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Proton

Le proton est une particule subatomique portant une


charge électrique élémentaire positive. Proton
Les protons sont présents dans les noyaux atomiques,
généralement liés à des neutrons par l'interaction forte
(la seule exception, mais celle du nucléide le plus
abondant de l'univers, est le noyau d'hydrogène
ordinaire (protium1H), un simple proton). Le nombre
de protons d'un noyau est représenté par son numéro
atomique Z. Représentation schématique de la composition en quarks de
valence d'un proton, avec deux quarks u et un quark d.
Le proton n'est pas une particule élémentaire mais une L'interaction forte est transmise par des gluons (représentés
particule composite. Il est composé de trois particules ici par un tracé sinusoïdal). La couleur des quarks fait
liées par des gluons, deux quarks up et un quark référence aux trois types de charges de l'interaction forte :
down, ce qui en fait un baryon. rouge, verte et bleue. Le choix de couleur effectué ici est
arbitraire, la charge de couleur circulant à travers les trois
Dans le cadre du modèle standard de la physique des quarks.
particules, et aussi expérimentalement dans l'état actuel Propriétés générales
de nos connaissances, le proton est également stable à
l'état libre, en dehors de tout noyau atomique. Classification Particule composite (baryon)
Certaines extensions du modèle standard prévoient Composition 2 quarks up (u)
une (extrêmement faible) instabilité du proton libre. 1 quark down (d)
1

Famille Fermion
Groupe Baryon (nucléon)
Sommaire
Interaction(s) Forte, électromagnétique,
Historique faible, gravitation
Caractéristiques physiques Symbole p, p+
Description Antiparticule Antiproton
Dimensions
Propriétés physiques
Structure
2
Pression interne Masse 938,272 MeV/c2
3
Stabilité (1,672 649 × 10−27 kg )
3
(1,0072765 u )
Chimie 3
Charge +e = 1,602 176 565 × 10−19 C
Notes et références électrique
Notes 3
Rayon de 0,877 fm
Références
charge 0,84184 fm (voir problème de
Voir aussi la taille du proton)
Articles connexes Moment < 5,4 × 10−24 C m
Liens externes dipolaire
Polarisabilité 1,2(6) × 10−3 fm3
électrique
Historique
Historique
Moment 2,792 847 351(28) μN
magnétique

Le concept d'une particule analogue à l'hydrogène, Polarisabilité 1,9(5) × 10−4 fm3


constituant des autres atomes, s'est graduellement magnétique
développée au cours du XIXe siècle et du début du Charge de 0
e
XX siècle. Dès 1815, William Prout émet l'hypothèse
couleur
que tous les atomes sont composés d'atomes
d'hydrogène, sur la base d'interprétations des valeurs Spin ½
des masses atomiques ; cette hypothèse se révèle Isospin ½
fausse lorsque ces valeurs sont mesurées avec plus de Parité +1
précision.
Durée de vie Théorie : infinie (particule
4
En 1886, Eugen Goldstein découvre les rayons stable) ou ~ 1034 ans
4
canaux et montre qu'ils sont composés de particules Expérience : > 5,9 × 1033 ans
chargées positivement (des ions) produites par des gaz. Forme ½
Cependant, comme les ions produits par différents gaz condensée
possèdent des rapports charge/masse différents, ils ne
sont pas identifiés comme une simple particule, à la Historique
différence de l'électron découvert par Joseph Thomson Prédiction William Prout, 1815
en 1897.
Découverte 1919
À la suite de la découverte du noyau atomique par Découvreur Ernest Rutherford
Ernest Rutherford en 1911, Antonius van den Broek
émet l'hypothèse que la place de chaque élément dans
la classification périodique est égale à la charge de son noyau. Cette hypothèse est confirmée
expérimentalement par Henry Moseley en 1913.

