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FACULTE DE DROIT ET DES SCIENCES POLITIQUES

2006-2007

LICENCE en DROIT (L3)


TRAVAUX DIRIGÉS de DROIT du TRAVAIL

J.-P. Chauchard,
Professeur à la faculté de droit de Nantes

J.-Y. Kerbourc’h,
Professeur à l’Université de Haute-Alsace

Séance n° 2
Les sources du droit du travail

1. – Documents reproduits

x Lyon-Caen (G.), « L’état des sources du droit du travail (agitations et menaces) », Dr. soc.
2001, p.1031.
x Constitution du 4 octobre 1958, préambule.
x Conseil constitutionnel, Décision n° 82-144 DC du 22 octobre 1982.
x C.E Ass., 8 juin 1973 (Dame Peynet), Rec., p. 406.
x Synthèse sur la réforme du dialogue social et la question de la hiérarchie des normes,
Semaine soc. Lamy, 10 mai 2004, p. 2.

2. – Thèmes de discussion

Les sources informelles du droit du travail. Les sources européennes du droit du travail. La loi du
travail est elle toujours impérative ? La codification. Le Préambule de la constitution et le droit du
travail.

3. – Orientations bibliographiques

Ouvrage :

x Teyssié (B.), (Dir.), Les sources du droit du travail, PUF, 1998.

Articles :

x Bocquillon (F.), « Que reste-t-il du principe de faveur ? », Dr. soc. 2001, p. 255.
x Bonnechère (M.), « Le droit européen peut-il poser les bases d’un droit commun social ? »,
Dr. ouv. 1999, p. 390.
x Borenfreund (G.) et Souriac (M.-A.), « Les rapports de la loi et de la convention collective :
une mise en perspective », Dr. soc. 2003, p. 72.
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x Boubli (B.), « La réception de la jurisprudence communautaire par la chambre sociale de la


Cour de cassation », Jurisprudence sociale Lamy, n° 63, août 2000, p. 9.
x Droit social, « Le rapport Supiot – Transformation du travail et devenir du droit du travail en
Europe », n° spéc. Mai 1999, p. 431.
x Favard (J.), « Le labyrinthe des droits fondamentaux », Dr. soc. 1999, p. 215.
x Jeammaud (A.), « Le rôle des principes généraux en droit du travail français », Dr. soc. 1982,
p. 618.
x Jeammaud (A.), « Un Code du travail allégé ? », Dr. soc. 1993, p. 638.
x Jeammaud (A.), « Le principe de faveur – Enquête sur une règle émergente », Dr. soc. 1999,
p. 115.
x Lhernould (J.-Ph.), « Un employeur peut-il s’opposer à la demande d’une de ses salariés de
travailler la nuit ? », Dr. soc. 1999, p. 129.
x Martin (Ph.), « L’harmonisation sociale en débat », Dr. soc. 1997, p. 330.
x Mir (J.-M.), « L’articulation des niveaux de négociation », Petites affiches 14 mai 2004, p. 53.
x Morin (M.-L.), « La loi et la négociation collective : concurrence ou complémentarité ? », Dr.
soc. 1998, p. 419.
x Ogier-Bernaud (V.), « Hiérarchie des normes. Le Conseil constitutionnel et l’embarrassant
principe de faveur, Semaine sociale Lamy, 24 février 2006, p. 6.
x Prétot (X.), « Le Conseil constitutionnel et les sources du droit du travail : l’articulation de la loi
et de la négociation collective (décision du 13 janvier 2003) », Dr. soc. 2003, p. 260.
x Ray (J.-E.), « Du tout-État au tout-contrat ?, De l’entreprise citoyenne à l’entreprise
législateur ? », Dr. soc. 2000, p. 574.
x Schoettl (J.-E.), « Le partage entre la loi et l’accord collectif de travail devant le Conseil
constitutionnel », Petites affiches 14 mai 2004, p. 3.
x Souriac (M.-A.), « L’articulation des niveaux de négociation », Dr. soc. 2004, p. 579.
x Supiot (A.), « Un faux dilemme : la loi ou le contrat ? », Dr. soc. 2003, p. 59.
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Constitution du 4 octobre 1958


