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Qu'est-ce que la Ruqya ? Quelle Ruqya est-elle autorisée ?

maison-islam.com/articles/

Anas 14 septembre
2008

Question :
L'islam reconnaît-il l'effet de l'incantation prononcée sur des malades, des ensorcelés ou
des blessés ?

-
Réponse :
Il faut d'abord se mettre d'accord sur ce qu'on entend par "incantation".

Le Prophète (sur lui la paix) a reconnu l'effet de la ruqya.

-
La ruqya est en fait un soin (mu'âlaja) d'un type un peu
particulier :
En effet :
- il y a le soin qui est d'ordre matériel ;
- alors que la ruqya est un soin d'ordre "spirituel" : elle consiste à réciter des paroles
sacrées et/ou des invocations sur la personne malade/ à protéger ou sur le membre
malade/ à protéger.

C'est parce qu'elle est un soin (mu'âlaja) qu'il est autorisé de toucher un salaire en
échange de la ruqya, alors que toucher un salaire en échange d'une simple récitation du
Coran ou d'une simple invocation en faveur d'une personne n'est pas autorisé (lire notre
article).
C'est aussi parce qu'elle est un soin qu'il est autorisé d'avoir recours à des ruqya qui
n'ont pas été enseignées par le Prophète, à condition bien sûr qu'elles ne contiennent
rien de shirk.

-
Comment explique-t-on que la simple récitation d'une parole
sur le malade puisse agir sur sa maladie physique ?
L'effet de la ruqya est dû au fait que la prononciation de certaines formules produit un
effet sur l'être humain, par le biais de son âme (Hujjat ullâh il-bâligha, 2/525).

La conception de l'islam est que le corps et l'âme sont deux réalités distinctes mais non
pas coupées l'une de l'autre : l'homme est plutôt considéré comme un tout (c'est ce
qu'en Occident on nomme de plus en plus : "une conception holiste de l'être humain" –
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du mot grec "holos").
Bien évidemment, la totalité des affectations touchant le soma (le corps) ne peuvent
absolument pas être soignées par le biais d'un simple effet sur le psyché (âme). Il est
certaines affectations, cependant, qui peuvent l'être.

Ibn ul-Qayyim écrit ainsi : "Dieu a créé dans les corps et dans les âmes des natures et des
énergies différentes (…) ; un homme intelligent ne saurait nier l'effet des âmes sur les corps"
(Zâd ul-ma'âd 4/166 ; voir aussi pp. 126-127).

C'est ce qui explique que si le Prophète a recommandé le traitement par le recours aux
médicaments matériels (les hadîths sont bien connus), il a aussi eu parfois recours à un
traitement mêlant le remède matériel et la ruqya : c'est de la sorte qu'il se soigna une
fois de la morsure d'un scorpion (rapporté par at-Tirmidhî, n° 2905 ; voir le commentaire
de Ibn ul-Qayyim : Zâd ul-ma'âd tome 4 p. 180).

Il faut ici rappeler que l'utilisation de toute ruqya (qui est en soi autorisée) requiert qu'on
ne se mette pas à croire que la ruqya agit d'elle-même ou agit de façon certaine. Il faut
croire que c'est un moyen (sabab), mais que c'est Dieu qui décide (Mussabbib ul-asbâb).

-
La ruqya ne serait-elle autorisée que pour se préserver / se
soigner du mauvais oeil ou d'une piqûre d'insecte ?
Le fait est que voici ce qu'on lit dans deux hadîths :
--- "‫ ﻻ رﻗﻴﺔ إﻻ ﻣﻦ ﻋﻴﻦ أو‬:‫ أن رﺳﻮل اﻟﻠﻪ ﺻﻠﻰ اﻟﻠﻪ ﻋﻠﻴﻪ وﺳﻠﻢ ﻗﺎل‬،‫ﻋﻦ ﻋﻤﺮان ﺑﻦ ﺣﺼﻴﻦ‬
‫ "ﺣﻤﺔ‬: "Pas de ruqya sauf par rapport au mauvais oeil ou à une piqûre" (at-Tirmidhî,
2057, Abû Dâoûd, 3884).
--- "،‫ واﻟﺤﻤﺔ‬،‫ رﺧﺺ رﺳﻮل اﻟﻠﻪ ﺻﻠﻰ اﻟﻠﻪ ﻋﻠﻴﻪ وﺳﻠﻢ ﻓﻲ اﻟﺮﻗﻴﺔ ﻣﻦ اﻟﻌﻴﻦ‬:‫ ﻗﺎل‬،‫ﻋﻦ أﻧﺲ‬
‫ "واﻟﻨﻤﻠﺔ‬: "Le Prophète a autorisé la ruqya par rapport au mauvais oeil, à une piqûre ou
à des démangeaisons ("namla")" (Muslim, 2196).

