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La laitue, maladies & stratégies de lutte

Bremia lactucae, Rhizoctonia solani, Sclerotinia, virus du big vein, maldie taches
orangées

Cultures maraîchère S5
Sylvain Lappe
Miluna Gendre

Décembre 2022
Sommaire
...............................................................................................................................................................0
La laitue, maladies & stratégies de lutte...........................................................................................0
Lexique...............................................................................................................................................2
1. Introduction................................................................................................................................3
2. Maladies des laitues...................................................................................................................3
2.1 Bremia lactucae aka mildiou de la laitue............................................................................3
2.2 Rhizoctonia solani...............................................................................................................6
2.3 Sclerotinia sclerotiorum & Sclerotinia minor.......................................................................7
2.4 Virus du big vein.................................................................................................................8
2.5 Agent des taches orangées.................................................................................................9
3. Moyens de lutte........................................................................................................................10
3.1 Bremia..............................................................................................................................10
3.2 Rhizoctonia solani.............................................................................................................11
3.3 Sclerotinia sp....................................................................................................................12
3.4 Virus du Bigvein................................................................................................................13
3.5 Agent des taches orange..................................................................................................13
4. Conclusion................................................................................................................................13
Bibliographie....................................................................................................................................14

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Cultures Maraîchères – Sylvain Lappe, décembre 2022
Lexique

Oomycète : « Pseudochampignons » longtemps classés parmi les champignons, aujourd’hui


reclassés comme Straménopiles (groupe des algues brunes notamment).1
Races physiologiques : deux organismes à la morphologie identique mais physiologie ou
comportement variable.2
Sclérote : Peloton mycélien formé par certains champignons pour résister à des conditions
défavorables3
Sporange : Un sporange est une structure végétale qui produit et qui contient des spores.4

Sporaniophore : Botanique. Petit axe verticillé de l'épi sporangifère, sous lequel sont situés
les sporanges.5
Zoospores : spores flagellées, mobiles dans l'eau et produites par certaines espèces
de bactéries, algues, champignons (Fungi) et les pseudochampignonsn 1 (Pseudomycota)
apparentés aux algues1 comme tous les Oomycètes.6

1
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oomycota
2
Source : https://www.aquaportail.com/definition-12812-race-locale.html#:~:text=la%20race
%20physiologique%20(morphologie%20identique,sein%20d'esp%C3%A8ces%20polymorphes).
3
Source :
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/scl%C3%A9rote/71539#:~:text=%EE%A0%AC%20scl
%C3%A9rote&text=Peloton%20myc%C3%A9lien%20form%C3%A9%20par%20certains%20champignons
%20pour%20r%C3%A9sister%20%C3%A0%20des%20conditions%20d%C3%A9favorables.
4
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sporange
5
Source : https://www.cordial.fr/dictionnaire/definition/sporangiophore.php#:~:text=SPORANGIOPHORE%2C
%20nom&text=Botanique.,lequel%20sont%20situ%C3%A9s%20les%20sporanges.
6
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Zoospore

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1. Introduction

La salade est un légume feuille cultivé tout autour du globe. Elle se décline en un large panel
de genre et espèces, cultivées et consommées selon les habitudes culinaires et sociales des
différentes localisations. La qualité dans la production de salade se mesure notamment sur
l’aspect visuel : typicité de la couleur, fraîcheur, forme… Des défauts, notamment dus aux
agents pathogènes peuvent vite rendre une apparence défraîchie au produit, qui perd son
l’attraction pour la clientèle.
Ce travail s’intéresse aux 5 principales maladies de la laitue sous nos climats : Bremia
lactucae aka mildiou de la laitue, Rhizoctonia solani, Sclerotinia spp., le virus du big vein et
la maladie des taches orangées (Lettuce ring necrosis agent, LRNA). En un premier temps,
une description des maladies sera effectuée. En un second temps, on survolera les
différents modes de lutte des maladies et présentera différentes méthodes de lutte, sur la
base de la littérature et des moyens employés par l’entreprise Biosalève.