En 1919, Rutherford prouve que le noyau de l'atome d'hydrogène est présent dans les autres noyaux. Il
remarque que lorsque des particules alpha sont envoyées dans un gaz d'azote, ses détecteurs de scintillation
indiquent la signature de noyaux d'hydrogène. Il détermine ensuite que cet hydrogène ne peut provenir que de
l'azote. Ce noyau d'hydrogène est donc présent à l'intérieur d'un autre noyau. Rutherford baptise la particule
correspondante du nom de proton, d'après le neutre singulier du mot grec pour « premier », πρῶτον.

Caractéristiques physiques

Description
1
Le proton est un fermion de spin 2 . Il est composé de trois quarks de valence, ce qui en fait un baryon. Les
deux quarks up et le quark down du proton sont liés par l'interaction forte, transmise par des gluons, ces gluons
échangés entre les quarks et qui, par l’énergie de liaison qu’ils représentent, vont constituer environ 99 % de la
masse du proton. En plus de ces trois quarks de valence (qui déterminent les nombres quantiques de la
particule) et des gluons, le proton, comme les autres hadrons, est constitué d'une « mer » de paires de quarks-
antiquarks virtuels qui apparaissent et disparaissent en permanence. Les nombres quantiques de ces paires
virtuelles s'annulent en moyenne, ne contribuant donc pas à ceux du proton.

Tout comme le neutron, le proton est un nucléon et peut être lié à d'autres nucléons par la force nucléaire à
l'intérieur d'un noyau atomique. Le noyau de l'isotope le plus courant de l'hydrogène est un simple proton. Le
noyau des isotopes plus lourds, le deutérium et le tritium contiennent un proton lié à un et deux neutrons,
respectivement. Tous les autres noyaux atomiques sont composés de deux protons ou plus et d'un certain
nombre de neutrons. Le nombre de protons d'un noyau détermine (par l’intermédiaire des électrons qui lui sont
ié ) l iété hi i d l' t td l élé t hi i il é t
associés) les propriétés chimiques de l'atome et donc quel élément chimique il représente.

2
La masse du proton est égale à environ 1,007 276 5 u, soit à peu près 938,272 0 MeV/c2 ou
5
1,672 62 × 10−27 kg . La masse du proton est environ 1 836,15 fois celle de l'électron. Sa charge électrique est
très exactement égale à une charge élémentaire positive (e), soit +1,602 176 565 × 10−19 C ; l'électron possède
une charge électrique négative, de valeur opposée à celle du proton. La charge électrique du proton est égale à
2
la somme des charges électriques de ses quarks : celle de chaque quark up vaut + 3 e et celle du quark down −
1
3 e. Son rayon est d'environ 0,84 fm.

Dimensions

Étant une particule composite, le proton n'est pas ponctuel. Sa taille peut être définie comme son rayon de
charge, c'est-à-dire le rayon quadratique moyen de sa distribution de charge.

Pendant plusieurs décennies et jusqu'en 2010, les mesures du rayon de charge du proton, obtenues par des
a
méthodes différentes, sont cohérentes autour de 0,88 fm, avec comme meilleure évaluation 0,8768(69) fm . En
2010 une nouvelle méthode, impliquant l'hydrogène muonique, fournit une nouvelle valeur très précise, mais
6
incompatible avec les précédentes : 0,841 84(67) fm .

Les années suivantes voient s'accumuler les résultats, obtenus par différentes méthodes, qui se répartissent
entre des valeurs hautes (autour de 0,877 fm) et basses (0,83–0,84 fm), en principe très précises mais
7, 8
incompatibles , sans qu'on puisse encore les départager fin 2019.

Structure

Le proton ne contient pas que les trois quarks dits « de valence » (deux u et un d), dont la masse ne compte
que pour quelques % de la masse totale. Il contient aussi de nombreuses particules éphémères, des gluons ainsi
9
que des paires quark-antiquark (quarks « de mer ») provenant de la désintégration des gluons .

Chaque paire quark-antiquark est constituée d'un quark u et de son antiparticule, ou bien d'un quark d et de
son antiparticule. Les quarks u et d ayant des masses très voisines, les paires des deux sortes devraient être
présentes dans des proportions également voisines. En 2021, l'analyse de collisions proton-proton a montré
que les antiquarks d sont plus abondants que les antiquarks u (« asymétrie de saveur »). Ce résultat, encore
9, 10
inexpliqué, est sans doute lié au problème de l'asymétrie matière-antimatière .

