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Ann Fr Anesth Réanim 2002 ; 21 : 50-66

© 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés


S0750765801005500/SCO
Mise au point

Stratégie d’exploration d’un adulte polytraumatisé dans le coma

M. Leone1*, F. Portier2, F. Antonini1, K. Chaumoître2, J. Albanèse1, C. Martin1


1
Département d’anesthésie-réanimation et centre de traumatologie, CHU Nord, bd P-Dramard, 13915 Marseille cedex 20, France ;
2
service d’imagerie médicale, CHU Nord, bd P-Dramard, 13915 Marseille cedex 20, France

RÉSUMÉ grand dénominateur commun » pour l’exploration de


Objectif : Mise au point sur la stratégie diagnostique lors l’ensemble des appareils, répond à de telles exigences.
de la réception en unité de soins intensifs d’un patient adulte © 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS
dans le coma victime d’un polytraumatisme fermé.
polytraumatisme / stratégie / tomodensitométrie
Source de données : Recherche sur la base de données
PubmedT (721 références) des études de langue française
et anglaise ayant fait l’objet d’une publication entre 1990-
2000 et sur des ouvrages spécialisés sur la prise en charge ABSTRACT
du traumatisme grave. Quelques études antérieures ont Management of a comatose blunt multiple trauma
été citées du fait de l’absence de nouvelles données sur patient.
leur thème. Objective: To review the diagnostic strategy of manage-
Sélection des données : Les articles ont été sélectionnés ment of multiple trauma patient during the first hours.
en fonction de leur qualité et leur originalité. Les critères Data sources: Extraction from PubmedT database of
de sélection ont été basés essentiellement sur la reproduc- French and English articles on the management of mul-
tibilité des résultats exposés. Les études les plus récentes tiple trauma patient published for ten years.
et les plus représentatives ont été citées. Les mots clés Data selection: The collected articles were reviewed and
initiaux ont été : management of multiple trauma. selected according to their quality and originality. The more
Synthèse des données : Les premières heures de prise recent data were selected.
en charge du traumatisé grave sont fondamentales. Il est Data synthesis: The first hours of management of mul-
impératif d’adresser le patient dans une structure apte à le tiple trauma patients are a particular challenge. The first
recevoir. Si l’instabilité hémodynamique prédomine, la dilemma is to drive the patient toward an adequate struc-
régulation doit le diriger vers l’hôpital le plus proche pos- ture. In case of poor haemodynamic tolerance, the patient
sédant un bloc opératoire. Dès que la stabilité hémodyna- will be drive in the nearest hospital. When haemodynamic
mique est restaurée, il convient d’orienter ce type de patient parameters are restored, multiple trauma patient has to be
vers des structures possédant un plateau une technique receive in a high level hospital by a trained medical team
de haut niveau. La réception d’un polytraumatisé néces- with an anesthesiologist, intensivist, neurosurgeon, gen-
site une équipe pluridisciplinaire composée d’un eral surgeon and radiologist. The initial assessment may
anesthésiste-réanimateur, d’un chirurgien viscéral, d’un have two priorities : quality and speed. The total body CT
neurochirurgien, d’un chirurgien orthopédiste et d’un radio- scan is actually the answer to these priorities. © 2002 Édi-
logue, agissant selon des protocoles conjointement rédi- tions scientifiques et médicales Elsevier SAS
gés. Le bilan lésionnel à entreprendre doit avoir deux pro-
priétés : qualité des examens obtenus et rapidité de CT-scan / management / multiple trauma
réalisation. La tomodensitométrie du corps entier, « plus

Le traumatisé grave est un patient dont une ou plu-


Reçu le 6 novembre 2000 ; accepté le 2 octobre 2001. sieurs lésions mettent en jeu le pronostic vital. Le
*Correspondance et tirés à part. bilan des lésions selon l’AIS (Acute Injury Score)
Le polytraumatisé 51

permet d’établir un ISS (Injury Severity Score) dont L’équipe d’accueil est composée au mieux d’un
l’association lésionnelle éventuelle avec un score de anesthésiste-réanimateur, d’un chirurgien viscéral,
gravité de réanimation est un moyen habituel de d’un chirurgien orthopédiste, d’un neurochirurgien
quantifier la gravité du traumatisme et de prévoir le et d’un radiologue [6, 7, 10]. Des manipulateurs
pronostic du blessé [1]. radio, des infirmières et des aides-soignantes forment
Les décès des traumatisés graves surviennent dans l’équipe paramédicale. La coordination de l’activité
50 % des cas sur le lieu de l’accident et dans 30 % de cette équipe est fréquemment dévolue à
dans les 12 heures suivant l’admission ; ils sont sou- l’anesthésiste-réanimateur en France, en raison de sa
vent le fait d’un choc hémorragique ou de lésions responsabilité habituelle de la structure et de son rôle
neurologiques. Dans 25 % des cas, le décès est tar- dans le maintien des fonctions vitales [6, 7, 10]. La
dif, lié au développement d’un syndrome inflamma- répartition des tâches est parfaitement définie afin
toire conduisant au syndrome de défaillance multi- d’éviter toute redondance.
viscérale, à l’apparition de lésions neurologiques
secondaires ou en rapport avec des complications
liées à la réanimation [2-7]. La prise en charge du Recommandations habituelles d’exploration
patient au cours des premières heures conditionne le du traumatisé grave
pronostic : une hypotension non contrôlée, une
hypoxémie persistante ou une fracture du rachis Pratiquer des radiographies standard, systématiques
méconnue a un retentissement majeur sur l’évolu- pour certaines (thorax de face, bassin, rachis cervico-
tion. Sur le plan cérébral, l’apparition de lésions dorso-lombaire face et profil), orientées pour d’autres
secondaires neurologiques potentialise les dégâts liés (membres).
à la lésion primaire et dépend de l’équilibre entre des • Pratiquer une échographie abdominale et pel-
phénomènes locaux pro- et anti-inflammatoires dont vienne.
l’intensité peut être modulée par la réanimation • Pratiquer une tomodensitométrie (TDM) céré-
symptomatique [2, 4-6]. La prise en charge du blessé brale systématique devant un patient dans le coma.
est donc pluridisciplinaire selon une stratégie débu- • Pratiquer une artériographie ou une imagerie par
tant lors de la régulation par le Samu et finissant après résonance magnétique (IRM) selon les cas [8].
l’investigation exhaustive des différentes lésions [6-
En pratique, leur application nécessite des mobili-
13]. L’objectif de cette mise au point est de proposer
sations multiples du patient et le recours fréquent à
une synthèse des données actuelles sur les stratégies
la TDM [8]. L’amélioration des performances tech-
d’exploration intrahospitalière lors de l’admission
nologiques appelle une évolution des pratiques :
d’un traumatisé grave dans le coma.
– la durée de ce bilan, souvent de l’ordre de deux
ACQUISITION DES DONNÉES heures ou plus, est incompatible avec les données
actuelles concernant la prise en charge des polytrau-
La recherche bibliographique a été effectuée dans la matisés ;
base de données Pubmedt sur une période de dix – les radiographies standard réalisées dans le cadre
années et sur des ouvrages spécialisés. Les mots clés de l’urgence sont souvent de qualité médiocre, ren-
suivants ont été employés : management of multiple dant leur exploitation difficile. Même de bonne qua-
trauma ; 721 références publiées entre 1990 et 2000 lité, elles fournissent des informations limitées par
ont été obtenues. Les données les plus récentes ont rapport aux nouvelles techniques ;
été proposées. Quelques références antérieures sont
– les mobilisations multiples de ces patients par des
également citées.
équipes souvent réduites n’assurent pas une sécurité
suffisante pour la prise en charge de possibles frac-
SYNTHÈSE DES DONNÉES
tures instables ;
Prise en charge : généralités – l’échographie, excellent examen de débrouillage
dans la détection des hémopéritoines, manque
Les traumatisés graves doivent être pris en charge d’acuité pour rechercher des lésions viscérales pro-
dans des structures spécialisées [6, 7, 11, 12]. fondes ou des collections du rétropéritoine.
52 M. Leone et al.

