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N° D'ORDRE : 08/2008-E/MT

REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE


MINISTERE de l’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR et de la RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE HOUARI BOUMEDIENE


FACULTÉ DE MATHÉMATIQUES

THÈSE
Présentée pour l'obtention du diplôme de DOCTORAT D'ETAT
En MATHÉMATIQUES
Spécialité : Algèbre et Théorie des Nombres

par : Boualem BENSEBAA


Sujet

Groupes de Galois des Trinômes

Soutenue Le 20 Décembre 2008, devant le jury composé de :

M. ZITOUNI Professeur, U.S.T.H.B Président


A. C. MOVAHHEDI Professeur , université de Limoges-France Directeur de thèse
N. BENKAFADAR Professeur, Université MENTOURI-Constantine Examinateur
B. BENZAGHOU Professeur, U.S.T.H.B Examinateur
M.O. HERNANE Maitre de Conférence, U.S.T.H.B. Examinateur
A. NECER Maitre de Conférence, université de Limoges-France Examinateur
A. SALINIER Maître de Conférence, HDR, Université de Limoges-France Examinateur
Dédicaces

A mon adorable épouse


A mes merveilleux enfants : KATIA, MERINA et ARIS
A la mémoire de mon père
A ma mère
Remerciements

J’exprime mes profonds remerciements à mon directeur de thèse, le pro-


fesseur Abbas MOVAHHEDI pour l’aide compétente qu’il m’a apporté, pour
sa patience et son encouragement à finir cette thèse. Son oeil critique m’a été
très précieux pour structurer et améliorer la qualité de cette thèse.
Que M. Zitouni trouve ici toute la reconnaissance pour m’avoir initié à
la théorie des nombres. Il a surtout initié les premiers contacts avec l’équipe
de théorie des nombres de l’université de Limoges qui m’ont permis d’entre-
prendre ce projet de thèse.

Je remercie les professeurs Benali BENZAGHOU et Nasreddine BENKA-


FADDAR, Abdelkader NECER, Alain SALINIER et Mohand HERNANE,
pour avoir porté de l’intérêt pour mon travail en acceptant d’être des membres
du jury de ma soutenance.

Ce projet s’est matérialisé grâce aux dévouements de mon épouse NED-


JMA, de mes enfants KATIA, MERINA et ARIS. Qu’ils trouvent ici l’expres-
sion de ma reconnaissance pour l’amour, la patience et l’encouragement qu’ils
m’ont donné, malgré la distance que j’ai pu prendre afin de me consacrer à
mes recherches.

«Faire une thèse» est une échappée solitaire au milieux de compagnons de


fortune (ou d’infortune). On ne se rend pas toujours compte à quel point ils

iii
Remerciements

peuvent être importants dans le travail et dans la vie, jusqu’au jour où nos
chemins se séparent. Merci à Kader, Djahida, Manou, Kader, Zhira, Idriss et
Meriem. Merci à mes collègues et amis du département d’Algèbre, sans ou-
blier ceux qui étaient mes compagnons durant mon séjour à Limoges, Ahmed
et Mohamed.

Je sais que j’oublie des gens. Mais un fait est certain, bien que je demeure
le principal artisan de cette thèse de doctorat, je ne peux pas ignorer que la
réalisation de celle-ci n’aurait jamais été possible sans la contribution de beau-
coup de personnes. Merci à toutes et à tous !

"Last but not least", je remercie DHAOUIA, pour m’avoir soutenu et en-
couragé durant toutes ces années.

iv
Abréviations

Z et Q : anneau des entiers rationnels et corps des nombres


rationnels
Zp et Qp : anneau des entiers et corps des nombres p−adiques
E, K, F et N : corps de nombres
G = Gal(f )
= G(f ) : groupes de Galois du trinôme f (X)
G = G(E/F ) : groupes de Galois de l’extension galoisienne E/F
|G| : ordre du groupe G
OE : anneau des entiers du corps de nombres E
E/F : extension de corps de nombres
[E : F ] : degré de l’extension E/F
℘ et pi : premiers respectifs d’une extension galoisienne E/F
℘ = gi=1 pei i
Q
: décomposition dans E du premier ℘ de F en produits de
puissances des premiers pi de E.
ei = e (pi /℘) : indice de rafimication de pi au dessus de ℘.
fi = f (pi /℘) : degré résiduel de pi au dessus de ℘.
kK et kL : corps résiduels respectivement des corps K et L
Ip et Dp : groupes d’inertie et de décomposition de l’idéal premier p.

v
Abréviations

K℘ : le complété de K pour la valuation ℘-adique


D (E/F ) : différente de l’extension de corps locaux E/F
D(f ) : discriminant du trinôme f (X)
dK : discriminant du corps K
Q(α) : le corps obtenu en adjoignant α au corps Q des nombres rationnels
NE/F (β) : norme dans F de l’élément β de E
TE/F (β) : trace dans F de l’élément β de E
An et Sn : le groupe alterné et le groupe symétrique de degré n
GL(n, k) : le groupe général linéaire

vi
Table des matières

Remerciements iii

Abréviations v

Introduction 1

1 Théorie de Galois et ramification 5


1.1 Position du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Extension et ramification dans les corps de Nombres . . . . . 9
1.2.1 Ramification d’un nombre premier dans une extension
galoisienne- Groupes d’inertie et de décomposition . . . 9
1.2.2 Ramification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.3 Caractérisation des ramifications . . . . . . . . . . . . 17

2 Groupes de Galois et Classification 23


2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.2 Q−trinômes et ramification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3 Polygones de Newton et Ramification . . . . . . . . . . . . . . 26
2.3.1 Notations et définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.3.2 Polygone de Newton et ramification dans K . . . . . . 29
2.4 Classification des groupes simples finis . . . . . . . . . . . . . 32

vii
Table des matières

2.4.1 Groupes de permutations transitifs et multiplement tran-


sitifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.4.2 Propriétés et classification . . . . . . . . . . . . . . . . 34

3 Détermination des groupes de Galois des trinômes 37


3.1 Trinômes à groupes de Galois le groupe symetrique Sn . . . . 38
3.2 Double transitivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.3 Groupes de Galois et classification . . . . . . . . . . . . . . . . 45

4 Groupe de Galois de X p + aX s + a 53
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
4.2 Ramification et groupe d’inertie . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4.2.1 Inertie en p . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
4.2.2 Inertie en dehors de p . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.3 Groupe de Galois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

5 Le groupe de Galois de X p + aX p−1 + a 77


5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
5.2 Discriminant et lemmes de préparation . . . . . . . . . . . . . 78
5.3 Groupe de Galois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

Bibliographie 93

viii
Introduction

Cette thèse porte sur la détermination du groupe G des Q−automorphismes,


agissant sur les différentes racines d’un trinôme irréductible f (X) = X n +
aX s + a ∈ Z[X], appelé groupe de Galois de f sur Q. Pour celà, notons par
α = α1 , ..., αn les différentes racines de f (X) dans une clôture algébrique de
Q, K = Q(α) et N = Q(α1 , ..., αn ) les corps de rupture et de décomposi-
tion de f (X) sur Q. Alors, le groupe de Galois du trinôme f n’est autre que le
groupe de Galois de l’extension N/Q. Partant du fait que l’action du groupe de
Galois du trinôme f (X) est celui d’un groupe de permutation transitif, c’est
donc uns sous-groupe de Sn , d’où la nécessité d’utiliser la classification des
groupes de permutations transitifs. D’autre part, la ramification d’un nombre
premier p dans K nous renseigne sur les cycles contenus dans les sous-groupes
de décomposition et d’inertie de p dans N/Q, ce qui nous permet d’affiner la
classification des groupes de permutations ayant cette propriété. Nous allons
de ce fait, déterminer la ramifications des idéaux premiers de K au dessus des
diviseurs premiers de son discriminant dK , qui est lié au discriminant D(f ) du
trinôme f (X)
n(n−1)
D (f ) = (−1) 2 an−1 [nn + (−1)n−1 (n − s)n−s ss as ]

par la relation
D (f ) = (i(α))2 dK

1
Introduction

où i(α) désigne l’indice du groupe Z[α] dans le groupe de l’anneau des entiers
OK du corps K. De nombreux articles on été consacrés à la détermination de
ces nombres premiers ramifiés. La méthode d’Ore [35], donnant la décompo-
sition, en produit d’idéaux premiers, d’un nombre premier dans K, est l’une
de celles qui est fortement utilisée, car elle donne la factorisation d’un po-
lynôme dans un corps local [9] et interprète la décomposition d’un nombre
premier dans une extension en lien avec la notion de polynôme associé au po-
lynôme considéré et relatif à un côté du polygone de Newton. Elle permet,
en combinaison avec le Lemme d’Abhyankar [33], d’identifier la structure du
groupe d’inertie dans l’extension N/Q d’un idéal premier p de N au dessus
d’un nombre premier p ramifié dans K. La détermination du groupe d’inertie
d’un nombre premier p dans l’extension N/Q, et la classification des groupes
finis simples, classification données par W. Feit [13] et Abhyankar [1], sont des
outils d’aide à la décision sur la possible réalisation d’un groupe de permuta-
tion comme groupe de Galois du trinôme considéré
Bien qu’il soit difficile, en dehors de An et Sn , de réaliser effectivement un
groupe primitif comme groupe de Galois d’un Q-trinôme, des exemples existent
en litéraure sur la réalisation du groupe P SL(3, 2) comme groupe de Galois
de tels trinômes, pour n = 7.
La théorie algébrique des nombre est l’outil essentiel pour l’étude des groupes
de Galois des Q-trinômes. Ceci s’exprime dans l’usage de la ramification d’un
nombre premier dans une extension de Q engendrée par une racine de ce tri-
nôme, ce qui conduit à la recherche du groupe d’inertie d’un idéal premier
ramifié.

Dans le chapitre 1, on exposera la problématique de la recherche du goupe


de Galois d’un trinôme de degré quelconque et donnerons le cadre théorique
nécessaire à cette étude. Ce cadre théorique consiste dans la seconde section
à la détermination de la ramification dans un corps de nombre engendré sur
Q, par une racine de ce trinôme. Dans la troisième section, nous focaliserons
l’attention sur un idéal premier de K ramifié au dessus d’un nombre premier,

2
Introduction

et nous regarderons sa ramification dans une extension de K afin d’interpréter


la nature de certains sous-groupes du groupe de Galois de ce trinôme, que
sont les groupes de décomposition, d’inertie ainsi que les i−èmes groupes de
ramification. La nature de la transitivité sera alors nécessaire pour l’utilisation
efficace de la classification des groupes simples finis, succeptibles de se réaliser
comme groupe de Galois d’un tel trinôme.

Dans le chapitre 2, on exposera les travaux et les résultats concernant la


détermination des groupes de Galois de trinômes, en mettant l’accent sur les
divers techniques et outils utilisés à cet effet. Nous revisitons les notions de ra-
mification et de polygones de Newton, un exposé que nous retrouvons en détail
dans l’article intitulé " The factorization of polynomials over local fields"’[9].
Nous exposerons dans des situations concrètes leur utilisation pour la recherche
du groupe de Galois d’un trinôme irréductible sur Q. Nous aborderons les clas-
sifications des groupes simples finis qui nous seront utiles pour décider si un
groupe de permutations est susceptible de se réaliser comme groupe de Galois
d’un tel trinôme.

Dans le chapitre 3, nous abordons la notion de groupes de Galois de tri-


nômes de degé n quelconque. Nous exposerons les démarches et les stratégies
développées par les auteurs des articles traitant de ces groupes de Galois de tri-
nômes [2], [7], [8], [31] et [32]. C’est aussi l’occasion d’illustrer des résultats de
la théorie algébrique des nombres dans la situation de la recherche du groupe
de Galois d’un Q-trinôme. Les notions de ramification et d’arithmétique de
corps de nombres sont revisitées à cet effet. Nous abordons, dans cet exposé,
l’utilisation de la classification des groupes simples finis, une notion exposée
au chapitre précédent.
Le chapitre 4 consacrera la détermination presque complète du groupes de
Galois de trinômes de degré premier p. Ce qui permettra de répondre à la
question sur la réalisation d’un groupe de permutation, en dehors de Sp et

3
Introduction

Ap , comme groupe de Galois d’un Q-trinôme de degré p, que seuls les groupes
P SL(2, 2e ) et Af f (Fp ) peuvent s’y réaliser. Nous généralisons à une large
famille de trinômes les résultats donné dans l’article [31]
Le chapitre 5 est consacré à l’étude du groupe de Galois des trinômes de la
forme X p + aX p−1 + a pour un entier a et un nombre premier p quelconques.
Nous montrons que le seul fait que ce trinôme soit irréductible sur Q suffit pour
que son groupe de Galois soit tout le groupe symétrique Sp . Nous montrons
qu’il en sera le cas pour tout entier a et tout nombre premier p, sauf si on a à
la fois p ≡ 2 ( mod 3) et a = ±1.

4
Chapitre 1

Théorie de Galois et ramification

Soit f (X) = X n +aX s +b ∈ Z[X] un trinôme irréductible sur Q. Notons par


α = α1 , ..., αn les différentes racines de f (X) dans une clôture algébrique de Q,
K = Q(α) le corps obtenu en adjoignant à Q une racine α et N = Q(α1 , ..., αn )
la clôture normale de K sur Q. Alors le groupe de Galois du trinôme f (X)
n’est autre que le groupe de Galois de l’extension N/Q ; c’est donc un groupe
de permutations agissant transitivement sur les différentes racines (αi )1≤i≤n de
f (X). Le discriminant D(f ) du trinôme f (X) est
n(n−1)
D(f ) = (−1) 2 bs [nn bn−s + (−1)n−1 (n − s)n−s ss an ]

il est lié au discriminant dK du corps K par la relation

D (f ) = i(α)2 dK

où i(α) désigne l’indice du groupe Z[α] dans le groupe de l’anneau des entires
AK du corps K.

5
Chapitre 1. Théorie de Galois et ramification

1.1 Position du problème


Soit f (X) = X n + aX s + b un trinôme irréductible, à coefficients dans Z,
tels que n et s soient premiers entre eux.
Soit p un nombre premier, on note par Zp l’anneau des entiers p-adiques
de corps des fractions Qp , le complété du corps Q pour la valuation p-adique.
Bien que le trinôme f soit irréductible sur Q, il n’a aucune raison de l’être
sur Qp . Soit alors g ∈ Zp [X] un diviseur irréductible de f dans Zp [X] et soit
α une racine de g. Par la théorie des corps de nombres, on associe à g un
idéal premier ℘ de l’anneau OK des entiers de K = Q [X] / (f ), au dessus de
p. En effet, en considérant la Qp -extension E = Qp [X] / (g), d’idéal premier
gQp [X], telle que f.Q [X] = Q [X] ∩ g.Qp [X] ; alors E/K est une extension
finie de degré deg g pour l’injection Q [X] / (f ) ֒→ Qp [X] / (g), , en fait ℘ est
la trace sur l’anneau des entiers de K de l’idéal maximal de E.
Notons par OK et OE les anneaux d’entiers de K et E respectivement, on a
ainsi les deux situations suivantes :
clot.integ clot.integ
Z / O. Zp /O
E

F rac F rac F rac F rac


 clot.integ   clot.integ 
Q /K Qp /E

(Fig 1)

qui expriment l’intérêt de la localisation pour l’étude de la ramification


d’un idéal premier de K au dessus d’un nombre premier p. En utilisant les
notations précédentes, on montre que E = Qp (α).
Soit ℘ l’idéal premier de K au dessus de p, alors E = K℘ , complété de
K pour la valuation ℘-adique. Il existe une correspondance entre les idéaux
premiers de K au dessus de p, et les corps p-adiques dans lesquels K est dense.
La ramification de l’idéal premier ℘, au dessus de p, dans K℘ /Qp est donnée
par :

6
1.1. Position du problème

Proposition 1.1 Soient E un corps de nombres p-adiques, OE la fermeture


intégrale de Zp dans E d’idéal maximal ℘. Alors on a

pOE = ℘e et [E : Qp ] = ef, f = dimFp OE /℘

Ce résultat s’énonce dans une situation plus générale pour une extension finie
d’un corps local comme suit :

Proposition 1.2 Soit K un corps local d’anneau de valuation A. On considère


une extension finie L de K, d’anneau de valuation B (la fermeture intégrale de
A dans L). Alors B est un anneau de valuation discrète et c’est un A-module
libre de rang égal à [L : K]. De plus, si on note par ℘ et p les idéaux maximaux
de A et B, on aura

℘B = pe [L : K] = ef et dimA/℘ B/p = f

Comme on l’a indiqué dans l’introduction, pour la recherche du groupe de


Galois d’un trinôme irréductible f sur Q, nous nous intéressons à la factorisa-
tion d’un nombre premier p dans l’anneau des entiers de K = Q[X]/f = Q(α),
où α est une racine de f .
Le critère de Van der Waerden-Dedekind exprime le lien entre la décom-
position d’un idéal premier et les cycles composant le groupe de Galois d’une
extension galoisienne N/Q.

Théorème 1.3 Soit K un corps de nombres, N/Q une extension galoisienne


contenant K, de groupe de Galois G. Etant donné un idéal premier p de N au
dessus d’un premier p ∈ Z, on considère D et I les deux sous-groupes de G,
que sont respectivement le groupe de décomposition et le groupe d’inertie de p.
On suppose que la décomposition de p dans K est de la forme

(p) = ℘e11 ...℘egg avec NK/Q (℘i ) = pfi

7
Chapitre 1. Théorie de Galois et ramification

On considère l’action de G sur K = HomQ (K, N ), par composition à


gauche, alors K se décompose en g D−orbites de longeurs respectives ei fi ,
et chacune d’entre elles se décompose en fi I−orbites de longueur ei .

Nous explicitons dans l’exemple suivant, l’utilisation de la ramification d’un


nombre premier p dans un corps de nombres K = Q(α) obtenu en adjoignant
au corps Q des nombres rationnels une racine α d’un trinôme iiréductible sur
Q.

Exemple 1.1 Soit le trinôme f (X) = X 5 + 20X + 16. Il est irréductible sur
Z et de discriminant égal à

disc(f ) = 216 .56

(nous préciserons celà dans le paragraphe suivant). Le discriminant est un


carré, le groupe de Galois de f est donc un sous-groupe transitif du groupe
alterné A5 . L’étude des sous-groupes transitifs de A5 montre qu’ils sont au
nombre de trois :

1. le groupe cyclique C5 , d’ordre 5,


2. le groupe diédrale D5 d’ordre 10,
3. le groupe alterné A5 d’ordre 60.
La ramification de 2 dans K est, d’après [20, Sect. 2, Theorem 5] :

(2) = ℘41 ℘2 avec f1 = f2 = 1

ce qui entraîne, d’après le critère de Wan der Waerden-Dedekind, que le groupe


d’inertie I de 2 dans N/Q est un sous groupe transitif de S4 , donc de A4 (le
discriminant est un carré). Alors l’ordre de I diviserait l’ordre de A4 , qui est
égal à 12, et serait donc l’une des valeurs suivantes : 2, 3, 4 ou 12. Compte
tenu des réalisations possibles du groupe de Galois énumérées précédemment,
alors Gal(f /Q) = A5 .

