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Comportement thermo-chimio-hydro-mécanique d’un

ciment pétrolier au très jeune âge en conditions de prise


HP/HT : approche expérimentale et analyse par
changement d’échelle
Monsef Bourissai

To cite this version:


Monsef Bourissai. Comportement thermo-chimio-hydro-mécanique d’un ciment pétrolier au très
jeune âge en conditions de prise HP/HT : approche expérimentale et analyse par changement
d’échelle. Autre. Université Paris-Est, 2010. Français. <NNT : 2010PEST1050>. <tel-
00582893>

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abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
Année 2010

THESE

pour obtenir le grade de

DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PARIS-EST

Discipline : Mécanique
Ecole doctorale : Sciences, Ingénierie et Environnement

présentée et soutenue publiquement par

Monsef BOURISSAI

le 30 Juin 2010

Titre :

Comportement thermo-chimio-hydro-mécanique d'un ciment


pétrolier au très jeune âge en conditions de prise HP/HT.
Approche expérimentale et analyse par changement d’échelle.

Directeur de thèse : Guy BONNET

Jury
M. Frédéric SKOCZYLAS, Professeur Rapporteur
M. Alain SELLIER, Professeur Rapporteur
M. Fekri MEFTAH, Professeur Examinateur
M. Ahmed LOUKILI, Professeur Président du Jury
Mme. Nadège BRUSSELLE-DUPEND, Ingénieur de recherche Examinateur
M. Guy BONNET, Professeur Directeur de thèse
A mes parents : Mina Ben Omar et Abdelaziz BOURISSAI, à mon frère Faiçal et à ma
sœur Lamyae pour leur soutien inconditionnel…
REMERCIEMENTS
Que toutes celles et tous ceux qui ont contribué de loin ou de près à ce travail de recherche, trouvent
ici ma sincère reconnaissance.
Ce travail de recherche a été réalisé grâce à une collaboration entre le laboratoire de Modélisation et
Simulation Multi-Echelle CNRS UMR 8208 (MSME) de l’Université Paris-Est et le
département Mécanique Appliquée de l’IFP. Je les remercie de m’avoir accueilli et soutenu
pendant ma thèse.

J’adresse mes remerciements à M. Alain SELLIER et M. Frédéric SKOCZYLAS


d’avoir accepté de rapporter ma thèse, pour l’intérêt qu’ils ont montré vis-à-vis de mon travail et
d’avoir soulevé des questions très intéressantes qui ont animé les débats de fin de soutenance. Je
souhaite remercier M. Ahmed LOUKILI d’avoir accepté d’examiner mon travail, d’avoir
accepté de présider mon jury de thèse et d’avoir participé d’une manière très intéressante aux débats
au cours de la soutenance de cette thèse.

Ma profonde reconnaissance et mes vifs remerciements s’adressent aux 3 personnes qui m’ont
d’abord donné l’occasion de faire cette thèse, qui m’ont fait confiance, qui m’ont guidé tout au long
de ce parcours passionnant, qui m’ont donné tout le temps, l’aide et les moyens pour réussir mes
travaux dans les meilleures conditions, Guy BONNET, Nadège BRUSSELLE-
DUPEND et Fekri MEFTAH.
Je remercie également Eric Lécolier du département Physico-chimie Appliquées de l’IFP pour
son implication dans mon sujet de thèse, de m’avoir accordé son temps pour répondre à mes
questions, ainsi que pour les échanges très fructueux que nous avons eu.

Ce travail à dominance expérimentale n’aurait pas été possible sans l’aide d’une équipe technique
performante.

Je remercie particulièrement Alain et Nathalie pour leur aide précieuse qu’ils m’ont apportée
tout au long de la thèse. Je remercie également Xavier pour son aide et son savoir faire concernant
les essais mécaniques en compression simple. Je tiens aussi à remercier Christian pour son aide
en HP-micro DSC et Arnaud pour son aide en Ultrasons.
J’ai trouvé à l’IFP une ambiance chaleureuse et efficace de travail, je tiens à remercier toute
l’équipe pour cette bonne et agréable ambiance.

A l’IFP j’ai croisé d’autres connaissances, je pense particulièrement à mes ami(e)s sans exception
que je remercie chaleureusement pour leur bonne humeur, les rigolades, et les moments inoubliables
de partage passés ensemble.

Mes remerciements vont également à toute l’équipe du laboratoire MSME de l’Université Paris-
Est avec laquelle j’ai passé des moments très agréables et inoubliables.

Enfin mes remerciements sont adressés à ma grande famille en particulier à mes chers parents pour
leur grand soutien et leur vif et permanent encouragement.
A vous tous merci.

Dédicace
Cette thèse est dédiée à mes chers parents, ma sœur et mon frère.
RESUME
Le travail de thèse a porté essentiellement sur l’effet des conditions de prise en pression et en
température dans une gamme (20-60°C/Patm-200 bar) d’un ciment pétrolier (Portland « classe
G ») au très jeune âge (jusqu’à un jour) en condition saturée sur (i) la cinétique d’hydratation,
(ii) les propriétés hydrauliques (perméabilité et porosité) et (iii) le développement des
propriétés élastiques dynamiques obtenues par propagation d’ultrasons et quasi-statiques. Les
propriétés quasi-statiques instantanées et différées ont été obtenues à partir d’essais
mécaniques réalisés en compression simple à différents temps/degré d’hydratation.

La partie I a permis de montrer que la pression appliquée pendant la prise a un effet


négligeable sur la cinétique d’hydratation contrairement à l’effet accélérateur de la
température de prise. Un modèle de cinétique d’hydratation tenant compte de l’effet
accélérateur de la température a été mis en place afin de déterminer l’évolution des fractions
volumiques des différentes phases en présence dans la pâte de ciment au cours de son
hydratation. L’évolution de la phase (porosité capillaire + eau) obtenue par le modèle
d’évolution des fractions volumiques est en bonne concordance avec l’évolution de la porosité
connectée mesuré par porosimétrie dans la deuxième partie de travail de thèse.

En partie II, concernant la caractérisation de la perméabilité, les valeurs obtenues ainsi que
l'évolution des propriétés élastiques quasi-statiques obtenue expérimentalement ont permis de
déterminer le temps de drainage pour chacune des conditions d'hydratation étudiées. Cette
information permet de déterminer la nature drainée ou non drainée des essais mécaniques
quasi statiques réalisés.

En partie III, les essais mécaniques ont permis d'identifier un comportement granulaire
faiblement cohésif au niveau du sommet du pic exothermique, puis un comportement solide
cohésif avec progression des propriétés mécaniques au cours de l'hydratation à partir de la
décroissance du flux thermique. Enfin, deux modèles par homogénéisation multi-échelles ont
été proposées, la différence portant sur la schématisation de la pâte de ciment au très jeune
âge. Les résultats ont été confrontés avec succès aux propriétés élastiques dynamiques et
quasi-statiques drainées et non drainées obtenues expérimentalement.
Table des matières

TABLE DES MATIERES


INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................. 18
PARTIE I : ETUDE DE LA CINETIQUE D’HYDRATATION AU TRES JEUNE AGE... 28
Chapitre I-1 ANALYSE BILIOGRAPHIQUE ........................................................................ 29
I-1.1. Introduction........................................................................................................................... 29
I-1.2. Microstructure d’une pâte de ciment : de l’hydratation à sa modélisation..................... 29
I-1.2.1. Le ciment Portland à l’état anhydre ................................................................................................ 29
I-1.2.2. Hydratation d’un ciment Portland................................................................................................... 32
I-1.2.2.1. Processus d’hydratation........................................................................................................... 32
I-1.2.2.2. Cinétiques d’hydratation du ciment Portland .......................................................................... 34
I-1.2.2.3. Bilans réactionnels et stoechiométrie des réactions d’hydratation .......................................... 37
I-1.2.2.4. Facteurs influençant le processus d’hydratation...................................................................... 39
I-1.2.2.5. Variations volumiques liées à l’hydratation ............................................................................ 41
I-1.2.3. Modélisation de l’hydratation du ciment Portland .......................................................................... 44
I-1.2.3.1. Estimation de l'état d'avancement du processus d'hydratation ................................................ 44
I-1.2.3.2. Evolution des fractions volumiques ........................................................................................ 50
Chapitre I-2 CARACTERISATION DE LA CINETIQUE DE L'HYDRATATION D'UN
CIMENT PETROLIER EN CONDITIONS DE PRISE HP/HT ............................................. 53
I-2.1. Introduction........................................................................................................................... 53
I-2.1.1. Fabrication de la pâte de ciment « classe G » utilisée..................................................................... 53
I-2.1.2. Calorimétrie isotherme (HP micro-DSC)........................................................................................ 54
I-2.1.2.1. Principe de l’essai et protocole expérimental .......................................................................... 54
I-2.1.2.2. Résultats des essais de DSC .................................................................................................... 55
I-2.1.2.3. Chaleur d’hydratation.............................................................................................................. 58
I-2.1.3. Calorimétrie semi adiabatique ........................................................................................................ 61
I-2.2. Conclusion.............................................................................................................................. 63
Chapitre I-3 MODELISATION DE LA CINETIQUE D'HYDRATATION D'UN CIMENT
PETROLIER ............................................................................................................................ 64
I-3.1. Modèle de cinétique d’hydratation...................................................................................... 64
I-3.1.1. Démarche utilisée............................................................................................................................ 64
I-3.1.2. Données d’entrée pour le ciment étudié.......................................................................................... 68
I-3.1.3. Résultats.......................................................................................................................................... 69
I-3.1.3.1. Prise en compte de l’effet de la température ........................................................................... 69
I-3.1.3.2. Confrontation modèle / expérience à 23°C ............................................................................. 71
I-3.2. Evolution des fractions volumiques des phases durant l'hydratation .............................. 73
I-3.2.1. Expression des fractions volumiques .............................................................................................. 73
I-3.2.2. Discussion....................................................................................................................................... 78
I-3.2.2.1. Hydratation du C3A................................................................................................................. 78
I-3.2.2.2. Distinction C-S-HBD et C-S-HHD.............................................................................................. 79
I-3.3. Résultats................................................................................................................................. 79
Conclusion de la partie I .......................................................................................................... 82
PARTIE II : CARACTERISATION DES PROPRIETES HYDRAULIQUES AU TRES
JEUNE AGE D’UN CIMENT PETROLIER PRIS A HP/HT................................................. 83
Chapitre II-1 MESURE DE LA POROSITE ........................................................................... 84

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Table des matières

II-1.1. Analyse bibliographique ..................................................................................................... 84


II-1.1.1. Caractère multi-échelle de la porosité ........................................................................................... 84
II-1.1.2. L’état de l’eau dans les pores......................................................................................................... 88
II-1.1.3. Techniques de caractérisation........................................................................................................ 89
II-1.2. Caractérisation de la porosité d'un ciment pétrolier pris à HP/HT................................ 90
II-1.2.1. Préparation des échantillons et conditions d’hydratation testées ................................................... 90
II-1.2.2. Mesure de la porosité par la porosimétrie par intrusion au mercure (PIM) ................................... 92
II-1.3. Résultats expérimentaux..................................................................................................... 93
II-1.3.1. Evolution de la porosité ................................................................................................................. 93
II-1.3.1.1. Effet de la pression d’hydratation .......................................................................................... 93
II-1.3.1.2. Effet de la température........................................................................................................... 94
II-1.3.2. Evolution de la distribution de la taille des pores .......................................................................... 95
II-1.3.3. Conclusion ..................................................................................................................................... 98
Chapitre II-2 MESURE DE LA PERMEABILITE A L’EAU ............................................. 100
II-2.1. Analyse bibliographique ................................................................................................... 100
II-2.1.1. Perméabilité des matériaux cimentaires ...................................................................................... 100
II-2.1.2. Perméabilité à l’eau de la pâte de ciment .................................................................................... 102
II-2.1.2.1. Introduction.......................................................................................................................... 102
II-2.1.2.2. Principe de la mesure ........................................................................................................... 102
II-2.2. Caractérisation de la perméabilité d'un ciment pétrolier pris à HP/HT...................... 103
II-2.2.1. Perméamètre de type Hassler (avec pression radiale Pc) ............................................................. 103
II-2.2.2. Préparation et conditions d’hydratation des échantillons testés................................................... 104
II-2.2.3. Perméamètre sans Pc (deuxième méthode) .................................................................................. 106
II-2.3. Résultats expérimentaux................................................................................................... 107
II-2.3.1. Perméabilité avec Pc .................................................................................................................... 108
II-2.3.1.1. Effet de la pression d’hydratation sur la perméabilité à l’eau.............................................. 108
II-2.3.1.2. Effet de la température d’hydratation sur la perméabilité à l’eau ........................................ 110
II-2.3.2. Effet de Pc sur l’évolution de la perméabilité à l’eau................................................................... 111
Conclusion de la partie II ....................................................................................................... 113
PARTIE III : COMPORTEMENT MECANIQUE D’UN CIMENT PETROLIER AU TRES
JEUNE AGE - ETUDE EXPERIMENTALE ET MODELISATION PAR CHANGEMENT
D’ECHELLE.......................................................................................................................... 115
Chapitre III-1 ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE................................................................ 116
III-1.1. Introduction...................................................................................................................... 116
III-1.2. Essais mécaniques classiques : Propriétés quasi-statiques........................................... 117
III-1.3. Méthode ultrasonore : Propriétés dynamiques ............................................................. 120
III-1.4. Méthode rhéométrique .................................................................................................... 122
Chapitre III-2 EVOLUTION DES PROPRIETES ELASTIQUES DYNAMIQUES D’UN
CIMENT PETROLIER AU TRES JEUNE AGE.................................................................. 124
III-2.1. Mesures ultrasonores en transmission ........................................................................... 124
Chapitre III-3 EVOLUTION DES PROPRIETES MECANIQUES QUASI-STATIQUES
D’UN CIMENT PETROLIER AY TRES JEUNE AGE PRIS A HP/HT ............................. 133
III-3.1. Démarche expérimentale................................................................................................. 133
III-3.1.1. Introduction ................................................................................................................................ 133
III-3.1.2. Dispositif expérimental .............................................................................................................. 134
III-3.1.3. Configurations d'essais retenues en compression simple ........................................................... 135

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Table des matières

III-3.1.4. Descriptif des essais réalisés en compression simple ................................................................. 136


III-3.1.5. Préparation des échantillons et conditions d’hydratation testées................................................ 138
III-3.1.6. Mise au point des essais ............................................................................................................. 141
III-3.2. Résultats et analyse des essais en compression simple.................................................. 148
III-3.2.1. Effet des conditions d’hydratation du ciment « classe G » étudié sur Rc.................................. 148
III-3.2.2. Caractérisation des propriétés élastiques à partir des essais de charge/décharge ....................... 152
III-3.2.3. Définition du niveau de chargement pour les essais avec un cycle de charge/décharge ............ 156
III-3.2.4. Détermination des propriétés élastiques instantanées à partir d’un cycle de charge/décharge... 158
III-3.2.5. Effet de cycles successifs de charge/décharge sur les propriétés élastiques instantanées .......... 165
III-3.2.6. Effet du niveau de chargement sur les propriétés élastiques instantanées.................................. 167
III-3.2.7. Caractérisation des propriétés différées à partir des essais de relaxation. .................................. 169
III-3.3. Analyse du comportement mécanique du ciment pétrolier au très jeune âge. ........... 177
III-3.3.1. Comportement mécanique de type granulaire ............................................................................ 177
III-3.3.2. Comportement mécanique cohésif ............................................................................................. 178
III-3.3.3. Lien entre l’évolution du module d’élasticité et l'évolution des propriétés hydrauliques .......... 179
III-3.3.4. Nature des phénomènes dissipatifs dans le ciment pétrolier au très jeune âge........................... 181
III-3.3.5. Confrontation de l’évolution des propriétés élastiques quasi-statiques avec celle des propriétés
élastiques dynamiques ............................................................................................................................... 185
III-3.3.6. Détermination des temps de drainage......................................................................................... 188
III-3.4. Conclusions....................................................................................................................... 190
Chapitre III-4 MODELISATION DE L’EVOLUTION DES PROPRIETES ELASTIQUES
DU CIMENT PETROLIER PAR CHANGEMENT D’ECHELLE ...................................... 193
III-4.1. Introduction...................................................................................................................... 193
III-4.2. Homogénéisation élastique pendant l’hydratation........................................................ 194
III-4.2.1. Schématisation de la microstructure de la pâte de ciment en cours d’hydratation ..................... 196
III-4.2.2. Schéma d’homogénéisation retenu............................................................................................. 197
III-4.2.3. Analyse par changement d’échelle............................................................................................. 199
III-4.2.4. Données d’entrée du niveau II.................................................................................................... 200
III-4.2.5. Modèle à 3 phases ...................................................................................................................... 204
III-4.2.6. Résultats d’homogénéisation des propriétés élastiques du modèle "3 phases" .......................... 206
III-4.2.7. Confrontation modèle "3 phases"-CAS2 et expérience.............................................................. 208
III-4.2.8. Modèle à 4 phases ...................................................................................................................... 210
III-4.2.9. Détermination des propriétés élastiques homogénéisées pour le modèle à "4 phases".............. 211
III-4.2.10. Confrontation modèle -expériences.......................................................................................... 215
III-4.3. Conclusions....................................................................................................................... 219
Conclusion de la partie III...................................................................................................... 221
CONCLUSIONS GENERALES ET PERSPECTIVES ........................................................ 223
ANNEXES ...................................................................................................................................
................................................................................................................................................ 229
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 239

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Liste des figures

LISTE DES FIGURES


Figure 1: Schéma d’un puits pétrolier ___________________________________________ 19
Figure 2 : Principe de la procédure de la cimentation de l’annulaire [Nguyen, 1993]. _____ 20
Figure 3 : Les différentes étapes de la prise du ciment d'après [Tiraputra et al., 2004]. ____ 20
Figure 4 : Comportement Chimio-Mécanique de la pâte de ciment au jeune âge. _________ 21
Figure 5 : Chemins de fuite potentiels dans un puits endommagé : entre les interfaces ciment
/casing (chemins a, b) et ciment/formation (chemins f), à travers le ciment (chemin c) à
travers le casing : corrosion (chemin d), à travers des fractures (chemin e) [Celia et al., 2004].
__________________________________________________________________ 22
Figure 6 : Méthodologie adoptée dans le cadre de la thèse___________________________ 25
Une micrographie de clinker d’un ciment Portland avec les différentes phases qui le
composent est présentée à la Figure I.1. _________________________________________ 30
Figure I.1 : Micrographie en lumière réfléchie d’une section polie de clinker ____________ 30
Figure I.2 : Schéma récapitulatif de l’hydratation de deux grains de ciment (Schéma adapté de
[Rixom et Mailvaganam, 1999]. _______________________________________________ 33
Figure I.3 : Représentation de l’évolution du flux thermique en fonction du temps (Schéma
adapté de [Nelson et al., 1990].________________________________________________ 34
Figure I.4 : Vue au Microscope électronique à balayage d’une pâte de ciment : Portlandite (X)
entre des C -S-H (#). La porosité capillaire est repérée par (O) (d’après Regourd et Hornain,
1975 cité par [Guillon, 2004]). ________________________________________________ 35
Figure I.5 : Microstructure de la pâte de ciment durcie (vue d’une section polie) [Ghabezloo,
2008]. __________________________________________________________________ 36
Figure I.6 : Diffusion de l’eau à travers les couches d’hydrates pendant les phases 3 et 4 [Ulm
et Coussy, 1995].___________________________________________________________ 36
Figure I.7 : Volume absolu et volume apparent [Bissonnette et al., 2001]. ______________ 42
Figure I.8 : Évolution du retrait chimique et du retrait endogène pendant l’hydratation d’un
ciment P30 avec un e/c de 0,4 [Justnes et al., 1994]. _______________________________ 42
Figure I.9 : Représentation phénoménologique de l’évolution du retrait chimique d’une pâte
de ciment au jeune âge [Bisschop, 2002].________________________________________ 43
Figure I.10 : Schéma du bloc calorimétrique du dispositif HP-micro DSC VII ___________ 55
Figure I.11 : Effet de la température sur l’évolution du flux thermique en fonction du temps
d’hydratation. _____________________________________________________________ 57
Figure I.12 : Effet de la pression sur l’évolution du flux thermique en fonction du temps
d’hydratation : _____________________________________________________________ 58
Figure I.13 : Effet de la température sur l’évolution de la chaleur d’hydratation en fonction du
temps d’hydratation_________________________________________________________ 59

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Liste des figures

Figure I.14 : Effet de la pression sur l’évolution de la chaleur d’hydratation en fonction du


temps d’hydratation :________________________________________________________ 60
Figure I.15 : Calorimètre Semi-adiabatique de Langavant ___________________________ 62
Figure I.16 : Comparaison entre la chaleur d’hydratation mesurée par le calorimètre semi-
adiabatique de Langavant et celle mesure par la DSC à (23°C, Patm). __________________ 62
Figure I.17 : Évolution des degrés d’hydratation partiels des constituants du ciment « classe
G » en fonction du temps d’hydratation à 23°C et à 60°C.___________________________ 70
Figure I.18 : Comparaison entre l’évolution dans le temps du degré d’hydratation global
obtenu par le modèle à 23°C et à 60°C. _________________________________________ 70
Figure I.19 : Superposition de l’évolution du degré d’hydratation ξ calculé à partir du modèle
de cinétique d’hydratation (Eq. (I-3.1) avec l’évolution du flux thermique mesuré par DSC à
(60°C, Patm)._______________________________________________________________ 71
Figure I.20 : Comparaison de l’évolution des degrés d’hydratation ξ et ξQ calculés à partir du
modèle de cinétique d’hydratation (respectivement Eq. (I-3.1) et Eq. (I-3.10B)) avec ξQ (Eq.
(I-3.10A)) obtenu à partir des mesures semi-adiabatiques à 23°C, Patm. ________________ 72
Figure I.22 : Évolution des fractions volumiques de C -S -H BD et C -S -H HD dans la matrice de
C-S-H en fonction du degré d’hydratation global ξ à 23°C et à 60°C__________________ 79
Figure I.22 : Evolution des fractions volumiques des différents constituants de la pâte de
ciment pétrolier « classe G » en fonction du degré d’hydratation global à : a) 23°C et b) 60°C.
__________________________________________________________________ 81
Figure II.1 : Un premier modèle de la microstructure du gel de C-S-H _________________ 86
Figure II.2 : Un second modèle de la microstructure du gel de C-S-H, globules sphériques
[Jennings, 2000]. ___________________________________________________________ 87
Figure II.3 : Un troisième modèle de la microstructure des LD C-S-H : structure colloïdale.
PPG = petit pore de gel, GPG = grand pore de gel [Jennings, 2008].___________________ 88
Figure II.4 : Comparaison des différents types de pores observés pour chaque technique de
mesure. Classification des différents types de pores pouvant être présents dans une pâte de
ciment en fonction de leur taille (adaptée à partir de [Porteneuve, 2001]). ______________ 89
Figure II.5 : Flux thermique mesuré par DSC à [60 °C, Patm (motif plein)] et à [23°C, Patm
(motif vide)] _______________________________________________________________ 91
Figure II.6: Evolution temporelle de la porosité de la pâte de ciment pétrolier dans différentes
conditions d’hydratation : a) (23°C, Patm) et (23°C, 17MPa), b) (60°C, Patm) et (60°C, 17MPa).
__________________________________________________________________ 94
Figure II.7 : Evolution de la porosité de la pâte de ciment pétrolier en fonction du degré
d’hydratation pour deux conditions d’hydratation : (23°C, Patm) et (60°C, Patm). Confrontation
de ces résultats expérimentaux avec l’évolution de la fraction volumique de la phase
(eau+porosité capillaire) issue du modèle présenté. § I-3.2.2. ________________________ 95
Figure II.8 : Dérivée du volume par rapport au logarithme du diamètre d’accès aux pores : a)
échantillons référencés : [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h, 72h, 120}], b) échantillons référencés :
[23°C, 17MPa _ {17h, 20h, 24h, 72h}]__________________________________________ 96

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Liste des figures

Figure II.9 : Dérivée du volume par rapport au logarithme du diamètre d’accès aux pores : a)
échantillons référencés : [60°C, Patm _ {4h, 7h, 24h}], b) échantillons référencés : [60°C,
17MPa _ {4h, 7h, 24h}]. _____________________________________________________ 97
Figure II.10 : Effet des paramètres influençant la perméabilité (d’après Scrivener, 2001 cité
par [Choinska, 2006]).______________________________________________________ 101
Figure II.11 : Équipement et principe de mesure de la perméabilité à l’eau avec la cellule
Hassler. _________________________________________________________________ 104
Figure II.12 : Equipement et principe de mesure de la perméabilité à l’eau sans pression de
confinement. _____________________________________________________________ 107
Figure II.13 : Effet de la pression d’hydratation sur l’évolution de la perméabilité à l’eau
mesurée avec Pc sur des échantillons pris dans différentes conditions :________________ 108
Figure II.14 : Evolution du flux thermique en fonction du temps d’hydratation. _________ 109
Figure II.15 : Evolution de la perméabilité à l’eau mesurée avec Pc sur des échantillons en
fonction de ξcorrigé : _______________________________________________________ 110
Figure II.16 : Effet de la température sur l’évolution de la perméabilité à l’eau mesurée avec
Pc sur des échantillons pris dans différentes conditions : ___________________________ 111
Figure II.17 : Effet du mode opératoire sur l’évolution de la perméabilité à l’eau en fonction
du degré d’hydratation : ____________________________________________________ 112
Figure III .1 : Gammes de fréquence et de taille d’échantillons rencontrées dans l’industrie
pétrolière [Schatz et John, 1995]. _____________________________________________ 117
Figure III.2 : Résistance en compression d’une pâte de ciment en fonction du degré
d’hydratation (graphe extrait de [Torrenti et Benboudjema, 2005]). Les données
expérimentales sont représentées par des symboles ponctuels. Les segments de droite sont les
régressions linéaires proposées par [Torrenti et Benboudjema, 2005]. ________________ 118
Figure III.3 : Effet de la température d’hydratation sur la résistance en compression [Mindess
et al., 2003].______________________________________________________________ 119
Figure III.4 : Développement de la résistance en compression du mortier HPMC au très jeune
âge à 22°C [Voigt et al., 2006]._______________________________________________ 120
Figure III.5 : Evolution du module du module de Young non drainé (a) et du coefficient de
poisson non drainé (b) des pâtes de ciment en fonction du degré d’hydratation pour différents
rapports e/c [Lacouture, 2003]. _______________________________________________ 122
Figure III-0.6 : Evolution temporelle du module de cisaillement G d’une pâte de ciment (e/c
= 0,35). Mesures faites respectivement aux ultrasons (1MHz) et en rhéologie à 1Hz (courbe
du haut et du bas, respectivement), [Lootens, 2004]. ______________________________ 123
Figure III.7 : Montage de transmission des ultrasons à travers un échantillon de ciment
pétrolier. La mesure du temps de vol à travers le guide d’onde (gauche) précède toutes les
mesures de temps de vol à travers l’échantillon (droite). L’agent couplant est enduit à toutes
les interfaces. _____________________________________________________________ 126
Figure III.8 : a) Identification des ondes de compression et de cisaillement sur un montage
sans échantillon. b) Méthode de détermination des temps de vol de compression (t1) et de
cisaillement (t2) d’un échantillon de ciment référencé [60°C, Patm _ 6h] grâce au décalage de

11/253
Liste des figures

front des ondes entre le montage sans échantillon et le montage avec échantillon (Figure
III .7). _________________________________________________________________ 127
Figure III.9 : Evolution des vitesses des ondes longitudinales (VL) et transverses (VT) avec
prise en compte de l’évolution de la masse volumique de la pâte de ciment pétrolier « classe
G » en fonction du temps d’hydratation : _______________________________________ 129
Figure III.10 : Evolution des propriétés élastiques dynamiques en fonction du temps
d’hydratation : ____________________________________________________________ 130
Figure III.11 : Evolution des modules élastiques dynamiques (E, κ ) et du flux thermique
correspondant en fonction du temps : __________________________________________ 131
Figure III.12 : Presse Instron 6025 - 5500R _____________________________________ 135
Figure III.13: Principe de l'essai de résistance en compression ______________________ 137
Figure III.14: Principe de l'essai de charge/décharge ______________________________ 137
Figure III.15: Principe de l'essai de relaxation de la contrainte ______________________ 138
Figure III.16 : Moule pour l’obtention des échantillons cylindriques__________________ 139
Figure III.17: Cellule thermostatée ____________________________________________ 140
Figure III.18 : Mode de rupture en compression simple ____________________________ 141
Figure III.19 : Essais de résistance en compression de la série 1 (sans graissage) sur
échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h]. Vitesse de déformation axiale = 10-3 /s. ______ 142
Figure III.20 : Comparaison des essais de la série 1 (sans graissage) avec ceux de la série 2
(avec graissage) sur échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h]. _____________________ 143
Figure III.21 : Essais de résistance en compression sur échantillons référencés [23°C, Patm _
24h] avec une vitesse de déformation axiale (10-3 /s) précédés de deux cycles de
charge/décharge. __________________________________________________________ 144
Figure III.22: Analyse au scanner médical de l'échantillon 2 de la figure III-3.10________ 145
Figure III.23: Isochrones de comportement du béton en compression [Bazant, 1988]. ___ 146
Figure III.24: Variation de la résistance pour les vitesses de déformation : _____________ 147
Figure III.25 : Évolution du pic de contrainte en fonction de la vitesse de déformation d’un
mortier [Harsh et al., 1990]. _________________________________________________ 147
Figure III.26 : Évolution du pic de contrainte1 en fonction de la vitesse de déformation du
ciment « classe G » étudié [23°C, Patm _ 24h]. ___________________________________ 148
Figure III.27 : Effet de la température d’hydratation sur les valeurs de Rc1 pour les
échantillons référencés : [23°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] et [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] :
a) évolution en fonction du degré d’hydratation Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s. _ 149
Figure III.28: Effet de la pression d’hydratation sur les valeurs de Rc obtenues à différents
temps d’hydratation sur échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] et [60°C, 17
MPa _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s. Vitesse de dépressurisation
des échantillons : "rapide". __________________________________________________ 151

12/253
Liste des figures

Figure III.29: Effet de la vitesse de dépressurisation sur les valeurs de Rc obtenues sur
échantillons pris à 60 °C et 23 °C pendant 24 heures. Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s.
_________________________________________________________________ 152
Figure III.30 : Comportement caractéristique d’un échantillon de ciment au jeune âge pris à
[60°C, Patm _ 24h] soumis à un cycle de charge/décharge en compression simple. Vitesse de
déformation axiale = 10-4 /s. _________________________________________________ 153
Figure III.31 : Méthode de détermination des propriétés élastiques (E et ν ) à partir d'un essai
de charge/décharge (Figure III-3.2.2_1) pour un échantillon pris à [60°C, Patm _ 24h]. ___ 156
Figure III.32 : Évolutions de la contrainte axiale en fonction de ε zz (courbes notées L), en
fonction de εvol (courbes notées V), et en fonction de ε rr (courbes notées R) lors d'un
chargement monotone jusqu'à rupture sur ciment référencé :
a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 7h, 24h}]____________________ 157
Figure III.33 : Analyses au scanner médical (plans sagittaux 0° et 90°) de deux échantillons de
ciment référencés [23°C, Patm _ 24h] : a) référence: aucune sollicitation mécanique ; b) après 1
cycle de charge/décharge. ___________________________________________________ 158
Figure III.34 : Première campagne d'essais de charge/décharge à différents temps et
conditions d’hydratation : a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h,
24h}]. _________________________________________________________________ 159
Figure III.35 : Première campagne d'essais. Évolution des propriétés élastiques en fonction du
degré d’hydratation pour les échantillons référencés [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h} et [60°C,
Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. ___________________________________________________ 161
Figure III.36 : Seconde campagne d'essais de charge/décharge à différents temps et conditions
d’hydratation : a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].____ 163
Figure III.37 : Seconde campagne d'essais. Évolution des propriétés élastiques en fonction du
temps d’hydratation à 23°C et à 60°C obtenue à partir d'échantillons référencés [23°C, Patm _
{17h, 20h, 24h} et [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. ______________________________ 164
Figure III.38 : Cycles successifs de charge/décharge en compression simple effectués à un
niveau de déchargement constant σmax = 66% Rc sur deux échantillons référencés [23°C,
Patm _ 24h]._______________________________________________________________ 166
Figure III.39 : Analyses au scanner médical (plans sagittaux 0° et 90°) de deux échantillons de
ciment référencés [23°C, Patm _ 24h]. _________________________________________ 167
Figure III.40 : Comparaison de cycles de charge/décharge à différents niveaux de chargement
pour des échantillons pris dans les conditions suivantes : a) [60°C, Patm _ 4h], b) [60°C, Patm _
6h], c) [60°C, Patm _ 24h]. ___________________________________________________ 168
Figure III.41 : Évolution du module d’élasticité E à [60°C, Patm _ {4h, 6h, 24h}] en fonction
du niveau du chargement appliqué.____________________________________________ 169
Figure III.42 : Évolution de σ(t ) / σ 0 au cours des essais de relaxation au palier 1 (40% Rc) et
au palier 2 (66% Rc) pour des échantillons référencés : ____________________________ 171
Figure III.43 : Évolution du coefficient de relaxation r en fonction du degré d’hydratation ( ξ )
à : (23°C, Patm) et (60°C, Patm). _______________________________________________ 172

13/253
Liste des figures

Figure III.44 : Modèle de Maxwell ____________________________________________ 172


Figure III.45 : Evolution du logarithme népérien du rapport (σ ( t ) / σ 0 ) en fonction du temps.
_________________________________________________________________ 173
Figure III.46 : Modèle de Maxwell généralisé ___________________________________ 174
Figure III.47 : Évolution de (σ ( t ) / ε 0 ) en fonction du temps pour les échantillons référencés :
a) [23°C, Patm _ {17h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h}]. Détermination des temps de
relaxation selon le modèle de Maxwell généralisé avec la fonction Y(x). ______________ 175
Figure III.48 : Temps de relaxation ( τ 1 , τ 2 ) et modules d’élasticité ( E1 , E2 ) pour chaque
palier en fonction du degré d’hydratation. ______________________________________ 176
Figure III.49 : Superposition de l’évolution des modules d’élasticité quasi-statiques mesurés
au très jeune âge à [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] avec l’évolution du flux thermique mesuré
par DSC à [60°C, Patm]. _____________________________________________________ 179
Figure III.50 : Superposition des modules élastiques quasi-statiques avec la porosité au très
jeune âge sur les échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. _____________ 180
Figure III.51 : Superposition des modules élastiques quasi-statiques avec la perméabilité (k)
(sans Pc) au très jeune âge sur les échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. 180
Figure III.52 : Exemple de cycle hystérésis "théorique" obtenu à partir des paramètres
viscoélastiques identifiés ( τ 1 et τ 2 et E1 , E2 ) avec le modèle de Maxwell généralisé pour un
échantillon à [23°C, Patm, 17h]. _______________________________________________ 182
Figure III.53 : Comparaison de l’évolution des propriétés élastiques dynamiques avec celle
des propriétés élastiques quasi-statiques au très jeune âge sur des échantillons pris à :
a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. ________________ 186
Figure III.54 : Corrélation entre l’évolution des modules d'élasticité dynamiques et les
modules d'élasticité quasi-statiques au très jeune âge à [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], [60°C,
Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. ___________________________________________________ 187
Figure III.55 : Évolution du rapport E dynamique / E quasi-statique superposée avec celle de la
porosité en fonction du degré d’hydratation à (23°C, Patm) et (60°C, Patm). ____________ 187
Figure III.56 : Représentation schématique de la pâte de ciment en cours d’hydratation. __ 197
Figure III.57 : Schématisation d'un milieu hétérogène [Herve et Zaoui, 1993] __________ 198
Figure III.58 : Méthode de changement successif d’échelle appliquée à la pâte de ciment. 200
Figure III.59 : Diagramme de la modélisation ___________________________________ 201
Figure III.60 : Répartition volumique des trois phases constituant la pâte de ciment pétrolier
intervenant dans l’estimation des propriétés élastiques homogénéisées en fonction du degré
d’hydratation global : a) 23°C, b) 60°C (figure issue du chapitre I-3, section I-3.2)______ 204
Figure III.61 : Schématisation morphologique du modèle à "3 phases" : distinction de 2 cas. _
_________________________________________________________________ 205
Figure III.62 : Modèle "3 phases"- CAS 1- Estimation des modules élastiques homogénéisés
( κ hom et µhom ) en cours d’hydratation à 23 °C et à 60 °C. __________________________ 207

14/253
Liste des figures

Figure III.63 : Modèle "3 phases"- CAS 2- Estimation des modules élastiques homogénéisés
( κ hom et µhom ) en cours d’hydratation à 23 °C et à 60 °C. __________________________ 208
Figure III.64 : Confrontation des modules élastiques homogénéisés (modèle "3 phases"_CAS
2) ( κ hom et µhom ) dans le cas d’un matériau non drainé avec les modules élastiques
dynamiques* ( κ dynamique et µdynamique ) obtenus par propagation ultrasonore sur la pâte de ciment
pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm). Superposition des résultats de
DSC correspondants. _______________________________________________________ 209
Figure III.65 : Représentation du modèle morphologique de la pâte de ciment en cours
d’hydratation après la percolation mécanique : modèle à "4 phases". _________________ 211
Figure III.66 : Schématisation morphologique de la pâte de ciment au très jeune âge après le
seuil de percolation mécanique : modèle à "4 phases" _____________________________ 211
Figure III.67 : Schématisation morphologique simplifiée du squelette connecté pour le modèle
à "4 phases". _____________________________________________________________ 213
Figure III.68 : Confrontation de l’évolution du module d’élasticité homogénéisé Ehom pour 3
valeurs de α dans le cas d’un matériau drainé avec celle du module d’élasticité Equasi-statique
obtenu à partir des essais quasi-statiques* de charge/décharge sur la pâte de ciment pétrolier
avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm)._______________________________ 216
Figure III.69 : Confrontation de l’évolution temporelle des modules élastiques homogénéisés
( κ hom et µhom ) pour les 3 valeurs de α dans le cas d’un matériau non drainé avec l’évolution
des modules élastiques dynamiques* ( κ dynamique et µdynamique ) obtenus par propagation
ultrasonore sur la pâte de ciment pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm).
_________________________________________________________________ 217
Figure III.70 : Confrontation de l’évolution des modules d’élasticité homogénéisés drainé et
non drainé à α = 0,4 avec celle du module d’élasticité Equasi-statique obtenu à partir des essais
quasi-statique de charge/décharge sur la pâte de ciment pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C,
Patm), b) (60°C, Patm)._______________________________________________________ 219
Figure B.1 : Evolution du temps caractéristique à 20°C en fonction du rapport e/c _______ 232
Figure B.2 : Evolution du paramètre d’Avrami κ x en fonction du rapport e/c __________ 232

15/253
Liste des tableaux

LISTE DES TABLEAUX


Tableau I.1 : Matières premières et principaux constituants du ciment anhydre __________ 31
Tableau I.2 : Propriétés physiques et composition minérale du ciment pétrolier " Classe G "
étudié. __________________________________________________________________ 54
Tableau I.3 : Conditions expérimentales des essais réalisés avec HP micro-DSC _________ 54
Tableau I.4 : Valeurs en heures de τ xc (T0 ) à la température de référence de 20 °C________ 67
Tableau I.5 : Fractions massiques initiales des constituants du ciment étudié. ___________ 68
Tableau I.6 : Paramètres de la cinétique des réactions d’hydratation des constituants du ciment
étudié. __________________________________________________________________ 69
Tableau I.7 : Durées de la période d’induction par constituant du ciment étudié__________ 69
Tableau I.8 : Valeurs des chaleurs d’hydratation des phases pures du clinker en fin de réaction
(Taylor, 1997 ; Chougnet, 2006). ______________________________________________ 72
Tableau I.9 : Densités et masse molaires des différents constituants de la pâte de ciment
utilisées pour estimer l’évolution de fractions volumiques durant l’hydratation.__________ 78
Une des caractéristiques de la porosité dans les matériaux cimentaires est son caractère multi-
échelle. Le Tableau II.1 présente une classification des différents types de pores proposée par
[Mindess et Young, 1981], en précisant leur impact sur les propriétés macroscopiques
mécaniques de la pâte._______________________________________________________ 85
Tableau II.1 : Classification des pores dans les matériaux cimentaires [Mindess et Young,
1981]. __________________________________________________________________ 85
Tableau II.2 : Conditions d’hydratation des échantillons testés par la PIM ______________ 92
Tableau II.3 : Effet du remplissage progressif de la porosité capillaire d’une pâte de ciment.
101
Tableau II.4 : Conditions d’hydratation des échantillons testés en perméabilité _________ 105
Tableau II.5 : Conditions d’essai avec la cellule Hassler pour chaque temps d’hydratation. 105
Tableau II.6 : Conditions d’essai avec la cellule sans pression de confinement pour chaque
temps d’hydratation. _______________________________________________________ 107
Tableau III.1 : Conditions d’hydratation des échantillons testés avec méthode ultrasonore 125
Tableau III.2 : Conditions d’hydratation des échantillons testés en compression simple___ 139
Tableau III.3 : Propriétés élastiques obtenues à partir des essais de charge/décharge pour
différents conditions d’hydratation et différents temps d’hydratation testés : première
campagne d'essais._________________________________________________________ 160
Tableau III.4 : Temps de relaxation ( τ 1 , τ 2 ) et modules d’élasticité ( E1 , E2 ) pour chaque
temps d’hydratation et chaque palier identifiés par le modèle de Maxwell généralisé. ____ 176

16/253
Liste des tableaux

Tableau III.5 : Comparaison entre Ath et Aexp pour les échantillons référencés [60°C, Patm _
{4h, 6h}] et [23°C, Patm _ {17h, 24h}] dont les essais mécaniques sont représentés à la Figure
III.36. _________________________________________________________________ 183
Tableau III.6 : Comparaison entre les aires d’hystérésis Aexp calculées à chaque cycle des
essais de charge/décharge pour les deux échantillons référencés [23°C, Patm _, 24h] issus de
la Figure III.38. ___________________________________________________________ 184
Tableau III.7 : Temps de drainage de l’eau interstitielle (tdr) et intervalle de temps (tel) sur
lequel sont mesurées les propriétés élastiques lors des essais de charge/décharge pour chacune
des conditions d’hydratation étudiées : [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}] et [60°C, Patm _ {4h,
6h, 7h}]._________________________________________________________________ 189
Tableau III.8 : Propriétés élastiques élémentaires des constituants de la pâte de ciment
référencées dans la littérature ________________________________________________ 203

17/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI

INTRODUCTION GENERALE

18/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI

Contexte de thèse
Un puits pétrolier (Figure 1) est un ouvrage permettant d’exploiter un gisement à partir de la
surface. La construction d’un puits est effectuée selon un programme bien établi dont la
première étape est le forage. Puis un tube en acier est descendu dans la zone forée. Ce tube a
pour fonction de soutenir et revêtir la paroi du puits. Il est désigné par le terme anglo-saxon de
casing ou cuvelage en français.

Cuvelages Tête de puits


Ciment

R2

Formations
rocheuses

R1

Figure 1: Schéma d’un puits pétrolier

Le ciment est ensuite utilisé pendant ces opérations de forage pour remplir l’espace annulaire,
qui est de l’ordre de quelques centimètres, entre le casing et la formation rocheuse
environnante. L’annulaire en ciment ainsi réalisé doit être continu et imperméable afin,
d’une part, de protéger le casing d’une corrosion induite par les fluides de gisement et, d’autre
part, de rétablir les étanchéités entre les différents niveaux de forage afin d’empêcher toute

19/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI

circulation des fluides entre les différentes formations géologiques traversées. Enfin,
l'annulaire cimenté a pour rôle d’assurer la tenue mécanique du casing.

La mise en place du ciment consiste au remplacement de la boue de forage par un laitier


(coulis) de ciment (Figure 2).

Figure 2 : Principe de la procédure de la cimentation de l’annulaire [Nguyen, 1993].

Le coulis de ciment qui se présente (au moment de son injection) sous forme d’un mélange
d’eau et de ciment anhydre, se transforme en une pâte de ciment cohésive grâce à des
réactions chimiques exothermiques, appelées réactions d’hydratation (Figure 3). Celles-ci sont
à l’origine d’une augmentation progressive de la résistance mécanique et de variations du
volume de la pâte de ciment (Figure 4).

Figure 3 : Les différentes étapes de la prise du ciment d'après [Tiraputra et al., 2004].

20/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI

Réactions
chimiques
exothermiques
entre le ciment
anhydre et
l’eau

Ciment hydraté
Eau
Ciment anhydre

Développement
de la résistance Variation
mécanique de volumique de
la pâte de la pâte de
ciment ciment

Figure 4 : Comportement Chimio-Mécanique de la pâte de ciment au jeune âge.

L'état des contraintes dans le ciment après prise dans l’annulaire dépend :

- d’une part de la formulation du coulis, et des conséquences des réactions d’hydratation sur la
transformation du coulis en matériau solide. De son mode de mise en place, des réactions
d'hydratation du ciment qui mènent à la transformation de ce coulis en un matériau solide.

- et d’autre part du changement thermo-hydro-mécanique induit par la pression, la


température, la perméabilité et la saturation de la formation rocheuse environnante.

Cet état des contraintes va conditionner la durabilité à long terme de l'intégrité de la


cimentation. La pression et la température dans un puits augmentent avec la profondeur (10
bar /100m et 3°C/ 100m). Les différentes étapes liées à la cimentation du puits (phases
successives de forage, test d’étanchéité du puits…) génèrent des variations de pression et de
température. Tout changement du rythme de la production du réservoir crée aussi des
variations des champs de pression et de température au voisinage du puits et peut donc
engendrer des micro-annulaires ou des micro-fissures susceptibles de favoriser la migration
des fluides de la formation rocheuse (Figure 5). Enfin, le retour à l’équilibre du réservoir

21/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI

après l’arrêt de la production et l’abandon des puits peut aussi s’accompagner d’un
chargement thermomécanique [Mainguy et al., 2005]. La Figure 5 ci-dessous illustre le cas
d'un puits endommagé.

Figure 5 : Chemins de fuite potentiels dans un puits endommagé : entre les interfaces ciment
/casing (chemins a, b) et ciment/formation (chemins f), à travers le ciment (chemin c) à
travers le casing : corrosion (chemin d), à travers des fractures (chemin e) [Celia et al., 2004].

Afin de réduire les risques de rupture de ciment et de décollement, les opérateurs ajoutent des
additifs expansifs afin de compenser le retrait naturel des ciments pétroliers et de limiter la
formation de micro-annulaires (décollement aux interfaces) et la rupture en traction du
ciment. Cependant, la quantité d'additifs expansifs doit être bien contrôlée afin de limiter le
niveau de compression dans le ciment, d'autant plus que les effets des additifs sur les
contraintes après prise sont mal connus.

La cimentation est, par conséquence, une opération très importante. Elle conditionne
l'étanchéité et l'intégrité mécanique du puits, qui doit être en mesure de résister aux différents
chargements au cours de son existence.

Au cours des dix dernières années, plusieurs auteurs ont développé des méthodes pour étudier
la durabilité et l’intégrité mécanique à long terme de la gaine de ciment [Thiercelin et al.,
1997; Bosma et al., 1999; Di Lullo and Rae, 2000; Boukhelifa et al., 2004]. Or ces méthodes

22/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI

d’estimation de l’état de contraintes et/ou des déformations dans le ciment après prise ne
semblent pas reposer sur des principes physiques et mécaniques bien définis et diffèrent selon
les auteurs : [Thiercelin et al., 1997] et [Boukhelifa et al., 2004] supposent un état de
contrainte initiale nulle après la prise du ciment. [Bosma et al., 1999] supposent que la
contrainte initiale dans le ciment est nulle s'il y a retrait du ciment, qu’elle est égale à la
pression hydrostatique s'il n'y a ni retrait ni expansion du ciment, et égale à la somme de la
pression hydrostatique et d’un terme supplémentaire dû à l'expansion restreinte du ciment s'il
y a expansion du ciment.

Objectif de la thèse
Cette recherche est dédiée à l’étude du comportement Thermo-Chimio-Hydro-Mécanique (T-
C-H-M) du ciment au très jeune âge1 (jusqu’à 1 jour) dans le contexte de la cimentation des
puits pétroliers.

Diverses catégories de ciment sont prévues selon la profondeur et la température du fond du


puits. Mais généralement le ciment Portland de type « classe G » d’après la norme API
(American Petroleum Institute) est le plus utilisé pour cimenter l’espace annulaire dans les
puits. C’est un ciment pétrolier qui peut couvrir une grande gamme de profondeurs et de
températures avec l’ajout de quelques additifs comme les retardateurs de prise. C’est ce
ciment qui est étudié ici.

L’objectif visé est de mettre en place une méthodologie permettant de caractériser et de


modéliser, l'état des contraintes et des déformations dans l'annulaire cimenté d'un puits après
la prise du ciment.

Cette méthodologie devra prendre en compte le mode de mise en place du coulis de ciment,
son changement de phase et son éventuel retrait associé, ainsi que l’évolution de la pression
dans le puits et les éventuels échanges de fluide entre la roche et le ciment. Ainsi, elle
permettra d’adapter au mieux les ciments aux conditions de vie du puits et ainsi d’éviter les
risques de la formation de micro annulaire ou de perte d’intégrité du ciment.

Dans le cadre de la thèse, nous nous focalisons sur l’étude du comportement T-C-H-M du

1
Ce terme très jeune âge est adoptée ici par opposition au "jeune âge" qui peut durer plusieurs jours et qui
correspond et qui correspond à une durée relativement courte par rapport à l’hydratation complète et la vie de
l’ouvrage.

23/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI

ciment pétrolier « classe G » pendant sa prise2 (au très jeune âge) en conditions (HP/HT). Le
mode de mise en place et les éventuels échanges entre la formation rocheuse et le ciment ne
sont pas considérés dans cette étude. Celle-ci portera essentiellement sur la caractérisation de
l’évolution des propriétés hydrauliques et mécaniques ainsi que la modélisation des propriétés
élastiques du ciment « classe G ».

La stratégie adoptée doit prendre en compte le fait qu’il est difficile de réaliser des essais
mécaniques sur le ciment en cours de prise, car on détruit alors le squelette solide de la pâte
de ciment en cours de formation.

