Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Thèse - Ciment Pétrolier
Thèse - Ciment Pétrolier
THESE
Discipline : Mécanique
Ecole doctorale : Sciences, Ingénierie et Environnement
Monsef BOURISSAI
le 30 Juin 2010
Titre :
Jury
M. Frédéric SKOCZYLAS, Professeur Rapporteur
M. Alain SELLIER, Professeur Rapporteur
M. Fekri MEFTAH, Professeur Examinateur
M. Ahmed LOUKILI, Professeur Président du Jury
Mme. Nadège BRUSSELLE-DUPEND, Ingénieur de recherche Examinateur
M. Guy BONNET, Professeur Directeur de thèse
A mes parents : Mina Ben Omar et Abdelaziz BOURISSAI, à mon frère Faiçal et à ma
sœur Lamyae pour leur soutien inconditionnel…
REMERCIEMENTS
Que toutes celles et tous ceux qui ont contribué de loin ou de près à ce travail de recherche, trouvent
ici ma sincère reconnaissance.
Ce travail de recherche a été réalisé grâce à une collaboration entre le laboratoire de Modélisation et
Simulation Multi-Echelle CNRS UMR 8208 (MSME) de l’Université Paris-Est et le
département Mécanique Appliquée de l’IFP. Je les remercie de m’avoir accueilli et soutenu
pendant ma thèse.
Ma profonde reconnaissance et mes vifs remerciements s’adressent aux 3 personnes qui m’ont
d’abord donné l’occasion de faire cette thèse, qui m’ont fait confiance, qui m’ont guidé tout au long
de ce parcours passionnant, qui m’ont donné tout le temps, l’aide et les moyens pour réussir mes
travaux dans les meilleures conditions, Guy BONNET, Nadège BRUSSELLE-
DUPEND et Fekri MEFTAH.
Je remercie également Eric Lécolier du département Physico-chimie Appliquées de l’IFP pour
son implication dans mon sujet de thèse, de m’avoir accordé son temps pour répondre à mes
questions, ainsi que pour les échanges très fructueux que nous avons eu.
Ce travail à dominance expérimentale n’aurait pas été possible sans l’aide d’une équipe technique
performante.
Je remercie particulièrement Alain et Nathalie pour leur aide précieuse qu’ils m’ont apportée
tout au long de la thèse. Je remercie également Xavier pour son aide et son savoir faire concernant
les essais mécaniques en compression simple. Je tiens aussi à remercier Christian pour son aide
en HP-micro DSC et Arnaud pour son aide en Ultrasons.
J’ai trouvé à l’IFP une ambiance chaleureuse et efficace de travail, je tiens à remercier toute
l’équipe pour cette bonne et agréable ambiance.
A l’IFP j’ai croisé d’autres connaissances, je pense particulièrement à mes ami(e)s sans exception
que je remercie chaleureusement pour leur bonne humeur, les rigolades, et les moments inoubliables
de partage passés ensemble.
Mes remerciements vont également à toute l’équipe du laboratoire MSME de l’Université Paris-
Est avec laquelle j’ai passé des moments très agréables et inoubliables.
Enfin mes remerciements sont adressés à ma grande famille en particulier à mes chers parents pour
leur grand soutien et leur vif et permanent encouragement.
A vous tous merci.
Dédicace
Cette thèse est dédiée à mes chers parents, ma sœur et mon frère.
RESUME
Le travail de thèse a porté essentiellement sur l’effet des conditions de prise en pression et en
température dans une gamme (20-60°C/Patm-200 bar) d’un ciment pétrolier (Portland « classe
G ») au très jeune âge (jusqu’à un jour) en condition saturée sur (i) la cinétique d’hydratation,
(ii) les propriétés hydrauliques (perméabilité et porosité) et (iii) le développement des
propriétés élastiques dynamiques obtenues par propagation d’ultrasons et quasi-statiques. Les
propriétés quasi-statiques instantanées et différées ont été obtenues à partir d’essais
mécaniques réalisés en compression simple à différents temps/degré d’hydratation.
En partie II, concernant la caractérisation de la perméabilité, les valeurs obtenues ainsi que
l'évolution des propriétés élastiques quasi-statiques obtenue expérimentalement ont permis de
déterminer le temps de drainage pour chacune des conditions d'hydratation étudiées. Cette
information permet de déterminer la nature drainée ou non drainée des essais mécaniques
quasi statiques réalisés.
En partie III, les essais mécaniques ont permis d'identifier un comportement granulaire
faiblement cohésif au niveau du sommet du pic exothermique, puis un comportement solide
cohésif avec progression des propriétés mécaniques au cours de l'hydratation à partir de la
décroissance du flux thermique. Enfin, deux modèles par homogénéisation multi-échelles ont
été proposées, la différence portant sur la schématisation de la pâte de ciment au très jeune
âge. Les résultats ont été confrontés avec succès aux propriétés élastiques dynamiques et
quasi-statiques drainées et non drainées obtenues expérimentalement.
Table des matières
6/253
Table des matières
7/253
Table des matières
8/253
Liste des figures
9/253
Liste des figures
10/253
Liste des figures
Figure II.9 : Dérivée du volume par rapport au logarithme du diamètre d’accès aux pores : a)
échantillons référencés : [60°C, Patm _ {4h, 7h, 24h}], b) échantillons référencés : [60°C,
17MPa _ {4h, 7h, 24h}]. _____________________________________________________ 97
Figure II.10 : Effet des paramètres influençant la perméabilité (d’après Scrivener, 2001 cité
par [Choinska, 2006]).______________________________________________________ 101
Figure II.11 : Équipement et principe de mesure de la perméabilité à l’eau avec la cellule
Hassler. _________________________________________________________________ 104
Figure II.12 : Equipement et principe de mesure de la perméabilité à l’eau sans pression de
confinement. _____________________________________________________________ 107
Figure II.13 : Effet de la pression d’hydratation sur l’évolution de la perméabilité à l’eau
mesurée avec Pc sur des échantillons pris dans différentes conditions :________________ 108
Figure II.14 : Evolution du flux thermique en fonction du temps d’hydratation. _________ 109
Figure II.15 : Evolution de la perméabilité à l’eau mesurée avec Pc sur des échantillons en
fonction de ξcorrigé : _______________________________________________________ 110
Figure II.16 : Effet de la température sur l’évolution de la perméabilité à l’eau mesurée avec
Pc sur des échantillons pris dans différentes conditions : ___________________________ 111
Figure II.17 : Effet du mode opératoire sur l’évolution de la perméabilité à l’eau en fonction
du degré d’hydratation : ____________________________________________________ 112
Figure III .1 : Gammes de fréquence et de taille d’échantillons rencontrées dans l’industrie
pétrolière [Schatz et John, 1995]. _____________________________________________ 117
Figure III.2 : Résistance en compression d’une pâte de ciment en fonction du degré
d’hydratation (graphe extrait de [Torrenti et Benboudjema, 2005]). Les données
expérimentales sont représentées par des symboles ponctuels. Les segments de droite sont les
régressions linéaires proposées par [Torrenti et Benboudjema, 2005]. ________________ 118
Figure III.3 : Effet de la température d’hydratation sur la résistance en compression [Mindess
et al., 2003].______________________________________________________________ 119
Figure III.4 : Développement de la résistance en compression du mortier HPMC au très jeune
âge à 22°C [Voigt et al., 2006]._______________________________________________ 120
Figure III.5 : Evolution du module du module de Young non drainé (a) et du coefficient de
poisson non drainé (b) des pâtes de ciment en fonction du degré d’hydratation pour différents
rapports e/c [Lacouture, 2003]. _______________________________________________ 122
Figure III-0.6 : Evolution temporelle du module de cisaillement G d’une pâte de ciment (e/c
= 0,35). Mesures faites respectivement aux ultrasons (1MHz) et en rhéologie à 1Hz (courbe
du haut et du bas, respectivement), [Lootens, 2004]. ______________________________ 123
Figure III.7 : Montage de transmission des ultrasons à travers un échantillon de ciment
pétrolier. La mesure du temps de vol à travers le guide d’onde (gauche) précède toutes les
mesures de temps de vol à travers l’échantillon (droite). L’agent couplant est enduit à toutes
les interfaces. _____________________________________________________________ 126
Figure III.8 : a) Identification des ondes de compression et de cisaillement sur un montage
sans échantillon. b) Méthode de détermination des temps de vol de compression (t1) et de
cisaillement (t2) d’un échantillon de ciment référencé [60°C, Patm _ 6h] grâce au décalage de
11/253
Liste des figures
front des ondes entre le montage sans échantillon et le montage avec échantillon (Figure
III .7). _________________________________________________________________ 127
Figure III.9 : Evolution des vitesses des ondes longitudinales (VL) et transverses (VT) avec
prise en compte de l’évolution de la masse volumique de la pâte de ciment pétrolier « classe
G » en fonction du temps d’hydratation : _______________________________________ 129
Figure III.10 : Evolution des propriétés élastiques dynamiques en fonction du temps
d’hydratation : ____________________________________________________________ 130
Figure III.11 : Evolution des modules élastiques dynamiques (E, κ ) et du flux thermique
correspondant en fonction du temps : __________________________________________ 131
Figure III.12 : Presse Instron 6025 - 5500R _____________________________________ 135
Figure III.13: Principe de l'essai de résistance en compression ______________________ 137
Figure III.14: Principe de l'essai de charge/décharge ______________________________ 137
Figure III.15: Principe de l'essai de relaxation de la contrainte ______________________ 138
Figure III.16 : Moule pour l’obtention des échantillons cylindriques__________________ 139
Figure III.17: Cellule thermostatée ____________________________________________ 140
Figure III.18 : Mode de rupture en compression simple ____________________________ 141
Figure III.19 : Essais de résistance en compression de la série 1 (sans graissage) sur
échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h]. Vitesse de déformation axiale = 10-3 /s. ______ 142
Figure III.20 : Comparaison des essais de la série 1 (sans graissage) avec ceux de la série 2
(avec graissage) sur échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h]. _____________________ 143
Figure III.21 : Essais de résistance en compression sur échantillons référencés [23°C, Patm _
24h] avec une vitesse de déformation axiale (10-3 /s) précédés de deux cycles de
charge/décharge. __________________________________________________________ 144
Figure III.22: Analyse au scanner médical de l'échantillon 2 de la figure III-3.10________ 145
Figure III.23: Isochrones de comportement du béton en compression [Bazant, 1988]. ___ 146
Figure III.24: Variation de la résistance pour les vitesses de déformation : _____________ 147
Figure III.25 : Évolution du pic de contrainte en fonction de la vitesse de déformation d’un
mortier [Harsh et al., 1990]. _________________________________________________ 147
Figure III.26 : Évolution du pic de contrainte1 en fonction de la vitesse de déformation du
ciment « classe G » étudié [23°C, Patm _ 24h]. ___________________________________ 148
Figure III.27 : Effet de la température d’hydratation sur les valeurs de Rc1 pour les
échantillons référencés : [23°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] et [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] :
a) évolution en fonction du degré d’hydratation Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s. _ 149
Figure III.28: Effet de la pression d’hydratation sur les valeurs de Rc obtenues à différents
temps d’hydratation sur échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] et [60°C, 17
MPa _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s. Vitesse de dépressurisation
des échantillons : "rapide". __________________________________________________ 151
12/253
Liste des figures
Figure III.29: Effet de la vitesse de dépressurisation sur les valeurs de Rc obtenues sur
échantillons pris à 60 °C et 23 °C pendant 24 heures. Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s.
_________________________________________________________________ 152
Figure III.30 : Comportement caractéristique d’un échantillon de ciment au jeune âge pris à
[60°C, Patm _ 24h] soumis à un cycle de charge/décharge en compression simple. Vitesse de
déformation axiale = 10-4 /s. _________________________________________________ 153
Figure III.31 : Méthode de détermination des propriétés élastiques (E et ν ) à partir d'un essai
de charge/décharge (Figure III-3.2.2_1) pour un échantillon pris à [60°C, Patm _ 24h]. ___ 156
Figure III.32 : Évolutions de la contrainte axiale en fonction de ε zz (courbes notées L), en
fonction de εvol (courbes notées V), et en fonction de ε rr (courbes notées R) lors d'un
chargement monotone jusqu'à rupture sur ciment référencé :
a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 7h, 24h}]____________________ 157
Figure III.33 : Analyses au scanner médical (plans sagittaux 0° et 90°) de deux échantillons de
ciment référencés [23°C, Patm _ 24h] : a) référence: aucune sollicitation mécanique ; b) après 1
cycle de charge/décharge. ___________________________________________________ 158
Figure III.34 : Première campagne d'essais de charge/décharge à différents temps et
conditions d’hydratation : a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h,
24h}]. _________________________________________________________________ 159
Figure III.35 : Première campagne d'essais. Évolution des propriétés élastiques en fonction du
degré d’hydratation pour les échantillons référencés [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h} et [60°C,
Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. ___________________________________________________ 161
Figure III.36 : Seconde campagne d'essais de charge/décharge à différents temps et conditions
d’hydratation : a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].____ 163
Figure III.37 : Seconde campagne d'essais. Évolution des propriétés élastiques en fonction du
temps d’hydratation à 23°C et à 60°C obtenue à partir d'échantillons référencés [23°C, Patm _
{17h, 20h, 24h} et [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. ______________________________ 164
Figure III.38 : Cycles successifs de charge/décharge en compression simple effectués à un
niveau de déchargement constant σmax = 66% Rc sur deux échantillons référencés [23°C,
Patm _ 24h]._______________________________________________________________ 166
Figure III.39 : Analyses au scanner médical (plans sagittaux 0° et 90°) de deux échantillons de
ciment référencés [23°C, Patm _ 24h]. _________________________________________ 167
Figure III.40 : Comparaison de cycles de charge/décharge à différents niveaux de chargement
pour des échantillons pris dans les conditions suivantes : a) [60°C, Patm _ 4h], b) [60°C, Patm _
6h], c) [60°C, Patm _ 24h]. ___________________________________________________ 168
Figure III.41 : Évolution du module d’élasticité E à [60°C, Patm _ {4h, 6h, 24h}] en fonction
du niveau du chargement appliqué.____________________________________________ 169
Figure III.42 : Évolution de σ(t ) / σ 0 au cours des essais de relaxation au palier 1 (40% Rc) et
au palier 2 (66% Rc) pour des échantillons référencés : ____________________________ 171
Figure III.43 : Évolution du coefficient de relaxation r en fonction du degré d’hydratation ( ξ )
à : (23°C, Patm) et (60°C, Patm). _______________________________________________ 172
13/253
Liste des figures
14/253
Liste des figures
Figure III.63 : Modèle "3 phases"- CAS 2- Estimation des modules élastiques homogénéisés
( κ hom et µhom ) en cours d’hydratation à 23 °C et à 60 °C. __________________________ 208
Figure III.64 : Confrontation des modules élastiques homogénéisés (modèle "3 phases"_CAS
2) ( κ hom et µhom ) dans le cas d’un matériau non drainé avec les modules élastiques
dynamiques* ( κ dynamique et µdynamique ) obtenus par propagation ultrasonore sur la pâte de ciment
pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm). Superposition des résultats de
DSC correspondants. _______________________________________________________ 209
Figure III.65 : Représentation du modèle morphologique de la pâte de ciment en cours
d’hydratation après la percolation mécanique : modèle à "4 phases". _________________ 211
Figure III.66 : Schématisation morphologique de la pâte de ciment au très jeune âge après le
seuil de percolation mécanique : modèle à "4 phases" _____________________________ 211
Figure III.67 : Schématisation morphologique simplifiée du squelette connecté pour le modèle
à "4 phases". _____________________________________________________________ 213
Figure III.68 : Confrontation de l’évolution du module d’élasticité homogénéisé Ehom pour 3
valeurs de α dans le cas d’un matériau drainé avec celle du module d’élasticité Equasi-statique
obtenu à partir des essais quasi-statiques* de charge/décharge sur la pâte de ciment pétrolier
avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm)._______________________________ 216
Figure III.69 : Confrontation de l’évolution temporelle des modules élastiques homogénéisés
( κ hom et µhom ) pour les 3 valeurs de α dans le cas d’un matériau non drainé avec l’évolution
des modules élastiques dynamiques* ( κ dynamique et µdynamique ) obtenus par propagation
ultrasonore sur la pâte de ciment pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm).
_________________________________________________________________ 217
Figure III.70 : Confrontation de l’évolution des modules d’élasticité homogénéisés drainé et
non drainé à α = 0,4 avec celle du module d’élasticité Equasi-statique obtenu à partir des essais
quasi-statique de charge/décharge sur la pâte de ciment pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C,
Patm), b) (60°C, Patm)._______________________________________________________ 219
Figure B.1 : Evolution du temps caractéristique à 20°C en fonction du rapport e/c _______ 232
Figure B.2 : Evolution du paramètre d’Avrami κ x en fonction du rapport e/c __________ 232
15/253
Liste des tableaux
16/253
Liste des tableaux
Tableau III.5 : Comparaison entre Ath et Aexp pour les échantillons référencés [60°C, Patm _
{4h, 6h}] et [23°C, Patm _ {17h, 24h}] dont les essais mécaniques sont représentés à la Figure
III.36. _________________________________________________________________ 183
Tableau III.6 : Comparaison entre les aires d’hystérésis Aexp calculées à chaque cycle des
essais de charge/décharge pour les deux échantillons référencés [23°C, Patm _, 24h] issus de
la Figure III.38. ___________________________________________________________ 184
Tableau III.7 : Temps de drainage de l’eau interstitielle (tdr) et intervalle de temps (tel) sur
lequel sont mesurées les propriétés élastiques lors des essais de charge/décharge pour chacune
des conditions d’hydratation étudiées : [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}] et [60°C, Patm _ {4h,
6h, 7h}]._________________________________________________________________ 189
Tableau III.8 : Propriétés élastiques élémentaires des constituants de la pâte de ciment
référencées dans la littérature ________________________________________________ 203
17/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI
INTRODUCTION GENERALE
18/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI
Contexte de thèse
Un puits pétrolier (Figure 1) est un ouvrage permettant d’exploiter un gisement à partir de la
surface. La construction d’un puits est effectuée selon un programme bien établi dont la
première étape est le forage. Puis un tube en acier est descendu dans la zone forée. Ce tube a
pour fonction de soutenir et revêtir la paroi du puits. Il est désigné par le terme anglo-saxon de
casing ou cuvelage en français.
R2
Formations
rocheuses
R1
Le ciment est ensuite utilisé pendant ces opérations de forage pour remplir l’espace annulaire,
qui est de l’ordre de quelques centimètres, entre le casing et la formation rocheuse
environnante. L’annulaire en ciment ainsi réalisé doit être continu et imperméable afin,
d’une part, de protéger le casing d’une corrosion induite par les fluides de gisement et, d’autre
part, de rétablir les étanchéités entre les différents niveaux de forage afin d’empêcher toute
19/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI
circulation des fluides entre les différentes formations géologiques traversées. Enfin,
l'annulaire cimenté a pour rôle d’assurer la tenue mécanique du casing.
Le coulis de ciment qui se présente (au moment de son injection) sous forme d’un mélange
d’eau et de ciment anhydre, se transforme en une pâte de ciment cohésive grâce à des
réactions chimiques exothermiques, appelées réactions d’hydratation (Figure 3). Celles-ci sont
à l’origine d’une augmentation progressive de la résistance mécanique et de variations du
volume de la pâte de ciment (Figure 4).
Figure 3 : Les différentes étapes de la prise du ciment d'après [Tiraputra et al., 2004].
20/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI
Réactions
chimiques
exothermiques
entre le ciment
anhydre et
l’eau
Ciment hydraté
Eau
Ciment anhydre
Développement
de la résistance Variation
mécanique de volumique de
la pâte de la pâte de
ciment ciment
L'état des contraintes dans le ciment après prise dans l’annulaire dépend :
- d’une part de la formulation du coulis, et des conséquences des réactions d’hydratation sur la
transformation du coulis en matériau solide. De son mode de mise en place, des réactions
d'hydratation du ciment qui mènent à la transformation de ce coulis en un matériau solide.
21/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI
après l’arrêt de la production et l’abandon des puits peut aussi s’accompagner d’un
chargement thermomécanique [Mainguy et al., 2005]. La Figure 5 ci-dessous illustre le cas
d'un puits endommagé.
Figure 5 : Chemins de fuite potentiels dans un puits endommagé : entre les interfaces ciment
/casing (chemins a, b) et ciment/formation (chemins f), à travers le ciment (chemin c) à
travers le casing : corrosion (chemin d), à travers des fractures (chemin e) [Celia et al., 2004].
Afin de réduire les risques de rupture de ciment et de décollement, les opérateurs ajoutent des
additifs expansifs afin de compenser le retrait naturel des ciments pétroliers et de limiter la
formation de micro-annulaires (décollement aux interfaces) et la rupture en traction du
ciment. Cependant, la quantité d'additifs expansifs doit être bien contrôlée afin de limiter le
niveau de compression dans le ciment, d'autant plus que les effets des additifs sur les
contraintes après prise sont mal connus.
La cimentation est, par conséquence, une opération très importante. Elle conditionne
l'étanchéité et l'intégrité mécanique du puits, qui doit être en mesure de résister aux différents
chargements au cours de son existence.
Au cours des dix dernières années, plusieurs auteurs ont développé des méthodes pour étudier
la durabilité et l’intégrité mécanique à long terme de la gaine de ciment [Thiercelin et al.,
1997; Bosma et al., 1999; Di Lullo and Rae, 2000; Boukhelifa et al., 2004]. Or ces méthodes
22/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI
d’estimation de l’état de contraintes et/ou des déformations dans le ciment après prise ne
semblent pas reposer sur des principes physiques et mécaniques bien définis et diffèrent selon
les auteurs : [Thiercelin et al., 1997] et [Boukhelifa et al., 2004] supposent un état de
contrainte initiale nulle après la prise du ciment. [Bosma et al., 1999] supposent que la
contrainte initiale dans le ciment est nulle s'il y a retrait du ciment, qu’elle est égale à la
pression hydrostatique s'il n'y a ni retrait ni expansion du ciment, et égale à la somme de la
pression hydrostatique et d’un terme supplémentaire dû à l'expansion restreinte du ciment s'il
y a expansion du ciment.
Objectif de la thèse
Cette recherche est dédiée à l’étude du comportement Thermo-Chimio-Hydro-Mécanique (T-
C-H-M) du ciment au très jeune âge1 (jusqu’à 1 jour) dans le contexte de la cimentation des
puits pétroliers.
Cette méthodologie devra prendre en compte le mode de mise en place du coulis de ciment,
son changement de phase et son éventuel retrait associé, ainsi que l’évolution de la pression
dans le puits et les éventuels échanges de fluide entre la roche et le ciment. Ainsi, elle
permettra d’adapter au mieux les ciments aux conditions de vie du puits et ainsi d’éviter les
risques de la formation de micro annulaire ou de perte d’intégrité du ciment.
Dans le cadre de la thèse, nous nous focalisons sur l’étude du comportement T-C-H-M du
1
Ce terme très jeune âge est adoptée ici par opposition au "jeune âge" qui peut durer plusieurs jours et qui
correspond et qui correspond à une durée relativement courte par rapport à l’hydratation complète et la vie de
l’ouvrage.
23/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI
ciment pétrolier « classe G » pendant sa prise2 (au très jeune âge) en conditions (HP/HT). Le
mode de mise en place et les éventuels échanges entre la formation rocheuse et le ciment ne
sont pas considérés dans cette étude. Celle-ci portera essentiellement sur la caractérisation de
l’évolution des propriétés hydrauliques et mécaniques ainsi que la modélisation des propriétés
élastiques du ciment « classe G ».
La stratégie adoptée doit prendre en compte le fait qu’il est difficile de réaliser des essais
mécaniques sur le ciment en cours de prise, car on détruit alors le squelette solide de la pâte
de ciment en cours de formation.
Structure du mémoire
Le schéma ci-dessous indique la démarche adoptée dans la thèse (Figure 6) où les pavés en
pointillés ne sont pas réalisés mais sont destinés à comprendre la logique du travail réalisé :
2
La prise de ciment pétrolier s’effectue en condition saturée en eau.
24/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI
Tâches Tâches
théoriques expérimentales
Données sur la cinétique
d’hydratation de la pâte de
ciment
Prédiction
de l’hydratation
Modèle de cinétique Mesure de la cinétique
d’hydratation de la pâte de d’hydratation de la pâte
ciment Étape 1 de ciment
Estimation de l’évolution
des fractions volumiques des
phases de la pâte de ciment
pendant l'hydratation
Caractérisation des
Prédiction propriétés hydriques
des propriétés
Modélisation par mécaniques
homogénéisation : Estimation Caractérisation des
des propriétés mécaniques propriétés mécaniques
de la pâte de ciment Étape 2
en cours de prise
Modélisation
de l’annulaire
cimenté Essais mécaniques sur
modèle physique
Modélisation T-C-H-M du
représentatif de
ciment en cours de prise
Étape 3 l'annulaire cimenté dans
la configuration du puits
Les travaux de thèse présentés dans ce mémoire se déclinent en trois parties : (I) Etude de
l’hydratation du ciment pétrolier au très jeune âge, (II) Caractérisation de ses propriétés
hydrauliques en conditions d’hydratation HP/HT et (III) Comportement mécanique au très
jeune âge : étude expérimentale et modélisation par changement d’échelle. Ces trois parties
sont structurées en chapitres de la manière suivante :
25/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI
Pour décrire l’évolution des caractéristiques du ciment au très jeune âge, la notion de degré
d’hydratation est fondamentale. Des mesures telles que les mesures calorimétriques
permettent de suivre la cinétique d’hydratation du ciment. Ce chapitre est dédié à la
caractérisation de l’état d’avancement de l’hydratation du ciment pétrolier « classe G » au très
jeune âge en conditions d’hydratation HP/HT représentatives de celles existant en fond de
puits.
Partie II. Caractérisation des propriétés hydrauliques au très jeune âge d’un ciment pétrolier
pris à HP/HT :
26/253
Introduction générale Monsef BOURISSAI
d’abord, une brève analyse bibliographique est présentée, ensuite la caractérisation de l’effet
des conditions d’hydratation sur l’évolution de la perméabilité est étudié.
Partie III. Comportement mécanique d’un ciment pétrolier au très jeune âge : étude
expérimentale et modélisation par changement d’échelle :
Dans ce chapitre, une étude bibliographique a été menée sur les différents types d’essais
permettant de caractériser l’évolution des propriétés mécaniques de la pâte de ciment au très
jeune âge.
Chapitre III-2 Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge.
Chapitre III-3 Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT.
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques par changement d’échelle.
− Ce chapitre est consacré à la mise au point d’un modèle permettant d’estimer l’évolution
des propriétés élastiques de la pâte de ciment pétrolier «classe G » au cours de
l’hydratation. Les résultats du modèle développé sont confrontés aux résultats
expérimentaux obtenus en dynamique et en quasi-statique.
27/253
Partie I Monsef BOURISSAI
PARTIE I :
ETUDE DE LA CINETIQUE
TRE
D’HYDRATATION AU TR ES JEUNE
AGE
Cette partie a pour objectif d’étudier la cinétique d’hydratation du ciment Portland « classe
G » dans des conditions HP/HT représentatives des conditions de fond de puits de pétrole ou
de gaz. Pour ce faire, nous avons scindé cette partie en trois chapitres; le premier est un
chapitre bibliographique sur les différents aspects de l’hydratation de ciment portland, le
second concerne la caractérisation des conditions HP/HT, de la cinétique d’hydratation du
ciment étudié « classe G » par calorimétrie et enfin le troisième chapitre présente le modèle
employé pour reproduire cette cinétique d’hydratation. L’estimation de l’évolution des
fractions volumiques des différents constituants de la pâte de ciment pendant l’hydratation est
également présentée dans ce troisième chapitre.
28/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
Chapitre I-1
ANALYSE BILIOGRAPHIQUE
Les ciments sont des matériaux polyphasiques, poreux, et
évolutifs dans le temps. L’analyse de la microstructure des
ciments est nécessaire pour connaître précisément ces matériaux
et leur comportement. Ce chapitre bibliographique présente les
spécificités du ciment portland. Tout d’abord, le matériau est
décrit à l’état anhydre. Puis les processus d’hydratation du
ciment, et les différents aspects de la microstructure, sont
détaillés. Ensuite, quelques approches de modélisation
d’hydratation des ciments sont analysées. Et enfin, nous
présentons quelques modèles permettant l’estimation de
l’évolution des différentes phases de la pâte de ciment en cours
de son hydratation.
I-1.1. Introduction
Bien que datant de l’antiquité, les ciments usuels, appelés aussi liants hydrauliques, ne cessent
d’être améliorés et appartiennent de plus en plus à la gamme des produits de haute
technologie. Le ciment est aujourd’hui un produit industriel décliné sous des formes variées
(ciment Portland, ciment alumineux,…) pour des multiples utilisations (bâtiment,
infrastructures, isolation, ouvrages d’art, étanchéité des puits pétroliers, …).
Les liants hydrauliques ont la propriété de s’hydrater en présence d’eau et cette hydratation
transforme la pâte qui a une consistance de départ plus ou moins fluide, en un solide
pratiquement insoluble.
Le composant principal du ciment Portland est le clinker. Il est obtenu à partir d’un mélange
29/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
Les composés formant le ciment anhydre sont répertoriés dans le Tableau I.1 où figurent leur
composition chimique, leur proportion massique obtenue par analyse chimique et également
leur notation abrégée dans la nomenclature des cimentiers, nomenclature qui sera utilisée dans
la suite.
Une micrographie de clinker d’un ciment Portland avec les différentes phases qui le
composent est présentée à la Figure I.1.
30/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
Éléments de base
A Al2O3 alumine 2-9
C CaO oxyde de calcium 62-67
F Fe2O3 oxyde ferrique 1-5
H H2O eau
K K2O oxyde de potassium 0,6
S SiO2 silice 19-25
S SO3 trioxyde de soufre
(anhydride sulfurique) 1-3
M MgO oxyde de Magnésium 0-3
N Na2O oxyde de sodium 0,2
Composants principaux du clinker
(3CaO, SiO2) silicate tricalcique
C3S(alite) 50-70
(2CaO, SiO2) silicate bicalcique
C2S (bélite) 10-30
(3CaO, Al2O3) aluminate tricalcique
C3A(célite) 2-15
(4CaO, Al2O3, alumino - ferrite
C4AF(ferrite) 5-15
Fe2O3) tétracalcique
Gypse
gypse (sulfate de
C S H2 (CaSO4, 2 H2O) 2-5
calcium)
31/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
Ces équations reposent sur certaines hypothèses simplificatrices : les différents constituants
du clinker sont pures et stables chimiquement.
L’hydratation d’un ciment Portland peut se résumer, dans une approche simplifiée, à
l’hydratation des quatre phases majoritaires du clinker : C3S, C2S, C3A et C4AF.
− la portlandite : CH,
32/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
‘0’ 1 2 3 4
Grain anhydre
Hydrate
Figure I.2 : Schéma récapitulatif de l’hydratation de deux grains de ciment (Schéma adapté de
[Rixom and Mailvaganam, 1999].
Phase ‘0’ : Cette phase dure une quinzaine de minutes et consiste en la dissolution des
composés les plus solubles ( NaSO4 , KSO4 , CaSO4 xH 2O ). Parallèlement, l’hydrolyse des
silicates les plus réactifs par dissolution produit des ions Ca 2+ et OH − [Jolicoeur and Simard,
1998]. Il en résulte une forte augmentation du pH et de la proportion des silicates et des
aluminates en solution. Ces phases sont, en effet, très solubles dans les solutions très
alcalines. La dissolution de ces produits s’accompagne de la formation d’une couche mince de
produits intermédiaires amorphes.