Non, la ruqya est autorisée pour soigner ou se préserver de bien d'autres choses que ces
deux ou trois maux.

Quant à ces hadîths :


– Soit le Prophète y a seulement voulu dire si recours à la ruqya il y a, c'est dans ces trois
cas de figure que cela est particulièrement justifié, bien que cela soit également autorisé
pour d'autres cas de figure.
– Soit il s'agit, dans ces hadîths, non pas de ruqya mais de istirqâ', et il s'agit seulement
d'un caractère recommandé : ces hadîths signifient qu'il est légèrement déconseillé de
faire une istirqâ', sauf dans ces 3 cas, où cela est entièrement permis (nous y reviendrons
plus bas).

-
Quel contenu de ruqya est-il autorisé ?
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Il n'est légal de réciter, en tant que ruqya, que :
– des passages du Coran (et non pas d'un livre religieux non islamique) ;
– ou des formules qui s'adressent explicitement à Dieu, Lui demandant telle chose ou
telle protection.

La ruqya de ce second type est un soin (mu'âlaja) qui contient une invocation (du'â).
Cependant, elle est différente de l'invocation pure :
--- l'invocation (du'â) pure est adressée à Dieu directement (on peut, ce faisant, lever les
deux mains ou ne pas le faire) ;
--- la ruqya qui est une invocation, elle, est bien sûr adressée à Dieu directement, mais
elle est aussi "récitée" sur la personne que l'on veut en faire bénéficier :
----- parfois on récite la formule adressée à Dieu puis on souffle sur le malade ;
----- d'autres fois on récite puis on souffle dans ses paumes puis on les passe sur la partie
du corps à préserver ou à soigner, etc. (Zâd ul-ma'âd 4/177-180).

La ruqya qui est une invocation est, en tant qu'invocation, assujettie aux règles de l'islam
concernant les invocations : aucune demande formulée à autre que Dieu n'est autorisée.

– 1) Il y a des formules de ruqya enseignées explicitement par le Prophète :


Ainsi en est-il de "A'ûdhu bi kalimât illâh it-tâmmâti min kulli shaytânin wa hâmma, wa
min kulli 'aynin lâmma", que le Prophète utilisait comme ruqya pour ses deux petits-fils
(al-Bukhârî, 3191).
Il arrive aussi qu'un passage du Coran soit récité en guise de ruqya, comme les sourates
al-Falaq et an-Nâs, dont la lettre même consiste en une demande de protection
adressée à Dieu.
Parfois c'est même un passage du Coran dont le contenu est tout autre qui est récité en
guise de ruqya : ainsi en est-il de la sourate al-Fâtiha, dont le Prophète a enseigné
qu'elle est (comme son contenu l'indique clairement) une demande adressée à Dieu, un
échange intime entre Dieu et l'homme (Muslim, 395), mais dont le Prophète a aussi
approuvé la récitation sur un malade, par Abû Sa'îd, en tant que ruqya (al-Bukhârî, 2156,
Muslim, 2201).
La même chose peut être dite au sujet de âyat ul-kursî : il s'agit d'un verset glorifiant
Dieu, mais le Prophète a enseigné que sa récitation servait de protection contre les
démons (le hadîth est bien connu).

-
– 2) Et est-il permis d'avoir recours à des formules de ruqyâ qui n'ont pas été
enseignées par le Prophète ?
La réponse correcte ici est : Cela dépend.

