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La Philosophie de L Histoire
La Philosophie de L Histoire
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L À
PHILOSOPHIE
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^HISTOIRE.
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^ G E N È V Èt
AUX DÉPENS DÉ L'AUTEUR,
M D C C L X V,
X TRÈS-HAUTE
CATHERINE SECONDE,
IMPÉRATRICE
DE TOUTES LES RUSSIES,
ET DES SCIENCES;
mOM PAR SON ESPRIT JDÉ JUGER
DE GOUVERNER LA SIENNE,
Fin de la Table.
LA
L A
PHILOSOPHIE
D E L'H I S T 0 IRE.
CHAPITRE I.
CHAPITRE IL
DES DIFFERENTES
RACES D'H O M M E S.
CHAPITRE III.
* D E L'ANTIQUITE'
DES NATIONS.
a
ig DE LA CONNAISSANCE
CHAPITRE IV.
DE LA CONNAISSANCE
DE L'A M E. ''-..
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B3
»i . DE LA RELIGION
CHAPITRES.-
DE LA RELIGION
DES PREMIERS HOMMES.
СИЛ
DES USAGES ET DES &c. 33
CHAPITRE VI.
DES USAGES
feT DES SENTIMENS COMMUNS
A PRESQUE TOUTES LES
NATIONS ANCIENNES;
1
CHAPITRE Fil
DES SAUVAGES.
CHAPITRE FUI.
DE L'AMERIQUE.
ÊW3
DE LA THEOCRATIE. 59
CHAPITRE IX.
DE LA THEOCRATIE.
Il femble que la plupart des anciennes na
tions aient été gouvernées par une efpece de
théocratie. Commencez par l'Inde, vous y
voyez les Brames longtems fouverains ; en
Perfe les mages ont la plus grande autorité.
L'hiftoire des oreilles de Smerdis peut bien
être une fable , mais il en réfulte toujours
que c'était un mage qui était fur le trône de
Cyrus. Plufieuri Prêtres d'Egypte prefcri-
vaient aux Rois jufqu'à la mefure de leur boi
re & de leur manger, élevaient leur enfance,
& les jugeaient après leur mort, & fouvent
fe faifaient Rois eux-mêmes.
Si nous defcendons aux Grecs, leur his
toire , toute fabuleufe qu'elle eft , ne nous
apprend -elle pas que le prophête Calcas avait
allez de pouvoir dans l'armée pour facrifier
la fille du Roi des Rois?
So DE LA THEOCRATIE.
Defcendez encor plus bas chez des nations
fauvages poftérieures aux Grecs ; les Drui
des gouvernaient la nation Gauloife.
Il ne paraît pas même poffihle que dans
les premieres peuplades on ait eu d'autre gou
vernement que la Théocratie : car dès qu'u
ne nation a choifi un Dieu tutélaire, ce Dieu
a des Prêtres. Ces Prêtres dominent fur l'erprit
de la nation ; ils ne peuvent dominer qu'au
nom de leur Dieu ; ils le font donc toujours
parler ,. ils débitent fes oracles , & c'eft par
un ordre exprès de Dieu que tout s'exécute.
C'eft de cette fource que font venus les
facrifices de fang humain qui ont fouillé pref-
que toute la terre. Quel pere , quelle mere
aurait jamais pu abjurer la nature au point
de préfenter fon fils ou fa fille à un Prêtre
pour être égorgés fur un autel , fi on n'avait
pas été certain que le Dieu du païs ordon
nait ce facrifice?
Non feulement la théocratie a longtems
régné. mais elle a pouffé la tirannie au plus
horrible excès où la démence humaine puiffe
parvenir; & plus ce gouvernement fe difàft
divin, plus il était abominable..
DE LA THEOCRATIE. 61
Prefque tous les peuples ont facrifié des
enfans à leurs Dieux ; donc il croyaient re
cevoir cet ordre dénaturé de la bouche des
Dieux qu'ils adoraient.
Parmi les peuples qu'on appelle fi impro
prement civiüfés , je ne vois gueres que les
Chinois qui n'aient pas pratiqué ces horreurs
abfurdes. La Chine eft le feul des anciens E-
tats connus qui n'ait pas été foumis au Sacer
doce; car les Japonois étaient fous les loix
d'un Prêtre fix cens ans avant notre Ere.
Prefque partout ailleurs la théocratie eft fi c-
tablie, fi enracinée, que les premieres hiftoi-
res font celles des Dieux mêmes qui fe font
incarnés pour venir gouverner les hommes.
Les Dieux , difaient les peuples de Thebes
& de Memphis , ont régné douze mille ans
en Egypte. Brama s'incarna pour regner dans
l'Inde; Sammonocodom à Siam ; le Dieu A-
dad gouverna laSirie; la déelTe Cibele avait
été fouveraine de Phngie, Jupiter de Crete,
Saturne de Grece & d'Italie. Le même efprit
préfide à toutes ces fables ; c'eft partout une
confufe idée chez les hommes que les Dieux
font autrefois defcendus fur la terre.
бг DES CALDEEN S.
CHAPITRE X
DES CALDEEN S.
E5
7+ DES BABILONIENS
CHAPITRE XL
DES BABILONIE N S
DEVENUS PERSANS.
CHAPITRE XI L
DE LA SIRIE.
CHAPITRE XIII.
DES PHÉNICIENS,
ET DE SANCHONIATON.
CHAPITRE XIV.
DES S С I T H E Si
ET DES GOMERITES.
G 2
bo DE L'ARABIE.
CHAPITRE XV.
. D E L' A R А В I E.
0$
ю6 ABRAHAM.
CHAPITRE XVI.
DE В R A M, A В R A M,
ABRAHAM.
-S#É-
ri* D.X L'IND E.
CHAPITRE XVïl.
!; P E L I N D E.
t' .' . . / •..-.* > . .-"
à'il eft permis de faire des conjectures , les
Indiens vers le Gange font peut-être les
hommes les plus anciennement raflëmblés en
corps de peuple. Il eft certain que le terrain
où les animaux trouvent la pâture la plus fa
cile eft bientôt couvert dé l'efpece qu'elle
peut nourrir. Or il n'y a point de contrée
au monde où l'efpece humaine ait fous fa
main des alimens plus fains , plus agréables,
& en plus grande abondance que vers le
Gange; le ris y croit fans culture, l'ananas,
le cocos, la datte, le figuier , préfentent de
tous côtés des mets délicieux ; l'oranger , le
citronier , fournirent à la fois des boiffons
raffraîchiflantes avec quelque nourriture. Les
cannes de fucre font fous la main. Les pal
miers , les figuiers à larges feuilles , donnent
le plus épais ombrage. On n'a pas befoin
dans
ÍTE L'INDE; %ц
«Jails ce pays d'écorcher des troupeaux pour
défendre fes enfans des rigueurs des faifons j
on les éleve encor aujourd'hui tout nud«
jufqu'à la puberté. Jamais on ne fut obligé
dans ce pays de rifquer fa vie pour la foute-
nir , en attaquant les animaux , & en fe
nourriflant de leurs membres déchirés com-
toe on a fait prefque partout ailleurs.
Les hommes fe feront raflemblés d'eux*
mêmes en fociété dans ce climat heureux}
on ne fe fera point difputé un terrain aride
pour y établir de maigres troupeaux ; oil
öe fe fera point fait la guerre pour un puits ,
pour une fontaine, comme ont fait des bai*
bares dans l'Arabie -pétrée.
Je ne parlerai point ici des anciens monu*
rftens dont les Brames fe vantent ; il fuffit de
favoir que les raretés les plus antiques que
l'empereur Chinois Cam - hi eût dans fon pa*
lais étaient Indiennes : il montrait à nos mil
lionaires mathématiciens d'anciennes mon*
hoyes Indiennes, frapées au coin , fort anté'
tieures aux monnoyes de cuivre des empe
reurs Chinois; & c'eft- probablement des In*
H
m CE L'IN d e;
diens que les Rois de Perfe apprirent Part
monétaire.
Les Grecs avant Pitagore voyageaient
dans l'Inde pour s'inftruire. Les lignes des
fept planetes & des fept métaux font encor
dans prefque toute la terre ceux que les In
diens inventerent : les Arabes furent obligés
de prendre leurs chiffres. Celui des jeux
qui fait le plus d'honneur à l'efprit humain
nous vient inconteftablement de l'Inde; les
éléphans auxquels nous avons fubftitué des
tours en font une preuve.
Enfin, les peuples les plus anciennement
connus , Perfans , Phéniciens , Arabes , E-
gyptiens, allerent de temps immémorial tra
fiquer dans l'Inde pour en raporter les épice
ries que la nature n'a données qu'à ces cli
mats , fans que jamais les Indiens allaflènt
rien demander à aucune de ces nations.
On nous parle d'un Bacchus qui partit,
dit-on, d'Egypte, ou d'une contrée de l'Alle
Occidentale pour conquérir l'Inde. Ce Bac
chus quel qu'il foit , favait donc qu'il y avait
au bout de notre continent une nation qui
DE L'INDK ïïj
Valait mieux que la Tienne. Le beíbin fié
les premiers brigands ; ils n'envahirent l'Ьь
de que parce qu'elle était riche ¿ & fûremenc
le peuple riche eft raflemblé, civilifô , policé*
fongtems avant le peuple voleur.
