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FACULTE DE DROIT ET DES SCIENCES POLITIQUES

2006-2007

LICENCE en DROIT (L3)


TRAVAUX DIRIGÉS de DROIT du TRAVAIL

J.-P. Chauchard,
Professeur à la faculté de droit de Nantes

J.-Y. Kerbourc’h,
Professeur à l’Université de Haute-Alsace

Séance n° 6
Les conflits collectifs du travail (I) :
Le droit de grève

1. – Documents reproduits

Statistiques : Les conflits du travail

A. – L’exercice du droit de grève

- Les revendications professionnelles : Cass. soc., 2 février 2006, CGE, JCP S 2006, 1182, note R.
Vatinet (à propos de l’astreinte, note non reproduite).
- Salariés grévistes, nombre : Cass. soc.,13 novembre 1996, Dr. soc. 1996, p. 1108, obs. J.–E. Ray
(non reproduites).
- Arrêts de travail répétés : Cass. soc., 25 février 1988, Bull. civ. V, n° 133.
- Préavis : Cass. Ass. Plén., 23 juin 2006, Dr. soc. 2006, p. 935, obs. E. Dockès (non reproduites).

B. – La grève et le salaire

- Abattements :
Cass. soc., 20 février 1991, Dr. soc. 1991, p. 474.
Cass. soc., 28 octobre 1997, RJS 12/1997, n° 1416.
- Manquement de l’employeur :
Cass. soc., 5 janvier 2005, RJS 3/2005, n° 308.
Cass. soc., 21 mai 1997, RJS 5/1997, n° 854.

C – La grève et l’appréciation du juge

- Cass. soc., 2 juin 1992, RJS 7/1992, n° 906


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D – La grève dans les services publics

- Grève et services publics : CE, 15 mai 2006, JCP S 2006, 1699, note R. Vatinet (non reproduite).
- Amélioration du dialogue social et prévention des conflits à la SNCF (protocole du 28 octobre 2004)

2. – Thèmes de discussion

- La grève, liberté publique ?


- Le préavis de grève, son régime juridique.
- La grève dans les services publics.
- L’abus du droit de grève.
- La convention collective peut-elle « réglementer » la grève ?

3. – Bibliographie

• Chorin (J.), « La grève dans les services publics – Quelques questions d’actualité », Dr. soc.
2003, p. 567.
• Cristau (A.), « Grève et force majeure : une occasion manquée ? », Dr. soc. 2000, p. 404.
• Dockès (E.), « La finalité des grèves en question », Dr. soc. 2006, p. 881.
• Le Pors (A.), « Service minimum : du bon usage du droit », Dr. Ouvr. 2004, p. 514.
• Mandelkern (rapport de la commission), Continuité du service public dans les transports
terrestres de voyageurs, juillet 2004, Liaisons soc., V, n°34/2004, 6 août 2004.
• Olszak (N.), « Le service minimum dans les transports publics », D. 2005, p. 525.
• Radé (C.), « Exercice du droit de grève et négociation collective », Dr. soc. 1996, p. 37 ;
« Grèves et services publics : le droit pour chaque syndicat de déposer son propre préavis »,
Dr. soc. 2004, p. 381.
• Savatier (J.), « Un salarié isolé peut-il user du droit de grève à l’appui d’une revendication
professionnelle », RJS 1/1997, p. 8.
• Souriac (M.-A.), « Conflits du travail et négociation collective, quelques aspects », Dr. soc.
2001, p. 705.
• Véricel (M.), « L’exercice normal du droit de grève », Dr. soc. 1988, p. 672.
• Waquet (Ph.), « La grève, les mouvements illicites et l’abus du droit de grève », RJS 3/1995,
p. 139 ; « La grève dans les secteurs publics », RJS 4/2003, p. 275.
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Les conflits du travail (éléments statistiques)

DARES, Premières informations n° 18.4, mai 2005

Les conflits localisés

2001 2002 2003


Nombre de conflits observés 1 105 745 785
Effectifs des établissements 317 627 241 827 209 211
concernés
Effectifs ayant cessé le travail 118 649 66 662 62 545
Nombre de journées 462 622 248 114 223 795
individuelles non travaillées

Cass. soc. 2 février 2006 n° 331 FS-PB, Cie générale des Eaux et a. c/ Syndicat Force Ouvrière
et a.