Il faut savoir que le Prophète parla un jour de l'interdiction du recours aux ruqya ; il
voulait parler des ruqya qui s'adressent à autre que Dieu ; mais les gens de la famille de
'Amr ibn Hazm se méprirent sur le sens de son propos, vinrent le rencontrer et lui dirent
: "Nous pratiquions une ruqya contre la piqûre de scorpion, mais tu as interdit la
ruqya". Ils lui présentèrent alors leur ruqya. Le Prophète, ayant pris connaissance de son
contenu, dit alors : "Je n'y vois pas de problème. Celui qui peut apporter un profit (naf')
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à son frère, qu'il le fasse" (Muslim, 2199). Une autre fois il dit : "Présentez-moi vos
ruqya. Il n'y a pas de problème dans les ruqya tant qu'elle ne contiennent pas de
(parole de) shirk" (Muslim, 2200). Voyez : des personnes détenaient des formules de
ruqya qui n'avaient pas été formulées par le Prophète, et le Prophète en vérifia le
contenu pour s'assurer qu'elles ne contenaient aucune invocation adressée à d'autres
entités que Dieu ; il semble donc qu'il s'agissait bien de formules dont ces personnes
avaient hérité et dont l'efficacité était prouvée.

----- 2.1) Dès lors, toute ruqya n'ayant pas été enseignée par le Prophète mais
comportant des invocations adressées exclusivement et explicitement à Dieu est
autorisée. C'est ce genre de ruqya dont les gens de la famille de 'Amr ibn Hazm parlaient
quand ils dirent au Prophète : "Nous pratiquions une ruqya contre la piqûre de
scorpion, mais tu as interdit la ruqya" et que le Prophète leur répondit : "Présentez-moi
vos ruqya. Il n'y a pas de problème dans les ruqya tant qu'elle ne contiennent pas de
(parole de) shirk" (Muslim, 2200).

---- 2.2) Par contre, toute ruqya n'ayant pas été enseignée par le Prophète et
contenant des demandes explicites faites à d'autres entités que Dieu est du shirk
akbar et, par là, strictement interdite, puisque l'invocation ne peut être faite qu'à Dieu.

---- 2.3) De même, toute ruqya n'ayant pas été enseignée par le Prophète et
comportant des formules incompréhensibles doit être abandonnée car il se
peut qu'il s'y trouve des invocations faite à un autre que Dieu. Or c'est la règle de la
précaution (ihtiyât) qui prévaut ici ; ce n'est pas que tant qu'on n'est pas certain que celui
à qui on adresse cette invocation n'est un autre que Dieu, on peut faire celle-ci ; c'est que
tant qu'on n'est pas certain que celui à qui on adresse cette invocation est bien Dieu, on
ne peut pas faire celle-ci. On lit ainsi dans Radd ul-muhtâr, à propos des ruqya écrites
(nous y reviendrons plus bas), mais le propos vaut aussi pour les ruqya prononcées
oralement : "‫إﻧﻤﺎ ﺗﻜﺮه اﻟﻌﻮذة إذا ﻛﺎﻧﺖ ﺑﻐﻴﺮ ﻟﺴﺎن اﻟﻌﺮب وﻻ ﻳﺪرى ﻣﺎ ﻫﻮ وﻟﻌﻠﻪ ﻳﺪﺧﻠﻪ‬
‫ وأﻣﺎ ﻣﺎ ﻛﺎن ﻣﻦ اﻟﻘﺮآن أو ﺷﻲء ﻣﻦ اﻟﺪﻋﻮات ﻓﻼ ﺑﺄس ﺑﻪ‬.‫( "ﺳﺤﺮ أو ﻛﻔﺮ أو ﻏﻴﺮ ذﻟﻚ‬kitâb
ul-hazr wa-l-ibâha, 9/523).

-
(Au moins pour certains cas), si demander au râqî de nous
faire la ruqya est autorisé, il est plus méritoire de ne pas le lui
demander :
Il y a ici deux choses :
– il y a la ruqya : le fait de faire la ruqya sur quelqu'un d'autre, ou sur soi-même, pour
soulager d'une souffrance ;
– et il y a la istirqâ' : le fait de demander à quelqu'un de nous faire la ruqya (la ruqya qui
est en soi autorisée).

