des

caractéristiques du marché de l’audit, des mécanismes de gouvernance et des caractéristiques

de propriété sur les honoraires d’audit. La deuxième section sera consacrée aux aspects

méthodologiques (échantillon, période d’analyse, définition et mesure des variables et

construction du modèle). Dans la troisième et dernière section, nous présenterons et

discuterons les résultats trouvés. Sur la base d’un échantillon de 130 entreprises cotées à la

bourse de Paris durant la période 2004-2006, nos résultats montrent la présence d’une prime

d’audit en faveur des auditeurs de grande taille. La présence des cabinets « Majors » n’est pas

à l’avantage des entreprises françaises en termes des honoraires d’audit.

I. — CADRE CONCEPTUEL

I.1. Caractéristiques du marché de l’audit et honoraires d’audit

Dans le cadre du marché français de l’audit, nous analysons principalement la

prédominance des auditeurs « Big », le principe du co-commissariat, la présence des grands

cabinets nationaux appelés « Majors » et la durée de la relation avec l’auditeur externe.

I.1.1. Appartenance au groupe « Big » et honoraires d’audit

Les auditeurs de grande taille, notamment les grands cabinets internationaux appartenant

au groupe « Big », disposent de moyens humains et matériels importants. Ils sont reconnus par

leur approche systémique et structurée de l’audit, surtout dans l’évaluation du contrôle interne

(Piot, 2001) et perçoivent généralement des primes très élevées pour leur expertise et leur

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savoir-faire (Palmrose, 1986 ; O’Sullivan, 2000). D’une manière générale, une investigation

approfondie, menée par les auditeurs « Big », nécessite beaucoup plus de temps et requiert

davantage de cadres spécialisés, ce qui induit des honoraires plus élevés. Ces travaux

semblent indiquer la présence d’une prime d’audit en faveur des « Big ». Goodwin-Stewart et

Kent (2006) trouvent, pour l’année 2000 et sur un échantillon de 401 entreprises australiennes

cotées, un impact positif et significatif de la taille du cabinet d’audit, mesurée par

l’appartenance au groupe « Big five » sur le logarithme népérien des honoraires d’audit. Sur

des données britanniques relatives à 132 firmes en 1992, Peel et Clatworthy (2001) trouvent

également une relation positive entre la variable « Big six » et les honoraires d’audit. Sur des

données françaises, Gonthier-Besacier et Schatt (2007), Audousset-Coulier (2008) et Broye

(2009) confirment aussi la présence d’une prime d’audit liée à la présence d’un ou de deux

« Big four ».

La concentration du marché de l’audit est, selon Broye (2007), forte en France1. Sur la

base d’un échantillon de 428 entreprises françaises cotées, l’auteur trouve, pour l’année 2005,

que les cabinets « Big four » détiennent 86 % des parts de marché en termes d’honoraires

contre seulement 45,06 % des mandats, justifiant ainsi le caractère coûteux de l’audit réalisé

par les « Big ». Une enquête menée en 2007 par les autorités du marché financier (AMF)

révèle que toutes les entreprises du CAC 40 disposent au moins d’un cabinet « Big » parmi les

commissaires aux comptes2. Elle révèle aussi que les honoraires d’audit ne cessent

d’augmenter depuis 2004. Cette augmentation pourrait être une conséquence de l’adoption de

1
L’auteur note, toutefois, que cette concentration reste inférieure à ce qui est observé au Royaume-Uni.
2
Dans notre article, nous employons indifféremment les termes « auditeur externe » et « commissaire aux
comptes ». Notons toutefois que celui de « commissaire aux comptes » qui prévaut dans le contexte français
(Fremeaux et Noël, 2009).

-5-
la loi de sécurité financière (LSF) qui impose de nouvelles exigences aux commissaires aux

comptes dans l’exercice de leur métier d’audit3.

H1 : Il existe une relation positive entre le montant des honoraires d’audit et l’appartenance
des auditeurs aux réseaux « Big ».

I.1.2. Co-commissariat et honoraires d’audit

Depuis 1966, la réglementation française oblige les entreprises établissant des comptes

consolidés à être auditées par au moins deux cabinets d’audit. Dans ce cadre d’analyse, le

Maux (2004) soulève la question de la rémunération des auditeurs en France et constate à cet

effet une différence importante entre les honoraires des deux auditeurs, expliquée par la

présence d’un auditeur principal et d’un auditeur dont le rôle peut être considéré comme

secondaire. Noël (2005) explique plutôt ce différentiel par la présence d’un auditeur « Big

four » et d’un auditeur « Non Big four ». Gonthier-Besacier et Schatt (2007) réfutent toutefois

ces deux conclusions sur un échantillon de 127 entreprises françaises cotées en 2002. Ils

examinent le recours à un seul, ou simultanément à deux ou trois cabinets de grande taille, par

les entreprises françaises et concluent à une réduction au niveau des honoraires d’audit dans

les firmes auditées conjointement par deux cabinets « Big four ». Cette réduction est

expliquée par le partage des qualifications et compétences entre les deux cabinets ainsi que du

risque inhérent à l’exercice de leur métier. L’étude d’Audousset-Coulier (2008) vient

compléter les travaux antérieurs réalisés dans le contexte français. Sur la base d’un

échantillon de 126 entreprises françaises cotées en 2002 et de 130 en 2003, l’auteur trouve

qu’un audit réalisé par deux cabinets « Big » fait accroître le niveau des honoraires d’audit.

Cette différence dans les résultats d’Audousset-Coulier (2008) et de Gonthier-Besacier et

Schatt (2007) provient, à notre avis, des différences méthodologiques (échantillon, année,

3
D’autres facteurs pourraient également expliquer cette augmentation dans les honoraires d’audit pour certaines
entreprises tels que l’adoption des normes IFRS en 2005 ou aussi l’application en 2002 de la loi Sarbanes-Oxley
en matière de contrôle interne pour les entreprises cotées aux Etats-Unis (AMF, 2007).

-6-
modèle, etc.) entre les deux études et, notamment, des différences dans les variables retenues

dans l’explication des honoraires d’audit. En effet, Gonthier-Besacier et Schatt (2007) ne

prennent pas en considération les caractéristiques de propriété et de gouvernance dans leur

explication des honoraires d’audit des entreprises françaises. Ils utilisent par ailleurs le rapport

entre le montant des honoraires d’audit et le total de l’actif pour désigner le niveau des

honoraires d’audit engagés par les entreprises françaises4. L’utilisation dans un deuxième

temps par Audousset-Coulier de ce même ratio comme variable dépendante n’a pas changé

qualitativement les résultats trouvés initialement en utilisant le logarithme népérien.

H2 : Les honoraires d’audit augmentent avec le nombre d’auditeurs « Big ».

I.1.3. La présence des cabinets « Majors » et honoraires d’audit

Il existe une autre spécificité française liée à la présence des cabinets d’audit nationaux

importants, appelés « Majors »5. Ces cabinets sont susceptibles de procurer des moyens

d’intervention différenciés par rapport à d’autres cabinets de moindre envergure (Piot, 2008)

et de ce fait ils détiennent une part significative des mandats offerts par les sociétés cotées.

Malgré une forte concentration, le marché de l’audit en France permet une certaine rivalité

entre les auditeurs « Big » et les « Majors », d’autant que la loi LSF exige que chacun des

commissaires aux comptes participe et contribue de manière équilibrée à la réalisation de la

mission d’audit. Broye (2007) donne l’exemple du cabinet Mazars qui, pour l’année 2005,

cumule 72 mandats juste derrière Ernst & Young avec 75 mandats. L’enquête menée par

l’AMF montre que si le cabinet Mazars rivalise avec certains cabinets « Big » en nombre de

mandats, l’écart reste toutefois important sur la base des honoraires. Piot (2005b) stipule que

la présence de « Majors » est, dans un contexte de co-commissariat, à l’avantage des

4
C’est le logarithme népérien qui est le plus souvent utilisé dans la recherche académique pour désigner le
niveau des honoraires d’audit.
5
Selon la profession comptable n°290 (Mars 2007), les « Majors » sont Mazars, Thornton, Secafi Alpha,
Constantin Associés, Fiteco, Scacchi & associés, SAS Strego.

