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Droit du travail I
Université de Paris I
Licence en droit 2005-06
Cours du Professeur Gérard Couturier
CHAPITRE PRÉLIMINAIRE
PRÉSENTATION DU DROIT DU TRAVAIL
Section 1 - Objet du droit du travail
Débats sur une « reconfiguration » du droit du travail dans la ligne des rapports
Boissonnat (le travail dans 20 ans , Odile Jacob 1995) et Supiot, (au delà de l’emploi,
Flammarion, 1999) : changement d’objet (droit de l’activité, aménagement des marchés
transitionnels).
Trois questions : quand faut-il la faire commencer ? Quelle signification donner aux
grandes dates ? qu’est-ce qui fait évoluer le droit du travail aujourd’hui ?
§ 1 – Sources classiques
A - Les principes constitutionnels
Le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946
5. Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son
travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.
6. Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l'action syndicale et adhérer au
syndicat de son choix.
7. Le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le réglementent.
8. Tout travailleur participe, par l'intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des
conditions de travail ainsi qu'à la gestion des entreprises.
La jurisprudence du Conseil constitutionnel et les autres principes de valeur
constitutionnelle.
Ex. Entre droit à l’emploi et liberté d’entreprendre, la décision Modernisation sociale du 12
janvier 2002 : sanction d’une atteinte manifestement excessive à la liberté d'entreprendre
au regard de l'objectif poursuivi du maintien de l'emploi ;
B —
— Le Code du travail
Le premier code (à partir de 1901)
La refonte de 1973 : objectifs, caractéristiques, bilan.
Une réécriture en chantier (en marge de la « simplification » du droit du travail )
Première partie
2) Aux «
« frontières du salariat
salariat »
Travail dissimulé (article L. 324-9), avec distinction de la dissimulation d’activité et de la
dissimulation d’emploi salarié (article L. 324-10).
pas des règles du Code du travail. Une indemnité qui « permet d’accomplir la mission
dans des conditions de vie décentes ».
— Avant tout, la subordination
L’arrêt attaqué énonce qu'il ne ressort pas des débats que M. Labbane recevait des
instructions du loueur notamment quant à la clientèle à prendre en charge ni quant au
secteur de circulation ou quant aux horaires; qu'il n'est pas fait état de l'exercice d'un
pouvoir de direction ou disciplinaire ; que la seule dépendance économique résultant du
coût de la redevance, qui implique une quantité de travail importante pour procurer au
chauffeur une certaine rémunération, ne suffit pas à caractériser le lien de subordination.
Cependant, le contrat litigieux prévoit que sa durée et celle de chacun de ses
renouvellements sont limitées à un mois, qu'il peut être résilié mensuellement avec un
délai de préavis très court, que les conditions générales annexées au contrat fixent une
périodicité très brève pour le règlement des redevances et imposent au "locataire" des
obligations nombreuses et strictes concernant l'utilisation et l'entretien du véhicule…
Conséquence : l'accomplissement effectif du travail dans les conditions précitées plaçait
le "locataire" dans un état de subordination à l'égard du "loueur" .
§ 2 – Preuve de la subordination
Les allers retours de la loi Madelin
L’article L. 120-3 C. trav. issu de la loi du 11 février 1994 sur l'initiative et l'entreprise
individuelle ; aboli par la Loi Aubry II du 19 janvier 2000 ; rétabli par l’article 23 de la
loi 2003/721 du 1er août 2003 « pour l’initiative économique »
Une présomption : «Les personnes physiques immatriculées au registre du commerce
et des sociétés, au répertoire des métiers, au registre des agents commerciaux ou
auprès des unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations
familiales pour le recouvrement des cotisations d'allocations familiales… sont
présumés ne pas être liés avec le donneur d'ouvrage par un contrat de travail dans
l'exécution de l'activité donnant lieu à cette immatriculation.
Une présomption simple« Toutefois, l'existence d'un contrat de travail peut être
établie lorsque les personnes citées au premier alinéa fournissent directement ou par
une personne interposée des prestations à un donneur d'ouvrage dans des conditions
qui les placent dans un lien de subordination juridique permanente à l'égard de
celui-ci. Dans un tel cas, il n'y a dissimulation d'emploi salarié que s'il est établi que
le donneur d'ouvrage s'est soustrait intentionnellement à l'accomplissement de l'une
des formalités prévues aux articles L. 143-3 et L. 320. »
Attendu que la société Lourdes Invest Hôtels, exploitant un hôtel restaurant à Lourdes,
a donné un mandat de gestion de son établissement à la société Campanile, devenue
société Groupe Envergure, avec laquelle elle avait signé un contrat de franchise ;
Vu l’article L. 121-1 du Code du travail ;
Attendu que pour dire que la société Lourdes Invest Hôtels était le seul employeur de
Mme X... et mettre hors de cause la société Groupe Envergure, la cour d’appel retient
que cette dernière société n’a agi qu’en qualité de mandataire et que le contrat de travail
a été passé avec la société Lourdes Invest Hôtels laquelle versait les rémunérations et
délivrait les bulletins de paie ;
Attendu, cependant, que le contrat de travail ne dépend ni de la volonté exprimée par
les parties, ni de la dénomination de leur convention mais des conditions dans lesquelles
la prestation de travail s’est exécutée ; que le lien de subordination est caractérisé par
l’exécution d’un travail sous l’autorité d’un employeur qui a le pouvoir de donner des
ordres et des directives, d’en contrôler l’exécution et de sanctionner les manquements de
son subordonné ;
Qu’en statuant comme elle l’a fait, alors qu’il lui appartenait de rechercher, comme
elle y était invitée, si, pendant toute la durée de la relation contractuelle, Mme X...
n’avait pas, en fait, travaillé dans un lien de subordination avec la société Groupe
Envergure de sorte que les deux sociétés avaient la qualité d’employeur conjoint, la
cour d’appel n’a pas donné de base légale à sa décision.
B —
— Aménagements artificiels≤
artificiels≤ : portage salarial et temps partagé
CODE DU TRAVAIL : Chapitre IV bis : Travail à temps partagé
(inséré par Loi nº 2005-882 du 2 août 2005 art. 22 Journal Officiel du 3 août 2005)
Article L124-24
Est, au sens du présent chapitre, une entreprise de travail à temps partagé toute
personne physique ou morale dont l'activité exclusive consiste, nonobstant les
dispositions de l'article L. 125-3, à mettre à disposition d'entreprises clientes du
personnel qualifié qu'elles ne peuvent recruter elles-mêmes à raison de leur taille ou de
leurs moyens.
Les salariés mis à disposition le sont pour des missions qui peuvent être à temps plein
ou à temps
(……}
Article L124-26
Un contrat est signé, pour chaque mise à disposition individuelle de salarié, entre
l'entreprise de travail à temps partagé et l'entreprise cliente. Ce contrat précise le
contenu et la durée estimée de la mission, la qualification professionnelle, les
caractéristiques particulières du poste de travail ou des fonctions occupées, le montant
de la rémunération et ses différentes composantes.
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Article L124-27
Un contrat de travail est signé entre le salarié mis à disposition et l'entreprise de travail à
temps partagé. Ce contrat de travail est réputé être à durée indéterminée.
§ 1 - La forme
A - Le principe de l
l ’art. L. 121-1 C. trav.
Le contrat de travail est soumis aux règles du droit commun. Il peut être constaté dans
les formes qu'il convient aux parties contractantes d'adopter.
.… et ses exceptions (apprentissage , contrats à durée déterminée, à temps partiel ).
B - Un formalisme de contrôle (déclaratif)
La déclaration préalable à l’embauche (art. L. 320) / déclaration unique d ’embauche.
La répression du travail dissimulé (déjà évoquée)
art. L324-10 (…) Est réputé travail dissimulé par dissimulation d'emploi salarié le fait,
pour tout employeur, de se soustraire intentionnellement à l'accomplissement de l'une
des formalités prévues aux articles L. 143-3 et L. 320.
Article L324-11-1 Une indemnité spécifique : Le salarié auquel un employeur a eu
recours en violation des dispositions de l'article L. 324-10 a droit en cas de rupture de la
relation de travail à une indemnité forfaitaire égale à six mois de salaire , à moins que
l'application d'autres règles légales ou de stipulations conventionnelles ne conduise à
une solution plus favorable
C -Un formalisme de protection (informatif)
1 ) La directive européenne du 14 octobre 1991 « relative à l'obligation de l'employeur
d'informer le travailleur des conditions applicables au contrat ou à la relation de
travail »
Des éléments essentiels du contrat ou de la relation de travail (art. 2, paragraphe 1),
spécialement le lieu du travail, la durée normale du travail, les caractéristiques de
l'emploi et des tâches à accomplir, le début et la fin du contrat, le montant et les
conditions de paiement de la rémunération, .
Par la remise au salarié d'un contrat de travail écrit ou d'une lettre d'engagement ou
d'autres documents comportant l'ensemble des éléments prescrits
§ 2 - Capacité et consentement
A — Capacité
Rapprocher : l’âge d’accès au travail
Représentation ou assistance du mineur
L'article 389-3 du Code civil (« sauf les cas dans lesquels la loi ou I'usage autorise les mineurs
a agir eux-mêmes ») ; l'article R. 117-10 du Code du travail (apprentissage) : « doit être
signé par l'employeur, le salarié et le représentant légal de celui-ci. »
La « capacité professionnelle »
Les enfants : l’âge de seize ans, sauf exception (art. L. 211-1, L. 117-3 C. trav.) .