8
1.2. Extension et ramification dans les corps de Nombres

Cet exemple, illustre l’intérêt de la ramification pour la recherche du groupe


de Galois. Il montre aussi l’utilisation de la classification des groupes de per-
mutations transitifs.
Pour celà, nous allons définir, dans ce qui suit, la ramification d’un nombre
premier p dans K = Q(α), où α est une racine d’un trinôme irréductible, puis
nous définirons les sous-groupes du groupe de Galois, que sont les groupes
d’inertie et de décomposition dans N/K, d’un idéal premier p ∈ N .

1.2 Extension et ramification dans les corps de


Nombres
L’étude de la ramification dans N d’un nombre premier p, permet de dé-
crire le groupe d’inertie de p dans N/Q [33]. Cette description nous renseigne
sur la nature des sous-groupes de permutations contenus dans le groupe de
Galois G sur Q du trinôme f . Pour celà, nous déterminerons la ramification
d’un idéal premier p de N au dessus de p, ce qui nous renseignera sur la nature
de certains sous-groupes du groupe de Galois G de f sur Q, que sont le groupe
de décomposition et le groupe d’inertie de p dans N/Q.
Nous allons, dans le paragraphe suivant, définir de façon générale la ramifica-
tion dans un corps local et la traduire au niveau global, par le schéma donné
précédemment (Fig 1).

1.2.1 Ramification d’un nombre premier dans une exten-


sion galoisienne- Groupes d’inertie et de décompo-
sition
1.2.1.1 Description et propriétés

Soit F un corps de nombres algébriques, L/F une extension galoisienne


finie de degré n ∈ N∗ . On considère OF et OL les anneaux d’entiers de F et L

9
Chapitre 1. Théorie de Galois et ramification

respectivement.
Soit ℘ un idéal premier de F , sa décomposition dans L est donnée par
g
Y
℘= piei
i=1

où les pi sont des idéaux premiers de L.


On note par G = G(L/F ) le groupe de Galois de l’extension L/F , et par
F = OF /℘ et Li = OL /pi les corps résiduels de F et L respectivement.

Définition 1.4 Avec les notations précédentes, le sous-groupe Dpi de G donné


par
Dpi = {σ ∈ G, σ(pi ) = pi }

est appelé groupe de décomposition de pi dans L/F .

L’idée de la localisation est de se focaliser sur un idéal pi = p, et décrire sa


ramification.
On note alors, D = Dp et FD = FDp , L = L/p et G = G(L/F ). Soient
e = e(p/℘) et f = f (p/℘), respectivement, l’indice de ramification et le degré
résiduel de p au dessus de ℘.
On définit par, OD = OL ∩ D l’anneau des entiers de FD , d’idéal premier
pD = p ∩ D et de corps résiduel correspondant D = OD /pD . Par conséquent
le degré de l’extension FD /F est égal à g.

Lemme 1.5 Avec les notations précédentes on aura :

1. FD = F ,
2. les indices de ramification et les degrés résiduels sont tels que
f (pD /℘) = 1, f (p/pD ) = f , e(pD /℘) = 1 et e(p/pD ) = e.

Preuve : Puisque ef g = [L : F ] = [L : FD ] [FD : F ] et [FD : F ] = g, alors


[L : FD ] = ef = e(p/pD )f (p/pD ).

10
1.2. Extension et ramification dans les corps de Nombres

Par conséquent, et par la multiplicativité des indices de ramification et des


degrés résiduels on aura :

f (pD /℘) = 1, f (p/pD ) = f, e(pD /℘) = 1 et e(p/pD ) = e.

D’autre part, comme [L : FD ] = f (p/pD ) = f = [L : F ], alors F = FD .

Définition 1.6 Le sous-groupe I℘ = I de D défini par

I = {σ ∈ D, σ(x) ≡ x(modp), ∀x ∈

OL est appelé groupe d’inertie de ℘ dans l’extension L/F . Remarque : I est


aussi le noyau du morphisme

D→G

σ→σ

Par la correspondance de Galois, il est associé à I un sous corps de L noté LI .


Avec les notations précédentes, on pose OLI l’anneau des entiers de LI d’idéal
premier pI donné par p ∩ LI = pI et par LI le corps résiduel correspondant.
La proposition suivante précise le lien entre groupe d’inertie et groupe de
décomposition.

Proposition 1.7 On a les assertions suivantes :

1. LI /FD est une extension galoisienne de groupe de Galois G(LI /FD ) =


D/I, [LI : FD ] = f , [L : LI ] = e et L = LI .
2. Les degrés résiduels et les indices de ramifications vérifient :
f (pI /pD ) = f , f (p/pI ) = 1, e(pI /pD ) = 1 et e(p/pI ) = e.

11
Chapitre 1. Théorie de Galois et ramification

Preuve : (1) Par hypothèse on a :

[LI : FD ] = (D : I) = #G = f

Comme [FD : F ] = g alors [L : LI ] = e. D’autre part, par définition G(L/LI ) =


I/I = 1, alors L = LI et donc [LI : D] = [L : F ] = f , d’où (1).
(2) En considérant l’extension galoisienne L/LI , on aura :

[L : LI ] = e = e(p/pI )f (p/pI ).

Mais, f (p/pI ) = 1 ce qui entraine e(p/pI ) = e et, par transitivité, e(pI /pD ) =
1.

Comme les résultats précédents se focalisent sur un idéal premier p de L au


dessus de ℘, l’interprétation au niveau d’une extension de corps locaux L/F
se fait en posant F = FD , ℘ = pD et D = G(L/F ).

Définition 1.8 Soit i ∈ N. On définit le ime groupe de ramification, i ≥ 0,


comme étant le sous-groupe Gi du goupe d’inertie I, donc du groupe de Galois
G = G(L/F ), donné par :

Gi = {σ ∈ I, σ(x) = x(modpi+1 ), ∀x ∈

0L }

On voit que le sous-groupe G0 est le groupe d’inertie de p.

Par la théorie de Galois, à chaque Gi correspond un sous-corps Fi de L, inva-


riant par Gi .
Dans la description des sous-groupes du groupe de Galois d’une extension
Galoisienne L/F , les groupes d’inertie et de décomposition d’un idéal premier

12
1.2. Extension et ramification dans les corps de Nombres

p dans L/F , nous avons focalisé notre attention sur la ramification d’un idéal
premier p de L au dessus de ℘, ce qui est l’objet de la ramification dans une
extension de corps locaux.

1.2.2 Ramification
Soient K un corps de nombres et N une extension galoisienne de Q conte-
nant K. On note G = Gal(N/Q) et K = HomQ (K, N ).
Fixer un idéal premier p de N au dessus de p, revient à fixer une valeur
absolue sur N , qu’on note | |p prolongeant la valeur absolue p−adique sur Q.
Alors, on a

Proposition 1.9 Soit K et K’ deux corps de nombres. Soit ℘ et ℘′ deux


idéaux premiers de K et K’ respectivement, auxquels on associe deux valeurs
absolues | | et | |′ sur K et K ′ respectivement. Pour tout σ ∈ HomQ (K, K ′ ),
|σ (x)|′ = |x| si, et seulement si σ −1 (℘′ ) = ℘. On dit alors que σ préserve les
valeurs absolues.

Le groupe de décomposition Dp de p, n’est autre que le sous-groupe de G qui


fixe la valeur absolue | |p. On déduit alors

Corollaire 1.10 Soit N/Q une extension galoisienne, p un idéal premier de


N au dessus de p alors, l’extension Np/Qp est galoisienne de groupe de Galois
Gal(Np/Qp ) = Dp, le groupe de décomposition de p dans N/Q.

Nous pouvons dire finalement, que l’orbite de K sous Dp, associée à un idéal
℘ de K, a autant d’éléments que HomQp (K℘ , Np), c’est à dire [K℘ , Qp ] = e℘ .f℘ ,
puisque Np/Qp est galoisienne. En polarisant notre étude sur l’orbite associée
à l’idéal premier ℘ = p ∩ K, ou bien à la valeur absolue | |p restreinte à
K, alors les éléments de cette orbite sont en bijection avec les éléments de
HomQp (K℘ , Np), c’est aussi l’orbite de l’injection canonique i : K ֒→ N . Il
s’agit donc de l’action du groupe d’inertie Ip de p sur cette orbite.
Par la théorie des groupes on a

13
Chapitre 1. Théorie de Galois et ramification

Lemme 1.11 Soit G un groupe opérant transitivement sur un ensemble Ω et


H un sous-groupe distingué de G. Alors G permute transitivement les H-orbites
de Ω. En particulier, Si Ω est fini, toutes les H−orbites ont le même cardinal.

De ce qui précède on conclut que chaque Dp−orbite se décompose en f Ip−orbites


de longeur e.
On fixe un nombre premier p et un idéal premier p de N au dessus de p. Soit
la factorisation de p dans K :

p = ℘1e1 ...℘egg avec NK/Q (℘i ) = pfi

A chaque idéal ℘i correspond ni = ei fi Qp −morphismes Ki → Np, où Ki


est le complété de K pour la valuation ℘i -adique. L’ensemble de ces mor-
phismes est noté Ki et il est canoniquement isomorphe au sous-ensemble des
Q−morphismes σ de K tel que σ −1 (p) = ℘i . Les Ki sont exactement les
Dp−orbites de K dont ils forment une partition.
Si on note par Ni , 1 ≤ i ≤ g, le composé des conjugés σ(Ki ) de Ki , et
connaissant les groupes d’inertie des extensions locales Ni /Qp , on déduit di-
rectement des précisions sur le groupe d’inertie global Ip.

Pour assurer la bascule du local au global, on donnera entre autres quelques


résultats sur l’arithmétique des corps de nombres en lien avec les situations
locales.
On part du Qp −isomorphisme de Qp −algèbres suivant :
g
Y
K ⊗Q Qp ≡ Ki
i=1

Cette propriétés permet de préciser la relation entre des invariants, dimension


et discriminant, du corps global et celui des corps locaux.

a) Dimensions :

14
1.2. Extension et ramification dans les corps de Nombres

g g
X X
n = dimQ K = dimQp K ⊗Q Qp = dimQp Ki = ni
i=1 i=1

b) Discriminants :
g
Y
dK = dKi
i=1

Un invariant, la différente, est défini au niveau local par :

Définition 1.12 Soit L/F une extension de corps de locaux, OF et OL sont


respectivement les anneaux d’entiers de F et L.
On appelle différente de l’extension L/F , qu’on note D (L/F ), l’déal fraction-
−1
naire de L défini par D (L/F ) = {x ∈ L/ TL/F (xp) ⊂ A} où p est un idéal
fractionnaire de L.

La différente vérifie entre autre la propriété de la transitivité appliquée à une


tour d’extension E ⊂ F ⊂ L,

D (L/E) = D (L/F ) D (F/E)

Par [ 42] on a

Théorème 1.13 Soit L/F une extension galoisienne de corps locaux, p l’idéal
maximal de OL alors,
Pt
i=0 (CardGi −1)
D (L/M ) = p

où Gi est le i-ème groupe de ramification, et Gt le dernier groupe de ramifica-


tion.

Dans notre situation de Qp −extensions, on a [K℘ : Qp ] = ef . En posant


m = vp (dK ) et d = v℘ (D (K℘ /Qp )), on a la relation suivante :

m = fd

15
Chapitre 1. Théorie de Galois et ramification

où (
d = e − 1, si p ∤ e
d≥e sinon

1.2.2.1 Ramification dans les corps locaux

Comme on l’avait indiqué précédement, la complétion permet de focaliser


l’étude de la ramification sur un idéal premier. De manière générale, soit K℘
le complété de K pour la valeur absolue ℘−adique, on aura

Proposition 1.14 Soit (K, | |) un corps ultramétrique complet. La valeur ab-


solue | | se prolonge de manière unique à toute extension L/K de degré fini.

Dans cette sous-section, nous noterons L/K une extension de corps locaux.
On note par OK et OL les anneaux d’entiers de K et L respectivement. Ainsi,
on fait coorespondre à l’idéal maximal p de OL l’idéal maximal ℘ dans OK , tel
que ℘ = p ∩ OK . On définit par k = OK /℘ et kL = OL /p les corps résiduels
de K et L respectivement. Soit vp la valuation p-adique définie sur L.
L’indice de ramification et le degré résiduel de L/K, que sont respective-
ment e(L/K) et f (L/K), sont définis par :

e(L/K) = e(p/℘) = vp(℘′K )

et

f (L/K) = f (p/℘) = [kL : k]

Par suite, on obtient :

Proposition 1.15 Soient L/K une extension de degré fini. Alors

e(L/K)f (L/K) = [L : K]

On a la définition suivante

16
1.2. Extension et ramification dans les corps de Nombres

Définition 1.16 L’extension L/K est non ramifiée si e(L/K) = 1.

Soit ℓ la caractéristique du corps résiduel k de K. On a

Définition 1.17 L’extension L/K est dite modérément ramifiée si,

1. ℓ ∤ e(L/K).
2. kL est séparable sur k.

Le lien de la ramification modérée avec la valuation p-adique de la différente


D(L/K) de l’extension L/K est donné par

Théorème 1.18 Les conditions suivantes sont équivalentes

1. L/K est modérément ramifiée.


2. vp(D(L/K)) = e(L/K) − 1.

On définit de même les extensions totalement ramifiées par

Définition 1.19 L’extension L/K est totalement ramifiée si

e(L/K)=[L :K].

1.2.3 Caractérisation des ramifications


Dans cette section L/K désigne une extension finie d’un corps ℘−adique
K de degré n = ef , où e est l’indice de ramification de L/K et f le degré
résiduel de l’extension kL /kK , où kL et kK désignent respectivement les corps
résiduels de L et K. On note par p la caractéristique de kK , ainsi Qp ⊂ K [5,
22, 33 et 38].
Nous allons rappeler dans ce qui suit, la caractérisation les différentes ramifi-
cations des extensions de corps locaux.

17
Chapitre 1. Théorie de Galois et ramification

Théorème 1.20 On suppose que L = K(α), où α est une uniformisante de


L. Alors, l’extension L/K est totalement ramifiée si, et seulement si α est
racine d’un polynôme d’Eisenstein.

Preuve : (cf. [5, Théorème 1, Chap. 1, p. 23])

Plus précisemment on a le théorème qui suit.

Théorème 1.21 Soit L/K une extension de corps locaux d’anneaux d’entiers
OL ⊃ OK respectivement. Soit ℘ l’unique idéal maximal de l’anneau des entiers
de K
1. Si L/K est non ramifiée, alors il existe un élément a de OL avec
kL = k(a). De plus, si g(X) est le polynôme minimal de a sur K, alors
L = K(a) et g(X), la réduction de g(X) mod ℘ de ses coefficients, est
irréductible et séparable sur k.
2. Soit g(X) un polynôme unitaire dans OK [X], tel que g(X) est irréductible
et séparable sur k. Si a est une racine de g(X), alors l’extension
L = K(a)/K est non ramifiée et kL = k(a).

Preuve : (1) Comme kL est séparable sur k alors, il existe a ∈ OL tel que
kL = k(a) et où le polynôme minimal G(X) de a sur k est séparable. De plus
on a
[L : K] ≥ deg g(X) ≥ deg G(X) = [kL : k] = [L : K]

Par suite, G(X) = g(X), i.e. g(X) est irréductible, et L = K(a).


(2) On a

[L : K] = deg g(X) = [k(a) : k] ≤ [kL : k] ≤ [L : K]

D’une part on a [L : K] = f (L/K), i.e. e(L/K) = 1, et d’autre part on a


kL = k(a), i.e. kL est séparable sur k.

18
1.2. Extension et ramification dans les corps de Nombres

Du Théorèmé 1.21 on tire les corollaires suivants

Corollaire 1.22 Si L/F est non ramifiée et K/Qp est finie alors, LK/F K
est non ramifiée.

Preuve : Par le théorème 1.21, il existe a tel que L = F (a), donc LK =


KF (a) où l’image de a dans le corps résiduel de LK est une racine simple
d’un polynôme φ(X), minimal pour l’image de a dans l’extension du corps
résiduel de L sur celui de F . Par le théorème 1.21 précédent, LK/F K est
donc non ramifiée.

Corollaire 1.23 Si L/K et F/K sont non ramifiées, il en est de même de


LF/K

Preuve : Il suffit d’appliquer la propriété multiplicative des indices de rami-


fication et utiliser le corollaire précédent.

Les extensions modérément ramifiées sont caractérisées par

Proposition 1.24 Une extension L/K de degré n ∈ N∗ est totalement et


modérément ramifiée si, et seulement si, L est engendré sur K par une racine
d’un binôme X n − b, où b est de valeur absolue ℘−adique égale à 1.

Preuve : (cf. [33, Theorem 5.11, p. 234])

Lemme 1.25 (Lemme d’Abhyankar)


Si L/K est une extension modérément ramifiée et F/K une extension finie
telles que e(L/K) divise e(F/K) alors, LF/F est non ramifiée.

19
Chapitre 1. Théorie de Galois et ramification

Preuve : (cf. [33, Corollary 4, p. 236])

Théorème 1.26 Soit L/K une extension normale de corps ℘−adiques, de


groupe de Galois G.
1. L’extension maximale non ramifiée L0 /K contenue dans L correspond
par la théorie de Galois au groupe d’inertie I = G0 . Ce groupe G0 est un
sous-groupe normale de G d’ordre e(L/K) et le groupe quotient G/G0
est cyclique d’ordre f (L/K).
2. L’extension maximale modérément ramifiée L1 /K contenue dans L cor-
respond, par la théorie de Galois, au premier groupe de ramification G1 .
Le sous-groupe G1 est un p−groupe et le groupe quotient G0 /G1 est cy-
clique d’ordre premier avec p.

Dans notre situation, il existe une K−extension L0 non ramifiée maximale


contenue dans L. De plus, L/L0 est totalement ramifiée, i.e. f (L/L0 ) = 1.

On peut interpréter le groupe d’inertie de la manière suivante

Proposition 1.27 Soit L une extension galoisienne de K, de groupe de Galois


G. On considère L0 la K−extension non ramifiée maximale contenue dans L.
Alors, le groupe d’inertie I(L/K) est égal au groupe de Galois Gal(L/L0 ) ;
de plus, l’extension L0 /K est galoisienne et le morphisme de restriction G →
Gal(L0 /K) induit l’isomorphisme G/I(L/K)→Gal(L ˜ 0 /K)

Le lien entre la nature de la ramification et le groupe d’inertie dans le cas


d’une extension de Qp est donné par

Proposition 1.28 Soit L/Qp une extension galoisienne modérément ramifiée.