-7-
entreprises puisqu’elle permet de combiner un cabinet « Big » et un autre « Non Big », ce qui

est de nature à réduire les frais de l’audit externe comparativement à celui effectué par deux

auditeurs « Big ». Audousset-Coulier (2008) réfute cette hypothèse et conclut plutôt à une

relation positive et significative entre le recours par les entreprises françaises à un cabinet

« Major » et les honoraires d’audit.

H3 : La présence d’un cabinet d’audit « Major » parmi les commissaires aux comptes affecte
négativement le montant des honoraires d’audit.

I.1.4. Durée de la relation avec les auditeurs et honoraires d’audit

Une autre particularité du marché de l’audit en France est la durée du mandat. En effet,

les auditeurs sont sélectionnés pour une durée de six ans renouvelable6. La longévité de la

relation peut constituer une entrave à l’indépendance de l’auditeur dès lors que des liens

personnels se tissent entre les deux parties. Il a été ainsi constaté par Carey et Simnett (2006)

que les auditeurs externes qui établissent des relations de longue durée (plus de 7 ans)

émettent moins de réserves sur la santé financière et la pérennité des entreprises australiennes

en difficulté. L’auditeur risque ainsi d’être moins vigilant et moins rigoureux dans la détection

des sources potentielles de risque (Deis et Giroux, 1996). Selon ces derniers auteurs, les

honoraires d’audit ne sont faibles qu’à la première année de la relation pour augmenter

sensiblement durant les années suivantes. Une association positive est donc à prévoir dans ce

cas entre la durée de relation et les honoraires d’audit externe. Dans notre étude, le calcul de

cette durée débute à la signature du premier mandat, et, pour tenir compte du contexte de co-

commissariat, c’est la moyenne des durées des deux relations qui est considérée.

H4 : Il existe une relation positive entre la durée de la relation avec l’auditeur et le montant
des honoraires d’audit.

6
Notons à ce stade que la LSF impose, depuis 2003, le principe de rotation des associés signataires tous les 6 ans
maximum pour les sociétés faisant appel public à l’épargne.

-8-
I.2. Caractéristiques de gouvernance et honoraires d’audit

Plusieurs études ont mis en évidence la relation entre la demande de l’audit externe et

certains mécanismes de gouvernance (O’Sullivan, 2000 ; Abbott et Parker, 2000 ; Carcello et

al., 2002 ; Abbott et al., 2003 ; Gul et al., 2004 ; Broye, 2009 ). Trois caractéristiques du

conseil d’administration retiennent notre attention à savoir son degré d’indépendance, la

séparation des fonctions de directeur général et de président du conseil et la présence d’un

comité d’audit indépendant.

I.2.1. L’indépendance du conseil d’administration

Les administrateurs dits indépendants7 contribuent à l’amélioration de la qualité du

processus d’audit, en exigeant notamment un audit plus rigoureux. En appui à ce

raisonnement, O’Sullivan (2000) montre que la proportion des administrateurs non-dirigeants

a un impact positif sur la rémunération de l’auditeur. Les administrateurs indépendants

s’exposent davantage que les autres administrateurs en cas de comportement déviant des

dirigeants. C’est en voulant ainsi se décharger de leur rôle de contrôle et se dédouaner en cas

de problèmes majeurs que les administrateurs indépendants font davantage appel à l’audit

externe (Carcello et al., 2002). C’est aussi une manière pour eux de réduire leurs

responsabilités sans subir directement le coût. Piot (2006) affirme que « la mise en cause de la

responsabilité d’un groupe d’administrateurs par les investisseurs est contraire au principe

de collégialité qui régit le fonctionnement du conseil d’administration. Le fait que le conseil

soit dans son ensemble responsable de la surveillance managériale tend à diluer les

responsabilités individuelles et, par conséquent, à déresponsabiliser les administrateurs

indépendants ». En dehors des contraintes légales, les administrateurs indépendants cherchent

à préserver leur capital de prestige et à veiller aux intérêts des actionnaires en exigeant des

7
Nous nous référons ici à la définition donnée dans le rapport Bouton (2002) : « un administrateur est
indépendant lorsqu’il n’entretient aucune relation de quelque nature que ce soit avec la société, son groupe ou
sa direction, qui puisse compromettre l’exercice de sa liberté de jugement ».

-9-
services d’audit sensiblement supérieurs, ce qui laisse supposer une relation de

complémentarité entre l’indépendance du conseil et l’audit externe dans le contrôle des

dirigeants. A l’instar de ces travaux antérieurs, le degré d’indépendance du conseil

d’administration est mesuré par le nombre d’administrateurs indépendants rapporté au nombre

total des administrateurs.

H5 : L’indépendance du conseil d’administration affecte positivement le montant des


honoraires d’audit.

I.2.2. La séparation des fonctions de directeur général et de président du conseil

Outre la présence d’administrateurs externes indépendants, la séparation des fonctions de

directeur général et de président du conseil d’administration constitue un aspect important de

l’indépendance du conseil. En effet, le cumul de ces deux fonctions réduit la capacité de

contrôle du conseil d’administration (Eisenhardt, 1989). En raison des risques potentiels de

décisions sous-optimales, voire de fraude, les actionnaires auraient besoin d’un audit plus

approfondi en cas de cumul de ces deux fonctions. A ce sujet, Gul et al. (2004) trouvent, en

utilisant des données de 1998 pour 246 entreprises australiennes, une relation positive entre le

cumul de ces fonctions et le niveau des honoraires d’audit. Selon ces auteurs, cette dualité de

rôles entraîne un besoin croissant en audit externe conduisant à un accroissement des

honoraires. A l’instar de Gul et al. (2004), cette dimension est mesurée par une variable

binaire qui prend la valeur 1 en cas de cumul de ces deux fonctions et 0 autrement.

H6 : Le cumul des fonctions de directeur général et de président du conseil d’administration


affecte positivement le montant des honoraires d’audit.

I.2.3. L’indépendance du comité d’audit

Ce n’est que depuis juin 2008 et en application de la huitième directive européenne que

les entreprises françaises doivent être dotées d’un comité d’audit indépendant et ayant au

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moins un membre disposant d’un niveau d’expertise en comptabilité et en finance. Avant

cette date, la France laissait libre cours aux entreprises d’instaurer ou non un comité d’audit et

d’en définir le cas échéant les missions ainsi confiées. En effet, les rapports Viénot de 1995 et

de 1999 et Bouton de 2002 ainsi que les lois NRE (Nouvelles Régulations Economiques) de

2001 et la LSF de 2003 ne fixent pas des règles communes à respecter. L’ensemble des textes

se limitait à la formulation des recommandations plus ou moins suivies par les entreprises.

Cette liberté accordée aux entreprises a donné lieu à un certain nombre de travaux récents

portant sur la relation entre l’existence d’un comité d’audit et les honoraires d’audit.

Si le comité d’audit ne participe pas systématiquement au choix de l’auditeur externe, il

n’en demeure pas moins qu’il doit s’assurer que l’auditeur légal mette en œuvre les

investigations nécessaires pour accomplir sa mission selon les normes professionnelles, d’où

la présomption de l’existence d’une relation entre la présence d’un comité d’audit (ou ses

caractéristiques) et les honoraires d’audit. Les résultats trouvés par les études antérieures sont

toutefois mitigés et aucun consensus n’est encore établi à ce propos. Un comité d’audit

efficace peut exiger des efforts supplémentaires de la part des auditeurs externes comme

complément à leur travail en interne, ce qui peut se traduire par une hausse des honoraires. De

nombreux auteurs, comme Carcello et al. (2002), Abbott et al. (2003), Lee et Mande (2005) et

Vafeas et Waegelein (2007) dans le contexte américain et Collier et Gregory (1996) et

Goddard et Masters (2000) dans le contexte britannique, associent le montant des honoraires à

l’efficacité du comité d’audit mesurée, principalement, par son degré d’indépendance et/ou le

niveau d’expertise en comptabilité et en finance de ses membres. Ces études soutiennent ainsi

l’idée que le comité d’audit et l’audit externe sont deux mécanismes complémentaires de

contrôle des dirigeants. Ce même résultat est trouvé par Broye (2009) dans le contexte

français. Sur la base d’un échantillon de 150 entreprises françaises cotées en 2005, l’auteur

- 11 -
trouve que l’existence et le degré d’indépendance d’un comité d’audit sont associés à des

honoraires plus importants8.

