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Etude des cochenilles

Les cochenilles appartiennent à la superfamille des Coccoidea divisée en 23 familles et 7700


espèces réparties à travers le monde et plus particulièrement dans l’hémisphère Sud. Ces
espèces ne sont pas toutes des ravageurs des cultures. Certaines sont utilisées dans la vie
quotidienne de l’homme et considérées comme des insectes utiles. Cependant, trois familles
provoquent d’importants dégâts économiques dans le monde : les Coccidae, appelé
anciennement lécanines, les Pseudococcidae ou cochenilles farineuses et les Diaspididae ou
cochenilles à bouclier ou encore diaspines. D’autres comme les Monophlebidae
(Margarodidae), les Orthezidae ou les Phenicoccidae peuvent parfois engendrer des dégâts
considérables sur des cultures spécifiques.

Cycle Biologique :

Les cochenilles passent par quatre stades de développement : l’œuf, la larve, la nymphe qui
est mobile et l’adulte. La femelle adulte peu mobile se fixe sur l’épiderme de la plante afin de
se nourrir puis pond de nombreux œufs très petits.

Les œufs sont pondus sous le bouclier, sous le corps de la femelle ou encore groupés dans un
ovisac (selon l’espèce). L’éclosion des œufs a lieu après deux semaines d’incubation. Les
larves de premier stade mobile se fixent en se protégeant d’une matière cireuse pour se
nourrir. Le nombre de générations des cochenilles dépend des espèces et des conditions
climatiques.

Ces insectes ont un développement différent selon la famille à laquelle ils appartiennent. Ils
sont parfois issus d’œufs, mais certaines cochenilles sont vivipares ou ovovivipares. Ces œufs
ou larves sont émis dans ou sous des abris de natures différentes. Ils peuvent être déposés par
centaines dans des sacs cireux appelés ovisacs (Pseudococcidae, Margarodidae, Coccidae du
groupe des pulvinaires), sous de boucliers (Diaspididae) ou encore des carapaces (Coccidae).
Les stades larvaires sont au nombre de deux ou trois, suivis d’un stade adulte pour la femelle.
Chez le mâle, on a deux stades larvaires et deux stades nymphaux. La mobilité est réduite
voire inexistante à partir du deuxième stade larvaire.

C’est d’ailleurs à ce moment-là, que certaines familles développent un système de protection


ayant un but final, celui de protéger la descendance, des agressions physiques et chimiques du
milieu environnant. Les mâles ont parfois un rôle inexistant. Certaines souches ou espèces
peuvent se reproduire par parthénogenèse.
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Dégâts

les dégâts de cochenilles sont difficilement quantifiables. Toutefois, ces ravageurs sont
présents sur toutes les parties de la plante que ce soit sur feuille, fruit, tronc, tige ou racine.
Une même espèce peut être présente, en même temps, sur différents organes de la plante, ou
en fonction de son stade phénologique.

Pendant son développement Saissetia oleae (Hemiptera, Coccidae), la cochenille noire de


l’olivier se nourrit d’abord sur la feuille, puis migre peu à peu sur des parties plus ligneuses.

On constate des dégâts directs dû à la spoliation de sève provoquant un dépérissement de la


plante et des dégâts indirects comme les écarts de triage des fruits ou la présence de miellat ou
de fumagine. Les cochenilles sont des insectes piqueurs qui absorbent pour la plus grande
partie, la sève élaborée, riche en sucre. Ce prélèvement entraîne un affaiblissement de la
plante se traduisant par la mort des organes végétaux, ou par la taille réduite des fruits, qui
sont économiquement préjudiciables.

La sécrétion de miellat sur les feuilles dû a l’absorption de la sève élaborée, nuit à la


photosynthèse et a fortiori au développement de la plante, mais surtout entraîne des écarts de
triage et un surcoût de nettoyage augmentant ainsi le prix de vente des fruits. Ce miellat sur
les feuilles, lié à une forte humidité provoque le développement d’un complexe de
champignon de type Capnodium oleaginum, la fumagine. Elle se développe ensuite sur
l’ensemble des organes foliaires et bloque la photosynthèse et rend plus difficile le nettoyage
des fruits.

Certaines cochenilles sont vectrices de virus notamment en vignoble. Plusieurs espèces ont été
identifiées comme telles : Planococcus ficus, Planococcus citri (Hemiptera, Pseudococcidae).
Les dégâts occasionnés par ces virus entraînent des baies de petites tailles diminuant ainsi la
production de raisin.

Contrairement aux autres, la famille des Diaspididae ne prélève pas la sève élaborée mais la
sève brute, ce qui n’entraîne pas la sécrétion de miellat. Toutefois, ces cochenilles
transmettent à la plante des toxines véhiculées par la sève provoquant la mort de la plante.