Alors, le groupe d’inertie de p dans L/Qp , en fait d’un idéal premier p de L
ramifié au dessus de p, est cyclique.

20
1.2. Extension et ramification dans les corps de Nombres

Preuve : Soit L/Qp une extension galoisienne de groupe de Galois G, d’anneau


d’entiers OL et de groupe d’inertie I. Par [42, Chap. 4, §2, Corollaire 4] on a

I ≃ G1 × I/G1

où G1 est un p−groupe et I/G1 est un groupe cyclique d’ordre premier à p.


Par conséquent, le sous-groupe G1 est réduit à l’identité si et seulemnt si
L/Qp est modérément ramifiée, ce qui veut dire que e(L/Qp ) est premier à p
et entraîne de fait que I est cyclique .

21
22
Chapitre 2

Groupes de Galois et Classification

2.1 Introduction
Soit f (X) = X n + aX s + b un trinôme irréductible à coefficients entiers.
On note par α := α1 , ..., αn les racines distinctes de f (X) dans une clôture
algébrique de Q. Soient K = Q(α) et N = Q(α1 , ..., αn ) les corps de rupture
et de décomposition de f (X) sur Q.
Le groupe de Galois G de f (X), qui est le groupe de Galois de l’exten-
sion N/Q, est un groupe de permutation transitif agissant sur les n racines
distinctes de f (X).
La détermination du groupe de Galois repose sur le principe de Van der
Waerden-Dedekind, explicité précédemment. Il s’agit de déterminer la rami-
fication d’un nombre premier ℓ dans K. Cette ramification permet alors de
localiser le groupe d’inertie de ℓ dans N/Q. cet effet, dans la section 2 nous
exposerons les travaux de P. Llorente, E. Nart et N. Villa [26] donnant la
décomposition d’un nombre premier dans K. Les travaux de S.D Cohen, A.
Movahhedi et A. Salinier [9] ont permis d’expliciter les travaux d’Ore [35] don-
nant, non seulement les outils pour la détermination de cette ramification dans
un cadre général, mais aussi un outil pour la factorisation d’un polynôme dans
un corps local, un thème que nous discuterons dans la section 3.

23
Chapitre 2. Groupes de Galois et Classification

La détermination du groupe d’inertie, en tant que sous-groupe du groupe


de Galois, permet de cerner ce dernier. Dans la section 4 de ce chapitre, nous
introduirons la notion de multiple-transitivité d’un groupe de permutation. La
classification de tels groupes est, comme on le verra, un outil trés précieux
pour la détermination du groupe de Galois de tels trinômes.

2.2 Q−trinômes et ramification


Soit f (X) = X n + aX s + b un Q−trinôme irréductible à coefficients en-
tiers et soit p un nombre premier. Nous allons aborder, dans ce qui suit, la
détermination de la ramification de p dans K = Q(α).

2.2.1 Définition
Soit n et s∈ N, n ≥ 3 et 1 ≤ s ≤ n. Soit f (X) un trinôme de degré n,
irréductible sur Q et à coefficients dans Z

f (X) = X n + aX s + b

où 1 ≤ s < n.
Soit α une racine de f (X) dans une clôture algébrique de Q. On note par
K = Q(α) le corps obtenu en adjoignant la racine α au corps Q des nombres
rationnels.
On pose m = pgcd(n, s), n = mn′ et s = ms′ . Le calcul du discriminant D (f )
du trinôme f (X) dans [46, Theorem 2] donne :
h im
n(n−1)
n s−1 ′ n′ n′ −s n′ −1 ′ n′ −s ′ s′ n′
D (f ) = (−1) 2 m b (n ) b + (−1) (n − s) (s ) a

Le discriminant dK de K est lié au discriminant D (f ) du trinôme f (X) par


la relation :
D (f ) = i(α)2 dK

24
2.2. Q−trinômes et ramification

où i(α) désigne l’indice de Z[α] dans l’anneau des entiers du corps de


nombres K.
Alors, les nombres premiers q qui se ramifient dans K sont parmi les diviseurs
premiers du discriminant D (f ) du trinôme f (X).
Dans [26], P. Llorente, E. Nart et N. Villa ont étudié la ramification d’un
nombre premier dans K. La détermination des diviseurs premiers de D (f )
ramifiés dans K, donc des diviseurs de dK est donné par [26, Sect. 2, Theorem
1] .
De plus ils établissent le théorème suivant

Théorème 2.1 [26, Theorem 2]


Avec le notations précédentes, soit q un nombre premier tel que q ∤ ABm,
alors, (
0 si vq (D (f ))/m est pair
vq (d) =
m si vq (D (f ))/m est impair

Dans le cas où a = b et n = p, p premier, nous déterminons la ramification du


nombre premier p. Nous considérons pour cela le trinôme irréductible sur Q,
f (X) = X p + aX s + a, de discriminant donné par

l−1
ap−1 pp + (p − s)p−s ss as
 
D (f ) = (−1) 2

et notons par
D0 = pp + (p − s)p−s ss as

Pour déterminer la ramification d’un nombre premier ℓ dans K, nous étu-


dierons séparément les cas p divisant a et p ne divisant pas a.
Dans le cas où p divise a, nous déterminerons la ramification du nombre
premier p dans le corps de nombres K suivant que p divise ou non vp (a).
Si p divise à la fois a et vp (a), on pose vp (a) = kp et nous considèrons le

25
Chapitre 2. Groupes de Galois et Classification

trinôme F (X) donné par :

1 k

F (X) = f p X
pkp

Son discriminant D (F ) est donné par

p−1
bp−1 pp 1 + (p − s)p−s ss pp(ks−1) bs
 
D (F ) = (−1) 2

de valuation p−adique égale à p, ce qui montre que p est ramifié dans K.


Si p ne divise pas vp (a), et par le théorème 1 de [26, Sect. 2, Theorm 1], la
valuation p−adique du discriminat absolu dK du corps K est

vp (dK ) = p + inf (p, svp (a)) − 1

Ce qui montre que p est ramifié dans K.


Dans le cas où p ne divise pas a, le discriminant ne permet pas de conclure.
La méthode d’Ore a été évoquée à cet effet dans [26] pour déterminer
la valuation q−adique du discriminant du corps de nombre K ainsi que la
détermination de la ramification d’un nombre premier ℓ dans K, à travers le
polygone de Newton associé à un polynôme et relatif à un nombre premier ℓ.

2.3 Polygones de Newton et Ramification

Comme indiqué dans l’exemple ci-haut, nous exposerons les méthodes d’Ore
pour la détermination de la décomposition d’un nombre premier en produit
d’idéaux premiers dans une extension de Q engendrée par une racine d’un po-
lynôme. On trouve un exposé détaillé sur la mise en oeuvre de cette méthode
est donnée dans [9].

26
2.3. Polygones de Newton et Ramification

2.3.1 Notations et définitions


Soit p un nombre premier fixé et soit φ(X) ∈ Z[X] un polynôme unitaire
de degré m ≥ 1 tel que φ(X) mod p soit irréductible.
On se donne un polynôme f (X) ∈ Qp [X] de degré n, son développement
suivant les puissaces de φ(X), donné par la division euclidienne, est

t
X
f (X) = pαj Qj (X)φ(X)t−j (2.1)
j=O

où les polynômes Qj (X) ∈ Z[X] sont de degrés degQj (X) < m pour tout
n
j, et t le plus grand entier vérifiant t ≤ m . Dans l’égalité (2.1), les coefficients
de Qj (X) ne divisent pas tous le nombre premier p sauf si Qj = 0 et dans ce
cas le terme correspondant est omis de la somme.
De plus, comme f (X) est unitaire il en sera de même de Q0 ce qui entraîne
que α0 = 0.
Le développement donné dans (2.1) est appelé décomposition canonique de
f (X).
Le (p, φ) polygone de f (X) est définit par :

Définition 2.2 Le (p, φ)−polygone de f (X) est l’enveloppe convexe supérieur


de l’ensemble des points (j, αj ), sans la partie verticale. La partie du (p, φ)−polygone
diminuée de la partie horizontale (s’il y a lieu) est appelée partie principale du
(p, φ)−polygone.

Soient S1 , ..., Sk les côtés de la partie principale du (p, φ)−polygone de f (X) de


pentes croissantes.
On définit :
l0 := longueur du côté horizontal
li := longueur de la projection de Si sur l’axe des x.

hi := longueur de la projection de Si sur l’axe des y.

27
Chapitre 2. Groupes de Galois et Classification

On pose
li ki
ǫi = pgcd(li , hi ), λi = et ki =
ǫi ǫi
Par rapport au côté Si , considérons la somme des termes pαj Qj (X)φ(X)t−j
dans la décomposition canonique de f (X) correspondant aux points (j, αj ) ∈
Si . Cette somme fait apparaître un facteur commun

φ(X)t−l0 −...−li ph1 +...+hi−1

de l’expression

Ri,0 (X)φ(X)li + Ri,1 pki φ(X)li −λi

+Ri,2 (X)p2ki φ(X)li −2λi + ... + Ri,ǫi (X)phi

où les polynômes Ri,j (X) sont de degré < m. En particulier, Ri,0 (X) est pre-
mier avec φ(X), dans Fp [X], il existe alors un polynôme Ai (X) ∈ Z[X] tel
que
Ri,0 (X)Ai (X) ≡

1 mod(p,φ(X))

On définit alors le polynôme Si,j (X) donné par

Si,j (X) = Ai (X).Ri,j (X).

Définition 2.3 On appelle polynôme associé à f (X) et relatif au côté Si , le


polynôme Fi (X, Y ) donné par

Fi (X, Y ) = Y ǫi + Si,1 (X)Y ǫi −1 + ... + Si,ǫi (X).

28
2.3. Polygones de Newton et Ramification

Par construction, le polynôme Fi (X, Y ) dépend du choix de Ai (X), ce qui n’est


pas le cas de sa classe modulo l’idéal (p, φ(X)).

2.3.2 Polygone de Newton et ramification dans K

La relation entre (p, φ)−polygone et ramification est donnée par

Théorème 2.4 (9, Theoreme 1.5) Soit f (X) ∈ Z[X] un polynôme unitaire
irréductible tel que f (X) mod p n’est pas irréductible, et soit θ une racine de
f (X) dans une clôture algébrique de Q fixée. On considère la factorisation
modulo p de f(X)
f (X) ≡ φ1 (X)a1 ...φs (X)as (mod p)

où φν (X) ∈ Z[X] de degré degφ(X) = mν . Alors,

p = a1 ...as

où les aν sont des idéaux de K = Q(θ) tels que NK (ai ) = paν mν


(NK désigne la norme absolue du corps K).
A chaque idéal a = aν correspond un facteur irréductible φ(X) = φν (X). On
détermine ainsi le (Qp , φ) polygone de f (X). Pour chaque au côté Si de la
partie principale de ce polygone, on considère la factorisation modulo (p, φ) du
polynôme associé Fi (X, Y )
(i) (i)
(i) (i)
Fi (X, Y ) ≡ F1 (X, Y )a1 ...Fti (X, Y )ati mod(p, φ(X))

Alors
ti
k Y
(i)
Y
a= [cj ]λi
i=1 j=1

(i)
où λ = i / (i , hi ) est le paramètre défini au dessus et les cj sont des idéaux de

29
Chapitre 2. Groupes de Galois et Classification

K premiers entre eux. De plus


(i) (i)
(i) (i) (i)
NK (cj ) = pm.mj aj
, mj = degY Fj (X, Y )

(i) (i)
En outre, si aj = 1, alors l’idéal cj est premier.

Notons que dans [27], par l’utilisation des polygones de Newton et selon la ter-
minologie d’Ore, les auteurs donnent une description détaillée de la décompo-
sition d’un nombre premier dans le corps de rupture du trinôme X n + AX + B.
Notre travail consiste en la détermination de la ramification d’un nombre
premier ℓ dans le corps K engendré par une racine du trinôme f (X) = X p +
aX s + a ∈ Z[X], irréductible sur Q. Dans le cas où p divise l’entier a, on
pose a = bpvp (a) où vp (a) désigne la valuation p-asique de a, nous montrons les
résultats suivants :

Proposition 2.5 Soient a un entier, p un nombre premier divisant a et f (X) =


X p + aX s + a un trinôme irréductible sur Q. Alors, le nombre premier p est
totalement ramifié dans K dans chacun des cas suivants
1. p divise vp (a) et vp bp−1 − (−1)s pks bs − 1 = 1, où k = vp (a)/p


2. p ne divise pas vp (a)


et dans ces cas on a p = ℘p

Proposition 2.6 Soient a un entier, p un diviseur premier de a, et f (X) =


X p + aX s + a un trinôme irréductible sur Q. On suppose que vp (a) = kp et
que vp bp−1 − (−1)s pks bs − 1 > 1, k ≥ 1, alors

(
℘1p−1 ℘2 si ks > 1 ou si ks = 1 et p ∤ b + 1
p=
℘1p−2 a sinon
où a est un idéal de K tel que
(
℘22 si vp (bp−1 + pb − 1) ≤ 2.vp (b + 1) + 1 et vp (bp−1 + pb − 1) paire
a=
℘2 ℘3 si vp (bp−1 + pb − 1) > 2.vp (b + 1) + 1
30
2.3. Polygones de Newton et Ramification

où ℘1 , ℘2 et ℘3 sont des idéaux premiers de K, distincts.

La preuve repose sur la détermination du (Qp , X)-polygone du trinôme g(X)


suivant
p−1
1 p
X
g(X) = p f (p(X − b)) = X + ai X p−1 + ap
p i=1


 !
p
(−b)i si 1 ≤ i ≤ p − s − 1



i



 ! !
ai = p s
 (−b)i − pks (−b)i+s−p−1 si p − s ≤ i ≤ p − 1
i i+s−p




−bp + (−1)s pks bs+1 + b

si i = p

Nous déterminons alors la ramification de p selons les valuation p−adiques des


coefficients ai .
Dans le cas où p ne divise pas a, notons par D0 le facteur du discriminant D
du trinôme f (X) donné par

p−1
D = (−1) 2 ap−1 D0

et où
D0 = pp + (p − s)p−s ss as

Le théorème 2 [26, Sect. 3, Theorem 2] montre qu’un nombre premier ℓ, ℓ ∤ a,


est ramifié si la valuation ℓ-adique de D0 est impaire, et dans ce cas ℓ divise
une seule fois le discriminant absolu dK du corps de nombres K.
Si la valeur absolue |D0 | est un carré, nous donnons dans le résultat suivant
la ramification d’un nombre premier ℓ 6= p :

Lemme 2.7 Sous l’hypothèse ¨|D0 | est un carré ¨ , un nombre premier ℓ,


ℓ 6= p, est, soit totalement ramifié, soit non ramifié dans le corps de nombres
K.

31
Chapitre 2. Groupes de Galois et Classification

Soit à déterminer la ramification de p dans l’extension K/Q engendrée par une


racine α du trinôme irréductibe φ(X) = X p + pp X + pp , où k et s sont des
entiers strictement positifs.
Pour celà, considérons le polynôme g(X) suivant :

p−1
1 X
g(X) = p f (p(X − 1)) = X p + ai X p−1 + ap
p i=1

où  !
 i
p
 (−1) si 1 ≤ i ≤ p − s − 1



i
ai =


 2p si i = p − 1

 −p si i = p
Le polygone de Newton associé au polynôme g(X) est fomé d’un seul côté
reliant les points (0, 0) et (p, 1). Le polynôme associé G à g est

G(Y ) = Y + 1

Alors, par [33, Sect. 2, Theorem 5], p = ℘p , où ℘ est un idéal premier de K.


Le nombre premier p est donc totalement ramifié dans K = Q(α).

2.4 Classification des groupes simples finis


L’exemple donné à la section 1 du Chapitre 1, et comme indiqué par le
théorème de Van der Waerden-Dedekind, nous impose à rechercher le groupe
de Galois du trinôme X 5 + 20X + 16 parmi les sous-groupes transitifs de A5 .
La classification des groupes simples finis est un outil permettant de décider
sur le choix de la réalisation d’un groupe de permutations comme groupe de
Galois d’un trinôme. Nous définirons dans ce qui suit la nature des groupes de
permutations transitifs, et nous donnerons certaines classifications utilisées à
cet effet, ainsi que des propriétés qui en découlent.

32
2.4. Classification des groupes simples finis

2.4.1 Groupes de permutations transitifs et multiplement


transitifs
Soient A un anneau intègre de corps de fraction K, f (X) ∈ A[X] un
polynôme de degré n, irréductible sur K. Soit L le corps des racines de f (X)
sur K. L’extension L/K est galoisienne, de groupe de Galois G, qui est un
groupe de permutation des racines de f (X), de degré n ; c’est donc un sou-
groupe transitif de Sn .

Définition 2.8 On dit que G est k−fois transitif, k ≥ 1, si pour deux k−uplets
d’entiers (i1 , ..., ik ) et (j1 , ..., jk ) , où les éléménts de chaque uplet sont deux à
deux distincts, il existe σ ∈ G tel que σ(it ) = jt pour 1 ≤ t ≤ k.

Alors on a :
1−fois transitif c’est transitif
2−fois transitif c’est doublement transitif
En général, si k > 1 on dit que G est multiplement transitif

Définition 2.9 Un groupe de permutations transitif G est dit primitif si, le


stabilisateur d’un point est un sous-groupe maximal G1 de G.

Puisque dans notre cas G est le groupe de Galois d’un trinôme irréductible f
sur K, alors :
1. G1 = Gal(f1 (X), K(α)), où α est une racine de f dans L et tel que
f (X) = f1 (X) (X − α)
2. G est primitif si, et seulement si, il n’existe pas de corps intermédiaire
entre K et K(α).
De plus on a

Théorème 2.10 [48, Theorem 13.8, p.38]


Un groupe de permutations primitif de degré n, contenant un cycle de lon-
gueur m, 1 < m < n, est n − m + 1−fois transitif (Marggraf, 1892)

33
Chapitre 2. Groupes de Galois et Classification

La relation entre l’ordre d’un groupe et sa multiple transitivité est donnée par :

Proposition 2.11 [48, Theorem 13.2, p.34] L’ordre d’un groupe k−fois tran-
sitif de degré n est divisible par
n(n − 1)...(n − k + 1) (Jordan, 1871).

2.4.2 Propriétés et classification


Plusieurs auteurs ont décrit la liste de réalisations possibles des groupes de
permutations en tant que groupes de permutations des racines d’un trinôme
irréductible. Cette liste est établie selon la nature de la transitivité des groupes
de permutations[1].
La liste complète des groupes simples finis est :

1. Le groupe cyclique d’ordre p, p premier


2. Le groupe alterné An , n ≥ 5
3. Les groupes projectifs spécial linéaires
4. Les 26 groupes sporadiques comprenant les 5 groupes de Mathieu.