Structure du mémoire
Le schéma ci-dessous indique la démarche adoptée dans la thèse (Figure 6) où les pavés en
pointillés ne sont pas réalisés mais sont destinés à comprendre la logique du travail réalisé :

2
La prise de ciment pétrolier s’effectue en condition saturée en eau.

24/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI

Tâches Tâches
théoriques expérimentales
Données sur la cinétique
d’hydratation de la pâte de
ciment
Prédiction
de l’hydratation
Modèle de cinétique Mesure de la cinétique
d’hydratation de la pâte de d’hydratation de la pâte
ciment Étape 1 de ciment

Estimation de l’évolution
des fractions volumiques des
phases de la pâte de ciment
pendant l'hydratation
Caractérisation des
Prédiction propriétés hydriques
des propriétés
Modélisation par mécaniques
homogénéisation : Estimation Caractérisation des
des propriétés mécaniques propriétés mécaniques
de la pâte de ciment Étape 2
en cours de prise
Modélisation
de l’annulaire
cimenté Essais mécaniques sur
modèle physique
Modélisation T-C-H-M du
représentatif de
ciment en cours de prise
Étape 3 l'annulaire cimenté dans
la configuration du puits

Figure 6 : Méthodologie adoptée dans le cadre de la thèse

Les travaux de thèse présentés dans ce mémoire se déclinent en trois parties : (I) Etude de
l’hydratation du ciment pétrolier au très jeune âge, (II) Caractérisation de ses propriétés
hydrauliques en conditions d’hydratation HP/HT et (III) Comportement mécanique au très
jeune âge : étude expérimentale et modélisation par changement d’échelle. Ces trois parties
sont structurées en chapitres de la manière suivante :

25/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI

Partie I. Etude de la cinétique d’hydratation du ciment pétrolier au très jeune âge :

Chapitre I-1 Analyse bibliographique :

Ce chapitre est consacré à une étude bibliographique, il présente premièrement l’évolution de


la microstructure d’une pâte de ciment, son processus d’hydratation et les produits qui lui sont
associés ainsi que les modèles qui peuvent reproduire cette évolution. Les modèles permettant
d’estimer l’évolution des fractions volumiques des différentes phases sont également passés
en revue.

Chapitre I-2 Caractérisation de l’hydratation d’un ciment pétrolier en conditions de puits.

Pour décrire l’évolution des caractéristiques du ciment au très jeune âge, la notion de degré
d’hydratation est fondamentale. Des mesures telles que les mesures calorimétriques
permettent de suivre la cinétique d’hydratation du ciment. Ce chapitre est dédié à la
caractérisation de l’état d’avancement de l’hydratation du ciment pétrolier « classe G » au très
jeune âge en conditions d’hydratation HP/HT représentatives de celles existant en fond de
puits.

− Chapitre I-3 Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier.

Ce chapitre présente le modèle retenu pour prédire l’évolution de la cinétique d’hydratation


du ciment. Les résultats de ce modèle sont confrontés à ceux obtenus expérimentalement
dans le chapitre I-2. Ces résultats sont également exploités pour déterminer l'évolution des
fractions volumiques des différentes phases de la pâte de ciment en cours de prise.

Partie II. Caractérisation des propriétés hydrauliques au très jeune âge d’un ciment pétrolier
pris à HP/HT :

Chapitre II-1 Mesure de la porosité.

Ce chapitre concerne la caractérisation de l’évolution de la porosité au très jeune âge du


ciment pétrolier. Dans un premier temps une synthèse bibliographique sur la porosité des
pâtes de ciment est présentée, puis l’effet des conditions d’hydratation sur l’évolution de la
porosité et de la distribution des tailles de pores de la pâte au très jeune âge est étudié.

− Chapitre II-2 Mesure de la porosité.

Afin de compléter l’information donnée par les mesures de la porosité, la caractérisation de


l’évolution de la perméabilité à l’eau au très jeune âge du ciment pétrolier est réalisée. Tout

26/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI

d’abord, une brève analyse bibliographique est présentée, ensuite la caractérisation de l’effet
des conditions d’hydratation sur l’évolution de la perméabilité est étudié.

Partie III. Comportement mécanique d’un ciment pétrolier au très jeune âge : étude
expérimentale et modélisation par changement d’échelle :

Chapitre III-1 Analyse bibliographique.

Dans ce chapitre, une étude bibliographique a été menée sur les différents types d’essais
permettant de caractériser l’évolution des propriétés mécaniques de la pâte de ciment au très
jeune âge.

Chapitre III-2 Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge.

Ce chapitre est dédié à la caractérisation de l’évolution des propriétés mécaniques


dynamiques du ciment pétrolier « classe G » au très jeune âge.

Chapitre III-3 Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT.

Dans ce chapitre on s’intéresse à la caractérisation de l’évolution des propriétés mécaniques


quasi-statiques "instantanées" et différées du ciment pétrolier « classe G » au très jeune âge
dans des conditions de température et de pression représentatives de celles existant en fond de
puits. Les propriétés élastiques quasi-statiques obtenues sont ensuite confrontées aux
propriétés élastiques dynamiques présentés dans le chapitre III-2. La relation entre l’évolution
des propriétés hydrauliques présentée dans la partie II et celle des propriétés mécaniques au
très jeune âge est également étudiée.

Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques par changement d’échelle.

− Ce chapitre est consacré à la mise au point d’un modèle permettant d’estimer l’évolution
des propriétés élastiques de la pâte de ciment pétrolier «classe G » au cours de
l’hydratation. Les résultats du modèle développé sont confrontés aux résultats
expérimentaux obtenus en dynamique et en quasi-statique.

27/253
Partie I Monsef BOURISSAI

PARTIE I :
ETUDE DE LA CINETIQUE
TRE
D’HYDRATATION AU TR ES JEUNE
AGE
Cette partie a pour objectif d’étudier la cinétique d’hydratation du ciment Portland « classe
G » dans des conditions HP/HT représentatives des conditions de fond de puits de pétrole ou
de gaz. Pour ce faire, nous avons scindé cette partie en trois chapitres; le premier est un
chapitre bibliographique sur les différents aspects de l’hydratation de ciment portland, le
second concerne la caractérisation des conditions HP/HT, de la cinétique d’hydratation du
ciment étudié « classe G » par calorimétrie et enfin le troisième chapitre présente le modèle
employé pour reproduire cette cinétique d’hydratation. L’estimation de l’évolution des
fractions volumiques des différents constituants de la pâte de ciment pendant l’hydratation est
également présentée dans ce troisième chapitre.

28/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

Chapitre I-1
ANALYSE BILIOGRAPHIQUE
Les ciments sont des matériaux polyphasiques, poreux, et
évolutifs dans le temps. L’analyse de la microstructure des
ciments est nécessaire pour connaître précisément ces matériaux
et leur comportement. Ce chapitre bibliographique présente les
spécificités du ciment portland. Tout d’abord, le matériau est
décrit à l’état anhydre. Puis les processus d’hydratation du
ciment, et les différents aspects de la microstructure, sont
détaillés. Ensuite, quelques approches de modélisation
d’hydratation des ciments sont analysées. Et enfin, nous
présentons quelques modèles permettant l’estimation de
l’évolution des différentes phases de la pâte de ciment en cours
de son hydratation.

I-1.1. Introduction
Bien que datant de l’antiquité, les ciments usuels, appelés aussi liants hydrauliques, ne cessent
d’être améliorés et appartiennent de plus en plus à la gamme des produits de haute
technologie. Le ciment est aujourd’hui un produit industriel décliné sous des formes variées
(ciment Portland, ciment alumineux,…) pour des multiples utilisations (bâtiment,
infrastructures, isolation, ouvrages d’art, étanchéité des puits pétroliers, …).

Les liants hydrauliques ont la propriété de s’hydrater en présence d’eau et cette hydratation
transforme la pâte qui a une consistance de départ plus ou moins fluide, en un solide
pratiquement insoluble.

I-1.2. Microstructure d’une pâte de ciment : de l’hydratation à sa


modélisation
I-1.2.1. Le ciment Portland à l’état anhydre

Le composant principal du ciment Portland est le clinker. Il est obtenu à partir d’un mélange

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Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

de silicates et d’aluminates de calcium résultant de la combinaison de la chaux (CaO) avec la


silice (SiO2), l’alumine (Al2O3) et l’oxyde ferrique (Fe2O3). La chaux nécessaire est apportée
par des roches calcaires ; l’alumine, la silice et l’oxyde de fer par des argiles.

Les composés formant le ciment anhydre sont répertoriés dans le Tableau I.1 où figurent leur
composition chimique, leur proportion massique obtenue par analyse chimique et également
leur notation abrégée dans la nomenclature des cimentiers, nomenclature qui sera utilisée dans
la suite.

Une micrographie de clinker d’un ciment Portland avec les différentes phases qui le
composent est présentée à la Figure I.1.

Figure I.1 : Micrographie en lumière réfléchie d’une section polie de clinker


d’un ciment Portland [Taylor, 1997].

30/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

Abréviation* Formule chimique Nom du composé Proportion massique (%)

Éléments de base
A Al2O3 alumine 2-9
C CaO oxyde de calcium 62-67
F Fe2O3 oxyde ferrique 1-5
H H2O eau
K K2O oxyde de potassium 0,6
S SiO2 silice 19-25
S SO3 trioxyde de soufre
(anhydride sulfurique) 1-3
M MgO oxyde de Magnésium 0-3
N Na2O oxyde de sodium 0,2
Composants principaux du clinker
(3CaO, SiO2) silicate tricalcique
C3S(alite) 50-70
(2CaO, SiO2) silicate bicalcique
C2S (bélite) 10-30
(3CaO, Al2O3) aluminate tricalcique
C3A(célite) 2-15
(4CaO, Al2O3, alumino - ferrite
C4AF(ferrite) 5-15
Fe2O3) tétracalcique
Gypse
gypse (sulfate de
C S H2 (CaSO4, 2 H2O) 2-5
calcium)

Tableau I.1 : Matières premières et principaux constituants du ciment anhydre


* Employée dans la nomenclature des cimentiers.

Le calcul de la composition minéralogique du ciment Portland est fondé principalement sur


le travail de Bogue auquel on se réfère souvent en tant que « composition de Bogue ». Une
version simplifiée des équations de Bogue donnant le pourcentage des principaux composés
du ciment est donnée ci-dessous :

C3S = 4, 071(CaO) – 7, 600(SiO2) – 6,718(Al2O3) – 1, 430(Fe2O3) – 2, 852(SO3)


C2S = 2, 867(SiO2) – 0, 7544(C3S)
C3A = 2, 650(Al2O3) – 1, 692(Fe2O3)
C4AF = 3, 043(Fe2O3)
Les termes entre parenthèses représentent la proportion de l’oxyde concerné dans la masse
totale du ciment.

31/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

Ces équations reposent sur certaines hypothèses simplificatrices : les différents constituants
du clinker sont pures et stables chimiquement.

I-1.2.2. Hydratation d’un ciment Portland

I-1.2.2.1. Processus d’hydratation


Le terme "hydratation" désigne l’ensemble des réactions chimiques qui se produisent quand
un ciment anhydre se trouve en contact avec l’eau.

L’hydratation d’un ciment Portland peut se résumer, dans une approche simplifiée, à
l’hydratation des quatre phases majoritaires du clinker : C3S, C2S, C3A et C4AF.

Les différents produits issus de l’hydratation du ciment sont :

− les silicates de calcium hydratés : C-S-H,

− la portlandite : CH,

− et les aluminates de calcium hydratés : l’ettringite ( C 3 A,3C S , H 32 ) ou (Aft), le

monosulfoaluminate ( C 3 A,C S , H 12 ) ou (Afm), l’hydrogarnet 2C 3 ( A,F ) H 6 , C 4 AH 13 .

Les différentes phases du ciment vont s’hydrater suivant un processus exothermique de


dissolution-précipitation pour former un matériau cohésif [Michaux et al., 1990; Taylor,
1998].

L’hydratation du ciment Portland se décompose en cinq phases (Figure I.2) :

32/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

‘0’ 1 2 3 4

Dissolution Période dormante Accélération de Décélération de Cure


des anhydres et et coagulation l’hydratation et l’hydratation et
relargage d’ions prise durcissement
en solution
K+
Ca2+ SO 24−
OH−
Na+

15 minutes 4 heures 4 heures 16 heures 28 jours

Grain anhydre

Hydrate

Figure I.2 : Schéma récapitulatif de l’hydratation de deux grains de ciment (Schéma adapté de
[Rixom and Mailvaganam, 1999].

Phase ‘0’ : Cette phase dure une quinzaine de minutes et consiste en la dissolution des
composés les plus solubles ( NaSO4 , KSO4 , CaSO4 xH 2O ). Parallèlement, l’hydrolyse des

silicates les plus réactifs par dissolution produit des ions Ca 2+ et OH − [Jolicoeur and Simard,
1998]. Il en résulte une forte augmentation du pH et de la proportion des silicates et des
aluminates en solution. Ces phases sont, en effet, très solubles dans les solutions très
alcalines. La dissolution de ces produits s’accompagne de la formation d’une couche mince de
produits intermédiaires amorphes.

Phase 1 : La précipitation des premiers hydrates à l’interface solide/solution s’accompagne


d’un ralentissement brutal des réactions d’hydratation. C’est pourquoi il apparaît une nouvelle
période appelée période d’induction ou période dormante. Ce ralentissement est dû à la
formation d’une couche d’hydrates peu perméables autour des grains anhydres. La réaction de
dissolution est alors limitée par la diffusion des ions à travers cette couche.

Phase 2 : L’apparition de l’accélération de l’hydratation est due notamment à une rupture de


la couche protectrice d’hydrates par des effets osmotiques [Jolicoeur and Simard, 1998]. Les
phénomènes de cristallisation (précipitation) reprennent à partir de la solution saturée par un
processus de nucléation homogène. Le déclenchement de cette cristallisation et l’accélération
de la réaction accompagnent la structuration de la pâte pendant environ quatre heures.

33/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

Phase 3 : L’épuisement progressif des anhydres entraîne la décélération de l’hydratation. Le


durcissement de la pâte se produit alors pendant les seize heures qui suivent.

Phase 4 : Le renforcement des propriétés mécaniques appelé cure du matériau dure plusieurs
jours [Jolicoeur and Simard, 1998].

I-1.2.2.2. Cinétiques d’hydratation du ciment Portland


Le suivi du flux thermique au cours du temps par calorimétrie isotherme reflète directement
l’évolution du processus d’hydratation selon les cinq phases décrites précédemment (Figure
I.3) :

‘0’ 1 2 3 4
Mouillage et Formation d'ettringite S'il n' y a plus de C S H2, Hydratation
Flux thermique

dissolution des Formation de C-S-H ettringite monosulfo- contrôlée par


anhydres et Précipitation de CH aluminate la diffusion
précipitation
"rapide"
des hydrates Fin de prise

Période dormante

Début de prise

minutes heures jours


Temps d'hydratation
Figure I.3 : Représentation de l’évolution du flux thermique en fonction du temps (Schéma
adapté de [Nelson et al., 1990].

La phase ‘0’ de pré-induction est celle du gâchage, au cours de laquelle le passage en


solution des ions provenant des constituants s’effectue. Le pic exothermique traduit la
dissolution rapide avec libération d’ions calcium, silicates, aluminates, sulfates et alcalins.

La phase 1 d’induction ou période dormante se traduit par la diminution du flux thermique


(inertie thermique) pendant quelques heures.

La phase 2 d’accélération ou de croissance correspond à une augmentation du flux thermique


dégagé : l’ettringite, la portlandite et les C-S-H précipitent. Ces deux derniers jouent un rôle
fondamental de «colle » sans lesquels la pâte de ciment ne serait qu’un milieu granulaire sans
cohésion. Au cours de cette phase d’accélération, on assiste au passage d’un comportement de
suspension à un comportement de milieu quasi-granulaire par « percolation géométrique »

34/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

des amas d’anhydres en cours d’hydratation puis enfin à un comportement de solide cohésif
de la pâte de ciment par « percolation mécanique » des phases solides : cette période est
nommée la prise initiale. Cette percolation mécanique est apportée par les hydrates,
principalement par les C-S-H mais aussi, localement, par la portlandite qui peut jouer le rôle
de ponts d’hydrates (Figure I.4). Ces C-S-HBD dits de basse densité (appelés aussi externes)
naissent à la surface des grains anhydres, formant ainsi une matrice continue qui relie les
grains anhydres. En raison de leur densité plus faible (~2 g/cm3 à comparer avec 3,15 g/cm3
pour les grains anhydres), ils occupent un volume plus grand que les grains anhydres. La
porosité capillaire initialement remplie d’eau, diminue progressivement au cours de
l’hydratation. Les C-S-HBD présentent une porosité élevée, environ 0,37 pour un ciment
ordinaire hydraté à température ambiante [Jennings, 2000].

Figure I.4 : Vue au Microscope électronique à balayage d’une pâte de ciment : Portlandite (X)
entre des C -S-H (#). La porosité capillaire est repérée par (O) (d’après Regourd et Hornain,
1975 cité par [Guillon, 2004]).

La phase 3 de décélération (durcissement) correspond à une diminution progressive du flux


thermique traduisant un ralentissement de l’hydratation. Lors de cette période, les grains
anhydres se recouvrent d’une couche d’hydrates de plus en plus épaisse formant ainsi une
coquille (Figure I.5) s’épaississant dans le temps. Les C-S-H formés (appelés C-S-HHD ou
internes) présentent une densité élevée par rapport aux C-S-HBD, et donc une porosité plus
faible : environ 0,24 pour un ciment ordinaire hydraté à température ambiante [Jennings,
2000].
L’épuisement du gypse, visible avec la chute de la concentration en sulfate, déclenche un petit
pic dans la courbe du flux thermique. La formation du monosulfoaluminate par réaction de

35/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

l’ettringite avec l’excès d’aluminate est très exothermique et rapide, d’où la présence de ce
pic.

Figure I.5 : Microstructure de la pâte de ciment durcie (vue d’une section polie)
[Ghabezloo, 2008].

La phase 4 de ralentissement (diffusion contrôlée) se manifeste pendant plusieurs jours, voire


plusieurs mois après la prise. Le réseau de produits hydratés devient de plus en plus dense. A
ce stade, seule l’hydratation contrôlée par la diffusion d’eau à travers les couches d’hydrates
déjà formés peut avoir lieu (Figure I.6).

Eau libre
Couches d'hydrates
Ciment anhydre

Figure I.6 : Diffusion de l’eau à travers les couches d’hydrates pendant les phases 3 et 4 [Ulm
and Coussy, 1995].

En conclusion, la précipitation des hydrates intervient essentiellement au cours de la période


d’accélération (phase 2) et de décélération (phase 3). Les hydrates formés au cours de ces
deux périodes sont morphologiquement distincts. Au cours de la phase d’accélération, les
produits " externes " précipitent dans l’espace inter-grain, initialement occupé par l’eau de
gâchage (porosité capillaire) (cf. Figure I.4). Les produits de précipitation " internes ", quant à

36/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

eux, se développent pendant la période de décélération, en remplacement de la phase solide


anhydre (cf. Figure I.5). La structuration de la pâte et le développement de sa résistance ont
lieu essentiellement au cours de ces deux périodes.

I-1.2.2.3. Bilans réactionnels et stoechiométrie des réactions d’hydratation


Les bilans réactionnels et la stœchiométrie des réactions d’hydratation du ciment ne sont pas
faciles à établir. Un des principaux freins à la résolution de ces bilans est l’hétérogénéité
minéralogique et chimique des grains de ciment.

Les quatre phases majoritaires du ciment Portland peuvent être divisées en deux familles : les
silicates (C3S et C2S) et les aluminates (C3A et C4AF). Dans une même famille, l’hydratation
des constituants conduit à des produits identiques. Seules les cinétiques des réactions
diffèrent. Ce sont ces différentes cinétiques qui sont à l’origine de l’évolution des propriétés
mécaniques d’une pâte de ciment à l’échelle macroscopique.

a. Hydratation des silicates (C3S et C2S)


L’hydratation des silicates conduit à la formation de silicates de calcium hydraté (C-S-H) et
d'hydroxyde de calcium ou portlandite (CH) selon les équations (I-1.1) et (I-1.2) :

C3 S + (3+ m - n)H → Cn - S - H m + (3 - n)CH (I-1.1)


C2 S + (2 + m - n)H → Cn SH m + (2 - n)CH (I-1.2)
La majeure partie de l’hydratation du C3S se passe dans les vingt-huit premiers jours suivant
le contact avec l’eau. Elle participe à la prise initiale et contribue à la résistance initiale et
finale de la pâte. La réaction complète peut prendre jusqu'à une année, voire plus.

L'hydratation de C2S, quant à elle, est beaucoup plus lente que celle du C3S. La bélite (C2S)
participe aux résistances au-delà d’une semaine après le contact avec l’eau.

La portlandite est un " composé défini "d’un point de vue chimique. Elle est précipitée à
partir de la solution et représente 5 à 15% en masse du ciment hydraté. Elle participe à la
résistance au très jeune âge (dans les heures qui suivent le contact avec l’eau).

A l’inverse de la portlandite, le C-S-H n’est pas un " composé défini ": il est non
stœchiométrique, mal cristallisé. Sa structure est intermédiaire entre celle des cristaux et des
composés amorphes. Plus de trente phases cristallines de cet hydrate sont connues. Elles sont
toutes nommées sous le terme générique de C-S-H. Les tirets dans l’appellation traduisent ce

37/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

caractère non défini. Le C-S-H est le composé majoritaire du ciment hydraté puisqu’il
représente 50 à 70 % de sa masse.

La stœchiométrie des C-S-H évolue au cours du temps et varie en fonction de la température,


du rapport massique e/c (eau/ciment anhydre) et de la quantité d’impuretés (Cr, Ti, Sr)
présente dans les réseaux cristallins de C3S (alite) et de C2S (bélite) [Lea, 1998]. Pour des
pâtes de ciment à l’état frais ou durci, on s’accorde aujourd’hui sur la valeur moyenne de 1,7
pour le rapport CaO/SiO2 (C/S) [Siera, 1982; Young and W.Hansen, 1987; Richardson, 1999;
Jennings, 2000].

Le rapport H2O/SiO2 (H/S) est quant à lui très dépendant du rapport e/c et de l’état de
saturation du matériau [Siera, 1982]. En condition saturée, la valeur la plus souvent retenue
est H/S = 4. On obtient finalement, au jeune âge, la formulation moyenne C1,7-S-H4
déterminée par Young et Hansen en 1987, et reprise notamment dans [Boumiz, 1995; Waller,
2000; Garboczi and Bentz, 2001; Mounanga, 2003; Guillon, 2004]. Les bilans réactionnels
des silicates s’écrivent alors sous la forme suivante :

C3 S + 5,3H → C1,7 -S -H 4 + 1,3CH (I-1.3)


C2 S + 4,3H → C1,7 -S -H 4 + 0,3CH (I-1.4)

b. Hydratation des aluminates (C3A et C4AF)


L’hydratation des aluminates (qui représentent une fraction massique maximale de 20% du
ciment) est très rapide, exothermique, et par conséquent intervient dans les premiers instants
de l’hydratation d’un ciment.

D’une manière générale, l’hydratation du C3A est grandement influencée par les conditions et
le milieu d’hydratation. En l’absence de sulfates (contenus dans le gypse ou apportés par le
milieu externe), les réactions chimiques permettant de former trois phases hydratées
intermédiaires, C4AH19, C4AH13, C2AH8, [Taylor, 1997], sous la forme suivante :

2C3 A + 27H → C4 AH 19 + C2 AH 8 (I-1.5)


2C3 A + 21H → C4 AH 13 + C2 AH 8 (I-1.6)
C3 A + CH +12H → C4 AH 13 (I-1.7)
En présence des sulfates, l’hydratation du C3A est régulée et conduit à la formation de
l’ettringite (Aft). Ce dernier est un produit hydraté stable uniquement lorsque les sulfates sont

38/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

en quantité suffisante. Or, dans la majorité des cas, le C3A est en excès par rapport aux
sulfates. C’est pourquoi, lorsque les sulfates sont consommés et que le C3A n'est pas
complètement hydraté, l'ettringite se transforme en monosulfoaluminate tétracalcique (Afm).

Les différentes réactions de C3A en présence du gypse sont résumées par les équations
bilan [Taylor, 1997] :

C3 A + 3C SH 2 + 26H → C6 AS 3 H 32 (ettringite) (I-1.8)

2C3 A +C6 AS 3 H 32 + 4H → 3C4 ASH 12 (monosulfoaluminate) (I-1.9)

C3 A + CH +12H → C4 AH 13 (I-1.10)
L’hydratation de la phase C4AF est semblable à celle de C3A lorsque les conditions
d’hydratation sont identiques. La cinétique d’hydratation du C4AF est en revanche, beaucoup
plus lente que celle du C3A à température ambiante et s’accélère vers 50°C. Les différentes
réactions d’hydratation de la phase C4AF sont résumées dans les équations bilan suivantes :

C4 AF + 3 C SH 2 + 30H → C6 AS 3 H 32 + CH + FH 3 (I-1.11)

C6 AS 3 H 32 + 2C4 AF + 12H → 3C4 ASH 12 + 2CH + 2FH 3 (I-1.12)

C4 AF + 2CH + 10H → 2C3 ( A,F ) H 6 (I-1.13)


Le constat majeur apporté par l’analyse des réactions d’hydratation des C3A et C4AF est que
les produits intermédiaires formés réagissent également avec les C3A et C4AF encore en
présence. Ceci rend difficile le suivi dans le temps du bilan quantitatif de ces réactions.

I-1.2.2.4. Facteurs influençant le processus d’hydratation

a. Influence du rapport e/c


Pour les faibles rapports e/c, la précipitation est plus rapide et le taux d’hydratation est plus
élevé dans la période initiale. [Chougnet, 2006] a suivi le flux thermique en fonction du temps
d’hydratation du ciment en utilisant la calorimétrie isotherme pour différentes valeurs de e/c :
il a été constaté que lorsque la proportion de ciment est plus élevée, le pic observé est
sensiblement plus fin. La pente de la phase d’accélération est identique pour les différents
rapports e/c, néanmoins la phase de décélération est plus rapide pour les fractions volumiques
de ciment les plus élevées. Ceci est dû à la plus faible quantité d’eau dans les capillaires
quand la fraction volumique en ciment est plus élevée, puisque c’est cette eau qui est la plus

39/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

disponible pour la dissolution et la précipitation des anhydres [Bentz, 2006].

b. Influence de la température
La température est un facteur déterminant affectant la prise et le comportement caractéristique
des matériaux cimentaires. Une augmentation de la température conduit à une accélération des
réactions d’hydratation et une augmentation de l’énergie thermique dégagée3. De nombreuses
études récentes l’ont confirmé : [Escalante-Garcia and Sharp, 1998; Escalante-Garcia, 2003;
Heikal et al., 2005; Chougnet, 2006].

c. Influence de la pression
[Chougnet, 2006] a constaté que la pression (P = 90 bar) a un effet faible sur la cinétique
d’hydratation. En effet, [Chougnet, 2006] a constaté que la pression n'influence pas l'énergie
thermique dégagée. En revanche, la pression, diminue le temps d’induction, ce qui est
conforme aux observations de [Bresson, 1997] et récemment de [Meducin et al., 2008] qui
observent simplement une translation dans le temps des mesures de conductivité quand la
pression augmente. Il est à noter que jusqu'à des pressions de 800 bars, la structure des C-S-H
formés n’est pas modifiée [Bresson, 1997].

d. Influence conjuguée de la pression et de la température


Peu d’études ont été réalisées sur l’identification de l’effet conjugué de la pression et de la
température sur la cinétique d’hydratation. [Chougnet, 2006] a étudié cet effet en utilisant un
calorimètre différentiel haute pression (HP micro DSC VII) à 30°C et à deux pressions
différentes ( Patm et P = 90 bar). Ses résultats ont montré qu’il n’existait aucun effet du
couplage pression – température sur la cinétique d’hydratation pour la phase d’accélération
comme pour celle de la décélération pour ces conditions d’essai. Il semble donc suffisant de
caractériser chaque effet seul pour caractériser l’hydratation dans les conditions de fond de
puits.

e. Influence de la composition du ciment


La composition chimique du ciment influe sur la cinétique de son hydratation car tous les
composants ne réagissent pas à la même vitesse [Lea, 1998]. La présence ou non d’impuretés
dans les grains modifierait également le processus d’hydratation à l’échelle granulaire [Jensen
et al., 1999]. Par ailleurs, la distribution de taille des particules du ciment a une influence

3
L’énergie thermique dégagée est obtenue en intégrant le flux thermique par rapport au temps

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Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

significative sur la cinétique des réactions d’hydratation [Bentz et al., 1999; Bentz et al.,
2001]. En général, à quantité d’eau initiale égale, une réduction du diamètre médian de la
distribution granulométrique du ciment aboutit à une accélération de la cinétique
d’hydratation. La surface spécifique du ciment, est donc également un facteur d’influence
important. Plus cette surface est importante, plus le ciment sera réactif.

I-1.2.2.5. Variations volumiques liées à l’hydratation


La pâte de ciment subit des variations volumiques liées aux réactions d’hydratation : variation
de volume "thermique" due à l’exothermie de l’hydratation au cours des premières heures et
variation de volume d’origine "chimique".

Dans la littérature, on peut trouver de nombreux travaux expérimentaux ou de modélisation


dédiés aux variations de volume associées aux réactions d’hydratation comme : [Barcelo et
al., 1999; Baumgarte et al., 1999; Mounanga, 2003; Mounanga et al., 2006; Pichler et al.,
2006; Bouasker et al., 2007; Reddy et al., 2007; Bouasker et al., 2008; Jaouadi, 2008;
Baroghel Bouny, 1994].

L’hydratation de la pâte de ciment ne se produit pas à volume constant : une déformation de la


pâte de ciment est engendrée par un bilan volumique négatif entre le volume absolu des
produits de l’hydratation et la somme des volumes des constituants du départ (Figure I.7). Ce
phénomène a été observé par Le Chatelier d’où le nom de « Contraction Le Chatelier ». Cette
diminution du volume absolu peut atteindre 10% du volume initial à hydratation complète. La
Figure I.8 présente l’évolution caractéristique de la contraction Le Chatelier appelée
également retrait chimique.

Le retrait chimique a pour conséquence une diminution de volume apparent du ciment,


comme illustré à la Figure I.7. Ce dernier est souvent mis en évidence en laboratoire en
plaçant le ciment dans des conditions endogènes i.e. en condition isotherme, sans échange
hydraulique avec le milieu extérieur et sans chargement extérieur. L’évolution caractéristique
du retrait endogène est présentée à la Figure I.8. Dans la littérature, le retrait endogène4 ainsi
mesuré est souvent appelé retrait externe.

4
Dans le contexte de notre étude, la mesure classique du retrait endogène n’est pas représentative du retrait
apparent de l’annulaire cimenté (épaisseur de l’ordre de 1 ou 2 centimètres) car le ciment peut être
continuellement alimenté en eau du fait de la saturation des formations environnantes.

41/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

Figure I.7 : Volume absolu et volume apparent [Bissonnette et al., 2001].

Figure I.8 : Évolution du retrait chimique et du retrait endogène4 pendant l’hydratation d’un
ciment P30 avec un e/c de 0,4 [Justnes et al., 1994].

Grâce à la propagation d’ultrasons combinée à des mesures du retrait chimique, [Barcelo et


al., 1999] a pu décomposer l’évolution du retrait chimique total selon quatre phases (Figure
I.9) :

42/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

Porosité capillaire remplie d’eau

Figure I.9 : Représentation phénoménologique de l’évolution du retrait chimique d’une pâte


de ciment au jeune âge [Bisschop, 2002].

Phase 1 et 2 (Figure I.8 et Figure I.9) : Durant cette période, les grains solides sont isolés
dans la phase liquide. L’hydratation débute et le matériau étant liquide, il ne peut pas résister
aux variations de volumes imposées par les réactions d’hydratation. Durant ces deux phases,
le retrait chimique et le retrait endogène sont identiques. Ils résultent du phénomène de
contraction Le Chatelier. Cette période dépend du rapport e/c: elle peut être de courte durée
pour de faibles e/c.

Phase 3 (Figure I.8 et Figure I.9) : Les hydrates se développent autour des grains de ciment
anhydre créant au fur et à mesure une première phase "granulaire" et un réseau capillaire
connecté. Un squelette granulaire apparaît. Cette phase correspond également à la fin de prise
Vicat déterminée à partir de l’essai de pénétration Vicat selon la norme européenne NF EN
196-3 [Bouasker et al., 2007]. La réaction d’hydratation étant continue, elle impose au
matériau une variation volumique, qui est localement gênée par les formations solides. A
partir de ce moment, la vitesse du retrait endogène diminue fortement et la courbe de ce retrait
en fonction du temps tend à se stabiliser.

Phase 4 : Le passage de la phase 3 à la phase 4 correspond au passage d’un matériau


granulaire à un matériau solide, du point de vue du comportement. Le matériau solide poreux
commence à s’opposer aux déformations chimiques imposées. Ainsi, un volume gazeux peut
apparaître dans la porosité capillaire initialement saturée en eau afin de compenser les

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Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

contraintes dues aux variations de volume. Ce départ d’eau, combiné à la présence des cavités
gazeuses, se traduit par une dépression capillaire d’où le phénomène d’auto-dessiccation.

Les produits d’hydratation remplissent petit à petit la porosité capillaire, ce qui permet au
matériau de se densifier. Le réseau poreux est alors de moins en moins connecté.
L’accroissement de la phase d’hydrates implique une augmentation du volume de micropores
dans les hydrates (pores de gel). Dans ces micropores, il reste de l’eau emprisonnée. Ainsi, si
les capillaires ne contiennent plus d’eau libre, il n’y a pratiquement plus d’hydratation même
s’il reste du ciment anhydre.

I-1.2.3. Modélisation de l’hydratation du ciment Portland

I-1.2.3.1. Estimation de l'état d'avancement du processus d'hydratation


Comme nous l’avons détaillé au paragraphe (§.I-1.2.2), l’hydratation du ciment est un
phénomène complexe au cours duquel les différentes phases du matériau s’hydratent selon
des cinétiques très différentes [Lea, 1998]. Malgré cette hétérogénéité, il est intéressant, d’un
point de vue pratique, de décrire l’état d’avancement global des réactions d’hydratation par
une variable unique notée ξ . Ainsi a été introduit le concept de degré d’hydratation du
ciment, défini comme :

mh ( t )
ξm ( t ) = (I-1.14)
mh∞

où ξ m ( t ) est le degré d’hydratation du ciment à l’instant t, mh ( t ) est la masse d’hydrates

formés au même instant et mh∞ est la masse d’hydrates finale correspondant à ξ m = 1 .


Alternativement, on peut définir le degré d’hydratation à partir de la masse initiale de ciment
anhydre ma0 dont la valeur est connue a priori et de ma ( t ) la masse de ciment anhydre

n’ayant pas encore réagi.

ma ( t )
ξm ( t ) = 1 − (I-1.15)
ma0
Expérimentalement, le degré d’hydratation se détermine :

− - Soit à partir de la quantité de ciment ayant ou n’ayant pas réagi à l’instant t. On parle
alors de méthode directe.

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Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

− - Soit à partir du suivi de l’évolution d’une propriété commune aux différentes réactions
d’hydratation (exothermie, accroissement de la quantité d’eau liée,…). Ces méthodes sont
dites indirectes.

Parallèlement à ces techniques de mesures, des modèles analytiques et numériques, décrivant


l’évolution de la variable ξ ( t ) , ont été développés et mis au point. Les prochains paragraphes

développent ces deux approches.

a. Approche expérimentale : quelques méthodes de mesure


Il existe plusieurs méthodes de mesure de l’état d’avancement du processus de l’hydratation;
parmi celles-ci nous pouvons citer :

 La diffractométrie aux rayons X (DRX) : elle permet de quantifier les phases cristallisées
présentes dans un échantillon. La faible cristallinité des C-S-H ne permet donc pas l'étude
par DRX. Appliquée au suivi de l’hydratation du ciment, la DRX donne accès à la quantité
de ciment non hydraté [Bresciani, 2008; Lothenbach et al., 2008]. La DRX est néanmoins
peu adaptée à la mesure de degré d’hydratation important car les pics des grains anhydres
résiduels deviennent trop faibles pour assurer une précision de mesure suffisante [Sideris,
2000].

 La résonance magnétique nucléaire (RMN) : contrairement à la DRX, elle s’adapte bien à


l’étude de matériaux peu ou pas cristallisés [Klur, 1996; Chougnet, 2006; Le Saoût et al.,
2006]. La RMN du 29Si permet de déterminer les quantités de silicates anhydres, de silice
n’ayant pas réagi et de C-S-H présents dans l’échantillon. La RMN de l’aluminium (27Al)
permet, quant à elle, d’identifier, voire de quantifier les différentes phases contenant de
l’aluminium : C3A, ettringite, monosulfoaluminate de calcium hydraté.

 La mesure de la chaleur d’hydratation par calorimétrie : isotherme ou (semi)- adiabatique.

− La calorimétrie isotherme : utilisée par [Boumiz, 1995; Escalante-Garcia and Sharp, 2000]
et plus récemment par [Chougnet, 2006]. Pendant l’essai, le matériau est maintenu à
température constante et le flux de chaleur dégagée par l’hydratation du ciment est
mesuré. L’intégration de cette quantité dans le temps permet d’obtenir la chaleur
d’hydratation. Un degré d’hydratation global ou " macroscopique " a été défini en
supposant que les différentes

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Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

− réactions d’hydratation sont synchrones par la relation suivante :

Q( t )
ξQ ( t ) = (I-1.16)
Q∞
où Q ( t ) est la chaleur d’hydratation à l’instant (t) et Q∞ est la quantité de chaleur

d’hydratation dégagée pour une hydratation complète ( ξQ = 1 ).

Les calorimétries de type adiabatique ou semi adiabatique [Morabito, 1997]. La pâte de


ciment est introduite dans une enceinte relativement isolante d’un point de vue thermique et
une sonde thermométrique plongée au sein du matériau enregistre l’évolution de sa
température. La connaissance de la capacité thermique du matériau et des déperditions
thermiques (très faibles dans la configuration adiabatique et estimées par étalonnage de
l’enceinte dans la configuration semi-adiabatique) donnent accès à la chaleur d’hydratation du
matériau dont on déduit le degré d’hydratation ξQ comme ci-dessus.

b. Approche prédictive : modélisation de la cinétique d’hydratation


La revue des modèles existants sur l'évolution de l'hydratation comportant les composantes
chimique et thermique fait apparaître deux types d'approche. La première traite le problème
d'un point de vue microscopique en s'intéressant à la modélisation réelle de la formation de
la microstructure au cours du temps. La seconde méthode, beaucoup moins explicite, décrit
l'évolution des cinétiques d'hydratation de manière macroscopique globale. Les mécanismes
et les interactions physiques au niveau granulaire ne sont pas pris en compte dans ce cas. Des
modèles représentatifs de ces deux approches sont exposés en insistant sur leurs particularités
et sur leurs points communs.

 Modèles microscopiques

Ces modèles se basent sur la description à l'échelle des particules des cinétiques et des
processus de formation de la microstructure au cours de l'hydratation, plus connus sous le
nom de " modèles de cinétiques de particules intégrées " (traduction de "integrated particle
kinetics model"). L'idée principale de ce type de modèles est de représenter les constituants de
base du ciment par des formes géométriques simples (sphères, carrés...) et de les décomposer
en unités élémentaires qui interagissent entre elles. [Jennings and Johnson, 1986] étaient
parmi les premiers à utiliser une telle approche en décrivant les grains sphériques par leurs
centre et rayon, ce qui correspond au cœur anhydre et aux couches hydratées.

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Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

[Navi and Pignat, 1996] se sont basés sur cette même méthode, mais en prenant en compte les
effets des contacts inter-granulaires sur le taux d'hydratation. La simulation de l'hydratation
des grains de ciments reposait sur l’hypothèse d’une forme sphérique de ceux-ci. En
considérant un développement radial des grains hydratés, les auteurs ont pu générer une
microstructure tridimensionnelle du matériau. Leur calcul ne prend cependant en compte que
l'hydratation du C3S et la formation des C-S-H et du CH. D'un autre côté, ce modèle néglige la
migration des réactifs et des produits, sauf pour le cas du CH.

Dans la continuité de ces modèles, nous trouvons aussi le modèle HYMOSTRUC développé
par [Van Breugel, 1991]. Ce dernier se base aussi sur une description sphérique des grains de
ciment, mais incorpore leur étendue granulaire. C'est un modèle capable de prédire
l'hydratation du matériau sous différentes conditions externes (adiabatique, isotherme...) et
de prendre en compte l'effet des contacts inter-granulaires sur la microstructure formée.

Le modèle du NIST développé par [Bentz and Garboczi, 1991] reprend ces mêmes principes,
mais en remplaçant les formes simples par les géométries réelles des constituants en se
basant sur la numérisation d'images de la microstructure obtenues au MEB. Le processus
d'hydratation est modélisé selon trois étapes consécutives : 1) dissolution 2) croissance 3)
diffusion. Chacune de ces étapes a été simulée en utilisant des règles d’interaction entre
automates cellulaires et en suivant les lois des réactions chimiques. Les cellules élémentaires
utilisées sont de la taille d'un voxel ce qui correspond dans la microstructure réelle à un
volume de 1 µ m3 . Le degré d'hydratation est quant à lui défini d'une manière directe comme
étant la fraction du ciment hydraté.

Ces modèles restent cependant limités par la taille des voxels qui définissent le volume de la
microstructure. Ainsi, dans le modèle du NIST, le voxel correspond pour l'échelle réelle à
1 µ m3 , ce qui sous-estime les pores de diamètres inférieurs.

Nous remarquons aussi que la plupart de ces modèles n'arrivent pas à prendre en compte
l'état et la position de l'eau dans l'espace poreux pendant l'hydratation. D'autre part,
l'utilisation de ces modèles nécessite un temps et une puissance de calcul considérables pour
simuler le développement de la microstructure et les propriétés physiques associées. Sans
oublier le fait que les résultats fournis ne sont exploitables qu'à un niveau microscopique
alors que dans notre cas d’étude, il nécessite la prise en compte de plusieurs échelles
d'observations allant de celle des réactions chimiques jusqu'à l'échelle de la structure. Pour

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Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

toutes ces considérations, la description des processus d'hydratation se fera plutôt avec des
modèles macroscopiques à la manière des modèles présentés dans le paragraphe suivant.

 Modèles Macroscopiques

Les modèles macroscopiques sont basés sur l’utilisation de l'affinité chimique pour décrire
l'évolution de la cinétique d'hydratation. Au jeune âge, l’affinité chimique désigne, la
différence entre le potentiel chimique de l'eau disponible à l’hydratation et celui de l’anhydre.
Elle correspond aussi à la force motrice du processus de micro-diffusion [Atkins, 1994]. Cette
description a l'avantage de traiter le processus dans sa globalité. Ainsi, la cinétique
d’hydratation de chacun des composants majeurs du ciment anhydre ( C3 S , C2 S , C3 A et

C4 AF ) peut être décrite par une loi cinétique qui relie la vitesse de réaction d ξ x /dt à

l’affinité chimique A (ξ x ) telle que :

d ξ x Aɶ (ξ x )
= (I-1.17)
dt τx

où Aɶ (ξ x ) est l’affinité chimique normalisée et τ x est le temps caractéristique de la réaction.

L’indice x correspond aux quatre composants majeurs du ciment anhydre : C3 S , C2 S , C3 A

et C4 AF .

Le degré d'hydratation global ξ ( t ) du ciment est alors obtenu à partir de la moyenne

pondérée (§.I-3.2) des degrés relatifs de chacun de ses constituants [Tennis and Jennings,
2000].

Dans l’exploitation de la relation (I-1.17), le déroulement de la réaction d’hydratation peut


être décomposé suivant les différentes phases identifiées au §I-1.2.2.2 [Bernard et al., 2003;
Smilauer, 2005; Pichler et al., 2006] :

- La phase de pré-induction caractérisée par une valeur seuil du degré d’hydratation ξ x0 ,


correspondant à une hydratation considérée comme instantanée.

- La phase d’induction (ou période dormante) caractérisée par sa durée t x0 et pendant laquelle

le degré d’hydratation reste égal à ξ x0 .

- La phase de croissance contrôlée essentiellement par le déséquilibre thermodynamique.

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Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

Dans ce cas, l’affinité chimique est donnée par le modèle d'[Avrami, 1939]. Dans ce modèle,
le degré d'hydratation du composant en fonction du temps est donné [Brown et al., 1984] par
la relation suivante :

− ln (1 − ξ x ( t ) ) = k x ⋅ t κ x (I-1.18)

où k x est la constante liée au taux de conversion de la phase et κ x est un coefficient


dépendant des mécanismes et de la morphologie de la phase croissante.

- La phase de décélération et de ralentissement de l’hydratation contrôlée essentiellement par


le processus de diffusion de l’eau disponible à travers les hydrates initialement formés. Dans
ce cas, l’affinité chimique est donnée par le modèle de [Fuji and Kondo, 1974]. Ce modèle
intègre l’influence de la distribution granulaire du ciment anhydre sur le processus de
diffusion. Cette influence est prise en compte au moyen d’un rayon caractéristique des
particules du ciment dont les dimensions varient classiquement dans l’intervalle 1 − 100 µ m .
Ce rayon caractéristique peut prendre la valeur médiane.

Cette approche est celle adoptée dans le cadre de cette étude. Une description et exploitation
plus détaillées de cette modélisation font l’objet du §I-3.1.

La réaction d'hydratation est une réaction exothermique. Le caractère thermo-activé du


processus d'hydratation est pris en compte dans les modèles [Acker et al., 2004] par la loi
d'Arrhenius :

k x = Ax exp ( − Eax / RT ) (I-1.19)

où Ax  s −1  est une constante de proportionnalité, R = 8,314 J ⋅ mol −1 ⋅ K −1 est la constante

des gaz parfaits, Eax  J ⋅ mol −1  est l’énergie d’activation de la réaction, T [ K ] est la

température pendant le processus d’hydratation. Ainsi, la constante de vitesse k x augmente


avec la température.

Il est à noter que la loi d'Arrhenius n’est valable en toute rigueur que pour une seule réaction
chimique. Néanmoins, elle est utilisée dans le cas de l’hydratation du ciment où plusieurs
réactions chimiques se déroulent simultanément. De plus, différents processus
physicochimiques contrôlent à tour de rôle la cinétique d’hydratation. Ainsi l’application de la
loi d’Arrhenius demeure une approximation. Cette restriction est contournée [Carino and Lew,

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Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

2001], dans le cadre des matériaux cimentaires, en considérant l'énergie d'activation totale ou
apparente de la réaction d'hydratation du matériau pour chacun des quatre composants du
ciment anhydre.

I-1.2.3.2. Evolution des fractions volumiques


 Modèle de Powers-Brownyard
Bien que proposé dans les années 1940, le modèle empirique d’hydratation de [Powers and
Brownyard, 1948] (revisité par [Hansen, 1986]) est encore d’actualité et reste utilisé
aujourd’hui, du fait de sa simplicité de mise en œuvre. Il permet de calculer le volume des
hydrates (Vh), des constituants anhydres (Va) et celui de la porosité capillaire (Vp) :

Va = ( 1 − p )( 1 − ξ ) (I-1.20)

Vh = 2,12 ( 1 − p ) ξ (I-1.21)

V p = p − 1,32 ( 1 − p ) ξ (I-1.22)
Où ξ est le degré d’hydratation global et p est la porosité initiale correspondant à l’espace
initialement rempli par l’eau :

ec
p= (I-1.23)
e c + ρe ρ a

avec ρ a = 3,150 kg/m 3 , ρ e = 1,000 kg/m3 la densité de l’anhydre et de l’eau respectivement.

Le modèle de Powers-Brownyard permet de fournir une quantification simple des fractions


volumiques de la microstructure. Cependant, il ne décrit que la phase du gel C-S-H et
n’intègre pas tous les produits hydratés. De plus, il ne permet pas de distinguer les deux types
de la phase du gel de C-S-H. Enfin, le modèle ne prend pas en compte la composition du
ciment.

 Modèle de Jennings-Tennis

Le modèle développé par [Tennis and Jennings, 2000] a pour but de compléter le modèle de
Powers-Brownyard i.e. de déterminer les proportions volumiques de tous les constituants de
la pâte de ciment. Grâce à une représentation des amas d’hydrates par des sphères de 2 nm de
diamètre, Jennings et Tennis tentent d’expliquer les importantes dispersions dans les mesures
de surfaces spécifiques par adsorption d’eau ou d’azote. La porosité des C -S -H BD serait

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Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

perméable à l’azote alors que celle des C -S -H HD demeurerait inaccessible (cf. Figure II.2).

Ce modèle semi-empirique prend en compte la stœchiométrie des réactions des quatre


composants majeurs du ciment anhydre : C3 S , C2 S , C3 A, C4 AF . Ensuite compte tenu de la
composition du ciment, du rapport e/c et de la cinétique des réactions, les volumes des
différentes phases présentes dans la microstructure au cours du temps peuvent être calculés
comme suit :

Va = A
(1 − ξ )
(I-1.24)
ρa

(
VCH = A 0,189 ξC3 S PC3 S + 0,058 ξC2 S PC2 S ) (I-1.25)
4
Vp = ( 1 − A) − A ∑ (ξ x Px ∆ x ) (I-1.26)
x=1

VC − S − H solid (
= A 0,347 ξC3 S PC3 S + 0,461 ξC2 S PC2 S ) (I-1.27)

VC − S − H pores = 0,62VC − S − H solid (I-1.28)


V porosité totale = VC − S − H pores + Vp (I-1.29)

 1 
avec Vi, le volume de chaque phase i dans 1 g de la pâte de ciment ;  A =  ; ξ x est le
 1+ e c 

degré d’hydratation de chaque constituant x avec x = C3 S , C2 S , C3 A et C4 AF et Px est le

pourcentage massique de chaque constituant x du ciment anhydre. ρ a est la densité du ciment


anhydre calculée à partir de la moyenne des densités des constituants du ciment anhydre.
Enfin ∆ x est le changement de volume basé sur la différence entre le volume des produits et
de celui des réactifs.

L’évolution de ξC3S , ξC2 S est gouvernée par la cinétique d’hydratation de chaque composant

x. Cette cinétique est déterminée par de l’équation d’Avrami :

ξ x ( t ) = 1 − e−
( a ( t −b ) )
x x
cx
(I-1.30)

Les constantes ax, bx et cx sont déterminées empiriquement pour un ciment Portland


spécifique.

L’équation d’Avrami est adaptée surtout pour décrire la phase de croissance du processus de

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Chapitre I-1 – Analyse bibliographique

l’hydratation et ne permet pas de décrire toute la cinétique d’hydratation des réactions


complexes du ciment Portland.

[Bernard et al., 2003] proposent de calculer les différentes fractions volumiques de la pâte de
ciment à partir de la connaissance de la stœchiométrie des réactions d’hydratation, du rapport
e/c et de la cinétique d’hydratation de chaque composant du ciment anhydre. Dans ce modèle,
la cinétique d’hydratation est adaptée à chaque phase d’hydratation du ciment.

Ce dernier modèle est celui adopté dans le cadre de cette étude. Une description et une
exploitation plus détaillée de ce modèle, permettant de déterminer l’évolution des fractions
volumiques, font l’objet du §I-3.2.