Les Diaspididae se développent sur la plante en y laissant leur bouclier protecteur accroché
après leur mort. Des amas se forment ainsi au fur et à mesure des générations, perturbant
considérablement les échanges hydriques et gazeux de la plante.

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De plus, ces boucliers de cochenilles soudés aux fruits entraînent des fruits impropres à la
commercialisation. Souvent ces fruits sont nettoyés, mais des impacts de piqûres demeurent et
ne peuvent pas être commercialisés.

1- Aonidiella aurantii Diaspididae

Il est supposé originaire du Sud-est asiatique, il se rencontre aujourd'hui dans quasiment


toutes les zones agrumicoles (Amérique du Nord, du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande,
Afrique du Sud, bassin méditerranéen, ...). Signalé pour la première fois en Corse dans les
années 70.

Espèce polyphage, on l'observe sur agrumes, amandier, vigne, poirier, prunier, jujubier,
caroubier et rosier. Le bouclier de la femelle 1,8 mm de diamètre et environ 2mm de long, est
subcirculaire à circulaire et de couleur rouge-orangé. Les boucliers des mâles 0,8 à 1,2 mm,
sont nettement ovales, plus clairs que ceux des femelles tirant vers le gris. La larve jaunâtre
0,2 mm de long, est d'abord mobile puis se fixe et prend alors une forme circulaire et sécrète
son bouclier.

Les dégâts observés sont des déformations et des décolorations de l’écorce des fruits ainsi que
le dessèchement des rameaux, encroûtés par les générations successives.

Elles se localisent d’abord sur les rameaux puis sur la face supérieure des feuilles, enfin sur
les fruits, les rendant non commercialisables. Elles peuvent donner jusqu’à cinq à six
générations dans l’année, formant ainsi des encroûtements sur les rameaux et rendant la lutte
difficile. En général, c’est la deuxième génération qui migre majoritairement sur les fruits,
c'est celle-ci qui devra surtout être ciblée par les traitements.

2- Saissetia oleae : (la cochenille H) (Coccidae)

La femelle adulte s’identifie par une coque noirâtre collée sur les jeunes rameaux. La femelle
meurt en Septembre-Octobre laissant dans la carapace son corps plein d'oeufs. Les larves, de
couleur orangée à brun clair, mesurent 1,5 mm à leur dernier stade. On les observe sur la face
inférieure des feuilles. Elles peuvent se diffuser par le vent.

Les femelles sont de couleur noire et ses larves, plus petites, de couleur marron clair. Les
attaques affaiblissent les arbres et leur miellat entraîne le développement de la fumagine. Les
éclosions ont lieu à partir de Juin (période de traitement aux huiles) et les populations se
diffusent en été et sont généralement maîtrisées par la faune auxiliaire qui comprend des

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prédateurs de type coccinelle (Chilocorus sp. et Exochomus sp.) ou des parasitoides de type
Metaphycus sp

3- Planococcus citri :(La cochenille farineuse des agrumes)(Pseudococcidae)

Elle est appelée cochenille farineuse due à la cire blanche qui la recouvre. La cochenille
farineuse évolue en plusieurs générations annuelles. Comme toutes les autres cochenilles,
c’est la génération du printemps qui demeure la plus importante qui est la cause de
l’infestation des fruits. Les plus grandes infestations sont surtout observées dans les régions
côtières où le taux d’humidité est relativement élevé.

Description

La femelle adulte est ovale et aplatie de couleur blanche et mesure entre 3 et 7 mm et les
larves, de taille inférieure aux femelles, sont de couleur jaune-orange. Les espèces se
différencient, entre autres, par la longueur de leurs filaments.

Les mâles ressemblent à de petites guêpes. On en observe rarement car ils sont beaucoup
moins nombreux que les femelles. Ils ne sont pas nuisibles pour les plantes.

Biologie :

La durée de développement de P. citri dépend de la température, de la plante hôte et de


l’humidité relative. La température influence le développement entier de la cochenille, de
l’œuf à l’adulte, alors que l’humidité affecte particulièrement l’œuf et sévèrement les larves.
Le développement de l’œuf à l’adulte est plus rapide et donc d’une durée plus courte à des
températures et des humidités relatives élevées.

P. citri passe l’hiver dans le sol, au stade larvaire. Il n’y a pas de diapause. Lorsque les
températures sont plus favorables, les cochenilles émergent une par une de leur cachette et
s’installent sur leur plante hôte.