2. Maladies des laitues

2.1 Bremia lactucae aka mildiou de la laitue


Bremia lactucae aka mildiou de la laitue, aussi appelé « meunier » est un Oomycète qui
représente une des principales menaces pour les cultures de laitues. Son infestation de
la culture peut aller jusqu’à faire perdre 70% de la récolte à la personne productrice. Il
s’attaque à un large panel de plantes appartenant à la famille des astéracées (~230),
dont les laitues cultivées. Ce mildiou se décline en plusieurs races physiologiques
voisines, ce qui lui confère une grande adaptabilité (hôtes de prédilection selon les
races), et rends notamment la lutte génétique par résistance difficile. Le développement
du champignon est favorisé par un milieu frais et humide, avec un optimum de
germination entre 10 et 15° (Europe, Amérique du nord…)(Salades - Mildiou (Bremia
lactucae) 2020).
Comme décrit en figure 1, ce sont les spores (sporanges), en entrant directement en
contact avec les feuilles humides de la laitue, qui vont germer et pénétrer à l’intérieur du
végétal par la cuticule ou les stomates. En conditions favorables, ce processus peut se
réaliser en l’espace de 3 heures. Le champignon se propage ensuite dans la plante et
prélé-àève l’eau et les nutriments nécessaires à son développement dans les cellules de
la plante-hôte.
Figure 1 :7

7
Figure 1 : cycle biologique de Bremia lactucae. Source : http://ephytia.inra.fr/fr/C/5408/Salades-Mildiou-
Bremia-lactucae

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Les premiers symptômes visuels apparaissent entre 4 et 7 jours après l’infection et se
manifestent sous forme de taches jaunes sur les feuilles (figure 2).
Figure 2 :8
Les symptômes apparaissent d’abord sur
les feuilles externes, pour ensuite
rejoindre le cœur sur les plantes
développées. Ils se manifestent sous
forme de chloroses foliaires hétérogènes
et délimitées par les nervures,
l’enroulement de la bordure des limbes,
pour aller jusqu’à la nécrose (couleur des
taches brun clair), avec une sensibilité
accrue de la plante dans les phases
primaires du développement. Bremia
lactucae attaque la plante au niveau intra
et inter cellulaire, pouvant même atteindre l’infection systémique dans certains cas.
Le parasite va fructifier à travers les stomates de la plante et former une couche
duveteuse blanchâtre à la surface des feuilles (figure 3).
Figure 3 :9
Le champignon persiste sous forme
d’oospores ou mycélium sur les restes
de débris végétaux et les graines, mais
peut également se réfugier sur des
plantes hôtes avoisinantes en absence
de la culture(Salades - Mildiou (Bremia
lactucae) 2020)

8
Figure 2 : traces jaunes sur feuilles de laitue dues à Bremia lactucae. Source :
http://ephytia.inra.fr/fr/C/5842/Salades-Principaux-symptomes
9
Figure 3 : Fructification de Bremia lactucae sur le limbe de la laitue. Source :
http://ephytia.inra.fr/fr/C/5843/Salades-Biologie-epidemiologie

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2.2 Rhizoctonia solani
Figure 4 :10
Rhizoctonia solani, aussi appelé Thanatephorus cucumeris est un champignon – décliné
en plusieurs souches - présent dans le sol autour du monde et qui s’attaque à un large
panel de cultures horticoles. Il peut survivre
dans le sol sous forme saprophyte durant
plusieurs années bien qu’il soit polyphage Les
familles les plus sensibles sont inventoriées
dans le tableau en figure 5.
Il est présent en plein champ, mais
également sous abris ; il peut également
arriver que le terreau soit contaminé s’il n’a
pas été correctement sanitarisé, et infecte la
production en pépinière. Le champignon a
une large valence écologique et survivra dans
des sols à texture, pH, humidité variée. Il survit à des températures entre 5 et 36°, avec
un optimum autour de 23-27°C et une grande potence en conditions humides.
Figure 5 :11

