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PROPRIETE ET DE GOUVERNANCE ET
HONORAIRES D’AUDIT : APPLICATION AUX
ENTREPRISES FRANÇAISES
Mehdi NEKHILI
Université de Reims – Rouen Business School
Wafa MASMOUDI AYADI
Université de Sfax
Dhikra CHEBBI
Université du Maine
Résumé : Outre la taille de l’auditeur externe qui demeure un déterminant majeur, les
honoraires d’audit dépendent également des caractéristiques du marché de l’audit ainsi que
celles de gouvernance et de propriété des entreprises. Sur la base d’un échantillon de 130
entreprises cotées pendant la période 2004-2006, nous montrons la présence d’une prime
d’audit en faveur des cabinets de grande taille. Les résultats de l’étude font ainsi ressortir que
la présence d’un auditeur « Big » parmi les commissaires aux comptes exerce un effet positif
et significatif sur le niveau des honoraires d’audit. Cet effet est plus important lors du recours
conjoint à deux auditeurs « Big ». La présence des cabinets « Majors » n’est pas non plus à
l’avantage des entreprises françaises en termes des honoraires d’audit. Les mécanismes de
gouvernance et les caractéristiques de propriété agissent d’une manière ou d’une autre sur la
sélection des auditeurs témoignant ainsi d’une relation de complémentarité ou de
substituabilité avec l’audit externe.
Mots clés : Auditeur externe, Big Four, Majors, Honoraires d’audit, Gouvernance, Structure
de propriété.
Abstract: Besides the size of the external auditor which is a major determinant, audit fees
depend also on audit market characteristics, corporate governance and ownership. On the
Basis of a sample of 130 French listed companies during the period 2004-2006, we present
evidence of a « Big » auditor premium. The results highlight that the presence of a « Big »
among auditors has a positive and significant effect of the level of audit fees. This impact is
more important in the case of joint audit by two « Big » auditors. The choice of a « Major »
auditor also increases the level of audit fees. Finally, we find that governance and ownership
characteristics act in different ways on auditor’s selection involving complementarity or
substitution with external audit.
Keywords: External auditor, Big Four, Majors, Audit fees, Governance, Ownership structure.
-1-
constaté une réduction du nombre d’acteurs majeurs par le biais de fusions pour arriver à
parallèle, la chute spectaculaire d’un des plus grands cabinets d’audit, en l’occurrence le
réseau Arthur Andersen, suite à la faillite d’Enron a rendu nécessaire la réflexion sur la
question de l’indépendance des auditeurs, qui constitue une caractéristique fondamentale pour
garantir la qualité d’audit. Pour protéger cette indépendance, les législateurs de nombreux
pays ont pris des mesures en vue d’exiger la séparation des activités d’audit et de conseil et
d’améliorer la transparence de la relation entre l’auditeur et son client par la publication des
honoraires d’audit. Les recherches sur les honoraires d’audit sont assez anciennes et
visant à créer des modèles de déterminants des honoraires d’audit (Simunic, 1980 ; Palmrose,
1986 ; Chan et al., 1993 ; Anderson et Zéghal, 1994 ; Hay et al., 2006).
Dans le contexte français, les modalités de publication des honoraires d’audit sont assez
spécifiques. Ce n’est qu’à partir du règlement COB n°2002-06, applicable à compter du 1er
janvier 2003, que les sociétés cotées sur le Nouveau Marché et les sociétés réalisant une
émission de titres au cours de l’année sont tenues de divulguer dans leurs documents de
chacun des commissaires aux comptes. En 2003, la loi de Sécurité Financière (LSF) fait
ressortir une obligation pour toutes les sociétés de mise à la disposition des actionnaires de
l’information concernant les honoraires versés aux commissaires aux comptes. Ultérieurement
-2-
entre les auditeurs et leurs clients et de permettre aux utilisateurs des états financiers d’avoir
une idée sur l’indépendance des auditeurs et d’évaluer la qualité d’audit et la qualité des états
de divulgation des honoraires, les travaux dans ce domaine deviennent de plus en plus étendus
« Big four » et le montant des honoraires d’audit sans intégrer les aspects de gouvernance.
sur des données relativement anciennes (2002-2003). L’étude de Broye (2009) porte sur des
données plus récentes (2005) mais se focalise sur l’examen de la relation entre les
Notre objectif est de compléter ces études pour une meilleure compréhension du marché
de l’audit en France en apportant des explications supplémentaires sur les déterminants des
honoraires d’audit. Dans notre étude, les honoraires d’audit sont liés aux caractéristiques du
marché français de l’audit, qui sont la prédominance des auditeurs « Big », le principe du co-
contrôle réalisé par les auditeurs externes, et influer, par conséquent, sur les honoraires
d’audit (Audousset-Coulier, 2008). Les mécanismes de gouvernance retenus dans notre étude
-3-
Nous structurons notre article comme suit. Dans la première section, nous présenterons le
de propriété sur les honoraires d’audit. La deuxième section sera consacrée aux aspects
discuterons les résultats trouvés. Sur la base d’un échantillon de 130 entreprises cotées à la
bourse de Paris durant la période 2004-2006, nos résultats montrent la présence d’une prime
d’audit en faveur des auditeurs de grande taille. La présence des cabinets « Majors » n’est pas
I. — CADRE CONCEPTUEL
Les auditeurs de grande taille, notamment les grands cabinets internationaux appartenant
au groupe « Big », disposent de moyens humains et matériels importants. Ils sont reconnus par
leur approche systémique et structurée de l’audit, surtout dans l’évaluation du contrôle interne
(Piot, 2001) et perçoivent généralement des primes très élevées pour leur expertise et leur
-4-
savoir-faire (Palmrose, 1986 ; O’Sullivan, 2000). D’une manière générale, une investigation
approfondie, menée par les auditeurs « Big », nécessite beaucoup plus de temps et requiert
davantage de cadres spécialisés, ce qui induit des honoraires plus élevés. Ces travaux
semblent indiquer la présence d’une prime d’audit en faveur des « Big ». Goodwin-Stewart et
Kent (2006) trouvent, pour l’année 2000 et sur un échantillon de 401 entreprises australiennes
l’appartenance au groupe « Big five » sur le logarithme népérien des honoraires d’audit. Sur
des données britanniques relatives à 132 firmes en 1992, Peel et Clatworthy (2001) trouvent
également une relation positive entre la variable « Big six » et les honoraires d’audit. Sur des
(2009) confirment aussi la présence d’une prime d’audit liée à la présence d’un ou de deux
« Big four ».
