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L'ART FRANÇAIS
TROISIEME SERIE
TOME IX
ANNÉE 1895
F. DE NOBELE
Libraire de la Société
35, rue Bonaparte, PARIS
Réimpression l*)7:i
NOUVELLES ARCHIVES
DE
L'ART FRANÇAIS
i
DE
JOSEPH VERNET
AVEC LE DIRECTEUR DES BATIMENTS SUR LA COLLECTION DES
PORTS DE FRANCE, ET AVEC D*AUTRES PERSONNES SUR DIVERS
OBJETS
1756-1787.
A*T FX. X. |
2 CORRESPONDANCE
Voici donc une longue correspondance sur cette collection
unique tirée de l'oubli. Les cartons de la direction des Bâtiments
du Roi, que M. Lagrange n'eut pas l'idée d'aller consulter en 1855,
nous ont livré, vingt ans après, car il y a déjà de longues années
que ces documents sont copiés et prêts pour l'impression, cinquante-
une lettres de Joseph Vernet, autant de lettres au moins de ses corres-
pondants naturels, les directeurs généraux des Bâtiments du Roi,
d'abord le marquis de Marigny, puis le comte d'Angiviller, et, en
plus, quatre lettres fort curieuses de Cochin, d'autres enfin de divers
individus, soit un total de plus de cent pièces, presque toutes rela-
tives à la grande collection des ports de France. Longtemps, nous
avions supposé qu'une série de cette importance avait sa place
marquée dans quelque grande revue d'art. Nous nous trompions :
le public de ces journaux spéciaux n'aime pas les longues publica-
tions et les documents trop étendus. Il lui faut une littérature
légère et superficielle, effleurant les sujets sans les appro-
fondir.
En somme, les lettres de Joseph Vernet seront à leur vraie place
dans les Nouvelles Archives de Vart français, puisque les premières
publications de Lagrange avaient paru dans les primitives Archives.
Pour bien comprendre les pièces qui suivent, le lecteur devra
constamment se reporter d'abord à l'itinéraire tracé par M. de Mari-
gny pour l'artiste avant son départ de Paris, et avoir sous les yeux
ces livres de raison remplis de si précis détails sur les déplacements
et les dépenses de Vernet.
On sait que le plan du directeur des Bâtiments comportait d'abord
vingt tableaux, huit vues de la Méditerranée et douze de l'Océan.
Mais les nécessités budgétaires ou d'autres circonstances réduisirent
à quinze le nombre des toiles aujourd'hui conservées dans les
galeries du Louvre. La suite comprend actuellement deux vues
de Marseille, ce fut le début de l'entreprise, trois de Toulon,
une d'Antibes, une du golfe de Bandol et du port de Cette, deux
tableaux pour Bordeaux, deux pour Bayonne, un de Rochefort,
un de La Rochelle et enfin le port de Dieppe. Après dix ans de
voyages continuels et de déplacements coûteux, l'artiste était à
bout de patience et de ressources. Les commandes affluaient de
toutes parts et offraient de bien autres avantages que ce travail inter-
minable et fastidieux.
L'itinéraire tracé par M. de Marigny porte la date du mois
d'octobre 1753; le peintre arrivait à Marseille le 15. Ses carnets
permettent de suivre son itinéraire mois par mois, pendant sa
longue absence. Les vues de Marseille occupent la fin de l'année
1753 et la première moitié de 1754. L'installation à Toulon est du
DE JOSEPH VERNET 3
t. C'est le passage textuel de l'Itinéraire publié par Léon Lagrange, (Archives, IV,
p. 14a).
8 CORRESPONDANCE
même goust; je ne l'ay point suivis, et il m'auroit été impos-
sible de le faire au port d'Amibe, Toulon et Marseille, encore
moins le suivray-je dans celuy-cy. C'est comme si on me
demandoit de peindre en un seul tableau l'intérieur du jardin
des Tuilleries, où l'on vît la façade du bâtiment, le pont tour-
nant, d'un côté Bellevue et Saint Clou, et de l'autre le Pont
neuf, les tours Notre-Dame, Pantin et Saint-Denis. Vous
jugés bien, Monsieur, qu'on ne pourrait le faire à moins de
faire une carte géographique.
L'intention où je suis de représenter une tempête dans ce
tableau ne m'oblige pas de me mètre plus éloigné du port que
si je le faisoit avec un temps calme, je me place vis-à-vis l'en-
trée, et c'est là où la mer se brise avec le plus de violence et
où se perdent assés souvent des bâtiments ; la mer est même
fort agitée dans le port selon le vent qu'il fait ; ainssy il n'y
aura rien contre la vraisemblance, bien au contraire ; outre que
ce tableau faira une variété parmis les autres, une tempête
faira le caractaire distinctif de ce port, et il sera plus reconnus
pris du côté de la mer que si je le prennois de celuy de la
terre, d'où je ne pourrais peindre les objets qui le caracté-
rise 1.
Je sçay, Monsieur, que le Roy me paye mes tableaux pour
que j'y donne toute la perfection dont je puis être capable,
aussy l'ai-je toujours fait, et mon intention sera toujours de
Élire tous mes efforts pour que mes tableaux aillent de mieux
en mieux. Permettes, je vous prie, Monsieur, que je vous
découvre un secret en cette occasion; c'est que si le Roy
payoit cent fois plus qu'il ne fait mes tableaux, je ne sçache pas
qu'il me fût possible de les mieux faire que je les faits, et ne
les fairois pas plus mal s'il m'en donnoit cent fois moins. Mon
amour-propre étant plus avide de la gloire que de l'argent,
quant je fais un tableau, je ne suis occupé que du soin de bien
faire, et je pense plus à ce qui peut me faire honneur qu'à la
somme qu'on m'en donne *. Quant j'ay eu l'honneur de vous
i. La vue du port de Cette (rt* 599 du Catalogue de l'Ecole française) prouve que
Vernet obtint gain de cause et fit prévaloir ses idées. La ville est vue de la mer par
un temps agité. Le tableau fut exposé au Salon de 17x7.
2. Voyez la réponse de M. de Marigny en date du 21 novembre, dans les Archives
U l'art français, Vf, p. 154.
DE JOSEPH VBRNET 9
dire que, selon le point de vue que je prendrais, après mes
éttudes faittes, j'aurois put exécuter le tableau à Bordeaux, et
que, n'étant plus nécessaire d'être sur le lieu, j'aurois eu plus
de secours et de facilité pour cette exécution dans une grande
ville que j'en aurais icy; mais je resteray icy, d'abord parce
que vous le voulez et en même temps pour que, si mon inca-
pacité m'empêche de faire tout ce que je désirerais, on ne
puisse l'attribuer à quelque négligeance de ma part. J'ay pour
cela arrêté une maison icy, et m'y suis établis ; je fairay le
tableau de Cette icy sur le lieu, et finiray celui d'Antibe où il
me reste quelque chose à faire.
Il y a déjà quelque temps que je suis en cette ville ; dès
mon arrivée j'allay chez M. le commandant de la Ville et le
commissaire de la Marine qui me dirent n'avoir eu aucun
ordre de la Cour à mon sujet, ce qui m'a mis dans des embar-
ras.
J'ay depuis reçu la lettre dont vous m'avez honoré, du
25 octobre, où vous me dittes avoir eu la bonté d'écrire à
M. le Garde des Sceaux pour qu'il me procure icy la facilité
de faire les opérations relatives à mes tableaux, mais ils n'onts
encore rien reçu.
Je suis extrêmement flatté, Monsieur, de ce que vous
paroisses être sattisfait des deux derniers tableaux que j'ay
fait à Toulon '. Voilà une de ses récompences auxquelles
j'aspire, pour lesquelles je travaille et qui me fonts le plus de
plaisir.
Je suis avec le plus profond respect et en implorant votre
indnlgeance sur la longueur et les autres deffauts de cette
lettre,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
VERNET.
Cette, 11 novembre 17 S 6.
i. Vernet a peint trois vues-différentes du port de Toulon (n"' 595, 596 et 597 du
Catalogue du Louvre). Toutes les trois furent exposées en 17S7. Il est donc malaisé
de déterminer l'ordre de leur exécution. Il est cependant à noter la vue de la rade
que
et la vue du vieux port ont leur signature accompagnée de la date 1756.
CORRESPONDANCE
t. Peirenne de Moiras, ministre de la marine du i" février 1757 au 1" juin 1759.
14 CORRESPONDANCE
1 D'après les notes de Vernet publiées par Léon Lagrange, l'artiste quitta Cette
le 12 mai, arriva à Toulouse le 16, y resta cinq jours et parvint à Bordeaox le 24.
Il logea chez un M. Pitard.
A.RT PX. X 2
l6 CORRESPONDANCE
du tout, et le château Trompette qui se trouve entre deux et
attennent à la ville et au faubourg faira concevoir le tout
ensemble.
Il ne me parait pas possible de reppresenter le tout dans un
seul tableau. Par l'ettandue d'une lieu qu'il y a d'un bout de la
ville à celuy du faubourg, je devrais me placer à une lieu de
distance au moins pour pouvoir embrasser le tout d'un seul
coup d'oeil; et pour lors la ville et la rivière se trouveroit à
l'orizon du tableau, et les objets extrêmement petits et confus,
puisque je devrais réduire l'espace d'une lieu à celuy de huit
pieds qu'ont mes tableaux.
Je ne puis non plus prendre la vue du tout ensemble par
un des bouts, soit de la ville ou du Chartron, puisque le tout
forment un demy cercle dans lequel entre de beaucoup l'autre
côté de la rivière qui cache plus de la moitié de la ville en la
regardant du bout du faubourg, et presque tout le faubourg en
la regardant du bout de la ville. J'ay comuniqué et consulté
Mr l'intendantde cette ville et autres personnes de goust, qui ont
fort approuvez les points de vue que j'ay choisy,,n'en trouvent
pas des meilleurs. Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien me
faire sçavoir votre sentiment là-dessus. J'ay mis la main à
l'oeuvre et travaille aux ettudes d'après nature pour le tableau
qui doit reppresenter la ville; mais je ne commenceray à
peindre ledit tableau que lorsque j'auray reçu votre approba-
tion sur ce que je vient d'avoir l'honneur de vous dire.
Les dehors et l'extérieur de cette ville-cy est vrayment
magnifique. M. de Tourny y a fait des choses prodigieuses,
tant pour le bon goust que pour le jugement ; il a eu la com-
plaisance de me conduire partout, et a mille bontés pour moy
que je crois devoir à ce que vous euttes la bonté de luy dire
sur mon compte le jour que j'eu l'honneur de présenter mes
quatre premiers tableaux au Roy.
Je suis bien impatient de sçavoir si les deux derniers tableaux
que j'ay fait pour le Roy, et que j'ay eu l'honneur de vous
addresser sonts parvenus entre vos mains, et si vous en ettes
sattisfait.
Je suis, etc
VERNET.
A Bordeaux, ce 7 juin 1757.
DE JOSEPH VERNET 17
1. Le Sa'^n de 1757 reçut, en effet, les tableaux des ports d'Antibes et de Cette
avec les deux vues de Toulon dont il est question plus haut. Vernet exposait en même
temps huit ou dix autres cadres, dont un appartenant à M. de Marigny.
18 CORRESPONDANCE
1. Note en marge : « Il n'y a point de fonds. Il luy sera payé un tableau par an.
M. le D. G. lui promet un logement d'artiste dès qu'il pourra. 19 décembre 1759. »
DE JOSEPH VERNET 35
J'ai reçu en leurs tems les quatre lettres dont vous m'avez
honoré depuis que je suis à Bayonne, deux du 23e juillet,
une du 31 ; et la dernière
du 12e aoust. Vous m'avez, Mon-
sieur, remplis le coeur de la joye la plus vive par ce que vous
avez la bonté de me dire au sujet des deux tableaux.de
Bordeaux, que je pense pourtant ne pas mériter. Je suis très
receonnoissant à celle que vous avez de faire bien placer une
partie de l'argent qui m'est dû sur les ouvrages que j'ay fait
pour le Roy, et de m'en faire toucher dès que vous le pourrez,
et par les avis et les bonnes espérances que vous daignez me
donner, que vous me dittes de prendre à la lettre. C'est bien
ce que j'ay toujours fait, et que je fairay toujours, que
de
prendre à la lettre tout ce que vous avez la bonté de me dire ;
et je marcheray les yeux fermez, et [avec] une entière confiance,
sur touttes les routtes où il vous plairra me mettre, persuadé
que je suis que c'est toujours pour mon bien.
Vous m'ordonnez, Monsieur, de ne point éccoutter les
propositions que me fonts les particulliers pour des ouvrages
qu'on me demande ; et qu'autant que mes moyens me le per-
mettront, ne travailler que pour le Roy. C'est certainnement
bien là mon intention ; puisque j'en sens toutes les bonnes
raisons ; mais permettez-moy, Monsieur, de vous donner une
idée de ma sittuation présente.
J'avois placé quelque argent qui me rendoit un interest
honeste, et que je pouvois repprendre dans le besoin; le
besoin est venu, et l'ay tout pris peu à peu; ce qui, joint à
ce que j'ai reçu des tableaux que j'ay fait pour les particulliers,
m'a fait subsister avec ma famille jusqu'à présent.
Depuis six ans que je voyage pour le Roy, j'ay vu par
expérience ce que je dépense par année. Je ne joue pas; je ne
donne pas à manger; je ne vais aux spectacles que rarement;
je n'ay point de maîtresse, et ne donne pas dans le faste. Je
ne fait que le simple nécessaire, et convennable à mon état, et
avec tout cela, je dépense environ dix mille livres par année,
l'une pour l'autre. Il m'est aisé de prouver à ceux qui voudrait
le sçavoir à quoi je dépense ce que je vient de dire.
Ainsy, Monsieur, si je ne reçois pas d'argent du Roy et que
je ne travaille pas pour les particulliers, comment faire pour
vivre ? Et si je travaille pour les particulliers, je n'avancefay
36 CORRESPONDANCE
1. Note en haut de la lettre : «Ordonné 6.000 livres en argent sur ses ouvrages
courants et 2.000 livres en contracts sur ses mémoires de 1757 et 1759. — 10 décembre
1760. »
DE JOSEPH VERNET 39
vos bontés,
Monsieur, et vous rapeller que dans la dernière
lettre dont vous m'avez honoré, du 19 décembre dernier, vous
me fines espérer que je recevrais chaque année
le payement
d'un des tableaux que je'fais pour Sa Majesté; j'ay sur cela
arrangé mes affaires en conséquence, et c'est ce qui m'oblige à
recourir à vos bontés, et vous suplier de vouloir bien me don-
ner quelque secours, si vous le pouvez, dans le besoin urgent
où je me trouve.
Je vous prie aussy de vouloir bien me continuer les bonnes
dispositions où j'ay toujours eu le bonheur de vous voir à mon
égard. J'ay toujours plus d'envie de m'en rendre digne par
tous les endroits que je pourray, et de vous faire connoître
le très respectueux attachement, etc...
VERNET.
A Bayonne, ce 22 novembre 1760.
Au sieur Vernet :
Exercice 1759.
Deux mémoires pour six tableaux qu'il a livrés en 1757 et
I7S9-
DE JOSEPH VERNET 41
Sçavoir :
Château-Trompette. )
Payements :
1755 décembre
13 6.000
1756 août
11 6.000
1757 14 juillet 6.000
1758 21 juillet 6.000
1759 11 septembre 12.000
1760 16 décembre 2.000
Total 3 6.000
42 CORRESPONDANCE
étant movais à Rochefort, surtout en été, donnant des fièvres
qui durent lougtemps et dont la mort s'ensuit quelquefois,
je pourrais d'abord m'aller éttablir avec ma famille à La
Rochelle où l'air est moins movais, et mener les deux ports en
même tems; c'est-à-dire j'irais travailler à Rochefort tant
qu'il n'y aurait rien à craindre pour l'air, et lorsqu'il ne con-
viendrais pas que j'y habbitas, je pourrais pour lors travailler
à La Rochelle aux tableaux que je devray faire du port, qui
n'est qu'à cinq lieus de Rochefort. Je vous prie, Monsieur,
de vouloir bien me faire sçavoir si vous approuvez mes projets,
et je seray toujours soumis à vos ordres.
Je me propose aussy de ne travailler à l'avenir qu'à la suitte
des tableaux dont le Roy m'a chargé, puisque vous avez la
bonté de m'en fournir les moyens. Je suis impatient de la voir
achevée, me voir à Paris à portée d'avoir l'honneur de vous
faire ma cour et vous montrer du mieux que je pourray le
bien vray et très respectueux, etc...
VERNET.
A Bayonne, ce 28 avril 1761.
1. Voyez dans la Revue des documents historiques publiée par M. Etienne Charavay
(tome III, 1875, 143), lettre de M. de Marigny à Joseph Vernet sur deux tableaux
p. une
de lui qu'il venait de recevoir l'un de
; ces tableaux représentait un orage. Il s'agit
probablement des tableaux dont parle la lettre suivante.
«T F», x 4
48 CORRESPONDANCE
1. La lettre du 9 décembre à laquelle il est fait allusion ici ne s'est pas retrouvée.
DE JOSEPH VERNET 49
il se reffait bien d'ailleurs par la sattisfaction avec laquelle il se
soumet à vos ordres.
Je suis, etc.
VERNET.
A La Rochelle, le 24e décembre 1761.
Je reçois à l'instant votre portrait, Monsieur, qui m'a été
envoyé par l'Académie royalle de peinture; je l'ay trouvé bien
beau à tous égards; mais l'émotion que j'ay éprouvé en le
voyant m'a bien fait sentir ce que je n'ay jamais put vous
exprimer.
Je vous demande pardon du post-scriptum.
1. Ces tableaux furent en effet envoyés au salon de 176} avec les ports de Rochefort
et de La Rochelle, la Bergère des Alpes et plusieurs autres toiles.
2. Note en marge de cette lettre : « Je le veux bien, mais à condition qu'après
avoir fait Dieppe, il n'interrompra « plus la suitte des ports. »
56 CORRESPONDANCE
siés les faire exposer au Salon. J'ay chargé M. L'Ecuyer, con-
trolleur du département, de vous prévenir de cet envoy.
Je suis, etc.
Du 7 août 1763.
1. Note en tête Ordonné le 7 décembre 1765, 2.400 liv. pour parfait payement
: «
des tableaux de Mgr le Dauphin. >
DE JOSEPH VERNET 59
Au sieur Vernet.
Exercice 1761
Mémoire de deux tableaux (les ne et
12e) de la suitte des ports de France.
Le 1" Vue de Bayonne à mi-côte du
glacis de la citaeelle.
Le 2e Autre vue de Bayonne prise de
l'allée de BoufHers.
Estimés chacun 6000 liv. 12.000 liv.
A comptes.
Au sieur Vernet.
Exercice 1762
Mémoire de 4 tableaux représentant les
Heures du jour pour le cabiner de la biblio-
thèque de Monseigneur le Dauphin.
De 4 pieds 2 pouces sur 2 pieds 6 pouces
de haut.
i° Le matin, Lever du soleil.
2° Le midi, une Tempête.
30 Le soir, le Coucher de soleil.
40 La nuit, un Clair de lune.
Estimés chacun 1.200£ 4.8ooliv.
Payements.
1762, 12 aoust 2.400 liv.
1763, 7 décembre 2.400
4.800
1. Ces tableaux pour Choisy, représentant les Quatre parties du jour, dont deux
sont au Louvre (n01 61 { et 614), furent payés par acomptes, de 1766 à 1776, la somme
de 4.800 livres, soit 1.200 liv. l'un. (Voir l'article des Comptes des Bâtiments cité
par Lacordaire dans les Archives de l'art français, t. IV, p. 167.)
DE JOSEPH VERNET 65
1. Cette lettre a été vendue en décembre, 1875, a la salle Silvestre. N° 354du Cata-
logue rédigé par M. Etienne Cliaravay.
DE JOSEPH VERNET 69
Il m'est dû depuis quatorze à quinze ans chez le Roy la
somme de 9.400 liv. sur des ouvrages qui m'ont causé des
dépenses au delà de ce que je gagnois. Je perds, outre cela, en
interest, presque la valeur des fonds. Il est aussy du à mon
frère 16.814 liv. sur des peintures dont il a eu l'entreprise soit
pour la salle d'opéra de Versailles ou pour les appartemens du
château, dont les mémoires sont arrettez depuis longtemps;
il a du payer les ouvriers qu'il a employés, et les fournitures;
ce n'a été qu'en empruntant à gros interest qu'il a put le
faire ; ses créanciers le pressent et le menacent. Sa situation ne
luy laisse d'autres ressources que moy qui ay épuisé toutes les
miennes.
Vous voyez, Monsieur, quelle triste situation est la nôtre;
je vous supplie donc de vouloir bien nous tirer d'embarras.
Il y a longtemps que nous sollicitons M. Cuvillier qui nous
donne toujours des bonnes espérances, mais sans effets. J'ay
crut pouvoir recourir avec confiance à vos bontez dont je
tâcheray de me rendre digne.
Je suis, etc.
VERNET.
A Paris, le 10e avril 1775.
En tête de la lettre se trouve cette note : « Observation. — Sui-
vant les livres du bureau, il paroit n'être dû à M. Vernet ou du
moins n'y avoir à compter avec luy que deux mémoires.
Un de 1765, de 6.000 liv.
Un d'idem, de 4.800 liv.
10.800 liv. Surquoy il a reçu en 1764 2.000
1.200
3.200
J l 6.200
,
„En 1774 3.000 \
Resterait 4.600
Si M. Vernet n'a pas d'autres mémoires à réclamer. »
A la lettre est jointe la minute de la réponse de la main de
Cuvillier, datée du 7 may 1775. On lui objecte les comptes portés
en tête de la lettre et, quant à la créance de son frère, les fonds ne
sont point faits.
70 CORRESPONDANCE
6 mai 1776.
M. Cochin, Monsieur, dont vous connoissés sûrement les
talens dans l'art du dessein et de la gravure, et qui a donné
d'après M. Vernet les vues gravées d'un grand nombre de
ports de France, désirant y en ajouter quelques-unes pour
compléter cette collection précieuse, se propose d'aller au
Havre pour y dessiner celle de ce port. Mais comme, quoique
nuni de la recommandation de M. de Sartine pour ce qui
concerne la marine, il pourrait trouver quelque obstacle du
côté du commandant de la citadelle et de la ville, il s'addresse
'• i:n note : « Ecrit à M. le comte de Saint-Germain pour lui demander la lettre
JoiH il est question, le 6 mai 1776.
