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CHAPITRE II : LE TERRASSEMENT

II. Introduction
Pour construire un ouvrage, quel qu'il soit (tunnel, route, pont, bâtiment, barrage, ...), il est nécessaire
de modifier le terrain naturel. Il faut profiler la surface du terrain de telle sorte qu'il soit apte à
supporter le poids de l'ouvrage et à en intégrer la forme. L'ensemble de ces opérations s'appelle "le
terrassement".

II.2 définition d’un terrassement


D’une façon générale, tout mouvement de terres (remblai ou déblai) constitue un
terrassement.
Creuser une fouille, une rigole ou plus généralement modifier le relief du sol représente en soi
des terrassements.

Un terrassement par déblai consiste à enlever des terres initialement en place ;


Un terrassement par remblai consiste à mettre en place des terres préalablement prélevées.

Déblais et remblais représentent également, en termes de métier, les terres extraites ou


accumulées d’un terrassement.

II.3 Opérations élémentaires de terrassement


1. La fouille : Opération consistant en l’extraction de déblai ;
2. La charge : Mise en charge des déblais dans les véhicules de transport ;
3. Le transport ;
4. La mise en décharge : Mise en dépôt sur un site de stockage en vue d’une utilisation
future (mise en remblai).

II.4 Les fouilles


Selon la forme géométrique de la fouille, cette dernière est classée en :
1. Excavation superficielle (décapage de la terre végétale) : une fouille est dite
excavation superficielle lorsque sa largeur et sa profondeur h satisfont aux conditions :
(largeur l≥2m et hauteur h≤1/2 m). souvent, l’épaisseur de la couche à décaper varie
de 20 à 30cm.

2. Fouille en rigole pour fondation : Elles correspondent aux semelles filantes (ex :
fondations sous les murs et les voiles de l’ouvrage « largeur l≤2m et hauteur h≤1m »)

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3. Fouilles en trous « puits » pour fondations :
Les fouilles en trous correspondent aux semelles isolées (ex : fondations sous les poteaux,
sous les murs isolés de petites dimensions « h>1m et longueur L = largeur l).

Les fouilles en puits permettent la réalisation de fondations semi-profondes qui


transmettent les charges de l’ouvrage sur un sol approprié.

4. Fouilles en tranchées : Elles sont réalisées en général pour la pose de canalisations


(souvent largeur l≤2 et hauteur h>1).

Ces fouilles sont utilisées pour la réalisation des adductions d’eau, des réseaux d’AEP et des
réseaux d’assainissement.

5. Fouilles en pleine masse ou en excavation : Cela englobe des travaux d’envergure


aussi bien en surface qu’en hauteur (l>2 et h<l/2).

II.5 Classification des terrains


Dans la nature, il existe plusieurs types de sols. Du point de vue de l’opération
« terrassement » les sols peuvent etre classés selon le degré de consistance ou de dureté en
deux grande catégories :

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1. Les terrains meubles ou encore sols faciles :
a. Les terrains légers (terres végétales, sables lâches, remblais de formation récente
gravois, ….)
b. Les terrains ordinaires (sols argileux, sols pierreux ou caillouteux, tufs, ….)
c. Les terrains lourds (argiles compactes, glaises, sables fortement consolidés)
d. Les terrains très lourds (roches et roches)
Ces terrains ne nécessitent, en général que des moyens mécaniques d’extraction.

2. Les terrains rocheux ou terrains difficiles


a. Les roches tendres
b. Les roches demies dures
c. Les roches dures
d. Les roches très dures
Ces terrains nécessitent dans la plupart des cas l’emploi de moyens spéciaux tels que les
explosifs ou encore l’emploi de gros engins tels que le brise roche ou le marteau piqueur.

II. 6 Pente des talus


Pour obtenir un équilibre stable, nécessaire à la bonne tenue des terres en remblais et des
tranchées, il convient de donner aux talus qui limitent ces terrassements une inclinaison
convenable (angle i). Cette pente peut se définir soit par la tangente de l’angle (pente) que
fait ce talus avec l’horizontale, soit par la cotangente comme indiqué sur la figure.