33/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
Phase 4 : Le renforcement des propriétés mécaniques appelé cure du matériau dure plusieurs
jours [Jolicoeur and Simard, 1998].
‘0’ 1 2 3 4
Mouillage et Formation d'ettringite S'il n' y a plus de C S H2, Hydratation
Flux thermique
Période dormante
Début de prise
34/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
des amas d’anhydres en cours d’hydratation puis enfin à un comportement de solide cohésif
de la pâte de ciment par « percolation mécanique » des phases solides : cette période est
nommée la prise initiale. Cette percolation mécanique est apportée par les hydrates,
principalement par les C-S-H mais aussi, localement, par la portlandite qui peut jouer le rôle
de ponts d’hydrates (Figure I.4). Ces C-S-HBD dits de basse densité (appelés aussi externes)
naissent à la surface des grains anhydres, formant ainsi une matrice continue qui relie les
grains anhydres. En raison de leur densité plus faible (~2 g/cm3 à comparer avec 3,15 g/cm3
pour les grains anhydres), ils occupent un volume plus grand que les grains anhydres. La
porosité capillaire initialement remplie d’eau, diminue progressivement au cours de
l’hydratation. Les C-S-HBD présentent une porosité élevée, environ 0,37 pour un ciment
ordinaire hydraté à température ambiante [Jennings, 2000].
Figure I.4 : Vue au Microscope électronique à balayage d’une pâte de ciment : Portlandite (X)
entre des C -S-H (#). La porosité capillaire est repérée par (O) (d’après Regourd et Hornain,
1975 cité par [Guillon, 2004]).
35/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
l’ettringite avec l’excès d’aluminate est très exothermique et rapide, d’où la présence de ce
pic.
Figure I.5 : Microstructure de la pâte de ciment durcie (vue d’une section polie)
[Ghabezloo, 2008].
Eau libre
Couches d'hydrates
Ciment anhydre
Figure I.6 : Diffusion de l’eau à travers les couches d’hydrates pendant les phases 3 et 4 [Ulm
and Coussy, 1995].
36/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
Les quatre phases majoritaires du ciment Portland peuvent être divisées en deux familles : les
silicates (C3S et C2S) et les aluminates (C3A et C4AF). Dans une même famille, l’hydratation
des constituants conduit à des produits identiques. Seules les cinétiques des réactions
diffèrent. Ce sont ces différentes cinétiques qui sont à l’origine de l’évolution des propriétés
mécaniques d’une pâte de ciment à l’échelle macroscopique.
L'hydratation de C2S, quant à elle, est beaucoup plus lente que celle du C3S. La bélite (C2S)
participe aux résistances au-delà d’une semaine après le contact avec l’eau.
La portlandite est un " composé défini "d’un point de vue chimique. Elle est précipitée à
partir de la solution et représente 5 à 15% en masse du ciment hydraté. Elle participe à la
résistance au très jeune âge (dans les heures qui suivent le contact avec l’eau).
A l’inverse de la portlandite, le C-S-H n’est pas un " composé défini ": il est non
stœchiométrique, mal cristallisé. Sa structure est intermédiaire entre celle des cristaux et des
composés amorphes. Plus de trente phases cristallines de cet hydrate sont connues. Elles sont
toutes nommées sous le terme générique de C-S-H. Les tirets dans l’appellation traduisent ce
37/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
caractère non défini. Le C-S-H est le composé majoritaire du ciment hydraté puisqu’il
représente 50 à 70 % de sa masse.
Le rapport H2O/SiO2 (H/S) est quant à lui très dépendant du rapport e/c et de l’état de
saturation du matériau [Siera, 1982]. En condition saturée, la valeur la plus souvent retenue
est H/S = 4. On obtient finalement, au jeune âge, la formulation moyenne C1,7-S-H4
déterminée par Young et Hansen en 1987, et reprise notamment dans [Boumiz, 1995; Waller,
2000; Garboczi and Bentz, 2001; Mounanga, 2003; Guillon, 2004]. Les bilans réactionnels
des silicates s’écrivent alors sous la forme suivante :
D’une manière générale, l’hydratation du C3A est grandement influencée par les conditions et
le milieu d’hydratation. En l’absence de sulfates (contenus dans le gypse ou apportés par le
milieu externe), les réactions chimiques permettant de former trois phases hydratées
intermédiaires, C4AH19, C4AH13, C2AH8, [Taylor, 1997], sous la forme suivante :
38/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
en quantité suffisante. Or, dans la majorité des cas, le C3A est en excès par rapport aux
sulfates. C’est pourquoi, lorsque les sulfates sont consommés et que le C3A n'est pas
complètement hydraté, l'ettringite se transforme en monosulfoaluminate tétracalcique (Afm).
Les différentes réactions de C3A en présence du gypse sont résumées par les équations
bilan [Taylor, 1997] :
C3 A + CH +12H → C4 AH 13 (I-1.10)
L’hydratation de la phase C4AF est semblable à celle de C3A lorsque les conditions
d’hydratation sont identiques. La cinétique d’hydratation du C4AF est en revanche, beaucoup
plus lente que celle du C3A à température ambiante et s’accélère vers 50°C. Les différentes
réactions d’hydratation de la phase C4AF sont résumées dans les équations bilan suivantes :
C4 AF + 3 C SH 2 + 30H → C6 AS 3 H 32 + CH + FH 3 (I-1.11)
39/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
b. Influence de la température
La température est un facteur déterminant affectant la prise et le comportement caractéristique
des matériaux cimentaires. Une augmentation de la température conduit à une accélération des
réactions d’hydratation et une augmentation de l’énergie thermique dégagée3. De nombreuses
études récentes l’ont confirmé : [Escalante-Garcia and Sharp, 1998; Escalante-Garcia, 2003;
Heikal et al., 2005; Chougnet, 2006].
c. Influence de la pression
[Chougnet, 2006] a constaté que la pression (P = 90 bar) a un effet faible sur la cinétique
d’hydratation. En effet, [Chougnet, 2006] a constaté que la pression n'influence pas l'énergie
thermique dégagée. En revanche, la pression, diminue le temps d’induction, ce qui est
conforme aux observations de [Bresson, 1997] et récemment de [Meducin et al., 2008] qui
observent simplement une translation dans le temps des mesures de conductivité quand la
pression augmente. Il est à noter que jusqu'à des pressions de 800 bars, la structure des C-S-H
formés n’est pas modifiée [Bresson, 1997].
3
L’énergie thermique dégagée est obtenue en intégrant le flux thermique par rapport au temps
40/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
significative sur la cinétique des réactions d’hydratation [Bentz et al., 1999; Bentz et al.,
2001]. En général, à quantité d’eau initiale égale, une réduction du diamètre médian de la
distribution granulométrique du ciment aboutit à une accélération de la cinétique
d’hydratation. La surface spécifique du ciment, est donc également un facteur d’influence
important. Plus cette surface est importante, plus le ciment sera réactif.
4
Dans le contexte de notre étude, la mesure classique du retrait endogène n’est pas représentative du retrait
apparent de l’annulaire cimenté (épaisseur de l’ordre de 1 ou 2 centimètres) car le ciment peut être
continuellement alimenté en eau du fait de la saturation des formations environnantes.
41/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
Figure I.8 : Évolution du retrait chimique et du retrait endogène4 pendant l’hydratation d’un
ciment P30 avec un e/c de 0,4 [Justnes et al., 1994].
42/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
Phase 1 et 2 (Figure I.8 et Figure I.9) : Durant cette période, les grains solides sont isolés
dans la phase liquide. L’hydratation débute et le matériau étant liquide, il ne peut pas résister
aux variations de volumes imposées par les réactions d’hydratation. Durant ces deux phases,
le retrait chimique et le retrait endogène sont identiques. Ils résultent du phénomène de
contraction Le Chatelier. Cette période dépend du rapport e/c: elle peut être de courte durée
pour de faibles e/c.
Phase 3 (Figure I.8 et Figure I.9) : Les hydrates se développent autour des grains de ciment
anhydre créant au fur et à mesure une première phase "granulaire" et un réseau capillaire
connecté. Un squelette granulaire apparaît. Cette phase correspond également à la fin de prise
Vicat déterminée à partir de l’essai de pénétration Vicat selon la norme européenne NF EN
196-3 [Bouasker et al., 2007]. La réaction d’hydratation étant continue, elle impose au
matériau une variation volumique, qui est localement gênée par les formations solides. A
partir de ce moment, la vitesse du retrait endogène diminue fortement et la courbe de ce retrait
en fonction du temps tend à se stabiliser.
43/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
contraintes dues aux variations de volume. Ce départ d’eau, combiné à la présence des cavités
gazeuses, se traduit par une dépression capillaire d’où le phénomène d’auto-dessiccation.
Les produits d’hydratation remplissent petit à petit la porosité capillaire, ce qui permet au
matériau de se densifier. Le réseau poreux est alors de moins en moins connecté.
L’accroissement de la phase d’hydrates implique une augmentation du volume de micropores
dans les hydrates (pores de gel). Dans ces micropores, il reste de l’eau emprisonnée. Ainsi, si
les capillaires ne contiennent plus d’eau libre, il n’y a pratiquement plus d’hydratation même
s’il reste du ciment anhydre.
mh ( t )
ξm ( t ) = (I-1.14)
mh∞
ma ( t )
ξm ( t ) = 1 − (I-1.15)
ma0
Expérimentalement, le degré d’hydratation se détermine :
− - Soit à partir de la quantité de ciment ayant ou n’ayant pas réagi à l’instant t. On parle
alors de méthode directe.
44/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
− - Soit à partir du suivi de l’évolution d’une propriété commune aux différentes réactions
d’hydratation (exothermie, accroissement de la quantité d’eau liée,…). Ces méthodes sont
dites indirectes.
La diffractométrie aux rayons X (DRX) : elle permet de quantifier les phases cristallisées
présentes dans un échantillon. La faible cristallinité des C-S-H ne permet donc pas l'étude
par DRX. Appliquée au suivi de l’hydratation du ciment, la DRX donne accès à la quantité
de ciment non hydraté [Bresciani, 2008; Lothenbach et al., 2008]. La DRX est néanmoins
peu adaptée à la mesure de degré d’hydratation important car les pics des grains anhydres
résiduels deviennent trop faibles pour assurer une précision de mesure suffisante [Sideris,
2000].
− La calorimétrie isotherme : utilisée par [Boumiz, 1995; Escalante-Garcia and Sharp, 2000]
et plus récemment par [Chougnet, 2006]. Pendant l’essai, le matériau est maintenu à
température constante et le flux de chaleur dégagée par l’hydratation du ciment est
mesuré. L’intégration de cette quantité dans le temps permet d’obtenir la chaleur
d’hydratation. Un degré d’hydratation global ou " macroscopique " a été défini en
supposant que les différentes
45/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
Q( t )
ξQ ( t ) = (I-1.16)
Q∞
où Q ( t ) est la chaleur d’hydratation à l’instant (t) et Q∞ est la quantité de chaleur
Modèles microscopiques
Ces modèles se basent sur la description à l'échelle des particules des cinétiques et des
processus de formation de la microstructure au cours de l'hydratation, plus connus sous le
nom de " modèles de cinétiques de particules intégrées " (traduction de "integrated particle
kinetics model"). L'idée principale de ce type de modèles est de représenter les constituants de
base du ciment par des formes géométriques simples (sphères, carrés...) et de les décomposer
en unités élémentaires qui interagissent entre elles. [Jennings and Johnson, 1986] étaient
parmi les premiers à utiliser une telle approche en décrivant les grains sphériques par leurs
centre et rayon, ce qui correspond au cœur anhydre et aux couches hydratées.
46/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
[Navi and Pignat, 1996] se sont basés sur cette même méthode, mais en prenant en compte les
effets des contacts inter-granulaires sur le taux d'hydratation. La simulation de l'hydratation
des grains de ciments reposait sur l’hypothèse d’une forme sphérique de ceux-ci. En
considérant un développement radial des grains hydratés, les auteurs ont pu générer une
microstructure tridimensionnelle du matériau. Leur calcul ne prend cependant en compte que
l'hydratation du C3S et la formation des C-S-H et du CH. D'un autre côté, ce modèle néglige la
migration des réactifs et des produits, sauf pour le cas du CH.
Dans la continuité de ces modèles, nous trouvons aussi le modèle HYMOSTRUC développé
par [Van Breugel, 1991]. Ce dernier se base aussi sur une description sphérique des grains de
ciment, mais incorpore leur étendue granulaire. C'est un modèle capable de prédire
l'hydratation du matériau sous différentes conditions externes (adiabatique, isotherme...) et
de prendre en compte l'effet des contacts inter-granulaires sur la microstructure formée.
Le modèle du NIST développé par [Bentz and Garboczi, 1991] reprend ces mêmes principes,
mais en remplaçant les formes simples par les géométries réelles des constituants en se
basant sur la numérisation d'images de la microstructure obtenues au MEB. Le processus
d'hydratation est modélisé selon trois étapes consécutives : 1) dissolution 2) croissance 3)
diffusion. Chacune de ces étapes a été simulée en utilisant des règles d’interaction entre
automates cellulaires et en suivant les lois des réactions chimiques. Les cellules élémentaires
utilisées sont de la taille d'un voxel ce qui correspond dans la microstructure réelle à un
volume de 1 µ m3 . Le degré d'hydratation est quant à lui défini d'une manière directe comme
étant la fraction du ciment hydraté.
Ces modèles restent cependant limités par la taille des voxels qui définissent le volume de la
microstructure. Ainsi, dans le modèle du NIST, le voxel correspond pour l'échelle réelle à
1 µ m3 , ce qui sous-estime les pores de diamètres inférieurs.
Nous remarquons aussi que la plupart de ces modèles n'arrivent pas à prendre en compte
l'état et la position de l'eau dans l'espace poreux pendant l'hydratation. D'autre part,
l'utilisation de ces modèles nécessite un temps et une puissance de calcul considérables pour
simuler le développement de la microstructure et les propriétés physiques associées. Sans
oublier le fait que les résultats fournis ne sont exploitables qu'à un niveau microscopique
alors que dans notre cas d’étude, il nécessite la prise en compte de plusieurs échelles
d'observations allant de celle des réactions chimiques jusqu'à l'échelle de la structure. Pour
47/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
toutes ces considérations, la description des processus d'hydratation se fera plutôt avec des
modèles macroscopiques à la manière des modèles présentés dans le paragraphe suivant.
Modèles Macroscopiques
Les modèles macroscopiques sont basés sur l’utilisation de l'affinité chimique pour décrire
l'évolution de la cinétique d'hydratation. Au jeune âge, l’affinité chimique désigne, la
différence entre le potentiel chimique de l'eau disponible à l’hydratation et celui de l’anhydre.
Elle correspond aussi à la force motrice du processus de micro-diffusion [Atkins, 1994]. Cette
description a l'avantage de traiter le processus dans sa globalité. Ainsi, la cinétique
d’hydratation de chacun des composants majeurs du ciment anhydre ( C3 S , C2 S , C3 A et
C4 AF ) peut être décrite par une loi cinétique qui relie la vitesse de réaction d ξ x /dt à
d ξ x Aɶ (ξ x )
= (I-1.17)
dt τx
et C4 AF .
pondérée (§.I-3.2) des degrés relatifs de chacun de ses constituants [Tennis and Jennings,
2000].
- La phase d’induction (ou période dormante) caractérisée par sa durée t x0 et pendant laquelle
48/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
Dans ce cas, l’affinité chimique est donnée par le modèle d'[Avrami, 1939]. Dans ce modèle,
le degré d'hydratation du composant en fonction du temps est donné [Brown et al., 1984] par
la relation suivante :
− ln (1 − ξ x ( t ) ) = k x ⋅ t κ x (I-1.18)
Cette approche est celle adoptée dans le cadre de cette étude. Une description et exploitation
plus détaillées de cette modélisation font l’objet du §I-3.1.
des gaz parfaits, Eax J ⋅ mol −1 est l’énergie d’activation de la réaction, T [ K ] est la
Il est à noter que la loi d'Arrhenius n’est valable en toute rigueur que pour une seule réaction
chimique. Néanmoins, elle est utilisée dans le cas de l’hydratation du ciment où plusieurs
réactions chimiques se déroulent simultanément. De plus, différents processus
physicochimiques contrôlent à tour de rôle la cinétique d’hydratation. Ainsi l’application de la
loi d’Arrhenius demeure une approximation. Cette restriction est contournée [Carino and Lew,
49/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
2001], dans le cadre des matériaux cimentaires, en considérant l'énergie d'activation totale ou
apparente de la réaction d'hydratation du matériau pour chacun des quatre composants du
ciment anhydre.
Va = ( 1 − p )( 1 − ξ ) (I-1.20)
Vh = 2,12 ( 1 − p ) ξ (I-1.21)
V p = p − 1,32 ( 1 − p ) ξ (I-1.22)
Où ξ est le degré d’hydratation global et p est la porosité initiale correspondant à l’espace
initialement rempli par l’eau :
ec
p= (I-1.23)
e c + ρe ρ a
Modèle de Jennings-Tennis
Le modèle développé par [Tennis and Jennings, 2000] a pour but de compléter le modèle de
Powers-Brownyard i.e. de déterminer les proportions volumiques de tous les constituants de
la pâte de ciment. Grâce à une représentation des amas d’hydrates par des sphères de 2 nm de
diamètre, Jennings et Tennis tentent d’expliquer les importantes dispersions dans les mesures
de surfaces spécifiques par adsorption d’eau ou d’azote. La porosité des C -S -H BD serait
50/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
perméable à l’azote alors que celle des C -S -H HD demeurerait inaccessible (cf. Figure II.2).
Va = A
(1 − ξ )
(I-1.24)
ρa
(
VCH = A 0,189 ξC3 S PC3 S + 0,058 ξC2 S PC2 S ) (I-1.25)
4
Vp = ( 1 − A) − A ∑ (ξ x Px ∆ x ) (I-1.26)
x=1
VC − S − H solid (
= A 0,347 ξC3 S PC3 S + 0,461 ξC2 S PC2 S ) (I-1.27)
1
avec Vi, le volume de chaque phase i dans 1 g de la pâte de ciment ; A = ; ξ x est le
1+ e c
L’évolution de ξC3S , ξC2 S est gouvernée par la cinétique d’hydratation de chaque composant
ξ x ( t ) = 1 − e−
( a ( t −b ) )
x x
cx
(I-1.30)
L’équation d’Avrami est adaptée surtout pour décrire la phase de croissance du processus de
51/253
Chapitre I-1 – Analyse bibliographique
[Bernard et al., 2003] proposent de calculer les différentes fractions volumiques de la pâte de
ciment à partir de la connaissance de la stœchiométrie des réactions d’hydratation, du rapport
e/c et de la cinétique d’hydratation de chaque composant du ciment anhydre. Dans ce modèle,
la cinétique d’hydratation est adaptée à chaque phase d’hydratation du ciment.
Ce dernier modèle est celui adopté dans le cadre de cette étude. Une description et une
exploitation plus détaillée de ce modèle, permettant de déterminer l’évolution des fractions
volumiques, font l’objet du §I-3.2.
52/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT
Chapitre I-2
CARA
CARACTERISATION DE LA
CINETIQUE DE L'HYDRATATION
D'UN CIMENT PETROLIER EN
CONDITIONS DE PRISE HP/HT
Ce chapitre est consacré à la caractérisation de l’état
d’avancement de l’hydratation du ciment pétrolier « classe G »
au très jeune âge dans des conditions de température et de
pression représentatives de celles existant en fond de puits. Des
mesures avec un calorimètre isotherme spécifique ont été
réalisées. Des mesures avec un autre calorimètre semi-
adiabatique ont été également menées et une comparaison entre
les deux méthodes (en termes de suivi de la chaleur
d’hydratation) a été effectuée.
I-2.1. Introduction
I-2.1.1. Fabrication de la pâte de ciment « classe G » utilisée
Dans le contexte de cette étude, une profondeur de 2000 m et une température de 60°C sont
considérées comme représentatives des conditions de température et de pression en fond de
puits. Nous travaillons avec un ciment pétrolier de " Classe G " (classification selon la norme
API). Ce type de ciment est le plus communément utilisé pour cimenter les puits de pétrole ou
de gaz. Ses propriétés physiques ainsi que sa composition minérale sont données dans le
Tableau I.2. Les pâtes du ciment pétrolier " Classe G " utilisées dans cette étude, ont un
rapport massique e/c de 0,44. Avec ce rapport, la quantité d’eau introduite est supérieure à la
quantité d’eau stœchiométrique nécessaire à l’hydratation totale du ciment anhydre (e/c >
0,38) [Taylor, 1997]. Un adjuvant anti-mousse NF3 a été également ajouté pour la fabrication
du coulis. Ces trois composants sont d’abord mélangés dans un malaxeur pendant 60 s à une
53/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT
vitesse de 4000 tr/min puis à une vitesse de 12000 tr/ min pendant 35s. Afin d’expulser les
bulles d’air entraînées pendant la fabrication du coulis, une agitation mécanique à 250 tr/min
pendant 20 min est réalisée.
Classe G
finesse (cm2.g-1) 3160
Propriétés physiques
Rayon moyen des grains (cm) 9.4 × 10-4
C3 S 56
Composition
C2 S 25,7
minérale
C3 A 2
(% massique)
C4AF 16,3
Tableau I.2 : Propriétés physiques et composition minérale du ciment pétrolier " Classe G "
étudié.
Des analyses DSC ont été réalisées sur la pâte du ciment pétrolier dans les conditions définies
dans le Tableau I.3 afin d'étudier l’effet de la température (T) et de la pression (P) sur la
cinétique d’hydratation.
Le calorimètre (Figure I.10) est constitué d'une double enceinte en aluminium au sein de
laquelle deux cavités cylindriques sont usinées pour recevoir chacune une cellule
expérimentale : la cellule "mesure" reçoit l'échantillon et la cellule "référence" est remplie
avec une masse équivalente en huile de silicone de faible viscosité et inerte thermiquement
pour compenser un éventuel déséquilibre thermique. La régulation thermique est assurée et
contrôlée de façon précise par un double étage de thermo-éléments à effet Peltier. Des
fluxmètres de sensibilité très élevée entourent les cellules expérimentales et assurent une
54/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT
étroite liaison thermique avec le bloc calorimétrique : ils assurent ainsi que la température des
cellules est identique à celle du bloc.
Au cours des expériences réalisées, une masse de plusieurs dizaines de milligrammes de pâte
de ciment est placée après le gâchage (sans l’agitation mécanique à 250 tr/min) dans un petit
tube en pyrex (9 mm de hauteur et 5 mm de diamètre), puis celui-ci est introduit dans la
cellule "mesure" en Hastelloy C276 du calorimètre. Ce type de cellules peut résister à des
pressions pouvant aller jusqu'à 40 MPa. De la même manière, la cellule "référence" a été
remplie avec une masse équivalente en huile de silicone de faible viscosité et inerte
thermiquement, pour compenser un éventuel déséquilibre thermique.
Lorsque les réactions d’hydratation des pâtes de ciment libèrent une quantité de chaleur notée
qe, celle-ci est évacuée vers le bloc calorimétrique. On note dqe/dt le flux thermique échangé
entre l'échantillon et le bloc calorimétrique, et celui échangé entre la référence et le bloc
calorimétrique est noté dqr/dt. Le flux thermique dq/dt, qui est le signal donné par le
calorimètre, est donc défini par :
dq dqe dqr
= − (I-2.1)
dt dt dt
Une expérience de calorimétrie permet donc d'obtenir un thermogramme qui traduit
l'évolution du flux thermique en fonction du temps.
55/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT
La quasi-totalité des dégagements de chaleur par les réactions d'hydratation ont lieu dans les
premières journées d'hydratation. Nous avons donc réalisé des essais d’une durée de 5 jours.
Or, nous n’avons constaté qu’une durée d’observation de 48 h s’avère suffisante pour tous les
échantillons. Le flux thermique enregistré devient effectivement quasi-nul au bout de 48 h
(voire même avant) et cela même pour l’essai de référence réalisé à la température étudiée la
plus basse (23 °C, Patm) (cf. Figure I.11).
a. Effet de la température
On constate, comme attendu, que l’augmentation de la température conduit à une accélération
de la cinétique d’hydratation (cf. Figure I.11).
Quand la température augmente, le pic exothermique observé est plus fin et la valeur
enregistrée du sommet du pic est nettement plus élevée, comme le montre la Figure I.11. La
phase d'accélération comme celle de décélération sont d'autant plus brutales que la
température augmente car l’augmentation de la température active les réactions d'hydratation.
Etant donné que l'eau dans les pores capillaires est consommée plus rapidement, la
décélération se produit également plus rapidement.
Une bonne reproductibilité des mesures (Figure I.11) effectuées soit à (23°C, Patm) ou bien à
56/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT
50
(60°C, P atm)
0
0 20 40 60 80 100 120
Temps (h)
Figure I.11 : Effet de la température sur l’évolution du flux thermique en fonction du temps
d’hydratation.
b. Effet de la pression
La Figure I.12 présente l’effet de la pression sur l’évolution du flux thermique en fonction du
temps d’hydratation de la pâte de ciment. On peut constater que l’effet de la pression sur la
cinétique d’hydratation est nettement moins important que celui produit par l’augmentation de
la température. Lorsque l’hydratation s’effectue sous haute pression (20 MPa), le temps
d’induction, défini comme étant le temps d’hydratation à la fin de la période dormante (1),
diminue conformément aux observations de [Bresson, 1997; Chougnet, 2006]. De ce fait, le
pic exothermique observé est légèrement décalé. L'effet de la pression sur le temps
d'induction reste, en revanche, moins marqué que celui de la température, comme le montre la
Figure I.12.
Observons maintenant l’allure du pic exothermique : l’hydratation sous haute pression affecte
très peu la largeur du pic. La valeur au sommet du pic reste également du même ordre que
celle correspondant aux mesures réalisées sous Patm. La pente dans la phase d'accélération
semble être légèrement plus forte. Cela signifie, que pendant cette phase, la pression
participerait à l’activation des réactions d’hydratation. Ce résultat sera discuté à nouveau au
§II-2.3.1 en liaison avec les mesures de perméabilité. Quant à la pente dans la phase de
décélération sous haute pression, elle est du même ordre que celle obtenue à la pression
atmosphérique.
57/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT
a) 23°C
10
(23°C, P atm)
2 (1) (4)
0
0 8 16 24 32 40 48
Temps (h)
b) 60°C
60
FLux thermique (J.g .h )
60
-1
FLux thermique (J.g .h )
-1
50
-1
40 (2) (3)
50 30
-1
20
10(1) (4)
40 0
0 4
Temps (h)
8 12
30 (60°C, P atm)
Echantillon 4
20 Echantillon 5
(60°C, 20 MPa )
10
Echantillon 6
0
0 8 16 24 32 40 48
Temps (h)
Figure I.12 : Effet de la pression sur l’évolution du flux thermique en fonction du temps
d’hydratation :
a) essais réalisés à (23°C, Patm) et (23°C, 20MPa)
b) essais réalisés à (60°C, Patm) et (60°C, 20MPa)
58/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT
a. Effet de la température
L’évolution de la chaleur d’hydratation dégagée pendant les cinq premiers jours d'hydratation
est accélérée avec la température, comme le montre la Figure I.13. Ce résultat est dû à
l'activation de la cinétique des réactions d'hydratation par la température. Par ailleurs, il est à
noter que les valeurs de la chaleur d’hydratation dégagée au bout de cinq jours sont comprises
entre 160 J.g-1 (essais à 23°C) et 200 J.g-1 (essais à 60°C), ce qui est très inférieur aux valeurs
de la chaleur d’hydratation répertoriées dans la littérature ( Q∞ ≥ 400 J .g −1 ) (cf. Tableau I.8).
L'hydratation ne semble donc pas être terminée après cinq jours, même si le flux thermique
devient trop faible pour être détecté par l’appareil HP-micro DSC compte tenu de la faible
quantité de pâte de ciment utilisée (quelques dizaines de mg).
200
160
Echantillon 1
80 Echantillon 2
(60°C, P atm)
40 Echantillon 4
Echantillon 5
0
0 20 40 60 80 100 120
Temps (h)
Figure I.13 : Effet de la température sur l’évolution de la chaleur d’hydratation en fonction du
temps d’hydratation
b. Effet de la pression
La Figure I.14 présente l’effet de la pression sur l’évolution de la chaleur d’hydratation de la
59/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT
a) 23°C
200
160
Echantillon 1
80 Echantillon 2
40 (23°C, 20 MPa )
Echantillon 3
0
0 20 40 60 80 100 120
Temps (h)
b) 60°C
200
160
(60°C, P atm)
120
Q (J.g )
Echantillon 4
-1
Echantillon 5
80
(60°C, 20 MPa )
Echantillon 6
40
0
0 20 40 60 80 100 120
Temps (h)
Figure I.14 : Effet de la pression sur l’évolution de la chaleur d’hydratation en fonction du
temps d’hydratation :
a) (23°C, Patm) et (23°C, 20MPa)
b) (60°C, Patm) et (60°C, 20MPa)
60/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT
Afin d’avoir une meilleure estimation de la chaleur d’hydratation de la pâte de ciment au très
jeune âge, des mesures complémentaires ont été réalisées avec un calorimètre semi-
adiabatique.
61/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT
Bouchon
Thermocouple
Pâte de ciment
Boite en Enveloppe
fer-blanc
(23°C, P atm)
300
250
200
Q (J.g )
-1
150
100
DSC Semi- adiabatique
50 Echantillon 1 Essai 1
Echantillon 2 essai 2
0
0 8 16 24 32 40 48
Temps (h)
Figure I.16 : Comparaison entre la chaleur d’hydratation mesurée par le calorimètre semi-
adiabatique de Langavant et celle mesure par la DSC à (23°C, Patm).
62/253
Chapitre I-2 – Caractérisation de la cinétique de l’hydratation d’un ciment pétrolier en
conditions de prise HP/HT
I-2.2. Conclusion
Cette étude expérimentale a révélé que le paramètre influençant notablement la cinétique
d’hydratation du ciment pétrolier étudié dans la gamme [20°C, 60°C] et [Patm, 20 MPa], est la
température. De ce fait, seul ce paramètre sera pris en compte pour modéliser la cinétique
d’hydratation dans le Chapitre I-3. L’effet de la pression sera par conséquent négligé.
L’évolution de la chaleur d’hydratation mesurée à partir du calorimètre semi-adiabatique de
Langavant sera par ailleurs utilisée pour déterminer le degré d’hydratation en utilisant
l’équation (I-3.10A). Ce degré d’hydratation sera confronté à celui obtenu par modélisation
dans le Chapitre I-3.
63/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
Chapitre I-3
MODELISATION DE LA
CINETIQUE D'HYDRATATION
D'UN CIMENT PETROLIER
Dans le chapitre précédent, l’effet de la pression ainsi que celui
de la température ont été étudiés par calorimétrie isotherme. Les
résultats de cette approche expérimentale ont montré clairement
l’effet dominant de la température sur la cinétique d’hydratation
de la pâte de ciment pétrolier au très jeune âge dans la gamme
des températures et pressions testées. Ce chapitre I-3 est dédié à
la prédiction de la cinétique d’hydratation du ciment étudié.