Ce qui me frappe le plus dans l'Inde ¿
c'efl cette ancienne opinion de la tranfmi-
gration des ames, qui s'étendit avec le temps
juqu'à la Chine & dans l'Europe. Ce n'eft
pas que les Indiens fuflent ce qwe c'eft qu'u
ne ame : mais ils imaginaient que ce prin
cipe , foit aérien , ioit ignée , allait fucceffi-
vement animer d'autres corps. Remarquons
attentivement ce fyftême de philofophie qui
tient aux mœurs. C'était un grand frein
pour les pervers que la crainte d'être con
damné par Vifnou, & par Brama, à devenir
les plus vils & les plus malheureux des ani
maux. Nous verrons bientôt que tous les
grands peuples avaient une idée d'une autre
vie, quoiqu'avee des notions différentes. Je
ne vois gueres parmi les anciens empires
que les Chinois qui n'établirent pas la doc
trine de l'immortalité de l'ame. Leurs pre-
H a
tu rr e v i n d e. .
CHAPITRE XFJIL
DE LA CHINE.
CHAPITRE XIX,
DE L' EGYPTE.
Il me paraît fenfible que les Egyptiens,
tout antiques qu'ils font, ne purent être raf-
femblés en corps, civilifés, policés, induf-
trieuï , puiffans , que très- longtems après
tous les peuples qui ont paffé en revue. La
raifon en eft évidente. L'Egypte jufqu'au
Delta eft refferrée par deux chaînes de ro
chers, entre lefquels le Nil fe précipite, en
defcendant d'Ethiopie du midi au fepten-
trion. Il n'y a des cataractes du Nil à fes
embouchures en ligne droite que cent foi-
xante lieues de trois mille pas géométriques,
& la largeur n'eft que de dix à quinze &
vingt lieues jufqu'au Delta, partie baffe de
l'Egypte, qui embraffe une étendue de cin
quante lieues d'Orient en Occident. A la
droite du Nil , font les déferts de la Thé-
baïde, & à la gauche les fables inhabitables
ls
538 DE L'EGYPTE.
de la Libie jufqu'au petit pays où fut bâti
le temple d'Ammon.
Les inondations du Nil durent pendant
des fiecles écarter tous les colons d'une terre
fubmergée quatre mois de l'année ; ces eaux
croupiflantes s'accumulant continuellement ,
durent longtems faire un marais de toute
l'Egypte. Il n'en eft pas ainfi des bords de
l'Euphrate , du Tigre , de l'Inde, du Gan
ge & d'autres rivieres qui fe débordent auffi,
prefque chaque année en été, à la fonte des
neiges. Leurs débordemens ne font pas fi
grands, & les vaftes plaines qui les environ
nent donnent aux cultivateurs toute la liber
té de profiter de la fertilité de la terre.
Obfervons furtout que la pefte, ce fléaus
attaché au genre animal, régne une fois en
dix ans au moins en Egypte ; elle devait être
beaucoup plus deftructive quand les eaux du
Nil en croupiffant fur la terre ajoutaient
leur infection à cette contagion horrible »
& ainfi la population de l'Egypte dut être
très -faible pendant bien des fiecles.
. L'ordre naturel des chofes femble donc
DE L'EGYPT E. 139
démontrer invinciblement que l'Egypte fut
line des dernieres terres habitées. Les Tro-
glodites nés dans ces rochers dont le Nil
eft bordé , furent obligés à des travaux aufll
longs que pénibles pour creufer des canaux;
qui reçuffent le fleuve, pour élever des ca
banes & les rehauffer de vingt -cinq pieds
au.deflus du terrain. C'eft-là pourtant ce qu'il
falut faire avant de bâtir Thebes aux cent
portes , avant d'élever Memphis , & de fon-
ger à conftruire des piramides. Il êft bien
étrange qu'aucun ancien hiftorien n'ait fait
une réflexion fi naturelle.
Nous avons déja obfervé que dans le
temps où l'on place les vo\ ages d'Abraham ,
l'Egypte était un puiflant royaume. Ses rois
avaient déja bâti quelques - unes de ces pi
ramides , qui étonnent encor les yeux & l'i
magination. Les Arabes ont écrit que la
plus grande fut élevée par Saurid plufieurs
fiecles avant Abraham ; on ne fait en quel
temps fut conftruite la fameufe Thebes aux
cent portes , la Ville de Dieu , Diofpolis.
il paraît que dans ces temps reculés les grau
Í4o DE L'EGYPT E.
des villes portaient le nom de villes de Dieu
comme Babilone. Mais qui pourra croire
que par chacune des cent portes de Thebes
il fortait deux cens chariots armés en guer
re, & cent mille eombattans ? Cela ferait
vingt mille chariots , & un million de foldats ;
& à un foldat pour cinq perfonnes , ce nom
bre fuppofe au moins cinq millions de têtes
pour une feule ville , dans un pays qui n'eft
pas fi grand que l'Efpagne ou que la Fran
ce , & qui n'avait pas, felon Diodore de
Sicile, plus de trois millions d'habitans, &
plus de cent foixante mille foldats pour fa
défenfe. Diodore dit ( livre I. ) que l'E
gypte était fi peuplée qu'autrefois elle avaic
eu jufqu'à fept millions d'habitans, & que
de fon temps elle en avait encor trois mil"
lions.
Vous ne croyez pas plus aux conquêtes de
Séfoftris qu'au million de foldats qui fortent
par les cent portes de Thebes. Ne penfez-
vous pas lire l'hiftoire de Picrocole , quand
ceux qui copient Hérodote vous difent que
Je pere de Séfoftris fondant fes efpérances,
DE L'EGYPTE, vtf
far un fonge & fur un oracle , deftina fon fils
à fubjuguer le monde ; qu'il fit élever à fa
cour dans le métier des armes tous les enfans
nés le même jour que ce fils , qu'on ne leur
donnait à manger qu'après qu'ils avaient cou
ru huit de nos grandes lieues , & qu'enfin
Séfoftris partit avec fix cens mille hommes,
vingt-fept mille chars de guerre , & alla con-
quérir toute la terre , depuis l'Inde jufqu'aux
extrémités du Pont-Euxin , & qu'il fubjugua
la Mingrelie , & la Géorgie appellées alors la
Colchide. Hérodote ne doute pas que Sé
foftris n'ait laifTé des colonies en Colchide ,
parce qu'il a vu à Colchos des hommes ba-
zanés , avec des cheveux crépus reffemblans
aux Egyptiens. Je croirais bien plutôt que
ces efpeces de Scythes des bords de la mer
noire & de la mer Cafpienne , vinrent ran
çonner les Egyptiens quand ils ravagerent fi
longtems l'Afie avant le regne de Cirus. Je
croirais qu'ils emmenerent avec eux des ef-
claves d'Egypte , ce vrai pays d'efclaves,
dont Hérodote put voir , ou crut voir les
defcendans en Colchide. Si ces Colchidiens
14* DE i/Et5YPt&
avaient en effet la fuperftitibn de fe faire cifr*
concire, ils avaient probablement retenu cet
te coutume d'Egypte , comme il arriva pres
que toujours aux peuples du .Nord de pren
dre les rites des nations civilifées qu'ils *■
Voient vaincues.
Jamais les Egyptiens dans les temps cori-
iius ne furent redoutables , jamais ennemi
n'entra chez eux qu'il ne les fubjuguât. Les
Scythes commencerent ,' après les Scythes
Vint Nabucodonofor , qui conquit l'Egypte
fans réfiftance ; Cyrus n'eut qu'à y envoyer
un de fes lieutenans; révoltée fous Cambize*
il ne falut qu'une campagne pour la foumer>
tre : & ce Cambize eut tant de mépris pour
les Egyptiens , qu'il tua leur dieu Apis en
leur préfence. Ochus réduifit l'Egypte en
province de' fon royame. Alexandre, Céfar,
Àugufte , le calife Omar conquirent l'Egypte
avec une égale facilité. Ces mêmes peuples
de Colchos fous le nom de Mammelucs revin
rent encor s'emparer de l'Egypte du temps
des Croifades; enfin Sélim conquit l'Egypte
en une feule campagne, comme tous ceux
ÙE L»Ë G Y PTË. î45
$5 s'y étaient préfentés : il n'y a jamais eu
que nos feuls croifés qui fe foient Fait battre
par ces Egyptiens , le plus lâche de tous les
peuples, comme on l'a remarqué ailleurs;
mais c'eft qu'alors ils étaient gouvernés par
la milice des Mammelucs de Colchos.
Il eft vrai qu'un peuple humilié peut avoif
été autrefois conquérant, témoins les Grecs
& les Romains. Mais nous fommes plus
iurs de l'ancienne grandeur des Romains &
des Grecs que de celle de Séfoftris.
Je ne nie pas que celui qu'on appelle Sé-
foftris n'ait pu avoir une guerre heureule
contre quelques Ethiopiens , quelques Ara
bes, quelques peuples de la Phénicie. Alors
dans le langage des exagérateurs il aura con
quis toute la terre. Il n'y a point de nation
fubjuguée qui ne prétende en avoir autrefois
fubjugué d'autres. La vaine gloire d'une an
cienne fupériorité confole de l'humiliation
préfente.
Hérodote racontait ingénument aux Grecs
ce que les Egyptiens lui avaient dit, mais
comment en ne lui parlant que de prodiges,
i4+ DE L'EGYPTE.
ne lui dirent-ils rien des fameufes playes d'É*.
gypte, de ce combat magique entre les for-»
ciers de Pharaon & le minifbre du Dieu des.