Les étrangers non munis d’un titre (article L. 341-6 C. trav.).
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Evolution : lois du 3 janvier 1972, du 3 janvier 1979 ; ordonnances du 5 février 1982, puis
du 11 août 1986, accord du 24 mars 1990 et loi du 12 juillet 1990.
Progressivement, un seul droit des contrats précaires
§ 1 - Les principes
Article L. 121-5
Le contrat de travail est conclu sans détermination de durée. Toutefois, dans les cas et
aux conditions fixées à la section I du chapitre II du présent titre , il peut comporter un
terme fixé avec précision dès sa conclusion ou résultant de la réalisation de l'objet pour
lequel il est conclu
Article L. 122-1
Le contrat de travail à durée déterminée, quel que soit son motif, ne peut avoir ni pour
objet ni pour effet de pourvoir durablement un emploi lié à l'activité normale et
permanente de l'entreprise.
Sous réserve des dispositions de l'article L. 122-2, il ne peut être conclu que pour
l'exécution d'une tâche précise et temporaire, et seulement dans les cas énumérés à
l'article L. 122-1-1.
Lorsque le juge constate que l’emploi du salarié, constamment maintenu dans les mêmes tâches,
est lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise, il est fondé à juger que les relations de
travail entre les parties sont à durée indéterminée (Soc. 16 juill. 1997, Bull. civ., V, n° 270).
caractère exceptionnel, ni que le salarié recruté soit affecté à la réalisation même de ces
tâches
… La cour d’appel a constaté, tant par motifs propres qu’adoptés, que d’une part, la
société Sovab bénéficiait d’une augmentation constante de sa production, et d’autre
part, que les différents contrats de mission des salariés intérimaires s’inscrivaient dans
cet accroissement durable et constant de son activité qu’elle a exactement décidé,
abstraction faite du motif surabondant tiré du caractère accidentel de l’augmentation de
la charge de travail, que ces contrats de travail temporaire, qui avaient pour effet de
pourvoir durablement des emplois liés à l'activité normale et permanente de
l'entreprise, devaient être requalifiés en contrats de travail à durée indéterminée ;
4) Insertion et formation
Article L. 122-2 : contrats de professionnalisation, Contrat initiative emploi, CIE, contrat
d’avenir, CIRMA, etc.
Extension au travail temporaire (v. l’art. L. 124-2-1-1 issu de la Loi Borloo).
§ 3 - Les interdictions
A - Des utilisations spécialement prohibées
Grève et travaux dangereux.
B - Des restrictions supplémentaires
Après un licenciement économique (art. L. 122-2-1).
C - Interdiction de contrats précaires successifs pour un même poste
L. 122-3-11 A l'expiration du contrat conclu pour une durée déterminée, il ne peut être
recouru, pour pourvoir le poste du salarié dont le contrat a pris fin, ni à un contrat à
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§1 - La convocation
L. 122-14 L'employeur, ou son représentant, qui envisage de licencier un salarié doit,
avant toute décision, convoquer l'intéressé par lettre recommandée ou par lettre
remise en main propre contre décharge en lui indiquant l'objet de la convocation……
La question du délai :
D’abord la jurisprudence :
“ le salarié doit être averti suffisamment à l'avance non seulement du moment mais
aussi de l'objet de l'entretien pour pouvoir y réfléchir et recourir éventuellement à
l'assistance d'un membre du personnel ” (Soc. 19 mars 1991).
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§ 3 - La lettre de licenciement
— L. 122-14-1 L'employeur qui décide de licencier un salarié doit notifier le licenciement
par lettre recommandée avec demande d'avis de réception ; la date de présentation de la
lettre recommandée fixe le point de départ du délai-congé.
Cette lettre ne peut être expédiée moins de deux jours ouvrables (ordonnance du 24
juin 2004) après la date pour laquelle le salarié a été convoqué en application des
dispositions de l'article L. 122-14 .
— L'indication du motif – transition.
— Le licenciement « doit être fondé sur des éléments objectifs » (arrêt Fertray,
Soc.29 nov. 1990). Une entrave à la marche de l'entreprise ou un “ trouble caractérisé au
sein de l’entreprise ” (arrêt Painsecq, Soc. 17 avr. 1991).
— Contrôle de la Cour de cassation
Il appartient aux juges du fond d’user « des pouvoirs qu'ils tiennent de l'art. L. 122-14-
3 » (depuis 1987).
2 ) l
l ’ordre de la preuve
Article L. 122-14-3 - Le juge à qui il appartient d'apprécier la régularité de la procédure
suivie et le caractère réel et sérieux des motifs invoqués par l'employeur, forme sa
conviction au vu des éléments fournis par les parties et au besoin après toutes mesures
d'instruction qu'il estime utiles.
3 ) Le risque de la preuve
Depuis 1989, « si un doute subsiste, il profite au salarié » (article L. 122-14-3, alinéa 2).
§ 4 - Principales applications
A - Licenciements disciplinaires
La « faute réelle et sérieuse »
Éléments de droit disciplinaire
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§ 4 - La nullité du licenciement
A —Le domaine
— Des salariés spécialement protéges
Maintenant l’immunité attachée à certaines actions (art. L. 122-46, L. 123-5, al. 1er)
— La question de l’illicéité du motif
Apres 1973, une nouvelle distinction: absence de cause réelle et sérieuse et cause illicite,
au sens fort du terme
— Des nullités sans texte?
L'arrêt Clavaud Soc. 28 avril 1988
La formule utilisée par le Conseil constitutionnel dans la décision Modernisation sociale
(du 12 janvier 2002) : en l'absence de disposition expresse en ce sens, et la nullité ne se
présumant point, la violation de la loi ne pourrait pas être sanctionnée a posteriori
devant le juge du contrat de travail par la nullité… du licenciement.
— Le licenciement attentatoire à des droits et libertés fondamentaux
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Soc. 2 juin 2004 : Six mois de salaires au moins, même pour le salarié qui n’a que trois
mois d’ancienneté
§ 1 - Le préavis
A - Durée
Un minimum légal depuis 1958.
art. L. 122-6 : …le salarié licencié, sauf s’il l’est pour faute grave, a droit :
1º S'il justifie d'une ancienneté inférieure à six mois au délai-congé prévu par les
usages ou le contrat
2º S'il justifie d'une ancienneté comprise entre six mois et moins de deux ans à un
délai-congé d'un mois ;
3º S'il justifie d'une ancienneté d'au moins deux ans, à un délai-congé de deux mois.
Les dispositions des 2º et 3º ne sont applicables qu'à défaut de loi, de contrat de
travail, de convention ou accord collectif de travail ou d'usages plus favorables.
Délai "préfixe" — problème de suspension - V. Soc. 18 juill. 1996, Dr. soc., 1996, 982 : « le
préavis et suspendu pendant la durée de l’arrêt de travail consécutif à un accident du
travail ».
L'incompatibilité avec les congés payés.
B - L'exécution du contrat en cours du préavis
Principe: elle s'impose aux parties
au salarié, sauf rupture par lui et changement de préavis
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§ 2 - Indemnité de licenciement
A - L'indemnité légale
art. L. 122-9 ; R. 122- 2 (décret du 3 mai 2002) :
Pour un licenciement fondé sur le motif prévu à l'article L. 321-1, cette indemnité ne
peut être inférieure à deux dixièmes de mois de salaire par année d'ancienneté. A
partir de dix ans d'ancienneté, cette indemnité minimum est de deux dixièmes de
mois de salaire plus deux quinzièmes de mois par année d'ancienneté au-delà de dix
ans.
Pour un licenciement fondé sur un motif autre que celui visé à l'alinéa précédent,
cette indemnité ne peut être inférieure à un dixième de mois de salaire par année
d'ancienneté. A partir de dix ans d'ancienneté, cette indemnité minimum est de un
dixième de mois de salaire plus un quinzième de mois par année d'ancienneté au-
delà de dix ans.
B - Indemnités conventionnelles
Le montant exorbitant : illicéité ou application du régime de la clause pénale?
C - Nature juridique
L'alternative : indemnisation d’un dommage (responsabilité) ou salaire à paiement
différé ?
« N'est pas la contrepartie du travail » (Com. 9 mars 1957)
Cependant... L’incompatibilité avec un mécanisme de responsabilité là où il n’y a pas de
relation de causalité (licenciement pour invalidité du salarié).
Droit fiscal et sécurité sociale.
§ 3 - Conditions communes
A - L'ancienneté
L’ancienneté "de services continus" dans l’art. L. 122-6 / l’ancienneté « ininterrompue »
dans l’art. L. 122-9.
Incidence des périodes de suspension du contrat.
B - L'absence de faute grave
"La faute grave résulte d'un fait ou d'un ensemble de faits d'une importance telle
qu'elle rend impossible le maintien du salarié dans l'entreprise pendant la durée du
préavis" (Soc. 26 févr. 1991).
§ 2 - Procédures de concertation
A - Diversités des procédures de concertation
1 ) La procédure légère (art. L. 321-2, 1°) et la procédure lourde (le 2°).