L’avancement de l’hydratation sera estimé à partir d’un modèle
utilisant l’affinité chimique (§.I-1.2.3.1.b) en tenant compte de
l’effet accélérateur de la température. Les résultats de ce modèle
seront ensuite confrontés à ceux obtenus expérimentalement par
calorimétrie semi-adiabatique. Enfin, les résultats de ce modèle
seront utilisés pour estimer l’évolution des fractions volumiques
des différents constituants de la pâte de ciment pendant
l’hydratation. Ces fractions volumiques serviront par la suite
comme données d’entrées pour estimer l’évolution des
propriétés élastiques par homogénéisation au chapitre III-4.
pondérée des degrés d’hydratation ξ x ( t ) relatifs à chacun des constituants anhydres x selon
l’équation (Eq. (I-3.1)) :
64/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
∑ m0x ξ x ( t )
ξ(t )= x
= ∑ f xm ξ x ( t ) (I-3.1)
ma0 x
où mx0 est la masse initiale de chaque constituant anhydre x = (C3S, C2S, C3A et C4AF),
ma0 = ∑ mx0 est la masse totale initiale d’anhydres et f xm la fraction massique initiale de
x
Les lois cinétiques basées sur l’affinité chimique ont été utilisées pour décrire l’hydratation de
chacun des constituants x. Ces lois sont en effet adaptées à la prédiction de l’hydratation du
ciment au cours des différentes phases identifiées à la Figure I.12 .
dξ x Aɶ ( ξ x )
= (I-3.2)
dt τ x (T , φ , e / c )
φ0 Eax 1 1
τ x (T , φ , e/c ) = τ x (T0 ,φ0 ,e/c ) exp − (I-3.3)
φ R T T0
où τ x (T0 , φ0 , e/c ) est le temps caractéristique de la réaction pour un rapport e/c donné pour
Tableau I.2). Eax est l’énergie d’activation pour chaque constituant x du ciment anhydre et R
est la constante universelle des gaz parfaits.
φ0
Le rapport exprime le fait que plus le ciment est fin, par rapport à la configuration de
φ
référence, plus sa finesse est grande (φ > φ0 ) et plus la réaction d’hydratation est rapide. Dans
le cas de cette étude, la cinétique des réactions d’hydratation sera moins rapide que la
65/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
− ( )
(1) Pendant la phase d’induction t < t x0 et ξ x ( t ) < ξ x0 , la réaction est très lente ce qui
revient à considérer qu’elle n’évolue pas pendant cette phase. Dans ce cas, l’affinité
normalisée est considérée comme constante : Aɶ = 1 [Bernard et al., 2003; Smilauer,
2005]. La durée de cette phase, notée t x0 , est donnée par :
t x0 = ξ x0 ⋅τ x (T , φ ) (I-3.4)
ξ x ( t ) = ξ x0 ⋅ H ( t ) (I-3.5)
où H ( t ) est la fonction de Heaviside.
( )
− (2) Pendant la phase de croissance t x0 < t < t xc et ξ x0 < ξ x ( t ) < ξ xc , l’affinité chimique
1− ξx
Aɶ xc (ξ x ) =
K x−1 −1 (I-3.6)
( − ln (1 − ξ x ) )
Le temps caractéristique associé à la phase de croissance est donné par :
1
τ xc (T0 ,φ0 ) = (I-3.7)
K x .k x
où K x définit l’ordre de la réaction alors que k x représente la constante de vitesse. En
pratique, les valeurs des temps caractéristiques à la température de référence sont directement
données pour chaque constituant anhydre et en fonction du rapport e/c d’après le Tableau I.4
tiré de [Bernard et al., 2003].
66/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
Constituant
C3 S C2 S C3 A C4AF
e/c
0,3 13,5 71,2 57,7 27,0
0,5 11,9 60,9 49,2 21,4
0,7 10,5 58,6 35,9 14,3
Tableau I.4 : Valeurs en heures de τ xc (T0 ) à la température de référence de 20 °C
( )
par le processus de diffusion t > t xd and ξ x ( t ) > ξ xd , l’affinité normalisée Aɶ xd donnée par
(1 − ξ x )
2/ 3
Aɶ xd (ξ x ) = (I-3.8)
(1 − ξ xd ) − (1 − ξ x )1 / 3
1/ 3
Par ailleurs, le temps caractéristique τ xd (T ,φ ) pour cette période d’hydratation est exprimé en
fonction du coefficient de diffusion, D, de l’eau à travers les couches d’hydrates déjà formés
et du rayon moyen initial r des grains de ciment pétrolier à l’état anhydre comme suit :
r2
τ xd (T , φ ) = (I-3.9)
3D
Remarque 1 :
Q( t )
ξQ ( t ) = (I-3.10A)
Q∞
67/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
avec Q∞ = ∑ f xm q x∞
x
∑ f xm q x∞ ξ x ( t )
ξQ ( t ) = x
(I-3.10B)
∑ f xm qx∞
x
Les fractions massiques initiales des constituants principaux du ciment pétrolier « classe G »
sont indiquées dans le Tableau I.5. La fraction massique de gypse n’est pas prise en compte
car elle représente une quantité considérée comme négligeable (inférieure à celle du C3 A ).
x : constituant C3 S C2 S C3 A C4 AF
f xm
: fraction massique de
56 25,7 2 16,3
chaque constituant [%]
Tableau I.5 : Fractions massiques initiales des constituants du ciment étudié.
Les valeurs des paramètres intervenant dans l’équation (Eq (I-3.2)) pour les quatre principaux
constituants du ciment pétrolier sont regroupées dans le Tableau I.6. Ces valeurs sont données
pour un rapport de e/c = 0,44 : elles sont obtenues par interpolation linéaire à partir des
données présentées dans le travail de [Bernard et al., 2003] (cf. Annexe A). Les valeurs du
coefficient de diffusion (D) ont été déduites à partir de l’ajustement du modèle de l’évolution
de la cinétique d’hydratation avec les données expérimentales d’[Escalante-Garcia and Sharp,
1998] pour chaque constituant x à 20°C et 60°C.
68/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
τ d
x 1592,07 1472,67 294,53 9817,78
D cm 2 × h −1 18,5 10-11 20,0 10-11 1 10-9 3,0 10-11
Tableau I.6 : Paramètres de la cinétique des réactions d’hydratation des constituants du ciment
étudié.
La durée de la phase d’induction t x0 est obtenue à partir de l’équation (Eq (I-3.4)). La durée de
cette phase pour chaque constituant du ciment étudié à 23°C et à 60°C est indiquée dans le
Tableau I.7.
Constituant C3 S C2 S C3 A C4 AF
t x0− 23°C[h] 0,24 0,00 1,94 0,91
t x0−60°C [ h ] 0,05 0,00 0,25 0,19
I-3.1.3. Résultats
« classe G » est finalement représentée à la Figure I.17. Ces degrés d’hydratation ( ξ x ) sont
ensuite exploités afin de déterminer l’évolution dans le temps du degré d’hydratation global5
5
Obtenu à partir de la relation (Eq. (I-3.1)).
69/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
1,0
23°C 1,0
60°C
C3S C3A
0,8 C2S C4AF 0,8
0,6 0,6
ξ (−)
ξ (−)
x
x
0,4 0,4 C3S C3A
C2S C4AF
0,2 0,2
0,0 0,0
0 8 16 24 32 40 48 0 8 16 24 32 40 48
Temps [ h ] Temps [ h ]
Figure I.17 : Évolution des degrés d’hydratation partiels des constituants du ciment « classe
G » en fonction du temps d’hydratation à 23°C et à 60°C.
1,0
0,8
0,6
ξ (−)
0,4
m
ξ à partir de f x _ 60°C
0,2
m
ξ à partir de f x _23°C
0,0
0 8 16 24 32 40 48
Temps [ h ]
Figure I.18 : Comparaison entre l’évolution dans le temps du degré d’hydratation global
obtenu par le modèle à 23°C et à 60°C.
Par ailleurs, la superposition de l’évolution du flux thermique mesurée par DSC à (60°C, Patm)
(permettant d’identifier les différentes phases du processus d’hydratation) avec l’évolution du
degré d’hydratation issue du modèle de cinétique d’hydratation montre que ce dernier prend
bien en compte l’effet de la température sur la cinétique d’hydratation (Figure I.19). En effet
les changements de pentes donnés par le modèle à 60°C pendant l’hydratation marquant le
passage d’une phase d’hydratation à une autre sont en bonne concordance avec les
changements de phases d’hydratation identifiés à partir de la mesure du flux thermique à
70/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
(60°C, Patm).
1,0 50
-1
0,6 30
ξ (−)
m
ξ à partir de f x _ 60°C
0,4 20
Flux thermique_ 60°C
0,2 10
0,0 0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps [ h ]
partir des mesures de chaleur d’hydratation Q ( t ) réalisées à (23°C, Patm) par calorimétrie
semi-adiabatique7 (Eq. (I-3.10A)) .Différentes valeurs de qx∞ ont été trouvées dans la
littérature (Tableau I.8). Par conséquent, les valeurs des chaleurs d’hydratations
Q ( t ) calculées à partir de qx∞ , seront différentes en fonction des qx∞ prises en compte.
6
Obtenu à partir de la chaleur d’hydratation Q ( t ) avec la connaissance des chaleurs d’hydratation de chaque
constituant en fin de réaction qx∞ (cf. Eq (I-3.10B)).
7
Ce calorimètre ne permet pas d’étudier l’effet de la température et la pression sur l’évolution de la chaleur
d’hydratation.
71/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
La Figure I.20 montre un bon accord entre le degré d’hydratation global obtenu à partir des
mesures de calorimétrie semi-adiabatique et les résultats du modèle de cinétique d’hydratation
obtenus soit à partir de l’équation (Eq. (I-3.1)) soit à partir de la relation (Eq. (I-3.10B)).
23°C
1,0 Expérience :
Essai 1 Essai 2 ∞
∞
ξQ à partir qx Taylor ξQ à partir qx Taylor
0,8
∞
ξQ à partir qx Chougnet ∞
ξQ à partir qx Chougnet
0,6
ξ ou ξQ (−)
Modèle :
0,4 m
ξ à partir fx
∞
ξQ à partir qx Taylor
0,2 ∞
ξQ à partir qx Chougnet
0,0
0 8 16 24 32 40 48
Temps [ h ]
modèle de cinétique d’hydratation (respectivement Eq. (I-3.1) et Eq. (I-3.10B)) avec ξQ (Eq.
(I-3.10A)) obtenu à partir des mesures semi-adiabatiques à 23°C, Patm.
Par la suite, l’expression (Eq. (I-3.1)) faisant intervenir simplement les fractions massiques
des constituants du ciment anhydre sera utilisée pour décrire l’évolution du degré
d’hydratation global ξ ( t ) .
72/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
Vc ( t ) = Va ( t ) + Ve ( t ) + Vh ( t ) + V p ( t ) (I-3.11)
On peut ainsi définir, à chaque instant t , les fractions volumiques de chaque constituant de la
pâte :
Va ( t ) V (t ) V (t ) Vp ( t )
fa ( t ) = ; fe ( t ) = e ; fh ( t ) = h ; fp (t ) = (I-3.12)
Vc ( t ) Vc ( t ) Vc ( t ) Vc ( t )
fa ( t ) + f w ( t ) + fh ( t ) + f p ( t ) = 1 (I-3.13)
L’évolution des fractions volumiques des différentes phases de la pâte du ciment, peut donc
être estimée à partir des réactions d’hydratation des quatre constituants
principaux ( C3 S , C2 S , C3 A et C4 AF ) référencées dans les travaux de [Tennis and Jennings,
2000] ou [Constantinides and Ulm, 2004] :
C3 A + CH +12H → C4 AH 13 (I-3.19)
On remarque que l’hydratation du C3 A s’effectue selon trois processus d’hydratation
différents. Ce point sera discuté au §I-3.2.2.1.
73/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
Vx ( t ) = ( 1 − ξ x ( t ) ) Vx0 (I-3.21)
où Vx0 avec x = C3 S , C2 S , C3 A, C4 AF correspondent aux volumes initiaux des constituants
de la phase anhydre déterminés à partir du volume initial Va0 de ciment et des fractions
VC03S ( t ) = f C03S .Va0 ; VC02 S ( t ) = fC02S .Va0 ; VC03 A ( t ) = fC03 A .Va0 ; VC04 AF ( t ) = f C03 A .Va0 (I-3.22)
de sorte que :
Ainsi l'évolution dans le temps du volume d’anhydre restant est donnée par l’équation de
conservation de la masse durant la réaction de l’hydratation ; les degrés d'hydratation ξ x étant
calculés à partir du modèle de cinétique d’hydratation (cf. §I-3.1) :
ρx
Va ( t ) = Va0 ∑ ( 1 − ξ x ( t ) ) f x0 (I-3.24)
x ρa
ρ a = ∑ f x0 ρ x (I-3.25)
x
x
V e ( t ) = ∑V e ( t ) (I-3.26)
x
Par ailleurs, les réactions chimiques d'hydratation s'écrivent de manière générale :
74/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
α x H + βx x + ⋅ ⋅ ⋅
→γ x y + ⋅ ⋅ ⋅ (I-3.27)
αx
θex = (I-3.28)
βx
où α x et βx sont obtenus à partir des réactions bilan I-3.14, I-3.15 et I-3.16. Le cas de
x
Ainsi, il est possible de déterminer la masse d'eau me nécessaire à l'hydratation d'une masse
d'anhydre m x :
me ( t ) M x = θ x
x
(I-3.29)
mx ( t ) M e
e
me ( t ) = ρeV e ( t )
x x
(I-3.30)
m x ( t ) = m 0x ⋅ ξ x ( t ) = ρ x f 0a V 0a ξ x ( t ) (I-3.31)
On peut alors déduire le volume d’eau consommée V ex dans chaque réaction élémentaire
impliquant un des constituants x du clinker :
x 0 ρx M e
V e ( t ) = θe f x ρ M ξ x ( t )
x
(I-3.32)
e x
ρ M
Ve ( t ) = Ve0 − V e ( t ) = Ve0 − Va0 ∑ θ ex f x0 x e ξ x ( t ) (I-3.33)
x ρe M x
75/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
mh ( t ) = ∑ ∑ myx ( t ) = ∑ ρ y
y x y
( ∑V ( t ) )
x
y
x
(I-3.34)
γ x myx ( t ) M x
θ yx = = (I-3.35)
β x mx ( t ) M y
où mx est la masse d'anhydre, donnée par la relation (I-3.29), ayant été hydraté par cette
réaction partielle. A la fin de la réaction d’hydratation de chaque constituant anhydre on a :
où mx0 est la masse initiale du constituant, ce qui suppose que l’eau sera suffisamment
disponible pour permettre une hydratation complète. Ainsi, à partir de la relation (I-3.34) on
peut déduire que :
M y ρx 0 0
Vyx ( ∞ ) = θ yx f V (I-3.37)
M x ρy x a
et donc de poser :
M y ρx 0
Vyx ( t ) = θ yx f x ξ x ( t ) Va0 (I-3.38)
M x ρy
ce qui donne, à partir de la relation (I-3.33), le volume des hydrates :
M y ρx
Vh ( t ) = Va0 ∑ ∑ θ yx f x0 ξ x ( t ) (I-3.39)
y x M x ρh ( t )
ρ h ( t ) = ∑ fˆy ( t ) ρ y (I-3.40)
y
76/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
et fˆy est la fraction volumique de chaque constituant hydraté par rapport au volume des
hydrates :
∑ Vyx ( t ) (I-3.41)
fˆy ( t ) = x
Vh ( t )
V p ( t ) = Vc ( t ) − Va ( t ) − Ve ( t ) − Vh ( t ) (I-3.42)
Pour cela, il faut connaître le volume apparent Vc ( t ) de la pâte à chaque instant. Lors de la
réaction d’hydratation, ce volume apparent évolue en mettant en évidence l’existence d’un
retrait au jeune âge (retrait chimique, retrait d’auto-dessiccation éventuellement). Cependant,
on considère dans le cadre de cette étude que le volume de la pâte reste quasi inchangé durant
l'hydratation (effet du retrait négligé) :
V p ( t ) = Vc0 − Va ( t ) − Ve ( t ) − Vh ( t ) (I-3.44)
Les évolutions des fractions volumiques peuvent alors être calculées à partir de (I-3.12) en y
substituant (I-3.24), (I-3.33), (I-3.39) et (I-3.44) ce qui donne :
ρx
f a ( t ) = f a0 ∑ ( 1 - ξ x ( t ) ) f x0 (I-3.45)
x ρa
ρ M
f e ( t ) = f e0 − f a0 ∑ θ ex f x0 x e ξ x ( t ) (I-3.46)
x ρe M x
0
0 M y ρx 0
f h ( t ) = f a0 ∑ ∑ θ yx f x ξx ( t ) (I-3.47)
y x M ρ
x h
f p ( t ) = 1 − fa ( t ) − fe ( t ) − fh ( t ) (I-3.48)
Les valeurs de densités ( ρ ) et de masses molaires ( M ) utilisées dans cette étude sont
regroupées dans le Tableau I.9 ([Tennis and Jennings, 2000] et [Bernard et al., 2003]) :
77/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
Il reste maintenant à exprimer les fractions initiales d'anhydre et d'eau à partir du rapport
massique e/c. On a :
ρ eVe0 ρ e ( 1 − f a0 )
ρe f e0
e/c = 0 = 0 = 0 (I-3.49)
Va ∑ f x0 ρ x f a ∑ f x0 x ρ x f a ∑ f x0 ρ x
x x x
ce qui donne :
ρe
f a0 = ; f e0 = 1 − f a0
ρe + E / C ∑ f x0 ρx (I-3.50)
x
I-3.2.2. Discussion
8
La densité saturée utilisée ici dans le calcul de la fraction volumique du C-S-H, inclut l’eau qui se trouve dans
la porosité du gel C-S-H. La valeur de densité utilisée correspond à la moyenne des densités de C-S-H BD et C-S-
H HD.
78/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
produits extérieurs de basse densité, est formé lors des phases de nucléation et de croissance
( ξ x ≤ ξ xd ) avec x = C3 S , C2 S , et que le second type ( C -S -H HD ) , correspondant aux produits
intérieurs de haute densité, est formé, quant à lui, lors de la phase de diffusion contrôlée par
réaction d'hydratation (Bernard et al, 2003). La Figure I.21 présente l’évolution relative de ces
deux types de C-S-H en fonction du degré d’hydratation global ξ estimé à partir de l’équation
(I-3.1). On constate que pour une hydratation complète (ξ = 1) , le modèle
que le C -S -H HD à température plus élevée (60°C), apparaît un peu plutôt qu’à 23°C.
23°C 60°C
1,0 1,0
C-S-H C-S-H
HD HD
Fractions volumiques [−]
Fractions volumiques [−]
0,8 0,8
0,6 0,6
C-S-H C-S-H
BD BD
0,4 0,4
0,2 0,2
0,0 0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ [−] ξ [−]
I-3.3. Résultats
L’évolution des fractions volumiques des différents constituants de la pâte cimentaire (ciment
anhydre, eau, hydrates et porosité capillaire) à 23 et 60 °C en fonction du degré d’hydratation
9
Fractions volumiques rapportées à la fraction volumiques totale de C-S-H
79/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
anhydre est consommé. Les fractions volumiques d’hydrates C-S-H, CH, AL produits sont
respectivement égales à 59,1 %, 12,8 % et 15.3 %. En revanche, subsiste un surplus d’eau non
consommée (fe = 2,2 %) qui avec la porosité capillaire formée (fp = 10,6%), représente une
porosité capillaire totale de 12,8 % supposée saturée en eau (pas d’auto-dessiccation),
cohabitant avec la phase d’hydrates formés.
80/253
Chapitre I-3– Modélisation de la cinétique d’hydratation d’un ciment pétrolier
a) 23°C
1,0 Porosité capillaire
0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ [−]
b) 60°C
1,0 Porosité capillaire
Fractions volumiques [−]
0,8 AL
Eau
CH
0,6
C-S-H
HD
0,4
C-S-H
BD
0,2
Phase du ciment anhydre
0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ [−]
Figure I.22 : Evolution des fractions volumiques des différents constituants de la pâte de
ciment pétrolier « classe G » en fonction du degré d’hydratation global à : a) 23°C et b) 60°C.
Enfin, la détermination des évolutions des fractions volumiques des différentes phases en
présence dans la pâte de ciment (I-3.45)- (I-3.48) au cours du temps permettra de déterminer
l’évolution des propriétés mécaniques homogénéisées de la pâte de ciment pétrolier au cours
de l’hydratation. Nous reviendrons sur ce point, dans la partie III, Chapitre III- 4.
81/253
Conclusion de la partie I Monsef BOURISSAI
Conclusion de la partie I
Les travaux présentés dans cette partie permettent de faire ressortir les éléments importants
suivants :
− Les mesures de calorimétrie (DSC) ont montré que la température est le paramètre qui
influence notablement la cinétique d’hydratation dans la gamme [20°C, 60°C] et [Patm, 20
MPa]. L’effet de la pression sur la cinétique d’hydratation est négligeable comparé à celui
de la température
− L’effet de la température est, par conséquent, le seul paramètre pris en compte pour
modéliser la cinétique d’hydratation dans le Chapitre I-3.
− La superposition du flux thermique mesurée par DSC à (60°C, Patm) avec le degré
d’hydratation global issu du modèle à 60°C a montré la pertinence de ce dernier au sujet
de la prise en compte de l’effet accélérateur de la cinétique d’hydratation avec la
température.
− Un bon accord a été montré entre le degré d’hydratation global mesuré à (23°C, Patm) par
calorimétrie semi-adiabatique et celui obtenu à partir du modèle de cinétique
d’hydratation à 23°C.
− Les degrés d’hydratation partiels issus du modèle de cinétique d’hydratation pour chaque
composant principal de ciment ont été utilisés par la suite pour estimer l’évolution des
fractions volumiques des différents constituants de la pâte de ciment pendant
l’hydratation.
− Ces fractions volumiques serviront par la suite comme données d’entrées pour estimer
l’évolution des propriétés élastiques par homogénéisation dans le Chapitre III-4 de la
partie III.
82/253
Partie II Monsef BOURISSAI
PARTIE II :
CARACTERISATION
CARA CTERISATION DES PROPRIETES
HYDRAULIQUES
HYDRAULI QUES AU TRES JEUNE AGE
D’UN CIMENT PETROLIER PRIS A
HP/
HP/HT
Dans la partie I, nous avons vu que l'hydratation est un processus complexe qui s'opère en
plusieurs phases différentes. La cinétique de celles-ci a été étudiée par analyse calorimétrique
DSC. Les résultats de cette analyse ont montré l’effet négligeable de la pression ( ≤ 20MPa)
sur la cinétique d’hydratation en comparaison avec l’effet accélérateur de la température. Si
l’effet de la pression peut être négligé pour évaluer l’évolution du degré d’hydratation, cela
n’exclut pas l’éventuel effet de la pression sur l’évolution de la microstructure et notamment
les propriétés hydrauliques : porosité et perméabilité. Cette partie sera donc dédiée à l’étude
de ces deux propriétés au très jeune âge. Elle sera scindée en deux chapitres, le premier
concernera la mesure de la porosité tandis que le second sera consacré à la mesure de la
perméabilité. Cette dernière propriété permettra de renseigner sur l’évolution des capacités de
drainage de la pâte de ciment au cours de l’hydratation. Ce résultat est complémentaire de
l’exploitation des essais mécaniques de la partie III.
83/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
Chapitre II-1
MESURE DE LA POROSITE
Les réactions chimiques successives de dissolution/précipitation
au cours de l’hydratation de la pâte de ciment conduisent à la
formation progressive d'hydrates dans l’espace poreux
(initialement saturé en eau), et par conséquent à une diminution
de la porosité de la pâte de ciment. Cette évolution de la porosité
dans la pâte conditionne ainsi un certain nombre de propriétés
(la résistance mécanique, transfert hydraulique ou
perméabilité..). Ce chapitre est consacré à la caractérisation de
l’évolution de la porosité au très jeune âge du ciment pétrolier.
Dans un premier temps une synthèse bibliographique sur la
porosité des pâtes de ciment est présentée, puis l’effet des
conditions d’hydratation sur l’évolution de la porosité et la
distribution des tailles de pores de la pâte au très jeune âge est
étudié.
La porosité totale est définie comme le volume non occupé par les phases solides. Elle est
84/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
égale, pour une pâte de ciment à la somme de la porosité fermée et de la porosité ouverte. La
porosité fermée correspond aux pores ne communiquant pas avec l’extérieur. En revanche, la
porosité ouverte est constituée de pores interconnectés et forme un espace continu dans le
milieu poreux permettant le transport d’un fluide au travers du matériau.
Une des caractéristiques de la porosité dans les matériaux cimentaires est son caractère multi-
échelle. Le Tableau II.1 présente une classification des différents types de pores proposée par
[Mindess and Young, 1981], en précisant leur impact sur les propriétés macroscopiques
mécaniques de la pâte.
Tableau II.1 : Classification des pores dans les matériaux cimentaires [Mindess and Young,
1981].
− Une première porosité, appelée porosité capillaire présente une taille de pores comprise
entre 0,01 et 10µm. Elle correspond aux pores contenant de l’eau libre qui n’a pas été
consommée et/ou de gaz suivant la saturation du milieu. C’est au sein de cette porosité
que la plupart des phénomènes de dissolution/précipitation se produisent pour former des
hydrates. D'après [Powers, 1946] et [Granju and Maso, 1978], le volume des amas
d’hydrates qui se forment est 2,2 fois supérieur à celui de l’anhydre initial. Le volume
total du ciment hydraté étant relativement constant au cours de l'hydratation (retrait
85/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
− La seconde porosité, dite nanométrique ou porosité de gel a une taille de pores comprise
entre 0,1 à 10 nm. Cette porosité est due à la création d’une nano-porosité au sein du gel
d’hydrates, et en particulier dans les C-S-H. On trouve dans la littérature différents
modèles pour décrire la porosité des C-S-H. Le modèle de [Feldman and Sereda, 1968] est
généralement admis pour la décrire. Dans ce modèle, les C-S H se présentent sous la
forme de fibres constituées de lamelles enroulées sur elles mêmes. Chaque lamelle est
constituée de 2 à 4 feuillets simples mal cristallisés (Figure II.1), séparés par des espaces
interfoliaires de 150 à 300 nm environ [Regourd, 1982]. Ces feuillets sont susceptibles de
présenter un mouvement relatif et la pénétration ou le départ de l’eau des espaces
interfoliaires est possible. En revanche, Feldman et Serrada ne quantifient pas la porosité
des C-S-H. Celle-ci a été évaluée à 28% par [Powers, 1960].
86/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
alors que les HD C-S-H prédominent dans les derniers stades d’hydratation et sont
caractérisés par une porosité plus faible égale à 23,7%.
Un autre modèle a été proposé par [Jennings, 2008] qui est en réalité une extension du modèle
précédent. Dans ce modèle qui concerne plus particulièrement la structure des LD C-S-H, les
unités de base sont des globules (Figure II.3) composés de feuillets de C-S-H présentant une
porosité intra-globule. La distribution de l’eau à l’intérieur de ces globules est également
décrite dans ce modèle. La structure colloïdale des LD C-S-H et la structure des globules sont
schématisées sur la Figure II.3. La structure des LD C-S-H contient des petits pores de gel
(PPG = 1 à 3 nm) dans les espaces entre les globules voisins, et des grands pores de gel (GPG
= 3 à 12 nm) entre les assemblages de quelques globules.
LD C-S-H HD C-S-H
87/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
PPG
GPG
− Remarque : on peut parfois observer sur des micrographies de la pâte de ciment, des
grands pores sphériques pouvant atteindre 1 mm de diamètre : il s’agit de bulles d’air
piégées au moment de la fabrication du coulis. Cet artefact peut être évité par l’utilisation
d’un protocole de malaxage approprié.
L’eau intervient à toutes les étapes de la vie d’un matériau cimentaire et elle est présente dans
différents états de liaison au sein de la structure poreuse de la pâte de ciment. La coexistence
de l’eau avec la partie solide est l’objet de nombreuses classifications [Powers and
Brownyard, 1947]; Sierra, 1974 cité par [Regourd, 1982; Taylor, 1990; Van Breugel, 1991;
Guénot Delahaie, 1997; Jennings, 2008]. Schématiquement, on peut faire la distinction entre
l’eau non évaporable et l’eau évaporable.
− L’eau non évaporable (ou eau liée) : elle correspond à l’eau chimiquement liée (ou eau de
constitution), et l’eau adsorbée la plus liée. La première correspond à l’eau qui a été
consommée pendant les réactions d’hydratation du ciment et qui est par conséquent
combinée avec d’autres composants des hydrates (notamment eau hydroxylique) et la
deuxième correspond à l’eau inter-foliaire ou inter-feuillet (fixée entre les feuillets des C-
S-H).
− L’eau évaporable (ou eau libre) : elle est située dans les pores capillaires et l’eau adsorbée
la moins liée se trouvant sur la surface externe des globules des C-S-H (monocouche
d’eau) (e.g. Figure II.3). Elle est susceptible de s'évaporer car n’ayant pas encore réagi
88/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
avec le ciment, elle n’a créé que peu ou pas du tout de liaison physique ou chimique avec
la matrice solide.
Notons qu'en analyse thermique, il est courant de distinguer deux types d’eau autour d'une
température seuil de 100 °C [Baroghel Bouny, 1994]. La perte d’eau en dessous de cette
température correspond à l’évaporation d’eau libre, alors que la perte d’eau au-delà de 100 °C
correspondrait à l’eau adsorbée la plus liée des C-S-H et des autres hydrates (Ettringite, CH).
1
Relaxation RMN du H
SAXS/SANS
MET/MEB
Adsorption
Porosimétrie au mercure
Figure II.4 : Comparaison des différents types de pores observés pour chaque technique de
mesure. Classification des différents types de pores pouvant être présents dans une pâte de
ciment en fonction de leur taille (adaptée à partir de [Porteneuve, 2001]).
89/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
La porosimétrie par intrusion au mercure (PIM) est souvent utilisée comme une technique de
routine. Elle permet une mesure rapide, reproductible d’un appareil à l’autre et donne une
gamme assez large de diamètres d’accès aux pores. Cette méthode nécessite impérativement
un séchage préalable des échantillons afin d’extraire l’eau non liée des pores. Or, ce séchage
peut affecter la microstructure de la pâte de ciment et modifier ainsi la structure de l’espace
poreux. Il existe plusieurs techniques permettant d’éliminer l’eau non liée de la pâte de ciment
[Taylor, 1997; Gallé, 2001; Gallé, 2003; Collier et al., 2008]. Collier et al. 2008 ont comparé
les différentes techniques d’extraction de l’eau non liée. Cette étude porte sur les éventuelles
conséquences de chacune des techniques sur la composition et la microstructure de la pâte de
ciment durcie. Les conclusions de l’étude montrent que les différentes techniques se valent
mais celle qui affecte le moins la microstructure est la technique du remplacement par solvant,
le solvant utilisé étant l’acétone.
Bien que la PIM ne soit pas la méthode la plus appropriée pour mesurer la distribution de
taille des pores [Olson et al., 1997; Diamond, 2000], la porosité connectée estimée par la PIM
reste significative [Diamond, 2000]. Des techniques alternatives existent [Korb et al., 1998;
Bentz et al., 1999; Plassais et al., 2003], mais nécessitent d'être améliorées et leur mise en
oeuvre n'est pas aisée. La PIM demeure actuellement une méthode acceptable dans le cadre
d'études comparatives de l'évolution de la structure des pores des matériaux cimentaires
[Gallé, 2003].