Stratégies d’exploration proposées en fonction radiologiques standards. Les lésions neurologiques


des différents niveaux de détresse du traumatisé limitant la valeur de l’examen clinique incitent à pra-
grave tiquer une TDM du corps entier.

Patient avec détresse extrême hémodynamique Premiers gestes


La régulation oriente ce patient vers l’hôpital le plus Un bilan biologique est réalisé avant le début des
proche. Le patient est en détresse ventilatoire et/ou explorations radiologiques. Une numération, un
hémodynamique. L’étiologie d’un saignement à l’ori- groupage sanguin avec recherche d’agglutinines irré-
gine d’une telle décompensation doit être rapidement gulières sont rapidement pratiqués. La nécessité de
identifiée afin d’être traitée chirurgicalement : hémo- transfusion immédiate est dictée par la clinique et
thorax imposant un drainage thoracique dans des confirmée dans un premier temps par la détermina-
conditions chirurgicales, hémopéritoine ou héma- tion de l’hématocrite (microhématocrite) ou de
tome rétropéritonéal (HRP). Un geste d’hémostase l’hémoglobinémie (HémoCuet). Une concentration
chirurgicale ou une embolisation radiologique peu- en hémoglobine supérieure à 9–10 g·dL–1 est recom-
vent être salvateur. Le bilan radiologique sommaire mandée pour ce type de patient [16]. Un ionogramme
réalisé dans le sas des urgences (thorax et bassin de sanguin, une glycémie, les enzymes hépatiques (tran-
face, échographie abdominale) oriente vers la lésion saminases, LDH), musculaires (CKMM) et cardia-
dominante qui est immédiatement traitée. Secondai- ques (CKMB) évaluent le retentissement du trauma-
rement, le patient est transféré dans un centre tisme. Le dosage de la lactatémie permet d’estimer
adapté [6, 7, 12]. Il est alors assimilé à un patient l’efficacité du traitement [17]. Il convient de deman-
stabilisé. der un bilan des toxiques, notamment l’éthanolémie.
Par ailleurs, un électrocardiogramme (ECG) est
Patient choqué et stabilisé par une réanimation recommandé. Ces patients sont équipés dès leur
intensive admission d’une pression artérielle sanglante mise
Ces patients sont dirigés sur des centres disposant par abord radial ou fémoral.
d’une infrastructure élaborée [6, 7, 12]. Les clichés
du thorax et du bassin de face sont systématiquement Hiérarchisation des urgences
réalisés dès l’admission. Une échographie abdomi- Les résultats d’une étude allemande, incluant 3 406
nale est nécessaire en cas de difficulté à maintenir un polytraumatisés entre 1972 et 1991, a mis en évi-
était hémodynamique satisfaisant. Pour les patients dence une surmortalité des patients victimes de trau-
avec des signes de focalisation neurologiques (par matisme crânien et thoracique (tableau I). La mor-
exemple mydriase unilatérale), un objectif de pres- talité varie de 14,3 à 26,3 % selon si qu’une ou deux
sion artérielle moyenne supérieure à 90 mmHg est régions sont atteintes. Elle est ensuite d’environ
impératif, la TDM cérébrale devant être réalisée le 27–30 % si respectivement trois, quatre et cinq
plus précocement possible. En effet, il a été démon- régions sont impliquées dans le traumatisme [10]. Par
tré qu’au-delà de 70 minutes après l’installation de ailleurs, il convient de rappeler que la mortalité pré-
celle-ci, le risque de mortalité augmente significati- coce est liée aux lésions cérébrales et au choc
vement [14, 15]. Dans tous les autres cas, une expan- hémorragique [2-7].
sion volémique suivie de l’introduction d’amines La difficulté principale lors de la réception d’un
vasopressives si nécessaire, permet de stabiliser l’état traumatisé grave dans le coma est la détermination
hémodynamique avant d’entreprendre un déplace- de la hiérarchie des urgences vitales [6]. L’exemple
ment en service de radiologie pour exploration par le plus caractéristique est la place de la TDM céré-
une TDM du corps entier [4]. brale par rapport à une intervention chirurgicale
extracrânienne [18-21]. La littérature relève que
Patient en stabilité hémodynamique l’association d’une urgence chirurgicale intra- et
Les seules régions anatomiques non accessibles à extracrânienne est rare [18-21]. Le meilleur critère
l’examen clinique et non dédouanées par le bilan d’évaluation est probablement d’associer la réponse
sommaire sont le cerveau et le rachis, en particulier hémodynamique aux manœuvres de réanimation à
les charnières cervico-occipitale et cervico-dorsale l’échographie abdominale initiale pour déterminer la
qui sont difficilement visualisables sur les clichés conduite à tenir [21]. La persistance d’un état de choc
Le polytraumatisé 53