»
74 CORRESPONDANCE
à moi pour vous prier de lui accorder une lettre à cet officier
pour le prévenir de l'objet de ce voyage et l'engager à procurer
les facilités qui pourraient dépendre de lui pour son succez.
Je le fais, Monsieur, d'autant plus volontiers que je pense que
vous serez charmé de faciliter à un artiste aussi distingué l'exé-
cution d'un ouvrage intéressant.
Dans ce cas, je vous serais obligé de me faire envoyer cette
lettre pour que je la fasse passer à M. Cochin,
J'ai l'honneur, etc,
Du 11 septembre 1777.
J'ai reçu, Monsieur, la lettre que, d'après la conversation
que javois eue avec vous quelque temps auparavant, vous avés
DE JOSEPH VERNET 75
Du 6 avril 1778.
Informé, Monsieur, de la mort de M. Adam, je n'avois pas
attendu la lettre que vous avés pris la peine de m'écrire au
sujet de la pension. J'avois aussitôt formé le projet de mettre
sous les yeux du Roy les titres que vos talens vous donnoient
à une pareille marque de ses bontés, et je viens de le faire.
C est avec plaisir que je vous informe de la disposition
que
S. M. a faite en votre faveur de cette pension. J'aurois même
souhaité qu'elle eût été plus considérable ', mais lorsque l'oc-
casion s'en présentera, je la saisirai bien volontiers pour la
rendre plus proportionnée à ce que le rang que
vous tenés
parmi les artistes françois vous donne le droit d'espérer.
Je suis, etc.
i- Elle fut augmentée deux mois plus tard. Voir la lettre du 10 juin.
76 CORRESPONDANCE
Du 10 juin 1778.
La perte, Monsieur, que l'Académie vient de faire de
M. Le Moyne, faisant vacquer la pension dont il jouissoit, c'est
pour moy une occasion que je saisis d'effectuer les disposi-
tions que je vous avois témoignées dans ma dernière lettre.
J'ai mis en conséquence sous les yeux du Roy les titres que
vos ouvrages et votre âge vous donnoient à un traitement plus
avantageux que celuy que la mort de M. Adam m'avoit per-
mis de vous procurer, et S. M., accédant à cette considération,
a jugé de porter à 900 liv. la pension déjà accordée dans cette
circonstance. Je vous l'annonce avec satisfaction, ainsi que la
disposition où je suis de la porter encore, lorsque les circon-
stances me le permettront, à un taux plus proportionné à vos
talens et à l'honneur que vos ouvrages font à la peinture
françoise.
Je suis, Monsieur, etc.
DE JOSEPH VERNET 77
t. Sur ce voyage en Suisse, voir Léon Lagrange (p. 269) Vernet partit de Paris
avec M. Girardot de Marigny et son fils Carie Vernet, le 16 juin 1778.
2. La vue de Dieppe n'avait été terminée par Le Bas qu'en 1778 (Voy. Lagrange,
p. 127). Le port du Havre qui parut en 1780 porte une dédicace i M. d'Angiviller,
^omme il est dit plus haut. Cette dédicace fait l'objet des lettres suivantes.
78 CORRESPONDANCE
Du 13 décembre 1779.
Je reçus, Monsieur, peu avant ma maladie, la lettre par
laquelle, en me faisant part de la mort de la dame Mouton qui
jouissait d'un corps de bâtiment distribué en boutiques sur la
place du Louvre, vous me rappelliés la promesse que je vous
avois faite de profiter des premières occasions qui pourraient
se présenter pour engager S. M. à augmenter les grâces dont
vous jouisses. Des circonstances particulières ne me permet-
toient pas de profiter de cette occasion; mais la mort de
M. Chardin m'en a fourni une d'effectuer cette promesse. C'est
donc avec plaisir que je vous annonce que, sur ma demande,
S. M. vient de porter à 1200 liv. la pension de 900 liv. dont vous
jouissiés déjà. Je suis charmé d'avoir été à portée de vous
donner cette nouvelle marque de mon envie de vous obliger
C't de mon estime particulière pour vos talens.
Je suis, etc.
**
àRT FR. X
80 CORRESPONDANCE
pas besoin
de vous rappeller d'ailleurs l'interest que mérite sa
famille et que vous avez bien voulut y prendre.
Par ces motifs, ne seroit-il pas possible de faire des disposi-
tions qui, en satisfaisant la veuve Thibault et mon neveu,
concourraient au bien du service? La partie de la serrurerie,
la menuiserie, la charpenterie sont quelquefois données à deux
entreprenenrs qui les suivents conjointements. Ne pourroit-il
pas en être de même pour les peintres doreurs ? C'est ce que
je prend la liberté de soumettre à vos lumières et à votre
justice.
Pour ce qui est des fonds d'avance que des pareilles entre-
prises nécessiteraient, mon neveu trouverait des ressources
que luy fourniraient un mariage avantageux dont la conclusion
ne tient qu'au succès de sa demande.
Quelle que soit votre décision, croyez, Monsieur le Comte,
que je n'y hazarderay aucune nouvelle représentation, et j'ose
espérer que vous voudrez bien me pardonner celles que j'ay
l'honneur de vous adresser aujourd'huy.
Je suis, etc. VERNET.
A Paris, ce 19e avril 1780.
Du 27 mars 1781.
J'ai disposé bien volontiers, Monsieur, en faveur de
M. Boisot, votre neveu, de l'attelier dont jouissoit au Louvre
le sieur Poulain qui -vient de mourir. Je suis charmé d'avoir
cette occasion de procurer à un artiste que j'estime une facilité
pour l'exercice de son talent et de faire quelque chose qui vous
prouve le désir que j'ay de vous obliger, quand il s'en présen-
tera des occasions.
Je suis, etc.
Du novembre 1781.
5
Par les nouveaux éclaircissemens, Monsieur, que je me suis
procurés sur la composition de l'attelier de M. Lagrenée, j'ai vu
DE JOSEPH VERNET 83
qu'il étoit possible d'en faire un partage qui vous mette à portée
d'y exécuter plus commodément qu'aux galleries du Louvre les
tableaux que le prince des Asturies vous a demandés. Je viens
d'écrire à ce sujet à M. Pierre; vous pouvcs le voir et il arran-
gera cela avec vous.
Je suis, etc.
i. Carie Vernet obtint le premier prix au concours de 1782 sur le sujet suivant :
i UTaboie de l'Enfant prodigue. II avait vingt-quatre ans.
2. Le brevet de pensionnaire de l'Académie de France à Rome (non daté) en faveur
«e Charles-Horace Vernet se trouve dans le registre de la maison du Roi coté O
1096, fol. 540.
84 CORRESPONDANCE
pensionnaire du Roy à Rome, que suivra incessammentl'amplia-
tion de l'ordonnance de sa gratification pour le voyage.
Je suis, etc.
12 octobre 1782.
Je suis très fâché, Monsieur, de n'avoir pas sçu plutôt que
vous étiez sur le point de faire partir pour l'Espagne les tableaux
que le prince des Asturies vous a demandés. Votre première
lettre ne m'est parvenue qu'à Versailles. J'irai probablement
sous très peu de jours à Paris, et je saisirai avec bien du plaisir
cette occasion de voir des morceaux qui sûrement feront en
Espagne honneur à leur auteur et à la peinture françoise.
Je compte pouvoir joindre à cette lettre les passeports pour
les deux voyageurs; en tous cas, vous les receviez dans les
24 heures.
Je suis, etc.
DE JOSEPH VERNET 8$
19 février 1783.
Vous trouverez ci-jointe, Monsieur, une lettre de M. Vernet
qui proteste n'avoir jamais refusé la clé de l'attelier de
M. Lagrenée, ni à M. Lagrenée le jeune, ni à M. Peyron, et que
personne même ne la lui a encore demandée; il l'a au surplus
évacué; mais il m'observe qu'il est dans le cas de faire de grands
tableaux, et il me propose un partage du grand attelier de
M. Lagrenée qui
me paraît possible.
86 CORRESPONDANCE
J'en joins ici le plan. La réputation de Vernet, son ancienneté
dans l'Académie sont des titres pour lesquels je ne puis me
dispenser d'avoir des égards. J'attends votre réponse sur cela.
J'ai l'honneur, etc.
De la main de M. le directeur général : « Vous pourries voir
avec Lagrenée ce partage; je crois me souvenir qu'en effet cela
avoit été proposé aussi, et il vaut mieux tout concilier et qu'il
vous le doive. »
Du 21 février 1783.
J'ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m'avés écrite au sujet
de la clef de l'attelier de M. Lagrenée que j'ai destiné depuis
longtemps à M. Peyron pour le temps où il reviendrait de Rome
et jusqu'au retour de M. Lagrenée lui-même. Vous me marqués
n'avoir jamais fait refus de la remettre, et même que personne
ne vous l'a demandée. Je crois sur cela votre assertion; au
surplus, rien de plus éloigné de mes sentimens que de vouloir
vous humilier. Le cas que j'ai toujours fait de vos talens et
que je vous ai témoigné en mille occasions devroit vous être
garant du contraire. Il n'y aurait d'ailleurs rien d'humiliant à
ce qu'un jeune artiste arrivant de Rome et donnant de grandes
espérances eut un attelier provisionnel au Louvre, tandis que
vous n'en auriés pas, vu que vous avez un logement aux Gal-
leries et qu'en général vos ouvrages ne sont pas d'une grandeur
qui exige un grand attelier. Je verrai au surplus d'après le plan
que vous m'envoyés ce qui sera possible de faire.
Je suis, etc.
ACADÉMIE ROYALE
DE PEINTURE ET SCULPTURE,
février 1783.
I. Voyez, sur cet incident et sur les procédés du sieur Gravia, les Procès-verbaux
de l'Académie de peinture publiés par M. A. de Montaiglon (tome IX, p. i ;<}).
DE JOSEPH VERNET 89
Du 17 novembre 1783.
J'ai reçu, Monsieur, la lettre par laquelle vous me faites
part du besoin que vous avés d'un attelier, non seulement pour
l'exécution des grands tableaux dont vous êtes chargé pour le
grand duc de Russie, mais encore pour mettre votre fils en
état, comme il le désire beaucoup, de peindre grand comme
nature d'après le modèle. Je suis toujours dans les mêmes
dispositions de faire à cet égard ce que me permettront les
circonstances, mais il n'y a dans ce moment aucun attelier au
Louvre qui soit à ma disposition, et même je ne puis vous
dissimuler que je ne prévois pas beaucoup de facilité à vous en
donner un de sitôt. Je serai au surplus charmé d'en voir
naître l'occasion favorable.
Je suis, etc.
90 CORRESPONDANCE
1. Note M. le Comte n'a pas jugé devoir avoir éga*i à la demande de M. Vernet,
: «
y ayant plusieurs peintres d'histoire qui ont besoin de facilités pour déployer leurs
talens, »
DE JOSEPH VERNET 91
24 août 1787.
Je suis fort sensible, Monsieur, au désir que vous me
témoignez de voir ma signature au contrat de mariage de
M. votre fils 1. Je ne sçaurois vous indiquer encore précisé-
ment le jour que j'irai à Paris. Cependant, vu l'exposition pro-
chaine des ouvrages de l'Académie, je ne sçaurois tarder d'y
faire un voyage, et ce sera avec un vrai plaisir que je vous
instruirai du jour et de l'heure auxquels je pourrai m'y
rendre. C'est avec des sentiments bien sincères que je suis, etc.
Du 7 janvier 1790.
Le Roy vous a accordé, Monsieur, la jouissance du logement
que M. votre père avoit dans la gallerie basse du Louvre. Sa
Majesté a, par cette faveur spéciale, voulu honorer la mémoire
de M. votre père, et ce sera sans doute pour vous un motif de
plus de continuer vos efforts pour maintenir l'éclat du nom
qu'il vous a transmis.
Je suis, etc.
Du 28 février 1790.
Je vous suis, Monsieur, sensiblement obligé du regret que
vous me témoignés de n'avoir pu me voir depuis mon retour.
Je sens parfaitement les raisons qui ne vous permettoient pas
de vous absenter de Paris. Comme mon indisposition tire à sa
fin, j'espère pouvoir sous peu passer au moins quelques
jours à Paris, et je serai charmé de vous y voir et de vous
témoigner l'intérêt que j'ai pris à la perte que les arts ont fait
en la personne de feu M. Vernet.
Je suis, etc.
INTERDICTION DE LA DAME VERNET 93
II
PROCÈS-VERBAL D'AUDITION ET INTERROGATOIRE
DE LA DAME VERNET
1. (Mention ajoutée en interligne.') Pour cause de ses gaiges et salère du temps qu'il
avoit servi en son dit office.
CONTRAT DE MARIAGE DE CHARLES LE BRUN 101
A Estienne Lannelier, paintre dudit seigneur, sur la somme
de CL frans que ledit seigneur avoit mandé à lui estre poiez
pour certaine cause contenue es lettres sur ce faictes, yci par
lesdictes lettres et quittance dudit Estienne données xixe jour
d'aoust CCCLXIX, rendues à Court, XII frans.
LE CONTRAT DE MARIAGE
DE
CHARLES LE BRUN
25 février 1647.
2. (Mention ajoutée à la suite de l'article dit Compte.) Donnfees] le xn* jour de juillet
fcci.xix et mandement du trésorier.
102 CONTRAT DE MARIAGE
Sans doute elle n'apporte pas à l'histoire des arts des faits bien
considérables ; encore présente-t-elle cet intérêt de nous édifier sur
les modestes débuts d'un ménage auquel étaient réservées de si
glorieuses destinées. Nous y voyons figurer de part et d'autre tous
les parents des jeunes époux vivant en 1647. Le régime adopté est
le régime de la communauté, suivant la coutume de Paris. La dot
de Suzanne Butay consistait en trois mille livres d'argent comptant
avec une maison sise à Saint Marcel lez Paris, rue Gracieuse, évaluée
quatre mille livres tournois. On remarquera que c'est dans ce quar-
tier Saint-Marcel que Le Brun devait passer une grande partie de sa
carrière à organiser et à diriger la manufacture des meubles de la
Couronne, autrement dit l'atelier des Gobelins. Le futur époux
constituait un douaire de trois mille livres à sa femme. Certaines
clauses secondaires concernant les dettes, les reprises du survivant
terminent ce contrat accompagné de la signature des intéressés, de
leurs parents et amis présents.
A la suite du contrat de mariage de Charles Le Brun, on trouvera
l'analyse de deux autres pièces conservées dans la même étude que
ce contrat et relatives à la famille de Le Brun. Ces notes ont
été relevées également par M. le vicomte de Grouchy. Elles four-
nissent sur la famille du Premier Peintre de Louis XIV des détails
assez curieux.
J. G.
CONTRAT DE MARIAGE
DE CHARLES LEBRUN ET DE SUZANNE BUTAY
25 février 1647.
JEAN BUTAY
BEAU-FRÈRE DE LE BRUN
30 juin 1679.
Jean Butay, peintre et valet de chambre du Roi, demeurant
rue Saint-Jacques, paroisse Saint-Séverin, héritier en partie de
IOÔ CORNEILLE VAN CLÈVE
feu Robert Butay, peintre ordinaire du Roy et Marguerite
Legrain, ses père et mère, reconnaît avoir reçu de Gédéon
Dumetz, garde du Trésor royal, 820 liv. provenant de
l'héritage de son père.
12 avril 1681.
Jean Butay, peintre, valet de chambre du Roi, demeurant
rue Saint-Jacques, comme curateur des enfants mineurs de
Claude Butay, son frère, aussi valet de chambre, peintre du
Roi, donne à bail à Jean Pauleran, maçon, une partie de
maison, rue Gracieuse ', moyennant un loyer de 40 liv. par an.
L AUTEL DE SAINT-GERMAIN-LAUXERROIS
PAR LE SCULPTEUR
CORNEILLE VAN CLÈVE
(1728)
Communication de M. J. Guiffrey.
La paroisse royale de Saint-Germain-l'Auxerrois était décorée,
vers le milieu du xvme siècle, d'un autel et d'un grand crucifix de
bronze doré du sculpteur Corneille Van Clève. Les pièces sui-
vantes précisent les circonstances dans lesquelles fut placée
cette riche décoration détruite bien avant la Révolution. En effet,
lors de la prétendue restauration du choeur par l'architecte Baccarit,
l'autel et le Christ de Van Clève disparurent en même temps que le
jubé édifié par Pierre Lescot et décoré de figures par Jean Goujon. On
suppose que les bronzes pfferts par notre sculpteur furent fondus ;
ils étaient restés en place a peine une vingtaine d'années. Le vanda-
lisme nous à coûté cher à'toutes les époques.
j. G.
Legs d'un autel et d'un crucifix de bronze doré à l'église Saint-
Germain-l'Auxerrois, par Corneille Van Clève.
Je soussigné, sculpteur ordinaire du Roy, ancien directeur,
chancelier et recteur de l'Académie royale de peinture et sculp-
Cette maison est précisément celle qui figure dans le contrit de mariage de
i.
Le Brun et que les parents de Suzanne Butay lui donnaient pour dot. On a vu qu'elle
était située; au faubourg Saint-Marcel lez Paris.
ET L'AUTEL DE SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS IO7
(Addition autographe :)
Je certifie que l'écrit ci-dessus est la coppie de mon testa-
ment que j'ay deppausé à messieurs les Marguilliers de Saint-
Germain de l'Aucceroix.
CORNEILLE VAN CLÈVE.
Du 28 novembre 1728.
Monsieur Chevallier a dit qu'ayant esté informé par
M. Besnier
que M. Van Clève, son oncle, ancien directeur,
io8 CORNEILLE VAN CLÈVE
chancelier et recteur de l'Académie de sculture, avoit intention
de faire présent à nostre église d'un autel de sa composition
dont le corps est de marbre, aveq des ornements de bronze
qu'il avoit disposez pour les y appliquer, ensemble d'un grand
crucifix de bronze doré et des figures et ornements qui sont
au bas, accompagnez de deux anges aussy de bronze doré,
posez sur une crédence de marbre blanc ; mondit sr Chevallier
et MM. Besnier et Mignonneau, après avoir esté visiter cet
autel dont ils admirèrent la beauté et l'ellegance, crurent qu'il
estoit de leur devoir d'aller rendre une visite à M. Van Clève
pour luy marquer combien la compagnie seroit sensible à sa
pieuse libéralité et pour le prier en mesme temps de déclarer sa
volonté sur le lieu où il destinoit cet autel.
M. Van Clève s'estant depuis expliqué par un écrit en forme
de testament qu'il a confié à M. Besnier, datte du six de ce
mois, il a déclaré que son intention est de donner incessam-
ment cet autel et les ornements qui viennent d'estre indiquez
à messieurs les Marguilliers de Saint-Germain-l'Auxerois pour
le faire poser par messieurs du Chapitre à l'autel du choeur;
il adjouste que si la mort le prévenoit avant qu'il l'eust délivré,
il veut et entend que ses héritiers en fassent la délivrance sans
aucune contestation, se raportant à la piété de messieurs les
Marguilliers de faire prier Dieu et d'exécuter des oeuvres de
charité pour le salut de son âme.
Sur quoy, la Compagnie, dans l'assemblée du 14 de ce mois,
après avoir aprouvé verballement les démarches de messieurs
les Marguilliers et remercié M. Besnier des pieux sentiments
de monsieur son oncle, a cejourd'huy résolu d'une voix una-
nime d'accepter le don de M. de Van Clève, et, pour entrer
dans les vues de charité et de religion qui l'animent, il a esté
arresté que, dans l'espace de quatre années, on donnera deux
mil livres à monsieur le Curé pour estre distribuées aux
pauvres honteux de la paroisse, et qu'on priera messieurs du
Chapitre d'accepter mil livres qui leur seront payées incessam-
ment, moyennant quoy on espère que, en considération des
dépenses très considérables que la fabrique a laites et qu'elle
continue pour la décoration de l'église, et des sommes qu'elle
contribue pour leur procurer cet autel, ils voudront bien se
charger de faire placer cet autel dans leur choeur.
PROCURATION DE MAURICE QUENTIN DE LA TOUR 109
Messieurs Besnier et Mignonneau, chargez de faire part de
cette délibération à messieurs du chapitre, ayant ce jourd'huy,
28 novembre, fait leur raport à la Compagnie, qu'on leur avoit
lait l'honneur de les introduire dans l'assemblée capitulaire et
que messieurs les capitulans avoient aplaudy à la proposition
et l'avoient très gracieusement et généreusementacceptée;
Il a esté arresté, d'une voix unanime, que MM. Besnier et
Mignonneau se présenteront encore à la première assemblée
capitulaire, qu'ils assureront messieurs du Chapitre que la
Compagnie est très reconnoissante du zèle que ces messieurs
tcsmoignent dans cette occasion pour concourir à la décoration
du choeur de leur église; on leur remettra en mesme temps
une expédition de la présente délibération et on les priera de
vouloir bien nous faire aussy délivrer une expédition de leur
acte capitulaire pour le faire transcrire dans nostre registre.
(Suit l'énumération des signatures.) Et la présente expédition
faite par l'ordre de nous, marguilliers en charge soussignez,
pour estre présentée et délivrée à messieurs du Chapitre, le
12 décembre 1728.
CHEVALLIER.
— BESNIER. — MIGNONNEAU.
(Une autre expédition jointe à celle-ci est délivrée au sieur
Besnier pour être remise au sieur Van Clève, son oncle.)
1736
document sur La Tour que je crois inédit et qui m'a paru très inté-
ressant. Je vous l'adresse pour la Revue de l'art français.
G. GRANDIN,
conservateur du Musée de Laor..
LE SCULPTEUR CHARDIGNY
SON PROCÈS AVEC LA VILLE DE TOULON EN I789
' T. IV, pp. 145-147, année 1887. et t. VIII. ™. ns-123. année 1891.
ART FR. X. 8,
112 PROCES r J SCULPTEUR CHARDIGNY
CONTRE
FAIT
1. Il est aise de
prévoir quel sera le taux de cette augmentation, si l'on considère
que la copie seule des modèles en stuc a été évaluée par la Communauté à la somme
ue cinq mille livres. Abstraction faite du prix des modèles, il n'y a pas entre le stuc et
) nierre d'Arles la différence qui se rencontre entre celle-ci et la pierre de Calissanne.