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Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT

Chapitre I-2
CARA
CARACTERISATION DE LA
CINETIQUE DE L'HYDRATATION
D'UN CIMENT PETROLIER EN
CONDITIONS DE PRISE HP/HT
Ce chapitre est consacré à la caractérisation de l’état
d’avancement de l’hydratation du ciment pétrolier « classe G »
au très jeune âge dans des conditions de température et de
pression représentatives de celles existant en fond de puits. Des
mesures avec un calorimètre isotherme spécifique ont été
réalisées. Des mesures avec un autre calorimètre semi-
adiabatique ont été également menées et une comparaison entre
les deux méthodes (en termes de suivi de la chaleur
d’hydratation) a été effectuée.

I-2.1. Introduction
I-2.1.1. Fabrication de la pâte de ciment « classe G » utilisée

Dans le contexte de cette étude, une profondeur de 2000 m et une température de 60°C sont
considérées comme représentatives des conditions de température et de pression en fond de
puits. Nous travaillons avec un ciment pétrolier de " Classe G " (classification selon la norme
API). Ce type de ciment est le plus communément utilisé pour cimenter les puits de pétrole ou
de gaz. Ses propriétés physiques ainsi que sa composition minérale sont données dans le
Tableau I.2. Les pâtes du ciment pétrolier " Classe G " utilisées dans cette étude, ont un
rapport massique e/c de 0,44. Avec ce rapport, la quantité d’eau introduite est supérieure à la
quantité d’eau stœchiométrique nécessaire à l’hydratation totale du ciment anhydre (e/c >
0,38) [Taylor, 1997]. Un adjuvant anti-mousse NF3 a été également ajouté pour la fabrication
du coulis. Ces trois composants sont d’abord mélangés dans un malaxeur pendant 60 s à une

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Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT

vitesse de 4000 tr/min puis à une vitesse de 12000 tr/ min pendant 35s. Afin d’expulser les
bulles d’air entraînées pendant la fabrication du coulis, une agitation mécanique à 250 tr/min
pendant 20 min est réalisée.

Classe G
finesse (cm2.g-1) 3160
Propriétés physiques
Rayon moyen des grains (cm) 9.4 × 10-4
C3 S 56
Composition
C2 S 25,7
minérale
C3 A 2
(% massique)
C4AF 16,3
Tableau I.2 : Propriétés physiques et composition minérale du ciment pétrolier " Classe G "
étudié.

I-2.1.2. Calorimétrie isotherme (HP micro-DSC)

Des analyses DSC ont été réalisées sur la pâte du ciment pétrolier dans les conditions définies
dans le Tableau I.3 afin d'étudier l’effet de la température (T) et de la pression (P) sur la
cinétique d’hydratation.

Conditions des essais


Echantillon 1 et 2 Echantillon 3 Echantillon 4 et 5 Echantillon 6
T (°C) 23 23 60 60
P (Pa) 105 (Patm) 200 ×105 105 (Patm) 200 ×105
Tableau I.3 : Conditions expérimentales des essais réalisés avec HP micro-DSC

I-2.1.2.1. Principe de l’essai et protocole expérimental


Les expériences de suivi de prise par calorimétrie isotherme ont été réalisées à l'aide d'un
calorimètre différentiel haute pression (HP micro-DSC VII). La particularité de cet appareil
réside dans la possibilité de suivre l'hydratation en température et en pression.

Le calorimètre (Figure I.10) est constitué d'une double enceinte en aluminium au sein de
laquelle deux cavités cylindriques sont usinées pour recevoir chacune une cellule
expérimentale : la cellule "mesure" reçoit l'échantillon et la cellule "référence" est remplie
avec une masse équivalente en huile de silicone de faible viscosité et inerte thermiquement
pour compenser un éventuel déséquilibre thermique. La régulation thermique est assurée et
contrôlée de façon précise par un double étage de thermo-éléments à effet Peltier. Des
fluxmètres de sensibilité très élevée entourent les cellules expérimentales et assurent une

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Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT

étroite liaison thermique avec le bloc calorimétrique : ils assurent ainsi que la température des
cellules est identique à celle du bloc.

Figure I.10 : Schéma du bloc calorimétrique du dispositif HP-micro DSC VII

Au cours des expériences réalisées, une masse de plusieurs dizaines de milligrammes de pâte
de ciment est placée après le gâchage (sans l’agitation mécanique à 250 tr/min) dans un petit
tube en pyrex (9 mm de hauteur et 5 mm de diamètre), puis celui-ci est introduit dans la
cellule "mesure" en Hastelloy C276 du calorimètre. Ce type de cellules peut résister à des
pressions pouvant aller jusqu'à 40 MPa. De la même manière, la cellule "référence" a été
remplie avec une masse équivalente en huile de silicone de faible viscosité et inerte
thermiquement, pour compenser un éventuel déséquilibre thermique.

Lorsque les réactions d’hydratation des pâtes de ciment libèrent une quantité de chaleur notée
qe, celle-ci est évacuée vers le bloc calorimétrique. On note dqe/dt le flux thermique échangé
entre l'échantillon et le bloc calorimétrique, et celui échangé entre la référence et le bloc
calorimétrique est noté dqr/dt. Le flux thermique dq/dt, qui est le signal donné par le
calorimètre, est donc défini par :

dq dqe dqr
= − (I-2.1)
dt dt dt
Une expérience de calorimétrie permet donc d'obtenir un thermogramme qui traduit
l'évolution du flux thermique en fonction du temps.

I-2.1.2.2. Résultats des essais de DSC


Les Figure I.11 et Figure I.12 ci-dessous présentent le flux thermique rapporté à la masse de
la pâte de ciment introduite initialement dans la cellule de mesure du calorimètre, en fonction

55/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT

du temps d’hydratation. La convention choisie est de représenter positivement le flux


thermique quand les phénomènes suivis sont exothermiques, ce qui est le cas ici (convention
« exo up »).

Les expériences réalisées ne permettent pas d'observer la phase de pré-induction en raison du


temps de mise en place de l’échantillon. La première phase observée, correspond donc à la
phase d'induction, ou période dormante, (notée 1) (cf. Figure I.12). La seconde phase
observée (la partie croissante du pic exothermique) correspond à la phase d’accélération
d’hydratation ou de croissance (notée 2) (cf. Figure I.12). La troisième phase observée (la
partie décroissante du pic exothermique) correspond à la phase de décélération de la cinétique
d’hydratation ou de durcissement (notée 3) et enfin la dernière phase constatée correspond à
la phase d’hydratation contrôlée par la diffusion (notée 4) (cf. Figure I.12).

La quasi-totalité des dégagements de chaleur par les réactions d'hydratation ont lieu dans les
premières journées d'hydratation. Nous avons donc réalisé des essais d’une durée de 5 jours.
Or, nous n’avons constaté qu’une durée d’observation de 48 h s’avère suffisante pour tous les
échantillons. Le flux thermique enregistré devient effectivement quasi-nul au bout de 48 h
(voire même avant) et cela même pour l’essai de référence réalisé à la température étudiée la
plus basse (23 °C, Patm) (cf. Figure I.11).

En intégrant la courbe du flux thermique en fonction du temps, on obtient la chaleur


d’hydratation dégagée par gramme de ciment, Q(t). Cette grandeur caractérise l'avancement
des réactions d'hydratation. Nous reviendrons sur l’évolution de ce paramètre au §I-2.1.2.3.

a. Effet de la température
On constate, comme attendu, que l’augmentation de la température conduit à une accélération
de la cinétique d’hydratation (cf. Figure I.11).

Quand la température augmente, le pic exothermique observé est plus fin et la valeur
enregistrée du sommet du pic est nettement plus élevée, comme le montre la Figure I.11. La
phase d'accélération comme celle de décélération sont d'autant plus brutales que la
température augmente car l’augmentation de la température active les réactions d'hydratation.
Etant donné que l'eau dans les pores capillaires est consommée plus rapidement, la
décélération se produit également plus rapidement.

Une bonne reproductibilité des mesures (Figure I.11) effectuées soit à (23°C, Patm) ou bien à

56/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT

(60°C, Patm) peut être observée.

50
(60°C, P atm)

FLux thermique (J.g .h )


-1
-1 40 Echantillon 4
Echantillon 5
30
(23°C, P atm)
20 Echantillon 1
Echantillon 2
10

0
0 20 40 60 80 100 120
Temps (h)
Figure I.11 : Effet de la température sur l’évolution du flux thermique en fonction du temps
d’hydratation.

b. Effet de la pression
La Figure I.12 présente l’effet de la pression sur l’évolution du flux thermique en fonction du
temps d’hydratation de la pâte de ciment. On peut constater que l’effet de la pression sur la
cinétique d’hydratation est nettement moins important que celui produit par l’augmentation de
la température. Lorsque l’hydratation s’effectue sous haute pression (20 MPa), le temps
d’induction, défini comme étant le temps d’hydratation à la fin de la période dormante (1),
diminue conformément aux observations de [Bresson, 1997; Chougnet, 2006]. De ce fait, le
pic exothermique observé est légèrement décalé. L'effet de la pression sur le temps
d'induction reste, en revanche, moins marqué que celui de la température, comme le montre la
Figure I.12.

Observons maintenant l’allure du pic exothermique : l’hydratation sous haute pression affecte
très peu la largeur du pic. La valeur au sommet du pic reste également du même ordre que
celle correspondant aux mesures réalisées sous Patm. La pente dans la phase d'accélération
semble être légèrement plus forte. Cela signifie, que pendant cette phase, la pression
participerait à l’activation des réactions d’hydratation. Ce résultat sera discuté à nouveau au
§II-2.3.1 en liaison avec les mesures de perméabilité. Quant à la pente dans la phase de
décélération sous haute pression, elle est du même ordre que celle obtenue à la pression
atmosphérique.

57/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT

a) 23°C
10
(23°C, P atm)

FLux thermique (J.g .h )


-1
8 Echantillon 1
-1
Echantillon 2
(2) (3)
6 (23°C, 20 MPa )
Echantillon 3
4

2 (1) (4)

0
0 8 16 24 32 40 48
Temps (h)

b) 60°C
60
FLux thermique (J.g .h )

60
-1
FLux thermique (J.g .h )

-1

50
-1

40 (2) (3)
50 30
-1

20
10(1) (4)
40 0
0 4
Temps (h)
8 12

30 (60°C, P atm)
Echantillon 4
20 Echantillon 5
(60°C, 20 MPa )
10
Echantillon 6
0
0 8 16 24 32 40 48
Temps (h)
Figure I.12 : Effet de la pression sur l’évolution du flux thermique en fonction du temps
d’hydratation :
a) essais réalisés à (23°C, Patm) et (23°C, 20MPa)
b) essais réalisés à (60°C, Patm) et (60°C, 20MPa)

I-2.1.2.3. Chaleur d’hydratation


La chaleur d’hydratation dégagée, Q (t), peut être calculée en intégrant par rapport au temps le
flux thermique. Après cinq jours d'hydratation, le flux thermique mesuré devient très faible
même à 23°C, température la plus basse étudiée. Nous nous sommes donc limités à la
détermination de la chaleur d’hydratation jusqu’à cinq jours d'hydratation. Il faut cependant

58/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT

déterminer la ligne de base, c'est-à-dire le thermogramme obtenu lorsque le flux thermique


n’est plus mesurable. À chaque condition d’hydratation étudiée, nous avons réalisé une
expérience de cinq jours pour au moins un échantillon, de façon à déterminer cette ligne de
base. Celle-ci est cependant délicate à déterminer car en réalité, les réactions d'hydratation se
poursuivent pendant plusieurs mois. Dans le cadre de l’étude, la ligne de base a été
déterminée sur les cinq premiers jours d’hydratation.

a. Effet de la température
L’évolution de la chaleur d’hydratation dégagée pendant les cinq premiers jours d'hydratation
est accélérée avec la température, comme le montre la Figure I.13. Ce résultat est dû à
l'activation de la cinétique des réactions d'hydratation par la température. Par ailleurs, il est à
noter que les valeurs de la chaleur d’hydratation dégagée au bout de cinq jours sont comprises
entre 160 J.g-1 (essais à 23°C) et 200 J.g-1 (essais à 60°C), ce qui est très inférieur aux valeurs
de la chaleur d’hydratation répertoriées dans la littérature ( Q∞ ≥ 400 J .g −1 ) (cf. Tableau I.8).
L'hydratation ne semble donc pas être terminée après cinq jours, même si le flux thermique
devient trop faible pour être détecté par l’appareil HP-micro DSC compte tenu de la faible
quantité de pâte de ciment utilisée (quelques dizaines de mg).

200

160

120 (23°C, P atm)


Q (J.g )
-1

Echantillon 1
80 Echantillon 2
(60°C, P atm)
40 Echantillon 4
Echantillon 5
0
0 20 40 60 80 100 120
Temps (h)
Figure I.13 : Effet de la température sur l’évolution de la chaleur d’hydratation en fonction du
temps d’hydratation

b. Effet de la pression
La Figure I.14 présente l’effet de la pression sur l’évolution de la chaleur d’hydratation de la

59/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT

pâte de ciment « classe G » en fonction du temps d’hydratation. L’hydratation sous HP, a un


effet négligeable sur l’évolution de la chaleur d’hydratation aussi bien à 23°C qu’à 60°C : les
courbes de l’évolution de la chaleur d’hydratation, se superposent quasiment pendant toute la
durée des essais, à 23°C (Figure I.14a) comme à 60°C (Figure I.14b), ce qui revient, donc à
considérer que la pression étudiée intervient peu dans la cinétique d’hydratation au très jeune
âge.

a) 23°C
200

160

120 (23°C, P atm)


Q (J.g )
-1

Echantillon 1
80 Echantillon 2

40 (23°C, 20 MPa )
Echantillon 3
0
0 20 40 60 80 100 120
Temps (h)

b) 60°C
200

160
(60°C, P atm)
120
Q (J.g )

Echantillon 4
-1

Echantillon 5
80
(60°C, 20 MPa )
Echantillon 6
40

0
0 20 40 60 80 100 120
Temps (h)
Figure I.14 : Effet de la pression sur l’évolution de la chaleur d’hydratation en fonction du
temps d’hydratation :
a) (23°C, Patm) et (23°C, 20MPa)
b) (60°C, Patm) et (60°C, 20MPa)

60/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT

Comme évoqué précédemment, la calorimétrie isotherme (HP-micro DSC) est plutôt


appropriée aux mesures à court terme permettant d’identifier les différentes phases
d’hydratation au très jeune âge. La mesure n’est pas suffisamment précise pour estimer la
chaleur d’hydratation dégagée à hydratation complète car elle ne permet pas de détecter les
faibles flux générés en phase de décroissance.

Afin d’avoir une meilleure estimation de la chaleur d’hydratation de la pâte de ciment au très
jeune âge, des mesures complémentaires ont été réalisées avec un calorimètre semi-
adiabatique.

I-2.1.3. Calorimétrie semi adiabatique

Les expériences permettant d’accéder à l’évolution de la chaleur d’hydratation ont été


réalisées à l'aide d'un calorimètre semi-adiabatique (Calorimètre Langavant). La calorimétrie
semi-adiabatique fait l’objet d’une norme française (NF P 15-436 – méthode du calorimètre
Langavant). Ce type d’appareillage est composé de deux calorimètres (deux enceintes
relativement isolantes d’un point de vue thermique) : un calorimètre de référence contenant
une pâte de ciment gâchée depuis au moins 3 mois (considérée comme inerte) et un
calorimètre de mesure destiné à recevoir la pâte de ciment à tester. Celle-ci est placée dans
une boîte en fer-blanc, d’une capacité de 800 cm3. Le principe de l’essai consiste alors à
introduire le récipient contenant la pâte de ciment dès la gâchée dans le calorimètre. Une
sonde thermométrique plongée au sein du matériau permet de mesurer l’évolution de sa
température (Figure I.15). La connaissance de la capacité thermique du matériau et des
déperditions thermiques estimées par étalonnage de l’enceinte, donne accès à la chaleur
d’hydratation. L’avantage de cet appareil par rapport au calorimètre isotherme (comme le HP-
micro DSC) réside dans la possibilité de recevoir une grande quantité de pâte de ciment
(plusieurs centaines de grammes) une meilleure estimation de la chaleur dégagée au cours de
l’hydratation est donc attendue. Cependant ce calorimètre ne permet pas d’étudier l’effet de la
température et la pression sur l’évolution de la chaleur d’hydratation. Seules des mesures à
température ambiante et à pression atmosphérique ont été réalisées. Deux essais à (23°C, Patm)
ont été menés.

61/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT

Bouchon

Thermocouple

Pâte de ciment
Boite en Enveloppe
fer-blanc

Figure I.15 : Calorimètre Semi-adiabatique de Langavant

La Figure I.16 présente l’évolution de la chaleur d’hydratation mesurée par le calorimètre


semi-adiabatique pendant les premières 48 h d’hydratation de la pâte de ciment pétrolier à
(23°C, Patm). Ces essais ont été comparés à ceux effectués par DSC. La chaleur d’hydratation
obtenue par calorimétrie semi-adiabatique est nettement plus élevée que celle obtenue par
DSC (environ un facteur 2 après 48h d’hydratation) et tend davantage vers des valeurs de
chaleur d’hydratation dégagée consignées dans la littérature pour une hydratation complète
( Q∞ ≥ 400 J .g −1 ) poules raisons exposés précédemment.

(23°C, P atm)
300

250

200
Q (J.g )
-1

150

100
DSC Semi- adiabatique
50 Echantillon 1 Essai 1
Echantillon 2 essai 2
0
0 8 16 24 32 40 48
Temps (h)
Figure I.16 : Comparaison entre la chaleur d’hydratation mesurée par le calorimètre semi-
adiabatique de Langavant et celle mesure par la DSC à (23°C, Patm).

62/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT

I-2.2. Conclusion
Cette étude expérimentale a révélé que le paramètre influençant notablement la cinétique
d’hydratation du ciment pétrolier étudié dans la gamme [20°C, 60°C] et [Patm, 20 MPa], est la
température. De ce fait, seul ce paramètre sera pris en compte pour modéliser la cinétique
d’hydratation dans le Chapitre I-3. L’effet de la pression sera par conséquent négligé.
L’évolution de la chaleur d’hydratation mesurée à partir du calorimètre semi-adiabatique de
Langavant sera par ailleurs utilisée pour déterminer le degré d’hydratation en utilisant
l’équation (I-3.10A). Ce degré d’hydratation sera confronté à celui obtenu par modélisation
dans le Chapitre I-3.

63/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

Chapitre I-3
MODELISATION DE LA
CINETIQUE D'HYDRATATION
D'UN CIMENT PETROLIER
Dans le chapitre précédent, l’effet de la pression ainsi que celui
de la température ont été étudiés par calorimétrie isotherme. Les
résultats de cette approche expérimentale ont montré clairement
l’effet dominant de la température sur la cinétique d’hydratation
de la pâte de ciment pétrolier au très jeune âge dans la gamme
des températures et pressions testées. Ce chapitre I-3 est dédié à
la prédiction de la cinétique d’hydratation du ciment étudié.
L’avancement de l’hydratation sera estimé à partir d’un modèle
utilisant l’affinité chimique (§.I-1.2.3.1.b) en tenant compte de
l’effet accélérateur de la température. Les résultats de ce modèle
seront ensuite confrontés à ceux obtenus expérimentalement par
calorimétrie semi-adiabatique. Enfin, les résultats de ce modèle
seront utilisés pour estimer l’évolution des fractions volumiques
des différents constituants de la pâte de ciment pendant
l’hydratation. Ces fractions volumiques serviront par la suite
comme données d’entrées pour estimer l’évolution des
propriétés élastiques par homogénéisation au chapitre III-4.

I-3.1. Modèle de cinétique d’hydratation


I-3.1.1. Démarche utilisée

Le degré d’hydratation global ξ ( t ) du ciment peut être obtenu à partir de la moyenne

pondérée des degrés d’hydratation ξ x ( t ) relatifs à chacun des constituants anhydres x selon
l’équation (Eq. (I-3.1)) :

64/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

∑ m0x ξ x ( t )
ξ(t )= x
= ∑ f xm ξ x ( t ) (I-3.1)
ma0 x

où mx0 est la masse initiale de chaque constituant anhydre x = (C3S, C2S, C3A et C4AF),

ma0 = ∑ mx0 est la masse totale initiale d’anhydres et f xm la fraction massique initiale de
x

chaque composant anhydre.

Les lois cinétiques basées sur l’affinité chimique ont été utilisées pour décrire l’hydratation de
chacun des constituants x. Ces lois sont en effet adaptées à la prédiction de l’hydratation du
ciment au cours des différentes phases identifiées à la Figure I.12 .

La cinétique d’hydratation de chaque constituant anhydre x s’écrit :

dξ x Aɶ ( ξ x )
= (I-3.2)
dt τ x (T , φ , e / c )

où Aɶ ( − ) est l’affinité chimique normalisée [Bernard et al., 2003] et τ x ( h ) correspond au

temps caractéristique de la réaction chimique et dépend de la température T, de la finesse φ ,


du type du clinker et du rapport e/c.

La dépendance de la réaction d’hydratation vis-à-vis de la température est décrite selon une


loi de type Arrhenius en écrivant le temps caractéristique de la réaction comme suit :

φ0  Eax  1 1  
τ x (T , φ , e/c ) = τ x (T0 ,φ0 ,e/c ) exp   −   (I-3.3)
φ  R  T T0  
où τ x (T0 , φ0 , e/c ) est le temps caractéristique de la réaction pour un rapport e/c donné pour

une température de référence constante T0 (typiquement T0 = 293 K ) et pour une finesse de

référence φ0 = 3602 cm2.g-1. φ correspond à la finesse du ciment pétrolier « classe G » (cf.

Tableau I.2). Eax est l’énergie d’activation pour chaque constituant x du ciment anhydre et R
est la constante universelle des gaz parfaits.

φ0
Le rapport exprime le fait que plus le ciment est fin, par rapport à la configuration de
φ
référence, plus sa finesse est grande (φ > φ0 ) et plus la réaction d’hydratation est rapide. Dans

le cas de cette étude, la cinétique des réactions d’hydratation sera moins rapide que la

65/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

configuration de référence, puisque (φ < φ0 ) .

De manière semblable à [Bernard et al., 2003], l’écriture de l’affinité chimique normalisée a


été déclinée suivant la phase d’hydratation considérée du ciment :

− ( )
(1) Pendant la phase d’induction t < t x0 et ξ x ( t ) < ξ x0 , la réaction est très lente ce qui

revient à considérer qu’elle n’évolue pas pendant cette phase. Dans ce cas, l’affinité
normalisée est considérée comme constante : Aɶ = 1 [Bernard et al., 2003; Smilauer,
2005]. La durée de cette phase, notée t x0 , est donnée par :

t x0 = ξ x0 ⋅τ x (T , φ ) (I-3.4)

où ξ x0 est le seuil en terme de degré d’hydratation à la fin de la période de pré-induction. Le


degré d’hydratation pendant cette période est alors donné par :

ξ x ( t ) = ξ x0 ⋅ H ( t ) (I-3.5)
où H ( t ) est la fonction de Heaviside.

( )
− (2) Pendant la phase de croissance t x0 < t < t xc et ξ x0 < ξ x ( t ) < ξ xc , l’affinité chimique

normalisée notée Aɶ xc est décrite selon le modèle d’Avrami :

1− ξx
Aɶ xc (ξ x ) =
K x−1 −1 (I-3.6)
( − ln (1 − ξ x ) )
Le temps caractéristique associé à la phase de croissance est donné par :

1
τ xc (T0 ,φ0 ) = (I-3.7)
K x .k x
où K x définit l’ordre de la réaction alors que k x représente la constante de vitesse. En
pratique, les valeurs des temps caractéristiques à la température de référence sont directement
données pour chaque constituant anhydre et en fonction du rapport e/c d’après le Tableau I.4
tiré de [Bernard et al., 2003].

66/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

Constituant
C3 S C2 S C3 A C4AF
e/c
0,3 13,5 71,2 57,7 27,0
0,5 11,9 60,9 49,2 21,4
0,7 10,5 58,6 35,9 14,3
Tableau I.4 : Valeurs en heures de τ xc (T0 ) à la température de référence de 20 °C

[Bernard et al., 2003].

− (3 et 4) Pendant la phase de décélération et de ralentissement de l’hydratation contrôlée

( )
par le processus de diffusion t > t xd and ξ x ( t ) > ξ xd , l’affinité normalisée Aɶ xd donnée par

le modèle de Fuji et Kondo (1974) est adoptée :

(1 − ξ x )
2/ 3

Aɶ xd (ξ x ) = (I-3.8)
(1 − ξ xd ) − (1 − ξ x )1 / 3
1/ 3

où ξ xd est la valeur du degré d’hydratation à la fin de la phase de croissance.

Conventionnellement, ξ xd = 0,6 est considéré pour l’ensemble des constituants anhydres


[Bernard et al., 2003].

Par ailleurs, le temps caractéristique τ xd (T ,φ ) pour cette période d’hydratation est exprimé en

fonction du coefficient de diffusion, D, de l’eau à travers les couches d’hydrates déjà formés
et du rayon moyen initial r des grains de ciment pétrolier à l’état anhydre comme suit :

r2
τ xd (T , φ ) = (I-3.9)
3D
Remarque 1 :

Le degré d’hydratation obtenu expérimentalement est global et il est déterminé à partir de


mesures calorimétriques semi-adiabatiques. Ainsi une relation (Eq. (I-3.10)) alternative à (Eq.
(I-3.1)) est proposée afin de déterminer le degré d’hydratation à partir de Q ( t ) mesuré. Dans

(Eq. (I-3.10B)), la chaleur d’hydratation Q ( t ) est définie à partir de la connaissance des

chaleurs d’hydratation de chaque constituant x en fin de réaction q∞


x :

Q( t )
ξQ ( t ) = (I-3.10A)
Q∞

67/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

avec Q∞ = ∑ f xm q x∞
x

∑ f xm q x∞ ξ x ( t )
ξQ ( t ) = x
(I-3.10B)
∑ f xm qx∞
x

Remarque 2 : La cinétique d’hydratation pour chacun des constituants du clinker est


également exploitée pour déterminer l'évolution des fractions volumiques des différentes
phases de la pâte de ciment tout au long de l’hydratation (cf. §I-3.2).

I-3.1.2. Données d’entrée pour le ciment étudié

Les fractions massiques initiales des constituants principaux du ciment pétrolier « classe G »
sont indiquées dans le Tableau I.5. La fraction massique de gypse n’est pas prise en compte
car elle représente une quantité considérée comme négligeable (inférieure à celle du C3 A ).

x : constituant C3 S C2 S C3 A C4 AF
f xm
: fraction massique de
56 25,7 2 16,3
chaque constituant [%]
Tableau I.5 : Fractions massiques initiales des constituants du ciment étudié.

Les valeurs des paramètres intervenant dans l’équation (Eq (I-3.2)) pour les quatre principaux
constituants du ciment pétrolier sont regroupées dans le Tableau I.6. Ces valeurs sont données
pour un rapport de e/c = 0,44 : elles sont obtenues par interpolation linéaire à partir des
données présentées dans le travail de [Bernard et al., 2003] (cf. Annexe A). Les valeurs du
coefficient de diffusion (D) ont été déduites à partir de l’ajustement du modèle de l’évolution
de la cinétique d’hydratation avec les données expérimentales d’[Escalante-Garcia and Sharp,
1998] pour chaque constituant x à 20°C et 60°C.

68/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

Constituants du ciment anhydre (x)


Paramètres du modèle C3 S C2 S C3 A C4 AF
Ea R [ K ] 4500 2500 5500 4200
ξ [−]
0
x 0,02 0,00 0,04 0,04
K x [ −] 1,78 1,01 1,04 2,34
ξ xd [ − ] 0,6 0,6 0,6 0,6
τ xc [ h ] 12,21 69,13 48,43 22,69
23°C

τ xd [ h ] 5041,53 27013,31 695,73 72773,18


D  cm 2 × h −1  5,0 10-11 1,0 10-11 3,5 10-10 3,5 10-12
τ xc [ h ] 2,26 27,04 6,15 4,70
[h]
60°C

τ d
x 1592,07 1472,67 294,53 9817,78
D  cm 2 × h −1  18,5 10-11 20,0 10-11 1 10-9 3,0 10-11

Tableau I.6 : Paramètres de la cinétique des réactions d’hydratation des constituants du ciment
étudié.

La durée de la phase d’induction t x0 est obtenue à partir de l’équation (Eq (I-3.4)). La durée de
cette phase pour chaque constituant du ciment étudié à 23°C et à 60°C est indiquée dans le
Tableau I.7.

Constituant C3 S C2 S C3 A C4 AF
t x0− 23°C[h] 0,24 0,00 1,94 0,91
t x0−60°C [ h ] 0,05 0,00 0,25 0,19

Tableau I.7 : Durées de la période d’induction par constituant du ciment étudié


à 23 et 60 °C.

I-3.1.3. Résultats

I-3.1.3.1. Prise en compte de l’effet de la température


L’évolution du degré d’hydratation pour chaque constituant ξ x ( t ) du ciment pétrolier

« classe G » est finalement représentée à la Figure I.17. Ces degrés d’hydratation ( ξ x ) sont
ensuite exploités afin de déterminer l’évolution dans le temps du degré d’hydratation global5

5
Obtenu à partir de la relation (Eq. (I-3.1)).

69/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

( ξ ( t ) ) (Figure I.18). Une accélération de ξ est constatée quand la température augmente.

1,0
23°C 1,0
60°C
C3S C3A
0,8 C2S C4AF 0,8

0,6 0,6
ξ (−)

ξ (−)
x

x
0,4 0,4 C3S C3A
C2S C4AF
0,2 0,2

0,0 0,0
0 8 16 24 32 40 48 0 8 16 24 32 40 48
Temps [ h ] Temps [ h ]

Figure I.17 : Évolution des degrés d’hydratation partiels des constituants du ciment « classe
G » en fonction du temps d’hydratation à 23°C et à 60°C.

1,0

0,8

0,6
ξ (−)

0,4
m
ξ à partir de f x _ 60°C
0,2
m
ξ à partir de f x _23°C
0,0
0 8 16 24 32 40 48
Temps [ h ]

Figure I.18 : Comparaison entre l’évolution dans le temps du degré d’hydratation global
obtenu par le modèle à 23°C et à 60°C.

Par ailleurs, la superposition de l’évolution du flux thermique mesurée par DSC à (60°C, Patm)
(permettant d’identifier les différentes phases du processus d’hydratation) avec l’évolution du
degré d’hydratation issue du modèle de cinétique d’hydratation montre que ce dernier prend
bien en compte l’effet de la température sur la cinétique d’hydratation (Figure I.19). En effet
les changements de pentes donnés par le modèle à 60°C pendant l’hydratation marquant le
passage d’une phase d’hydratation à une autre sont en bonne concordance avec les
changements de phases d’hydratation identifiés à partir de la mesure du flux thermique à

70/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

(60°C, Patm).

1,0 50

FLux thermique (J.g .h )


-1
0,8 1+2 3 4 40

-1
0,6 30
ξ (−)
m
ξ à partir de f x _ 60°C
0,4 20
Flux thermique_ 60°C
0,2 10

0,0 0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps [ h ]

Figure I.19 : Superposition de l’évolution du degré d’hydratation ξ calculé à partir du modèle


de cinétique d’hydratation (Eq. (I-3.1) avec l’évolution du flux thermique mesuré par DSC à
(60°C, Patm).

I-3.1.3.2. Confrontation modèle / expérience à 23°C


La Figure I.20 confronte l’évolution des degrés d’hydratation globaux ξ et ξQ 6 (Eq. I-3.1 et

Eq I-3.10B) à 23°C obtenus à partir du modèle de cinétique d’hydratation, avec ξQ obtenu à

partir des mesures de chaleur d’hydratation Q ( t ) réalisées à (23°C, Patm) par calorimétrie

semi-adiabatique7 (Eq. (I-3.10A)) .Différentes valeurs de qx∞ ont été trouvées dans la
littérature (Tableau I.8). Par conséquent, les valeurs des chaleurs d’hydratations
Q ( t ) calculées à partir de qx∞ , seront différentes en fonction des qx∞ prises en compte.

6
Obtenu à partir de la chaleur d’hydratation Q ( t ) avec la connaissance des chaleurs d’hydratation de chaque
constituant en fin de réaction qx∞ (cf. Eq (I-3.10B)).
7
Ce calorimètre ne permet pas d’étudier l’effet de la température et la pression sur l’évolution de la chaleur
d’hydratation.

71/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

Chaleur d’hydratation en ( J.g-1)


TAYLOR CHOUGNET
qC∞3 S 517 520
qC∞2 S 262 70
qC∞3 A 1144 1670
qC∞4 AF 418 725
Tableau I.8 : Valeurs des chaleurs d’hydratation des phases pures du clinker en fin de réaction
(Taylor, 1997 ; Chougnet, 2006).

La Figure I.20 montre un bon accord entre le degré d’hydratation global obtenu à partir des
mesures de calorimétrie semi-adiabatique et les résultats du modèle de cinétique d’hydratation
obtenus soit à partir de l’équation (Eq. (I-3.1)) soit à partir de la relation (Eq. (I-3.10B)).

23°C
1,0 Expérience :
Essai 1 Essai 2 ∞

ξQ à partir qx Taylor ξQ à partir qx Taylor
0,8

ξQ à partir qx Chougnet ∞
ξQ à partir qx Chougnet

0,6
ξ ou ξQ (−)

Modèle :
0,4 m
ξ à partir fx

ξQ à partir qx Taylor
0,2 ∞
ξQ à partir qx Chougnet

0,0
0 8 16 24 32 40 48
Temps [ h ]

Figure I.20 : Comparaison de l’évolution des degrés d’hydratation ξ et ξQ calculés à partir du

modèle de cinétique d’hydratation (respectivement Eq. (I-3.1) et Eq. (I-3.10B)) avec ξQ (Eq.
(I-3.10A)) obtenu à partir des mesures semi-adiabatiques à 23°C, Patm.

Par la suite, l’expression (Eq. (I-3.1)) faisant intervenir simplement les fractions massiques
des constituants du ciment anhydre sera utilisée pour décrire l’évolution du degré
d’hydratation global ξ ( t ) .

72/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

I-3.2. Evolution des fractions volumiques des phases durant l'hydratation


I-3.2.1. Expression des fractions volumiques

A chaque instant t , il est possible de déterminer à partir du bilan volumique de l’hydratation


du C3 S , C2 S , C3 A, C4 AF les volumes d'anhydres ( Va ), et d'eau ( Ve ) restant, ainsi que les
volumes d'hydrates contenant la porosité du gel ( Vh ) et de porosité capillaire ( V p ) formés. Le

volume de la pâte de ciment Vc s’écrit alors :

Vc ( t ) = Va ( t ) + Ve ( t ) + Vh ( t ) + V p ( t ) (I-3.11)
On peut ainsi définir, à chaque instant t , les fractions volumiques de chaque constituant de la
pâte :

Va ( t ) V (t ) V (t ) Vp ( t )
fa ( t ) = ; fe ( t ) = e ; fh ( t ) = h ; fp (t ) = (I-3.12)
Vc ( t ) Vc ( t ) Vc ( t ) Vc ( t )

L’équation (I-3.11) devient :

fa ( t ) + f w ( t ) + fh ( t ) + f p ( t ) = 1 (I-3.13)
L’évolution des fractions volumiques des différentes phases de la pâte du ciment, peut donc
être estimée à partir des réactions d’hydratation des quatre constituants
principaux ( C3 S , C2 S , C3 A et C4 AF ) référencées dans les travaux de [Tennis and Jennings,
2000] ou [Constantinides and Ulm, 2004] :

C3 S + 5,3H → 0,5C3,4 S 2 H 8 + 1,3CH (I-3.14)


C2 S + 4,3H → 0,5C3,4 S 2 H 8 + 0,3CH (I-3.15)

C4 AF + 2CH+10H → 2C3 ( A,F ) H 6 ( Hydrogarnet ) (I-3.16)

C3 A + 3CSH 2 + 26H → C6 AS3 H 32 ( Ettringite ) (I-3.17)

C3 A +0,5C6 AS3 H 32 + 2H → 1,5C4 ASH 12 ( Afm ) (I-3.18)

C3 A + CH +12H → C4 AH 13 (I-3.19)
On remarque que l’hydratation du C3 A s’effectue selon trois processus d’hydratation
différents. Ce point sera discuté au §I-3.2.2.1.

73/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

a. Expression du volume anhydre à chaque instant t : Va(t)

Va ( t ) = VC3S ( t ) + VC2 S ( t ) + VC3 A ( t ) + VC4 AF ( t ) (I-3.20)


avec :

Vx ( t ) = ( 1 − ξ x ( t ) ) Vx0 (I-3.21)
où Vx0 avec x = C3 S , C2 S , C3 A, C4 AF correspondent aux volumes initiaux des constituants

de la phase anhydre déterminés à partir du volume initial Va0 de ciment et des fractions

volumiques initiales respectives dans le mélange anhydre f x0 :

VC03S ( t ) = f C03S .Va0 ; VC02 S ( t ) = fC02S .Va0 ; VC03 A ( t ) = fC03 A .Va0 ; VC04 AF ( t ) = f C03 A .Va0 (I-3.22)
de sorte que :

fC03S + f C02 S + f C03 A + fC04 AF = 1 (I-3.23)


Ces fractions volumiques initiales sont obtenues à partir des fractions massiques initiales de
chaque constituant du ciment anhydre (cf. Annexe B).

Ainsi l'évolution dans le temps du volume d’anhydre restant est donnée par l’équation de
conservation de la masse durant la réaction de l’hydratation ; les degrés d'hydratation ξ x étant
calculés à partir du modèle de cinétique d’hydratation (cf. §I-3.1) :

ρx
Va ( t ) = Va0 ∑ ( 1 − ξ x ( t ) ) f x0 (I-3.24)
x ρa

où ρ x est la masse volumique de chaque composant x du clinker à l’état anhydre et ρ a la


masse volumique du ciment anhydre de sorte que :

ρ a = ∑ f x0 ρ x (I-3.25)
x

b. Expression du volume d’eau disponible à chaque instant t : Ve (t)


x
Le volume d'eau déjà consommée V e est déterminé à partir du volume d'eau V e consommé
dans chaque réaction élémentaire impliquant un composant x :

x
V e ( t ) = ∑V e ( t ) (I-3.26)
x
Par ailleurs, les réactions chimiques d'hydratation s'écrivent de manière générale :

74/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

α x H + βx x + ⋅ ⋅ ⋅ 
→γ x y + ⋅ ⋅ ⋅ (I-3.27)

où α x est le nombre de moles de molécules d’eau nécessaire à l'hydratation de βx moles de

l’anhydre x pour former γ x moles d’hydrate.

Pour chaque réaction, on connaît le nombre de moles de molécules d’eau nécessaire à

l'hydratation d'une mole du constituant x, donné par le ratio θex :

αx
θex = (I-3.28)
βx
où α x et βx sont obtenus à partir des réactions bilan I-3.14, I-3.15 et I-3.16. Le cas de

C3 A est traité ci-après (cf. §I-3.2.2.1).

x
Ainsi, il est possible de déterminer la masse d'eau me nécessaire à l'hydratation d'une masse

d'anhydre m x :

me ( t ) M x = θ x
x
(I-3.29)
mx ( t ) M e
e

où M est la masse molaire et :

me ( t ) = ρeV e ( t )
x x
(I-3.30)

m x ( t ) = m 0x ⋅ ξ x ( t ) = ρ x f 0a V 0a ξ x ( t ) (I-3.31)

On peut alors déduire le volume d’eau consommée V ex dans chaque réaction élémentaire
impliquant un des constituants x du clinker :

x 0 ρx M e
V e ( t ) = θe f x ρ M ξ x ( t )
x
(I-3.32)
e x

Le volume d'eau est alors complètement déterminé :

ρ M
Ve ( t ) = Ve0 − V e ( t ) = Ve0 − Va0 ∑  θ ex f x0 x e ξ x ( t )  (I-3.33)
x  ρe M x 

c. Expression du volume d’hydrates à chaque instant t : Vh(t)


x
Pour cela, on détermine les masses partielles my de chaque hydrate

75/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

y = ( C − S − H , CH , Hydrates d'aluminates: ( AL ) ) formé à partir de l’hydratation de


différents constituants anhydres x :

mh ( t ) = ∑ ∑ myx ( t ) = ∑ ρ y
y x y
( ∑V ( t ) )
x
y
x
(I-3.34)

où Vyx est le volume partiel de chaque hydrate et ρ y est sa masse volumique.

Par ailleurs la connaissance de la stœchiométrie de la réaction d’hydratation permet d’obtenir


le ratio donnant le nombre de moles d’un hydrate y formé par l'hydratation d'une mole du
constituant anhydre x :

γ x myx ( t ) M x
θ yx = = (I-3.35)
β x mx ( t ) M y
où mx est la masse d'anhydre, donnée par la relation (I-3.29), ayant été hydraté par cette
réaction partielle. A la fin de la réaction d’hydratation de chaque constituant anhydre on a :

mx ( ∞ ) = mx0 = ρ x f x0Va0 (I-3.36)

où mx0 est la masse initiale du constituant, ce qui suppose que l’eau sera suffisamment
disponible pour permettre une hydratation complète. Ainsi, à partir de la relation (I-3.34) on
peut déduire que :

M y ρx 0 0
Vyx ( ∞ ) = θ yx f V (I-3.37)
M x ρy x a
et donc de poser :

 M y ρx 0 
Vyx ( t ) =  θ yx f x ξ x ( t )  Va0 (I-3.38)
 M x ρy 
ce qui donne, à partir de la relation (I-3.33), le volume des hydrates :

 M y ρx 
Vh ( t ) = Va0 ∑  ∑ θ yx f x0 ξ x ( t )  (I-3.39)
y  x M x ρh ( t ) 

où ρ h est la masse volumique de la phase hydrate donnée par :

ρ h ( t ) = ∑ fˆy ( t ) ρ y (I-3.40)
y

76/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

et fˆy est la fraction volumique de chaque constituant hydraté par rapport au volume des

hydrates :

∑ Vyx ( t ) (I-3.41)
fˆy ( t ) = x
Vh ( t )

d. Expression du volume de porosité capillaire formé: Vp(t)


Il correspond à la partie complémentaire des trois autres phases : anhydre, eau et hydrate :

V p ( t ) = Vc ( t ) − Va ( t ) − Ve ( t ) − Vh ( t ) (I-3.42)
Pour cela, il faut connaître le volume apparent Vc ( t ) de la pâte à chaque instant. Lors de la
réaction d’hydratation, ce volume apparent évolue en mettant en évidence l’existence d’un
retrait au jeune âge (retrait chimique, retrait d’auto-dessiccation éventuellement). Cependant,
on considère dans le cadre de cette étude que le volume de la pâte reste quasi inchangé durant
l'hydratation (effet du retrait négligé) :

Vc ( t ) = Vc0 = Ve0 + Va0 (I-3.43)


De ce fait, le volume de la porosité capillaire est alors donné par :

V p ( t ) = Vc0 − Va ( t ) − Ve ( t ) − Vh ( t ) (I-3.44)

Les évolutions des fractions volumiques peuvent alors être calculées à partir de (I-3.12) en y
substituant (I-3.24), (I-3.33), (I-3.39) et (I-3.44) ce qui donne :

ρx
f a ( t ) = f a0 ∑ ( 1 - ξ x ( t ) ) f x0 (I-3.45)
x ρa

ρ M
f e ( t ) = f e0 − f a0 ∑  θ ex f x0 x e ξ x ( t )  (I-3.46)
x  ρe M x 
0
 0 M y ρx 0 
f h ( t ) = f a0 ∑  ∑ θ yx f x ξx ( t )  (I-3.47)
y  x M ρ
x h 

f p ( t ) = 1 − fa ( t ) − fe ( t ) − fh ( t ) (I-3.48)

Les valeurs de densités ( ρ ) et de masses molaires ( M ) utilisées dans cette étude sont

regroupées dans le Tableau I.9 ([Tennis and Jennings, 2000] et [Bernard et al., 2003]) :

77/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

Constituant Densité (g. cm-3) Masse molaire (g.mol-1)


C3 S 3,15 228
C2 S 3,28 172
Réactifs : C3 A 3,03 270
C4AF 3,73 430
H 1 18
CH 2,24 74
Produits : Hydrogarnet 2,67 407
C-S-H saturé 2,048 454
Tableau I.9 : Densités et masse molaires des différents constituants de la pâte de ciment
utilisées pour estimer l’évolution de fractions volumiques durant l’hydratation.

Il reste maintenant à exprimer les fractions initiales d'anhydre et d'eau à partir du rapport
massique e/c. On a :

ρ eVe0 ρ e ( 1 − f a0 )
ρe f e0
e/c = 0 = 0 = 0 (I-3.49)
Va ∑ f x0 ρ x f a ∑ f x0 x ρ x f a ∑ f x0 ρ x
x x x

ce qui donne :

ρe
f a0 = ; f e0 = 1 − f a0
ρe + E / C ∑ f x0 ρx (I-3.50)
x

I-3.2.2. Discussion

I-3.2.2.1. Hydratation du C3A


L’hydratation de C3 A met en jeu plusieurs réactions simultanées pour lesquelles il est
difficile d’obtenir de façon robuste une stœchiométrie (Eq. I-.3.17 à Eq. I-.3.19) (cf. §I-
1.2.2.3b). La cinétique des réactions de C3 A dépend également de plusieurs facteurs comme
la température, le rapport e/c et la taille de grain (Taylor, 1997). Etant donné que la masse
initiale des C3 A ne représente que 2% (cf. Tableau I.5 de la masse initiale du ciment
anhydre étudié (contre 16,3% pour le C4 AF ), une approximation est donc effectuée en

assimilant le C3 A au C4 AF . Par conséquent, seules les réactions d'hydratation (Eq. I-.3.14

à Eq. I-.3.16) concernant le C3 S , le C2 S et le C4 AF ont été considérées pour décrire

8
La densité saturée utilisée ici dans le calcul de la fraction volumique du C-S-H, inclut l’eau qui se trouve dans
la porosité du gel C-S-H. La valeur de densité utilisée correspond à la moyenne des densités de C-S-H BD et C-S-
H HD.

78/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

l’évolution des fractions volumiques des hydrates.

I-3.2.2.2. Distinction C-S-HBD et C-S-HHD


Par ailleurs, Pour distinguer l’évolution des fractions volumiques entre les deux types de
produits de C-S-H ( z = C -S -H BD ou C -S -H HD ) issus des réactions d’hydratation de C3 S et

C2 S . Il est raisonnable de supposer que le premier type ( C -S -H BD ) , correspondant aux

produits extérieurs de basse densité, est formé lors des phases de nucléation et de croissance
( ξ x ≤ ξ xd ) avec x = C3 S , C2 S , et que le second type ( C -S -H HD ) , correspondant aux produits

intérieurs de haute densité, est formé, quant à lui, lors de la phase de diffusion contrôlée par
réaction d'hydratation (Bernard et al, 2003). La Figure I.21 présente l’évolution relative de ces
deux types de C-S-H en fonction du degré d’hydratation global ξ estimé à partir de l’équation
(I-3.1). On constate que pour une hydratation complète (ξ = 1) , le modèle

prédit fC − S − H BD ≈ 0, 6 9et fC − S − H HD ≈ 0, 4 9 à 23°C comme à 60 °C. On constate, en revanche,

que le C -S -H HD à température plus élevée (60°C), apparaît un peu plutôt qu’à 23°C.

23°C 60°C
1,0 1,0
C-S-H C-S-H
HD HD
Fractions volumiques [−]
Fractions volumiques [−]

0,8 0,8

0,6 0,6
C-S-H C-S-H
BD BD
0,4 0,4

0,2 0,2

0,0 0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ [−] ξ [−]

Figure I.21 : Évolution des fractions volumiques de C -S -H BD et C -S -H HD dans la matrice de


C-S-H en fonction du degré d’hydratation global ξ à 23°C et à 60°C

I-3.3. Résultats
L’évolution des fractions volumiques des différents constituants de la pâte cimentaire (ciment
anhydre, eau, hydrates et porosité capillaire) à 23 et 60 °C en fonction du degré d’hydratation

9
Fractions volumiques rapportées à la fraction volumiques totale de C-S-H

79/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

est illustrée à la Figure I.22. La consommation du ciment anhydre et de l’eau durant


l’hydratation, conduit à la formation d’hydrates contenant la porosité du gel de C-S-H et d’une
porosité capillaire. On constate que pour une hydratation complète (ξ = 1) , tout le ciment

anhydre est consommé. Les fractions volumiques d’hydrates C-S-H, CH, AL produits sont
respectivement égales à 59,1 %, 12,8 % et 15.3 %. En revanche, subsiste un surplus d’eau non
consommée (fe = 2,2 %) qui avec la porosité capillaire formée (fp = 10,6%), représente une
porosité capillaire totale de 12,8 % supposée saturée en eau (pas d’auto-dessiccation),
cohabitant avec la phase d’hydrates formés.

Notons que l’évolution de la porosité caractérisée expérimentalement par la porosimétrie par


intrusion au mercure dans la partie II (Figure II.7) permettra de vérifier au moins en partie
(i.e. en termes de porosité) la pertinence de la démarche employée et des résultats obtenus à la
Figure I.22.

80/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier

a) 23°C
1,0 Porosité capillaire

Fractions volumiques [−]


0,8 AL
Eau
CH
0,6
C-S-H
HD
0,4
C-S-H
BD
0,2
Phase du ciment anhydre

0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ [−]

b) 60°C
1,0 Porosité capillaire
Fractions volumiques [−]

0,8 AL
Eau
CH
0,6
C-S-H
HD
0,4
C-S-H
BD
0,2
Phase du ciment anhydre

0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ [−]
Figure I.22 : Evolution des fractions volumiques des différents constituants de la pâte de
ciment pétrolier « classe G » en fonction du degré d’hydratation global à : a) 23°C et b) 60°C.

Enfin, la détermination des évolutions des fractions volumiques des différentes phases en
présence dans la pâte de ciment (I-3.45)- (I-3.48) au cours du temps permettra de déterminer
l’évolution des propriétés mécaniques homogénéisées de la pâte de ciment pétrolier au cours
de l’hydratation. Nous reviendrons sur ce point, dans la partie III, Chapitre III- 4.

81/253
Conclusion de la partie I Monsef BOURISSAI

Conclusion de la partie I
Les travaux présentés dans cette partie permettent de faire ressortir les éléments importants
suivants :

− Les mesures de calorimétrie (DSC) ont montré que la température est le paramètre qui
influence notablement la cinétique d’hydratation dans la gamme [20°C, 60°C] et [Patm, 20
MPa]. L’effet de la pression sur la cinétique d’hydratation est négligeable comparé à celui
de la température

− L’effet de la température est, par conséquent, le seul paramètre pris en compte pour
modéliser la cinétique d’hydratation dans le Chapitre I-3.