On a ainsi établi des listes de ces groupes simples finis selon le degré de leur
transitivité.
Comme conséquence de la classification des groupes de permutations tri-
plement transitifs, S. S. Abhyankar [1] a donné les listes de ces groupes simples
finis, selon qu’ils soient triplement transitifs ou doublement transitifs.
Le théorème suivant de Burnside a été la clé pour la classification des
groupes de permutations doublement transitifs :

Théorème 2.12 (Burnside)


Un groupe de permutation doublement transitif admet un unique sous-
groupe normal minimal. Un tel sous-groupe est, soit un groupe abélien élé-
mentaire, soit un groupe simple non-abélien.

34
2.4. Classification des groupes simples finis

Une liste de 10 groupes de permutation triplement transitifs est donnée dans


[1].
On y donne aussi une liste de 9 groupes de permutation doublement tran-
sitif et non triplement transitif ayant un sous-groupe normal minimal abélien.
On montre dans [1]

Lemme 2.13 [1] Le degré d’un groupe de permutations, doublement transitif


et non triplement transitif, ayant un sous-groupe normal minimal abélien est
nécessairement de la forme pm , m > 1. Son sous-groupe normal minimal est
isomorphe à (Z/pZ)m et le stabilisateur d’un point par le groupe G est lui même
isomorphe à un sous groupe de GL(m, p).

35
Chapitre 2. Groupes de Galois et Classification

36
Chapitre 3

Détermination des groupes de


Galois des trinômes

La détermination du groupe de Galois sur Q du corps de décomposition


d’un polynôme à coefficients dans Z est un problème classique d’algèbre. Un
théorème dû à Van der Waerden [47] affirmait qu’en dehors du groupe symé-
trique Sn , il est difficile de réaliser un sous-groupe strict de Sn comme groupe de
Galois d’un polynôme unitaire à coefficients dans Z. Par contre, des exemples
de réalisations de tels groupes existent en littérature. Par exemple, pour un

nombre premier p impair et un entier a tel que p a ∈ / Z, le groupe de Galois
du binôme X p − a, qui est résoluble, est engendré par un cycle d’ordre p et un
cycle d’ordre (p − 1), c’est donc le groupe affine Af f (Fp ).

Suivant les conditions nécessaires observées par Feit [13], et en supposant


que le groupe de Galois G d’un Q−trinôme contienne une involution fixant
au plus 3 racines, très peu de groupes de permutations sont susceptibles de se
réaliser comme groupes de Galois de tels trinômes.

37
Chapitre 3. Détermination des groupes de Galois des trinômes

3.1 Trinômes à groupes de Galois le groupe sy-


metrique Sn
La caractérisation des trinômes ayant pour groupe de Galois le groupe
symétrique Sn a intéressé plusieurs auteurs. C’est ainsi qu’Osada [36] a obtenu
des conditions suffisantes pour une telle réalisation. Ainsi, il établit le résultat
suivant :

Théorème 3.1 Soit f (X) = X n + AX s + B un trinôme à coefficients dans


Z et iréductible sur Q. On suppose satisfaites les conditions suivantes :
1. A = acn , B = bcn où a et b sont des entiers relatifs tels que
pgcd(nb, ac(n − s)) = 1.
2. |D0 | n’est pas un carré, où D0 = nn bn−s + (−1)n−1 ss (n − s)n−s an cns
3. Il existe un nombre premier p qui divise une seule fois b
Alors, le groupe de Galois G du trinôme f sur Q est le groupe symétrique Sn .

.
Dans [32], les auteurs on montré que dans le cas où le groupe de galois G
du trinôme f (X) est primitif, les conditions (1) et (2) suffisent pour établir
que G est isomorphe à Sn . En effet, si la condition (2) est vérifiée alors :

Lemme 3.2 [32, Lemma 5]


Soit p | D0 , un nombre premier ramifié dans le corps N des racines de
f (X). Alors, le groupe d’inertie d’un idéal premier p de N au dessus de p est
engendré par une transposition

Par le lemme précédent, le groupe de Galois G de f sur Q contient une trans-


position, puisque le groupe d’inertie de p dans N/Q en contient. Un groupe de
permutations primitif, contenant une transposition est le groupe symétrique
[48, Chap.II, Theorem 13.3]. Alors G ≃ Sn
Une condition nécessaire pour la primitivité de G est donnée par :

38
3.1. Trinômes à groupes de Galois le groupe symetrique Sn

Théorème 3.3 [32, Sect. 1, Theorem 1]


Soit G un groupe de permutations transitif de degré n et s un entier premier
à n, 1 ≤ s < n. On suppose qu’un système de générateurs de G est formé
d’éléments σ ayant l’une ds propriétés suivantes :

1. σ est un cycle d’ordre premier


2. σ est un produit de rσ cycles disjoints d’égale longueur dσ , rσ qσ = s

Si l’ensemble E des générateurs de type (2) est non vide, on pose Q = maxσ∈E qσ ,
R := maxσ∈E rσ ; et si, par contre, E est vide on pose Q = R = 1. Pour que G
soit primitif, il doit exister un diviseur k de n tel que Q < k < R.

Déterminer un système de générateur du groupe de Galois, revient à déter-


miner les groupes d’inertie des idéaux premiers de N ramifiés dans N/Q. La
décomposition d’un diviseur premier p de b, en produit de puissances d’idéaux
premiers de K est donnée par

Lemme 3.4 [32, Sect. 2, Lemma 6] Soit p un diviseur premier de b. On note


par v la valuation p-adique de b. Soit r :=pgcd(s,v) et q :=s/r. Alors la décom-
position de p en produits de puissances d’idéaux premiers de K est
g
Y
p= ℘q1 ...℘qm ℘m+1 ...℘g , avec NK (℘i ) = pn−s ,
i=m+1

où NK désigne la norme absolue de K.

Preuve : La preuve est basée sur le théorème d’Ore [35,Chapter 2, Theorems


5 et 6]. Le polygone de newton de f (X) relatif au nombre premier p est formé
de deux côtés S1 et S2 : S1 joignant les points (0,0) et (n − s, 0) , et S2
joignant les points (n − s, 0) et (n, v). Les polynômes associés à S1 et S2 sont,
respectivement :

F1 (Y ) = Y n−s + aetF2 (Y ) = Y r + bp−v a−1 .

39
Chapitre 3. Détermination des groupes de Galois des trinômes

Par [35, Theorem 5], il vient que

p = a1 aq2 ,

où a1 et a2 sont des idéaux entiers de K premiers entre eux tels que

NK (a1 ) = pn−s etNK (a2 ) = pr .

Etant donné que pgcd (nb, acs(n − s)) = 1, les polynômes F1 (Y ) et F2 (Y ) sont
séparables modulo p, par conséquent le trinôme f (X) est régulier relativement
à p, selon la terminologie d’Ore. Alors, par [35, Theorem 6] ,

a2 = ℘1 ℘2 ...℘m , a1 = ℘m+1 ...℘g

où les ℘i sont des idéaux premiers de K, distincts.

Soit p un idéal premier de N au dessus de p. En combinant le dernier Lemme


et celui d’Abhyankar [33, p.236], on voit immédiatement que l’idéal p est mo-
dérément ramifié dans l’extension N/Q, et son groupe d’inertie est cyclique
d’ordre q.
D’autre part, si on note par K℘i le complété de K en la place ℘i et
par fi (X) le polynôme minimal de α dans l’extension locale K℘i /Qp , la dé-
composition de f (X) en produits de facteurs irréductibles dans Qp [X] est
f (X) = f1 (X)...fg (X). Pour i > m, l’extension K℘i /Q est non ramifiée, le
groupe d’inertie laisse fixe les racines αs+1 , ..., αn du produit fm+1 ...fg .
De plus, pour i ∈ {1, ..., m} on considère Li la clôture normale de K℘i sur
Qp . L’indice de ramification de Li /Qp est, par le lemme d’Abhyankar, égal à
q et la restriction Ii du groupe d’inertie I de p à Li est exactement le groupe
d’inerrie de Li /Qp . Alors Ii est un sous-groupe normal du groupe de Galois
local Gi de l’extension Li /Qp et il est cyclique d’ordre q.
Puisque Gi agit transitivement sur les racines de fi , alors chaque orbite de Ii a

40
3.1. Trinômes à groupes de Galois le groupe symetrique Sn

q éléments, ce qui montre que le groupe d’inertie de p dans N/Q est engendré
par un produit de r cycles disjoints d’égale longueur q.

On obtient ainsi :

Proposition 3.5 [32, Sec. 2, Theorem 2].


Soit p un diviseur premier de b et v = vp (b). 0n pose r = pgcd(s, v) et q =
s/r. le groupe d’inertie I, d’un idéal premier p de N au dessus de p dans l’ex-
tension N/Q, est engendré par un produit de r cycles disjoints d’égale longueur
q

En combinant les résultats de ce paragraphe, et sachant que le groupe de


Galois est engendré par les différents groupes d’inertie (Théorème de Min-
kowski), on obtient :

Théorème 3.6 Le groupe de Galois G d’un trinôme irréductible f (X) est


primitif si les conditions suivantes sont vérifiées :

1. (i)pgcd(nb,acs(n-s)) = 1
2. (ii) Il n’existe pas de diviseur k de n tel que Q < k < R

La primitivité du groupe de Galois G du trinôme f (X) combinée à la condition


|D0 | n’est pas un carré, donc l’existence d’une transposition dans G, entraine
que G est isomorphe au groupe symétrique Sn .
Dans le reste de la section 3 de [32], On donne des conditions suffisantes, sur
les paramètres n, s et b du trinôme f (X), qui assurent la primitivité du groupe
de Galois G de ce trinôme. Dans la Section 4, on conclut l’article en donnant
un exemple d’une famille infinie de trinômes de groupe de Galois contenant
une An −extension non ramifiée en toute place finie d’un corps quadratique
[32, Sect. 3, Theorem 4].
Notons que dans le cas n est un nombre premier, le groupe de Galois G de
f (X) est primitif.

41
Chapitre 3. Détermination des groupes de Galois des trinômes

3.2 Double transitivité


Dans le paragraphe précédent, la notion de polygone de Newton a permis de
déterminer la ramification d’un nombre premier dans K = Q(α), où α est une
racine du trinôme irréductible f (X). La caractérisation de cette ramification
par les théorèmes d’Ore [35, Theorems 5 et 6], combinée au lemme d’Abhyan-
kar, a permi de déterminer le groupe d’inertie dans N/Q d’un nombre premier
ramifié dans K.
Dans ce paragraphe, nous verrons que des idées nouvelles sont jointes à
celles qu’on vient de citer pour la détermination du groupe de Galois d’un tri-
nôme irréductible f (X). Il s ’agit de la classification des groupes finis simples,
dont les résultats essentiels sont donnés au Chapitre 1.
Il y a lieu de citer le résultat suivant de Feit [13,Sect. 4], concernant les
groupes de permutations succeptibles de se réaliser comme groupe de Galois
d’un trinôme de degré premier p :

Théorème 3.7 [13, Sect. 4, Corollary 4.4]


Soient p un nombre premier et k un entier , 1 ≤ s < p. Soit ϕ(X) =
X p + aX s + b un trinôme irréductible sur Q et soit G le groupe de Galois de
ϕ(X) sur Q. Alors, l’une des propositions suivantes est vérifiée :
– (i) G est résoluble
– (ii) G ≃ Ap ou Sp
– (ii) p=7, G ≃ P SL3 (2)
– (iv) p=11, G ≃ P SL2 (11) ou M11
– (v) p=1 + 2e > 5, P SL2 (2e ) ⊆ G ⊆ P ΓL2 (2e )

Suite aux travaux d’Osada ([36] et [37]) sur le groupe de Galois des trinômes
f (X) = X n + aX s + b, S.D. Cohen, A. Movahhedi et A. Salinier ont généralisé
ces résultats sous des conditions moins contraignantes sur les coefficients a et b
[ 7 ] et [8]. Avec S.D. Cohen, ils établissent la double transitivité du groupe de
Galois de f (X) sur Q sous certaines conditions générales [7]. La combinaison

42
3.2. Double transitivité

de la classification des groupes simples finis et de la ramification ainsi que


certaines considérations particulières ont permis de montrer qu’il y a peu de
réalisations possibles [8].
Dans [7], on détermine les conditions sur les coefficients a, b réalisant la double
transitivité du groupe de Galois du trinôme f (X).
On a ains ;

Théorème 3.8 [7, Sect. 1, Theorem 1.1]


Soit f (X) = X n + aX s + b un trinôme irréductible à coefficients entiers
où (n, as) = (a (n − s) , b) = 1. On suppose qu’il existe un diviseur premier p
de b tel que (s, vp (b)) = 1. Alors, le groupe de Galois G(f ) de f (X) sur Q est
doublement transitif

Théorème 3.9 [7, Sect. 1, Theorem 1.2]


Soit f (X) = X n + aX s + b un trinôme irréductible à coefficients entiers où
(n, s) = 1. On suppose qu’il existe un diviseur premier p de b, ne divisant pas
a, tel que :

1. n = s + pt , t ≥ 0,
2. vp (f (−a)) = 1
3. (s, vp (b)) = 1

Alors, G(f ) est doublement transitif

D’autre part, et sous des conditions appropriées, les auteurs montrent dans ce
cas l’existence de sous goupes H de G(f ) transitifs sur leurs support suppH.
Ils énoncent alors les résultats suivants [7, Sect. 1, Théorèmes 1.3 et 1.4] :

Théorème 3.10 [7, Sect. 1, Theorem 1.3]


Soit f (X) = X n + aX s + b un trinôme irréductible à coefficients entiers
où (n, s) = 1. On suppose qu’il existe un diviseur premier p de b mais ne
divisant pas a(n − s) tel que (s, vp (b)) = 1. Alors, G(f ) contient un sous

43
Chapitre 3. Détermination des groupes de Galois des trinômes

groupe H agissant transitivement sur s racines de f (X) et laissant fixes les


autres racines. De plus, si p ∤ s, alors le sous groupe H est engendré par un
s-cycle.

Théorème 3.11 [7, Sect. 1, Theorem 1.4]


Soit f (X) = X n + aX s + b un trinôme irréductible à coefficients entiers où
(n, s) = 1. On suppose qu’il existe un diviseur premier p de b, ne divisant pas
a, tel que
1. n − s = pt , t ≥ 1,
2. vp (f (−a)) = 1.
Alors, G(f ) contient un sous groupe H agissant transitivement sur pt racines
de f (X) et laissant fixes les autres racines.

Ces derniers résultats sont illustrés par des exemples de trinômes de groupes
de Galois doublement transitifs [ 7, Sect.5].

Exemple 3.1 On donne dans ce qui suit des exemples de trinômes irréduc-
tibles à groupes de Galois doublement transitifs.
1. G(X n ± X s ± p), sauf si p = 2 et X ± 1 est un facteur de ce trinôme,
est doublement transitif si les conditions suivantes sont vérifiées
– (n, s) = 1
– p ∤ n − s ou bien n = s + pt .
De plus, G(X n ± X s ± p) contient le groupe alterné An dans chacun des
cas suivants
(a) s ≤ n − 3, p ∤ s(n − s),
(b) s ≤ n − 3 et p = s
(c) s ≥ 3 et p = n − s
2. Si p ∤ s, alors le trinôme

t
X p +s − X s + p

44
3.3. Groupes de Galois et classification

est irréductible sur Q et son groupe de Galois est doublement transitif


(Théorème 3.9)

3.3 Groupes de Galois et classification


Dans l’article paru sous le titre “Galois Groups of trinomials” [31], A. Mo-
vahhedi a étudié le groupe de Galois des trinômes f (X) = X p +aX +a ∈ Z[X],
où p est un nombre premier. Le discriminant de f (X) est

p−1
D(f ) = (−1) 2 ap−1 [pp + (p − 1)p−1 a]

L’auteur montre dans la Section 1 le résultat suivant :

Lemme 3.12 [31, Sect. 1, Lemma 1.1] Soit E/Qp une extension non galoi-
sienne de degré p, et soit F la clôture galoisienne de E/Qp . On suppose que le
discriminant absolu de E est égal à pp . Alors, F est une extension totalement
ramifié de Qp de groupe de Galois isomorphe au groupe affine Af f (Fp ).

Preuve : Pour démontrer ce résultat, l’auteur considère les différentes D(F/Qp ),


D(E/Qp ) et D(F/E) liées à la tour de corps locaux Qp ⊂ E ⊂ F .
Soit (Gi )i≥0 , les groupes de ramification de l’extension Galoisienne F/Qp .
Par [ 42, Chap. IV, Sect. 2],
P i≥0 (Card(Gi )−1)
D(F/Qp ) = p = pe−1+λ(p−1)

où p est l’idéal maximal de F , e l’indice de ramification de l’extension F/Qp


et Gλ est le dernier groupe de ramification. Comme par hypothèse l’extension
F/E est modérément ramifiée, alors

D(F/E) = pe/p−1

45
Chapitre 3. Détermination des groupes de Galois des trinômes

De plus on a :
D(F/Qp ) = D(F/E).D(E/Qp )

par transitivité de la différentece, ce qui entraine, en tenant compte des équa-


tions précédentes, que e = λp(p − 1).
Comme le groupe de Galois d’un corps local est résoluble, alors e | p(p − 1) et
entraine ainsi que e = p(p − 1), d’où le résultat.

Si le nombre premier p divise une seule fois l’entier a, la valuation p−adique


du discriminant est égale à p. Comme de plus le trinôme f (X) est d’Eisenstein
en p, le nombre premier p est totalement ramifié dans K.
Soit ℘ = p∩K une place de K entre p et p. En appliquant le dernier lemme
à la tour de corps locaux Qp ⊂ K℘ ⊂ Np, on a :

Lemme 3.13 Le groupe d’inertie de p dans N/Q est isomorphe au groupe


affine Af f (Fp ).

Le groupe de Galois G de f (X) sur Q est de degré premier p, contient un


sous-groupe, le groupe d’inertie de p dans N/Q, isomorphe au groupe affine
Af f (Fp ).
Alors, si G est résoluble c’est donc le groupe affine Af f (Fp ).
Supposons que G n’est pas résoluble. Comme le discriminant de f (X)
n’est pas un carré, en explorant quelques conséquences de la classification
des groupes simples finis données par Feit[13], on déduit que si G n’est pas Sp ,
alors
P SL2 (2e ) ⊆ G ⊆ P ΓL2 (2e )

Cette réalisation est exlue par :

Théorème 3.14 [31, Sect. 3, Theorem 3.1]

46
3.3. Groupes de Galois et classification

Soit f (X) = X p + aX + a (a∈ Z) un trinôme d’Eisenstein en p. Le groupe


de Galois G de f (X) sur Q est, soit le groupe symétrique Sp , soit le groupe
affine Af f (Fp ).