122 PROCÈS DU SCULPTEUR CHARDIGNY
les voies du droit lui sont ouvertes. C'est à elle seule qu'il
appartient d'en user.
Mais le sieur Chardigni ne peut connoître qu'elle, parce que
c'est pour elle, en son nom, et pour son intérêt, que l'on a
traité avec lui; parce que ce sont les Consuls, ses administra-
teurs, qui ont souscrit le traité; parce qu'ils ont déclaré ne le
souscrire que pour elle; parce que de fait c'est à elle seule que
l'ouvrage devoit profiter, puisqu'il étoit destiné à l'embellis-
sement de sa nouvelle paroisse; parce que, enfin, c'est envers
elle seule que le sieur Chardigni a entendu s'obliger, en même
temps qu'il a voulu et cru l'avoir pour obligée.
Et ne voit-on pas combien est saignante la contradiction
dans laquelle l'on fait tomber la Communauté de Toulon dans
cette cause.
On lui fait un devoir d'adopter la convention souscrite par
les entrepreneurs le 13 mars 1786, et on lui en fait un autre
de méconnaître la convention souscrite par les Consuls de 1787.
On lui fait prendre le fait et cause en mains de ses entrepre-
neurs, et en même temps on lui livre ses administrateurs de
1787, aux suites d'un traité qu'ils ont déclaré et qu'ils n'ont
pu souscrire que pour elle.
Cette conduite n'est pas assurément édifiante : l'intérêt seul
peut la justifier; mais l'intérêt est-il donc le mobile de la Com-
munauté de Toulon ? L'intérêt n'est-il pas au contraire le plus
dangereux, le moins fidèle de tous les guides ?
Que la Communauté laisse donc à la classe des plaideurs
habituels cette exception que la chicane seule avoue ; qu'elle
consulte le rang qu'elle occupe dans la Province; qu'elle
jalouse pour ses administrateurs la considération qui leur est
due, et qu'enfin elle ne vienne point donner au public
l'exemple d'un désaveu qui compromet nécessairement ou son
équité ou la sagesse de ceux qui l'ont administrée.
Le sieur Chardigni a traité, le 3 novembre 1787, avec les
sieurs Maire-Consuls d'alors. Il n'a ni pu ni dû traiter qu'avec
eux, parce que dans leurs mains résidoient tous les pouvoirs,
tous les mandats de la Communauté dont ils étoient les seuls
représentans et l'organe.
La Communauté est donc incontestablement liée avec le
sieur Chardigni par le fait de ses Consuls, sauf à elle son
recours contre eux, si elle peut être admise à les désavouer.
AVEC LA VILLE DE TOULON I2Ç
Ce sont là des vérités élémentaires, qui ont pour garant les
principes de la raison, ceux de la justice, et ceux encore qui ont
présidé à la formation de toutes les sociétés.
L'obligation de la Communauté, d'après la convention du
3
novembre 1787, n'est relative qu'au bas-relief dont elle a
fait faire l'exécution en stuc, sur le modèle du sieur Chardigni,
auquel, en son nom, cette exécution avoit été promise en
pierre de Calissanne.
Mais il est facile de reconnoître que la Communauté n'était
pas moins liée envers lui pour les
deux statues représentant la
Religion et la Vierge, et encore pour le grouppe représentant
la Descente de croix.
D'abord, il est bien vrai que ce n'est que dans la convention
du 13 mars 1786, souscrite parles entrepreneurs, qu'il est fait
mention des deux statues et du grouppe pour les exécuter en
pierre d'Arles.
Mais il ne l'est pas moins que, par un accord antérieur ver-
balement conclu entre les entrepreneurs et le sieur Chardigni,
ceux-là ont dérogé à leur convention du 13 mars 1786, et lui
ont commandé, en pierre de Calissanne, ces trois ouvrages qui
d'abord ne dévoient avoir lieu qu'en pierre d'Arles.
La preuve de ce fait est dans la conduite des entrepreneurs
eux-mêmes, et dans l'approbation donnée à cette conduite par
la Communauté de Toulon.
En effet, les entrepreneurs ont fait mettre dans l'atelier du
sieur Chardigni les deux blocs destinés pour les deux statues :
ces deux blocs fournis en 1786 étaient en pierre de Calissanne.
Les deux statues ont été faites. Les entrepreneurs les ont fait
retirer de l'attelier, et transporter à Toulon. La Communauté
les a vues, et, satisfaite, elle les a placées dans la paroisse.
Si les parties n'avoient été régies que par la convention du
13 mars 1786, les entrepreneurs n'auraient donné les blocs
qu'en pierre d'Arles. Le sieur Chardigni n'auroit sculpté que
la pierre d'Arles. Enfin, les deux statues qui décorent à présent
la nouvelle paroisse de Toulon seraient en pierre d'Arles.
Il faut donc convenir qu'après la convention du 13 mars 1786
il y a eu, entre le sieur Chardigni et les entrepreneurs,
un
nouveau traité qui a dérogé au précédent, et que, par ce nou-
veau traité, il a été convenu d'exécuter en pierre de Calissanne
130 PROCÈS DU SCULPTEUR CHARDIGNY
désiré que l'ouvrage eut moins de durée que les traces de son
voeu.
io° L'on y a contredit les vues sages et économiques qui
avoient déterminé les administrateurs de 1787 à subordonner
à la décision des gens de l'art, l'augmentation de prix due au
sieur Chardigni à raison du changement de pierre, puisque la
Communauté, sans consulter autre chose que son zèle pour
un ouvrier qu'il lui plait de favoriser, lui a adjugé de plein
vol la somme de 5.000 liv. pour deux ouvrages en stuc, dont
l'un déjà fini ne l'a pas occupé pendant un mois, et l'autre
est de nature à l'occuper moins encore.
II° Enfin, l'on a attenté à la propriété du sieur Chardigni
en violant le dépôt qu'il avoit fait de ses modèles entre les
mains de la Communauté qui a trouvé bon de les livrer à son
ouvrier pour en faire la copie et les exécuter en stuc.
Il est donc vrai de dire que la délibération du 30 octobre
compromet tout-à-la-fois le nom, les qualités, les intentions,
les talens, la fortune et la propriété du sieur Chardigni.
Que faut-il de plus pour en opérer la cassation ? Que faut-il
de plus pour déterminer la Cour à accorder à un artiste aussi
inconsidérément joué, aussi publiquement outragé, aussi
rigoureusement maltraité, la satisfaction qu'il mérite, et qu'il
réclame dans sa requête principale ?
Cette satisfaction, il ne peut la trouver dans les offres que
la Communauté vient de lui faire le 22 février.
Si le sieur Chardigni étoit tel que la Communauté l'a sup-
posé ; s'il avoit une âme de boue ; si l'intérêt étoit son unique
boussole, il pourroit être tenté d'accepter l'offre qu'on lui fait.
Il pourroit dire : 10.500 liv. me furent promises d'abord
pour l'exécution en pierre d'Arles des deux statues, di<
grouppe et du bas-relief. L'on m'a promis ensuite une aug-
mentation proportionnelle au travail que je me suis obligé de
faire en pierre de Calissanne. Il n'est encore sorti de ma main
que les deux statues : l'on me dispense d'exécuter le bas-
relief, et l'on me paye 10.500 liv. Je dois en être satisfait.
Mais ce n'est point ainsi qu'un homme délicat peut raison-
ner. Ce n'est point ainsi qu'il calcule.
Il dit, au contraire, j'ai fait l'un des dix-huit bas-reliefs dont
le sieur Sigaud m'avoit confié l'exécution lorsque j'allois à
AVEC LA VILLE DE TOULON I35
Rome. J'ai fait en pierre de Calissanne deux statues dont la
valeur absorbe plus de la moitié de l'offre que l'on me fait.
J'ai formé deux modèles. Ils sont ma propriété. On en a
disposé à mon insçu. L'on en a confié l'exécution à un ouvrier
avec lequel je ne veux point de parallèle ; ces modèles étaient
un dépôt entre les mains de la Communauté. Elle l'a violé ;
elle s'est appropriée un bien dont je dois être jaloux. Un bien
dent l'usurpation est inappréciable, parce qu'il n'appartient
qu'à moi de rendre mon idée, d'exprimer fidellement ce que,
seul, j'ai conçu, parce que ma main est le seul instrument
digne de mon génie. En un mot, l'on m'a supposé des torts que
je n'avois pas. L'on m'a prêté des sentimens dont je suis inca-
pable, l'on m'a privé d'un travail dû, d'un bénéfice promis,
l'on m'a frappé d'une exclusion humiliante pour un artiste.
Mon nom, mon honneur, mes talens et mes modèles, tout est
compromis. L'offre pécuniaire émanée de la Communauté
n'est conséquemment ni une indemnité proportionnée au pré-
judice grave qu'elle m'a fait souffrir, ni une satisfaction telle
que j'ai droit de l'attendre à raison des soupçons et des outrages
qu'elle a cumulés sur ma tête, et dont la délibération du
30 octobre est la funeste source.
Il est indispensable d'anéantir cette délibération, ouvrage de
la prévention et de l'humeur; son existence ne peut être légi-
timée aux yeux des loix.
Le sieur Chardigni ne peut consentir ni à laisser subsister
dans les registres de la Communauté un voeu qui le blesse, ni
à laisser subsister dans un lieu public un monument qui
dégrade tout-à-la-fois ses talens et ses principes.
La célébrité ne s'acquiert pas toujours avec de l'or. L'or ne
répare jamais l'atteinte portée à la célébrité.
La Communauté de Toulon ajoute donc une injustice à une
autre, lorsqu'après avoir rendu le sieur Chardigni victime des
passions qu'elle a laissé germer dans son sein, elle croit pou-
voir apprécier au taux de l'ouvrage fait, l'indemnité relative à
l'espèce de flétrissure qui reflue sur l'artiste à raison d'un
ouvrage qu'elle le prive de faire après qu'elle l'a stipulé, et
qu'elle lui en a promis l'exécution.
D'ailleurs, elle devrait sentir que lorsque le sieur Chardigni
s est chargé de ses ouvrages au prix de 10.000 liv., c'est parce
136 PROCÈS DU SCULPTEUR CHARDIGNY
1. Cette comparaison que la modestie du sieur Chardigni lui feroit désavouer sans
doute est une leçon tant pour la Communauté de Toulon, obligée par le fait de ess
Lonsuls de 1787, que pour le sieur Roux qui, s'il est ouvrier,
ne doit pas ignorer
1" il n'est jamais permis de s'approprier les modèles d'autrui.
I38 PROCÈS DU SCULPTEUR CHARDIGNY
rise contre un artiste qui n'a pas démérité, et qui n'a jamais
été un instant en demeure vis-à-vis elle.
Enfin, pour réparer le dommage que le sieur Chardigni a
reçu et peut recevoir encore au moral et au physique par le
fait de la Communauté, non seulement il faudrait casser la
délibération du 30 octobre, et adjuger une indemnité propor-
tionnée au sieur Chardigni, mais il faudrait encore : « i° Que ses
modèles, placés dans un endroit apparent de la paroisse de
Toulon, fussent à portée de frapper les yeux des connoisseurs,
2° Qu'ils fussent décorés du nom de leur auteur, 30 Enfin,
qu'au bas de l'exécution faite par le sieur Roux, il y eut aussi
le nom de cet ouvrier gravé en très gros caractères, afin que
chacun fut en état de voir que si le sieur Roux a exécuté les
modèles du sieur Chardigni, celui-ci, dont les modèles
indiquent les talens, n'est point responsable des défauts de la
copie.
Telles sont les réparations que le sieur Chardigni est en droit
de prétendre, dans le cas où la Cour se déciderait à laisser
subsister l'ouvrage du sieur Roux. Ces réparations, l'honneur
et l'intérêt du sieur Chardigni les exigent ; elles sont la
moindre peine due à la conduite injuste et inconsidérée de la
Communauté.
Mais il est infiniment plus digne d'elle que la Cour la
ramène aux véritables principes. Ses engagements subsistent.
L'oubli qu'elle en a fait sera réputé une erreur. L'erreur est le
partage de l'humanité. Le sieur Chardigni, dépouillé momen-
tanément de ses droits, se fera un devoir de finir un ouvrage
qui lui fut promis. C'est l'unique moyen dont il veuille user,
pour augmenter, s'il est possible, les regrets que la Commu-
nauté doit avoir de sa conduite envers lui.
Conclud à ce que, sans s'arrêter aux offres des sieurs Maire-
Consuls et la Communauté de Toulon, consignées dans leur
délibération du 22 février dernier, faisant droit à la requête
principale du sieur Chardigni du 15 novembre 1788, la déli-
bération de la Communauté de Toulon du 30 novembre pré-
cédent, sera déclarée injuste, contraire aux droits du sieur
Chardigni, et comme telle cassée; ce faisant, les conventions
des 13 mars 1786 et 3 novembre 1787, ensemble le traité ver-
bal dont cette dernière convention avoit été précédée, seront
AVEC LA VILLE DE TOULON 139
exécutés selon leur forme et teneur, sous l'offre que fait le
sieur Chardigni de travailler au bas-relief et successivement au
grouppe, à mesure que les pierres de Calissanne auront été
mises en place ou remises dans son attelier ; et de même suite,
faisant droit à la requête incidente" du sieur Chardigni, les
sieurs Maire-Consuls et Communauté de Toulon seront con-
damnés à faire abattre et détruire le bas-relief en stuc exécuté
par le sieur Roux, ensemble aux dommages-intérêts soufferts
et à souffrir par le sieur Chardigni, suivant la fixation et liqui-
dations qui en seront faites par des gens de l'Art convenus ou
pris d'office, lesquels auront égard à tout ce que de droit, sauf
à la Communauté son recours contre qui elle trouvera bon,
s'il y échoit, et sera ladite Communauté condamnée aux
dépens.
PELLICOT, avocat. — COQUILHAT, procureur.
M. le conseiller de VILLENEUVE DE MONS, rapporteur.
CONSULTATION
II
MÉMOIRE
Dans cet état des choses il étoit toujours plus essentiel pour
la Communauté que l'entière exécution des ouvrages à faire
pour la décoration de la paroisse ne fut pas plus longtemps
retardée, à l'effet que le service divin y fut célébré. La construc-
tion de l'église touchoit à sa fin. Il n'était pas possible de s'en-
tendre avec le sieur Chardigni. Ce dernier avoit reçu le prix
entier des ouvrages sur lesquelles il avoit été traité. Il vouloit
une augmentation. Il se prévaloit de la convention qu'il avoit
passée avec les Consuls, le 3 novembre 1787. Mais les Consuls
avoient-ils pu obliger la Communauté ? Le sieur Chardigni
n'auroit-il pas dû savoir que la convention qu'il passoit avec
eux ne pouvoit tenir et avoir son effet qu'autant qu'elle seroit
approuvée par la Communauté ? On avoit, dans cet état des
choses, la perspective d'un procès dont on étoit menacé de la
part du sieur Chardigni, qui regardoit cette convention comme
un titre. Il étoit pressant de mettre l'église en état de service.
C'est dans cet état que, pressé par le besoin et la force supé-
rieure des circonstances, la Communauté prit le parti d e faire
exécuter en stuc le bas-relief de l'entrée du sanctuaire et la
Descente de croix; et, à cet effet, elle passa une convention,
le 26 septembre dernier, avec le sieur Roux qui se soumit à
faire ces deux ouvrages en stuc non moulé, moyennant le prix
de 5.000 liv., savoir : le bas-relief 3.000 liv. et la Descente
de croix 2.000 liv., avec cette condition qu'il seroit tenu de
fournir les matériaux nécessaires, et d'achever et perfectionner
lesdits ouvrages par tout le mois de décembre, et qu'il seroit
loisible audit sieur Chardigni de se substituer à son lieu et
place, aux mêmes clauses, prix et conditions.
L'administration rendit compte de sa conduite et de ses
motifs à M. l'Intendant, en le suppliant de vouloir bien
interposer son autorité pour porter cet artiste à remettre à la
Communauté les deux statues qu'il disoit avoir faites, en offrant
de se départir de toute recherche sur les 10.000 liv. qu'il
avoit reçues. Le sieur Chardigni prétendit qu'il n'étoit point
en demeure; que la Communauté ne devoit s'en prendre qu'à
elle-même si l'exécution des ouvrages n'étoit pas encore finie.
Il prétendit surtout qu'on ne pouvoit traiter avec personne
autre que lui pour l'exécution du bas-relief et de la Descente
de croix. Il lui fut répondu qu'il n'avoit jamais traité avec la
AVEC LA VILLE DE TOULON 145
Communauté qui ne pouvoit, en règle, être liée par les diffé-
rents marchés faits à son insçu ; que la convention du
3
novembre 1787, passée au sujet du changement de pierres
d'Arles en pierres de Calissanne pour le bas-relief, étoit éga-
lement étrangère à la Communauté; que cette dernière ne
l'avoit jamais approuvée, qu'elle avoit déclaré nettement son
intention là-dessus ; que le sieur Chardigni n'avoit jamais voulu
convenir préalablement du prix de cette augmentation. Pour
n'avoir aucune contestation, la Communauté fit offre de don-
ner la préférence au sieur Chardigni sur les ouvrages qui
restoient encore à faire sur les prix qui avoient été convenus
avec le sieur Roux, pourvu qu'il voulût se mettre au lieu et
place de ce dernier, et sous les conditions : i° qu'il seroit
rendu à Toulon, le 25 octobre lors prochain, pour mettre la
main à l'oeuvre et travailler sans discontinuation ; 2° qu'il
feroit transporter incessamment à Toulon les deux statues
qu'il disoit avoir exécutées à Aix pour les autels des petites
nefs.
Ces offres ne furent pas acceptées. Le sieur Chardigni
s'obstina toujours à soutenir qu'il n'étoit point en demeure,
que la Communauté se trouvait liée par la convention faite
par les Consuls, le 3 novembre 1787, qu'elle avoit à se repro-
cher de n'avoir pas fait mettre en place la pierre de Calissanne
pour l'exécution du bas-relief. Il demanda le délai de huit
mois pour exécuter les ouvrages commis au sieur Roux, et une
année entière pour les exécuter en pierre de Calissanne. Ce fut
sur ce dernier mot du sieur Chardigni, constaté par une lettre
de M. l'Intendant, du 25 octobre 1788, que la Communauté
considérant que les délais demandés par cet artiste étoient
incompatibles avec les voeux du public et les besoins des
paroissiens, avec la nécessité pressante de célébrer le service
dans la nouvelle église, prit, le 3odumême moisd'octobre 1788,
la délibération qui renferme
son voeu définitif et par laquelle
elle décida : i° qu'elle ne pouvoit point être liée
par les mar-
chés passés avec les entrepreneurs sans sa participation; 2°
que,
quand même les marchés auroient pu former un titre obliga-
toire contr'elle, elle auroit été déliée par la demeure du sieur
Chardigni à remplir
ses engagemens dans les termes convenus;
V qu'en supposant encore que la convention du 3 sep-
140 PROCES EU SCULPTEUR CHARDIGNY
tembre 1787, pour exécuter en pierre de Calissanne ie bas-
relief de saint Louis, qui devoit être en pierre d'Arles, put
faire excuser sa demeure, elle n'auroit pu lui servir que pour
cet article, et non pour le surplus des ouvrages dont il étoit
chargé ; 40 que cette convention n'auroit pu lier la Commu-
nauté, qu'en tant qu'elle auroit été ratifiée par le Conseil
municipal, qui ne voulut l'approuver qu'autant que le sieur
Chardigni conviendrait auparavant de l'augmentation de prix
que le changement 'de matière pourroit mériter, et que ce
refus opérait de plein droit la nullité de ladite convention ;
5" qu'elle se trouve plus particulièrement annullée par le refus
que le sieur Chardigni a fait d'exécuter en stuc le bas-relief de
saint Louis et la Descente de croix, aux prix et aux conditions
portées par le marché que les Consuls passèrent, sauf la ratifi-
cation du Conseil, au sieur Roux, le 26 septembre dernier. Sur
ces considérations, l'assemblée délibéra de ratifier le marché
passé au sieur Roux, pour être exécuté sans délai, suivant la
forme et teneur. Les Consuls furent priés en conséquence de
faire tenir la main à son exécution, pour que le service divin
ne fût pas plus longtemps retardé.
Il fut, de plus, ajouté qu'attendu que le sieur Chardigni
avoit déjà exigé les 10.500 liv. du montant de son marché,
sans avoir remis ni fini aucun des ouvrages qui s'y trouvent
énoncés, il seroit notifié aux entrepreneurs de se pourvoir eux-
mêmes contre le sieur Chardigni, pour se procurer le rem-
boursement des sommes avancées, sauf à la Communauté de
leur tenir compte du coût des deux figures de la Religion et
de la Vierge, d'après la fixation qui en seroit faite, relativement
au prix de leur marché, sous la condition néanmoins que les
figures seraient délivrées à la Communauté avant la fin du
mois de décembre lors prochain.
Telle est exactement l'histoire des faits qui ont précédé le
procès. Le sieur Chardigni s'est pourvu à la Cour par sa
requête du 15 novembre 1788, tendante en ajournement aux
délais de l'ordonnance contre les sieurs Maire, Consuls et
Communauté de Toulon, pour venir voir dire que faisant
droit à son opposition envers la délibération du 30 octobre 1788,
la délibération sera déclarée injuste, contraire à ses droits, et
comme telle, cassée; ce faisant, les conventions des
AVEC LA VILLE DE TOULON 147
roit jamais pu être soumise à lui payer au delà des 10.500 liv.
promises ; or, elle a pris le parti d'offrir cette somme en dis-
pensant le sieur Chardigni du principal ouvrage compris dans
son traité, et de donner le modèle de la draperie pour la
Chaire à prêcher. Ce dernier n'a exécuté que les deux statues
en pierre de Calissanne. Nous lui demandons s'il n'est pas
payé au delà du double de son travail au moyen des
10.500 liv. qu'il a déjà reçues et qu'on a consenti à lui laisser.
La Communauté de Toulon, ajoute-t-il encore, exige que
j'exécute le grouppe. Elle ne fait donc pas un sacrifice, puisque
dans ce sens elle auroit, au grand bas-relief près, tous ses
ouvrages faits en pierre de Calissanne au prix fixé pour la
pierre d'Arles.