Vu l'article L 521-1 du Code du travail ;


Attendu que les inspecteurs de la Compagnie générales des eaux et des sociétés composant avec
elle l'unité économique et sociale Générale des Eaux étaient soumis à une obligation d'astreinte,
organisée à leur domicile, par roulement entre eux, au rythme moyen sur l'année d'une semaine sur
4,5 pendant 7 jours consécutifs avec des horaires de service normal et des horaires d'astreinte ; que
le 17 janvier 2003, le syndicat Force Ouvrière région parisienne Vivendi-Générale des eaux (le
syndicat FO) a déposé un préavis de grève spécifique à l'astreinte, reconductible tous les jours de
façon illimitée à compter du samedi 25 janvier 2003 à 0 heure prévoyant que les agents grévistes
assureraient uniquement leur journée de travail hors astreinte ; que le 28 janvier 2003, le syndicat F0
a déposé un « préavis de grève reconductible tous les jours de façon illimitée à compter du 5 février
2003 à 0 heure et a réactivé le préavis de grève du 17 janvier 2003 spécifique à l'astreinte » ; que du
7 au 27 février 2003 certains inspecteurs se sont déclarés seulement en « grève de l'astreinte » ;
Attendu que pour dire que ces seuls arrêts de travail répondaient à la définition de la grève, la cour
d'appel énonce que les temps non travaillés pendant la période d'astreinte doivent être assimilés à du
travail effectif pour l'exercice du droit de grève puisque pendant ce temps le salarié est à la disposition
de l'employeur et doit se conformer à ses directives sans pouvoir vaquer à des occupations
personnelles, ce qui est précisément la définition du travail effectif ;
Attendu, cependant, que la grève est la cessation collective et concertée du travail en vue d'appuyer
des revendications professionnelles ; qu'elle ne peut, dès lors, être limitée à une obligation particulière
du contrat de travail ;
Qu'en statuant comme elle l'a fait, alors qu'elle avait constaté que durant leur service les salariés avait
cessé d'exécuter leur seule obligation d'astreinte, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;
Par ces motifs et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres branches du moyen : Casse et annule,
dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 14 janvier 2004, entre les parties, par la cour d'appel de
Versailles ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit
arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris.

Cass. soc. 13 novembre 1996, n° 4514 PBR, Direr c/ Bolard.

Vu l'alinéa 7 du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, l'article L 521-1 du Code du travail,


ensemble l'article 455 du nouveau Code de procédure civile ;
Attendu que Mme Direr a été engagée, le 1er janvier 1991, par M. Bolard en qualité d'ouvrière agricole ;
qu'à ce titre elle s'occupait d'une porcherie et qu'en plus de son travail en semaine, elle devait assurer
les soins et la nourriture des porcs un dimanche par mois : que, soutenant que ses demandes
d'augmentation de salaires n'étaient pas satisfaites, Mme Direr a prévenu son employeur quelques
jours à l'avance qu'elle ne viendrait pas travailler le dimanche 26 avril 1992 ; que son employeur l'a
licenciée pour faute grave le 9 mai 1992.
Attendu que le conseil de prud'hommes, qui a écarté la faute grave, a retenu que le licenciement, en
raison de l'absence irrégulière de Mme Direr, avait une cause réelle et sérieuse ;
Attendu cependant que, si la grève est la cessation collective et concertée du travail par des salariés
en vue d'appuyer des revendications professionnelles et ne peut, en principe, être le fait d'un salarié,
celui-ci, qui est le seul à même de présenter et de défendre ses revendications professionnelles, peut
exercer ce droit constitutionnellement reconnu ;
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Qu'en statuant comme il l'a fait, sans répondre aux conclusions de Mme Direr qui faisait valoir qu'elle
avait cessé le travail le dimanche 26 avril 1992 pour appuyer des revendications tendant à
l'augmentation de son salaire, et que l'exercice du droit de grève, ne pouvait être, sauf faute lourde,
sanctionné par l'employeur, le conseil de prud'hommes n'a pas donné de base légale à sa décision au
regard du premier et du deuxième des textes susvisés et n'a pas satisfait aux exigences du dernier :
Par ces motifs : Casse et annule...

Cass. soc., 25 février 1988, n° 85-43293, Bull. civ. V, n° 133

Sur le moyen unique :