Le champignon peut se manifester et infecter la plante de deux manières : tellurique et/ou


foliaire. L’infection tellurique se manifestera sous forme de manque à la levée et fonte du
semis, mais également lésions à toute partie en contact avec la terre : les racines
évidemment, mais également le collet, la tige et les fruits. Sur les feuilles, le champignon
produit d’abord des taches brun-rouille et sèches sur le limbe et nervure, puis la
moisissure devient vite humide, comme si la feuille fondait (figure 6)(Tropilég - Rhizoctone
brun (Rhizoctonia solani) 2021).
Figure 612

10
Figure 4 : Cycle biologique de Rhizoctonia solani. Source  :
http://www.agro-transfert-rt.org/wp-content/uploads/2020/05/Fiche-Biologie-Rhizoctonia-solani.pdf
11
Figure 5 : Familles botaniques sensibles à Rhizoctonia solani. Source :
http://ephytia.inra.fr/fr/C/23098/Tropileg-Symptomes-Laitue
12
Figure 6 : Symptômes de Rhizoctonia solani sur feuilles de laitues. Source :
http://ephytia.inra.fr/fr/C/23098/Tropileg-Symptomes-Laitue

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2.3 Sclerotinia sclerotiorum & Sclerotinia minor
Sclerotinia sclerotinorum et Sclerotinia minor sont des ascomycètes parasites des
cultures, s’attaquant à plus de 400 espèces différentes pour S. sclerotinorum, dont
nombre de légumière, par exemple la tomate, le poivron… S. minor est moins
généraliste avec environs 90 plantes hôtes. Les deux champignons persistent dans le
sol plusieurs années (8-10) sous forme de sclérotes ou encore grâce au mycélium
présent sur des débris végétaux laissés sur le champ. De préférence présents dans les
sols légers et avec de hauts taux de matière organique, ils se développent entre 4 et
30°C avec un optimum autour de 20°C, favorisés par un climat humide. On les
retrouvera plus facilement sur les plants dont le développement est déjà avancé.
Le champignon va atteindre la plante par contact via les sclérotes, par les organes à
proximité du sol. Leur particularité est qu’elles ont besoin de sécher avant de germer. S.
sclerotinorum a la spécificité, en plus de fructifier, de produire des ascospores en
grandes quantité, qui vont germer sur les feuilles humides des salades.
Après germination, le champignon pénètre dans la plante par les tissus morts pour
ensuite se propager dans les tissus sains en relâchant des enzymes lytiques. Les
symptômes des deux pathogènes sont assez similaires.
Figure 713

Les parties proches du sol vont commencer par développer des taches brun clair, de
consistance visqueuse (figure 8), suivent des infections hétérogènes de mycélium blanc
(figure 7).
Pour différencier les deux Sclerotinia, on regarde leurs scléroles, qui sont grandes et
allongées pour S. sclerotinorum et petites et circulaires pour S. minor (figure 9).
Figure 814
Dans des conditions d’humidité suffisantes, produit
jusqu’à 190 fois plus pour S. minor que pour S.
sclerotinorum. Les fructifications en forme de pézize de
S. sclerotinorum permettent de l’identifier. Ils se
propageront ensuite par la terre (transportée d’une
parcelle à l’autre sur les outils, sous les chaussures par
exemple) ou par dissémination des spores (à des
températures idéales entre 8 et 16°C) (Salades -
Sclérotiniose 2013).