2 ) La procédure du Livre III et la procédure du Livre IV
— Solutions de la jurisprudence : ces « deux procédures distinctes » qui doivent « être
respectées l’une et l’autre…, peuvent être conduites de manière concomitante sous
réserve du respect des délais les plus favorables » (Soc. 16 avril 1996, Sietam
industries et Soc. . 9 févr. 2000, DIAC).
Choix différent de la Loi de modernisation sociale ; mais retour ultérieur au
« concomitamment » (art. L. 321-3, al. 2).
3 ) Aménagements conventionnels et accord de méthode
Après la loi Fillon, la loi de programmation pour la cohésion sociale (Borloo) :
« Art. L. 320-3. - Des accords d’entreprise ou de groupe peuvent fixer, par dérogation
aux dispositions des livres III et IV du présent code, les modalités d’information et de
consultation du comité d’entreprise lorsque l’employeur projette de prononcer le
licenciement économique d’au moins dix salariés sur une même période de trente
jours.
« Ces accords fixent les conditions dans lesquelles le comité d’entreprise est réuni et
informé de la situation économique et financière de l’entreprise, et peut formuler des
propositions alternatives au projet économique à l’origine d’une restructuration ayant
des incidences sur l’emploi et obtenir une réponse motivée de l’employeur à ses
propositions. Ils peuvent organiser la mise en œuvre d’actions de mobilité
professionnelle et géographique au sein de l’entreprise et du groupe.
B - Réunions des représentants du personnel et intervention de l'expert comptable
1 ) Les deux réunions : article L. 321-3, al. 4
Les deux réunions doivent être séparées par un délai qui ne peut être supérieur à
quatorze jours lorsque le nombre des licenciements est inférieur à cent, à vingt et un
jours lorsque le nombre des licenciements est au moins égal à cent et inférieur à deux
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cent cinquante, et à vingt-huit jours lorsque le nombre des licenciements est au moins
égal à deux cent cinquante
2 ) Le droit à l'assistance d'un expert comptable ( L. 434-6).
3 ) Une troisième réunion (art. L. 321-7-1).
Le comité d'entreprise qui entend user de la faculté de recourir à l'assistance d'un
expert-comptable en application du premier alinéa de l'article L. 434-6 prend sa décision
lors de la première réunion prévue au quatrième alinéa de l'article L. 321-3.
(……) Dans ce cas, le comité d'entreprise tient une deuxième réunion au plus tôt le
vingtième et au plus tard le vingt-deuxième jour après la première. Il tient une
troisième réunion dans un délai courant à compter de sa deuxième réunion. Ce délai ne
peut être supérieur à quatorze jours lorsque le nombre de licenciements est inférieur à
cent, à vingt et un jours……
C - L'instance représentative compétente
art. L. 321-2, al. 2 - … les consultations visées aux alinéas précédents concernent à la fois
le comité central d'entreprise et le ou les comités d'établissement intéressés, dès lors que
les mesures envisagées excèdent le pouvoir du ou des chefs d'établissement concernés
ou visent plusieurs établissements simultanément.
Dans ce cas, le ou les comités d'établissement tiennent les réunions prévues au
quatrième alinéa de l’article L. 321-3 respectivement après la première et la deuxième
réunion du comité central d'entreprise tenues.
B - Le contenu
la « loi Aubry » du 27 janvier 1993
Le « plan visant au reclassement de salarié »
L’énumération de l’article L. 321-4-1 ; un plan visant au reclassement de salariés
s'intégrant au plan social… doit prévoir des mesures telles que : des actions de
reclassement interne ou externe à l'entreprise ; des créations d'activités nouvelles ; des
actions de formation ou de conversion ; des mesures de réduction ou d'aménagement de
la durée du travail.
Le préalable de la réduction du temps de travail et « l’amendement Michelin »
« Le plan de reclassement intégré au plan social a pour objet d’assurer l’obligation de
reclassement de l’employeur » ). (Soc. 6 juin 2000, Ronéo).
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841 du 26 juillet 2005 (seulement dans les entreprises de moins de 1000 salariés)
§ 1 - Le contrôle administratif
1 — L’expérience du régime d’autorisation
La neutralisation du juge - Soc. 9 mai 1978, Bielle c. Sté Le Névé.
2 — Les interventions de l’administration dans le régime actuel
- L'information sur les petits licenciements, L. 321-2, 1°, b)
- 1986, la notification afin d'avis éventuel (L. 321-7).
- 1989, les propositions d'améliorations ( L. 321-7, deux derniers alinéas).
- 1993, le constat de carence (L. 321- 7, al. 3)
… auquel il ne convient d’accorder « aucune valeur de décision » (Soc. 16 avril 1996, SA
Sietam industries)
- Les ajouts de l’article 116 de la loi de modernisation sociale (propositions
d’amélioration tout au long de la procédure, constat de carence sur la version définitive
du plan) et leurremise en cause (suspension puis abrogation)..
— le salarié concerné par un projet de licenciement pour motif économique n’est pas
privé de la faculté de proposer à son employeur une rupture amiable de son contrat de
travail (Soc. 2 déc. 2003, Lacroix tous artifices).
2 ) la résiliation conventionnelle pour motif économique et « l’amendement Mandon »
(art. L. 321-1, al. 2.)
3 ) Des périodes au cours desquelles la résiliation est interdite (après avis d’inaptitude,
après un accident du travail, etc.)
C - L’impossibilité d’exécution
1 ) Les limites de la force majeure : son effet normalement suspensif ; l’attribution des
risques à l’employeur
2 ) L’inaptitude physique est seulement (et à des conditions très strictes) une cause de
licenciement.
D - La retraite
1 ) La notion d’âge de la retraite
2 ) L’illicéité des « clauses-couperets » (article L. 122-14-12, al. 2).
3 ) La loi du 30 juill. 1987 et le régime légal de la mise à la retraite à l’initiative de
l’employeur (article L. L. 122-14-13, al. 3).
4 ) Réforme des retraites (loi du 21 août 2003) : l’âge de 65 ans sauf accord.
E - La résiliation judiciaire
1 ) Les applications passées de l’article 1184 du Code civil.
2 ) Pas à la demande de l’employeur
L’employeur qui dispose du droit de résilier unilatéralement (Soc. 13 mars 2001) qui
peut rompre de contrat à durée déterminée selon les règles de l’article L. 122-3-8 (Soc.
4 déc. 2001). n’est pas recevable à demander la résiliation judiciaire du contrat
Exception légale art. L122-32-9
3 ) Les avantages de la résiliation judiciaire pour le salarié
Soc. 16 février 2005, n° 02-46649
lorsqu'un salarié demande la résiliation de son contrat de travail en raison de faits
qu'il reproche à son employeur, tout en continuant à travailler à son service, et que ce
dernier le licencie ultérieurement pour d'autres faits survenus au cours de la
poursuite du contrat, le juge doit d'abord rechercher si la demande de résiliation du
contrat de travail était justifiée ;
résolution, etc.
2 ) La signification de l’expression
Qualification ou sanction?
3 ) Application à la prise d’acte par l’employeur
Soc. 25 juin 2003
L'employeur qui prend l'initiative de rompre le contrat de travail ou qui le considère
comme rompu du fait du salarié doit mettre en oeuvre la procédure de licenciement,
faute de quoi la rupture s'analyse en un licenciement sans cause réelle et sérieuse.
C ) La prise d’acte par le salarié
Après l’épisode jurisprudentiel de « l’autolicenciement »,
les mêmes arrêts du 25 juin 2003 : Lorsqu'un salarié prend acte de la rupture de son
contrat de travail en raison de faits qu'il reproche à son employeur, cette rupture
produit les effets soit d'un licenciement sans cause réelle et sérieuse si les faits
invoqués la justifiaient, soit, dans le cas contraire, d'une démission.
Soc. 19 octobre 2004,
… que seuls les faits justifiant la décision du salarié de prendre acte de la rupture
permettent de requalifier la démission en licenciement
Soc. 29 juin 2005
… l’écrit par lequel le salarié prend acte de la rupture du contrat de travail en raison
de faits qu’il reproche à son employeur ne fixe pas les limites du litige ; que le juge
est tenu d'examiner les manquements de l'employeur invoqués devant lui par le
salarié, même si celui-ci ne les a pas mentionnés dans cet écrit ; que le moyen n’est
pas fondé ;
Soc. 19 octobre 2005 - Attendu que pour dire que la rupture du contrat de travail résulte
de la démission du salarié, l’arrêt infirmatif relève qu'en signant le 11 septembre 2000 un
contrat avec un autre employeur chez lequel il a pris ses fonctions le 1er octobre 2000,
sans en informer son employeur, il a manifesté une volonté claire et non équivoque de
démissionner ;
Attendu, cependant, que lorsqu'un salarié prend acte de la rupture de son contrat de
travail en raison de faits qu'il reproche à son employeur, cette rupture produit les effets
soit d'un licenciement sans cause réelle et sérieuse si les faits invoqués la justifiaient,
soit, dans le cas contraire, d'une démission.
Qu'en statuant comme elle l'a fait, sans rechercher si, peu important le comportement
postérieur du salarié, les faits invoqués justifiaient la prise d'acte de celui-ci à la date du
6 septembre 2000, la cour d'appel n'a pas donné de base légale.
