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III.

Logistique humanitaire : la logistique de l’urgence


1. Contraintes
 Dimensions du temps
Elle représente une contrainte majeure pour les ONG. En effet, les besoins des victimes sont urgents et
la pression de l’opinion publique est forte. Il faut être vigilent quant à la date de péremption des
produits afin d’éviter tout gaspillage. De plus, un mauvais entreposage, trop de ruptures de charge et
un transport inadapté peuvent dégrader les produits. Aussi les exigences de la logistique humanitaire
sont les suivantes : réduction des coûts, garantie d’une qualité des marchandises et des services,
livraison des quantités adéquates au bon endroit, dans les délais les plus brefs. La différence réside
dans l’imprévisibilité et la dangerosité de la situation. Un autre point est que les délais sont beaucoup
plus courts que dans une entreprise commerciale. La logistique humanitaire se retrouve à la croisée de
ces impératifs de coûts et de délais, qu’elle doit concilier avec les contraintes du terrain de l’action
humanitaire.

 Contrainte administrative
Chaque étape d’une opération logistique nécessite une autorisation, ou un accord civil ou militaire. Le
risque réside dans les délais d’obtention de ces autorisations, voire de refus. Les risques encourus sont
majeurs : les responsables habilités à autoriser une opération ou à signer les papiers officiels peuvent
être absents physiquement, certaines fêtes religieuses peuvent immobiliser la fonction publique, le
renversement brutal de gouvernement peut faire changer les règles du jour au lendemain, les contrôles
militaires peuvent être inutilement méticuleux.

 Contrainte de sécurité
Que ce soit lors de catastrophes naturelles ou dans un contexte de conflit armé, les équipes
humanitaires en mission sont soumises à de perpétuels dangers. Il arrive qu’elles soient rapatriées
provisoirement ou de manière définitive dans la capitale du pays en question ou dans leur pays
d’origine. Ces rapatriements ont bien entendu de lourdes conséquences aussi bien sur la gestion de la
mission que sur la réputation de l’organisation ce qui lui est préjudiciable pour la poursuite de ses
actions. Il arrive pourtant chaque année, que des membres locaux ou étrangers de diverses
organisations décèdent sur le terrain. Il est donc nécessaire durant une mission de respecter des règles
strictes de sécurité et d’anticiper les dangers potentiels.

 Contrainte matériels
Les réserves et fond propres de la Fédération de la croix rouge internationale sont limités à cause du
fait qu’elle est une entreprise à but lucratif. Son statut d’ONG implique le fait qu’elle soit toujours en
attente de dons en nature, de type financiers.

 Contrainte au niveau du transport


L’acheminement des moyens de secours est ardu au sens où les voies terrestres sont impraticables, le
Traffic ferroviaire est parfois complexe, du fait qu’il est toujours occupé, et impraticable lors des
catastrophes dans le type des tremblements de terre, ce qui est très courant. Pour ce qui est du transport
aérien, il convient de souligner qu’il nécessite un financement lourd, ce qui s’oppose au principe de la
logistique est de réduire les couts. La voie maritime, celle n’est en aucun cas avantageuse à cause du
temps relativement grand que l’acheminement impose à toute les opérations d’urgences.
 Contrainte culturelle
La communication dans une zone sinistrée se fait très rarement dans la langue du pays. L’anglais
devient très souvent la langue de liaison. Or si l’anglais n’est la langue maternelle d’aucune des deux
parties, les malentendus et les différences culturelles sont alors amplifiés.
Contrainte humaine : Le but ultime de l’humanitaire est de sauver des vies. Toutes activités mises en
place à des fins humanitaires tournent donc autour de cette problématique. La logistique humanitaire
vise donc, non pas à optimiser des bénéfices comme la logistique industrielle, mais à gagner temps et
moyens pour sauver un maximum de victimes. Ainsi, le retard de livraison d’un supermarché
n’engendrera pas les mêmes conséquences qu’un conteneur de vaccins qui n’est pas livré en temps et
en heure dans un dispensaire.