Pression interne

Le proton étant constitué de quarks confinés via la présence de gluons, on peut définir l'équivalent d'une
pression ressentie par les quarks. On peut en calculer la distribution, en fonction de la distance au centre, à
l'aide de la diffusion Compton d'électrons très énergétiques (DVCS, pour deeply virtual Compton scattering).
11
Le résultat obtenu en mai 2018 avec cette méthode annonce une pression maximale au
centre : environ 1035 Pa, soit plus encore qu'au centre des étoiles à neutrons. Elle est
positive (donc répulsive) jusqu'à une distance radiale d'environ 1 femtomètre (fm), négative
(donc attractive) au-delà, et très faible au-delà d'environ 2 fm.
12
Le travail précédent est revisité en juin 2019 : ce n'est pas la méthode qui est critiquée,
mais le calcul des incertitudes. En fait les données disponibles restent compatibles avec une
pression nulle au sein du proton.
Stabilité

Le proton libre (non lié à d'autres nucléons ou à d'électrons) est une particule stable, dont la désintégration
spontanée en d'autres particules n'a jamais été observée. Sa demi-vie a été mesurée comme supérieure à
13 5, 14
6,6 × 1033 ans . Sa durée de vie moyenne est au minimum de l'ordre de 2,1 × 1029 ans .

En revanche, les protons peuvent se transformer en neutrons, par capture électronique. Ce processus n'est pas
spontané, et nécessite un apport d'énergie. La réaction produit un neutron et un neutrino électronique :

Le processus est réversible : les neutrons peuvent se transformer en protons par désintégration bêta, une forme
de désintégration radioactive. De fait, un neutron libre se désintègre de cette façon avec une durée de vie
moyenne d'environ 15 minutes.

Chimie
En chimie et biochimie, le terme proton se réfère le plus souvent au cation H+, dans la mesure où un atome
d'hydrogène privé de son unique électron se résume à un proton. De cette appellation découlent les
expressions courantes en chimie de proticité, solvant protique/solvant aprotique, réaction de
protonation/déprotonation, RMN du proton, etc.

En solution aqueuse, un proton n'est normalement pas distinguable car il s'associe très facilement aux
molécules d'eau pour former l'ion oxonium (également, et improprement, appelé ion hydronium) H3O+.

L'Union internationale de chimie pure et appliquée indique explicitement que le mot proton ne doit pas être
15
utilisé pour désigner l'espèce H+ dans son abondance naturelle . En effet, en plus de protons (1H+, aussi noté
simplement H+ en l'absence d'ambiguïté), ions correspondant à l'isotope de l'hydrogène appelé protium (1H,
ou simplement H en l'absence d'ambiguïté), les ions H+ issus d'hydrogène naturel peuvent être des deutérons
(2H+ ou D+) ou des tritons (3H+ ou T+), correspondant respectivement aux isotopes nommés deutérium (2H ou
D) et tritium (3H ou T).

Notes et références

Notes
a. Cette notation indique entre parenthèses l'incertitude (deux écarts type) portant sur les derniers
chiffres : 0,8768(69) est équivalent à 0,876 8 ± 0,006 9).