Juifs , & d'une armée entiere engloutie au
fond de la mer rouge fous les eaux élevées
comme des montagnes à droite & à gauche ,
pour laifler paffer les Hébreux , lefquelles en
retombant fubmergerent les Egyptiens ? Ce-
tait aflurément le plus grand événement dans
l'hiftoire du monde: ni Hérodote, ni Mané->
ton, ni Eratoftene, ni aucun des Grecs G>
grands amateurs du merveilleux , & toujours
en correfpondance avec l'Egypte , n'ont par
lé de ces miracles qui devaient occuper la
mémoire de toutes les générations. Je ne fais
pas aflurément cette réflexion pour infirmer
le témoignage des livres Hébreux , que je ré
vere comme je dois. Je me borne à m'éton-
ner feulement du filence de tous les Egyp
tiens & de tous les Grecs. Dieu ne voulut
pas fans doute qu'une hiftoire fi divine nou»
fût tranfmife par aucune main profane.
'
' . '.. . >
. . . ''
CHA.
DE LA LANGUE DES EGYPTIENS, 145
- CHAPITRE XX.
V;
DES MONUMENS &c. 149,
CHAPITRE XXI.
DES MONUMENS
DES EGYPTIENS;
CHAPITRE XXII.
y
1S6 DES RITES EGYPTIENS'',
qui ont changé ; rien ne fut jamais d'accord:
Quand les Ptolomées & les principaux Prê
tres fe moquaient du bœuf Apis, le peuple
tombait à genoux devant lui.
Juvenal a dit que les Egyptiens adoraient
des oignons : mais. aucun hiftorien ne l'avait
dit. Il y a bien de k différence entre un
oignon facré & un oignon Dieu ; on n'adore
pas tout ce qu'on place , tout ce que l'on
confacre fur un autel. Nous lifons dans Ci-
céroa que les hommes qui ont épuifé toutes
les fuperftitions ne font point parvenus en
core à celle de manger leurs dieux , & que
c'eft la feule abfurdité qui leur manque.
La Circoncifion vient-elle des Egyptiens,
des Arabes, ou des Ethiopiens ? Je n'en fais
rien. Que ceux qui le favent le difent. Tout
ce que je fais, c'eft que les Prêtres de l'anti
quité s'imprimaient fur le corps des marques
de leur confécration, comme depuis on mar
qua d'un fer ardent la main des foldats Ro<
mains. Là des faerificateurs fe tailladaient
le corps , comme firent depuis les Prêtres de
Bellone : ici ilsfç faifaient eunuques, comme
les Prêtres de Cibele»
ET DE LA CIRCONCISION. 157
Ce n'eft point du tout par un principe de
fanté que les Ethiopiens , les Arabes , les E-
gyptiens fe circoncirent. On a dit qu'ils a^
vaient le prépuce trop long. Mais fi on peut
juger d'une nation par un individu , j'ai vu
un jeune Ethiopien , qui né hors de fa patrie
n'avait point été circoncis ; je peux affurer
que fon prépuce était précisément comme les
notres. •
Je ne fais pas quelle nation s'avifa la pre
miere de porter en proceffion le Kteis & le
Phallum , c'eft-à-dire la repréfentation des li
gnes diftinctifs des animaux mâles & femel
les ; cérémonie aujourd'hui indécente, autre
fois facrée. Les Egyptiens eurent cette cou
tume; on offrait aux dieux des prémices; on
leur immolait ce qu'on avait de plus précieux.
Il paraît naturel & jufte que les Prêtres of-
friffent une légere partie de l'organe de la
génération à ceux par qui tout s'engendrait.
Les Ethiopiens, les Arabes circoncirent aulït
leurs filles , en coupant une très-légere partie
des nymphes ; ce qui prouve bien que la fan-
té ni la netteté ne pouvaient être la raifon de
i58 DES RÎTES ÉGYPTIENS, Äc.
cette cérémonie ; car allurement une fille in>
circoncife peut être aufli propre qu'une eir-
concife.
Quand les Prêtres d'Egypte eurent confa-
cré cette opération , leurs initiés la fubirent
aufli ; mais avec le temps on abandonna aux
feuls Prêtres cette marque diftinftive. On nç
voit pas qu'aucun Ptolomée fe foit fait cir
concire , & jamais les auteurs Romains ne
flétrirent le peuple Egyptien du nom d''Apel
la qu'ils donnaient aux Juifs. Ces Juifs a-
vaient pris la circoncifion des Egyptiens avec
une partie de leurs cérémonies. Ils l'ont tou
jours confervée , ainfi que les Arabes & les
Ethiopiens. Les Turcs s'y font foumis, quoi
qu'elle ne foit pas ordonnée dans l'Alcoran*
Ce n'eft qu'un ancien ufage qui commença
par la fuperftition, & qui s'eft confervé par
la coutume.
DES MYSTERES DES EGYPTIENS. 159
. CHAPITRE XXIIL
DES MYSTERES
DES EGYPTIENS.
CHAPITRE XXIK
DES GRECS,
DE LEURS ANCIENS DELUGES,
DE LEURS ALPHABETS,
ET DE LEUR GENIE.
>
.h .; #/qK»
J7¡í DES LEGISLATEURS
С U AP IT RE Xxk.
DES ,LE<S№ATEUftS GRECS,
;/
DE MINOS, D'O R P НЕЕ,,
DE L'IMMORTALITE DE L'AME.
CHAPITRE XXVI.
Ms
,ja DEZALEUCUS,
CHAPITRE XXVII.
DE ZALEUCUS
ETDE QUELQUES AUTRES
LE GISLATEURS.
CHAPITRE XXVIII.
DE.BACCHUS.
xLxcepté les .fables vifiblement allégoriques,»
comme celle desMufes, de Vénus, des Gra
ces , de l'Amour , de Zéphire & de Flore , &
quelques-unes de ce genre , toutes les autres
font un ramas de contes qui n'ont d'autre mé
rite que d'avoir fourni de beaux vers à Ovi
de & à Quinaut , & d'avoir exercé le pin-,
ceau de nos meilleurs peintres ; mais il en eft
une qui paraît mériter l'attention de ceux qui
aiment les recherches de l'antiquité , c'eft la
fable de Bacchus.
Ce Bacchus , ou Back , ou Backos , ou
Dionifios , fils de Dieu , a-t-il été un perfon-
nage véritable ? Tant de nations en parlent
ainfi que d'Hercule : on a célébré tant d'Her
cules & tant de Bacchus difFérens , qu'on
peut fuppofer qu%en effet il y a eu un Bacchus
àînû qu'un Hercule,
188 DE B A C C H U S.
Ce qui eft indubitable, c'eft que dans l'E
gypte , dans l'Afie & dans la Grece , Bac-
chus ainfi qu'Hercule était reconnu pour un
demi- Dieu, qu'on célebrait leurs fêtes, qu'on
leur attribuait des miracles , qu'il y avait des
myfteres inftitués au nom de Bacchus avant
qu'on connût les livres Juifs.
On fait affez que les Juifs né communi
querent leurs livres aux étrangers que du tems
de Ptolomée Philadelphie , environ deux cens
trente ans avant notre Ere. Or avant ce
tems l'Orient & l'Occident retentiflaienc des
Orgies de Bacchus. Les vers attribués à l'an
cien Orphée célebrent les conquêtes & les
bienfaits de ce prétendu demi -Dieu. Sort
hiftoire eft fi ancienne que les Peres de l'E-
glife ont prétendu que Bacchus était Noé,
par ce que Bacchus & Noé paffent tous deux
pour avoir cultivé la vigne.
Hérodote en raportant les anciennes opi
nions dit que Bacchus était un Egyptien éle
vé dans l'Arabie - heureufe. Les vers Orphi
ques difent qu'il fut fauvé des eaux dans un
petit coffre , qu'on l'appell» Mifem en mé
DE BACCHUS, 189
moire de cette avanture, qu'il fut inftruit des
fecrets des Dieux , qu'il avait une verge qu'il
changeait en ferpent quand il voulait , qu'il
pafla la mer rouge à pied fec , comme Her
cule pafla depuis dans fon gobelet le détroit
de Calpé & d'Abila; que quand il alla dans
les Indes , lui & fon armée jouïffaient de la
clarté du foleil pendant la nuit , qu'il tou
cha de fa baguette enchantereffe les eaux
du fleuve Oronte & de l'Hidafpe , & que
ces eaux s'écoulerent pour lui laiffer un paf-
fage libre. Il eft dit même qu'il arrêta le
cours du foleil & de la lune. . Il écrivit fes
loix fur deux tables de pierre. Il était an
ciennement repréfenté avec des cornes ou
des rayons qui partaient de fa tête.
\ Il n'eft pas étonnant après cela que plu-
fieurs favans hommes, & furtout Bochart &
Huet dans nos derniers tems , ayent préten
du , que Bacchus eft une copie de Moïfe &
de Jofué. Tout concourt à favorifer la ref-
femblance : car Bacchus s'appellait chez les
Egyptiens Arfaph , & parmi les noms que
ks Peres ont donnés à Moïfe on y trouve
celui d'Ofafirph.
m D Ë B A CCHU'S.