Tableau I. Mortalité en fonction de la région atteinte lors d’un poly- être systématiquement privilégiée en cas d’instabi-
traumatisme [10].
lité hémodynamique et/ou ventilatoire.
Polytraumatisme Mortalité (%) Le transfert intrahospitalier, réalisé dès la stabili-
Avec Sans sation du patient, doit être parfaitement organisé. Les
Traumatisme crânien 30,5 24,4* manœuvres de réanimation, poursuivies tout au long
Traumatisme thoracique 28,7 25,1* du déplacement avec un minimum de deux accès vei-
Traumatisme abdominal 23,4 28,5 neux distincts, nécessitent la présence permanente
Traumatisme du bassin 25,6 27,5
Traumatisme des extrémités 27,4 26,6 de l’équipe médicale. Avant le départ, un accord télé-
phonique avec le service de radiologie est nécessaire
*p < 0,05. afin de libérer les sites d’exploration. La Société
française d’anesthésie et de réanimation a publié
des recommandations sur les transferts intra-
malgré une réanimation bien conduite avec la mise hospitaliers1 précisant : l’équipe de transfert doit dis-
en évidence d’un épanchement péritonéal à l’écho- poser du matériel permettant la prise en charge d’une
graphie est l’indication d’une laparotomie avant détresse respiratoire, circulatoire ou neurologique. Ce
d’effectuer la TDM cérébrale. Cette situation cons- matériel doit permettre en particulier de poursuivre
titue en pratique une exception. dans de bonnes conditions l’assistance ventilatoire,
Le bilan sommaire a un rôle central dans la hiérar- la perfusion de solutés et l’administration de médi-
chisation des urgences. La radiographie du thorax éli- caments. Si des médicaments spécifiques sont néces-
mine principalement un pneumothorax nécessitant un saires au traitement de la pathologie en cours de trans-
drainage thoracique en urgence. Le cliché du bassin port, ils doivent être disponibles. Le matériel
permet d’éliminer une fracture du bassin pouvant recommandé par la Sfar pour le transfert intrahospi-
expliquer un choc hémorragique. Dans ce dernier cas, talier d’un patient doit être portable et autonome en
une artériographie pour embolisation est prioritaire. énergie (tableau II).
L’échographie abdominale est l’examen de référence
pour le diagnostic des hémopéritoines [22]. Elle doit Tomodensitométrie du corps entier
rechercher et quantifier un épanchement qui conduit La TDM spiralée permet d’obtenir des coupes du
donc à effectuer une laparotomie devant une insta- corps entier en 50 min, le temps de transfert intra-
bilité hémodynamique. Les résultats de ce premier hospitalier étant compris, ce qui répond aux exigen-
bilan, l’évolution clinique et l’efficacité des traite- ces de rapidité et d’exhaustivité de la prise en charge
ments entrepris sont les déterminants de l’orienta- des patients ayant des lésions traumatiques multi-
tion du patient. ples [9, 13]. De ce fait, le choix stratégique est de
réaliser le maximum d’exploration lors de cet exa-
Transfert intrahospitalier men :
Les risques inhérents au transfert intrahospitalier de – les coupes du crâne sans injection renseignent
ce type de patient doivent être confrontés au béné- d’emblée sur les lésions cérébrales ;
fice apporté par l’examen réalisé. Une augmentation – les coupes du rachis cervical avec reconstruction
significative des pressions intracrâniennes est obser- éliminent une fracture stable ou instable ;
vée lors du déplacement de patients traumatisés crâ- – les coupes avec injection de produit de contraste
niens à la TDM [23]. Un ISS élevé et des lésions ins- du thorax et de l’abdomen permettent un bilan vis-
tables avant un déplacement intra-hospitalier sont céral et vasculaire ;
corrélés à une augmentation de la fréquence des – les clichés en mode radio (topogrammes) du bas-
lésions induites par ce déplacement [24]. Devant des sin, des racines des membres et du rachis dorso-
difficultés ventilatoires, l’exploration par la TDM est lombaire recherchent des fractures osseuses ;
retardée jusqu’à obtenir une amélioration des échan- – le chirurgien orthopédiste complète ce bilan par
ges gazeux par le drainage approprié d’un épanche- un examen clinique minutieux (recherche de frac ture
ment ou le réglage correct du ventilateur. La réalisa-
tion d’examens au lit du patient (radiographie du
thorax et du bassin, échographie abdominale) doit 1
www.sfar.org
54 M. Leone et al.

Tableau II. Matériel minimum recommandé par la Sfar pour les Séméiologie de la tomodensitométrie
transferts intra-hospitaliers.

Transfert intrahospitalier de courte durée Lésions parenchymateuses primaires


Quantité d’oxygène en bouteille adaptée à la durée du transport La TDM cérébrale initiale peut ne pas montrer de
Insufflateur manuel (avec un masque) lésion parenchymateuse, notamment en cas de lésions
Patient ventilé artificiellement : axonales diffuses de la substance blanche. Les lésions
Respirateur de transport automatique muni d’une alarme de débran- de cisaillement représentent le degré le plus sévère
chement
Oxymètre de pouls des lésions axonales diffuses et ne se traduit dans
Electrocardioscope de transport certains cas que par une hémorragie ventricu-
Tensiomètre manuel. laire [26]. Il convient dans tous les cas d’éliminer les
diagnostics différentiels de coma, notamment les
Transfert intrahospitalier de longue durée ou selon patient*
intoxications alcooliques et/ou médicamenteuses et
Matériel destiné au transfert de courte durée et en outre : les accidents vasculaires cérébraux ischémiques. Les
Capnomètre ou capnographe, spiromètre branché sur le respira-
teur, système d’aspiration ; contusions cérébrales apparaissent habituellement
Dispositif automatique non invasif de mesure de la pression arté- vers la 24/48e heure. La TDM précise leur volume et
rielle (ou dispositif de mesure de la pression artérielle par voie leur caractère expansif. De ce fait, une première TDM
sanglante portable) ;
Dispositifs de perfusion à débit continu, tel qu’un pousse-seringue
normale, si elle est réalisée durant les trois premiè-
électrique portable ; res heures après le traumatisme, exige un contrôle
Défibrillateur ; systématique en cas de persistance d’un examen neu-
Cas échéant : système d’entraînement électrosystolique portable ; rologique anormal [24]. Le gonflement cérébral dif-
Dispositif de prévention de l’hypothermie, au minimum une cou-
verture de survie ; fus isolé ou brain swelling apparaît précocement
Lit ou brancard adapté au transport du malade, ainsi que du maté- après le traumatisme. Il est fréquent chez les sujets
riel de surveillance et de traitement. jeunes [27].
*adapté au patient polytraumatisé dans le coma.
Lésions extracérébrales
L’hématome extradural (HED), hyperdense et juxta-
des extrémités et de luxation des articulations) et la osseux, de forme biconvexe, se différencie de l’héma-
réalisation de clichés osseux appropriés. tome sous-dural (HSD), qui se traduit par une hyper-
L’objectif principal de cette prise en charge (figure densité juxta-osseuse, de morphologie falciforme ou
1) est d’éliminer rapidement une lésion engageant le biconcave, étendue à l’ensemble de la convexité
pronostic vital et d’effectuer un dépistage rapide et hémisphérique mais respectant les pôles frontaux et
immédiat des lésions occultes. La réalisation de la occipitaux (figure 2). La pneumencéphalie signe
TDM spiralée du corps entier ne se conçoit qu’à l’issu l’existence d’une brèche ostéo-durale. Les hémorra-
du bilan radiologique précoce, en absence d’inter- gies sous-arachnoïdiennes se traduisent par un liseré
vention médicale ou chirurgicale urgente. Aucune hyperdense de la convexité, effaçant les sillons. Les
étude n’a comparé en globalité la prise en charge engagements cérébraux se produisent quand une zone
conventionnelle et par TDM du corps entier. Les lésionnelle déplace les structures normales du cer-
coûts apparaissent comparables. Les doses d’irradia- veau [28].
tion restent acceptables en regard du gain diagnosti-
que [9, 13]. En revanche, les implications thérapeu- Indications neurochirurgicales
tiques liées au diagnostic de lésions infracliniques Les indications neurochirurgicales formelles à la
méritent une évaluation globale. phase précoce du TC grave sont [29] :
– l’évacuation la plus précoce possible d’un HED
Traumatismes crâniens symptomatique ou d’un HSD aigu significatif (épais-
seur et déplacement de la ligne médiane > 5 mm) ;
Les TC, à l’origine de 50 à 70 % des morts acciden- – le drainage d’une hydrocéphalie aiguë ;
telles, sont la première cause de décès chez l’enfant – le parage et la fermeture immédiate des embarru-
et l’adulte jeune [2, 3, 10, 25]. La TDM est incon- res ouvertes ;
tournable et sa place a été précisée dans les recom- – un hématome intracérébral ou une contusion
mandations de l’Anaes [25]. hémorragique, d’un volume supérieur à 15 mL avec
Le polytraumatisé 55

