Au tournant de la première décennie du XXIe siècle, la situation économique des grands
pays industrialisés confère une importance cruciale au comportement des entreprises en matière d'investissement. Alors que ce dernier est aujourd'hui au centre des politiques économiques de nombreux pays, sa croissance est en effet nécessaire à leur succès. En effet, l’investissement est une nécessité pour la pérennité et la prospérité des entreprises. Il convient tout d'abord expliciter les concepts d'investissement productif et financier dans leur sens économique. L'investissement productif regroupe les acquisitions de biens en capital ou capital fixe. En d'autres termes, il s'agit des acquisitions de biens d'équipement à la fois sous la forme de la croissance interne et de la croissance externe. L'investissement financier représente quant à lui l'acquisition d'équipements existants à travers les opérations de croissance externe, les placements financiers et la détention d'intérêts minoritaires. Le but de ce rapport est de tenter de faire le point sur les conséquences du comportement des investisseurs sur la stratégie de croissance des entreprises, dans le contexte de domination de la finance de marché. Tout en répondant à la question suivante : Est-ce qu’il existe une indépendance d’investissement des entreprises par rapport au comportement des investisseurs sur le marché financier ? Diapo 4 D'un point de vue méthodologique, nous procédons dans le premier chapitre à une revue de la littérature portant sur les liens entre la stratégie de croissance des entreprises et le comportement des investisseurs. Pour ce faire, nous partons d'une description du modèle néo-classique dans lequel le mode de financement des entreprises ne joue aucun rôle, pour ensuite amender l'hypothèse d'information parfaite sur la base des travaux des auteurs nouveaux keynésiens et des auteurs de la théorie de l'agence. Lorsque l'on postule l'existence d'une information imparfaite, compte tenu de l'existence de coûts d'agence et de la possibilité de rationnement du financement externe, le comportement des investisseurs peut amplifier les cycles d'investissement d'origine réelle. Diapo 5 Le concept d'efficience des marchés financiers porte généralement sur l'efficience informationnelle, c'est-à-dire sur le fait que les cours boursiers reflètent instantanément toute l'information disponible. Toutefois, le concept d'efficience est aussi lié au concept de rationalité des investisseurs et à celui de l'efficacité économique des marchés. De ce fait on vas voir dans un premier lieu La théorie des perspectives puis La théorie du regret ensuite L'accélérateur de demande puis Le théorème de Modigliani-Miller et finalement La théorie du q de Tobin Diapo 6 Commençant avec la theorie des perspectives, c’est une théorie économique développée par Daniel Kahneman et Amos Tversky en 1979. À partir d'expériences de laboratoire, elle décrit la manière dont les individus évaluent de façon asymétrique leurs perspectives de perte et de gain. Pour donner un exemple très simplifié, la douleur de perdre 10 000 Dh ne pourrait être compensée que par le plaisir de gagner 20 000, ou même 30 000 Dh. Le principe de cette theorie est que les personnes réagissent différemment aux perspectives de leurs gains ou de leurs pertes. D’une part, face à un choix risqué conduisant à des gains, elles affichent une forte aversion au risque, préférant les solutions conduisant à une utilité espérée inférieure, mais plus sûre. D’autre part, face à un choix risqué conduisant à des pertes, elles affichent une forte recherche de risque, préférant les solutions conduisant à une utilité espérée inférieure pourvu qu'il y ait une chance de diminuer les pertes. Diapo 7 Parmi les différentes dissonances cognitives, le regret est ressenti lorsqu'on a pris une décision qui s'avère avoir des résultats inférieurs à une autre décision qu'on aurait tout aussi bien pu prendre. L'idée est donc d'investir dans une stratégie qui réduira le regret futur. À partir de ce concept de regret, Loomes et Sugden (1982) et Bell (1982) ont dérivé une théorie économique du regret. C'est une théorie des choix en incertitude qui est parcimonieuse mais néanmoins plus riche que la théorie d'utilité classique. Dans la théorie classique, un agent ne dérive d'utilité que de sa consommation et donc indirectement de sa richesse, il cherche donc à optimiser son portefeuille et n'est concerné que par la valeur future du portefeuille qu'il a choisi. Dans la théorie du regret