A l’instar des études antérieures, nous mesurons le degré d’indépendance du comité

d’audit par une variable métrique égale au pourcentage d’administrateurs indépendants au

sein du comité d’audit.

H7 : Il existe une relation positive entre le degré d’indépendance du comité d’audit et le


montant des honoraires d’audit.

I.3. Caractéristiques de propriété et honoraires d’audit

La relation entre la structure de propriété et les honoraires d’audit externe a été

relativement peu explorée (O’Sullivan, 2000 ; Peel et Clatworthy , 2001 ; Mitra et al., 2007).

Dans notre étude, nous examinons trois aspects de la structure de propriété : la propriété

managériale, la présence d’actionnaires de référence et la propriété institutionnelle.

I.3.1. La propriété managériale

En France, le dirigeant jouit d’une place importante dans le modèle de gouvernement

traditionnel, en raison de son implication dans le capital et la forte concentration de ses droits

de vote (Charreaux, 1996). Jensen et Meckling (1976) supposent que lorsque la propriété

managériale augmente, les divergences d’intérêts entre actionnaires et dirigeants sont réduites.

La propriété managériale incite les dirigeants à agir conformément aux intérêts des autres

actionnaires et à s’engager dans des projets maximisant la valeur de la firme. La demande

d’audit externe et les honoraires s’en trouvent ainsi réduits. O’Sullivan (2000) et Mitra et al.

(2007) trouvent, dans le contexte britannique et étatsunien respectivement, un impact négatif

de la part détenue par les dirigeants actionnaires sur le montant des honoraires d’audit. Pour

8
Notons que d’autres auteurs, comme Yatim et al. (2006) et Muniandy (2007) pour le cas de la Malaisie et
Goodwin-Stewart et Kent (2006) pour le cas de l’Australie, ne trouvent pas de relation significative entre le
degré d’indépendance des comités d’audit et les honoraires d’audit.

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leur part, Gul et al. (2004) supposent la présence d’une relation non-linéaire entre la propriété

managériale et les honoraires d’audit externe. Deux situations antinomiques peuvent soutenir

cette hypothèse : la première est celle de divergence d’intérêts entre les actionnaires et les

dirigeants lorsque le pourcentage du capital détenu par les managers est faible, et la deuxième

est celle de l’enracinement lorsque les dirigeants disposent d’un pouvoir élevé de contrôle sur

l’entreprise et d’une latitude plus importante pour agir dans leurs propres intérêts. En

s’appuyant sur l’hypothèse de convergence d’intérêts, nous pouvons affirmer que lorsque la

propriété managériale augmente, les conflits entre les actionnaires et les dirigeants peuvent

être limités et il pourrait y avoir par conséquent une réduction au niveau de l’effort et des

honoraires d’audit. Dans notre étude, la propriété managériale est mesurée par le pourcentage

du capital détenu par les dirigeants et les membres exécutifs du conseil d’administration.

H8 : Il existe une relation négative entre le niveau de la propriété managériale et le montant


des honoraires d’audit.

I.3.2. La présence d’actionnaires de référence

La structure de propriété est relativement concentrée en France. Dans leur étude des 402

entreprises introduites en bourse en France entre 1986 et 2000, Broye et Schatt (2003)

précisent que le principal actionnaire détient, en moyenne, 48,83 % des actions (50,64 % pour

la médiane) contre 14,02 % des actions (12,13 % pour la médiane) pour le second actionnaire,

souvent membre de la même famille ou co-fondateur de l’entreprise. Ils rapportent aussi que

64,82 % des firmes sont contrôlées par des familles contre seulement 14% disposant d’un

actionnariat dispersé. Audousset-Coulier (2008) trouve, pour la période 2002-2003, que 61 %

environ des sociétés ont un actionnaire majoritaire, et que le poids des actionnaires de

référence est relativement important avec une moyenne d’environ 60 % des droits de vote

détenus par des actionnaires ayant plus de 5 % des droits de vote.

- 13 -
Même s'ils ne bénéficient pas du contrôle absolu, les actionnaires de référence sont en

état d'exercer une influence forte sur l'entreprise. Ils accèdent plus facilement aux

informations internes et leur présence dans la composition de l’actionnariat entraîne une

demande plus restreinte d’audit (Chan et al., 1993). Sur la base d’un échantillon de 132 firmes

britanniques cotées en 1992 (avant donc la publication du rapport Cadbury), Peel et

Clatworthy (2001) concluent à l’absence de relation entre la présence d’actionnaires de

référence et les honoraires d’audit. Ce même résultat est aussi trouvé par Audousset-Coulier

(2008) dans le contexte français. De leur côté, Mitra et al. (2007) trouvent une relation

négative entre la présence de « blockholders » dans le capital (participation supérieure à 5 %)

et le niveau des honoraires d’audit. En effet, les auteurs expliquent que dans la mesure où ils

sont les principaux bénéficiaires, les actionnaires de référence sont fortement incités à investir

dans la surveillance active de la gestion de la firme, ce qui est de nature à réduire la demande

de l’audit externe et donc les honoraires d’audit. Comparés aux actionnaires minoritaires, ils

jouent un rôle plus important dans le contrôle des dirigeants dans la mesure où ils disposent

d’un grand pouvoir dans les assemblées générales. Dans notre étude, nous mesurons la

proportion du capital détenu par les actionnaires de référence par le pourcentage cumulé du

capital détenu par les actionnaires possédant plus de 5% des droits de vote.

H9 : Il existe une relation négative entre le pourcentage du capital détenu par les actionnaires
de référence et le montant des honoraires d’audit.

I.3.3. La propriété institutionnelle

Les investisseurs institutionnels (notamment les banques, les compagnies d’assurances,

les caisses de retraites, les fonds mutuels et les fonds de pension) peuvent jouer un rôle actif

dans la gouvernance des entreprises. Ils sont considérés comme des partenaires influents pour

l’entreprise car leurs moyens financiers, généralement considérables, leur permettent de

devenir des investisseurs actifs dans le contrôle de la gestion de la firme (Jensen et Meckling,

- 14 -
1976). Toutefois, la question de substituabilité ou de complémentarité entre le degré de

participation des investisseurs institutionnels dans le capital et les honoraires d’audit reste

encore sans réponse. Jensen et Meckling (1976) imputent l’activisme de l’investisseur

institutionnel aux conflits d’intérêt entre les actionnaires et les dirigeants. Cet activisme est

d’autant plus grand que la propriété est concentrée entre les mains des investisseurs

institutionnels. Il en découle qu’avec l’augmentation de la concentration des droits de

propriété, ils seraient plus enclins à contrôler activement le processus du « reporting »

financier, avec, pour conséquence, une faible exigence dans les opérations menées par

l’auditeur externe. Mitra et al. (2007) ne trouvent pas, toutefois, de relation significative entre

la part du capital détenu par les institutionnels et les honoraires d’audit. Dans notre étude,

nous mesurons la propriété institutionnelle par le pourcentage du capital détenu par les

investisseurs institutionnels.

H10 : Il existe une relation négative entre le niveau de la propriété institutionnelle et le


montant des honoraires d’audit.