Mais d'abord la délibération du mois d'avril ne porte pas
que le grouppe sera fait en pierre de Calissanne. En le laissant
à la charge du sieur Chardigni, on n'a pas exigé qu'il fut exé-
cuté en pierre de Calissanne. On a dit, au contraire, qu'il le
seroit en pierre d'Arles, en conformité de la convention de
1786; de manière que, tout bien examiné, il restera à con-
clure que le sieur Chardigni aura exécuté les deux statues en
pierre de Calissanne et le grouppe en pierre d'Arles, moyen-
nant la somme de 10.500 liv. Il aura donc, d'après les prix
fixés entre les parties, plus du double de son travail.
On entend bien que dans l'ardeur de ses idées et l'exaltation
de ses principes, le sieur Chardigni ne regarde pas comme un
inconvénient que l'ouvrage fait en stuc par le sieur Roux soit
déplacé pour mettre à sa place le grand bas-relief exécuté,
comme il l'entend, en pierre de Calissanne, ce qui prendrait,
suivant son compte, plus d'un an de travail, et mettroit pen-
dant ce temps la paroisse hors de service. Mais la justice peut-
elle se prêter à des prétentions pareilles ? L'ouvrage, nous dit-il,
a été fait en stuc au préjudice d'un titre. Il a été fait brusque-
ment, induement et sur mes modèles. Mais, encore un coup,
ce que le sieur Chardigni appelle un titre, n'en est pas un.
L'écrite du 3 novembre 1787 avait mal-à-propos substitué la
pierre de Calissanne à celle d'Arles, quant au grand bas-relief.
Le sieur Chardigni vouloit que cette écrite eut son effet. La
Communauté ne le vouloit qu'autant qu'on auroit été préala-
blement d'accord sur l'augmentation du prix, et c'est ce que le
AVEC LA VILLE DE TOULON l6 5
sieur Chardigni ne vouloit pas. Il y avait donc refus formel,
refus absolu de la part du sieur Chardigni d'exécuter le grand
bas-relief en pierre d'Arles, suivant la convention de 1786, qui
forme la seule pièce ayant force de titre entre les parties. On
n'a exécuté en stuc que parce que l'exécution étoit pressante et
que le sieur Chardigni refusoit absolument
de s'y prêter. On
savoit bien qu'en cas de contestation de la part de ce dernier,
on en seroit quitte en lui laissant
la somme au sacrifice de
laquelle la Communauté de Toulon ne pourroit qu'être très
disposée.
Il reste donc qu'on lui paye 10.500 livres pour les deux
statues, le groupe en pierre d'Arles, et la fourniture du modèle
du grand bas-relief. Le travail de ce dernier ouvrage étoit
immense. Il ne pouvoit être fait que sur les lieux. Il auroit
obligé le sieur Chardigni à un séjour coûteux. Il prenoit au de-
là de la moitié du prix convenu. Il faut y joindre le modèle de
la draperie dont le sieur Chardigni se trouve dispensé. Tout
cela paye très abondamment les petites branches de préjudice
dont le sieur Chardigni trouve bon d'exciper en leur donnant
même la consistance qu'elles n'ont pas.
Que l'ouvrage du sieur Roux soit fini ou achevé, peu nous
importe. La Communauté de Toulon s'en contente, et sous ce
rapport toute branche de litige doit être coupée et anéantie.
Ce n'est pas pour le sieur Roux que nous disons qu'il seroit dur
de déplacer le bas-relief qui se trouve exécuté en stuc, pour en
substituer un nouveau, soit en pierre d'Arles, soit en pierre
de Calissanne. C'est pour la Communauté, qui a pu et dû se
dire qu'en payant par elle le prix convenu, elle extirperait jus-
qu'à la racine des prétentions étonnantes, des longueurs et des
tergiversations du sieur Chardigni. Elle n'a fait les sacrifices
contenus dans son offre que pour se débarrasser de tout procès,
pour hâter la perfection des ouvrages nécessaires pour mettre
la paroisse en état de célébration et de service. Elle souffrirait
donc le triple préjudice du défaut de service, de la gémination
du travail et de l'augmentation du prix
sur laquelle le sieur
Chardigni n'a jamais voulu prendre des arrangemens.
Vous exigez de moi, avoit dit le sieur Chardigni, que je
lasse le grouppe. Vous êtes inconséquens. Pourquoi avez-vous
fait faire le grand bas-relief
en stuc? Il auroit donc fallu pour
l66 t-ROCÊS DU SCULPTEUR CHARDIGNY
DAVID D'ANGERS
NOUVELLES LETTRES DU MAÎTRE ET DE SES CONTEMPORAINS
Monsieur,
J'accepte avec reconnaissance, au nom de la ville d'Angers,
le don que vous voulez bien lui faire des trois objets qui
vous
ont mérité les prix que vous avez remportés, l'année dernière
et la présente année. Ils seront, comme vous le désirez, expo-
sés dans la salle du Muséum de peinture où ils
resteront,
comme un monument précieux dont vous aurez honoré votre
ville natale; ils seront
un titre parlant à vos concitoyens-qui
se plairont constamment à y reconnaître les progrès que
vous
170 NOUVELLES LETTRE.
avez faits dans l'art auquel vous vous livrez; ils seront aussi
un gage assuré de la perfection à laquelle vous porterez vos
connaissances dans l'Ecole célèbre où vous allez entrer, con-
naissances qui feront vivre votre nom dans la postérité.
J'ai l'honneur d'être, avec une considération distinguée,
Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
DE LA BESNARDIÈRE, maire.
Collection H. Jottin.
— Les trois oeuvres offertes par David au
musée de sa ville natale sont : Othryades, ronde bosse, deuxième
grand prix remporté en 1810; La Douleur, prix de la tête d'expres-
sion obtenu en 1811, et une épreuve du bas-relief représentant la
Mort a"Epaminondas, premier grand-prix de Rome (1811). La
lettre que nous publions ici n'émane pas d'un personnage illustre,
mais elle a été dictée par un homme de coeur, cela suffit à la rendre
précieuse. Il n'est pas rare que des fonctionnaires se renferment
dans les formules banales de ce qu'on appelle « le langage adminis-
tratif », lorsqu'ils s'adressent à des personnes d'un rang modeste.
La Besnardière est mieux inspiré. Son correspondant est un jeune
homme sans fortune, le maire d'Angers tient à lui donner le témoi-
gnage d'une touchante et paternelle sollicitude. Cette délicatesse
l'honore. On trouvera la lettre d'envoi des ouvrages offerts par le
jeune David à sa ville natale dans notre ouvrage David d'Angers, sa
vie, son oeuvre, ses écrits et ses contemporains, 2 vol. in-8° (t. II, p. 361).
Elle porte la date du 8 octobre.
1813
n
David à Roland.
m
David au maire d'Angers.
Monsieur le Maire,
Dans le grand nombre de personnes qui s'empressent au
renouvellement de cette année de vous présenter leurs souhaits,
croyez que qui que ce soit n'en fait de plus vifs et de plus sin-
cères que moi, heureux si je puis fixer un instant votre atten-
tion, et si vous daignez recevoir favorablement des voeux qui
sont dictés par le plus profond respect.
Je ne sais quels termes employer pour vous exprimer ma
reconnaissance pour l'intérêt que vous daignez prendre à moi
et la bonté que vous avez de m'assurer ce que votre prédeces-
172 NOUVELLES LETTRES
1814
IV
David à Roland.
L'enchantement de Rome.
Rome, 26 janvier 1814.
V
Vincent à David, pensionnaire à l'Académie de France.
Savoir-vivre. — Encouragements.
Paris, 8 février 1814.
l820
VII
De Villemorge à David.
vin
De Villemorge à David.
Le maire offre à David de l'indemniser de ses dépenses pour les
bustes de Visconti et d'Ambroise Paré.
I82I
IX
De Villemorge à David.
l824
X
David à Pavie père.
La statue de Bonchamps. — Le buste de Bodin. — Les Angevins
illustres.
XI
De Villemorge à David.
Bustes de Louis XVI et de Lacépède.
1825
xn
Lacépède à David.
Le buste de Lacépède.
xm
David à Pavie père.
Le tombeau de Papiau de la Verrie. — Départ pour l'Anjou. —
L'ode sur Béclard.
Paris, ce 2 juin 1825.
Mon cher ami,
Il faut que. vous m'excusiez encore de mon importunité à
l'égard du monument commandé par Mme Papiau. Je vous
DE DAVID D'ANGERS l8l
préviens donc qu'il est parti de Paris hier : ainsi dans peu de
jours il sera à Angers. J'ai donné votre adresse au roulage.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir envoyé l'adresse de
M. le Préfet, je l'ai vu, il a l'air extrêmement aimable.
Le cher Victor m'a remis deux livres que vous auriez dû
garder, ils pouvaient vous être plus utiles qu'à moi.
Enfin j'espère être dans peu de jours à Angers. Cette pensée
me rend bien heureux, une chose manquera à ma satisfaction,
c'est la présence de notre cher et bon Victor. J'aurais bien
désiré l'emmener avec moi, je n'ose pas lui parler de cela, parce
que je rouvrirais une plaie profonde; aujourd'hui, j'avais l'in-
tention d'aller le chercher à sa pension, mais cela m'a été
impossible, je suis encombré d'affaires. Je voudrais au moins
terminer le plus pressé avant mon départ.
Victor m'a donné une très bonne pièce de vers sur la mort
de notre pauvre Béclard, je pense que vous l'aurez jugée digne
de l'impression.
Adieu, mon cher ami, conservez-moi toujours votre bonne
amitié et recevez l'assurance de l'entier dévouement de votre
sincère ami.
DAVID.
Collection Pavie.
— Il est parlé du tombeau de Raymond Papiau
de la Verrie dans notre ouvrage David d'Angers et ses relations litté-
n).
raires (p.
— L'ode sur le docteur Béclard, angevin d'origine,
avait été composée par Louis Pavie. Victor Pavie, fils, alors collé-
gien à Paris, est devenu l'ami le plus intime de David.
XIV
David à Pavie père.
Apprêts de l'inauguration du Bonchamps.
XV
David au maire de Cambrai.
Séjour à Angers. — La statue de Fénelon.
Angers, ce 7 juillet 1825.
Monsieur le Maire,
J'avais promis à M. Cotteau que la statue de Fénelon serait
terminée et posée avant le 15 aoust, je sentais bien vivement
l'importance de cette époque pour une pareille inauguration ;
mais j'ai été obligé d'interrompre mon travail pendant quelque
temps, afin de me rendre dans la Vendée, pour placer le monu-
ment du général Bonchamps, monument dont l'inauguration
DE DAVID DANGERS 183
se fera n
le de ce mois. Aussitôt après, je me rendrai à Paris,
et je m'occuperai exclusivement de votre ouvrage ; cependant,
malgré toute l'activité que j'y mettrai, je prévois qu'il me sera
impossible d'avoir terminé pour l'époque fixée. Croyez, Mon-
sieur le Maire, que cela me cause une bien grande peine, et
qu'il a fallu une force majeure pour m'obliger à quitter un
travail auquel je m'intéresse beaucoup, et pour la perfection
duquel je veux faire tout ce qui dépendra de moi.
Mon intention est d'assister à la pose de cette statue, et je
regarderai comme un très-grand bonheur la faveur de pouvoir
avoir l'honneur d'aller vous présenter mon respect.
Veuillez, monsieur le Maire, recevoir favorablement l'assu-
rance du profond respect de votre très-humble et très-obéissant
serviteur.
DAVID.
Archives municipales de Cambrai. — Cette lettre a été publiée par
M. A. Durieux, conservateur de la Bibliothèque de Cambrai, dans le
compte rendu de la session des Sociétés des Beaux-Arts, tenue à
Paris, en 1885 (in-8°, p. 212). David a daté ces lignes d'Angers où
il était descendu chez M. René Maillard, père de M. Adrien Maillard,
dont il sera fréquemment parlé dans la correspondance du maître.
(David d'Angers, etc., t. I, p. 153.)
XVI
Casimir Delavigne à David.
Préliminaires d'une rencontre fortuite. — Adolphe Mazure.
l82é
XVII
Mgr Belmas à David.
Paroles prononcées par l'évêque de Cambrai à l'inauguration
du Fénelon.
xvni
David à Pavie père.
Villenave. — La gravure du Bonchamps.
Paris, le 20 juin 1826.
Mon cher ami,
Monsieur Villenave, qui va passer quelques mois à sa cam-
pagne, veut bien me rendre le service de se charger de cette
l86 NOUVELLES LETTRES
lettre pour vous. C'est un littérateur très distingué et aussi
aimable qu'il a de mérite. Je suis bien content que vous fassiez
sa connaissance, je pense qu'il pour a rester quelques heures
à Angers.
Je n'ai encore rien de certain pour la gravure du monument
de Bonchamps. J'avais prié M. de Bouille, à plusieurs reprises,
de vouloir bien traiter cette affaire avec M. Baudoin, mais
j'apprends qu'il est à Clermont depuis un mois et probable-
ment qu'il n'aura pas vu le libraire. Il faut actuellement que
.
je me charge de négocier cette affaire.
A vous.
DAVID.
Collection Pavie.
— Mathieu-Guillaume-Thérése Villenave, litté-
rateur infatigable, amateur distingué, est le père de Mme Waldor
dont le médaillon fut modelé par David en 1835. (Musées d'Angers,
P- I59-)
1828
XIX
Eynard à David.
Le médaillon d'Eynard. — L'indépendance de la Grèce.
XX
Le baron Portai à David.
XXI
De Villemorge à David.
Hippolyte Maindron.
xxn
David au maire de la Ferté-Milon.
La statue de Racine. — Projet d'édicule par Provost.
XXIV
Dupin aîné à David.
Le médaillon de Dupin.
XXVI
De Villemorge à David.
Le buste de François Ier.
XXVII
Beyle à David.
La médaille de Stendhal.
XXVIII
David à Pavie père.
Départ pour Weimar. — Théodore Pavie.
XXIX
Le comte Reinhard à David.
La carte de Goethe.
XXX
Victor Hugo à David.
Abel Hugo. — Georges Cuvier.
1830
XXXI
La Fayette à David.
Le buste de Washington.
9 mars 1830.
Toujours de nouveaux bienfaits et de nouveaux témoignages
d'une affection qui m'est bien précieuse. Cette ressemblance
de mon vieux ami est admirable comme tout ce qui me vient
de vous. Mille tendres remerciements et amitiés.
LA FAYETTE.
Collection David d'Angers.
— Ce billet est le remerciement d'un
exemplaire en plâtre du buste de George Washington, premier pré-
sident des Etats-Unis, offert au général La Fayette. Ce buste date de
1828. David d'Angers, etc. (t. I, pp. 210, 211, 458, et t. II, p. 368).
XXXII
David à Flajoulot.
Le peintre Flajoulot. — David élu membre de l'Académie
de Besançon.
Paris, 20 mai 1830.
Mon cher ami,
J'ai tardé beaucoup à répondre à votre aimable lettre, parce
I96 NOUVELLES LETTRES
XXXIV
David à Rouget de Lisle.
Le médaillon de l'auteur de la Marseillaise.
XXXV
Ballanche à David.
Visites de curieux.
Jeudi matin, 1830.
Mon très cher et très honoré Monsieur David,
Mme d'Hautefeuille a un extrême désir de visiter votre ate-
lier. Elle part samedi
pour la campagne. Il faudrait donc que
vous eussiez l'extrême bonté de me permettre de la conduire
chez vous demain, vendredi, veille de
son départ.
L'heure qui lui conviendrait parfaitement serait sur les deux
heures après midi. Veuillez, je
vous prie, me faire dire si je
puis faire avec elle cette petite expédition.
198 NOUVELLES LETTRES
Vous comprendrez facilement que, lorsqu'on habite la
cam-
pagne, on désire faire provision de beaux souvenirs.
Mille affectueux compliments.
BALLANCHE.
P. S. J'ai enfin trouvé un atelier qui me convient.
Collection David d'Angers.
1831
XXXVI
David au maire d'Angers.
Offre d'un coq en bronze doré.
XXXVLU
Joubert-Bonnaire à David.
Le modèle du Condé.
xxxvm
Petitot à David.
Préliminaires d'une candidature à l'Institut.
Le 27 janvier 1831.
XL
David à Pavie père.
Le général Foy. — Buste et médaillon de Louis Proust. —
Une lettre de Goethe.
XLI
David à Pavie père.
Voyage du statuaire à Angers. — Le monument du général Foy.
XLHI
Lady Morgan à David.
Proposition discrète relative au buste de Chapmann.
— Le dernier
livre d'Alexandre Dumas.
Dublin 1831.
Je m'empresse de saisir toutes les occasions, mon cher
monsieur David, de vous renouveler l'expression de mon
hommage et de ma reconnaissance pour le plus beau
morceau
de sculpture moderne qui ait
encore illustré les arts dans mon
pays. Monsieur Montague Chapmann, membre du Parlement
pour un de nos comtés et un des plus distingués et plus libé-
raux de nos jeunes sénateurs, a tant et si longtems admiré
votre buste, qu'il est tout naturel qu'il désirât faire la connais-
204 NOUVELLES LETTRES
XLIV
David à Alfred de Musset.
La médaille du poète.
1832
XLV
David à Pavie père.
Un premier enfant.
Paris, 14 mai 1832.
Cher bon ami,
J'avais prié M. La Revellière de te faire savoir la délivrance
de ma pauvre Emilie. J'ignore comment sa lettre était conçue,
mais il me semble qu'il connaît trop mon inviolable amitié
pour toi pour ne pas se servir d'expressions convenables, il
m'aurait été impossible d'écrire, j'avais l'âme brisée par le
spectacle des souffrances atroces que j'ai eu sous les yeux
presque toute une nuit. Dans le cours de ma vie, j'ai éprouvé
tous les malheurs, il ne me manquait que cette cruelle ago-
nie. Je viens d'enterrer mon pauvre petit enfant, et je ne quitte
pas d'un instant la chère malade qui a souffert autant qu'il
est possible de souffrir. Cependant, aujourd'hui, le médecin
croit qu'il y a un peu d'amélioration. C'est cette bienfaisante
nouvelle qui, en me donnant un peu d'espoir, me fait
t'écrire. Toi, tu peux sentir mieux que tout autre ce que j'ai
souffert.
Adieu, amitié bien sincère et dévouement pour la vie.
DAVID.
Collection Pavie.
XLVI
David à Pavie père.
Rétablissement de Mme David. — Le choléra à Angers.
XLvn
David à Pavie père.
Recrudescence du choléra à Paris. — Le docteur Billard. —
La statue de Corneille. — Le buste de Cuvier.
XLIX
Le comte Real à David.
Le choléra. — Rides mal dissimulées.
Paris, 31 juillet 1832.
L
Victor Hugo à David.
La huitième édition de Notre-Dame de Paris. — « Du papier
pour du bronze ».
Paris, 10 août 1832.
LI
David à Pavie père.
Orientation vers la vie politique. — David électeur à Angers
LU
David à Pavie père.
Comment cuire le millet ? — Chute du Roi s'amuse. — La médaille
d'Augustin Dupré. — La Ferté-Milon. — La maison natale de
Racine. — Sa statue. — Influence des milieux. — Corneille et
sa statue. — Le buste de Cuvier. — David acquiert une maison
rue d'Assas.
Paris, 3 décembre 1832.
Mon cher ami,
Nous te remercions beaucoup du millet que tu nous as
envoyé. Malheureusement, nous sommes ici dans l'enfance de
l'art au point de vue de la cuisson de ce susdit millet. Enfin,
j'ai dit à la cuisinière : « Cherche! tu trouveras. »
Notre pauvre Hugo a été cruellement blessé par le public.
Nous n'avons pas pu assister à la première représentation.
Nous étions à Armentières, où je m'étais rendu dans le but de
faire le médaillon du célèbre Dupré, graveur en médailles. Il
était temps que j'y fusse, car l'artiste est mourant. Nous étions
i huit lieues de la Ferté-Milon. Nous nous y sommes fait trans-
porter. Je n'ai rien vu de pittoresque comme cette petite ville
qui est bâtie en amphithéâtre. Et la belle et modeste petite mai-
212 NOUVELLES LETTRES
LU
Gaulle à David.
Le médaillon de Rouget de Lisle.
LI
David à Achille Valenciennes.
Le buste de Georges Cuvier.
LV
Barthélémy à David.
Une médaille. — Les journées de la Révolution.
1832?
Monsieur,
J'étais à la campagne quand vous avez eu la bonté de
m'adresser mon profil bronze et le plâtre; moi qui suis si
DE DAVID D'ANGERS 215
prodigue de tout, qui brûle si avidement les manuscrits et les
brochures, je conserverai précieusement votre ouvrage, non à
cause de sa solidité, mais parce qu'il est
de vous.
J'aurai l'honneur, très incessamment, de vous faire hom-
mage de mes Journées de la Révolution qui touchent à leur
terme; vous voudrez bien voir dans ce pauvre tribut une
preuve de ma profonde estime et |de mon impérissable grati-
tude.
J'ai l'honneur d'être, mon cher Monsieur, votre très obligé
admirateur.
BARTHÉLÉMY.
183?
LVI
David à Victor Pavie.
Duel Hugo-Harel. — Projet de direction de l'Odéon par Victor
Hugo et Alexandre Dumas. — Senancour. — George Sand. —
Sainte-Beuve. — Auguste Barbier.
Paris, 6 juillet 1833.
Mon cher Victor,
Je ne veux pas manquer l'occasion du voyage de M. La
Revellière, sans le charger d'un mot pour toi, à qui je devais
écrire il y a déjà bien longtemps. Si les pensées pouvaient se
sténographier de suite, tu recevrais bien souvent de mes lettres,
car je pense bien à toi. Cher ami, je voudrais te savoir heureux
comme tu le mérites, mais il y a une grande différence de ton
âme avec celle du Petit nuage d'or. Quand je le rencontre dans
la rue, j'éprouve
un bien grand bonheur pour lui, il est si
béat, si heureux de la vie ! Werner et Schiller ne l'étaient pas
autant, mais aussi la postérité les en récompensera. C'est une
2l6 NOUVELLES LETTRES
compensation qui vaut la souffrance d'avoir pleuré son coeur
toute sa vie, comme dit Chateaubriand.
