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Le 24/09/2020
1 Introduction
Ian Motion a commandé auprès de GreenFlex un bilan carbone de sa solution d’électrification d’Austin
Mini. Green Flex est largement reconnu dans ce domaine d’expertise pour avoir accompagné plus
de 750 entreprises notamment à travers l’Europe. L’entreprise possède une licence d’exploitation
auprès de l’Association Bilan Carbone (ABC) et est donc habilitée à utiliser la méthodologie du Bi-
lan Carbone® pour autrui. L’analyse critique qui suit a pour but de venir consolider les résultats
communiqués.
2 Contexte de rédaction
Ian Motion est le 1er acteur du rétrofit français à communiquer sur la comptabilité carbone en Analyse
de Cycle de Vie (ACV) de son produit. Pour une meilleure compréhension des chiffres avancés, il
semble absolument nécessaire d’expliciter les contours et les limites de cette étude tant les hypothèses
et variables d’entrées peuvent affecter le résultat. Cette revue critique rédigée en interne par l’équipe
de Ian Motion apportera un esprit critique sur ces travaux pour que le lecteur puisse avoir en sa
possession une liste la plus exhaustive possible des éléments influant sur le bilan carbone d’une
automobile rétrofitée.
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3.4 Frontière du système
Du berceau à la tombe = "Cradle to grave". Nous ne tenons pas compte d’événements pouvant
intervenir dans la vie du véhicule : accidents, éventuelles maintenances, remplacement des pneuma-
tiques, des fluides ou tout autre éventualité inhérente à la vie du véhicule. Nous ne considérons pas
l’impact des infrastructures nécessaires à l’utilisation de notre véhicule car en première approxima-
tion cette infrastructure est identique quel que soit le véhicule électrique utilisé.
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4 Commentaires détaillés
Cette analyse critique de Ian Motion ne vise pas à rendre un avis sur la cohérence des méthodes
utilisées vis-à-vis des normes ISO 14040: 2006 et 14044: 2006. Nous nous focaliserons cependant sur
la qualité des données employées, leurs interprétations, ainsi que la transparence et la cohérence de
l’étude.
4.3 Batterie
L’impact carbone des cellules de la batterie a été calculé au pro-rata de la masse du scénario de
2012 du véhicule particulier issu du rapport de l’ADEME mentionné précédemment. Voici quelques
remarques sur ce choix et la méthodologie appliquée :
• La chimie employée dans ce scénario de l’ADEME est à 100% NMC et est donc complètement
différente de celle de notre solution d’électrification (LFP).
• La fabrication des cellules est supposée en France alors que nos cellules sont fabriquées en
Chine.
Ces deux premières hypothèses ne représentent pas la réalité. La fabrication des cellules en France
tend à minimiser l’impact carbone des cellules alors que les méthodes de calcul couplées à la chimie
considérée tendent à l’augmenter. Nos recherches bibliographiques réalisées en interne sur ces ques-
tions laissent à penser que l’addition de ces deux hypothèses permet d’approcher assez fidèlement
notre produit. En première approche, le choix de GreenFlex sur ces deux hypothèse est donc recev-
able.
Cependant :
• Les données utilisées : de masse (238kg) et d’impact carbone (3170kg de CO2e) du scénario de
l’ADEME sont celles du pack batterie complet (cellules + casing + électronique) dont l’intensité
carbone est affectée uniquement aux cellules utilisées par Ian Motion (120kg). C’est une impru-
dence.
• Ce raisonnement au pro rata de la masse ne tient aucunement compte des densités énergétiques
potentiellement différentes entre les cellules. Il aurait été plus judicieux de calculer l’impact au
pro rata de la capacité des batteries. Cela doit être considéré dans de prochains calculs.
Les chutes liées à la production de la batterie lors de sa fabrication ne sont pas prises en compte.
Cette hypothèse est acceptable, la littérature s’accorde à dire qu’elles sont minimes.
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4.4 Autres émissions liées à l’usage véhicule
De récentes études montrent l’impact important de l’abrasion des pneumatiques et des plaquettes
de frein responsables de l’émission de polluants. Nous pouvons d’ores-et-déjà saluer la réduction
de l’usure des plaquettes de frein sur les véhicules électriques grâce à l’utilisation prépondérante du
freinage régénératif en utilisation quotidienne.
Dans des conditions d’usage strictement identiques et notamment avec des taux de récupéra-
tion d’énergie au freinage égaux, un véhicule plus léger et avec des montes pneumatiques plus
étroites, générera moins de polluants liés à l’usure de ses pneumatiques et de ses plaquettes de frein
en valeur absolue.
Ces éléments, s’ils étaient pris en compte dans l’ACV augmenteraient le différentiel entre un
véhicule électrique neuf et notre solution de par le différentiel de masse entre les deux véhicules :
plus de 400kg.
Diminuer l’impact environnemental d’un véhicule électrique c’est donc contenir sa masse,
opter pour une capacité modérée et choisir une chimie de batterie durable.
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comparaison s’illustrent déjà par des masses faibles par rapport notamment à la voiture électrique la
plus vendue en France en 2019 : la Renault Zoé et ses 1500kg.
De plus, l’ACV établie considère un impact en fin de vie égaux pour les deux véhicules électri-
fiés.
Pourtant :
• Le montage vissé de notre pack batterie facilite une réutilisation/un recyclage des batteries.
• Cette facilité de maintenance laisse une porte ouverte à un remplacement du pack batterie pour
prolonger encore la durée de vie du véhicule.
• La masse des véhicules diffère et donc, sur la base des méthodes employées l’impact en fin de
vie également, au bénéfice de la Mini.
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Des moyens beaucoup plus importants seraient à consacrer à ce sujet et permettraient d’obtenir un
spectre beaucoup plus large de l’impact environnemental du produit.
5 Voies d’amélioration
Grâce à notre ACV, nous savons à présent que dans les hypothèses choisies :
• Le mix électrique employé pour propulser notre Mini représente 50% de son bilan carbone.
• La production des batteries représente à elles-seules 24% du bilan carbone total.
Il convient donc pour réduire l’impact de notre solution :
• D’oeuvrer à la décarbonation de la production électrique notamment à l’échelle européenne et
mondiale. Sur cette absolue nécessité, Ian Motion ne dispose malheureusement que de leviers
d’action quasi inexistants.
• De promouvoir la production de batteries sur le territoire français. Selon le GIEC, le mix én-
ergétique utilisé en Asie contribue à au moins 50%* des émissions de la fabrication des cellules.
*Rapport intitulé : "Effects of battery manufacturing on electric vehicle life-cycle greenhouse gas emissions"
de février 2018.
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6 Conclusion
Cette ACV est riche d’enseignement par la différence d’impact carbone observée entre un véhicule
neuf et notre solution faisant appel au rétrofit et à des choix techniques spécifiques et recherchés.
Grâce au chiffrage établi par GreenFlex, nous sommes convaincus que l’impact carbone en
valeur absolue de notre Mini Retrofitée est particulièrement faible. Notre proposition couplée à un
mix électrique décarboné et utilisée à son plein potentiel de durée de vie est dès 2020 pleinement
alignée avec les objectifs nationaux de la France pour 2050 dans le cadre de l’Accord de Paris sur le
Climat.
Ian Motion anticipe par son activité les futures exigences environnementales et propose de ce
fait une solution pérenne.
Le présent document souligne des manquements ainsi que des points d’amélioration. Nous
avons à coeur de travailler dès à présent sur ces éléments.