II. — METHODOLOGIE DE RECHERCHE

II.1. Échantillon et période d’analyse

L’étude empirique porte sur les entreprises de l’indice SBF 250 comportant les 250 plus

grandes entreprises françaises cotées à la bourse de Paris pendant la période 2004-2006. Les

données comptables et financières ainsi que celles relatives aux caractéristiques de propriété

et de gouvernance ont été collectées manuellement à partir des rapports annuels et des

documents de référence disponibles sur les sites internet des sociétés concernées. Nous avons

exclu les entreprises étrangères non soumises à l’obligation du co-commissariat (11), les

établissements bancaires, les assurances et les sociétés immobilières en raison de leur

présentation comptable particulière et de leur réglementation spécifique en matière d’audit

- 15 -
(33) ainsi que les sociétés pour lesquelles certaines données étaient indisponibles (76). Cette

procédure de sélection nous a permis d’avoir un échantillon de 130 entreprises sur 3 ans, soit

390 observations.

II.2. Définition et mesure des variables

II.2.1. La variable à expliquer : choix de l’auditeur et honoraires d’audit

II.2.1.1. Honoraires d’audit (HAUD) : variable métrique égale au logarithme (népérien) du

montant des honoraires d’audit. Cette mesure a été adoptée par la majorité des études

antérieures.

II.2.1.2. Choix de l’auditeur externe (BIG) : pour traduire parfaitement la spécificité française

du double commissariat aux comptes, nous avons jugé utile d’opérationnaliser le choix de

l’auditeur externe par une variable ordinale prenant les valeurs 0, 1, 2 en fonction du nombre

d’auditeurs « Big » composant le collège de commissaires aux comptes. Expliquée

principalement par les caractéristiques de propriété et de gouvernance, cette variable servira à

son tour pour expliquer le montant des honoraires d’audit. Pour tenir compte des

caractéristiques du marché de l’audit en France, nous comparons également dans notre étude

l’impact de la présence d’un cabinet d’audit « Major », par rapport à celui de la présence d’un

ou deux auditeurs « Big » sur les honoraires d’audit.

II.2.2. Les variables de contrôle

Dans notre étude, nous avons retenu les variables de contrôle suivantes :

II.2.2.1. Le taux d’endettement (DETTE) : un fort taux d’endettement expose l’entreprise au

risque de faillite et accroît ainsi la demande de l’audit externe (Simunic, 1980). Du point de

vue de la théorie d’agence, le recours à l’endettement peut être une solution aux conflits entre

actionnaires et dirigeants (Jensen et Meckling, 1976). En effet, en augmentant le risque de

faillite, l’endettement incite le dirigeant, qui se voit menacé par la perte de sa rémunération et

- 16 -
ses avantages en nature, à adopter une gestion plus efficace et plus conforme aux intérêts des

actionnaires. Dans ce sens, l’endettement constitue un moyen de discipline des dirigeants.

Toutefois, en présence de la dette, le dirigeant, comme représentant des actionnaires, peut être

amené à privilégier les intérêts des actionnaires au détriment des créanciers. Sur la base d’un

échantillon de 102 firmes étudiées sur la période 1998-2002, Piot (2008) trouve que le taux

d’endettement est l’un des paramètres affichant un pouvoir explicatif significatif sur la

présence d’un « Big five » parmi les commissaires aux comptes. A l’instar de Piot (2001,

2008), l’endettement est mesuré par le rapport entre les dettes financières et le total de l’actif.

II.2.2.2. La complexité de la mission d’audit : la complexité de la mission d’audit constitue un

facteur explicatif du choix de l’auditeur et des honoraires d’audit. Dans notre article, nous

mesurons cette complexité par trois variables : la dimension internationale de l’entreprise, la

diversification sectorielle et l’importance des stocks et des créances dans le bilan.

II.2.2.2.1. La dimension internationale (CAHF) : une entreprise fortement engagée à

l’international nécessite de la part des auditeurs externes une attention plus particulière surtout

au niveau des différences de normes comptables et fiscales entre les pays. Un auditeur de

grande taille peut être ainsi davantage sollicité (Piot, 2001 et 2005a). Pour tenir compte de

cette dimension, nous la mesurons, comme Piot (2001, 2005a), par le pourcentage du chiffre

d’affaires consolidé réalisé hors France.

II.2.2.2.2. La diversification sectorielle (SECT) : le nombre de secteurs dans lesquels opère

une firme renseigne sur son degré de complexité organisationnelle et nécessite des travaux

d’audits différenciés (Chan et al., 1993 ; Carcello et al., 2002). Les grands réseaux

internationaux sont reconnus pour leur dotation en ressources nécessaires pour gérer cette

complexité (Piot, 2001). De son côté, Audousset-Coulier (2008) trouve que le montant des

honoraires d’audit est positivement lié au nombre de secteurs dans lesquels opère la firme.

- 17 -
II.2.2.2.3. L’importance des postes « stocks » et « créances clients » (POSC) : les stocks et les

créances représentent généralement des actifs coûteux à certifier qui requièrent des techniques

d’audit parfois sophistiquées, gages de sincérité de l’information financière diffusée aux tiers

(Abbott et al., 2003 ; Piot, 2001 ; Kane et Velury, 2004). Cette dimension est mesurée par le

poids des stocks et des créances dans le total de l’actif.

II.2.2.3. La performance économique (ROA) : les dirigeants des entreprises performantes sont

plus susceptibles de signaler la qualité des informations transmises par le choix d’un auditeur

de renom (Kane et Velury, 2004 ; Lennox, 2005). Le taux de rentabilité économique « Return

On Assets – ROA » est mesuré par le rapport entre le résultat courant net avant charges

financières et le total de l’actif.

II.2.2.4. La performance boursière mesurée par le ratio « Market-to-book » (MTB) : calculé

par le rapport entre la valeur de marché et la valeur comptable des capitaux propres, le ratio

« Market-to-book » est une mesure de la performance anticipée par les actionnaires et peut

ainsi servir d’indicateur de présence d’opportunités de croissance future (Gaver et Gaver,

1993). Si les opportunités de croissance représentent une part élevée de la valeur de la firme,

cette dernière présente alors plus de risques et d'incertitudes qu'une autre firme dont la valeur

est principalement constituée par ses actifs en place. Par conséquent, le besoin de rassurer les

actionnaires en place et les investisseurs potentiels peut se manifester par le choix d'un

auditeur externe à forte réputation (Piot, 2001). Pour le calcul de la valeur de marché des

capitaux propres, nous utilisons, à l’instar de Gaver et Gaver (1993) et de Piot (2001), comme

cours la moyenne plus haut/plus bas de l’exercice. Cela permet, selon Piot (2001), de limiter

les problèmes d’asynchronisme pour les firmes ne clôturant pas au 31 décembre et d’atténuer

l’impact de la tendance du marché à cette date.

II.2.2.5. La performance commerciale mesurée par la variation en pourcentage du chiffre

d’affaires (CROISS) : dans les entreprises à forte croissance, les procédures de contrôle

- 18 -
doivent être réexaminées continuellement pour suivre l’évolution du nombre de transactions

de l’entreprise, ce qui explique le recours aux services des grands cabinets internationaux. A

l’instar de Gonthier-Besacier et Schatt (2007), nous mesurons la croissance par la variation

moyenne du chiffre d’affaires de l’entreprise des trois dernières années.

II.2.2.6. La taille de la firme (TAILLE) : dans la grande majorité des études antérieures, la

taille de la firme auditée est la principale variable explicative du choix de l’auditeur et de la

rémunération des auditeurs. Les grandes firmes réalisent généralement un nombre de

transactions plus important, nécessitant par conséquent une plus grande quantité de travaux

d’audit et un effort supplémentaire de la part de l’auditeur. La taille est mesurée par le

logarithme népérien du total de l’actif.

Le tableau 1 résume les variables retenues dans notre étude, leurs définitions et leurs

mesures.