Entre ces deux hiftoires qui parahîenc
femblables en tant de points , il n'eft pas
douteux que celle de Mo'ïfe ne foit la véri
té , & que celle de Bacchus ne foit la fable*
Mais il paraît que cette fable était connue
des nations longtems avant que l'hiftoire de
Moïîe fût parvenue jufqu'à elles. Aucun au
teur Grec n'a cité Moïfe avant Longin qui
vivait fous l'empereur Aurélien; & tous a-
vaient célébré Bacchus.
Il paraît inconteftable que les Grecs ne
purent prendre l'idée de Bacchus dans le li
vre de la loi Juive qu'ils n'entendaient pas,
& dont ils n'avaient pas la moindre connaif»
fance, livre d'ailleurs fi rare chez les Juifs
mêmes , que fous le roi Jofias on n'en trou
va qu'un feul exemplaire; livre prefqu'entié-
rement perdu pendant l'efclavage des Juifs
tranfportés en Caldée & dans le refte de l'A-
fie; livre reftauré enfuite par Efdras dans les
tems floriflans d'Athenes , & des autres ré
publiques de la Grece ; tems où les myfte-
res de Bacchus étaient déja inftitués.
Dieu permit donc que l'efprit de men
* DE BACCHU3. 191
fonge divulguât les abfurdités de la vie de
Bacchus chez cent nations, avant que l'efpric
de vérité fit connaître la vie de Moïfe à
aucun peuple excepté aux Juifs.
Le favant Evêque d'Avrancîie frappé de
cette étonnante reiTemblance , ne balança pas
à prononcer que Moïfe était non-fëulemenc
Bacchus , mais le Thaut, l'Ofiris des Egyp
tiens. Il ajoute même (*), pour allier les
contraires, que Moïfe était auffi leur Ty
phon , c'eft-à-dire, qu'il était à la fois le
bon & le mauvais principe , le prote#eur
& l'ennemi , le Dieu & le Diable reconnu
en Egypte.
Moïfe , felon ce favant homme , eft le
même que Zoroaftre. Il eft Efculape , Am-
phion» Apollon , Faunus , Janus , Perfée,
Romulus , Vertumne , & enfin Adonis &
Priape. La preuve qu'il était Adonis, c'eft
que Virgile a dit :
Et firmofus mes ad flumim pavit Adonis.
Et le bel Adonis a gardé les moutons.
Or Moïfe garda les moutons vers l'Ara-
(*) Propofition 4. pag. 79 & 87.
i9» Ы BACCHUS,
bie. La preuve qu'il était Priape eft encof
meilleure : c'eft que quelquefois on repréfen*
tait Priape avec un Ane , & que les Juifs
paflerent pour adorer un Ane. Huet ajoute
pour derniere confirmation , que la verge de
Moïfe pouvait fort bien être comparée au
Sceptre de Priape :
Sceptrum Priapo tribuitur , virga Mofi.
CHA
DES r ME TAMQRPHÛSES Sic jm
DES MÉTAMORPHOSES
.'r ."; ÇEM2\ LES GRECS,,
'.r.1.RECCÈiLLIES
.; ..:...' , t.. . PAR pyiDE.
( ^
L1 ^:.i.":; '• '..:... .! ' . »';... yj
'opinion^ de la migration ^satnes con-
^duk.nattveljement aux Métamorphofes, cpra*
me nous. l'avons* déja vu. Toute idée .qui
frappe l'imagination & qui l'aniufe, Vétend
bientôt par tout le monde. Dès que vous
m'avez perfuadé que mon ame peut entrer
dans le cprps d'un cheval, vous n'aurez pa£
pe .pejne. à me faire croire que mon co/pè
$e.ut.être changé en cheyal auffi, . .. ,
Les Métamorphoses recueillies par. Pyi-
de, dont nous avons . déja dit un tnpt ,. rie
^devaient point du. tout jétonser pn Pitago»
.riçien., vm Brame^ un Caldden.,.uti £$)'$>•
X94 DES MÉTAMORPHOSES
tien. Les dieux s'-étajcnt changés en anî-
maux dans l'ancienne Egypte. Derceto é«
tait devenue poiflbn en Syrie ; Sémiramis
avait été changée en colombe à Babylone.
Les Juifs dans des temps très - poftérieurs é-
criyent que Nabucodonofor fut changé en
bœuf, fans compter la femme de Loth tranf-
formée en ftatue de fel. N'eft-ce pas mê*
me une métamorphofe réelle .quoique paflà-
gere , que toutes les apparitions des dieux
&des génies fous la forme humaine ?
» Un Dieu lie peut gueres fè communl-
*quer à nous qu'en fe métamorphofant eft
homme. Il eft vrai que Jupiter prit la fi
gure d'un beau cygne pour Jouît de Lédà,
Mais ces cas font rares ; & dans toutes lei
religions la divinité prend toujours la figurée
humaine quand elle vient donner des or-
cires. Il ferait difficile d'entendre la voix
des dieux s'ils fe préfentaient à hbu's e'h oui*
où en crocodiles.
r Enfin les dieux fè métamoTpriofefefff pfef-
que partout ; & dés que nous fumés 'Mtruits
des feerets de la magie, nous nous métamor»
CHEZ LES GRECS, &c. ns
phofâmss nous» mêmes. Plufieur* perfqp-
nes dignes de foi fe changerent en loups,
Le mot àf laup-garou attefte eqcof paojii
nous cette Métarnorphofe.
Ce qui aide beaucoup à croire. toutes c<?s
tranfmutations & tous le» prodiges de cetps
efpece, c'eft qu'on ne peuç prouver ffl. faf-
me leur in^orlibilité. Qn n'a nul argumejtf ù
pouvoir alleguera quiconque v«us dira, Un
Dieu vint hier chez moi fous la figitf? rf'#
beau jeune -homme , & ma fille accouchera
dans neuf mois d'un bel enfant que le Dieu a
daigné lui faire* J^fon frere qui a ofé en dou
ter a été changé en loup > il court & heurle
actuellement dans les bois. Si la fille accou
che en effet , fi l'homme devenu loup vous
affirme qu'il a fubi en effet cette métamor-
phofe , vous ne pouvez démontrer que la
chofe n'eft pas vraye. Vous n'auriez d'au»
tre refiource que d'afligner devant les Juges
le jeune homme qui a contrefait le Djeu , &
fait l'enfant à la Demoifelle , qu'à faire ob*
ferver l'oncle loup - garou , &à prendre des
témoins de fon impofture } mais la famille
N 8
1рб DÈS ME'TAMORPHOSES <ic
ne s'expofera pas à cet examen ; elle vous
foutiendra avec les Prêtres du canton que
vous êtes un profane & un ignorant ; ils
vous feront voir que puisqu'une chenille efl
changée en papillon , un homme peut tout
auffi aifément être changé en bête ; & fi
vous difputeï vous ferez déféré à l'inquifi-
tion du pays comme un impie qui ne croie
ni aux loups -garotix, ni aux dieux qui en-
groiTent les filles.
, - -' г - - > . :- . - ' . ' .. ;
, . '
.
•'л "о *
D.E L'IDOLATRilE. 197
DES O RAC L E S.
W eft évident: qu'on ne peut favoir l'avenir,
parce qu'on ne peut favoir ce qui n'eft pas;
mais il.eft clair auflî qu'on peut conjecturer
un événement. ; .'.'. ' .; » 1
Vous voyez une armée nombréufe & dif-
cipliieée conduite par un chef habile , s'avan
cer dans un lieu avantageux, contre un capi.
taine imprudent fuivi de peu de troupes mal
armées, mal poftées, <& dont vous favez
que la moitié Jç trahit, vous pjédifez que. ce
capitaine fera battu.
Vous avez remarqué qu'un jeune homme
& une fille s'aiment éperduement ; vous les
avez obfervés fortans \'m & l'autre de la mai*
fon paternelle ; vous annoncez que dans peu
cette fille fèr» enceinte ; vous ne vous trom,
pc& gueres. Toutes les prédirons fe rédui*
fejjt au calcul des probabilités. Il n'^ a done
D E 8 .OR ÀCLE& s©s
point de nation chez laquelle on n'ait faitdej
prédirions qui fe font en effet: accomplies.
La plus célebre , la plus confirmée eu celle
que fit ce traître Flavian Jofeph à. Vefpafien'
& Titus fon fils , vainqueurs des Juif». . il
voyait Vefpafien & Titus adorés. des armées
.Romaines dans l'Orient , & Nérpn déteft^
de tout l'empire. Il ofe , pour gagner Ie#
bonnes graces de Vefpafien , lui prédire a^t
nom du Dieu des Juifs (*) que lui & fon fils
. feront empereurs. Ils le furent en effet ; maiâ
if eft évident que Jofeph ne rifquait rien» Si
Vefpafien fuccombe un jour en prétendant à
l'empire.,: il n'eft pas en état de punir Joy
feph} s'il eft empereur t il le recompenfe, &
tant qu'il ne regne pas il efpere .regner. Vef»
pafien fait.■dire à ce Jofeph que s'il :eft .pro>
phête il .devait avoir prédit la, prife.de Jota>
pat qu'il avoit en vain défendue contre .l'af>
mée Romaine. Jofeph répond qu'en .effet . il
l'avait prédite, ce qui n'était pas bien fur*
prenant; quel commandant en fouteflant utt
.vr.. .;..!'';.! :. ....,.>:. .. . /. \ .,.; ; .,~j ._ .