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Ne pas demander à quelqu'un de nous faire la ruqya est plus méritoire que le
demander. En effet, le Prophète, parlant de ceux qui entreront au Paradis sans devoir
rendre de comptes, dit qu'il s'agira de "،‫ وﻻ ﻳﻜﺘﻮون‬،‫ وﻻ ﻳﺘﻄﻴﺮون‬،‫ﻫﻢ اﻟﺬﻳﻦ ﻻ ﻳﺴﺘﺮﻗﻮن‬
‫ "وﻋﻠﻰ رﺑﻬﻢ ﻳﺘﻮﻛﻠﻮن‬: "ceux qui ne demandaient pas de ruqya, ne se faisaient pas
mettre de cautère, ne prenaient pas de mauvais augure, et s'en remettaient à Dieu" (al-
Bukhârî, 5378 etc., Muslim 218). La dernière proposition montre que leur haut grade est
dû à leur perfection dans le fait de s'en remettre à Dieu (kamâl ut-tawakkul al-
mustahabb). Ne pas demander de ruqya relève donc de cette perfection recommandée
(et pas obligatoire). La même chose est valable pour cet autre hadîth : "‫ﻋﻦ اﻟﻤﻐﻴﺮة ﺑﻦ‬
‫ ﻣ ﻦ ا ﻛ ﺘ ﻮ ى أ و ا ﺳ ﺘ ﺮ ﻗ ﻰ ﻓ ﻘ ﺪ ﺑ ﺮ ئ ﻣ ﻦ‬:‫ ﻗ ﺎ ل ر ﺳ ﻮ ل ا ﻟ ﻠ ﻪ ﺻ ﻠ ﻰ ا ﻟ ﻠ ﻪ ﻋ ﻠ ﻴ ﻪ و ﺳ ﻠ ﻢ‬:‫ﺷ ﻌ ﺒ ﺔ ﻗ ﺎ ل‬
‫( "اﻟﺘﻮﻛﻞ‬at-Tirmidhî, 2055) : il s'agit de la négation de at-tawakkul al-mustahabb.

D'après Ibn Taymiyya, la version où on lit : "‫ وﻻ‬،‫ وﻻ ﻳﺴﺘﺮﻗﻮن‬،‫ﻫﻢ اﻟﺬﻳﻦ ﻻ ﻳﺮﻗﻮن‬
‫ وﻋﻠﻰ رﺑﻬﻢ ﻳﺘﻮﻛﻠﻮن‬،‫( "ﻳﺘﻄﻴﺮون‬Muslim, 220), "ceux qui ne faisaient pas la ruqya et ne
demandaient pas la ruqya", cette version est une erreur d'un transmetteur. Car faire la
ruqya à quelqu'un d'autres est acte méritoire, comme le Prophète l'a dit à propos d'une
ruqya utilisée face aux piqûres de scorpion : "Je n'y vois pas de problème. Celui qui peut
apporter un profit (naf') à son frère, qu'il le fasse" (Muslim, 2199, déjà cité plus haut)
(fin de citation).

-
Ici une question se pose : Quelle est ce type de ruqya que ne pas en demander
relève de la perfection recommandée du tawakkul ?
– Certains disent qu'il s'agit de la ruqya qui est en soi interdite (types 2.2 et 2.3).

Or cette explication n'est pas possible, vu que cette ruqya là, il n'est pas recommandé, il
est obligatoire de ne pas en demander et de ne pas en recevoir. Et cela voudrait dire que
ceux qui s'abstenaient de cette ruqya interdite seront 70 000 seulement parmi toute la
Umma.

– Certains ulémas ont dit qu'il s'agit de toute ruqya (types 1 et 2 plus haut cités) : ne
pas demander à quelqu'un de la réciter et de souffler sur soi, cela est plus méritoire que
demander cela à quelqu'un.

– D'autres ulémas ont dit qu'il s'agit uniquement de la ruqya de type 2.1 : la ruqya qui
s'adresse explicitement et exclusivement à Dieu, mais qui n'a pas été enseignée par le
Prophète.