- 19 -
Tableau 1 - Variables : définitions et mesures
Variable Définition Mesure
HAUD Honoraires d’audit Variable métrique égale au logarithme (népérien) du
montant des honoraires d’audit.
BIG Nombre d’auditeurs « Big » Variable ordinale qui prend la valeur 0 si l’entreprise n’a
composant le collège de pas d’auditeur « Big », 1 si elle a un auditeur « Big » et 2
commissaires aux comptes si elle a deux auditeurs « Big ».
1BIG Recours à un seul auditeur Variable binaire prenant la valeur 1 si l’entreprise a un
appartenant au groupe « Big » auditeur Big et un seul, 0 sinon.
2BIG Recours à deux auditeurs Variable binaire prenant la valeur 1 si l’entreprise a deux
appartenant au groupe « Big » auditeurs « Big », 0 sinon.
MAJOR Recours à un auditeur « Major » Variable binaire prenant la valeur 1 si l’entreprise a un
auditeur « Major », 0 sinon.
DUREE Durée de la relation d’audit Durée moyenne des deux auditeurs.
INDCA Indépendance du conseil Rapport entre le nombre d’administrateurs indépendants
d’administration et le nombre total des administrateurs.
CUM Cumul de la fonction de Président Variable binaire qui prend la valeur 1 en cas de cumul
du conseil d’administration et celle des fonctions de directeur général et de président du
du Directeur général conseil d’administration, 0 sinon.
INDCAUD Indépendance du comité d’audit Pourcentage d’administrateurs indépendants au sein du
comité d’audit.
PMA Propriété managériale Pourcentage du capital détenu par les dirigeants et les
membres exécutifs du conseil d’administration.
PINST Propriété institutionnelle Pourcentage du capital détenu par les investisseurs
institutionnels.
ACREF Actionnaire de référence Pourcentage cumulé du capital détenu par les
actionnaires de référence de plus de 5 % des droits de
vote.
DETTE Taux d’endettement Rapport entre dettes financières et total de l’actif.
CAHF Chiffre d’affaires hors France Pourcentage du chiffre d’affaires consolidé réalisé hors
France.
SECT Diversification sectorielle Nombre de secteurs dans lesquels opère la firme.
POSC Postes coûteux à valider Rapport entre la somme des stocks et des créances et le
total de l’actif.
ROA Taux de rentabilité économique Rapport entre le résultat courant avant charges
financières (résultat économique) et le total de l’actif.
MTB Market-to-book Rapport entre le nombre d’actions existantes * le cours
moyen plus haut/plus bas de l’exercice et les capitaux
propres du groupe.
CROISS Croissance du chiffre d’affaires Variation moyenne en pourcentage du chiffre d’affaires
des trois dernières années.
TAILLE Taille de l’entreprise Logarithme népérien du total de l’actif.

II.3. Modèle

La question posée dans notre recherche est de savoir s’il y a une relation entre la taille du

cabinet d’audit et les honoraires d’audit tout en considérant les caractéristiques du marché de

l’audit ainsi que celles relatives à la propriété et à la gouvernance des entreprises françaises.

Pour répondre à notre question, nous développons un modèle de type Heckman à deux étapes

avec intégration dans le modèle d’honoraires des Inverse Mills Ratios issus du modèle de

- 20 -
choix de l’auditeur9. Le choix du modèle de type Heckman peut être expliqué par l’existence

d’un problème d’endogéneïté au niveau de la relation BIG-honoraires. En effet, notre modèle

introduit dans sa deuxième étape deux variables binaires indiquant le choix d’un auditeur

« Big » (1BIG) ou de deux (2BIG). Ceci laisse supposer que ces deux variables sont exogènes

au montant des honoraires d’audit. Autrement dit, les auditeurs sont considérés comme

attribués à l’entreprise de façon aléatoire. Les entreprises choisissent leurs commissaires aux

comptes en fonction de leurs besoins, taille et autres caractéristiques propres. Donc, la

décision de sélectionner (ou non) un ou deux auditeurs « Big » parmi les commissaires aux

comptes peut être traduite en une décision d’accroître ou de baisser les honoraires d’audit. Il

existe en conséquence un risque de codétermination, et donc d’endogéneïté, entre le choix de

l’auditeur et les honoraires d’audit.

Ce risque ne peut pas être éliminé par une simple régression de type « moindres carrés

ordinaires » (OLS). Il nécessite plutôt d’utiliser le modèle d’Heckman (1979) qui se déroule

en deux étapes. Dans une première étape, nous construisons un modèle de type « probit

ordinal » qui permet d’expliquer le choix de 0, 1 ou de 2 auditeurs « Big » en fonction des

variables liées au conseil d’administration, à la structure de propriété et à d’autres variables de

contrôle. Les travaux de Beasley et Petroni (2001), Carcello et al. (2002), Lennox (2005) et de

Goodwin-Stewart et Kent (2006) montrent une relation positive entre la présence

d’administrateurs indépendants dans le conseil d’administration et la sélection des auditeurs

« Big ». Piot (2005a) conclut, de son côté, à l’absence de relation entre la proportion des

administrateurs indépendants dans le conseil d’administration des entreprises françaises et la

présence d’un auditeur « Big » parmi les commissaires aux comptes. Par ailleurs, Piot (2008)

et Audousset-Coulier (2008) trouvent une relation positive et significative entre l’existence

d’un comité d’audit et le choix d’un auditeur « Big ». Au niveau des variables relatives à la

9
Pour plus de détails sur cette modélisation et notamment sur son utilisation dans le cas d’un choix mesuré par
une variable ordinale (0, 1, 2), voir Audousset-Coulier (2008).

- 21 -
structure de propriété, les études de Velury et al. (2003) et de Kane et Velury (2004) mettent

en évidence une relation positive entre la propriété institutionnelle et le choix d’un auditeur

« Big ». Alexandre et Paquerot (2000) remettent en cause la capacité de contrôle des

investisseurs institutionnels dans le contexte français. Très souvent, d’après ces auteurs, des

relations informelles se tissent avec les dirigeants, à travers lesquelles les institutionnels

peuvent réaliser des affaires parfois fructueuses. Pour extraire des bénéfices privés, les

institutionnels peuvent ne pas privilégier le choix des auditeurs externes de plus grande taille.

Dans une deuxième étape, nous construisons un modèle de détermination des honoraires

d’audit. Ce modèle intègre, outre les variables de contrôle, les deux variables binaires

expliquant le choix d’un auditeur « Big » (1BIG) et de deux « Big » (2BIG), ainsi que les

Inverse Mills Ratios (IMR1 et IMR2) dérivés du premier modèle et qui permettent de prendre

en compte les caractéristiques non observables associées au choix de l’auditeur. Cette

deuxième équation permet donc de corriger l’erreur de « self-selection » des auditeurs qui met

en cause le caractère exogène du choix des auditeurs par les entreprises. Des Mills

significatifs renseignent sur l’endogéneïté du choix des auditeurs dans le modèle10. La double

dimension individuelle et temporelle nous incite à utiliser les techniques des données de panel

et à contrôler particulièrement les effets fixes et aléatoires des termes de l’erreur11. Le test

d’Hausman nous permettra de choisir entre le modèle à effets fixes et le modèle à effets

aléatoires.

10
Si les deux IMR sont significatifs, il conviendrait alors de contrôler explicitement le biais de sélection de
l’auditeur « Big ». En d’autres termes, le signe significatif de ces coefficients traduit l’effet d’autres facteurs non
observables (ou omis) propres au choix d’un ou de deux « Big ». Il pourrait s’agir par exemple des relations
informelles entre les firmes et les auditeurs ou entre les auditeurs eux-mêmes œuvrant dans la certification des
comptes d’une même firme.
11
Pour contrôler chacun de ces deux effets, il convient d’adopter une modélisation particulière sur la
spécification des erreurs. Le modèle à effets fixes (appelé aussi modèle de la covariance) suppose que les termes
de l’erreur sont constants et qui ne font donc que modifier la valeur de la constante. Le modèle à effets aléatoires
(appelé aussi modèle à erreurs composées) suppose que les termes de l’erreur sont aléatoires.