13
Figure 7 Pourriture sur salade provoqué respectivement par S. sclerotinorum (gauche) et S. minor (droite).
Source : http://ephytia.inra.fr/fr/C/5816/Salades-Principaux-symptomes
14
Figure 8 : pourriture basale sur salade due à Sclerotinia sp. Source : http://ephytia.inra.fr/fr/C/5816/Salades-
Principaux-symptomes

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Figure 915

2.4 Virus du big vein


Le virus des grosses nervures de la laitue ou Mirafiori lettuce big-vein virus (MLBVV) est
un Ophiovirus transmit par le biais du champignon holoparasite Olpidium virulentus. Le
virus est propagé et conservé dans les spores du champignon (zoospores et spores de
repos, aptes à relâcher des zoospores à retard) qui survivent plusieurs années dans le
sol. O. virulentus est favorisé par les sols lourds et qui ont tendance à rester engorgés
durant plusieurs jours. De ce fait, on observe plus souvent le virus en période hivernales
(zones à climat frais et humide). Les symptômes de la maladie n’apparaissent qu’en-
dessous de 18°C. Le virus atteint la plante par le biais du champignon dont les spores
germent à la surface des racines et se développent dans ces tissus et produisent des
spores, certains portant une charge virale. Des espèces végétales vont favoriser une
sporulation importante du champignon, c’est le cas des genres Sonchus, Lactuca,
Cichorium.
Les symptômes vont varier selon les espèces. On relève dans les phases juvénile un port
anormalement érigé. Globalement, on va observer un éclaircissement une chlorose des
tissus autour des nervures (Figure 10) pour Iceber, battavia, laitue romaine et beurre.
Pour feuille de chêne et lollo on observe plutôt une déformation des feuilles et des
boursouflures (Salades - Virus des grosses nervures de la laitue (MLBVV) 2013).
Figure 1016

15
Figure 9 : Sclérotes de S. sclerotinorum (droite) et S. minor (gauche). Source :
http://ephytia.inra.fr/fr/C/5815/Salades-Biologie-epidemiologie
16
Figure 10 : Symptômes de déformation de la feuille (gauche) et de la chlorose des nervures et tissus contigus
(droite) dû au virus MLBVV. Source : http://ephytia.inra.fr/fr/C/6017/Salades-Principaux-symptomes

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2.5 Agent des taches orangées
Figure 1117
L’agent des taches orangées ou agent des anneaux nécrotiques
de la laitue est dû à un pathogène Ophiovirus non caractérisé à
ce jour. O. virulentus est également vecteur entre ce virus et la
plante. Pour son mode de dissémination et optimums
écologiques se référer au sous-chapitre 2.4. Néanmoins, on
constate que le champignon a plus tendance à évacuer le virus,
et le transmet beaucoup mois systématiquement. On peut
retrouver les deux Ophiovirus dans les mêmes parcelles durant
les mêmes périodes, pour cause de leurs modes de propagation
et conditions favorisantes similaires.
Figure 1218

Les symptômes sont des taches/ cercles orange-brun à aspect huileux qui se manifestent
d’abord à la base du limbe. A nouveau, les effets varient selon la variété / espèce, comme
la batavia qui est particulièrement sensible au virus(Salades - Agent des anneaux
nécrotiques de la laitue (LRNA) 2013).

17
Figure 11 : Salade souffrant de la maladie des anneaux nécrotiques. Source :
http://ephytia.inra.fr/fr/C/6020/Salades-Principaux-symptomes
18
Figure 12 : Evolution des symptômes sur le limbe. Source : http://ephytia.inra.fr/fr/C/6020/Salades-
Principaux-symptomes

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3. Moyens de lutte

L’intérêt de ce chapitre est de renseigner sur les moyens de lutte déjà connus pour les
maladies étudiées. En parallèle à cela, on présentera les moyens de lutte employés par
l’entreprise Biosalève, qui produit des salades en pleine terre sous serre à Troinex, dans le
canton de Genève. Les 4 ha cultivés avec cultures sous abris sont entièrement certifié
bourgeon bio.

3.1 Bremia lactucae


- Lutte préventive

Le mildiou ayant besoin d’humidité pour se développer, l’aération des surfaces de


culture/pépinière en cas de culture sous abris peut avoir un considérable impact sur la
charge infectieuse, ainsi que de débarrasser un maximum de débris végétaux au
champ pour éviter la persistance du champignon sous forme végétative. Une rotation
adaptée ainsi qu’un contrôle des plantes-hôte à proximité des parcelles peut également
aider à maitriser la charge virale. L’utilisation de matériel végétal sain ainsi qu’une
hygiène rigoureuse des outils de travail jouera également dans la balance.