Le problème c'est que "‫ أن اﻟﻨﺒﻲ ﺻﻠﻰ اﻟﻠﻪ ﻋﻠﻴﻪ وﺳﻠﻢ‬:‫ رﺿﻲ اﻟﻠﻪ ﻋﻨﻬﺎ‬،‫ﻋﻦ أم ﺳﻠﻤﺔ‬
‫ ﻓﺈن ﺑﻬﺎ اﻟﻨﻈﺮة‬،‫ اﺳﺘﺮﻗﻮا ﻟﻬﺎ‬:‫ ﻓﻘﺎل‬،‫ " رأى ﻓﻲ ﺑﻴﺘﻬﺎ ﺟﺎرﻳﺔ ﻓﻲ وﺟﻬﻬﺎ ﺳﻔﻌﺔ‬: le
Prophète lui-même a, voyant une esclave qui était pâle, dit : "Demandez la ruqya pour
elle, car elle souffre de mauvais oeil" (al-Bukhârî, 5407, Muslim, 2197). Aïcha relate
chose semblable : "‫ أﻣﺮﻧﻲ رﺳﻮل اﻟﻠﻪ ﺻﻠﻰ اﻟﻠﻪ ﻋﻠﻴﻪ‬:‫ رﺿﻲ اﻟﻠﻪ ﻋﻨﻬﺎ ﻗﺎﻟﺖ‬،‫ﻋﻦ ﻋﺎﺋﺸﺔ‬
‫( "وﺳﻠﻢ أو أﻣﺮ أن ﻳﺴﺘﺮﻗﻰ ﻣﻦ اﻟﻌﻴﻦ‬al-Bukhârî, 5406, Muslim, 2195).
Il est évident que le Prophète n'a pas, ici, dit d'aller chercher auprès d'un autre que lui
une ruqya de type 1 (enseignée dans la Sunna) ! Il s'agit forcément d'une ruqya de type
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2.1.
Or le Prophète n'aurait pas recommandé, ici, de faire ce qu'il a recommandé, là-bas,
de ne pas faire : demander une ruqya de type 2.1 !

– L'explication la meilleure est donc celle-ci :


--- pour la ruqya de type 1, il vaut mieux la réciter soi-même que d'aller demander à
quelqu'un de la réciter sur soi ;
--- et pour la ruqya de type 2.1, il vaut mieux de ne pas en demander. Cependant, si,
dans le récit que nous venons de voir, le Prophète a dit d'aller demander une ruqya pour
l'esclave souffrant de mauvais oeil, c'est parce que le mauvais oeil et la piqûre font
exception : demander la ruqya pour ces deux maux n'est pas contraire au kamâl ut-
tawakkul al-mustahabb.
C'est l'une des explications des deux hadîths déjà cités : "‫ أن‬،‫ﻋﻦ ﻋﻤﺮان ﺑﻦ ﺣﺼﻴﻦ‬
‫ ﻻ رﻗﻴﺔ إﻻ ﻣﻦ ﻋﻴﻦ أو ﺣﻤﺔ‬:‫ "رﺳﻮل اﻟﻠﻪ ﺻﻠﻰ اﻟﻠﻪ ﻋﻠﻴﻪ وﺳﻠﻢ ﻗﺎل‬: "Pas de ruqya sauf
par rapport au mauvais oeil ou à une piqûre" (at-Tirmidhî, Abû Dâoûd). ":‫ ﻗﺎل‬،‫ﻋﻦ أﻧﺲ‬
‫ واﻟﻨﻤﻠﺔ‬،‫ واﻟﺤﻤﺔ‬،‫ "رﺧﺺ رﺳﻮل اﻟﻠﻪ ﺻﻠﻰ اﻟﻠﻪ ﻋﻠﻴﻪ وﺳﻠﻢ ﻓﻲ اﻟﺮﻗﻴﺔ ﻣﻦ اﻟﻌﻴﻦ‬: "Le
Prophète a autorisé la ruqya par rapport au mauvais oeil, à une piqûre ou à des
démangeaisons ("namla")" (Muslim).
Ici, "‫ "ﻻ رﻗﻴﺔ إﻻ ﻣﻦ ﻋﻴﻦ أو ﺣﻤﺔ‬veut dire en fait : "‫( "ﻻ اﺳﺘﺮﻗﺎء إﻻ ﻣﻦ ﻋﻴﻦ أو ﺣﻤﺔ‬Al-Qawl
ul-mufîd, p. 177) :
----- Pour les autres que ces deux ou trois maux, il est recommandé de ne pas demander
de ruqya de type 2.1, et demander une ruqya de ce type 2.1 est contraire à kamâl ut-
tawakkul al-mustahabb.
----- Par contre, pour ces deux ou trois maux, demander la ruqya n'est pas contraire à
kamâl ut-tawakkul al-mustahabb.