Attendu, selon le jugement attaqué (conseil de prud'hommes de Béthune, 23 avril 1985) que les
employés d'un chantier de la société Montalev se sont mis en grève en octobre 1983 observant des
arrêts de travail de 2 fois 5 minutes par heure ; que l'employeur estimant que ces arrêts de travail
répétés étaient incompatibles avec la sécurité du chantier a demandé aux grévistes de cesser
entièrement le travail et décidé de ne pas rémunérer les heures qui n'avaient pas été travaillées
complètement ; que les salariés ont alors saisi le conseil de prud'hommes aux fins d'obtenir le
paiement de ces heures ;
Attendu qu'il est fait grief au jugement attaqué d'avoir déclaré les salariés grévistes bien fondés à
demander le paiement des heures de travail effectuées les 6 et 7 octobre 1983, ainsi que celui des
indemnités de déplacement auxquelles ils ont droit lorsqu'ils travaillent le vendredi précédant un week-
end et le lundi suivant, alors que le jugement attaqué qui procède par voie d'affirmation s'est
totalement abstenu de rechercher qu'elles avaient été en fait les conditions et les conséquences des
arrêts de travail répétés et spécialement si la nature de l'intervention de la société Montalev sur le
chantier UTA à Roissy, où un hangar menaçait de s'effondrer, n'exigeait pas une continuité dans
l'exécution et dans la surveillance, la grève perlée entreprise dans ces conditions constituant un
facteur d'aggravation du risque autorisant l'employeur à se prévaloir de l'inexécution par les salariés
de leur obligation de fournir leur travail dans les conditions normales, et qu'ainsi en se prononçant in
abstracto sur le caractère licite de la grève, le conseil de prud'hommes n'a pas mis la Cour de
Cassation en mesure d'exercer son contrôle, privant sa décision de toute base légale au regard de
l'article L. 521-1 du Code du travail ;
Mais attendu qu'après avoir énoncé que la répétition d'arrêts de travail dont l'employeur avait été
prévenu à l'avance, même de très courte durée, constitue l'exercice normal du droit de grève, si ce
mouvement ne procède pas d'une volonté de désorganiser l'entreprise ou de nuire à sa situation
économique, les juges du fond ont constaté que les arrêts de travail d'une très courte durée, dont
l'employeur avait été averti par les salariés avaient été moins préjudiciables à l'entreprise qu'une
cessation totale et continue du travail, dès lors notamment que les salariés non-grévistes n'avaient
pas été empêchés d'accomplir leur tâche ; qu'ils ont pu en déduire que M. Lemaire et 12 autres
salariés étaient bien fondés à demander le paiement de leur salaire pour les heures travaillées ;
Que le moyen ne peut donc être accueilli ;
Par ces motifs : Rejette le pourvoi.

Cass. Ass. plén., 23 juin 2006, n° 04-40.289

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 20 novembre 2003), rendu en matière de référé, que le syndicat
des pilotes d'Air France (SPAF) de même que plusieurs autres syndicats de pilotes de ligne ont
déposé un préavis de grève pour la période comprise entre le 2 février 2003 à 0 heure 01 et le 5
février à 23 heures 59 ; que M. Le X..., président du SPAF, a effectué, en qualité de commandant de
bord, le vol Paris - Pointe-à-Pitre le 31 janvier 2003 ; que, sans assurer le vol Pointe-à-Pitre - Paris du
2 février 2003 à 23 heures, heure de Paris, compris dans sa mission, il a quitté Pointe-à-Pitre le 1er
février à 23 heures, heure de Paris, comme passager d'un avion qui est arrivé le 2 février à 10 heures
25 à l'aéroport d'Orly où il s'est joint au mouvement de grève déclenché depuis 0 heure 01 ; qu'il a fait
l'objet d'une sanction disciplinaire ; que M. Le X... a, sur le fondement de l'article R. 516-31 du code du
travail, saisi la formation de référé du conseil de prud'hommes d'une action tendant à faire juger que
cette sanction était constitutive d'un trouble manifestement illicite ; que l'arrêt a retenu l'existence d'un
tel trouble ;

Sur le premier moyen :


Attendu que la société Air France fait grief à l'arrêt d'avoir ainsi statué alors, selon le moyen :
1 / qu'il ressort des termes clairs et précis de la lettre du 11 avril 2003 par laquelle la société Air
France a prononcé à l'encontre de M. Le X... la sanction litigieuse, expressément rappelés par l'arrêt,
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que celui-ci a été sanctionné pour un abandon de poste antérieur au déclenchement de la grève ; que,
dès lors, en affirmant "qu'il n'est pas reproché au commandant de bord son retour à sa base
d'affectation comme passager d'un vol parti une heure avant le début de la grève mais les
conséquences de cet acte, à savoir de ne pas avoir assuré le vol Pointe-à-Pitre - Paris du 2 février qui
constituait la deuxième partie de sa rotation", la cour d'appel a tout à la fois dénaturé la portée de la
dite lettre et méconnu les conséquences légales de ses propres constatations, en violation des articles
1134 du code civil et L. 122-40 du code du travail ;
2 / que, après avoir déduit de la dénaturation de la portée de la lettre de sanction que "l'appréciation
du comportement de Michel Le X... ne peut être dissocié de sa participation au mouvement", la cour
d'appel a limité ensuite cette appréciation à la seule question de savoir si l'intéressé avait ou non
commis une faute en n'assurant pas le vol Pointe-à-Pitre - Paris du 2 février après le déclenchement
de la grève, sans s'interroger à aucun moment sur le caractère fautif de l'abandon de poste antérieur ;
que, ce faisant, elle a entaché sa décision tout à la fois d'une méconnaissance des termes du litige, en
violation de l'article 4 du nouveau code de procédure civile, et d'un manque de base légale au regard
des articles L. 122-40 et L. 122-43 du code du travail ;
3 / qu'un acte illicite ne perd pas son caractère d'illicéité du fait qu'il a été commis en vue de
l'accomplissement d'un acte licite ; que, dès lors à supposer que la cour d'appel ait implicitement jugé
que, l'appréciation de l'abandon de poste antérieur au déclenchement de la grève reproché à M. Le
X... ne pouvant être dissocié de sa participation ultérieure au mouvement de grève, la licéité - par
hypothèse - de la participation de l'intéressé à la grève privait nécessairement de tout caractère fautif
l'abandon de poste, elle a alors violé les articles L. 122-40, L. 122-43 et L. 122-45 du code du travail ;