- 22 -
Le modèle peut être écrit sous la forme suivante12 :

Première étape : modèle de sélection des auditeurs

BIG = α0 + α1 INDCA + α2 CUM + α3 INDCAUD + α4 PMA + α5 PINST + α6 ACREF + α7


DETTE + α8 CAHF + α9 POSC + α10 SECT + α11 ROA + α12 MTB + α13 CROISS + α14
TAILLE + ε

Deuxième étape : modèle des déterminants des honoraires d’audit

HAUD = ß0 + ß1 1BIG + ß2 2BIG + ß3 IMR1 + ß4 IMR2 + ß5 MAJOR + ß6 DUREE + ß7


INDCA + ß8 CUM + ß9 INDCAUD + ß10 PMA + ß11 PINST + ß12 ACREF + ß13 DETTE + ß14
CAHF + ß15 POSC + ß16 SECT + ß17 TAILLE + ε

III. — RESULTATS

III.1. Statistiques descriptives

Le tableau 2 présente les statistiques descriptives des variables retenues dans l’analyse.

Concernant les structures de gouvernance, la proportion d’administrateurs indépendants est en

moyenne de 42,59 % dans les conseils d’administration et de 43,16 % dans les comités

d’audit des firmes de notre échantillon. Au niveau de la structure de propriété, le pourcentage

du capital détenu par les dirigeants et les membres exécutifs du conseil d’administration est en

moyenne de 21,49 % et celui détenu par les actionnaires de référence (ACREF) est de 52,82

%. La propriété institutionnelle est relativement faible au niveau des firmes de notre

échantillon avec une valeur moyenne égale à 11,12 %. Le taux d’endettement moyen pour

l’échantillon total est de 22,61 %, ce qui montre que le poids des dettes financières est assez

faible sur l’ensemble de notre échantillon. Il ressort également de l’analyse descriptive que la

durée de relation entre l’auditeur et son client est en moyenne de 8,3977 ans. Le poids des

comptes de stocks et de créances clients représente en moyenne 32,11 % du total de l’actif. En

12
D’après Piot (2008), la procédure d’Heckman ne peut être opérationnelle que lorsque le modèle de sélection
inclut au moins une variable qui n’est pas introduite comme variable explicative dans le second modèle. Dans
notre cas, les variables liées à la performance économique (ROA), la performance commerciale (croissance du
chiffre d’affaires, CROISS) et la performance boursière (Market-to-book) affectent le choix des auditeurs qui, à
son tour, explique les honoraires d’audit.

- 23 -
ce qui concerne la dimension internationale de leurs activités, les firmes de notre échantillon

réalisent 45,39 % de leur chiffre d’affaires à l’étranger. Au niveau des mesures de

performance, les observations montrent que le taux de rentabilité économique (ROA) et celui

de la croissance du chiffre d’affaires (CROISS) sont de 6,36 % et de 8,60 %, respectivement.

Notons à ce propos une plus grande variabilité de la croissance du chiffre d’affaires. Le

« Market-to-book » moyen des firmes de notre échantillon est de 2,4436, avec des valeurs

allant de - 8,5713 à 24,4665.

Tableau 2 - Statistiques descriptives des variables continues


Moyenne Ecart-type Minimum Maximum
HAUD (en millions d’euros) 4,100 0,4082 0,028 52,400
DUREE 8,3977 0,2534 0,5050 29,6360
INDCA 0,4259 0,0118 0 1
INDCAUD 0,4316 0,0199 0 1
PMA 0,2149 0,0138 0 0,9824
ACREF 0,5282 0,0131 0 0,9976
PINST 0,1112 0,0119 0 0,9800
DETTE 0,2261 0,0075 0 0,7887
POSC 0,3211 0,0086 0,0062 0,8534
CAHF 0,4539 0,0153 0 0,9989
ROA 0,0636 0,0049 - 0,5927 0,6010
CROISS 0,0860 0,0182 - 0,9621 0,9361
MTB 2,4436 0,1145 - 8,5713 24,4665
SECT 3,1513 0,0735 1 8
TAILLE (Total de l’actif en millions d’euros) 2 841,321 514,720 4,041 80 443,100

Le tableau 3 présente les résultats des tests des différences de moyennes des variables

retenues dans notre analyse entre les entreprises faisant recours à un seul auditeur « Big »

(1BIG = 1) et les autres (1BIG = 0), d’un côté, et entre les entreprises faisant recours à deux

auditeurs « Big » (2BIG = 1) et les autres (2BIG = 0), d’un autre côté. La lecture de ce tableau

fait apparaître que les honoraires d’audit versés par les firmes de notre échantillon augmentent

considérablement avec le nombre d’auditeurs « Big ». En effet, la moyenne des honoraires des

firmes auditées par un seul « Big » (1BIG = 1) est de 2,4739 millions d’euros et atteint 9,7879

- 24 -
chez les firmes auditées par deux auditeurs « Big » (2BIG = 1). Les différences de moyennes

avec les autres firmes de l’échantillon sont, au niveau des deux découpages réalisés,

significatives. La durée de la relation est aussi plus importante chez les entreprises auditées

par deux auditeurs « Big » (2BIG = 1). Elle est en moyenne de 9,875 ans contre 7,772 chez les

autres firmes de notre échantillon. Aucune différence significative n’est par ailleurs observée

entre les entreprises auditées par un seul « Big » et les autres firmes.

Tableau 3 - Moyennes et tests de différences de moyennes des variables continues

Variables 1BIG T de Student 2BIG T de Student


0 1 0 1
Nombre d’observations 184 206 274 116
HAUD 6,3170 2,4739 4,762 *** 1,9582 9,7879 - 9,608 ***
(en millions d’euros) (0,7995) (0,2681) (0,2092) (1,1527)
DUREE 8,8256 8,0154 1,599 7,7722 9,8750 - 3,860 ***
(0,3843) (0,3339) (0,2812) (0,5099)
INDCA 0,4294 0,4228 0,277 0,3925 0,5049 - 4,447 ***
(0,0169) (0,0166) (0,0147) (0,0176)
INDCAUD 0,4644 0,4023 1,558 0,3238 0,6861 - 9,138 ***
(0,0289) (0,0275) (0,0233) (0,0263)
PMA 0,1739 0,2515 - 2,831 *** 0,2518 0,1277 4,199 ***
(0,0182) (0,0201) (0,0169) (0,0215)
ACREF 0,5255 0,5306 - 0,195 0,5312 0,5210 0,356
(0,0190) (0,0180) (0,0146) (0,0272)
PINST 0,1335 0,0912 1,776 0,0742 0,1985 - 4,911 ***
(0,0191) (0,0147) (0,0113) (0,0284)
DETTE 0,2163 0,2348 - 1,224 0,2245 0,2298 - 0,319
(0,0109) (0,0105) (0,0093) (0,0125)
POSC 0,3133 0,3282 - 0,865 0,3507 0,2512 5,501 ***
(0,0123) (0,0120) (0,0104) (0,0130)
CAHF 0,4535 0,4543 - 0,027 0,4262 0,5195 - 2,820 ***
(0,0216) (0,0215) (0,0182) (0,0272)
ROA 0,0696 0,0583 1,157 0,0610 0,0697 - 0,813
(0,0072) (0,0067) (0,0061) (0,0080)
CROISS 0,1185 0,0569 1,691 * 0,0915 0,0729 0,465
(0,0257) (0,0257) (0,0212) (0,0356)
MTB 2,4707 2,4193 0,224 2,6329 1,9964 2,560 ***
(0,1720) (0,1532) (0,1532) (0,1220)
SECT 3,2283 3,0825 0,989 3,0985 3,2759 - 1,103
(0,1209) (0,0878) (0,0864) (0,1394)
TAILLE (Total de l’actif 13158,67 4126,091 4,838 *** 3268,034 20480,420 - 9,016 ***
en millions d’euros) (1823,958) (678,722) (519,909) (2669,16)
Les valeurs entre parenthèses représentent les écarts-types.