§ 1 - La transaction
1 ) Comparaison au reçu pour solde de tout compte (art. L. 122-17)
43
Neutralisation par la loi de modernisation sociale : « Lorsqu'un reçu pour solde de tout
compte est délivré et signé par le salarié à l'employeur à l'occasion de la résiliation ou de
l'expiration de son contrat, il n'a que la valeur d'un simple reçu des sommes qui y
figurent ».
2 ) L’exigence de concessions réciproques : « Si, pour déterminer si ces concessions
sont réelles, le juge peut restituer aux faits énoncés par l’employeur dans la lettre de
licenciement leur véritable qualification, il ne peut, sans heurter l’autorité de la chose
jugée attachée à la transaction, trancher le litige que cette transaction avait pour objet
de clore en se livrant à l’examen des éléments de fait et de preuve » (Soc. 21 mai 1997,
SEMVAT).
3 ) L’exigence chronologique : la transaction ne peut « intervenir qu’une fois la rupture
intervenue et définitive ». Elle implique un « licenciement prononcé dans les formes
légales » (Soc. 2 déc. 1997, Soullier).
4 ) Les rapports entre transaction et résiliation conventionnelle : différence d’objet /
incompatibilité.
§ 2 - La clause de non-concurrence
A — Les conditions de validité
Soc. 10 juill. 2002, Moline
Sur le moyen relevé d'office, pris de la violation du principe fondamental de libre
exercice d'une activité professionnelle, ensemble l'article L. 120-2 du Code du travail…,
Attendu qu'une clause de non-concurrence n'est licite que si elle est indispensable à
la protection des intérêts légitimes de l'entreprise, limitée dans le temps et dans
l'espace, qu'elle tient compte des spécificités de l'emploi du salarié et comporte
l'obligation pour l'employeur de verser au salarié une contrepartie financière, ces
conditions étant cumulatives.
B —
— Leur mise en œuvre
Soc. 18 sept. 2002, Gan-vie : Le juge, en présence d'une clause de non-concurrence
insérée dans un contrat de travail, même indispensable à la protection des intérêts
légitimes de l'entreprise, peut, lorsque cette clause ne permet pas au salarié d'exercer
une activité conforme à son expérience professionnelle, en restreindre l'application
en en limitant l'effet dans le temps, l'espace ou ses autres modalités ;
la Cour d'appel ayant relevé que la clause litigieuse constituait, en raison de la spécificité
de l'activité…, une entrave à sa liberté de travailler, a pu décider qu'il y avait lieu d'en
restreindre le champ d'application à l'interdiction faite au salarié de démarcher les
clients de la société GAN-vie .
§ 1 - Identification et énumération
1 ) L’obligation la plus évidente : payer le salaire
2 ) La première obligation : fournir le travail
3 ) L’obligation de sécurité
Une obligation du « chef d’entreprise » ?
Article L. 230-2
I. - Le chef d'établissement prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et
protéger la santé physique et mentale des travailleurs de l'établissement, y compris
les travailleurs temporaires.
Soc. 28 févr. 2002, Éternit industries (arrêt amiante): qu'en vertu du contrat de travail
le liant à son salarié, l'employeur est tenu envers celui-ci d'une obligation de sécurité
de résultat, notamment en ce qui concerne les maladies professionnelles contractées
par ce salarié du fait des produits fabriqués ou utilisés par l'entreprise.
Soc. 11 avril 2002, Vu l'article 1147 du Code civil, ensemble l'article L. 230-2 du Code
du travail, et les articles L. 411 -1 et L. 452-1 du Code de la Sécurité sociale;
Attendu qu'en vertu du contrat de travail le liant à son salarié, l'employeur est tenu
envers ce dernier d'une obligation de sécurité de résultat, notamment en ce qui
concerne les accidents du travail
Soc. 29 juin 2005 : … « l'employeur, tenu d'une obligation de sécurité de résultat vis-à-
vis de ses salariés en ce qui concerne leur protection contre le tabagisme dans
l'entreprise, n'avait pas satisfait aux exigences imposées par les textes ».
foi contractuelle
§ 3 – Conséquences de l'inexécution
L'exception d'inexécution ?
Responsabilité, mais surtout celle de la rupture du contrat : l'imputabilité irréductible de
la rupture
La rupture « s’analyse en un licenciement »
Dommages-intérêts ou indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse ?
A —
— Les droits et libertés protègés
1 ) Des libertés individuelles :
— Les choix de vie (liberté du mariage, de mœurs, etc.)
— L’article L. 122-45, principes de non discrimination ou de non ingérence?
— Liberté d'expression (affaire Clavaud - Soc. 28 avril 1988).
47
Soc. 2 mai 2001: « Sauf abus, le salarié jouit, dans l’entreprise et en dehors de celle-ci,
de sa liberté d’expression à laquelle seules des restrictions justifiées par la nature de
la tâche à accomplir et proportionnées au but recherché peuvent être apportées ».
—La tenue vestimentaire - voir Soc 28 mai 2003, Sagem (arrêt « du bermuda »)
Si, en vertu de l'article L. 120-2 du Code du travail, un employeur ne peut imposer à
un salarié des contraintes vestimentaires qui ne seraient pas justifiées par la nature
des taches à accomplir et proportionnées au but recherché, la liberté de se vêtir à sa
guise au temps et au lieu du travail n'entre pas dans la catégorie des libertés
fondamentales ;
Les énonciations du conseil de prud'hommes font apparaître que la tenue vestimentaire
de M. X... était incompatible avec ses fonctions et ses conditions de travail, mais…
2 ) Distinction de la vie professionnelle et de la vie extraprofessionnelle
— Référence à la vie privée de l’article 9 du Code civil
Ex. l’arrêt Robuchon (Soc. 22 janv. 1992) « il ne peut être procédé à un licenciement
pour une cause tirée de la vie privée du salarié que si le comportement de celui-ci ,
compte tenu de la nature de ses fonctions et de la finalité propre de l’entreprise, a
créé un trouble caractérisé au sein de celle-ci » .
(à propos de l’achat par la secrétaire du concessionnaire d’une marque automobile
d’une voiture de marque concurrente).
— La « vie personnelle » qui doit être respectée même aux temps et lieu du travail
Les difficultés de la distinction vie personnelle / vie professionnelle
V. Soc. 2 décembre 2003, Sté Sorest : le fait pour un salarié affecté en exécution de son
contrat de travail à la conduite de véhicules automobiles de se voir retirer son permis
de conduire pour des faits de conduite sous l'empire d'un état alcoolique, même
commis en dehors de son temps de travail, se rattache à sa vie professionnelle
Attendu que M. X. a été licencié pour faute grave au motif qu'à la suite de la découverte
de photos érotiques dans un tiroir de son bureau, il avait été procédé à une recherche
sur le disque dur de son ordinateur qui avait permis de trouver un ensemble de dossiers
totalement étrangers à ses fonctions figurant notamment sous un fichier intitulé "perso" ;
Attendu, cependant, que, sauf risque ou événement particulier, l'employeur ne peut
ouvrir les fichiers identifiés par le salarié comme personnels contenus sur le disque
dur de l'ordinateur mis à sa disposition qu'en présence de ce dernier ou celui-ci
dûment appelé ;
Qu'en statuant comme elle l'a fait, alors que l'ouverture des fichiers personnels, effectuée
hors la présence de l'intéressé, n'était justifiée par aucun risque ou événement
particulier, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
4 ) La protection des données à caractère personnel
Document d’orientation adopté par la CNIL le 10 novembre 2005
… Ces dispositifs « d’alerte professionnelle » (« whistleblowing ») permettent à des
employés de signaler le comportement de leurs collègues de travail supposé contraire à
la loi ou aux règles établies par l’entreprise…
il résulte de l’article 7 de la loi du 6 janvier 1978 modifiée que les dispositifs d’alerte ne
peuvent être considérés comme légitimes que du fait de l’existence d’une obligation
légale (législative ou réglementaire) imposant la mise en place de tels dispositifs (article
7-1°), ou du fait de l’intérêt légitime du responsable de traitement, dès lors que celui-ci
est établi, et « sous réserve de ne pas méconnaître l’intérêt ou les droits et libertés
fondamentaux de la personne concernée » (article 7-5°).
… Il ne semble pas que le simple fait de l’existence d’une disposition légale étrangère en
vertu de laquelle un dispositif d’alerte serait mis en place permette de légitimer un
traitement de données personnelles au sens de l’article 7-1°. Tel est le cas des
dispositions de la Section 301(4) de la loi Sarbanes-Oxley. Il est cependant impossible,
dans ce cas, d’ignorer l’intérêt légitime, au sens de l’article 7-5° de la loi du 6 janvier
1978, que les sociétés françaises cotées aux Etats-Unis ou les sociétés françaises filiales de
sociétés cotées aux Etats-Unis, tenues de certifier leurs comptes auprès des autorités
boursières américaines, ont à mettre en place des procédures d’alerte…
Plus généralement, l’utilisation par les personnels d’un dispositif d’alerte légitimement
mis en œuvre ne peut revêtir qu’un caractère non obligatoire…
… Protection de l’émetteur et alertes anonymes
… Le recueil et le traitement des alertes professionnelles doivent être confiés à une
organisation spécifique mise en place au sein de l’entreprise concernée pour traiter ces
questions. Le recours à un prestataire.