;.<*) Jofeph liv. 3. ch. 2.8, _ „:....„..
2ôd DES 0 R A CL ES.
fiége dans une petite place contre une gran
de armée ne prédit pas que la place fera
prhe?
H n'était pas bien difficile de fentir qu'on
pouvait s'attire* le tefpeft & l'argent de h
multitude en faifant le prophète ', & que la
crédulité du. peuple devait être le revenu de
quiconque fauraic le tromper. Il y eut par
tout des devins i mais ce h etait pas aflez dfc
ne prédire qu'en fon prqpre nom ; il fàlait
parler au nom "de 'la divinité; & depuir las
prophètes de l'Egypte q&i j'appellaient lea
Voyans , jufqu'à Ulpius prophête du rnignoft
de l'empereur Adrien devenu Dieu , il y eut
un nombre prodigieux de charlatans facsés,
qui firent parler les ©ta pour Te moquer
des hommes. On fait aflea comment ils pou
vaient réuffir , tantôt par une réponfe ambi
gue qtfils expliquaient enfûite comme il? vou
laient , tantôt en corrompant des domeft*-
ques, en ^informant d'eux fecretteiqent àti
avantures des dévots qui venaient les confut-
ter. Un idiot était tout étonné qu'un four
be lui dît de la part de Dieu ce qu'il avait fait
de plus caché.
DES ORACLES, fio?
Ces prophêtes paflaient pour favoîr le paf-
re* , le préfettt & l'avenir } c'cft Pétoge
qu'Homere fait de Calchas, Je M'ajouterai
tien ici à ce que le favant Vandale , & le ju*
dicieux Fontenelle fon rédafteur, ont dit
des Oracles. Ils ont dévoilé avec fagaiité
des fiecles de fourberie; & le Jéfuitt fealthut
"montra bien peu de fens , ou beaucoup de
înalignité, quand il foutitit contre eux la vé-
rite- des Oracles païens, par les principes di
fa felîgion Chrétienne. Cétait réellement
faire à Dieu une injure, de prétendre que ce
Dieu de bonté & de vérité , eût lâché left
diables de l'enfer, pour venir faire far la ter*
re ce qu'il ne fait pas lui-même, pour rendre
des oracles. '
Ou ces diable* diâîent vrai , & en ce Ш
Íl était ifflpoffible de ne les pas croire ; aï
Dieu lui-même apuyant toutesfes (¿áflüs re
ligions par des miracles - journaliers ¡' jettiiÉ
îiïbmême l'ianivers entre les bras de fes erme*
bis: Ou ils difaient faux; ai en ce Cas,
Dieu déchaînait les diables pour trorriper tous
îes hommes, il n'y a peut-être jamais eu d'c*
pinion plus abfurde,
2P8 PESOR A, CL$4.
L'Oracle le plus fameux fui celui de Ç>et-
phe. On choifit d'abord de jeunes filles inr
nocentes, comme plus propres que les autre«
à être infpirées , с eft à-dire, à proférer dç
bonne foi le galimatias que les Prêtres leuj:
diélaient. La jeune Pythie montait fur un
trépied pofé dans l'ouverture d'un trou dont
Ц fortait une exhalaifon prophétique. L'Ef?
prit Divin entrait fous la robe de la Pythie
par un endroit fort humain ; mais „depuis
qu'une jolie Pythie fut enlevée, par гщ. dévot,
on prit des vieilles pour, faire le métier : $-je
crois que c'eft la raifon pour laquelle l'oracle
de Delphe commença à perdre beaucoup de
fon. crédit, -- /.;-[-,;.- :;^ . . " -' -_:
Les divinations, les augures, étaient de|
efpeces d'oracles , & font, je- crois, d'une
plus haute antiquité; car il falait bien des ce?
rémonies, bien du temps pour achalander un
oracle divin qui ne pouvait fe paiTer de tem
ple & de Prêtres ; & rien n'était plus.!aifé que
de djre Ja bonne avanture dans les carre?
fours. Cet .art fe fubdivifa en mille façons }
çn. prédit par le vol des oifeaux, par Je foye
.' * ' / dee
DES .0 R At LES, £0£
des rrioutons , par les plis formés dans la
paume de la main , par. des cercles tracé*
fur la terre , par l'eau , par le feu > paf da
petits cailloux, par des baguettes, par tout
Ce qu'on imagina, & foulent même paf un
pur enthoufiafme qui tenait lieu de toutes les
regles. Mais qui fut celui qui intenta ceÉ
art ? ce fut le premier fripon qui rencontra
un imbécile. : ."...' . :'. cj : ... . :
La plupart des prédictions étaient commd
celles de l'almanach de Liege. Un grand
mourra , // y aura des naufrages. Un Juge
de village mourait.' il dans l'année ? c'était,
pour Ce village le grand dont la mort était
prédite: une barque de pêcheurs était -elle
fubmergée ? voilà lès grands naufrages an*
noncés. L'auteur de l'almanach de Liege
eft un forcier; foit que fes prédirions foienc
accomplies , foit qu'elles ne le foient pas ; car
fi quelque événement les favorife, fa magie
eft démontrée : fi les çvénemens font con
traires , on applique la prédiÉlion à tou-
te. autre ûhofe , & l'aliégoris le tire d'af
faire. ! i . ... J :''- :.- .... .1 i
O
aïo DES ORACLES.
L'almanach de Liege a dit qu'il vien
drait un peuple du Nord qui détruirait tout ;
/.
ce peuple ne vient point ; mais un vent du
Nord fait geler quelques vignes, c'eft ce qui
a été prédit par Matthieu Lansberge. . Quel
qu'un ofe-t- il douter de fon favoir ? aufii-
tôt les colporteurs le dénoncent "comme un
mauvais citoyen, & les aftrologues le trai
tent même de petit elprit, & de méchant
raifonneur.
Les Sunnites Mahométans ont beaucoup
employé cette méthode dans l'explication du
Koran de Mahomet. L'étoile Aldebaram
avait été en grande vénération chez les A-
rabes , elfe fignifie l'oeil du taureau ; cela vou
lait dire que l'œil de Mahomet éclairerait les
Arabes , & que comme un taureau il frape-
rait fes ennemis de fes cornes.
L'arbre Acacia était en vénération dans
l'Arabie , on en faifait de grandes haies qui
préfervaient les moiflbns de l'ardeur du fo-
leil ; Mahomet eft l'Acacia qui doit couvrir
la terre de fon ombre falutaire. Les Turcs
fenfés rient de ces bêtifes fubtiles ; les jeu
©ES ORACLES. '%h
ries femmes n'y penfent pas ; les vieilles dé
votes y croyent ; & celui qui dirait publi
quement a un derviche qu'il enfeigne des
fotilès j courrait rifque d'être empalé. Il y
a eu des favans qui ont trouvé l'hiftoire de
leuf tems dans l'Iliade & dans l'Odyflee ;
mais ces favans n'ont pas fait la même for
tune que les commentateurs de l'Alcoran.
La plus brillante.. fonéHon des oracles fut
d'affurer la vidtoire dans la guerre. Chaque
armée, chaque nation avait fes oracles qui
lui promettaient des triomphes. L'un des
deux partis avait reçu infailliblement un ora
cle véritable. Le vaincu qui avait été trom
pé attribuait fa défaite à quelque faute corn-
mife envers les Dieux après l'oracle rendu ;
il efpérait qu'une autrefois l'oracle s'accom
plirait. Ainfi prefque toute la terre s'eft
nourrie d'illufion. Il n'y eut prefque point
de peuple qui ne confervât dans fes archi
ves , ou qui n'eût par la tradition orale ,
quelque prédiction qui l'affurait de la con
quête du monde, c'efl:- à - dire , des nations
voifines; point de conquérant qui n'ait été
Oi
»12 DES ORACLES.
prédit formellement , auffi - tôt après fa con
quête. Les Juifs mêmes, qui enfermés dans
un coin de terre prefque inconnu entre l'An-
ti-liban, l'Arabie-déferte & la pétrée, efpé-
rerent comme les autres peuples d'être les
maîtres de l'univers , fondés fur mille oracles
que nous expliquons dans un fens myffique ,
& qu'ils entendaient dans le fens littéral.
DES S I В Y L L E S &c. 213
CHAPITRE XXXII.
DES SIBYLLES
CHEZ LES GRECS",
ET DE LEUR INFLUENCE
- îSb№
vHÜ^
»24 ÖESMIRACLES.
CHAPITRE XXXÏIL
, , „ . ...-
-DE S MIRACLES,
mam
Ф
DESTEMPLES. 233
CHAPITRE XXX IK
DÍS TEMPLES. .
CHAPITRE XXXV.
DE LA MAGIE.
. . ©
<*4
24S DES VICTIMES
'J ' \ ' ' ' "" '"
CHAPITRE ХХХГ1.
{)ES VICTIMES,
H U; M A I N E S,
Les hommes auraient été trop heureux
s'ils n'avaient été que trompés; mais le.
temps qui tantôt corrompt les ufages , &
tantôt les reóiifie, ayant fait couler le fang
des animaux fur les autels, des Prêtres bour
chers accoutumés au fang., payerent des ani-.
maux aux hommes ; & la fuperftition fille,
dénaturée de la religion s'écarta dela pureté,
de fà. mere, au point de forcer les hommes
à immoler leurs propres enfans , fous prétexr
te qu'il falait donner à Dieu ce qu'on avait
de plus, cher.