- Lutte conventionnelle

Comme moyen de lutte conventionnel, l’INRA conseille un mélange de plusieurs matières


actives dont le mancozèbe, produit qui perd son homologation en Suisse en 2022 (FFG
FRL: Indication de lacune 2022). La liste des produits autorisés en Suisse, en fonction de
la plante et du cahier des charges suivi est disponible sur le site de la confédération, dans
l’onglet DATAphyto.

- Lutte biologique/micro-biologique/génétique

Des gènes de résistance antagonistes au mildiou sont isolés par plusieurs groupes de
recherches travaillant ensemble sur le sujet (INRA, CIRAD, etc.) sur différentes variétés
de laitues et autres. Le désavantage ces méthodes est les multiples facteurs de virulence
des pathogènes, qui leur permet de contourner les antagonismes des gènes résistants.
Ce traitement du pathogène nécessite un perpétuel renouvellement et offre peu de
certitudes quant à sa fiabilité au long terme, du moins pour le moment (Maisonneuve
2002).
En lutte biologique, des essais ont été menés par le Groupe de Recherche Agriculture
Biologique (GRAB) à Avignon pour comparer l’infestation des laitues pommées Armor
inoculées avec B. lactucae, avec un témoin sec et 5 traitements biologiques (Figure 13) à
différentes concentrations, en pépinière et sous abris froid (0-25°C). 5 traitements à 1/10
des doses utilisées en culture sont effectués durant la pépinière (3 semaines) et 6 en
abris froid (2 mois).
Figure 1319

19
Figure 13 : traitements biologiques (BioUE) tester dans l’essai du GRAB en 2004. Source :
https://orgprints.org/id/eprint/8653/1/bremia.pdf

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En pépinière, les résultats varient entre 1,5 et 2,4 feuilles atteintes par B. lactucae/ plan.
C’est le traitement d’algue et cuivre avec une moyenne de 1,5 feuille infestée par planton
qui offre les meilleures efficacités. A noter que ces résultats interviennent dans un
contexte de forte charge virale due à l’inoculation des plaques de semis avec le
pathogène.
Les essais en abris froid n’ont pas été très concluant, ne présentant pas de différences
significatives entre les traitements, on note néanmoins un poids moyen légèrement
supérieur pour les sujets traités au Cuivrol, mais difficilement défendable au vu des
faibles augmentations (~30g de plus que pour le témoin). Au contraire, pour certains
traitements, la charge virale est plus élevée que pour le traitement (Lambion 2005).
L’essai a été reproduit plusieurs années de suite, également en cas d’infestation
naturelle par le pathogène, et il en ressort que le Cuivrol serait le seul traitement
permettant de lutter efficacement contr e B. lactucae (Lambion, Arnaud 2009). La
liste des produits autorisés en bio en suisse est disponible DATAphyto (DATAphyto -
Agroscope 2020).
Le contact pour Biosalève affirme qu’il n’y a pas mieux que l’aération pour lutter contre la
propagation de B. lactucae. Malgré tout, il leur arrive de devoir traiter au cuivre (seule
substance efficace dans ces cas-là selon lui), surtout après un printemps / automne très
humide. Il tente toujours de limiter les doses appliquées, à cause de la toxicité rémanente
de ce métal lourd.

3.2 Rhizoctonia solani


- Lutte préventive

Il est recommandé d’effectuer une bonne rotation de cultures, l’utilisation d’un matériel
végétal sain, ainsi que des outils de travail hygiéniques et un substrat de qualité ou
désinfecter le sol si possible. Comme c’est par contact avec le sol que le champignon se
propage sur la plante, il est conseillé d’installer un paillage plastique en cas de risques,
ainsi que ne pas planter trop profond les plantules. Une bonne aération ainsi que l’usage
d’un arrosage de précision est préconisé (Fiche-Biologie-Rhizoctonia-solani.pdf [sans
date]).
A Biosalève, ce sont à peu près les mêmes pratiques qui sont mises en œuvre pour lutter
contre R. solani. Iels travaillent sur paillage plastique ; si la charge du pathogène est trop
élevé le plastique est brûlé en fin de culture pour éviter de propager le pathogène.