Une femelle peut pondre de 300 à 500 œufs. Les œufs sont pondus dans une masse collante de
filaments cireux, appelée ovisac. Après avoir pondu ses œufs, ce qui prend 5-10 jours, la
femelle de cochenille farineuse meurt. Les jeunes cochenilles, très mobiles, se dispersent pour
trouver des endroits convenables pour se nourrir. Il y a 3 stades larvaires. La durée du cycle
de vie dépend de la température et prend environ 90 jours à 18°C et 30 jours à 30°C.

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Symptômes et dégâts :

Retard de croissance des plantes, déformations et/ou le jaunissement des feuilles qui finissent
parfois par tomber, diminution de la photosynthèse et perte de rendements. Avortement de
fruits et fleurs infestées.

La sève des plantes est pauvre en protéines et riche en sucre. De ce fait, les cochenilles
doivent en ingérer une importante quantité, pour obtenir suffisamment de protéines. Elles se
débarrassent alors des excédents en sucres en excrétant du miellat. On observe souvent des
champignons noirs caractéristiques (Cladosporium sp.) qui se développent sur le miellat et
qui, comme les sécrétions cireuses blanches des cochenilles à corps mou, affectent la qualité
ornementale des plantes. Les fruits et les fleurs sont également souillés, les rendant impropres
à la vente.

Moyens de lutte :
Lutte préventive :
- Éviter d’acheter un arbre ou un arbuste infesté, inspecter scrupuleusement les jeunes
rameaux et le dessous des feuilles pour ne pas ramener ces insectes dans votre jardin.

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- Inspecter régulièrement les végétaux, Le repérage précoce permet d'intervenir localement et
de prévenir les infestations plus difficiles à contrôler. Un feuillage prématurément jauni, un
rassemblement de fourmis et de guêpes, des amas de cire blanche ou des renflements d'une
substance collante et sucrée révèlent généralement la présence d'insectes suceurs.
-Prévenir les blessures sur l'écorce (tondeuse, débroussailleuse) et éviter les surdoses d'engrais
qui stimulent la croissance de pousses tendres et appétissantes pour les insectes suceurs.
- Désinfecter régulièrement les outils de taille (alcool à brûler ou à la flamme).
- Isoler, si possible, les végétaux infestés ; les manipulations et les outils de taille favorisent la
dissémination des cochenilles.
Lutte culturale :
Pour diminuer et maintenir à un niveau tolérable la nuisibilité des cochenilles, il est conseillé
d’effectuer des tailles régulières. Afin de préserver la faune utile (prédateurs et parasitoïdes)
spécifique aux cochenilles, il est aussi recommandé de favoriser une diversité floristique aux
abords des vergers.
- Une taille régulière des arbres permettant une bonne aération,
- Une utilisation raisonnée des engrais azotés,
- Une irrigation non excessive.
Lutte biologique :
Elle consiste selon OILB (Organisation Internationale de Lutte Biologique) à utiliser des
organismes vivants ou leurs produits, pour empêcher les pertes ou dommages causés par des
organismes nuisibles aux productions végétales. Elle exclut l’emploi de tous produits issus de
l’industrie chimique. Les principaux moyens utilisables en lutte biologiques sont : les lâchers
d’entomophages, l’emploi de biopesticides (baculovirus, trichoderme …) l’emploi des outils
biotechniques (confusion sexuelle, piégeage …) auxquels on peut ajouter la lutte autocide
(L’utilisation de mâles stérile). Les interventions par les méthodes de lutte biologique
s’appuient sur la connaissance de l’équilibre naturel, elles utilisent les facteurs de limitation
de populations de ravageurs.
La lutte biologique peut alors constituer une mesure complémentaire, mais il faut des
conditions spéciales, des services et des connaissances. Ceci inclut :
L’introduction de nouvelles espèces d’ennemis naturels dans un espace qui ne soit pas natif
pour eux.
La libération ou réintroduction périodique des parasitoïdes naturels pour renforcer l’activité
prédatrice.
Les principaux ennemis naturels des cochenilles sont mentionnés dans le tableau ci-dessous.

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Prédateurs Parasitoïdes
Les Coccinelles Les Hyménoptères
Chilocorus bipustulatus Les ectoparasites
Aphytis mytilaspidis
Brumus quadripustulatus Aphytis lignanensis
Brumus quadripustulatus var. floralis Aphytis lepidosaphes
Aphytis coheni
Rodolia (Novius) cardinalis Aphytis chrysomphali
Scymnus (Pullus) suturalis Aphytis melinus
Aphytis hispanicus
Les Diptères
Les endoparasites
Syrphus balteatus Encarsia lounsburyi
Les Névroptères Encarsia citrinus
Encarsia inquirenda
Coniopteryx sp.
Encarsia perniciosi
Les Névroptères
Coniopteryx sp.
Les acariens
Hemisarcoptus malus
Cheletogenes ornatus

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