Figure 1. Stratégie de prise en charge d’un patient traumatisé.

déplacement de la ligne médiane > 5 mm et oblité- Corrélation gravité clinique et lésions observées
ration des citernes de la base ; à la tomodensitométrie
– une embarrure fermée compressive avec effet de La corrélation entre les données de la TDM et la sévé-
masse entraînant un déplacement de la ligne rité des lésions met en évidence trois facteurs perti-
médiane > 5 mm [25]. nents :
Les indications de la mesure de la pression intra-
crânienne (PIC) [30] sont les patients avec un – l’œdème cérébral (disparition ou non des citernes
GCS ≤ 8 associé soit à une TDM cérébrale anormale basales) ;
ou soit à deux de ces critères : âge > 40 ans, mouve- – l’hémorragie intraventriculaire ;
ments d’extension uni- ou bilatéraux, pression arté- – la déviation de la ligne médiane (avec ou sans
rielle systolique < 90 mmHg. hématome sous-dural associé).
56 M. Leone et al.

cipales : les lésions diffuses et les lésions compre-


nant une image de haute densité d’un volume
supérieur à 25 mL (lésions de masse). Les lésions
diffuses sont classées en quatre stades selon la visi-
bilité des citernes de la base et la déviation de la ligne
médiane. Les lésions de masse sont divisées en
lésions évacuées chirurgicalement et lésions non éva-
cuées. Le pronostic clinique est étroitement lié à la
classification scanographique. La mortalité des
patients ayant un traumatisme diffus de type 1 (TDM
normale) est de 10 % et croît avec la classe et celle
des patients ayant une lésion avec syndrome de masse
nécessitant une évacuation chirurgicale est comprise
entre 40 et 50 %. L’hémorragie sous-arachnoïdienne
traumatique a une valeur controversée, mais la majo-
rité des auteurs lui confère une nette aggravation du
pronostic, notamment en déterminant une ischémie
en majorant le rôle du vasospasme [32]. Les associa-
Figure 2. Tomodensitométrie cérébrale : hématome extra-dural tions lésionnelles aggravent le pronostic. La morta-
(HED), en lentille biconvexe, associé sous-dural (HSD) gauche, de lité d’un TC isolé (4,2 %) double en cas d’associa-
morphologie falciforme, avec déplacement de la ligne médiane et tion à des lésions extracrâniennes [33, 34].
gonflement cérébral. Il faut noter l’absence de franchissement des
sutures crâniennes de l’HED contrairement à l’étendue de l’HSD
respectant les pôles frontaux et occipitaux. L’aspect hétérogène est
en faveur d’un saignement récent. Place de l’imagerie par résonance magnétique
dans les traumatismes crâniens
Elle est plus sensible que la TDM dans la détection
La Traumatic Coma Data Bank propose une clas- de lésions non hémorragiques [35, 36], en particu-
sification des traumatismes crâniens en fonction des lier lors des TC minimes [37]. Le gain thérapeutique
données de la TDM (tableau III) [31]. Ses avantages induit par le gain diagnostique n’apparaît pas signi-
sont sa simplicité et sa validation sur une des plus ficatif [38]. De ce fait, son utilisation systématique à
grandes séries récentes de patients. Les lésions intra- la phase aiguë n’est pas justifiée. Par ailleurs, l’accès
crâniennes ont été divisées en deux catégories prin- en est limité au stade aigu pour plusieurs raisons :

Tableau III. Classification et évolution des traumatisés crâniens en fonction de la tomodensitométrie cérébrale d’après la Traumatic Coma
Data Bank [31].

Type Définition Pronostic à la sortie d’hospitalisation (%)


bon modéré sévère végétatif mortalité
Lésion I Pas de signe d’atteinte cérébrale à la 27 34,6 19,2 9,6 9,6
tomodensitométrie
Lésion II Citernes de la base présentes, déviation de 8,5 26 40,7 11,3 13,5
la ligne médiane < 5 mm et/ou absence
lésion hyperdense ou en mosaïque >
25 mL
Lésion III Compression ou disparition des citernes 3,3 13,1 26,8 22,9 34
de la base, déviation de la ligne médiane >
5 mm, absence de zone hyperdense ou en
mosaïque > 25 mL
Lésion IV Déviation de la ligne médiane > 5 mm, 3,1 3,1 18,8 18,8 56,2
pas de lésion hyperdense ou en mosaïque
Lésion chirurgicale Toutes les lésions opérées (hématomes) 5,1 17,7 26,1 12,3 38,8
Pas de lésion chirurgicale Lésions hyperdenses ou en mosaïque > 2,8 8,3 19,4 16,7 52,8
25 mL non chirurgicales
Le polytraumatisé 57

matériel de réanimation souvent inadapté au champ


magnétique, agitation éventuelle du patient et dispo-
nibilité insuffisante des machines.