La concentration du marché de l’audit est, selon Broye (2007), forte en France1. Sur la
base d’un échantillon de 428 entreprises françaises cotées, l’auteur trouve, pour l’année 2005,
que les cabinets « Big four » détiennent 86 % des parts de marché en termes d’honoraires
contre seulement 45,06 % des mandats, justifiant ainsi le caractère coûteux de l’audit réalisé
par les « Big ». Une enquête menée en 2007 par les autorités du marché financier (AMF)
révèle que toutes les entreprises du CAC 40 disposent au moins d’un cabinet « Big » parmi les
commissaires aux comptes2. Elle révèle aussi que les honoraires d’audit ne cessent
d’augmenter depuis 2004. Cette augmentation pourrait être une conséquence de l’adoption de
1
L’auteur note, toutefois, que cette concentration reste inférieure à ce qui est observé au Royaume-Uni.
2
Dans notre article, nous employons indifféremment les termes « auditeur externe » et « commissaire aux
comptes ». Notons toutefois que celui de « commissaire aux comptes » qui prévaut dans le contexte français
(Fremeaux et Noël, 2009).
-5-
la loi de sécurité financière (LSF) qui impose de nouvelles exigences aux commissaires aux
H1 : Il existe une relation positive entre le montant des honoraires d’audit et l’appartenance
des auditeurs aux réseaux « Big ».
Depuis 1966, la réglementation française oblige les entreprises établissant des comptes
consolidés à être auditées par au moins deux cabinets d’audit. Dans ce cadre d’analyse, le
Maux (2004) soulève la question de la rémunération des auditeurs en France et constate à cet
effet une différence importante entre les honoraires des deux auditeurs, expliquée par la
présence d’un auditeur principal et d’un auditeur dont le rôle peut être considéré comme
secondaire. Noël (2005) explique plutôt ce différentiel par la présence d’un auditeur « Big
four » et d’un auditeur « Non Big four ». Gonthier-Besacier et Schatt (2007) réfutent toutefois
ces deux conclusions sur un échantillon de 127 entreprises françaises cotées en 2002. Ils
examinent le recours à un seul, ou simultanément à deux ou trois cabinets de grande taille, par
les entreprises françaises et concluent à une réduction au niveau des honoraires d’audit dans
les firmes auditées conjointement par deux cabinets « Big four ». Cette réduction est
expliquée par le partage des qualifications et compétences entre les deux cabinets ainsi que du
compléter les travaux antérieurs réalisés dans le contexte français. Sur la base d’un
échantillon de 126 entreprises françaises cotées en 2002 et de 130 en 2003, l’auteur trouve
qu’un audit réalisé par deux cabinets « Big » fait accroître le niveau des honoraires d’audit.
Schatt (2007) provient, à notre avis, des différences méthodologiques (échantillon, année,
3
D’autres facteurs pourraient également expliquer cette augmentation dans les honoraires d’audit pour certaines
entreprises tels que l’adoption des normes IFRS en 2005 ou aussi l’application en 2002 de la loi Sarbanes-Oxley
en matière de contrôle interne pour les entreprises cotées aux Etats-Unis (AMF, 2007).
-6-
modèle, etc.) entre les deux études et, notamment, des différences dans les variables retenues
explication des honoraires d’audit des entreprises françaises. Ils utilisent par ailleurs le rapport
entre le montant des honoraires d’audit et le total de l’actif pour désigner le niveau des
honoraires d’audit engagés par les entreprises françaises4. L’utilisation dans un deuxième
temps par Audousset-Coulier de ce même ratio comme variable dépendante n’a pas changé
Il existe une autre spécificité française liée à la présence des cabinets d’audit nationaux
importants, appelés « Majors »5. Ces cabinets sont susceptibles de procurer des moyens
d’intervention différenciés par rapport à d’autres cabinets de moindre envergure (Piot, 2008)
et de ce fait ils détiennent une part significative des mandats offerts par les sociétés cotées.
Malgré une forte concentration, le marché de l’audit en France permet une certaine rivalité
entre les auditeurs « Big » et les « Majors », d’autant que la loi LSF exige que chacun des
mission d’audit. Broye (2007) donne l’exemple du cabinet Mazars qui, pour l’année 2005,
cumule 72 mandats juste derrière Ernst & Young avec 75 mandats. L’enquête menée par
l’AMF montre que si le cabinet Mazars rivalise avec certains cabinets « Big » en nombre de
mandats, l’écart reste toutefois important sur la base des honoraires. Piot (2005b) stipule que
4
C’est le logarithme népérien qui est le plus souvent utilisé dans la recherche académique pour désigner le
niveau des honoraires d’audit.
5
Selon la profession comptable n°290 (Mars 2007), les « Majors » sont Mazars, Thornton, Secafi Alpha,
Constantin Associés, Fiteco, Scacchi & associés, SAS Strego.
-7-
entreprises puisqu’elle permet de combiner un cabinet « Big » et un autre « Non Big », ce qui
est de nature à réduire les frais de l’audit externe comparativement à celui effectué par deux
auditeurs « Big ». Audousset-Coulier (2008) réfute cette hypothèse et conclut plutôt à une
relation positive et significative entre le recours par les entreprises françaises à un cabinet
H3 : La présence d’un cabinet d’audit « Major » parmi les commissaires aux comptes affecte
négativement le montant des honoraires d’audit.