l'investisseur se préoccupe aussi de la rentabilité d'autres portefeuilles qu'il aurait pu choisir. Diapo 8 Passant maintenant à L'accélérateur de demande, Le principe de l’accélérateur de l’investissement est une théorie économique sur le comportement de l’investissement, selon laquelle une variation du taux de variation de la production induit à une variation vers le même sens de la demande pour l’investissement. Diapo 9 De ce fait on va commencer avec l’Accélérateur simple. Alors Clarck (1917) montre que les entreprises investissent si leurs débouchés s’accroissent. Donc quand la demande croît, l’investissement net est positif, mais il augmente lorsque la demande s’accélère et diminue lorsqu’elle se ralentit. Cette formulation simple de l’accélérateur suppose implicitement une utilisation intégrale de la capacité de production disponible dans le processus de production. Diapo 10 En suite En 1954, Koyck propose le modèle de l'accélérateur flexible. Il considère que le capital désiré dépend des productions observées dans le passé car l'ajustement est en permanence imparfait. L'accélérateur flexible relativise donc le rôle de la demande dans la décision d'investir. En effet, on note premièrement que l'accélérateur ne vaut qu'en cas d'augmentation de la demande. Si celle-ci baisse, les entrepreneurs ne désinvestissent presque pas. Ils préfèreront largement sous-utiliser leur capacité de production. S'il y a reprise, il n'y aura donc pas investissement, mais réutilisation des capacités de production inutilisées. De plus, les entreprises savent qu'il existe des variables de court terme, et font des anticipations. Concrètement, toute augmentation de la demande n'entraînera pas un investissement ; il faut également que l'entreprise estime cette augmentation suffisamment importante et durable pour mériter un investissement. Diapo 11 Et finalement le coût de capital C’est ce qui a été résumé dans la problématique « néoclassique », qui a mis en évidence le rôle du coût du capital comme facteur déterminant de la décision d’investissement. La fonction d’investissement de Jorgensen généralise l’approche de type accélérateur en intégrant, au-delà de la demande, un nouveau déterminant de l’investissement, le coût de capital. Jorgensen (1963) a formalisé la notion de coût d'usage du capital. D'un point de vue théorique, le coût du facteur capital peut se définir comme un prix de location ou d'immobilisation. Diapo 12 La theorie suivante est Le théorème de Modigliani-Miller et la neutralité du mode de financement. Le cadre néo-classique de détermination de l'investissement ne laisse pas de place à une éventuelle contrainte financière pesant sur les entreprises. Les travaux de Modigliani et Miller (1958, 1963) confirment ce résultat par laquelle les dirigeants cherchent à maximiser la valeur de marché des actions émises. Les auteurs partent du postulat que les dirigeants cherchent à maximiser la valeur de marché des actions émises. En effet, lorsque le rendement d'un investissement supplémentaire permet d'accroitre la valeur de marché de l'entreprise, cela signifie que ce rendement est inférieur au coût du capital et que l'entreprise doit par conséquent investir. Les auteurs vérifient que lorsque l'information est parfaite sur les marchés financiers, les conditions de financement de l'investissement n'ont pas d'impact sur la valeur de marché de l'entreprise et par suite sur le montant de l'investissement. Diapo 13 Ensuite on a La théorie du q de Tobin, ce dernier en (1968) montrent que les marchés boursiers sont utiles à la détermination de l'investissement parce qu'ils permettent une évaluation pertinente de sa rentabilité future. Tobin (1969) suppose que les investisseurs perçoivent les marchés financiers comme le lieu de l'évaluation des actifs physiques possédés par l'entreprise. Selon ce modèle, lorsque q4 > 1, l'évaluation des actifs fixes des entreprises sur les marchés financiers est supérieure à leur coût de remplacement. Les entrepreneurs ont intérêt à acquérir de nouveaux biens en capital, plutôt que d'acquérir des actifs physiques appartenant à d'autres entreprises à travers l'acquisition d'actions déjà émises. Ces actifs sont en effet plus coûteux. Le deuxième cas, si q < 1, à l'inverse, les entreprises renoncent à leurs projets d'investissement et privilégient l'acquisition d'actions émises par d'autres entreprises. Par analogie, ceci revient en effet à acquérir des actifs déjà existants à travers l'achat d'actifs financiers, mais à un coût