Préambule de 1946

1. Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d'asservir
et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain,
sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il
réaffirme solennellement les droits et libertés de l'homme et du citoyen consacrés par la Déclaration
des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.
2. Il proclame, en outre, comme particulièrement nécessaires à notre temps, les principes politiques,
économiques et sociaux ci-après :
3. La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme.
4. Tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d'asile sur les
territoires de la République.
5. Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail
ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.
6. Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l'action syndicale et adhérer au syndicat de
son choix.
7. Le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le réglementent.
8. Tout travailleur participe, par l'intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des
conditions de travail ainsi qu'à la gestion des entreprises.
9. Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public
national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.
10. La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.
11. Elle garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la
santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son
état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit
d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence.
12. La Nation proclame la solidarité et l'égalité de tous les Français devant les charges qui résultent
des calamités nationales.
13. La Nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à la formation
professionnelle et à la culture. L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les
degrés est un devoir de l'État.
14. La République française, fidèle à ses traditions, se conforme aux règles du droit public
international. Elle n'entreprendra aucune guerre dans des vues de conquête et n'emploiera jamais ses
forces contre la liberté d'aucun peuple.
15. Sous réserve de réciprocité, la France consent aux limitations de souveraineté nécessaires à
l'organisation et à la défense de la paix.
16. La France forme avec les peuples d'outre-mer une Union fondée sur l'égalité des droits et des
devoirs, sans distinction de race ni de religion.
17. L'Union française est composée de nations et de peuples qui mettent en commun ou coordonnent
leurs ressources et leurs efforts pour développer leurs civilisations respectives, accroître leur bien-être
et assurer leur sécurité.
18. Fidèle à sa mission traditionnelle, la France entend conduire les peuples dont elle a pris la charge
à la liberté de s'administrer eux-mêmes et de gérer démocratiquement leurs propres affaires ; écartant
tout système de colonisation fondé sur l'arbitraire, elle garantit à tous l'égal accès aux fonctions
publiques et l'exercice individuel ou collectif des droits et libertés proclamés ou confirmés ci-dessus.
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Conseil constitutionnel
Décision n° 82-144 DC du 22 octobre 1982

Loi relative au développement des institutions représentatives du personnel

Vu la Constitution ;

Vu l'ordonnance du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel, notamment
les articles figurant au chapitre II du titre II de cette ordonnance ;

Ouï le rapporteur en son rapport ;

Considérant que les députés auteurs de la saisine soutiennent qu'est contraire à la Constitution
l'article 8 de la loi relative au développement des institutions représentatives du personnel qui
complète l'article L 521-1 du code du travail par un nouvel alinéa ainsi rédigé : « Aucune action ne
peut être intentée à l'encontre de salariés, de représentants du personnel élus ou désignés ou
d'organisations syndicales de salariés, en réparation des dommages causés par un conflit
collectif de travail ou à l'occasion de celui-ci, hormis les actions en réparation du dommage
causé par une infraction pénale et du dommage causé par des faits manifestement
insusceptibles de se rattacher à l'exercice du droit de grève ou du droit syndical. Ces
dispositions sont applicables aux procédures en cours, y compris devant la Cour de
cassation ».