Mais attendu que la cour d'appel a, sans dénaturation ni modification de l'objet du litige,
souverainement retenu que le véritable motif de la sanction infligée à M. Le X... tenait à sa
participation au mouvement de grève ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

Sur le deuxième moyen :


Attendu que la société Air France fait le même reproche que ci-dessus à l'arrêt alors, selon le moyen :
1 / qu'en réduisant les contraintes exceptionnelles que génère la réglementation de l'aviation civile aux
seules prérogatives et obligations du commandant de bord en cours de vol, pour en déduire, au prix
d'ailleurs d'une lecture partielle et erronée des dispositions du code de l'aviation civile, que la mission
dont celui-ci est investi est assimilable à la notion de vol et que, la définition de la rotation ni celle de
courrier ne faisant référence à la notion de mission, le commandant de bord en escale ne saurait être
tenu, après le déclenchement d'un mouvement de grève auquel il participe, d'assurer un vol prévu par
sa rotation, la cour d'appel a violé les articles L. 122-45, L. 134-1, L. 412-1, L. 521-1 du code du
travail, ensemble l'article R. 516-31 du même code ;
2 / que, à tout le moins, en se cantonnant dans une lecture, au demeurant restrictive, des dispositions
du code de l'aviation civile relatives à la mission du commandant de bord, sans s'interroger sur ce que
recouvre la nécessité d'assurer la continuité des vols au-delà du seul constat d'achever un vol
commencé ni rechercher si, de par ses caractéristiques et sa finalité, la rotation - définie comme une
"période d'activité aérienne" - n'est pas au nombre des contraintes exceptionnelles inhérentes à la
réglementation de l'aviation civile applicable au sein de la société Air France et si l'obligation
d'achever une rotation ne participe donc pas elle aussi de la nécessité d'assurer la continuité des vols,
la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles L. 122-45, L. 134-1, L. 412-1,
L. 521-1 du code du travail, ensemble l'article R. 516-31 du même code ;

Mais attendu que le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le réglementent ; qu'aucun
salarié ne peut être sanctionné en raison de l'exercice normal de ce droit ; qu'ayant constaté que M.
Le X..., commandant de bord, était chargé d'assurer une rotation d'équipage comprenant deux
services distincts de vol Paris - Pointe-à-Pitre et retour séparés par un temps de repos et qu'il avait
cessé son service après le premier vol, la cour d'appel, sans méconnaître ni la mission spécifique du
commandant de bord et la nécessité d'assurer la continuité des vols résultant du code de l'aviation
civile ni les dispositions du code du travail, a pu en déduire que les sanctions prises contre M. Le X...
étaient constitutives d'un trouble manifestement illicite ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

Sur le troisième moyen :


Attendu que la société Air France fait encore le même grief à l'arrêt alors, selon le moyen :
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1 / que même si la grève en escale était licite, abuserait du droit de grève, eu égard aux
responsabilités dont il est investi, le commandant de bord qui n'informe que tardivement son
employeur de sa participation au mouvement collectif, après avoir non seulement dissimulé son
intention d'y participer, mais encore fait croire qu'il assurerait normalement son service ; que la société
Air France faisait valoir que tel était le cas en l'espèce, M. Le X... ayant tu son intention de participer à
la grève bien qu'il eût acheté le billet de retour comme passager avant même d'effectuer le vol du 31
janvier, ayant signé sans réserve son planning par lequel il s'engageait à assurer le vol du 2 février et
n'ayant prévenu son co-pilote (et non d'ailleurs sa hiérarchie) que plus de dix heures après son retour
à Paris et donc moins de quatre heures avant l'heure prévue du vol qu'il devait assurer ; que, dès lors,
en considérant que ces faits, dont elle n'a pas contesté la réalité, ne caractérisaient pas un abus du
droit de grève, la cour d'appel a violé les articles L. 122-40, L. 122-45 et L. 521-1 du code du travail ;
2 / que le risque de désorganisation de l'entreprise suffit à caractériser l'abus d'exercice du droit de
grève peu important que ce risque ne se réalise pas, du fait notamment qu'y a fait obstacle un
événement contingent ; qu'en l'espèce, la société Air France faisait valoir que c'était uniquement par
un heureux concours de circonstances que s'était trouvé sur place, disponible, un commandant de
bord susceptible de remplacer M. Le X... pour assurer le vol Pointe-à-Pitre - Paris et être l'instructeur
du co-pilote, ce qui n'avait pas moins entraîné des remplacements en cascade impromptus et en fin
de compte nécessité l'envoi sur place d'un commandant de bord supplémentaire ; que, dès lors, en
considérant que l'intéressé avait fait part suffisamment tôt de sa défaillance puisqu'il avait pû être
remplacé sur le vol Pointe-à-Pitre - Paris qui avait pu être assuré à l'heure prévue, et en se
déterminant ainsi par un motif rendu inopérant par l'absence de recherche des circonstances qui
avaient permis ce remplacement, la cour d'appel a en toute hypothèse privé sa décision de base
légale au regard des articles L. 122-40, L. 122-45 et L. 521-1 du code du travail ;