Plusieurs temps d’hydratation ont été retenus. Le plus faible temps d’hydratation étudié est de
4h. Il correspond au temps de fin de prise Vicat mesuré avec l’aiguille Vicat (appareil Vicat
Controlab L0720) sur la pâte de ciment pétrolier qui prend à (60°C, Patm). Quant au plus faible
temps choisi à (23°C, Patm), il est égal à 17h. Il correspond approximativement, en termes de
90/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
degré d’hydratation à celui de 4h à (60°C, Patm). Rappelons que le degré d’hydratation a été
obtenu à partir du modèle d’affinité (cf. chapitre I-I.2.4).
Afin de resituer ces différents temps d’hydratation, retraçons les courbes de l'évolution du
flux thermique au cours des 28 premières heures d’hydratation obtenues par DSC à (60°C,
Patm) et (23°C, Patm). La Figure II.5 montre que 4h (60°C, Patm) correspond exactement au
sommet du pic du flux thermique tandis que 17h (23°C, Patm) se situe légèrement après le
sommet c'est-à-dire au début de la phase de décroissance du flux thermique.
50
4h (ξ = 0,44)
Flux thermique (J.g .h )
-1
40 23°C, P atm
-1
60°C, P atm
30
(2) (3)
20
10 17h (ξ =0,41)
(1) (2) (3)
(1)
0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps (h)
Figure II.5 : Flux thermique mesuré par DSC à [60 °C, Patm (motif plein)] et à [23°C, Patm
(motif vide)]
Les conditions et les différents temps d’hydratation des échantillons pour lesquels la porosité
a été mesurée sont présentés dans le Tableau II.2.
L’hydratation s'effectue en condition saturée en eau dans une cellule qui permet de faire
prendre des échantillons cylindriques à haute pression et température élevée (Pmax ≤ 17 MPa
et Tmax ≤ 140°C). En conséquence, Pmax = 17 MPa sera désormais adoptée pour étudier l’effet
de la pression.
91/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
Conditions d’hydratation
T P × 105 Temps de
Type d'essai Référencement des échantillons
(°C) (Pa) d’hydratation (h)
17, 20, 24,72, [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h, 72,
23 1
120 120h}]
PIM 23 170 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h, 72h}]
60 1 4, 7, 24 [60°C, Patm _ {4h, 7h, 24h}]
60 170 4, 7, 24 [60°C, 17 MPa _ {4h, 7h, 24h}]
Tableau II.2 : Conditions d’hydratation des échantillons testés par la PIM
Les mesures sont effectuées sur des échantillons de pâte de ciment réduit en petits morceaux
fins. Avant chaque mesure, un arrêt d'hydratation est réalisé à chaque temps d’hydratation
(Tableau II.2) sur ces échantillons visant à extraire l’eau non liée de la pâte de ciment en
utilisant la méthode de remplacement des solvants par rinçage à l’acétone puis à l’éther. Pour
ce faire, les petits morceaux sont d’abord trempés dans de l’acétone pendant une quarantaine
de minutes (2 × 20 min) afin d’extraire l’eau non liée. Ensuite les petits morceaux sont
immergés dans de l’éther pour extraire l’acétone de la pâte de ciment. Une dernière étape
avant d’effectuer les mesures par la PIM consiste à placer ces petits morceaux dans une étuve
réglée à 90°C pendant 2 jours afin d’éliminer éventuellement l’eau non liée résiduelle.
La technique de la mesure consiste à mettre les échantillons préalablement séchés dans une
chambre sous vide de porosimétrie automatisée. Le mercure est ensuite injecté en appliquant
une pression que l'on augmente par palier (jusqu’à 400 MPa), et le volume de mercure qui
pénètre dans l'échantillon est mesuré à chaque palier.
La porosité connectée est alors déduite du volume total de mercure pénétré dans les pores,
rapporté au volume apparent de l’échantillon.
92/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
Laplace (Eq. II-1.1) .L'équation II-1.1 suppose qu’à l’équilibre, la pression d’intrusion (P) est
inversement proportionnelle au diamètre (d) d’un pore cylindrique, rapporté à quatre fois le
produit de la tension superficielle γ et du cosinus de l’angle (θ ) de contact du mercure avec la
surface du matériau.
4γ cos (θ ) (II-1.1)
d =−
P
où la tension superficielle γ est égale à de 0,474 N.m-1. L’angle de contact (θ ) entre le
mercure et le solide poreux varie selon la composition du solide. Une valeur de 141° est
utilisée [Lécolier et al., 2007].
Nous présentons ici la porosité obtenue par la PIM pour la pâte de ciment pétrolier à
différents temps et conditions d’hydratation (Figure II.6).
93/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
a) b)
46 46
44 44
23°C, P atm 60°C, P atm
42 42
23°C, 17 MPa 60°C, 17 MPa
40 40
Porosité (%)
Porosité (%)
38 38
36 36
34 34
32 32
30 30
28 28
0 20 40 60 80 100 120 140 0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h) Temps d'hydratation (h)
Figure II.6: Evolution temporelle de la porosité de la pâte de ciment pétrolier dans différentes
conditions d’hydratation : a) (23°C, Patm) et (23°C, 17MPa), b) (60°C, Patm) et (60°C, 17MPa).
Les résultats obtenus à 23°C (Figure II.6 a) montrent que l’effet de la pression n’est pas
uniforme et reste de l’ordre de grandeur de la dispersion observée sur les essais réalisés à
pression atmosphérique.
Par contre, sur les échantillons référencés [60°C, Patm _ 4h] et [60°C, 17MPa_ 4h] de la Figure
II.6b, il semble que la pression contribue à diminuer légèrement la porosité. Toutefois, la
dispersion des valeurs de porosité constatée sur les autres échantillons référencés [60°C,
17MPa _ {7h, 24h}] (Figure II.6 b) relativise la tendance observée concernant l’effet de la
pression sur l’évolution de la porosité.
Notons toutefois que pour un même degré d’hydratation entre deux conditions (23°C, Patm) et
(60°C, Patm), la valeur de la porosité mesurée est du même ordre (Figure II.6). Les résultats
expérimentaux montrent par exemple que les échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h]
( ξ = 0, 41 ), [60°C, Patm _ 4h] ( ξ = 0, 44 ) ont une valeur de porosité égale à 44% environ, et
les échantillons référencés [23°C, Patm _ 72h] ( ξ = 0, 68 ) et à [60°C, Patm _ 24h] ( ξ = 0, 68 )
94/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
présentent une valeur égale à 35% environ (Figure II.7). Par ailleurs, l’évolution (issue du
modèle présenté dans le § I-3.2) de la fraction volumique de la phase fluide, eau + porosité
capillaire, au cours de l’hydratation a été superposée aux résultats expérimentaux obtenues par
la PIM. La Figure II.7 montre que la décroissance linéaire de la porosité en fonction du degré
d’hydratation prédite par le modèle est en bon accord avec l’évolution de la porosité
connectée déterminée par la PIM.
60
20 h
50 17 h
4h
24 h
24 h
7h
40
Porosité (%)
72 h
120 h
30 PIM :
23°C, P
atm
20
60°C, P
atm
10 Modèle: Eau + porosité capillaire
0
0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ (−)
95/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
a) (23°C, P atm)
0,7
17h (ξ = 0,41)
0,6 20h (ξ = 0,46)
dV/d(LogD) [mL/g] 24h (ξ = 0,5)
0,5
72h (ξ = 0,68)
0,4 120h (ξ =0,72)
0,3
0,2
0,1
0,0
1 2 3 4
10 10 10 10
Diamètre d'accès aux pores [nm]
b) (23°C, 17 MPa)
0,7
17h (ξ ≈ 0,41)
0,6
20h (ξ ≈ 0,46)
dV/d(LogD) [mL/g]
96/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
(60°C, P atm)
0,7 a)
4h (ξ = 0,44)
0,6
7h (ξ = 0,53)
dV/d(LogD) [mL/g]
0,5
0,4 24h (ξ = 0,68)
0,3
0,2
0,1
0,0
1 2 3 4
10 10 10 10
Diamètre d'accès aux pores [nm]
24h (ξ ≈ 0,68)
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
1 2 3 4
10 10 10 10
Diamètre d'accès aux pores [nm]
Figure II.9 : Dérivée du volume par rapport au logarithme du diamètre d’accès aux pores : a)
échantillons référencés : [60°C, Patm _ {4h, 7h, 24h}], b) échantillons référencés : [60°C,
17MPa _ {4h, 7h, 24h}].
Sur la pâte de ciment de référence (23°C, Patm), une distribution bimodale (présence de deux
pics) est observée sur les échantillons référencés [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}] ( ξ < 0.68)
(Figure II.8 a). A 17 h, le premier pic est centré au voisinage de 1 µ m et le deuxième pic est
centré au voisinage de 100 nm. Ces valeurs de diamètre d’accès aux pores sont en général
identifiées comme faisant partie du domaine du capillaire (cf. Figure II.4). Au fur et à mesure
que le temps d’hydratation augmente, on observe un décalage de ces deux pics vers des
97/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
diamètres plus faibles. En effet, le premier pic relativement large situé au voisinage de 1 µ m à
17 h se rétrécit au cours de l’hydratation jusqu’à sa disparition complète observée sur les
échantillons référencés [23°C, Patm _ {72h, 120h}] au profit d’un pic apparaissant au
voisinage de 100 nm. Au-delà de 24h d’hydratation, la distribution de pores devient donc
principalement monomodale avec la présence d’un seul pic au voisinage de 100 nm.
A 23°C, l’hydratation sous une pression de 17MPa présente visiblement un effet négligeable
sur la distribution de pores dans la pâte de ciment (Figure II.8 b).
Pour des degrés d’hydratation ξ < 0, 68 , pour les deux températures étudiées 23°C et 60°C, la
distribution des tailles d’accès aux pores est semblable.
Mais à partir de 0,68, l’hydratation à 60°C (Figure II.9 a) a un effet notable sur la distribution
de pores compte tenu de la cinétique d’hydratation accélérée par la température élevée. Les
échantillons référencés [60 °C, Patm _ 24h] ( ξ = 0,68) présentent, en effet, une distribution
bimodale avec un premier pic situé au voisinage de 100 nm (domaine du capillaire) et un
deuxième pic entre 10 et 20 nm que l’on ne peut pas observer dans sa totalité (épaulement)
puisque l’on s’approche des limites de la PIM. Ce pic correspond aux pores du gel C-S-H
(pores du gel ouvert) (cf. Figure II.4). A titre de comparaison, au même temps d’hydratation
(24h) à [23°C, Patm], la porosité de gel n’est pas encore mise en évidence, mais un léger
épaulement commence à apparaître à partir de 72h ( ξ = 0,68). [Verbeck and Helmuth, 1968]
suggèrent que pour les températures élevées, l’hydratation rapide de ciment produit une
quantité initiale importante d’hydrates. Il en résulte des hydrates qui sont plus poreux et plus
hétérogènes. Nos observations sont cohérentes avec cette hypothèse.
II-1.3.3. Conclusion
− L’analyse des résultats expérimentaux de la PIM n’a pas révélé d’effet significatif de la
température et de la pression ni sur la porosité ni sur la distribution poreuse pour un même
98/253
Chapitre II-1 – Mesure de la porosité
99/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
Chapitre II-2
MESURE DE LA PERMEABILITE A
L’EAU
La perméabilité est un indicateur d’une importance déterminante
dans le cas de notre étude, car elle permet de compléter
l’information donnée par la porosité. En effet la diminution
évolutive de la porosité de la pâte de ciment pétrolier au cours
de son hydratation induit une diminution progressive de la
perméabilité. Ce chapitre est donc consacré à la caractérisation
de l’évolution de la perméabilité à l’eau au très jeune âge du
ciment pétrolier. Dans un premier temps, une brève analyse
bibliographique est présentée, puis la caractérisation de l’effet
des conditions d’hydratation sur l’évolution de la perméabilité
est étudiée.
La perméabilité traduit la capacité d’un matériau poreux à se laisser traverser par un fluide.
C’est une propriété de transport essentielle car elle décrit la facilité avec laquelle un fluide
circule à travers son réseau poreux. La perméabilité est en lien avec la microstructure du
matériau. La perméabilité d’un matériau poreux (en l’occurrence la pâte de ciment) est
contrôlée par un certain nombre de paramètres relatifs aux difficultés du fluide à s’écouler à
travers le réseau de pores du matériau tels que la porosité, la tortuosité, la connectivité ou la
constrictivité. L’effet de ces paramètres vis-à-vis de la résistance au flux est schématisé sur la
Figure II.10. Selon [Scrivener, 2001], plus l’interconnexion du réseau poreux augmente, plus la
perméabilité est élevée. De même, plus la tortuosité devient rectiligne et plus la perméabilité
est élevée (Figure II.10).
100/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
Figure II.10 : Effet des paramètres influençant la perméabilité (d’après Scrivener, 2001 cité
par [Choinska, 2006]).
101/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
II-2.1.2.1. Introduction
La perméabilité traduit la capacité d’un milieu poreux à se laisser traverser par un fluide
utilisé pour mesurer cette grandeur. La façon la plus simple de mesurer cette propriété est la
perméabilité à l’eau du matériau. Cependant, [Mainguy et al., 1999] rappellent qu’il existe
dans le cas des matériaux cimentaires une différence de valeur non négligeable (au moins
deux ordres de grandeur) entre la perméabilité intrinsèque mesurée avec un gaz et celle
mesurée avec de l’eau liquide. Cet écart est généralement dû à une forte interaction physique
entre les molécules d’eau et la matrice cimentaire à proximité des parois internes délimitant
l’espace poreux du matériau. L’écoulement de l’eau liquide dans les matériaux cimentaires
n’est alors décrit par la loi de Darcy que sous réserve de l’introduction d’une perméabilité
intrinsèque à l’eau.
Compte tenu de la durée relativement courte des essais effectués (cf. §II-2.2.2), l’impact de
des deux phénomènes évoqués précédemment est considéré comme mineur. On peut
cependant redouter au très jeune âge l’effet de la "pression de confinement" appliquée sur les
échantillons pendant la mesure de la perméabilité à l’eau (cf. §II-2.1.2.2). Cette pression est
de nature différente de la pression appliquée pendant la prise.
102/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
de pression entre ses deux faces et à mesurer le débit de fluide la traversant pendant un temps
donné. Cet essai n’est cependant réalisable que sur des matériaux possédant un réseau poreux
suffisamment interconnecté. Dans le cas d’un écoulement d’eau qui peut être considéré
comme fluide incompressible, la loi de Darcy peut être directement appliquée pour déterminer
la perméabilité. Pour un écoulement unidirectionnel, la perméabilité intrinsèque k (m2) définie
par la relation de Darcy est donnée par :
Q ηL (II-2.1)
k=
S ∆P
Cette relation exprime le débit volumique Q (m3/s) de l’eau de viscosité dynamique η (Pa.s)
qui traverse une longueur L (m) de l’éprouvette, de section apparente S (m2), sous une
différence de pression ∆ P (Pa).
La relation II-2.1 suppose toutefois (i) que le régime d’écoulement soit laminaire dans les
pores du matériau saturés en eau, (ii) que les forces d’écoulement dues à la viscosité
prédominent sur les forces d’inertie et (iii) qu’il n’y ait aucune interaction physique et
chimique entre le fluide et le matériau. Ces conditions sont supposées réalisées.
Une alternative consiste à faire prendre, dans un premier temps, la pâte de ciment jusqu'à un
certain âge dans des conditions HP/HT, et dans un second temps, à mesurer la perméabilité à
température ambiante.
Le perméamètre de type Hassler est largement utilisé pour mesurer la perméabilité des
103/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
ciments. Ce système est conçu pour caractériser des échantillons cylindriques. Ces derniers
sont insérés dans une gaine en caoutchouc et comprimés radialement (Pc) pour forcer l’eau
injectée selon l’axe du cylindre à traverser le milieu poreux (Figure II.11). La pression radiale
(pseudo confinement) est toujours supérieure à la pression d'injection ou de pompe (Pin) afin
de maintenir l’étanchéité entre la gaine en caoutchouc et l’échantillon pendant la mesure. Il
est d’usage d’imposer une différence de pression (entre la pression de d’injection (Pin) et la
pression radiale (Pc)) entre 20 et 30 bar pour garantir une bonne étanchéité. La différence de
pression hydrostatique (Pin - Pout) entre les deux faces de l’échantillon, permet de générer un
écoulement d’eau à travers l'échantillon. En pratique, le débit est déterminé par pesée en
continu de l’eau qui s’écoule après avoir traversé l’échantillon pendant un temps donné.
D
Aval
Gaine en
caoutchouc
P out
Pc Pc L
P in
Cellule
Hassler Amont
Plusieurs temps d’hydratation ont été retenus pour mesurer l’évolution de la perméabilité au
très jeune âge. Comme pour la porosimétrie, le plus faible temps d’hydratation étudié au très
jeune âge pour les échantillons ayant pris à 60°C est de 4h (ξ = 0, 44) . Quant aux échantillons
pris à 23°C, le plus faible temps d’hydratation retenu est de 17h (ξ = 0, 41) .
104/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
Conditions d’hydratation
5
T P × 10 Temps de
Type d'essai Référencement des échantillons
(°C) (Pa) d’hydratation (h)
23 1 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
23 170 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
Perméabilité
60 1 4, 6, 7 [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h}]
60 170 4, 6, 7 [60°C, 17 MPa _ {4h, 6h, 7h}]
Tableau II.4 : Conditions d’hydratation des échantillons testés en perméabilité
Les mesures de perméabilité avec la cellule Hassler sont effectuées sur des échantillons
cylindriques de diamètre égal à 25 mm. La durée de la mesure pour chaque essai réalisé est de
30 min10. Afin de garantir un écoulement suffisant de l’eau au travers de l’échantillon pendant
cette courte durée d'essai, l’élancement de l’échantillon a été déterminé en fonction du temps
d’hydratation. Un élancement de 2 a donc été retenu pour les échantillons ayant les plus
faibles temps d’hydratation, et un élancement de 1 pour les échantillons les plus âgés (cf.
Tableau II.5). La valeur de Pc appliquée dépend également du temps d’hydratation de
l’échantillon. Plus l’échantillon est âgé, plus la valeur de Pc appliquée est élevée. Les valeurs
de Pc 11et celles de Pin pour chaque temps d’hydratation sont reportées dans le Tableau II.5. La
valeur de Pout est égale à la pression atmosphérique.
20 0,46 40 15 25 50
24 0,50 50 25 25 25
4 0,44 25 5 25 50
60 °C
6 0,50 50 25 25 25
7 0,53 60 35 25 25
Tableau II.5 : Conditions d’essai avec la cellule Hassler pour chaque temps d’hydratation.
Il nous a donc semblé nécessaire d’effectuer une seconde série de mesures afin de déterminer
10
On considère que l’avancement de l’hydratation reste faible pendant ces 30 min de mesure (e.g. à 17h de
d’hydratation à 23°C, le degré d’hydratation avance seulement de 0,012 pendant cette durée).
11
La valeur de Pc appliquée sur le plus faible temps d’hydratation à 23°C comme à 60°C correspond à la valeur
minimale que l’on peut appliquer à l’échantillon permettant de garantir une bonne étanchéité.
105/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
l'impact de Pc. La perméabilité à l'eau a ainsi été mesurée sans Pc dans une deuxième série de
mesure.
Pour réaliser des mesures de perméabilité à l’eau sans Pc, des modifications ont été apportées
à un perméamètre initialement conçu pour des mesures de perméabilité au gaz. Cet
appareillage, conçu pour recevoir des échantillons de dimension D = 42 mm, L = 10 mm, a
été équipé d'une pompe à eau de marque « Isco » (Figure II.12). Avant de placer l’échantillon
dans la cellule de mesure, deux joints plats d’étanchéité en élastomère (Dintérieur = 35 mm,
Dextérieur = 42 mm) sont positionnés : un dans le couvercle de la cellule et le second dans la
partie basse (fixe) de la cellule (Figure II.12). Une bague de centrage d’un diamètre intérieur
de 42 mm est ensuite placée sur le joint de la partie basse de la cellule. L'échantillon prend
ensuite place dans la bague de centrage, puis est saturé en eau, avant de fermer la cellule avec
le couvercle. La pression en amont de la cellule (Pin) est contrôlée par une vanne pilotée par
un régulateur de pression « Eurotherm » associé à un capteur de pression Keller 0-100 bar. La
pression doit être suffisamment élevée pour permettre l’écoulement de l’eau à travers
l’échantillon dans un temps compatible avec le degré d’hydratation du matériau. Le Tableau
II.6 regroupe les valeurs de la pression (Pin) de la pompe pour chaque temps d’hydratation. Le
débit en aval de la cellule est mesuré par pesée en continu pendant un temps donné. Le
principe de la mesure avec ce perméamètre est le même qu’avec la cellule Hassler : une
différence de pression est imposée entre ses deux faces et le débit de fluide le traversant
pendant 30 minutes est mesuré. Les conditions et temps d’hydratation étudiés avec cette
seconde méthode sont les mêmes que dans le cas des mesures avec Pc (cf. Tableau II.2).
106/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
Joints plats
Bague de centrage
de l’échantillon
D = 42 mm
D = 35 mm
Capteur
Keller Aval
P out
L = 10 mm
Échantillon
P in
Amont Joints plats
Cellule de
mesure
Pompe Régulateur
« Isco » de pression
Perméamètre sans Pc
Temps d’hydratation (h) ξ ( −) Pc (bar) P in (bar) D (mm) L (mm)
17 0,41 0 1à 2 35 10
23 °C
20 0,46 0 2à4 35 10
24 0,50 0 6à8 35 10
4 0,44 0 1à 2 35 10
60 °C
6 0,50 0 6à8 35 10
7 0,53 0 10 à 12 35 10
Tableau II.6 : Conditions d’essai avec la cellule sans pression de confinement pour chaque
temps d’hydratation.
107/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
le perméamètre de type Hassler, et (Sans Pc) les résultats obtenus à partir de la deuxième
méthode. De manière générale, on constate que la perméabilité à l’eau de la pâte de ciment
diminue avec l’augmentation du degré d’hydratation.
0,6
a) 23°C 0,6
b) 60°C
0,5 17h 23°C, P atm 0,5 60 °C, P atm
23°C, 17 MPa 4h 60 °C, 17 MPa
Perméabilité (mD)
Perméabilité (mD)
0,4 0,4
0,3 0,3
20h
0,2 0,2
6h 7h
24 h
0,1 0,1
0,0 0,0
0,40 0,45 0,50 0,55 0,60 0,40 0,45 0,50 0,55 0,60
ξ (−) ξ (−)
Reprenons à nouveau les résultats concernant l’évolution du flux thermique au niveau du pic à
Patm et sous pression (20 MPa) pour les deux températures d’hydaratation 23°C et 60°C
(Figure II.14). Le décalage du pic observé peut être considéré comme une accélération de
108/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
révélé par la Figure II.14. Suite à cette correction, on peut constater (Figure II.15) que les
valeurs de perméabilité des échantillons pris sous pression suivent finalement la même courbe
de tendance tracée pour les échantillons ayant pris sous Patm. Cela signifie que les différences
constatées entre les valeurs de perméabilité mesurées à Patm et 17MPa correspondent en fait à
des degrés d’hydratation différents et que la pression accélère la cinétique d’hydratation de
façon mesurable.
10
a) 23°C 60
b) 60°C
8h 23°C, P atm 60°C, P atm
~ 3,5 h
50
Flux thermique (J.g .h )
-1
~ 4h
-1
-1
40
6 11h
30
4
20
2
10
0 0
0 4 8 12 16 20 24 28 0 2 4 6 8 10 12
Temps d'hydratation (h) Temps d'hydratation (h)
109/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
0,6
a) 23°C 0,6
b) 60°C
60°C, P atm
0,5 17h 0,5
23°C, P atm 4h 60°C, 17 MPa
Perméabilité (mD)
Perméabilité (mD)
0,4 23°C, 17 MPa 0,4
0,3 0,3
20h 17h
0,2 0,2
24 h 20h 6h 6h 7h
0,1 24 h 0,1 7h
4h
0,0 0,0
0,40 0,45 0,50 0,55 0,60 0,40 0,45 0,50 0,55 0,60
ξ corrigé (−) ξ corrigé (−)
Figure II.15 : Evolution de la perméabilité à l’eau mesurée avec Pc sur des échantillons en
fonction de ξcorrigé :
110/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
a) Patm b) 17 MPa
0,6 0,6
23°C, P atm
0,5 17h 0,5 23°C, 17 MPa
60°C,P atm
4h 60°C, 17MPa
Perméabilité (mD)
Perméabilité (mD)
0,4 0,4
0,3 0,3
4h
20h 17h
0,2 0,2
6h 20h
7h 6h 7h 24 h
0,1 0,1
24 h 0,0
0,0
0,40 0,45 0,50 0,55 0,60 0,40 0,45 0,50 0,55 0,60
ξ (−) ξ corrigé (−)
Figure II.16 : Effet de la température sur l’évolution de la perméabilité à l’eau mesurée avec
Pc sur des échantillons pris dans différentes conditions :
a) (23°C, Patm) et (60°C, Patm),
b) (23°C, 17MPa) et (60°C, 17MPa)
Sur la Figure II.17, on constate de manière générale que la pression radiale Pc a peu d’effet
sur les valeurs de la perméabilité à l’eau mesurées sauf pour les échantillons référencés [23°C,
Patm _17h] et [60°C, Patm _4h]. Pour les échantillons [23°C, Patm _17h] l’effet de Pc est
d’augmenter la perméabilité, alors que pour les échantillons [60°C, Patm _4h], l’effet de Pc est
de diminuer la perméabilité
111/253
Chapitre II-2 – Mesure de la perméabilité à l’eau
obtenues avec Pc, traduisant ainsi une augmentation de la cohésion du squelette avec
l'hydratation qui devient capable de résister à la pression de confinement imposée, dans la
gamme de Pc considérée dans cette étude expérimentale.
a) Patm b) 17 MPa
0,6 0,6
23°C, P atm 23°C, 17 MPa
0,5 Avec Pc 0,5 Avec Pc
Sans Pc Sans Pc
Perméabilité (mD)
Perméabilité (mD)
0,4 0,4
60°C, P atm 60°C, 17 MPa
Avec Pc
0,3 Avec Pc 0,3
4h Sans Pc
20h Sans Pc 17h
0,2 0,2
4h 6h 6h 20h
7h 24 h
0,1 17h 0,1 7h
24 h 0,0
0,0
0,40 0,45 0,50 0,55 0,60 0,40 0,45 0,50 0,55 0,60
ξ (−) ξ corrigé (−)
Figure II.17 : Effet du mode opératoire sur l’évolution de la perméabilité à l’eau en fonction
du degré d’hydratation :
a) (23°C, Patm) et (60°C, Patm)
b) (23°C, 17MPa) et (60°C, 17MPa
112/253
Conclusion de la partie II Monsef BOURISSAI
Conclusion de la partie II
Les travaux présentés dans cette partie permettent de faire ressortir les éléments importants
suivants :
− L’évolution de la phase fluide (eau + porosité capillaire) décrite par le modèle d’évolution
des différentes fractions volumiques dans la pâte de ciment est en bonne concordance avec
l’évolution de la porosité connectée mesurée par porosimétrie. Ce bon accord tend à
valider le modèle d'hydratation.
− Deux types de comportement mécanique semblent avoir été identifiés suite à l’analyse des
propriétés hydrauliques (perméabilité à l’eau) déterminées expérimentalement :
113/253
Conclusion de la partie II Monsef BOURISSAI
caractéristique pour un ciment Portland (e/c = 0,44) pris à 80°C et 50 bars pendant de 7
jours est de l’ordre de 10-19 m2.
Les valeurs de perméabilité obtenues seront utilisées dans la partie III pour déterminer le
temps de drainage pour chacune des conditions d’hydratation étudiées. Cette information
permettra de déterminer la nature drainée ou non drainée des essais mécaniques quasi-
statiques réalisés.
114/253
Partie III Monsef BOURISSAI
PARTIE III :
COMPORTEMENT MECANIQUE D’UN
CIMENT PETROLIER AU TRES JEUNE
AGE - ETUDE EXPERIMENTALE ET
MODELISATION PAR CHANGEMENT
D’E
D’ECHELLE
Cette partie a pour objectif d’étudier le comportement mécanique du ciment pétrolier « classe
G » au très jeune âge. Pour ce faire, nous avons décliné cette partie en quatre chapitres : le
premier est une analyse bibliographique des différents types d’essais existants qui permettent
de caractériser l’évolution des propriétés mécanique de la pâte de ciment au très jeune âge, le
second concerne la caractérisation de l’évolution des propriétés mécaniques dynamiques du
ciment pétrolier « classe G » au très jeune âge, quant au troisième chapitre, il présente une
batterie d’essais mécaniques visant à caractériser ses propriétés quasi-statiques instantanées et
différées dans des conditions HP/HT représentatives des conditions en fond de puits. Enfin,
une modélisation par changement d’échelle visant à reproduire l’évolution de ses propriétés
élastiques dynamiques et quasi-statiques au très jeune âge est proposée.
115/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique
Chapitre III-1
ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE
Comme il a été indiqué dans le chapitre I, l'hydratation est un
processus complexe qui s'opère en différentes phases. Ces
réactions successives ont pour conséquence, en plus du
dégagement de chaleur et de la diminution de porosité et de
perméabilité de la pâte, l'augmentation progressive de la rigidité
du matériau. Ceci nous amène naturellement, à étudier de plus
près l’évolution des propriétés mécaniques au jeune âge. Ce
chapitre est donc consacré, à une analyse bibliographique des
différents types d’essais permettant de caractériser l’évolution
des propriétés mécaniques de la pâte de ciment au très jeune
âge.
III-1.1. Introduction
De nombreux travaux dans le domaine pétrolier ont mis en évidence que les propriétés
mécaniques des roches sont fortement dépendantes de la fréquence et de la dimension des
échantillons testés. Par exemple les mesures statiques à partir d’essais triaxiaux du module
d’Young et du coefficient de Poisson sont généralement en désaccord avec les mesures
dynamiques obtenues par méthode ultrasonore [Schatz and John, 1995]. La Figure III .1
illustre la large gamme de fréquence et de taille d’échantillons rencontrée dans l’industrie
pétrolière. Vu la large gamme taille-fréquence et la mixité que l’on peut rencontrer en terme
d’échelle de fréquence/taille, il n’est pas étonnant que les données mesurées ne soient pas
toujours faciles à interpréter.
116/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique
Dans notre cas, nous nous intéressons à la détermination des propriétés élastiques du ciment
au très jeune âge que nous cherchons à déterminer à partir d’essais mécaniques quasi-
statiques, et par propagation d’ondes ultrasonores (propriétés élastiques dynamiques).
Au très jeune âge des matériaux cimentaires, les seules données exploitées jusqu’à maintenant
sont issus d’essais de résistance en compression.
[Byfors, 1980] a réalisé une synthèse des résistances expérimentales en compression de pâtes
de ciment mesurées par Taplin. En exploitant ces résultats expérimentaux, [Torrenti and
Benboudjema, 2005] ont défini par régression linéaire un seuil sur le degré d’hydratation, en
dessous duquel la résistance de la pâte peut être négligée (Figure III.2). Il convient de garder à
117/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique
l’esprit que, compte tenu de la méthode de détermination utilisée par [Torrenti and
Benboudjema, 2005], le seuil identifié n’est qu’une approximation du degré d’hydratation de
prise. On s’aperçoit qu’à cause de la régression linéaire, il existe sur la Figure III .2 des points
expérimentaux montrant une résistance à la compression non nulle alors même que le degré
d’hydratation de prise approché n’est pas encore atteint.