-
Jusque là nous avons parlé de ruqya récitée. Mais qu'en est-il
d'une ruqya dont le contenu est en soi autorisé (type 1 ou 2.1),
mais dont la forme est maintenant écrite et portée autour du
cou ?
– Est-il possible que la ruqya soit écrite sur le corps du malade lui-même ?
Ibn Taymiyya le faisait avec un verset coranique précis, pour soigner des hémorragies
nasales, mais, précisait-il, à condition que l'encre utilisée soit rituellement pure (tâhir) (cf.
Zâd ul-ma'âd, 4/358).

-
– Est-il possible que la ruqya soit écrite sur du papier (avec bien sûr une encre
tâhir), et que ce papier soit lavé et que l'eau en résultant soit bue ?
Ce point fait l'objet d'avis divergents entre les Salaf (voir ainsi At-Tabarruk, anwâ'uhû wa
ahkâmuhû, pp. 232-235, où cette divergence est relatée de façon détaillée).
Ibn Taymiyya est pour sa part d'avis qu'il est autorisé que la ruqya soit écrite et que le
papier soit lavé et son eau bue (MF 19/64-65).

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-
– Et peut-on attacher un tel papier au bras du malade, ou bien cela tombe-t-il
sous le coup du la tamîma interdite ?
Abdullâh ibn Mas'ûd et Ibrâhim an-Nakha'î ainsi que d'autres Salafs étaient opposés à
cela, et le qualifiaient d'interdit.

Mais d'autres Salafs le qualifiaient, eux, d'autorisé. Ces autres Salafs ont circonscrit le
hadîth interdisant de porter une tamîma à la tamîma qui contient des invocations faites
explicitement à autre que Dieu, ou bien des choses incompréhensibles (soit, dans notre
classification, les types 2.2 et 2.3).

Voici le passage de Kitâb ut-tawhîd qui dit cela : ""‫ ﺷﻲء ﻳﻌﻠﻖ ﻋﻠﻰ اﻷوﻻد ﻳﺘﻘﻮن‬:"‫اﻟﺘﻤﺎﺋﻢ‬
‫ وﺑﻌﻀﻬﻢ ﻟﻢ ﻳﺮﺧﺺ‬.‫ ﻟﻜﻦ إذا ﻛﺎن اﻟﻤﻌﻠﻖ ﻣﻦ اﻟﻘﺮآن ﻓﺮﺧﺺ ﻓﻴﻪ ﺑﻌﺾ اﻟﺴﻠﻒ‬،‫ﺑﻪ اﻟﻌﻴﻦ‬
‫ ﻣﻨﻬﻢ اﺑﻦ ﻣﺴﻌﻮد رﺿﻲ اﻟﻠﻪ ﻋﻨﻪ‬،‫( "ﻓﻴﻪ وﻳﺠﻌﻠﻪ ﻣﻦ اﻟﻤﻨﻬﻲ ﻋﻨﻪ‬Kitâb ut-tawhîd,
Muhammad ibn Abd il-Wahhâb).