Mais attendu qu'ayant exactement retenu qu'il ne pouvait être imposé à un salarié d'indiquer à son
employeur son intention de participer à la grève avant le déclenchement de celle-ci et relevé que la
signature d'un planning de rotation ne pouvait être considérée comme un engagement de ne pas
cesser le travail, puis constaté que M. Le X... avait avisé de son état de gréviste suffisamment tôt pour
permettre son remplacement dans le commandement du vol Pointe-à-Pitre - Paris, de sorte que le
risque de désorganisation de l'entreprise n'était pas caractérisé, la cour d'appel a pu en déduire que
l'abus dans l'exercice du droit de grève n'était pas établi ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
Par ces motifs : Rejette…

Cass. soc. 20 février 1991, n° 90-41.119 et 90-41.129.

Vu la connexité, joint les pourvois n°s 90-41.119 à 90-41.129 inclus ;


Sur le moyen unique commun aux pourvois :
Attendu que, prétextant que certains contrôleurs de route avaient, au cours de la période de juin à
septembre 1989, refusé d'exécuter le contrôle des titres de transport des voyageurs, la SNCF a
effectué une retenue sur leur salaire ; que les intéressés ont saisi la formation de référé du conseil de
prud'hommes pour avoir paiement du salaire retenu ;
Attendu que la SNCF fait grief aux ordonnances attaquées (conseil de prud'hommes de Gap, 20
décembre 1989) d'avoir fait droit à cette demande alors que, selon le moyen, le fait pour un employeur
d'opérer sur le salaire de l'un de ses agents une retenue motivée par l'exécution volontairement
défectueuse par ce dernier des obligations découlant de son contrat de travail ne constitue pas une
sanction relevant de la procédure disciplinaire et ne saurait en conséquence être considéré comme un
trouble manifestement illicite ; qu'ainsi, le conseil de prud'hommes statuant en formation de référés a
violé, par fausse application, l'article R. 516.31 du Code du travail ;
Mais attendu que le juge des référés a décidé à bon droit que la retenue pratiquée sur le salaire des
contrôleurs, à qui la SNCF reprochait la mauvaise exécution de leurs obligations, constituait une
sanction pécuniaire interdite par l'article L. 122.42 du Code du travail et qu'il convenait de faire cesser
le trouble illicite qui en résultait pour les agents concernés ; que le moyen n'est pas fondé ;
Par ces motifs : Rejette…

Cass. soc. 28 octobre 1997, n° 3861 PF, Esposito et autres c/ Blanchard et autres ;
rectificatif Cass. soc. 9 décembre 1997, n° 4997 D.

Attendu que MM. Esposito, Mondet, Pestori, Begnis et Albrieux, salariés de la société Treuil et Grues
Labor ont participé à un mouvement de grève le 9 novembre 1993, du 20 au 25 octobre 1994 et au
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cours des mois de janvier et février 1995 ; que soutenant qu'ils avaient été contraints de recourir à la
grève en raison des manquements de leur employeur à ses obligations, ils ont saisi la juridiction
prud'homale pour être indemnisés de la perte de salaires éprouvée par eux du fait des arrêts de
travail ;
Attendu que les salariés font grief aux jugements attaqués (conseil de prud'hommes de Chambéry, 22
décembre 1995) de les avoir déboutés de cette demande, alors que, selon les moyens, d'une part, le
conseil de prud'hommes doit reconnaître que le salaire d'octobre 1993 a été payé avec retard, ce qui
constitue un manquement à une obligation essentielle de l'employeur ; alors que, d'autre part, en ne
provisionnant pas la prime de fin d'année 1994, l'employeur a contraint les salariés à recourir à la
grève pour faire respecter leurs droits ; alors que, enfin, les journées de grève de janvier et février
1995 étaient justifiées par le non-paiement au 31 décembre 1994 de la prime de fin d'année 1994 ;
Mais attendu que la grève ayant pour effet de suspendre l'exécution du contrat de travail, l'employeur
n'est pas tenu de payer le salaire pendant la période de cessation du travail ; que ce n'est que dans le
cas où les salariés se sont trouvés dans une situation contraignante telle qu'ils ont été obligés de
cesser le travail pour faire respecter leurs droits essentiels, directement lésés par suite d'un
manquement grave et délibéré de l'employeur à ses obligations que celui-ci peut être condamné à
payer aux grévistes une indemnité correspondant à la perte de leur salaire ;
Et attendu, d'abord, que si le conseil de prud'hommes a constaté que la grève du 9 novembre 1993
avait été motivée par le retard du paiement des salaires du mois d'octobre 1993, il a pu décider qu'en
raison des difficultés financières de l'entreprise, qui a été placée sous le régime du redressement
judiciaire le 9 novembre 1993, le manquement de l'employeur n'était pas délibéré ;
Attendu, ensuite, qu'ayant relevé que la prime litigieuse, n'était payable que le 31 décembre 1994 et
qu'en raison du redressement judiciaire, l'administrateur judiciaire n'avait donné son accord que pour
un paiement échelonné en janvier, février et mars 1995, le conseil de prud'hommes a exactement
décidé d'une part, que la grève du 20 au 25 octobre 1994 n'était pas la suite d'un manquement de
l'employeur à ses obligations, d'autre part, que les salariés, avisés dès le 4 janvier 1995 de la décision
de l'administrateur judiciaire, n'avaient pas été contraints de recourir à la grève en janvier et février
1995, pour faire respecter leurs droits ;
D'ou il suit que les moyens ne sont pas fondés ;
Par ces motifs : Rejette les pourvois.