118/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique
celle des ciments hydratés aux températures plus basses, (Figure III .3) [Mindess et al., 2003].
[Voigt et al., 2006] ont réalisé des essais de compression simple pour évaluer l’évolution de la
résistance en compression des mortiers au très jeune âge et ont montré que cette évolution suit
une loi en puissance (Figure III .4). En comparant l’évolution des résistances en compression
simple avec celle des ondes transverses mesurées par des techniques de propagation
ultrasonores, [Voigt et al., 2006]ont montré que le seuil (temps d’hydratation) à partir duquel
la résistance du mortier devient non négligeable coïncide avec l’apparition des premières
ondes transverses.
119/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique
Les ondes ultrasonores (US) se propagent à des fréquences, entre 100kHz et 50MHz. De par
la nature non destructive d’une mesure ultrasonore, elle peut être utilisée à toutes les phases
d’hydratation des pâtes cimentaires et ses applications sont très diverses : l’évaluation des
modules élastiques, l’étude et le suivi de la prise ou encore la détection des phénomènes de
microfissuration. Une onde ultrasonore peut se propager dans un milieu longitudinalement
(les vibrations des particules sont parallèles à la direction de propagation de l’onde
acoustique) ou transversalement (les vibrations des particules sont perpendiculaires à la
direction de propagation de l’onde acoustique). Les ondes ultrasonores longitudinales
présentent l’intérêt de se propager à la fois dans les solides et les liquides. Les ondes
transversales quant à elles se propagent dans les solides mais très difficilement dans les
liquides. Ainsi, la détection d’un signal transverse au cours de la transmission signifie que les
réactions d’hydratation ont permis de créer un chemin solide connecté (percolation
120/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique
mécanique) [Boumiz, 1995; D'Angelo et al., 1995]. Ces ondes transversales sont donc un
moyen de suivi de l’évolution et de l’élaboration des connexions solides dans le matériau.
A partir des mesures des vitesses longitudinales (VL) et transversales (VT), il est donc possible
de suivre l’évolution des modules élastiques dynamiques de la pâte de ciment : le module d’
Young E, le coefficient de Poisson ν , le module d’incompressibilité κ et le module de
cisaillement µ dont les différentes expressions sont données ci-dessous :
en ( m ⋅ s −1 )
2µ + λ
VL = (III-1.1)
ρ
en ( m ⋅ s −1 )
µ
VT = (III-1.2)
ρ
µ ( 3λ+ 2µ )
E= en ( Pa ) (III-1.3)
( λ+ µ )
λ
ν = en ( − )
2( λ+ µ)
(III-1.4)
κ=
( 3λ + 2µ ) en ( Pa ) (III-1.5)
3
3 (κ -λ )
µ = en ( Pa ) (III-1.6)
2
Les modules élastiques dynamiques peuvent ainsi être calculés directement à partir des
vitesses de propagation et de la masse volumique de la pâte de ciment supposée constante au
cours de l’hydratation. Lacouture (2003) présente l’évolution du module d’Young E (Figure
III .5a) et du coefficient de poisson ν (Figure III .5b) non drainés en fonction du degré
d’hydratation à partir des mesures de vitesses ultrasonores expérimentales obtenues par
[Boumiz, 1995] réalisés à 20°C sur des pâtes de ciment saturées en eau. Nous pouvons
constater que les modules d’Young dynamiques non drainés croissent avec le degré
d’hydratation et sont d’autant plus importants que le rapport e/c est faible. En effet, ils
traduisent l’augmentation de la cohésion mécanique au cours de l’hydratation du ciment.
Quant aux coefficients de Poisson, ils décroissent de la valeur seuil de 0,5 qui correspond au
coefficient de poisson d’un matériau incompressible jusqu’à des valeurs un peu supérieures à
121/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique
0,2. A un degré d’hydratation donné, ces coefficients sont d’autant plus faibles que le rapport
e/c est élevé.
a) b)
Figure III.5 : Evolution du module du module de Young non drainé (a) et du coefficient de
poisson non drainé (b) des pâtes de ciment en fonction du degré d’hydratation pour différents
rapports e/c [Lacouture, 2003].
122/253
Chapitre III-1 – Analyse bibliographique
Ultrasons
Rhéologie
Figure III-0.6 : Evolution temporelle du module de cisaillement G d’une pâte de ciment (e/c
= 0,35). Mesures faites respectivement aux ultrasons (1MHz) et en rhéologie à 1Hz (courbe
du haut et du bas, respectivement), [Lootens, 2004].
123/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge
Chapitre III-2
EVOLUTION DES PROPRIETES
ELASTIQUES DYNAMIQUES D’UN
CIMENT PETROLIER AU TRES
JEUNE AGE
Ce chapitre est consacré à la caractérisation de l’évolution des
propriétés mécaniques dynamiques du ciment pétrolier « classe
G » au très jeune âge. Pour cela, une méthode acoustique de
propagation d’ondes ultrasonores a été utilisée.
Pour mesurer les vitesses VL et VT au jeune âge nous avons utilisé un montage en transmission
(Figure III .7). Deux conditions d’hydratation différentes ont été étudiées (23°C, Patm) et
(60°C, Patm). Les échantillons de ciment pétrolier caractérisés avec ce montage ont d’abord
pris en conditions saturées en eau puis sont testés à température ambiante du laboratoire
climatisé (22 °C ± 1) et pression atmosphérique (Patm) (cf. §III-3.1.5). Plusieurs temps
d’hydratation au jeune âge ont été retenus. Les plus faibles temps d’hydratation sont choisis
volontairement après le temps de prise Vicat, à partir duquel on commence à créer des
chemins solides connectés permettant ainsi aux ondes de cisaillement de se propager à travers
l’échantillon de ciment.
Les conditions d’hydratation étudiées dans ce chapitre sont résumées dans le Tableau III.1
124/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge
III.1
Conditions d’hydratation
5
P × 10 Temps
Type d'essai T (°C) Référencement des échantillons
(Pa) d’hydratation (h)
Ultrasons : 23 1 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
Montage en
transmission
60 1 4, 6, 7, 24 [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]
Tableau III.1 : Conditions d’hydratation des échantillons testés avec méthode ultrasonore
Le montage en transmission utilisé dans cette étude est équipé d’un générateur d’impulsion
(NI TB 1000 MSBCA), qui alimente des transducteurs piézoélectriques (cisaillement,
Panametrics V153, f = 1 MHz). L’acquisition du signal transmis est assurée par une carte
oscilloscope (carte NI5112) qui moyenne les données sur 4000 pulses. Le montage comprend
un transducteur émetteur, un guide d’onde en PMMA (Plexiglas), l’échantillon et un
transducteur récepteur. Un gel visqueux (agent couplant12) a été appliqué à toutes les
interfaces pour assurer un bon couplage. Les transducteurs piézoélectriques émettent des
ondes de cisaillement et une onde de compression de plus faible amplitude (Figure III .8 a),
mais qui se propage plus vite dans l’échantillon. Nous avons ainsi accès avec une seule
mesure, au temps de vol de compression (t1) et au temps de vol de cisaillement (t2) (Figure
III .8b), le guide d’onde est assez grand pour que ces ondes soient bien séparées
temporellement. Les temps de vol sont mesurés grâce au décalage des fronts d’ondes (Figure
III .8b) entre un montage sans échantillon et un montage avec l’échantillon.
12
Un agent couplant est un matériau qui facilite la transmission de l’énergie acoustique du
transducteur à l’échantillon. Il est nécessaire car la différence d’impédances acoustiques entre
l’air et le solide est trop importante, par conséquent sans couplant, presque toute l’énergie est
réfléchie et une très faible quantité est transmise dans le matériau testé.
125/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge
Récepteur
Agent couplant e
Guide d’onde
Emetteur
126/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge
120 O nde
d e cisa ille m e n t
80
Signal (U.A)
40 O nde
d e co m p re ssio n
-4 0
-8 0
S a n s é ch a n tillo n
-1 2 0
0 10 20 30 40 50
T e m p s (µ s )
1 20
T e m p s d e vo l (t 2 )
80
T e m p s d e vo l (t 1 )
Signal (U.A)
40
-40
-80 S a ns é c ha n tillo n
A v ec é c ha n tillo n
-1 20
0 10 20 30 40 50
T e m p s (µ s )
127/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge
κ = ρ VL2 − VT2
4
(III-0.1)
3
µ = ρVT2 (III-0.2)
9 ρ VL2 − VT2
4
E= 3
V2 − V2
4 (III-0.3)
L 3 T
1+ 3 2
VT
VL2
V2 −2
ν = T2 (III-0.4)
V
2 L2 − 1
VT
où ρ est la masse volumique de l’échantillon à chaque temps d’hydratation. Les valeurs
mesurées pour VL et VT et ρ sont présentées dans la Figure III.9.
128/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge
a) (23°C, P atm)
3500 2400
VL
3000
VT 2300
2500
Vitesse (m.s )
-1
ρ (kg.m )
2200
-3
2000
1500 2100
1000
2000
500
0 1900
12 4 168 1220 16 24
20 24 28
Temps d'hydratation (h)
b) (60°C, P atm)
3500 2400
VL VT ρ
3000
2300
2500
Vitesse (m.s )
-1
ρ (kg.m )
2200
-3
2000
1500 2100
1000
2000
500
0 1900
0 44 88 12
12 16 16 20 20 24 24 28
Temps
Temps de prise (h) (h)
d'hydratation
Figure III.9 : Evolution des vitesses des ondes longitudinales (VL) et transverses (VT) avec
prise en compte de l’évolution de la masse volumique de la pâte de ciment pétrolier « classe
G » en fonction du temps d’hydratation :
a) échantillons référencés [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
b) échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].
129/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge
ν ( −)
8 0,35
6
0,30
4
2 0,25
12 16 20 24 28
Temps d'hydrtation (h)
0,28 0,38 0,46 0,50 0,53
ξ ( −)
14 µ ν 0,45
12
10 0,40
ν (−)
8 0,35
6
0,30
4
2 0,25
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydrtation (h)
0,02 0,44 0,55 0,59 0,63 0,66 0,68 0,71
ξ (−)
La Figure III .11 présente l’évolution des modules élastiques dynamiques (E et κ) et du flux
thermique mesuré au Chapitre I-2 correspondant en fonction du temps d’hydratation. Le degré
d’hydratation correspondant à chaque temps d’hydratation est représenté également en double
abscisse. Pour les deux familles d’essais ((23°C, Patm) et (60 °C, Patm)), on peut constater que
ces essais sont réalisés à des temps d’hydratation qui se situent dans la phase décroissante (au-
delà du pic thermique) notée (3) correspondant à l’épuisement progressif des anhydres qui
130/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge
s’accompagne d’un durcissement progressif de la pâte de ciment. Sur la même Figure III .11,
on a remarqué une zone de transition (appelé également "point hyperstatique" par
[Feylessoufi et al., 2001] dans laquelle le module d’Young devient égal au module
d’incompressibilité. Cette zone semble correspondre au changement dans le processus
d’hydratation lié au passage entre la phase (3) (durcissement de la pâte) et la phase (4)
(hydratation contrôlée par la diffusion). Ce passage est par ailleurs marqué par une diminution
des pentes d’évolution de E et κ en fonction du temps. Ceci, provoque ainsi une modification
des pentes des modules élastiques qui s’infléchissent légèrement.
a) (23°C, P atm)
16 8
14 Ft
E
12 κ 6
(3)
10 (2)
4
8
zone de transition
6 (4) 2
(1)
4
2 0
0 8 16 24 32 40 48 56 64 72
Temps (h)
b) (60°C, P atm)
16 50
Flux thermique [Ft] (j.g-1.h-1)
Ft
Modules élastiques (GPa)
14 E 40
12 κ
(3)
10 30
(2)
8 20
6 zone de transition
10
4 (1)
(4)
2 0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps (h)
Figure III.11 : Evolution des modules élastiques dynamiques (E, κ ) et du flux thermique
correspondant en fonction du temps :
a) échantillons référencés (23°C, Patm)
b) échantillons référencés (60°C, Patm).
131/253
Chapitre III-2 – Evolution des propriétés élastiques dynamiques d’un ciment pétrolier au très
jeune âge
132/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Chapitre III-3
EVOLUTION DES PROPRIETES
MECANIQUES QUASI-
QUASI-STATIQUES
D’UN CIMENT PETROLIER AY
TRES JEUNE AGE PRIS A HP/HT
Ce chapitre est consacré à la caractérisation de l’évolution des
propriétés mécaniques quasi-statiques "instantanées" et différées
du ciment pétrolier « classe G » au très jeune âge dans des
conditions de température et de pression représentatives de
celles existant en fond de puits. Les propriétés élastiques quasi-
statiques obtenues sont ensuite confrontées aux propriétés
dynamiques présentées dans le Chapitre III-2. La relation entre
l’évolution des propriétés hydrauliques et l’évolution des
propriétés mécaniques au très jeune âge est également étudiée.
Enfin les propriétés différées ainsi que les phénomènes
dissipatifs observés dans les essais mécaniques quasi-statiques
de charge/décharge sont analysés.
133/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
mesure de l'évolution des propriétés mécaniques statiques de la pâte de ciment au très jeune
âge, dans des conditions HP/HT (haute pression et température élevée) représentatives de
celles de fond de puits, n'est pas simple à établir. En effet, elle requiert un appareillage qui
permettrait de faire prendre la pâte et la maintenir dans les conditions HP/HT, tout en la
sollicitant mécaniquement.
Une alternative consiste à faire prendre, dans un premier temps, la pâte de ciment jusqu'à un
certain âge dans des conditions HP/HT, et dans un deuxième temps, à caractériser son
comportement mécanique à température ambiante et pression atmosphérique en réduisant
autant que faire se peut la mise en œuvre de l’essai.
Dans la présente étude, des essais de compression simple sont effectués pour déterminer
l'évolution des propriétés mécaniques quasi-statiques instantanées et différées du ciment au
jeune âge, a été obtenue. Ce type d’essai conjugue à la fois facilité et rapidité de réalisation
des essais. Les échantillons peuvent être effectivement immédiatement caractérisés après
démoulage et découpe à la tronçonneuse. La faible durée des essais (de l’ordre de quelques
minutes) permet également de limiter les effets différés et donc d'enchaîner plusieurs
échantillons ayant le même temps d’hydratation dans un laps de temps donné.
Les essais menés en compression simple dans le but de déterminer l'évolution des propriétés
mécaniques quasi-statiques instantanées et différées du ciment pétrolier « classe G » au très
jeune âge, sont décrits dans cette section III-3.1.
La machine utilisée est une presse INSTRON, modèle bicolonne 6025 - 5500R (Figure
III .12). Cette machine comporte à la fois une partie de commande, un dispositif de
chargement permettant d’appliquer sur un échantillon un effort allant jusqu’à 100 kN, et des
systèmes de mesures, dont :
134/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Cellule de force
Traverse fixe
135/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Une amélioration de la reproductibilité des essais pendant la mise en charge aurait pu être
obtenue grâce à une rotule placée au niveau du plateau inférieur. Ceci permettrait d’assurer
une meilleure horizontalité du plan de contact mais implique de placer l'extensomètre de
déformation axiale directement sur l'échantillon. Or, ce placement peut favoriser la création
de défauts de surface trop importante pouvant fragiliser l'échantillon surtout pour les faibles
temps d’hydratation. Une autre difficulté, d'un point de vue pratique, concerne le placement
d'un autre extensomètre de mesure de déformation radiale en contact direct avec l'échantillon
comme décrit dans le paragraphe §III-3.2.2.
Finalement, ces difficultés ont été contournées en réalisant des essais monocycliques de
charge/décharge en compression simple afin d'en exploiter les courbes σ - ε en décharge. Les
résultats et discussions autour du dépouillement de ces essais sont présentés dans le
paragraphe §III-3.2.
L'évolution du comportement mécanique différé du ciment au jeune âge a été étudiée à partir
d'essais de relaxation de la contrainte dont l'analyse est présentée également dans le
paragraphe §III-3.2.
Une description plus détaillée des essais réalisés, de leur mise au point, et les conditions
d’hydratation des échantillons testés sont tout d'abord présentés dans les paragraphes §III-
3.1.4 à §III-3.1.6.
Différents types d'essais ont été réalisés en compression simple afin de caractériser l'évolution
des propriétés mécaniques instantanées et différées de la pâte de ciment pendant son
hydratation.
a. Résistance en compression
Un échantillon cylindrique placé entre les plateaux de la presse (Figure III .12) est soumis à
un chargement uniaxial à vitesse de déformation constante, jusqu’à rupture de l'échantillon.
136/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
σ
F F
F F
Rc
b. Charge/décharge
Dans cet essai, on charge l'échantillon jusqu'à un niveau de contrainte inférieur à celui de Rc à
une vitesse de déformation donnée pour ne pas endommager le matériau, puis on le décharge
à la même vitesse de chargement (Figure III .14). Selon la nature du comportement
mécanique du matériau solide testé, soit il reprend instantanément et exactement sa forme
initiale après décharge (a = comportement élastique); soit on constate la présence d’une
hystérésis quand le chemin de mise en charge ne coïncide pas avec celui de la décharge (b =
"comportement viscoélastique", c = "comportement plastique").
σ σ
< Rc < Rc
a
charge décharge décharge
charge
c
b
t ε
c. Relaxation de la contrainte
Dans cet essai, on impose une déformation instantanée d'amplitude ε0 à l'instant t0, qu'on
maintient constante par la suite. On observe la réponse en contrainte σ(t) qui varie (phase de
137/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
relaxation) de façon monotone décroissante au cours du temps (Figure III .15). En pratique, la
phase de relaxation est précédée d'un chargement monoaxial à vitesse de déformation
constante et relativement élevée afin d'accroître l'amplitude de la contrainte susceptible d'être
restituée [Boidy, 2002].
Les essais de relaxation réalisés dans cette étude sont de courte durée (15 min) afin de limiter
l'évolution naturelle des propriétés mécaniques avec l'hydratation.
∆σ r
valeur de la contrainte initiale : r = . Il convient également de caractériser l’évolution de
σ0
la cinétique en analysant le (s) temps caractéristique (s) de relaxation.
ε σ
Sollicitation [ Réponse
σ0
ε0 (−) ∆σr
σ= σ0+ ∆σr
t0 t t0 t
Comme pour la partie II, plusieurs temps d’hydratation au très jeune âge ont été retenus. Les
plus faibles temps d’hydratation sont 17h à (23°C, Patm) et 4h à (60°C, Patm). Ces deux temps
d’hydratation sont choisis volontairement au delà du temps d’hydratation au sens de Vicat à
partir duquel une résistance mécanique non négligeable est détectée en compression simple.
Les conditions d’hydratation étudiées dans ce chapitre sont résumées dans le Tableau III.2 ci-
dessous.
138/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Demi-coquille
Après assemblage
Fond
Couvercle Circlips
Conditions d’hydratation
Temps
P × 105
Type d'essai T (°C) d’hydratation Référencement des échantillons
(Pa)
(h)
23 1 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
23 170 24 [23°C, Patm _ 24h]
Rc
60 1 4, 6, 7, 24 [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]
60 170 4, 6, 7, 24 [60°C, 17 MPa _ {4h, 6h, 7h, 24h}]
23 1 17, 20, 24 [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}]
Charge/décharge
60 1 4, 6, 7, 24 [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}]
23 1 17, 24 [23°C, Patm _ {17h, 24h}]
Relaxation
60 1 4, 6 [60°C, Patm _ {4h, 6h}]
Tableau III.2 : Conditions d’hydratation des échantillons testés en compression simple
L’hydratation sous pression et température est réalisée grâce à une cellule thermostatée
(Figure III .17). Comme pour les mesures des propriétés hydrauliques, l’hydratation sous
139/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Dans le cadre de cette étude pour les échantillons pris à HP, la mise en pression à 17 MPa a
été effectuée en 2 minutes environ après mise en place des moules dans l'eau initialement
préchauffée à la température voulue. Il faut noter que la pression appliquée s’exerce sur l’eau
et non sur le squelette. C’est donc a priori un essai à pression interstitielle élevée. Par contre
la contrainte effective est faible surtout au début de la prise où le matériau peut être considéré
comme granulaire.
Régulateur
de
température
Manomètre
Vanne de purge de la
cellule.
Panier de mise en
place des moules
cylindriques
Une fois le temps d’hydratation souhaité atteint, le retour à Patm (cas d’hydratation HP) est
effectué en une minute environ avant la sortie des moules de la cellule. Les cylindres sont
immédiatement démoulés, découpés à la tronçonneuse à une longueur de 80 mm (pour obtenir
l'élancement de 2) et placés dans un bac d'eau à température ambiante pendant une dizaine de
minutes avant la réalisation des essais mécaniques.
Tous les essais mécaniques ont été réalisés à la température ambiante du laboratoire climatisé
140/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
A B
F F
Suppression
Zone de frettage du frettage
par graissage
F F
L'effet du frettage sur les valeurs de Rc et le mode de rupture ont été analysés
expérimentalement à partir d'essais de résistance en compression. Un chargement monotone a
été imposé à vitesse de déformation axiale constante (10-3 /s) grâce à un extensomètre placé
au niveau des plateaux de la presse. Dans un souci de maintenir un parallélisme entre les
extrémités de l'éprouvette, un support avec rotule sphérique a été placé sur le plateau inférieur
141/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
(Figure III .19). Deux séries d'essais ont été réalisées dans les conditions d’hydratation (23°C,
Patm _17h) :
Série 1_17h 4
2,5
1,5
0,5
0
-1,5 -1 -0,5 0 0,5
Déformation axiale (%)
Figure III.19 : Essais de résistance en compression13 de la série 1 (sans graissage)14 sur
échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h]. Vitesse de déformation axiale = 10-3 /s.
La Figure III .20, montre que le graissage au niveau de l’interface ciment/plateaux diminue
sensiblement la valeur de Rc. Ce graissage a également une influence notable sur le mode de
13
Contrainte axiale de compression positive par convention.
14
Les essais pour lesquels une déformation positive est enregistrée au début de l'essai ne sont pas pris en compte
pour la comparaison avec ceux de la série 2 à la figure III.20.
142/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
rupture (cf. Figure III .20). En effet, la première série favorise potentiellement la formation de
cône de frettage, alors que la seconde série, favorise un plan de rupture perpendiculaire à la
direction de la sollicitation mécanique. On peut aussi avoir une combinaison de ces deux
modes de rupture suivant l'intensité du frottement à l'interface. Ces essais montrent également
une dispersion importante de la déformation. L’origine de cette dispersion provient a priori de
la planéité des surfaces de l’éprouvette en contact avec les plateaux. Cependant la dispersion
en termes de valeurs de Rc émanerait du centrage de l'éprouvette [Neville, 2000].
Série 1_ 17h
4
Série 2_17h
3.5
Figure III.20 : Comparaison des essais de la série 1 (sans graissage) avec ceux de la série 2
(avec graissage) sur échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h].
Pour garantir une meilleure reproductibilité des valeurs de Rc, le centrage de l'éprouvette doit
être rigoureux. L'opérateur doit s'assurer que l'axe de la presse et celui du plot cylindrique
sont confondus.
Pour tenter de s’affranchir de l’effet de rotation positive autour d’un axe horizontal induisant
une déformation axiale positive apparente (cf. Figure III .19), la configuration initiale sans le
support avec rotule est utilisée. Les plateaux sont graissés avant chaque essai pour limiter les
effets de frettage. La Figure III .21 présente les résultats dans cette configuration sur des
143/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
ciments pris pendant 24h en condition saturée en eau à température ambiante [23°C, Patm _
24h]. La vitesse de déformation de l'extensomètre est la même que celle appliquée aux essais
précédents. Cette configuration améliore la reproductibilité des valeurs de Rc. En revanche la
dispersion en termes de déformation axiale demeure présente malgré des cycles préliminaires
de charge/décharge dans le domaine élastique afin d'améliorer la mise en place de
l'échantillon. Ces cycles de chargement mécanique apportent peu d’amélioration sur la
reproductibilité des courbes σ - ε pendant la mise en charge.
14
10
2 1
8
2
2 cycles préliminaires
0
-0,8 -0,6 -0,4 -0,2 0
Déformation axiale (%)
Figure III.21 : Essais de résistance en compression13 sur échantillons référencés
[23°C, Patm _ 24h] avec une vitesse de déformation axiale (10-3 /s) précédés de deux cycles de
charge/décharge.
Pour identifier le(s) mode(s) de rupture avec cette configuration, une analyse au scanner
médical a été réalisée sur plusieurs échantillons dont l'échantillon 2 de la Figure III.21 juste
après l'essai de résistance en compression. Les analyses sagittales à 0° et 90° mettent en
évidence une combinaison de deux modes de rupture (Figure III.22a). La reconstitution 3D
des plans de fracture montre la présence d'un cône de frettage sur la partie haute de
l'échantillon combiné à un plan de rupture parallèle à la direction de la sollicitation mécanique
en zone centrale (Figure III .22 b).
144/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
a) 0°
plan sagittal 0°
C
BAS HAUT
90°
C
Cône de frettage
b) BAS
Finalement, la configuration sans le support avec rotule est retenue car elle permet d’une part
de s'affranchir de la déformation axiale "apparente" positive au démarrage et d’autre part
d’obtenir un plan de rupture principalement parallèle à la direction de la sollicitation
mécanique.
145/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
L'effet de la vitesse de déformation a été étudié par [Bazant, 1988]. Des courbes isochrones
issues d'essais de résistance en compression ont été effectuées à différentes vitesses de
chargement sur du béton (vitesse constante pendant l'essai). Leur représentation à intervalles
de vitesse réguliers a permis de distinguer différents domaines du comportement du matériau
vis-à-vis de l'effet de vitesse (Figure III .23).
146/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Dans la phase dynamique, la déformation au pic diminue lorsque la vitesse de déformation est
diminuée (Figure III .24 a). Dans le domaine statique, la cinétique est inversée puisque la
déformation au pic augmente lorsque la vitesse de déformation est diminuée (Figure III .24 b).
La représentation de la « courbe enveloppe » permet de déterminer la valeur de la vitesse
"quasi-statique" correspondant à la déformation au pic minimale (point de rebroussement)
(Figure III .25).
En ce qui concerne le ciment portland class G étudié ici, des essais de résistance en
compression ont été effectués à trois vitesses de déformation axiale constantes : 10-3/s, 10-4/s
147/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
et 10-5/s (Figure III .26). La durée des essais pour chaque vitesse de déformation est
respectivement égale à 6 s, 60 s et 600 s. Le tracé de la « courbe enveloppe » à partir des pics
de contrainte pour chaque vitesse de déformation nous a permis d’observer ces deux domaines
de vitesses de déformation sur le ciment pris dans les conditions [23°C, Patm _ 24h]. Située à
la limite des deux domaines de vitesses (dynamique et statique), la vitesse "quasi-statique" est
identifiée à partir d’une déformation minimale au pic de charge et d’une résistance éliminant
les effets parasites des deux domaines (effets inertiels, effets différés,…). La vitesse de
déformation retenue pour tous les essais en compression simple sur le ciment classe G étudié,
et qui sont présentés par la suite, est ainsi prise égale à 10-4 s-1. Cette vitesse donne une valeur
de la résistance proche de la valeur asymptotique tout en présentant l'avantage de réaliser des
essais relativement courts ( = 1 minute) évitant ainsi les déformations différées.
16
15
• −3
ε = 10
14
Rc (MPa)
13
• −4
ε = 10
12 −5
ε• = 10
11
0,0040 0,0042 0,0044 0,0046
Déformation vraie (−)
Figure III.26 : Évolution du pic de contrainte1 en fonction de la vitesse de déformation du
ciment « classe G » étudié [23°C, Patm _ 24h].
148/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
24h), les valeurs de Rc pour les échantillons référencés [60°C, Patm _ 24h] sont trois fois
supérieures à celles des échantillons référencés [23°C, Patm _ 24h]. Il est à noter que ce facteur
est d’ailleurs du même ordre que celui de la température d’hydratation.
a)
35
30
23°C, P atm
60°C, P atm
25
x3
20
Rc
15
10
0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
b)
35
30 23°C, P atm
25
60°C, P atm 24h
7h
20 6h
Rc
15 20h
17h 24h
10 4h
5
0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
ξ (−)
Figure III.27 : Effet de la température d’hydratation sur les valeurs de Rc1 pour les
échantillons référencés : [23°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] et [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] :
a) évolution en fonction du degré d’hydratation Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s.
Sur la Figure III .27 a présentant Rc en fonction du temps d’hydratation, on peut noter que la
pente d’évolution de Rc à 60°C devient plus faible à partir de 7h d’hydratation. L’évolution
149/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
15
ξ est calculé à partir du modèle de cinétique d’hydratation présenté dans le chapitre I-3
150/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
35
30
25
Rc (MPa) 20
15
10
60°C, P atm
60°C, 17 MPa
5
0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
Figure III.28: Effet de la pression d’hydratation sur les valeurs de Rc obtenues à différents
temps d’hydratation sur échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}] et [60°C, 17
MPa _ {4h, 6h, 7h, 24h}]. Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s. Vitesse de dépressurisation
des échantillons : "rapide".
151/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
35 60°C
Patm 17 MPa
30 17 MPa + dépressurisation "lente"
+dépressurisation
25 "rapide"
Rc (MPa)
20
15 23°C
Patm 17 MPa
+ dépressurisation "lente"
10
5
0
24 h
Figure III.29: Effet de la vitesse de dépressurisation sur les valeurs de Rc obtenues sur
échantillons pris à 60 °C et 23 °C pendant 24 heures. Vitesse de déformation axiale = 10-4 /s.
La pression d’hydratation ayant peu d'effet sur les valeurs de Rc, dans la gamme de pression
testée, les échantillons testés par la suite ont été élaborés à pression atmosphérique (Patm).
152/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Extensomètre
radial MTS
Extensomètre
longitudinal
21
Ressorts
18 Chaînette
Accroche
métallique
15
σzz (MPa)
Longitudinale Latérale
12
6
Recouvrance (2min)
3
εzz εrr
0
-0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0,000
Déformations vraies (-)
Figure III.30 : Comportement caractéristique d’un échantillon de ciment au jeune âge pris à
[60°C, Patm _ 24h] soumis à un cycle de charge/décharge en compression simple. Vitesse de
déformation axiale = 10-4 /s.
En supposant que la déformation est homogène c'est à dire que la déformation se répartit
uniformément dans l'éprouvette, la déformation axiale vraie ε zz est égale au cumul des
z
= ln
dz
ε zz = ∫ zz0 (III-3.1)
z z0
153/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
dV
εvol = ∫V
V
(III-3.4)
0 V
où V=π r2z, r étant le rayon de l'échantillon en configuration actuelle.
La déformation volumique peut donc être déduite des mesures de ε zz et de ε rr , comme suit :
σ zz
ε vol = (1− 2ν)
(e)
(III-3.7)
Ε
ε vol désignant la déformation volumique élastique, σ zz la contrainte axiale vraie et E le
(e)
module d'élasticité.
F F S0 S
σ zz = = = σ 0zz 0 (III-3.8)
S S0 S S
154/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
En explicitant la relation précédente, la contrainte axiale vraie peut être déduite des données
d'acquisition selon :
σ zz = σ 0zz ≈ σ zz0
(1 + ε )
0 2
(III-3.9)
rr
155/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
18 Y= -10082x-15,98 -0,0004
=
2
R =0,9998 E
-0,0008
15
σzz (MPa)
-0,0012
εvol (-)
12
-0,0016
9
-0,0020
6 -0,0024
Y= 0,6017x-0,0005
2
=
3 R =0,9997 (1-2ν) -0,0028
0 -0,0032
-0,005 -0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0,000
εzz (-)
Figure III.31 : Méthode de détermination des propriétés élastiques (E et ν ) à partir d'un essai
de charge/décharge (Figure III-3.2.2_1) pour un échantillon pris à [60°C, Patm _ 24h].