Considérant qu'il résulte nécessairement de ce texte que devraient demeurer sans aucune espèce de
réparation de la part de leurs auteurs ou co-auteurs ni, en l'absence de toute disposition spéciale en
ce sens, de la part d'autres personnes physiques ou morales, les dommages causés par des fautes,
mêmes graves, à l'occasion d'un conflit du travail, dès lors que ces dommages se rattachent, fût-ce de
façon très indirecte, à l'exercice du droit de grève ou du droit syndical et qu'ils ne procèdent pas d'une
infraction pénale ;

Considérant que, nul n'ayant le droit de nuire à autrui, en principe tout fait quelconque de l'homme, qui
cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer ;

Considérant que, sans doute, en certaines matières, le législateur a institué des régimes de réparation
dérogeant partiellement à ce principe, notamment en adjoignant ou en substituant à la responsabilité
de l'auteur du dommage la responsabilité ou la garantie d'une autre personne physique ou morale ;

Considérant cependant que le droit français ne comporte, en aucune matière, de régime soustrayant à
toute réparation les dommages résultant de fautes civiles imputables à des personnes physiques ou
morales de droit privé, quelle que soit la gravité de ces fautes ;

Considérant qu'ainsi l'article 8 de la loi déférée au Conseil constitutionnel établit une discrimination
manifeste au détriment des personnes à qui il interdit, hors le cas d'infraction pénale, toute action en
réparation ; qu'en effet, alors qu'aucune personne, physique ou morale, publique ou privée, française
ou étrangère, victime d'un dommage matériel ou moral imputable à la faute civile d'une personne de
droit privé ne se heurte à une prohibition générale d'agir en justice pour obtenir réparation de ce
dommage, les personnes à qui seraient opposées les dispositions de l'article 8 de la loi présentement
examinée ne pourraient demander la moindre réparation à quiconque ;

Considérant, il est vrai, que, selon les travaux préparatoires, les dispositions de l'article 8 de la loi
trouveraient leur justification dans la volonté du législateur d'assurer l'exercice effectif du droit de
grève et du droit syndical, l'un et l'autre constitutionnellement reconnus, et qui serait entravé par la
menace ou la mise en oeuvre abusives, à l'occasion de conflits collectifs de travail, d'actions en justice
à l'encontre des salariés, de leurs représentants ou d'organisations syndicales ;

Considérant cependant que le souci du législateur d'assurer l'exercice effectif du droit de grève et du
droit syndical ne saurait justifier la grave atteinte portée par les dispositions précitées au principe
d'égalité.
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Considérant en effet que, s'il appartient au législateur, dans le respect du droit de grève et du droit
syndical ainsi que des autres droits et libertés ayant également valeur constitutionnelle, de définir les
conditions d'exercice du droit de grève et du droit syndical et, ainsi, de tracer avec précision la limite
séparant les actes et comportement licites des actes et comportements fautifs, de telle sorte que
l'exercice de ces droits ne puisse être entravé par des actions en justice abusives, s'il lui appartient
également, le cas échéant, d'aménager un régime spécial de réparation approprié conciliant les
intérêts en présence, il ne peut en revanche, même pour réaliser les objectifs qui sont les siens,
dénier dans son principe même le droit des victimes d'actes fautifs, qui peuvent d'ailleurs être des
salariés, des représentants du personnel ou des organisations syndicales, à l'égalité devant la loi et
devant les charges publiques ;

Considérant, dès lors, que l'article 8 de la loi déférée au Conseil constitutionnel, dont les dispositions
ne sont pas inséparables des autres dispositions de la même loi, doit être déclaré contraire à la
Constitution ;

Considérant enfin, qu'en l'espèce, il n'y a lieu pour le Conseil constitutionnel de soulever d'office
aucune question de conformité à la Constitution en ce qui concerne les autres dispositions de la loi
soumise à son examen.

Décide :

Article 1er : L'article 8 de la loi relative au développement des institutions représentatives du personnel
est déclaré non conforme à la Constitution.

Article 2 : Les autres dispositions de la loi soumise à l'examen du Conseil constitutionnel sont
déclarées conformes à la Constitution.

Article 3 : La présente décision sera publiée au Journal officiel de la République française.