Le premier facrifice de cette nature , fi
l'on, en croit les fragmens de Sanchoniaton,,
fut celui de Jéhud chez les Phéniciens , qui
fjut immolé par fpn père Hjllu, enyiron 2000.
ans avant notre Ere. C'était un temps où Ц
grands Etats étaient déja établis , où la Sirie ,
P P M. A î N E a 24.5?
fe Caldée, l'Egypte étaient très-floriflançes,
$. déja, dit Hérodote , on noyait une fille
dans le Nil , pour obtenir de ce fleuve un
plein débordement , qui ne fût ni tçop. fort ,
ni trop faible.
Ces abominables holocauftes s'établirent
dans prefque toute la terre. Paufanias |pré-
tend que Licaon immola le premier des vic
times humaines en Grece. Il falait bien que
cet ujage fût reçu du temps de la guerre de
Troye, puis qu'Homere fait immoler par A-.
çhille. douze. Troyens à l'ombre de Patrocle.
Homere eût - il ofé dire une cholè fi horri
ble? n'aurait -il pas craint de révolter tous
fes lecteurs, fi de. tels holocauftes n'avaient
pas été en ufàge?
Je ne parle pas du facrifice d'Iphigénie &
de celui d'Idamante fils d'Idoménée : vrais
ou faux ils prouvent l'opinion régnante. On
ne peut gueres révoquer en doute que les.
Scythes de laTauride.immolaflènt des étran.-.
gers.
Si nous defcendons à des temps plus mo-
djerjies, les Ty riens. & les Carthaginois, dans;
j5o DES VICTIMES
les grands dangers, facrifiaient an homme k
Saturne. On en fit autant en Italie ; & les
Romains eux-mêmes qui condamnerent ces
horreurs, immolèrent deux Gaulois & deux
Grecs pour expier le crime d'une Veftaîe.
Ceft Plutarque qui nous l'apprend dans (es
qoeftions fur les Romains.
Les Gaulois , les Germains eurent cette
horrible coutume. Les Druides brûlaient des
victimes humaines dans de grandes figures
à ofier : des forcieres chea les Germains en
gorgeaient les hommes dévoués à la mort , &
jugeaient de l'avenir par h plus ou le moins
de sapidité du fàng qui coulait de la blelTure.
je crois bien que ces facrifices étaient ra
res : s'ils avaient été fréquens, fi on en avais
fait des fêtes annuelles, fi chaque famille a*
vait eu continuellement à craindre que les
Prêtres vinfiènt choifir la plus belle fille, ©a
îe fils aîné de la maifbn pour lui arracher le
cœur fàtntement fur une pierre confacrée»
on aurait bientôt fini par immoler les Prêtres
eux - mêmes. Il eft très- probable que ces
faints parricides se & commettaient ose dan»
H U M A I N E S. i5t
une néceffité prenante, dans les grands dan
gers où les hommes font fiibjugués par la
crainte, & où la fauffe idée de l'intérêt pu
blic forçait l'intérêt particulier à le taire.
Chez les Brames, toutes les veuves ne fe
brûlaient pas toujours fur les corps de leurs
maris. Les plus dévotes & les plus folles fi
rent de temps immémorial, & font encor
cet étonnant facrifice. Les Scythes immole
rent quelquefois aux mânes de leurs Kans les
officiers les plus chéris de ces princes. Hé
rodote dit qu'on les empalait autour du cada
vre royal , mais il ne paraît point par l'hif-
toire que cet ufage ait duré longtems.
Si nous lifions l'hiftoire des Juifs écrite
par un auteur d'une autre nation , nous au
rions.peine à croire qu'il y ait eu en effet un
peuple fugitif d'Egypte , qui foit venu par
ordre exprès de Dieu immoler fept ou huit
petites nations qu'il ne connaiflait pas, égor
ger fans miféricorde toutes les femmes, les
vieillards & les enfans à la manimelle , & ne
réferver que les petites filles ; que ce peuple
feint ait été puni de fon Dieu quand il avait
95* DES VICTIMES
été affez criminel pour épargner un feul nom*
me dévoué à l'anathême. Nous ne croirions
pas qu'un peuple fi abominable eût pu exif-
ter fur la terre. Mais comme cette nation
elle-même nous raporte tous ces faits dans fes
livres faints , il faut la croire.
Je ne traite point ici la queftion fi ces li
vres ont éte infpirés. Notre fainte Eglife qui
a les Juifs en horreur, nous apprend que les
livres Juifs ont été dictés par le Dieu Créa
teur & pere de tous les hommes ; je ne puis
en former aucun doute , ni me permettre
même. le moindre raifonnement.
Il eft vrai que notre faible entendement
ne peut concevoir dans Dieu une autre fa-
geffe, une autre juftice , une autre bonté.
que celle dont nous avons l'idée; mais enfin ,
il a fait ce qu'il a voulu ; ce n'eft pas à nous
de le juger; je m'en tiens toujours aufimple.
hiftorique. . .
Les Juifs ont une loi par laquelle il leur
effc expreflement ordonné de n'épargner au
cune chofe, aucun homme dévoué au Sei-.
gueur. Qn. r\c pourra le. racheter, il faut qu'if;
H U M A I /N fc a 25§
fmeurè , dit la loi. du I^évitique au Chap. 27.
C'eft en vertu de. cette loi qu'on voit Jephté
immoler là propre fille, le Prêtre Samuel cou
per en morceaux le Roi Agag. Le Penta-
teuque nous die que dans le petit pays de
Madian, qui eft environ de neuf lieues quar- »
rées, les Ifraélites ayant trouvé fis cens foi
xante & quinze mille brebis , foixante &
douze mille bœufs, foixante & un mille ânes,
& trente -deux mille filles pucelles , Moïfe
commanda qu'on maflacrât tous les hommes ,
toutes les femmes , & tous les enfans , mais
qu'on gardât les filles, dont trente -deux feu
lement furent immolées. Ce qu'il y a de re
marquable dans ce dévouement , c'eft que ce
même Moïfe était gendre du grand Prêtre
des Madianites Jéthro, qui lui avait rendu
les plus fignalés fervices, & qui l'avait com*
blé de bienfaits.
Le même livre nous dit que Jofué, fils de
Nun , ayant pafie avec fa horde la riviere du
Jourdain à pied fec , ayant fait tomber au fort
des trompettes les murs de Jérico dévoué [à
l'anathême, il fit périr tous les habitans dans
454 D EIS1V 1CTIMES&,
les flammes, qu'il confera feulement Rahab
la paillarde & fa famille, qui avait caché les
efpions du faint peuple i que le même Jofué
dévoua à la mort douze mille habitans de la
ville de Haï , qu'il immola au Seigneur trente
& un rois du pays, tous foumis à l'anathê-
me, & qui furent pendus. Nous n'avons
rien de comparable à ces aflaffinats religieux
dans nos derniers temps, fi ce n'eft peut-être
la St. Barthélemi & les maflàcres d'Irlande.
Ce qu'il y a de trifte, c'eft que plufieurs
perfonnes doutent que les Juifs ayent trouvé
fix cens foixante & quinze mille brebis, &
trente -deux mille filles pucelles dans le villa
ge d'un défert au milieu des rochers , & que
perfonne ne doute de la St. Barthélemi. Mais
ne ceflbns de répéter combien les lumieres de
notre raifon font impuiffantes pour nous é«
clairer fur les étranges événemens de l'anti.
quité, & fur les raifbns que Dieu , maître
de la vie & de la mort, pouvait avoir de
choifir le peuple Juif pour exterminer le peu
ple Cananéen.
DES MISTERES &c. t$5
CHAPITRE XXXPIL
DES MISTERES
DE CÉRÈS ELEUSINE.
R*
аб+ - D Е S . J У I F S.
CHAPITRE XXXFIII,
DES JUIFS,
AU TEMS OÙ ILS COMMENCERENT
Л ÊTRE CONNUS.
* !
к;- :u
a<58 DES JUIFS &c.
C H APITR E XXXIX. :.
CHAP IT R E XL.
- Ö E MO Y S E.
CONSIDERE' SIMPLEMENT
COMME CHEF D'UNE NATION*
tí Ë M O t S È. Щ
pis un ârbufte , fans aucun ruifleau , farts
fources , excepté quelques petits puits d'eaii
íaléel Les Cananéens od Phéniciens für le
bruit de cette irruption d'tiri peuple étran
ger viennent le battre dans ces déièrts verá
Çadésbarné; Comment fe laiiTe-t-il battre à
la tête de fix cens mille foldats , dans un pays
qui ne contient pas aujourd'hui trois mille
habitans ? Au bout de trente - neuf ans il
remporte deux viftoires ; mais il rie remplie
aucun objet de fa légiflatiori: lui & fon peu
ple meurent avant d'avoir mis le pied dans
le pays qu'il Voulait fubjuguér.' .
Un légiilateur felon nos notions comriiu-
ftes doit fe faire aimer & craindre ; mais il
fie doit pas poúifer la févérité jufqu'à la bar
barie ; il ne doit pas , au lieu d'infliger par
lés miniftres de la loi quelques fùplices aux'
Coupables, faire égorger äu hazard une gran
de partie de fà nation par l'autre.