Je vois quelquefois Hugo, mais rarement, il est si difficile
de le rencontrer chez lui, il n'y reste plus que pour les heures
des repas. Pauvre Mme Hugo... Tu sais qu'il a eu un duel
avec Harel. On dit qu'il va prendre la direction du théâtre de
l'Odéon conjointement avec Dumas. N'est-ce pas une de ces
idées qui viennent à un homme comme Hugo, quand il est
poussé par son mauvais génie ?
Je n'ai pas pu encore faire la médaille de M. de Senancourt,
ni celle de Mme Sand. Sainte-Beuve est si occupé, je le tour-
mente cependant beaucoup pour me mettre en rapport avec
ces deux génies. Ce Senancourt est bien l'être le plus curieux
que j'aie jamais vu. En lisant ses ouvrages, je me le figurais
dans le genre de Rousseau, quant au physique. Mais, mon
Dieu ! c'est un homme qui a les bras si courts qu'il doit lui
être impossible de mettre ses mains dans ses poches, et puis il
marche sur des charbons ardents. Cela m'étonne moins, il
connaît si profondément le monde ! Sainte-Beuve me l'avait
si bien décrit que je l'ai reconnu dans la rue.
Envoie-moi donc la liste des médaillons que tu as afin que
je complète ta collection.
Barbier est à Londres. Je suis sûr que ce pays va lui ins-
pirer quelques vers étonnants. J'aime bien ce poète.
A toi de tout mon coeur.
DAVID.
Collection Pavie.
— Nous voudrions pouvoir nommer l'auteur
satisfait que David surnomme ici « le petit nuage d'or ». — Il faut
lire sur les démêlés de l'auteur de Lucrèce Borgia, avec le directeur
du théâtre de la Porte-Saint-Martin, Victor Hugo raconté par un témoin
de sa vie (t. II, pp. 407 et suivantes.) La médaille de Senancour,
l'auteur d'Oberman, fut modelée par David en 1833. Celle de George
Sand porte la même date. (Musées d'Angers, p. 149.) Sainte-Beuve, on
(le voit ici, servit d'intermédiaire en plus d'une circonstance entre
le statuaire et les littérateurs dont il avait l'ambition de fixer le pro-
fil. Toutefois, en ce qui touche George Sand, on s'en convaincra
par la lettre suivante, ce fut Gustave Planche qui décida de l'assen-
timent de l'auteur d'Indiana à laisser exécuter son médaillon. — Le
voyage d'Auguste Barbier à Londres ne fut pas sans portée pour la
gloire du poète. C'est en Angleterre qu'il recueillit les éléments de
DE DAVID D'ANGERS 217
poème Lazare, paru seulement en 1837, et dans lequel se
son
trouve la pièce bien connue « La Tamise ».
Lvn
George Sand à David.
Le sans-façon du romancier.
Paris..., juillet 1833.
1834
LVIII
E. Chevreul à David.
La médaille du chimiste.
LIX
G. Planche à David.
Le bas-relief du Départ des Volontaires. — La médaille du critique.
LX
David à Pavie père.
Le sculpteur candidat à la députation.
LXH
David à Lucas de Montigny.
Le sculpteur Louis Rochet devant le conseil de révision.
Paris, 22 août 1834.
Monsieur,
Un de mes élèves, très distingué déjà par ses heureuses dis-
positions, va passer sous peu de jours au conseil de révision.
220 NOUVELLES LETTRES
Si vous pouviez dire quelques paroles bienveillantes en sa
faveur, cela lui serait bien utile. Si je ne connaissais depuis
longtems toute la bonté de votre coeur et tout l'intérêt que
vous portez aux jeunes artistes, je n'oserais pas vous recom-
mander encore ce jeune homme qui, je vous l'assure, est
digne d'intéresser en sa faveur. Je prends donc cette liberté
en vous priant de croire à tous mes sentimens de vive recon-
naissance et de respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être votre
très humble serviteur.
DAVID.
Ce jeune statuaire se nomme Rochet.
Collection Dubrunfaut.
— Louis Rochet, élève de David d'Angers,
né en 1813, est mort en 1880. Il est l'auteur du Cbarlemagne exposé
en 1867 et en 1878, et du monument de l'empereur Dom Pedro I«,
fondateur de l'indépendance du Brésil, exposé au Salon de 1861.
—
Lucas de Montigny, gendre du statuaire Roland, était conseiller de
préfecture de la Seine.
Lxm
Xavier Marmier à David.
Le roi René.
Aix, 1834.
LXIV
Charlet à David.
Invitation à modeler le médaillon de l'amiral de Rigny.
LXV
Antoine Planche à David.
1835
LXVI
David à Victor Hugo.
Conditions de l'artiste dans les temps modernes. — Idées sur les
Concours. — Réforme des Expositions.
LXV1I
Jauffret à David.
Le statuaire élu membre de l'Académie de Marseille.
LXVIII
Béranger à David.
Les Mezzara.
LXIX
Quatremère de Quincy à David.
La médaille de l'archéologue. — Michel-Ange. — La vie de Raphaël.
LXX
David à Ferdinand de Lasteyrie.
La signature autographe de Barrère.
i835 (?)
J'ai l'honneur d'offrir mes salutations amicales à M. Ferdi-
DE DAVID DANGERS 231
nand de Lasteyrie et de lui faire remettre un autographe de
Barrère.
Son bien dévoué de coeur. DAVID.
Collection de Lasteyrie. — Les lecteurs de David d'Angers et ses
relations littéraires savent que le statuaire avait usé de la collection
d'autographes du comte Ferdinand de Lasteyrie pour se procurer des
signatures d'hommes célèbres qu'il reproduisait en fac similé sur
ses médaillons. Celui de Barrère
date de 1835, et la signature du
conventionnel s'y trouve calquée avec le parafe.
LXXI
David à Lucas de Montigny.
Consultation d'autographes. — La signature d'Ambroise Paré.
Samedi matin... 1835 (?)
LXXIII
Feuillet à David.
Demande de renseignements biographiques.
1837
LXXIV
David à Sainte-Beuve.
L'Enfant à la grappe.
LXXIV
Kirstein à David.
Le monument de Gutenberg. — Sollicitations. — René Fâche. —
Exposition de Strasbourg. — La Mélodie et l'Harmonie.
LXXVI
David à M. Guérin.
Le fronton du Panthéon. — M. de Montalivet.
1838
LXXVII
David au peintre Mercier.
Envoi à Angers des modèles du Philopoemen, des bustes de Cuvier et
de Goethe. — La table Iliaque. — Projet d'un musée de sculpture
comparée à Angers. — M. Jules-Eugène Lenepveu.
Lxxvm
David à Pavie père.
Le laurier d'argent remporté par l'Ode à Riquei. — Victor Pavie. —
Un premier succès littéraire. — La statue de sainte Cécile. —
Le Gutenberg.
Paris, 18 août 1838.
Mon ami,
Je reçois à l'instant une caisse contenant la branche de lau-
rier en argent destinée à Victor. Comme notre ami Cadeau
va partir pour Angers, je le charge de cette caisse, il te sera
agréable que l'un de tes plus anciens amis ait à s'acquitter
auprès de toi d'une commission qui n'a rien que de flatteur.
Quand tu liras les vers du poète qui a obtenu le premier
prix, tu jugeras combien ceux de Victor sont supérieurs. Ce
qui a fait pencher la balance en faveur du poète de Compiègne,
c'est qu'il a fait l'éloge de la ville de Béziers, tandis que notre
ami a trop pensé à moi. Je crois cependant que ce point de
départ dans la carrière littéraire doit donner à notre ami une
juste idée de son talent poétique. Il peut en attendre un jour
une grande réputation. J'en suis fier, j'en suis heureux comme
si Victor était mon enfant, et je goûte également le bonheur
que tu éprouveras de ce succès.
Mille remerciemens pour cette preuve d'amitié qui t'a fait
m écrire sans retard, lorsque la statue de sainte Cécile a été
olacée sur
son piédestal.
A»T n. x. 16
240 NOUVELLES LETTRES
Mille et mille tendres et affectueux souvenirs à notre cher
Théodore.
Tout à toi de coeur. DAVID.
LXXIX
David au peintre Mercier.
M. Lenepveu. — L'Innocence implorant la Justice. — La collection
des médaillons. — Le fondeur Richard. — L'esquisse du fronton.
— Bustes d'Arago et de Langlois. — Le
Gutenberg.
Le 9 octobre 1838.
Mon cher ami,
Je viens vous demander votre appui bienveillant à l'Institut
pour De Joly, architecte de la Chambre des députés, si toute-
fois vous n'avez pas d'engagement ou d'inclinations particu-
liers qui s'y opposent. Je vous en serai reconnaissant.
Je viens de Rouen : j'ai vu votre Corneille que je ne connais-
sais pas. C'est un beau monument dans une belle place. Mais
c'est surtout une belle sculpture, et à mon sens une de vos
meilleures choses. Recevez-en donc ici mes compliments avec
mes souvenirs bien affectueux et bien dévoués.
Eug. DELACROIX.
Collection H. Jouin. — L'architecte Percier, titulaire du deuxième
fauteuil de sa section à l'Institut, était mort le 5 septembre 1838. Au
nombre des candidats qui briguèrent sa succession, figure l'archi-
tecte de la Chambre des députés, De Joly (Jules-Jean-Baptiste), né
en 1788, mort le Ier février 1865. Delacroix, qui avait commencé
des démarches pour son propre compte, l'année précédente, après
la mort de Gérard', recommande De Joly à son ami David d'Angers.
Avec moins de générosité, Delacroix aurait pu songer à ne pas épuiser
son crédit. Il avait éprouvé déjà deux échecs 2, et la route qui devait
le conduire à l'Institut s'annonçait comme devant être longue et
difficile. On sait que le peintre des Femmes d'Alger n'obtint justice
que vingt ans plus tard (10 janvier 1857). Il devait remplacer Paul
Delaroche. Le successeur de Percier fut élu le 10 novembre 1838. Ce
ne fut pas De Joly. Huvé (Jean-Jacques-Marie), l'architecte du château
de Saint-Ouen, de la Madeleine et de la salle Ventadour, élève de
Percier, vint occuper la place de son maître. Artiste éminent, homme
1839
LXXXI
David au maire de Cholet.
Le monument du général Travot.
LXXVII
Halévy à David.
La direction du Conservatoire de musique de Toulouse.
—
Félix Delacour.
Lxxxin
David au maire de Cholet.
Le monument du général Travot.
Monsieur le Maire,
Dans la première lettre que j'eus l'honneur de vous écrire
lorsque vous me fîtes connaître le projet que vous aviez d'éle-
ver un monument à la mémoire du général Travot, je vous
indiquais les prix du fondeur. Je vous disais en même tems
que mes frais matériels de moulage et d'armature, etc., mon-
teraient à cinq cents francs, et qu'à l'égard de mon tems je
m'estimais très heureux de l'offrir gratuitement.
J'éprouve une vive satisfaction des choses aimables que vous
voulez bien me dire au sujet de ce travail. L'approbation de
mes compatriotes sera toujours une bien douce récompense
pour moi.
Agréez, Monsieur le Maire, l'assurance de la haute considér
ration de votre très humble et bien dévoué serviteur.
DAVID.
Paris, 5 octobre 1839.
Archives municipales de Cholet. — Cette lettre a été insérée dans
le Bulletin de la Société des sciences et beaux-arts de Cholet (1887).
1840
LXXXIV
David à Pavie père.
Le tombeau du roi René. — Le musée David.
LXXXV
Cormenin à David.
L'esquisse de la statue de Carrel. — Jugement sur le publiciste. —
Daguerre et sa découverte.
Paris, 22 mars 1840.
Monsieur,
Je profite d'un petit moment de libre pour vous dire com-
bien j'ai été honoré et touché du beau cadeau que vous m'avez
DE DAVID D'ANGERS 247
fait en m'envoyant la statuette d'Armand Carrel, de ce pauvre
jeune homme.dont je garderai toute ma vie le noble et affec-
tueux souvenir. Comme vous lui avez bien donné, Monsieur,
cette tournure élégante et martiale, chevaleresque et populaire,
qui distinguait à la fois sa personne et son talent ! Je le dis
dans toute la sincérité de mon coeur, Armand Carrel était
l'homme le plus nécessaire et il est le plus regrettable de ce
temps-ci.
M. Daguerre m'a dit hier que je pouvais vous rendre
quelque léger service, si vous vous décidez à publier la galerie
de vos médaillons. Disposez de moi, Monsieur, comme vous
l'entendrez, et croyez bien que je suis entièrement à vos ordres.
Votre dévoué et reconnaissant serviteur.
CORMENIN.
LXXXVI
David à Soyer, fondeur.
Renseignements techniques.
LXXXVII
David à l'abbé Bernier.
Le monument de l'abbé Mongazon.
Paris... 1840 (?)
Monsieur,
J'ai reçu en son tems les deux caisses contenant le buste et
le portrait peint de M. Mongazon, ainsi que son éloge funèbre.
La lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire me sera
de la plus grande utilité en raison des renseignements qu'elle
contient.
Croyez, Monsieur, que tous les moyens qui sont en mon
pouvoir seront employés pour tâcher de rendre le plus digne-
ment possible les traits de notre bon et honorable compatriote,
et que je suis heureux que ce monument soit destiné à votre
maison.
Agréez, Monsieur, l'assurance de la haute considération de
votre bien dévoué serviteur.
DAVID.
Archives du Petit-Séminaire Mongazon à Angers. — Il s'agit ici du
monument de l'abbé Urbain-Loir Mongazon, fondateur du collège.
Ce monument date de 1841. (Musées d'Angers, p. m.) M. Bernier,
destinataire de la lettre que nous publions ici, était alors supérieur
du collège. Il remplit plus tard les fonctions de vicaire général
d'Angers.
184I
Lxxxvm
Mickiewicz à David.
Charles Nodier chez le poète polonais.
LXXXIX
David à Rauch.
Le sculpteur Charles Muller.
xc
David à Guillory aîné.
La statue de Beaurepaire.
XCI
Pariset à David.
Rendez-vous oublié. — Un Eloge académique.
xcn
Ernest Hébert à David.
Eloge du maître par son élève.
XCIII
David à Guillory aîné.
Projet de monument en l'honneur du général angevin Delaage.
9 décembre 1841.
Dans votre lettre, vous me parlez de notre monument
de ...
Beaurepaire...
Il y a bien encore un monument à élever à la mémoire
du brave général Delaage. Son nom est inscrit
sur l'arc de
triomphe et dans tous les fastes de la gloire militaire de notre
254 NOUVELLES LETTRES
patrie. Ne pourrait-on pas lui décerner un buste colossal, en
bronze, qui serait placé en face du Château, sur la promenade?
Pensez à cela. Si les fonds manquaient, on pourrait faire couler
ce buste en fer galvanisé ; alors, le prix de cette fonte ne s'élè-
verait pas à plus de six ou huit cents francs. Pensez-y...
DAVID.
Collection Guillory.
— Cette lettre a été publiée par M. Lair, en
1889, dans la Revue de l'Anjou. — Henri-Pierre Delaage, 1766-1840,
chef d'état-major de la 1" division du 3e corps pendant la campagne
de Russie, fut blessé à la Moskowa, et eut le commandement du
département de Maine-et-Loire de 1830 à 1832.
1842
xerv
David à Pavie père.
Les joies du foyer. — Projets de voyage.
xcv
Sainte-Beuve à David.
Le critique compose son étude sur Aloysius Bertrand.
xcv
Lenormant à David.
Esquisse du Départ des volontaires, de la Bataille de Fleurus et de la
Bataille d'Héliopolis.
XCVI
David à Victor Pavie.
Retour à Paris. — Le ciel du Midi. — Aloysius Bertrand.
xcvm
David à X., à Béziers.
XCLX
David au peintre Mercier.
Une facture impayée. — Scrupules du maître.
Paris, le 23 octobre 1842.
Mon cher ami,
J'ai bien besoin que vous me disiez en confidence, et cela
sera un secret entre nous deux, si la ville d'Angers n'est pas
fatiguée de mes envois peut-être aussi trop fréquents. Il vient
de me revenir une facture de roulage que l'on a refusé d'ac-
quitter à la mairie. Soyez assez bon pour me dire toute votre
pensée à cet égard. Je suis, vous le savez, extrêmement heu-
reux et honoré que mes compatriotes veuillent bien donner
asile à mes ouvrages, qui, s'ils ne sont pas irréprochables sous
le rapport du talent, ont au moins l'avantage de rappeler les
traits d'hommes célèbres, mais je ne voudrais cependant pas
devenir importun, et encore une fois c'est à votre bonne et
franche amitié que je m'adresse pour fixer mes idées sur ce
point.
Croyez à ma bien sincère reconnaissance et à mon entier
dévouement de coeur. DAVID.
Bibliothèque d'Angers.
1843
C
Balzac à David.
La médaille du romancier. — Derrière le rideau.
1843 (?)
Monsieur, je suis naturellement très flatté de la proposition
que vous m'avez faite ; mais, s'il n'existe ni lithographie, ni
portrait, ni quoi que ce soit de moi, c'est que je suis lié par
une promesse à cet égard. Cette promesse est d'ailleurs en
harmonie avec mes goûts. Nous ne savons pas si nos gloriettes
ne sont pas des affaires de mode et il n'y a rien de plus affreux
DE DAVID D'ANGERS 261
CI
David à Alexandre Tardieu.
Le profil dessiné de Schlegel. — Attitude de la jeune Allemagne
à l'égard du critique.
CII
David à Guillory aîné.
La statue de Beaurepaire. — Impatience du maître.
14 février 1843.
Mon bon et bien cher ami,
Je vous assure qu'il m'est extrêmement pénible de ne pas
correspondre plus souvent avec les hommes qui, comme vous,
n'ont cessé de me dont or des preuves réitérées de sincère inté-
rêt. Mais j'aime à me persuader que, connaissant cette vie
agitée de Paris qui dévore le temps trop souvent dans de
tristes et fatigantes affaires, et laisse si peu de loisir pour l'étude
de l'art, vous serez indulgent pour moi, et je pense aussi que
les nouvelles les plus agréables que je puisse donner de moi à
mes amis, ce sont de nouveaux ouvrages.
Mais pour créer des ouvrages il faut des occasions, et nous
en aurions certes une très noble dans celle de la statue de Beau-
repaire. Qui donc a pu paralyser un si beau projet? Lorsque
toutes les villes élèvent des monuments à leurs grands hommes,
Angers reste sourde à la voix de la renommée, qui a pourtant
DE DAVID D'AKGBRS 2ÔJ
cm
Pariset à David.
L'inauguration du Bichat.
CIV
David à l'abbé Bernier.
Le monument de l'abbé Mongazon.
CV
Berton à David.
La langue musicale et la téléphonie de Sudre.
part d'un homme qui jette tant d'éclat sur la ville qui lui a
donné le jour.
La méthode de M. Sudre vient d'être approuvée par une
Commission de généraux, nommée par le Maréchal ministre
de la guerre, qui propose en faveur de l'auteur une récompense
nationale et en même temps la direction d'une école de Télé-
phonie.
Je me félicite d'avoir été l'un des premiers à prédire le succès
de cette découverte et j'ose espérer que si vous êtes assez bon
pour recommander M. Sudre à quelques personnes distinguées
de la ville d'Angers, il saura justifier tout ce que vous vou-
drez bien dire de flatteur à son égard.
Votre tout dévoué confrère.
H. BERTON.
P. S. Je regrette beaucoup d'être toujours malade et d'être
privé d'assister aux séances de l'Académie.
Collection David d'Angers. — La méthode inventée par Jean-
François Sudre, tendant à la possibilité de former un système de
signes par les sons des instruments de musique et à le faire servir à
établir avec rapidité des communications lointaines, date de 1828.
Sans cesse perfectionnée par son auteur, jusqu'en i86r, cette
méthode recueillit les approbations les plus autorisées, et des
encouragements de toute nature. Fétis, dans sa Biographie des musi-
ciens (t. VIII, pp. 165-166), rend hommage à l'intelligence de l'in-
génieux artiste. Sudre est mort le 3 octobre 1862. — Berton, le
compositeur, était lié avec David qui avait modelé son profil en
1840. Musées d'Angers, p. 175.
CVI
Poinsot à David.
Le médaillon du géomètre.
cvn
H. de Latouche à David.
Le buste d'André Chénier.
cvm
David à l'abbé Bernier.
Le monument de l'abbé Mongazon.
crx
Hébert à David.
Impressions d'artiste.
1844
CX
Charles Blanc à David.
Etude du maître sur Thorvaldsen.
Paris, le 17 avril 1844.
Mon cher et illustre ami,
Votre grand confrère Thorwaldsen vient de mourir. Il
vous appartient plus qu'à personne de l'apprécier, et vos
éloges sont ceux qui, certainement, lui feront le plus de plai-
sir dans l'autre vie.
Soyez donc assez bon pour nous sculpter quelques pages.
Nous vous en serons tous bien reconnaissants, Guillemot,
notre ami, Louis, votre modèle, et moi, votre admirateur.
Tout à vous de coeur et d'âme.
Charles BLANC.
— L'étude de
Collection David d'Angers. David sur Thorwaldsen
parut dans YAlmanach du Mois, dirigé par Charles Blanc, n° de
mai 1844. On la trouvera reproduite dans David d'Angers, etc.,
(r- N, pp. 246-253.) Le manuscrit du maître porte la date du
19 avril 1844. La lettre de Charles Blanc l'invitant à composer ce
travail est du 17. Le statuaire français aurait-il écrit en deux jours
lanotice fort curieuse consacrée par lui à son confrère danois ?
« Louis, votre modèle, » allusion à Louis Blanc, frère de Charles,
dont le profil avait été modelé
par David en 1843. (Musées d'Angers,
P. 186.)
270 NOUVELLES LETTRES
CXI
David au maire d'Estagel.
Offre du buste de François Arago.
Paris, 2 juillet 1844.