Filatures… télésurveillance
« l’employeur a le droit de contrôler et de surveiller le salarié pendant le temps de
travail », mais c’est « à la condition que le dispositif de contrôle ait été porté à sa
connaissance » (Soc. 22 mai et 7 juin 1995, Soc. 4 févr. 1998).
— Les "entreprises de tendances »
Finalité propre de l’entreprise et nature des tâches.
Ex. 1 - Soc. 20 nov. 1986 (Demoiselle Fisher) « l’article L. 122-45, en ce qu’il dispose
qu’aucun salarié ne peut être sanctionné ou licencié en raison de ses convictions
religieuses, n’est pas applicable lorsque le salarié, qui a été engagé pour accomplir
une tâche impliquant qu’il soit en communion de pensée et de foi avec son
employeur, méconnaît les obligations résultant de cet engagement ».
Ex. 2 - Soc. 17 avril 1991 (Painsecq) « s’il est interdit à un employeur de congédier un
salarié pour le seul motif tiré de ses moeurs ou de ses convictions religieuses,… il
peut être procédé à un licenciement dont la cause objective est fondée sur le
comportement du salarié qui, compte tenu de la nature de ses fonctions et de la
finalité propre de l’entreprise, a créé un trouble caractérisé au sein de cette dernière. »
Horaires :
54
« le changement d’horaire consistant dans une nouvelle répartition de l’horaire au sein
de la journée, alors que la durée du travail et la rémunération restent identiques » est un
simple changement des conditions de travail (Soc. 22 févr. 2000).
Changement d’horaires = changement des conditions de travail
Soc., 17 octobre 2000, Durandal c/Association Ladapt : Suppression de la pause de midi
Cass. soc., 17 octobre 2000, Ancey c/SA Clinique Sainte_Marie : Le travail du samedi
Changement d’horaire =modification du contrat
Soc. 5 juin 2001 Bull. civ., V, n° 206 : le passage d'un horaire de jour à un horaire de nuit
ou d'un horaire de nuit à un horaire de jour, constitue une modification du contrat de
travail
Soc. 18 décembre 2001 Bull. civ., V, n° 388: l'employeur entendait substituer à un horaire
de travail de 5 h à 13 h un travail de 16 h à 0 h, en sorte qu'il devait obtenir l'accord du
salarié pour cette modification du contrat de travail, nonobstant la clause de variabilité
des horaires qui ne pouvait avoir pour effet de permettre à l'employeur d'imposer une
telle modification;
— Tâches et fonction
Des tâches correspondant à une qualification
« l’employeur, dans le cadre de son pouvoir de direction, peut changer les conditions
de travail d’un salarié ; la circonstance que la tâche donnée à un salarié soit différente
de celle qu’il effectuait antérieurement, dès l’instant où elle correspond à sa
qualification, ne caractérise pas une modification du contrat de travail ».
Application 1 : Soc. 10 mai 1999 ( « citrons-bananes »)
Application 2 : Soc. 24 avril 2001
……Attendu que, pour faire droit à la demande de la salariée, la cour d'appel a énoncé
que le changement de nature du travail demandé était important, que Mme Nekmouche
avait effectué depuis son embauche et pendant quinze années le ménage dans les
appartements des copropriétaires et que l'employeur avait déjà tenté en 1990 de
l'affecter au ménage des parties communes de l'immeuble et était revenu sur sa décision
compte tenu de son opposition ;
Attendu cependant …
C —
— Modification unilatérale et variabilité contractuelle
Des éléments contractuels qui varient conformément aux prévisions du contrat.
1 ) Les clauses de variabilité en général
Soc. 27 févr. 2001: « la clause par laquelle un employeur se réserve le droit de modifier,
en tout ou partie, le contrat de travail est nulle comme contraire aux dispositions de
l’article 1134, al. 2 du Code civil, le salarié ne pouvant renoncer aux droits qu’il tient
de la loi ».
2 ) Sur le salaire variable :
55
Soc. 2 juill. 2002 : « une clause du contrat de travail peut prévoir une variation de la
rémunération du salarié dès lors qu'elle est fondée sur des éléments objectifs
indépendants de la volonté de l'employeur, qu'elle ne fait pas porter le risque
d'entreprise sur le salarié et qu'elle n'a pas pour effet de réduire la rémunération en
dessous des minima légaux et conventionnels ».
3 ) La clause de mobilité
autorise des mutations qui, de ce fait, ne constituent pas des modification du contrat.
la réserve du respect de la vie privée et familiale et du domicile : Soc. 12 janv. 1999,
Speelers (article 8 CEDH) ; la clause de résidence.
La réserve de l’utilisation abusive ;
2 ) Le licenciement consécutif
Il est incontournable.
Il peut résulter de la seule notification de la modification (rupture qui s’analyse en un
licenciement).
La question de la cause réelle et sérieuse ; deux façons de répondre :
— Une première réponse :« il appartient au juge de rechercher si le motif de la
modification constitue une cause réelle et sérieuse de licenciement »(Soc. 7 oct. 1997)
— Mais le licenciement est sans cause réelle et sérieuse si l’employeur n’en a pas
invoqué dans les formes légales. Si le salarié a pris acte de la rupture en invoquant à
juste titre une modification de son contrat, la rupture produit les effets d'un
licenciement sans cause réelle et sérieuse (arrêts du 25 juin 2003).
son identité dont l'activité est poursuivie ou reprise; que constitue une entité
économique un ensemble organisé de personnes et d'éléments corporels ou
incorporels permettant l'exercice d'une activité économique qui poursuit un objectif
propre ».
Donc :
- Ensemble d’éléments corporels (locaux, matériels, stocks) ou incorporels (brevets ou
marques, listes de clients ou contrats en cours), affectés à une activité
La question de l’entité dont les moyens d’exploitation se limiteraient à des moyens en
personnel (v. CJCE, 24 janv. 2002 Temco Services).
- Ensemble organisé
- L’autonomie : l’objectif propre et l’activité accessoire.
C — Applications
1 ) Les successions de prestataires (nettoyage industriel, gardiennage)
La perte d'un marché ; l’absence de lien de droit.
2 ) Les successions de concessionnaires –
« le changement de concessionnaire exclusif de la vente de véhicules d’une marque
entraîne le transfert d’une entité économique autonome… » (Soc. 11 juin 2002, grands
garages de l’avenir).
Mais comp. Soc. 28 mai 2003 Volkswagen France « l'entité économique constituée par
la concession de vente exclusive des marques n'avait pas conservé son identité »
3 ) Les opérations d’externalisation
« outsourcing » et recentrage sur le « cœur de métier ».
La jurisprudence Perrier Vittel (Soc.18 juillet 2000) : la reprise par un autre employeur
d’une activité secondaire ou accessoire de l’entreprise n’entraîne le maintien des
contrats de travail que si cette activité est exercée par l’entité économique autonome
4 ) La question du transfert partiel,
v. Soc. 2 mai 2001, Sonauto :
« la salariée consacrait 40% de ses fonctions à l'activité reprise, ce dont il résultait,
l'acte de cession ne pouvant faire échec aux dispositions de l'article L. 122_12 du Code
du travail, que son contrat de travail avait été transféré pour partie à la société
Chrysler France ».
D —
— Maintien de l’entité et passage à un régime de droit public
La jurisprudence initiale
Soc., 7 oct. 1992 - Lorsque l'entité considérée devient un service publie administratif,
elle perd son identité, rendant impossible l'application de l'article L. 122-12.
Revirement - Soc. 25 juin 2002, AGS :
« la seule circonstance que le cessionnaire soit un établissement public à caractère
administratif lié à son personnel par des rapports de droit public ne peut suffire à
caractériser une modification dans l’identité de l’entité économique transférée »
59
salariés dont les contrats de travail subsistent, des obligations qui incombaient à
l'ancien employeur à la date de cette modification.
Le premier employeur est tenu de rembourser les sommes acquittées par le nouvel
employeur en application de l'alinéa précédent, sauf s'il a été tenu compte de la charge
résultant de ces obligations dans la convention intervenue entre eux.
Deuxième partie
La trame des relations individuelles de travail
C - Equivalences
Le système à l’épreuve de CJCE 1er décembre 2005, C-14/04, Abdelkader Dellas,
La directive 93/104 doit être interprétée en ce sens qu’ elle s’oppose à la réglementation
d’un État membre qui, s’agissant des services de garde que les travailleurs de certains
établissements sociaux et médico-sociaux accomplissent selon le régime de la présence
physique sur le lieu même de travail, prévoit, pour les besoins du décompte du temps
de travail effectif, un système d’équivalence tel que celui en cause au principal,
lorsque le respect de l’intégralité des prescriptions minimales édictées par cette
directive en vue de protéger de manière efficace la sécurité et la santé des travailleurs
n’est pas assuré;
63
§ 2 – La durée légale
Article L. 212-1 (Loi « Aubry II du 19 janvier 2000)
Dans les établissements ou professions mentionnés à l'article L. 200-1, ainsi que dans
les établissements artisanaux et coopératifs et leurs dépendances, la durée légale du
travail effectif des salariés est fixée à trente-cinq heures par semaine.