− La superposition du flux thermique mesurée par DSC à (60°C, Patm) avec le degré
d’hydratation global issu du modèle à 60°C a montré la pertinence de ce dernier au sujet
de la prise en compte de l’effet accélérateur de la cinétique d’hydratation avec la
température.

− Un bon accord a été montré entre le degré d’hydratation global mesuré à (23°C, Patm) par
calorimétrie semi-adiabatique et celui obtenu à partir du modèle de cinétique
d’hydratation à 23°C.

− Les degrés d’hydratation partiels issus du modèle de cinétique d’hydratation pour chaque
composant principal de ciment ont été utilisés par la suite pour estimer l’évolution des
fractions volumiques des différents constituants de la pâte de ciment pendant
l’hydratation.

− L’évolution de la porosité caractérisée expérimentalement par la porosimétrie par


intrusion au mercure dans la partie II (Figure II.7) permettra de vérifier au moins en partie
la pertinence de la démarche employée pour estimer l’évolution des fractions volumiques
des différents constituants de la pâte de ciment en fonction du degré d’hydratation global.

− Ces fractions volumiques serviront par la suite comme données d’entrées pour estimer
l’évolution des propriétés élastiques par homogénéisation dans le Chapitre III-4 de la
partie III.

82/253
Partie II Monsef BOURISSAI

PARTIE II :
CARACTERISATION
CARA CTERISATION DES PROPRIETES
HYDRAULIQUES
HYDRAULI QUES AU TRES JEUNE AGE
D’UN CIMENT PETROLIER PRIS A
HP/
HP/HT
Dans la partie I, nous avons vu que l'hydratation est un processus complexe qui s'opère en
plusieurs phases différentes. La cinétique de celles-ci a été étudiée par analyse calorimétrique
DSC. Les résultats de cette analyse ont montré l’effet négligeable de la pression ( ≤ 20MPa)
sur la cinétique d’hydratation en comparaison avec l’effet accélérateur de la température. Si
l’effet de la pression peut être négligé pour évaluer l’évolution du degré d’hydratation, cela
n’exclut pas l’éventuel effet de la pression sur l’évolution de la microstructure et notamment
les propriétés hydrauliques : porosité et perméabilité. Cette partie sera donc dédiée à l’étude
de ces deux propriétés au très jeune âge. Elle sera scindée en deux chapitres, le premier
concernera la mesure de la porosité tandis que le second sera consacré à la mesure de la
perméabilité. Cette dernière propriété permettra de renseigner sur l’évolution des capacités de
drainage de la pâte de ciment au cours de l’hydratation. Ce résultat est complémentaire de
l’exploitation des essais mécaniques de la partie III.

83/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

Chapitre II-1
MESURE DE LA POROSITE
Les réactions chimiques successives de dissolution/précipitation
au cours de l’hydratation de la pâte de ciment conduisent à la
formation progressive d'hydrates dans l’espace poreux
(initialement saturé en eau), et par conséquent à une diminution
de la porosité de la pâte de ciment. Cette évolution de la porosité
dans la pâte conditionne ainsi un certain nombre de propriétés
(la résistance mécanique, transfert hydraulique ou
perméabilité..). Ce chapitre est consacré à la caractérisation de
l’évolution de la porosité au très jeune âge du ciment pétrolier.
Dans un premier temps une synthèse bibliographique sur la
porosité des pâtes de ciment est présentée, puis l’effet des
conditions d’hydratation sur l’évolution de la porosité et la
distribution des tailles de pores de la pâte au très jeune âge est
étudié.

II-1.1. Analyse bibliographique


II-1.1.1. Caractère multi-échelle de la porosité

La porosité initiale de la suspension est implicitement définie à partir de la quantité d’eau


utilisée pour hydrater le ciment anhydre, autrement dit du rapport e/c. Pour des raisons de
mise en œuvre dans le cadre de la cimentation des puits de pétrole ou de gaz, la quantité d’eau
introduite est supérieure à la quantité d’eau stœchiométrique nécessaire à l’hydratation totale
du ciment (e/c ~ 0,38). De ce fait, même à hydratation complète en milieu saturé en eau, il
reste nécessairement une phase aqueuse au sein de la microstructure de la pâte de ciment. En
milieu non saturé, la phase aqueuse est susceptible de s’évaporer partiellement et d’être
remplacée par une phase gazeuse.

La porosité totale est définie comme le volume non occupé par les phases solides. Elle est

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

égale, pour une pâte de ciment à la somme de la porosité fermée et de la porosité ouverte. La
porosité fermée correspond aux pores ne communiquant pas avec l’extérieur. En revanche, la
porosité ouverte est constituée de pores interconnectés et forme un espace continu dans le
milieu poreux permettant le transport d’un fluide au travers du matériau.

Une des caractéristiques de la porosité dans les matériaux cimentaires est son caractère multi-
échelle. Le Tableau II.1 présente une classification des différents types de pores proposée par
[Mindess and Young, 1981], en précisant leur impact sur les propriétés macroscopiques
mécaniques de la pâte.

Tableau II.1 : Classification des pores dans les matériaux cimentaires [Mindess and Young,
1981].

On distingue généralement deux types de porosité dans la pâte de ciment :

− Une première porosité, appelée porosité capillaire présente une taille de pores comprise
entre 0,01 et 10µm. Elle correspond aux pores contenant de l’eau libre qui n’a pas été
consommée et/ou de gaz suivant la saturation du milieu. C’est au sein de cette porosité
que la plupart des phénomènes de dissolution/précipitation se produisent pour former des
hydrates. D'après [Powers, 1946] et [Granju and Maso, 1978], le volume des amas
d’hydrates qui se forment est 2,2 fois supérieur à celui de l’anhydre initial. Le volume
total du ciment hydraté étant relativement constant au cours de l'hydratation (retrait

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

endogène), il en résulte un remplissage progressif de la porosité capillaire par les hydrates.


Ces derniers se forment dans les espaces intergranulaires dont le volume est déterminé par
l’eau qu’ils contenaient initialement.

− La seconde porosité, dite nanométrique ou porosité de gel a une taille de pores comprise
entre 0,1 à 10 nm. Cette porosité est due à la création d’une nano-porosité au sein du gel
d’hydrates, et en particulier dans les C-S-H. On trouve dans la littérature différents
modèles pour décrire la porosité des C-S-H. Le modèle de [Feldman and Sereda, 1968] est
généralement admis pour la décrire. Dans ce modèle, les C-S H se présentent sous la
forme de fibres constituées de lamelles enroulées sur elles mêmes. Chaque lamelle est
constituée de 2 à 4 feuillets simples mal cristallisés (Figure II.1), séparés par des espaces
interfoliaires de 150 à 300 nm environ [Regourd, 1982]. Ces feuillets sont susceptibles de
présenter un mouvement relatif et la pénétration ou le départ de l’eau des espaces
interfoliaires est possible. En revanche, Feldman et Serrada ne quantifient pas la porosité
des C-S-H. Celle-ci a été évaluée à 28% par [Powers, 1960].

Figure II.1 : Un premier modèle de la microstructure du gel de C-S-H


[Feldman and Sereda, 1968].

Plus récemment, [Jennings, 2000] et [Jennings, 2004] a publié un modèle représentant de


manière simplifiée la microstructure du gel de C-S-H entre 1 et 100 nm. Les unités de base de
ce modèle sont des sphères uniformes de 2 nm de rayon et de 1000 m2.g-1 de surface
spécifique (Figure II.2). Ces sphères s’agrègent pour former des entités plus volumineuses. Le
modèle repose sur le fait que deux sortes de C-S-H, résultant de deux possibilités de
floculation, coexistent : les C-S-H de haute densité (HD C-S-H) et ceux de basse densité (LD
C-S-H). Ces derniers sont formés essentiellement au jeune âge avec une porosité de 37,3 %,

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

alors que les HD C-S-H prédominent dans les derniers stades d’hydratation et sont
caractérisés par une porosité plus faible égale à 23,7%.

Un autre modèle a été proposé par [Jennings, 2008] qui est en réalité une extension du modèle
précédent. Dans ce modèle qui concerne plus particulièrement la structure des LD C-S-H, les
unités de base sont des globules (Figure II.3) composés de feuillets de C-S-H présentant une
porosité intra-globule. La distribution de l’eau à l’intérieur de ces globules est également
décrite dans ce modèle. La structure colloïdale des LD C-S-H et la structure des globules sont
schématisées sur la Figure II.3. La structure des LD C-S-H contient des petits pores de gel
(PPG = 1 à 3 nm) dans les espaces entre les globules voisins, et des grands pores de gel (GPG
= 3 à 12 nm) entre les assemblages de quelques globules.

LD C-S-H HD C-S-H

Figure II.2 : Un second modèle de la microstructure du gel de C-S-H, globules sphériques


[Jennings, 2000].

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

PPG

GPG

Structure colloïdale Globule

Figure II.3 : Un troisième modèle de la microstructure des LD C-S-H : structure colloïdale.


PPG = petit pore de gel, GPG = grand pore de gel [Jennings, 2008].

− Remarque : on peut parfois observer sur des micrographies de la pâte de ciment, des
grands pores sphériques pouvant atteindre 1 mm de diamètre : il s’agit de bulles d’air
piégées au moment de la fabrication du coulis. Cet artefact peut être évité par l’utilisation
d’un protocole de malaxage approprié.

II-1.1.2. L’état de l’eau dans les pores

L’eau intervient à toutes les étapes de la vie d’un matériau cimentaire et elle est présente dans
différents états de liaison au sein de la structure poreuse de la pâte de ciment. La coexistence
de l’eau avec la partie solide est l’objet de nombreuses classifications [Powers and
Brownyard, 1947]; Sierra, 1974 cité par [Regourd, 1982; Taylor, 1990; Van Breugel, 1991;
Guénot Delahaie, 1997; Jennings, 2008]. Schématiquement, on peut faire la distinction entre
l’eau non évaporable et l’eau évaporable.

− L’eau non évaporable (ou eau liée) : elle correspond à l’eau chimiquement liée (ou eau de
constitution), et l’eau adsorbée la plus liée. La première correspond à l’eau qui a été
consommée pendant les réactions d’hydratation du ciment et qui est par conséquent
combinée avec d’autres composants des hydrates (notamment eau hydroxylique) et la
deuxième correspond à l’eau inter-foliaire ou inter-feuillet (fixée entre les feuillets des C-
S-H).

− L’eau évaporable (ou eau libre) : elle est située dans les pores capillaires et l’eau adsorbée
la moins liée se trouvant sur la surface externe des globules des C-S-H (monocouche
d’eau) (e.g. Figure II.3). Elle est susceptible de s'évaporer car n’ayant pas encore réagi

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

avec le ciment, elle n’a créé que peu ou pas du tout de liaison physique ou chimique avec
la matrice solide.

Notons qu'en analyse thermique, il est courant de distinguer deux types d’eau autour d'une
température seuil de 100 °C [Baroghel Bouny, 1994]. La perte d’eau en dessous de cette
température correspond à l’évaporation d’eau libre, alors que la perte d’eau au-delà de 100 °C
correspondrait à l’eau adsorbée la plus liée des C-S-H et des autres hydrates (Ettringite, CH).

II-1.1.3. Techniques de caractérisation

Il existe de nombreuses techniques permettant de déterminer la porosité d’une pâte de ciment


à plusieurs échelles. En général, elles sont indirectes et l’interprétation des données qu’elles
fournissent repose sur des hypothèses. Ces différentes techniques de caractérisation ont des
gammes de porosité observable variables. Les limitations concernant les dimensions de pores
observables sont dues soit aux protocoles expérimentaux soit aux traitements des données. La
Figure II.4 donne un aperçu des gammes et des types de pores identifiés en utilisant
différentes techniques de mesure.

Porosités des hydrates


Types de pores
Air entrainé

Nanoporosité Pores du gel


ouvert
Pores capillaires
Techniques de mesure

1
Relaxation RMN du H
SAXS/SANS

MET/MEB
Adsorption

Porosimétrie au mercure

0,1 nm 1 nm 10 nm 100 nm 1 µm 10 µm 100 µm 1 mm


Taille de pore

Figure II.4 : Comparaison des différents types de pores observés pour chaque technique de
mesure. Classification des différents types de pores pouvant être présents dans une pâte de
ciment en fonction de leur taille (adaptée à partir de [Porteneuve, 2001]).

Ces différentes techniques renseignent principalement sur deux paramètres : la porosité

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

(correspondant au rapport volume de vide/ volume total), et la distribution de la taille des


pores.

La porosimétrie par intrusion au mercure (PIM) est souvent utilisée comme une technique de
routine. Elle permet une mesure rapide, reproductible d’un appareil à l’autre et donne une
gamme assez large de diamètres d’accès aux pores. Cette méthode nécessite impérativement
un séchage préalable des échantillons afin d’extraire l’eau non liée des pores. Or, ce séchage
peut affecter la microstructure de la pâte de ciment et modifier ainsi la structure de l’espace
poreux. Il existe plusieurs techniques permettant d’éliminer l’eau non liée de la pâte de ciment
[Taylor, 1997; Gallé, 2001; Gallé, 2003; Collier et al., 2008]. Collier et al. 2008 ont comparé
les différentes techniques d’extraction de l’eau non liée. Cette étude porte sur les éventuelles
conséquences de chacune des techniques sur la composition et la microstructure de la pâte de
ciment durcie. Les conclusions de l’étude montrent que les différentes techniques se valent
mais celle qui affecte le moins la microstructure est la technique du remplacement par solvant,
le solvant utilisé étant l’acétone.

Bien que la PIM ne soit pas la méthode la plus appropriée pour mesurer la distribution de
taille des pores [Olson et al., 1997; Diamond, 2000], la porosité connectée estimée par la PIM
reste significative [Diamond, 2000]. Des techniques alternatives existent [Korb et al., 1998;
Bentz et al., 1999; Plassais et al., 2003], mais nécessitent d'être améliorées et leur mise en
oeuvre n'est pas aisée. La PIM demeure actuellement une méthode acceptable dans le cadre
d'études comparatives de l'évolution de la structure des pores des matériaux cimentaires
[Gallé, 2003].

II-1.2. Caractérisation de la porosité d'un ciment pétrolier pris à HP/HT


La PIM est utilisée dans cette étude pour mesurer l’effet des conditions d’hydratation sur
l'évolution de la porosité et de la distribution des diamètres d’accès aux pores de la pâte de
ciment pétrolier au très jeune âge.

II-1.2.1. Préparation des échantillons et conditions d’hydratation testées

Plusieurs temps d’hydratation ont été retenus. Le plus faible temps d’hydratation étudié est de
4h. Il correspond au temps de fin de prise Vicat mesuré avec l’aiguille Vicat (appareil Vicat
Controlab L0720) sur la pâte de ciment pétrolier qui prend à (60°C, Patm). Quant au plus faible
temps choisi à (23°C, Patm), il est égal à 17h. Il correspond approximativement, en termes de

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

degré d’hydratation à celui de 4h à (60°C, Patm). Rappelons que le degré d’hydratation a été
obtenu à partir du modèle d’affinité (cf. chapitre I-I.2.4).

Afin de resituer ces différents temps d’hydratation, retraçons les courbes de l'évolution du
flux thermique au cours des 28 premières heures d’hydratation obtenues par DSC à (60°C,
Patm) et (23°C, Patm). La Figure II.5 montre que 4h (60°C, Patm) correspond exactement au
sommet du pic du flux thermique tandis que 17h (23°C, Patm) se situe légèrement après le
sommet c'est-à-dire au début de la phase de décroissance du flux thermique.

50
4h (ξ = 0,44)
Flux thermique (J.g .h )
-1

40 23°C, P atm
-1

60°C, P atm
30
(2) (3)
20

10 17h (ξ =0,41)
(1) (2) (3)
(1)
0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps (h)
Figure II.5 : Flux thermique mesuré par DSC à [60 °C, Patm (motif plein)] et à [23°C, Patm
(motif vide)]

Les conditions et les différents temps d’hydratation des échantillons pour lesquels la porosité
a été mesurée sont présentés dans le Tableau II.2.

L’hydratation s'effectue en condition saturée en eau dans une cellule qui permet de faire
prendre des échantillons cylindriques à haute pression et température élevée (Pmax ≤ 17 MPa
et Tmax ≤ 140°C). En conséquence, Pmax = 17 MPa sera désormais adoptée pour étudier l’effet
de la pression.

Dans la suite, chaque condition d’hydratation sera référencée [T, P _ t] où :

T= température d’hydratation en degré Celsius.


pression d’hydratation en MPa.
P= P est noté Patm lorsque la pression d’hydratation est égale à la pression
atmosphérique.
t= temps d’hydratation en heures.

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

Conditions d’hydratation
T P × 105 Temps de
Type d'essai Référencement des échantillons
(°C) (Pa) d’hydratation (h)
17, 20, 24,72, [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h, 72,
23 1
120 120h}]
PIM 23 170 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h, 72h}]
60 1 4, 7, 24 [60°C, Patm _ {4h, 7h, 24h}]
60 170 4, 7, 24 [60°C, 17 MPa _ {4h, 7h, 24h}]
Tableau II.2 : Conditions d’hydratation des échantillons testés par la PIM

Les mesures sont effectuées sur des échantillons de pâte de ciment réduit en petits morceaux
fins. Avant chaque mesure, un arrêt d'hydratation est réalisé à chaque temps d’hydratation
(Tableau II.2) sur ces échantillons visant à extraire l’eau non liée de la pâte de ciment en
utilisant la méthode de remplacement des solvants par rinçage à l’acétone puis à l’éther. Pour
ce faire, les petits morceaux sont d’abord trempés dans de l’acétone pendant une quarantaine
de minutes (2 × 20 min) afin d’extraire l’eau non liée. Ensuite les petits morceaux sont
immergés dans de l’éther pour extraire l’acétone de la pâte de ciment. Une dernière étape
avant d’effectuer les mesures par la PIM consiste à placer ces petits morceaux dans une étuve
réglée à 90°C pendant 2 jours afin d’éliminer éventuellement l’eau non liée résiduelle.

II-1.2.2. Mesure de la porosité par la porosimétrie par intrusion au mercure


(PIM)
La mesure repose sur le fait que le mercure se comporte à température ambiante comme un
liquide non mouillant avec la plupart des substances. Les propriétés du mercure engendrent
une surface de contact, supposée minimum, entre le mercure et le solide, qui confère au
mercure le plus grand rayon de courbure possible pour une pression donnée.

La technique de la mesure consiste à mettre les échantillons préalablement séchés dans une
chambre sous vide de porosimétrie automatisée. Le mercure est ensuite injecté en appliquant
une pression que l'on augmente par palier (jusqu’à 400 MPa), et le volume de mercure qui
pénètre dans l'échantillon est mesuré à chaque palier.

La porosité connectée est alors déduite du volume total de mercure pénétré dans les pores,
rapporté au volume apparent de l’échantillon.

La détermination de la distribution de taille des pores repose sur la relation de Washburn-

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

Laplace (Eq. II-1.1) .L'équation II-1.1 suppose qu’à l’équilibre, la pression d’intrusion (P) est
inversement proportionnelle au diamètre (d) d’un pore cylindrique, rapporté à quatre fois le
produit de la tension superficielle γ et du cosinus de l’angle (θ ) de contact du mercure avec la
surface du matériau.

4γ cos (θ ) (II-1.1)
d =−
P
où la tension superficielle γ est égale à de 0,474 N.m-1. L’angle de contact (θ ) entre le
mercure et le solide poreux varie selon la composition du solide. Une valeur de 141° est
utilisée [Lécolier et al., 2007].

II-1.3. Résultats expérimentaux


II-1.3.1. Evolution de la porosité

Nous présentons ici la porosité obtenue par la PIM pour la pâte de ciment pétrolier à
différents temps et conditions d’hydratation (Figure II.6).

De manière générale, la porosité diminue avec l’hydratation. Cette diminution de la porosité


s’effectue surtout au détriment des pores connectés (pores capillaires). En effet, au fur et à
mesure de l’avancement de l’hydratation, les pores capillaires initialement saturés en eau, se
remplissent progressivement d’hydrates suite aux réactions de dissolution/précipitation.

II-1.3.1.1. Effet de la pression d’hydratation


De manière générale, à un temps d’hydratation donné, on peut remarquer sur la Figure II.6
que la pression a un effet négligeable sur l’évolution de la porosité.

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

a) b)
46 46
44 44
23°C, P atm 60°C, P atm
42 42
23°C, 17 MPa 60°C, 17 MPa
40 40
Porosité (%)

Porosité (%)
38 38
36 36
34 34
32 32
30 30
28 28
0 20 40 60 80 100 120 140 0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h) Temps d'hydratation (h)

Figure II.6: Evolution temporelle de la porosité de la pâte de ciment pétrolier dans différentes
conditions d’hydratation : a) (23°C, Patm) et (23°C, 17MPa), b) (60°C, Patm) et (60°C, 17MPa).

Les résultats obtenus à 23°C (Figure II.6 a) montrent que l’effet de la pression n’est pas
uniforme et reste de l’ordre de grandeur de la dispersion observée sur les essais réalisés à
pression atmosphérique.

Par contre, sur les échantillons référencés [60°C, Patm _ 4h] et [60°C, 17MPa_ 4h] de la Figure
II.6b, il semble que la pression contribue à diminuer légèrement la porosité. Toutefois, la
dispersion des valeurs de porosité constatée sur les autres échantillons référencés [60°C,
17MPa _ {7h, 24h}] (Figure II.6 b) relativise la tendance observée concernant l’effet de la
pression sur l’évolution de la porosité.

II-1.3.1.2. Effet de la température


Pour un même temps d’hydratation ([23°C, Patm _ 24h] et [60°C, Patm _ 24h]), on note, comme
attendu, que l’effet accélérateur de la température sur la cinétique d'hydratation contribue à
une valeur plus faible de la porosité lorsque la température est plus élevée (Figure II.6). En
effet, une différence de l'ordre de 5 % est relevée entre les échantillons référencés [23°C, Patm
_ 24h] (porosité ~ 40%) et les échantillons référencés [60°C, Patm _ 24h] (porosité ~ 35 %).

Notons toutefois que pour un même degré d’hydratation entre deux conditions (23°C, Patm) et
(60°C, Patm), la valeur de la porosité mesurée est du même ordre (Figure II.6). Les résultats
expérimentaux montrent par exemple que les échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h]
( ξ = 0, 41 ), [60°C, Patm _ 4h] ( ξ = 0, 44 ) ont une valeur de porosité égale à 44% environ, et
les échantillons référencés [23°C, Patm _ 72h] ( ξ = 0, 68 ) et à [60°C, Patm _ 24h] ( ξ = 0, 68 )

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

présentent une valeur égale à 35% environ (Figure II.7). Par ailleurs, l’évolution (issue du
modèle présenté dans le § I-3.2) de la fraction volumique de la phase fluide, eau + porosité
capillaire, au cours de l’hydratation a été superposée aux résultats expérimentaux obtenues par
la PIM. La Figure II.7 montre que la décroissance linéaire de la porosité en fonction du degré
d’hydratation prédite par le modèle est en bon accord avec l’évolution de la porosité
connectée déterminée par la PIM.

60
20 h
50 17 h
4h
24 h
24 h
7h
40
Porosité (%)

72 h
120 h
30 PIM :
23°C, P
atm
20
60°C, P
atm
10 Modèle: Eau + porosité capillaire

0
0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ (−)

Figure II.7 : Evolution de la porosité de la pâte de ciment pétrolier en fonction du degré


d’hydratation pour deux conditions d’hydratation : (23°C, Patm) et (60°C, Patm). Confrontation
de ces résultats expérimentaux avec l’évolution de la fraction volumique de la phase
(eau+porosité capillaire) issue du modèle présenté. § I-3.2.2.

II-1.3.2. Evolution de la distribution de la taille des pores

La diminution progressive de la porosité connectée au cours de l’hydratation s’accompagne


de la création d’un nouveau type de porosité au sein des hydrates appelée porosité de gel en
référence au gel du C-S-H. L’évolution de la distribution de pores dans la pâte de ciment
pétrolier au jeune âge est donc étudiée. Comme pour la porosité, nous étudions l’effet des
conditions d’hydratation sur l’évolution de la distribution de pores au jeune âge. La Figure
II.8 et Figure II.9 représentent la dérivée du volume par rapport au logarithme du diamètre en
fonction du diamètre d’accès aux pores.

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

a) (23°C, P atm)
0,7
17h (ξ = 0,41)
0,6 20h (ξ = 0,46)
dV/d(LogD) [mL/g] 24h (ξ = 0,5)
0,5
72h (ξ = 0,68)
0,4 120h (ξ =0,72)
0,3
0,2
0,1
0,0
1 2 3 4
10 10 10 10
Diamètre d'accès aux pores [nm]

b) (23°C, 17 MPa)
0,7
17h (ξ ≈ 0,41)
0,6
20h (ξ ≈ 0,46)
dV/d(LogD) [mL/g]

0,5 24h (ξ ≈ 0,5)


0,4 72h (ξ ≈ 0,68)
0,3
0,2
0,1
0,0
1 2 3 4
10 10 10 10
Diamètre d'accès aux pores [nm]
Figure II.8 : Dérivée du volume par rapport au logarithme du diamètre d’accès aux pores : a)
échantillons référencés : [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h, 72h, 120}], b) échantillons référencés :
[23°C, 17MPa _ {17h, 20h, 24h, 72h}]

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

(60°C, P atm)
0,7 a)
4h (ξ = 0,44)
0,6
7h (ξ = 0,53)
dV/d(LogD) [mL/g]
0,5
0,4 24h (ξ = 0,68)

0,3
0,2
0,1
0,0
1 2 3 4
10 10 10 10
Diamètre d'accès aux pores [nm]

0,7 b) (60°C, 17MPa)


4h (ξ ≈ 0,44)
0,6
7h (ξ ≈ 0,53)
0,5
dV/d(LogD) [ml/g]

24h (ξ ≈ 0,68)
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
1 2 3 4
10 10 10 10
Diamètre d'accès aux pores [nm]
Figure II.9 : Dérivée du volume par rapport au logarithme du diamètre d’accès aux pores : a)
échantillons référencés : [60°C, Patm _ {4h, 7h, 24h}], b) échantillons référencés : [60°C,
17MPa _ {4h, 7h, 24h}].

Sur la pâte de ciment de référence (23°C, Patm), une distribution bimodale (présence de deux
pics) est observée sur les échantillons référencés [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}] ( ξ < 0.68)
(Figure II.8 a). A 17 h, le premier pic est centré au voisinage de 1 µ m et le deuxième pic est
centré au voisinage de 100 nm. Ces valeurs de diamètre d’accès aux pores sont en général
identifiées comme faisant partie du domaine du capillaire (cf. Figure II.4). Au fur et à mesure
que le temps d’hydratation augmente, on observe un décalage de ces deux pics vers des

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Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

diamètres plus faibles. En effet, le premier pic relativement large situé au voisinage de 1 µ m à
17 h se rétrécit au cours de l’hydratation jusqu’à sa disparition complète observée sur les
échantillons référencés [23°C, Patm _ {72h, 120h}] au profit d’un pic apparaissant au
voisinage de 100 nm. Au-delà de 24h d’hydratation, la distribution de pores devient donc
principalement monomodale avec la présence d’un seul pic au voisinage de 100 nm.

A 23°C, l’hydratation sous une pression de 17MPa présente visiblement un effet négligeable
sur la distribution de pores dans la pâte de ciment (Figure II.8 b).

Pour des degrés d’hydratation ξ < 0, 68 , pour les deux températures étudiées 23°C et 60°C, la
distribution des tailles d’accès aux pores est semblable.

Mais à partir de 0,68, l’hydratation à 60°C (Figure II.9 a) a un effet notable sur la distribution
de pores compte tenu de la cinétique d’hydratation accélérée par la température élevée. Les
échantillons référencés [60 °C, Patm _ 24h] ( ξ = 0,68) présentent, en effet, une distribution
bimodale avec un premier pic situé au voisinage de 100 nm (domaine du capillaire) et un
deuxième pic entre 10 et 20 nm que l’on ne peut pas observer dans sa totalité (épaulement)
puisque l’on s’approche des limites de la PIM. Ce pic correspond aux pores du gel C-S-H
(pores du gel ouvert) (cf. Figure II.4). A titre de comparaison, au même temps d’hydratation
(24h) à [23°C, Patm], la porosité de gel n’est pas encore mise en évidence, mais un léger
épaulement commence à apparaître à partir de 72h ( ξ = 0,68). [Verbeck and Helmuth, 1968]
suggèrent que pour les températures élevées, l’hydratation rapide de ciment produit une
quantité initiale importante d’hydrates. Il en résulte des hydrates qui sont plus poreux et plus
hétérogènes. Nos observations sont cohérentes avec cette hypothèse.

Pour un temps d’hydratation donné, l’effet de la pression d’hydratation à 60°C produit un


léger décalage des pics (Figure II.9 b). Malgré cela, il convient de considérer que cet effet est
négligeable face à l’effet produit par la température sur la distribution poreuse.

II-1.3.3. Conclusion

− La porosité connectée décroît linéairement avec l’avancement du degré d'hydratation au


très jeune âge.

− L’analyse des résultats expérimentaux de la PIM n’a pas révélé d’effet significatif de la
température et de la pression ni sur la porosité ni sur la distribution poreuse pour un même

98/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité

degré d’hydratation au très jeune âge.

99/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

Chapitre II-2
MESURE DE LA PERMEABILITE A
L’EAU
La perméabilité est un indicateur d’une importance déterminante
dans le cas de notre étude, car elle permet de compléter
l’information donnée par la porosité. En effet la diminution
évolutive de la porosité de la pâte de ciment pétrolier au cours
de son hydratation induit une diminution progressive de la
perméabilité. Ce chapitre est donc consacré à la caractérisation
de l’évolution de la perméabilité à l’eau au très jeune âge du
ciment pétrolier. Dans un premier temps, une brève analyse
bibliographique est présentée, puis la caractérisation de l’effet
des conditions d’hydratation sur l’évolution de la perméabilité
est étudiée.

II-2.1. Analyse bibliographique


II-2.1.1. Perméabilité des matériaux cimentaires

La perméabilité traduit la capacité d’un matériau poreux à se laisser traverser par un fluide.
C’est une propriété de transport essentielle car elle décrit la facilité avec laquelle un fluide
circule à travers son réseau poreux. La perméabilité est en lien avec la microstructure du
matériau. La perméabilité d’un matériau poreux (en l’occurrence la pâte de ciment) est
contrôlée par un certain nombre de paramètres relatifs aux difficultés du fluide à s’écouler à
travers le réseau de pores du matériau tels que la porosité, la tortuosité, la connectivité ou la
constrictivité. L’effet de ces paramètres vis-à-vis de la résistance au flux est schématisé sur la
Figure II.10. Selon [Scrivener, 2001], plus l’interconnexion du réseau poreux augmente, plus la
perméabilité est élevée. De même, plus la tortuosité devient rectiligne et plus la perméabilité
est élevée (Figure II.10).

100/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

Figure II.10 : Effet des paramètres influençant la perméabilité (d’après Scrivener, 2001 cité
par [Choinska, 2006]).

La perméabilité d’une pâte de ciment dépend fondamentalement de la porosité capillaire qui à


son tour est tributaire du rapport e/c [Neville, 2000]. Ce dernier a calculé le temps nécessaire
pour interrompre la continuité du réseau poreux (porosité capillaire) en fonction du rapport e/c
initial. Le Tableau II.3 donne l’âge de la pâte de ciment au moment où cette interruption se
produit. Pour un e/c égal à 0,45 équivalent à celui étudié dans ce manuscrit, la continuité du
réseau capillaire est interrompue au bout de 7 jours d’hydratation à température ambiante : ce
temps correspondrait à ξ ≈ 0, 74 pour le ciment Portland de notre étude. Ces résultats
signifient que le ciment étudié deviendrait non drainant à partir d'un degré d'hydratation de
l'ordre de 0,74.

e/c Temps nécessaire à l’interruption du réseau capillaire


0,4 3 jours
0,45 7 jours
0,5 14 jours
0,6 6 mois
0,7 1 an
> 0,7 impossible
Tableau II.3 : Effet du remplissage progressif de la porosité capillaire d’une pâte de ciment.
Extrait de [Neville, 2000].

101/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

II-2.1.2. Perméabilité à l’eau de la pâte de ciment

II-2.1.2.1. Introduction
La perméabilité traduit la capacité d’un milieu poreux à se laisser traverser par un fluide
utilisé pour mesurer cette grandeur. La façon la plus simple de mesurer cette propriété est la
perméabilité à l’eau du matériau. Cependant, [Mainguy et al., 1999] rappellent qu’il existe
dans le cas des matériaux cimentaires une différence de valeur non négligeable (au moins
deux ordres de grandeur) entre la perméabilité intrinsèque mesurée avec un gaz et celle
mesurée avec de l’eau liquide. Cet écart est généralement dû à une forte interaction physique
entre les molécules d’eau et la matrice cimentaire à proximité des parois internes délimitant
l’espace poreux du matériau. L’écoulement de l’eau liquide dans les matériaux cimentaires
n’est alors décrit par la loi de Darcy que sous réserve de l’introduction d’une perméabilité
intrinsèque à l’eau.

Le suivi de l’évolution de la perméabilité à différents temps d’hydratation au très jeune âge


dans le cas de notre étude ne peut être réalisable avec des mesures de perméabilité au gaz
compte tenu de la durée du séchage de l’échantillon nécessaire avant chaque mesure et de
l’impact de celui-ci sur sa microstructure [Gallé, 2001]. La perméabilité à l’eau quant à elle ne
requiert aucun traitement préalable à la mesure et permet donc de mesurer la perméabilité au
temps d’hydratation voulu. En revanche, avec les mesures de perméabilité à l’eau dans le
contexte du très jeune âge, deux phénomènes simultanés peuvent se produire en agissant de
manière antagoniste : le premier concerne l’augmentation de l’hydratation qui se traduit par
une diminution éventuelle de la perméabilité pendant l’essai et le second est lié au phénomène
de la lixiviation de la microstructure se traduisant dans ce cas par une augmentation de la
perméabilité à l’eau.

Compte tenu de la durée relativement courte des essais effectués (cf. §II-2.2.2), l’impact de
des deux phénomènes évoqués précédemment est considéré comme mineur. On peut
cependant redouter au très jeune âge l’effet de la "pression de confinement" appliquée sur les
échantillons pendant la mesure de la perméabilité à l’eau (cf. §II-2.1.2.2). Cette pression est
de nature différente de la pression appliquée pendant la prise.

II-2.1.2.2. Principe de la mesure


La perméabilité à l’eau consiste à saturer en eau une éprouvette, puis à imposer une différence

102/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

de pression entre ses deux faces et à mesurer le débit de fluide la traversant pendant un temps
donné. Cet essai n’est cependant réalisable que sur des matériaux possédant un réseau poreux
suffisamment interconnecté. Dans le cas d’un écoulement d’eau qui peut être considéré
comme fluide incompressible, la loi de Darcy peut être directement appliquée pour déterminer
la perméabilité. Pour un écoulement unidirectionnel, la perméabilité intrinsèque k (m2) définie
par la relation de Darcy est donnée par :

Q ηL (II-2.1)
k=
S ∆P
Cette relation exprime le débit volumique Q (m3/s) de l’eau de viscosité dynamique η (Pa.s)
qui traverse une longueur L (m) de l’éprouvette, de section apparente S (m2), sous une
différence de pression ∆ P (Pa).

La relation II-2.1 suppose toutefois (i) que le régime d’écoulement soit laminaire dans les
pores du matériau saturés en eau, (ii) que les forces d’écoulement dues à la viscosité
prédominent sur les forces d’inertie et (iii) qu’il n’y ait aucune interaction physique et
chimique entre le fluide et le matériau. Ces conditions sont supposées réalisées.

II-2.2. Caractérisation de la perméabilité d'un ciment pétrolier pris à


HP/HT.
La connaissance de la perméabilité dans le contexte de l’intégrité et de l’étanchéité des
cimentations est un facteur clé de la sécurité et de la durabilité du puits de pétrole ou de gaz.
Or, la mesure de la perméabilité de la pâte de ciment dans des conditions HP/HT
représentatives de celles de fond de puits n’est pas facile à établir car d’une part, on risque de
détruire le squelette solide de la pâte de ciment en cours de formation et d’autre part, il n’y a
pas d'appareillage adéquat permettant de faire prendre et maintenir la pâte de ciment dans les
conditions HP/HT, tout en la sollicitant mécaniquement.

Une alternative consiste à faire prendre, dans un premier temps, la pâte de ciment jusqu'à un
certain âge dans des conditions HP/HT, et dans un second temps, à mesurer la perméabilité à
température ambiante.

II-2.2.1. Perméamètre de type Hassler (avec pression radiale Pc)

Le perméamètre de type Hassler est largement utilisé pour mesurer la perméabilité des

103/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

ciments. Ce système est conçu pour caractériser des échantillons cylindriques. Ces derniers
sont insérés dans une gaine en caoutchouc et comprimés radialement (Pc) pour forcer l’eau
injectée selon l’axe du cylindre à traverser le milieu poreux (Figure II.11). La pression radiale
(pseudo confinement) est toujours supérieure à la pression d'injection ou de pompe (Pin) afin
de maintenir l’étanchéité entre la gaine en caoutchouc et l’échantillon pendant la mesure. Il
est d’usage d’imposer une différence de pression (entre la pression de d’injection (Pin) et la
pression radiale (Pc)) entre 20 et 30 bar pour garantir une bonne étanchéité. La différence de
pression hydrostatique (Pin - Pout) entre les deux faces de l’échantillon, permet de générer un
écoulement d’eau à travers l'échantillon. En pratique, le débit est déterminé par pesée en
continu de l’eau qui s’écoule après avoir traversé l’échantillon pendant un temps donné.

D
Aval
Gaine en
caoutchouc
P out

Pc Pc L

P in
Cellule
Hassler Amont

Figure II.11 : Équipement et principe de mesure de la perméabilité à l’eau avec la cellule


Hassler.

II-2.2.2. Préparation et conditions d’hydratation des échantillons testés

Plusieurs temps d’hydratation ont été retenus pour mesurer l’évolution de la perméabilité au
très jeune âge. Comme pour la porosimétrie, le plus faible temps d’hydratation étudié au très
jeune âge pour les échantillons ayant pris à 60°C est de 4h (ξ = 0, 44) . Quant aux échantillons
pris à 23°C, le plus faible temps d’hydratation retenu est de 17h (ξ = 0, 41) .

Comme pour la porosimétrie, l’hydratation s'effectue en condition saturée en eau dans la


cellule thermostatée. Les conditions et les différents temps d’hydratation des échantillons
testés sont présentés dans le Tableau II.4.

104/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

Conditions d’hydratation
5
T P × 10 Temps de
Type d'essai Référencement des échantillons
(°C) (Pa) d’hydratation (h)
23 1 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
23 170 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
Perméabilité
60 1 4, 6, 7 [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h}]
60 170 4, 6, 7 [60°C, 17 MPa _ {4h, 6h, 7h}]
Tableau II.4 : Conditions d’hydratation des échantillons testés en perméabilité

Les mesures de perméabilité avec la cellule Hassler sont effectuées sur des échantillons
cylindriques de diamètre égal à 25 mm. La durée de la mesure pour chaque essai réalisé est de
30 min10. Afin de garantir un écoulement suffisant de l’eau au travers de l’échantillon pendant
cette courte durée d'essai, l’élancement de l’échantillon a été déterminé en fonction du temps
d’hydratation. Un élancement de 2 a donc été retenu pour les échantillons ayant les plus
faibles temps d’hydratation, et un élancement de 1 pour les échantillons les plus âgés (cf.
Tableau II.5). La valeur de Pc appliquée dépend également du temps d’hydratation de
l’échantillon. Plus l’échantillon est âgé, plus la valeur de Pc appliquée est élevée. Les valeurs
de Pc 11et celles de Pin pour chaque temps d’hydratation sont reportées dans le Tableau II.5. La
valeur de Pout est égale à la pression atmosphérique.

Perméamètre de type Hassler avec Pc


Temps d’hydratation (h) ξ ( −) Pc (bar) P in (bar) D (mm) L (mm)
17 0,41 25 5 25 50
23 °C

20 0,46 40 15 25 50
24 0,50 50 25 25 25
4 0,44 25 5 25 50
60 °C

6 0,50 50 25 25 25
7 0,53 60 35 25 25
Tableau II.5 : Conditions d’essai avec la cellule Hassler pour chaque temps d’hydratation.

Bien que la valeur de Pc soit modulée en fonction du degré d'hydratation de l'échantillon, la


valeur de la perméabilité à l’eau mesurée avec la cellule Hassler risque toutefois d’être
faussée par la Pc susceptible d'endommager l’échantillon au très jeune âge.

Il nous a donc semblé nécessaire d’effectuer une seconde série de mesures afin de déterminer

10
On considère que l’avancement de l’hydratation reste faible pendant ces 30 min de mesure (e.g. à 17h de
d’hydratation à 23°C, le degré d’hydratation avance seulement de 0,012 pendant cette durée).
11
La valeur de Pc appliquée sur le plus faible temps d’hydratation à 23°C comme à 60°C correspond à la valeur
minimale que l’on peut appliquer à l’échantillon permettant de garantir une bonne étanchéité.

105/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

l'impact de Pc. La perméabilité à l'eau a ainsi été mesurée sans Pc dans une deuxième série de
mesure.

II-2.2.3. Perméamètre sans Pc (deuxième méthode)

Pour réaliser des mesures de perméabilité à l’eau sans Pc, des modifications ont été apportées
à un perméamètre initialement conçu pour des mesures de perméabilité au gaz. Cet
appareillage, conçu pour recevoir des échantillons de dimension D = 42 mm, L = 10 mm, a
été équipé d'une pompe à eau de marque « Isco » (Figure II.12). Avant de placer l’échantillon
dans la cellule de mesure, deux joints plats d’étanchéité en élastomère (Dintérieur = 35 mm,
Dextérieur = 42 mm) sont positionnés : un dans le couvercle de la cellule et le second dans la
partie basse (fixe) de la cellule (Figure II.12). Une bague de centrage d’un diamètre intérieur
de 42 mm est ensuite placée sur le joint de la partie basse de la cellule. L'échantillon prend
ensuite place dans la bague de centrage, puis est saturé en eau, avant de fermer la cellule avec
le couvercle. La pression en amont de la cellule (Pin) est contrôlée par une vanne pilotée par
un régulateur de pression « Eurotherm » associé à un capteur de pression Keller 0-100 bar. La
pression doit être suffisamment élevée pour permettre l’écoulement de l’eau à travers
l’échantillon dans un temps compatible avec le degré d’hydratation du matériau. Le Tableau
II.6 regroupe les valeurs de la pression (Pin) de la pompe pour chaque temps d’hydratation. Le
débit en aval de la cellule est mesuré par pesée en continu pendant un temps donné. Le
principe de la mesure avec ce perméamètre est le même qu’avec la cellule Hassler : une
différence de pression est imposée entre ses deux faces et le débit de fluide le traversant
pendant 30 minutes est mesuré. Les conditions et temps d’hydratation étudiés avec cette
seconde méthode sont les mêmes que dans le cas des mesures avec Pc (cf. Tableau II.2).

106/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

Joints plats

Bague de centrage
de l’échantillon

Couvercle de la cellule Bas de la cellule

D = 42 mm
D = 35 mm
Capteur
Keller Aval
P out
L = 10 mm
Échantillon
P in
Amont Joints plats
Cellule de
mesure

Pompe Régulateur
« Isco » de pression

Figure II.12 : Equipement et principe de mesure de la perméabilité à l’eau sans pression de


confinement.

Perméamètre sans Pc
Temps d’hydratation (h) ξ ( −) Pc (bar) P in (bar) D (mm) L (mm)
17 0,41 0 1à 2 35 10
23 °C

20 0,46 0 2à4 35 10
24 0,50 0 6à8 35 10
4 0,44 0 1à 2 35 10
60 °C

6 0,50 0 6à8 35 10
7 0,53 0 10 à 12 35 10
Tableau II.6 : Conditions d’essai avec la cellule sans pression de confinement pour chaque
temps d’hydratation.

II-2.3. Résultats expérimentaux


Les Figure II.13 et Figure II.15 présentent les résultats des mesures de la perméabilité à l’eau
de la pâte de ciment pétrolier en fonction du degré d’hydratation ( ξ ). L’évolution de la
perméabilité à l’eau (k) est exprimée en Millidarcy (mD), avec 1 Darcy ≈ 10-12 m2. On
nommera (Avec Pc), les résultats de la perméabilité à l’eau obtenus à partir des mesures avec

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Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

le perméamètre de type Hassler, et (Sans Pc) les résultats obtenus à partir de la deuxième
méthode. De manière générale, on constate que la perméabilité à l’eau de la pâte de ciment
diminue avec l’augmentation du degré d’hydratation.

II-2.3.1. Perméabilité avec Pc

II-2.3.1.1. Effet de la pression d’hydratation sur la perméabilité à l’eau


Contrairement à ce que l’on a pu constater concernant l’effet négligeable de la pression
d’hydratation sur l’évolution de la porosité (cf. § II-1.3.1.1 ), il semblerait que la pression
d’hydratation ait un effet important sur l’évolution de perméabilité à l’eau (Figure II.13). Cet
effet est plus marqué au plus faibles temps d’hydratation [23°C, Patm _17h] et [23°C,
17MPa_17h] ou [60°C, Patm _4h] et [60°C, 17 MPa _4h] qu’aux temps les plus avancés.
L’hydratation sous pression au très jeune âge aurait tendance à compacter la porosité
connectée, diminuant ainsi la perméabilité à l’eau mesurée. Cet effet allant dans le même sens
que la diminution de porosité observée à 60 °C (cf. §II-1.3). Toutefois, l’effet et nettement
plus important que celui observé précédemment pour la porosité.

0,6
a) 23°C 0,6
b) 60°C
0,5 17h 23°C, P atm 0,5 60 °C, P atm
23°C, 17 MPa 4h 60 °C, 17 MPa
Perméabilité (mD)

Perméabilité (mD)

0,4 0,4

0,3 0,3
20h
0,2 0,2
6h 7h
24 h
0,1 0,1

0,0 0,0
0,40 0,45 0,50 0,55 0,60 0,40 0,45 0,50 0,55 0,60
ξ (−) ξ (−)

Figure II.13 : Effet de la pression d’hydratation sur l’évolution de la perméabilité à l’eau


mesurée avec Pc sur des échantillons pris dans différentes conditions :
a) (23°C, Patm) et (23°C, 17MPa)
b) (60°C, Patm) et (60°C, 17MPa)

Reprenons à nouveau les résultats concernant l’évolution du flux thermique au niveau du pic à
Patm et sous pression (20 MPa) pour les deux températures d’hydaratation 23°C et 60°C
(Figure II.14). Le décalage du pic observé peut être considéré comme une accélération de

108/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

l’hydratation par la pression appliquée, qui correspond à un décalage ∆t = 3h soit ∆ξ ≈ 0,08


à 23°C et ∆t = 0, 5h soit ∆ξ ≈ 0,018 à 60°C.

A la Figure II.15, l’évolution de la perméabilité à l’eau a été représentée en fonction du degré


d'hydratation corrigé ( ξcorrigé ) qui intègre l'avancement de l'hydratation dû à la pression,

révélé par la Figure II.14. Suite à cette correction, on peut constater (Figure II.15) que les
valeurs de perméabilité des échantillons pris sous pression suivent finalement la même courbe
de tendance tracée pour les échantillons ayant pris sous Patm. Cela signifie que les différences
constatées entre les valeurs de perméabilité mesurées à Patm et 17MPa correspondent en fait à
des degrés d’hydratation différents et que la pression accélère la cinétique d’hydratation de
façon mesurable.

10
a) 23°C 60
b) 60°C
8h 23°C, P atm 60°C, P atm
~ 3,5 h
50
Flux thermique (J.g .h )

Flux thermique (J.g .h )

8 23°C, 20 MPa 60°C, 20 MPa


-1

-1

~ 4h
-1

-1

40
6 11h
30
4
20
2
10

0 0
0 4 8 12 16 20 24 28 0 2 4 6 8 10 12
Temps d'hydratation (h) Temps d'hydratation (h)

Figure II.14 : Evolution du flux thermique en fonction du temps d’hydratation.


a) (23°C, Patm) et (23°C, 17MPa),
b) (60°C, Paiotm) et (60°C, 17MPa)

109/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

0,6
a) 23°C 0,6
b) 60°C
60°C, P atm
0,5 17h 0,5
23°C, P atm 4h 60°C, 17 MPa
Perméabilité (mD)

Perméabilité (mD)
0,4 23°C, 17 MPa 0,4

0,3 0,3
20h 17h
0,2 0,2
24 h 20h 6h 6h 7h
0,1 24 h 0,1 7h

4h
0,0 0,0
0,40 0,45 0,50 0,55 0,60 0,40 0,45 0,50 0,55 0,60
ξ corrigé (−) ξ corrigé (−)

Figure II.15 : Evolution de la perméabilité à l’eau mesurée avec Pc sur des échantillons en
fonction de ξcorrigé :

a) (23°C, Patm) et (23°C, 17MPa)


b) (60°C, Patm) et (60°C, 17MPa)

II-2.3.1.2. Effet de la température d’hydratation sur la perméabilité à l’eau


Pour étudier l’effet de la température, on compare pour chaque pression étudiée (Patm ou 17
MPa), l’effet de la température sur l’évolution de la perméabilité à l’eau (Figure II.16). On
constate que la température n’a pas d’effet significatif sur l’évolution de la perméabilité à
degré d’hydratation identique sauf peut être sur les échantillons référencés [60°C, Patm
_4h] (ξ = 0,44) où la perméabilité est légèrement plus élevée qu’à (23°C, Patm) (Figure II.16
a). Pour une valeur de ξ supérieur à 0,44 (e.g. ξ = 0 ,5 ) la perméabilité à l’eau mesurée à
23°C ou à 60°C est du même ordre.

110/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

a) Patm b) 17 MPa
0,6 0,6
23°C, P atm
0,5 17h 0,5 23°C, 17 MPa
60°C,P atm
4h 60°C, 17MPa
Perméabilité (mD)

Perméabilité (mD)
0,4 0,4

0,3 0,3
4h
20h 17h
0,2 0,2
6h 20h
7h 6h 7h 24 h
0,1 0,1

24 h 0,0
0,0
0,40 0,45 0,50 0,55 0,60 0,40 0,45 0,50 0,55 0,60
ξ (−) ξ corrigé (−)

Figure II.16 : Effet de la température sur l’évolution de la perméabilité à l’eau mesurée avec
Pc sur des échantillons pris dans différentes conditions :
a) (23°C, Patm) et (60°C, Patm),
b) (23°C, 17MPa) et (60°C, 17MPa)

II-2.3.2. Effet de Pc sur l’évolution de la perméabilité à l’eau.