Et voici un passage du commentaire de cela par son petit-fils, Sulaymân ibn Abdillâh ibn
Muhammad ibn 'Abd il-Wahhâb :
"‫اﻋﻠﻢ أن اﻟﻌﻠﻤﺎء ﻣﻦ اﻟﺼﺤﺎﺑﺔ واﻟﺘﺎﺑﻌﻴﻦ ﻓﻤﻦ ﺑﻌﺪﻫﻢ اﺧﺘﻠﻔﻮا ﻓﻲ ﺟﻮاز ﺗﻌﻠﻴﻖ اﻟﺘﻤﺎﺋﻢ اﻟﺘﻲ‬
‫ ﻣ ﻦ ا ﻟ ﻘ ﺮآ ن وأ ﺳ ﻤ ﺎ ء ا ﻟﻠ ﻪ و ﺻ ﻔ ﺎ ﺗ ﻪ‬.
‫ وﻫﻮ ﻇﺎﻫﺮ ﻣﺎ‬،‫ وﻫﻮ ﻗﻮل ﻋﺒﺪ اﻟﻠﻪ ﺑﻦ ﻋﻤﺮو ﺑﻦ اﻟﻌﺎص وﻏﻴﺮه‬،‫ ﻳﺠﻮز ذﻟﻚ‬:‫ﻓﻘﺎﻟﺖ ﻃﺎﺋﻔﺔ‬
‫ و ﺣ ﻤﻠ ﻮا ا ﻟ ﺤ ﺪ ﻳ ﺚ ﻋﻠ ﻰ ا ﻟﺘ ﻤ ﺎ ﺋ ﻢ‬،‫ و ﺑ ﻪ ﻗ ﺎ ل أ ﺑ ﻮ ﺟ ﻌ ﻔ ﺮ ا ﻟﺒ ﺎ ﻗ ﺮ وأ ﺣ ﻤ ﺪ ﻓ ﻲ ر وا ﻳ ﺔ‬،‫ر و ي ﻋ ﻦ ﻋ ﺎ ﺋ ﺸ ﺔ‬
‫ و ﻫ ﻮ ﻇ ﺎ ﻫ ﺮ‬:‫ ﻗ ﻠ ﺖ‬. ‫ ﻓ ﻜ ﺎ ﻟ ﺮ ﻗ ﻴ ﺔ ﺑ ﺬ ﻟ ﻚ‬، ‫ أ ﻣ ﺎ ا ﻟ ﺘ ﻲ ﻓ ﻴ ﻬ ﺎ ا ﻟ ﻘ ﺮ آ ن و أ ﺳ ﻤ ﺎ ء ا ﻟ ﻠ ﻪ و ﺻ ﻔ ﺎ ﺗ ﻪ‬، ‫ا ﻟ ﺸ ﺮ ﻛ ﻴ ﺔ‬
‫ ا ﺧﺘﻴ ﺎ ر ا ﺑ ﻦ ا ﻟ ﻘﻴ ﻢ‬.
،‫ واﺑﻦ ﻋﺒﺎس وﻫﻮ ﻇﺎﻫﺮ ﻗﻮل ﺣﺬﻳﻔﺔ‬،‫ وﺑﻪ ﻗﺎل اﺑﻦ ﻣﺴﻌﻮد‬،‫ ﻻ ﻳﺠﻮز ذﻟﻚ‬:‫وﻗﺎﻟﺖ ﻃﺎﺋﻔﺔ‬
‫ ﻣﻨ ﻬ ﻢ أ ﺻ ﺤ ﺎ ب‬،‫ و ﺑ ﻪ ﻗ ﺎ ل ﺟ ﻤ ﺎ ﻋ ﺔ ﻣ ﻦ ا ﻟﺘ ﺎ ﺑ ﻌﻴ ﻦ‬،‫ وا ﺑ ﻦ ﻋ ﻜﻴ ﻢ ر ﺿ ﻲ ا ﻟﻠ ﻪ ﻋﻨ ﻬ ﻢ‬،‫و ﻋ ﻘﺒ ﺔ ﺑ ﻦ ﻋ ﺎ ﻣ ﺮ‬
‫ وا ﺣﺘ ﺠ ﻮا‬،‫ و ﺟ ﺰ م ﺑ ﻬ ﺎ ا ﻟ ﻤﺘ ﺄ ﺧ ﺮ و ن‬،‫ وأ ﺣ ﻤ ﺪ ﻓ ﻲ ر وا ﻳ ﺔ ا ﺧﺘ ﺎ ر ﻫ ﺎ ﻛﺜﻴ ﺮ ﻣ ﻦ أ ﺻ ﺤ ﺎ ﺑ ﻪ‬،‫ا ﺑ ﻦ ﻣ ﺴ ﻌ ﻮ د‬
‫ﺑ ﻬ ﺬا ا ﻟ ﺤ ﺪ ﻳ ﺚ و ﻣ ﺎ ﻓ ﻲ ﻣ ﻌﻨ ﺎ ه ﻓ ﺈ ن ﻇ ﺎ ﻫ ﺮ ه ا ﻟ ﻌ ﻤ ﻮ م ﻟ ﻢ ﻳ ﻔ ﺮ ق ﺑﻴ ﻦ ا ﻟﺘ ﻲ ﻓ ﻲ ا ﻟ ﻘ ﺮآ ن و ﻏﻴ ﺮ ﻫ ﺎ‬
‫( "ﺑﺨﻼف اﻟﺮﻗﻰ ﻓﻘﺪ ﻓﺮق ﻓﻴﻬﺎ‬Tayssîr ul-'Azîz l-Hamîd, p. 137).