A — Durée réelle et durée légale
Après la loi du 21 juin 1936 (“ semaine de quarante heures ”)
L’importance de la distinction / l’ampleur de la différence.
B — Les réductions de la durée légale
— L’expérience du passage au 39 heures (l'ordonnance du 16 janvier 1982)
quant à l’impact sur la durée réelle… et sur le marché de l’emploi
quant à la compensation salariale (renvoi).
— Les étapes de la réforme des 35 heures
La loi du 13 juin 1998 ; l’objectif (le 1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20
salariés, 1er janvier 2002 pour les autres) ; la méthode.
La loi du 19 janvier 2000 (Aubry II) Les heures supplémentaires, les accords de RTT.
— Des aménagements dans la « loi Fillon » du 17 janvier 2003 relative aux salaires, au
temps de travail et au développement de l'emploi.
— La « fin » constamment annoncée « des 35 heures » (spécialement, Loi du 31 mars
2005).
— C — Incidences et «
« compensation salariale
salariale »
— Les deux modes de compensation :
majoration du salaire horaire ou indemnité différentielle.
Illustration : Soc. 1er déc. 2005, 03-47197 P+B+R+I
Attendu que M. X... a été employé du 11 mars 2002 au 30 juin 2002 selon contrat à durée
déterminée à temps complet ; qu'avait été conclu le 6 février 2002 un accord
d'établissement de réduction du temps de travail prévoyant que le personnel employé à
temps complet et présent à la date de signature de l'accord percevrait une indemnité
différentielle destinée à compenser la réduction du salaire de base par l'effet de la
réduction du temps de travail, les nouveaux embauchés étant expressément exclus du
bénéfice de cette indemnité ; que, soutenant avoir perçu une rémunération inférieure à
celle d'un autre salarié employé selon contrat à durée indéterminée, ayant la même
qualification, occupant la même fonction et percevant ladite indemnité différentielle, M.
X... a saisi la juridiction prud'homale afin d'obtenir le paiement de rappels de salaires
sur le fondement de l'article L. 122-3-3 du Code du travail ;
Attendu cependant que ne méconnaît pas le principe "à travail égal, salaire égal", dont
s'inspirent les articles L. 122-3-3, L. 133-5, 4, L. 136-2, 8 et L. 140-2 du Code du travail,
l'employeur qui justifie par des raisons objectives et matériellement vérifiables la
différence de rémunération entre des salariés effectuant un même travail ou un travail
de valeur égale ;
64
A — Les «
« bonifications
bonifications » pour heures supplémentaires
1 – Système Aubry II
Bonification de 25 % pour chaque heure supplémentaire effectuée entre 35 et 39 heures;
affirmation du rôle de la négociation collective dans la détermination de la forme
de cette bonification (en argent ou en repos)
Les quatre premières heures effectuées au delà de 39 heures, une majoration de salaire
de 25 % et les suivantes une majoration de salaire de 50%.
2 - L’actuel article L. 212-5 (juin 2004)
Les heures supplémentaires donnent lieu à une majoration de salaire dont le taux est
fixé par une convention ou un accord de branche étendu ou une convention ou un
accord d'entreprise ou d'établissement. Ce taux ne peut être inférieur à 10 %. A défaut
de convention ou d'accord, chacune des huit premières heures supplémentaires
65
donne lieu à une majoration de 25 % et les heures suivantes à une majoration de 50 %.
B — Les repos compensateurs
Repos compensateur obligatoire et repos compensateur de remplacement (RCR)
1 — Le repos compensateur obligatoire L. 212-5-1, al. 1 :
Les heures supplémentaires de travail effectuées à l'intérieur du contingent fixé par
décret ouvrent droit à un repos compensateur obligatoire dont la durée est égale à
50 p. 100 du temps de travail accompli en heures supplémentaires au-delà de quarante
et une heures dans les entreprises de plus de dix salariés.
Alinéa 3 Les heures supplémentaires effectuées au-delà du contingent fixé par le
décret prévu au premier alinéa de l'article L. 212-6 ouvrent droit à un repos
compensateur obligatoire dont la durée est égale à 50 p. 100 de ces heures
supplémentaires pour les entreprises de dix salariés au plus et à 100 p. 100 pour les
entreprises de plus de dix salariés.
2 —Le repos compensateur de remplacement :
L. 212-5, II : Une convention ou un accord collectif étendu ou une convention ou un
accord d'entreprise ou d'établissement peut, sans préjudice des dispositions de
l'article L. 212-5-1, prévoir le remplacement de tout ou partie du paiement des heures
supplémentaires, ainsi que des majorations prévues ci-dessus, par un repos
compensateur équivalent.
Dans les entreprises non assujetties à l'obligation visée par l'article L. 132-27, ce
remplacement est subordonné, en l'absence de convention ou d'accord collectif
étendu, à l'absence d'opposition, lorsqu'ils existent, du comité d'entreprise ou des
délégués du personnel .
3 — La prise du repos compensateur :
Article L. 212-5-1
Le repos peut être pris selon deux formules, la journée entière ou la demi-
journée, à la convenance du salarié, en dehors d'une période définie par voie
réglementaire. Ce repos qui est assimilé à une période de travail effectif pour le calcul
des droits du salarié donne lieu à une indemnisation qui ne doit entraîner aucune
diminution par rapport à la rémunération que le salarié aurait perçue s'il avait
accompli son travail.
Le repos compensateur doit obligatoirement être pris dans un délai maximum de
deux mois suivant l'ouverture du droit sous réserve des cas de report définis par décret.
Une convention ou un accord collectif étendu ou une convention ou un accord
d'entreprise ou d'établissement peut fixer un délai supérieur, dans la limite de six mois.
L'absence de demande de prise du repos par le salarié ne peut entraîner la perte de
son droit au repos. Dans ce cas, l'employeur est tenu de lui demander de prendre
effectivement ses repos dans un délai maximum d'un an.
Le salarié dont le contrat de travail est résilié avant qu'il ait pu bénéficier du repos
compensateur auquel il a droit ou avant qu'il ait acquis des droits suffisants pour
66
pouvoir prendre ce repos reçoit une indemnité en espèces correspondant à ses droits
acquis.
C —Sur le contingent d'heures supplémentaires
Origine en 1982
Contingent déterminé par décret :
- 130 h. initialement
- 180 h. pour certains cadres, décret du 15 oct. 2001
- 180 h. pour tout le monde, décret du 15 octobre 2002.
- 220 h. décret du 21 décembre 2004..
Une distinction du contingent pouvant être effectué après information de l'inspecteur
du travail et du contingent déclenchant le repos compensateur légal jusqu’à la loi
« Fillon II » du 17 janvier 2003.
D —
— L’initiative des heures supplémentaires
La décision revient à l’employeur
Le salarié ne peut ni refuser ni exiger d’en faire (de continuer à en faire)
« les heures supplémentaires imposées par l'employeur, dans la limite du contingent
dont il dispose légalement et en raison des nécessités de l'entreprise, n'entraînent pas
modification du contrat de travail » (Soc. 9 mars 1999, Dugard).
E —
— Les heures choisies
Art. L. 212-6-1. (art. 3 de la loi du 31 mars 2005)_ Lorsqu’une convention ou un accord
collectif de branche, de groupe, d’entreprise ou d’établissement le prévoit, le salarié
qui le souhaite peut, en accord avec son employeur, effectuer des heures choisies au-
delà du contingent d’heures supplémentaires applicable dans l’entreprise ou dans
l’établissement en vertu de l’article L. 212-6.
La convention ou l’accord collectif de travail précise les conditions dans lesquelles ces
heures choisies sont effectuées, fixe la majoration de salaire à laquelle elles donnent
lieu et, le cas échéant, les contreparties, notamment en termes de repos. Le taux de la
majoration ne peut être inférieur au taux applicable pour la rémunération des heures
supplémentaires dans l’entreprise ou dans l’établissement conformément au I de
l’article L. 212-5.
Les dispositions de l’article L. 212-5-1 et du premier alinéa de l’article L. 212-7 ne sont
pas applicables.
Le nombre de ces heures choisies ne peut avoir pour effet de porter la durée
hebdomadaire du travail au-delà des limites définies au deuxième alinéa de l’article L.
212-7.
§ 4 – La réduction en jours
Initialement, l’article 4 de la loi de 1998 (Aubry I) ; les « jours de RTT ».
Entre 39 et 35 heures.
67
A – Sur 4 semaines
Art. L. 212-9, - I. La durée hebdomadaire de travail peut être réduite, en tout ou partie,
en deçà de trente-neuf heures, par l'attribution sur une période de quatre semaines,
selon un calendrier préalablement établi, d'une ou plusieurs journées ou demi
journées de repos…
Les heures effectuées au-delà de trente-neuf heures par semaine ainsi que, à
l'exclusion de ces dernières, celles effectuées au-delà de la durée résultant de
l'application sur cette période de la durée légale du travail sont des heures
supplémentaires.
Comparaison avec le cycle prévu à l'article L. 212-7-1 (pas de répétition à l’identique).