Une autre particularité du marché de l’audit en France est la durée du mandat. En effet,
les auditeurs sont sélectionnés pour une durée de six ans renouvelable6. La longévité de la
relation peut constituer une entrave à l’indépendance de l’auditeur dès lors que des liens
personnels se tissent entre les deux parties. Il a été ainsi constaté par Carey et Simnett (2006)
que les auditeurs externes qui établissent des relations de longue durée (plus de 7 ans)
émettent moins de réserves sur la santé financière et la pérennité des entreprises australiennes
en difficulté. L’auditeur risque ainsi d’être moins vigilant et moins rigoureux dans la détection
des sources potentielles de risque (Deis et Giroux, 1996). Selon ces derniers auteurs, les
honoraires d’audit ne sont faibles qu’à la première année de la relation pour augmenter
sensiblement durant les années suivantes. Une association positive est donc à prévoir dans ce
cas entre la durée de relation et les honoraires d’audit externe. Dans notre étude, le calcul de
cette durée débute à la signature du premier mandat, et, pour tenir compte du contexte de co-
commissariat, c’est la moyenne des durées des deux relations qui est considérée.
H4 : Il existe une relation positive entre la durée de la relation avec l’auditeur et le montant
des honoraires d’audit.
6
Notons à ce stade que la LSF impose, depuis 2003, le principe de rotation des associés signataires tous les 6 ans
maximum pour les sociétés faisant appel public à l’épargne.
-8-
I.2. Caractéristiques de gouvernance et honoraires d’audit
Plusieurs études ont mis en évidence la relation entre la demande de l’audit externe et
al., 2002 ; Abbott et al., 2003 ; Gul et al., 2004 ; Broye, 2009 ). Trois caractéristiques du
s’exposent davantage que les autres administrateurs en cas de comportement déviant des
dirigeants. C’est en voulant ainsi se décharger de leur rôle de contrôle et se dédouaner en cas
de problèmes majeurs que les administrateurs indépendants font davantage appel à l’audit
externe (Carcello et al., 2002). C’est aussi une manière pour eux de réduire leurs
responsabilités sans subir directement le coût. Piot (2006) affirme que « la mise en cause de la
responsabilité d’un groupe d’administrateurs par les investisseurs est contraire au principe
soit dans son ensemble responsable de la surveillance managériale tend à diluer les
à préserver leur capital de prestige et à veiller aux intérêts des actionnaires en exigeant des
7
Nous nous référons ici à la définition donnée dans le rapport Bouton (2002) : « un administrateur est
indépendant lorsqu’il n’entretient aucune relation de quelque nature que ce soit avec la société, son groupe ou
sa direction, qui puisse compromettre l’exercice de sa liberté de jugement ».
-9-
services d’audit sensiblement supérieurs, ce qui laisse supposer une relation de
décisions sous-optimales, voire de fraude, les actionnaires auraient besoin d’un audit plus
approfondi en cas de cumul de ces deux fonctions. A ce sujet, Gul et al. (2004) trouvent, en
utilisant des données de 1998 pour 246 entreprises australiennes, une relation positive entre le
cumul de ces fonctions et le niveau des honoraires d’audit. Selon ces auteurs, cette dualité de
honoraires. A l’instar de Gul et al. (2004), cette dimension est mesurée par une variable
binaire qui prend la valeur 1 en cas de cumul de ces deux fonctions et 0 autrement.
Ce n’est que depuis juin 2008 et en application de la huitième directive européenne que
les entreprises françaises doivent être dotées d’un comité d’audit indépendant et ayant au
- 10 -
moins un membre disposant d’un niveau d’expertise en comptabilité et en finance. Avant
cette date, la France laissait libre cours aux entreprises d’instaurer ou non un comité d’audit et
d’en définir le cas échéant les missions ainsi confiées. En effet, les rapports Viénot de 1995 et
de 1999 et Bouton de 2002 ainsi que les lois NRE (Nouvelles Régulations Economiques) de
2001 et la LSF de 2003 ne fixent pas des règles communes à respecter. L’ensemble des textes
se limitait à la formulation des recommandations plus ou moins suivies par les entreprises.
Cette liberté accordée aux entreprises a donné lieu à un certain nombre de travaux récents
portant sur la relation entre l’existence d’un comité d’audit et les honoraires d’audit.
n’en demeure pas moins qu’il doit s’assurer que l’auditeur légal mette en œuvre les
investigations nécessaires pour accomplir sa mission selon les normes professionnelles, d’où
la présomption de l’existence d’une relation entre la présence d’un comité d’audit (ou ses
caractéristiques) et les honoraires d’audit. Les résultats trouvés par les études antérieures sont
toutefois mitigés et aucun consensus n’est encore établi à ce propos. Un comité d’audit
efficace peut exiger des efforts supplémentaires de la part des auditeurs externes comme
complément à leur travail en interne, ce qui peut se traduire par une hausse des honoraires. De
nombreux auteurs, comme Carcello et al. (2002), Abbott et al. (2003), Lee et Mande (2005) et
Goddard et Masters (2000) dans le contexte britannique, associent le montant des honoraires à
l’efficacité du comité d’audit mesurée, principalement, par son degré d’indépendance et/ou le
niveau d’expertise en comptabilité et en finance de ses membres. Ces études soutiennent ainsi
l’idée que le comité d’audit et l’audit externe sont deux mécanismes complémentaires de
contrôle des dirigeants. Ce même résultat est trouvé par Broye (2009) dans le contexte
français. Sur la base d’un échantillon de 150 entreprises françaises cotées en 2005, l’auteur
- 11 -
trouve que l’existence et le degré d’indépendance d’un comité d’audit sont associés à des
relativement peu explorée (O’Sullivan, 2000 ; Peel et Clatworthy , 2001 ; Mitra et al., 2007).
Dans notre étude, nous examinons trois aspects de la structure de propriété : la propriété
traditionnel, en raison de son implication dans le capital et la forte concentration de ses droits
de vote (Charreaux, 1996). Jensen et Meckling (1976) supposent que lorsque la propriété
managériale augmente, les divergences d’intérêts entre actionnaires et dirigeants sont réduites.