Sur la Figure II.17, on constate de manière générale que la pression radiale Pc a peu d’effet
sur les valeurs de la perméabilité à l’eau mesurées sauf pour les échantillons référencés [23°C,
Patm _17h] et [60°C, Patm _4h]. Pour les échantillons [23°C, Patm _17h] l’effet de Pc est
d’augmenter la perméabilité, alors que pour les échantillons [60°C, Patm _4h], l’effet de Pc est
de diminuer la perméabilité

La diminution de la perméabilité à [60°C, Patm _4h] pourrait s’expliquer par le compactage de


la structure du matériau qui apparait comme étant un comportement de type granulaire
faiblement cohésif mis en évidence dans le chapitre III-3 (§ III-3.2.6).

L’augmentation de perméabilité à [23°C, Patm _17h] pourrait s’expliquer par endommagement


du matériau sous l’action de Pc qui induit un état de contrainte déviatorique important. Par
ailleurs, la Figure II.14, montre que 4h à (60°C, Patm) est situé au sommet du pic du flux
thermique alors que 17h à (23°C, Patm) se situe au début de la phase de durcissement. Le degré
de connexion du squelette solide serait donc plus élevé à 17h qu’à 4h et serait ainsi à l’origine
d’un comportement mécanique plutôt caractéristique de celui d’un solide. Mais la cohésion à
ce stade d’hydratation ne serait manifestement pas suffisante pour résister au confinement
imposé, d'où les résultats obtenus à 17h. Au fur et à mesure que l'hydratation avance ( ξ >
0,45), les valeurs de perméabilité obtenues sans Pc tendent à se confondre avec les valeurs

111/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau

obtenues avec Pc, traduisant ainsi une augmentation de la cohésion du squelette avec
l'hydratation qui devient capable de résister à la pression de confinement imposée, dans la
gamme de Pc considérée dans cette étude expérimentale.

a) Patm b) 17 MPa
0,6 0,6
23°C, P atm 23°C, 17 MPa
0,5 Avec Pc 0,5 Avec Pc
Sans Pc Sans Pc
Perméabilité (mD)

Perméabilité (mD)
0,4 0,4
60°C, P atm 60°C, 17 MPa
Avec Pc
0,3 Avec Pc 0,3
4h Sans Pc
20h Sans Pc 17h
0,2 0,2
4h 6h 6h 20h
7h 24 h
0,1 17h 0,1 7h
24 h 0,0
0,0
0,40 0,45 0,50 0,55 0,60 0,40 0,45 0,50 0,55 0,60
ξ (−) ξ corrigé (−)

Figure II.17 : Effet du mode opératoire sur l’évolution de la perméabilité à l’eau en fonction
du degré d’hydratation :
a) (23°C, Patm) et (60°C, Patm)
b) (23°C, 17MPa) et (60°C, 17MPa

112/253
Conclusion de la partie II Monsef BOURISSAI

Conclusion de la partie II
Les travaux présentés dans cette partie permettent de faire ressortir les éléments importants
suivants :

− La porosité connectée décroît linéairement avec le degré d’hydratation.

− Nous n'avons pas observé d’effet systématique de la température et de la pression ni sur la


porosité ni sur la distribution poreuse pour un même degré d’hydratation au très jeune âge.

− L’évolution de la phase fluide (eau + porosité capillaire) décrite par le modèle d’évolution
des différentes fractions volumiques dans la pâte de ciment est en bonne concordance avec
l’évolution de la porosité connectée mesurée par porosimétrie. Ce bon accord tend à
valider le modèle d'hydratation.

− Les mesures de perméabilité montrent un effet non négligeable de la pression de prise à un


temps d’hydratation donné au très jeune âge. L’interprétation de cet effet s’explique par
une augmentation de la cinétique d’hydratation due à la pression appliquée.

− Deux types de comportement mécanique semblent avoir été identifiés suite à l’analyse des
propriétés hydrauliques (perméabilité à l’eau) déterminées expérimentalement :

 Diminution de la perméabilité à [60°C, Patm _4h] sous l’effet de Pc due probablement à


la compaction d’un matériau granulaire faiblement cohésif.
 Augmentation de la perméabilité à [23°C, Patm _17h] sous l’effet de Pc qui peut
s’expliquer par un endommagement significatif dans le cas d’un matériau solide
faiblement cohésif.
Dans le cas des essais à 60°C, le passage d’un comportement granulaire à un comportement
solide coïncide avec le sommet du pic de flux thermique identifié à partir des essais de DSC.
Il serait donc intéressant de confirmer si une coïncidence similaire est observée à 23°C. En
effet les essais à [23°C, Patm _17h] se situent dans la phase de décroissance du flux thermique.
De plus, on n’observe pas de changement de comportement entre 17h, 20h et 24h sur les
essais à 23°C.

− Quantitativement, les valeurs de la perméabilité intrinsèque à l’eau obtenues après passage


du sommet du pic de flux thermique sont de l’ordre de [10-16 ; 10-17] m2 ce qui correspond
à une perméabilité relativement élevée. En effet, à titre de comparaison, la valeur

113/253
Conclusion de la partie II Monsef BOURISSAI

caractéristique pour un ciment Portland (e/c = 0,44) pris à 80°C et 50 bars pendant de 7
jours est de l’ordre de 10-19 m2.

Les valeurs de perméabilité obtenues seront utilisées dans la partie III pour déterminer le
temps de drainage pour chacune des conditions d’hydratation étudiées. Cette information
permettra de déterminer la nature drainée ou non drainée des essais mécaniques quasi-
statiques réalisés.

114/253
Partie III Monsef BOURISSAI

PARTIE III :
COMPORTEMENT MECANIQUE D’UN
CIMENT PETROLIER AU TRES JEUNE
AGE - ETUDE EXPERIMENTALE ET
MODELISATION PAR CHANGEMENT
D’E
D’ECHELLE
Cette partie a pour objectif d’étudier le comportement mécanique du ciment pétrolier « classe
G » au très jeune âge. Pour ce faire, nous avons décliné cette partie en quatre chapitres : le
premier est une analyse bibliographique des différents types d’essais existants qui permettent
de caractériser l’évolution des propriétés mécanique de la pâte de ciment au très jeune âge, le
second concerne la caractérisation de l’évolution des propriétés mécaniques dynamiques du
ciment pétrolier « classe G » au très jeune âge, quant au troisième chapitre, il présente une
batterie d’essais mécaniques visant à caractériser ses propriétés quasi-statiques instantanées et
différées dans des conditions HP/HT représentatives des conditions en fond de puits. Enfin,
une modélisation par changement d’échelle visant à reproduire l’évolution de ses propriétés
élastiques dynamiques et quasi-statiques au très jeune âge est proposée.

115/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique

Chapitre III-1
ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE
Comme il a été indiqué dans le chapitre I, l'hydratation est un
processus complexe qui s'opère en différentes phases. Ces
réactions successives ont pour conséquence, en plus du
dégagement de chaleur et de la diminution de porosité et de
perméabilité de la pâte, l'augmentation progressive de la rigidité
du matériau. Ceci nous amène naturellement, à étudier de plus
près l’évolution des propriétés mécaniques au jeune âge. Ce
chapitre est donc consacré, à une analyse bibliographique des
différents types d’essais permettant de caractériser l’évolution
des propriétés mécaniques de la pâte de ciment au très jeune
âge.

III-1.1. Introduction
De nombreux travaux dans le domaine pétrolier ont mis en évidence que les propriétés
mécaniques des roches sont fortement dépendantes de la fréquence et de la dimension des
échantillons testés. Par exemple les mesures statiques à partir d’essais triaxiaux du module
d’Young et du coefficient de Poisson sont généralement en désaccord avec les mesures
dynamiques obtenues par méthode ultrasonore [Schatz and John, 1995]. La Figure III .1
illustre la large gamme de fréquence et de taille d’échantillons rencontrée dans l’industrie
pétrolière. Vu la large gamme taille-fréquence et la mixité que l’on peut rencontrer en terme
d’échelle de fréquence/taille, il n’est pas étonnant que les données mesurées ne soient pas
toujours faciles à interpréter.

116/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique

Figure III .1 : Gammes de fréquence et de taille d’échantillons rencontrées dans l’industrie


pétrolière [Schatz and John, 1995].

Dans notre cas, nous nous intéressons à la détermination des propriétés élastiques du ciment
au très jeune âge que nous cherchons à déterminer à partir d’essais mécaniques quasi-
statiques, et par propagation d’ondes ultrasonores (propriétés élastiques dynamiques).

III-1.2. Essais mécaniques classiques : Propriétés quasi-statiques


Les propriétés mécaniques dites quasi-statiques sont celles a priori intéressantes dans
l’objectif de réaliser des simulations de l’annulaire cimenté en fond de puits. Cependant, ces
essais mécaniques classiques (compression simple ou essais triaxiaux par exemple) sont
délicats à réaliser sur des pâtes de très jeune âge, ce qui explique leur rareté. Les essais
expérimentaux permettant de caractériser les propriétés mécaniques instantanées et différées
que l’on peut trouver dans la littérature concernent généralement des pâtes plutôt âgées
(Haeck[Haecker et al., 2005; Reddy et al., 2007; Alizadeh et al., 2010].

Au très jeune âge des matériaux cimentaires, les seules données exploitées jusqu’à maintenant
sont issus d’essais de résistance en compression.

[Byfors, 1980] a réalisé une synthèse des résistances expérimentales en compression de pâtes
de ciment mesurées par Taplin. En exploitant ces résultats expérimentaux, [Torrenti and
Benboudjema, 2005] ont défini par régression linéaire un seuil sur le degré d’hydratation, en
dessous duquel la résistance de la pâte peut être négligée (Figure III.2). Il convient de garder à

117/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique

l’esprit que, compte tenu de la méthode de détermination utilisée par [Torrenti and
Benboudjema, 2005], le seuil identifié n’est qu’une approximation du degré d’hydratation de
prise. On s’aperçoit qu’à cause de la régression linéaire, il existe sur la Figure III .2 des points
expérimentaux montrant une résistance à la compression non nulle alors même que le degré
d’hydratation de prise approché n’est pas encore atteint.

Figure III.2 : Résistance en compression d’une pâte de ciment en fonction du degré


d’hydratation (graphe extrait de [Torrenti and Benboudjema, 2005]). Les données
expérimentales sont représentées par des symboles ponctuels. Les segments de droite sont les
régressions linéaires proposées par [Torrenti and Benboudjema, 2005].

La température d’hydratation a une influence significative sur les propriétés mécaniques et la


résistance de la pâte durcie. Pour les températures élevées, l’hydratation rapide du ciment
produit une quantité initiale importante d’hydrates [Verbeck and Helmuth, 1968]. Ces hydrates
entourent les grains anhydres et forment ainsi une barrière qui va limiter ou retarder l’accès de
l’eau et par conséquent limitera ou retardera la suite du processus d’hydratation. Il en résulte
des hydrates qui sont plus poreux et plus hétérogènes. Les ciments hydratés à température
élevée ont une porosité totale plus grande et une quantité plus importante de pores de grandes
tailles [Kjellsen et al., 1990]. L’hydratation à température élevée augmente donc la fraction
volumique de C-S-HHD dans la pâte de ciment. Les modifications de la microstructure du
ciment provoquées par la température d’hydratation, influencent ses propriétés mécaniques.
Due à l’augmentation de la vitesse d’hydratation avec la température, les ciments hydratés à
température élevée ont une résistance en compression initiale plus importante. Cependant,
l’hétérogénéité plus importante de la microstructure et de la porosité plus élevée de ces
ciments, conduisent à long-terme à une résistance en compression qui peut être inférieure à

118/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique

celle des ciments hydratés aux températures plus basses, (Figure III .3) [Mindess et al., 2003].

Figure III.3 : Effet de la température d’hydratation sur la résistance en compression [Mindess


et al., 2003].

[Voigt et al., 2006] ont réalisé des essais de compression simple pour évaluer l’évolution de la
résistance en compression des mortiers au très jeune âge et ont montré que cette évolution suit
une loi en puissance (Figure III .4). En comparant l’évolution des résistances en compression
simple avec celle des ondes transverses mesurées par des techniques de propagation
ultrasonores, [Voigt et al., 2006]ont montré que le seuil (temps d’hydratation) à partir duquel
la résistance du mortier devient non négligeable coïncide avec l’apparition des premières
ondes transverses.

119/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique

Figure III.4 : Développement de la résistance en compression du mortier HPMC au très jeune


âge à 22°C [Voigt et al., 2006].

III-1.3. Méthode ultrasonore : Propriétés dynamiques


Généralement, les méthodes acoustiques de propagation d’ondes ultrasonores sont utilisées
pour suivre l’évolution des propriétés élastiques au très jeune âge. Les aspects techniques et
théoriques de la propagation d’ondes ultrasonores dans les ciments ont été longuement décrit
dans les références suivantes [Boumiz, 1995; Boumiz et al., 1996; Lacouture, 2003; Lootens,
2004]. Nous présentons ici de façon succincte quelques rappels sur la nature des ultrasons
(US) et sur l’évaluation par ultrason des propriétés élastiques des pâtes cimentaires.

Les ondes ultrasonores (US) se propagent à des fréquences, entre 100kHz et 50MHz. De par
la nature non destructive d’une mesure ultrasonore, elle peut être utilisée à toutes les phases
d’hydratation des pâtes cimentaires et ses applications sont très diverses : l’évaluation des
modules élastiques, l’étude et le suivi de la prise ou encore la détection des phénomènes de
microfissuration. Une onde ultrasonore peut se propager dans un milieu longitudinalement
(les vibrations des particules sont parallèles à la direction de propagation de l’onde
acoustique) ou transversalement (les vibrations des particules sont perpendiculaires à la
direction de propagation de l’onde acoustique). Les ondes ultrasonores longitudinales
présentent l’intérêt de se propager à la fois dans les solides et les liquides. Les ondes
transversales quant à elles se propagent dans les solides mais très difficilement dans les
liquides. Ainsi, la détection d’un signal transverse au cours de la transmission signifie que les
réactions d’hydratation ont permis de créer un chemin solide connecté (percolation

120/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique

mécanique) [Boumiz, 1995; D'Angelo et al., 1995]. Ces ondes transversales sont donc un
moyen de suivi de l’évolution et de l’élaboration des connexions solides dans le matériau.

A partir des mesures des vitesses longitudinales (VL) et transversales (VT), il est donc possible
de suivre l’évolution des modules élastiques dynamiques de la pâte de ciment : le module d’
Young E, le coefficient de Poisson ν , le module d’incompressibilité κ et le module de
cisaillement µ dont les différentes expressions sont données ci-dessous :

en ( m ⋅ s −1 )
2µ + λ
VL = (III-1.1)
ρ

en ( m ⋅ s −1 )
µ
VT = (III-1.2)
ρ

µ ( 3λ+ 2µ )
E= en ( Pa ) (III-1.3)
( λ+ µ )
λ
ν = en ( − )
2( λ+ µ)
(III-1.4)

κ=
( 3λ + 2µ ) en ( Pa ) (III-1.5)
3
3 (κ -λ )
µ = en ( Pa ) (III-1.6)
2

avec λ, µ coefficients de Lamé et ρ la masse volumique de la pâte de ciment.

Les modules élastiques dynamiques peuvent ainsi être calculés directement à partir des
vitesses de propagation et de la masse volumique de la pâte de ciment supposée constante au
cours de l’hydratation. Lacouture (2003) présente l’évolution du module d’Young E (Figure
III .5a) et du coefficient de poisson ν (Figure III .5b) non drainés en fonction du degré
d’hydratation à partir des mesures de vitesses ultrasonores expérimentales obtenues par
[Boumiz, 1995] réalisés à 20°C sur des pâtes de ciment saturées en eau. Nous pouvons
constater que les modules d’Young dynamiques non drainés croissent avec le degré
d’hydratation et sont d’autant plus importants que le rapport e/c est faible. En effet, ils
traduisent l’augmentation de la cohésion mécanique au cours de l’hydratation du ciment.
Quant aux coefficients de Poisson, ils décroissent de la valeur seuil de 0,5 qui correspond au
coefficient de poisson d’un matériau incompressible jusqu’à des valeurs un peu supérieures à

121/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique

0,2. A un degré d’hydratation donné, ces coefficients sont d’autant plus faibles que le rapport
e/c est élevé.

a) b)

Figure III.5 : Evolution du module du module de Young non drainé (a) et du coefficient de
poisson non drainé (b) des pâtes de ciment en fonction du degré d’hydratation pour différents
rapports e/c [Lacouture, 2003].

III-1.4. Méthode rhéométrique


La méthode rhéométrique peut être également utilisée pour mesurer l’évolution du module de
cisaillement. Cependant cette méthode est applicable uniquement jusqu’au début de prise.
[Lootens, 2004] a comparé des mesures effectuées sur une pâte de ciment au très jeune âge en
rhéologie à une fréquence de 1Hz et en propagation ultrasonore à une fréquence de 1 Mhz
(Figure III .6). Dans les deux cas de mesure, une augmentation du module de cisaillement est
observée et la valeur du module mesurée est plus importante dans le cas des mesures
ultrasonores que dans le cas des mesures rhéométriques. La différence de valeur du module de
cisaillement à 1Hz et à 1MHz s’explique par des niveaux de déformation différents qui
induisent une augmentation du module observé avec la fréquence d’application.

122/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique

Ultrasons

Rhéologie

Figure III-0.6 : Evolution temporelle du module de cisaillement G d’une pâte de ciment (e/c
= 0,35). Mesures faites respectivement aux ultrasons (1MHz) et en rhéologie à 1Hz (courbe
du haut et du bas, respectivement), [Lootens, 2004].

Les gammes de fréquences accessibles en rhéologie et en propagation ultrasonore sont, en


effet, très différentes. La réalisation des mesures rhéométriques nécessite de rester dans le
domaine de déformation linéaire pour ne pas détruire le système alors que la méthode de
propagation d’ultrasons est non destructive.

La méthode ultrasonore permet de suivre l’évolution de module élastique de cisaillement


jusqu'à hydratation complète de la pâte de ciment. En revanche, la mesure de cette évolution
n’est possible qu’à partir du seuil de percolation. La méthode rhéométrique peut être
complémentaire aux mesures ultrasonores pour mesurer le module élastique de cisaillement
avant le seuil de percolation. Cependant, la méthode rhéométrique donne accès uniquement au
module de cisaillement.

123/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge

Chapitre III-2
EVOLUTION DES PROPRIETES
ELASTIQUES DYNAMIQUES D’UN
CIMENT PETROLIER AU TRES
JEUNE AGE
Ce chapitre est consacré à la caractérisation de l’évolution des
propriétés mécaniques dynamiques du ciment pétrolier « classe
G » au très jeune âge. Pour cela, une méthode acoustique de
propagation d’ondes ultrasonores a été utilisée.

III-2.1. Mesures ultrasonores en transmission


Les mesures en transmission sont souvent utilisées dans la caractérisation des matériaux
cimentaires au jeune âge [Boumiz, 1995; Reinhardt and Grosse, 1996; Franceschini, 2008].
Cette méthode de mesure ultrasonore en transmission a été donc utilisée dans cette étude. Une
telle méthode nous permettra de quantifier l’évolution des propriétés mécaniques dynamiques
du ciment pétrolier « classe G » au très jeune âge à partir des mesures des vitesses
transversales (cisailllement) VT et longitudinales (compression) VL.

Pour mesurer les vitesses VL et VT au jeune âge nous avons utilisé un montage en transmission
(Figure III .7). Deux conditions d’hydratation différentes ont été étudiées (23°C, Patm) et
(60°C, Patm). Les échantillons de ciment pétrolier caractérisés avec ce montage ont d’abord
pris en conditions saturées en eau puis sont testés à température ambiante du laboratoire
climatisé (22 °C ± 1) et pression atmosphérique (Patm) (cf. §III-3.1.5). Plusieurs temps
d’hydratation au jeune âge ont été retenus. Les plus faibles temps d’hydratation sont choisis
volontairement après le temps de prise Vicat, à partir duquel on commence à créer des
chemins solides connectés permettant ainsi aux ondes de cisaillement de se propager à travers
l’échantillon de ciment.

Les conditions d’hydratation étudiées dans ce chapitre sont résumées dans le Tableau III.1

124/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge

III.1

Dans ce qui suit, chaque condition d’hydratation sera référencée [T, P _ t] où :

T= température d’hydratation en degré Celsius.


Patm = pression atmosphérique d’hydratation en MPa.
t= temps d’hydratation en heures.
Les échantillons testés ont une forme cylindrique avec 40 mm de diamètre et une épaisseur (e)
d’environ 10 mm.

Conditions d’hydratation
5
P × 10 Temps
Type d'essai T (°C) Référencement des échantillons
(Pa) d’hydratation (h)
Ultrasons : 23 1 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
Montage en
transmission
60 1 4, 6, 7, 24 [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]

Tableau III.1 : Conditions d’hydratation des échantillons testés avec méthode ultrasonore

Le montage en transmission utilisé dans cette étude est équipé d’un générateur d’impulsion
(NI TB 1000 MSBCA), qui alimente des transducteurs piézoélectriques (cisaillement,
Panametrics V153, f = 1 MHz). L’acquisition du signal transmis est assurée par une carte
oscilloscope (carte NI5112) qui moyenne les données sur 4000 pulses. Le montage comprend
un transducteur émetteur, un guide d’onde en PMMA (Plexiglas), l’échantillon et un
transducteur récepteur. Un gel visqueux (agent couplant12) a été appliqué à toutes les
interfaces pour assurer un bon couplage. Les transducteurs piézoélectriques émettent des
ondes de cisaillement et une onde de compression de plus faible amplitude (Figure III .8 a),
mais qui se propage plus vite dans l’échantillon. Nous avons ainsi accès avec une seule
mesure, au temps de vol de compression (t1) et au temps de vol de cisaillement (t2) (Figure
III .8b), le guide d’onde est assez grand pour que ces ondes soient bien séparées
temporellement. Les temps de vol sont mesurés grâce au décalage des fronts d’ondes (Figure
III .8b) entre un montage sans échantillon et un montage avec l’échantillon.

12
Un agent couplant est un matériau qui facilite la transmission de l’énergie acoustique du
transducteur à l’échantillon. Il est nécessaire car la différence d’impédances acoustiques entre
l’air et le solide est trop importante, par conséquent sans couplant, presque toute l’énergie est
réfléchie et une très faible quantité est transmise dans le matériau testé.

125/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge

Récepteur

Agent couplant e

Guide d’onde

Emetteur

Figure III.7 : Montage de transmission des ultrasons à travers un échantillon de ciment


pétrolier. La mesure du temps de vol à travers le guide d’onde (gauche) précède toutes les
mesures de temps de vol à travers l’échantillon (droite). L’agent couplant est enduit à toutes
les interfaces.

126/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge

120 O nde
d e cisa ille m e n t
80

Signal (U.A)
40 O nde
d e co m p re ssio n

-4 0

-8 0
S a n s é ch a n tillo n
-1 2 0
0 10 20 30 40 50
T e m p s (µ s )
1 20
T e m p s d e vo l (t 2 )
80
T e m p s d e vo l (t 1 )
Signal (U.A)

40

-40

-80 S a ns é c ha n tillo n
A v ec é c ha n tillo n
-1 20
0 10 20 30 40 50
T e m p s (µ s )

Figure III.8 : a) Identification des ondes de compression et de cisaillement sur un montage


sans échantillon. b) Méthode de détermination des temps de vol de compression (t1) et de
cisaillement (t2) d’un échantillon de ciment référencé [60°C, Patm _ 6h] grâce au décalage de
front des ondes entre le montage sans échantillon et le montage avec échantillon
(Figure III .7).

On considère la pâte de ciment en cours d’hydratation comme un matériau homogène et


isotrope, ce qui revient à dire que les longueurs d’onde émises sont grandes devant la taille
des hétérogénéités et petites devant les dimensions de l’échantillon de l’ordre de 1cm. Nous
pouvons alors calculer, grâce aux mesures de vitesse des ondes longitudinales (compression)
VL et transversales (cisaillement) VT, les modules élastiques dynamiques du matériau
cimentaire à savoir : le module d’incompressibilité κ , le module de cisaillement µ , le
module de Young E, et le coefficient de poisson ν dont les expressions sont données ci-
dessous :

127/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge

κ = ρ  VL2 − VT2 
4
(III-0.1)
 3 
µ = ρVT2 (III-0.2)

9 ρ  VL2 − VT2 
4
E=  3 
V2 − V2 
4 (III-0.3)
 L 3 T 
1+ 3 2

VT

 VL2 
V2 −2
ν =  T2  (III-0.4)
V 
2  L2 − 1 
 VT 
où ρ est la masse volumique de l’échantillon à chaque temps d’hydratation. Les valeurs
mesurées pour VL et VT et ρ sont présentées dans la Figure III.9.

La Figure III .10 présente l’évolution de propriétés élastiques dynamiques de la pâte de


ciment pétrolier « classe G » à (23°C, Patm) et (60 °C, Patm). Les modules élastiques (E, µ et
κ ) augmentent au cours du temps. Quant au coefficient de Poisson (ν ), il diminue avec le
temps d’hydratation. Ces évolutions traduisent l’augmentation des liaisons mécaniques au
sein du squelette en cours de formation.

128/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge

a) (23°C, P atm)
3500 2400
VL
3000
VT 2300
2500
Vitesse (m.s )
-1

ρ (kg.m )
2200

-3
2000
1500 2100
1000
2000
500
0 1900
12 4 168 1220 16 24
20 24 28
Temps d'hydratation (h)

b) (60°C, P atm)
3500 2400
VL VT ρ
3000
2300
2500
Vitesse (m.s )
-1

ρ (kg.m )
2200

-3
2000
1500 2100
1000
2000
500
0 1900
0 44 88 12
12 16 16 20 20 24 24 28
Temps
Temps de prise (h) (h)
d'hydratation
Figure III.9 : Evolution des vitesses des ondes longitudinales (VL) et transverses (VT) avec
prise en compte de l’évolution de la masse volumique de la pâte de ciment pétrolier « classe
G » en fonction du temps d’hydratation :
a) échantillons référencés [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
b) échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].

129/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge

a) (23 °C, P atm)


16 0,50
κ

Modules élastiques (GPa)


14
E 0,45
12 µ
10 ν 0,40

ν ( −)
8 0,35
6
0,30
4
2 0,25
12 16 20 24 28
Temps d'hydrtation (h)
0,28 0,38 0,46 0,50 0,53
ξ ( −)

b) (60 °C, P atm)


16 0,50
κ E
Modules élastiques (GPa)

14 µ ν 0,45
12
10 0,40

ν (−)
8 0,35
6
0,30
4
2 0,25
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydrtation (h)
0,02 0,44 0,55 0,59 0,63 0,66 0,68 0,71
ξ (−)

Figure III.10 : Evolution des propriétés élastiques dynamiques en fonction du temps


d’hydratation :
a) échantillons référencés [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
b) échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].

La Figure III .11 présente l’évolution des modules élastiques dynamiques (E et κ) et du flux
thermique mesuré au Chapitre I-2 correspondant en fonction du temps d’hydratation. Le degré
d’hydratation correspondant à chaque temps d’hydratation est représenté également en double
abscisse. Pour les deux familles d’essais ((23°C, Patm) et (60 °C, Patm)), on peut constater que
ces essais sont réalisés à des temps d’hydratation qui se situent dans la phase décroissante (au-
delà du pic thermique) notée (3) correspondant à l’épuisement progressif des anhydres qui

130/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge

s’accompagne d’un durcissement progressif de la pâte de ciment. Sur la même Figure III .11,
on a remarqué une zone de transition (appelé également "point hyperstatique" par
[Feylessoufi et al., 2001] dans laquelle le module d’Young devient égal au module
d’incompressibilité. Cette zone semble correspondre au changement dans le processus
d’hydratation lié au passage entre la phase (3) (durcissement de la pâte) et la phase (4)
(hydratation contrôlée par la diffusion). Ce passage est par ailleurs marqué par une diminution
des pentes d’évolution de E et κ en fonction du temps. Ceci, provoque ainsi une modification
des pentes des modules élastiques qui s’infléchissent légèrement.

a) (23°C, P atm)
16 8

Flux thermique [Ft] (j.g-1.h-1)


Modules élastiques (GPa)

14 Ft
E
12 κ 6
(3)

10 (2)
4
8
zone de transition
6 (4) 2
(1)
4
2 0
0 8 16 24 32 40 48 56 64 72
Temps (h)

b) (60°C, P atm)
16 50
Flux thermique [Ft] (j.g-1.h-1)

Ft
Modules élastiques (GPa)

14 E 40
12 κ
(3)

10 30
(2)
8 20
6 zone de transition
10
4 (1)
(4)

2 0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps (h)

Figure III.11 : Evolution des modules élastiques dynamiques (E, κ ) et du flux thermique
correspondant en fonction du temps :
a) échantillons référencés (23°C, Patm)
b) échantillons référencés (60°C, Patm).

131/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge

Ainsi, l’utilisation des mesures ultrasonores en transmission a permis de déterminer


l’évolution des modules élastiques dynamiques au cours de l’hydratation. Ses résultats seront
par la suite confrontés à ceux obtenus à partir des essais mécaniques quasi-statiques dans le
Chapitre III-3 et à ceux obtenus à partir de la modélisation par homogénéisation au (Chapitre
III-4)

132/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

Chapitre III-3
EVOLUTION DES PROPRIETES
MECANIQUES QUASI-
QUASI-STATIQUES
D’UN CIMENT PETROLIER AY
TRES JEUNE AGE PRIS A HP/HT
Ce chapitre est consacré à la caractérisation de l’évolution des
propriétés mécaniques quasi-statiques "instantanées" et différées
du ciment pétrolier « classe G » au très jeune âge dans des
conditions de température et de pression représentatives de
celles existant en fond de puits. Les propriétés élastiques quasi-
statiques obtenues sont ensuite confrontées aux propriétés
dynamiques présentées dans le Chapitre III-2. La relation entre
l’évolution des propriétés hydrauliques et l’évolution des
propriétés mécaniques au très jeune âge est également étudiée.
Enfin les propriétés différées ainsi que les phénomènes
dissipatifs observés dans les essais mécaniques quasi-statiques
de charge/décharge sont analysés.

III-3.1. Démarche expérimentale


III-3.1.1. Introduction

La campagne expérimentale menée dans le chapitre précédent nous a permis d'obtenir


l'évolution des propriétés élastiques dynamiques au très jeune âge, à partir des mesures de
vitesses de propagation des ondes de compression et de cisaillement. Toutefois, une
différence existe entre ces mesures dynamiques et les mesures statiques. En général, les
valeurs des propriétés élastiques mesurées en dynamique sont plus grandes que celles
mesurées en statique [Lee et al., 1997; Lacouture, 2003; Reddy et al., 2007] ce qui rend
nécessaire le recours à des essais statiques compte tenu de l’objectif visé. Cependant, la

133/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

mesure de l'évolution des propriétés mécaniques statiques de la pâte de ciment au très jeune
âge, dans des conditions HP/HT (haute pression et température élevée) représentatives de
celles de fond de puits, n'est pas simple à établir. En effet, elle requiert un appareillage qui
permettrait de faire prendre la pâte et la maintenir dans les conditions HP/HT, tout en la
sollicitant mécaniquement.

Une alternative consiste à faire prendre, dans un premier temps, la pâte de ciment jusqu'à un
certain âge dans des conditions HP/HT, et dans un deuxième temps, à caractériser son
comportement mécanique à température ambiante et pression atmosphérique en réduisant
autant que faire se peut la mise en œuvre de l’essai.

Dans la présente étude, des essais de compression simple sont effectués pour déterminer
l'évolution des propriétés mécaniques quasi-statiques instantanées et différées du ciment au
jeune âge, a été obtenue. Ce type d’essai conjugue à la fois facilité et rapidité de réalisation
des essais. Les échantillons peuvent être effectivement immédiatement caractérisés après
démoulage et découpe à la tronçonneuse. La faible durée des essais (de l’ordre de quelques
minutes) permet également de limiter les effets différés et donc d'enchaîner plusieurs
échantillons ayant le même temps d’hydratation dans un laps de temps donné.

Il est en effet primordial de limiter la durée entre le prélèvement de l'échantillon à tester et la


fin de l'essai mécanique afin de pouvoir considérer que le degré d'hydratation est quasiment
constant pendant l’essai. L'investigation du comportement mécanique du ciment au très jeune
âge par des essais triaxiaux initialement envisagée a été abandonnée compte tenu du temps
nécessaire à la mise en place des échantillons dans une cellule triaxiale (environ 30 min sans
compter le temps de réalisation de l'essai).

Les essais menés en compression simple dans le but de déterminer l'évolution des propriétés
mécaniques quasi-statiques instantanées et différées du ciment pétrolier « classe G » au très
jeune âge, sont décrits dans cette section III-3.1.

III-3.1.2. Dispositif expérimental

La machine utilisée est une presse INSTRON, modèle bicolonne 6025 - 5500R (Figure
III .12). Cette machine comporte à la fois une partie de commande, un dispositif de
chargement permettant d’appliquer sur un échantillon un effort allant jusqu’à 100 kN, et des
systèmes de mesures, dont :

134/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

- une cellule de force, pour déterminer la charge appliquée à l’échantillon,

- des capteurs de déplacement permettant de donner la position instantanée exacte, et


d’obtenir la variation de hauteur de l’échantillon. Le descriptif de cette presse INSTRON est
détaillé en Annexe C.

Cellule de force

Traverse fixe

Butée de blocage supérieure


Plateau supérieur
Zone de Panneau de commande
placement
de l'échantillon
190 cm

Bouton d'arrêt d'urgence


Plateau inférieur

Butée de blocage inférieure


Traverse mobile
Bicolonne
110 cm

Figure III.12 : Presse Instron 6025 - 5500R

III-3.1.3. Configurations d'essais retenues en compression simple

La caractérisation de l'évolution des propriétés mécaniques quasi-statiques du ciment classe G


a nécessité d'effectuer plusieurs types d'essais en compression simple. Le premier type d'essai
étant celui de la résistance en compression simple (Rc) qui, dans le cas de notre étude, permet
d'évaluer l'évolution de Rc au cours de l’hydratation, d'une part et de comparer l’effet de
différentes conditions d’hydratation sur Rc, d'autre part. Ces différents essais monotones
peuvent être également utilisés pour estimer l'évolution d’un module d’Young "statique", en
identifiant une zone élastique initiale sur les courbes σ - ε . Cependant, une grande dispersion
lors de la mise en charge due à la mise en place de l'échantillon a été observée lors de ces
essais, rendant ainsi difficile l'identification d'une zone élastique initiale. Cette dispersion est
notamment attribuée à la non-planéité des faces de l’échantillon en contact avec les plateaux

135/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

de la presse. Il est d’usage de réaliser un surfaçage au soufre, ou bien au sable, après la


découpe des échantillons à partir des génératrices des cylindres avec une tronçonneuse afin
d'améliorer la planéité des surfaces. Mais ces types de traitement nécessitent un temps
additionnel. Ils ne sont donc pas adaptés au jeune âge à cause du caractère trop évolutif des
propriétés mécaniques durant cette période.

Une amélioration de la reproductibilité des essais pendant la mise en charge aurait pu être
obtenue grâce à une rotule placée au niveau du plateau inférieur. Ceci permettrait d’assurer
une meilleure horizontalité du plan de contact mais implique de placer l'extensomètre de
déformation axiale directement sur l'échantillon. Or, ce placement peut favoriser la création
de défauts de surface trop importante pouvant fragiliser l'échantillon surtout pour les faibles
temps d’hydratation. Une autre difficulté, d'un point de vue pratique, concerne le placement
d'un autre extensomètre de mesure de déformation radiale en contact direct avec l'échantillon
comme décrit dans le paragraphe §III-3.2.2.

Finalement, ces difficultés ont été contournées en réalisant des essais monocycliques de
charge/décharge en compression simple afin d'en exploiter les courbes σ - ε en décharge. Les
résultats et discussions autour du dépouillement de ces essais sont présentés dans le
paragraphe §III-3.2.

L'évolution du comportement mécanique différé du ciment au jeune âge a été étudiée à partir
d'essais de relaxation de la contrainte dont l'analyse est présentée également dans le
paragraphe §III-3.2.

Une description plus détaillée des essais réalisés, de leur mise au point, et les conditions
d’hydratation des échantillons testés sont tout d'abord présentés dans les paragraphes §III-
3.1.4 à §III-3.1.6.

III-3.1.4. Descriptif des essais réalisés en compression simple

Différents types d'essais ont été réalisés en compression simple afin de caractériser l'évolution
des propriétés mécaniques instantanées et différées de la pâte de ciment pendant son
hydratation.

a. Résistance en compression
Un échantillon cylindrique placé entre les plateaux de la presse (Figure III .12) est soumis à
un chargement uniaxial à vitesse de déformation constante, jusqu’à rupture de l'échantillon.

136/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

Dans un tel chargement, la courbe σ - ε présente un maximum correspondant à la résistance


en compression (Rc) de l'échantillon (Figure III .13) au delà duquel la chute de contrainte (ou
radoucissement) est attribuée à l’endommagement de l'échantillon testé.

σ
F F

F F

Rc

Figure III.13: Principe de l'essai de résistance en compression

b. Charge/décharge
Dans cet essai, on charge l'échantillon jusqu'à un niveau de contrainte inférieur à celui de Rc à
une vitesse de déformation donnée pour ne pas endommager le matériau, puis on le décharge
à la même vitesse de chargement (Figure III .14). Selon la nature du comportement
mécanique du matériau solide testé, soit il reprend instantanément et exactement sa forme
initiale après décharge (a = comportement élastique); soit on constate la présence d’une
hystérésis quand le chemin de mise en charge ne coïncide pas avec celui de la décharge (b =
"comportement viscoélastique", c = "comportement plastique").

σ σ

< Rc < Rc
a
charge décharge décharge
charge
c
b

t ε

Figure III.14: Principe de l'essai de charge/décharge

c. Relaxation de la contrainte
Dans cet essai, on impose une déformation instantanée d'amplitude ε0 à l'instant t0, qu'on

maintient constante par la suite. On observe la réponse en contrainte σ(t) qui varie (phase de

137/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

relaxation) de façon monotone décroissante au cours du temps (Figure III .15). En pratique, la
phase de relaxation est précédée d'un chargement monoaxial à vitesse de déformation
constante et relativement élevée afin d'accroître l'amplitude de la contrainte susceptible d'être
restituée [Boidy, 2002].

Les essais de relaxation réalisés dans cette étude sont de courte durée (15 min) afin de limiter
l'évolution naturelle des propriétés mécaniques avec l'hydratation.

Une manière d'analyser les essais de relaxation consiste à déterminer le coefficient de


relaxation r : r est défini comme l'amplitude de contrainte relaxée ( ∆σ r ) rapportée à la

∆σ r
valeur de la contrainte initiale : r = . Il convient également de caractériser l’évolution de
σ0
la cinétique en analysant le (s) temps caractéristique (s) de relaxation.

ε σ
Sollicitation [ Réponse
σ0
ε0 (−) ∆σr

σ= σ0+ ∆σr
t0 t t0 t

Figure III.15: Principe de l'essai de relaxation de la contrainte

III-3.1.5. Préparation des échantillons et conditions d’hydratation testées

Comme pour la partie II, plusieurs temps d’hydratation au très jeune âge ont été retenus. Les
plus faibles temps d’hydratation sont 17h à (23°C, Patm) et 4h à (60°C, Patm). Ces deux temps
d’hydratation sont choisis volontairement au delà du temps d’hydratation au sens de Vicat à
partir duquel une résistance mécanique non négligeable est détectée en compression simple.

Les conditions d’hydratation étudiées dans ce chapitre sont résumées dans le Tableau III.2 ci-
dessous.

Dans la suite, chaque condition d’hydratation sera référencée [T, P _ t] où :

138/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

T= température d’hydratation en degré Celsius.


pression d’hydratation en MPa.
P= P est noté Patm quand la pression d’hydratation est égale à la pression
atmosphérique.
t= temps d’hydratation en heures.
Les échantillons testés sont de forme cylindrique avec un élancement de 2. Ces échantillons
sont réalisés par moulage dans des moules cylindriques de 40 mm de diamètre dans lesquels
la pâte fraîche est coulée. Les moules se composent de deux demi-coquilles, deux circlips, un
fond et un couvercle percé au centre (Figure III .16). L'intérieur du moule est enduit d'une fine
pellicule de graisse, afin de faciliter le démoulage des échantillons après prise. La prise
s'effectue en condition saturée en eau : les moules sont immergés de sorte que le couvercle
percé assure une alimentation continue du ciment en eau.

Demi-coquille

Après assemblage

Fond
Couvercle Circlips

Figure III.16 : Moule pour l’obtention des échantillons cylindriques

Conditions d’hydratation
Temps
P × 105
Type d'essai T (°C) d’hydratation Référencement des échantillons
(Pa)
(h)
23 1 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
23 170 24 [23°C, Patm _ 24h]
Rc
60 1 4, 6, 7, 24 [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]
60 170 4, 6, 7, 24 [60°C, 17 MPa _ {4h, 6h, 7h, 24h}]
23 1 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
Charge/décharge
60 1 4, 6, 7, 24 [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]
23 1 17, 24 [23°C, Patm _ {17h, 24h}]
Relaxation
60 1 4, 6 [60°C, Patm _ {4h, 6h}]
Tableau III.2 : Conditions d’hydratation des échantillons testés en compression simple
L’hydratation sous pression et température est réalisée grâce à une cellule thermostatée
(Figure III .17). Comme pour les mesures des propriétés hydrauliques, l’hydratation sous

139/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

pression et température s'effectue en condition saturée en eau dans la cellule thermostatée


(Figure III .17), ce qui permet de faire prendre des échantillons cylindriques à haute pression
et température élevée (Pmax ≤ 17 MPa et Tmax ≤ 140°C).

Cette cellule comporte, un régulateur de température, une pompe et un manomètre. A côté de


la cellule se trouve le dispositif qui permet de mettre en pression la cellule, un accumulateur
de pression et un manomètre qui affiche la pression en sortie de pompe.

Dans le cadre de cette étude pour les échantillons pris à HP, la mise en pression à 17 MPa a
été effectuée en 2 minutes environ après mise en place des moules dans l'eau initialement
préchauffée à la température voulue. Il faut noter que la pression appliquée s’exerce sur l’eau
et non sur le squelette. C’est donc a priori un essai à pression interstitielle élevée. Par contre
la contrainte effective est faible surtout au début de la prise où le matériau peut être considéré
comme granulaire.

Régulateur
de
température

Manomètre
Vanne de purge de la
cellule.

Panier de mise en
place des moules
cylindriques

Figure III.17: Cellule thermostatée

Une fois le temps d’hydratation souhaité atteint, le retour à Patm (cas d’hydratation HP) est
effectué en une minute environ avant la sortie des moules de la cellule. Les cylindres sont
immédiatement démoulés, découpés à la tronçonneuse à une longueur de 80 mm (pour obtenir
l'élancement de 2) et placés dans un bac d'eau à température ambiante pendant une dizaine de
minutes avant la réalisation des essais mécaniques.

Tous les essais mécaniques ont été réalisés à la température ambiante du laboratoire climatisé

140/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

(22 °C ± 1) et à pression atmosphérique.

III-3.1.6. Mise au point des essais

III-3.1.6.1. Limitation du frettage


Dans un essai où l'échantillon est directement en contact avec les plateaux de la presse, un état
de contraintes et de déformations non homogènes se développe à l'interface entre l'échantillon
cylindrique et les plateaux. Le frottement qui se développe à l'interface correspond à un
frettage de l'éprouvette : on parle communément de la formation d'un cône de frettage (Figure
III .18 A). Le frettage est dû au frottement empêchant le déplacement libre des extrémités de
l'éprouvette, engendré par le contraste de déformabilité entre l'échantillon de ciment et les
plateaux de la presse. Les ciments sont toujours plus déformables que les aciers avec lesquels
ils sont en contact durant l'essai. Ce frettage augmente artificiellement la résistance en
compression de l'échantillon testé. [El bied, 2000] a également mis en évidence une influence
du frettage à l'interface sur le coefficient de Poisson apparent. Il convient donc de minimiser
ce frottement à l'interface en appliquant une fine couche de graisse calcique à la surface des
plateaux d'acier, afin de conduire à une rupe celle observée à ture de l'échantillon à la Figure
III .18B.

A B
F F

Suppression
Zone de frettage du frettage
par graissage

F F

Figure III.18 : Mode de rupture en compression simple


A : essais sans graissage, B : essais avec graissage.

L'effet du frettage sur les valeurs de Rc et le mode de rupture ont été analysés
expérimentalement à partir d'essais de résistance en compression. Un chargement monotone a
été imposé à vitesse de déformation axiale constante (10-3 /s) grâce à un extensomètre placé
au niveau des plateaux de la presse. Dans un souci de maintenir un parallélisme entre les
extrémités de l'éprouvette, un support avec rotule sphérique a été placé sur le plateau inférieur

141/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

(Figure III .19). Deux séries d'essais ont été réalisées dans les conditions d’hydratation (23°C,
Patm _17h) :

Série 1 : Échantillons en contact direct avec les plateaux.

Série 2 : Graissage des zones de contact ciment/plateaux.

Série 1_17h 4

Contrainte axiale (MPa)


3,5 Extensomètre longitudinal

2,5

1,5

1 Support avec rotule

0,5

0
-1,5 -1 -0,5 0 0,5
Déformation axiale (%)
Figure III.19 : Essais de résistance en compression13 de la série 1 (sans graissage)14 sur
échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h]. Vitesse de déformation axiale = 10-3 /s.

La série 1 (Figure III .19) montre la difficulté de la mesure de la déformation axiale au


démarrage de l'essai. Des déformations d’extension sont parfois enregistrées au début de
l'essai, comme illustré sur la figure lors de deux essais. Ceci est dû essentiellement à la mise
en place de l'extensomètre axial sur les plateaux quand un défaut de parallélisme existe entre
les extrémités de l'éprouvette. Ceci a pour effet d'incliner le support avec rotule placé sur le
plateau inférieur qui vient en contact avec l’échantillon.

La Figure III .20, montre que le graissage au niveau de l’interface ciment/plateaux diminue
sensiblement la valeur de Rc. Ce graissage a également une influence notable sur le mode de

13
Contrainte axiale de compression positive par convention.
14
Les essais pour lesquels une déformation positive est enregistrée au début de l'essai ne sont pas pris en compte
pour la comparaison avec ceux de la série 2 à la figure III.20.

142/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

rupture (cf. Figure III .20). En effet, la première série favorise potentiellement la formation de
cône de frettage, alors que la seconde série, favorise un plan de rupture perpendiculaire à la
direction de la sollicitation mécanique. On peut aussi avoir une combinaison de ces deux
modes de rupture suivant l'intensité du frottement à l'interface. Ces essais montrent également
une dispersion importante de la déformation. L’origine de cette dispersion provient a priori de
la planéité des surfaces de l’éprouvette en contact avec les plateaux. Cependant la dispersion
en termes de valeurs de Rc émanerait du centrage de l'éprouvette [Neville, 2000].

Série 1_ 17h
4
Série 2_17h
3.5

Contrainte axiale (MPa)


3
2.5
2
1.5
1
0.5
0
-1.5 -1 -0.5 0
Déformation axiale (% )

Figure III.20 : Comparaison des essais de la série 1 (sans graissage) avec ceux de la série 2
(avec graissage) sur échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h].

Pour garantir une meilleure reproductibilité des valeurs de Rc, le centrage de l'éprouvette doit
être rigoureux. L'opérateur doit s'assurer que l'axe de la presse et celui du plot cylindrique
sont confondus.

Pour tenter de s’affranchir de l’effet de rotation positive autour d’un axe horizontal induisant
une déformation axiale positive apparente (cf. Figure III .19), la configuration initiale sans le
support avec rotule est utilisée. Les plateaux sont graissés avant chaque essai pour limiter les
effets de frettage. La Figure III .21 présente les résultats dans cette configuration sur des

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

ciments pris pendant 24h en condition saturée en eau à température ambiante [23°C, Patm _
24h]. La vitesse de déformation de l'extensomètre est la même que celle appliquée aux essais
précédents. Cette configuration améliore la reproductibilité des valeurs de Rc. En revanche la
dispersion en termes de déformation axiale demeure présente malgré des cycles préliminaires
de charge/décharge dans le domaine élastique afin d'améliorer la mise en place de
l'échantillon. Ces cycles de chargement mécanique apportent peu d’amélioration sur la
reproductibilité des courbes σ - ε pendant la mise en charge.

23°C, Patm _ 24h 16

14

Contrainte axiale (MPa)


12

10
2 1
8

2
2 cycles préliminaires
0
-0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0
Déformation axiale (%)
Figure III.21 : Essais de résistance en compression13 sur échantillons référencés
[23°C, Patm _ 24h] avec une vitesse de déformation axiale (10-3 /s) précédés de deux cycles de
charge/décharge.

Pour identifier le(s) mode(s) de rupture avec cette configuration, une analyse au scanner
médical a été réalisée sur plusieurs échantillons dont l'échantillon 2 de la Figure III.21 juste
après l'essai de résistance en compression. Les analyses sagittales à 0° et 90° mettent en
évidence une combinaison de deux modes de rupture (Figure III.22a). La reconstitution 3D
des plans de fracture montre la présence d'un cône de frettage sur la partie haute de
l'échantillon combiné à un plan de rupture parallèle à la direction de la sollicitation mécanique
en zone centrale (Figure III .22 b).

144/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

a) 0°
plan sagittal 0°
C

plan sagittal 90°

BAS HAUT

90°
C
Cône de frettage

b) BAS

HAUT Vue de dessus des plans de


fracture
Cône de frettage
Figure III.22: Analyse au scanner médical de l'échantillon 2 de la figure III-3.10
a) Vue des plans sagittaux à 0° et 90°
b) Reconstitution 3D des plans de fractures de l’échantillon 2 avec le logiciel Avizo.

Finalement, la configuration sans le support avec rotule est retenue car elle permet d’une part
de s'affranchir de la déformation axiale "apparente" positive au démarrage et d’autre part
d’obtenir un plan de rupture principalement parallèle à la direction de la sollicitation
mécanique.

III-3.1.6.2. Choix de la vitesse quasi-statique de déformation


Les résultats des essais mécaniques disponibles dans la littérature doivent être considérés avec
précaution. Un bilan, dressé par [Fu et al., 1991], des résistances obtenues à différentes

145/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

vitesses de chargement montre particulièrement l'importance de la vitesse de déformation.

L'effet de la vitesse de déformation a été étudié par [Bazant, 1988]. Des courbes isochrones
issues d'essais de résistance en compression ont été effectuées à différentes vitesses de
chargement sur du béton (vitesse constante pendant l'essai). Leur représentation à intervalles
de vitesse réguliers a permis de distinguer différents domaines du comportement du matériau
vis-à-vis de l'effet de vitesse (Figure III .23).