Se pourrait- il qu'à l'âge de près de fix-
vingt ans , Moïfe n'étant conduit que par
lui-même ,-' eût été' fi inhumain" ,'fi endurci aü'
¿arnage y qu'il eût commandé xùi Lévïièi
fi74 DE M O Y SE.
de maflacrer , fans diftinction , leurs frere»
jufqu'au nombre de vingt trois mille , pour
la prévarication de fon propre frere, qui de
vait plutôt mourir que de faire un veau pour
être adoré ? Quoi ! après cette indigne
action fon frere eft grand Pontife , & vingt-
trois mille hommes font maffacrés.
Moïfe avait époufé une Madianite , fille
de Jétro grand Prêtre de Madian , dans l'A
rabie -pétrée;. Jétro l'avait comblé de bien
faits : Il lui avait donné fon fils pour lui fer-
vir de guide dans les déferts ; par quelle
cruauté oppofée à la politique ( à ne juger
que par nos faibles notions ) Moïfe aurait-il
pu immoler vingt -quatre mille hommes de
fa nation , fous prétexte qu'on a trouvé un
Juif couché avec une Madianite ? Et com
ment peut-on dire , après ces étonnantes bou
cheries , que Moïfe était le plus doux de tous
les hommes ? Avouons qu'humainement par
lant ,' ces horreurs révoltent la raifon & la
nature. Mais fi nous confidérons dans Moïfe
le miniftre des deflèins & des vengeances
de Dieu , tout change alors à nos yeux ; ce
DE MOYSE, 27^
fl'efl point un homme qui agit en homme,
c'eft l'inftrument de la Divinité , à laquelle
nous ne devons pas demander compte. Nous
ne devons qu'adorer & nous taire.
Si Moïfe avait inftitué fa religion de lui-
même, comme Zoroaftre, Thauth, les pre
miers Brames , Numa , Mahomet , & tant
d'autres , nous pourrions lui demander pour
quoi il ne s'eft pas fervi dans la religion
du moyen le plus efficace & le plus utile
pour mettre un frein à la cupidité & au cri
me ? pourquoi il n'a pas annoncé expref-
fément l'immortalité de l'ame , les peines
& les récompenfes après la mort , dogmes
reçus dès longtemps en Egypte, en Phéni-
cie , en Méfopotamie , en Perfe , & dans
l'Inde? „ Vous avez été inftruit, lui di-
„ rions- nous , dans la fageffe des Egyp-
„ tiens, vous êtes légiflateur , & vous né-
„ gligez abfolument le dogme principal des
„ Egyptiens, le dogme le plus néceffaire aux
„ hommes, croyance fi faiutaire & fi fainte,
„ que vos propres Juifs , tout groffiers qu'ils
„ étaient, l'ont embraflee longtemps après
S 2
276 DE M O Y S E.
,j vous ; du moins elle fut adoptée en par*-
„ tie par les Eiïeniens & les Pharifiens au
» bout de mille années*
. Cette objection accablante contre un légîfi
lateur ordinaire , tombe & perd , comme on
voit , toute fa force quand il s'agit d'une loi
donnée par Dieu même, qui ayant daigné
être le Roi du peuple Juif, le punùTait & le
réeompenfait temporellement , de qui ne
voulait lui révéler la cormaiffance de l'im
mortalité de l'ame , & les fuplices éternels
de l'enfer j que dans les temps marqués par
fes décrets. Prefque tout événement pure
ment humain chez le peuple Juif eft le com
ble de l'horreur. Tout ce qui eft divin efl
au deflus de nos faibles idées. L'un & l'au
tre nous réduifent toujours au filence.'
Il's'eft trouvé des hommes d'une fcieûce
profonde qui ont pouffé le pyrrhonifme de-
. l'hiftoire jufqu'à douter qu'il y ait eu un.
Moïfe; fa vie qui eft toute prodigieufe de
puis fon berceau jufqu'à fon fëpulehre , leur
a paru une imitation des anciennes fables A-
rabes 3 & particulièrement de celle de l'anciea
D E M О Y S E. 277
Bacchus. * Ils ne favent en quel temps pla
cer Moïfe ; le nom même du Pharaon ou
Roi d'Egypte fous lequel on le fait vivre,
eft inconnu. Nul monument , nulle trace ne
nous refte du pays dans lequel on le fait vo
yager. Il leur paraît imponible que Moïfe
ait gouverné deux ou trois millions d'hom
mes pendant quarante ans dans des déferts
inhabitables, où l'on trouve à peine aujour
d'hui deux ou trois hordes vagabondes qui
ne compofent pas trois à quatre mille hom
mes. Nous fommes bien loin d'adopter ce
fentiment téméraire qui fapperait tous les
fondemens de l'hiftoire ancienne du peuple
Juif. :
Nous n'adhérons pas non plus à l'opinion
d'AbenEfra, de Maimonide, de Nugnès,
de l'auteur des cérémonies judaïques; quoique
le done Le Clerc, Midleton, les favans con
nus fous le titre de Théologiens de Hollan
de , & même le grand Neuton , ayent for
tifié ce fentiment. Ces illuftres favans pré-,
tendent que ni Moïfe , ni Jofué ne purent.
S3
* Voyez l'article Bacchus,
i7» D E M O Y S E.
écrire les livres qui leur font attribués : ils
difent que leurs hiftoires & leurs lois au
raient été gravées fur la pierre , fi en effet
elles avaient exiûé ; que cet art exige des
foins prodigieux, & qu'il n'était pas poffible
de cultiver cet art dans des déferts. Ils fe;
fondent , comme on peut le voir ailleurs ,
fur des anticipations, fur des con traditions
apparentes. Nous embraffons contre ces
grands hommes , l'opinion commune , qui
eft celle de la Sinagogue , & de l'Eglife dont
nous reconnaiflbns l'infaillibilité.
Ce n'eft pas que nous ofions accufer les
Le Clerc» les Midleton , les. Neuton d'im
piété , à Dieu ne plaife ! nous fournies con.
vaincus que fi les livres de Moïfe & de Jo-
fué & le refle du Pentateuque ne leur paraif■
faient pas être de la main de ces héros Ifraé-
fttes, ils n'en ont pas été moins perfuadés
que ces livres font infpirés. Ils reconnaifienç
]e doigt de Dieu à chaque ligne dans la G©-
nefe, dans Jofué, dans Samfon, dans Ruth,
L'écrivain Juif n'a été , pour ainfi dire , quft
Je feçrétajre de Dieu j c'efi: Dieu qui a CQUE
D E M O Y S E. 279
di&é. Neuton fans doute n'a pu penfer au
trement ; on le fent affez. Dieu nous pré-
ferve de reffembler à ces hipocrites pervers
qui faififfent tous les prétextes d'accufer tous
les grands hommes d'irréligion , . comme on
les accufait autrefois de magie ! Noiis croi
rions non feulement agir contre la probité ,
mais infuker cruellement la religion Chré
tienne , fi nous étions affez abandonnés pour
vouloir perfuader au public que les plus
favans hommes & les plus grands génies de
la terre ne font pas de vrais Chrétiens. Plus
nous refpeclons l'Eglife à laquelle nous fem
mes foumis, plus nous penfons que cette E-
glife tolere les opinions de ces favans ver-
tueux avec la charité qui fait fon caractere.
S4
,*go .PES J У IPS
С H-A P IT R E XLL
9
CHAPITRE XLW
DEPUIS S A U L. 295
pouvait avoir une autre fin. Elle fe vante
elle-même d'être fortie d'Egypte comme une
horde de voleurs , emportant tout ce qu'elle
avait emprunté des Egyptiens ; elle fait gloi
re de n'avoir jamais épargné ni la vieilleffe,
ni le fexe, ni l'enfance, dans les villages &
dans les bourgs dont elle a pu s'emparer.
Elle ofe étaler une haine irréconciliable con
tre toutes les autres nations ; elle fe révolte
contre tous fes maîtres ; toujours fuperfti-
tieufe , toujours avide du bien d'autrui , tou-.
jours barbare , rampante dans le malheur,
& infolente dans la profpérité. Voilà ce
que furent les Juifs aux yeux des Grecs &
des Romains qui purent lire leurs livres :
mais aux yeux des Chrétiens éclairés par la
foi ils ont été nos précurfeurs , ils nous ont
préparé la voye. Ils ont été les hérauts de
la Providence.
Les deux autres nations' qui font errantes
comme la Juive dans l'Orient , & qui comme
elle ne s'allient avec aucun autre peuple ,
font les Banians & les Parfis nommés Guè-
bres. Ces Banians adonnés au commerce
T4
29& DES JUIFS DEPUIS S AML.
ainfi que les Juifs , font les defcendans des.
premiers habitans paifibles de l'Inde; ils n'ont
jamais mêlé leur fang à un làng étranger,
non plus que les Braelimanes. Les Parfis fonc
ces mêmes Perles, autrefois dominateurs de
l'Orient, & fouverains des Juifs. Ils font dif-
perfés depuis Omar , & labourent en paix,
une partie de la terre où ils régnerent, fidè
les à cette antique religion des mages, ado
rant un feul Dieu, & confèrvant le feu fa-
cié qu'ils regardent comme l'ouvrage &
temblóme de la Divinité. '
Je ne compte point ces reftes d'Egyp
tiens adorateurs fecrets d'Ifis , qui ne fubfif-
tent plus aujourd'hui que dans quelques.
troupes vagabondes , bientôt pour jamais,
anéanties.