Pour des considérations liées à la MDS, l’angle i doit toujours être inférieur à l’angle de
frottement interne ϕ (si i<ϕ, le sol assure lui-même la stabilité ; sinon il y a risque
d’éboulement des terres).
L’angle de frottement interne ϕétant caractérisé par ce que l’on appelle la pente naturelle des
terres, c'est-à-dire, l’inclinaison que prend un talus soumis à l’action des seuls agents
atmosphériques.

L’angle de frottement interne ϕ dépend essentiellement de :


1. La nature du sol (degré de consistance) ;
2. La teneur en eau (sol sec ou non).

Pratiquement, la valeur de l’angle ϕ variant dans des limites assez étendues, il convient
d’adopter pour les talus de terrassement les valeurs de l’angle i données dans le tableau ci-
dessous :

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Tableau : angle du talus naturel i de quelques types de sols :

II.7 Foisonnement des terres


Lorsqu’on procède à un terrassement le volume des terres prélevées est toujours supérieur au
volume des fouilles (trous) exécutées. Si l’on remet les déblais en place et après compactage,
l’on constate un excédent de matériaux. Ce phénomène de décompression des terres est
appelé « foisonnement ».

Le volume des terres déchargées Vf est supérieur au volume de la fouille Vp (on dit que le
terrain a foisonné).
D’un autre côté, le remblai Vf va à son tour subir une modification au bout de laquelle son
volume deviendra Vr<Vf. Ceci du fait que ce remblai aura tassé ou affaissé suite à son propre
poids, ou bien compacté après sa mise en place.

Schématisation

Nous distinguons alors plusieurs coefficients ou indices :

1. Le coefficient de foisonnement (Cf) permet d’évaluer le volume apparent foisonné


(Vf) d’un terrain déplacé en fonction du volume en place (Vp) :

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2. Le coefficient de compactage (Cc) permet l'évaluation du volume reconstitué (Vr) de
ce même volume foisonné (Vf) après sa mise en place et son compactage définitif. Il
est rare d'obtenir un volume de terrain reconstitué (Vr) égal au volume initial en place
(Vp) :

Dans le cas des terrassements routiers ou sur les chantiers de terrassement très
importants, il est intéressant de prévoir l'exacte quantité à extraire pour obtenir un volume
reconstitué précis. Cela évite les mouvements de terre inutiles et donc onéreux.
On trouve que : Vr = Vp x Cf x Cc
(Cf×Cc) est appelé coefficient de foisonnement résiduel (Cfr)
Donc :

Ces divers coefficients sont donnés en pourcentages :


- Si le foisonnement = 25% cela veut dire que Cf= 1.25
- Si le résidu suite au compactage =8% cela veut dire que Cc= 1-0.08=0.92
- Alors, le foisonnement résiduel= 15% c.à.d : Cfr =1.15 car Cf×Cc=1.25×0.92=1.15

Exemple pratique
La réfection de la pelouse du stade omnisports de la ville de Blida nécessite la mise en place
de 3000 m3 de terre végétale de bonne qualité. Ce volume représente la quantité finale en
place et compactée.
Quelle doit être la quantité à transporter (foisonnée) et la quantité initiale à prévoir (non
foisonnée et en place) ?
Terre végétale : coefficient de foisonnement apparent Cf=1.25
Coefficient de foisonnement résiduel Cfr=1.125

II.8 Calcul des terrassements


II.8.1 profil en long
Un profil en long est la représentation d’une coupe verticale suivant l’axe d’un projet linéaire
(route, voie ferrée, canalisation, etc.). C’est un graphique sur lequel sont reportés tous les
points du terrain naturel et de l’axe du projet.

II.8.2 profil en travers


Le profil en long est complété par des profils en travers qui sont des coupes verticales
perpendiculaires à l’axe du projet. Le profil en travers est représenté en vue de face pour une
personne qui se déplacerait sur l’axe du projet de l’origine à l’extrémité du projet. La voie de
gauche doit donc se situer sur la partie gauche du profil.
Leur établissement permet en général le calcul des mouvements de terres (cubatures) et, par
exemple, permet de définir le tracé idéal d’un projet de manière à rendre égaux les volumes de

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terres excavés avec les volumes de terre remblayés…. (Pas toujours facile !). Notant que l’art
du terrassement consiste à chaque fois que c’est possible à assurer un équilibre entre déblais et
remblais.