Figure III.23: Isochrones de comportement du béton en compression [Bazant, 1988].

La courbe σ - ε du comportement extrême dans le domaine dynamique est, en théorie,


• •
atteinte lorsque le chargement ( ε ou σ ) est rapide et tend vers l'infini. A l'inverse, la courbe
σ - ε du comportement extrême dans le domaine statique est en théorie, atteinte lorsque le
• •
chargement est appliqué à une vitesse infiniment lente : ε → 0 ou. σ → 0 . A mi-parcours
entre ces deux comportements extrêmes, une vitesse de chargement spécifique, appelée
"quasi-statique" marque la séparation des deux phases de comportement de béton que sont :

- le domaine dynamique : vitesses de déformation quasi-statique à dynamique

- le domaine statique : vitesses de déformation statique à quasi-statique

Ces deux domaines peuvent être identifiés principalement à partir de l'évolution


caractéristique de l'enveloppe de rupture qui relie les pics de contraintes de chaque isochrone.

146/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

Figure III.24: Variation de la résistance pour les vitesses de déformation :


(a) domaine dynamique
(b) domaine statique [Nawrocki and Mroz, 1998].

Dans la phase dynamique, la déformation au pic diminue lorsque la vitesse de déformation est
diminuée (Figure III .24 a). Dans le domaine statique, la cinétique est inversée puisque la
déformation au pic augmente lorsque la vitesse de déformation est diminuée (Figure III .24 b).
La représentation de la « courbe enveloppe » permet de déterminer la valeur de la vitesse
"quasi-statique" correspondant à la déformation au pic minimale (point de rebroussement)
(Figure III .25).

Figure III.25 : Évolution du pic de contrainte en fonction de la vitesse de déformation d’un


mortier [Harsh et al., 1990].

En ce qui concerne le ciment portland class G étudié ici, des essais de résistance en
compression ont été effectués à trois vitesses de déformation axiale constantes : 10-3/s, 10-4/s

147/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

et 10-5/s (Figure III .26). La durée des essais pour chaque vitesse de déformation est
respectivement égale à 6 s, 60 s et 600 s. Le tracé de la « courbe enveloppe » à partir des pics
de contrainte pour chaque vitesse de déformation nous a permis d’observer ces deux domaines
de vitesses de déformation sur le ciment pris dans les conditions [23°C, Patm _ 24h]. Située à
la limite des deux domaines de vitesses (dynamique et statique), la vitesse "quasi-statique" est
identifiée à partir d’une déformation minimale au pic de charge et d’une résistance éliminant
les effets parasites des deux domaines (effets inertiels, effets différés,…). La vitesse de
déformation retenue pour tous les essais en compression simple sur le ciment classe G étudié,
et qui sont présentés par la suite, est ainsi prise égale à 10-4 s-1. Cette vitesse donne une valeur
de la résistance proche de la valeur asymptotique tout en présentant l'avantage de réaliser des
essais relativement courts ( = 1 minute) évitant ainsi les déformations différées.

16

15
• −3
ε = 10
14
Rc (MPa)

13
• −4
ε = 10
12 −5
ε• = 10

11
0,0040 0,0042 0,0044 0,0046
Déformation vraie (−)
Figure III.26 : Évolution du pic de contrainte1 en fonction de la vitesse de déformation du
ciment « classe G » étudié [23°C, Patm _ 24h].

III-3.2. Résultats et analyse des essais en compression simple


III-3.2.1. Effet des conditions d’hydratation du ciment « classe G » étudié sur Rc

III-3.2.1.1. Effet de la température d’hydratation


La Figure III .27 montre l’effet de la température sur les valeurs de Rc. La température étant
un facteur accélérateur des réactions d’hydratation du ciment, une augmentation de la
température d’hydratation se traduit par une augmentation plus rapide de Rc pour un même
temps d’hydratation. En effet, on constate que pour un temps d’hydratation identique (e.g.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

24h), les valeurs de Rc pour les échantillons référencés [60°C, Patm _ 24h] sont trois fois
supérieures à celles des échantillons référencés [23°C, Patm _ 24h]. Il est à noter que ce facteur
est d’ailleurs du même ordre que celui de la température d’hydratation.

a)
35

30
23°C, P atm
60°C, P atm
25
x3
20
Rc

15

10

0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
b)
35

30 23°C, P atm

25
60°C, P atm 24h
7h
20 6h
Rc

15 20h
17h 24h
10 4h
5

0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
ξ (−)
Figure III.27 : Effet de la température d’hydratation sur les valeurs de Rc1 pour les
échantillons référencés : [23°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] et [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] :
a) évolution en fonction du degré d’hydratation Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s.

Sur la Figure III .27 a présentant Rc en fonction du temps d’hydratation, on peut noter que la
pente d’évolution de Rc à 60°C devient plus faible à partir de 7h d’hydratation. L’évolution

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
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de Rc en fonction du degré d’hydratation ξ 15 , quant à elle, est quasi-linéaire et ne permet


pas de distinguer ce changement de pente à 7h d’hydratation. Cette évolution est semblable
aux résultats obtenus par [Torrenti and Benboudjema, 2005]. Par ailleurs, on constate que pour
une valeur de ξ donné (e.g. ξ = 0 ,5 ) pour les deux conditions étudiées les valeurs de Rc
obtenues sont du même ordre (Figure III .27b). Cela signifie que pour une même valeur de ξ ,
la température n’a pas d’effet sur Rc.

III-3.2.1.2. Effet de la pression d’hydratation


La Figure III .28 présente l’effet de la pression sur les valeurs de Rc en fonction du temps
d’hydratation. On constate que pour un temps d’hydratation donné, l’effet de la pression est
faible comparé à celui de la température sur les valeurs de Rc mesurées. On observe une
légère augmentation de Rc pour les faibles temps d’hydratation qui pourrait s’expliquer par
l’augmentation de cinétique d’hydratation induite par la pression suggérée en partie II. Il faut
noter que la pression d’hydratation est appliquée au fluide interstitielle n’est pas une pression
de confinement appliquée au squelette solide (cf. §III-3.1.5). Un résultat différent pourrait être
obtenu si la pression était appliquée au squelette et non seulement au fluide interstitiel. Par
ailleurs, à 24h d’hydratation, une valeur légèrement plus faible de Rc est obtenue sur les
échantillons référencés [60°C, 17MPa _ 24h]. Cet effet à la limite discernable compte tenu de
la dispersion des résultats pourrait être dû à une vitesse de dépressurisation des échantillons
relativement rapide (environ 1 minute)

En conséquence, l’effet de la vitesse de dépressurisation sur la valeur de Rc pour ce temps


d’hydratation (24h) a donc été étudié dans le paragraphe suivant.

15
ξ est calculé à partir du modèle de cinétique d’hydratation présenté dans le chapitre I-3

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

35

30

25

Rc (MPa) 20

15

10
60°C, P atm
60°C, 17 MPa
5

0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
Figure III.28: Effet de la pression d’hydratation sur les valeurs de Rc obtenues à différents
temps d’hydratation sur échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] et [60°C, 17
MPa _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s. Vitesse de dépressurisation
des échantillons : "rapide".

III-3.2.1.3. Effet de la vitesse de dépressurisation


L'effet de la vitesse de dépressurisation sur les valeurs de Rc a été étudié sur plusieurs
échantillons pris sous HP (17 MPa) pendant 24 heures à 60°C et 23°C (Figure III .29). La
vitesse de dépressurisation qualifiée de "lente" est trois fois plus faible que la vitesse de
dépressurisation qualifiée de "rapide", pour laquelle la durée de dépressurisation est d'environ
une minute. La Figure III .29 montre que la vitesse de dépressurisation à peu d’effet sur l'écart
entre les valeurs de Rc obtenues et que ce dernier est probablement lié à la dispersion
expérimentale. D'autre part, les essais à 23°C (Figure III .29) confirme que la pression
d’hydratation, tout au moins dans la gamme des pressions d’hydratation testées, n'est pas non
plus responsable de la dispersion naturelle des valeurs de Rc obtenues expérimentalement.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

35 60°C
Patm 17 MPa
30 17 MPa + dépressurisation "lente"
+dépressurisation
25 "rapide"
Rc (MPa)
20
15 23°C
Patm 17 MPa
+ dépressurisation "lente"
10
5
0
24 h

Figure III.29: Effet de la vitesse de dépressurisation sur les valeurs de Rc obtenues sur
échantillons pris à 60 °C et 23 °C pendant 24 heures. Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s.

La pression d’hydratation ayant peu d'effet sur les valeurs de Rc, dans la gamme de pression
testée, les échantillons testés par la suite ont été élaborés à pression atmosphérique (Patm).

III-3.2.2. Caractérisation des propriétés élastiques à partir des essais de


charge/décharge
Comme illustré dans §III-3.1.6, il n’est pas envisageable de déterminer les propriétés
élastiques pendant la mise en charge. Pour s’affranchir de la phase de mise en place de
l’échantillon, les propriétés élastiques sont déterminées au début de la décharge (Figure
III .30). Par ailleurs, pour mesurer la déformation radiale du ciment « classe G », nous avons
utilisé un extensomètre radial MTS avec chaînette représenté à la Figure III .30. Cet
extensomètre radial constitué de deux accroches métalliques est placé à mi-hauteur de
l’échantillon par l’utilisateur grâce à une chaînette. La déformation radiale de l’échantillon au
cours du chargement mécanique est obtenue grâce à l’écartement des deux accroches
métalliques. L'acquisition de la déformation radiale avec ce dispositif nécessite néanmoins
une déformation axiale suffisante avant décharge §III-3.2.3.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

Extensomètre
radial MTS
Extensomètre
longitudinal

21
Ressorts
18 Chaînette
Accroche
métallique
15

σzz (MPa)
Longitudinale Latérale
12

6
Recouvrance (2min)

3
εzz εrr
0
-0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0,000
Déformations vraies (-)
Figure III.30 : Comportement caractéristique d’un échantillon de ciment au jeune âge pris à
[60°C, Patm _ 24h] soumis à un cycle de charge/décharge en compression simple. Vitesse de
déformation axiale = 10-4 /s.

III-3.2.2.1. Dépouillement des essais de compression simple


Lorsqu’une charge uniaxiale est appliquée sur un échantillon de ciment, elle provoque une
déformation longitudinale dans le sens de l’application de la charge et en même temps une
déformation latérale de signe opposé. Les données acquises lors des essais sont la force F, la
déformation axiale nominale ( ε 0zz ), et la déformation radiale nominale ( ε 0rr ).

En supposant que la déformation est homogène c'est à dire que la déformation se répartit
uniformément dans l'éprouvette, la déformation axiale vraie ε zz est égale au cumul des

déformations élémentaires δε = δz / z soit :

z
= ln  
dz
ε zz = ∫ zz0 (III-3.1)
z  z0 

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
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où z est la longueur de l’échantillon.

La déformation axiale vraie est ainsi donnée par la relation suivante :

ε zz = ln (1 + ε 0zz ) ≈ ε 0zz (III-3.2)

Il en est de même pour la déformation radiale vraie :

ε rr = ln (1 + ε 0rr ) ≈ ε 0rr (III-3.3)

D'autre part, l'évolution de la déformation volumique de l'échantillon peut être suivie en


écrivant :

dV
εvol = ∫V
V
(III-3.4)
0 V
où V=π r2z, r étant le rayon de l'échantillon en configuration actuelle.

La déformation volumique peut donc être déduite des mesures de ε zz et de ε rr , comme suit :

ε vol = 2ε rr + ε zz = 2ε rr0 + ε zz0 (III-3.5)


Dans le domaine élastique, le comportement étant supposé isotrope, la déformation volumique
peut s'écrire en fonction de la seule composante axiale de la déformation de l'échantillon grâce
au coefficient de Poisson :

ε vol = (1− 2ν)ε zz ≈ (1− 2ν)ε zz0 (III-3.6)


La valeur du coefficient de Poisson peut alors être évaluée dans le domaine d'élasticité grâce à
la relation linéaire entre la contrainte axiale et la déformation axiale, à partir de l'expression
suivante :

σ zz
ε vol = (1− 2ν)
(e)
(III-3.7)
Ε
ε vol désignant la déformation volumique élastique, σ zz la contrainte axiale vraie et E le
(e)

module d'élasticité.

Quant à la contrainte axiale vraie σ zz , celle-ci s'écrit de la façon suivante :

F F S0 S
σ zz = = = σ 0zz 0 (III-3.8)
S S0 S S

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
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S0 et S correspondent respectivement à la section initiale de l'échantillon et à la section de

l'échantillon à l'instant t, et σ 0zz désigne la contrainte axiale nominale.

En explicitant la relation précédente, la contrainte axiale vraie peut être déduite des données
d'acquisition selon :

σ zz = σ 0zz ≈ σ zz0
(1 + ε )
0 2
(III-3.9)
rr

III-3.2.2.2. Obtention des propriétés élastiques à partir d'un essai de charge-décharge:


illustration
Dans cette étude, le module d’élasticité (E) a été déterminé à partir de la pente au début de la
décharge des courbes σ zz - ε zz obtenues lors des essais de compression simple sur des
échantillons cylindriques de ciment hydratés dans différentes conditions de température et
pression. Il s’agit donc du module tangent pour la contrainte cyclique adoptée. Quant au
coefficient de Poisson, il a été déterminé à partir de la courbe ( ε vol - ε zz ) dans la même zone
de détermination du module E comme illustré à la Figure III .31. La bonne linéarité dans cette
zone est vérifiée par la valeur du coefficient de corrélation linéaire R2. Pour tous les essais
effectués en charge/décharge dans cette étude (cf. §III-3.2.4), les valeurs de R2 sont
supérieures ou égales à 0,995. Il faut noter que cette exploitation des essais mécaniques
suppose a priori que la déformation à la décharge est élastique.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
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Zone linéaire au début de la décharge


21 0,0000

18 Y= -10082x-15,98 -0,0004
=
2
R =0,9998 E
-0,0008
15
σzz (MPa)

-0,0012

εvol (-)
12
-0,0016
9
-0,0020
6 -0,0024
Y= 0,6017x-0,0005
2
=
3 R =0,9997 (1-2ν) -0,0028

0 -0,0032
-0,005 -0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0,000
εzz (-)
Figure III.31 : Méthode de détermination des propriétés élastiques (E et ν ) à partir d'un essai
de charge/décharge (Figure III-3.2.2_1) pour un échantillon pris à [60°C, Patm _ 24h].

III-3.2.3. Définition du niveau de chargement pour les essais avec un cycle de


charge/décharge
Afin d’identifier un niveau de chargement qui permettra de suffisamment déformer le
matériau sans l’endommager, nous avons réalisé des essais en compression simple jusqu’à
rupture. La Figure III .32 montre l’évolution de la déformation longitudinale et radiale
pendant le chargement. La déformation volumique est également représentée. On peut voir
que cette déformation volumique reste contractante jusqu’à rupture pour les essais réalisés. Ce
n’est qu’à ce niveau de chargement que la déformation volumique devient dilatante (seuil de
dilatance). Ce seuil de dilatance est d’une importance pratique considérable puisqu’ il
renseigne souvent sur le seuil de fissuration de l’échantillon testé.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
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a) 23°C, Patm
σzz (MPa)
14
L V 17h
12 R
20h
24h 10
L V R
8
L
V 6 R

0
-0,006 -0,004 -0,002 0 0,002
−)
Déformations vraies− (−

b) 60°C, Patm

σzz (MPa)
40
L V 35 R 4h
7h
30 24h

25

L V 20
R
15

10
L V 5 R

0
-0,008 -0,004 0 0,004 0,008
−−)
Déformations vraies (−

Figure III.32 : Évolutions de la contrainte axiale en fonction de ε zz (courbes notées L), en

fonction de εvol (courbes notées V), et en fonction de ε rr (courbes notées R) lors d'un
chargement monotone jusqu'à rupture sur ciment référencé :
a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 7h, 24h}]

Nous nous sommes placés à 66% de la valeur de Rc pour réaliser les essais de
charge/décharge. A ce niveau de chargement, le comportement de l’échantillon est

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
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sensiblement linéaire. Pour s’assurer que le niveau d’endommagement reste relativement


limité dans la pâte de ciment testée à ce niveau de chargement, nous avons passé au scanner
médical deux échantillons référencés [23°C, Patm _ 24h] : le premier est un échantillon vierge
qui sert de référence et le deuxième a subi un essai de charge/décharge à 66% de Rc. Sur la
Figure III .33 ci-dessous, on peut voir que l’échantillon ayant subi ce cycle de
charge/décharge à 66% de Rc ne présente pas d’endommagement visible (microfissuration
localisée) à la résolution du scanner (de l'ordre du mm). Les tâches noires, se trouvant en haut
des échantillons (côté droit de chaque image) correspondent à des bulles d'air emprisonnées
lors de la fabrication de la pâte de ciment.

Plan Sagital 0° Plan Sagital 90°

a) Un échantillon
vierge (référence)

b) Un échantillon
Après un cycle de
charge/décharge

Figure III.33 : Analyses au scanner médical (plans sagittaux 0° et 90°) de deux échantillons de
ciment référencés [23°C, Patm _ 24h] : a) référence: aucune sollicitation mécanique ; b) après 1
cycle de charge/décharge.

III-3.2.4. Détermination des propriétés élastiques instantanées à partir d’un cycle


de charge/décharge

III-3.2.4.1. Première campagne d'essais


Une première campagne d’essais avec un cycle de charge/décharge puis recouvrance
(maintien d'une charge constante de 10 daN pendant 2 minutes (e.g. Figure III .30)) a été
réalisée. Les résultats de cette première campagne d'essais sont présentés dans la Figure
III .34.

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a) 23°C, Patm σzz (MPa)


8

17h 7
20h 6
24h
5

4
3

2
1
εzz (-) εrr (-)
0
-0,005 -0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0,000 0,001

b) 60°C, Patm σzz (MPa)


25
4h
6h 20
7h
24h
15

10

εzz (-) εrr (-)


0
-0,005 -0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0,000 0,001
Figure III.34 : Première campagne d'essais de charge/décharge à différents temps et
conditions d’hydratation : a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h,
24h}].

Toutes les courbes présentant l’évolution de la charge/décharge en fonction de la déformation


longitudinale et radiale à différents temps et conditions d’hydratation (Figure III .34) révèlent
la présence d'un effet d’hystérésis, avec une déformation résiduelle quasi-nulle à la fin du
cycle de déchargement aussi bien pour les échantillons pris à 23°C qu'à 60°C. Ces cycles sont

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
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a priori dus soit à un comportement de type "élastoplastique hystérétique" (observé par


exemple dans les sables) soit à un comportement de type viscoélastique. Par ailleurs, les
cycles montrent tous un comportement moyen non linéaire (comportement observé sur les
sols granulaires) qui pourrait être dû à la structure granulaire de la pâte de ciment.

Cet effet d'hystérésis sera étudié plus en détail dans le §III-3.2.6 sur la base d'essais effectués
à différents niveaux de chargement inférieurs à 66% de Rc puis analysé dans le paragraphe
§III-3.3.4. L'évolution des propriétés élastiques en fonction du niveau de chargement appliqué
sera également étudiée.

Les différents essais de la Figure III .34 ont été analysés selon la méthode décrite
précédemment (§III-3.2.2.2) afin d'en déduire l'évolution des propriétés élastiques
instantanées. Les résultats obtenus pour les différentes conditions d’hydratation testées sont
récapitulés dans le Tableau III.3.

Propriétés élastiques
instantanées à σ = 2/3 Rc
Temps d’hydratation (h) ξ (−) N° Essai E (MPa) ν (-)
1 3245 0,08
4 0,44
2 3501 0,12
60 °C, Patm

3 5457 0,07
6 0,50 4 5124 0,10
5 5171 0,10
6 6016 0,08
7 0,53
7 5875 0,07
24 0,68 8 12624 0,10
9 3551 0,08
17 0,41
10 3585 0,09
23°C, Patm

11 4246 0,08
20 0,46
12 4555 0,07
13 4968 0,07
24 0,50
14 4143 0,05
Tableau III.3 : Propriétés élastiques obtenues à partir des essais de charge/décharge pour
différents conditions d’hydratation et différents temps d’hydratation testés : première
campagne d'essais.

Ces valeurs de propriétés "élastiques", données dans le Tableau III-3, sont représentées à la
Figure III .35.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
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E(MPa) ν (−)
15000 0,25
24 h

12000 0,20
4h 6h 7h
0,15
9000
0,10
6000
23°C 60°C 0,05
3000 ν ν
24 h 0,00
17 h 20 h E E
0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
ξ (−)
Figure III.35 : Première campagne d'essais. Évolution des propriétés élastiques en fonction du
degré d’hydratation pour les échantillons référencés [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h} et [60°C,
Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].

Notons que le module d’élasticité E augmente avec le degré d’hydratation, et suit une
tendance quasi-linéaire similaire à celle remarquée avec l'évolution de Rc (Figure III .27). On
constate, par ailleurs que pour un temps d’hydratation identique (e.g. 24h), les valeurs de E
pour les échantillons référencés [60°C, Patm _ 24h] sont supérieures à celles des échantillons
référencés [23°C, Patm _ 24h] alors que pour un ξ identique (e.g. ξ = 0 ,5 ) dans les deux
conditions d’hydratation étudiées, les valeurs de E obtenues sont du même ordre.

On note par ailleurs une légère diminution du coefficient de Poisson en fonction du degré
d’hydratation. Toutefois, les valeurs obtenues ne semblent pas être représentatives d'un
matériau cimentaire : les valeurs de ν obtenues pour les matériaux cimentaires sont
généralement de l’ordre de 0,2 alors que les valeurs obtenues ici sont comprises entre 0,05 et
0,12 quelque soit le degré d’hydratation de l’échantillon testé.

A partir d'un montage semblable au nôtre, [Reddy et al., 2007] ont obtenu des valeurs de
coefficient de Poisson comprises entre 0,15 et 0,22 sur des ciments pétroliers plus âgés que
les nôtres (hydratation dans l'eau pendant 72 h sous pression égale à 20 MPa et température
élevée d'environ 90 °C). [Ravi et al., 2007] identifient également, dans des conditions d'essai
et d’hydratation semblables à celles de [Reddy et al., 2007]un cœfficient de Poisson constant
égal à 0,2, et ce quelle que soit la densité des pâtes de ciment caractérisées. De surcroît, les
valeurs du coefficient de Poisson d’un béton se situent généralement entre 0,15 et 0,22

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

(Neville, 2000). Tout cela mène à se poser quelques interrogations concernant la mesure de
ν.

L'extensomètre MTS conçu initialement pour des matériaux de type roche est équipé de deux
ressorts d'une certaine raideur qui contrôle l'écartement des deux accroches permettant de
mesurer la déformation radiale. Or, la raideur de ces ressorts s'est avérée trop élevée pour
permettre l'écartement de ces dernières pour le ciment au jeune âge, manifestement peu
déformable. De ce fait, ces deux ressorts ont été changés par deux autres ressorts de plus
faible raideur.

Une seconde campagne d'essais a ainsi été réalisée avec un calibrage de l'extensomètre radial
plus approprié aux faibles déformations du ciment classe G au jeune âge grâce à ces ressorts
de plus faible raideur.

III-3.2.4.2. Seconde campagne d'essais


Cette campagne d'essais a été réalisée avec des échantillons ayant les mêmes conditions et
temps d’hydratation que la première campagne d'essais.

Ces résultats de charge/décharge (Figure III .36) ont été ensuite exploités de manière à
déterminer l'évolution des propriétés élastiques au très jeune âge (Figure III .37).

162/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

a) 23°C, Patm
σzz (MPa)
9
17h 8
20h 7
24h
6
5
4
3
2
1
εzz(-) εrr (-)
0
-0,005 -0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0,000 0,001

b) 60°C, Patm σzz (MPa)


24
4h
6h 20
7h
24h
16

12

4
εzz (-) εrr (-)
0
-0,005 -0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0,000 0,001
Figure III.36 : Seconde campagne d'essais de charge/décharge à différents temps et conditions
d’hydratation : a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].

163/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

E(MPa) a) 23°C, P atm ν (−) E(MPa) b) 60°C, P atm ν (−)


15000 0,25 15000 0,25

12000 0,20 0,20


12000
0,15 0,15
9000 9000
0,10 ν 0,10
6000 6000 E
0,05 0,05
3000 ν 3000
0,00 0,00
E
0 0
12 16 20 24 28 0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h) Temps d'hydratation (h)

E(MPa) c) ν (−)
15000 0,25

12000 0,20

0,15
9000 24h
24h
0,10
6000
23°C 60°C 0,05
7h
3000 6h
ν ν
20h 0,00
E E
17h 4h
0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
ξ (−)

Figure III.37 : Seconde campagne d'essais. Évolution des propriétés élastiques en fonction du
temps d’hydratation à 23°C et à 60°C obtenue à partir d'échantillons référencés [23°C, Patm _
{17h, 20h, 24h} et [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].
a) et b) Évolution en fonction du temps d’hydratation
c) Évolution en fonction du degré d'hydratation

Pour cette seconde campagne d’essais, on note que les valeurs du coefficient de Poisson sont
davantage en accord avec celles trouvées dans la littérature. Mis à part les échantillons
référencés [60°C, Patm _ 4h] et [23°C, Patm _ 17h], Les valeurs mesurées sont comprises entre
0,16 et 0,24. Malgré cette dispersion, il semblerait que le coefficient de Poisson soit
sensiblement constant quelque soit le temps d’hydratation. En effet, à partir de La Figure
III .37 c présentant les valeurs de coefficients de Poisson pour les différentes conditions

164/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

d’hydratation à 23°C et à 60°C en fonction de ξ , on peut constater que la valeur du


coefficient de Poisson est sensiblement égale à une valeur médiane de 0,2. Cependant une
grande dispersion des valeurs du coefficient de Poisson est constatée pour les échantillons
référencés [60°C, Patm _ 4h] et [23°C, Patm _ 17h]. Les valeurs obtenues oscillent entre 0,1 et
0,22 pour 4 h d’hydratation et 0,13 et 0,21 pour 17h. Bien que le niveau de déchargement soit
égal à 66% Rc, il semblerait que l’on soit à la limite inférieure de la sensibilité de
l’extensomètre radial avec ces nouveaux ressorts puisque à ces stades d’hydratation, les
valeurs de Rc sont faibles : de l’ordre de 5 MPa (Figure III .27).

Pour mieux comprendre l’origine de cette grande dispersion notamment à [60°C, Patm _ 4h],
une analyse plus approfondie est présentée dans le §III-3.3.

Si la détermination du coefficient de Poisson semble délicate et les valeurs obtenues


moyennement reproductibles, le module d’élasticité E déterminé au début de la décharge,
pour tous les temps d’hydratation étudiés, est quant à lui reproductible. Ces modules
d’élasticité E déterminé sont également du même ordre que ceux obtenus dans la première
campagne d’essais. Comme pour cette dernière, une augmentation des valeurs de E quasi-
statique est constatée en fonction de l'âge de l'échantillon. A 24 heures d’hydratation, un
facteur deux est constaté entre les valeurs du module d’élasticité obtenues pour des
échantillons pris à 60°C et ceux pris à 23°C. Cette différence en terme de valeur de E provient
principalement du degré d’hydratation qui est plus avancé à 60°C qu’à 23°C (Figure III.37c)
du fait de l’effet accélérateur de la température pour la cinétique d’hydratation du ciment
classe G (cf. Chapitre I-2).

A 60°C (Figure III.37b) on distingue comme dans le cas de Rc (cf. Figure III .27), un
changement de pente après 7h d’hydratation traduisant un changement de comportement.
L’origine de ce changement pendant l’hydratation au très jeune du ciment « classe G » sera
discuté dans le paragraphe §III-3.3.2.

En Figure III .37c, les valeurs de E obtenues pour un ξ identique à 23°C et à 60°C sont
comparables.

III-3.2.5. Effet de cycles successifs de charge/décharge sur les propriétés élastiques


instantanées
Ces essais cycliques visent à déceler l'endommagement éventuel du ciment à partir de

165/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

l'analyse des propriétés élastiques. Trois cycles de charge/décharge ont été effectués, à un
niveau de déchargement constant σmax = 66% Rc (Figure III .38), sur deux échantillons
référencés [23°C, Patm _ 24h]. A chaque décharge, le module d'élasticité a été déterminé. Les
valeurs de E obtenues, pour les deux échantillons testés sont identiques et sont également
reproductibles à chaque cycle. En revanche, une diminution notable de l'effet hystérésis est
constatée à partir du deuxième cycle. Ce point sera discuté dans le paragraphe §III-3.3.4.

La déformation radiale a également été mesurée sur le deuxième échantillon afin de


déterminer l'effet des cycles successifs sur le coefficient de Poisson. Les valeurs de ce dernier
ne sont pas affectées par ces cycles successifs de charge/ décharge.

σzz(MPa)
Ech_2 E (MPa) 8
Ech_1 Ech_2
Cycle 1 6241 6334 7
Cycle 2 5959 6425
Ech_1 Cycle 3 5951 6391 6
5

4
3

2
1
εzz (-) εrr (-)
0
-0,0025 -0,002 -0,0015 -0,001 -0,0005 0 0,0005

Figure III.38 : Cycles successifs de charge/décharge en compression simple effectués à un


niveau de déchargement constant σmax = 66% Rc sur deux échantillons référencés
[23°C, Patm _ 24h].

Une analyse au scanner médical a été réalisée sur l'échantillon 2 juste après la fin d’essai
tricyclique de charge/décharge. Des analyses sagittales à 0° et à 90° (cf. Figure III .22a) sur
l’échantillon 2 ont été réalisées puis comparées à d'autres analyses effectuées sur un
échantillon vierge (n'ayant subi aucune sollicitation mécanique). Elles ne révèlent à nouveau
aucun endommagement (Figure III .39).

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

Plan Sagital 0° Plan Sagital 90°

a) Échantillon
vierge (référence)

b) Échantillon 2

Figure III.39 : Analyses au scanner médical (plans sagittaux 0° et 90°) de deux échantillons de
ciment référencés [23°C, Patm _ 24h].
a) référence : aucune sollicitation mécanique
b) échantillon 2: après 3 cycles de charge/décharge effectués à un niveau de
déchargement constant σ max = 66%R c .

III-3.2.6. Effet du niveau de chargement sur les propriétés élastiques instantanées

Le but de ces essais est d'identifier l'effet du niveau de chargement sur l'évolution des
propriétés élastiques d'une part, et de comprendre l'origine de l'effet hystérésis d'autre part.
Pour cela, des essais de charge/décharge ont été effectués sur des échantillons pris à (60°C,
Patm). Trois temps d’hydratation ont été étudiés : 4h, 6h et 24h. Pour chaque temps
d’hydratation nous avons préparé plusieurs échantillons. Chaque échantillon préparé a subi un
seul niveau de chargement. A 4h d’hydratation, les niveaux de chargement réalisés sont
compris entre 20% et 66% de la valeur de Rc. Quant aux deux autres temps d’hydratation
étudiés (6h et 24h), les niveaux de chargement sont compris entre 30% et 66%.

Les résultats des essais effectués sont présentés sur la Figure III .40.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

a) 60°C, Patm _ 4h σzz (MPa)


3,5

3
66%Rc
50% Rc 2,5
30%Rc 2
20%Rc
1,5

0,5
εzz (-) εrr (-)
0
-0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0 0,001

b) 60°C, Patm _ 6h σzz (MPa)


10

66%Rc 8
50%Rc
30%Rc 6

εzz (-)
0
-0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0
c) 60°C, Patm _ 24h σzz (MPa)
25

66%Rc 20
30%Rc
15

10

εzz (-)
0
-0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0
Figure III.40 : Comparaison de cycles de charge/décharge à différents niveaux de chargement
pour des échantillons pris dans les conditions suivantes :
a) [60°C, Patm _ 4h], b) [60°C, Patm _ 6h], c) [60°C, Patm _ 24h].

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

Le module d’élasticité E a ensuite été déterminé au début de la décharge (cf. Figure III .31)
pour chaque niveau de chargement.

Dans la Figure III .41l'évolution des valeurs de E pour chaque temps d’hydratation étudié en
fonction du niveau du chargement est représentée. Pour les échantillons référencés [60°C, Patm
_ 4h], on peut constater que la valeur de E croît lorsque le niveau de chargement augmente.
La valeur de E semble tendre vers une stabilisation à partir de 50% de la valeur de Rc. Pour
les échantillons référencés [60°C, Patm _ {6h, 24h}], on peut constater que le module
d’élasticité reste constant dans la gamme des niveaux de chargement appliqués. Cela signifie
que les différents échantillons testés à 66% de Rc n'ont pas subi d'endommagement qui aurait
pu diminuer leurs propriétés élastiques. Par ailleurs on constate que l’effet hystérésis concerne
tous les niveaux de chargement étudiés. L’analyse de ce phénomène dissipatif est présentée
dans le paragraphe III-3.3.4.

12000

60°C, Patm _ 24h


9000

60°C, Patm _ 6h
E (MPa)

6000

60°C, Patm _ 4h
3000

0
10 20 30 40 50 60 70
Niveau de chargement(%)
Figure III.41 : Évolution du module d’élasticité E à [60°C, Patm _ {4h, 6h, 24h}] en fonction
du niveau du chargement appliqué.

Pour mieux étudier les déformations retardées observées lors de la décharge à cause de l’effet
hystérésis, des essais de relaxation ont été réalisés. Ces essais apporteront des informations
quant aux propriétés différées pendant l’hydratation du ciment.

III-3.2.7. Caractérisation des propriétés différées à partir des essais de relaxation.

III-3.2.7.1. Effet du niveau de déformation sur les propriétés différées.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

La caractérisation des propriétés différées du ciment au très jeune âge n'est pas aisée à établir
car à ce stade d'hydratation, le comportement du ciment évolue rapidement. Afin de limiter
cette évolution naturelle des propriétés mécaniques avec l'hydratation, les essais de relaxation
réalisés dans cette étude sont de courte durée (15 min). Les conditions et temps d’hydratation
des échantillons testés en relaxation sont indiqués dans le §III-3.1.5. Nous avons étudié l'effet
du niveau de déformation imposée sur le comportement différé. Pour cela, deux niveaux de
déformation ont été choisis pour chaque temps d’hydratation, de sorte que le premier niveau
de déformation soit approximativement équivalent à un niveau de contrainte égale à
σ0 = 40% Rc et le second niveau à σ0 = 66% Rc . Dans ce qui suit, tous les essais effectués

avec le niveau de déformation correspondant à σ0 = 40% Rc seront désignés par palier 1 et

les essais avec le niveau de déformation correspondant à σ0 = 66% Rc seront désignés par
palier 2. L'effet de l'âge d’hydratation sur le comportement différé sera également étudié.

Pour comparer les essais de relaxation sur une même base et tester les écarts par rapport au
comportement différé, σ(t) a été rapportée à la contrainte σ0 (au début du palier). La Figure

III.42 montre l'évolution de σ(t) / σ0 au cours du temps pour les deux paliers étudiés à (23°C,
Patm) (Figure III.42a) et à (60°C, Patm) (Figure III .42b).

Sur la Figure III.42, on distingue de manière générale deux phases de relaxation :

− une première phase caractérisée par une diminution relativement importante de la


contrainte initiale sur une durée courte d’environ 100s.

− une deuxième phase caractérisée par une diminution plus lente de la contrainte.

− Si on fait une comparaison entre les deux paliers étudiés à (23°C, Patm), on peut constater
que la relaxation est plus faible au palier 1 qu'au palier 2 (Figure III .42a). La même
tendance est constatée pour les essais de relaxation effectués sur des échantillons pris à
[60°C, Patm _6h] (Figure III .42b). Quant aux essais effectués sur les échantillons pris à
[60°C, Patm _4h], on observe un comportement inverse.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

a) 23°C, P atm
1,00
Palier 1_17h
0,95 Palier 2_17h
Palier 1_24h
0,90
σ (t)/σ0(−)
Palier 2_24h
0,85

0,80

0,75

0,70
300 600 900
Temps (s)
b) 60°C, P atm
1,00
Palier 1_4h
0,95 Palier 2_4h
Palier 1_6h
0,90
σ (t)/σ0(−)

Palier 2_6h
0,85

0,80

0,75

0,70
0 300 600 900
Temps (s)
Figure III.42 : Évolution de σ(t ) / σ 0 au cours des essais de relaxation au palier 1 (40% Rc) et
au palier 2 (66% Rc) pour des échantillons référencés :
a) [23°C, Patm _ {17h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h}].

Sur la Figure III .43, mis à part le palier 1 pour les échantillons pris à [60°C, Patm _4h]
( ξ = 0 , 44 ), le coefficient de relaxation r (cf.§III-3.1.4.c) est d'autant plus important que le
niveau de déformation est élevé. Pour les plus faibles degrés d’hydratation ( ξ = 0 , 41 à [23°C,
Patm _17h]) et ( ξ = 0 , 44 à [60°C, Patm _4h]), on relève qu’en fonction du palier imposé, deux
tendances antagonistes d'évolution de r sont mises en évidence. Au palier 2, on constate que r
est plus élevé à 4h qu'à 17h alors qu’on constate l’inverse au palier 1. Par ailleurs, pour une
valeur de ξ = 0 ,5 on constate que le coefficient de relaxation est plus élevé à 60°C qu’à 23°C,

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

et ce quelque soit le palier imposé.

ξ (−)
-0,10
0,40 0,44 0,48 0,52 0,56
-0,12
Palier 1
-0,14 Palier 2
-0,16 60°C, P atm _6h

-0,18
r (-)

-0,20 23°C, P atm _24h


60°C, P atm _4h
-0,22
-0,24
-0,26 23°C, P atm _17h

Figure III.43 : Évolution du coefficient de relaxation r en fonction du degré d’hydratation ( ξ )


à : (23°C, Patm) et (60°C, Patm).

III-3.2.7.2. Détermination de temps de relaxation

a. Modèle de Maxwell
Les essais de relaxation ont été exploités à l’aide du modèle rhéologique de Maxwell afin de
déterminer un ou des temps de relaxation

Le modèle de Maxwell représentatif d’un comportement viscoélastique de solide en relaxation


est utilisé dans un premier temps. Celui-ci combine un amortisseur (élément purement
dissipatif) et un ressort (élément purement élastique) en série (Figure III .44).

L’équation différentielle de ce modèle s’écrit :


•σ σ
ε= + (III-3.10)
E η

Figure III.44 : Modèle de Maxwell

En relaxation, la vitesse de déformation totale est nulle : εɺ = 0 (la déformation imposée est

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

constante).

La réponse en relaxation du modèle de Maxwell s’écrit donc:

 E   t
σ ( t ) = σ 0 exp  −
t  = σ 0 exp  −  (III-3.11)
 η   τ
η
où τ = est le temps de relaxation du modèle de Maxwell et σ 0 = Eε 0 est la contrainte
E
instantanée dans le matériau au moment de l’application de la déformation initiale ε 0 .

La Figure III .45 présente le logarithme népérien du rapport (σ ( t ) / σ 0 ) en fonction du temps.

a) 23°C, P atm
0,30

0,25
- Ln (σ(t)/σ0) [−]

0,20

0,15
Palier 1_17h
0,10
Palier 2_17h
0,05 Palier 1_24h
Palier 2_24h
0,00
0 300 600 900
Temps (s)
b) 60°C, P atm
0,30

0,25
- Ln (σ(t)/σ0) [−]

0,20

0,15
Palier 1_4h
0,10
Palier 2_4h
0,05 Palier 1_6h
Palier 2_6h
0,00
0 300 600 900
Temps (s)

Figure III.45 : Evolution du logarithme népérien du rapport (σ ( t ) / σ 0 ) en fonction du temps.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

On constate qu’aucune courbe n’est linéaire. Cela signifie que le ciment a plus d’un seul
temps caractéristique de relaxation au très jeune âge. Le modèle de Maxwell avec une seule
branche n’est donc pas adapté pour déterminer ces temps de relaxation et par conséquent, le
modèle de Maxwell généralisé va être utilisé. Au vu de l’allure des courbes, deux temps
caractéristiques de relaxation sembleraient être identifiés au très jeune âge dans la gamme de
temps testé : un aux temps "courts" et un second au temps plus "longs".

b. Modèle de Maxwell généralisé


La réponse en relaxation du modèle de Maxwell généralisé (Figure III .46) s’écrit :

n  t 
σ ( t ) = ε 0 ∑ Ei exp  −  (III-3.12)
i =1  τi 

Figure III.46 : Modèle de Maxwell généralisé

Pour identifier les constantes Ei et τi , une loi exponentielle de type

( Y ( x ) = ∑ Ei exp ( − x / τ i ) + Y0 ) a été utilisée (calcul par la méthode des moindres carrés) pour
i

approcher l'évolution de (σ ( t ) / ε 0 ) en cours du temps (Figure III .47). Une bonne corrélation

est obtenue à partir de (i = 2) avec R² > 0,997 pour toutes les courbes.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

a) 23°C, P atm
5500
Palier 1_17h
5000 Palier 2_17h
4500 Palier 1_24h
σ (t)/ε0 (MPa)
Palier 2_24h
4000 Y(x)
3500
3000
2500
2000
1500
0 300 600 900
Temps (s)

b) 60°C, P atm
6000
Palier 1_4h
5000 Palier 2_4h
Palier 1_6h
σ (t)/ε0 (MPa)

Palier 2_6h
4000 Y(x)

3000

2000

1000

0 300 600 900


Temps (s)

Figure III.47 : Évolution de (σ ( t ) / ε 0 ) en fonction du temps pour les échantillons référencés :

a) [23°C, Patm _ {17h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h}]. Détermination des temps de
relaxation selon le modèle de Maxwell généralisé avec la fonction Y(x).

Le Tableau III.4 regroupe les valeurs des constantes ainsi identifiées ( τ 1 , τ 2 et E1 , E2 ) pour
chaque temps d’hydratation et chaque palier étudiés.

175/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

Temps
τ1 τ2
ξ ( −)
E1 E2
d’hydratation ε 0 (10-3) Palier
(h) (s) (s) (MPa) (MPa)
1,1 1 22,73 343,59 348,36 371,67
17 0,41
23 °C

1,7 2 50,25 723,23 241,75 377,8


1,2 1 43,87 276,12 360,66 467,8
24 0,5
1,85 2 42,14 577,6 607,05 696,26
0,95 1 20,76 311,19 143,71 535,82
4 0,44
60 °C

1,2 2 40,6 607,12 247,32 416,08


1,5 1 38,06 661,38 311,4 328,24
6 0,5
2,1 2 39,94 419,43 564,64 627,27
Tableau III.4 : Temps de relaxation ( τ 1 , τ 2 ) et modules d’élasticité ( E1 , E2 ) pour chaque
temps d’hydratation et chaque palier identifiés par le modèle de Maxwell généralisé.

Les temps de relaxations ( τ 1 , τ 2 ) ainsi que les modules élastiques ( E1 , E2 ) donnés dans le
Tableau III.4 sont représentés à la Figure III .48.
60 900
Palier 1
Palier 1 800 Palier 2
Palier 2
50 700

600
40
τ2 (s)
τ1 (s)

500

400
30
300

20 200
0,40 0,42 0,44 0,46 0,48 0,50 0,52 0,40 0,42 0,44 0,46 0,48 0,50 0,52
ξ (−) ξ (−)
800 800
Palier 1
700 700
Palier 2
600 600

500 500
E2 (MPa)
E1 (MPa)

400 400

300 300
Palier 1
200 200 Palier 2
100 100
0,40 0,42 0,44 0,46 0,48 0,50 0,52 0,40 0,42 0,44 0,46 0,48 0,50 0,52
ξ (−) ξ (−)

Figure III.48 : Temps de relaxation ( τ 1 , τ 2 ) et modules d’élasticité ( E1 , E2 ) pour chaque


palier en fonction du degré d’hydratation.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

Pour les échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h] ( ξ = 0 , 41 ) et [60°C, Patm _ 4h] ( ξ = 0 , 44 ),
on peut constater que le temps caractéristique τ 1 dépend du niveau du palier considéré. En

effet, la valeur de τ 1 au palier 2 est plus élevée que celle au palier 1. Alors que pour des

échantillons plus âgés [23°C, Patm _ 24h] ( ξ = 0 ,5 ), et [60°C, Patm _ 6h] ( ξ = 0 ,5 ), la valeur

de τ 1 est indépendante du niveau du palier considéré.

On constate cependant que les valeurs de τ 2 varient en fonction du palier considéré et cela
pour tous les temps d’hydratation étudiés.

Quant aux valeurs de E , on constate que pour les échantillons les moins âgés [23°C, Patm _
17h] ( ξ = 0 , 41 ) et [60°C, Patm _ 4h] ( ξ = 0 , 44 ), les valeurs de E1 et E2 ne dépendent pas du

palier considéré, alors que pour les échantillons les plus âgés, [23°C, Patm _ 24h] ( ξ = 0 ,5 ) et

[60°C, Patm _ 6h] ( ξ = 0 ,5 ), les valeurs de E1 et E2 augmentent quand on passe du palier 1


(40% Rc) au palier 2 (66% Rc).

Par ailleurs, notons que les valeurs de τ 1 sont du même ordre que les temps des essais de
charge/ décharge réalisés pour des niveaux de chargement de 66% de Rc. L’analyse des temps
caractéristiques de relaxation (cf. Tableau III.4) permettra de voir si les déformations différées
ont le temps de se développer au cours des cycles de charge/décharge. Ce point sera présentée
dans le §III-3.3.4.

III-3.3. Analyse du comportement mécanique du ciment pétrolier au très


jeune âge.
III-3.3.1. Comportement mécanique de type granulaire

Dans §III-3.2.6, on a pu constater que pour les échantillons référencés [60°C, Patm _ 4h], le
module tangent E croît lorsque le niveau de chargement imposé augmente (Figure III .41). Ce
type de comportement est similaire à celui d'un milieu granulaire faiblement cohésif. [Miksic,
2008] avait mis en évidence un comportement semblable sur un milieu granulaire composé de
billes de verre sous chargement cyclique. D’un point de vue physique, ce type de
comportement est induit par les contraintes entre grains qui se comportent de façon non
linéaire (loi de Hertz).

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

La perméabilité à l’eau relativement élevée mesurée à ce même temps d’hydratation de


l’ordre de 0,5 10-15 m2 (cf. §II-2.3.2) ainsi que la porosité élevée mesurée d’environ 44% (cf.
§II-1.3.1) et enfin la distribution poreuse bimodale (cf. §II-1.3.2) présentant des tailles de
pores de l’ordre de 100 nm à 1000 nm représentatives du domaine des capillaires, indiquent
effectivement que le réseau capillaire est fortement connecté et que le degré de connexion
entre les hydrates formés (40% d’après le modèle d’évolution des fractions volumiques (cf.
Figure I-22) autour des grains anhydres est encore faible pour conférer au squelette une
grande cohésion. Par ailleurs, on a pu voir que ce temps d’hydratation correspond à la fin de
prise au sens Vicat qui marque le début de la percolation mécanique de phases solides. On a
vu également que ce temps d’hydratation se situe au sommet du pic du flux thermique (cf.
Figure II.5) marquant ainsi le point de transition d’une phase d’accélération de la cinétique
d’hydratation (2) à une phase de décélération de l’hydratation (durcissement) où les grains
anhydres se recouvrent d’une couche d’hydrates de plus en plus épaisses.

Contrairement aux échantillons [60°C, Patm _4h], les échantillons pris à [23°C, Patm _17h]
présentent des valeurs de Rc un peu plus élevées (Figure III .27)) (Rc (17h) ≈ 6,5 MPa > Rc
(4h) ≈ 4,5 MPa). Les valeurs de perméabilité à l’eau (sans Pc) de ces échantillons pris à
[23°C, Patm _17h] sont inférieures à celles obtenues pour les échantillons [60°C, Patm _4h]
(Figure II.17). D’autre part, on note que 4h à (60°C, Patm) est situé au sommet du pic du flux
thermique alors que 17h à (23°C, Patm) se situe au début de la phase de durcissement (cf.
Figure II.5). Tout cela semble impliquer que le degré de connexion du squelette solide est plus
élevé à 17h qu’à 4h, et qu'il est par conséquent à l’origine d’un comportement mécanique plus
proche de celui d’un solide homogène peu cohésif au vu des résultats comparant la
perméabilité à l’eau du pic du flux thermique sur le ciment pris avec Pc à celle sans Pc pour
les échantillons [23°C, Patm _17h] (cf. §II-2.3.2).

Un comportement de type granulaire non cohésif a ainsi été identifié au niveau du sommet du
pic du flux thermique sur le ciment pris à [60°C, Patm _4h]. Afin de confirmer l’existence de
ce type de comportement sur le ciment prenant à 23°C à ce même niveau de la courbe du flux
thermique (cf. Figure I.12), des essais de charge/décharge mériteraient d’être effectués à 12h
et exploités selon la Figure III .41.

III-3.3.2. Comportement mécanique cohésif

Dans le même paragraphe III-3.2.6 on a pu constater qu’au-delà de 4h à (60°C, Patm), le

178/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

module E devient indépendant du niveau du chargement appliqué. Ce type de comportement


est celui d’un milieu solide cohésif. Par ailleurs on a pu constater une augmentation rapide de
E dans l’intervalle de temps compris entre 4h < t ≤ 7h puis un ralentissement de
l’augmentation de E au delà de 7h d’hydratation (Figure III .49). L’évolution des valeurs de
Rc est également plus rapide pour les temps d’hydratation compris entre 4h < t ≤ 7h . La
valeur de Rc à 7h est égale à presque 4 fois la valeur de Rc à 4 h. Ce facteur diminue
notablement ( ≤ 2 ) entre 7h et 24h d’hydratation (Figure III .27). Ces résultats traduisent ainsi
une augmentation plus rapide de la cohésion du squelette entre 4h < t ≤ 7h qu’au-delà de 7h.
La courbe du flux thermique indique que les temps d’hydratation compris entre 4h < t ≤ 7h
se situent dans la phase (3) de durcissement (formation de couches d’hydrates de plus en plus
épaisses) alors qu’au-delà de 7h on se situe plutôt dans une phase plus lente correspondant à
l’hydratation contrôlée par la diffusion de l’eau à travers les couches d’hydrates déjà formés
pour hydrater les grains anhydres (Figure III .49)

60°C , Patm
18000 Granulaire
60
faiblement Solide cohésif

Flux thermique (J.g .h )


-1
15000 cohésif 50

-1
12000 40
E (MPa)

9000 (2) (3) 30

6000 Equasi-statique 20

3000 (4) Flux thermique 10


(1)
0 0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps (h)

Figure III.49 : Superposition de l’évolution des modules d’élasticité quasi-statiques mesurés


au très jeune âge à [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] avec l’évolution du flux thermique mesuré
par DSC à [60°C, Patm].