Dans [31, Sect. 3], on détermine le groupe de Galois du trinôme f (X) =


X p + aX + a, dans le cas où p ne divise pas a. On suppose à cet effet que
G n’est pas isomorphe au groupe symétrique Sp . Alors, par la ramification
d’un diviseur premier ℓ dans K [31, Sect. 1, Lemma 1.3] et par le Lemme
d’Abhyankar, les idéaux premiers finis de K au dessus de ℓ sont non ramifiés
dans N .
De plus, comme le trinôme admet au plus trois racines réelles, K ne peut
être une extension normale, et s’il existe une sous-extension F de N normale,
alors F ∩ K = Q et par conséquet F K/K est non ramifiée. Ceci entraine que
F/Q l’est aussi. Alors F = Q.
Par conséquent, si le groupe de Galois G n’est pas le groupe symétrique,
il n’est pas cyclique et en particulier G n’est pas résoluble. En utilisant la
classification des groupes simples finis [13], et dans les cas p = 7 et p = 11 le
discriminant ne peut être un carré.
On montre alors :

Théorème 3.15 [31, Sect.3, Theorem 3.3]


Soient a un entier rationnel et p un nombre premier ne divisant pas a. Soit
f (X) = X p + aX + a irréductible sur Q, et G son groupe de Galois absolu.
Alors
– (i) G ≃ Sp , si le discriminant de f (X) n’est pas un carré
– (ii) G ≃ Ap ou P SL2 (2e ) si le discriminant de f (X) est un carré. le
dernier cas n’a lieu que si p − 1 est une puissance de 2.

Nous terminons ce paragraphe en citant un récent résultat concernant le groupe


de Galois de trinôme de degré premier p. Dans [15], l’auteur, une fois n’est
pas coutûme, en utilisant la résolvante, montre que le groupe de Galois de

47
Chapitre 3. Détermination des groupes de Galois des trinômes

X 7 + aX + a est le groupe symétrique.

Suite à l’article sur la double transitivité du groupe de Galois du trinôme


f (X) = X n +aX s +b, S. D. Cohen, A. Movahhedi et A. Salinier se sont attelés
à généraliser les travaux d’Osada sur le groupe de Galois de ce trinôme ([36]
et [37]).
En utilisant les résultats de [7], caractérisant les trinômes f (X) de groupes de
Galois doublement transitifs, ainsi que la classification des groupes de permu-
tation multiplement transitif, ils montrent :

Théorème 3.16 [8, Section 1, Theorem 1.1]


Soit f (X) = X n + aX s + b un trinôme irréductible à coefficients entiers,
où (n, as) = (a(n − s), b) = 1. On suppose qu’il existe un diviseur premier p
de b tel que (s, vp (b)) = 1. On suppose que le groupe de Galois G de f (X) sur
Q ne contient pas le groupe alterné An . Alors, s > n2 . De plus
1. Si n2 < s < n − 2, on aura n = (q d − 1)/(q − 1), s = (q d − q e )/(q − 1),où
q est puissance d’un nombre premier, d est un entier pair, e un entier
premier avec d et 2 < e < d, le nombre premier p est un diviseur de s et

P SL(d, q) ⊆ G ⊆ P ΓL(d, q)

2. Si s = n − 2, seules deux possibilités peuvent se réaliser

(a) Il existe un entier impair m tel que n = 2m + 1 et G = P ΓL(2, 2m )


(b) n = 11, p = 3 et G est le groupe de Mathieu M11 .

Théorème 3.17 [8, Section 1, Theorem 1.2] Soit f (X) = X n + aX s + b un


trinôme irréductible à coefficients entiers, où s 6= n − 1 et (nb, as(n − s)) = 1.
Alors, le groupe de Galois G de f (X) sur Q contient le groupe altèrné An dans
chacun des cas suivants
1. Il existe un diviseur premier p de b tel que (s, vp (b)) = 1 ;

48
3.3. Groupes de Galois et classification

2. s est un nombre premier

On note que dans les conditions de ce théorème, G = An si, et seulement si,


le discriminant de f (X) est un carré.
Le résultat suivant généralise le Theorème 1.2 de [36].

Théorème 3.18 [8, Section 1, Theorem 1.3]


Soit f (X) = X n + aX s + b un trinôme irréductible à coefficients entiers, où
s > 1 et (n, s) = 1. On suppose qu’il existe un diviseur premier p de b, mais
ne divisant pas a tel que

1. n = s + pt , t > 0,
2. vp (f (−a)) = 1,
3. (s, vp (b)) = 1,

De plus, on suppose que le groupe de Galois G de f (X) sur Q ne contient


pas le groupe alterné An . Alors, seules les possibilités suivantes peuvent
se réaliser :

(a) s = 2, t = 1, n = p + 2, où p = 2m − 1 est un nombre premier


de Mersenne, et le groupe de Galois G est soit P GL(2, 2m ), soit
P ΓL(2, 2m ).
(b) s = 2, n = 11, p = 3 et le groupe de Galois G est le groupe de
Mathieu M11 .
(c) s = 3, n = 11, p = 2 et le groupe de Galois G est le groupe de
Mathieu M11 .
(d) s = 1 + q + ... + q d−2 , n = 1 + q + ... + q d−1 , et le groupe de Galois
G est compris entre les groupes P SL(d, q) et P ΓL(d, q) où

i. q = 2 et d = 3 ou 4, si p = 2 ;
ii. q = pr et d un entier pair ≥ 4, si p est impair .

49
Chapitre 3. Détermination des groupes de Galois des trinômes

Les preuves de ces derniers théorèmes reposent sur la double transitivité du


groupe de Galois d’un trinôme, ainsi que sur la classification des groupes de
permutations primitifs.
On définit pour celà les groupes de Jordan :

Définition 3.19 Soit G un groupe de permutation primitif de degré n agissant


sur un ensemble X. Pour 1 < r < n − 1, on dit que G est un (n, r)−groupe de
Jordan si les conditions suivantes sont réalisées

1. G n’est pas (r + 1) fois transitif ;


2. Il existe un sous ensemble Y , (complément de Jordan) de l’ensemble
X, de cardinal r dont le stabilisateur d’un point agit transitivement sur
l’ensemble X/Y du reste des points.

Une classification des groupes de Jordan est donnée par [39, p. 276] ( voir aussi
[13, Section 7.4]). Ces groupes sont classés en deux catégories. La première
consiste en les groupes affines qui sont des (q d , q e )−groupes de Jordan, où q
est une puissance d’un nombre premier et d et e sont des entiers tels que d >
e > 0. La seconde catégorie comprend les groupes G agissant transitivement
sur l’espace projectif P Gd−1 (q) de dimension d − 1 sur le corps Fq ( avec q une
puissance d’un
 d nombre premier et d ≥ 3) tel que P SL(d, q) ⊆ G ⊆ P ΓL(d, q) :
q −1 q e −1
ce sont des q−1 , q−1 −groupes de Jordan pour 1 < e < d.
Une propriété de ces groupes de Jordan est donnée par :

Proposition 3.20 [8, Sec. 2, Proposition 2.1]


Soit G un (n, r)−groupe de Jordan avec n et r premiers entre eux. Alors,
on a l’une des propriétés suivantes :

1. Il existe deux entiers d et e, premiers entre eux avec 1 < e < d, et un


entier q, puissance d’un nombre premier , tel que n = (q d − 1)/(q − 1)
et P SL(d, q) ⊆ G ⊆ P ΓL(d, q).
2. n = 23, r = 7 et G = M23 .

50
3.3. Groupes de Galois et classification

La classification des groupes de permutations permet d’énoncer le résultat


suivant :

Proposition 3.21 [8, Sec. 2, Proposition 2.2]


Les groupes triplement transitifs ne contenant pas le groupe alterné sont :
1. Les groupes G tels que P GL(2, 2m ) ⊆ G ⊆ P ΓL(2, 2m ),
2. Les groupes de Mathieu M11 et M23 .

Proposition 3.22 [8, Sec. 2, Proposition 2.3]


Les seuls groupes 4−fois transitifs ne contenant pas le groupe alterné sont les
groupes de Mathieu M11 , M12 , M23 et M24 .

Comme le groupe de Galois d’un tel trinôme contient une involution fixant au
plus trois points, le lemme suivant exclut le cas M23 , un fait observé par W.
Feit [11, corollary 4.4],

Lemme 3.23 [8, Sec. 2, Lemma 2.5]


Le groupe de Matieu M23 ne se réalise pas comme groupe de Galois d’un
Q−trinôme, car il ne contient pas une involution fixant au plus trois points.

De plus on montre :

Proposition 3.24 [8, Sec. 2, Proposition 2.4]


Soit q une puissance d’un nombre premier p et d ≥ 3. Pour que le groupe
P ΓL(d, q) contienne une involution fixant au plus trois points, il est nécessaire
et suffisant que (d, q) soit l’un des cas suivants
1. q = 2 et d = 3 ou 4.
2. q est impair et d est pair .

Dans [8] on montre les résultats suivants :

Lemme 3.25 (8, Sect. 3, Lemma 3.1) Pour m ≥ 3, le groupe projectif


semi-linéaire P ΓL(2, 2m ) est formé de permutations paires.

51
52
Chapitre 4

Groupe de Galois de X p + aX s + a

4.1 Introduction
Soit p un nombre premier et s < p un entier positif. Nous allons dans ce
chapitre étudier le groupe de Galois G sur Q, du trinôme irréductible ϕ(X) =
X p + aX s + a, a ∈ Z. On note par α = α1 , α2 , ..., αp les différentes racines
du trinôme ϕ(X) dans une clôture algébrique de Q, par K = Q(α) et N =
Q(α1 , α2 , ..., αp ), les corps de rupture et de décomposition de ϕ sur Q. Le
discriminant D(ϕ) du trinôme ϕ(X) est donné par

p−1
D(ϕ) = (−1) 2 ap−1 pδ [pp−δ + (p − s)p−s psvp (a)−δ ss bs ] (4.1)

où vp désigne la valuation p−adique, pvp (a) b = a et δ = inf (p, svp (a)).

De tels groupes ont déja été étudiés dans [20, 21 et 31] pour s = 1 et pour la
valuation p−adique vp (a) de l’entier a ≤ 1.
Soit a un entier, p un diviseur premier de a, s un entier tel que 1 ≤ s < p
H. Osada a étudié le groupe de Galois du trinôme X n + aX s + b. Il a donné
des critères sur les coefficients a, b pour que le groupe de Galois G du trinôme
X n + aX s + b soit le groupe symétrique Sn [36, 37].

53
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

A. Movahhedi et A. Salinier ont montré que la primitivité du groupe de Galois


de ce trinôme permettait d’imposer moins de contraintes sur ces coefficients
pour que G soit le groupe symétrique Sn [32].
S. D. Cohen, A. Movahhedi et A. Salinier ont généralisé les travaux de H.
Osada en établissant dans [7], des conditions suffisantes sur les coefficients a,
b pour que le groupe de Galois G soit doublement transitif, et dans [8] ils
déterminent le groupe de Galois de tels trinômes en utilisant la classification
des groupes de permutations doublement transitifs.
Dans [20], K. Komatsu a étudié le groupe de Galois G des trinômes ϕ(X),
pour s = 1. Il montre que si p divise une seule fois a et si a/p est un carré,
le groupe G est le groupe symétrique Sp . Dans [31], A. Movahhedi montre
que le groupe de Galois G sur Q du trinôme X p + aX + a, qui est de type
d’Eisenstein, est soit le groupe affine Af f (Fp ), soit le groupe symétrique Sp
[31, Sect. 3, Theorem 3.1]. De plus, il montre que le groupe de Galois de tels
trinômes sur Q est le groupe symétrique Sp dans chacun des cas suivants :

1. a < 0
2. a/p 6= 1 mod p

Dans le même article, A. Movahhedi montre que, si p ∤ a, le groupe de Galois


sur Q d’un tel trinôme est l’un des cas suivants

1. G ≃ Sp , si le discriminant de ϕ(X) n’est pas un carré


2. G ≃ Ap ou P SL2 (2e ) sinon. Le dernier cas n’est possible que si p − 1 est
une puissance de 2.

Nous généralisons ces résultats aux trinômes de la forme

ϕ(X) = X p + aX s + a.

Nous montrons , sous des restrictions mineures : pgcd (svp (a), p − 1) > 1 et
svp (a) < p, que si le groupe de Galois G n’est pas résoluble il est isomorphe
à Sp ou Ap . Nous rappellons que si le groupe de Galois de tels trinômes est

54
4.1. Introduction

résoluble alors c’est un sous-groupe du groupe affine Af f (Fp ). D’autre part,


W. Feit [13] a donné la liste des groupes de permutations de degré p suceptibles
de se réaliser comme groupe de Galois de tels trinômes. A partir de là, nous
optons pour démarche de cerner le groupe de Galois G en caractérisant certains
de ses sous-groupes particuliers, tel que le groupe d’inertie dans N/Q d’un
idéal premier p de N ramifié. Ainsi, un tel idéal premier est alors au dessus
d’un diviseur premier du discriminant dK du corps K, et comme les groupes
d’inertie de deux idéaux premiers de N au dessus d’un même nombre premier
p sont conjugués dans le groupe de Galois de N/Q, ceci nous permet de parler
du groupe d’inertie du nombre premier p dans N défini à conjuguaison près.
Ce discriminant est lié au discriminant D (ϕ) du trinôme ϕ(X) par la relation

D (ϕ) = (i(α))2 dK

où i(α) désigne l’indice du groupe Z[α] dans l’anneau OK des entiers de K.

Dans la section 2, les polygones de Newton de ϕ nous permettront de dé-


terminer le groupe d’inertie des premiers ramifiés dans N/Q. Pour un premier
ℓ 6= p ramifié dans N , le groupe d’inertie est cyclique d’ordre p. Pour p > 3, le
nombre premier p n’est ramifié dans N que si p divise a. Pour déterminer le
groupe d’inertie de p, nous discuterons selon que p divise vp (a) ou non. Notons
que la ramification de p dans N est sauvage dès que p ne divise pas vp (a)
(Lemme 4.1).
Dans le cas où vp (a) = kp , k ≥ 1 un nombre entier, alors la ramification de
p dans N peut être modérée ou sauvage. Nous parvenons à calculer le groupe
d’inertie correspondant dans chaque cas en utilisant les résultats de l’article
[8] sur la factorisation d’un polynôme au-dessus d’un corps local .
Ainsi, nous montrons que le groupe d’inertie de p dans N/Q est isomorphe
au groupe affine Af f (Fp ) dans les deux cas suivants (Proposition 4.5) :

1. p | vp (a) et vp bp−1 − (−1)s pks bs − 1 = 1, avec vp (a) = kp, k ≥ 1, et tel




55
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

que l’on ait ks > 1 ou p 6≡ −1 ( p).


2. p ∤ vp (a) avec soit p < svp (a), soit pgcd (p − 1, svp (a)) = 1.
Par contre, si vp (a) = kp, k ≥ 1, et vp bp−1 − (−1)s pks bs − 1 = 1, et si de


plus on a à la fois ks = 1 et p ≡ 1 ( mod p), alors le groupe d’inertie de p


dans N/Q est le sous groupe d’indice 2 du groupe affine Af f (Fp ) .

D’autre part, si vp (a) = kp, k ≥ 1, et si vp bp−1 − (−1)s pks bs − 1 > 1, on




montre que p se ramifie modérément dans K et que son groupe d’inertie dans
N/Q est cyclique.

Une fois connus les différents groupes d’inertie dans N/Q, nous déterminons
G en utilisant la liste de groupes de Galois possibles de Q−trinômes de degré
premier p donnée par Feit [13]
Dans la section 3, et en lien avec les résultat de la section 2, nous montrons
(Proposition 4.10) que si le groupe de Galois G de f sur Q n’est pas résoluble,
alors G est tout le groupe symétrique dès que l’une des conditions suivante est
satisfaite
(a) svp (a) > p
(b) svp (a) < p et svp (a) impair
Nous montrons aussi que si p divise a mais ne divise pas vp (a), sauf si
svp (a) < p et si (p − 1, svp (a)) > 1, le groupe de Galois G de f sur Q est soit
le groupe symétrique Sp , soit le groupe affine Af f (Fp ) (Théorème 4.12).
Par contre si p ne divise pas a ou si p divise à la fois a et vp (a), alors, à
quelques exeptions près, nous montrons que si le groupe de Galois G n’est pas
résoluble, celui-ci sera Sp ou Ap (Théorèmes 4.11 et 4.13).

4.2 Ramification et groupe d’inertie


Soit p un nombre premier et ϕ(X) = X p + aX s + a un trinôme irréductible
sur Q avec 0 6= a ∈ Z, 1 ≤ s ≤ p − 1. Notons par α := α1 , α2 , ..., αp les

56
4.2. Ramification et groupe d’inertie

différentes racines de ϕ dans une clôture algébrique de Q. Soit K = Q(α) le


corps obtenu par adjonction de la racine α au corps Q, et N = Q(α1 , α2 , ..., αp )
la clôture normale de K sur Q. Le groupe de Galois G de N sur Q est considéré
comme un groupe de permutations transitif agissant sur les racines de ϕ. Le
discriminant D(ϕ) de ϕ est [46, Theorem 2]

D(ϕ) = (−1)(p−1)/2 ap−1 pp + (p − s)p−s ss as


 

Nous posons δ := min(p, svp (a)) et b := a/(pvp (a) ), alors le discriminant D(ϕ)
est
D(ϕ) = (−1)(p−1)/2 bp−1 p(p−1)vp (a)+δ D0 (4.2)


D0 = pp−δ + (p − s)p−s ss bs psvp (a)−δ (4.3)

4.2.1 Inertie en p
Nous allons déterminer, à conjuguaison près, le groupe d’inertie en les
places p-adiques p de N . De l’expression de D(ϕ), nous déduisons que si p
ne divise pas a, alors la place p est non ramifiée au dessus de p. Dans le reste
de la section, nous supposerons que p divise a et nous discuterons selon que p
divise vp (a) ou non.
En premier lieu, supposons que p ne divise pas vp (a)

Lemme 4.1 Si p divise a mais ne divise pas vp (a), alors le nombre premier p
est totalement ramifié dans K = Q(α).

Preuve : Le (Qp , X)−polygone [9] de ϕ(X) est formé d’un seul côté S joignant
les points (0, 0) et (p, vp (a)). Le polynôme associé F (Y ) à ϕ(X) relativement
à ce côté est
a
F (Y ) = Y + vp (a)
p
57
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

Alors d’après [9, Theorem 1.5] p = ℘p où ℘ est un idéal de K . En outre,


comme F (Y ) est séparable, c’est à dire que le polynôme ϕ(X) est séparable
relativement à p suivant la terminologie d’Ore [35], ℘ est premier et l’indice
de ramification de l’extension locale Qp (α)/Qp est égal à p.