- Lutte curative

Il n’existe pas de lutte curative connue à ce jour pour R. solani. On peut néanmoins lutter
contre la propagation du mycélium ainsi qu’éviter au plus possible le contact avec celui-
ci.

3.3 Sclerotinia sp.


- Lutte préventive

La lutte préventive reste à ce jour la plus efficace et économique pour lutter contre
Sclerotinia. A noter qu’une fois le champignon présent sur la parcelle, on peut considérer
qu’il est impossible de l’éliminer complètement. Pour alléger sa charge, plusieurs
stratégies peuvent néanmoins être mises en place. En un premier temps, il est
primordial d’évacuer les débris végétaux après et pendant la culture, afin d’empêcher
l’incorporation de nouveaux sclérotes au substrat. La gestion de l’hygrométrie et de

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l’irrigation est importante. Favoriser une irrigation de précision afin d’éviter la présence
d’eau libre sur la végétation. Irriguer et aérer le matin et en journée pour éviter une
trop grande humidité.
Les rotations de culture peuvent être peu convaincantes du fait que les pathogènes, en
particulier S. sclerotinorum, sont très polyphages. Néanmoins, on note qu’une
alternance avec une céréale peut être intéressante, à noter que cette stratégie ne
s’applique qu’aux cultures en extérieur. En parallèle on peut réaliser une désinfection du
sol. Les fumigants souvent utilisé pour cela sont néanmoins assez polluants. En
alternative il existe la désinfection solaire, ainsi qu’à la vapeur, avec leurs coûts
spécifiques.
Pour éviter le contact avec les sclérotes, on peut installer des paillis plastique ou
encore effectuer un labour profond afin d’enfouir les sclérotes, à noter que cette
méthode constitue un dommage considérable pour la qualité de la structure du sol.
L’organe ephytia de l’INRA conseille également la culture sur buttes, afin de permettre
l’aération du collet
Le pathogène entrant dans la plante par ses tissus nécrosés, blessés, on préconise
également un bon contrôle des attaques d’autres ravageurs / maladies, ainsi que la
fumure azotée, qui en excès ou en déficit peut influencer la sensibilité au parasite
(Salades - Sclérotiniose 2013).
Des traitements préventifs avec des champignons antagonistes à Sclerotinia existent
pour diminuer le degré d’infestation de la culture. Le champignon va parasiter les
sclérotes dans le sol et diminuer leur nombre. Il existe plusieurs produits de ce type,
dont le plus connu et plus efficace pour lutter contre Sclerotinia le Contans, dont le
principe actif est le Coniothyrium minitans. Le produit est homologué bio en Suisse. Un
essai réalisé sur plusieurs années dès 2004 le GRAB20 relève un effet légèrement positif
du produit sur la baisse du degré d’infection, cependant agronomiquement peu
concluant. L’effet deviendrait plus intéressant après répétition du traitement plusieurs
années d’affilée (Lambion, Mounier 2007). L’effet du Contans sur S. sclerotinorum peut
varier en fonction des différentes caractéristiques des sclérotes, notamment leur
morphologie (Roy 2017)
Dans l’entreprise Biosalève le sol est traité avec Contans. Ils appliquent une dose entre
4-8 kg de poudre/ha avant plantation et effectuent à la suite un léger arrosage ainsi
qu’un passage de fraise avant d’installer un paillage plastique. Comme pour
Rhizoctonia, si la pression du pathogène est trop élevée, les bâches sont incinérées
après la saison. Le contact me dit que si l’infestation est vraiment élevée il faut broyer
les déchets végétaux et les évacuer, mais cela coûte cher. Il ajoute que les attaques
dépendent également de la force de la plante. Après un été chaud où les laitues ont croit
rapidement et développé moins de vigueur, la sensibilité au champignon a été accrue.