III-3.3.3. Lien entre l’évolution du module d’élasticité et l'évolution des propriétés


hydrauliques
La distinction des deux types de comportement mécaniques (domaine FC : granulaire
faiblement cohésif puis domaine C = solide cohésif) au très jeune âge dans le paragraphe
précédent est essentiellement liée à l’évolution des propriétés hydrauliques. En effet, les

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très jeune âge pris à HP/HT

réactions d’hydratation conduisent à la formation progressive d'hydrates dans l’espace poreux


(initialement saturé en eau), et par conséquent à une diminution de la porosité de la pâte de
ciment. Cette diminution se traduit par une augmentation progressive de E (domaine C)
(Figure III .50).

60°C, P atm
15000 Domaine FC Domaine C 60
56
12000
Equasi-statique(MPa)

52

Porosité (%)
9000 48

6000 E quasi-statique 44
Porosité 40
3000
36
0 32
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
Figure III.50 : Superposition des modules élastiques quasi-statiques avec la porosité au très
jeune âge sur les échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].

60°C, P atm
15000 Domaine FC Domaine C 0,6

12000 0,5
Equasi-statique(MPa)

0,4
9000
k (mD)

0,3
6000 k (sans Pc)
0,2
Equasi-statique
3000 0,1

0 0,0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
Figure III.51 : Superposition des modules élastiques quasi-statiques avec la perméabilité (k)
(sans Pc) au très jeune âge sur les échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].

Cette diminution de la porosité dépend également du domaine du comportement mécanique

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identifié précédemment (Figure III.50). La porosité diminue plus vite dans le domaine FC que
dans le domaine C. Cette diminution de la porosité se fait surtout au détriment des pores les
plus larges, c’est-à-dire des capillaires (cf. Figure II.9). Ceci se manifeste par une diminution
rapide de la perméabilité (Figure III.51). Celle-ci peut être interprétée comme le résultat d’une
transformation de la microstructure :

- Dans le domaine FC, le réseau capillaire (Taille de pores ≥ 1µ m ) est fortement


interconnecté.

- Dans le domaine C, le réseau capillaire s’est refermé et l’écoulement se produit au travers


les pores 10 à 100 fois plus petits des amas d’hydrates.

III-3.3.4. Nature des phénomènes dissipatifs dans le ciment pétrolier au très jeune
âge
Lors des essais cycliques de charge/décharge (§III-3.2.6), nous avons observé que le trajet de
décharge diffère du trajet de charge. Ce phénomène d’hystérésis apparaît quel que soit le
niveau de chargement étudié (cf. Figure III.40). L’aire du cycle de décharge /décharge
représente l’énergie dissipée au cours d’une période T. Afin de voir si les déformations
différées ont le temps de se développer au cours des cycles de charge/décharge, l’aire de
l’hystérésis obtenue lors de chaque essai de charge/décharge à un niveau de chargement de
66% de Rc a été comparée à l’aire "théorique" calculée à partir des paramètres viscoélastiques
identifiés ( τ 1 et τ 2 et E1 , E2 ) avec le modèle de Maxwell généralisé (§III-3.2.7.2.b).

Dans le cas d’une sollicitation périodique on peut écrire en notation complexe :

σ (ω ) = E ( ω ) ⋅ ε (ω )
(III-3.13)
σ (ω ) = E eiϕ ⋅ ε (ω )

E 
où E (ω ) est le module complexe, ϕ est le déphasage donné par la relation ϕ = arctan  i 
 Er 
où Ei est la partie imaginaire et Er la partie réelle du module complexe. ε (ω ) est la


déformation et enfin la pulsation ω est égale ω = où T est la période assimilée à la durée
T
du cycle de charge/décharge.

La Figure III.52 présente un exemple de cycle hystérésis "théorique" obtenu pour un

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échantillon à [23°C, Patm, 17h].

L’aire ( Ath ) de l’hystérésis "théorique" est calculée à partir de l’expression suivante :

T T i
Ath = ∫ σ dε = ∫ σ ( t ).ε ( t ) dt
0 0
(III-3.14)
avec σ ( t ) = σ 0 cos ( wt + ϕ ) et ε ( t ) = ε 0 sin wt

L’expression permettant de calculer l’aire s’écrit :

Ath = π .σ 0 .ε 0 .sin ϕ (III-3.15)


Concernant les essais expérimentaux de charge/décharge, l’aire de l’hystérésis ( Aexp ) a été

calculée par la méthode des trapèzes. Étant donné la dispersion importante des niveaux de
déformation dans les essais de charge/décharge (cf. Figure III.36), nous avons, pour chaque
temps d’hydratation, calculé l’aire uniquement pour les cycles d’hystérésis dont la
déformation à 66% de la valeur de Rc s’approche de celle de la déformation imposée ε 0 lors
des essais de relaxation correspondant au palier 2.

σ (ΜPa)

17h

ε (10−3)
Figure III.52 : Exemple de cycle hystérésis "théorique" obtenu à partir des paramètres
viscoélastiques identifiés ( τ 1 et τ 2 et E1 , E2 ) avec le modèle de Maxwell généralisé pour un
échantillon à [23°C, Patm, 17h].

Les résultats expérimentaux ( Aexp ) sont reportés dans le Tableau III.5 où sont également

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données les valeurs de ( Ath ) obtenues à partir des propriétés viscoélastiques tirées des essais
de relaxation au §III-3.2.7.2.b.

ε0 Aexp Aexp − Ath


ξ ( −)
Temps Niveau de Ath
-3
d’hydratation (h) (10 ) chargement (10-4) (10-4) Aexp
60 °C 23 °C

17 0,41 ~ 1,7 66%Rc 7,86 7,49 ≈0


24 0,50 ~1,85 66%Rc 10,96 19,69 0;44
4 0 ,44 ~1,2 66%Rc 2,04 3,18 0,36
6 0,50 ~2,1 66% Rc 15,07 21,36 0,29

Tableau III.5 : Comparaison entre Ath et Aexp pour les échantillons référencés [60°C, Patm _

{4h, 6h}] et [23°C, Patm _ {17h, 24h}] dont les essais mécaniques sont représentés à la Figure
III.36.

De manière générale, on constate que les aires des cycles d’hystérésis "théoriques" (calculées
à partir des paramètres obtenus par le modèle viscoélastique de Maxwell généralisé) ont des
valeurs comparables à celles des cycles d’hystérésis des essais expérimentaux de
charge/décharge. Cela signifie que l’origine de l’effet hystérésis résulte en grande partie du
caractère visqueux de la pâte de ciment au très jeune âge.

Les résultats montrent toutefois qu’à l’exception du premier résultat à [23°C, Patm _, 17h], il
existe un écart de 30 à 40% par rapport à l’aire expérimentale, qui pourrait résulter d'un
mécanisme de dissipation différent.

Par ailleurs, les essais cycliques successifs effectués (3 cycles) sur des échantillons à [23°C,
Patm _, 24h] ayant un ξ = 0 ,5 équivalent à celui des échantillons référencés [60°C, Patm _ 6h]
ont montré une diminution de l’effet hystérésis à partir du deuxième cycle (Figure III.38 au
§III-3.2.5). Afin d’identifier l’origine de cette diminution nous avons comparé l’aire
d’hystérésis de chaque cycle avec celle obtenue auparavant à [23°C, Patm _, 24h] (Tableau
III.5). Les résultats montrent que l’aire du premier cycle, reportée dans le Tableau III.6, est
égale à celle reportée dans le Tableau III.5. Les aires du deuxième et troisième cycle sont
comparables et plus petites que l’aire du premier cycle (d’un rapport 2 environ). Ces valeurs
sont, de surcroît, du même ordre que Ath traduisant le caractère purement visqueux et dont la
valeur est reportée dans le Tableau III.5.

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

[23°C, Patm _, 24h]


Echantillon 1 Echantillon 2
Aexp (10-4) Aexp (10-4)
Cycle 1 19,11 19,31
Cycle 2 8,05 8,47
Cycle 3 7,32 7,31
Tableau III.6 : Comparaison entre les aires d’hystérésis Aexp calculées à chaque cycle des
essais de charge/décharge pour les deux échantillons référencés [23°C, Patm _, 24h] issus de
la Figure III.38.
Les résultats de cette analyse des essais de charge/décharge peuvent être mis en parallèle à
l’ensemble des résultats de Sccherer et Vichit-Vadakan [Vichit-Vadakan and Scherer, 2001;
Vichit-Vadakan and Scherer, 2002; Vichit-Vadakan and Scherer, 2003]. En effet, grâce à une
expérience en flexion 3 points, une composante hydrodynamique et une composante
viscoélastique ont pu être distinguées lors d’essais de relaxation effectués sur des pâtes de
ciment saturées en eau.

Dans les premiers temps de relaxation, il a été montré que la pression dans les pores
initialement saturés diminue suite à l’écoulement de l’eau au travers du réseau, provoquant
ainsi une relaxation qualifiée relaxation hydrodynamique de la contrainte. La redistribution
interne de l’eau dans l’espace capillaire a été d’ailleurs identifiée comme un facteur à
l’origine du fluage au temps court.

Après la diminution de la pression de pore, le réseau solide d’hydrate se relaxe de manière


viscoélastique, essentiellement du fait du glissement des feuillets de C-S-H [Alizadeh et al.,
2010], et cette composante viscoélastique de la contrainte de relaxation devient
prépondérante sur des temps plus longs. Notons que la présence et l’importance de la
composante hydrodynamique doit probablement dépendre de la perméabilité du ciment.

En ce qui concerne nos échantillons, ceux-ci sont très poreux au niveau d’hydratation testé
(Figure II.6), et la perméabilité (Figure II-17) est de l’ordre de [10-16; 10-17] m2. L’effet
d’hystérésis, plus important pour le premier cycle par rapport aux cycles suivants serait ainsi
attribué à une redistribution interne de l’eau dans les pores capillaires lors du premier cycle de
charge/décharge, alors qu’aux cycles suivants l’hystérésis observé serait uniquement
l’expression du comportement viscoélastique des hydrates.

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III-3.3.5. Confrontation de l’évolution des propriétés élastiques quasi-statiques


avec celle des propriétés élastiques dynamiques

D’une façon générale, les modules "élastiques" obtenus au cours des essais quasi-statiques et
dynamiques ont été déterminés en supposant d’une part que la déformation différée est faible
devant la déformation élastique et d’autre part que le module tangent est relativement
indépendant de la contrainte appliquée. Par ailleurs, il peut exister un effet d’échelle car la
longueur d’onde induite au cours des essais dynamiques est inférieure à la taille de
l’échantillon testé au cours des essais quasi-statiques.

Tout écart entre les mesures quasi-statiques et dynamiques peut s’expliquer par les biais
induits par ces hypothèses.

On constate que les valeurs des propriétés élastiques dynamiques mesurées par méthode
ultrasonore sont plus grandes que celles issues des essais mécaniques quasi-statiques (Figure
III.53a, Figure III.53b).

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
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a) 23°C, Patm
18000 0,4
ν dynamique
15000 0,3
E(MPa)
12000 ν quasi-statique
0,2

ν(−)
9000
0,1
6000 E dynamique

3000 E quasi-statique 0,0

0
12 4 168 1220 16 20 24 24 28
Temps de prise (h)
Temps d'hydratation (h)
b) 60°C, Patm
18000 0,4

15000 0,3
E (MPa)

12000
0,2

ν (−)
9000
ν dynamique 0,1
6000 ν quasi-statique
E dynamique
3000 0,0
E quasi-statique

0
0 44 88 12 16 20 20 24 24 28
Temps d'hydratation (h)
Figure III.53 : Comparaison de l’évolution des propriétés élastiques dynamiques avec celle
des propriétés élastiques quasi-statiques au très jeune âge sur des échantillons pris à :
a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].

Toutefois, on constate que les modules d'élasticité dynamiques (Edynamique) et les modules
d'élasticité quasi-statiques (Equasi-statique) suivent la même tendance, contrairement aux
coefficients de Poisson.

Afin d’identifier l’existence d’une éventuelle corrélation en terme d’évolution entre E dynamique
et E quasi-statique, la valeur moyenne de chacun des modules d’élasticité à chaque temps
d’hydratation a été considérée à la Figure III.54.

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15000
Y = 0,8707x+3890,4
2
R = 0,973
12000 Y=x
Edynamique(MPa) Y = 1,0074x+2832,34
2
R = 0,962
9000

6000 60°C, P atm


23°C, P atm
3000

0
0 3000 6000 9000 12000 15000
Equasi-statique(MPa)

Figure III.54 : Corrélation entre l’évolution des modules d'élasticité dynamiques et les
modules d'élasticité quasi-statiques au très jeune âge à [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], [60°C,
Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].

2,0 60
60°C, P atm
56
Edynamique/Equasi-statique (−)

1,8 6h 23°C, P atm


Porosité [φ] (%)
52
φ (60°C , Patm)
1,6 48
φ (23°C , Patm)
1,4 44
24h
20h 40
1,2 17h 4h
36
24 h 7h
1,0 32
0,4 0,5 0,6 0,7
ξ (−)

Figure III.55 : Évolution du rapport E dynamique / E quasi-statique superposée avec celle de la


porosité en fonction du degré d’hydratation à (23°C, Patm) et (60°C, Patm).

La Figure III.54 montre une bonne corrélation ( R2 > 0,96) entre l’évolution des modules E
dynamique mesurés par propagation ultrasonore et celle des modules Equasi-statique mesurés au
début de la décharge après un chargement de 66% Rc. D’autre part, le rapport Edynamique /
Equasi-statique décroît avec l'avancement de l'hydratation (cf. Figure III.55) et se rapproche
progressivement de 1. Cet écart peut être dû à diverses causes :

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Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
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− la première est liée au comportement viscoélastique du matériau (les hydrates, selon


Alizadeh, 2010) qui induit par conséquent une dépendance du module apparent vis à vis
de la fréquence.

− la seconde peut provenir du fait que les essais dynamiques sont "non drainés" : les
variations de pression interstitielle du fluide sont générées au cours du chargement
dynamique. Par contre les essais mécaniques quasi-statiques peuvent être drainés ou non
drainés suivant la durée de la mesure des modules élastiques et la perméabilité du ciment
étudié. Ce point sera abordé au paragraphe suivant.

− De même, la différence entre les coefficients de Poisson obtenus au cours d’essais


dynamiques ou quasi-statiques peut être due à l’effet du drainage.

III-3.3.6. Détermination des temps de drainage

La détermination du temps de drainage (tdr) de l’eau interstitielle pour chacune des conditions
d’hydratation étudiées : [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}] et [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h}] va
permettre d’identifier si les essais quasi-statiques de charge/décharge s’effectuent en
condition drainée ou non drainée. Rappelons que les propriétés élastiques ont été déterminées
directement à partir de la pente en début de la décharge.

Le temps de drainage s’écrit :

H dr2
tdr = T (III-3.16)
Cv
où T [-] est le "facteur temps", de l'ordre de 1 lorsque la consolidation de l’échantillon est
pratiquement terminée, H [m] est une longueur caractéristique qui correspond en
l’occurrence au rayon de l'échantillon r (r = 20.10-3 m). et Cv [m2.s-1] est le coefficient de
consolidation. Ce dernier s’exprime comme suit :

K .E
Cv = (III-3.17)
ρ e .g
où E [Pa] est la valeur moyenne du module d'élasticité quasi-statique déterminé à partir des
essais charge/décharge de la série 2 pour chaque temps d’hydratation (cf. §III-3.2.4.2), ρ e =
1000 [kg.m-3] est la masse volumique de l'eau à température ambiante, g = 9,81 [m.s-2]
correspond à la constante de gravitation et K est la perméabilité en [m.s-1]. Cette dernière

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s’écrit :

k.ρ e .g
K= (III-3.18)
µe
où k [m2] est la valeur moyenne de la perméabilité intrinsèque à l’eau mesurée sans pression
de confinement (Pc) (cf. Chapitre II-2 : § II-2.3.2) et µe = 10-3 [Pa.s] correspond à la viscosité
de l’eau à température ambiante.

Le Tableau III.7 regroupe les temps de drainage de l’eau interstitielle estimé pour chaque
essai de charge/décharge pour les échantillons référencés [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}] et
[60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h}]. L’intervalle de temps (tel) sur lequel sont déterminés le module
d’Young et le coefficient de Poisson est également reporté dans le Tableau III.7pour chaque
temps d’hydratation.

Temps d’hydratation (h) ξ ( − ) tdr (s) tel (s)


17 0,41 0,56 3
23 °C

20 0,46 1,23 3
24 0,50 1,96 2à3
4 0,44 0,23 1à2
60 °C

6 0,5 2,88 2à3


7 0,53 5,87 3à4
Tableau III.7 : Temps de drainage de l’eau interstitielle (tdr) et intervalle de temps (tel) sur
lequel sont mesurées les propriétés élastiques lors des essais de charge/décharge pour chacune
des conditions d’hydratation étudiées : [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}] et [60°C, Patm _ {4h,
6h, 7h}].

Nous constatons que pour les temps d’hydratation les plus faibles ([23°C, Patm _ {17h, 20h}]
et [60°C, Patm _ 4h]) qui correspondent à ξ < 0 ,5 , le temps de drainage est bien inférieur au
temps de mesure des propriétés élastiques (tel). Ce résultat montre que les propriétés
élastiques quasi-statiques obtenues sont drainées.

Les temps de drainage à [23°C, Patm _ 24h] et à [60°C, Patm _ {6h, 7h}] soient ξ de l’ordre de
0,5, sont, en revanche, du même ordre que le temps de mesure des propriétés élastiques. En
conséquence, il est difficile d’identifier la nature drainée ou non drainée des modules
élastiques quasi-statiques à ce stade de l’hydratation.

189/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

III-3.4. Conclusions
Dans ce chapitre, les essais en compression simple réalisés à Tamb et Patm ont permis de
déterminer l’évolution des propriétés mécaniques quasi-statiques "instantanées" et différées
de la pâte de ciment pétrolier au très jeune âge.

− Les essais de résistance à la rupture Rc sur des échantillons pris à HP et/ ou HT ont
montré que l’hydratation à HP a peu d’effet sur les valeurs de Rc pour un même temps
d’hydratation, tout au moins dans la gamme [Patm, 20 MPa] testée. Cependant une
augmentation rapide de Rc avec la température a été observée. Cette augmentation est due
tout simplement à l’effet accélérateur des réactions d’hydratation avec l’augmentation de
la température. D’autre part, pour un même degré d’hydratation, la température n’a pas
d’effet sur les valeurs de Rc mesurées. Celles-ci évoluent linéairement en fonction du
degré d’hydratation. L’évolution temporelle de ces valeurs pour les échantillons faisant
prise à 60°C a montré un changement de pente à partir de 7h corrélé à la diminution de la
cinétique d’hydratation. Par ailleurs ces essais ont révélé une dispersion importante
pendant la mise en charge, rendant par conséquent impossible leur exploitation pour
déterminer les propriétés élastiques.

− A partir des essais d’un cycle de charge/décharge réalisés à (ε =10-4 /s), les propriétés
"élastiques quasi-statiques" (E, ν) ont été calculées au début de la décharge. Un
extensomètre radial MTS avec une chaînette placée à mi-hauteur de l’échantillon a été
utilisé pour mesurer la déformation radiale de l’échantillon. La variation de E avec le
degré d’hydratation est sensiblement linéaire et indépendante de la température. Par
contre la cinétique dépend évidemment de la température. La détermination du coefficient
de Poisson ν est plus délicate. Une valeur médiane de ν égale à 0,2 a été obtenue quelque
soit l’âge d’hydratation des échantillons testés. Cette valeur, de l’ordre de celle retrouvée
dans la littérature pour des ciments beaucoup plus âgés, pourrait être encore un peu
sousestimée pour les temps d’hydratation les plus faibles.

− L’analyse de l’effet du niveau de chargement sur le module d’élasticité (E) a permis de


confirmer l’existence de deux types de comportement mécanique :

 Domaine FC : Comportement de type granulaire faiblement cohésif : où le module E


croît avec l’augmentation du niveau de chargement observé. Ceci a été observé à
[60°C, Patm _ 4h], cette condition de prise correspondant au sommet du pic du flux

190/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

thermique exothermique. Le sommet du pic du flux thermique marquerait ainsi la


transition de ce type de comportement à un comportement solide cohésif.
 Domaine C : Comportement solide cohésif : le module E est indépendant du niveau de
chargement. Dans ce domaine, une progression rapide de E est notée pendant la phase
de décroissance du flux thermique, puis sa progression ralentit dès le passage à la
phase d’hydratation contrôlée par la diffusion.
− Tous les essais avec un ou plusieurs cycles de charge/décharge ont révélé un effet
d’hystérésis relativement important, montrant les propriétés dissipatives du ciment étudié
au très jeune âge.

− L’étude de l'effet du niveau de déformation imposée sur le comportement différé à partir


des essais de relaxation a montré que le coefficient de relaxation augmente avec le niveau
de déformation initial. Cependant cette tendance est inversée pour les échantillons
référencés [60°C, Patm _ 4h], pour lesquels un comportement granulaire faiblement cohésif
a été identifié.

− Le modèle viscoélastique de Maxwell généralisé a permis d’identifier deux temps


caractéristiques de relaxation ( τ 1 et τ 2 ) pour tous les échantillons testés. Les valeurs

identifiées de τ 1 sont du même ordre que les temps de réalisation des essais de charge/
décharge réalisés pour des niveaux de chargement à 66% de Rc.

− La comparaison de l’aire de l’hystérésis obtenue lors de chaque essai de charge/décharge à


un niveau de chargement à 66% de Rc ( Aexp ) avec l’aire "théorique" ( Ath ) calculée à

partir des paramètres viscoélastiques identifiés ( τ 1 , τ 2 et E1 , E2 ) avec le modèle de


Maxwell généralisé a montré que l’effet hystérésis est dû principalement au caractère
visqueux de la pâte de ciment au très jeune âge qui proviendrait des hydrates C-S-H selon
 Aexp − Ath 
la littérature. Les écarts relatifs 
 Aexp 
remarqués sur les échantillons les plus âgés
 
suggèrent l’existence, d’un autre phénomène dissipatif qui se superpose à l’effet visqueux.

− Les essais tricycliques successifs effectués sur les échantillons à [23°C, Patm _, 24h] ont
montré une diminution de l’effet hystérésis à partir du deuxième cycle. L’effet
d’hystérésis plus important au premier cycle par rapport aux cycles suivants serait attribué
à une redistribution interne de l’eau dans les pores capillaires lors du premier cycle de
charge/décharge, alors qu’aux cycles suivants l’hystérésis observé serait uniquement

191/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT

l’expression du comportement viscoélastique des hydrates.

− Les valeurs des modules d’Young dynamiques de la pâte de ciment étudié précédemment
sont plus grandes que les valeurs obtenues au cours des essais quasi-statiques. L’écart
entre le module dynamique et le module quasi-statique observé au très jeune âge est
attribué à (i) la redistribution interne de l’eau interstitielle dans les pores capillaires au
cours de l’essai quasi-statique tout au moins pour ξ ≤ 0 ,5 et (ii) au comportement
viscoélastique des hydrates produits qui conduit à un module viscoélastique complexe
dépendant de la fréquence. Cet écart diminue avec le temps d’hydratation. Les modules
quasi-statiques sont de nature drainée au tout début de l’hydratation ξ < 0 ,5 puis se
rapprochent des modules non drainés à mesure que l’hydratation avance.

192/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

Chapitre III-4
MODELISATION DE L’EVOLUTION
DES PROPRIETES ELASTIQUES
DU CIMENT PETROLIER PAR
CHANGEMENT D’ECHELLE
Ce chapitre est consacré à la mise au point d’un modèle
permettant d’estimer les propriétés élastiques de la pâte de
ciment pétrolier «classe G » en cours d’hydratation. Ces
dernières sont ensuite confrontées aux propriétés dynamiques
mesurées par méthode ultrasonore (cf. Chapitre III-2) et aux
propriétés quasi-statiques obtenues à partir des essais de
mécaniques de charge/décharge en compression simple (cf.
Chapitre III-3).

III-4.1. Introduction
Plusieurs approches de modélisation du comportement élastique du béton et de la pâte de
ciment [Bernard et al., 2003; Bernard et al., 2003; Le Pape, 2005; Smilauer, 2005; Sanahuja
et al., 2007; Sanahuja, 2008] ont été proposées sur la base de la connaissance des propriétés
élastiques ainsi que des fractions volumiques des différentes phases aussi bien lors de
l’hydratation qu’en phase post-hydratation. Ces approches permettent alors de remonter au
comportement macroscopique par changement successif d’échelles. Les capacités prédictives
de ces approches quant à déterminer les propriétés élastiques semblent être établies [Bernard
et al., 2003; Le Pape, 2005; Smilauer, 2005; Le et al., 2008; Sanahuja, 2008] pour la pâte de
ciment à un degré d’hydratation avancé.

L’extension de telles approches à la prédiction du comportement viscoélastique du béton et du


ciment pour l’estimation des propriétés de fluage en phase post-hydratation (état d’hydratation
ultime) a également été proposée respectivement par [Le et al., 2008; Sanahuja, 2008].

193/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

L’approche adoptée par [Le et al., 2008; Sanahuja, 2008] pour le béton et [Le et al., 2008;
Sanahuja, 2008] pour la pâte de ciment repose sur l’hypothèse d’un modèle viscoélastique
phénoménologique pour les C-S-H, puis par des techniques successives de changement
d’échelle pour la prévision du comportement viscoélastique du béton ou de la pâte de ciment.
Pour cela, les schémas d’homogénéisation élastique sont étendus au cas viscoélastique en
utilisant le principe de correspondance, basé sur la transformée de Laplace–Carson, dans le
cas de la viscoélasticité isotherme non vieillissante.

Une telle démarche offre la possibilité de remonter au comportement macroscopique sur la


base de la connaissance du comportement intrinsèque des constituants à la première échelle et
de celle de leurs fractions volumiques, qui dépendent bien sûr de la formulation du béton ou
de la pâte de ciment.

L’application de cette approche au cas de la pâte de ciment en phase d’hydratation soulève le


problème lié à la non validité du principe de correspondance en phase de maturation
(viscoélasticité vieillissante non isotherme).

Dans ce travail, nous allons donc limiter l’analyse aux propriétés instantanées (élastiques).
Contrairement aux travaux existants [Bernard et al., 2003; Le Pape, 2005; Smilauer, 2005;
Sanahuja et al., 2007; Le et al., 2008; Sanahuja, 2008], la phase aqueuse doit être prise en
compte dans l’estimation de ces propriétés. En effet, au très jeune âge, cette phase joue un
rôle important et elle ne peut être occultée.

Dans ce qui suit nous présenterons de façon succincte le principe général de


l’homogénéisation des propriétés instantanées [Nemat-Nasser and Hori, 1999] et [Milton,
2002] de la pâte de ciment en cours d’hydratation qui repose sur le choix d’un modèle de
microstructure et d’un schéma d’homogénéisation associé.

III-4.2. Homogénéisation élastique pendant l’hydratation


Soit un milieu hétérogène constitué de n phases élastiques isotropes dont les concentrations
fi avec i = 1...n évoluent au cours du temps. On considère un volume élémentaire
n
représentatif (V.E.R) de ce milieu, donné par le domaine Ω = ∪ Ωi , de frontière ∂Ω . Les
i=1

sous domaines Ωi correspondent aux phases en présence.

194/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

Les propriétés élastiques du milieu homogénéisé sont obtenues en reliant la déformation


macroscopique Ε à la contrainte macroscopique Σ :

Σ = σ = Chom : ε = Chom : Ε (III-4.1)

où le symbole • •
correspond à la moyenne spatiale. σ et ε sont donc les moyennes de

volume des tenseurs de la contrainte et de la déformation microscopiques, (en tout point du


V.E.R) σ et ε . Chom est le tenseur d’élasticité homogénéisée, supposé isotrope :

 2 
Chom =  κ hom − µhom  δ ⊗ δ + 2 µhomδ ⊗ δ (III-4.2)
 3 
qui s’exprime en termes des modules d'incompressibilité ( κ hom ) et de cisaillement ( µhom ).

Pour déterminer ces propriétés, on impose au contour du V.E.R un déplacement compatible


avec une déformation Ε homogène. Ce déplacement est donné par u = Ε ⋅ x ( x ∈ ∂Ω ) qui

permet de réaliser l’homogénéité de la déformation macroscopique si le milieu est homogène.


Du fait de la linéarité du problème, la déformation microscopique ε dans le milieu
hétérogène peut se mettre sous la forme [Zaoui, 1997] :

ε ( x ,t ) = L ( x ,t ) : Ε (III-4.3)

Où L ( x ,t ) est le tenseur de localisation qui dépend du temps du fait de l’évolution des

phases en présence. Le tenseur des contraintes peut alors s’écrire :

σ ( x ,t ) = C ( x ) : L ( x ,t ) : Ε (III-4.4)

Les propriétés élastiques effectives peuvent finalement être reliées à la concentration fi et les

propriétés élastiques de chaque phase Ci :

Chom = C ( x ) : L ( x ,t ) = ∑ f (t ) C : L ( f ,t )
i
i i i i (III-4.5)

où Li ( f i ,t ) = L ( x ,t ) Ωi
est la valeur moyenne par phase du tenseur de localisation. La

connaissance du tenseur Li donne accès à la valeur moyenne de la déformation par phase et

195/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

plus pratiquement permet de déterminer les propriétés recherchées κ hom et µhom .

Les schémas d’homogénéisation constituent, dans ce sens, un moyen pour estimer le tenseur
Li sur la base d’une microstructure donnée.

III-4.2.1. Schématisation de la microstructure de la pâte de ciment en cours


d’hydratation
Les caractéristiques mécaniques d’un matériau composite dépendent de la morphologie de ce
dernier. Il convient donc, d’obtenir des informations sur la microstructure. Or la morphologie
des pâtes de ciment est extrêmement complexe, si bien que la communauté scientifique ne
semble pas avoir atteint un consensus clair sur cette dernière [Van Breugel, 1991; Van
Breugel, 1995; Bentz et al., 1999; Bentz, 2000; Jennings, 2000; Minet, 2003]. La
morphologie de la pâte de ciment en cours d’hydratation au très jeune âge doit, donc, être
considérée avec précaution pour définir un schéma d'homogénéisation approprié.

Quand le ciment anhydre est mélangé avec de l'eau, la pâte de ciment peut être considérée à sa
formation comme une suspension avec une percolation géométrique (existence d'un squelette
non cohésif dont la résistance est due au frottement inter-granulaire et à l'interaction de forces
colloïdales) des grains anhydres de ciment. Ensuite, à mesure que l’hydratation progresse, il y
a nucléation puis croissance d’une phase d’hydrates poreuse qui s’accompagne d’une
augmentation progressive des propriétés mécaniques de la pâte de ciment (percolation
mécanique due au développement d'un squelette solide cohésif). Le développement progressif
de cette phase d’hydrates induit une diminution également progressive des phases aqueuse et
anhydre. Après le seuil mécanique de percolation, la phase aqueuse est présente dans une
porosité capillaire remplie ou partiellement remplie suivant la possibilité ou non
d’alimentation en eau. Dans le cadre de cette étude, il convient de considérer la porosité
capillaire entièrement remplie d’eau du fait que l’annulaire cimenté (de l’ordre de 1 cm
d’épaisseur) est considéré continuellement alimenté en eau venant des formations rocheuses
avoisinantes et que le rapport e/c vaut 0,44. La Figure III.56 montre une représentation
schématique de la pâte de ciment en cours d’hydratation.

196/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

Percolation Percolation
géométrique mécanique

Temps d’hydratation

Phase du ciment anhydre


Phase aqueuse
Phase d’hydrates

Figure III.56 : Représentation schématique de la pâte de ciment en cours d’hydratation.

Cette microstructure en évolution est complexe et il convient de définir le schéma


d’homogénéisation simplifié qui sera le mieux adapté pour représenter les phases en présence.

III-4.2.2. Schéma d’homogénéisation retenu

L’estimation des propriétés élastiques (modules d’incompressibilité κ hom et de cisaillement

µhom ) de la microstructure adoptée nécessite un schéma d’homogénéisation approprié.


Compte tenu de la complexité de la microstructure, il est exclut d’utiliser dans un premier
temps des modèles nécessitant une description complexe de la morphologie et le choix a été
fait d’utiliser un des trois modèles simples d’homogénéisation : Mori-Tanaka, auto-cohérent
classique et auto-cohérent généralisé. Le schéma de Mori-Tanaka (MT) ou le schéma auto-
cohérent classique (SAC) ne sont toutefois pas adaptés à la problématique de l’hydratation. Le
premier requiert qu’une des phases reste dominante c'est-à-dire joue le rôle de matrice
connectée alors qu’aucune des phases en présence dans la pâte de ciment ne possède cette
propriété tout le long de l’hydratation. Le deuxième schéma est plus adapté pour rendre
compte de la percolation d’une phase à partir d’un milieu initial où les phases sont toutes
équi-présentes. Par contre, ce modèle nécessite que la concentration d’une phase soit d’au
moins 30% pour être considérée comme connexe par le modèle. Or, au début de l’hydratation,
la phase d’hydrates est connectée à des niveaux de concentrations très faibles.

Les concentrations initiales des phases montrent bien que l’état initial est au-delà du seuil de
percolation.

Le schéma auto-cohérent généralisé (SAG) [Herve and Zaoui, 1993], est ainsi adopté dans
cette étude puisqu’il permet d’assurer la connectivité de la phase hydrate dès le début de
l’hydratation. Pour déterminer les propriétés élastiques du milieu homogénéisé, c'est-à-dire

197/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

( κ hom ) et ( µhom ), on considère la schématisation donnée par la Figure III.57 dans laquelle les

n phases sont représentées par des inclusions concentriques noyées dans le milieu
effectif ( n + 1) . Cette représentation correspond à un milieu dont les phases sont réparties de

façon à ce que le comportement moyen soit isotrope si chaque phase est isotrope. Chaque
phase i est caractérisée par ses modules d’incompressibilité et de cisaillement ( κ i , µi ) et sa

fraction volumique fi = ( Ri3 - Ri-1


3
) /Rn3 .
Rn +1 → ∞
(κ hom , µhom )

Ri −1
Ri R1
⋯ ⋯
Rn −1
R2

Rn
( κ i , µi )

Figure III.57 : Schématisation d'un milieu hétérogène [Herve and Zaoui, 1993]

Pour ce schéma, les modules d’incompressibilité et de cisaillement homogénéisés κ hom et

µhom sont respectivement donnés par les résultats suivants [Herve and Zaoui, 1993]:

Le module d'incompressibilité κ hom est donné par :

( 3κn + 4µn ) Q21( n-1)


κ hom = κ n −
( )
( n-1) 3 ( n-1) (III-4.6)
3 Q11 Rn + Q21

où les termes de la matrice Q ( n-1) sont donnés dans l’Annexe D.

Dans le cas de ( n = 3) correspondant à la microstructure proposée sur la Figure III.61on

obtient :

(1− f3 )( 3κ3 +4µ3 ) ((1− f3 )( κ3 −κ2 ) ( 3κ1 +4µ2 ) + f1 ( κ2 −κ1 ) ( 3κ3 +4µ2 ) )
κhom =κ3 − (III-4.7)
(1− f3 ) ( 3κ1 +4µ2 ) ( ( 3κ2 +4µ3 ) +3(1− f3 )( κ3 −κ2 )) +3( κ2 − κ1 ) f1 ( (1− f3 )( 3κ3 +4µ2 ) +4( µ3 − µ2 ) )

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Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

Le module de cisaillement est quant à lui égal à la racine positive d'une équation quadratique.
Il est donné par :

− B ± B 2 − 4 AC
µhom = µn (III-4.8)
2A
avec les coefficients A, B, et C donnés dans l'Annexe D. Une seule des deux solutions est
admissible, correspondant à µhom > 0 .

Pour utiliser le schéma auto-cohérent généralisé, il faut disposer d’une part d’une répartition
volumique des différents constituants dans les phases du matériau prises en compte par le
modèle et d’autre part des propriétés élastiques de chaque phase.

Les différents schémas par la suite sont formés des 3 phases élémentaires : "hydrates",
"anhydre" et "eau". L’objectif du paragraphe suivant est de définir les propriétés moyennes de
ces phases.

III-4.2.3. Analyse par changement d’échelle

Les propriétés élémentaires des phases anhydre et hydrates sont définies à différentes
échelles, décrites ci-après pour les hydrates (Figure III.58) :

− Niveau '0' : C-S-H

Ce niveau correspond à la plus petite échelle de longueur de matériau accessible par un essai
mécanique, i.e. nano-indentation. A cette échelle le C-S-H existe sous deux formes différentes
: C-S-HBD (ou outer products) avec une porosité de gel d’environ 37% et un C-S-HHD (ou
inner products) avec une porosité de gel d’environ 24% [Tennis and Jennings, 2000]. Le gel
de C-S-H est le composant majoritaire du squelette de la pâte de ciment et peut être considéré
à l’échelle supérieure comme une matrice homogène dans laquelle les autres composants
d’hydrates sont noyés.

− Niveau I : phase d’hydrates

Ce niveau est associé à la phase d’hydrates qui peut apparaître comme un composite constitué
de la matrice C-S-H englobant la portlandite (CH) et les hydrates d’aluminates (AL). Une
description similaire est utilisée pour les anhydres.

− Niveau II : pâte de ciment homogénéisée

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Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

Il s’agit de l’échelle macroscopique (Figure III.58) où les propriétés élastiques des 3 phases en
présence dans la pâte de ciment sont déterminées pendant le processus d’hydratation à partir
des propriétés élastiques intrinsèques définies dans ces trois niveaux. L’évolution des
fractions volumiques est donnée dans le chapitre I-3 au § I-3.3.

Finalement, ces données sont utilisées comme entrée du processus d’homogénéisation final
qui permet d’obtenir les propriétés élastiques de la pâte.

Changement
d’ échelle Phase du ciment
anhydre Phase aqueuse Phase d’hydrates

Niveau II
Pâte de ciment
homogénéisée

Niveau I
Phase d’hydrates CH
10 -6 – 10 -4 m AL

C-S-HLD C-S-HHD

Niveau '0'
C-S-H
10 -8 – 10 -6 m
Pores de gel

Figure III.58 : Méthode de changement successif d’échelle appliquée à la pâte de ciment.

III-4.2.4. Données d’entrée du niveau II

Le calcul des modules d’incompressibilité et de cisaillement homogénéisés de la pâte de


ciment en cours d'hydratation nécessite d’identifier les données d’entrée (propriétés élastiques
et fractions volumiques). Ces dernières concernent les phases élémentaires "anhydre",

200/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

"hydrates", et "eau".

Les différentes étapes nécessaires à la modélisation des propriétés élastiques sont


schématisées sous forme de diagramme à la Figure III.59.

Propriétés élastiques
Essais de nano-indentation
( E( x, y , z ) ,ν ( x, y , z ) )
E( x , y , z )
κ ( x, y ,z ) =
3 ( 1 − 2ν ( x , y , z ) )
E( x , y , z )
µ( x , y , z ) =
2 + 2ν ( x , y , z )
Ciment pétrolier : Fractions volumiques
« classe G » Estimateur Reuss-Voigt-Hill
Phase des anhydres (A) :
x = C3S, C2S, C3A, C4AF
(κ a , µa )
Composition Modèle Estimateur Reuss-Voigt-Hill
Bogue d’hydratation
Phase d’hydrates (H) : (κ h , µ h )
y = CH, AL
z = C-S-HBD, C-S-HHD
Propriétés élastiques
Eau e/c Phase aqueuse (E) (κ e , µe = 0 )

Modèle d’homogénéisation :
Auto-cohérent généralisé (κ hom , µhom )

Figure III.59 : Diagramme de la modélisation

III-4.2.4.1. Propriétés élastiques


L’obtention des modules élastiques tels que le modules de cisaillement ou d’incompressibilité
de la phase d'hydrates formés est effectuée à l’aide d’estimateurs des constantes élastiques.
Les estimateurs utilisés ici sont les estimateurs de Reuss et Voigt. Il est en effet bien connu
que la moyenne volumique du module de cisaillement (resp. incompressibilité) soit une limite
supérieure du module de cisaillement (resp. incompressibilité) du mélange (Limite de Voigt).
De manière semblable, les moyennes harmoniques de volume constituent les limites
inférieures (limite de Reuss). Quand les valeurs de modules des constituants ne sont pas très
différentes les unes par rapport aux autres, ce qui est le cas ici, une bonne évaluation du
module élastique du mélange est donnée par la moyenne arithmétique entre ces deux limites
plus connue sous le nom d’estimateur de Voigt-Reuss-Hill. Une telle évaluation est employée

201/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

par la suite.

Au Niveau '0' ; les propriétés élastiques de la matrice C-S-H ( κ C − S − H , µC − S − H ) sont d’abord

déterminées par les moyennes volumiques des deux types de C-S-H ( κ z , µ z ) avec z = C-S-H

BD et C-S-H HD :

−1
 fˆz ( t ) 
∑ f z ( t )( κ z , µ z ) +  ∑
ˆ

z  z ( κ z , µz )  (III-4.9)
( κ C − S − H , µC − S − H )=
2
où fˆz est la fraction volumique de chaque type du C-S-H dans la matrice de C-S-H.

A l’échelle supérieur supérieure (Niveau I), la même estimation des moyennes volumiques est
employée pour déterminer les propriétés élastiques de la phase d'hydrates ( κ h , µh ) à partir

des propriétés élastiques de chaque composant hydraté ( κ y , µ y ) avec y = C-S-H

homogénéisé au Niveau '0', portlandite (CH) et hydrates d’aluminates (AL) :

 ˆ ( t )  −1
f
∑ fˆy ( t ) ( κ y , µ y ) +  ∑
y

y ( κ y , µy )  (III-4.10)
( κ h , µh ) =
y
 
2
où fˆy est la fraction volumique de chaque composant hydraté dans la phase d'hydrates.

La même démarche a été adoptée pour déterminer les propriétés élastiques de la phase du
ciment anhydre ( κ a , µa ) à partir des propriétés élastiques de chaque composant anhydre

( κ x , µ x ) avec x = C3S, C2S, C3A et C4AF :

−1
 fˆx ( t ) 
∑ f x ( t )( κ x , µ x ) +  ∑
ˆ

x  x ( κ x , µx )  (III-4.11)
( κ a , µa ) =
2
où fˆx est la fraction volumique de chaque composant anhydre dans la phase du ciment
anhydre. Comme spécifié précédemment, les équations (III-4.6) - (III-4.8) nécessitent la
connaissance des modules élastiques des constituants élémentaires. Pour la phase aqueuse, les
valeurs suivantes du module d’incompressibilité sont employées κ e ( 20 °C ) = 2,18 GPa et

κ e ( 60 °C ) = 2,25 GPa [Kell, 1975]. La phase aqueuse présente un module de cisaillement

202/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

nul. En ce qui concerne les modules élastiques des phases solides, le Tableau III.8 regroupe
les données disponibles dans la littérature des propriétés élastiques élémentaires mesurées par
la technique de nano-indentation à savoir le module de Young (E) et le coefficient de Poisson
(ν ). Les propriétés élastiques élémentaires des aluminates sont toutefois absentes dans la
littérature. Etant donné que les propriétés élastiques de C3S ont été soigneusement mesurées,
la valeur du coefficient de Poisson du C3S a été utilisée pour C3A et C4AF. Concernant les
hydrates d'aluminates, on considère que leurs propriétés élastiques sont semblables à celles de
la matrice de C-S-H données par l’équation (Eq.(III-4.9)).

Les propriétés élastiques élémentaires ( κ x , µ x , κ y , µ y , κ z , µ z ) sont finalement calculées à

partir des relations classiques suivantes liant E et ν :

E
κ= (III-4.12)
3 ( 1 − 2ν )
E
µ= (III-4.13)
2 + 2ν

Propriétés élastiques
E [GPa] ν [−] Références
C3 S 135 0,3 [Acker, 2001]
C2 S 140 0,3 [Acker, 2001]
Ciment anhydre : x
C3 A 145 - [Velez et al., 2001]
C4AF 125 - [Velez et al., 2001]
C-S-H 21,7 0,24 [Constantinides and Ulm, 2004]
BD
C-S-H 29,4 0,24 [Constantinides and Ulm, 2004]
Hydrates : z et y HD
[Monteiro and Chang, 1995;
CH 38 0,3
Constantinides and Ulm, 2004]
Tableau III.8 : Propriétés élastiques élémentaires des constituants de la pâte de ciment
référencées dans la littérature

III-4.2.4.2. Fractions volumiques


Afin d'exploiter les relations III-4.6 et III-4.8, il est nécessaire de connaitre l'évolution des
fractions volumiques des différentes phases (phase du ciment anhydre, phase aqueuse et phase
d’hydrates) pendant l'hydratation de la pâte de ciment. Ce point a été traité en détail dans le
chapitre I-3 : section I-3.2. La Figure III.60 rappelle l’évolution des fractions volumiques des
trois phases qui vont intervenir dans l’estimation des propriétés élastiques de la pâte de ciment

203/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

pétrolier « class G » en fonction du degré d’hydratation.

e/c = 0,44
1,0
a) 23°C
Porosité capillaire
Fractions volumiques [−]
Phase aqueuse Eau
0,8 AL

CH
0,6
C-S-H
HD
0,4 Phase des hydrates
C-S-H
BD
0,2
Phase du ciment anhydre

0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ [−]
b) 60°C
1,0 Porosité capillaire
Fractions volumiques [−]

Phase aqueuse Eau


0,8 AL
CH
0,6
C-S-H
HD
0,4 Phase des Hydrates
C-S-H
BD
0,2
Phase du ciment anhydre

0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ [−]
Figure III.60 : Répartition volumique des trois phases constituant la pâte de ciment pétrolier
intervenant dans l’estimation des propriétés élastiques homogénéisées en fonction du degré
d’hydratation global : a) 23°C, b) 60°C (figure issue du chapitre I-3, section I-3.2)

III-4.2.5. Modèle à 3 phases

Le milieu composite considéré est constitué des trois phases en présence i.e. l’eau (E),
l’anhydre (A) et les hydrates (H). Les seules données morphologiques estimées étant les
fractions volumiques des phases, "anhydre", "hydrates", et "eau", il est apparu naturel
d’étudier les sphères composites comportant uniquement ces 3 phases. La physique du

204/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

modèle (auto-cohérent généralisé) est de préserver la connectivité du matériau constituant la


phase externe, celle-ci est donc nécessairement constitué d’hydrates. Pour les phases internes,
les deux schémas de la Figure III.61 sont envisageables :

CAS 1 CAS 2
Pâte de ciment
Phase d’hydrates
Phase aqueuse
Phase du ciment anhydre

Phase aqueuse interne Phase aqueuse intermédiaire

Figure III.61 : Schématisation morphologique du modèle à "3 phases" : distinction de 2 cas.

Dans le CAS 1, la phase du ciment anhydre est supposée initialement entourer la phase
aqueuse alors que dans le CAS 2, la phase aqueuse est supposée initialement entourer la phase
du ciment anhydre.

Le CAS 1 respecte le schéma « anhydre entouré d’hydrates qui correspond à ce qui est
observé physiquement.

Le CAS 2 fournit des propriétés élastiques principalement gouvernées par la phase externe
d’hydrates, ce qui est physiquement réaliste également.

Les propriétés élastiques de la pâte de ciment sont ensuite déterminées sur la base de ces deux
schématisations morphologique retenues :

− CAS 1 (phase aqueuse est interne) :

Concernant le module d’incompressibilité homogénéisé, les trois phases interviennent dans le


calcul par leurs concentrations et leurs propriétés élastiques.

Concernant le module de cisaillement homogénéisé, la phase aqueuse n’intervient dans le


calcul du module que par sa concentration. En effet, la phase aqueuse se déforme sans
variation de volume et donc son module d’incompressibilité κ e n’intervient pas.

− CAS 2 (phase aqueuse intercalée entre la phase d’anhydre et la phase d’hydrates) :

Ce schéma semble plus réaliste, notamment au tout début de l’hydratation. De façon similaire
au cas précédent, les trois phases interviennent dans le calcul du module d’incompressibilité

205/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

homogénéisé par leurs concentrations et leurs propriétés élastiques (sauf µa car l’anhydre est
dans un état de contrainte sphérique). Pour le module de cisaillement homogénéisé, les phases
aqueuse et anhydre n’interviennent que par leurs concentrations ( f e + f a ) et sont assimilées à

un vide. En effet, la contrainte est nulle à l’interface hydrate–eau dans le cas du cisaillement :
la contrainte tangentielle est nulle car l’eau n’a pas de raideur en cisaillement ( µe = 0 ) , la

contrainte normale est nulle (pression de l’eau) car la phase aqueuse se déforme sans variation
de volume (Annexe E).

Chacun de ces deux schématisations est utilisé et le schéma auto-cohérent généralisé produit
les résultats d’homogénéisations présentés au paragraphe ci-dessous.

III-4.2.6. Résultats d’homogénéisation des propriétés élastiques du modèle "3


phases"

a. CAS 1 : phase aqueuse interne


La Figure III.62 présente l’évolution des propriétés élastiques homogénéisées ( κ hom et µhom )
de la pâte de ciment pétrolier à 23 et 60 °C dans le premier cas considéré (cf. Figure III.61).
Les modules élastiques homogénéisés dans le CAS 1 diminuent au cours du temps. En effet, au
fur et à mesure que l’hydratation avance, le ciment anhydre ayant des modules élastiques très
élevés ( κ a = 112 GPa et µa = 52 GPa) est consommé et les hydrates produits ont des modules

élastiques relativement plus faibles ( κ h = 16 GPa et µh = 10 GPa).

De plus, la raideur en cisaillement initiale est non nulle, ce qui n’est conforme au résultat
expérimental. En conclusion, le CAS 1 n’est pas satisfaisant.

206/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

24

Modules élastiques (GPa)


κhom (23°C, P atm)
20

16 κhom (60°C, P atm)

12 µhom (23°C, P atm)

8 µhom (60°C, P atm)

4
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)

Figure III.62 : Modèle "3 phases"- CAS 1- Estimation des modules élastiques homogénéisés
( κ hom et µhom ) en cours d’hydratation à 23 °C et à 60 °C.

b. CAS 2 : phase aqueuse intermédiaire


La Figure III.63 présente l’évolution de propriétés élastiques homogénéisées ( κ hom et µhom )
de la pâte de ciment pétrolier à 23°C et 60°C dans le deuxième cas considéré (cf. Figure
III.61). Les modules élastiques homogénéisés dans le CAS 2 augmentent au cours du temps.
En effet, ils traduisent le passage progressif du matériau d’un milieu à dominante fluide à un
matériau à dominante solide constitué constituée par les hydrates. Cette évolution traduit donc
l’augmentation des liaisons mécaniques au sein du squelette en cours de formation. L’état
initial correspond à une suspension dont le module de cisaillement est nul.

La pertinence des résultats des modules élastiques issus du modèle d’homogénéisation dans le
CAS 2 a été évaluée dans le paragraphe suivant par confrontation aux résultats expérimentaux
des modules élastiques dynamiques (non-drainés) obtenus par propagation ultrasonore (cf.
Chapitre III-2).