Lésions traumatiques du rachis

Les objectifs de la prise en charge de la lésion médul-


laire potentielle chez tous les polytraumatisés sont :
– éviter l’aggravation de l’instabilité osseuse ;
– restaurer les fonctions vitales en prenant en compte
le traumatisme médullaire ;
– rechercher et traiter les lésions associées qui peu-
vent masquer l’atteinte médullaire.
Une lésion du rachis cervical est observée chez 1,5
à 3 % des polytraumatisés, 25 à 75 % de ces lésions
étant instables [39]. Les entités crâne-rachis cervical
sont indissociables, 25 % des traumatisés médullai-
res ayant un TC [39]. Un déficit neurologique sur-
vient sept fois plus souvent si la lésion du rachis cer-
Figure 3. Fracture du corps vertébral de D4 avec recul du mur pos-
vical est méconnue. térieur chez un patient paraplégique d’emblée (reconstruction en
tomodensitométrie).

Radiologie conventionnelle
Elle explore le rachis cervical par des incidences de Tomodensitométrie du rachis
face, profil, voire de trois quart chez tout traumatisé La TDM explore les charnières cervico-occipitale et
grave. Si la prise en charge est conventionnelle cervico-thoracique et remplace les radiographies
stricte, ces clichés précèdent les autres explorations. conventionnelles par des images numérisées (topo-
La qualité des images et de leur analyse, réalisée par grammes de tout le rachis). L’exploration intéresse
deux médecins expérimentés, est fondamentale [40]. au moins les deux charnières et comporte des coupes
Les radiographies conventionnelles permettent fines. Dans notre établissement, les traumatisés gra-
d’observer : ves bénéficient d’une exploration du rachis cervical
par acquisition hélicoïdale et des topogrammes du
– l’alignement des sept vertèbres cervicales dont C7-
rachis dorso-lombo-sacré. Devant une image sus-
D1 ;
pecte au niveau dorso-lombaire, des coupes TDM
– l’alignement du mur antérieur, postérieur et des suivies d’une reconstruction sont pratiquées (figure
extrémités des épineuses ; 3) [42]. La confirmation rapide d’une lésion améliore
– la densité osseuse augmentée en cas de fracture- la qualité de la prise en charge et facilite le nursing
tassement ; du patient [43]. En période préopératoire, sa place
– la distance entre l’arc antérieur de l’atlas et l’odon- est fondamentale en visualisant les traits de fracture
toïde, pathologique au-delà de trois mm. et les fragments intracanalaires. Les études coût-
La normalité de ces clichés n’exclut pas une lésion bénéfice sont en faveur de la réalisation d’une TDM
ligamentaire. Les autres limites d’une telle explora- cervicale chez tous les patients à risque [25].
tion sont la mauvaise visualisation des territoires C1-
C2, et surtout C7-D1, impliqués dans 20 % des trau- Imagerie par résonance magnétique
matismes du rachis cervical. Des moyens simples L’IRM permet d’obtenir des images de la moelle
améliorent la qualité des radiologies, comme la trac- d’une excellente qualité en coupe sagittale. Sa seule
tion énergique des épaules vers le bas ou la position indication en urgence est une atteinte médullaire sans
dite du nageur. En cas d’échec, il est indispensable lésion osseuse décelable. Elle peut alors déceler une
d’obtenir d’autres types d’examens [41]. hernie discale traumatique, un HED ou une contu
58 M. Leone et al.

sion médullaire. Dans 10 % des cas, il existe des mothorax antérieurs [49]. Des fractures de côtes ou
lésions neurologiques définitives malgré la norma- un volet thoracique, défini par la superposition de
lité de l’IRM. Cet examen n’est pas adapté aux trau- plusieurs fractures costales sur deux lignes ou « un
matisés graves dans les premières heures. Elle est hublot pariétal », sont facilement identifiables [52].
l’examen de choix pour diagnostiquer les lésions Les contusions pulmonaires ne sont pas souvent visi-
médullaires non décelées par les examens standard bles sur les clichés thoraciques précoces. Un infiltrat
chez les patients dans le coma [44]. alvéolaire irrégulier apparaît à la quatrième heure
puis une opacification de la trame interstitielle à par-
Lésions traumatiques du thorax tir du deuxième jour, progressivement résolutive à
partir d’une semaine [53]. La rapidité des modifica-
Traumatismes pulmonaires tions radiologiques est corrélée à la gravité de la
Les traumatismes thoraciques représentent le tiers des lésion.
admissions en traumatologie avec une mortalité de La radiographie thoracique fournit également de
20 % [45]. Lors des autopsies, une lésion thoracique bons éléments d’orientation diagnostique en cas de
est retrouvée chez 50 % des polytraumatisés. La rupture de la coupole diaphragmatique ou de lésion
lésion thoracique est le plus souvent en relation avec médiastinale. En cas de lésion diaphragmatique, sa
un mécanisme de décélération brutale. Les fractures sensibilité est médiocre. Elle met en évidence une
osseuses sont décelées chez 10 % des traumati- élévation ou une absence de netteté d’une coupole
sés [46]. Elles n’ont intrinsèquement pas un carac- diaphragmatique, un viscère creux intrathoracique,
tère de gravité majeur mais reflètent la violence du un trajet aberrant d’une sonde nasogastrique ou un
traumatisme. De ce fait, une mortalité de 12 % leur hémopneumothorax [54]. La répétition des clichés
est associée [46]. Une rupture d’une coupole améliore la sensibilité de l’examen. Une anomalie de
diaphragmatique, le plus souvent à gauche (85 % des la radiographie standard est notée dans 85 % des cas
cas), est présente dans 3 à 7 % des traumatismes tho- de rupture de l’aorte [55-58], essentiellement un élar-
raciques graves. Des incidences respectives de 33 et gissement du médiastin (> 8 cm), un bouton aorti-
de 67 % de pneumothorax et d’hémothorax sont rap- que flou, une inclinaison de la bronche souche gau-
portées dans la littérature lors des traumatismes tho- che ou une déviation de la sonde nasogastrique.
raciques [47]. La contusion pulmonaire pose un pro-
blème de définition, ce qui explique les variations
retrouvées pour estimer sa fréquence (de 10 à 100 %) Tomodensitométrie thoracique
et sa mortalité (de 6 à 40 %) [48, 49]. Les lésions de La sensibilité et la spécificité de la TDM sont maxi-
l’aorte sont secondaires à une décélération brutale. males pour la détection des atteintes pleurales (figure
Elles sont retrouvées lors des autopsies chez huit à 4) [59]. Un pneumothorax antérieur découvert à la
16 % des victimes d’accident de la voie publique et TDM sans retentissement clinique ne constitue pas
chez 4 ‰ des accidentés de la voie publique admis à une indication de drainage [60-63]. L’attitude habi-
l’hôpital [50]. tuellement recommandée est l’évacuation de tout
décollement pleural visible sur la radiographie du
Radiographie thoracique de face thorax. Cette attitude empirique ne repose en fait sur
La radiographie thoracique de face, réalisée dès aucune donnée de la littérature récente. Notre équipe
l’admission du patient, a pour objectif de diagnosti- n’évacue un pneumothorax que devant une sympto-
quer les lésions traumatiques qui nécessitent un trai- matologie clinique ventilatoire et/ou hémodynami-
tement urgent ou susceptibles de s’aggraver lors de que. Des auteurs proposent le drainage quand le
la réalisation des examens radiologiques. Il convient décollement est supérieur à deux cm, ce qui consti-
de connaître les limites de cet examen qui a une mau- tue, en l’absence d’étude spécifique, une attitude pro-
vaise sensibilité indifféremment de l’expérience ou che de la pratique [63]. La sensibilité et la spécificité
de la formation du lecteur [51]. Un pneumothorax et de la TDM sont de 100 % pour dépister les contu-
un hémothorax, visibles à partir de 200 à 300 mL, sions [49, 53]. L’étude des densités permet d’indivi-
sont recherchés en priorité. Pratiquée sur des poly- dualiser une zone hématique caractéristique d’une
traumatisés allongés, la radiographie thoracique de contusion. L’aspect d’une contusion doit être distin-
face ne permet pas de mettre en évidence les pneu- gué d’un trouble ventilatoire postérieur survenant de
Le polytraumatisé 59