(Voir aussi At-Tabarruk, anwâ'uhû wa ahkâmuhû, pp. 236-239, où cette divergence est
relatée de façon détaillée.)

Ibn Taymiyya est d'avis qu'il est autorisé que le papier soit attaché au bras de la femme
qui va accoucher (MF 19/64-65).

-
– Par contre, écrire un tel papier et le suspendre au mur, ou au rétroviseur de
la voiture, de même que placer une copie du Coran dans un lieu pour obtenir
une protection, cela est différent de ce qui précède :
Cela n'est pas autorisé (ghayr mashrû') (At-Tabarruk, anwâ'uhû wa ahkâmuhû, pp. 239-241).

-
Avoir recours à la ruqya écrite est autorisé dans les cas plus
haut mentionnés, mais attention à ne placer une confiance
excessive à ce genre d'écrit :
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At-Thânwî écrit aussi qu'attacher [au bras] un papier où la ruqya est écrite est autorisé
[c'est aussi l'avis de Ibn Taymiyya, nous l'avons vu plus haut], mais il est mieux de l'éviter,
car la plupart des gens délaissent ensuite l'invocation directe avec Dieu, préférant s'en
remettre à ce papier (Ibid., p. 71). C'est cela, dit at-Thânwî, que le Prophète a visé quand il
a dit : "Celui qui suspend quelque chose est confié à elle" (Ibid., p. 80). Il vaut donc mieux
réciter la ruqya qu'attacher une ruqya au bras (Ibid., p. 71).

Mais, même alors, écrit encore at-Thânwî, il ne faut pas tomber dans un travers qu'ont
un certain nombre de gens, qui croient que la récitation des ruqyas fera son effet de
façon certaine et ne prennent plus le temps et la peine de demander à Dieu en
s'humiliant devant Lui. Il ne faut donc pas, dit at-Thânwî, se contenter de réciter des
ruqyas en négligeant le fait de s'adresser à Dieu pour Lui demander ce dont on a
besoin ; c'est au contraire cette forme de demande qui est meilleure (Ibid., p. 69). Revoir
en tout début d'article la différence entre "du'â" et "ruqya" : cette dernière doit
s'adresser elle aussi uniquement à Dieu, mais une subtile différence existe entre les
deux.

-
Et les cas de possession par un djinn ?
Alors que le Prophète voyageait quelque part dans la péninsule arabique, une mère vint
à sa rencontre et se plaignit du fait que son enfant était possédé depuis sept ans ; elle lui
dit que les crises le prenaient deux fois chaque jour. Le Prophète prit lui-même les
choses en mains, demanda que l'on approche de lui le garçon et agit pour le
débarrasser du djinn. Plus tard, lors de son retour, la mère vint à nouveau le rencontrer
pour lui dire que son fils n'avait plus eu de crises depuis son traitement (Silsilat ul-ahâdîth
as-sahîha, 1/875-877, 6/1002-1109).
Un autre récit du même genre, toujours avec le Prophète, a été rapporté par ad-Dârimî
(n° 19, dha'îf d'après al-Albânî).
Ibn Taymiyya a expliqué les causes pouvant pousser un djinn à posséder un humain
(Majmû' ul-fatâwâ, 13/85, 19/39-40).

-
Est-ce qu'on peut avoir recours aux services d'un autre djinn pour chasser le
djinn ayant de la sorte pris possession de l'esprit de l'humain ?
Si cet autre djinn agit ainsi en échange d'un acte de culte en sa faveur, alors il est certain
que la réponse est : non, cela n'est bien entendu pas autorisé.

De même, si cet autre djinn agit ainsi en échange d'un acte interdit (fornication, etc.),
alors la réponse est également : non, cela n'est pas autorisé.

Mais si l'autre djinn n'agit ainsi que par désir de servir autrui, ou de combattre le mal
que certains de ses congénères font, alors en général les ulémas hanafites indiens disent
que cela est autorisé (cliquez ici). Pour sa part, Ibn Taymiyya a simplement écrit

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qu'employer un djinn pour un service autorisé est autorisé (cliquez ici pour en savoir
plus).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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