Monsieur le Maire,
Dans une de ces réceptions si bienveillantes qui m'ont été
faites à Estagel et que je dois, je le sens bien, à l'amitié dont
m'honore votre illustre compatriote, amitié qui m'a si puis-
samment servi d'introduction près des habitants de sa ville
natale, j'avais dit à ces messieurs que je serais heureux d'offrir
le buste d'Arago pour être mis sur l'une des places publiques
d'Estagel. J'avais en même temps exprimé le désir de l'exécu-
ter en marbre du pays. Malheureusement on ne m'a envoyé
qu'un bloc des plus mal choisis, les fouilles n'ayant pas été
faites assez profondément. Ce bloc est tellement défectueux
qu'il serait impossible de l'exposer aux intempéries de l'air. J'ai
pourtant soigné mon travail avec toute l'attention inspirée par
le modèle et la destination de cet ouvrage. Mais la mauvaise
qualité du bloc ne doit pas faire craindre son manque de durée
s'il est placé dans un intérieur.
Je viens donc, monsieur le Maire, de confier au roulage le
buste de M. Arago que je prie ses compatriotes de vouloir
bien accepter. Veuillez, je vous prie, recommander les plus
grands soins au menuisier qui se chargera de le sortir de la
caisse. L'emballage a été fait par un homme fort habile et le
buste doit vous arriver sans aucun accident.
Veuillez je vous prie, monsieur le Maire, agréer l'assu-
rance de ma considération très distinguée.
DAVID D'ANGERS.
Archives municipales de Perpignan. — Cette lettre a été publiée dans
le Catalogue raisonné des objets d'art et d'archéologie du musée de Perpi-
gnan, fai M. Crouchandeu. (Perpignan, 1885, in-8°, pp. 181-182.)
— Le buste de François Arago, modelé en 1838, a été traduit en
marbre et offert au modèle. Une réplique, également en marbre,
date de 1844. C'est ce dernier travail que David offrit aux compa-
triotes du savant. Cet ouvrage a pris place dans l'hôtel de ville
d'Estagel. (Musées d'Angers, p. 166.)
DE DAVTD DANGERS 2?1
cxm
Balzac à David.
Maladie du romancier. — La demeure mystérieuse. — Son buste
en marbre.
1844 (?)
Mon cher David, voici bien sept à huit fois que je vais chez
vous pour vous trouver. Je voulais vous dire que j'ai été six
semaines au lit, bien malade, et que l'on m'envoie à Carlsbad.
Je tenais à vous voir avant mon départ. J'ai voulu vous avoir
à dîner le jour de ma fête et je n'ai pu vous parler. Il fallait
absolument que je vous visse, car je ne puis donner mon adresse
que de vive voix, et il n'y a pas plus de cinq à six personnes à
qui je l'ai donnée. Telles sont les causes de mon insistance et
de mes regrets. Vous auriez vu votre modèle bien amaigri. J'ai
eu le prix de tant de travail : une inflammation de foie. J'ai
su par Hippolyte Valmore que votre chef-d'oeuvre avait encore
grandi en passant de la terre au marbre, ce que nous avions
cru impossible. J'irai encore une fois vous voir d'ici mon
départ, et j'espère être plus heureux, car comptez qu'il y a
autant d'admiration que d'amitié chez
Votre ami DE BALZAC.
Collection David d'Angers.
— La terre cuite du buste de Balzac
porte le millésime de r844. Elle est au Musée David. Le marbre,
rapidement exécuté fut offert au modèle. (Musées d'Angers, pp. 187,
355.)
1845
CXIV
David à Blordier-Langlois.
A propos de trois opuscules de Gilles Ménage, dont on lui dédie
la traduction. — L'Histoire des villes de France.
Paris, 19 février 1845.
Mon cher et honorable compatriote,
Je n'ai point encore reçu l'ouvrage dont vous me parlez dans
272 NOUVELLES LETTRES
la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser, mais
je ne veux pas tarder à vous témoigner ma vive et sincère
gratitude pour votre bienveillant souvenir. Certes, rien ne me
touche davantage que les preuves d'affection que je reçois des
Angevins, et, venant de vous, Monsieur, elles acquièrent un
prix inestimable.
Veuillez recevoir, Monsieur et cher compatriote, l'assurance
de mes sentiments de haute considération et d'affectueux
dévouement.
DAVID D'ANGERS.
P. S. Je pense que le directeur de l'ouvrage intitulé Histoire
des villes de France vous aura écrit pour vous demander un
travail sur Angers, je lui avais donné votre nom.
Collection Levesque. — Cette lettre a trait aux « Vies de Pierre
Ayrault, Guillaume Ménage et Mathieu Ménage traduites du latin de
Gilles Ménage, par André Blordier-Langlois, membre de la Société
d'agriculture, sciences et arts d'Angers, second bibliothécaire de la
même ville » (Angers, imprimerie et librairie de Victor Pavie,
1844, in-8°). La dédicace de ce livre est ainsi conçue : « A David
d'Angers, l'auteur et l'éditeur. » En 1830, David avait reçu un
semblable hommage de la part de Couturier de Vienne qui lui avait
dédié sa traduction des « Leçons sur l'histoireet la théorie des Beaux-
Arts, par A.-G. Schlegel ». Les opuscules de Ménage renferment
peu de notes se rattachant à l'histoire de l'art.
CXV
Préault à David.
De statuaire à statuaire. — Le Jean Bart. — Le journal l'Artiste.
CXVI
David à Théophile Gautier.
Le médaillon du critique.
CXVII
David au peintre Mercier.
Le modèle du Jean Bart au Musée David. — Les statues de Condé
et de Talma.
I846
CXVIII
David à Victor Pavie.
La gravure du Bonchamps. — Retour sur l'inauguration du monu-
ment de Saint-Florent. — La lithographie du Jean Bart.
Paris, le 24 mars 1846.
J'avais reçu en son temps ta bonne et bien aimable lettre,
cher ami.
La gravure du monument de Bonchamps est enfin terminée,
à quelques retouches près. Je vais en mettre une épreuve à ta
disposition, mais pourras-tu donner suite au projet que tu avais
de faire imprimer la brochure dont tu m'avais envoyé le
manuscrit, et que je désirerais beaucoup relire avec une nou-
velle attention ? Si tu peux trouver une occasion, n'oublie pas
de me la faire parvenir.
Je ne me souviens plus si tu as parlé d'un détail qui nous
avait frappés, ton père et moi. La jeune génération vendéenne
était échelonnée sur les marches du monument, et au milieu de
cette foule, la blanche apparition du héros s'élevait au dessus
de ces enfants dont les pères étaient morts dans les combats ou
se tenaient rangés dans l'église, mutilés et chargés d'années,
portant encore leurs vieilles armes. Cet ensemble était d'un
puissant effet.
Nous avons appris avec une vive peine la maladie de votre
bon petit Maurice et nous faisons des voeux pour que cette
maladie soit bientôt passée. Les nôtres ont été souffrants une
partie de l'hiver. Robert avec la rougeole et Hélène avec un
rhume qui ne la quitte pas. Pour moi, je t'écris, absorbé par
un atroce mal de dents qui m'a fait une tête d'enfant bouffi.
Dans la caisse que je te destine, je mettrai deux lithographies
du Jean Bart, l'une pour toi, l'autre pour notre ami Maillard,
auquel je te prie de dire bien des choses aimables de ma part.
Embrasse pour moi ton cher père.
A toi, santé et prospérité, et tout le bonheur que tu mérites.
DAVID.
276 NOUVELLES LETTRES
P. S. Je ne suis pas étonné des généreux sentiments que tu
exprimes pour la Pologne ; toutes les nobles pensées d'huma-
nité et de justice ont toujours vibré puissamment dans ton
coeur.
Collection Pavie.
CXIX
David à Pavie père.
Bonchamps et sa statue.
CXXI
David au peintre Mercier.
Le modèle du Jean Bart et les salles du Musée David.
pouvons lui trouver une place dans une caserne ou tout autre
monument susceptible d'offrir un abri contre les intempéries
des saisons, et rendant possible son élévation sur un piédestal
d'nne dimension convenable. Je vous prie donc de ne plus vous
tracasser ainsi à cet égard. Cette lettre a pour objet de vous
demander cela, et de vous assurer de mon profond et sincère
attachement de coeur.
DAVID D'ANGERS.
cxx
David au maire d'Angers.
Monuments de Larrey et de René d'Anjou. — Médaillons.
Dessins de Louis David. — Buste de Nodier. — Beaurepaire.
—
Paris, 14 novembre 1846.
Monsieur le Maire,
Plusieurs caisses vont vous être adressées. Elles contiennent
le modèle de la statue du docteur Larrey; les quatre bas-
reliefs qui doivent décorer ce monument seront envoyés à
Angers dès que le fondeur aura terminé son travail. Il s'y
trouve aussi trois nouveaux cadres de la collection de mes
médaillons. J'y joins deux dessins du célèbre peintre David.
ce sont des études pour son tableau des Horaces. Le buste en
terre cuite est celui de Charles Nodier.
Je travaille en ce moment avec bien du plaisir à une oeuvre
toute angevine : la statue du roi René, et les douze statues
historiques qui décorent le piédestal. C'est une page des temps
passés qu'a consacrée l'histoire. Il est digne d'une époque où
tant de Bayards et de Du Guesclins sortis des rangs du peuple
ont pu dire avec le maréchal Lefebvre : « Moi je suis mon
ancêtre », d'honorer les hommes d'un autre âge qui ont illus-
tré la France. Toutes les glorieuses renommées de notre patrie
ne doivent-elles pas se confondre dans un même culte ?
J'espère pouvoir, l'année prochaine, m'occuper du monu-
ment de notre héroïque Beaurepaire.
Agréez, monsieur le Maire, l'assurance de ma considération
la plus distinguée. '
DxviD D'ANGERS.
280 NOUVELLES tETTRBS
Collection Pavie.
— Les modèles des douze statuettes qui décorent
le piédestal du monument de René d'Anjou érigé à Angers sont
au
Musée David. Ces ouvrages datent de 1846. — Les dessins du
peintre Louis David, offerts par le statuaire, représentent des études
de draperie. (Musées d'Angers, pp. n3-115, 209.) Il est parlé du
buste de Nodier au sujet de la lettre de David à Taylor en date du
4 août 1846.
CXXI
Arsène Houssaye à David.
1847
CXXII
David à Victor Pavie.
Les statues projetées
pour la cathédrale d'Angers. — Le monument
de René d'Anjou. — Son emplacement.
Collection Pavie
— Le comte Théodore de Quatrebarbes ayant eu
l'initiative du monument de René d'Anjou soutint contre la muni-
cipalité une lutte prolongée afin que l'on adoptât la place Saint-
282 NOUVELLES LETTRES
Laud, voisine du Château dans lequel est né le roi René, comme
étant le point le plus convenable pour l'érection de la statue. L'avis
de M. de Quatrebarbes prévalut.
CXXIII
David à Guillory aîné.
Le monument de René d'Anjou. — Le piédestal.
— La statue de
Beaurepaire. — Il faut que la France devienne un vaste
Panthéon.
Paris, 29 mars 1847.
DAVID.
CXXIV
David à Victor Pavie.
L'architecte Isabelle. — Le monument de Drouot.
cxxv
Le général Pepe à David.
La médaille du général.
CXXVI
David au baron Taylor.
Un artiste dans la détresse. — Le buste de Nodier.
CXXVII
David au baron Taylor.
27 mars 1850.
Reçu quatre cent cinquante francs formant la somme de
six cents francs pour solde de celle de six cents francs convenue
pour l'exécution en marbre du buste de Nodier.
DAVID D'ANGERS.
1848
cxxvni
David à Victor Pavie.
Le « Voyage en Italie » de Victor Pavie. —- Les statues de Casimir
Delavigne, David Purry, Mathieu de Dombasle. — La charrue sur
un piédestal. — Ambroise Paré.
Paris, 26 janvier 1848.
Cher ami,
Je lis toujours avec bien du bonheur tes lettres sur l'Italie
qui paraissent dans l'Artiste. Cela me fait du bien parce que je
retrouve, sous ta plume, mes anciennes sensations à l'égard de
cette terre aimée du ciel, et puis je pense que tu prendras cou-
rage pour donner au public le résultat de tes impressions. Il
est tems, cher ami, ta carrière littéraire doit commencer. La
nature t'a doué généreusement; il faut utiliser un génie qui
peut être si profitable aux hommes en leur faisant partager
les nobles inspirations d'un coeur rempli des sentimens les plus
élevés.
Le Casimir Delavigne est chez le fondeur ; la statue de David
Purry qui m'est demandée par la ville de Neuchâtel est mou-
lée, et sous peu de jours j'aurai terminé la statue de Mathieu
de Dombasle pour la ville de Nancy. Il est représenté dans
l'acte de la méditation, tenant la plume qui a écrit ses ouvrages
sur l'agriculture. A ses pieds est la charrue qu'il a rendue
tellement utile à l'agriculture que l'on en fait usage dans toute
l'Europe et même en Amérique. J'ai pensé qu'il était bien de
mettre enfin la charrue sur un piédestal, et j'ai saisi avec le plus
grand plaisir l'occasion d'élever un monument à l'agriculture.
C'est le premier. J'avais même, avant tout autre, élevé sur
une place publique, une statue à un chirurgien. Autrefois
on se contentait de leur décerner un buste qui ne sortait pas
de l'enceinte des écoles de médecine, comme si ces hommes
qui vouent leur existence au soulagement de l'humanité ne
valaient pas les militaires qui, s'ils ne défendent pas leur patrie,
ne sont que d'illustres bouchers.
DE DAVID D ANGBRS 287
Nous vous souhaitons, Emilie et moi, à tous, une bonne
santé et beaucoup de bonheur.
A toi de coeur. DAVID D'ANGERS.
Collection Pavie.
— Il est question de la statue de Mathieu de
Dombasle érigée à Nancy dans la lettre de David datée du
24 juin 1846. Le monument élevé à un chirurgien, auquel fait allu-
sion David, est celui d'Ambroise Paré érigé à Laval.
cxxrx
David au baron Taylor.
Nouvelles instances au sujet d'un artiste malheureux.
cxxx
Petitot à David.
M. Davin.
Paris, mai 1848.
Mon cher David,
Je ne crois pouvoir mieux faire en recommandant ce pauvre
et excellent M. Davin à toute ta sollicitude, que de t'envoyer
la petite lettre qu'il m'a écrite
et que j'avais l'intention de te
communiquer à l'Académie il y a 8 jours si tu y étais venu.
A»T n. x.
.a
288 NOUVELLES LETTRES
M. Davin a remis à M. Flocon, membre du gouvernement
provisoire, la lettre qui a été signée par un grand nombre d'ar-
tistes, en général, et par les membres de l'Institut en parti-
culier. M. Flocon a paru prendre intérêt à sa position ainsi
qu'à sa demande, etc. Un mot au citoyen Flocon pourrait de
ta part avoir, je le crois, une grande influence.
Je ne t'en dis pas davantage, sachant, pour l'avoir éprouvé,
tout ce que ton coeur a de chaleur pour défendre ce que tu
crois juste, et je serai reconnaissant de ce que tu voudrais bien
faire en faveur de Davin comme si tu l'avais tait pour moi.
Tout à toi d'affection bien sincère. j__ PETITOT
CollectionH. Jouin. — Cette lettre non datée fut écrite en mai ou
juin 1848, puisqu'il y est fait allusion à Flocon qui remplit les fonc-
tions de ministre de l'agriculture et du commerce du 9 mai au
28 juin. Le signataire de la lettre est le sculpteur Louis Petitot,
membre de l'Institut depuis 1835. M. Davin doit être le mari de
Mrac Césarine-Henriette-Flore Davin, née Mirvault, peintre en minia-
ture, décédée en 1844.
1850
cxxxn
David à François Grille.
La statue de Beaurepaire.
DAVID.
DE DAVID D*ANGERS 289
Collection Guillory. — Cette lettre a été publiée en 1889, par
M. Lair> dans la Revue de l'Anjou.
cxxxn
David à Rauch.
Voyage d'Alphonse de Gisors en Allemagne.
Paris, 22 mai 1850.
Cher ami et collègue,
Le départ précipité de M. et Mme de Gisors m'empêche de
vous écrire aussi longuement que je le désirerais, mais j'ai
voulu donner à mes amis cette lettre d'introduction auprès
du grand statuaire. Ils admireront, comme tout le monde, ses
oeuvres immortelles, et ils auront l'avantage de voir l'homme
dont le noble caractère est si bien en rapport avec ses ouvrages.
M. de Gisors est architecte du Gouvernement et un artiste
d'un grand mérite. Accueillez-le avec cette cordialité dont vous
m'avez donné tant de preuves et dont je conserve religieuse-
ment le souvenir, et croyez à ma sincère reconnaissance et à
mon dévouement de tout coeur.
DAVID D'ANGERS.
Collection Eggers, à Berlin.
— Henri-Alphonse de Gisors, architecte
du palais du Luxembourg sous le Gouvernement de Juillet, a été
constamment lié avec David. L'artiste avait modelé, dès 1827, les
médaillons de Gisors et de sa femme. (Musées d'Angers, p. 125.)
cxxxin
David à François Grille.
Le « Siège d'Angers a. — La mère du sculpteur.
CXXXIV
David au maire de Cholet.
Mutilations subies par le monument du général Travot.
Paris, 12 décembre 1850.
Monsieur le Maire,
Plusieurs personnes qui ont vu le buste du général Travot
m'ont exprimé la peine qu'elles avaient éprouvée en constatant
DE DAVID D'ANGERS 291
qu'un monument d'hier, pour ainsi dire, était déjà réduit à
l'état de ruines. Ainsi le sabre qui était sur le piédestal a dis-
paru ; la branche d'olivier est à moitié arrachée ; ces symboles
étaient pourtant significatifs pour caractériser un monument
élevé au guerrier pacificateur. Ne serait-il pas possible de
remettre le sabre, de le consolider par des écrous fortement
scellés dans le granit, enfin de placer autour du monument
une grille en fer assez éloignée pour empêcher la malveillance
stupide de le dégrader journellement ? Cette dépense serait, je
crois, fort minime.
J'espère, monsieur le Maire, que vous voudrez bien excuser
la liberté que j'ai prise de vous écrire à ce sujet, et être
assuré que je cède bien plus à la convenance morale et au
patriotisme angevin qu'à la vanité puérile d'un auteur.
Agréez, monsieur le Maire, l'assurance de ma considération
la plus distinguée.
DAVID D'ANGERS.
Archives municipales de Cholet. — Cette lettre a été insérée dans
le Bulletin de la Société des sciences et beaux-arts de Cholet, 1887.
CXXXV
David à Guillory aîné.
La statue de Beaurepaire. — Nouvelle esquisse. — Sa description.
Cette lettre vous sera remise par notre ami Moll qui doit
causer avec vous de la statue de Beaurepaire, dont je vais
m'occuper cet hiver. Je sais que vous êtes intéressé à la réali-
sation de ce projet qui consacrera un monument durable au
premier bataillon de Maine-et-Loire. Ce sera une page en
bronze de notre histoire, et je suis heureux d'y apporter tous
mes soins et mon coeur de patriote. Beaurepaire pressera sur
sa poitrine le drapeau du premier bataillon et, dans la main
droite, il tiendra, froissée et déchirée, la capitulation de Ver-
dun. Moll va, sur l'emplacement où sera élevée la statue,
décider quelle proportion elle devra avoir, et je me mettrai à
292 NOUVELLES LETTRES
l'oeuvre. La fonte de cette statue ne dépassera pas six mille
francs : par conséquent, la ville pourra facilement supporter
cette dépense.
DAVID.
Collection Guillory.
— Cette lettre a été publiée en 1889, par
M. Lair, dans la Revue de l'Anjou.
1851
CXXXVI
David à Ferdinand de Lasteyrie.
Le médaillon de Daniel O'Connor.
cxxxvn
Armand Toussaint à David.
L'élève au maître. — Le fauteuil de Pradier à l'Institut. —
L'inauguration du Casimir Delavigne et du Bernardin de Saint-Pierre.
1853
cxxxvm
David au peintre Navez.
Le sculpteur Chardon. — La tradition dans les arts.
1854
cxxxrx
Victor Hugo à David.
Envoi des Châtiments, — Le poète fait déposer chez David le buste
que celui-ci lui avait offert en 1844.
Marine-Terrace, 26 avril 1854.
Cher grand David,
J'ai reçu votre bonne et noble lettre avec la page si intéres-
sante qu'elle contenait. Je suis heureux que le livre ait été à
votre coeur. Cher ami, enviez-moi, enviez-moi tous : ma
proscription est bonne et j'en remercie la destinée. En ces
temps-ci, je ne sais pas si proscription est souffrance, mais je
sais que proscription est honneur. O mon sculpteur, un jour
vous m'avez mis une couronne sur la tête, et je vous ai dit :
— Pourquoi? — Vous deviniez la proscription. — A ce
propos, ce chef-d'oeuvre, je vous le remets et vous le confie.
296 NOUVELLES LETTRES
Je n'ai plus de chez moi, le buste est chassé comme l'homme.
Ouvrez-lui votre porte. J'espère qu'un de ces jours, bientôt
peut-être, j'irai le chercher chez vous. En attendant, gardez-
le moi. Gardez-moi aussi votre vaillante et généreuse amitié.
Je vous serre la main, poète du marbre.
Victor HUGO.
Mettez-moi aux pieds de votre courageuse et charmante
femme. Ma femme et ma fille l'embrassent.
Collection H. Jouin.
— Le buste de Victor Hugo, la tête laurée
fait l'objet de la lettre du poète publiée sous la date du 12 octobre
1844, dans David d'Angers et ses relations littéraires.
— Le livre offert
par Victor Hugo au statuaire, et dont il est parlé dans la lettre que
nous donnons ici, est Napoléon le Petit (Bruxelles, 1852, in-18) ou
les Châtiments (Bruxelles, 1853, in-i8). Nous supposons qu'il s'agit
de préférence du second ouvrage.
CXL
David à Guillory aîné.
Le Musée David. — Que l'impartialité doit être la loi de l'historien.
Bonchamps. — René d'Anjou. — Beaurepaire.
Collection Guillory.
— Cette lettre a été
publiée par M. Lair, en
1889, dans la Revue de l'Anjou.
298 NOUVELLES LETTRES
1855
CXLI
Ernest de Blosseville à David.
Le maître projette de modeler le profil du navigateur René de Blos-
seville. — Documents. — Un crayon de Langlois.
— Le hyalo-
graphe de Clinchamp.
Monsieur,
Si j'ai tant tardé à répondre à votre lettre, n'allez pas croire
que ce soit pour n'avoir pas su apprécier tout ce qu'elle avait
de consolant pour moi, et par dessus tout ce qu'elle promettait
à la mémoire de mon frère qui vous était déjà si redevable.