Lors d’une suspicion de traumatisme des gros vais-


seaux, la TDM spiralée dont la sensibilité est de
100 % et la spécificité de 83 à 99 % est un examen
particulièrement adapté [57, 64, 65].
La TDM thoracique est donc un excellent examen
pour dépister les lésions intrathoraciques. La
conduite à tenir devant un diagnostic infraclinique
n’est, dans la majorité des cas, pas clairement défi-
nie. Plusieurs études comparatives (TDM versus
radiographie thoracique) démontrent les limites de
la TDM thoracique : les lésions identifiées, sans
expression clinique et non diagnostiquées par la
radiographie du thorax, entraînent rarement une
Figure 4. Tomodensitométrie thoracique : trouble ventilatoire gau-
modification de l’attitude thérapeutique [60, 66-68].
che (à différentier d’une contusion) et pneumothorax antérieur droit L’existence d’un traumatisme thoracique, secondaire
non visible à la radiographie thoracique standard. à une décélération violente avec une anomalie déce-
lée par la radiographie du thorax, doit conduire à la
réalisation d’une TDM thoracique dont la puissance
façon systématique du fait de la ventilation mécani- diagnostique est supérieure à celle de la radiogra-
que chez ces patients en décubitus dorsal (figure 4). phie, bien qu’en terme de sanction thérapeutique, les
La TDM explore les hernies diaphragmatiques avec deux examens soient équivalents [60, 66-68].
une grande spécificité mais une mauvaise sensibi-
lité [54]. Un algorithme décisionnel devant une sus- Échographie transœsophagienne
picion de hernie diaphragmatique est proposé (figure Si l’aortographie par méthode de Seldinger reste la
5). méthode diagnostique de référence [56, 69], l’écho

Figure 5. Stratégie diagnostique devant une suspicion de hernie diaphragmatique.


60 M. Leone et al.

graphie transœsophagienne (ETO) est une alterna- polytraumatisés et 40 % des traumatisés thoraci-
tive pour l’exploration des traumatismes de ques [76]. Son retentissement clinique est au centre
l’isthme [70-72]. Une étude compare chez 209 de la problématique [77]. La pratique systématique
patients suspects de lésions aortiques les données de d’une coronarographie chez 40 patients ayant des
l’ETO et de l’angiographie ou de la TDM hélicoï- signes en faveur d’une contusion myocardique a mis
dale avec injection de produit de contraste [71]. Les en évidence des anomalies chez trois patients [76].
lésions sont différentiées en majeures ou mineures, Une méta-analyse a recherché l’identification des
selon leur sévérité. Quarante-deux patients présen- patients atteints de contusion myocardique suscepti-
tent une lésion. La sensibilité de l’ETO (100 %) est bles de développer des complications. Une anomalie
nettement supérieure à celle des méthodes d’opaci- de l’ECG associée à une élévation des CPK-MB (> à
fication (14 %) pour le diagnostic des lésions mineu- 5 %) est corrélée à des complications nécessitant la
res. Il faut noter que seulement sept patients présen- mise en route d’un traitement. À l’inverse, un ECG
tent ce type de lésion. Les deux méthodes sont donc et des CPK-MB normaux sont corrélés à l’absence
comparables pour déceler les lésions aortiques signi- de symptomatologie clinique. Les explorations iso-
ficatives. Pratiquée par des équipes spécialisées dans topiques ne permettent pas d’identifier les complica-
des structures adaptées, l’ETO permet un gain dia- tions potentielles [78] La troponine Ic ne donne
gnostique pour déceler des lésions mineures dont les qu’une information limitée. Les concentrations en
conséquences thérapeutiques doivent être mieux éva- troponine Ic et T ont été mesurées chez 26 patients
luées [71, 72]. Par ailleurs, l’absence de visualisa- atteints d’une contusion myocardique sans retentis-
tion des vaisseaux supra-aortiques rend l’aortogra- sement hémodynamique. La spécificité de ces deux
phie ou la TDM spiralée dans bien des cas marqueurs est bonne, mais leur sensibilité et valeur
indispensable [73, 74]. prédictive sont faibles. La mesure de ces deux mar-
queurs dans le plasma n’est pas un progrès signifi-
Fibroscopie œsophagienne et bronchique catif pour détecter la survenue de complications car-
Les ruptures trachéo-bronchiques sont associées dans diovasculaires au décours d’un traumatisme
90 % des cas à un pneumomédiastin, un pneumotho- cardiaque [79]. La place de l’échographie est limi-
rax et/ou un emphysème. Elles sont présentes dans tée. L’échocardiographie examine précisément les
0,3 % des traumatismes. Les signes cliniques sont anomalies des mouvements cardiaques mais ne
généralement bruyants. Les ruptures de l’œsophage détecte pas l’instabilité électrique qui caractérise les
sont suspectées devant un élargissement de la partie contusions myocardiques. Elle est recommandée en
supérieure du médiastin, un emphysème sous-cutané cas de détérioration inexpliquée de l’état hémodyna-
du cou et une augmentation de la distance entre la mique d’un patient, mais sa place reste mal détermi-
trachée et les vertèbres si la rupture est cervicale. née [78, 80].
Une fibroscopie doit être pratiquée devant chacun des
signes précédents. L’extubation du patient durant Lésions traumatiques de l’abdomen et du pelvis
l’examen permet d’obtenir une meilleure visualisa-
tion de la région [75]. Une lésion abdominale est mise en évidence chez 20
à 30 % des patients décédés d’accident de la voie
Traumatisme cardiaque publique. Les lésions siègent préférentiellement au
La contusion myocardique est la traduction la plus niveau de la rate (46 %), du foie (33 %) et de l’intes-
fréquente des traumatismes du cœur et siège préfé- tin (duodénum exclu) (25 %) [81]. Si l’échographie
rentiellement au niveau du ventricule droit. Son est l’examen de choix pour examiner le patient ins-
expression clinique paroxystique mime le tableau de table, la TDM permet d’établir un bilan lésionnel très
tamponnade. L’hémopéricarde est fréquent mais sans précis. Le tableau IV illustre les avantages et incon-
grand retentissement hémodynamique. Les lésions vénients des différentes méthodes d’exploration.
prédominent sur le ventricule droit en raison de sa
position rétrosternale au cours des impacts antérieurs. Échographie abdominale
Une atteinte basale est fréquemment observée au L’hémopéritoine est l’épanchement liquidien le plus
cours des hyperpressions abdominales. Elle est mise fréquent des traumatismes abdomino-pelviens.
en évidence chez respectivement 5 % des patients L’échographie abdominale le détecte avec une sen
Le polytraumatisé 61