La proportion d’administrateurs indépendants dans le conseil d’administration ou dans le

comité d’audit semble être aussi une fonction croissante du nombre de « Big ». Le degré

d’indépendance du conseil d’administration est de 50,49 % chez les firmes auditées par deux

- 25 -
auditeurs « Big » (2BIG = 1) et il est de 39,25 % chez les autres firmes auditées par aucun ou

par un seul auditeur « Big ». Au niveau du comité d’audit, les différences sont encore plus

importantes. Le degré d’indépendance est, respectivement, de 68,61 % chez le premier

groupe, contre seulement 32,38 % chez les autres firmes (2BIG = 0).

Le découpage réalisé en fonction du nombre de « Big » nous montre aussi une différence

notable dans la propriété managériale entre les firmes, avec une forte proportion chez les

entreprises auditées par un seul « Big » (1BIG = 1), 25,15 %, contre seulement 12,77 % chez

celles auditées par deux « Big » (2BIG = 1). La proportion du capital détenu par les

institutionnels est, toutefois, plus prononcée chez cette dernière catégorie de firmes. Elle est

en moyenne de 19,85 % et chute à 7,42 % chez les autres firmes.

Le rapport entre la somme des stocks et des créances et le total de l’actif (POSC) est plus

faible chez les entreprises auditées par deux auditeurs « Big » (2BIG = 1). Ces dernières

réalisent, toutefois, plus de la moitié (51,95 %) de leur chiffre d’affaires à l’étranger et sont,

en moyenne, de plus grande taille. Elles affichent un total de l’actif de 20 480,420 millions

d’euros contre seulement 4 126, 091 millions d’euros pour celles auditées par un seul auditeur

« Big ». Les firmes auditées par deux « Big » affichent un ratio « Market-to-book » inférieur à

celui des autres firmes. Notons, enfin, que la proportion du capital détenu par les actionnaires

de référence (ACREF), le taux d’endettement (DETTE), le taux de rentabilité économique

(ROA), le taux de croissance du chiffre d’affaires (CROISS) et le nombre de secteurs

d’activité (SECT) ne montrent pas de différences significatives entre les entreprises qui sont

auditées par un seul ou par deux auditeurs « Big ».

Le Tableau 4 présente la fréquence de la seule variable binaire de notre étude « CUM ».

L’analyse de ce tableau montre, sur les 390 observations, que les entreprises confondent dans

122 cas (soit 31,28 % du total échantillon) les fonctions de directeur général et de président du

conseil d’administration lorsqu’elles sont auditées par un seul auditeur « Big », contre

- 26 -
seulement dans 75 cas (19,23 %) lorsqu’elles sont auditées par deux auditeurs « Big ».

Notons, toutefois, que les différences observées en matière de cumul de ces deux fonctions

entre les entreprises auditées par un auditeur « Big », d’un côté, et par deux « Big », d’un

autre côté, et les autres ne sont pas significatives.

Tableau 4 - Statistiques descriptives de la variable binaire « CUM »

Variables 1BIG Chi deux 2BIG Chi deux


0 1 0 1
CUM 0 63 (16,15 %) 84 (21,54 %) 1,7687 106 (27,18 %) 41 (10,51 %) 0,3874
1 121 (31,03 %) 122 (31,28 %) 168 (43,08 %) 75 (19,23 %)
Total 184 (47,18 %) 206 (52,82 %) 274 (70,26 %) 116 (29,74 %)

III.2. Analyse des résultats du modèle de sélection des auditeurs

Le tableau 5 reprend les résultats du modèle explicatif du choix de l’auditeur13. Parmi

toutes les variables représentatives des caractéristiques du conseil d’administration, le degré

d’indépendance du comité d’audit est la seule variable déterminante du choix des auditeurs de

grande taille. La lecture du tableau montre que le coefficient relatif à cette variable est positif

(1,002) et statistiquement significatif au seuil de 1 %. Ce résultat, conforme à ceux de Abbott

et Parker (2000) et de Chen et al. (2005), s’explique par la volonté des membres indépendants

du comité d’audit d’imposer un audit externe plus rigoureux par la nomination d’au moins un

auditeur de renommée internationale. Concernant l’indépendance du conseil d’administration,

nous ne trouvons pas d’association significative avec le choix du type d’auditeur. Nos

résultats s’opposent, ainsi, à ceux de Piot (2008) qui trouve un effet positif et significatif de

l’indépendance du conseil d’administration sur le choix d’un auditeur « Big ». Nos résultats

montrent, contrairement à Piot (2008) et à Audousset-Coulier (2008), un effet positif de la

présence d’un actionnaire de référence. Toutefois, cet effet est faiblement significatif au seuil

de 10%. Aucune significativité n’est par ailleurs observée au niveau de l’impact de la

propriété institutionnelle sur le choix des auditeurs.

13
La matrice de corrélation n’a décelé aucun problème de multicolinéarité entre les variables explicatives.

- 27 -
La performance boursière, mesurée par le ratio « Market-to-book » affecte, d’après nos

résultats, négativement et significativement au seuil de 10 % le choix des auditeurs « Big ». Il

en est de même pour la performance économique des entreprises (ROA) mais à un seuil de

significativité plus faible (5 %). Les firmes les moins rentables présentent un risque de

manipulation de l’information comptable et de gestion de résultat plus élevé. Dans ce sens,

ces firmes sont plus susceptibles de faire appel à des auditeurs « Big » afin de rassurer les

actionnaires et les investisseurs potentiels quant à la qualité de l’information divulguée.

Tableau 5 - Test de l’endogéneïté du choix des auditeurs (Etape 1)


Variables Modèle du choix de l’auditeur
(BIG = 0, 1, 2)
Coefficient z-stat
INDCA 0,130 0,34
CUM - 0,011 - 0,08
INDCAUD 1,002 4,12 ***
PMA 0,241 0,87
ACREF 0,497 1,76 *
PINST 0,139 0,41
DETTE - 1,030 - 2,24 **
CAHF - 0,062 - 0,29
POSC - 0,518 - 1,34
SECT - 0,026 - 0,54
CROISS - 0,021 - 0,12
ROA - 1,796 - 2,26 **
MTB - 0,063 - 1,78 *
TAILLE 0,257 6,05 ***
Constante 1 0,530 1,066
Constante 2 2,975 5,036 ***
N 390
Chi2 199,05
Prob > Chi2 0,0000
Pseudo R2 0,2272
*, ** et *** : significativité aux seuils respectifs de 10 %, 5 % et 1 %.

Contrairement à Piot (2008), nous trouvons que le taux d’endettement ne favorise pas le

recours aux auditeurs « Big ». L’impact de la dette sur la variable « Big » est négatif et

significatif au seuil de 5 %. Notons par ailleurs que Audousset-Coulier (2008) ne trouve pas

de relation significative entre le taux d’endettement des entreprises françaises et le choix des

auditeurs « Big ». Piot (2001, 2005a) considère le taux d’endettement à long terme et ne

- 28 -
trouve pas non plus de relation significative avec la sélection des auditeurs « Big »14. Bien que

ces études ne portent pas sur la même période d’analyse, ces différences dans les résultats

restent difficiles à expliquer. Les banques peuvent discipliner les dirigeants et exercer un

contrôle externe sur l’entreprise et la question de complémentarité ou de substituabilité avec

l’audit externe peut être soulevée. Outre la question de la maturité soulevée par Piot (2001,

2005a), il serait aussi intéressant, à notre avis, de séparer au niveau du ratio d’endettement la

dette bancaire de la dette obligataire. Il est ainsi bien connu dans la théorie de l’intermédiation

financière que les banques, contrairement aux créanciers individuels (les obligataires),

peuvent exercer une certaine discipline sur les dirigeants.

La lecture du tableau 5 montre, conformément à la littérature antérieure, une relation

positive entre la taille de l’entreprise et celle de l’auditeur. La diversité de leurs sites au

niveau national, voire international, et les besoins d’une harmonisation de leurs systèmes

comptables incitent les firmes de grande taille à opter pour un auditeur « Big ». Toutefois,

nous ne trouvons aucune significativité quant aux variables relatives à la complexité de la

mission d’audit (chiffres d’affaires hors France, le poids des stocks et des créances client dans

le bilan et le nombre de secteurs d’activité).