156/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
a) 23°C, Patm
σzz (MPa)
14
L V 17h
12 R
20h
24h 10
L V R
8
L
V 6 R
0
-0,006 -0,004 -0,002 0 0,002
−)
Déformations vraies− (−
b) 60°C, Patm
σzz (MPa)
40
L V 35 R 4h
7h
30 24h
25
L V 20
R
15
10
L V 5 R
0
-0,008 -0,004 0 0,004 0,008
−−)
Déformations vraies (−
fonction de εvol (courbes notées V), et en fonction de ε rr (courbes notées R) lors d'un
chargement monotone jusqu'à rupture sur ciment référencé :
a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 7h, 24h}]
Nous nous sommes placés à 66% de la valeur de Rc pour réaliser les essais de
charge/décharge. A ce niveau de chargement, le comportement de l’échantillon est
157/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
a) Un échantillon
vierge (référence)
b) Un échantillon
Après un cycle de
charge/décharge
Figure III.33 : Analyses au scanner médical (plans sagittaux 0° et 90°) de deux échantillons de
ciment référencés [23°C, Patm _ 24h] : a) référence: aucune sollicitation mécanique ; b) après 1
cycle de charge/décharge.
158/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
17h 7
20h 6
24h
5
4
3
2
1
εzz (-) εrr (-)
0
-0,005 -0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0,000 0,001
10
159/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Cet effet d'hystérésis sera étudié plus en détail dans le §III-3.2.6 sur la base d'essais effectués
à différents niveaux de chargement inférieurs à 66% de Rc puis analysé dans le paragraphe
§III-3.3.4. L'évolution des propriétés élastiques en fonction du niveau de chargement appliqué
sera également étudiée.
Les différents essais de la Figure III .34 ont été analysés selon la méthode décrite
précédemment (§III-3.2.2.2) afin d'en déduire l'évolution des propriétés élastiques
instantanées. Les résultats obtenus pour les différentes conditions d’hydratation testées sont
récapitulés dans le Tableau III.3.
Propriétés élastiques
instantanées à σ = 2/3 Rc
Temps d’hydratation (h) ξ (−) N° Essai E (MPa) ν (-)
1 3245 0,08
4 0,44
2 3501 0,12
60 °C, Patm
3 5457 0,07
6 0,50 4 5124 0,10
5 5171 0,10
6 6016 0,08
7 0,53
7 5875 0,07
24 0,68 8 12624 0,10
9 3551 0,08
17 0,41
10 3585 0,09
23°C, Patm
11 4246 0,08
20 0,46
12 4555 0,07
13 4968 0,07
24 0,50
14 4143 0,05
Tableau III.3 : Propriétés élastiques obtenues à partir des essais de charge/décharge pour
différents conditions d’hydratation et différents temps d’hydratation testés : première
campagne d'essais.
Ces valeurs de propriétés "élastiques", données dans le Tableau III-3, sont représentées à la
Figure III .35.
160/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
E(MPa) ν (−)
15000 0,25
24 h
12000 0,20
4h 6h 7h
0,15
9000
0,10
6000
23°C 60°C 0,05
3000 ν ν
24 h 0,00
17 h 20 h E E
0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
ξ (−)
Figure III.35 : Première campagne d'essais. Évolution des propriétés élastiques en fonction du
degré d’hydratation pour les échantillons référencés [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h} et [60°C,
Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].
Notons que le module d’élasticité E augmente avec le degré d’hydratation, et suit une
tendance quasi-linéaire similaire à celle remarquée avec l'évolution de Rc (Figure III .27). On
constate, par ailleurs que pour un temps d’hydratation identique (e.g. 24h), les valeurs de E
pour les échantillons référencés [60°C, Patm _ 24h] sont supérieures à celles des échantillons
référencés [23°C, Patm _ 24h] alors que pour un ξ identique (e.g. ξ = 0 ,5 ) dans les deux
conditions d’hydratation étudiées, les valeurs de E obtenues sont du même ordre.
On note par ailleurs une légère diminution du coefficient de Poisson en fonction du degré
d’hydratation. Toutefois, les valeurs obtenues ne semblent pas être représentatives d'un
matériau cimentaire : les valeurs de ν obtenues pour les matériaux cimentaires sont
généralement de l’ordre de 0,2 alors que les valeurs obtenues ici sont comprises entre 0,05 et
0,12 quelque soit le degré d’hydratation de l’échantillon testé.
A partir d'un montage semblable au nôtre, [Reddy et al., 2007] ont obtenu des valeurs de
coefficient de Poisson comprises entre 0,15 et 0,22 sur des ciments pétroliers plus âgés que
les nôtres (hydratation dans l'eau pendant 72 h sous pression égale à 20 MPa et température
élevée d'environ 90 °C). [Ravi et al., 2007] identifient également, dans des conditions d'essai
et d’hydratation semblables à celles de [Reddy et al., 2007]un cœfficient de Poisson constant
égal à 0,2, et ce quelle que soit la densité des pâtes de ciment caractérisées. De surcroît, les
valeurs du coefficient de Poisson d’un béton se situent généralement entre 0,15 et 0,22
161/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
(Neville, 2000). Tout cela mène à se poser quelques interrogations concernant la mesure de
ν.
L'extensomètre MTS conçu initialement pour des matériaux de type roche est équipé de deux
ressorts d'une certaine raideur qui contrôle l'écartement des deux accroches permettant de
mesurer la déformation radiale. Or, la raideur de ces ressorts s'est avérée trop élevée pour
permettre l'écartement de ces dernières pour le ciment au jeune âge, manifestement peu
déformable. De ce fait, ces deux ressorts ont été changés par deux autres ressorts de plus
faible raideur.
Une seconde campagne d'essais a ainsi été réalisée avec un calibrage de l'extensomètre radial
plus approprié aux faibles déformations du ciment classe G au jeune âge grâce à ces ressorts
de plus faible raideur.
Ces résultats de charge/décharge (Figure III .36) ont été ensuite exploités de manière à
déterminer l'évolution des propriétés élastiques au très jeune âge (Figure III .37).
162/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
a) 23°C, Patm
σzz (MPa)
9
17h 8
20h 7
24h
6
5
4
3
2
1
εzz(-) εrr (-)
0
-0,005 -0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0,000 0,001
12
4
εzz (-) εrr (-)
0
-0,005 -0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0,000 0,001
Figure III.36 : Seconde campagne d'essais de charge/décharge à différents temps et conditions
d’hydratation : a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].
163/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
E(MPa) c) ν (−)
15000 0,25
12000 0,20
0,15
9000 24h
24h
0,10
6000
23°C 60°C 0,05
7h
3000 6h
ν ν
20h 0,00
E E
17h 4h
0
0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
ξ (−)
Figure III.37 : Seconde campagne d'essais. Évolution des propriétés élastiques en fonction du
temps d’hydratation à 23°C et à 60°C obtenue à partir d'échantillons référencés [23°C, Patm _
{17h, 20h, 24h} et [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].
a) et b) Évolution en fonction du temps d’hydratation
c) Évolution en fonction du degré d'hydratation
Pour cette seconde campagne d’essais, on note que les valeurs du coefficient de Poisson sont
davantage en accord avec celles trouvées dans la littérature. Mis à part les échantillons
référencés [60°C, Patm _ 4h] et [23°C, Patm _ 17h], Les valeurs mesurées sont comprises entre
0,16 et 0,24. Malgré cette dispersion, il semblerait que le coefficient de Poisson soit
sensiblement constant quelque soit le temps d’hydratation. En effet, à partir de La Figure
III .37 c présentant les valeurs de coefficients de Poisson pour les différentes conditions
164/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Pour mieux comprendre l’origine de cette grande dispersion notamment à [60°C, Patm _ 4h],
une analyse plus approfondie est présentée dans le §III-3.3.
A 60°C (Figure III.37b) on distingue comme dans le cas de Rc (cf. Figure III .27), un
changement de pente après 7h d’hydratation traduisant un changement de comportement.
L’origine de ce changement pendant l’hydratation au très jeune du ciment « classe G » sera
discuté dans le paragraphe §III-3.3.2.
En Figure III .37c, les valeurs de E obtenues pour un ξ identique à 23°C et à 60°C sont
comparables.
165/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
l'analyse des propriétés élastiques. Trois cycles de charge/décharge ont été effectués, à un
niveau de déchargement constant σmax = 66% Rc (Figure III .38), sur deux échantillons
référencés [23°C, Patm _ 24h]. A chaque décharge, le module d'élasticité a été déterminé. Les
valeurs de E obtenues, pour les deux échantillons testés sont identiques et sont également
reproductibles à chaque cycle. En revanche, une diminution notable de l'effet hystérésis est
constatée à partir du deuxième cycle. Ce point sera discuté dans le paragraphe §III-3.3.4.
σzz(MPa)
Ech_2 E (MPa) 8
Ech_1 Ech_2
Cycle 1 6241 6334 7
Cycle 2 5959 6425
Ech_1 Cycle 3 5951 6391 6
5
4
3
2
1
εzz (-) εrr (-)
0
-0,0025 -0,002 -0,0015 -0,001 -0,0005 0 0,0005
Une analyse au scanner médical a été réalisée sur l'échantillon 2 juste après la fin d’essai
tricyclique de charge/décharge. Des analyses sagittales à 0° et à 90° (cf. Figure III .22a) sur
l’échantillon 2 ont été réalisées puis comparées à d'autres analyses effectuées sur un
échantillon vierge (n'ayant subi aucune sollicitation mécanique). Elles ne révèlent à nouveau
aucun endommagement (Figure III .39).
166/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
a) Échantillon
vierge (référence)
b) Échantillon 2
Figure III.39 : Analyses au scanner médical (plans sagittaux 0° et 90°) de deux échantillons de
ciment référencés [23°C, Patm _ 24h].
a) référence : aucune sollicitation mécanique
b) échantillon 2: après 3 cycles de charge/décharge effectués à un niveau de
déchargement constant σ max = 66%R c .
Le but de ces essais est d'identifier l'effet du niveau de chargement sur l'évolution des
propriétés élastiques d'une part, et de comprendre l'origine de l'effet hystérésis d'autre part.
Pour cela, des essais de charge/décharge ont été effectués sur des échantillons pris à (60°C,
Patm). Trois temps d’hydratation ont été étudiés : 4h, 6h et 24h. Pour chaque temps
d’hydratation nous avons préparé plusieurs échantillons. Chaque échantillon préparé a subi un
seul niveau de chargement. A 4h d’hydratation, les niveaux de chargement réalisés sont
compris entre 20% et 66% de la valeur de Rc. Quant aux deux autres temps d’hydratation
étudiés (6h et 24h), les niveaux de chargement sont compris entre 30% et 66%.
Les résultats des essais effectués sont présentés sur la Figure III .40.
167/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
3
66%Rc
50% Rc 2,5
30%Rc 2
20%Rc
1,5
0,5
εzz (-) εrr (-)
0
-0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0 0,001
66%Rc 8
50%Rc
30%Rc 6
εzz (-)
0
-0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0
c) 60°C, Patm _ 24h σzz (MPa)
25
66%Rc 20
30%Rc
15
10
εzz (-)
0
-0,004 -0,003 -0,002 -0,001 0
Figure III.40 : Comparaison de cycles de charge/décharge à différents niveaux de chargement
pour des échantillons pris dans les conditions suivantes :
a) [60°C, Patm _ 4h], b) [60°C, Patm _ 6h], c) [60°C, Patm _ 24h].
168/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Le module d’élasticité E a ensuite été déterminé au début de la décharge (cf. Figure III .31)
pour chaque niveau de chargement.
Dans la Figure III .41l'évolution des valeurs de E pour chaque temps d’hydratation étudié en
fonction du niveau du chargement est représentée. Pour les échantillons référencés [60°C, Patm
_ 4h], on peut constater que la valeur de E croît lorsque le niveau de chargement augmente.
La valeur de E semble tendre vers une stabilisation à partir de 50% de la valeur de Rc. Pour
les échantillons référencés [60°C, Patm _ {6h, 24h}], on peut constater que le module
d’élasticité reste constant dans la gamme des niveaux de chargement appliqués. Cela signifie
que les différents échantillons testés à 66% de Rc n'ont pas subi d'endommagement qui aurait
pu diminuer leurs propriétés élastiques. Par ailleurs on constate que l’effet hystérésis concerne
tous les niveaux de chargement étudiés. L’analyse de ce phénomène dissipatif est présentée
dans le paragraphe III-3.3.4.
12000
60°C, Patm _ 6h
E (MPa)
6000
60°C, Patm _ 4h
3000
0
10 20 30 40 50 60 70
Niveau de chargement(%)
Figure III.41 : Évolution du module d’élasticité E à [60°C, Patm _ {4h, 6h, 24h}] en fonction
du niveau du chargement appliqué.
Pour mieux étudier les déformations retardées observées lors de la décharge à cause de l’effet
hystérésis, des essais de relaxation ont été réalisés. Ces essais apporteront des informations
quant aux propriétés différées pendant l’hydratation du ciment.
169/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
La caractérisation des propriétés différées du ciment au très jeune âge n'est pas aisée à établir
car à ce stade d'hydratation, le comportement du ciment évolue rapidement. Afin de limiter
cette évolution naturelle des propriétés mécaniques avec l'hydratation, les essais de relaxation
réalisés dans cette étude sont de courte durée (15 min). Les conditions et temps d’hydratation
des échantillons testés en relaxation sont indiqués dans le §III-3.1.5. Nous avons étudié l'effet
du niveau de déformation imposée sur le comportement différé. Pour cela, deux niveaux de
déformation ont été choisis pour chaque temps d’hydratation, de sorte que le premier niveau
de déformation soit approximativement équivalent à un niveau de contrainte égale à
σ0 = 40% Rc et le second niveau à σ0 = 66% Rc . Dans ce qui suit, tous les essais effectués
les essais avec le niveau de déformation correspondant à σ0 = 66% Rc seront désignés par
palier 2. L'effet de l'âge d’hydratation sur le comportement différé sera également étudié.
Pour comparer les essais de relaxation sur une même base et tester les écarts par rapport au
comportement différé, σ(t) a été rapportée à la contrainte σ0 (au début du palier). La Figure
III.42 montre l'évolution de σ(t) / σ0 au cours du temps pour les deux paliers étudiés à (23°C,
Patm) (Figure III.42a) et à (60°C, Patm) (Figure III .42b).
− une deuxième phase caractérisée par une diminution plus lente de la contrainte.
− Si on fait une comparaison entre les deux paliers étudiés à (23°C, Patm), on peut constater
que la relaxation est plus faible au palier 1 qu'au palier 2 (Figure III .42a). La même
tendance est constatée pour les essais de relaxation effectués sur des échantillons pris à
[60°C, Patm _6h] (Figure III .42b). Quant aux essais effectués sur les échantillons pris à
[60°C, Patm _4h], on observe un comportement inverse.
170/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
a) 23°C, P atm
1,00
Palier 1_17h
0,95 Palier 2_17h
Palier 1_24h
0,90
σ (t)/σ0(−)
Palier 2_24h
0,85
0,80
0,75
0,70
300 600 900
Temps (s)
b) 60°C, P atm
1,00
Palier 1_4h
0,95 Palier 2_4h
Palier 1_6h
0,90
σ (t)/σ0(−)
Palier 2_6h
0,85
0,80
0,75
0,70
0 300 600 900
Temps (s)
Figure III.42 : Évolution de σ(t ) / σ 0 au cours des essais de relaxation au palier 1 (40% Rc) et
au palier 2 (66% Rc) pour des échantillons référencés :
a) [23°C, Patm _ {17h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h}].
Sur la Figure III .43, mis à part le palier 1 pour les échantillons pris à [60°C, Patm _4h]
( ξ = 0 , 44 ), le coefficient de relaxation r (cf.§III-3.1.4.c) est d'autant plus important que le
niveau de déformation est élevé. Pour les plus faibles degrés d’hydratation ( ξ = 0 , 41 à [23°C,
Patm _17h]) et ( ξ = 0 , 44 à [60°C, Patm _4h]), on relève qu’en fonction du palier imposé, deux
tendances antagonistes d'évolution de r sont mises en évidence. Au palier 2, on constate que r
est plus élevé à 4h qu'à 17h alors qu’on constate l’inverse au palier 1. Par ailleurs, pour une
valeur de ξ = 0 ,5 on constate que le coefficient de relaxation est plus élevé à 60°C qu’à 23°C,
171/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
ξ (−)
-0,10
0,40 0,44 0,48 0,52 0,56
-0,12
Palier 1
-0,14 Palier 2
-0,16 60°C, P atm _6h
-0,18
r (-)
a. Modèle de Maxwell
Les essais de relaxation ont été exploités à l’aide du modèle rhéologique de Maxwell afin de
déterminer un ou des temps de relaxation
•
•σ σ
ε= + (III-3.10)
E η
En relaxation, la vitesse de déformation totale est nulle : εɺ = 0 (la déformation imposée est
172/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
constante).
E t
σ ( t ) = σ 0 exp −
t = σ 0 exp − (III-3.11)
η τ
η
où τ = est le temps de relaxation du modèle de Maxwell et σ 0 = Eε 0 est la contrainte
E
instantanée dans le matériau au moment de l’application de la déformation initiale ε 0 .
a) 23°C, P atm
0,30
0,25
- Ln (σ(t)/σ0) [−]
0,20
0,15
Palier 1_17h
0,10
Palier 2_17h
0,05 Palier 1_24h
Palier 2_24h
0,00
0 300 600 900
Temps (s)
b) 60°C, P atm
0,30
0,25
- Ln (σ(t)/σ0) [−]
0,20
0,15
Palier 1_4h
0,10
Palier 2_4h
0,05 Palier 1_6h
Palier 2_6h
0,00
0 300 600 900
Temps (s)
173/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
On constate qu’aucune courbe n’est linéaire. Cela signifie que le ciment a plus d’un seul
temps caractéristique de relaxation au très jeune âge. Le modèle de Maxwell avec une seule
branche n’est donc pas adapté pour déterminer ces temps de relaxation et par conséquent, le
modèle de Maxwell généralisé va être utilisé. Au vu de l’allure des courbes, deux temps
caractéristiques de relaxation sembleraient être identifiés au très jeune âge dans la gamme de
temps testé : un aux temps "courts" et un second au temps plus "longs".
n t
σ ( t ) = ε 0 ∑ Ei exp − (III-3.12)
i =1 τi
( Y ( x ) = ∑ Ei exp ( − x / τ i ) + Y0 ) a été utilisée (calcul par la méthode des moindres carrés) pour
i
approcher l'évolution de (σ ( t ) / ε 0 ) en cours du temps (Figure III .47). Une bonne corrélation
est obtenue à partir de (i = 2) avec R² > 0,997 pour toutes les courbes.
174/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
a) 23°C, P atm
5500
Palier 1_17h
5000 Palier 2_17h
4500 Palier 1_24h
σ (t)/ε0 (MPa)
Palier 2_24h
4000 Y(x)
3500
3000
2500
2000
1500
0 300 600 900
Temps (s)
b) 60°C, P atm
6000
Palier 1_4h
5000 Palier 2_4h
Palier 1_6h
σ (t)/ε0 (MPa)
Palier 2_6h
4000 Y(x)
3000
2000
1000
a) [23°C, Patm _ {17h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h}]. Détermination des temps de
relaxation selon le modèle de Maxwell généralisé avec la fonction Y(x).
Le Tableau III.4 regroupe les valeurs des constantes ainsi identifiées ( τ 1 , τ 2 et E1 , E2 ) pour
chaque temps d’hydratation et chaque palier étudiés.
175/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Temps
τ1 τ2
ξ ( −)
E1 E2
d’hydratation ε 0 (10-3) Palier
(h) (s) (s) (MPa) (MPa)
1,1 1 22,73 343,59 348,36 371,67
17 0,41
23 °C
Les temps de relaxations ( τ 1 , τ 2 ) ainsi que les modules élastiques ( E1 , E2 ) donnés dans le
Tableau III.4 sont représentés à la Figure III .48.
60 900
Palier 1
Palier 1 800 Palier 2
Palier 2
50 700
600
40
τ2 (s)
τ1 (s)
500
400
30
300
20 200
0,40 0,42 0,44 0,46 0,48 0,50 0,52 0,40 0,42 0,44 0,46 0,48 0,50 0,52
ξ (−) ξ (−)
800 800
Palier 1
700 700
Palier 2
600 600
500 500
E2 (MPa)
E1 (MPa)
400 400
300 300
Palier 1
200 200 Palier 2
100 100
0,40 0,42 0,44 0,46 0,48 0,50 0,52 0,40 0,42 0,44 0,46 0,48 0,50 0,52
ξ (−) ξ (−)
176/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Pour les échantillons référencés [23°C, Patm _ 17h] ( ξ = 0 , 41 ) et [60°C, Patm _ 4h] ( ξ = 0 , 44 ),
on peut constater que le temps caractéristique τ 1 dépend du niveau du palier considéré. En
effet, la valeur de τ 1 au palier 2 est plus élevée que celle au palier 1. Alors que pour des
échantillons plus âgés [23°C, Patm _ 24h] ( ξ = 0 ,5 ), et [60°C, Patm _ 6h] ( ξ = 0 ,5 ), la valeur
On constate cependant que les valeurs de τ 2 varient en fonction du palier considéré et cela
pour tous les temps d’hydratation étudiés.
Quant aux valeurs de E , on constate que pour les échantillons les moins âgés [23°C, Patm _
17h] ( ξ = 0 , 41 ) et [60°C, Patm _ 4h] ( ξ = 0 , 44 ), les valeurs de E1 et E2 ne dépendent pas du
palier considéré, alors que pour les échantillons les plus âgés, [23°C, Patm _ 24h] ( ξ = 0 ,5 ) et
Par ailleurs, notons que les valeurs de τ 1 sont du même ordre que les temps des essais de
charge/ décharge réalisés pour des niveaux de chargement de 66% de Rc. L’analyse des temps
caractéristiques de relaxation (cf. Tableau III.4) permettra de voir si les déformations différées
ont le temps de se développer au cours des cycles de charge/décharge. Ce point sera présentée
dans le §III-3.3.4.
Dans §III-3.2.6, on a pu constater que pour les échantillons référencés [60°C, Patm _ 4h], le
module tangent E croît lorsque le niveau de chargement imposé augmente (Figure III .41). Ce
type de comportement est similaire à celui d'un milieu granulaire faiblement cohésif. [Miksic,
2008] avait mis en évidence un comportement semblable sur un milieu granulaire composé de
billes de verre sous chargement cyclique. D’un point de vue physique, ce type de
comportement est induit par les contraintes entre grains qui se comportent de façon non
linéaire (loi de Hertz).
177/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Contrairement aux échantillons [60°C, Patm _4h], les échantillons pris à [23°C, Patm _17h]
présentent des valeurs de Rc un peu plus élevées (Figure III .27)) (Rc (17h) ≈ 6,5 MPa > Rc
(4h) ≈ 4,5 MPa). Les valeurs de perméabilité à l’eau (sans Pc) de ces échantillons pris à
[23°C, Patm _17h] sont inférieures à celles obtenues pour les échantillons [60°C, Patm _4h]
(Figure II.17). D’autre part, on note que 4h à (60°C, Patm) est situé au sommet du pic du flux
thermique alors que 17h à (23°C, Patm) se situe au début de la phase de durcissement (cf.
Figure II.5). Tout cela semble impliquer que le degré de connexion du squelette solide est plus
élevé à 17h qu’à 4h, et qu'il est par conséquent à l’origine d’un comportement mécanique plus
proche de celui d’un solide homogène peu cohésif au vu des résultats comparant la
perméabilité à l’eau du pic du flux thermique sur le ciment pris avec Pc à celle sans Pc pour
les échantillons [23°C, Patm _17h] (cf. §II-2.3.2).
Un comportement de type granulaire non cohésif a ainsi été identifié au niveau du sommet du
pic du flux thermique sur le ciment pris à [60°C, Patm _4h]. Afin de confirmer l’existence de
ce type de comportement sur le ciment prenant à 23°C à ce même niveau de la courbe du flux
thermique (cf. Figure I.12), des essais de charge/décharge mériteraient d’être effectués à 12h
et exploités selon la Figure III .41.
178/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
60°C , Patm
18000 Granulaire
60
faiblement Solide cohésif
-1
12000 40
E (MPa)
6000 Equasi-statique 20
179/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
60°C, P atm
15000 Domaine FC Domaine C 60
56
12000
Equasi-statique(MPa)
52
Porosité (%)
9000 48
6000 E quasi-statique 44
Porosité 40
3000
36
0 32
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
Figure III.50 : Superposition des modules élastiques quasi-statiques avec la porosité au très
jeune âge sur les échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].
60°C, P atm
15000 Domaine FC Domaine C 0,6
12000 0,5
Equasi-statique(MPa)
0,4
9000
k (mD)
0,3
6000 k (sans Pc)
0,2
Equasi-statique
3000 0,1
0 0,0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
Figure III.51 : Superposition des modules élastiques quasi-statiques avec la perméabilité (k)
(sans Pc) au très jeune âge sur les échantillons référencés [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].
180/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
identifié précédemment (Figure III.50). La porosité diminue plus vite dans le domaine FC que
dans le domaine C. Cette diminution de la porosité se fait surtout au détriment des pores les
plus larges, c’est-à-dire des capillaires (cf. Figure II.9). Ceci se manifeste par une diminution
rapide de la perméabilité (Figure III.51). Celle-ci peut être interprétée comme le résultat d’une
transformation de la microstructure :
III-3.3.4. Nature des phénomènes dissipatifs dans le ciment pétrolier au très jeune
âge
Lors des essais cycliques de charge/décharge (§III-3.2.6), nous avons observé que le trajet de
décharge diffère du trajet de charge. Ce phénomène d’hystérésis apparaît quel que soit le
niveau de chargement étudié (cf. Figure III.40). L’aire du cycle de décharge /décharge
représente l’énergie dissipée au cours d’une période T. Afin de voir si les déformations
différées ont le temps de se développer au cours des cycles de charge/décharge, l’aire de
l’hystérésis obtenue lors de chaque essai de charge/décharge à un niveau de chargement de
66% de Rc a été comparée à l’aire "théorique" calculée à partir des paramètres viscoélastiques
identifiés ( τ 1 et τ 2 et E1 , E2 ) avec le modèle de Maxwell généralisé (§III-3.2.7.2.b).
σ (ω ) = E ( ω ) ⋅ ε (ω )
(III-3.13)
σ (ω ) = E eiϕ ⋅ ε (ω )
E
où E (ω ) est le module complexe, ϕ est le déphasage donné par la relation ϕ = arctan i
Er
où Ei est la partie imaginaire et Er la partie réelle du module complexe. ε (ω ) est la
2π
déformation et enfin la pulsation ω est égale ω = où T est la période assimilée à la durée
T
du cycle de charge/décharge.
181/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
T T i
Ath = ∫ σ dε = ∫ σ ( t ).ε ( t ) dt
0 0
(III-3.14)
avec σ ( t ) = σ 0 cos ( wt + ϕ ) et ε ( t ) = ε 0 sin wt
calculée par la méthode des trapèzes. Étant donné la dispersion importante des niveaux de
déformation dans les essais de charge/décharge (cf. Figure III.36), nous avons, pour chaque
temps d’hydratation, calculé l’aire uniquement pour les cycles d’hystérésis dont la
déformation à 66% de la valeur de Rc s’approche de celle de la déformation imposée ε 0 lors
des essais de relaxation correspondant au palier 2.
σ (ΜPa)
17h
ε (10−3)
Figure III.52 : Exemple de cycle hystérésis "théorique" obtenu à partir des paramètres
viscoélastiques identifiés ( τ 1 et τ 2 et E1 , E2 ) avec le modèle de Maxwell généralisé pour un
échantillon à [23°C, Patm, 17h].
Les résultats expérimentaux ( Aexp ) sont reportés dans le Tableau III.5 où sont également
182/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
données les valeurs de ( Ath ) obtenues à partir des propriétés viscoélastiques tirées des essais
de relaxation au §III-3.2.7.2.b.
Tableau III.5 : Comparaison entre Ath et Aexp pour les échantillons référencés [60°C, Patm _
{4h, 6h}] et [23°C, Patm _ {17h, 24h}] dont les essais mécaniques sont représentés à la Figure
III.36.
De manière générale, on constate que les aires des cycles d’hystérésis "théoriques" (calculées
à partir des paramètres obtenus par le modèle viscoélastique de Maxwell généralisé) ont des
valeurs comparables à celles des cycles d’hystérésis des essais expérimentaux de
charge/décharge. Cela signifie que l’origine de l’effet hystérésis résulte en grande partie du
caractère visqueux de la pâte de ciment au très jeune âge.
Les résultats montrent toutefois qu’à l’exception du premier résultat à [23°C, Patm _, 17h], il
existe un écart de 30 à 40% par rapport à l’aire expérimentale, qui pourrait résulter d'un
mécanisme de dissipation différent.
Par ailleurs, les essais cycliques successifs effectués (3 cycles) sur des échantillons à [23°C,
Patm _, 24h] ayant un ξ = 0 ,5 équivalent à celui des échantillons référencés [60°C, Patm _ 6h]
ont montré une diminution de l’effet hystérésis à partir du deuxième cycle (Figure III.38 au
§III-3.2.5). Afin d’identifier l’origine de cette diminution nous avons comparé l’aire
d’hystérésis de chaque cycle avec celle obtenue auparavant à [23°C, Patm _, 24h] (Tableau
III.5). Les résultats montrent que l’aire du premier cycle, reportée dans le Tableau III.6, est
égale à celle reportée dans le Tableau III.5. Les aires du deuxième et troisième cycle sont
comparables et plus petites que l’aire du premier cycle (d’un rapport 2 environ). Ces valeurs
sont, de surcroît, du même ordre que Ath traduisant le caractère purement visqueux et dont la
valeur est reportée dans le Tableau III.5.
183/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
Dans les premiers temps de relaxation, il a été montré que la pression dans les pores
initialement saturés diminue suite à l’écoulement de l’eau au travers du réseau, provoquant
ainsi une relaxation qualifiée relaxation hydrodynamique de la contrainte. La redistribution
interne de l’eau dans l’espace capillaire a été d’ailleurs identifiée comme un facteur à
l’origine du fluage au temps court.
En ce qui concerne nos échantillons, ceux-ci sont très poreux au niveau d’hydratation testé
(Figure II.6), et la perméabilité (Figure II-17) est de l’ordre de [10-16; 10-17] m2. L’effet
d’hystérésis, plus important pour le premier cycle par rapport aux cycles suivants serait ainsi
attribué à une redistribution interne de l’eau dans les pores capillaires lors du premier cycle de
charge/décharge, alors qu’aux cycles suivants l’hystérésis observé serait uniquement
l’expression du comportement viscoélastique des hydrates.
184/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
D’une façon générale, les modules "élastiques" obtenus au cours des essais quasi-statiques et
dynamiques ont été déterminés en supposant d’une part que la déformation différée est faible
devant la déformation élastique et d’autre part que le module tangent est relativement
indépendant de la contrainte appliquée. Par ailleurs, il peut exister un effet d’échelle car la
longueur d’onde induite au cours des essais dynamiques est inférieure à la taille de
l’échantillon testé au cours des essais quasi-statiques.