La propriété managériale incite les dirigeants à agir conformément aux intérêts des autres
d’audit externe et les honoraires s’en trouvent ainsi réduits. O’Sullivan (2000) et Mitra et al.
de la part détenue par les dirigeants actionnaires sur le montant des honoraires d’audit. Pour
8
Notons que d’autres auteurs, comme Yatim et al. (2006) et Muniandy (2007) pour le cas de la Malaisie et
Goodwin-Stewart et Kent (2006) pour le cas de l’Australie, ne trouvent pas de relation significative entre le
degré d’indépendance des comités d’audit et les honoraires d’audit.
- 12 -
leur part, Gul et al. (2004) supposent la présence d’une relation non-linéaire entre la propriété
managériale et les honoraires d’audit externe. Deux situations antinomiques peuvent soutenir
cette hypothèse : la première est celle de divergence d’intérêts entre les actionnaires et les
dirigeants lorsque le pourcentage du capital détenu par les managers est faible, et la deuxième
est celle de l’enracinement lorsque les dirigeants disposent d’un pouvoir élevé de contrôle sur
l’entreprise et d’une latitude plus importante pour agir dans leurs propres intérêts. En
s’appuyant sur l’hypothèse de convergence d’intérêts, nous pouvons affirmer que lorsque la
propriété managériale augmente, les conflits entre les actionnaires et les dirigeants peuvent
être limités et il pourrait y avoir par conséquent une réduction au niveau de l’effort et des
honoraires d’audit. Dans notre étude, la propriété managériale est mesurée par le pourcentage
du capital détenu par les dirigeants et les membres exécutifs du conseil d’administration.
La structure de propriété est relativement concentrée en France. Dans leur étude des 402
entreprises introduites en bourse en France entre 1986 et 2000, Broye et Schatt (2003)
précisent que le principal actionnaire détient, en moyenne, 48,83 % des actions (50,64 % pour
la médiane) contre 14,02 % des actions (12,13 % pour la médiane) pour le second actionnaire,
souvent membre de la même famille ou co-fondateur de l’entreprise. Ils rapportent aussi que
64,82 % des firmes sont contrôlées par des familles contre seulement 14% disposant d’un
environ des sociétés ont un actionnaire majoritaire, et que le poids des actionnaires de
référence est relativement important avec une moyenne d’environ 60 % des droits de vote
- 13 -
Même s'ils ne bénéficient pas du contrôle absolu, les actionnaires de référence sont en
état d'exercer une influence forte sur l'entreprise. Ils accèdent plus facilement aux
demande plus restreinte d’audit (Chan et al., 1993). Sur la base d’un échantillon de 132 firmes
référence et les honoraires d’audit. Ce même résultat est aussi trouvé par Audousset-Coulier
(2008) dans le contexte français. De leur côté, Mitra et al. (2007) trouvent une relation
et le niveau des honoraires d’audit. En effet, les auteurs expliquent que dans la mesure où ils
sont les principaux bénéficiaires, les actionnaires de référence sont fortement incités à investir
dans la surveillance active de la gestion de la firme, ce qui est de nature à réduire la demande
de l’audit externe et donc les honoraires d’audit. Comparés aux actionnaires minoritaires, ils
jouent un rôle plus important dans le contrôle des dirigeants dans la mesure où ils disposent
d’un grand pouvoir dans les assemblées générales. Dans notre étude, nous mesurons la
proportion du capital détenu par les actionnaires de référence par le pourcentage cumulé du
capital détenu par les actionnaires possédant plus de 5% des droits de vote.
H9 : Il existe une relation négative entre le pourcentage du capital détenu par les actionnaires
de référence et le montant des honoraires d’audit.
les caisses de retraites, les fonds mutuels et les fonds de pension) peuvent jouer un rôle actif
dans la gouvernance des entreprises. Ils sont considérés comme des partenaires influents pour
devenir des investisseurs actifs dans le contrôle de la gestion de la firme (Jensen et Meckling,
- 14 -
1976). Toutefois, la question de substituabilité ou de complémentarité entre le degré de
participation des investisseurs institutionnels dans le capital et les honoraires d’audit reste
institutionnel aux conflits d’intérêt entre les actionnaires et les dirigeants. Cet activisme est
d’autant plus grand que la propriété est concentrée entre les mains des investisseurs
financier, avec, pour conséquence, une faible exigence dans les opérations menées par
l’auditeur externe. Mitra et al. (2007) ne trouvent pas, toutefois, de relation significative entre
la part du capital détenu par les institutionnels et les honoraires d’audit. Dans notre étude,
nous mesurons la propriété institutionnelle par le pourcentage du capital détenu par les
investisseurs institutionnels.
L’étude empirique porte sur les entreprises de l’indice SBF 250 comportant les 250 plus
grandes entreprises françaises cotées à la bourse de Paris pendant la période 2004-2006. Les
données comptables et financières ainsi que celles relatives aux caractéristiques de propriété
et de gouvernance ont été collectées manuellement à partir des rapports annuels et des
documents de référence disponibles sur les sites internet des sociétés concernées. Nous avons
exclu les entreprises étrangères non soumises à l’obligation du co-commissariat (11), les
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(33) ainsi que les sociétés pour lesquelles certaines données étaient indisponibles (76). Cette
procédure de sélection nous a permis d’avoir un échantillon de 130 entreprises sur 3 ans, soit
390 observations.
montant des honoraires d’audit. Cette mesure a été adoptée par la majorité des études
antérieures.