moindre. Le dernier cas, si q = 1 l'équilibre de ce modèle est atteint. Diapo 1 Alors on va voir maintenant la 2eme partie qu’on a consacré pour expliquer dans quelle mesure on peut évoquer un phénomène de cycle financier qui induirait un cycle d'investissement. Cad L'objectif est de montrer en quoi les stratégies mises en oeuvre pour satisfaire l'intérêt de l'actionnaire conduisent l'investissement des entreprises à suivre un cycle financier, proche de celui que décrit le modèle Minskyen de l'investissement entendu au sens de la croissance interne. Diapo 2 Au début des années 1980, un modèle de gouvernance d'entreprise privilégiant l'intérêt de l'actionnaire remplace progressivement le modèle partenarial qui était dominant depuis le début du XXe siècle. Aglietta et Rebérioux (2004) désigne deux sources à l'origine de ce mouvement. La première correspond au développement et à l'internationalisation des fonds de pension anglo-saxons, notamment nord-américains, qui sont les principaux défenseurs de ce modèle au sein des entreprises dans lesquelles ils investissent. La seconde porte sur l'essor de la théorie de l'agence qui soutient cette évolution d'un point de vue théorique. Diapo 3 1er. Du modèle partenarial de gestion d'entreprise au modèle shareholder Berle et Means, 1932 ont dit que Jusqu'au début du XXe siècle, les entreprises sont essentiellement dirigées selon le modèle du capitalisme familial, auquel s'ajoute progressivement le modèle du capitalisme fondé sur un actionnariat plus dispersé. Ce modèle consiste à intégrer l'intérêt de toutes les parties prenantes du processus de production, soit les actionnaires, les salariés et les fournisseurs lorsque l'entreprise arrête ses choix stratégiques. Il intègre donc des intérêts divers sans qu'aucun ne prédomine. Alors que Jeffers et Plihon, 2001 ont dit que les dirigeants vont progressivement renoncer à ce modèle de gouvernance pour le remplacer par le modèle shareholder qui tient essentiellement compte de l'intérêt des actionnaires, à l'exclusion de l'ensemble des autres parties prenantes au processus de production Plus concrètement Aglietta et Berrebi montrent que la communauté des investisseurs sur les marchés financiers impose une contrainte forte aux entreprises qui correspond à la maximisation des flux actualisés des dividendes futurs, ce qui revient à maximiser la valeur des titres financiers. Diapo 4 2e. Les fonds de pension et l'émergence du modèle shareholder Parmi les trois principales catégories d'investisseurs institutionnels, à savoir les organismes d'assurances, les fonds de pension et les organismes de placement collectif. (Boubel et Pansard, 2004). Ont dit que Ces fonds ont pour rôle de collecter une partie de l'épargne des ménages salariés en vue de leur reverser une pension lors de leur retraite. Il existe deux catégories de fonds de pension, les fonds à prestations définies et les fonds à cotisation définie Ensuite Jeffers et Plihon, 2001 expliquent que Pour s'assurer que les entreprises dans lesquelles ils investissent respectent bien le principe de la valorisation actionnariale, les fonds de pension incitent au respect des règles de bonne gouvernance par l'intermédiaire de chartes que les dirigeants doivent appliquer Ces règles sont censées assurer la transparence de l'information et la primauté de la défense de l'intérêt des actionnaires en matière de rendement et de risque. Diapo 5 3e. La théorie de l'agence et l'émergence du modèle shareholder Les dirigeants d'entreprise détiennent l'ensemble des informations quant au rendement et aux risques potentiels que leurs projets d'investissement impliquent. Ces risques dépendent de l'activité de production elle-même, l'incertitude de rendement étant liée à l'état de la concurrence sur le marché et aux aléas concernant l'efficacité de l'organisation de la production (Morin, 2006 ; Colletis et al., 2007). (Gomez, 2009) exprime que l'actionnaire et la direction de l'entreprise doivent établir un contrat pour sceller la convergence de leurs intérêts. Prenant appui sur ces réflexions théoriques, les actionnaires, en particulier les fonds de pension, sont conduits à exiger la protection de leurs intérêts et la réduction du risque qu'ils supportent, en particulier par le biais de la transparence de l'information qui leur est transmise et du respect du principe de la valeur actionnariale. Ces différents éléments conduisent les dirigeants à réorienter l'ensemble de leurs stratégies d'investissement dans l'intérêt de l'actionnaire Diapo 6