III.3. Analyse des résultats du modèle explicatif des honoraires d’audit

Les résultats du premier modèle permettent de déterminer les probabilités du choix ou

non d’un ou de deux auditeurs « Big ». Ces probabilités servent de base pour le calcul des

Inverse Mills Ratios (IMR1 et IMR2) qui seront par la suite introduits dans le deuxième

modèle comme étant des variables explicatives. Nous présentons dans le tableau 6 les

résultats trouvés avec incorporation des IMR1 et IMR2. Les coefficients liés aux variables

IMR1 et IMR2 sont non significatifs, ce qui montre l’absence d’un problème d’endogéneïté

14
Dans Piot (2005a), le taux d’endettement à long terme ne devient significatif que lorsqu’il considère le choix
entre les auditeurs « Big » et les « Majors ».

- 29 -
lié à la sélection d’un seul auditeur ou de deux auditeurs « Big ». Quelle que soit la méthode

d’estimation (effets fixes ou aléatoires), il ressort, à la lecture du tableau 6, un effet nettement

positif et statistiquement significatif au seuil de 1 % de l’audit par un ou deux auditeurs

faisant partie des « Big » sur le montant des honoraires d’audit (HAUD). Toutefois, seuls les

résultats du modèle à effets fixes seront retenus dans le reste de notre texte. La valeur fournie

du test Chi-deux (Prob>Chi2 = 0,0002) nous permet d’accepter l’estimateur MCO du modèle

à effets fixes et de rejeter l’estimateur MCG fourni par le modèle à effets aléatoires.

Tableau 6 - Résultats du modèle explicatif des honoraires d’audit et test de l’endogéneïté du


choix des auditeurs (Etape 2)
Modèle à effets fixes Modèle à effets aléatoires
Variables Signe prévu
Coefficient t-Student Coefficient t-Student
1BIG + 0,417 3,06 *** 0,434 4,55 ***
2BIG + 0,654 3,38 *** 0,671 4,87 ***
IMR1 ? 0,013 0,22 - 0,168 - 0,34
IMR2 ? - 0,033 - 1,07 - 0,013 - 0,47
MAJOR - 0,504 3,34 *** 0,344 3,66 ***
DUREE + 0,004 0,44 - 0,007 - 1,71 *
INDCA + 0,304 1,54 0,431 2,69 **
CUM + - 0,085 - 1,06 0,025 0,39
INDCAUD + - 0,105 - 0,56 - 0,005 - 0,03
PMA - - 0,203 - 0,92 - 0,038 - 2,62 ***
ACREF - 0,244 1,31 - 0,095 - 0,66
PINST - - 0,061 - 0,40 0,042 0,31
DETTE + - 0,098 - 0,45 - 0,080 - 0,42
CAHF + - 0,159 - 0,75 0,326 2,45 **
POSC + 0,270 0,69 0,322 1,32
SECT + 0,016 0,34 0,039 1,46
TAILLE + 0,786 10,78 *** 0,644 18,82 ***
CONST - 6,209 - 9,57 *** - 5,361 - 15,41 ***
F 10,72
Prob > F 0,0000
Chi2 1520,72
Prob > Chi2 0,0000
R2 (Within) 0,4297 0,3839
R2 (Between) 0,8752 0,9179
R2 (Total) 0,8665 0,9078
*, ** et *** : significativité aux seuils respectifs de 10 %, 5 % et 1 %.

- 30 -
Le résultat fourni dans le tableau 6 quant à la relation entre la présence d’un « Big » dans

le collège des commissaires aux comptes et le niveau des honoraires d’audit nous permet

d’accepter notre hypothèse H1. L’impact est, conformément à notre hypothèse H2,

relativement plus important lorsqu’il s’agit d’un audit réalisé conjointement par deux cabinets

« Big ». Nos résultats sont conformes à ceux trouvés par Audousset-Coulier (2008). Ils

contredisent toutefois ceux trouvés par Gonthier-Besacier et Schatt (2007) qui concluent, dans

le contexte français, à une relation positive entre le recours à un seul cabinet d’audit « Big » et

les honoraires d’audit et à une autre négative lorsqu’il s’agit du recours à deux « Big ».

Le recours à un cabinet « Major » agit, contrairement à nos attentes, positivement sur le

niveau des honoraires d’audit. Ce résultat est aussi trouvé par Audousset-Coulier (2008).

Nous ne pouvons donc pas considérer, comme le présume Piot (2005b), que leur présence est

avantageuse pour les firmes françaises en termes de réduction des honoraires d’audit externe.

Notre hypothèse H3 ne peut être donc retenue.

Contrairement à notre hypothèse H4, la durée de la relation avec les auditeurs n’est pas

de nature à accroître les honoraires d’audit. L’impact de la durée de la relation entre la firme

et l’auditeur est non significatif sur le montant des honoraires15. Ce même résultat est trouvé

par Audousset-Coulier (2008) dans le contexte français.

Les variables relatives aux caractéristiques de propriété et de gouvernance n’affectent en

aucune mesure le montant des honoraires d’audit et réfutent ainsi les hypothèses formulées. Il

semble ainsi comme le montrent les résultats de notre première équation que ces

caractéristiques, et particulièrement la présence d’un comité d’audit indépendant, expliquent

en partie la sélection des auditeurs mais en aucun cas le niveau des honoraires d’audit.

15
Nous n’avons pas pu tester l’impact de la durée de la relation avec chaque collège de commissaires (un seul
« Big », deux « Big » et « Major » sur les honoraires d’audit. Des problèmes de multicolinéarité ont été ainsi
rencontrés.

- 31 -
En dehors de la variable relative à la taille de la firme, aucune variable de contrôle

n’exerce non plus un effet significatif sur le montant des honoraires d’audit. La taille de la

firme auditée agit, conformément aux résultats des travaux antérieurs, positivement et

significativement au seuil de 1 % sur le montant des honoraires d’audit. Une entreprise de

grande taille nécessite des efforts d’audit plus importants et donc des honoraires plus élevés.

CONCLUSION

L’objectif visé par cette recherche est de tester la relation entre la taille de l’auditeur

externe et le montant des honoraires d’audit. Aussi bien le choix de l’auditeur que les

honoraires d’audit sont principalement déterminés par les caractéristiques de propriété et de

gouvernance de la firme. Pour fournir des éléments de réponse à notre question de recherche

et pour tenir compte du problème d’endogéneïté entre le choix de l’auditeur externe et les

honoraires d’audit, nous avons développé un modèle de type Heckman à deux étapes avec

intégration dans le modèle d’honoraires d’un biais de sélection des auditeurs. Les résultats de

l’étude font ressortir que la présence d’un auditeur « Big » parmi les commissaires aux

comptes exerce un effet positif et significatif sur le niveau des honoraires. Le recours à un

cabinet « Major » ne fait aussi qu’accroître le niveau des honoraires d’audit. Cet effet est

toutefois plus important lors du recours conjoint à deux auditeurs « Big ».

Bien que la présence d’un comité d’audit indépendant soit un déterminant important de la

présence d’un « Big » parmi les commissaires aux comptes, son impact sur les honoraires

d’audit est non significatif. L’indépendance n’est pas à notre avis une caractéristique

suffisante pour se prononcer sur la complémentarité ou la substituabilité du comité d’audit

avec le contrôle exercé par les auditeurs externes. En effet et sur la base d’une revue

approfondie de la recherche empirique, Piot et Kermiche (2009) montrent que l’indépendance

et l’expertise financière sont les deux principaux attributs, complémentaires d’après les

auteurs, à l’efficacité des comités d’audit dans l’amélioration de la qualité du processus

- 32 -
d’audit. Une étude plus poussée intégrant, outre la question de l’indépendance des comités

d’audit, le niveau d’expertise ainsi que le niveau d’études dans le domaine de la comptabilité

et de la finance des membres devrait nous permettre de mesurer la portée de ces

caractéristiques en matière de demande d’audit externe, de sélection et de rémunération des

auditeurs par les entreprises françaises.

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