Références
1. Adair, R.K., The Great Design: Particles, Fields, and Creation, Oxford University Press, 1989,
p. 214.
2. Eric Simon, « La différence de masse entre proton et neutron obtenue par calcul pour la
première fois » (http://www.ca-se-passe-la-haut.fr/2015/04/la-difference-de-masse-entre-proton-
et.html), sur ca-se-passe-la-haut.fr, 17 avril 2015 (consulté le 18 mars 2016).
3. CODATA 2010.
4 Futura-Sciences « Quand les protons disparaîtront-ils de l'univers ? » (http://www futura-scienc
4. Futura Sciences, « Quand les protons disparaîtront ils de l univers ? » (http://www.futura scienc
es.com/magazines/matiere/infos/actu/d/physique-protons-disparaitront-ils-univers-55743/), sur
Futura-Sciences (consulté le 9 mai 2016).
5. (en) « p » (http://pdg.lbl.gov/2009/listings/rpp2009-list-p.pdf) [PDF], Particle Data Group, 2009.
6. (en) Randolf Pohl et al., « The size of the proton », Nature, vol. 466, 8 juillet 2010, p. 213-216
(ISSN 0028-0836 (http://worldcat.org/issn/0028-0836&lang=fr),
DOI 10.1038/nature09250 (https://dx.doi.org/10.1038%2Fnature09250)).
7. Jan Bernauer et Randolph Pohl, Le proton, un problème de taille, Pour la science, no 439,
mai 2014.
8. Carl E. Carlson, « The proton radius puzzle », Progress in Particle and Nuclear Physics,
vol. 82, 1er mai 2015, p. 59–77
(DOI 10.1016/j.ppnp.2015.01.002 (https://dx.doi.org/10.1016%2Fj.ppnp.2015.01.002),
arXiv 1502.05314 (https://arxiv.org/abs/1502.05314), lire en ligne (http://www.sciencedirect.com/
science/article/pii/S0146641015000034), consulté le 9 mai 2016).
9. (en) Haiyan Gao, « Antimatter in the proton is more down than up », Nature, vol. 590,
24 février 2021, p. 559-560
(DOI 10.1038/d41586-021-00430-3 (https://dx.doi.org/10.1038%2Fd41586-021-00430-3)).
10. (en) J. Dove, B. Kerns, R. E. McClellan, S. Miyasaka, D. H. Morton et al., « The asymmetry of
antimatter in the proton », Nature, vol. 590, 24 février 2021, p. 561-565
(DOI 10.1038/s41586-021-03282-z (https://dx.doi.org/10.1038%2Fs41586-021-03282-z)).
11. (en) V. D. Burkert, L. Elouadrhiri et F. X. Girod, « The pressure distribution inside the proton »,
Nature, vol. 557, 17 mai 2018, p. 396-399
(DOI 10.1038/s41586-018-0060-z (https://dx.doi.org/10.1038%2Fs41586-018-0060-z)).
12. (en) Krešimir Kumerički, « Measurability of pressure inside the proton », Nature, vol. 570,
6 juin 2019, E1–E2
(DOI 10.1038/s41586-019-1211-6 (https://dx.doi.org/10.1038%2Fs41586-019-1211-6)).
13. (en) H. Nishino et al., « Search for Proton Decay via p → e+ π0 and p → μ+ π0 in a Large Water
Cherenkov Detector », Phys. Rev. Lett., vol. 102, no 14, 8 avril 2009, p. 141801-141805
(DOI 10.1103/PhysRevLett.102.141801 (https://dx.doi.org/10.1103%2FPhysRevLett.102.141801
).
14. (en) S.N. Ahmed et al., « Constraints on nucleon decay via invisible modes from the Sudbury
Neutrino Observatory », Phys. Rev. Lett., vol. 92, 10 mars 2004, p. 102004-102007
(DOI 10.1103/PhysRevLett.92.102004 (https://dx.doi.org/10.1103%2FPhysRevLett.92.102004)).
15. (en) « Protium » (https://goldbook.iupac.org/P04903.html), sur goldbook.iupac.org,
24 février 2014.

Voir aussi
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Articles connexes
proton, sur le Wiktionnaire
Atome
Électron
Isospin
Neutron
Nucléon
Physique nucléaire
Protium
Hydrogène kaonique

Liens externes
Liens externes

Analyse de la mesure du rayon d'un proton (http://www.cnrs.fr/Cnrspresse/n22a3.html) sur le


site du CNRS
(en) C. Amsler et al., Caractéristiques du proton (http://pdg.lbl.gov/2009/listings/rpp2009-list-
p.pdf) [PDF], Particle Data Group, PL B667, 1 (2008) et mise à jour 2009 partielle pour
l'édition 2010 ([1] (http://pdg.lbl.gov))

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