II.2.1.2. Choix de l’auditeur externe (BIG) : pour traduire parfaitement la spécificité française
du double commissariat aux comptes, nous avons jugé utile d’opérationnaliser le choix de
l’auditeur externe par une variable ordinale prenant les valeurs 0, 1, 2 en fonction du nombre
son tour pour expliquer le montant des honoraires d’audit. Pour tenir compte des
caractéristiques du marché de l’audit en France, nous comparons également dans notre étude
l’impact de la présence d’un cabinet d’audit « Major », par rapport à celui de la présence d’un
Dans notre étude, nous avons retenu les variables de contrôle suivantes :
risque de faillite et accroît ainsi la demande de l’audit externe (Simunic, 1980). Du point de
vue de la théorie d’agence, le recours à l’endettement peut être une solution aux conflits entre
faillite, l’endettement incite le dirigeant, qui se voit menacé par la perte de sa rémunération et
- 16 -
ses avantages en nature, à adopter une gestion plus efficace et plus conforme aux intérêts des
Toutefois, en présence de la dette, le dirigeant, comme représentant des actionnaires, peut être
amené à privilégier les intérêts des actionnaires au détriment des créanciers. Sur la base d’un
échantillon de 102 firmes étudiées sur la période 1998-2002, Piot (2008) trouve que le taux
d’endettement est l’un des paramètres affichant un pouvoir explicatif significatif sur la
présence d’un « Big five » parmi les commissaires aux comptes. A l’instar de Piot (2001,
2008), l’endettement est mesuré par le rapport entre les dettes financières et le total de l’actif.
facteur explicatif du choix de l’auditeur et des honoraires d’audit. Dans notre article, nous
l’international nécessite de la part des auditeurs externes une attention plus particulière surtout
au niveau des différences de normes comptables et fiscales entre les pays. Un auditeur de
grande taille peut être ainsi davantage sollicité (Piot, 2001 et 2005a). Pour tenir compte de
cette dimension, nous la mesurons, comme Piot (2001, 2005a), par le pourcentage du chiffre
une firme renseigne sur son degré de complexité organisationnelle et nécessite des travaux
d’audits différenciés (Chan et al., 1993 ; Carcello et al., 2002). Les grands réseaux
internationaux sont reconnus pour leur dotation en ressources nécessaires pour gérer cette
complexité (Piot, 2001). De son côté, Audousset-Coulier (2008) trouve que le montant des
honoraires d’audit est positivement lié au nombre de secteurs dans lesquels opère la firme.
- 17 -
II.2.2.2.3. L’importance des postes « stocks » et « créances clients » (POSC) : les stocks et les
créances représentent généralement des actifs coûteux à certifier qui requièrent des techniques
d’audit parfois sophistiquées, gages de sincérité de l’information financière diffusée aux tiers
(Abbott et al., 2003 ; Piot, 2001 ; Kane et Velury, 2004). Cette dimension est mesurée par le
II.2.2.3. La performance économique (ROA) : les dirigeants des entreprises performantes sont
plus susceptibles de signaler la qualité des informations transmises par le choix d’un auditeur
de renom (Kane et Velury, 2004 ; Lennox, 2005). Le taux de rentabilité économique « Return
On Assets – ROA » est mesuré par le rapport entre le résultat courant net avant charges
par le rapport entre la valeur de marché et la valeur comptable des capitaux propres, le ratio
« Market-to-book » est une mesure de la performance anticipée par les actionnaires et peut
1993). Si les opportunités de croissance représentent une part élevée de la valeur de la firme,
cette dernière présente alors plus de risques et d'incertitudes qu'une autre firme dont la valeur
est principalement constituée par ses actifs en place. Par conséquent, le besoin de rassurer les
actionnaires en place et les investisseurs potentiels peut se manifester par le choix d'un
auditeur externe à forte réputation (Piot, 2001). Pour le calcul de la valeur de marché des
capitaux propres, nous utilisons, à l’instar de Gaver et Gaver (1993) et de Piot (2001), comme
cours la moyenne plus haut/plus bas de l’exercice. Cela permet, selon Piot (2001), de limiter
les problèmes d’asynchronisme pour les firmes ne clôturant pas au 31 décembre et d’atténuer
d’affaires (CROISS) : dans les entreprises à forte croissance, les procédures de contrôle
- 18 -
doivent être réexaminées continuellement pour suivre l’évolution du nombre de transactions
de l’entreprise, ce qui explique le recours aux services des grands cabinets internationaux. A
II.2.2.6. La taille de la firme (TAILLE) : dans la grande majorité des études antérieures, la
transactions plus important, nécessitant par conséquent une plus grande quantité de travaux
Le tableau 1 résume les variables retenues dans notre étude, leurs définitions et leurs
mesures.
- 19 -
Tableau 1 - Variables : définitions et mesures
Variable Définition Mesure
HAUD Honoraires d’audit Variable métrique égale au logarithme (népérien) du
montant des honoraires d’audit.
BIG Nombre d’auditeurs « Big » Variable ordinale qui prend la valeur 0 si l’entreprise n’a
composant le collège de pas d’auditeur « Big », 1 si elle a un auditeur « Big » et 2
commissaires aux comptes si elle a deux auditeurs « Big ».
1BIG Recours à un seul auditeur Variable binaire prenant la valeur 1 si l’entreprise a un
appartenant au groupe « Big » auditeur Big et un seul, 0 sinon.
2BIG Recours à deux auditeurs Variable binaire prenant la valeur 1 si l’entreprise a deux
appartenant au groupe « Big » auditeurs « Big », 0 sinon.
MAJOR Recours à un auditeur « Major » Variable binaire prenant la valeur 1 si l’entreprise a un
auditeur « Major », 0 sinon.
DUREE Durée de la relation d’audit Durée moyenne des deux auditeurs.
INDCA Indépendance du conseil Rapport entre le nombre d’administrateurs indépendants
d’administration et le nombre total des administrateurs.
CUM Cumul de la fonction de Président Variable binaire qui prend la valeur 1 en cas de cumul
du conseil d’administration et celle des fonctions de directeur général et de président du
du Directeur général conseil d’administration, 0 sinon.
INDCAUD Indépendance du comité d’audit Pourcentage d’administrateurs indépendants au sein du
comité d’audit.
PMA Propriété managériale Pourcentage du capital détenu par les dirigeants et les
membres exécutifs du conseil d’administration.