Profils en long et en travers

Par exemple, sur la figure ci-dessus, un projet routier est figuré en trait d’axe. Le profil en
long constitue un développement suivant son axe sur lequel sont représentés le terrain naturel
et le projet. Les profils en travers, régulièrement espacés, sont une vue en coupe qui fournit
l’inscription de la route dans le relief perpendiculairement à l’axe.

II.8.3 Procédure de tracé du profil en long :


1. Détermination des échelles horizontale et verticale du profil en long. Les échelles de
représentation peuvent être différentes en abscisse et en ordonnées (en général
l’échelle verticale est 10 fois plus grande que l’échelle horizontale) de manière à
souligner le relief qui peut ne pas apparaître sur un projet de grande longueur ;
2. On choisit en général un plan de comparaison PC (plan de référence) d’altitude
inférieur à l’altitude du point le plus bas du projet ou du terrain naturel. Ce plan de
comparaison est l’axe des abscisses du graphique sur lequel sont reportées les
distances horizontales suivants l’axe du projet. Sur l’axe des ordonnées sont reportées
les altitudes comptées par rapport au plan de comparaison.
3. Après avoir choisi le plan de comparaison et connaissant les altitudes et les distances
entre les points on dessine le terrain naturel (TN) et la ligne du projet ;
4. On reporte en même temps dans le cartouche des renseignements en bas du graphique:
les distances horizontales partielles et les distances cumulées depuis l’origine du projet
et l’altitude de chaque point (terrain naturel et projet) ;
5. On indique la déclivité du projet (changement de pente et de rampe) ;

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6. On indique les caractéristiques géométriques du projet : alignements et courbes (vue
en plan) ;
7. On mentionne la nature du terrain.

Les calculs des positions des points caractéristiques se ramènent à des intersections droites-
droites, droites-cercles ou droites-paraboles dans le repère associé au profil en long.
On peut colorier de manière différente les remblais (en rouge) et les déblais (en bleu).
Les profils en travers fictifs (surface nulle) dont on doit déterminer la position (abscisse et
éventuellement l’altitude) sont les points d’intersection entre le terrain naturel et l’axe du
projet ; ces profils particuliers sont utiles pour le calcul des cubatures. Il faut connaître leur
position en abscisse par rapport aux deux profils en travers qui les encadrent.

II.8.4 Procédure de tracé du profil en travers :


On commence par dessiner le terrain naturel à partir d’un plan horizontal de référence qui
n’est pas forcément celui du profil en long, de manière à obtenir le profil en travers à l’échelle
maximale sur le format choisi.
L’échelle de représentation est de l’ordre de 1/100 à 1/200 (jusqu’à 1/50 pour les voies les
moins larges). Il n’y a pas d’échelle différente en abscisse et en ordonnée de manière à
pouvoir mesurer directement sur le graphique des longueurs dans toutes les directions ou bien
des surfaces.
L’abscisse de chaque point du terrain naturel (ou du projet) est repérée par rapport à l’axe du
profil en travers (donc négative à gauche et positive à droite), l’ordonnée est toujours
l’altitude du point.
On y superpose ensuite le gabarit type du projet (largeur de chaussée, accotements, fossés et
pentes de talus) à partir du point d’axe dont l’altitude a été déterminée sur le profil en long.
Cela permet de calculer la position des points d’entrée en terre.
Les fossés ne sont pas repérés comme les autres points caractéristiques puisque, de manière à
simplifier le calcul, ils n’interviennent pas dans la décomposition de la surface en triangles et
trapèzes. Ils sont calculés séparément.

Il existe trois types de profils en travers : les profils en remblai, en déblai ou bien les profils
mixtes.

Différents types de profil en travers

II.9 Calcul des cubatures


La cubature des terrassements est l’évaluation du volume des terres à enlever ou à mettre en
remblai pour l’exécution du projet.