Tableau IV. Différents examens devant un traumatisme abdomi-


nal.

Avantages Inconvénients
Lavage péritonéal Rapidité Procédure invasive
Patient sous
surveillance
Tomodensitométrie Procédure non Sédation nécessaire
invasive
Spécificité Transport
Lésions associées
Échographie Procédure non Opérateur dépendant
invasive
Liquide facilement Lésions d’organes
identifié ou de l’intestin :
Patient sous faux négatifs
surveillance

Figure 6. Tomodensitométrie abdominale : contusion splénique et


hémopéritoine.
sibilité et une spécificité proche de 100 % [23]. Dans
notre service, elle est systématiquement réalisée si le
patient nécessite une expansion volémique ou le tement conservateur d’environ 90 % [87]. La fuite
recours à des catécholamines pour maintenir une sta- active de produit de contraste est quelquefois consi-
bilité hémodynamique. Elle est prise en défaut dans dérée comme un facteur prédictif d’échec du traite-
20 à 50 % des cas de lésion des organes pleins [82- ment conservateur du foie ou de la rate [90] et peut
84] et reste l’examen de choix dans la surveillance justifier une embolisation qui diminue le taux
des traumatismes spléniques non opérés [82]. Lors d’échecs des traitements conservateurs [91, 92]. Un
de la rupture d’un organe creux, l’échographie traitement conservateur est probablement justifiable
retrouve un épanchement liquidien mais rarement des en présence d’un TC, si son retentissement hémody-
signes directs. La ponction-lavage péritonéale, lar- namique n’est pas susceptible d’aggraver la lésion
gement pratiquée en Amérique du Nord avec des cérébrale [87].
résultats positifs [85], est une alternative aux exa- La présence d’un pneumopéritoine, décelé par la
mens radiologiques pour les patients intransporta- TDM, fait rechercher un traumatisme digestif dont il
bles, notamment en l’absence d’échographie. n’est pas spécifique [93]. La rupture d’un viscère
creux est souvent de découverte fortuite lors d’une
Tomodensitométrie abdominale laparotomie [94]. La TDM est un examen sensible
La TDM est performante pour quantifier un épan- mais ses performances sont décevantes. Une étude
chement et établir un bilan de traumatisme spléni- rétrospective, examinant 8 112 TDM, met en évi-
que ou hépatique (figure 6). La prise en charge de dence 100 suspicions radiologiques de perforation
ces traumatismes, conservatrice versus chirurgicale, intestinale. Parmi ces 100 suspicions, 53 patients ont
dépend de l’état hémodynamique et des images eu une perforation (vrais positifs) et 47 n’en ont pas
radiologiques [86-89]. Une classification des images eu (faux positifs). Par ailleurs, sept patients ne pré-
TDM en cinq grades évalue la sévérité des lésions. sentant aucun signe TDM avaient une perfora-
Une étude rétrospective met en évidence une forte tion [95]. Le balisage digestif systématique n’est pas
corrélation entre les images de lésions spléniques recommandé, plusieurs études récentes n’observant
obtenues en TDM et l’observation chirurgicale de la pas d’amélioration de la sensibilité par cette
rate. Les auteurs définissent les limites du traitement méthode [96, 97]. L’existence d’un épanchement
conservateur : une lésion de grade TDM élevée et la liquidien, surtout de faible abondance est un bon
nécessité de transfuser le patient de plus d’une unité signe d’orientation de rupture d’un organe creux.
de sang sont des éléments en faveur d’une interven- Devant de tels signes, des auteurs préconisent une
tion [86]. Une étude comparant des polytraumatisés laparotomie systématique [98].
à des patients avec un traumatisme abdominal isolé Les traumatismes rénaux sont fréquents mais gra-
trouve dans tous les cas un taux de réussite du trai- ves que dans 5 % des cas. Une hématurie macrosco
62 M. Leone et al.

