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Romantisme

George Sand : Laura, voyage dans le cristal, p.p. G. Schaeffer


Marianne Cermakian

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Cermakian Marianne. George Sand : Laura, voyage dans le cristal, p.p. G. Schaeffer. In: Romantisme, 1978, n°21-22. Les
positivismes. p. 245;

https://www.persee.fr/doc/roman_0048-8593_1978_num_8_21_5227

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Commentaires 245

stylistique ». L'objet visé par cette analyse


manque.
detta,
et mystères
Peut-être
conspiration,
en aussi
tout genre,
pouvait-on
intrigues
rien policières
n'y
dire que est bien la recherche de « l'identité
profonde » des Rougon-Macquart,, de ces
le roman aurait gagné à s'élaguer de « identités de structures » (p. 15) qui
considérations qui l'encombrent, comme font l'unité du grand cycle zolien, et
tel ou tel développement géologique, que Neide de Faria entreprend de cerner
archéologique ou historique. par l'étude successive des « strates » qui
L'étude de M11* Poli apporte semblent fasciner, depuis environ un
certainement une intéressante contribution à demi-siècle, les écoles de « formalistes »
la littérature sandienne et elle permettra ou de « structuralistes » : les sujets
de lire — ou de relire — sous une (pp. 3146), l'action (pp. 47-90), les per-
nouvelle perspective une œuvre qui méritait, sonnages (pp. 91-166), le temps (pp. 167-
malgré ses facilités, cette résurrection '. 210), l'espace (pp. 225-288). Il est sans
P. Laubriet. doute pertinent — , et salutaire, et salu-
bre pour Zola — , de vouloir montrer
comment « l'œuvre s'éclaire du dedans »,
1. A la lecture du texte s'ajoute l'agrément et comment « on peut en dégager l'unité
de l'iconographie, constituée par un choix de sans faire appel à aucun élément
dessins exécutés par Maurice Sand au cours extérieur» (p. 291) : travail de décapage qui
du voyage, précieuse illustration des
descriptions du roman. a au moins le mérite de débarrasser
le texte de la glose, de le « mettre à
nu » (p. 293) et de lui laisser — , pour
parler comme Zola — , la joie de vivre...
• George Sand, Laura, voyage dans le On ne pourra point, toutefois, éviter de
cristal. Introduction par Gérard se demander si le procédé adopté ici
Schaeffer. Paris, A.-G. Nizet, 1977. par Neide de Faria — , sa « mise en
M1"9 Simone Vierne, dans un article abyme », des Rougon-Macquart, avec ce
paru en 1969, regrettait que Laura, postulat qui dès le départ confère à six
publié en volume en 1864 après sa romans privilégiés (Germinal,
parution dans la Revue des Deux Mondes, l'Assommoir, Nona, La Bête humaine, Le Ventre
fût pratiquement introuvable. Cette de Paris, L'Œuvre) le droit d'être à
nouvelle édition permet enfin aux lecteurs eux » seuls
cycle — , donne
représentatifs
à ces analyses,
de toutpourtant
le «
toujours plus nombreux de George Sand
d'admirer sa diversité d'inspiration. consciencieuses, toute l'efficacité et toute
Gérard Schaeffer a souligné dans son la force de persuasion que semblent
introduction la richesse narrative de ce annoncer, avec une certaine intrépidité,
conte fantastique. Malgré des sources les préliminaires méthodologiques de
aussi disparates que les échantillons de l'Introduction (pp. 15-29). C'est
minéralogie de Maurice Sand, le conte évidemment l'exubérante richesse de l'œuvre
d'Hoffmann Les mines de Falun, Sin- étudiée qui fait obstacle à la méthode,
bad le Marin et la relation du voyage et qui fait aussi d'ailleurs que Zola
de Kane dans les mers polaires, Laura échappera toujours à toutes les
trouve son unité d'inspiration et sa tentatives des réducteurs de têtes.
ressemblance surprenante avec Le С GÉLY.
voyage au centre de la terre de Jules Verne Poètes
dans la quête initiatique du héros.
De l'intérieur magnifié d'une géode, aux • Henri Meschonnic, Pour la poétique
glaces et volcans du pôle, le récit nous IV - Ecrire Hugo. Gallimard, 1977.
entraîne de la réalité au monde du 2 vol. de 306 et 217 p.
cristal et du monde de cristal à la réalité ; C'est aux soubassements théoriques
ce va-et-vient aboutit grâce à l'amour proposés en 1970 avec le tome I de
à la conclusion optimiste que « tout est Pour la poétique (à l'affirmation
fête, magie et richesse dans la nature, fondamentale que toute « poétique » se doit
sous le pied de l'homme comme de « viser la forme-sens, l'homogénéité
au-dessus de sa tête ». Comme l'œil de saphir du dire et du vivre ») qu'il faut
de son héroïne, le récit de George Sand évidemment remonter pour éclairer le projet
a « beaucoup de charme et même un d'Henri Meschonnic dans cette nouvelle
peu de magie». étude en deux volumes consacrée à
Marianne Cermakian. l'œuvre de V. Hugo (à l'exception du
théâtre). Etude conçue elle-même
comme une étape: quelques pages
• Neide de Faria, Structures et unité liminaires, intitulées « Pourquoi Hugo ? »
dans « Les Rougon-Macquart » (La (tome I, pp. 11-18), constatent que «la
Poétique du cycle). Paris, A.-G. Nizet, poétique est à elle-même son
1977, 305 p. apprentissage indéfini », et que l'étude de Hugo
Voici, — toutes critiques ( « Hugo signifiant l'écriture de Hugo,
psychanalytiques, thématiques, sociologiques ou un écrire qui n'est qu'à lui », p. 13) « est
biographiques écartées —, une «voie devenue l'épreuve et la recherche en
d'accès » à l'oeuvre de Zola qui nous cours d'une poétique » (p. 17), — «
propose de situer sa propre « poétique » ne désignant aucunement « une
personnalité » (cf. p. 17) « à mi-chemin entre mimique de l'œuvre » ou « une
la critique structuraliste et la critique paraphrase », mais « une critique de la spé-

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