Cass. soc. 5 janvier 2005 n° 11 F-D, SAS Giraud Champagne-Ardenne c/ Antoine et a.

Vu l'article L 521-1 du Code du travail ;


Attendu que la grève ayant pour effet de suspendre l'exécution du contrat de travail, l'employeur n'est
pas tenu de payer le salaire pendant la période de cessation du travail ; que ce n'est que dans le cas
où les salariés se trouvent dans une situation contraignante telle qu'ils ont été obligés de cesser le
travail pour faire respecter leurs droits essentiels, directement lésés par suite d'un manquement grave
et délibéré de l'employeur à ses obligations, que celui-ci peut être condamné à payer aux grévistes
une indemnité correspondant à la perte de salaire ;
Attendu que pour condamner la société Giraud Champagne-Ardenne à payer à M. Antoine et 54
salariés une partie des salaires correspondant à des jours de grève le conseil de prud'hommes
énonce que l'employeur a respecté partiellement son obligation de négociation annuelle des salaires ;
Qu'en statuant ainsi alors qu'il découlait de ces énonciations que l'employeur n'avait pas manqué
gravement et délibérément à ses obligations, le conseil de prud'hommes n'a pas tiré les
conséquences légales de ses constatations ;
Par ces motifs, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les première et troisième branches du premier
moyen et sur le second moyen : Casse et annule, mais seulement en ce qu'ils ont condamné la
société Giraud Champagne-Ardenne à payer aux salariés un rappel de salaires, les jugements rendus
le 7 novembre 2002, entre les parties, par le conseil de prud'hommes de Chaumont ; remet, en
conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant lesdits
jugements et, pour être fait droit, les renvoie devant le conseil de prud'hommes de Saint-Dizier.

Cass. soc. 21 mai 1997, n° 2170 P, Sté GTP Transports routiers c/ Afonso et autres.