B – Sur l’année
Art. L. 212-9, II. Une convention ou un accord étendu ou une convention ou un accord
d'entreprise ou d'établissement peut prévoir que la durée hebdomadaire moyenne sur
l'année est réduite, en tout ou partie, en deçà de trente-neuf heures, par l'attribution
de journées ou de demi -journées de repos.
Lorsque la durée du travail constatée excède trente-cinq heures en moyenne sur
l'année et, en tout état de cause, une durée annuelle de 1 600 heures, les heures
effectuées au-delà de cette durée sont des heures supplémentaires.
La convention ou l'accord détermine les modalités de prise des journées ou des demi
journées de repos, pour partie au choix du salarié et pour partie au choix de
l'employeur et, dans la limite de l'année, les délais maxima dans lesquels ces repos sont
pris.
§ 2 - L'horaire de travail
A - L'horaire collectif
Une « règle », selon l'art. L. 212-4-1: Dans les entreprises industrielles, commerciales et
agricoles… , et pour répondre aux demandes de certains travailleurs, les employeurs
sont autorisés à déroger à la règle de l'horaire collectif de travail et à pratiquer des
horaires individualisés…
« L'horaire affiché » (L. 620-2) : Les chefs des établissements… affichent les heures
auxquelles commence et finit le travail ainsi que les heures et la durée des repos..
B - La semaine de travail
Combien de jours ? 5 ou 6 dans les décrets de 1936.
Des dérogations par accords prévues à l’article L. 212-2, al. 4
Il peut être dérogé par convention ou accord collectif étendu ou par convention ou
accord d'entreprise ou d'établissement à celles des dispositions de ces décrets qui sont
relatives à l'aménagement et à la répartition des horaires de travail à l'intérieur de la
semaine, aux périodes de repos, aux conditions de recours aux astreintes…
C - La journée de travail et le travail de nuit
Journée de 10 heures (art. L. 212-1, al. 2) ; repos quotidien de 11 h (art. L. 220-1).
Travail de nuit
Les débats sur le travail de nuit des femmes : l'arrêt Stoekel CJCE, 25 juill. 1991 (entre la
Directive européenne du 9 février 1976 et la Convention 89 de l'OIT).
Loi du 9 mai 2001 : Le recours au travail de nuit doit être exceptionnel. Il doit prendre
en compte les impératifs de protection de la sécurité et de la santé des travailleurs et
doit être justifié par la nécessité d'assurer la continuité de l'activité économique ou
des services d'utilité sociale.
71
La mise en place dans une entreprise ou un établissement du travail de nuit est
subordonnée à la conclusion préalable d'une convention ou d'un accord collectif (art. L.
213-1)
Définition : Tout travail entre 21 heures et 6 heures est considéré comme travail de
nuit.
Une autre période de neuf heures consécutives, comprise entre 21 heures et 7 heures
mais comprenant, en tout état de cause, l'intervalle compris entre 24 heures et
5 heures, peut être substituée à la période mentionnée au premier alinéa (L. 213-1-1).
Entre 24 h. et 7 h. dans certaines activités (3ème al. loi du 18 janv. 2005).
Sect. 3 - Les repos et les congés
Ce décret prévoit également les conditions dans lesquelles il peut être dérogé aux
dispositions du premier alinéa à défaut de convention ou d'accord collectif étendu, et
en cas de travaux urgents en raison d'un accident ou d'une menace d'accident ou de
surcroît exceptionnel d'activité.
Article L. 220-2
Aucun temps de travail quotidien ne peut atteindre six heures sans que le salarié
bénéficie d'un temps de pause d'une durée minimale de vingt minutes, sauf
dispositions conventionnelles plus favorables fixant un temps de pause supérieur.
Journée de solidarité
La « question du lundi de pentecôte » : loi n°2004-626 du 30 juin 2004 et accords
collectifs
Circulaire DRT n° 14 du 22 novembre 2005
Le Gouvernement a décidé de donner toute leur portée aux souplesses ouvertes par la
loi concernant la mise en oeuvre de cette journée. Tel est l’objet de la présente circulaire
que de préciser, dans le champ du code du travail, ces souplesses concernant
notamment les modalités de fractionnement de la journée de solidarité.
… l’accomplissement de la journée de solidarité peut opportunément être scindé en
heures. Certaines modalités de fractionnement avaient été précisées dans la circulaire
question-réponse du 20 avril 2005. Il convient d’aller au-delà et de rendre plus accessible
le recours au fractionnement en heures.
73
Plus simplement, Soc. 3 mai 2000, Dr. soc., 2000, 77, obs. Radé :
« le salarié qui n’a pas pu prendre ses congés du fait de sa maladie est en droit d’en
réclamer le bénéfice à son retour si la période de congés n’est pas achevée. »
La coincidence du congé payé et du congé de maternité Soc. 2 juin 2004 :
74
Les congés payés doivent être pris au cours d’une période distincte du congé de
maternité
B - Date et fractionnement
A l’origine, un congé estival et continu.
Période et ordre des départs : art. L. 223-7 La période de congé payé est fixée par les
conventions ou accords collectifs de travail. Elle doit comprendre dans tous les cas la
période du 1er mai au 31 octobre de chaque année.
• A défaut de convention ou accord collectif de travail elle est fixée par
l'employeur, en se référant aux usages et après consultation des délégués du
personnel et du comité d'entreprise.
• Fractionnement : L. 223-8.
Le congé payé ne dépassant pas douze jours ouvrables doit être continu. La durée des
congés pouvant être pris en une seule fois ne peut excéder vingt-quatre jours ouvrables.
Il peut être dérogé individuellement à cette disposition pour ceux des salariés qui
justifient de contraintes géographiques particulières.
Le congé principal d'une durée supérieure à douze jours ouvrables et au plus égale à
vingt-quatre jours ouvrables peut être fractionné par l'employeur avec l'agrément du
salarié . Dans ce cas, une fraction doit être au moins de douze jours ouvrables
continus compris entre deux jours de repos hebdomadaire.
Cette fraction doit être attribuée pendant la période du 1er mai au 31 octobre de chaque
année. Les jours restant dus peuvent être accordés en une ou plusieurs fois en dehors
de cette période. Il est attribué deux jours ouvrables de congé supplémentaire lorsque le
nombre de jours de congé pris en dehors de cette période est au moins égal à six et un
seul lorsqu'il est compris entre trois et cinq jours. Les jours de congé principal dus en
sus de vingt-quatre jours ouvrables ne sont pas pris en compte pour l'ouverture du
droit à ce supplément.
C - Indemnité de congés payés
Les deux méthodes de l’article L. 223-11 :
— L'indemnité… est égale au dixième de la rémunération totale perçue par le salarié
au cours de la période de référence .
— Toutefois, l'indemnité prévue par les deux alinéas précédents ne peut être
inférieure au montant de la rémunération qui aurait été perçue pendant la période
de congé si le salarié avait continué à travailler, cette rémunération étant calculée à
raison tout à la fois du salaire gagné pendant la période précédant le congé et la
durée du travail effectif de l'établissement.
La règle du dixième et les primes annuelles, une question classique.
D - Indemnité compensatrice et faute lourde.
Le contrat de travail rompu avant que le salarié n'ait pu bénéficier de son congé.
L’exception de la faute lourde.
Tentative d’explication.
75
Soc. 14 avril 1983 : « L’employeur n’est tenu de verser la rémunération convenue que
pour un travail fourni dans des conditions normales d’exécution du travail et une
réduction du salaire en cas d’exécution volontairement défectueuse du travail ne
constitue ni une compensation , ni une amende prohibée ».
2 ) Le revirement - Soc. 20 févr. (SNCF) et 17 avril 1991 (Omicron) : « La retenue
pratiquée sur le salaire de salariés auxquels l'employeur reproche la mauvaise
exécution de leur obligation constitue une sanction pécuniaire illicite ».
Soc. 12 avril 1995 :« lorsqu’un salarié n’est pas rémunéré en fonction du rendement, la
réduction de son salaire pour baisse de la production s’analyse en une sanction
pécuniaire ».
3 ) L’alternative : le salaire dû au salarié qui s’est tenu à la disposition de l’employeur.
Actualisation d’une vieille jurisprudence (arrêt Charles Vanel) sur le préavis.
Maintenant, Soc. 8 oct. 1996 : « la salariée n’était pas obligée de participer une
excursion, même organisée en concertation avec du comité d'entreprise, et avait droit
à son salaire dès l’instant où elle s’était tenue à la disposition de son employeur pour
effectuer son travail ».
La définition actuelle du travail effectif, donc rémunéré (article L. 212-4 al. 1).
B – Le rapport du salaire au travail
travail : la question du taux de salaire
Caractère traditionnellement fondamental du taux de salaire horaire.
Evolution dans le sens du salaire mensuel forfaitaire
Illustration : Soc. 17 sept. 2002, Air France - « la transformation du statut collectif
résultant des modifications apportées au règlement du personnel n'emporte pas en soi
modification du contrat de travail ;
Et attendu que la réduction à 38 heures de la durée effective du travail hebdomadaire
des agents d'Air France puis le rétablissement d'une durée effective de travail de 39
heures par l'adoption du nouveau règlement du personnel au sol n'ont pas modifié la
rémunération contractuelle des salariés déterminée par un traitement mensuel
forfaitaire ».