207/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

10
)

Modules élastiques(GPa)
0° C , P a tm
8 κ hom
(6

°C , P atm)
6 κ hom
(23

4 )
0° C , P a tm
(6
µ hom
2 P )
µ ho m (23°C, atm
0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
Figure III.63 : Modèle "3 phases"- CAS 2- Estimation des modules élastiques homogénéisés
( κ hom et µhom ) en cours d’hydratation à 23 °C et à 60 °C.

III-4.2.7. Confrontation modèle "3 phases"-CAS2 et expérience

Rappelons que les propriétés élastiques mesurées en dynamique et en quasi-statiques reposent


sur des hypothèses fortes concernant le niveau de déformation différée, l’écart au
comportement linéaire, l’effet d’échelle (cf. §III-3.3.5)

La comparaison des résultats des modules élastiques homogénéisés ( κ hom et µhom ) (CAS 2) à
ceux obtenus expérimentalement (modules élastiques dynamiques) est présentée à la Figure
III.64.

Les modules élastiques dynamiques ( κ dynamique et µdynamique ) présentés ici sont issus des

mesures des vitesses longitudinales VL et transverses VT (méthode ultrasonore (cf. Chapitre


III-2) et de la masse volumique ρ :

κ dynamique = ρ  VL2 − VT2 


4
(III-4.14)
 3 
µdynamique = ρVT2 (III-4.15)
Une première comparaison qualitative montre que le modèle d’homogénéisation décrit bien
l’évolution des propriétés élastiques non drainées de la pâte de ciment (Figure III.64).

D’un point de vue quantitatif, on s’aperçoit que les résultats du modèle d’homogénéisation

208/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

sont en bon accord avec les modules élastiques dynamiques non drainés et ce, pour les deux
conditions d’hydratation étudiées dans ce mémoire [(23°C, Patm) et (60°C, Patm)]. On note que
les valeurs des modules élastiques dynamiques sont légèrement supérieures à celles obtenues
par homogénéisation. Cette différence est évaluée à 15% au maximum. Ceci est conforme aux
résultats de la littérature rapportant que les modules élastiques dynamiques sont supérieurs
aux modules élastiques statiques [Lacouture, 2003; Reddy et al., 2007].

a) (23 °C, P atm)


12 κdynamique
8

Flux thermique [Ft] ( j.g-1.h-1 )


Modules élastiques (GPa)

10 µdynamique
κhom 6
8
µhom
(2) (3)
6 4
Ft
4
2
2 (1)

0 0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
0,02 0,08 0,17 0,28 0,38 0,46 0,50 0,53
ξ (−)

b) (60 °C, P atm)


12 50
Flux thermique [Ft] (j.g-1.h-1)
Modules élastiques (GPa)

10 40
8
Ft κ dynamique κhom 30
(3) µ dynamique
6 µhom
20
4 (2)

2 10
(1) (4)
0 0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydrtation (h)
0,02 0,44 0,55 0,59 0,63 0,66 0,68 0,71
ξ (−)

Figure III.64 : Confrontation des modules élastiques homogénéisés (modèle "3 phases"_CAS
2) ( κ hom et µhom ) dans le cas d’un matériau non drainé avec les modules élastiques
dynamiques* ( κ dynamique et µdynamique ) obtenus par propagation ultrasonore sur la pâte de ciment

pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm). Superposition des résultats de
DSC correspondants.
*résultats expérimentaux représentés initialement à la Figure III.10.

209/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

D’autre part, les modules homogénéisés ont été déterminés à partir des modules élastiques des
hydrates et de l’anhydre quantifiés par nano-indentation i.e. dans des conditions quasi-
statiques. Le résultat obtenu est donc tout à fait cohérent de ce point de vue.

Les résultats du modèle d’homogénéisation (CAS 2) sont en bonne concordance avec les
résultats expérimentaux (propriétés élastiques dynamiques). Mais la schématisation du CAS 2
est traitée en séparant la phase anhydre de celle des hydrates par l’intermédiaire de la phase
aqueuse. La phase anhydre est donc complètement isolée de toute contrainte de cisaillement et
ne contribue pas à la rigidité du squelette. En réalité, les hydrates se développent tout au long
de l’hydratation autour des grains anhydres et c’est la phase aqueuse qui occupe l’espace
intergrannulaire (cf. Figure III.56). En conséquence, les anhydres encore omniprésents au très
jeune âge, participent nécessairement au développement de la rigidité du squelette à partir du
seuil de percolation mécanique.

Le CAS 2 ne rend pas du tout compte de cette interconnexion étroite entre les anhydres et les
hydrates.

Il est donc nécessaire de procéder à une schématisation plus sophistiquée qui fait l’objet du
modèle à "4 phases".

III-4.2.8. Modèle à 4 phases

La construction du modèle à "4 phases" repose sur une analyse plus fine des mécanismes de la
structure de la pâte de ciment.

L’hydratation du ciment génère un milieu multiphasique, constitué d’un squelette solide


comprenant l’anhydre n’ayant pas encore réagi et les hydrates produits. Ce milieu est
schématisé comme suit : A mesure que l’hydratation progresse, les grains anhydres se
recouvrent d’une couche d’hydrates de plus en plus épaisse formant ainsi une coquille. A
partir du seuil de percolation mécanique, certains de ces hydrates sont connectés et constituent
le squelette (Figure III.65). Les constituants restants constituent une suspension à l’intérieur
de la phase aqueuse. Les pores de gel se forment a priori dans le squelette au fur et à mesure
de l’épaississement des hydrates plutôt que dans la phase déconnectée. Toutefois, dans ce
calcul, les pores de gel (P) sont supposés répartis uniformément entre le matériau déconnecté
et le matériau connecté.

210/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

Squelette : (A+H+P)

Anhydre : (A)

Hydrates : (H+P) Phase aqueuse : (E)

Figure III.65 : Représentation du modèle morphologique de la pâte de ciment en cours


d’hydratation après la percolation mécanique : modèle à "4 phases".

Le schéma morphologique correspondant est maintenant constitué d’une sphère composite


comportant 4 phases (Figure III.66). Les globules en suspension sont représentés par la sphère
composite interne, composée de deux phases (Phase 1 : anhydre (A) et Phase 2 : hydrates
poreux (H+P)), et située au centre de la Figure III.66. Cette sphère est entourée de la phase
aqueuse (phase 3 : (E)) qui la sépare du squelette connecté, lui même composé d’hydrates
poreux (H+P) et d’anhydres (A) (phase 4).

Figure III.66 : Schématisation morphologique de la pâte de ciment au très jeune âge après le
seuil de percolation mécanique : modèle à "4 phases"

III-4.2.9. Détermination des propriétés élastiques homogénéisées pour le modèle à "4


phases"
Comme pour la première tentative de schématisation avec le modèle à "3 phases", le schéma
ACG a été utilisé pour déterminer les propriétés élastiques du milieu homogénéisé, notées
( κ hom et µhom ). Or la schématisation adoptée sépare maintenant la phase solide (anhydre +

211/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

hydrate) en cours de formation en une partie connectée et une partie déconnectée.

Ce nouveau schéma impose donc des informations sur l’évolution des fractions volumiques
de la partie connectée (fc) et de la partie déconnectée (fd). L’obtention de ces fractions
volumiques relève des techniques de modélisation de la percolation (cf. par exemple [Bentz
and Garboczi, 1991]) qui sortent du cadre de ce mémoire. Il a donc été choisi d’adopter une
expression simplifiée de ces fractions volumiques à partir des informations connues.

III-4.2.9.1. Hypothèses de calcul


− (1) En l’absence de données sur la constitution de la phase connectée, on suppose que la
phase connectée et la phase déconnectée comportent la même répartition entre anhydres et
hydrates.

− (2) Les pores (porosité de gel) sont a priori formés au moment de la constitution du
squelette et sont donc a priori majoritairement situés dans la phase connectée. Toutefois,
sans information sur la répartition des pores de gel, il a donc été considéré que les
fractions volumiques de pores sont identiques dans la phase connectée et dans la phase
déconnectée au cours de l’hydratation.

− (3) La proportion de squelette connecté est inconnue, mais croît nécessairement avec le
degré d’hydratation ξ ( t ) . Par ailleurs, le pourcentage de squelette connecté est

nécessairement nul au début de l’hydratation et égale à 1 à la fin de l’hydratation. Soit fc la


fraction volumique du squelette connecté, fd la fraction volumique du matériau
fc
déconnecté, et fe la fraction volumique de la phase aqueuse, le rapport doit donc
f d + fe

nécessairement tendre vers 0 lorsque le degré d’hydratation ξ ( t ) est nul et vers l’infini

lorsque le degré d’hydratation vaut 1. Une relation simple pour vérifier cette propriété a
été adoptée sous la forme :

fc ξ (t )
= α. (III-4.16)
fd + fe 1−ξ (t )
où α est un paramètre a priori inconnu.

Compte tenu de l’hypothèse (1), il s’en déduit :

212/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

f hc f
= ac (III-4.17)
f hd f ad
où f hc est la fraction volumique d’hydrates connectés, les autres notations pour f hd , f ac ,
f ad étant construites de façon similaire16.

III-4.2.9.2. Propriétés élastiques homogénéisés du squelette connecté (phase 4)


Les modules homogénéisés du squelette connecté (phase 4), qui se compose d’une phase
d’anhydre (ac) et d’une phase d’hydrates poreux (hc) (Figure III.66) sont déterminés par un
premier schéma ACG (Figure III.67) :

hc

ac

Figure III.67 : Schématisation morphologique simplifiée du squelette connecté pour le modèle


à "4 phases".

Les modules homogénéisés de ce schéma à deux phases, sont données sous la forme :

3κ aκ h + 4 µh ( f acκ a + f hcκ c )
κ hom = κ c = (III-4.18)
3 ( f hcκ a + f acκ h ) + 4 µ h

−B ± B 2 − 4 AC
µhom = µc = µh (III-4.19)
2A
Les propriétés homogénéisés de la pâte sont ensuite obtenues à partir du schéma ACG
appliqué au schéma morphologique de la Figure III.66.

III-4.2.9.3. Détermination des propriétés élastiques homogénéisés non drainées de la


pâte de ciment en cours d’hydratation
Comme expliqué précédemment, la microstructure de la pâte est représentée par quatre phases
(cf. Figure III.66).

Les propriétés élastiques qui se déduisent de ce modèle vont être déterminées en utilisant le
schéma ACG, à partir des propriétés de chaque phase comme suit :

16
fhd : fraction volumique d’hydrates déconnectés, fac : fraction volumique de la phase anhydre connectée et fad :
fraction volumique de la phase anhydre déconnectée.

213/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

+ Phase 1: Anhydre : κ a , µa , fad

+ Phase 2: Hydrate+pores de gel : κ h , µh , fhd

+ Phase 3: Phase aqueuse : κ e , µe = 0 , fe

+ Phase 4: Squelette connecté : κ c , µc , fc

III-4.2.9.4. Détermination des propriétés élastiques homogénéisés drainées de la pâte de


ciment en cours d’hydratation
A partir de l’évolution des propriétés hydrauliques déterminées de la pâte en cours
d’hydratation obtenues expérimentalement, nous avons pu déterminer le temps nécessaire à la
dissipation des pressions interstitielles (temps de drainage) au cours des essais expérimentaux
quasi-statiques de charge/décharge (§III-3.3.6). Les résultats obtenus ont montré que pour
ξ < 0,5 , les propriétés élastique quasi-statiques ainsi déterminées correspondent à un matériau
drainé dans lequel l’eau interstitielle (phase aqueuse) n’est plus mise en pression. Toutefois,
les résultats pour les échantillons les plus âgés n’ont pas permis de conclure sur la nature
drainée ou non drainée des propriétés élastiques mesurées à partir des essais quasi-statiques de
charge/ décharge du fait qu’au stade d’hydratation ξ ∼ 0 ,5 étudié, l’eau interstitielle est
partiellement mise en pression. Etant donné qu’il est difficile dans notre cas de quantifier
l’évolution de la pression interstitielle au cours de l’hydratation, le module d’élasticité quasi-
statique au très jeune âge, sera confronté au§III-4.2.10.3 aux modules homogénéisés drainé et
non drainé obtenus à partir du schéma ACG.

La modélisation par le schéma ACG du module d’élasticité drainé a été mise en œuvre en
considérant uniquement la phase 4, les phases 1, 2, 3 ne reprenant aucune pression, les phases
n’interviennent donc que par leurs fractions volumiques et le calcul résultant est identique à
celui opéré en les remplaçant par des vides.

Dans un premier temps dans le §III-4.2.10, l’évolution du module d’élasticité drainé


(homogénéisé) est confrontée à l’évolution du module quasi-statique afin d’identifier une
valeur du paramètre α (Eq. (III-4.16)) permettant de reproduire les résultats se rapportant au
module d’élasticité quasi-statique. Puis dans le §III-4.2.10.3, l’évolution du module
d’élasticité quasi-statique sera confronté à l’évolution des modules drainé et non drainés
homogénéisés avec le α retenu.

214/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

III-4.2.10. Confrontation modèle -expériences

III-4.2.10.1. Propriétés élastiques drainées : confrontation Modèle - propriétés


expérimentales quasi-statiques
Les propriétés élastiques d’entrée (§III-4.2.4.1) introduites dans les calculs des modules
homogénéisés drainés ( κ hom et µhom ) sont obtenues par nano-indentation et donc se rapportent
aux modules quasi-statiques. La Figure III.68 confronte les résultats de l’évolution du module
d’élasticité (E) obtenus à partir des essais quasi-statiques avec celle des résultats du module
homogénéisé ( Ehom ) pour trois valeurs du paramètre α dans le cas d’un matériau drainé. Les

valeurs de Ehom sont données par l’expression suivante :

9κ hom µhom
Ehom = (III-4.20)
3κ hom + µ hom
On constate qu’une valeur de α de l’ordre de 0,4 reproduit bien les résultats se rapportant au
module d’élasticité.

Par ailleurs la Figure III.68b montre que l’allure d’ensemble sensiblement bilinéaire est bien
représentée par le résultat homogénéisé.

215/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

a) (23 °C, P atm)


8
Ehom (α= 0,3)

Module d'élasticité E (GPa)


7
Ehom (α= 0,4)
6
Ehom (α= 0,5)
5
E quasi-statique
4
3
2
1
0
0 5 10 15 20 25
Temps d'hydratation(h)

b) (60 °C, P atm)


12
Module d'élasticité E (GPa)

10

6
Ehom (α= 0,3)
4 Ehom (α= 0,4)
2 Ehom (α= 0,5)
E quasi-statique
0
0 5 10 15 20 25
Temps d'hydratation (h)

Figure III.68 : Confrontation de l’évolution du module d’élasticité homogénéisé Ehom pour 3

valeurs de α dans le cas d’un matériau drainé avec celle du module d’élasticité Equasi-statique

obtenu à partir des essais quasi-statiques* de charge/décharge sur la pâte de ciment pétrolier
avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm).
*Résultats expérimentaux représentés initialement à la Figure III.37.

III-4.2.10.2. Propriétés élastiques non drainées : confrontation Modèle - propriétés


expérimentales dynamiques.
La Figure III.69 confronte l’évolution temporelle des propriétés élastiques homogénéisées
( κ hom et µhom ) pour les trois valeurs du paramètre α dans le cas d’un matériau non drainé

avec celle des propriétés élastiques dynamiques obtenues par mesures ultrasonores ( κ dynamique

et µdynamique ). En ce qui concerne les modules dynamiques, les tendances obtenues

expérimentalement se retrouvent sur les courbes obtenues par homogénéisation. Toutefois, les

216/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

courbes théoriques correspondant à la valeur estimée de α se situent globalement au dessous


des courbes expérimentales. Ce résultat est attendu : les modules non drainés sont obtenus à
partir des modules élastiques des constituants donnés par essais de nano-indentation (quasi-
statiques) qui tendent à sous estimer les modules dynamiques.

a) (23 °C, P atm)


12
κhom (α=0,3)
Modules élastiques (GPa)

10 κhom (α=0,4)
8 κhom (α=0,5)
µhom (α=0,3)
6
µhom (α=0,4)
4 µhom (α=0,5)
κdynamique
2
µdynamique
0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation(h)
0,02 0,08 0,17 0,28 0,38 0,46 0,50 0,53
ξ (−)
b) (60 °C, P atm)
12
κhom (α=0,3)
Modules élastiques (GPa)

10 κhom (α=0,4)
8 κhom (α=0,5)
µhom (α=0,3)
6
µhom (α=0,4)
4 µhom (α=0,5)
κdynamique
2
µdynamique
0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
0,02 0,44 0,55 0,59 0,63 0,66 0,68 0,71
ξ (−)

Figure III.69 : Confrontation de l’évolution temporelle des modules élastiques homogénéisés


( κ hom et µhom ) pour les 3 valeurs de α dans le cas d’un matériau non drainé avec l’évolution
des modules élastiques dynamiques* ( κ dynamique et µdynamique ) obtenus par propagation

ultrasonore sur la pâte de ciment pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm).
*résultats expérimentaux représentés initialement à la Figure III.10.

217/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

III-4.2.10.3. Confrontation Modules homogénéisés d’élasticité drainés et non drainés -


propriétés expérimentales quasi-statiques
La Figure III.70 montre que les modules d’élasticité homogénéisés drainés pour les plus
faibles temps d’hydratation ([23°C, Patm _ {17h, 20h}] et ([60°C, Patm _ 4h], qui correspond à
ξ < 0,5, sont en bon accord avec les modules expérimentaux quasi-statiques. Pour les temps
d’hydratation à [23°C, Patm _ 24h] et ([60°C, Patm _ {6h, 7h}], qui correspond à ξ ∼ 0 ,5, ces
derniers sont situés entre les modules homogénéisés drainés et non drainés du fait qu’à ce
stade d’hydratation l’eau interstitielle est partiellement mise en pression au cours des essais de
charge/décharge. Pour le temps d’hydratation ([60°C, Patm _ 24h]) les modules quasi-statiques
obtenus expérimentalement sont en bon accord avec les modules d’élasticité homogénéisé
non-drainé. Ce résultat signifie que le ciment étudié serait de type « non drainant » à ce temps
d’hydratation correspondant à un degré d’hydratation de l’ordre de 0,7.

218/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

a) (23 °C, P atm)


8
Ehom non drainé(α= 0,4) ξ = 0,50

Module d'élasticité E (GPa)


7 drainé/non drainé?
Ehom drainé(α= 0,4) d'après l'estimation
6 du temps de
E quasi-statique
5 drainage

4 drainés d'après
l'estimation du
3 temps de
ξ = 0,46 drainage
2 ξ = 0,41

1
0
0 5 10 15 20 25
Temps d'hydratation(h)

b) (60 °C, P atm)


12
Module d'élasticité E (GPa)

10 drainés/non drainés? d'après l'estimation


du temps de drainage
8 ξ = 0,7
ξ ~ 0,5
6 drainé d'après l'estimation
du temps de drainage

4 Ehom non drainé(α= 0,4)

2 Ehom drainé(α= 0,4)


ξ = 0,44 E quasi-statique
0
0 5 10 15 20 25
Temps d'hydratation(h)
Figure III.70 : Confrontation de l’évolution des modules d’élasticité homogénéisés drainé et
non drainé à α = 0,4 avec celle du module d’élasticité Equasi-statique obtenu à partir des essais

quasi-statique de charge/décharge sur la pâte de ciment pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C,
Patm), b) (60°C, Patm).
*Résultats expérimentaux initialement représentés à la Figure III.37.

III-4.3. Conclusions
− Pour tenter de reproduire l’évolution des propriétés élastiques drainées et non drainées de
la pâte de ciment au très jeune âge un modèle micromécanique a été adopté. Ce modèle,
est basé sur un schéma d’homogénéisation Auto-Cohérent-Généralisé intégrant des
informations sur la morphologie de la pâte. Ces informations sont essentiellement issues
d’observations de pâtes à plusieurs échelles et par divers moyens technologiques. Les
données nécessaires pour alimenter ce type de modèle ont une double nature : chimique et
mécanique. Les grandeurs chimiques sont les fractions volumiques des différentes phases.

219/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle

Ces dernières sont estimées au cours de la réaction grâce à un modèle d’hydratation


développé en partie I. Les données mécaniques (propriétés élastiques) sont issues
d’expériences de nano-indentation reportés dans la littérature.

− Les résultats du modèle d’homogénéisation avec la première tentative de schématisation


(Cas 2) ont montré une bonne concordance avec les résultats expérimentaux non drainés
(propriétés élastiques dynamiques). Cependant cette première tentative de schématisation
sépare la phase anhydre de celle des hydrates ce qui est peu recevable car en réalité,
l’anhydre au très jeune âge, participe lui aussi au développement de la rigidité du
squelette. Nous avons donc proposé une deuxième schématisation alternative permettant
de rendre compte de la participation conjointe des hydrates et des anhydres dans
l’évolution des propriétés élastiques de la pâte de ciment au très jeune âge.

− Ce nouveau schéma nécessite une nouvelle donnée qui porte sur la connaissance de la
proportion de la partie de la phase solide (anhydre + hydrate) connecté. En l’absence de
cette donnée qui pourrait être obtenue par des techniques de modélisation de la
percolation, le modèle est finalisé à l’aide d’un paramètre ajustable permettant de
déterminer l’évolution de la fraction connectée avec le degré d’hydratation. Cette
procédure permet de reproduire l’évolution des modules élastiques.

220/253
Conclusion de la partie III Monsef BOURISSAI

Conclusion de la partie III


− Cette partie avait pour objectif d’étudier le comportement mécanique du ciment pétrolier
« classe G » au très jeune âge. Les essais par propagation d’ultrasons ont permis d’obtenir
les propriétés élastiques dynamiques. Celles-ci ont été confrontées aux propriétés quasi-
statiques obtenues à partir des essais de charge/décharge. Cette confrontation a montré que
les modules dynamiques sont supérieurs aux modules quasi-statiques. L’écart entre le
module dynamique et le module quasi-statique observé au très jeune âge est attribué à (i)
la redistribution interne de l’eau interstitielle dans les pores capillaires au cours de l’essai
quasi-statique tout au moins pour ξ ≤ 0 ,5 et (ii) au comportement viscoélastique des
hydrates produits qui conduit à un module viscoélastique complexe dépendant de la
fréquence. Cet écart diminue avec le temps d’hydratation. Les modules quasi-statiques
sont de nature drainée au tout début de l’hydratation ξ < 0 ,5 puis se rapprochent des
modules non drainés à mesure que l’hydratation avance. Par ailleurs lors des essais
monocycles de charge/décharge, une dissipation d’énergie traduite par un effet hystérésis
a été constatée sur tous les essais réalisés pour tous les temps d’hydratation étudiés. Cet
effet hystérésis, a été modélisé à partir d’un modèle viscoélastique construit sur les
résultats des essais de relaxation. Les résultats du modèle montrent que l’hystérésis est dû
essentiellement au caractère visqueux da la pâte de ciment au très jeune âge et
secondairement à la compaction du réseau poreux lors de la mise en charge de
l’échantillon pendant l’essai monocyclique de charge/décharge.

− D’autre part l’analyse de l’effet du niveau de chargement sur les propriétés élastiques (E)
a permis de confirmer l’existence de deux types de comportement mécanique :

 Comportement de type granulaire faiblement cohésif caractérisé par une variation du


module d’élasticité avec l’augmentation du niveau de la contrainte appliqué à [60°C,
Patm _ 4h] : Le sommet du pic du flux thermique marque la transition de ce type de
comportement à un comportement plutôt d’un solide cohésif.
 Comportement solide cohésif : on note une progression rapide de E pendant la phase
de décroissance du flux thermique et qui tend à se ralentir dès le passage à la phase
d’hydratation contrôlée par la diffusion.
− Pour reproduire l’évolution de ces propriétés élastiques non-drainées et drainées, un
modèle micromécanique morphologique a été adopté dans le chapitre III-4. Ce modèle est

221/253
Conclusion de la partie III Monsef BOURISSAI

basé sur un schéma d’homogénéisation Auto-Cohérent-Généralisé qui a été utilisé avec


plusieurs schématisations morphologiques. Le modèle à 4 phases qui représente au mieux
la répartition géométriques des constituants a été construit en utilisant un paramètre
ajustable pour estimer l’évolution de la phase connectée du solide. Les résultats du modèle
reproduisent bien les résultats expérimentaux.

222/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI

CONCLUSIONS GENERALES ET
PERSPECTIVES

223/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI

Synthèse des travaux effectués


L’objectif visé est de formuler un modèle Thermo-Chimio-Hydro-Mécanique (T-C-H-M)
pour le ciment afin de déterminer l’état des contraintes dans l’annulaire cimenté d’un puits de
pétrole ou de gaz à l’aide d’un modèle complet de la structure annulaire. Dans ce travail de
recherche, nous avons étudié le comportement T-C-H-M du ciment au très jeune âge (jusqu’à
1 jour) dans le contexte de la cimentation des puits pétroliers (température élevée (HT)/haute
pression(HP)). L’étude a porté essentiellement sur la caractérisation (i) de la cinétique
d’hydratation, (ii) de l’évolution des propriétés hydrauliques et (iii) des propriétés mécaniques
ainsi que sur la modélisation des propriétés élastiques du ciment pétrolier « classe G ».

Dans la partie I nous avons étudié la cinétique d’hydratation du ciment « classe G » dans des
conditions HP/HT représentatives des conditions de fond de puits de pétrole ou de gaz à l’aide
des mesures calorimétriques. Cette étude nous a permis de tirer les conclusions suivantes :

− Les mesures de calorimétrie (DSC) ont montré que la température est le paramètre qui
influence notablement la cinétique d’hydratation dans la gamme [20°C, 60°C] et [Patm, 20
MPa]. L’effet de la pression sur la cinétique d’hydratation est négligeable comparé à celui
de la température. L’effet de la température a été, par conséquent, le seul paramètre pris
en compte dans la modélisation de la cinétique d’hydratation.

− La superposition du flux thermique mesurée par DSC à (60°C, Patm) avec le degré
d’hydratation global issu du modèle à 60°C a montré la pertinence du modèle au sujet de
la prise en compte de l’effet accélérateur de la cinétique d’hydratation avec la
température.

− Un bon accord a été montré entre le degré d’hydratation global mesuré à (23°C, Patm) par
calorimétrie semi-adiabatique et celui obtenu à partir du modèle de cinétique
d’hydratation à 23°C.

− Les degrés d’hydratation partiels issus du modèle de cinétique d’hydratation pour chaque
composant principal de ciment ont été utilisés par la suite pour estimer l’évolution des
fractions volumiques des différents constituants de la pâte de ciment pendant
l’hydratation.

224/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI

− L’évolution de la porosité caractérisée expérimentalement par la porosimétrie par


intrusion au mercure dans la partie II a permis de vérifier au moins en partie la pertinence
de la démarche employée pour estimer l’évolution des fractions volumiques des différents
constituants de la pâte de ciment en fonction du degré d’hydratation global.

− Ces fractions volumiques ont servi par la suite comme données d’entrées pour estimer
l’évolution des propriétés élastiques par homogénéisation dans la partie III.

Dans la partie II nous nous sommes intéressés à la caractérisation des propriétés


hydrauliques : porosité et perméabilité dans des conditions HP/HT. Cette étude nous a permis
de tirer les conclusions suivantes :

− La porosité connectée décroît linéairement avec le degré d’hydratation.

− Nous n'avons pas observé d’effet systématique de la température et de la pression ni sur la


porosité ni sur la distribution poreuse pour un même degré d’hydratation au très jeune âge.

− L’évolution de la phase fluide (eau + porosité capillaire) décrite par le modèle d’évolution
des différentes fractions volumiques dans la pâte de ciment est en bonne concordance avec
l’évolution de la porosité connectée mesurée par porosimétrie. Ce bon accord tend à
valider le modèle de cinétique d'hydratation.

− Les mesures de perméabilité ont montré un effet mesurable de la pression appliquée à un


temps d’hydratation donné au très jeune âge. L’interprétation de cet effet s’explique par
une augmentation de la cinétique d’hydratation avec la pression appliquée.

− Quantitativement, les valeurs de la perméabilité intrinsèque à l’eau obtenues après du pic


de flux thermique sont de l’ordre de [10-16 ; 10-17] m2 ce qui correspond à une perméabilité
relativement élevée. En effet, à titre de comparaison, la valeur caractéristique pour un
ciment Portland (e/c = 0,44) pris à 80°C et 50 bars pendant de 7 jours est de l’ordre de 10-
19
m2 .

− Deux types de comportement mécanique semblent avoir été identifiés suite à l’analyse des
propriétés hydrauliques (perméabilité à l’eau) déterminées expérimentalement :

 Diminution de la perméabilité au plus faible temps d’hydratation étudié à 60°C sous


l’effet de Pc (pression radiale) due probablement à la compaction d’un matériau
granulaire faiblement cohésif.

225/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI

 Augmentation de la perméabilité au plus faible temps d’hydratation étudié à 60°C sous


l’effet de Pc qui peut s’expliquer par un endommagement significatif dans le cas d’un
matériau solide faiblement cohésif.
− Dans le cas des essais à 60°C, le passage d’un comportement granulaire à un
comportement solide coïncide avec le sommet du pic de flux thermique identifié à partir
des essais de DSC. Il serait donc intéressant de confirmer si une coïncidence similaire est
observée à 23°C.

− Les valeurs de perméabilité obtenues ont permis dans la partie III de déterminer le temps
de drainage pour chacune des conditions d’hydratation étudiées. Cette information a
permis de déterminer la nature drainée ou non drainée des essais mécaniques quasi-
statiques réalisés au très jeune âge.

Dans la partie III nous nous sommes consacrés à l’étude du comportement mécanique du
ciment « classe G » au très jeune âge dans des conditions HP/HT. Cette partie nous a permis
de tirer les conclusions suivantes :

− Les essais par propagation d’ultrasons ont permis d’obtenir les propriétés élastiques
dynamiques. Celles-ci ont été confrontées aux propriétés quasi-statiques obtenues à partir
des essais de charge/décharge. Cette confrontation a montré que les modules dynamiques
sont supérieurs aux modules quasi-statiques. Cette différence se réduit avec le temps
d’hydratation. Les modules quasi-statiques sont a priori drainés au tout début de
l’hydratation puis se rapprochent des modules non drainés à mesure que l’hydratation
avance. Par ailleurs lors des essais monocycles de charge/décharge, une dissipation
d’énergie traduite par un effet hystérésis a été constatée sur tous les essais réalisés pour
tous les temps d’hydratation étudiés. Cet effet hystérésis, a été modélisé à partir d’un
modèle viscoélastique construit sur les résultats des essais de relaxation. Les résultats du
modèle ont montré que l’hystérésis est dû essentiellement au caractère visqueux da la pâte
de ciment au très jeune âge et secondairement à la compaction du réseau poreux
(redistribution interne de l’eau interstitielle) lors de la mise en charge de l’échantillon
pendant l’essai monocyclique de charge/décharge.

− D’autre part l’analyse de l’effet du niveau de chargement sur les propriétés élastiques (E)
a permis de confirmer l’existence de deux types de comportement comme observés lors
des mesures de perméabilité :

226/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI

 Comportement de type granulaire faiblement cohésif caractérisé par une variation du


module d’élasticité avec l’augmentation du niveau de la contrainte appliqué à 60°C
pour le plus faible temps d’hydratation étudié : Le sommet du pic du flux thermique
marque la transition de ce type de comportement à un comportement plutôt solide
cohésif. A fin de confirmer l’existence de ce type de comportement sur le ciment
faisant prise à 23°C, des essais de charge/décharge à des niveaux de contrainte
différents mériterait d’être effectués à un temps d’hydratation égal à 12h correspond au
sommet du pic de sa courbe du flux thermique.
 Comportement solide cohésif : une progression rapide de la valeur de E est notée
pendant la phase de décroissance du flux thermique. Cette progression tend à se
ralentir dés le passage à la phase d’hydratation contrôlée par la diffusion.
− D’un autre côté, la comparaison entre le temps de drainage (tdr) de l’eau interstitielle avec
le temps permettant de déterminer les modules élastiques quasi-statiques (tel) à montré que
pour des valeurs de ξ < 0 ,5 , les modules élastiques sont de nature drainée (tdr >>> tel),
alors que pour des valeurs de ξ ≥ 0 ,5 , il était difficile d’identifier la nature drainée ou non
drainée des modules élastiques quasi-statiques puisque tdr ≈ tel.

− Pour reproduire l’évolution de ces propriétés élastiques non-drainées et drainées, un


modèle micromécanique morphologique a été adopté. Ce modèle est basé sur un schéma
d’homogénéisation Auto-Cohérent-Généralisé a été traité avec plusieurs schématisations
morphologiques. Le modèle à 4 phases qui représente au mieux la répartition
géométriques des constituants a été construit en utilisant un paramètre ajustable pour
estimer l’évolution de la phase connectée du solide. Les résultats du modèle reproduisent
bien les résultats expérimentaux.

− La capacité prédictive de ce modèle à 4 phases pourrait s’améliorer en utilisant au lieu du


paramètre ajustable, des techniques de modélisation de la percolation pour estimer
l’évolution de la partie de la phase solide (anhydre + hydrate) qui est connectée.

Perspectives
Dans ce travail de recherche, les caractéristiques essentielles du comportement de la pâte de
ciment au très jeune âge ont été déterminées, Cependant il reste à mettre en place une loi de
comportement complète intégrant les différentes composantes : poroélasticité non linéaire
(matériau de type granulaire), viscoélasticité et plastification (en phase de compactage). Les
résultats obtenus dans ce travail seraient utilement complétés par une campagne d’essais à
l’appareil triaxial dans le domaine cohésif identifié par nos essais, ce qui offre la possibilité de

227/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI

réaliser des essais drainés ou non drainés et d’étendre les états de contraintes étudiés.

Enfin la modélisation de la structure de l’annulaire par éléments finis pourra intégrer la loi de
comportement ainsi déterminée. Cependant il reste à mettre en œuvre des essais sur un
modèle physique représentatif de l’annulaire cimenté dans la configuration du puits. Un point
clef qui pourra nécessiter une expérimentation spécifique portera sur les propriétés de
l’interface entre la formation rocheuse et l’annulaire cimenté.

228/253
Annexes Monsef BOURISSAI

ANNEXES

229/253
Annexe A – Fractions volumiques des composants anhydres

ANNEXE A
FRACTIONS VOLUMIQUES DES COMPOSANTS ANHYDRES
les fractions massiques f xm de chaque constituant anhydre x = C3 S , C2 S , C3 A , C4 AF sont

supposées connues. Soit ma la masse initiale du ciment anhydre et ρ a sa masse volumique, le


volume initiale de chaque constituant du ciment anhydre est donné par :

f xm mx0 f xm ma0 f xm ρ aVa0


Vx0 = = = (A.1)
ρx ρx ρx

où mx0 est la masse initiale du constituant, ρ x sa masse volumique et Va0 le volume total
initial de l’anhydre. Ainsi, la fraction volumique initiale de chaque constituant s’obtient :

Vx0 f xm ρ a
f x0 = = (A.2)
Va0 ρx

Par ailleurs, on a :

ρa = ∑f
x
x
0
ρx (A.3)

∑f x
x
0
=1 (A.4)

Ce qui donne les fractions volumiques f x0 comme solution du système :

  ρC AF  ρC AF − ρC2 S 0 ρC AF − ρC3 A 0 ρC AF
1 + f Cm3S  4 − 1  f C03S + fCm3 S 4 fC2 S + fCm3S 4 fC3 A = fCm3 S 4
  ρC S  ρC3 S ρC3 S ρC3S
  3 
ρC AF − ρC3S 0   ρC AF  ρC AF − ρC3 A 0 ρC AF
fCm2 S 4 fC3 S +  1 + fCm2 S  4 − 1  fC02 S + fCm2 S 4 fC3 A = fCm2 S 4
ρ C2 S   ρC S  ρ C2 S ρ C2 S (A.5)
  2 
ρC AF − ρC3S 0 ρC AF − ρC2 S 0   ρC AF  ρC AF
fCm3 A 4 f C3S + fCm3 A 4 fC2 S +  1 + fCm3 A  4 − 1  fC03 A = fCm3 A 4
ρC3 A ρC3 A   ρC A  ρC3 A
  3 
fC04 AF = 1 − fC03 S − fC02 S − fC03 A

La résolution de ce système donne :

230/253
Annexe A – Fractions volumiques des composants anhydres

fCm3S ρC2 S ρC3 A ρC4 AF


fC03S =
(f ) ( )
(A.6)
m
C2 S ρC3 A + fCm3 A ρC2 S ρC3 S ρC4 AF + fCm4 AF ρC3 S + fCm3S ρC4 AF ρC2 S ρC3 A

fCm2 S ρC3S ρ C3 A ρC4 AF


fC02 S =
(f ) ( )
(A.7)
m
C2 S ρC3 A + fCm3 A ρC2 S ρC3 S ρC4 AF + fCm4 AF ρC3 S + fCm3 S ρC4 AF ρC2 S ρC3 A

fCm3 A ρC3S ρC2 S ρC4 AF


fC03 A =
(f ) ( )
(A.8)
m
C2 S ρC3 A + fCm3 A ρC2 S ρC3S ρC4 AF + fCm4 AF ρC3S + fCm3 S ρC4 AF ρC2 S ρC3 A

fCm4 AF ρC3 S ρC2 S ρC3 A


fC04 AF =
(f ) ( )
(A.9)
m
C2 S ρC3 A + fCm3 A ρC2 S ρC3 S ρC4 AF + fCm4 AF ρC3 S + fCm3S ρC4 AF ρC2 S ρC3 A

Il convient maintenant de déterminer l’évolution de ces fractions avec le temps. D’après


§.3.1.2, on a :

f x (t ) =
Vx ( t )
=
(1 − ξ x ( t ) ) f x0Va0
=
(1 − ξ x ( t ) ) f x0
Va ( t ) ∑ (1 − ξ x ( t ) ) f x0Va0 ∑ (1 − ξ x ( t ) ) f x0 (A.10)
x x

Par ailleurs, on a :

ρa (t ) = ∑ f (t ) ρ
x
x x (A.11)

On obtient alors :

fC3S ( t ) =
(1 − ξ ( t ) ) f
C3 S
0
C3 S
(A.12)
(1 − ξ C3 S ( t ) ) fC0 S + (1 − ξC S
3 2
( t ) ) f + (1 − ξ
0
C2 S C3 A ( t ) ) fC0 A + (1 − ξC AF ( t ) ) fC0 AF
3 4 4

f C2 S ( t ) =
(1 − ξ ( t ) ) f
C2 S
0
C2 S

(1 − ξ ( t ) ) fC0 S + (1 − ξC S ( t ) ) f + (1 − ξ ( t ) ) fC0 A + (1 − ξC AF ( t ) ) fC0 AF


0
(A.13)
C3 S 3 2 C2 S C3 A 3 4 4

fC3 A ( t ) =
(1 − ξ ( t ) ) f
C3 A
0
C3 A
(A.14)
(1 − ξ C3 S ( t ) ) fC0 S + (1 − ξC S
3 2
( t ) ) f + (1 − ξ
0
C2 S C3 A ( t ) ) fC0 A + (1 − ξC AF ( t ) ) fC0 AF
3 4 4

fC4 AF ( t ) =
(1 − ξ ( t ) ) f
C4 AF
0
C4 AF

(1 − ξ ( t ) ) fC0 S + (1 − ξC S ( t ) ) f + (1 − ξ ( t ) ) fC0 A + (1 − ξC AF ( t ) ) fC0 AF


0
(A.15)
C3 S 3 2 C2 S C3 A 3 4 4

231/253
Annexe B – Evolution des paramètres de cinétique des réactions d’hydratation en fonction du
rapport e/c

ANNEXE B
EVOLUTION DES PARAMETRES DE CINETIQUE DES
REACTIONS D’HYDRATATION EN FONCTION DU RAPPOART
E/C.

τ xc [ h ]
80 C3S C2 S
C3 A C 4 AF
60

40

20

0
0,3 IFP
0,4 0,44 0,5 0,6 0,7
/C [ − ]
Ee/c

Figure B.1 : Evolution du temps caractéristique à 20°C en fonction du rapport e/c


[Bernard et al., 2003].

κ x [−]
3 C3 S C2 S
C3 A C4 AF

0
0,3 IFP
0,4 0,44 0,5 0,6 0,7
Ee/c
/C [ −]
Figure B.2 : Evolution du paramètre d’Avrami κ x en fonction du rapport e/c
[Bernard et al., 2003].

232/253
Annexe C – Descriptif de la presse Instron 5550R utilisée pour réaliser les essais mécaniques
en compression simple

ANNEXE C
DESCRIPTIF DE LA PRESSE INSTRON 5500R UTILISEE POUR
REALISER LES ESSAIS MECANIQUES EN COMPRESSION
SIMPLE.

La machine Instron 5500R se présente sous forme d'un parallélépipède vertical de 1,9 m de
hauteur et 1,1 m de largeur incluant la base du bâti et deux colonnes verticales (cf. Figure
III.12). La cellule de force est fixée dans la traverse supérieure (fixe). Cette partie est protégée
et n’est pas en contact direct avec les échantillons : elle est reliée à un cylindre plein de 6
centimètres de diamètre sur lequel le plateau cylindrique supérieur est placé. Le plateau
cylindrique inférieur est relié à la traverse mobile par un cylindre plein du même diamètre que
celui du plateau supérieur. La traverse mobile, se déplaçant du bas vers le haut, est guidée par
des vis à billes se trouvant dans les colonnes verticales. Celles-ci permettent un déplacement
très précis de la traverse et une bonne répétabilité des mouvements de déplacement imposés.
De plus, les effets de frottement, d’usure et de jeu de fonctionnement sont considérablement
diminués par rapport à un pas de vis classique.

La vitesse de déplacement de la traverse peut être choisie dans une large gamme allant de 1
µm m/min à 1000 mm/min. En dehors des phases de test, la traverse peut être déplacée par
l’intermédiaire d’un panneau de commande manuelle pour les réglages préliminaires aux
essais. Une mollette permet un déplacement de précision très lent pour les réglages fins,
comme la mise en contact de l'échantillon avec le plateau supérieur. Pour éviter d’écraser les
échantillons, une butée qui sert de cran d’arrêt au niveau de la traverse permet de la bloquer
en cas d’incident.

La mesure de la charge se fait à l’aide d’une cellule de force placée sur la traverse fixe. Cette
cellule fonctionne dans la gamme de charge de 0,1 N - 100 kN qui est suffisante pour
l’utilisation faite : jusqu’à environ 40 kN. La précision de la mesure de la force est de 0,5 %
de la valeur lue. Cette machine est couplée à un ordinateur la pilotant en temps réel et
permettant l'acquisition et le traitement rapide des données grâce au logiciel Bluehill™ fourni
par Instron. L’ordinateur permet donc de piloter la machine et affiche les mesures en temps
réel puis les graphiques correspondants à la fin des essais.

233/253
Annexe C – Descriptif de la presse Instron 5550R utilisée pour réaliser les essais mécaniques
en compression simple

Le logiciel propose toutes les méthodes de tests mécaniques classiques (compression simple,
relaxation, fluage, cycles de charge/décharge, ...) qui sont déjà pré-enregistrées. Il reste
ensuite pour l’utilisateur à adapter tous les paramètres nécessaires en fonction des échantillons
et du test voulu. Dans tous les essais, la première étape correspond à la mise en contact
(délicate) de l'échantillon avec le plateau supérieur. Elle est effectuée lentement jusqu’à
atteindre une précharge de 10 daN environ pour les échantillons les plus âgés. Le déplacement
de la traverse mobile calculé par la machine est réinitialisé à zéro : c’est l’état initial de tous
nos échantillons

234/253
Annexe D – Termes intervenant dans le calcul du module d’incompressibilité et de
cisaillement

ANNEXE D
TERMES INTERVENANT DANS LE CALCUL DU MODULE
D’INCOMPRESSIBILITE ET DE CISAILLMENT.

Les termes de la matrice intervenant dans le calcul du module d’incompressibilité sont


donnés par :

n−1  3κ + 4µ 4(µn−k +1 − µn−k ) Rn−−3k 


Q(
n−1)
= ∏ 
1  n−k n−k +1
  (D.1)
k =1 + n−k +1  ( n−k +1 − n−k ) Rn−k 3κn−k +1 + 4µn−k  
3
 n−k +1
3κ 4 µ 3 κ κ

Les coefficients ( A,B,C ) intervenant dans le calcul du module de cisaillement sont donnés
par :

( ( n −1)
A = 4 (1 − 2ν n ) ( 7 − 10ν n ) Z12 ( n −1)
+ 5 Rn−7 (1 − 2ν n ) Z13 ( n −1)
+ 3Rn−5 Z14 ( ( n −1)
− 7 Z 23 )
(D.2)
( n −1)
+ 4 Rn−10 ( 4 − 5ν n ) Z 43 ) ( ( n −1)
+ 20 Rn−3 7 − 12ν n + 8ν n2 Z 42 )
( ( n −1)
B = − (1 − 2ν n ) 3 ( 7 − 15ν n ) Z12 ( ( n −1)
+ 8 5Rn−7 (1 − 2ν n ) Z13 ( n −1)
+ 3Rn−5 Z14 ( ( n −1)
− 7 Z 23 )
))
(D.3)
( n −1) ( n −1)
+ Rn−10 (1 − 5ν n ) Z 43 − 60 Rn−3 ( 3 − ν n )ν n Z 42

( ( n −1)
C = − (1 − 2ν n ) ( 7 + 5ν n ) Z12 ( ( n −1)
− 4 5 Rn−7 (1 − 2ν n ) Z13 ( n −1)
+ 3Rn−5 Z14 ( ( n −1)
− 7 Z 23 )
))
(D.4)
( n −1)
−2 Rn−10 ( 7 − 5ν n ) Z 43 ( )
( n −1)
+ 10 Rn−3 7 −ν n2 Z 42

( n −1)
Les termes Zαβ sont donnés par :

( n −1)
= Pα(1 ) Pβ( 2 ) − Pα( 2 ) Pβ(1 )
n −1 n −1 n −1 n −1
Zαβ (D.5)
Egalement, on a successivement les expressions des matrices permettant le calcul de ces
termes :

n
P( ) = ∏ M(
n n − k +1)
(D.6)
k =1

M ( ) = N −k 1+1 ( Rk ) N k ( Rk )
k
(D.7)

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Annexe D – Termes intervenant dans le calcul du module d’incompressibilité et de
cisaillement

−6ν k (1 − 2ν k ) r 3 ( 5 − 4ν k )(1 − 2ν k )−1 r −2


−1
r 3r −4 
 
− ( 7 − 4ν k )(1 − 2ν k ) r 3
−1
r −2r −4 2 r −2 
Nk ( r ) =   (D.8)
3ν k (1 − 2ν k ) µ k r 2 −2 ( 5 −ν k )(1 − 2ν k ) µ k r −3 
−1 −1
 µk −12 µk r −5
 
− ( 7 + 2ν k )(1 − 2ν k ) µk r 2 2 (1 + ν k )(1 − 2ν k ) µk r −3 
−1 −1
 µk 8µk r −5

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Annexe E

ANNEXE E
On considère le cas de la phase aqueuse intermédiaire qui se présente comme un milieu
compressible avec une raideur en cisaillement nulle ( κ e , µe = 0 ) . Dans ce cas, l'eau ne peut
être éventuellement soumise qu'à une pression générée par la variation de volume de la phase
aqueuse. Ainsi la solution établie dans le cas où toutes les phases présentent des propriétés
élastiques non nulles n'est maintenant valable que pour la phase hydrate ( k = h ) et pour celle

correspondant au milieu effectif ( k = hom ) :

ur( k ) = U r( k ) ( r ) sin 2 θ cos 2φ


uθ( k ) = Uθ( k ) ( r ) sin θ cosθ cos 2φ (E.1)
(k ) (k)
uφ = U φ ( r ) sin θ sin 2φ

3κ k − 2 µk 3Ck κ + µk Dk
U r( k ) ( r ) = Ak r − Bk r 3 + +3 k
µk r 4 µk r 2
(E.2)
15κ k + 11µ k 2C 2D
Uθ( k ) ( r ) = −U φ( k ) ( r ) = Ak r − Bk r 3 − 4k + 2 k
3µ k r r
3κ k − 2µ k 9κ + 4µ k Dk  2
σ rr( k ) = 2µ k  Ak +
12C
2 µk
Bk r 2 − 5 k − k
µk  sin θ cos 2φ
 r r3 
24κ k + 5µk 3κ D
σ r(θk ) = 2 µ k  Ak − Bk r 2 + 5k + k 3k  sin θ cosθ cos 2φ
8C
(E.3)
 3 µ k r µk r 
24κ k + 5µ k 3κ D
σ r(φk ) = −2 µk  Ak − Bk r 2 + 5k + k 3k  sin θ sin 2φ
8C
 3µ k r µk r 

Pour la phase aqueuse le champ de déplacement ne peut être calculé. La seule information
accessible est la pression de l'eau, obtenue en calculant la variation de volume δ Ve de la
phase aqueuse, générée par la déformation des interfaces eau-hydrate Σe −h et anhydre-eau
Σ a −e :

δ Ve κe κe
∫ Ωe div u = − ( ∫ Σe − hu ⋅ er d Σ − ∫ Σa − eu ⋅ er d Σ )
( e ) ( e )  ( e ) 
pe = −κ e =− (E.4)
Ve Ve Ve

avec Ve = 4π ( Re3 − Ra3 ) / 3 .

Par ailleurs, la continuité des déplacements aux interfaces Σe −h et Σ a −e donne,

237/253
Annexe E

   
respectivement, u ( e ) ( Re ) = u ( h ) ( Re ) et u ( e ) ( Ra ) = u ( a ) ( Ra ) au niveau des ces interfaces.

Il est à noter que pour la phase anhydre, soumise à une pression pe , le déplacement n'a qu'une
composante radiale :

  p 
u ( a ) = ur( a ) er = − e rer (a)
σ rr( a ) = σ θθ (a)
= σ φφ = − pe (E.5)
3κ a ;
Pour déterminer la variation de volume, il suffit d'intégrer les composantes radiales ur( h ) et

ur( a ) sur les sphères de rayons Re et Ra respectivement avec d Σ = R 2 sin θ dφ dθ :

( h )  (h) π
( 2π 2
)
∫ Σe − hu ⋅ er d Σ = U r ( Re ) ∫ 0 ∫ 0 Re cos 2φ dφ sin θ dθ = 0
3

( a )  pe Ra 4π Ra3 pe (E.6)
∫ Σa − eu ⋅ er d Σ = − ∫ Σa −ed Σ = −
3κ a 3κ a
On obtient la relation suivante :

 Ra3 κ e 
 1 + R 3 − R 3 κ  pe = 0 (E.7)
 e a a 

dont la seule solution admissible est pe = 0 puisque Re3 > Ra3 , ce qui est physiquement
attendu.

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