Attendu, selon le jugement attaqué (conseil de prud'hommes de Dax, 13 avril 1995), qu'une grève,
précédée d'un préavis déposé le 2 décembre 1993, a été suivie par des salariés de la société GTP
Transports routiers, faute par eux d'avoir obtenu la suppression de la prime qui leur était attribuée en
fonction du chiffre d'affaires réalisé et son remplacement par un autre système de rémunération ;
qu'un procès-verbal de fin de conflit a été signé le 17 décembre 1993, prévoyant le non-paiement de
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8/26e de mois de salaire au titre des heures de grève ; que M. Afonso et 44 autres salariés grévistes
ont engagé une instance prud'homale pour obtenir le paiement de la fraction des salaires perdue en
raison de la grève, en soutenant que celle-ci trouvait son origine dans une faute de l'employeur ;
Attendu que la société GTP fait grief au jugement de l'avoir condamnée à payer à 45 salariés
grévistes des salaires correspondant à une période de grève, alors, selon le moyen, d'une part, qu'en
décidant que, par principe, une prime liée au chiffre d'affaires incitait les salariés à méconnaître les
règles régissant la durée du travail, et plus spécialement les temps de conduite, sans s'expliquer sur
son mode de calcul et vérifier s'il incitait ou non les salariés à se soustraire aux règles régissant la
durée du travail et les temps de conduite, les juges du fond ont privé leur décision de base légale au
regard des articles L 521-1 du Code du travail, 9 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 et 14 de
l'annexe 1 « ouvriers » de la convention collective nationale des transports routiers ; alors, d'autre
part, qu'il est exclu qu'un manquement grave et délibéré à ses obligations puisse être imputé à
l'employeur dès lors que celui-ci s'est borné à faire application d'un usage prévoyant une prime, peu
important que cette prime fût ou non licite ; qu'à cet égard, le jugement a été rendu en violation des
articles 1134 du Code civil et L 521-1 du Code du travail ; et alors, enfin, que, faute d'avoir relevé que
le comportement de l'employeur révélait un manquement non seulement grave, mais encore délibéré
à ses obligations, les juges du fond ont, en tout état de cause, privé leur décision de base légale au
regard des articles 1134 du Code civil, L 521-1 du Code du travail et 14 de l'annexe 1 ouvriers de la
convention collective nationale des transports routiers ;
Mais attendu, d'abord, que les juges du fond ont relevé à juste titre que la prime litigieuse était illicite,
en ce qu'elle incitait les salariés, dont la rémunération était proportionnelle au chiffre d'affaires réalisé,
à dépasser la durée normale de travail et les temps de conduite autorisés, contrairement aux
prescriptions de l'article 9 de la loi d'orientation des transports routiers du 30 décembre 1982 et de
l'article 14 de l'annexe 1 de la convention collective nationale des transports routiers ;
Et attendu, ensuite, qu'ils ont constaté que s'il avait accepté de diminuer le montant de la prime, dont
les salariés avaient justement dénoncé l'illicéité, l'employeur persistait à en refuser la suppression
totale et que les négociations qui avaient été ouvertes depuis le mois d'octobre 1992 n'avaient abouti
à aucun résultat ; qu'ils ont ainsi fait ressortir que cet employeur avait manqué de manière grave et
délibérée à ses obligations et que son refus injustifié avait créé pour les salariés une situation
contraignante, telle qu'ils s'étaient trouvés obligés de cesser le travail pour obtenir que les dispositions
légales et conventionnelles précitées soient respectées ;
D'où il suit que le moyen n'est fondé en aucune de ses branches ;
Par ces motifs : Rejette le pourvoi.

Cass. soc. 2 juin 1992, n° 2458 PF, Zaluski c/ Ipem Hom.

Vu l'article 7 du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, repris par le préambule de la


Constitution du 4 octobre 1958 ;
Attendu que si la grève suppose l'existence de revendications de nature professionnelle, le juge ne
peut, sans porter atteinte au libre exercice d'un droit constitutionnellement reconnu, substituer son
appréciation à celle des grévistes sur la légitimité ou le bien-fondé de ces revendications ;
Attendu que M. Zaluski, engagé le 20 octobre 1972 en qualité de représentant exclusif par la société
Ipem Hom, a été convoqué à une session de travail de tous les représentants en vue du lancement de
la campagne commerciale 1984-1985 ; qu'au début de la réunion du 23 août 1984, le porte-parole des
représentants a fait connaître au président-directeur général, par une déclaration suivie de la remise
d'un écrit, que l'équipe de vente était préoccupée par le lancement d'une sous-marque vendue
directement dans les grandes surfaces et par ses conséquences sur les ventes dans le réseau de
détaillants démarché par les représentants ; qu'il a réclamé une communication écrite faisant
connaître la politique commerciale qui serait désormais menée ; que les représentants ont ensuite
refusé de poursuivre la réunion et ont cessé le travail ; qu'à la suite de ces événements, tous les
représentants, dont M. Zaluski, ont été licenciés le 30 août 1984 ;
Attendu que pour débouter le salarié de ses demandes en paiement des indemnités de préavis et de
clientèle et d'une indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, la cour d'appel, après
avoir reconnu que l'arrêt de travail concerté de l'ensemble des représentants constituait bien une
grève, énonce que si la volonté exprimée et explicitée de voir l'employeur définir clairement en début
de campagne la politique commerciale de la société constitue bien une revendication professionnelle,
la lettre de convocation de l'employeur avait annoncé la communication de la nouvelle politique
commerciale ; que les représentants ne se sont pas satisfaits de cet engagement et ont exigé de la
part du président-directeur général une communication écrite et signée ; que cette exigence constituait
pour ce dernier une manifestation de défiance, voire une humiliation que rien ne justifiait quelles que
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soient les préoccupations des salariés et qui ne pouvait décemment être satisfaite ; que la
revendication telle que formulée ne pouvait constituer un préalable à une grève légitime et qu'en
conséquence l'arrêt de travail était illégitime ;
Attendu cependant que la cour d'appel, qui a constaté le caractère professionnel de la revendication
et qui n'a caractérisé aucun abus de la part des salariés, a violé le texte susvisé ;
Par ces motifs : Casse et annule, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 15 janvier 1990, entre
les parties, par la cour d'appel de Paris ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où
elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de
Versailles.

