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«Shen Yun», glamour anticommuniste - Libération http://next.liberation.fr/musique/2014/03/26/shen-yu...

Dans l’univers chatoyant des shows familiaux, les Irlandais proposent Riverdance, les Indiens, Bharati, et les Chinois, Shen Yun.
Enfin, pas tout à fait. Ce dernier spectacle offre tableaux acrobatiques, dizaines de figurants, décors rutilants… Mais il se distingue
des autres féeries exotiques par une particularité qu’on décèle en observant le bas de l’affiche : en petits caractères figure la
mention «Falun Dafa».

Falun Dafa est le nom officiel du mouvement politico-religieux que le régime de Pékin appelle «la secte Falun Gong». La Chine a
mis hors la loi Falun Gong, mais dans le reste du monde, ses activités sont autorisées. En France, le mouvement ne figure pas sur
la liste des sectes de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).

Lancé en 1994 en Chine par Li Hongzhi, Falun Gong repose sur la pratique du qi gong (prononcer tchi-gong), une
gymnastique traditionnelle qui privilégie les exercices respiratoires. S’y ajoutent la méditation, une mystique bouddhiste et un
moralisme rigoureux.

Promue un temps par le Parti communiste, qui y voyait un moyen d’améliorer la santé des Chinois malgré le marasme du système
sanitaire, Falun Gong obtient un succès foudroyant et attire des dizaines de millions d’adeptes. Au point que le PCC, parti unique,
y voit un rival. En 1999, Falun Gong est persécuté et ses sympathisants, emprisonnés. Le mouvement a dénoncé des exécutions
pour alimenter un trafic d’organes, ce qui n’a pu être vérifié par une enquête indépendante. Quant au gourou, Li Hongzhi, il vit
aux Etats-Unis depuis 1998 et ne s’exprime plus en public depuis une interview au magazine Time, en 2001, où il se disait
convaincu de l’existence des extraterrestres.

Falun Dafa a son siège aux Etats-Unis, possède un hebdomadaire, The Epoch Times, et une chaîne de télé, NTD (New Tang
Dynasty). Mais son activité la plus spectaculaire est Shen Yun. La troupe de danseurs, chanteurs et musiciens qui arrive à Paris (1)
est l’une des quatre qui sillonnent la planète, louant les plus prestigieuses salles.

Nos tentatives pour contacter un responsable ou un porte-parole de Shen Yun sont restées vaines. L’association qui a loué le
Palais des Congrès, Lotus sacré, branche française de Falun Dafa, n’a pas répondu à nos mails. Il n’y a pas de service de presse
pour promouvoir l’étape parisienne de la tournée. Pour faire connaître le spectacle, Falun Dafa a misé sur un affichage massif,
depuis décembre, dans le métro parisien. Et sur Internet. Dans des vidéos, des célébrités, filmées à la sortie d’une représentation,
disent le bien qu’elles pensent de Shen Yun : la créatrice de mode Donna Karan, le patineur Philippe Candeloro, le politicien
anglais ultraconservateur Roger Helmer, un ex-directeur général de Darty ou la chorégraphe Mia Frye. Cette façon d’embrigader
les people rappelle les méthodes de la scientologie.

Falun Dafa a bien sûr le droit de promouvoir ses valeurs et son combat contre un régime dont les atteintes aux
droits de l’homme sont régulièrement dénoncées. L’ennui, c’est que le public n’est jamais informé qu’il va assister à une opération
de propagande. Où, entre les tableaux qui célèbrent «5 000 ans de culture divine», se glisse une scène où des adeptes de Falun
Gong sont tabassés par des sbires communistes. L’opacité et le refus de communiquer sont un autre problème. Si Falun Gong
n’est pas une secte, elle en utilise en tout cas les méthodes.

François-Xavier GOMEZ

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1 sur 1 05.04.2015 10:02

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