2. Solutions
Les kits
Pour paliers aux contraintes de temps, certaines organisations internationales ont mis en place des kits.
Ils constituent un ensemble de groupes d’équipements et de matériels de même sorte et ayant la même
utilité, tels que les kits d’hébergement et les kits de traitement, les kits d’installation de dispensaire, les
kits de magasinage et distribution de l’eau, les kits de médicaments et d’équipement médical
essentiels, les kits de génération électriques et les kits de choléra. Ces kits ont fait l’objet de nombreux
tests dans diverses situations d’urgence. Tout l’équipement nécessaire ainsi que tous les outils sont
réunis dans un seul et même colis. En commandant des kits déjà complets, les équipes gagnent du
temps car elles ont tout ce dont elles sont besoins à disposition et déjà préconçu.
Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (BCAH)
La nécessité d’une coordination internationale des associations humanitaires, pour une meilleure
efficacité et une meilleure pertinence des moyens déployés en temps de crise, a conduit l’ONU à créer
un Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires. Le BCAH fait partie du Secrétariat de
l’Organisation des Nations Unies et a pour mission de coordonner l’assistance des Nations Unies.
Le BCAH intervient à plusieurs niveaux pour une meilleure coordination de l’assistance humanitaire :
-Il surveille et alerte rapidement
- Il planifie des actions d’urgence en consultant ses partenaires et organise des plans communs pour un
résultat optimal. Il partage les missions de chaque intervenant, mobilise des moyens en lançant des
appels inter organisations et, en suivant l’évolution des secours, met en place une organisation
logistique nécessaire au stockage des moyens de secours.
- Il évalue l’évolution de la situation et des besoins, afin de programmer et hiérarchiser les actions.
- Il coordonne les actions sur le terrain que l’action soit cohérente et rapide.
- Il mobilise les ressources nécessaires en vue d’une assistance rapide.
Culture de l’urgence
Dans l’humanitaire, une seule et même culture est commune et partagée de tous : la culture de
l’urgence. C’est une culture qui doit s’acquérir. Pour cela il semble important que les organisations
mettent en place des plans de gestion de crise afin de se donner les moyens d’anticiper, de préparer et
de réagir sur ces situations. Ce plan de gestion peut se résumer en cinq grandes étapes :
- Constituer une cellule de crise afin de pouvoir piloter sa gestion lors de son éclatement ;
- Mettre en place une stratégie de communication afin de contrôler la diffusion d’informations et de
messages ;
- Mettre en place un manuel de référence ;
- Former le personnel amené à réagir ;
- Développer l’entreprise dans une culture de crise afin d’appréhender sereinement le phénomène
Cette culture repose sur des éléments comme la disponibilité, l’ouverture d’esprit ou la capacité de
communication. Les qualités humaines sont une potentialité supplémentaire de la réussite et de
l’élaboration d’une culture de l’urgence.

V. CAS PRATIQUE : la croix rouge française


L’organisation de la croix rouge française est une organisation dans laquelle toute opération repose sur
la logistique, en particulier la logistique humanitaire. Les moyens matériels et humains de la croix
rouge ont une flexibilité de mobilisation, en cas d’opération humanitaire d’urgence. Ce qui l’illustre
est le fait que les salariés et les bénévoles sont mobilisables en moins de 48H. La compétence du
département de logistique intégré au département de gestion des risques, est relative à son statut
d’ONG qui lui offre des avantages considérables au niveau du dédouanement. Le service logistique de
la croix rouge française a un service d’achat qui négocie les produits qu’il achète afin de maximiser
l’envoi de matériel dans les zones d’opérations. Lorsqu’une mission se prépare à partir, le directeur du
service logistique procède à une évaluation de la situation, comme le veut cette logique de cette
nouvelle fonction d’entreprise basée sur le raisonnement. Cette évaluation de la situation, se fait par
une évaluation des stocks, des colis depuis la chaine d’approvisionnement jusqu’à la distribution selon
la cartographie des lieux. La fédération de la croix rouge française connait l’évolution de ses stocks,
définit les priorités et les moyens de transports utilisés (camion, train, avion). Cependant il est
important de noter que, la FCRF (la fédération de la croix rouge française) a des contraintes éthiques
importantes, comme par exemple : se fournir dans les pays respectant les Droits de l’Homme et de
l’Enfant, assurer la loyauté de la concurrence chez ses fournisseurs, ne pas s’entourer de logisticiens
ou de fournisseurs qui stockent le matériel avec d’autres produits douteux comme des armes.
Lors des grandes catastrophes, la croix rouge est sollicitée dès que le gouvernement du pays touché
déclare l’état de catastrophe nationale, et lance un appel officiel à l’aide internationale.
Exemple : la croix rouge face au tsunami dans le sud-est asiatique
Le 26 décembre 2004 la croix rouge française a été appelé sur la côte Ouest de l'île indonésienne de
Sumatra provoquant une catastrophe humanitaire sans précédent dans plusieurs pays d’Asie. En
quelques heures, tous les services de FCRF étaient fonctionnels pour répondre aux besoins des
populations. Le principe de la logistique étant l’envoi de flux physiques répondant aux flux
d’information (information sur les sites affectés de la cartographie), la Croix Rouge a dû se tenir
informée l’évolution de la situation heure après heure. Lorsque qu’elle a été alertée, elle a dû faire très
rapidement un plan de mobilisation détaillé. Les services de logistique centraux ont décidé quels
produits seraient acheminés vers quelle destination et dans quel ordre. Ces sont les unités d’urgence
mises en place dans les pays concernés qui ont réceptionné, entreposé et acheminé l’aide. Sur place, la
Croix-Rouge a connu beaucoup de difficultés, notamment pour circuler. En effet, les voies de
communications étant pour la plupart détruites, les équipes ont dû trouver des alternatives aux moyens
de transport classiques. Elles ont alors utilisé des hélicoptères et des barges pour se déplacer sur les
eaux qui parcouraient nombre de villes.

CONCLUSION
La logistique humanitaire, logistique de l’adaptation et de l’urgence, permet l’optimisation de la
gestion des flux d’une part, et d’autre part de sauver de nombreuses vies. D’un autre côté, il est
important de noter que les métiers de l’humanitaire se sont professionnalisés pour un meilleur
rendement de leurs activités avec une vision figée sur Zéro défaut, zéro délai, zéro panne, zéro stock.
La logistique humanitaire est donc une logistique « de bon sens », où il faut, avec le minimum de
moyens, aider au maximum.

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