Proposition 4.2 On suppose que p divise a mais ne divise pas vp (a). De plus,
on suppose que pgcd(p − 1, svp (a)) = 1 si svp (a) < p. Alors le groupe d’inertie
de p (en fait d’un premier de N au dessus de p) dans N/Q est isomorphe au
groupe affine Af f (Fp ).

Preuve : On considère dans Q(α)[X] le polynôme

p−1
ϕ(α(X + 1)) p−1
X
ψ(X) = p
= X + ai X p−1−i
α X i=1

où les coefficient ai sont donnés par


 !
 p
si 1 ≤ i ≤ p − (s + 1)



! i

ai = !
 p s a
+ si p − s ≤ i ≤ p − 1


 αp−s
 i i+s−p

Si on note par π une uniformisante de Qp (α), alors les valuations π−adique,


vπ (ai ), des coefficients ai sont données par
(
p si 1 ≤ i ≤ p − (s + 1)
vπ (ai ) = (4.4)
inf (p, svp (a)) si p − s ≤ i ≤ p − 1

puisque vπ (α) = vp (a) et vπ (x) = pvp (x) pour tout rationnel x d’après le
Lemme 4.1
Ainsi, le (Qp (α), X)−polygone [8] de ψ(X) est formé d’un seul côté S
joignant les points (0, 0) et (p − 1, min(p, svp (a))).

58
4.2. Ramification et groupe d’inertie

Par hypothèse, les entiers p − 1 et min(p, svp (a)) sont premiers entre eux,
alors le polynôme associé G(Y ) à ψ(X) relativement à ce côté est

ap−1
G(Y ) = Y + v
π p (ap−1 )

Alors G(Y ) est séparable, c’est à dire que le polynôme ψ(X) est séparable
relativement à p suivant la terminologie d’Ore [34]. Par conséquent, et d’après
[9, Theorem 1.5], l’indice de ramification de l’extension locale Qp (α, α2 )/Qp (α)
est égal à p − 1. Soit p un idéal premier de N au dessus de p et par le Lemme
d’Abhyankar [33, Chap. 5, Sect. 2, p. 236], alors l’extension Np/Qp (α, α2 ) est
non ramifiée. Par conséquent, le groupe d’inertie de p dans N/Q est d’ordre
p(p − 1), ce qui achève la démonstration.

On détermine dans ce qui suit la ramification de p dans K, selon que p divise


vp (a) ou non.
Si p divise vp (a), on pose vp (a) = kp, k ≥ 1, et on considère le trinôme ψ(X)
suivant
1
ψ(X) = kp ϕ(pk X) = X p + bpks X s + b
p
de discriminant D(ψ) donné par

p−1
D(ψ) = (−1) 2 bp−1 pp [1 + (p − s)p−s ss p(ks−1)p bs ] (4.5)

Par la formule de Taylor, on peut écrire :

Pp−1
ψ(X) = (X + b)p + i=1 ai (X + b)p−i + ap (4.6)

59
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

où les coefficients ai sont donnés par


 !
p
(−b)i si 1 ≤ i ≤ p − s − 1



i



 ! !
ai = p s
 (−b)i − pks (−b)i+s−p−1 si p − s ≤ i ≤ p − 1
i i+s−p




−bp + (−1)s pks bs+1 + b

si i = p

!
p
Notons que vp = 1, 1 ≤ i ≤ p − 1, et bp−1 ≡ 1(mod p)
i

Nous discuterons selon les valeurs de la valuation p−adique de bp−1 −


(−1)s pks bs − 1.

Lemme 4.3 On suppose que vp bp−1 − (−1)s pks bs − 1 = 1. Alors le nombre




premier p est totalement ramifié dans K = Q(α).


! !
p
Preuve : Comme vp bi = 1 pour tout i = 1, ..., p − 1, le (Qp , X + b)
i
polygone [9] de ψ(X) est formé d’un seul côté S reliant les points (0, 0) et
(p, 1). Le polynôme associé H à ψ(X) et relatif au côté S est

ap
H (Z) = Z +
p

Alors par [9, Theorem 1.5] l’indice de ramification de l’extension locale Qp (α)/Qp
est égale à p ce qui montre que le nombre premier p est totalement ramifié dans
K = Q(α).

Le lemme suivant traite le cas où vp bp−1 − (−1)s pks bs − 1 > 1 :




Lemme 4.4 On suppose que vp bp−1 − (−1)s pks bs − 1 > 1. Alors la décom-


60
4.2. Ramification et groupe d’inertie

position primaire de p dans K = Q(α) est donnée par :

p = ℘p−1
1 ℘2

dans chacun des cas suivants


1. k = s = 1 et b 6≡ −1 (mod p) ;
2. ks > 1
Si aucune des conditions ci-dessus n’est satisfaite, alors

p = ℘1p−2 a,

où ℘1 est un idéal premier de K.

Preuve : Le coefficient ap−1 du développement de Taylor (4.6) du polynôme


ψ(X) est ap−1 = p(bp−1 − (−1)s sbs pks−1 ). Ainsi, on a vp (ap−1 ) = 1, précisément
lorsque l’une des conditions (i) ou (ii) est vérifiée.
Alors dans chacun des cas (i) et (ii), le (Qp , X + b)−polygone [9] de ψ(X) est
formé de deux côtés S1 et S2 : S1 reliant les points (0, 0) et (p − 1, 1) et S2
reliant les points (p − 1, 1) et p, vp (bp−1 − (−1)s sbs pks − 1) . Les polynômes


associés H1 et H2 à ψ(X), relatifs au premier et au second côté respectivement,


sont
ap−1 ap
H1 = Z + et H2 = Z +
p ap−1 pvp (ap )−1
On conclut d’après [9, Theorem 1.8] que le nombre premier p se ramifie dans
K et on a p = ℘p−1
1 ℘2 , où ℘1 et ℘2 sont deux idéaux premiers de K distincts,
tels que NK/Q (℘i ) = p.

Si aucune des conditions (i) et (ii) n’est vérifiée, alors k = s = 1 et vp (ap−1 ) >
1. Comme s = 1 on a nécessairement vp (ap−2 ) = 1 ; et le (Qp , X + b)−polygone
[9] est ainsi formé de deux ou trois côtés selon que vp (bp−1 + pb − 1) ≤ 2.vp (b + 1)+
1 ou non.

61
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

Si vp (bp−1 + pb − 1) ≤ 2vp (b + 1) + 1 le (Qp , X + b)−polygone [9] est donc


formé de deux côtés S1 et S2 : S1 reliant les points (0, 0) et (p − 2, 1) et S2
reliant les points (p − 2, 1) et (p, vp (bp−1 + pb − 1)). Les polynômes associés
G1 et G2 à ψ(X) sont respectivement

ap−2 ap
G1 = Y + et G2 = Y r +
p ap−2 pvp (ap )−1

où r = 2 ou 1 selon que vp (ap ) est impaire ou non.


Alors, par le Théorème d’Ore [35, Section 2, Theorem 5] :

p = ℘1p−2 a

où ℘1 est un idéal premier de K et a est un idéal de K tels que NK/Q (℘1 ) = p


et NK/Q (a) = pλ où λ = 2/r. Si vp (ap ) est paire, alors a = ℘22 , où ℘2 est
un idéal premier de K. Sinon vp (ap ) est impaire et r = 2 ce qui, d’après [9,
Theorem 1.8]], entraine
a = ℘2 ℘3 ou a = ℘22

où ℘2 , ℘3 sont des idéaux premiers de K, distincts.


si vp (bp−1 + pb − 1) > 2.vp (b + 1) + 1 le (Qp , X + b)−polygone [9] est
formé de trois côtés S1 , S2 et S3 : S1 reliant les points (0, 0) et (p − 2, 1),
S2 reliant les points (p − 2, 1) et (p − 1, vp (pb + p)) et S3 reliant les points
(p − 1, vp (pb + p)) et (p, vp (bp−1 + pb − 1)). D’après [9, Theorem 1.8] la dé-
composition en idéaux premiers dans K du nombre premier p est :

p = ℘1p−2 .℘2 .℘3 ,

où les ℘i , 1 ≤ i ≤ 3, sont des idéaux premiers de K tels que NK (℘i ) = p.

62
4.2. Ramification et groupe d’inertie

Les exemples suivants montrent, lorsque k = s = 1, que le (Qp , X +


b)−polygone [9] de ψ(X) peut être formé d’un côté, de deux ou de trois côtés
selon le choix de b :

– lorsque b = −1 + 2p, alors vp (bp−1 − 1 + pb) = 1 , on a ainsi un unique


côté
– lorsque b = 1 + p, alors vp (bp−1 − 1 + pb) ≥ 2 et b 6= −1 (mod p), ainsi
on a deux côtés
– lorsque b = −1 + p − p2 + 5(p+1)
2
p3 pour p > 3, alors vp (bp−1 + pb − 1) ≥ 4
et vp (bp−2 + 1) = 1, ainsi on a trois côtés.
Nous allons examiner l’inertie en p dans l’extension N/Q.
Déterminons dans ce qui suit, suivant les valeurs de vp (a), le groupe d’iner-
tie de p dans N/Q.

Proposition 4.5 On suppose p | vp (a) ≥ 1. On pose vp (a) = kp pour un


entier k ≥ 1 et b := pakp .

1. Si vp bp−1 + (−1)s pks bs − 1 = 1, alors le groupe d’inertie de p ( en fait




d’un premier de N au dessus de p) dans N/Q est isomorphe au groupe


affine Aff(Fp ) exepté lorsqu’on a k = s = 1 et b ≡ −1 (mod p), auquel cas
il est isomorphe à un sous-groupe d’indice 2 du groupe affine Af f (Fp ).
2. Si par contre vp bp−1 + (−1)s pks bs − 1 > 1, alors le groupe d’inertie de p


dans N/Q est cyclique ; il est engendré par un cycle d’ordre (p − 1) exepté
lorsque k = s = 1 et b ≡ −1 (mod p) auquel cas il est engendré, soit par
un cycle d’ordre (p − 2), soit par un produit d’une transposition et d’un
cycle disjoint d’ordre (p − 2).

Preuve :
1. Fixons un un premier p−adique p de N . Soit ℘ = p ∩ K. Notons par Np
le complété de N en p et K℘ la clôture de K dans Np. Par le Lemme 4.3
nous savons que p = ℘p .

63
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

Notons par DE/F la différente d’une extension E/F . Par la transitivité de


la différente nous aurons :

D(Np/Qp ) = D(Np/K℘ ).D(K℘ /Qp )

D’autre part, le discriminant du polynôme ψ(X) est donné par :

p−1
bp−1 pp 1 + (p − s)p−s ss bs pp(ks−1) ,
 
D(ψ) = (−1) 2

ainsi la valuation p-adique de D(ψ) est égale à p exepté si on a à la fois


k = s = 1 et b ≡ −1 (mod p).
Nous commencerons par traiter le cas où vp (D(ψ)) = p. Par conséquent p
est sauvagement ramifié dans K : vp (dk ) = p.
Ainsi nous aurons
v℘ (D(K℘ /Qp )) = p,

et  p
e
D(K℘ /Qp ) = p p = pe ,

où e est l’indice de ramification de l’extension Np/Qp D’autre part, comme


l’extension Np/K℘ est modérément ramifiée

e
D(Np/K℘ ) = p p −1 .

Notons par (Gi )i≥0 les groupes de ramification de l’extension galoisienne


Np/Qp , alors nous aurons d’après [42, Chap IV, 2]

P i≥0 (cardGi −1)


D(Np/Qp ) = p

= pe−1+λ(p−1) ,

où Gλ le dernier groupe de ramification non trivial.


En combinant ces dernières équations nous obtenons e = λp(p−1). Comme

64
4.2. Ramification et groupe d’inertie

un groupe de permutations transitif résoluble de degré premier p est iso-


morphe à un sous-groupe du groupe affine Af f (Fp ), nous aurons néces-
sairement λ = 1 et e = p(p − 1).
L’extension Np/Qp est donc totalement ramifiée de degré p.

Supposons maintenant que vp bp−1 + (−1)s pks bs − 1 = 1 et qu’on a à la




fois k = s = 1 et b ≡ −1 (mod p). Alors ψ(X) = ϕ(X) pp


= X p + pbX + b.
Soit β = αp une racine de ψ(X). Comme indiqué dans la preuve du Lemme
4.3, le polynôme ψ(X − b) est d’Eisenstein relatif à p, et en particulier sa
racine β + b est un élément premier du corps local K℘ = Qp (α).

Comme p divise b + 1, il en sera de même pour β − 1 = (β + b) − (b + 1).


Maintenant, en réécrivant l’égalité ψ(β) = 0 de la façon suivante

b
β p−1 + b = [(β − 1) − pβ],
β

nous constatons (β étant une unité de K℘ puisque sa norme b est une


unité de Qp ) que
v℘ β p−1 + b = 1.


D’autre part

ψ(X + β) p(p − 1) p−2


= X p−1 + pβX p−2 + ... + β X + p(β p−1 + b).
X 2

Nous aurons successivement

1 = v℘ (β + b)

= v℘ (β − 1)
b
= v℘ (−p + (β − 1))
β
65
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

−pβ − b
= v℘ ( + b)
β
βp
= v℘ ( + b)
β
de tel sorte que le (K℘ , X − β)−polygone [8] de ψ(X)
X−β
soit formé d’un seul
côté S reliant le point (0, 0) au point (p − 1, p + 1). Le polynôme associé
T(X) à ψ(X+β)
X
est :

p(β p−1 + b)
T (X) = X 2 + ,
℘2

C’est un binôme de degré 2 = pgcd(p − 1, p + 1), il est séparable modulo p,


de sorte que d’après [9, Theorem1.5] l’indice de ramifcation de l’extension
Qp (α, α2 )/Qp (α) soit égal à p−1
2
.
(Notons que l’on peut arriver à ce résultat en utilisant l’idée de la différente
exposée plus haut. En effet, si on pose b = Ap−1 on vérifie que la valuation
p-adique du discriminant D(ψ), vp (D(ψ)) = p + 1 , qui est donc paire il
en sera de même de la valuation p−adique du discriminant absolu de K,
vp (dK ). D’autre part, comme l’extension K℘ /Qp est sauvagement ramifiée,
on aura
p ≤ vp (dK )

On conclut alors que vp (dK ) = p + 1.


En utilisant maintenant les expressions de la différente, donnée plus haut,
on conclut que l’indice de ramification de l’extension Qp (α, α2 )/Qp est égal
à p p−1
2
)
Comme ϕ reste irréductible sur Qp , on sait que le groupe de décom-
position de p dans N/Q est un sous-groupe du groupe affine Af f (Fp ).
Comme un élément non trivial de Af f (Fp ) ne fixe pas deux points, on
aura Np = Qp (α, α2 ). Par conséquent, le groupe d’inertie du nombre pre-
mier p ( en fait d’un idéal premier de N au dessus de p) dans l’extension

66
4.2. Ramification et groupe d’inertie

N/Q est d’ordre p(p−1)


2
. Il est par conséquent isomorphe à l’unique sous-
groupe d’indice 2 du groupe affine Af f (Fp ).

2. Examinons maitenant le groupe d’inertie de p dans N/Q dans le cas où


vp bp−1 + (−1)s pks bs − 1 > 1 Par le Lemme 4.4, la ramification de p dans


K/Q est modérée, plus précisemment, on a p = ℘p−1 ℘′ ou bien p = ℘p−2 a.


Ainsi la ramification de p dans N/Q est modérée, ce qui entraine que le
groupe d’inertie est cyclique. Cette décomposition de p correspond à la
factorisation du polynôme ϕ(X) sur Qp :

ϕ(X) = g(X)h(X)

avec g(X) irréductible sur Qp de degré deg g = p − 1 dans le premier cas


et deg g = p − 2 dans le second cas. Le premier cas a lieu précisemment
lorsque l’une des deux condition (i) ou (ii) du Lemme 4.4 est satisfaite.
Le corps local K℘ est obtenu par adjonction à Qp d’une racine de g(X),
c’est une extension totalement ramifiée de Qp . Notons par Ip le groupe
d’inertie de p au dessus de ℘ dans N/Q. Introduisons le corps d’inertie
M dans Np/Qp . L’extension totalement ramifiée K℘ /Qp est linéairement
disjointe de l’extension non ramifiée M/Qp , ce qui entraine que le poly-
nôme g(X) reste irréductible sur M . Par conséquent, Ip = Gal(Np/M )
agit transitivement sur les racines de g(X). Comme le groupe d’inertie Ip
est cyclique, il contient un cycle d’ordre p − 1 ou p − 2 suivant le degré de
g(X).
Dans le cas où deg g = p − 1, et α′ est une autre racine de ϕ(X), l’indice
de ramification de l’extension locale Qp (α′ )/Qp est p − 1 ou 1, suivant que
α′ est racine de g(X) ou de h(X). Par le Lemme d’Abhyankar [33, Chap.
5, p.236], l’extension Np/K℘ est ramifiée, ce qui entraine, dans ce cas, que
le groupe d’inertie Ip est cyclique engendré par un cycle d’ordre p − 1.
Si par contre deg g = p − 2, soit α′ une racine de h(X). Si l’extension

67
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

Qp (α′ )/Qp est non ramifiée, en procédant comme pour le cas précédant
nous déduisons que le groupe d’inertie Ip est cyclique engendré par un
cycle d’ordre p − 2. Si l’extension Qp (α′ )/Qp est ramifiée alors son in-
dice de ramification est égal à 2 = deg h(X), en particulier le polynôme
quadratique h(X) est irréductible sur Qp ( il en sera aussi de même sur
le corps d’inertie M ). Dans ce dernier cas, une fois encore par le lemme
d’Abhyankar, l’indice de ramification de Np/Qp est 2(p − 2). Puisque le
groupe d’inertie Ip agit lui aussi transitivement sur les racines de h(X),
on conclut qu’il est engendré par un produit d’une transposition et d’un
cycle disjoint d’ordre (p − 2).

4.2.2 Inertie en dehors de p


Soit ℓ 6= p un diviseur premier de a.

Lemme 4.6 .

(a) Si p ne divise pas vℓ (a), alors le nombre premier ℓ est totalement


ramifié dans K = Q(α).
(b) Si p divise vℓ (a), alors le nombre premier ℓ est non ramifié dans K =
Q(α) .