Mais je voulais vous porter ma réponse et vous remercier de
vive voix de votre inappréciable sympathie.
En partant pour son fatal voyage, Jules de Blosseville ne
laissait à sa famille qu'un tout petit portrait, rapidement
crayonné dans son enfance par M. Langlois, qui a eu l'honneur
d'être votre collègue à l'Institut. Nous avons retrouvé aussi
dans ses papiers une esquisse grossière, mais fidèle, obtenue
pendant le voyage de la Coquille, vers 1823, au moyen d'un
instrument nouveau alors, fort oublié aujourd'hui, qu'on
nommait, je crois, hyalographe, et qui avait pour inventeur
M. de Clinchamp, professeur de dessin à Toulon. Grâce à
cette informe ébauche, j'ai fait faire par M. Belliard, que
m'avait indiqué Mme Delpech, un profil d'une ressemblance
inespérée. Il y a dans ce portrait, que j'ai fait lithographier,
quelque chose d'un peu trop juvénile pour la double épaulette
du lieutenant de vaisseau ; mais, à cela près, je ne crois pas
qu'il eût été possible d'obtenir mieux, et j'ai craint de perdre
en voulant plus gagner.
Je ne tarderai pas à vous porter ce modeste tribut, et je ne
sais comment vous remercier du nouvel honneur que vous
destinez au souvenir de mon frère.
DE DAVID D'ANGERS 299
Agréez, je vous prie, mes souhaits les plus sincères, et l'ex-
pression de ma profonde gratitude.
E. DE BLOSSEVILLE.
Collection David d'Angers. — Cette lettre est écrite par le publi-
ciste vicomte Benigne-Ernest Poret de Blosseville, frère du baron
René de Blosseville, né en 1802, perdu en 1833 dans les glaces du
Groenland. David avait, dès 1837, gravé le nom du navigateur sur
le gouvernail que tient la « Navigation » dans le haut-relief de la
Douane de Rouen. Le projet d'ajouter le profil modelé de Blosseville
à sa collection de médailles s'explique donc chez David. Il est
parlé à diverses reprises, dans David d'Angers et ses relations littéraires,
de l'archéologue et dessinateur Langlois. Le hyalographe est, on le
sait, un instrument propre à dessiner la perspective et à reproduire
un dessin. Cet instrument est dû à Victor de Clinchamp, élève de
Girodet.
CXLII
Victor Pavie à David.
Offre d'une relique au statuaire.
Victor PAVIE.
Collection Pavie.
— L'ami du maître, demeuré fidèle à ses convic-
tions religieuses, voulut offrir une petite croix à David déjà très
300 NOUVELLES LETTRES
souffrant. Craignant de froisser le statuaire par une tentative que lui
dictait sa foi, Pavie avait évidemment pesé les termes de sa lettre
d'envoi. Ainsi s'explique la présence dans ses papiers de la minute
transcrite ici.
CXLHI
David à Victor Pavie.
Une relique offerte au maître. — Ses forces décroissent.
CXLTV
David à Mme veuve Froment-Meurice.
François-Désiré Froment-Meurice.
l8l2
I
Vincent à David.
Sollicitude du peintre pour le père du sculpteur.
I8l6
n
Thévenin au ministre de l'intérieur.
Départ de David de la Villa Médicis.
1825
m
David à Auguste.
Le peintre Auguste.
... Ce jeudi, 1825.
La dernière fois que j'ai eu le plaisir de vous voir, je ne me
suis pas rappelé que j'avais, depuis plusieurs jours, une invi-
tation pour vendredi, ce qui m'empêchera de me rendre chez
vous. Mais je vous annonce la visite de M. Champmartin.
Votre dévoué camarade, DAVID.
Collection H. Jouin. — Nous avons raconté dans David d'An-
gers, etc. (t. I, p. 55, 94, 95), le succès imprévu d'Auguste, prix de
Rome, en sculpture, au concours de Rome de 1810. De retour à
Paris, Auguste s'adonna, sans grand succès d'ailleurs, à la peinture
de genre. David, lésé dans son droit par la partialité du jury qui avait
favorisé Auguste en 1810, n'en demeura pas moins, pendant de
longues années, l'ami de son rival heureux. Invité, sans doute, à
venir apprécier quelque nouvelle toile du peintre, il s'excuse de
manquer le rendez-vous, mais il décide Champmartin, alors en
renom, à le suppléer auprès de son ami.
IV
David au baron Taylor.
La statue de Talma.
Collection Taylor.
— David, en s'adressant au Commissaire royal
près le Théâtre-Français ne s'acquittait pas, comme on pourrait le
croire, d'un simple devoir de courtoisie. Taylor avait connu Talma.
C'est à Taylor que Talma dut son dernier succès retentissant dans le
Léonidas, de Michel Pichat. Talma s'était surpassé lui-même. Au
sortir du théâtre, il y eut grande fête chez Barba, qui alors était le
libraire de la Comédie. Quand le Commissairedu roi était entré, le
grand tragédien, se précipitant vers lui, l'avait embrassé en s'écriant :
« Ah ! mon cher ami, vous serez le sauveur de la Comédie-Fran-
çaise. » David n'ignorait rien de ces détails, et il avait intérêt à
prendre conseil de Taylor au point de vue de la ressemblance de
son modèle. Le plâtre du Talma a figuré au Salon de 1827 (n° 1084),
et le marbre au Salon de 1837 (n° 1898.)
1828
V
Quatremère de Quincy à David.
La statue de Condé.
VI
Giraud à David.
Candidature académique.
1829
vn
David à François Grille.
Condoléances.
Collection Grille.
— François Grille qui, pendant de longues
années, remplit au ministère de l'Intérieur les fonctions de directeur
du service des Beaux-Arts, venait d'être destitué à la suite d'une
crise ministérielle. David, son compatriote et son obligé, ne se fait
pas faute de flétrir la mesure violente dont François Grille est la
victime.
DB DAVID D'ANGERS 309
I83O
vin
Granet à David.
Granet, conservateur des tableaux du Louvre.
183I
LX
Paul Lacroix à David.
Le statuaire Jehan Duseigneur.
Monsieur,
Je m'adresse avec confiance à notre premier sculpteur pour
le prier de donner appui à un sculpteur distingué qui se voit
victime d'une mesure inouïe.
Le groupe à'Esmeralda et Quasimodo par M. Duseigneur, vient
d'être refusé par le jury d'admission! Cette monstrueuse déci-
sion, puisqu'elle frappe un ouvrage si remarquable, ne peut être
qu'un effet de la malveillance.
Quels sont les membres de ce jury qui fait la leçon aux
artistes? A coup sûr, monsieur, ce ne sont pas les grand noms
que nous citons avec orgueil : Ingres, Gérard, Delaroche, David.
Ceux-là s'abstiennent et se retirent, mais faut-il laisser tout
pouvoir à la médiocrité envieuse?
Oh monsieur ! je vous en conjure, au nom de l'art que vous
aimez et qui vous aime, séparez-vous de ceux qui porteraient
aussi un arrêt d'exclusion contre vos oeuvres de génie ; soyez
en aide à ce jeune homme qui mérite de marcher sur vos
traces.
Pour moi, qui vous admire dans vos ouvrages, je me ferais
un devoir comme un plaisir de proclamer à toutes les tribunes
où je puis élever la voix que vous avez tendu la main au
talent et donné un piédestal à la statue.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec la plus haute estime
et la plus parfaite considération,
Votre très humble et très dévoué serviteur.
P.-L. JACOB,
bibliophile.
DE DAVID DANGERS 311
Collection David d'Angers. — Duseigneur, statuaire de l'école
romantique, débuta au Salon de 1831, parle RolandJurieux, coulé en
bronze en 1866, et placé dans le jardin du Luxembourg après la
mort de son auteur. Le groupe dont il est parlé ici fit grand bruit
en son temps. La bizarrerie de la composition ne fut pas étrangère à
la curiosité dont l'oeuvre du statuaire fut l'objet. Paul Lacroix, le
bibliophile Jacob, qui intercède avec tant d'énergie en faveur de
Duseigneur était, croyons-nous, son beau-frère.
1833
X
Chaponnière à David.
De sculpteur à sculpteur.
Paris, 7 septembre 1832.
Monsieur,
J'aurais dû vous écrire plus tôt pour vous remercier de vos
bontés. Si je ne l'ai pas fait, c'est que j'espérais pouvoir bientôt
me présenter chez vous pour m'acquitter moi-même de ce
devoir; mais voyant chaque jour mon espoir déçu, et ne pré-
voyant pas le terme de mon séjour dans la maison de santé
où je suis actuellement, je ne veux pas tarder plus longtemps
à vous exprimer toute ma reconnaissance.
Vous avez eu la bonté d'écrire à M. le comte de Forbin au
sujet d'un groupe que j'ai exposé au dernier Salon; je suis
bien reconnaissant, Monsieur, de cette marque d'intérêt que
je voudrais avoir méritée, et flatté que vous ayez daigné remar-
quer un ouvrage qui, je le crains bien, ne mérite pas l'honneur
que vous avez bien voulu lui faire. Je regrette que l'encoura-
gement que vous avez eu la bonté de solliciter pour moi ne
dépende pas entièrement de votre volonté, car votre indul-
gence m'eût donné l'espoir d'une réussite que j'appelle de
tous mes voeux, mais dont je n'ose me flatter.
Dans tous les cas votre bonne intention me touche infini-
ment et je vous prie de recevoir mes sincères remerciements
ainsi que l'assurance de mon dévouement.
J.-E. CHAPONNIÈRE
312 DERNIÈRES LETTRES
Collection David d'Angers. —J.-E. Chaponnière avait exposé
au
Salon de 1831 deux groupes et un bas-relief. Cet artiste de grand
talent avait su attirer l'attention de David par ses ouvrages. Il remer-
cie le maître qui s'est fait son appui ; mais sa lettre est datée d'une
maison de santé. Cruel présage qui ne s'est que trop tôt réalisé.
XI
Eugène Devéria à David.
Une cabale.
1832 (?)
Mon cher David,
Je n'ai pu voir qu'hier Mademoiselle Boulanger qui m'a,
remis l'adresse de Louis que yoilà : « M. Boulanger à Mouchy-
le-Châtel (par Noailles), département de l'Oise. »
Elle m'a bien assuré qu'il n'avait aucune connaissance de
cette affaire, et qu'il en serait bien surpris et bien chagrin
quand il l'apprendrait.
Votre dévoué, DEVÉRIA.
Collection H. Jouin.
— David avait été l'objet d'attaques violentes
que son auteur n'avait pas signées. On lui nomma Louis Boulanger
comme responsable des articles qui le visaient. Il résolut de s'en
expliquer avec le peintre, et Devéria fut chargé de lui procurer
l'adresse de Boulanger, alors absent de Paris.
xn
Louis Boulanger à David.
Motte, Schnetz et Guérin. — Une calomnie.
XIII
Louis Boulanger à David.
Le mot de l'énigme.
1833
xrv
Célestin Nanteuil à David.
Auguste Préault.
1833.
Monsieur,
Je suis venu de la part d'Hugo pour vous réitérer encore
ses prières pour notre pauvre Préault. Il lui porte un
grand
intérêt et vous prie de faire pour lui tout ce qui sera en votre
pouvoir. J'ose aussi, quoique bien peu connu de vous, vous
prier également en sa faveur. Hugo pense qu'une lettre de
vous au jury feroit beaucoup. Enfin, nous laissons à votre
bonté le choix des moyens. C'est aujourd'hui que le jury s'as-
semble pour la sculpture (à 11 heures).
J'ai l'honneur de vous saluer,
Célestin NANTEUIL.
n'a
Collection H. Jouin.
— Préault, élève de David et de Moine,
cessé d'obséder son premier maître de supplications de toute nature,
soit directement, soit par intermédiaire, dans le but de faire admettre
ses ouvrages aux Salons ou d'obtenir des commandes. David ne par-
vint pas toujours à satisfaire son irritable disciple, et la plume mor-
dante de Préault n'est rien moins que juste lorsque l'occasion se pré-
sente à lui de parler de son maître. Voyez David d'Angers, etc.
(t. I, p. 35o,3Si,39é, 397, 547)-
316 DERNIÈRES LETTRES
l834
XV
Frédéric Tieck à Schelling.
Introduction chez le philosophe allemand.
Berlin, 23 octobre 1834.
XVI
Victor Hugo à David.
Auguste Préault.
9 février 1835.
Je suis accablé de travail, mon cher David. Je voulais cepen-
dant aller vous voir pour vous recommander les sculptures de
DB DAVID D'ANGERS 317
M. Préault qui vont passer par votre jury. Ne pouvant sortir,
je vous écris, ce qui rend le même service à M. Préault, mais
ne me fait pas le même plaisir.
C'est un jeune homme de talent, qui se tient aux choses
étudiées et sévères. Faites le plus possible pour lui. Je vous en
serre la main d'avance.
Victor HUGO.
P. S. J'ai quatre volumes à vous porter, et puis tous mes
hommages à Madame David.
Collection H. Jouin. — Ce que nous disons plus haut, à l'occasion
de l'intervention de Nanteuil, en faveur de Préault se trouve ici
justifié par la lettre de Victor Hugo.
XVII
Dur et à David.
Candidature à l'Institut.
13 décembre 1835.
Monsieur,
N'ayant point le bonheur de vous rencontrer, permettez-moi
au moins de vous exprimer combien j'ai été sensible à l'inté-
rêt que vous avez daigné me porter, en parlant pour moi à
l'Institut. L'honneur de votre suffrage que j'ambitionnais par
dessus tout me rend un peu d'espérance. Quel que soit mon
destin, permettez-moi, Monsieur, de vous offrir l'expression
de ma reconnaissance et de mon profond respect.
Votre très humble serviteur,
DURET.
Collection H. Jouin.
— Parmi les sculpteurs contemporains de
David, Duret est l'un de ceux qui ont toujours fait preuve de grande
justice à l'endroit du statuaire de Bonchamps et du général Foy. On
voit ici que David, de son côté, appréciait, à sa valeur, le talent de
Duret. David défendit la candidature de son confrère à l'Institut
dès 1835. Duret
ne fut élu que dix ans plus tard.
3l8 DERNIÈRES LETTRES
l83é
XVIII
Rauch à David.
Le sculpteur Rauch.
1837
XIX
Delacroix à David.
Le Fronton du Panthéon.
Le 9 août 1837.
Mon cher ami,
J'avais doublement le désir de vous voir depuis la visite que
je vous ai faite au Panthéon. D'abord pour voir votre atelier
et les ouvrages dont vous m'aviez parlé, ensuite pour vous
dire tout
ce que je pense de l'absurde niaiserie qu'on vous
suscite à propos de votre beau Fronton. J'aurais voulu vous
dire combien je
ressens l'injure qu'on vous fait, car c'en est
une des plus graves, et tout artiste jaloux de son art doit par-
tager un si juste ressentiment; mais j'ai été presque constam-
ment à la campagne et j'y retourne. Je suis mal portant et ai
besoin d'air.
HT r». x 11
J20 DERNIÈRES LETTRES
XX
David à François Grille.
Le Fronton du Panthéon. — Orientation politique.
Paris, Ier septembre 1837.
Mon cher ami,
La grande lutte, dont vous aurez sans doute eu connais-
sance, pour le Fronton du Panthéon, est terminée. On défait
l'échafaud! Tâchez, quand vous viendrez à Paris, de venir
voir mon ouvrage.
J'avais l'espérance de pouvoir aller passer une journée
auprès de vous pour causer des bonnes et patriotiques indica-
tions que vous m'avez données dans votre dernière lettre. Je
suis heureux que vous me jugiez digne d'exécuter quelques-
unes des pensées généreuses qui font battre votre coeur
patriote. Croyez que je répondrai toujours à votre appel. Si je
n'ai pas pu effectuer le projet que j'avais d'aller vous voir, le
motif se trouve tout naturellement dans l'immensité de tra-
vaux dont je suis encombré. Quand vous les verrez, ce sera
mon excuse.
DE DAVID D'ANGERS 321
Il est très probable que nous touchons à de nouvelles élec-
tions. Si vos idées ne sont pas changées à mon égard, servez-
moi avec toute la chaleur de votre coeur auprès de vos hono-
rables parents d'Angers qui m'ont montré tant d'intérêt il y
a quelques années, aux élections dernières. Il est bien impor-
tant que mes amis fassent bien comprendre, à la masse des
électeurs, que je suis patriote de coeur et de profonde convic-
tion ; que ma vie sera toujours consacrée à la sainte cause de
la liberté, mais que je la veux sage et calme, et appuyée sur les
lois qui font sa seule force.
Vous concevez bien, mon ami, que voulant changer les
idées de mes compatriotes à mon égard, on a dit bien des
faussetés qui tomberaient bien vite, si ma vie était mieux
connue à Angers. C'est, je le répète, à mes amis que je laisse
ce soin, qui ne. leur sera pas
difficile à remplir puisqu'ils n'ont
que la vérité à faire connaître.
Vous savez, mon ami, que ma place est fixée dans les arts;
que je ne puis pas être soupçonné d'avoir aucune ambition
de
fonction rétribuée.
Ainsi, je suis totalement indépendant par mon caractère et
par ma position. Si je recherche l'honneur de la députation,
c'est qu'il me serait bien doux de recevoir une telle marque
d'estime de mes concitoyens, puisqu'un homme indépendant
et inflexible à la Chambre pourrait être de quelque utilité, et •
enfin que les artistes y auraient un défenseur, qui ne serait
peut-être pas inutile lorsque l'on discute le budget des arts.
Faites ce que votre amitié et votre conscience vous conseil-
leront.
Dans tous les cas, croyez à mon inaltérable amitié.
DAVID.
Collection Grille.
— Les difficultés que
David avait rencontrées de
la partde Thiers et de Montalivet, au sujet du Fronton, devaient lui
faire désirer d'entrer à la Chambre des députés où il fortifierait l'op-
position. Le rêve du statuaire ne se réalisa qu'en 1848. La lettre
qu'on vient de lire renferme une profession de foi.
322 DERNIÈRES LETTRES
l837
XXI
David à de Potter.
Le profil de Lelewel. — Le Fronton du Panthéon.
xxu
Alexandre Decamps à David.
Préault et le monument d'Armand Carrel.
1838
xxni
Isabey père à David.
Candidature à l'Institut.
xxrv
Alexandre Decamps à Préault.
Toujours Préault.
XXV
M"e Sarazin de Belmont à David.
Services reçus.
juin 1838.
Monsieur,
J'éprouve le besoin de vous témoigner toute ma reconnais-
sance pour les lettres que vous avez eu la bonté d'écrire en ma
faveur à diverses personnes qui honorent aujourd'hui l'Alle-
magne par leur talent. Croyez bien, Monsieur, que si je
n'avais pas été au moment du départ, j'aurais saisi avec
empressement cette occasion de connaître personnellement un
homme dont j'admire depuis tant d'années Tes grands et beaux
ouvrages, et c'est avec regret que je me vois forcée de remettre
ma visite à l'hiver prochain.
M. Lenormand, qui déjà avait bien voulu me montrer qu'il
prenait intérêt à mes travaux, ne pouvait mieux ajouter à la
reconnaissance que j'ai pour lui, qu'en me donnant l'occasion
de vous assurer, Monsieur, de celle que j'ai pour toute votre
obligeance et les sentiments de haute estime et de considéra-
tion distinguée de votre servante.
L.-J. SARAZIN DE BELMONT.
Collection H. Jouin.
— Louise-Joséphine Sarazin de Belmont, peintre
et lithographe, morte en 1871, à quatre-vingts ans, était d'humeur
voyageuse. Elle a longtemps vécu en Italie. La lettre qui précède
nous apprend qu'elle fit un vovage en Allemagne en 1838. Dési-
reuse d'être accréditée auprès des artistes de ce pays, elle sollicita de
David quelques lettres d'introduction. Le statuaire s'empressa de
déférer à ce désir, sans d'ailleurs connaître personnellement Mlu de
Belmont.
DE DAVID D'ANGERS 327
1839
XXVI
David à Hawke.
La Cathédrale d'Angers.
Paris, 24 avril 1839.
Monsieur,
J'ai été bien vivement touché de votre bon et honorable
souvenir. Je ne puis vous rendre toute l'expression de ma
reconnaissance pour votre bonne lettre et pour la gravure si
belle de notre Saint-Maurice d'Angers.
Il y a bien longtems que j'admire vos ouvrages. Vous êtes,
Monsieur, un grand artiste, et vous joignez à ce mérite celui
de posséder un noble caractère. Vous aimez de passion la
liberté et vous désirez de toute votre âme l'émancipation
totale du genre humain. Nous sommes donc frères en religion,
car ce que vous voulez pour le bonheur de vos frères, je le
veux aussi.
Tant de liens entre nous font que je vous ai voué une
amitié et une estime profonde.
A vous de tout coeur. DAVID.
Collection Hawke.
— Pierre Hawke, peintre et graveur, a longtemps
habité Angers. La gravure à l'eau-forte « la Cathédrale d'Angers »
fut exposée par lui au Salon de 1841. Nous avons lieu de penser,
d'après la lettre qui précède, que cette planche date de 1839, car les
mots « Notre Saint-Maurice » sont la désignation familière et toute
angevine de l'eau-forte en question. Hawke ne dédaignait pas de s'oc-
cuper d'économie sociale. Il dut soumettre à David quelque système
de réforme qui séduisit le sculpteur.
XXVII
Carrier à David.
La statue du jeune Barra.
Paris, avril 1839.
Mon cher David, je ne résiste pas au désir de vous exprimer
tout ce que m'a fait éprouver de douleur et d'admiration votre
328 DERNIÈRES LETTRES
jeune Barra. C'est pour moi le nec plus ultra de l'art, sorti du
plus profond sentiment d'une âme grande et élevée. Cette
nature saisissante vous émeut jusqu'au fond du coeur. Je suis
resté deux heures devant, sans pouvoir m'en éloigner que pour
y revenir encore. Si je n'avais été très souffrant, je serais allé
aussitôt vous serrer la main et vous témoigner tout ce que je
pense. J'espère que ce n'est différé que jusqu'au premier jour.
Tout à vous de coeur.
J.-A. CARRIER.
Collection H. Jouin.