Tout écart entre les mesures quasi-statiques et dynamiques peut s’expliquer par les biais
induits par ces hypothèses.
On constate que les valeurs des propriétés élastiques dynamiques mesurées par méthode
ultrasonore sont plus grandes que celles issues des essais mécaniques quasi-statiques (Figure
III.53a, Figure III.53b).
185/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
a) 23°C, Patm
18000 0,4
ν dynamique
15000 0,3
E(MPa)
12000 ν quasi-statique
0,2
ν(−)
9000
0,1
6000 E dynamique
0
12 4 168 1220 16 20 24 24 28
Temps de prise (h)
Temps d'hydratation (h)
b) 60°C, Patm
18000 0,4
15000 0,3
E (MPa)
12000
0,2
ν (−)
9000
ν dynamique 0,1
6000 ν quasi-statique
E dynamique
3000 0,0
E quasi-statique
0
0 44 88 12 16 20 20 24 24 28
Temps d'hydratation (h)
Figure III.53 : Comparaison de l’évolution des propriétés élastiques dynamiques avec celle
des propriétés élastiques quasi-statiques au très jeune âge sur des échantillons pris à :
a) [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], b) [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].
Toutefois, on constate que les modules d'élasticité dynamiques (Edynamique) et les modules
d'élasticité quasi-statiques (Equasi-statique) suivent la même tendance, contrairement aux
coefficients de Poisson.
Afin d’identifier l’existence d’une éventuelle corrélation en terme d’évolution entre E dynamique
et E quasi-statique, la valeur moyenne de chacun des modules d’élasticité à chaque temps
d’hydratation a été considérée à la Figure III.54.
186/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
15000
Y = 0,8707x+3890,4
2
R = 0,973
12000 Y=x
Edynamique(MPa) Y = 1,0074x+2832,34
2
R = 0,962
9000
0
0 3000 6000 9000 12000 15000
Equasi-statique(MPa)
Figure III.54 : Corrélation entre l’évolution des modules d'élasticité dynamiques et les
modules d'élasticité quasi-statiques au très jeune âge à [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}], [60°C,
Patm _ {4h, 6h, 7h, 24h}].
2,0 60
60°C, P atm
56
Edynamique/Equasi-statique (−)
La Figure III.54 montre une bonne corrélation ( R2 > 0,96) entre l’évolution des modules E
dynamique mesurés par propagation ultrasonore et celle des modules Equasi-statique mesurés au
début de la décharge après un chargement de 66% Rc. D’autre part, le rapport Edynamique /
Equasi-statique décroît avec l'avancement de l'hydratation (cf. Figure III.55) et se rapproche
progressivement de 1. Cet écart peut être dû à diverses causes :
187/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
− la seconde peut provenir du fait que les essais dynamiques sont "non drainés" : les
variations de pression interstitielle du fluide sont générées au cours du chargement
dynamique. Par contre les essais mécaniques quasi-statiques peuvent être drainés ou non
drainés suivant la durée de la mesure des modules élastiques et la perméabilité du ciment
étudié. Ce point sera abordé au paragraphe suivant.
La détermination du temps de drainage (tdr) de l’eau interstitielle pour chacune des conditions
d’hydratation étudiées : [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}] et [60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h}] va
permettre d’identifier si les essais quasi-statiques de charge/décharge s’effectuent en
condition drainée ou non drainée. Rappelons que les propriétés élastiques ont été déterminées
directement à partir de la pente en début de la décharge.
H dr2
tdr = T (III-3.16)
Cv
où T [-] est le "facteur temps", de l'ordre de 1 lorsque la consolidation de l’échantillon est
pratiquement terminée, H [m] est une longueur caractéristique qui correspond en
l’occurrence au rayon de l'échantillon r (r = 20.10-3 m). et Cv [m2.s-1] est le coefficient de
consolidation. Ce dernier s’exprime comme suit :
K .E
Cv = (III-3.17)
ρ e .g
où E [Pa] est la valeur moyenne du module d'élasticité quasi-statique déterminé à partir des
essais charge/décharge de la série 2 pour chaque temps d’hydratation (cf. §III-3.2.4.2), ρ e =
1000 [kg.m-3] est la masse volumique de l'eau à température ambiante, g = 9,81 [m.s-2]
correspond à la constante de gravitation et K est la perméabilité en [m.s-1]. Cette dernière
188/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
s’écrit :
k.ρ e .g
K= (III-3.18)
µe
où k [m2] est la valeur moyenne de la perméabilité intrinsèque à l’eau mesurée sans pression
de confinement (Pc) (cf. Chapitre II-2 : § II-2.3.2) et µe = 10-3 [Pa.s] correspond à la viscosité
de l’eau à température ambiante.
Le Tableau III.7 regroupe les temps de drainage de l’eau interstitielle estimé pour chaque
essai de charge/décharge pour les échantillons référencés [23°C, Patm _ {17h, 20h, 24h}] et
[60°C, Patm _ {4h, 6h, 7h}]. L’intervalle de temps (tel) sur lequel sont déterminés le module
d’Young et le coefficient de Poisson est également reporté dans le Tableau III.7pour chaque
temps d’hydratation.
20 0,46 1,23 3
24 0,50 1,96 2à3
4 0,44 0,23 1à2
60 °C
Nous constatons que pour les temps d’hydratation les plus faibles ([23°C, Patm _ {17h, 20h}]
et [60°C, Patm _ 4h]) qui correspondent à ξ < 0 ,5 , le temps de drainage est bien inférieur au
temps de mesure des propriétés élastiques (tel). Ce résultat montre que les propriétés
élastiques quasi-statiques obtenues sont drainées.
Les temps de drainage à [23°C, Patm _ 24h] et à [60°C, Patm _ {6h, 7h}] soient ξ de l’ordre de
0,5, sont, en revanche, du même ordre que le temps de mesure des propriétés élastiques. En
conséquence, il est difficile d’identifier la nature drainée ou non drainée des modules
élastiques quasi-statiques à ce stade de l’hydratation.
189/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
III-3.4. Conclusions
Dans ce chapitre, les essais en compression simple réalisés à Tamb et Patm ont permis de
déterminer l’évolution des propriétés mécaniques quasi-statiques "instantanées" et différées
de la pâte de ciment pétrolier au très jeune âge.
− Les essais de résistance à la rupture Rc sur des échantillons pris à HP et/ ou HT ont
montré que l’hydratation à HP a peu d’effet sur les valeurs de Rc pour un même temps
d’hydratation, tout au moins dans la gamme [Patm, 20 MPa] testée. Cependant une
augmentation rapide de Rc avec la température a été observée. Cette augmentation est due
tout simplement à l’effet accélérateur des réactions d’hydratation avec l’augmentation de
la température. D’autre part, pour un même degré d’hydratation, la température n’a pas
d’effet sur les valeurs de Rc mesurées. Celles-ci évoluent linéairement en fonction du
degré d’hydratation. L’évolution temporelle de ces valeurs pour les échantillons faisant
prise à 60°C a montré un changement de pente à partir de 7h corrélé à la diminution de la
cinétique d’hydratation. Par ailleurs ces essais ont révélé une dispersion importante
pendant la mise en charge, rendant par conséquent impossible leur exploitation pour
déterminer les propriétés élastiques.
− A partir des essais d’un cycle de charge/décharge réalisés à (ε =10-4 /s), les propriétés
"élastiques quasi-statiques" (E, ν) ont été calculées au début de la décharge. Un
extensomètre radial MTS avec une chaînette placée à mi-hauteur de l’échantillon a été
utilisé pour mesurer la déformation radiale de l’échantillon. La variation de E avec le
degré d’hydratation est sensiblement linéaire et indépendante de la température. Par
contre la cinétique dépend évidemment de la température. La détermination du coefficient
de Poisson ν est plus délicate. Une valeur médiane de ν égale à 0,2 a été obtenue quelque
soit l’âge d’hydratation des échantillons testés. Cette valeur, de l’ordre de celle retrouvée
dans la littérature pour des ciments beaucoup plus âgés, pourrait être encore un peu
sousestimée pour les temps d’hydratation les plus faibles.
190/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
identifiées de τ 1 sont du même ordre que les temps de réalisation des essais de charge/
décharge réalisés pour des niveaux de chargement à 66% de Rc.
− Les essais tricycliques successifs effectués sur les échantillons à [23°C, Patm _, 24h] ont
montré une diminution de l’effet hystérésis à partir du deuxième cycle. L’effet
d’hystérésis plus important au premier cycle par rapport aux cycles suivants serait attribué
à une redistribution interne de l’eau dans les pores capillaires lors du premier cycle de
charge/décharge, alors qu’aux cycles suivants l’hystérésis observé serait uniquement
191/253
Chapitre III-3 – Evolution des propriétés mécaniques quasi-statiques d’un ciment pétrolier au
très jeune âge pris à HP/HT
− Les valeurs des modules d’Young dynamiques de la pâte de ciment étudié précédemment
sont plus grandes que les valeurs obtenues au cours des essais quasi-statiques. L’écart
entre le module dynamique et le module quasi-statique observé au très jeune âge est
attribué à (i) la redistribution interne de l’eau interstitielle dans les pores capillaires au
cours de l’essai quasi-statique tout au moins pour ξ ≤ 0 ,5 et (ii) au comportement
viscoélastique des hydrates produits qui conduit à un module viscoélastique complexe
dépendant de la fréquence. Cet écart diminue avec le temps d’hydratation. Les modules
quasi-statiques sont de nature drainée au tout début de l’hydratation ξ < 0 ,5 puis se
rapprochent des modules non drainés à mesure que l’hydratation avance.
192/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
Chapitre III-4
MODELISATION DE L’EVOLUTION
DES PROPRIETES ELASTIQUES
DU CIMENT PETROLIER PAR
CHANGEMENT D’ECHELLE
Ce chapitre est consacré à la mise au point d’un modèle
permettant d’estimer les propriétés élastiques de la pâte de
ciment pétrolier «classe G » en cours d’hydratation. Ces
dernières sont ensuite confrontées aux propriétés dynamiques
mesurées par méthode ultrasonore (cf. Chapitre III-2) et aux
propriétés quasi-statiques obtenues à partir des essais de
mécaniques de charge/décharge en compression simple (cf.
Chapitre III-3).
III-4.1. Introduction
Plusieurs approches de modélisation du comportement élastique du béton et de la pâte de
ciment [Bernard et al., 2003; Bernard et al., 2003; Le Pape, 2005; Smilauer, 2005; Sanahuja
et al., 2007; Sanahuja, 2008] ont été proposées sur la base de la connaissance des propriétés
élastiques ainsi que des fractions volumiques des différentes phases aussi bien lors de
l’hydratation qu’en phase post-hydratation. Ces approches permettent alors de remonter au
comportement macroscopique par changement successif d’échelles. Les capacités prédictives
de ces approches quant à déterminer les propriétés élastiques semblent être établies [Bernard
et al., 2003; Le Pape, 2005; Smilauer, 2005; Le et al., 2008; Sanahuja, 2008] pour la pâte de
ciment à un degré d’hydratation avancé.
193/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
L’approche adoptée par [Le et al., 2008; Sanahuja, 2008] pour le béton et [Le et al., 2008;
Sanahuja, 2008] pour la pâte de ciment repose sur l’hypothèse d’un modèle viscoélastique
phénoménologique pour les C-S-H, puis par des techniques successives de changement
d’échelle pour la prévision du comportement viscoélastique du béton ou de la pâte de ciment.
Pour cela, les schémas d’homogénéisation élastique sont étendus au cas viscoélastique en
utilisant le principe de correspondance, basé sur la transformée de Laplace–Carson, dans le
cas de la viscoélasticité isotherme non vieillissante.
Dans ce travail, nous allons donc limiter l’analyse aux propriétés instantanées (élastiques).
Contrairement aux travaux existants [Bernard et al., 2003; Le Pape, 2005; Smilauer, 2005;
Sanahuja et al., 2007; Le et al., 2008; Sanahuja, 2008], la phase aqueuse doit être prise en
compte dans l’estimation de ces propriétés. En effet, au très jeune âge, cette phase joue un
rôle important et elle ne peut être occultée.
194/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
où le symbole • •
correspond à la moyenne spatiale. σ et ε sont donc les moyennes de
2
Chom = κ hom − µhom δ ⊗ δ + 2 µhomδ ⊗ δ (III-4.2)
3
qui s’exprime en termes des modules d'incompressibilité ( κ hom ) et de cisaillement ( µhom ).
ε ( x ,t ) = L ( x ,t ) : Ε (III-4.3)
σ ( x ,t ) = C ( x ) : L ( x ,t ) : Ε (III-4.4)
Les propriétés élastiques effectives peuvent finalement être reliées à la concentration fi et les
Chom = C ( x ) : L ( x ,t ) = ∑ f (t ) C : L ( f ,t )
i
i i i i (III-4.5)
où Li ( f i ,t ) = L ( x ,t ) Ωi
est la valeur moyenne par phase du tenseur de localisation. La
195/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
Les schémas d’homogénéisation constituent, dans ce sens, un moyen pour estimer le tenseur
Li sur la base d’une microstructure donnée.
Quand le ciment anhydre est mélangé avec de l'eau, la pâte de ciment peut être considérée à sa
formation comme une suspension avec une percolation géométrique (existence d'un squelette
non cohésif dont la résistance est due au frottement inter-granulaire et à l'interaction de forces
colloïdales) des grains anhydres de ciment. Ensuite, à mesure que l’hydratation progresse, il y
a nucléation puis croissance d’une phase d’hydrates poreuse qui s’accompagne d’une
augmentation progressive des propriétés mécaniques de la pâte de ciment (percolation
mécanique due au développement d'un squelette solide cohésif). Le développement progressif
de cette phase d’hydrates induit une diminution également progressive des phases aqueuse et
anhydre. Après le seuil mécanique de percolation, la phase aqueuse est présente dans une
porosité capillaire remplie ou partiellement remplie suivant la possibilité ou non
d’alimentation en eau. Dans le cadre de cette étude, il convient de considérer la porosité
capillaire entièrement remplie d’eau du fait que l’annulaire cimenté (de l’ordre de 1 cm
d’épaisseur) est considéré continuellement alimenté en eau venant des formations rocheuses
avoisinantes et que le rapport e/c vaut 0,44. La Figure III.56 montre une représentation
schématique de la pâte de ciment en cours d’hydratation.
196/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
Percolation Percolation
géométrique mécanique
Temps d’hydratation
Les concentrations initiales des phases montrent bien que l’état initial est au-delà du seuil de
percolation.
Le schéma auto-cohérent généralisé (SAG) [Herve and Zaoui, 1993], est ainsi adopté dans
cette étude puisqu’il permet d’assurer la connectivité de la phase hydrate dès le début de
l’hydratation. Pour déterminer les propriétés élastiques du milieu homogénéisé, c'est-à-dire
197/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
( κ hom ) et ( µhom ), on considère la schématisation donnée par la Figure III.57 dans laquelle les
n phases sont représentées par des inclusions concentriques noyées dans le milieu
effectif ( n + 1) . Cette représentation correspond à un milieu dont les phases sont réparties de
façon à ce que le comportement moyen soit isotrope si chaque phase est isotrope. Chaque
phase i est caractérisée par ses modules d’incompressibilité et de cisaillement ( κ i , µi ) et sa
Ri −1
Ri R1
⋯ ⋯
Rn −1
R2
Rn
( κ i , µi )
Figure III.57 : Schématisation d'un milieu hétérogène [Herve and Zaoui, 1993]
µhom sont respectivement donnés par les résultats suivants [Herve and Zaoui, 1993]:
obtient :
(1− f3 )( 3κ3 +4µ3 ) ((1− f3 )( κ3 −κ2 ) ( 3κ1 +4µ2 ) + f1 ( κ2 −κ1 ) ( 3κ3 +4µ2 ) )
κhom =κ3 − (III-4.7)
(1− f3 ) ( 3κ1 +4µ2 ) ( ( 3κ2 +4µ3 ) +3(1− f3 )( κ3 −κ2 )) +3( κ2 − κ1 ) f1 ( (1− f3 )( 3κ3 +4µ2 ) +4( µ3 − µ2 ) )
198/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
Le module de cisaillement est quant à lui égal à la racine positive d'une équation quadratique.
Il est donné par :
− B ± B 2 − 4 AC
µhom = µn (III-4.8)
2A
avec les coefficients A, B, et C donnés dans l'Annexe D. Une seule des deux solutions est
admissible, correspondant à µhom > 0 .
Pour utiliser le schéma auto-cohérent généralisé, il faut disposer d’une part d’une répartition
volumique des différents constituants dans les phases du matériau prises en compte par le
modèle et d’autre part des propriétés élastiques de chaque phase.
Les différents schémas par la suite sont formés des 3 phases élémentaires : "hydrates",
"anhydre" et "eau". L’objectif du paragraphe suivant est de définir les propriétés moyennes de
ces phases.
Les propriétés élémentaires des phases anhydre et hydrates sont définies à différentes
échelles, décrites ci-après pour les hydrates (Figure III.58) :
Ce niveau correspond à la plus petite échelle de longueur de matériau accessible par un essai
mécanique, i.e. nano-indentation. A cette échelle le C-S-H existe sous deux formes différentes
: C-S-HBD (ou outer products) avec une porosité de gel d’environ 37% et un C-S-HHD (ou
inner products) avec une porosité de gel d’environ 24% [Tennis and Jennings, 2000]. Le gel
de C-S-H est le composant majoritaire du squelette de la pâte de ciment et peut être considéré
à l’échelle supérieure comme une matrice homogène dans laquelle les autres composants
d’hydrates sont noyés.
Ce niveau est associé à la phase d’hydrates qui peut apparaître comme un composite constitué
de la matrice C-S-H englobant la portlandite (CH) et les hydrates d’aluminates (AL). Une
description similaire est utilisée pour les anhydres.
199/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
Il s’agit de l’échelle macroscopique (Figure III.58) où les propriétés élastiques des 3 phases en
présence dans la pâte de ciment sont déterminées pendant le processus d’hydratation à partir
des propriétés élastiques intrinsèques définies dans ces trois niveaux. L’évolution des
fractions volumiques est donnée dans le chapitre I-3 au § I-3.3.
Finalement, ces données sont utilisées comme entrée du processus d’homogénéisation final
qui permet d’obtenir les propriétés élastiques de la pâte.
Changement
d’ échelle Phase du ciment
anhydre Phase aqueuse Phase d’hydrates
Niveau II
Pâte de ciment
homogénéisée
Niveau I
Phase d’hydrates CH
10 -6 – 10 -4 m AL
C-S-HLD C-S-HHD
Niveau '0'
C-S-H
10 -8 – 10 -6 m
Pores de gel
200/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
"hydrates", et "eau".
Propriétés élastiques
Essais de nano-indentation
( E( x, y , z ) ,ν ( x, y , z ) )
E( x , y , z )
κ ( x, y ,z ) =
3 ( 1 − 2ν ( x , y , z ) )
E( x , y , z )
µ( x , y , z ) =
2 + 2ν ( x , y , z )
Ciment pétrolier : Fractions volumiques
« classe G » Estimateur Reuss-Voigt-Hill
Phase des anhydres (A) :
x = C3S, C2S, C3A, C4AF
(κ a , µa )
Composition Modèle Estimateur Reuss-Voigt-Hill
Bogue d’hydratation
Phase d’hydrates (H) : (κ h , µ h )
y = CH, AL
z = C-S-HBD, C-S-HHD
Propriétés élastiques
Eau e/c Phase aqueuse (E) (κ e , µe = 0 )
Modèle d’homogénéisation :
Auto-cohérent généralisé (κ hom , µhom )
201/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
par la suite.
déterminées par les moyennes volumiques des deux types de C-S-H ( κ z , µ z ) avec z = C-S-H
BD et C-S-H HD :
−1
fˆz ( t )
∑ f z ( t )( κ z , µ z ) + ∑
ˆ
z z ( κ z , µz ) (III-4.9)
( κ C − S − H , µC − S − H )=
2
où fˆz est la fraction volumique de chaque type du C-S-H dans la matrice de C-S-H.
A l’échelle supérieur supérieure (Niveau I), la même estimation des moyennes volumiques est
employée pour déterminer les propriétés élastiques de la phase d'hydrates ( κ h , µh ) à partir
ˆ ( t ) −1
f
∑ fˆy ( t ) ( κ y , µ y ) + ∑
y
y ( κ y , µy ) (III-4.10)
( κ h , µh ) =
y
2
où fˆy est la fraction volumique de chaque composant hydraté dans la phase d'hydrates.
La même démarche a été adoptée pour déterminer les propriétés élastiques de la phase du
ciment anhydre ( κ a , µa ) à partir des propriétés élastiques de chaque composant anhydre
−1
fˆx ( t )
∑ f x ( t )( κ x , µ x ) + ∑
ˆ
x x ( κ x , µx ) (III-4.11)
( κ a , µa ) =
2
où fˆx est la fraction volumique de chaque composant anhydre dans la phase du ciment
anhydre. Comme spécifié précédemment, les équations (III-4.6) - (III-4.8) nécessitent la
connaissance des modules élastiques des constituants élémentaires. Pour la phase aqueuse, les
valeurs suivantes du module d’incompressibilité sont employées κ e ( 20 °C ) = 2,18 GPa et
202/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
nul. En ce qui concerne les modules élastiques des phases solides, le Tableau III.8 regroupe
les données disponibles dans la littérature des propriétés élastiques élémentaires mesurées par
la technique de nano-indentation à savoir le module de Young (E) et le coefficient de Poisson
(ν ). Les propriétés élastiques élémentaires des aluminates sont toutefois absentes dans la
littérature. Etant donné que les propriétés élastiques de C3S ont été soigneusement mesurées,
la valeur du coefficient de Poisson du C3S a été utilisée pour C3A et C4AF. Concernant les
hydrates d'aluminates, on considère que leurs propriétés élastiques sont semblables à celles de
la matrice de C-S-H données par l’équation (Eq.(III-4.9)).
E
κ= (III-4.12)
3 ( 1 − 2ν )
E
µ= (III-4.13)
2 + 2ν
Propriétés élastiques
E [GPa] ν [−] Références
C3 S 135 0,3 [Acker, 2001]
C2 S 140 0,3 [Acker, 2001]
Ciment anhydre : x
C3 A 145 - [Velez et al., 2001]
C4AF 125 - [Velez et al., 2001]
C-S-H 21,7 0,24 [Constantinides and Ulm, 2004]
BD
C-S-H 29,4 0,24 [Constantinides and Ulm, 2004]
Hydrates : z et y HD
[Monteiro and Chang, 1995;
CH 38 0,3
Constantinides and Ulm, 2004]
Tableau III.8 : Propriétés élastiques élémentaires des constituants de la pâte de ciment
référencées dans la littérature
203/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
e/c = 0,44
1,0
a) 23°C
Porosité capillaire
Fractions volumiques [−]
Phase aqueuse Eau
0,8 AL
CH
0,6
C-S-H
HD
0,4 Phase des hydrates
C-S-H
BD
0,2
Phase du ciment anhydre
0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ [−]
b) 60°C
1,0 Porosité capillaire
Fractions volumiques [−]
0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
ξ [−]
Figure III.60 : Répartition volumique des trois phases constituant la pâte de ciment pétrolier
intervenant dans l’estimation des propriétés élastiques homogénéisées en fonction du degré
d’hydratation global : a) 23°C, b) 60°C (figure issue du chapitre I-3, section I-3.2)
Le milieu composite considéré est constitué des trois phases en présence i.e. l’eau (E),
l’anhydre (A) et les hydrates (H). Les seules données morphologiques estimées étant les
fractions volumiques des phases, "anhydre", "hydrates", et "eau", il est apparu naturel
d’étudier les sphères composites comportant uniquement ces 3 phases. La physique du
204/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
CAS 1 CAS 2
Pâte de ciment
Phase d’hydrates
Phase aqueuse
Phase du ciment anhydre
Dans le CAS 1, la phase du ciment anhydre est supposée initialement entourer la phase
aqueuse alors que dans le CAS 2, la phase aqueuse est supposée initialement entourer la phase
du ciment anhydre.
Le CAS 1 respecte le schéma « anhydre entouré d’hydrates qui correspond à ce qui est
observé physiquement.
Le CAS 2 fournit des propriétés élastiques principalement gouvernées par la phase externe
d’hydrates, ce qui est physiquement réaliste également.
Les propriétés élastiques de la pâte de ciment sont ensuite déterminées sur la base de ces deux
schématisations morphologique retenues :
Ce schéma semble plus réaliste, notamment au tout début de l’hydratation. De façon similaire
au cas précédent, les trois phases interviennent dans le calcul du module d’incompressibilité
205/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
homogénéisé par leurs concentrations et leurs propriétés élastiques (sauf µa car l’anhydre est
dans un état de contrainte sphérique). Pour le module de cisaillement homogénéisé, les phases
aqueuse et anhydre n’interviennent que par leurs concentrations ( f e + f a ) et sont assimilées à
un vide. En effet, la contrainte est nulle à l’interface hydrate–eau dans le cas du cisaillement :
la contrainte tangentielle est nulle car l’eau n’a pas de raideur en cisaillement ( µe = 0 ) , la
contrainte normale est nulle (pression de l’eau) car la phase aqueuse se déforme sans variation
de volume (Annexe E).
Chacun de ces deux schématisations est utilisé et le schéma auto-cohérent généralisé produit
les résultats d’homogénéisations présentés au paragraphe ci-dessous.
De plus, la raideur en cisaillement initiale est non nulle, ce qui n’est conforme au résultat
expérimental. En conclusion, le CAS 1 n’est pas satisfaisant.
206/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
24
4
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
Figure III.62 : Modèle "3 phases"- CAS 1- Estimation des modules élastiques homogénéisés
( κ hom et µhom ) en cours d’hydratation à 23 °C et à 60 °C.
La pertinence des résultats des modules élastiques issus du modèle d’homogénéisation dans le
CAS 2 a été évaluée dans le paragraphe suivant par confrontation aux résultats expérimentaux
des modules élastiques dynamiques (non-drainés) obtenus par propagation ultrasonore (cf.
Chapitre III-2).
207/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
10
)
Modules élastiques(GPa)
0° C , P a tm
8 κ hom
(6
°C , P atm)
6 κ hom
(23
4 )
0° C , P a tm
(6
µ hom
2 P )
µ ho m (23°C, atm
0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
Figure III.63 : Modèle "3 phases"- CAS 2- Estimation des modules élastiques homogénéisés
( κ hom et µhom ) en cours d’hydratation à 23 °C et à 60 °C.
La comparaison des résultats des modules élastiques homogénéisés ( κ hom et µhom ) (CAS 2) à
ceux obtenus expérimentalement (modules élastiques dynamiques) est présentée à la Figure
III.64.
Les modules élastiques dynamiques ( κ dynamique et µdynamique ) présentés ici sont issus des
D’un point de vue quantitatif, on s’aperçoit que les résultats du modèle d’homogénéisation
208/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
sont en bon accord avec les modules élastiques dynamiques non drainés et ce, pour les deux
conditions d’hydratation étudiées dans ce mémoire [(23°C, Patm) et (60°C, Patm)]. On note que
les valeurs des modules élastiques dynamiques sont légèrement supérieures à celles obtenues
par homogénéisation. Cette différence est évaluée à 15% au maximum. Ceci est conforme aux
résultats de la littérature rapportant que les modules élastiques dynamiques sont supérieurs
aux modules élastiques statiques [Lacouture, 2003; Reddy et al., 2007].
10 µdynamique
κhom 6
8
µhom
(2) (3)
6 4
Ft
4
2
2 (1)
0 0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
0,02 0,08 0,17 0,28 0,38 0,46 0,50 0,53
ξ (−)
10 40
8
Ft κ dynamique κhom 30
(3) µ dynamique
6 µhom
20
4 (2)
2 10
(1) (4)
0 0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydrtation (h)
0,02 0,44 0,55 0,59 0,63 0,66 0,68 0,71
ξ (−)
Figure III.64 : Confrontation des modules élastiques homogénéisés (modèle "3 phases"_CAS
2) ( κ hom et µhom ) dans le cas d’un matériau non drainé avec les modules élastiques
dynamiques* ( κ dynamique et µdynamique ) obtenus par propagation ultrasonore sur la pâte de ciment
pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm). Superposition des résultats de
DSC correspondants.
*résultats expérimentaux représentés initialement à la Figure III.10.
209/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
D’autre part, les modules homogénéisés ont été déterminés à partir des modules élastiques des
hydrates et de l’anhydre quantifiés par nano-indentation i.e. dans des conditions quasi-
statiques. Le résultat obtenu est donc tout à fait cohérent de ce point de vue.
Les résultats du modèle d’homogénéisation (CAS 2) sont en bonne concordance avec les
résultats expérimentaux (propriétés élastiques dynamiques). Mais la schématisation du CAS 2
est traitée en séparant la phase anhydre de celle des hydrates par l’intermédiaire de la phase
aqueuse. La phase anhydre est donc complètement isolée de toute contrainte de cisaillement et
ne contribue pas à la rigidité du squelette. En réalité, les hydrates se développent tout au long
de l’hydratation autour des grains anhydres et c’est la phase aqueuse qui occupe l’espace
intergrannulaire (cf. Figure III.56). En conséquence, les anhydres encore omniprésents au très
jeune âge, participent nécessairement au développement de la rigidité du squelette à partir du
seuil de percolation mécanique.
Le CAS 2 ne rend pas du tout compte de cette interconnexion étroite entre les anhydres et les
hydrates.
Il est donc nécessaire de procéder à une schématisation plus sophistiquée qui fait l’objet du
modèle à "4 phases".
La construction du modèle à "4 phases" repose sur une analyse plus fine des mécanismes de la
structure de la pâte de ciment.
210/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
Squelette : (A+H+P)
Anhydre : (A)
Figure III.66 : Schématisation morphologique de la pâte de ciment au très jeune âge après le
seuil de percolation mécanique : modèle à "4 phases"
211/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
Ce nouveau schéma impose donc des informations sur l’évolution des fractions volumiques
de la partie connectée (fc) et de la partie déconnectée (fd). L’obtention de ces fractions
volumiques relève des techniques de modélisation de la percolation (cf. par exemple [Bentz
and Garboczi, 1991]) qui sortent du cadre de ce mémoire. Il a donc été choisi d’adopter une
expression simplifiée de ces fractions volumiques à partir des informations connues.
− (2) Les pores (porosité de gel) sont a priori formés au moment de la constitution du
squelette et sont donc a priori majoritairement situés dans la phase connectée. Toutefois,
sans information sur la répartition des pores de gel, il a donc été considéré que les
fractions volumiques de pores sont identiques dans la phase connectée et dans la phase
déconnectée au cours de l’hydratation.
− (3) La proportion de squelette connecté est inconnue, mais croît nécessairement avec le
degré d’hydratation ξ ( t ) . Par ailleurs, le pourcentage de squelette connecté est
nécessairement tendre vers 0 lorsque le degré d’hydratation ξ ( t ) est nul et vers l’infini
lorsque le degré d’hydratation vaut 1. Une relation simple pour vérifier cette propriété a
été adoptée sous la forme :
fc ξ (t )
= α. (III-4.16)
fd + fe 1−ξ (t )
où α est un paramètre a priori inconnu.