^ Ai V/i
g w
*,'
DES PROPHETES JUIFS. 297
CHAPITRE XLIII.
1 .
§6i DÉS PROPHÈTES JUIFS:
C'eft à ces Hiéirogliphes que nous devons1
les Fables ; qui Furent les premiers écrits des
hommes; La Fable eft bien plus ancienne que
î'hiftoire fimpte;
Il Faut être un peu Familiarite avec Yanti-
quité pour n'être point effarouché des ac
tions & des difcours énigmatiques des Pro
phêtes JuiFs.
IFaïe veut Faire entendre au roi Àchas
qu'il Fera délivré dans quelques années du roi
de Syrie1, & du Melk ou roitelet de Samarié
unis contre lui; il lui dit j Avant quun en
fant foit en âge de difcerner le mal & le bien ;
vous ferez délivré- de ces deux rois. Le Seigneur
prendra un rafoir de louage pour rafef la tête-,
h poil du pénil (qui eft figuré par les pieds.)
£? la barbe £jV. Alors le- Prophête prend
deux témoins, Zacharie & Urie; il COuche
avec la Prophéteffe; elle met au monde un
enFant ; le Seigneur lui donne le nom de Ma-
her - Salai -has- bas j partagez vite les dépouil
les ; & Ce nom fignifie qu'on partagera les
dépouilles des ennemis.
Je n'entre point dans le.Fens allégorique &
DES PROPHETES* JUIFS. 303
iñfinimenl rëfpeclablë qu'on donne à cette
prophétie; je me borne à l'exariien de ce* il*
Fages éïonnans aujourd'hui pour nous.
Le même îfaïe marche tout nud datts Jérii-
faletti , pour marquer que les Egyptiens le-
ront entiérement dépouillés par le Roi dé
Babylone. -г
Quoi! dira- 1- ort, eft- il poffibiè qu'un
homme marche tout nud dans Jérufalem fans
être repris de juftice? Oui, fans doute; Dio-
gene ne fut pas le feul dans l'antiquité qui
eut cette hardieiTe,- Strabon, dans fou 15^
livre i dit qu'il y avait dans les Indes une
fefte de Brachmanes qui auraient été hon
teux de porter des vêtemens. Aujourd'hui
encor on voit des pénitens dans l'Inde qui
marchent nuds & chargés de chaînes, avec5
un anneau de fer attaché à la verge, poui
expier les péchés du peuple. Il y en a dans5
l'Afrique & dans la Turquie. Ces mœurs ne
font pas nos mœurs , & je ne crois pas que
du temps d'Ifaïe il y eût un feul ufage qui
reiTemblât aux notres, i
Jérémie n'avait que quatorze ans quand îl
SÔ4. DES PROPHETES JUIFS:
reçut l'Efprk; Dieu étendit fa main & lui
toucha la bouche , parce qu'il avait quelque
difficulté de parler. Il voit d'abord une chau
diere bouillante tournée au Nord ; cette
chaudiere repréfente les peuples qui vieni
dront du Septentrion ; & l'eau bouillante figu
re les malheurs de Jérufalem.
Il achete une ceinture de lin ^ la met fur
fes reins, & va la cacher par l'ordre de Dieu
dans un trou auprès de l'Euphrate. Il retour
ne enfuite la prendre & la trouve pourrie. Il
nous explique lui-même cette parabole en di-
fent que l'orgueil de Jérufalem pourrira.
Il fe met des cordes au cou , il fe charge dé
chaînes, il met un joug fur fes épaules ; il
envoye ces cordes , ces chaînes , & ce joug
aux rois voifms., pour les avertir de fe fou-
mettre au Roi de Babylone Nabuchodonoforj
en faveur duquel il prophétife. ' -
^Ezéchiel peut furprendre davantage; il pré;
dit aux Juifs que les peres mangeront leurs
enfans , & que les enfans mangeront leurs
peres. Mais avant d'en venir à cette prédic
tion, il voit quatre animaux étincelans de
lu
DES PROPHETES JUIFS, sos-
lamiere i & quatre roues couvertes d'yeux j
il mange un volume de parchemin ; on le lie
avec des chaînes. Il trace un plan de Jem-
falem fur une brique ; il met à terre une poê
le defer ; il couche trois cens quatre- vingt
dix jours fur le côté gauche y & quarante
jours fur le côté droit. Il doit manger du pain
de froment , d'orge , de fèves , de lentil
les , de millet ; & le couvrir d'excrémens
humains. Cefl a'mfi, dit -il,, que les enfant
d'I/raël mangerent leur pain fouillé parmi les
nations cbez lefquelles ils feront chaffes. Mais
après avoir mangé de ce pain de douleur,
Dieu lui permet de ne le couvrir que des ex-
crémens de bœufs.
Il coupe fes cheveux & les divife en
trois parts ; il en met une partie au feu , cou
pe la feconde avec une épée autour de la
ville , & jette au vent la troifieme.
Le même Ezéchiel a des allégories encor
plus furprenantes.
Il introduit le Seigneur qui parle ain6 ; *
Quand tu naquis, on ne t'avait point coupé
* Ezt'cb. cb. 16.
So6 DES PROPHETES JUIFS,
le nombril , tu n'étais ni lavée ni falée .... fu
es devenue grande , ta gorge s'eft formée ,
ton poil a paru .... J'ai paffé, j'ai connu
que c'était le temps des amans. Je t'ai cou
verte, & je me fuis étendu fur ton ignomi
nie .... Je t'ai donné des chauffures & des
robes de coton , des braflèlets, un collier,
des pendans d'oreille .... Mais pleine de
confiance en ta beauté tu t'es livrée à la for
nication .... & tu as bâti un mauvais lieu ;
tu t'es proftituée dans les carrefours ; tu as
ouvert tes jambes à tous les paffans .... tu
as recherché les plus robuftes .... On don
ne de l'argent aux courtifanes, & tu en as
donné à tes amans &c.
* Oolla a forniqué fur moi ; elle a aimé
avec fureur fes amans, princes, magiftrats,
cavaliers .... Sa four Ooliba s'eft profti
tuée avec plus d'emportement. Sa luxure a
recherché ceux qui avaient le membre d'un
âne , & qui comme des chevaux.
Ces expreffions nous femblent bien indé
centes & bien groffieres ; elles ne l'étaient
* Ezéch. ch. 23.
t>ÉS PROPHETES JUIFS. 30?
ptÀnt chez les Juifs f elles fignifiaient les
apoftafies de Jérufalem & de Samarie. Ces
apoftafies étaient repréfentées très- fouvent
comme une fornication,. comme un adultere..
Il ne faut pas , encor une foré , juger des
mœurs y des ufages, des façons de parler an
ciennes,. par les notres; elles ne fe reffem-
blent pas plus que la langue Françaife ne
reffemble au Caldéen & à l'Arabe.
Le Seigneur ordonne d'abord au Prophète
Ofée (chapitre 1.) de prendre pour fa femme
une proftituée, & il obéit. Cette proftituée
fui donne un fils. Dieu appelle ce fils Jef-
raël : e'eft un tipe de la maifon de Jehu,. qui
périra, parce que Jéhu avait tué Joram dans
Jefraèl. Enfuite le Seigneur ordonne à Ofée
d'époufer une femme adultere qui foit aimée
d'un autre, comme le Seigneur aime les en-
fans d'Ifrael qui regardent les dieux étran
gers & qui aiment le marc de raifin (chap.
3.) le Seigneur dans la prophétie d'Amos
menace les vaches de Samarie (chapi 4.)
de les mettre dans la chaudiere. Enfin fout
e.ft l'oppofé de nos moeurs & de notre. tour'
308 DES PROPHETES JUIFS.
d'efprit ; & fi on examine les ufages de
toutes les nations orientales , nous les trouve
rons également oppofés à nos coutumes,
non feulement dans les temps reculés , mais
aujourd'hui même lorsque nous les connais
fons mieux.
.
DES P R I E R E S &C. soj
CHAPITRE ХЫГ.
Vj
Vi D E J O S E P H,
CHAPITRE XLV.
DE JOSEPH,.
HISTORIEN DES JUIFS.
CHAPITRÉ 1LVÎ.
D'UN MENSONGE
DE F L A V I A N JOSEPH,
CONCERNANT
ALEXANDRE ET LES
JUIFS.
X i X^o*^'
ъч DES PRE'JUGE'S
CHAPITRE XLVII.
DES PREJUGE'S
POPULAIRES
<Шя
»Г4
DES ANGES, DES GE'NIES,&c. 333
CHAPITRE XLVIII.
DES ANGES,
DES GÉNIES, DES DIABLES,
JB^
1 v
SI LES JUIFS ONT ENSEIGNE' &c, 34?
4r
y». DES ROMAINS,
CHAPITRE L.
DES ROMAINS.
Commenceiitetis de leur Erhpire &? de leur Relu
gion , leur tolérance.
CHAPITRE L.
QUESTIONS ,
DES ROMAINS,
ET LEUR DECADENCE.
Á
Зб<5 DES PREMIERS PEUPLES
CHAPITRE LU.
ET DES FABLES
Jßf.
с tí А
DES LEGISLATEURS &c. 377
CHAPITRE LUI.
DES LÉGISLATEURS
<£ U I ONT PARLE'
A U NO M DES DIEUX.
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