CE, 15 mai 2006, n° 270171

Vu la requête sommaire et le mémoire complémentaire, enregistrés les 20 juillet et 18 novembre 2004


au secrétariat du contentieux du Conseil d'État, présentés pour la Fédération CFDT des finances et
des affaires économiques, dont le siège est 47-49, avenue Simon Bolivar à Paris cedex 19 (75950) ;
la Fédération CFDT des finances et des affaires économiques demande au Conseil d'État :
1°) d'annuler la décision implicite de rejet résultant du silence gardé par le ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie sur sa demande en date du 13 avril 2004 tendant à l'abrogation de
l'instruction du 31 décembre 2003 du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie et du
ministre délégué au budget et à la réforme budgétaire fixant la liste des agents des services des
douanes dont la présence en service est indispensable en cas de grève, et de la note A/1-A/3 n°
040329 du 26 janvier 2004 du directeur général des douanes et des droits indirects prise pour
l'application de cette instruction ;
2°) de mettre à la charge de l'État la somme de 3 000 euros au titre de l'article L. 761 1 du code de
justice administrative ;

Considérant qu'en indiquant, dans le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 auquel se


réfère le préambule de la Constitution du 4 octobre 1958, que « le droit de grève s'exerce dans le
cadre des lois qui le réglementent », l'Assemblée Constituante a entendu inviter le législateur à opérer
la conciliation nécessaire entre la défense des intérêts professionnels, dont la grève constitue l'une
des modalités, et la sauvegarde de l'intérêt général auquel elle peut être de nature à porter atteinte ;
Considérant qu'en l'absence de la réglementation ainsi annoncée par la Constitution et que la loi du
31 juillet 1963 relative à certaines modalités de la grève dans les services publics, reprise aux articles
L. 521-2 à L. 521-5 du code du travail, ne saurait, comme l'indique d'ailleurs son exposé des motifs,
constituer à elle seule, il appartient au Gouvernement, responsable du bon fonctionnement des
services publics, de fixer lui même, sous le contrôle du juge de l'excès de pouvoir, en ce qui
concerne ces services, la nature et l'étendue des limitations qui doivent être apportées au droit de
grève en vue d'en éviter un usage abusif ou contraire aux nécessités de l'ordre public ;
Considérant qu'une grève qui aurait pour effet d'interrompre totalement le fonctionnement des
services de la surveillance de la direction générale des douanes et des droits indirects serait de nature
à compromettre l'action gouvernementale et à porter une atteinte grave à l'ordre public et au respect
de certains engagements internationaux de la France ;
Considérant, en premier lieu, que, dans le cadre des prérogatives qui appartiennent en la matière au
Gouvernement, sous le contrôle de l'excès de pouvoir, le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie et le ministre délégué au budget et à la réforme budgétaire et, par délégation, le directeur
général des douanes et des droits indirects ont pu légalement prendre des mesures interdisant par
avance l'exercice du droit de grève aux chefs de services interrégionaux, directeurs interrégionaux et
régionaux et directeurs régionaux adjoints des douanes, ces fonctionnaires de direction étant investis
d'une responsabilité particulière qui doit, compte tenu des exigences ci-dessus rappelées, être
assumée sans discontinuité ; qu'il en va de même, à raison de leurs missions, des directeurs adjoints
et inspecteurs principaux chargés des fonctions d'adjoint au directeur ou exerçant des fonctions de
chef divisionnaire contrôlant l'activité des agents relevant de la branche de surveillance ;
Considérant, en second lieu, qu'eu égard à la nature des missions dévolues aux services de
surveillance, lesquels concourent à la préservation de la sécurité des personnes et des biens, ainsi
qu'à la protection du territoire national, les ministres pouvaient légalement limiter l'exercice du droit de
grève par les agents des douanes de la branche de la surveillance et par les fonctionnaires ayant
autorité sur ceux-ci, lorsqu'ils sont affectés à certaines missions de contrôle et de sûreté ou chargés
de l'exécution d'enquêtes judiciaires ; qu'en fixant la liste des catégories de missions concernées par
cette réglementation et en prévoyant que les agents désignés à l'ordre de service pour effectuer, dans
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ce cadre, les missions particulières assignées par les autorités administratives ou judiciaires, ne
pouvaient faire usage de leur droit de grève, les ministres n'ont pas excédé leurs pouvoirs ;
Considérant qu'il résulte de ce qui précède que la Fédération CFDT des finances et des affaires
économiques n'est pas fondée à demander l'annulation de la décision implicite de rejet résultant du
silence gardé par le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur sa demande en date du
13 avril 2004 tendant à l'abrogation de l'instruction ministérielle du 31 décembre 2003 et de la note du
directeur général des douanes et des droits indirects du 26 janvier 2004 prise pour son application ;
que ses conclusions présentées au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ne
peuvent, par suite, qu'être rejetées ;

Article 1er : La requête de la Fédération CFDT des finances et des affaires économiques est rejetée.

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