PINST Propriété institutionnelle Pourcentage du capital détenu par les investisseurs
institutionnels.
ACREF Actionnaire de référence Pourcentage cumulé du capital détenu par les
actionnaires de référence de plus de 5 % des droits de
vote.
DETTE Taux d’endettement Rapport entre dettes financières et total de l’actif.
CAHF Chiffre d’affaires hors France Pourcentage du chiffre d’affaires consolidé réalisé hors
France.
SECT Diversification sectorielle Nombre de secteurs dans lesquels opère la firme.
POSC Postes coûteux à valider Rapport entre la somme des stocks et des créances et le
total de l’actif.
ROA Taux de rentabilité économique Rapport entre le résultat courant avant charges
financières (résultat économique) et le total de l’actif.
MTB Market-to-book Rapport entre le nombre d’actions existantes * le cours
moyen plus haut/plus bas de l’exercice et les capitaux
propres du groupe.
CROISS Croissance du chiffre d’affaires Variation moyenne en pourcentage du chiffre d’affaires
des trois dernières années.
TAILLE Taille de l’entreprise Logarithme népérien du total de l’actif.
II.3. Modèle
La question posée dans notre recherche est de savoir s’il y a une relation entre la taille du
cabinet d’audit et les honoraires d’audit tout en considérant les caractéristiques du marché de
l’audit ainsi que celles relatives à la propriété et à la gouvernance des entreprises françaises.
Pour répondre à notre question, nous développons un modèle de type Heckman à deux étapes
avec intégration dans le modèle d’honoraires des Inverse Mills Ratios issus du modèle de
- 20 -
choix de l’auditeur9. Le choix du modèle de type Heckman peut être expliqué par l’existence
introduit dans sa deuxième étape deux variables binaires indiquant le choix d’un auditeur
« Big » (1BIG) ou de deux (2BIG). Ceci laisse supposer que ces deux variables sont exogènes
au montant des honoraires d’audit. Autrement dit, les auditeurs sont considérés comme
attribués à l’entreprise de façon aléatoire. Les entreprises choisissent leurs commissaires aux
décision de sélectionner (ou non) un ou deux auditeurs « Big » parmi les commissaires aux
comptes peut être traduite en une décision d’accroître ou de baisser les honoraires d’audit. Il
Ce risque ne peut pas être éliminé par une simple régression de type « moindres carrés
ordinaires » (OLS). Il nécessite plutôt d’utiliser le modèle d’Heckman (1979) qui se déroule
en deux étapes. Dans une première étape, nous construisons un modèle de type « probit
contrôle. Les travaux de Beasley et Petroni (2001), Carcello et al. (2002), Lennox (2005) et de
« Big ». Piot (2005a) conclut, de son côté, à l’absence de relation entre la proportion des
présence d’un auditeur « Big » parmi les commissaires aux comptes. Par ailleurs, Piot (2008)
d’un comité d’audit et le choix d’un auditeur « Big ». Au niveau des variables relatives à la
9
Pour plus de détails sur cette modélisation et notamment sur son utilisation dans le cas d’un choix mesuré par
une variable ordinale (0, 1, 2), voir Audousset-Coulier (2008).
- 21 -
structure de propriété, les études de Velury et al. (2003) et de Kane et Velury (2004) mettent
en évidence une relation positive entre la propriété institutionnelle et le choix d’un auditeur
investisseurs institutionnels dans le contexte français. Très souvent, d’après ces auteurs, des
relations informelles se tissent avec les dirigeants, à travers lesquelles les institutionnels
peuvent réaliser des affaires parfois fructueuses. Pour extraire des bénéfices privés, les
institutionnels peuvent ne pas privilégier le choix des auditeurs externes de plus grande taille.
Dans une deuxième étape, nous construisons un modèle de détermination des honoraires
d’audit. Ce modèle intègre, outre les variables de contrôle, les deux variables binaires
expliquant le choix d’un auditeur « Big » (1BIG) et de deux « Big » (2BIG), ainsi que les
Inverse Mills Ratios (IMR1 et IMR2) dérivés du premier modèle et qui permettent de prendre
deuxième équation permet donc de corriger l’erreur de « self-selection » des auditeurs qui met
en cause le caractère exogène du choix des auditeurs par les entreprises. Des Mills
significatifs renseignent sur l’endogéneïté du choix des auditeurs dans le modèle10. La double
dimension individuelle et temporelle nous incite à utiliser les techniques des données de panel
et à contrôler particulièrement les effets fixes et aléatoires des termes de l’erreur11. Le test
d’Hausman nous permettra de choisir entre le modèle à effets fixes et le modèle à effets
aléatoires.
10
Si les deux IMR sont significatifs, il conviendrait alors de contrôler explicitement le biais de sélection de
l’auditeur « Big ». En d’autres termes, le signe significatif de ces coefficients traduit l’effet d’autres facteurs non
observables (ou omis) propres au choix d’un ou de deux « Big ». Il pourrait s’agir par exemple des relations
informelles entre les firmes et les auditeurs ou entre les auditeurs eux-mêmes œuvrant dans la certification des
comptes d’une même firme.
11
Pour contrôler chacun de ces deux effets, il convient d’adopter une modélisation particulière sur la
spécification des erreurs. Le modèle à effets fixes (appelé aussi modèle de la covariance) suppose que les termes
de l’erreur sont constants et qui ne font donc que modifier la valeur de la constante. Le modèle à effets aléatoires
(appelé aussi modèle à erreurs composées) suppose que les termes de l’erreur sont aléatoires.