- Lutte curative :

La lutte curative n’est pas un moyen très efficient pour lutter contre Sclerotinia sp.
Il existe néanmoins différents produits fongicides homologués en Suisse, la liste se
trouve sur le site de la confédération, dans l’onglet DATAphyto (DATAphyto - Agroscope
2020).

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GRAB (Groupe de Recheche pour l’Agriculture Biologique)

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3.4 Virus du Bigvein
- Lutte préventive

Il est important de débarrasser et détruire les déchets durant et après la culture afin de
minimiser le plus possible la dissémination des spores très persistants. L’usage de plans
sains ainsi que l’installation de systèmes de drainage pour diminuer les conditions
favorables au champignon vecteur. Il est possible de sanitariser le sol à l’aide de gaz
fumigants en agriculture conventionnelle (Salades - Virus des grosses nervures de la
laitue (MLBVV) 2013).

- Lutte curative

A ce jour il n’existe pas de lutte curative connue pour la maladie du Big-Vein. La


recherche de résistance reste également au point mort, du fait que le cycle et les
mécanismes du virus restent encore méconnus.
D’après le contact de Biosalève, l’entreprise n’est pour l’instant pas touchée par la
maladie.

3.5 Agent des taches orange


- Lutte préventive & curative

Cf. 3.4 Big vein.

4. Conclusion

Au vu des points évoqués dans les chapitres précédents, il semble difficile de maitriser
complètement la propagation des maladies fongiques / à vecteur fongique étudiées ici. La
lutte préventive semble être le moyen le plus efficace et le moins coûteux pour endiguer la
propagation des maladies. Dans tous les cas, il revient qu’une hygiène majeure ainsi qu’une
bonne gestion des condition ambiantes permet de limiter la pression des pathogènes. Seul B
lactucae semble pouvoir être contenu après infestation sur la laitue.

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Cultures Maraîchères – Sylvain Lappe, décembre 2022
Bibliographie

DATAphyto - Agroscope, 2020. [en ligne]. [Consulté le 17 décembre 2022]. Disponible à


l’adresse: http://dataphyto.agroscope.info/$/
FFG FRL: Indication de lacune, 2022. [en ligne]. [Consulté le 15 décembre 2022]. Disponible
à l’adresse: https://ffg.szg.ch/fr/propositions-actuelles/indication-de-lacune/
Fiche-Biologie-Rhizoctonia-solani.pdf, [sans date]. [en ligne].
[Consulté le 11 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: http://www.agro-transfert-rt.org/wp-
content/uploads/2020/05/Fiche-Biologie-Rhizoctonia-solani.pdf
LAMBION, Jérôme, 2005. Essai de lutte contre le Bremia de la laitue en pépinière et sous
abri froid. . 2005.
LAMBION, Jérôme et ARNAUD, Baptiste, 2009. Lutte contre le mildiou de la laitue. . 2009.
LAMBION, Jérôme et MOUNIER, Jean-Michel, 2007. SCLEROTINIA : TEST DU CONTANS,
PRODUIT BIOLOGIQUE DE TRAITEMENT DE SOL. . 2007.
MAISONNEUVE, Brigitte, 2002. Résistance à Bremia lactucae chez la laitue. [en ligne].
2002. [Consulté le 9 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://agritrop.cirad.fr/490770/
ROY, Christine, 2017. Etude de l’importance de la morphologie des sclérotes de Sclerotinia
sclerotiorum pour sa sensibilité à Coniothyrium minitans [en ligne]. DEUG. France. Institut
Universitaire de Technologie d’Avignon (IUT d’Avignon), FRA.
[Consulté le 17 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-
01603102
Salades - Agent des anneaux nécrotiques de la laitue (LRNA), 2013. [en ligne].
[Consulté le 9 décembre 2022]. Disponible à l’adresse:
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Cultures Maraîchères – Sylvain Lappe, décembre 2022

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