pique ou l’association d’une hématurie microscopi- Tableau V. Pertes sanguines estimées selon le site de la fracture.
que à une fracture pelvienne sont des indications Sites % du volume sanguin Litre (adulte)
d’exploration radiologique. Devant toute suspicion
Pelvis 20–100 1–5
de traumatisme grave du rein, l’exploration par TDM Fémur 20–50 1–2,5
est indispensable avec la réalisation de coupes tardi- Rachis 10–30 0,5–1,5
ves [99]. La radiologie interventionnelle a sa place Tibia, humérus 10–30 0,5–1,5
dans la prise en charge de ces lésions. Cependant, Cheville, pied 5–10 0,2–0,5
Radius 5–10 0,2–0,5
dans les traumatismes violents, les plaies veineuses Côte 2–4 0,1–0,2
associées fréquentes rendent l’embolisation souvent
impossible. Les traumatismes vésicaux sont présents
si le traumatisme a eu lieu vessie pleine [100].
L’hématurie est alors constante. Le diagnostic repose
sur la cystographie ou mieux sur un cysto-scanner.
Les ruptures intra-péritonéales nécessitent une chi-
rurgie d’urgence, les ruptures sous-péritonéales pou- pare la fixation précoce (dans les 24e heures) et tar-
vant le plus souvent bénéficier d’un simple traite- dive (après la 48e heure). Les auteurs mettent en évi-
ment conservateur avec sonde vésicale. dence une augmentation de l’incidence des
complications respiratoires, de la durée de séjour hos-
Fractures des membres et du bassin pitalier et du coût d’hospitalisation en cas de fixation
tardive [101]. La fixation précoce permet d’obtenir
Les fractures des membres sont observées au cours une diminution de la mortalité [104], du nombre de
de 70 % des traumatismes graves. L’examen clini- SDRA [105] et du syndrome d’embolie grais-
que initial, effectué par un chirurgien orthopédiste, seuse [106, 107]. Elle facilite le nursing du patient
doit les rechercher avec minutie. Un bilan radiologi- en réanimation. L’intervention précoce doit se dérou-
que sur tous les sites suspects est ensuite effectué. ler durant les premières 24 heures. Il semble donc
Le cliché du bassin de face, réalisé lors de l’admis- logique de différer de quelques heures la fixation d’un
sion du patient, permet l’observation du cadre osseux. foyer de fracture afin de préciser l’ensemble des
La mise en évidence d’une fracture associée à lésions avant le début de l’intervention, de stabiliser
l’absence de pouls sur le même membre évoque une l’état hémodynamique et ventilatoire du patient et de
ischémie aiguë et constitue une urgence vasculaire. ne pas mobiliser inutilement l’équipe de garde.
Dans les autres cas, l’immobilisation dans une attelle, Les fractures du bassin peuvent provoquer une
le parage et la fermeture du foyer sont nécessaires et perte de quatre litres de sang [99, 100-111]. Un tou-
suffisants. En dehors des situations où la fracture cher pelvien est systématiquement pratiqué afin de
osseuse est à l’origine d’un choc hémorragique rechercher une saillie osseuse. Il s’agit fréquemment
(essentiellement dans les fractures du bassin), elles d’un saignement veineux qui se tarit spontanément.
ne sont pas une contre-indication à la poursuite des Quand le saignement incontrôlable est secondaire à
explorations à visée diagnostique. Le tableau V indi- une fracture sévère, le traitement précoce par angio-
que les saignements prévisibles en fonction du site graphie est la solution de choix, excepté si une lapa-
de la fracture. rotomie est nécessaire [99]. Dans ce cas, la mise en
Les topogrammes réalisés à la TDM éliminent une place d’un fixateur externe en période per-opératoire
fracture des parties supérieures du fémur et de la cein- suivie d’une embolisation post-opératoire est préco-
ture scapulaire. La recherche de fractures des extré- nisée [108]. Cette situation n’est pas fréquemment
mités et de luxations des articulations est particuliè- observée en pratique quotidienne [109, 110]. En
rement attentive. Le délai de l’intervention est absence de retentissement hémodynamique majeur,
débattu. L’analyse des données de la littérature com- la TDM précoce est un examen déterminant. Elle per-
parant fixation précoce et tardive chez des patients met une quantification de l’hématome rétropérito-
traumatisés avec lésion cérébrale est en faveur d’une néal, précise les lésions osseuses postérieures et
fixation précoce [10, 101-103]. Une seule étude pros- détermine l’indication d’une angiographie [111].
pective, réalisée entre 1985 et 1987, chez 83 patients Dans la majorité des cas, un traitement orthopédique
polytraumatisés ayant une fracture du fémur, com- est suffisant.
Le polytraumatisé 63

CONCLUSION 7 Cooper DJ, McDermott FT, Cordner SM, Tremayne AB. Qua-
lity of assessment of the management of road traffic fatalities
at a level I trauma center compared with other hospitals in Vic-
La TDM du corps entier est la pierre angulaire toria, Australia. Consultative committee on road traffic fatali-
ties in Victoria. J Trauma 1998 ; 45 : 772-9.
actuelle de la prise en charge du traumatisé grave. 8 Collège des enseignants de radiologie de France. Indications
En effet, l’analyse des examens complémentaires des examens d’imagerie 1997. Le Concours Médical 1997 ; 26
nécessaires appareil par appareil met en évidence que (Suppl) : 64.
9 Portier F, Martin C, Zappa M, Lafay V, Martin C, Girard N, et
cet examen est le « plus grand dénominateur com- al. Une nouvelle approche de la prise en charge radiologique
mun ». Le polytraumatisé dans le coma nécessite tou- du polytraumatisme : le scanner corps entier systématique
jours une TDM cérébrale. Par ailleurs, la TDM résumé. Ann Fr Anesth Réanim 1997 ; 16 : 719 R238.
10 Regel G, Lobenhoffer P, Grotz M, Pape HC, Lehmann U,
convient à l’exploration du cerveau et du rachis cer- Tscherne H. Treatment results of patients with multiple
vical, élimine une rupture de l’aorte et identifie l’ori- trauma : an analysis of 3406 cases treated between 1972 and
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tres de traumatologie. rhospitalier. Ann Fr Anesth Réanim 2000 ; 19 : 304-7.
Il est important de connaître les limites d’une telle 13 Leidner B, Adiels M, Aspelin P, Gullstrand P, Wallen S. Stan-
stratégie d’exploration. L’obtention d’une stabilité dardized CT examination of the multitraumatized patient. Eur
Radiol 1998 ; 8 : 1630-8.
hémodynamique et/ou ventilatoire est un prérequis 14 Cohen JE, Montero A, Israel ZH. Prognosis and clinical rele-
indispensable à sa réalisation. Le transfert intrahos- vance of anisocoria-craniotomy latency for epidural hematoma
in comatose patients. J Trauma 1996 ; 41 : 120-2.
pitalier nécessite une grande rigueur. L’équipe médi- 15 Chazal J, Puget S, Schmidt E, Sinardet D. Prise en charge du
cale poursuit les manœuvres de réanimation et la sur- traumatisé crânien grave dans les 24 premières heures, dans le
veillance du patient durant la totalité des explorations service des urgences, par la neurochirurgie. Ann Fr Anesth Réa-
nim 2000 ; 19 : 299-303.
avec un matériel adapté et spécifique. 16 Société de réanimation de langue française. Remplissage vas-
Certaines lésions ne sont pas systématiquement culaire au cours des hypovolémies relatives ou absolues.
mises en évidence et demandent des explorations par- Recommandations pour la pratique clinique. Réanim Urgen-
ces 1997 ; 6 : 335-41.
ticulières : lésions de cisaillement de la substance 17 Siegel JH, Rivkind AI, Dalal S, Goodarzi S. Early physiologic
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extrémité. D’autres lésions, infracliniques, sont fré- computed tomography may unnecessarily delay lifesaving
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