— Auguste-Joseph Carrier, peintre en miniature,
élève de Prud'hon et de Gros, rend justice au talent de David, en
termes très justes, au sujet du jeune Barra. Le marbre fut exposé au
Salon de 1839 (n° 2171). Voy. Musées d'Angers (p. 108).
xxvm
David à Hawke.
L'autel de la Patrie.
1840
XXIX
Brion à David.
De statuaire à statuaire.
184I
XXX
David à François Grille.
Le « Siège d'Angers. »
1842
XXXI
David à Experton.
Un refus au Salon.
xxxn
David à Balzac.
La médaille du romancier.
XXXIII
David à François Grille.
La médaille de Pierre Haudaudine.
xxxrv
David à François Grille.
Le Roi René. — Beaurepaire.
1844
XXXV
Eugène Delacroix à David.
Le cours de perspective à l'École des Beaux-Arts.
Ce 26 septembre 1844.
...
Mon cher ami,
L'Académie aura peut-être lieu prochainement de nommer
a la place de professeur suppléant de perspective à
l'École. Je
prends la liberté de vous demander votre voix et même vos
recommandations auprès de vos confrères pour M. Forestier,
professeur de perspective, très habile dans cette partie et
connu de tous les artistes, et très intéressant en outre par sa
position de père d'une famille nombreuse. Vous ne ferez que
336 DERNIÈRES LETTRES
XXXVI
David à Balzac.
Le buste du romancier.
XXXVII
Duret à David.
Le Monument des Invalides.
xxxvni
David à Balzac.
A huis clos.
XXXIX
David au maire d'Angers.
Ferdinand Taluet.
1847
XL
David à François Grille.
Robert le Fort et Beaurepaire. — Un portrait de Danton.
I848
XLI
David à François Grille.
Le « Premier bataillon de Mayenne et Loire ». — Beaurepaire.
XLÏÏ
Grenier à David.
*~)étresse d'artiste.
29 février 1848.
Mon cher ami,
Je suis allé hier pour te voir et n'ayant pu parvenir jusqu'à
toi, je prends le parti de t'écrire de nouveau pour te mettre au
fait de la position où je me trouve. Après avoir élevé et donné
à mes enfants le plus d'éducation possible, et travaillé toute ma
vie, je me trouve à présent privé du peu d'économies que
j'avais pu faire et que j'avais placées dans les chemins de fer.
La personne avec laquelle je faisais des affaires ayant quitté le
commerce, ma position est devenue tellement précaire que je
ne puis la considérer sans une vive inquiétude, surtout dans
ce moment où les arts vont nécessairement rester en souffrance
pendant quelque temps. Je vois tant de places données de tous
côtés et tant de changements, que je me décide à solliciter à
mon tour, et je m'adresse à toi aqprès duquel je puis espérer
un appui qui m'est bien nécessaire. On me dit que la place de
l'école gratuite de dessin est vacante. Si cela est, je serais
bien heureux de l'obtenir. Dans le cas contraire, sois assez
bon, mon cher camarade, pour tâcher de me caser à Paris dans
une place quelconque, soit comme conservateur d'un musée,
ou du moins de me faire accorder une indemnité de logement
qui m'aide un peu à vivre. Je n'ai rien eu du gouvernement
qui vient de s'écrouler. On ne m'a jamais vu à la Cour. Je n'ai
pas sollicité, et ce sera sans doute un titre de recommandation
près de la République, dans le cas où elle accorderait des
demandes de tableaux, et j'ai vraiment grand besoin qu'elle
me porte assistance, car je ne sais pas comment je ferai si elle
ne vient à mon secours. Je mets donc mes intérêts dans tes
mains, mon cher ami, et je suis sûr de réussir si tu veux
m'aider. Je t'en garderai une éternelle reconnaissance. J'aurais
grand désir de te voir pour t'expliquer de vive voix tous mes
ennuis, et je compte sur ton amitié pour m'accorder un
instant.
344 DERNIÈRES LETTRES
XLV
Grenier à David.
Requête au maire.
mars 1848.
Mon vieux camarade,
Je veux être un des premiers à te féliciter de la place où
vient de t'appeler le Gouvernement provisoire de la Repu-
346 DERNIÈRES LETTRES
XLVI
Arsène Houssaye à David.
Candidature électorale.
Paris, avril 1848.
Mon cher Michel-Ange,
Je vais partir pour les élections de l'Aisne où je suis appelé.
J'y retrouverai mon ami Bergeron, mais je veux emporter
quelques lettres : une de vous, une de Lamartine, d'autres
de noms moins glorieux, mais non moins dignes.
Ma profession de foi se termine par ces mots : Vivre et mourir
pour la République! J'espère donc avoir le suprême honneur de
travailler avec vous à la régénération sociale. Aidez-moi, vous
DE DAVID D'ANGERS 347
qui êtes si digne par le coeur et par l'esprit. Un seul mot d'en-
couragement, je l'emporterai comme une espérance; vous avez
là-bas des amis inconnus, j'aurai le droit matériel de me dire
votre ami devant eux.
Salut, salut et fraternité.
Ar. HOUSSAYE.
Collection Er. Lemaître. — Cette lettre, qui nous est communiquée
par M. de Lovenjoul, a été publiée en 1890, dans une brochure de
M. Arsène Houssaye, ayant pour titre : « Une candidature en 1848. »
Cette brochure, nous écrit M. de Lovenjoul, imprimée à Laon, n'a
été tirée qu'à six exemplaires. Cela s'appelle une édition à a petit
nombre ».
XLVII
De Pignerolle à David.
Blessé aux « Journées de juin ». — Le Musée d'Angers.
XLVin
Texier à David.
Le Musée de sculpture.
Le i" août 1848.
Monsieur et ami,
Je ne vous ai pas remercié plutôt de votre lettre amicale,
parce que j'ai voulu avant tout donner suite à ma demande au
ministre, et comme j'espère bien que vous voudrez m'appuyer,
je vous remets copie de ma lettre pour que vous puissiez le
faire en connaissance de cause :
« M. le Ministre,
« Le comte de Clarac, conservateur des Antiques du Musée
du Louvre, commença, il y a déjà bien des années, un ouvrage
d'une grande utilité pour les beaux-arts, intitulé : Musée de
sculpture antique et moderne.
« Cette publication a occupé la dernière moitié de sa vie et
absorbé sa fortune. Il venait de corriger les dernières épreuves
de la 13e livraison, lorsque, le 20 janvier 1847, la mort est
venue l'enlever à la science.
« Associé dès l'origine à l'oeuvre de M. de Clarac, comme
DB DAVID D'ANGERS 349
collaborateur graveur, et chargé de la publication, je n'ai pas
voulu la laisser inachevée : la 13e livraison a été éditée. J'ai
mis la main aux deux dernières livraisons qui doivent com-
pléter l'ouvrage et qui sont nécessaires pour que le fruit de
tant d'études et de sacrifices ne soit pas perdu pour le pays.
« Seul dépositaire des plans,
des dessins et des notes de
M. de Clarac, je n'ai pas hésité à me rendre acquéreur d'un
ouvrage que je pouvais seul terminer. Mon avoir était trop
modeste pour y suffire ; mais j'ai pensé que l'Administration
ne me refuserait pas un appui éclairé pour l'achèvement d'un
travail véritablement utile aux beaux-arts et qui, d'ailleurs,
touche à son terme. Très peu de temps avant sa mort,
M. de Clarac avait demandé verbalement à M. le Ministre de
l'Instruction publique d'aider à la continuation de l'ouvrage
au moyen de nouvelles souscriptions. Son dévouement à la
science méritait cette haute faveur; sa mort inopinée, en
interrompant ses démarches, a suspendu la décision de l'Ad-
ministration. C'est sur cette demande, M. le Ministre, que
je viens aujourd'hui appeler votre attention. Les mêmes
motifs existent toujours de l'accueillir. Le Gouvernement
pourroit trouver un utile emploi des exemplaires de l'ouvrage
pour les bibliothèques départementales ; en outre cette subven-
tion auroit pour résultat d'assurer du travail et un salaire à
un grand nombre de dessinateurs, graveurs, littérateurs,
imprimeurs et marchands de papier. Enfin, M. le Ministre,
il ne s'agit pas pour moi d'une spéculation ; la publication de
l'ouvrage m'a coûté et me coûtera encore beaucoup; mais je
suis soutenu et encouragé par cette pensée qu'en continuant
l'oeuvre de mon savant ami, je poursuis un but essentiellement
utile aux arts et à ceux qui les cultivent.
« Veuillez ne pas perdre de vue cette considération et agréer
les respects, etc. »
XLLX
Forster à David.
Les graveurs en 1848.
Paris, le 9 août 1848.
Mon cher collègue,
Dans une récente réunion générale des artistes graveurs, on
a exprimé, en nobles termes, la gratitude de ses membres
pour ce que vous avez fait dans l'intérêt des arts et des artistes.
De plus, cette assemblée m'a chargé de vous prier d'user de
votre haute et légitime influence pour que dans l'emploi des
200.000 fr. décrétés pour les beaux-arts, celui de la gravure
soit reconnu. Hélas ! je puis vous le certifier, jamais les artistes
graveurs n'ont été si malheureux, un grand nombre sont dans
une navrante misère. Intervenez en leur faveur, je vous en
prie, et croyez-moi
Votre affectionné. FORSTER.
DE DAVID DANGERS 35 I
CollectionH. Jouin. — L'intervention généreuse de François
Forster, membre de l'Institut, en faveur des graveurs est à son éloge.
L
Guersant à David.
Le buste de Quintilien.
1849
LI
Ducoux à David.
La statue de Papin. — Loison et Calmels.
LU
I850
Lin
Ducoux à David.
LTV
David à Morey.
Monument de Drouot. — Symbolisme des piédestaux.
1850.
Cher Monsieur Morey,
J'ai reçu en même tems que votre lettre celle de M. le
Maire qui me dit que votre dessin du piédestal a été adopté à
l'unanimité par les membres du Conseil municipal et qui m'en-
joint de me conformer aux dimensions que vous m'avez don-
nées.
A l'égard des bas-reliefs, je me suis occupé de leur composi-
tion. Les sujets de la Bataille et du Triomphe du jeune Drouot,
lors de son examen devant La Place, peuvent avoir i m. 20 de
largeur sur 1 m. de hauteur. Le sujet devant représenter
Drouot vieux au milieu de ses amis, et donnant de l'argent à des
Religieuses sera plus difficile à composer. Cependant, comme
j'ai l'intention d'indiquer l'intérieur de la chambre du général,
cela m'aidera à remplir l'espace qui restera libre au dessus des
têtes des personnages, ceux-ci devant avoir la même dimension
que ceux des deux autres bas-reliefs. A cet effet, vous m'obli-
gerez infiniment de me donner un croquis de l'intérieur de
cette chambre et de me dessiner un costume de Religieuse.
Puisque vous voulez bien me demander mon avis sur votre
dessin du piédestal, je vous répondrai franchement que je le
trouve de bon goût, mais je crois qu'il conviendrait mieux à
un monument destiné à un poète, à la statue de Callot, par
exemple. Selon moi, le piédestal d'un monument doit donner
l'idée du caractère moral de l'homme dont il est appelé à porter
la statue.
Les militaires, surtout les artilleurs, sont des hommes au
caractère grave et austère. La forme carrée fait naître une
impression de grandiose simplicité. Je sens que vous avez
voulu indiquer que la ville de Nancy, ayant à honorer la
mémoire de l'un de ses illustres enfants, devait mettre toute la
richesse la plus splendide dans sa manifestation. Cependant, à
356 DERNIÈRES LETTRES
LV
David à Gigoux.
Le tombeau de Balzac.
1850 (?)
Cher am.,
Un rhume très opiniâtre m'a forcé de garder la chambre,
de ne voir personne afin de ne pas être obligé de parler pour ne
pas irriter les bronches. Voilà la raison qui m'a empêché d'aller
vous voir.
A l'égard du buste de Balzac, je vous engage à faire exécuter
un moule sur le marbre, par le mouleur Daguet, rue Guéné-
gaud, près la Monnaie, et ensuite à faire couler un bronze,
par M. Simonet, rue de la Perle, n° 22, au Marais. Il sera très
accommodant avec vous, soyez-en certain (en venant de ma
part).
Le modèle en plâtre qui a servi à l'exécution du marbre
est tellement détérioré qu'il est impossible de s'en servir
pour couler un bronze.
A bientôt, cher ami ; mille amitiés de tout coeur.
DAVID D'ANGERS.
Collection Lovenjoul. Balzac étant mort en 1850, sa veuve eut
—
la pensée d'ériger sur la tombe du romancier une réplique, en
bronze, du buste exécuté par David quelques années auparavant. Le
358 DERNIÈRES LETTRES
1851
LVI
Auguste Hesse à David.
Hesse candidat à l'Institut.
18 février 1851.
Mon cher Monsieur David,
Je suis malade au lit. J'espère que je reprendrai bientôt mes
occupations, mais en attendant on fait des visites, et moi je suis
cloué à la maison !
Très peu de personnes me reconnaissent quelque talent.
Vous seul, mon cher Monsieur David, avez eu l'obligeante
amitié de vous rappeler de mes travaux ; aussi vous en aurai-je
toujours une grande reconnaissance.
Votre très dévoué et affectionné sarviteur.
Auguste HESSE.
Collection H. Jouin.
— Nicolas-Auguste Hesse se porta candidat à
l'Académie des Beaux-Arts en remplacement de Michel-Martin
Drolling mort le 9 janvier 1851. Alaux l'emporta sur Hesse. Celui-ci
ne fut élu que le 3 1 octobre 1863 en remplacement de Delacroix.
1852
LVII
Simart à David.
Candidature à l'Institut.
juillet 1852 (?).
Monsieur,
J'ai su toute la sympathie que vous avez bien voulu avoir
pour moi au moment où j'éprouvais la perte la plus cruelle.
Dans cette situation, il ne m'a pas été possible d'accomplir
les formalités suivies ordinairement par les artistes qui se pré-
DE DAVID D'ANGERS 359
sentent à l'Institut. Vous ne m'en avez pas moins donné votre
appui pour me faire porter sur la liste des candidats. Croyez,
Monsieur, que j'en suis profondément touché, et que je
sens, que j'apprécie tout ce que vaut l'estime d'un artiste de
votre mérite et de votre caractère. Croyez bien que je m'ef-
forcerai de m'en rendre digne.
Veuillez donc, Monsieur, agréer l'expression de la recon-
naissance de votre très obéissant serviteur.
SIMART.
CollectionH. Jouin. — Le commentaire de cette lettre ne laisse
pas de nous embarrasser. Simart fait
allusion, dans les lignes qui
précèdent, à la mort de sa première femme, fille de Jay, architecte,
professeur à l'Ecole des Beaux-Arts. Il parle en même temps de sa
candidature à l'Institut. A quelle date précise est morte Mme Simart ?
Gustave Eyriès, qui a consacré au statuaire une importante biogra-
phie de 600 pages in-8, a systématiquement banni toute date de
son ouvrage. Relisez les pages 288-289, vous y trouverez de curieux
détails sur la mort de Mmc Simart, mais sans aucune indication
chronologique. D'un autre côté, Simart est entré à l'Institut en
remplacement de Pradier, mort à Bougival, le 4 juin 1852. Il serait
aisé d'admettre que Mme Simart soit morte cette même année et que
son mari se soit vu empêché par son deuil de faire les visites accou-
tumées. Mais, s'il en a été ainsi, la lettre de Simart à David ne s'ex-
plique plus. En effet, en 1852, David était en exil. Nous avons
publié, dans David d'Angers et ses relations littéraires, une lettre du
statuaire écrite de Képhissia, le 18 juillet 1852, et dans laquelle
l'auteur de Philopoemen parle précisément de la mort de Pradier.
Dans ces conditions, David n'a dû avoir aucune influence sur ses
collègues de l'Institut relativement à l'élection de Simart. Nous
sommes en présence d'une énigme.
LVIII
Armand Toussaint à Mme David d'Angers.
Inauguration des monuments de Bernardin de Saint-Pierre et de
Casimir Delavigne au Havre.
Paris, le 23 août 1852.
Madame,
Si je n'ai pas répondu plus tôt à votre première lettre, c'est
que je ne suis rentré à Paris que samedi dernier, ayant séjourné
360 DERNIÈRES LETTRES
LIX
Simart à Mme David.
7 décembre 1852.
Madame,
J'ai entendu dire, par quelques-uns de mes confrères de
l'Institut, que M. David devait se retrouver au milieu de nous
dans le courant du mois de janvier. Je viens vous demander,
Madame, de vouloir bien me confirmer cette bonne et heu-
reuse nouvelle qui nous rendrait non seulement l'artiste émi-
nent que nous admirons tous, mais encore le coeur noble et
sincère auquel je suis pour ma part bien fortement attaché.
Veuillez agréer, etc.
SIMART.
Collection H. Jouin.
— Simart, nous venons de l'écrire, était entré
à l'Institut le 24 juillet 1852.
3Ô2 DERNIÈRES LETTRES
I856
LX
Victor Hugo à Mme David.
Collection J. Brivois.
— Nous avions supposé que les mots « cette
noble tête » s'appliquaient au buste du poète que Mmc David, peu
après la mort de son mari, restitua à Victor Hugo. Une note dans
ce sens a paru sous notre nom dans l'Intermédiaire. Nous avons été
contredit par des admirateurs du poète qui se sont effrayés de cette
parole orgueilleuse. Il ne nous coûte pas de chercher une autre
explication. Mme David fit parvenir aux amis de son mari une pho-
tographie très expressive dont s'est inspiré M. Hébert pour la com-
position du portrait de David exposé par lui en 1867. Il se peut
que Victor Hugo réponde ici à l'envoi de cette photographie. Victor
Hugo a parlé de David dans Napoléon le petit, mais, en 1856, l'ex-
pression mon dernier livre » ne saurait s'appliquer à ce pamphlet.
<x
APPENDICE
SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES
Nous avons signalé dans nos divers écrits sur David d'Angers un
nombre important de sources bibliographiques, livres, brochures,
journaux. Mais on sait combien il est malaisé de ressaisir à point
les articles, souvent circonstanciés, dispersés dans les publications
périodiques. Combien plus difficile encore est le recolement des
études et notices parues en province ! Une liasse de vieux journaux
conservés par David dans le fond de quelque tiroir nous échoit.
Nous parcourons anxieusement ces pièces, de valeur inégale, dont
nous n'avons pu profiter lors de la composition de notre biographie
du maître. Mais rien n'est perdu. Un homme d'esprit a dit que les
livres d'histoire devaient être recommencés au bout de cinquante
ans. A ce compte, notre étude parue en 1877 tentera la plume de
quelque écrivain dans trente-deux ans. L'édition première sera-
t-elle épuisée ? Mystère ! Mais ce qui ne fait pas doute, c'est que le
biographe de David aura disparu. Laissons donc à celui qui vient, et
que nous ne connaissons pas, les documents qu'il aurait quelque
peine à découvrir. Qui sait s'il ne nous saura pas gré de cette
attention !
Dans le relevé qui va suivre, nous grouperons d'abord les études
ayant un caractère biographique, puis nous donnerons place aux
articles de critique, en les réunissant sous le titre de l'ouvrage
auquel ils se rattachent.
H. J.
DOCUMENTS BIOGRAPHIQUES
PROSE
LA FAYETTE
Figaro du 25 mars 1829.
CUVIER
(Statue érigée à Montbéliard.)
Affiches d'Angers, n° du 8 octobre 1835.
LE FRONTON DU PANTHÉON
SAINTE CÉCILE
du Ier mars 1836. Article non signé. — N» du
Affiches d'Angers, nOJ
17 mars 1836. Stances par Adrien Maillard. — N» du 7 août 1838. Article
de Victor Pavie.
LE JEUNE BARRA
AMBROISE PARE
GUTENBERG
fourmi de Béliers, nos des 18 juin 1841 et 5 août 1842. Articles non
signés.
BICHAT
(Monument érigé à Bourg.)
HAUDAUDINE
Le Régulus nantais.
(Voir plus haut lettre du 27 jutllet 1843, p. 333.)
en bronze que m'a montré Mme Vv« Perchais, qui demeure rue du Calvaire,
n° 24, maison de la Brosserie (fabrique de brosses), et dont le mari fut l'un
des héritiers d'Haudaudine. Il me vient un soupçon : au lieu d'un médail-
lon, ne serait-ce point plutôt une statuette qu'aurait exécutée David"} En
tout cas, ce travail, quel qu'il soit, ne doit pas dater de 1829, car je tiens
de feu M. Sotta, à qui l'on doit les deux portraits peints du « Régulus nan-
tais » existant aujourd'hui, que jamais le modèle n'avait posé devant un
artiste avant 1843, époque où il y travailla. Haudaudine avait alors 85 ans,
il ne se souciait même pas de se laisser peindre, ce furent les Perchais et
les Vauversy, ses neveux, qui l'y déterminèrent. Voilà ce que je puis vous
dire comme le tenant de M. Sotta, que j'allai voir lorsque je m'occupais de
la notice d'Haudaudine. »
M. Dugast-Matifeux, toujours bien informé sur les questions d'art en ce
qui concerne la région nantaise, est, cette fois, dans l'erreur lorsqu'il sup-
pose que David aurait modelé une statuette d'Haudaudine et non une
médaille. David est explicite sur ce qu'il a fait. Sotta n'est pas mieux ren-
seigné lorsqu'il avance que le « Régulus nantais » n'aurait posé devant
aucun artiste antérieurement à 1843. Haudaudine, s'il a tenu le propos que
lui prête Sotta, ne s'est pas souvenu de la séance obligeamment accordée
par lui à David en 1825. On trouvera d'intéressants détails sur Haudaudine
dans l'ouvrage Souvenirs d'un vieux Nantais, 1808-1888. NANTES, 1888,
1 vol. in-i2, cart. 265 pag., fig. (Tiré à un très petit nombre d'exem-
plaires.) Le peintre Sotta, mort à Nantes il y a près de quinze années, fut le
premier maître d'EHe Delaunay.
NOTES COMPLEMENTAIRES
ORDRES FRANÇAIS OU ÉTRANGERS CONFÉRÉS A DAVID
CO-
SIGNES ET ABRÉVIATIONS :
ACADÉMIE — ANGERS
Henry JOUIN.
31 décembre 1893.