- 22 -
Le modèle peut être écrit sous la forme suivante12 :
III. — RESULTATS
Le tableau 2 présente les statistiques descriptives des variables retenues dans l’analyse.
moyenne de 42,59 % dans les conseils d’administration et de 43,16 % dans les comités
du capital détenu par les dirigeants et les membres exécutifs du conseil d’administration est en
moyenne de 21,49 % et celui détenu par les actionnaires de référence (ACREF) est de 52,82
échantillon avec une valeur moyenne égale à 11,12 %. Le taux d’endettement moyen pour
l’échantillon total est de 22,61 %, ce qui montre que le poids des dettes financières est assez
faible sur l’ensemble de notre échantillon. Il ressort également de l’analyse descriptive que la
durée de relation entre l’auditeur et son client est en moyenne de 8,3977 ans. Le poids des
12
D’après Piot (2008), la procédure d’Heckman ne peut être opérationnelle que lorsque le modèle de sélection
inclut au moins une variable qui n’est pas introduite comme variable explicative dans le second modèle. Dans
notre cas, les variables liées à la performance économique (ROA), la performance commerciale (croissance du
chiffre d’affaires, CROISS) et la performance boursière (Market-to-book) affectent le choix des auditeurs qui, à
son tour, explique les honoraires d’audit.
- 23 -
ce qui concerne la dimension internationale de leurs activités, les firmes de notre échantillon
performance, les observations montrent que le taux de rentabilité économique (ROA) et celui
« Market-to-book » moyen des firmes de notre échantillon est de 2,4436, avec des valeurs
Le tableau 3 présente les résultats des tests des différences de moyennes des variables
retenues dans notre analyse entre les entreprises faisant recours à un seul auditeur « Big »
(1BIG = 1) et les autres (1BIG = 0), d’un côté, et entre les entreprises faisant recours à deux
auditeurs « Big » (2BIG = 1) et les autres (2BIG = 0), d’un autre côté. La lecture de ce tableau
fait apparaître que les honoraires d’audit versés par les firmes de notre échantillon augmentent
considérablement avec le nombre d’auditeurs « Big ». En effet, la moyenne des honoraires des
firmes auditées par un seul « Big » (1BIG = 1) est de 2,4739 millions d’euros et atteint 9,7879
- 24 -
chez les firmes auditées par deux auditeurs « Big » (2BIG = 1). Les différences de moyennes
avec les autres firmes de l’échantillon sont, au niveau des deux découpages réalisés,
significatives. La durée de la relation est aussi plus importante chez les entreprises auditées
par deux auditeurs « Big » (2BIG = 1). Elle est en moyenne de 9,875 ans contre 7,772 chez les
autres firmes de notre échantillon. Aucune différence significative n’est par ailleurs observée
entre les entreprises auditées par un seul « Big » et les autres firmes.
comité d’audit semble être aussi une fonction croissante du nombre de « Big ». Le degré
d’indépendance du conseil d’administration est de 50,49 % chez les firmes auditées par deux
- 25 -
auditeurs « Big » (2BIG = 1) et il est de 39,25 % chez les autres firmes auditées par aucun ou
par un seul auditeur « Big ». Au niveau du comité d’audit, les différences sont encore plus
groupe, contre seulement 32,38 % chez les autres firmes (2BIG = 0).
Le découpage réalisé en fonction du nombre de « Big » nous montre aussi une différence
notable dans la propriété managériale entre les firmes, avec une forte proportion chez les
entreprises auditées par un seul « Big » (1BIG = 1), 25,15 %, contre seulement 12,77 % chez
celles auditées par deux « Big » (2BIG = 1). La proportion du capital détenu par les
institutionnels est, toutefois, plus prononcée chez cette dernière catégorie de firmes. Elle est
Le rapport entre la somme des stocks et des créances et le total de l’actif (POSC) est plus
faible chez les entreprises auditées par deux auditeurs « Big » (2BIG = 1). Ces dernières
réalisent, toutefois, plus de la moitié (51,95 %) de leur chiffre d’affaires à l’étranger et sont,
en moyenne, de plus grande taille. Elles affichent un total de l’actif de 20 480,420 millions
d’euros contre seulement 4 126, 091 millions d’euros pour celles auditées par un seul auditeur
« Big ». Les firmes auditées par deux « Big » affichent un ratio « Market-to-book » inférieur à
celui des autres firmes. Notons, enfin, que la proportion du capital détenu par les actionnaires
d’activité (SECT) ne montrent pas de différences significatives entre les entreprises qui sont
L’analyse de ce tableau montre, sur les 390 observations, que les entreprises confondent dans
122 cas (soit 31,28 % du total échantillon) les fonctions de directeur général et de président du
conseil d’administration lorsqu’elles sont auditées par un seul auditeur « Big », contre
- 26 -
seulement dans 75 cas (19,23 %) lorsqu’elles sont auditées par deux auditeurs « Big ».
Notons, toutefois, que les différences observées en matière de cumul de ces deux fonctions
entre les entreprises auditées par un auditeur « Big », d’un côté, et par deux « Big », d’un
d’indépendance du comité d’audit est la seule variable déterminante du choix des auditeurs de
grande taille. La lecture du tableau montre que le coefficient relatif à cette variable est positif
et Parker (2000) et de Chen et al. (2005), s’explique par la volonté des membres indépendants
du comité d’audit d’imposer un audit externe plus rigoureux par la nomination d’au moins un
nous ne trouvons pas d’association significative avec le choix du type d’auditeur. Nos
résultats s’opposent, ainsi, à ceux de Piot (2008) qui trouve un effet positif et significatif de
l’indépendance du conseil d’administration sur le choix d’un auditeur « Big ». Nos résultats
présence d’un actionnaire de référence. Toutefois, cet effet est faiblement significatif au seuil
13
La matrice de corrélation n’a décelé aucun problème de multicolinéarité entre les variables explicatives.