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Cette évaluation se fait de l’origine du projet vers l’extrémité, ce qui amène depuis un profil
en travers quelconque à dénommer le profil précédent « profil arrière » et le suivant « profil
avant »
Il existe plusieurs méthodes de calcul des cubatures dont la précision varie d’une méthode à
une autre, les plus utilisées sont:
⌦ La méthode des profils.
⌦ La méthode des aires moyennes,

II.9.1 La méthode des profils : c’est un procédé plus rapide mais moins précis. Il consiste à
utiliser pour les profils en travers une surface équivalente de hauteur h. la valeur de h est prise
directement sur le profil en long. Le volume des terres (déblai ou remblai) est le produit de la
surface équivalente par la longueur du projet. Cette méthode est utilisée pour les terrains plats
ou peu accidentés.

II.9.2 Méthodes des aires moyennes :

On utilise la formule suivante :

Le volume entre 2 profils consécutifs est donc égal au produit de la moyenne des aires de
ceux-ci par la longueur de l’entre profil.

Généralisation.
Pour une suite de profils, on généralise la formule ci-dessus.
Entre le profil P3 remblai et le profil P4 déblai, il existe une ligne de passage que l’on
appellera profil fictif (P.F.) de superficie nulle.
Après avoir calculé la distance horizontale D’3 entre le profil P3 et le Profil Fictif (voir
profils) appliquer la méthode de la moyenne des aires en considérant qu’au niveau du PF se
trouve un profil de superficie nulle.
⌦ Entre P3 et P.F., le remblai vaut :

⌦ De même entre P.F. et P4, le volume de déblai vaut :

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Ainsi, la méthode s’applique sans interruption à tout un projet, sous réserve de faire intervenir
les distances partielles à la ligne de passage (P.F.) quand on passe d’un profil en remblai à un
profil en déblai ou inversement.

Exemple d’application :
A) Tracer le profil en long du projet linéaire AB.
La cote du projet au point A est à 94m.
Du point A au point 5 on a une pente de -1.6%.
Du point 5 au point B on a une rampe de +1.7%.
B) Le long du profil AB on a des profils en travers espacés de 60m l’un de l’autre.
L’emprise du projet est 8m, les altitudes des extrémités du terrain naturel TN pour
chaque profil en travers sont connues
Point Extrémité gauche Extrémité droite
A 94.5m 94.75m
60m de A 93.4m 93.04m
120m de A 92.08m 92.48m
180- de A 91.26m 91.20m
240m de A 91.50m 91.00m
300m de A 90.67m 90.67m
360m de A 92.00m 92.00m
420m de A 93.72m 92.72m
475mde A c.à.d au point B 94.00m 94.00m
Tracer les profils en travers et calculer les volumes du déblai et de remblai si le
coefficient de foisonnement est égale à 1.25.

B
A 9
1 8
2
3 7
4 6
5

Ech :1/1000

95 94 93 92 91.5 91 91 92 92.5 93 94

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Comme la carte topographique représentée ci-dessus est de taille réduite, les distances
partielles réelles en centimètres entre les points sont données dans le tableau suivant :

tronçon A-1 1-2 2-3 3-4 4-5 5-6 6-7 7-8 8-9 9-B
Distance(cm) 4.5 5.0 4.8 4.2 4.0 4.4 4.6 5.0 5.0 6.0

II.10 Les engins de terrassement


II.10.1 Les engins d’excavation : Ils permettent l’extraction des terres et leur changement en
vue du transport, les principaux engins sont :
a) Pelle hydraulique équipée en rétro

b) Pelle hydraulique équipée en buttée

c) Chargeur à chenilles

d) Chargeur à roues

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e) Chargeuse pelleteuse (tractopelle)

II.10.2 Les engins de nivellement : Ils assurent la mise en forme des terres. Les principaux
engins sont :
a) Bouteur (bulldozer) équipé en ripper

b) Niveleuse

II.10.3 Les engins de transport : Ils assurent le transport des terres foisonnées du lieu
d’excavation ou de reprise vers le site de dépôt. Les principaux engins sont :
a) Camions au Gabarit routier

b) Tombereaux

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II.10.4 les engins de compactage : Ils permettent le compactage des terres pour permettre la
reconstitution du sol. Les principaux engins sont :
a) compacteur à pieds dameurs vibreur

b) compacteur monocylindre

c) compacteur à pneus

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