Rappel de Cass soc, 12 juillet 2005, 04-47.26, cité plus haut
art. L. 140-2 : Tout employeur est tenu d'assurer, pour un même travail ou pour un
travail de valeur égale, l'égalité de rémunération entre les hommes et les femmes ; …
Sont considérés comme ayant une valeur égale les travaux qui exigent des salariés un
ensemble comparable de connaissances professionnelles, de capacités découlant de
l'expérience acquise, de responsabilités et de charge physique ou nerveuse.
Difficultés d’application / les règles de preuve
Une Directive 97/80 du 15 décembre 1997 relative à la charge de la preuve dans les cas
de discrimination fondé sur le sexe
Les dispositions de l’article L. 122-45, al. 4 (loi du 16 nov. 2001) :« En cas de litige, le
salarié présente des éléments de fait laissant supposer l'existence d'une discrimination,
directe ou indirecte, fondée sur le sexe ou la situation de famille. Au vu de ces éléments,
il incombe à la partie défenderesse de prouver que sa décision est justifiée par des
éléments objectifs étrangers à toute discrimination. »
1998 Mme Y... au titre d'un contrat à durée déterminée en remplacement de Mme X...,
avec une rémunération mensuelle de 11 000 francs portée ultérieurement à la somme de
14 500 francs ; qu'à la suite de la reprise de son travail, Mme X... a demandé à son
employeur que son salaire soit porté à la même somme en application du principe "à
travail égal, salaire égal" et à bénéficier d'un rappel de salaires ; qu'à la suite de son
refus, elle a saisi le conseil de prud'hommes ; […]
Mais attendu que ne méconnaît pas le principe "à travail égal, salaire égal", dont
s'inspirent les articles L. 133-5.4 , d, L. 136-2.8 et L. 140-2 du Code du travail, l'employeur
qui justifie par des raisons objectives et matériellement vérifiables la différence de
rémunération entre des salariés effectuant un même travail ou un travail de valeur
égale ;
Et attendu que la cour d'appel, qui a fait ressortir que l'employeur était confronté à la
nécessité, pour éviter la fermeture de la crèche par l'autorité de tutelle, de recruter de
toute urgence une directrice qualifiée pour remplacer la directrice en congé-maladie, a,
par ce seul motif et abstraction faite de motifs erronés mais surabondants, légalement
justifié sa décision ;
Sect. 2 - Salaire minimum et salaires réels
§ 1 - Le salaire minimum légal
A - Historique
Un interventionnisme tardif et d'abord partiel
1936 et des minima par branches
loi 23 déc. 1946 ;
loi 11 févr. 1950 le SMIG (« minimum vital ») ; loi du 18 juill. 1952 (« échelle mobile »)
Mai 1968, relèvement de 35%, suppression des « abattements de zône ».
Loi du 2 janv. 1970 : le SMIC.
Le SMIC et la réforme des 35 heures : des garanties mensuelles dont la disparition est
programmée au 1er juillet 2005.
B - Détermination
1 ) L'indexation
L'échelle mobile et les lois des 18 juillet 1952 et 26 juin 1957
Aujourd'hui L. 141-3 : La garantie du pouvoir d'achat des salariés dont les
rémunérations sont les plus faibles est assurée par l'indexation du salaire minimum
de croissance sur l'évolution de l'indice national des prix à la consommation institué
comme référence par décret ; Lorsque cet indice atteint un niveau correspondant à
une hausse d'au moins 2 p. 100 par rapport à l'indice constaté lors de l'établissement
du salaire minimum de croissance immédiatement antérieur, le salaire minimum de
croissance est relevé dans la même proportion
2 ) La révision
— Un rendez-vous annuel au 1er juillet
82
Article L. 141-4 (en substance) Afin d'assurer aux salariés dont les rémunérations sont
les plus faibles une participation au développement économique de la nation, le salaire
minimum de croissance est fixé, indépendamment de l'application de l'article L. 141-3 ,
chaque année avec effet du 1er juillet , dans les conditions ci-après :
La commission nationale de la négociation collective reçoit en temps utile, du
gouvernement, une analyse des comptes économiques de la nation et un rapport sur les
conditions économiques générales. Elle transmet au Gouvernement un avis motivé.
Le Gouvernement ayant pris connaissance de ces documents fixe par décret en conseil
des ministres le nouveau taux du salaire minimum de croissance.
— Une perspective de progression
Article L. 141-5 - En aucun cas, l'accroissement annuel du pouvoir d'achat du salaire
minimum de croissance ne peut être inférieur à la moitié de l'augmentation du pouvoir
d'achat des salaires horaires moyens.
Article L141-6 - Les relèvements annuels successifs devront tendre à éliminer toute
distorsion durable entre la progression du salaire minimum de croissance et l'évolution
des conditions économiques générales et des revenus
— La technique des « coups de pousse »
Article L. 141-7 - En cours d'année, un décret en conseil des ministres, pris après avis de
la commission nation
C - L’application du SMIC
1 ) Des éléments de différenciation
— L’expérience historique des « abattements de zône »
— Le « smic-jeunes » de l’article R. 141-1 : Le salaire minimum de croissance applicable
aux jeunes travailleurs âgés de moins de dix-huit ans comporte un abattement fixé à 20
p. 100 avant dix-sept ans, à 10 p. 100 entre dix-sept et dix-huit ans. Cet abattement est
supprimé pour les jeunes justifiant de six mois de pratique
2 ) Les éléments de rémunération pris en compte
La comparaison entre la rémunération effectivement perçue et le salaire garanti
Article R 141-4 -
Pour l'application de l'article L. 141-12 sont considérés comme des éléments
constitutifs du salaire les avantages en nature et les majorations diverses ayant le
caractère de fait d'un complément de salaire, à l'exclusion des sommes versées à titre
de remboursement de frais
La problématique : logique du minimum vital et exclusion des éléments de
rémunération ayant une cause spécifique
Exclusion des primes d'ancienneté et d'assiduité (v. Crim. 10 mai 1983 et 3 janv. 1986),
d’une prime de non-accident qui présente un caractère aléatoire (Soc. 3 juill. 2001),
d’une prime de cherté de la vie qui n’est pas perçue en contrepartie du travail (Soc. 4
mars 2003).
3 ) la prise en compte des primes annuelles
83
B - Indexation ou révision
Conditions de licéité de l’indexation. Renvoi aux conditions de droit commun :
principe de l’indexation interne, refus des indices généraux.
C - La relation au minimum légal
Le problème des minima conventionnels inférieurs au SMIC - les « échelons noyés ».
Renouvellement en raison de l’effet sur le SMIC de la réforme des 35 heures.
B - Augmentations et réductions
1 ) Les augmentations
Les sources en matière d’augmentation de salaire
Le refus d’augmentation.
— Pas une sanction pécuniaire.
— Sur la liberté de décision de l’employeur, une évolution
Soc. 9 juill. 1985 : « L’employeur est libre, dans l’exercice de son pouvoir de direction
de l’entreprise, de décider pour chaque salarié des augmentations qui ne sont pas
imposées par les contrats individuels ou collectifs ou la loi ».
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Attendu que, pour autoriser le CIVAM à pratiquer une compensation entre sa créance et
celle dont il disposait à l'encontre du salarié, la cour d'appel, faisant application de
l'article L. 144-2 du Code du travail, a énoncé que cette compensation ne pourrait
jouer que par retenues ne dépassant pas le dixième du montant des salaires exigibles;
Qu'en statuant ainsi, alors que l'article L. 144-2 du Code du travail, exclusivement
relatif aux avances en espèces consenties au salarié, ne pouvait trouver application en
la cause, et que, dès lors, la compensation ne pouvait s'appliquer que sur la fraction
saisissable du salaire ;
d'assurance chômage. Ce montant est fixé à cinq fois ce plafond lorsque le contrat de
travail dont résulte la créance a été conclu moins de deux ans et six mois au moins avant
la date du jugement d'ouverture de la procédure collective, et à quatre fois ce plafond si
le contrat dont résulte la créance a été conclu moins de six mois avant la date du
jugement d'ouverture.
B —
— Le risque d’endettement du salarié lui-même
La partie saisissable du salaire varie en fonction de l'importance de celui-ci, selon un
calcul par tranches (art. R. 145-2).
En dernier lieu, décret du 8 décembre 2005
Les proportions dans lesquelles les rémunérations annuelles visées à l'article L. 145-2
sont saisissables ou cessibles sont fixées comme suit :
- au vingtième, sur la tranche inférieure ou égale à 3 240 EUR ;
- au dixième, sur la tranche supérieure à 3 240 EUR, inférieure ou égale à 6 370 EUR ;
- au cinquième, sur la tranche supérieure à 6 370 EUR, inférieure ou égale à 9 540 EUR ;
- au quart, sur la tranche supérieure à 9 540 EUR, inférieure ou égale à 12 670 EUR ;
- au tiers, sur la tranche supérieure à 12 670 EUR, inférieure ou égale à 15 810 EUR ;
- aux deux tiers, sur la tranche supérieure à 15 810 EUR, inférieure ou égale à 19 000
EUR ;
- à la totalité, sur la tranche supérieure à 19 000 EUR.
Les seuils déterminés ci-dessus sont augmentés d'un montant de 1 220 EUR par
personne à la charge du débiteur
AU REVOIR…
et bonne chance!