- 27 -
La performance boursière, mesurée par le ratio « Market-to-book » affecte, d’après nos
en est de même pour la performance économique des entreprises (ROA) mais à un seuil de
significativité plus faible (5 %). Les firmes les moins rentables présentent un risque de
ces firmes sont plus susceptibles de faire appel à des auditeurs « Big » afin de rassurer les
Contrairement à Piot (2008), nous trouvons que le taux d’endettement ne favorise pas le
recours aux auditeurs « Big ». L’impact de la dette sur la variable « Big » est négatif et
significatif au seuil de 5 %. Notons par ailleurs que Audousset-Coulier (2008) ne trouve pas
de relation significative entre le taux d’endettement des entreprises françaises et le choix des
auditeurs « Big ». Piot (2001, 2005a) considère le taux d’endettement à long terme et ne
- 28 -
trouve pas non plus de relation significative avec la sélection des auditeurs « Big »14. Bien que
ces études ne portent pas sur la même période d’analyse, ces différences dans les résultats
restent difficiles à expliquer. Les banques peuvent discipliner les dirigeants et exercer un
l’audit externe peut être soulevée. Outre la question de la maturité soulevée par Piot (2001,
2005a), il serait aussi intéressant, à notre avis, de séparer au niveau du ratio d’endettement la
dette bancaire de la dette obligataire. Il est ainsi bien connu dans la théorie de l’intermédiation
financière que les banques, contrairement aux créanciers individuels (les obligataires),
niveau national, voire international, et les besoins d’une harmonisation de leurs systèmes
comptables incitent les firmes de grande taille à opter pour un auditeur « Big ». Toutefois,
mission d’audit (chiffres d’affaires hors France, le poids des stocks et des créances client dans
non d’un ou de deux auditeurs « Big ». Ces probabilités servent de base pour le calcul des
Inverse Mills Ratios (IMR1 et IMR2) qui seront par la suite introduits dans le deuxième
modèle comme étant des variables explicatives. Nous présentons dans le tableau 6 les
résultats trouvés avec incorporation des IMR1 et IMR2. Les coefficients liés aux variables
IMR1 et IMR2 sont non significatifs, ce qui montre l’absence d’un problème d’endogéneïté
14
Dans Piot (2005a), le taux d’endettement à long terme ne devient significatif que lorsqu’il considère le choix
entre les auditeurs « Big » et les « Majors ».
- 29 -
lié à la sélection d’un seul auditeur ou de deux auditeurs « Big ». Quelle que soit la méthode
faisant partie des « Big » sur le montant des honoraires d’audit (HAUD). Toutefois, seuls les
résultats du modèle à effets fixes seront retenus dans le reste de notre texte. La valeur fournie
du test Chi-deux (Prob>Chi2 = 0,0002) nous permet d’accepter l’estimateur MCO du modèle
à effets fixes et de rejeter l’estimateur MCG fourni par le modèle à effets aléatoires.
- 30 -
Le résultat fourni dans le tableau 6 quant à la relation entre la présence d’un « Big » dans
le collège des commissaires aux comptes et le niveau des honoraires d’audit nous permet
d’accepter notre hypothèse H1. L’impact est, conformément à notre hypothèse H2,
relativement plus important lorsqu’il s’agit d’un audit réalisé conjointement par deux cabinets
« Big ». Nos résultats sont conformes à ceux trouvés par Audousset-Coulier (2008). Ils
contredisent toutefois ceux trouvés par Gonthier-Besacier et Schatt (2007) qui concluent, dans
le contexte français, à une relation positive entre le recours à un seul cabinet d’audit « Big » et
les honoraires d’audit et à une autre négative lorsqu’il s’agit du recours à deux « Big ».
niveau des honoraires d’audit. Ce résultat est aussi trouvé par Audousset-Coulier (2008).
Nous ne pouvons donc pas considérer, comme le présume Piot (2005b), que leur présence est
avantageuse pour les firmes françaises en termes de réduction des honoraires d’audit externe.
Contrairement à notre hypothèse H4, la durée de la relation avec les auditeurs n’est pas
de nature à accroître les honoraires d’audit. L’impact de la durée de la relation entre la firme
et l’auditeur est non significatif sur le montant des honoraires15. Ce même résultat est trouvé
aucune mesure le montant des honoraires d’audit et réfutent ainsi les hypothèses formulées. Il
semble ainsi comme le montrent les résultats de notre première équation que ces
en partie la sélection des auditeurs mais en aucun cas le niveau des honoraires d’audit.
15
Nous n’avons pas pu tester l’impact de la durée de la relation avec chaque collège de commissaires (un seul
« Big », deux « Big » et « Major » sur les honoraires d’audit. Des problèmes de multicolinéarité ont été ainsi
rencontrés.
- 31 -
En dehors de la variable relative à la taille de la firme, aucune variable de contrôle
n’exerce non plus un effet significatif sur le montant des honoraires d’audit. La taille de la
firme auditée agit, conformément aux résultats des travaux antérieurs, positivement et
grande taille nécessite des efforts d’audit plus importants et donc des honoraires plus élevés.
CONCLUSION
L’objectif visé par cette recherche est de tester la relation entre la taille de l’auditeur
externe et le montant des honoraires d’audit. Aussi bien le choix de l’auditeur que les
gouvernance de la firme. Pour fournir des éléments de réponse à notre question de recherche
et pour tenir compte du problème d’endogéneïté entre le choix de l’auditeur externe et les
honoraires d’audit, nous avons développé un modèle de type Heckman à deux étapes avec
intégration dans le modèle d’honoraires d’un biais de sélection des auditeurs. Les résultats de
l’étude font ressortir que la présence d’un auditeur « Big » parmi les commissaires aux
comptes exerce un effet positif et significatif sur le niveau des honoraires. Le recours à un
cabinet « Major » ne fait aussi qu’accroître le niveau des honoraires d’audit. Cet effet est
Bien que la présence d’un comité d’audit indépendant soit un déterminant important de la
présence d’un « Big » parmi les commissaires aux comptes, son impact sur les honoraires
d’audit est non significatif. L’indépendance n’est pas à notre avis une caractéristique
avec le contrôle exercé par les auditeurs externes. En effet et sur la base d’une revue
et l’expertise financière sont les deux principaux attributs, complémentaires d’après les
- 32 -
d’audit. Une étude plus poussée intégrant, outre la question de l’indépendance des comités
d’audit, le niveau d’expertise ainsi que le niveau d’études dans le domaine de la comptabilité
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