212/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
f hc f
= ac (III-4.17)
f hd f ad
où f hc est la fraction volumique d’hydrates connectés, les autres notations pour f hd , f ac ,
f ad étant construites de façon similaire16.
hc
ac
Les modules homogénéisés de ce schéma à deux phases, sont données sous la forme :
3κ aκ h + 4 µh ( f acκ a + f hcκ c )
κ hom = κ c = (III-4.18)
3 ( f hcκ a + f acκ h ) + 4 µ h
−B ± B 2 − 4 AC
µhom = µc = µh (III-4.19)
2A
Les propriétés homogénéisés de la pâte sont ensuite obtenues à partir du schéma ACG
appliqué au schéma morphologique de la Figure III.66.
Les propriétés élastiques qui se déduisent de ce modèle vont être déterminées en utilisant le
schéma ACG, à partir des propriétés de chaque phase comme suit :
16
fhd : fraction volumique d’hydrates déconnectés, fac : fraction volumique de la phase anhydre connectée et fad :
fraction volumique de la phase anhydre déconnectée.
213/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
La modélisation par le schéma ACG du module d’élasticité drainé a été mise en œuvre en
considérant uniquement la phase 4, les phases 1, 2, 3 ne reprenant aucune pression, les phases
n’interviennent donc que par leurs fractions volumiques et le calcul résultant est identique à
celui opéré en les remplaçant par des vides.
214/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
9κ hom µhom
Ehom = (III-4.20)
3κ hom + µ hom
On constate qu’une valeur de α de l’ordre de 0,4 reproduit bien les résultats se rapportant au
module d’élasticité.
Par ailleurs la Figure III.68b montre que l’allure d’ensemble sensiblement bilinéaire est bien
représentée par le résultat homogénéisé.
215/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
10
6
Ehom (α= 0,3)
4 Ehom (α= 0,4)
2 Ehom (α= 0,5)
E quasi-statique
0
0 5 10 15 20 25
Temps d'hydratation (h)
valeurs de α dans le cas d’un matériau drainé avec celle du module d’élasticité Equasi-statique
obtenu à partir des essais quasi-statiques* de charge/décharge sur la pâte de ciment pétrolier
avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm).
*Résultats expérimentaux représentés initialement à la Figure III.37.
avec celle des propriétés élastiques dynamiques obtenues par mesures ultrasonores ( κ dynamique
expérimentalement se retrouvent sur les courbes obtenues par homogénéisation. Toutefois, les
216/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
10 κhom (α=0,4)
8 κhom (α=0,5)
µhom (α=0,3)
6
µhom (α=0,4)
4 µhom (α=0,5)
κdynamique
2
µdynamique
0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation(h)
0,02 0,08 0,17 0,28 0,38 0,46 0,50 0,53
ξ (−)
b) (60 °C, P atm)
12
κhom (α=0,3)
Modules élastiques (GPa)
10 κhom (α=0,4)
8 κhom (α=0,5)
µhom (α=0,3)
6
µhom (α=0,4)
4 µhom (α=0,5)
κdynamique
2
µdynamique
0
0 4 8 12 16 20 24 28
Temps d'hydratation (h)
0,02 0,44 0,55 0,59 0,63 0,66 0,68 0,71
ξ (−)
ultrasonore sur la pâte de ciment pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C, Patm), b) (60°C, Patm).
*résultats expérimentaux représentés initialement à la Figure III.10.
217/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
218/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
4 drainés d'après
l'estimation du
3 temps de
ξ = 0,46 drainage
2 ξ = 0,41
1
0
0 5 10 15 20 25
Temps d'hydratation(h)
quasi-statique de charge/décharge sur la pâte de ciment pétrolier avec un e/c = 0,44 : a) (23°C,
Patm), b) (60°C, Patm).
*Résultats expérimentaux initialement représentés à la Figure III.37.
III-4.3. Conclusions
− Pour tenter de reproduire l’évolution des propriétés élastiques drainées et non drainées de
la pâte de ciment au très jeune âge un modèle micromécanique a été adopté. Ce modèle,
est basé sur un schéma d’homogénéisation Auto-Cohérent-Généralisé intégrant des
informations sur la morphologie de la pâte. Ces informations sont essentiellement issues
d’observations de pâtes à plusieurs échelles et par divers moyens technologiques. Les
données nécessaires pour alimenter ce type de modèle ont une double nature : chimique et
mécanique. Les grandeurs chimiques sont les fractions volumiques des différentes phases.
219/253
Chapitre III-4 Modélisation de l’évolution des propriétés élastiques du ciment pétrolier par
changement d’échelle
− Ce nouveau schéma nécessite une nouvelle donnée qui porte sur la connaissance de la
proportion de la partie de la phase solide (anhydre + hydrate) connecté. En l’absence de
cette donnée qui pourrait être obtenue par des techniques de modélisation de la
percolation, le modèle est finalisé à l’aide d’un paramètre ajustable permettant de
déterminer l’évolution de la fraction connectée avec le degré d’hydratation. Cette
procédure permet de reproduire l’évolution des modules élastiques.
220/253
Conclusion de la partie III Monsef BOURISSAI
− D’autre part l’analyse de l’effet du niveau de chargement sur les propriétés élastiques (E)
a permis de confirmer l’existence de deux types de comportement mécanique :
221/253
Conclusion de la partie III Monsef BOURISSAI
222/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI
CONCLUSIONS GENERALES ET
PERSPECTIVES
223/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI
Dans la partie I nous avons étudié la cinétique d’hydratation du ciment « classe G » dans des
conditions HP/HT représentatives des conditions de fond de puits de pétrole ou de gaz à l’aide
des mesures calorimétriques. Cette étude nous a permis de tirer les conclusions suivantes :
− Les mesures de calorimétrie (DSC) ont montré que la température est le paramètre qui
influence notablement la cinétique d’hydratation dans la gamme [20°C, 60°C] et [Patm, 20
MPa]. L’effet de la pression sur la cinétique d’hydratation est négligeable comparé à celui
de la température. L’effet de la température a été, par conséquent, le seul paramètre pris
en compte dans la modélisation de la cinétique d’hydratation.
− La superposition du flux thermique mesurée par DSC à (60°C, Patm) avec le degré
d’hydratation global issu du modèle à 60°C a montré la pertinence du modèle au sujet de
la prise en compte de l’effet accélérateur de la cinétique d’hydratation avec la
température.
− Un bon accord a été montré entre le degré d’hydratation global mesuré à (23°C, Patm) par
calorimétrie semi-adiabatique et celui obtenu à partir du modèle de cinétique
d’hydratation à 23°C.
− Les degrés d’hydratation partiels issus du modèle de cinétique d’hydratation pour chaque
composant principal de ciment ont été utilisés par la suite pour estimer l’évolution des
fractions volumiques des différents constituants de la pâte de ciment pendant
l’hydratation.
224/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI
− Ces fractions volumiques ont servi par la suite comme données d’entrées pour estimer
l’évolution des propriétés élastiques par homogénéisation dans la partie III.
− L’évolution de la phase fluide (eau + porosité capillaire) décrite par le modèle d’évolution
des différentes fractions volumiques dans la pâte de ciment est en bonne concordance avec
l’évolution de la porosité connectée mesurée par porosimétrie. Ce bon accord tend à
valider le modèle de cinétique d'hydratation.
− Deux types de comportement mécanique semblent avoir été identifiés suite à l’analyse des
propriétés hydrauliques (perméabilité à l’eau) déterminées expérimentalement :
225/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI
− Les valeurs de perméabilité obtenues ont permis dans la partie III de déterminer le temps
de drainage pour chacune des conditions d’hydratation étudiées. Cette information a
permis de déterminer la nature drainée ou non drainée des essais mécaniques quasi-
statiques réalisés au très jeune âge.
Dans la partie III nous nous sommes consacrés à l’étude du comportement mécanique du
ciment « classe G » au très jeune âge dans des conditions HP/HT. Cette partie nous a permis
de tirer les conclusions suivantes :
− Les essais par propagation d’ultrasons ont permis d’obtenir les propriétés élastiques
dynamiques. Celles-ci ont été confrontées aux propriétés quasi-statiques obtenues à partir
des essais de charge/décharge. Cette confrontation a montré que les modules dynamiques
sont supérieurs aux modules quasi-statiques. Cette différence se réduit avec le temps
d’hydratation. Les modules quasi-statiques sont a priori drainés au tout début de
l’hydratation puis se rapprochent des modules non drainés à mesure que l’hydratation
avance. Par ailleurs lors des essais monocycles de charge/décharge, une dissipation
d’énergie traduite par un effet hystérésis a été constatée sur tous les essais réalisés pour
tous les temps d’hydratation étudiés. Cet effet hystérésis, a été modélisé à partir d’un
modèle viscoélastique construit sur les résultats des essais de relaxation. Les résultats du
modèle ont montré que l’hystérésis est dû essentiellement au caractère visqueux da la pâte
de ciment au très jeune âge et secondairement à la compaction du réseau poreux
(redistribution interne de l’eau interstitielle) lors de la mise en charge de l’échantillon
pendant l’essai monocyclique de charge/décharge.
− D’autre part l’analyse de l’effet du niveau de chargement sur les propriétés élastiques (E)
a permis de confirmer l’existence de deux types de comportement comme observés lors
des mesures de perméabilité :
226/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI
Perspectives
Dans ce travail de recherche, les caractéristiques essentielles du comportement de la pâte de
ciment au très jeune âge ont été déterminées, Cependant il reste à mettre en place une loi de
comportement complète intégrant les différentes composantes : poroélasticité non linéaire
(matériau de type granulaire), viscoélasticité et plastification (en phase de compactage). Les
résultats obtenus dans ce travail seraient utilement complétés par une campagne d’essais à
l’appareil triaxial dans le domaine cohésif identifié par nos essais, ce qui offre la possibilité de
227/253
Conclusions générales et perspectives Monsef BOURISSAI
réaliser des essais drainés ou non drainés et d’étendre les états de contraintes étudiés.
Enfin la modélisation de la structure de l’annulaire par éléments finis pourra intégrer la loi de
comportement ainsi déterminée. Cependant il reste à mettre en œuvre des essais sur un
modèle physique représentatif de l’annulaire cimenté dans la configuration du puits. Un point
clef qui pourra nécessiter une expérimentation spécifique portera sur les propriétés de
l’interface entre la formation rocheuse et l’annulaire cimenté.
228/253
Annexes Monsef BOURISSAI
ANNEXES
229/253
Annexe A – Fractions volumiques des composants anhydres
ANNEXE A
FRACTIONS VOLUMIQUES DES COMPOSANTS ANHYDRES
les fractions massiques f xm de chaque constituant anhydre x = C3 S , C2 S , C3 A , C4 AF sont
où mx0 est la masse initiale du constituant, ρ x sa masse volumique et Va0 le volume total
initial de l’anhydre. Ainsi, la fraction volumique initiale de chaque constituant s’obtient :
Vx0 f xm ρ a
f x0 = = (A.2)
Va0 ρx
Par ailleurs, on a :
ρa = ∑f
x
x
0
ρx (A.3)
∑f x
x
0
=1 (A.4)
ρC AF ρC AF − ρC2 S 0 ρC AF − ρC3 A 0 ρC AF
1 + f Cm3S 4 − 1 f C03S + fCm3 S 4 fC2 S + fCm3S 4 fC3 A = fCm3 S 4
ρC S ρC3 S ρC3 S ρC3S
3
ρC AF − ρC3S 0 ρC AF ρC AF − ρC3 A 0 ρC AF
fCm2 S 4 fC3 S + 1 + fCm2 S 4 − 1 fC02 S + fCm2 S 4 fC3 A = fCm2 S 4
ρ C2 S ρC S ρ C2 S ρ C2 S (A.5)
2
ρC AF − ρC3S 0 ρC AF − ρC2 S 0 ρC AF ρC AF
fCm3 A 4 f C3S + fCm3 A 4 fC2 S + 1 + fCm3 A 4 − 1 fC03 A = fCm3 A 4
ρC3 A ρC3 A ρC A ρC3 A
3
fC04 AF = 1 − fC03 S − fC02 S − fC03 A
230/253
Annexe A – Fractions volumiques des composants anhydres
f x (t ) =
Vx ( t )
=
(1 − ξ x ( t ) ) f x0Va0
=
(1 − ξ x ( t ) ) f x0
Va ( t ) ∑ (1 − ξ x ( t ) ) f x0Va0 ∑ (1 − ξ x ( t ) ) f x0 (A.10)
x x
Par ailleurs, on a :
ρa (t ) = ∑ f (t ) ρ
x
x x (A.11)
On obtient alors :
fC3S ( t ) =
(1 − ξ ( t ) ) f
C3 S
0
C3 S
(A.12)
(1 − ξ C3 S ( t ) ) fC0 S + (1 − ξC S
3 2
( t ) ) f + (1 − ξ
0
C2 S C3 A ( t ) ) fC0 A + (1 − ξC AF ( t ) ) fC0 AF
3 4 4
f C2 S ( t ) =
(1 − ξ ( t ) ) f
C2 S
0
C2 S
fC3 A ( t ) =
(1 − ξ ( t ) ) f
C3 A
0
C3 A
(A.14)
(1 − ξ C3 S ( t ) ) fC0 S + (1 − ξC S
3 2
( t ) ) f + (1 − ξ
0
C2 S C3 A ( t ) ) fC0 A + (1 − ξC AF ( t ) ) fC0 AF
3 4 4
fC4 AF ( t ) =
(1 − ξ ( t ) ) f
C4 AF
0
C4 AF
231/253
Annexe B – Evolution des paramètres de cinétique des réactions d’hydratation en fonction du
rapport e/c
ANNEXE B
EVOLUTION DES PARAMETRES DE CINETIQUE DES
REACTIONS D’HYDRATATION EN FONCTION DU RAPPOART
E/C.
τ xc [ h ]
80 C3S C2 S
C3 A C 4 AF
60
40
20
0
0,3 IFP
0,4 0,44 0,5 0,6 0,7
/C [ − ]
Ee/c
κ x [−]
3 C3 S C2 S
C3 A C4 AF
0
0,3 IFP
0,4 0,44 0,5 0,6 0,7
Ee/c
/C [ −]
Figure B.2 : Evolution du paramètre d’Avrami κ x en fonction du rapport e/c
[Bernard et al., 2003].
232/253
Annexe C – Descriptif de la presse Instron 5550R utilisée pour réaliser les essais mécaniques
en compression simple
ANNEXE C
DESCRIPTIF DE LA PRESSE INSTRON 5500R UTILISEE POUR
REALISER LES ESSAIS MECANIQUES EN COMPRESSION
SIMPLE.
La machine Instron 5500R se présente sous forme d'un parallélépipède vertical de 1,9 m de
hauteur et 1,1 m de largeur incluant la base du bâti et deux colonnes verticales (cf. Figure
III.12). La cellule de force est fixée dans la traverse supérieure (fixe). Cette partie est protégée
et n’est pas en contact direct avec les échantillons : elle est reliée à un cylindre plein de 6
centimètres de diamètre sur lequel le plateau cylindrique supérieur est placé. Le plateau
cylindrique inférieur est relié à la traverse mobile par un cylindre plein du même diamètre que
celui du plateau supérieur. La traverse mobile, se déplaçant du bas vers le haut, est guidée par
des vis à billes se trouvant dans les colonnes verticales. Celles-ci permettent un déplacement
très précis de la traverse et une bonne répétabilité des mouvements de déplacement imposés.
De plus, les effets de frottement, d’usure et de jeu de fonctionnement sont considérablement
diminués par rapport à un pas de vis classique.
La vitesse de déplacement de la traverse peut être choisie dans une large gamme allant de 1
µm m/min à 1000 mm/min. En dehors des phases de test, la traverse peut être déplacée par
l’intermédiaire d’un panneau de commande manuelle pour les réglages préliminaires aux
essais. Une mollette permet un déplacement de précision très lent pour les réglages fins,
comme la mise en contact de l'échantillon avec le plateau supérieur. Pour éviter d’écraser les
échantillons, une butée qui sert de cran d’arrêt au niveau de la traverse permet de la bloquer
en cas d’incident.
La mesure de la charge se fait à l’aide d’une cellule de force placée sur la traverse fixe. Cette
cellule fonctionne dans la gamme de charge de 0,1 N - 100 kN qui est suffisante pour
l’utilisation faite : jusqu’à environ 40 kN. La précision de la mesure de la force est de 0,5 %
de la valeur lue. Cette machine est couplée à un ordinateur la pilotant en temps réel et
permettant l'acquisition et le traitement rapide des données grâce au logiciel Bluehill™ fourni
par Instron. L’ordinateur permet donc de piloter la machine et affiche les mesures en temps
réel puis les graphiques correspondants à la fin des essais.
233/253
Annexe C – Descriptif de la presse Instron 5550R utilisée pour réaliser les essais mécaniques
en compression simple
Le logiciel propose toutes les méthodes de tests mécaniques classiques (compression simple,
relaxation, fluage, cycles de charge/décharge, ...) qui sont déjà pré-enregistrées. Il reste
ensuite pour l’utilisateur à adapter tous les paramètres nécessaires en fonction des échantillons
et du test voulu. Dans tous les essais, la première étape correspond à la mise en contact
(délicate) de l'échantillon avec le plateau supérieur. Elle est effectuée lentement jusqu’à
atteindre une précharge de 10 daN environ pour les échantillons les plus âgés. Le déplacement
de la traverse mobile calculé par la machine est réinitialisé à zéro : c’est l’état initial de tous
nos échantillons
234/253
Annexe D – Termes intervenant dans le calcul du module d’incompressibilité et de
cisaillement
ANNEXE D
TERMES INTERVENANT DANS LE CALCUL DU MODULE
D’INCOMPRESSIBILITE ET DE CISAILLMENT.
Les coefficients ( A,B,C ) intervenant dans le calcul du module de cisaillement sont donnés
par :
( ( n −1)
A = 4 (1 − 2ν n ) ( 7 − 10ν n ) Z12 ( n −1)
+ 5 Rn−7 (1 − 2ν n ) Z13 ( n −1)
+ 3Rn−5 Z14 ( ( n −1)
− 7 Z 23 )
(D.2)
( n −1)
+ 4 Rn−10 ( 4 − 5ν n ) Z 43 ) ( ( n −1)
+ 20 Rn−3 7 − 12ν n + 8ν n2 Z 42 )
( ( n −1)
B = − (1 − 2ν n ) 3 ( 7 − 15ν n ) Z12 ( ( n −1)
+ 8 5Rn−7 (1 − 2ν n ) Z13 ( n −1)
+ 3Rn−5 Z14 ( ( n −1)
− 7 Z 23 )
))
(D.3)
( n −1) ( n −1)
+ Rn−10 (1 − 5ν n ) Z 43 − 60 Rn−3 ( 3 − ν n )ν n Z 42
( ( n −1)
C = − (1 − 2ν n ) ( 7 + 5ν n ) Z12 ( ( n −1)
− 4 5 Rn−7 (1 − 2ν n ) Z13 ( n −1)
+ 3Rn−5 Z14 ( ( n −1)
− 7 Z 23 )
))
(D.4)
( n −1)
−2 Rn−10 ( 7 − 5ν n ) Z 43 ( )
( n −1)
+ 10 Rn−3 7 −ν n2 Z 42
( n −1)
Les termes Zαβ sont donnés par :
( n −1)
= Pα(1 ) Pβ( 2 ) − Pα( 2 ) Pβ(1 )
n −1 n −1 n −1 n −1
Zαβ (D.5)
Egalement, on a successivement les expressions des matrices permettant le calcul de ces
termes :
n
P( ) = ∏ M(
n n − k +1)
(D.6)
k =1
M ( ) = N −k 1+1 ( Rk ) N k ( Rk )
k
(D.7)
235/253
Annexe D – Termes intervenant dans le calcul du module d’incompressibilité et de
cisaillement
236/253
Annexe E
ANNEXE E
On considère le cas de la phase aqueuse intermédiaire qui se présente comme un milieu
compressible avec une raideur en cisaillement nulle ( κ e , µe = 0 ) . Dans ce cas, l'eau ne peut
être éventuellement soumise qu'à une pression générée par la variation de volume de la phase
aqueuse. Ainsi la solution établie dans le cas où toutes les phases présentent des propriétés
élastiques non nulles n'est maintenant valable que pour la phase hydrate ( k = h ) et pour celle
3κ k − 2 µk 3Ck κ + µk Dk
U r( k ) ( r ) = Ak r − Bk r 3 + +3 k
µk r 4 µk r 2
(E.2)
15κ k + 11µ k 2C 2D
Uθ( k ) ( r ) = −U φ( k ) ( r ) = Ak r − Bk r 3 − 4k + 2 k
3µ k r r
3κ k − 2µ k 9κ + 4µ k Dk 2
σ rr( k ) = 2µ k Ak +
12C
2 µk
Bk r 2 − 5 k − k
µk sin θ cos 2φ
r r3
24κ k + 5µk 3κ D
σ r(θk ) = 2 µ k Ak − Bk r 2 + 5k + k 3k sin θ cosθ cos 2φ
8C
(E.3)
3 µ k r µk r
24κ k + 5µ k 3κ D
σ r(φk ) = −2 µk Ak − Bk r 2 + 5k + k 3k sin θ sin 2φ
8C
3µ k r µk r
Pour la phase aqueuse le champ de déplacement ne peut être calculé. La seule information
accessible est la pression de l'eau, obtenue en calculant la variation de volume δ Ve de la
phase aqueuse, générée par la déformation des interfaces eau-hydrate Σe −h et anhydre-eau
Σ a −e :
δ Ve κe κe
∫ Ωe div u = − ( ∫ Σe − hu ⋅ er d Σ − ∫ Σa − eu ⋅ er d Σ )
( e ) ( e ) ( e )
pe = −κ e =− (E.4)
Ve Ve Ve
237/253
Annexe E
respectivement, u ( e ) ( Re ) = u ( h ) ( Re ) et u ( e ) ( Ra ) = u ( a ) ( Ra ) au niveau des ces interfaces.
Il est à noter que pour la phase anhydre, soumise à une pression pe , le déplacement n'a qu'une
composante radiale :
p
u ( a ) = ur( a ) er = − e rer (a)
σ rr( a ) = σ θθ (a)
= σ φφ = − pe (E.5)
3κ a ;
Pour déterminer la variation de volume, il suffit d'intégrer les composantes radiales ur( h ) et
( h ) (h) π
( 2π 2
)
∫ Σe − hu ⋅ er d Σ = U r ( Re ) ∫ 0 ∫ 0 Re cos 2φ dφ sin θ dθ = 0
3
( a ) pe Ra 4π Ra3 pe (E.6)
∫ Σa − eu ⋅ er d Σ = − ∫ Σa −ed Σ = −
3κ a 3κ a
On obtient la relation suivante :
Ra3 κ e
1 + R 3 − R 3 κ pe = 0 (E.7)
e a a
dont la seule solution admissible est pe = 0 puisque Re3 > Ra3 , ce qui est physiquement
attendu.
238/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
BIBLIOGRAPHIE
239/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
A
Acker, P. (2001). Micromechanical analysis of creep and shrinkage mechanisms. Proc. of the
Sixth International Conference CONCREEP6, Oxford, UK, Elsevier: 15- 25.
B
Barcelo, L. ,Boivin, S. ,Rigaud, S. ,Acker, P. ,Clavaud, B. et Boulay, C. (1999). Linear vs
volumetric autogenous shrinkage measurement : Material behaviour or experimental artefact?
Self-dessication and its importance in concrete technology: 109-125.
240/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
241/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
and mortars at early ages - Evolution with time and degree of hydration." Advanced Cement
Based Materials 3(3-4): 94-106.
Byfors, J. ( 1980)."Plain concrete at early ages". PhD thesis : Swedish cement and concrete
institute (Sweden).
C
Carino, N. J. et Lew, H. S. (2001). The maturity method: from theory to application.
structures congress exposition, Washington, D.C., American Society of Civil Engineers,
Reston, Virginia.
242/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
interactions sur la perméabilité du béton de structure ". Thèse de Doctorat de l'école centrale
de Nantes et l'université de Nantes.
Constantinides, G. et Ulm, F.-J. (2004). "The effect of two types of C-S-H on the elasticity
of cement-based materials: Results from nanoindentation and micromechanical modeling."
Cement and Concrete Research 34(1): 67-80.
D
D'Angelo, R. ,Plona, T. J. ,Schwartz, L. M. et Coveney, P. (1995). "Ulrasonic
measurements on hydrating cement slurries - Onset of shear-wave propagation " Advanced
Cement Based Materials 2(1): 8-14.
E
El bied, A. ( 2000)."Etude expérimentale et modélisation du comprtement des roches
granulaires : écrouissage, radoucissement et rupture en mode localisé". Thèse de Doctorat de
l'ENPC.
243/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
main clinker phases in Portland cements: Part II, blended cements." Cement and Concrete
Research 28(9): 1259-1274.
F
Feldman, R. F. et Sereda, P. J. (1968). "A model for hydrated Portland cement paste as
deduced from sorption-length change and mechanical properties." Materials and Structures
1(6): 509-520.
Feylessoufi, A., Tenoudji, F. C., Morin, V. and Richard, P. (2001). "Early ages shrinkage
mechanisms of ultra-high-performance cement-based materials." Cement and Concrete
Research 31(11): 1573-1579.
G
Gallé, C. (2001). "Effect of drying on cement-based materials pore structure as identified by
mercury intrusion porosimetry: A comparative study between oven-, vacuum-, and freeze-
drying." Cement and Concrete Research 31(10): 1467-1477.
Gallé, C. (2003). "Reply to the discussion by S. Diamond of the paper "Effect of drying on
244/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
Garboczi, E. J. et Bentz, D. P. (2001). "The effect of statistical fluctuation, finite size error,
and digital resolution on the phase percolation and transport properties of the NIST cement
hydration model." Cement and Concrete Research 31(10): 1501-1514.
Granju, J. L. et Maso, J. C. (1978). " Résistance à la compression simple des pâtes pures de
ciment durcies, temps de durcissement supérieur à quatre ans." Cement and Concrete
Research 8: 7-14.
H
Haecker, C. ,Garboczi, E. J. ,Bullard, J. W. ,Bohn, R. B. ,Sun, Z. ,Shah, S. P. et Voigt, T.
(2005). "Modeling the linear elastic properties of Portland cement paste." Cement and
Concrete Research 35(10): 1948-1960.
Hansen, T. C. (1986). " Physical structure of hardened cement paste. A classical Approach."
Materials and Structures 19(114): 423-436.
Harsh, S. ,Shen, Z. et Darwin, D. (1990). "Strain-rate sensitive behavior of cement paste and
mortar in compression." ACI Materials Journal 87(5): 508-516.
245/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
J
Jaouadi, I. (2008)."Etude numérique et expérimentale du retrait endogène de la pâte de
ciment au jeune âge". Thèse de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausane
Jennings, H. M. (2000). "A model for the microstructure of calcium silicate hydrate in
cement paste." Cement and Concrete Research 30(1): 101-116.
Jennings, H. M. (2004). "Colloid model of C-S-H and implications to the problem of creep
and shrinkage." Materials and Structures 37(265): 59-70.
K
Kell, G. S. (1975). "Density, thermal expansivity and compressibility of liquid water from 0°
to 150°C: correlations and tables for atmospheric pressure and saturation reviewed and
expressed on 1968 temperature scale." J. Chem. Eng. Data 20(1): 97-105.
246/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
Klur, Y. (1996)."Etude par RMN de la structure des silicates de calcium hydratés, en relation
avec leurs propriétés d’adhésion.". Université Paris VI.
L
Lacouture, J.-C. (2003)."Modélisation de l’évolution des coefficients mécaniques du béton
pendant la prise. Liaison avec les mesures ultrasonores linéaires et non linéaires". Thèse de
Doctorat : Université de Paris VII.
Lea, F. M. (1998). Lea's Chemistry of Cement and Concrete, Fourth ed., P.C. Hewlett.
Lee, K.-M. ,Kim, D.-S. et Kim, J.-S. (1997). "Determination of dynamic young's modulus of
concrete at early ages by impact resonance test." KSCE Journal of Civil Engineering 1(2): 11-
18.
247/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
M
Mainguy, M. ,O.Coussy et R.Eymard (1999). "Modélisation des transferts hydriques
isothermes en milieu poreux - Application au séchage des matériaux à base de ciment."
Etudes et Recherches des Laboratoires des Ponts et Chaussées, Série Ouvrage d’Art 32.
248/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
464.
N
Navi, P. et Pignat, C. (1996). "Simulation of cement hydration and the connectivity of the
capillary pore space." Advanced Cement Based Materials 4(2): 58-67.
O
Olson, R. A. ,Neubauer, C. M. et Jennings, H. M. (1997). "Damage to the pore structure of
hardened portland cement paste by mercury intrusion." Journal of the American Ceramic
Society 80(9): 2454-2458.
P
Pichler, C. ,Lackner, R. et Mang, H. A. (2006). "A multiscale micromechanics model for
the autogenous-shrinkage deformation of early-age cement-based materials." Engineering
249/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
Powers, T. C., Brownyard, T.L. (1946). " Studies of the physical properties of hardened
Portland." Proceedings of the American Concrete Institute 41: 101-132, 249-336, 469-504,
549-602, 669-712, 815-880, 933-992.
R
Ravi, K. ,McMechan, D. E. ,Reddy, B. R. et Crook, R. (2007). "A comparative study of
mechanical properties of density-reduced cement compositions." Spe Drilling & Completion
22(2): 119-126.
Regourd, M. (1982). "L’eau dans Le béton hydraulique." Presse de l’ENPC, sous la direction
de Jacques Baron et Raymond Sauterey: 59-68.
250/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
Richardson, I. G. (1999). "The nature of C-S-H in hardened cements." Cement and Concrete
Research 29(8): 1131-1147.
S
Sanahuja, J. (2008)."Impact de la morphologie structurale sur les performances mécaniques
des matériaux de construction : application au plâtre et à la pâte de ciment". Thèse de
Doctorat de l'ENPC.
Schatz, J. F. et John, F. (1995). Correcting measured mechanical properties for size and time
scale. Schatz Research & Consulting, Inc, R.B Truman, Z&S Consultants, Inc., and R.A
Schraufnagel, Gas Research Institute: 629-700.
Siera, R. (1982). "Répartition des différentes formes d’eau dans la structure des pâtes pures
de C3S et de ciment Portland." Bulletin de liaison des Ponts et Chaussées 117: 77- 81.
T
Taylor, H. F. W. (1990). Cement Chemistry, Academic Press, London.
Tennis, P. D. et Jennings, H. M. (2000). "A model for two types of calcium silicate hydrate
in the microstructure of Portland cement pastes." Cement and Concrete Research 30(6): 855-
251/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
863.
U
Ulm, F.-J. et Coussy, O. (1995). "Modeling of thermochemomechanical couplings of
concrete at early ages." Journal of Engineering Mechanics-Asce 121(7): 785-794.
V
Van Breugel, K. (1991)."Simulation of hydration and formation of structure in hardening
cement-based materials". Delft University of Technology (Netherlands).
252/253
Bibliographie Monsef BOURISSAI
Voigt, T. ,Malonn, T. et Shah, S. P. (2006). "Green and early age compressive strength of
extruded cement mortar monitored with compression tests and ultrasonic techniques." Cement
and Concrete Research 36(5): 858-867.
W
Waller, V. (2000)."Relations entre composition des bétons, exothermie en cours de prise et
résistance en compression". Thèse de Doctorat de l'ENPC.
Y
Young, J. F. et W.Hansen (1987). "Microstructural development during hydration of
cement." Materials Research Society 85: 313-322.
Z
Zaoui, A. (1997). Matériaux hétérogènes et composites, Cours de l’Ecole Polytechnique,
Palaiseau.
253/253