Preuve : Le (Qℓ , X)-polygone [9] de ϕ(X) est formé d’un seul côté reliant
le point (0, 0) et le point (p, vℓ (a)). Le polynôme associé à ϕ(X) et relatif
au côté S est un binôme de la forme

a
F (Y ) = Y m +
ℓvℓ (a)

où m = p ou 1, selon que p divise vl (a) ou non. En outre, F (Y ) est sépa-


rable modulo ℓ. Ainsi et d’après [9, Theorem 1.5], l’indice de ramification
de l’extension Qℓ (α)/Qℓ est égal à p/m.

68
4.2. Ramification et groupe d’inertie

Ce dernier Lemme combiné au Lemme d’Abhyankar [33, Chap. 5, p. 236]


donnent immédiatement :

Proposition 4.7 Soit ℓ 6= p un diviseur premier de a. Le groupe d’inertie


(défini à conjugaison près) de ℓ dans N/Q est trivial ou cyclique d’ordre
p suivant que p divise vℓ (a) ou non.

Soit ℓ 6= p un diviseur premier de D0 , facteur du discriminant D(ϕ(X)),


donné par
D0 = pp + (p − s)p−s ss as

Le groupe d’inertie de ℓ dans N/Q est donné par

Proposition 4.8 Le nombre premier ℓ | D0 (ℓ 6= p) est ramifié dans K


précisemment lorsque vℓ (D0 ) est impair, et dans ce cas le groupe d’inertie
correspondant est engendré par une transposition.

Preuve : De tels nombres premiers ℓ ne divisent pas a, par conséquent


d’après [26, Theorem 2] la valuation ℓ−adique du discriminant absolu du
corps K = Q(α) est 0 ou 1 selon que la valuation ℓ−adique de D0 est
paire ou non. Dans le dernier cas, ℓ divise le discriminant absolu du corps
K = Q(α) une seule fois [24, Théorem 2]. La décomposition de ℓ en idéaux
premiers dans K est
ℓ = ℘21 ℘2 ...℘g

Soit p un idéal premier de N au dessus de ℓ. En remplaçant si nécessaire


p par l’un de ses conjugués, nous supposerons que ℘1 = p ∩ K. A chaque
idéal ℘i , 1 ≤ i ≤ g, de la décomposition ci-dessus correspond un facteur
irréductible du trinôme ϕ(X) dans l’anneaux Qℓ [X] :

ϕ(X) = ϕ1 (X)ϕ2 (X)...ϕg (X)

où ϕi (X) est le polynôme minimal de α dans l’extension locale K℘i /Qℓ


obtenue par complétion de K/Q en ℘i . Comme les extensions K℘i /Qp , 2 ≤

69
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

i ≤ g, sont non ramifiées et ϕ1 (X) est de degré 2, alors le groupe d’inertie


de p dans N/Q est un groupe d’ordre 2, engendré par une transposition
qui échange les deux racines de ϕ1 (X).( voir [31]).

4.3 Groupe de Galois


Il est connu dans la litérature mathématiques

Théorème 4.9 Tout groupe de permutations transitif et résoluble de degré


premier p est isomorphe à un sous-groupe du groupe affine Af f (Fp ).

Preuve : Soit G un groupe de permutation de degré premier p, agissant


sur un en ensemble mega à p éléments, transitif et résoluble. On choisit un
sous-groupe normal H de G qui soit minimal. Alors H est abélien, puisque
le sous-groupe des commutateurs est trivial.
D’autre part, si H est intransitif, considérons Ψ une orbitre de H. Alors
σ (Ψ), σ ∈ G, est une orbitre de σ −1 Hσ. Ainsi G ne peut permuter entre
elles des orbitres disjointes de H, ce sont des blocs de G. Comme H
contient plus d’un élément, l’intransitivité de H ces blocs sont des parties
propres de Ω qui sont conjugués, car G est transitif, ce qui est absurdeet
et par suite H est transitif. H étant un sous-groupe transitif et régulier
d’ordre p, il est donc d’ordre une puissance de p. Par conséquent H est
d’ordre p.
Soit H un autre sous-groupe normal minimal abélien de G, alors H ∩H = 1
 
et le commutateur H, H = 1. Ainsi H ⊆ H et donc H = 1, ce qui est
absurde. Ainsi H est l’unique sous-groupe normal de G qui soit abélien.
Puisque G est de degré premier agissant sur un ensemble Ω de cardinal
p, soit V l’espace vectoriel de dimension 1 sur Fp et soit ψ : N −→ V un
Z-isomorphisme. Par [39, 7.2.7, p. 193] le groupe G est isomorphe à un

70
4.3. Groupe de Galois

sous-groupe du groupe affine Af f (Fp ).

Supposons alors que le groupe de Galois G du trinôme irréductible ϕ(X) =


X p +aX s +a est résoluble. Exepté la possibilité que nous ayons simultané-
ment pgcd(p − 1, svp (a)) > 1 et svp (a) < p et au vu des propositions 4.2 et
4.5, alors G est soit le groupe affine Af f (Fp ), soit son unique sous-groupe
d’indice 2 .

En utilisant la classification des groupe simples finis, W. Feit [13, Sec-


tion 4] dresse la liste des groupes non résolubles susceptibles de se réaliser
comme groupe de Galois de trinômes sur Q de degré premier p :

(a) Le groupe projectif linéaire P SL3 (2) de degré 7 ;


(b) Le groupe projectif P SL2 (11) ou le groupe de Mathieu M11 de degré
11
(c) Le groupe projectif linéaire compris entre P SL2 (2e ) et P ΓL2 (2e ) de
degré p = 2e + 1 > 5 ;
(d) Le groupe symétrique Sp ou le groupe alterné Ap .

Lorsque p = 7, d’après (1) et (2), le discriminant D(ϕ) de ϕ(X) est

D(ϕ) = −a6 77 + (7 − s)7−s ss as .


 

Pour s ∈ {1, 3, 4, 6}, D(ϕ)/a6 ≡ −1 (mod 3), alors que pour s = 2 ou


s = 5, D/a6 ≡ 2 (mod 5), ce qui entraine que D(ϕ) ne peut être un carré.
Par conséquent le premier cas ci-dessus ne peut se réaliser.

De façon similaire lorsque p = 11, nous allons montrer que le discrimi-


nant D(ϕ) = −a10 [1111 + (11 − s)11−s ss as ] de ϕ n’est pas un carré.
Nous remarquons en premier que, en dehors des valeurs s = 2 et s = 9,
D(ϕ)/a10 n’est pas un carré modulo 8.

71
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

lorsque s = 2 le discriminant n’est pas un carré puisqu’il est négatif.


Lorsque s = 9, supposons que le discriminant D(ϕ) est un carré : il existe
un entier y tel que y 2 = −1111 − 4.99 a9 . En posant x := (−9a)3 , ceci
implique que la courbe elliptique (E) d’équation

y 2 = 4x3 − 1111

contient un point rationnel non trivial. Par le changement de coordonnées


définies par :
y = 2.(11)3 Y + 113 et x = 112 X,

on en conclut que la courbe (E) est isomorphe à la courbe elliptique (E ′ )


définie par l’équation

Y 2 + Y = X 3 − 40263

La courbe (E ′ ) est la courbe 1089 b 1 des tables des courbes elliptiques


données par Crémona [11]. En particulier, cette courbe est de conducteur
1089. Par la première table de cette référence, nous constatons que cette
courbe elliptique (E ′ ) est sans torsion et de rang rationnel égal à 0 . Par
conséquent, il n’y a pas de point rationnnel sur (E ′ ) et il en sera de même
pour (E). Ce qui achève notre démonstration.
En conclusion, lorsque le groupe de Galois G n’est pas résoluble, soit il
contient Ap , soit on a P SL2 (2e ) ≤ G ≤ P ΓL2 (2e ). Bien entendu le dernier
cas ne peut se réaliser que dans le cas très spécial où le nombre premier
p est un premier de Fermat : p = 1 + 2e avec e > 2. En outre, comme le
groupe projectif semi-linéaire P ΓL2 (2e ) consiste en les permutations paires
[8, Lemma 3.1], le dernier cas ne se réalise pas lorsque le discriminant D
n’est pas un carré.
La discussion ci-dessus entraîne immédiatement le résultat suivant.

Proposition 4.10 Si le groupe de Galois G du trinôme ϕ(X) = X p +

72
4.3. Groupe de Galois

aX s + a n’est pas résoluble, c’est tout le groupe symétrique Sp dès que


l’une des conditions suivante est satisfaite.

(a) svp (a) > p ;


(b) svp (a) < p et svp (a) impair.

Preuve : Dans les deux cas, la valuation p−adique vp (D(ϕ)) du dicrimi-


nant du trinôme ϕ(X) est impaire.

Théorème 4.11 Soit a un entier, p un nombre premier ne divisant pas


a. On considère le trinôme ϕ(X) = X p + aX s + a irréductible sur Q et
soit G son groupe de Galois sur Q. Alors

(a) G est tout le groupe symétrique Sp si le discriminant de ϕ(X) n’est


pas un carré ;
(b) G ≃ Ap ou P SL2 (2e ) si le discriminant de ϕ est un carré. Le dernier
cas n’est possible que lorsque le nombre premier p est un premier de
Fermat.

Preuve : Nous pouvons prendre p > 3. On suppose que le groupe de


Galois G n’est pas isomorphe à Sp . Par la Proposition 4.8, nous savons
que le nombre
D0 = pp + (p − s)p−s ss as

facteur du discriminant D(ϕ) du trinôme ϕ(X) est un carré et seuls les


diviseurs de a se ramifient dans K = Q(α). Le groupe d’inertie d’un tel di-
viseur premier ℓ de a ramifié dans N/Q est cyclique d’ordre p (Proposition
4.7). Par conséquent G est engendré par des éléments d’ordre p. D’autre
part l’extension K/Q n’est pas normale puisque le trinôme ϕ(X) admet
au plus trois racines réelles. Soit E un sous corps propre de N galoisien
sur Q, on a E ∩ K = Q . Comme l’extension EK/K est non ramifiée en
les places finies, il en est de même de E/Q ce qui entraine que Q = E, et

73
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

contredit l’existence d’un tel sous corps propre E de N . Par conséquent,


si le groupe de Galois G n’est pas le groupe symétrique Sp , c’est donc un
groupe simple non cyclique, en particulier G n’est pas résoluble. De plus,
tous les éléments d’ordre p de P ΓL2 (2e ) sont dans P SL(2e ). En conclu-
sion, si le discriminant D du trinôme ϕ(X) n’est pas un carré alors G est
tout le groupe symétrique Sp , sinon G est soit le groupe alterné Ap soit le
groupe projectif semi-linéaire P SL2 (2).

Nous maintenons les notation précédente. En combinant la Proposition


4.9 et la Proposition 4.2 nous obtenons :

Théorème 4.12 Soit a un entier et p un nombre premier , p | a et p


ne divisant pas vp (a). De plus on suppose que pgcd(p − 1, svp (a)) = 1
si svp (a) < p. Alors le groupe de Galois G de ϕ(X) est soit le groupe
symétrique Sp , soit le groupe affine Af f (Fp ).

Preuve : Si le groupe de Galois G est résoluble alors G ⊆ Af f (Fp )


et d’autre part comme le groupe d’inertie de p dans N/Q, en fait d’un
idéal premier de N ramifié au dessus de p, est isomorphe au groupe affine
Af f (Fp ) alors Af f (Fp ) ⊆ G. Par conséquent, si G est résoluble c’est le
groupe affine Af f (Fp ).
Si G n’est pas résoluble, et suivant la discution du début de cette section,
alors G est tout le groupe symétrique Sp

Exemple 4.1 Pour un nombre premier p 6= 7, considérons le trinôme


ϕ(X) = X p + pX p−2 + p, c’est un polynôme d’Eisenstein de degré p. Il
est donc irréductible sur Q et son groupe de Galois sur Q est transitif de
degré premier p, il est alors primitif. Considérons le discriminant D(ϕ)

74
4.3. Groupe de Galois

de ce trinôme

p−1
pp−1 pp + 22 (p − 2)p−2 pp−2
 
D(ϕ) = (−1) 2

p−1
pp−1 pp−2 p2 + 22 (p − 2)p−2
 
= (−1) 2

Soit le nombre D0 donné par

D0 = p2 + 22 (p − 2)p−2

Si p 6≡ 1 (mod 4), alors D0 n’est pas un carré puisque D0 ≡ −2 (mod p) et


−2 n’est pas un carré dans Fp . Il existe alors un nombre premier ℓ, ℓ 6= p,
divisant D0 avec une puissance impaire. Par [36, Theorem 2], ℓ diviserait
le discriminant absolu de K = Q(α) une seule fois. Par [32, Lemma 5] le
groupe d’inertie de ℓ dans N/Q est engendré par une transposition. Par
conséquent, le groupe de Galois de ϕ(X) contiendrait une transposition,
et comme il est primitif, c’est donc tout le groupe symétrique Sp .

Il reste à examiner le cas où vp (a) = kp avec l’entier k ≥ 1. Soit p =


1 + 2e > 17 un premier de Fermat. Notons d’abord que P ΓL2 (2e ) ne
contient aucun sous-groupe isomorphe au sous-groupe d’indice 2 du groupe
affine Af f (Fp ). En effet, ce dernier contient un élément d’ordre p−1 2
et ceci
n’est pas le cas du groupe semi-linéaire ΓL2 (2e ). Partant, en effet, d’une
transformation semilinéaire u de l’epace vectoriel F22e relativement à un au-
tomorphisme σ de F2e et supposons que u est d’ordre p−1 2
= 2e−1 . Comme
σ e est l’identite sur F2e , ainsi ue est une application linéaire. D’autre part,
le groupe général linéaire GL2 (2e ) étant d’ordre

22e − 1 22e − 2e
 

75
Chapitre 4. Groupe de Galois de X p + aX s + a

ses 2-sous-groupes de Sylow sont d’ordre 2e . Considérons le sous-groupe


( ! )
1 λ
, λ ∈ F2e ,
0 1

nous remarquons que ces 2-sous-groupes de Sylow sont abéliens élémen-


taires. Par conséquent, u2e = IdF22e , et 2e−1 divise 2e. Ceci est contradic-
toire avec l’inégalité 2e > 16. A cet effet, la discussion précédente et la
Proposition 4.5 entraînent :

Théorème 4.13 Soit p 6= 17 un nombre premier et a un entier tel que


vp (a) = kp pour un entier k ≥ 1. On considère le trinôme ϕ(X) = X p +
aX s + a irréductible sur Q de groupe de Galois G sur Q. Alors

(a) G est le groupe affine Af f (Fp ) ou le groupe symétrique Sp si le dis-


criminant de ϕ(X) n’est pas un carré ;
(b) G ≃ Ap ou le sous-groupe d’indice 2 du groupe affine Af f (Fp ) si le
discriminant de ϕ(X) est un carré .

Notons que le dscriminant du trinôme ϕ(X) dans le théorème précédent


peut être un carré seulement lorsqu’on a à la fois k = s = 1 et b :=
a/pkp ≡ −1 (mod p). Par conséquent, par la Proposition 4.5 l’hypothèse
p 6= 17 peut être soustraite lorsque l’une des condition ks > 1 ou b 6≡
−1 (mod 17). Finalement, observons qu’une fois fixé le nombre premier p,
pour seulement un nombre fini d’entiers a le groupe de Galois G ci-dessus
peut-être contenu dans Af f (Fp ) [2].

76
Chapitre 5

Le groupe de Galois de
X p + aX p−1 + a

5.1 Introduction
En utilisant la classification des groupes simples finis, W. Feit [13] dresse
la liste des groupes susceptibles de se réaliser comme groupe de Galois
d’un trinôme de degré premier, irréductible sur le corps Q des nombres
rationnels.

K. Komatsu [20] a étududié le groupe de Galois G d’un trinôme irréduc-


tible de la forme X p + aX + a sur le corps Q des nombres rationnels, pour
un nombre premier p et un entier rationnel a. Il montre que le groupe G
est tout le groupe symétrique Sp si p divise a exactement une fois et si
a/p est un carré. A. Movahhedi [31] améliore ce dernier résultat. Il montre
que si p divise exactement une fois l’entier a, alors le groupe G est, soit
le groupe symétrique Sp , soit le groupe affine Af f (Fp ). En outre G est le
groupe symétrique Sp dans chacun des cas suivants :
– a<0
– ap =
6 1(modp)

77
Chapitre 5. Le groupe de Galois de X p + aX p−1 + a

Lorsque p ne divise pas a, A. Movahhedi [31] montre ce qui suit

(a) G ≃ Sp , si le discriminant du trinôme n’est pas un carré,

(b) G est, soit le groupe alterné Ap , soit le groupe projectif spécial linéaire
P SL2 (2e ). Ce dernier cas a lieu uniquement lorsque p = 1 + 2e est un
premier de Fermat.

Dans ce chapitre, nous considérons, pour un entier rationnel arbitraire


a ∈ Z, un trinôme irréductible X p + aX p−1 + a de groupe de Galois G sur
Q. Nous allons à cet effet montrer que pour tout nombre premier p, G est
toujours tout le groupe symétrique Sp . Il serait intéressant de comparer ce
résultat à ceux de [7, 8] où le groupe de Galois du trinôme X n + aX s + b a
été étudié sous des hypothèses différentes, spécialement lorsque les entiers
a et b sont premiers entre eux.

5.2 Discriminant et lemmes de préparation


Fixons une fois pour toutes une racine α du trinôme ϕ(X) = X p +aX p−1 +
a. Notons par K = Q (α) le corps obtenu en adjoignant à Q une racine α,
et par N la clôture normale de K sur Q.

Nous considérons le groupe de Galois G de N sur Q comme un groupe de


permutations transitif agissant sur les racines α := α1 , α2 , · · · , αp .
Le discriminant D(ϕ) du trinôme ϕ(X) = X p +aX p−1 +a est [41, Theorem
2]
p−1
D(ϕ) = (−1) 2 ap−1 [pp + (p − 1)p−1 ap−1 ]

Nous posons δ = min (p, (p − 1)vp (a)) et b := a/pvp (a) , ainsi nous aurons

p−1
D(ϕ) = (−1) 2 bp−1 p(p−1)vp (a)+δ D0 (5.1)

78
5.2. Discriminant et lemmes de préparation

avec
D0 = pp−δ + (p − 1)p−1 bp−1 p(p−1)vp (a)−δ . (5.2)

Lorsque p = 3, le discriminant D étant négatif, le groupe de Galois G est


S3 .
Ainsi nous supposerons pour ce qui suivra que p > 3.

Si un nombre premier ℓ divise D0 avec une puissance impaire, alors ℓ


divise le discriminant du corps de nombres K exactement une seule fois
[26, Theorem 2]. Par conséquent, le groupe d’inertie d’un diviseur premier
de N au dessus de ℓ est engendré par une transposition [32, Lemma 5].
Nous savons dans ce cas que tout groupe de permutations transitif de de-
gré premier (donc primitif), contenant une transposition est tout le groupe
symétrique Sp . A cet effet, notre stratégie consistera à démontrer que D0
n’est pas un carré.
Notre discussion se fera en fonction de la valeur de δ .