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C.E., Ass., 8 juin 1973, Dame Peynet


(AJDA 1973, p. 608)

Vu la requête présentée pour la dame Peynet Huguette, née Tournier, demeurant rue Brouque à
Offemont (Territoire de Belfort), ladite requête enregistrée au secrétariat du contentieux du Conseil
d’État le 21 avril 1970 et tendant à ce qu’il plaise au Conseil réformer un jugement en date du 17
octobre 1969 en tant que par ledit jugement le tribunal administratif de Besançon a rejeté sa demande
dirigée contre la décision en date du 11 août 1967 par laquelle le préfet du Territoire de Belfort a
refusé de rapporter son arrêté du 4 août 1967 mettant fin à compter du 5 août 1967 aux fonctions de
la requérante comme infirmière auxiliaire à l’institut médico-pédagogique départemental « Les
Éparses » à Chaux et a condamné le Territoire de Belfort à lui payer en réparation du préjudice que lui
a causé cet arrêté une indemnité de 300 francs qu’elle estime insuffisante ;

Sur la légalité :
Considérant que la dame Peynet a été recrutée le 17 septembre 1965 par le Territoire de Belfort en
qualité d’infirmière auxiliaire pour exercer ses fonctions à l’institut médico-pédagogique « Les
Éparses » à Chaux ; que lesdites fonctions la faisaient participer à l’exécution du service public ;
qu’ainsi elle avait la qualité d’agent de droit public ; qu’alors qu’elle était enceinte et avait adressé à
l’administration un certificat attestant son état de grossesse, elle a été licenciée par une décision du
préfet du Territoire de Belfort en date du 4 août 1967 ;
Considérant qu’à la date de son licenciement les seules dispositions relatives à la situation du
personnel auxiliaire du Territoire de Belfort avaient trait à la rémunération et aux congés et ne
comportaient notamment, aucune garantie du maintien des femmes enceintes dans leurs emplois ;
Mais considérant que le principe général, dont s’inspire l’article 29 du livre 1er du Code du Travail,
selon lequel aucun employeur ne peut, sauf dans certains cas, licencier une salariée en état de
grossesse, s’applique aux femmes employées dans les services publics lorsque, comme en l’espèce,
aucune nécessité propre à ces services ne s’y oppose ; que, par suite, la décision du préfet du
Territoire de Belfort, qui a été prise en méconnaissance de ce principe, est entachée d’excès de
pouvoir ; que, dès lors, la dame Peynet est fondée à soutenir que c’est à tort que, par le jugement
attaqué, le tribunal administratif de Besançon a rejeté les conclusions de sa demande dirigées contre
cette décision ;

Sur l’indemnité :
Considérant que la dame Peynet demande que le Territoire de Belfort soit condamné à lui payer,
d’une part, les émoluments dont elle a été privée pendant la période allant de la date d’effet de son
licenciement à la fin de la douzième semaine qui a suivi l’accouchement, d’autre part, une indemnité
de 5.000 francs en réparation des autres préjudices que lui a causés la décision illégale du préfet ;
que, compte tenu de l’ensemble des circonstances de l’affaire, notamment de ce que la requérante a
trouvé un autre emploi quelques semaines après son licenciement, il y a lieu de fixer au total à 2.000
francs, et non à 300 francs comme l’ont fait les premiers juges, l’indemnité qui lui est due par le
Territoire de Belfort ;

DÉCIDE :
Art. 1er : La décision sus-visée du préfet du Territoire de Belfort en date du 4 août 1967 est annulée.
Art. 2 : La somme de 300 francs que le Territoire de Belfort a été condamné par le jugement sus-visé
du tribunal administratif de Besançon en date du 17 octobre 1969 à payer à la dame Peynet est
portée à 2.000 francs.
Art. 3 : Le jugement du tribunal administratif de Besançon en date du 17 octobre 1969 est réformé en
ce qu’il a de contraire à la présente décision.
Art. 4 : Le surplus des conclusions de la requête et le recours incident du Territoire de Belfort est
rejeté.
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