En premier, nous supposerons que δ = (p − 1)vp (a), cela veut dire que
vp (a) ≤ 1.

Lemme 5.1 Si vp (a) ≤ 1 alors D0 n’est pas un carré

Preuve : Supposons, par l’absurde, que D0 est un carré, alors il existe un


entier positif s tel que

D0 = pp−(p−1)vp (a) + (p − 1)p−1 bp−1 = s2 .

Notons par t l’entier positif premier avec ps et divisible par p − 1 tel que
l’équation précédente s’écrive sous la forme

pp−(p−1)vp (a) = s2 − t2

79
Chapitre 5. Le groupe de Galois de X p + aX p−1 + a

Ainsi, nous aurons les deux égalités suivantes

s − t = 1 et s + t = pp−(p−1)vp (a)

Par soustraction des deux équations on aura

2t = pp−(p−1)vp (a) − 1

ce qui revient à écrire

2t = (p − 1)(p(p−1)(1−vp (a) + ... + p + 1)

La division par p − 1 de l’égalité précédente donne

2t
= p(p−1)(1−vp (a) + ... + p + 1
p−1

qui est une égalité entre d’un côté un nombre pair et de l’autre côté un
nombre impair, ce qui est absurde. Par conséquent D0 n’est pas un carré.

Nous supposerons dans la suite que δ = p, ce qui correspond à la valuation


p−adique de a, vp (a) ≥ 2. En conséquence de quoi nous aurons

D0 = 1 + (p − 1)p−1 bp−1 p(p−1)vp (a)−p

Lemme 5.2 On suppose que D0 est un carré. Alors il existe deux entiers
non négatif u et v premiers entre eux, un entier strictement positif λ avec
(p − 1)b = 2λ uv et tel que

1 = up−1 − 2(p−1)λ−2 pδ v p−1

Preuve : Supposons que D0 est un carré. Alors il existe un entier positif

80
5.2. Discriminant et lemmes de préparation

s tel que
s2 − 1 = (p − 1)p−1 bp−1 p(p−1)vp (a)−p (5.3)

Comme p gcd(s − 1, s + 1) = 2, alors tout diviseur premier impair de


b(p − 1) diviserait exactement l’un seulement des deux entiers s − 1 et
s + 1. Ainsi, on peut écrire

b(p − 1) = 2λ uv

où u et v sont deux entiers impairs et premiers entre eux tels que up−1
divise s + 1 et v p−1 divise s − 1.
Par conséquent on aura les deux égaltés suivantes

s + 1 = 2µ up−1 pβ et s − 1 = 2ν v p−1 pγ (5.4)

pour quatre entiers non négatifs µ, ν, β et γ avec µ + ν = (p − 1)λ et


β + γ = (p − 1)vp (a) − p. Précisément, comme pgcd(s − 1, s + 1) = 2 nous
noterons que min(µ, ν) = 1 et min(β, γ) = 0.

Supposons que γ = 0. Alors β > 0 et donc que s ≡ −1 (mod p), ce qui


implique
−2 ≡ 2ν (mod p)

montrant ainsi que ν 6= 1 et par conséquent nous aurons µ = 1. Les deux


égalités précédentes (5.3) s’écrivent

s + 1 = 2up−1 pβ et s − 1 = 2ν v p−1

desquelles nous déduisons que

4 = 4up−1 pβ − 2ν+1 v p−1 .

Comme ν + 1 = (p − 1)λ, la dernière égalité ci-dessus implique que 4 ≡

81
Chapitre 5. Le groupe de Galois de X p + aX p−1 + a

−1 (mod p), ainsi p = 5. Puisque les entiers β, u et v sont impairs, l’égalité

1 = u4 5β − 24λ−2 v 4

entraine la congruence
24λ−2 ≡ 4 (mod p)

et donc λ = 1. Ceci contredit la définition de λ comme étant la valuation


2−adique de 4b. De cette contradiction nous concluons que γ > 0 et β = 0.
Il s’en suit que l’équation (5.4) s’écrit

s + 1 = 2µ up−1 et s − 1 = 2ν v p−1 pγ .

Si ν = 1, alors µ = (p−1)λ−1 ce qui nous permet d’avoir simultannément

2(s + 1) ≡ 1 (mod p) et s − 1 ≡ 0 (mod p)

ce qui est impossible puisque p > 3. En conséquence de quoi on aura


nécessairement µ = 1 et

s + 1 = 2up−1 et s − 1 = 2ν v p−1 pγ

D’où l’on tire


1 = up−1 − 2λ(p−1)−2 v p−1 pγ .

Suivant la discussion ci-dessus, si le nombre D0 est un carré, en posant


λ(p − 1) − 2 = 2κ, alors il existe des entiers κ, u et v non négatifs tels que
l’on ait
1 = up−1 − 22κ pγ v p−1 (5.5)

82
5.3. Groupe de Galois

ce qui dans le cas p = 5 équivaut à l’équation

1 = u4 − 22κ 5γ v 4 , (5.6)

dont une solution est la suivante : (u, v, γ, κ) = (3, 1, 1, 2).


Dans la prochaine section, notre objectif sera de montrer que, dans notre
situation, de telles équations n’ont pas de solutions entières u > 0, v > 0,
k ≥ 0.

5.3 Groupe de Galois


Nous allons dans cette section déterminer, pour un entier rationnel a quel-
conque, le groupe de Galois G d’un trinôme X p + aX p−1 + a, irréductible
sur Q. Notre approche, comme nous l’avons indiqué plus haut, est de mon-
trer qu’il existe un nombre premier ℓ, ℓ ∤ ap et divisant le discriminant
D(ϕ) de ce trinôme avec une puissance impaire. Dans ce cas, le nombre
premier ℓ diviserait le discriminant absolu du corps de nombres K une
seule fois [26, Theorem 2]. Par [32, Lemma 5], le groupe dinertie de ℓ, en
fait d’un premier de N ramifié au dessus de ℓ , dans N/Q serait engen-
dré par une transposition. Le groupe de Galois G étant transitif de degré
premier, donc primitif, et contenant une transposition est tout le groupe
symétrique. Nous allons pour celà montrer que le nombre D0 donné par
(5.2) n’est pas un carré.
Pour celà nous allons montrer que les équations (5.5) et (5.6) n’ont pas de
solution.
Le cas de l’équation (5.6) est traité par

Lemme 5.3 Soit γ ≥ 1 un entier et κ un entier impair positif. L’équation

1 = u4 − 22κ 5γ v 4

83
Chapitre 5. Le groupe de Galois de X p + aX p−1 + a

n’as pas de solution en entiers u, v avec v 6= 0

Preuve : En se débarassant des puissances de 2 et 5 de v dans (5.6),


nous pouvons supposer que v et premier avec 10. Cette équation entraine,
d’aprés la preuve du Lemme 4.2, que

u2 + 1 = 2.5ǫ t4 et u2 − 1 = 22κ−1 .5δ w4

où w, t, ǫ et w sont des entiers non négatifs tels que

pgcd(10, wt) =pgcd(w, t) = 1 avec min(ǫ, δ) = 0 et ǫ + δ = γ.Supposons


en premier que δ = 0. Alors u2 ≡ −1 (mod 5). En remplaçant la valeur de
cette congruence dans la première égalité donnée plus haut, nous obtenons

−2 ≡ 22κ−1 (mod 5)

ce qui n’est pas le cas puisque κ est impair.


Par contre si δ = γ ≥ 1, alors la seconde égalité se réduit à l’équation
suivante de Ljunggren
X 2 + 1 = 2Y 4

dont les solutions positives sont connues et données par [6, 2(, 45] :

(X, Y ) = (1, 1) ou (239, 13)

Aucune de ces solutions ne satisfait la première égalité. Ce qui achève la


démonstration

Il nous reste maintenant à examiner l’équation (5.5). Pour celà nous aurons
besoin des lemmes suivants

84
5.3. Groupe de Galois

Lemme 5.4 Soit p > 5 un nombre premier. L’équation

p−1
1=u 2 − 22κ−1 v p−1 (5.7)

n’a pas de solution en les entiers u, v, κ ≥ 1 telle que p ne divise pas uv.

Preuve : Supposons que u, v, κ ≥ 1 sont solutions de l’équation (5.7),


avec pgcd(p, uv) = 1.

Comme p ne divise pas v alors

p−1
u 2 6≡ 1 (mod p)

et donc
p−1
u 2 ≡ −1 (mod p)

Par conséquent nous aurons

22κ−1 ≡ −2 (mod p)

ce qui montre que −1 est un carré modulo p, soit

p ≡ 1 (mod 4)

A la lumière de cette congruence, l’équation (5.7) s’écrit


 p−1   p−1 
22κ−1 up−1 = u 4 − 1 u 4 + 1 .

Ainsi, il existe des entiers µ, ν, w et t tels que

p−1 p−1
u 4 + 1 = 2µ tp−1 et u 4 − 1 = 2ν wp−1

avec min(µ, ν) = 1 et v = tw. Comme p ne divise pas tw, alors on a l’une

85
Chapitre 5. Le groupe de Galois de X p + aX p−1 + a

des congruences suivantes

p−1 p−1
u 4 + 1 ≡ 2 (mod p) ou u 4 − 1 ≡ 2 (mod p)

Ceci entraine, respectivement, que

p−1
u 4 ≡ 1 ou 3 (mod p)

p−1
et ceci est contradictoire avec la congruence u 2 ≡ −1 (mod p), mention-
née plus haut, puisque p > 5. Par conséquent l’équation (5.7) n’a pas de
solution.

Lemme 5.5 Soit p > 3 un nombre premier et γ ≥ 1 un entier. L’équation

1 = u2 − pγ v p−1 (5.8)

n’a pas de solution en les entiers u, v avec v impair

Preuve : Supposons que les entiers u, v sont solutions de l’équation (5.8)


avec v impair. En augmentant la valeur de γ si nécessaire, nous suppose-
rons que p ne divise pas v. L’équation (5.8) s’écrira sous la forme

pγ v p−1 = (u − 1)(u + 1).

Ceci montre qu’il existe des entiers t, w, δ et ǫ tels que

u + 1 = pǫ tp−1 et u − 1 = pδ wp−1

avec min(δ, ǫ) = 0, δ + ǫ = γ > 0 et v = tw.


Par soustraction des égalités précédentes nous obtenons l’équation

2 = pǫ tp−1 − pδ wp−1 .

86
5.3. Groupe de Galois

Comme tp−1 ≡ wp−1 ≡ 1 (mod p), la réduction modulo p de l’équation


précédente conduit à une contradiction dans chacun des cas possibles sui-
vants : soit δ = 0 et ǫ > 0, soit δ > 0 et ǫ = 0. En conséquence de quoi,
l’équation (5.8) n’a pas de solution.

Nous sommes en mesure de démontrer le résultat suivant :

Théorème 5.6 Soit p un nombre premier et a un entier rationnel. Le


groupe de Galois G du trinôme irréductible ϕ(X) = X p + aX p−1 + a sur
le corps Q des nombres rationnels est tout le groupe symétrique Sp

Preuve : Nous avons observé dans la section 2 que si le nombre premier


p = 3 ou si la valuation p−adique de a, vp (a) ≤ 1, alor G ≃ Sp . Il nous
reste à préciser ce résultat pour p ≥ 5 avec vp (a) ≥ 2.
Supposons que p = 5 et v5 (a) ≥ 2. D’après (9) nous aurons

D0 = 1 + 28 b4 54v5 (a)−5

Comme 5 ne divise pas b, le Lemme 5.3 entraine que le nombre D0 n’est


pas un carré.
Supposons que p > 5 avec vp (a) ≥ 2. Nous allos procéder par une déscente
sur l’entier κ des solutions entières (u > 0, v > 0, κ ≥ 1) de l’équation
(5.5) pour montrer que D0 n’est pas un carré.
Supposons que
1 = up−1 − 22κ pγ v p−1

avec γ > 0. Alors p ne divise pas u, et par des modification sur les entiers
γ et v, on peut supposer que p ne divise pas v. l’équation (5.5) s’écrit alors
 p−1
  p−1 
2κ γ p−1
2 p v = u 2 −1 u 2 +1 .

87
Chapitre 5. Le groupe de Galois de X p + aX p−1 + a

Ceci correspond aux égalités suivantes

p−1 p−1
u 2 + 1 = 2µ pδ tp−1 et u 2 − 1 = 2ν pǫ wp−1

où t, w, µ, ν, δ et ǫ sont des entiers tels que

v = tw, µ + ν = 2κ, δ + ǫ = γ

avec pgcd(2p, tw) = p gcd(w, t) = 1, min(µ, ν) = 1 et min(δ, ǫ) = 1.


A l’évidence, ν est impair ce qui, d’aprés le lemme 5.4, exclut le cas ǫ = 0.
Par conséquent ǫ = γ et δ = 0, et nous aurons

p−1 p−1
u 2 + 1 = 2µ tp−1 et u 2 − 1 = 2ν pγ wp−1

Si ν = 1, nous aurons µ = 2κ − 1 et par soustraction des égalités précé-


dentes nous obtenons

p−1 2
 
1 = 22κ−2 tp−1 − pγ wp−1 = 2κ−1 t 2 − pγ wp−1

ce qui est impossible (Lemme 5.5). Ainsi µ = 1 et on obtient

p−1 p−1
u 2 + 1 = 2tp−1 et u 2 − 1 = 22κ−1 pγ wp−1

Encore une fois, par soustraction, nous obtenons finalement

1 = tp−1 − 22(κ−1) pγ wp−1

ce qui montre que (t, w, κ − 1) est aussi solution de l’équation (5.5), ce


qui met fin à la descente. Le Lemme 5.5 permet de conclure que l’équation
(5.5) n’a pas de solution entière.
En combinant les résultats précédents, nous concluons que D0 n’est pas
un carré pour p ≥ 5 et pour vp (a) ≥ 2, ce qui montre que le groupe de

88
5.3. Groupe de Galois

Galois G de ce trinôme est tout le groupe symétrique Sp .

Intermède Nous allons montrer que la condition de primitivité du groupe


de Galois du trinôme X p + aX p−1 + a est assurée dès que l’une des condi-
tions suivantes est réalisée
(a) a 6= ±1
(b) p 6= 2 (mod 3)
Pour a = 1, le trinôme X p + X p−1 + 1 peut être soit réductible, soit
irréductible selon la congruence de p modulo 3. Plus précisément, lorsque
p ≡ 1 (mod 3) alors X p + X p−1 + 1 est irréductible ( Voir [41] où le trinôme
réciproque a été étudié) et lorsque p ≡ 2 (mod 3) alors évidemment X 2 +
X + 1 divise X p + X p−1 + 1. Il en sera de même du trinôme X p − X p−1 − 1.
En revanche, pour les entiers a 6= ±1, comme nous l’expliciterons plus bas,
le trinôme X p + aX p−1 + a est toujours irréductible sur Q. Nous ferons la
démonstration en deux étapes
(a) Si a n’est pas une puissance p−ème, alors il existe un nombre premier ℓ
tel que p ne divise pas la valuation ℓ−adique de l’entier a. Introduisons
une racine α de X p + aX p−1 + a dans une clôture algébrique du corps
de nombres ℓ−adique Qℓ . Alors dans Qℓ (α) la valuation de a est p
fois celle de α. Ceci montre que p divise l’indice de ramification de
Qℓ (α)/Qℓ conduisant ainsi à l’irréductibilité de X p + aX p−1 + a sur
Qℓ , et donc sur Q.
(b) Sinon a = cp pour un entier rationnel c, et l’irréductibilité de X p +
aX p−1 + a = X p + cp X p−1 + cp sur Q est équivalent à celle du trinôme
ϕc (X) = X p + cp−1 X + 1.
s’il existe dans Q[X] deux polynômes unitaires g(X) et h(X) tels que

ϕc (X) = g(X)h(X)

89
Chapitre 5. Le groupe de Galois de X p + aX p−1 + a

avec deg g ≥ 1 et deg h ≥ 1, alors ils sont à coefficients entiers , et de


plus |g(0)| = |h(0)| = 1. Par conséquent chacun des facteurs g(X) et
h(X) admet dans le corps C des nombres complexes au moins une ra-
cine de module ne dépassant pas 1. Ce qui implique que ϕc admettrait
au moins deux de ces racines. Notons que, comme cp−1 > 2, le poly-
nôme ϕc n’a pas de racine de module 1.
Evaluons à cet effet le nombre N de racines de ϕc en dehors du disque
unité du plan complexe par le principe de l’argument . Plus spéciale-
ment, si C est le cercle unité orienté dans le sens inverse des aiguilles
d’une montre, nous aurons

1 ϕ′c (z) 1 pz p−1 + cp−1 z dz


Z Z
N= dz = p p−1 z + 1 z
2iπ C ϕc (z) 2iπ Cz +c

et donc
1 (p − 1)z p − 1 dz
Z
N =1+ p p−1 z + 1 z
2iπ Cz +c

Si z est sur le contour C, alors

(p − 1)z p − 1

p
z p + cp−1 z + 1 ≤ cp−1 − 2 < 1

ce qui entraine que |N − 1| < 1. On en conclut que N = 1. Ce qui


montre que le trinôme ϕc est irréductible.

En combinant les résultats précédants nus aurons :

Proposition 5.7 Soit p un nombre premier et a un entier. Le trinôme


ϕ(X) = X p + aX p−1 + a est irréductible dès que l’une des conditions
suivantes n’est pas vérifiée

(a) p ≡ 2 (mod 3)

(b) a = ±1

90
5.3. Groupe de Galois

La discussion précédente montre que l’hypothèse de transitivité du groupe


de Galois G, dans le théorème 5.1, est automatiquement vérifiée dès qu’on
a a 6= 1 ou bien p ≡ 1 (mod 3).
Il est utile de constater qu’en considérant le polynôme réciproque de
ϕ(X) = X p + aX p−1 + a, le théorème 5.1 entraine : le groupe de Galois du
trinôme X p +X+ a1 est tout le groupe symétrique Sp pour tout entier a ≥ 2.
La discussion ci-dessus montre que l’hypothèse de transitivité du groupe
de Galois G, i.e. de l’irréductibilité du trinôme (X) = X p + aX p−1 + a
dans le Théorème 5.6, est pleinnement satisfaite dès que l’on a a 6= ±1 ou
bien p ≡ 1 ( mod 3).

En considérant le polynôme réciproque du trinôme X p + aX p−1 + a, le


Théorème 5.6 entraine ce qui suit :
1
Théorème 5.8 Le groupe de Galois du trinôme X p + X + a
est tout le
groupe symétrique Sp pour tout entier a ≥ 2.

91
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