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LE CORBUSIER
URBANISME
Une ville !
C’est la m ainm ise de l’homme sur la nature. C’est une action humaine
contre la nature, un organisme humain de protection et de travail. C’est une
création.
L a poésie est acte humain, — rapports concertés entre des images percep
tibles. L a poésie de la nature n ’est exactement qu’une construction de l’esprit.
La ville est une image puissante qui actionne notre esprit. Pourquoi la ville
ne serait-elle pas, aujourd’hui encore, une source de poésie ?
*
* *
i
L a géométrie est le moyen que nous nous sommes donné pour percevoir
autour de nous et pour nous exprimer.
La géométrie est la base.
E lle est aussi le support matériel des symboles signifiant la perfection, le
divin.
Elle nous apporte les satisfactions élevées de la mathématique.
1
II A V E R T IS S E M E N T
I l vient une heure où une passion collective soulève une époque (le panger
m anism e de 1900-1920 comme la charité des prem iers chrétiens, etc.).
Cette passion anime les actes et les teinte fortement, les dirige.
A u jou rd’hui, cette passion est celle de iexactitude. L ’exactitude poussée
très loin et élevée au rang d ’un idéal : recherche de perfection.
Il ne fau t pas être défaitiste pour pratiquer Vexactitude : il faut un cou
rage obstiné et de la force de caractère. L ’époque n ’est plus de détente et de relâ
chement. Elle est puissam m ent arc-boutée dans l’action. Il ne faut pas être
défaitiste pour faire n ’importe quoi (n i être idiot, n i désabusé) ; il faut croire :
il fau t toucher au fond bon des gens.
I l ne fau t pas être défaitiste pour rêver d’urbanisme moderne, parce que
c’est convenir que beaucoup d ’idées reçues seront bouleversées. M ais on peut
songer aujourd’hui à faire de l’urbanisme moderne, parce que le moment est là
et qu’une passion collective est déclanchée p ar les nécessités les plus brutales
et guidée par un haut sentim ent de vérité. Un réveil de l’esprit reforme déjà
le cadre social.
Il semble que des expériences successives désignent la solution et que
l’hypothèse soit fortement racinée dans les vérités de la statistique. Il vient une
heure où une passion collective est capable de soulever une époque.
brisé l’élan : la circulation. Des autos, des autos, vite, vile ! L ’on est poigné,
l’enthousiasme nous saisirait, la joie. N on pas l’enthousiasme de voir luire,
sous les jets des phares, les carrosseries brillantes. M ais la joie de la force. L a
candide et ingénue jouissance d ’être au m ilieu de la force, de la puissance. On
y participe à cette puissance. On fa it partie de cette société dont point l’aube.
On fa it confiance à cette société neuve ; elle trouvera la m agnifique expression
de sa force. On g croit.
Sa force est comme un torrent gonflé p a r les orages : une furie destructrice.
L a ville s ’émiette, la ville ne peut plus durer, la ville ne va plus. L a ville est
trop vieille. Le torrent n ’a pas de lit. Alors c’est une façon de cataclysme. C’est
une chose absolument anormale : le déséquilibre s ’accroît chaque jour.
Le danger est m aintenant ressenti p a r chacun. Notons en passant qu’en
quelques années, déjà l’on a oublié la joie de vivre (la bonne joie séculaire
de se laisser aller tranquillement sur ses jam bes ; on s ’absorbe en une attitude
de bête traquée, sauve-qui-peut quotidien (1) ; le signe a changé; le normal de
l’existence est démoli, est affecté du signe négatif.
On propose des remèdes tim ides... Vous connaissez cette puérile ardeur
que mettent les habitants du village à dresser des barrages im provisés dans la
hâte et l’affolement, pour endiguer le torrent qui s’est gonflé sous la tempête et
qui déjà roule la destruction dans ses remous furieu x...
Résumé :
Entre, croire et ne pas croire, il vaut mieux croire.
Entre agir et se dissoudre, il vaut m ieux agir.
Être juvénile et plein de santé, c’est pouvoir produire beaucoup, m ais il
faudra des années d ’expérience pour produire bien.
Être nourri des civilisations antérieures perm et de dissiper l’obscurité
et de porter sur les choses un jugement clair. C’est être défaitiste que de penser
que révolu l’âge d ’étudiant, l’on n’est plus qu’un résidu. Pourquoi décider que
nous sommes vieux ? Vieux ? Le x x e siècle européen peut être la belle maturité
d ’une civilisation. La vieille Europe n ’est pas vieille du tout. Ce sont là des
mots. L a vieille Europe est pleine de puissance. N otre esprit nourri des siècles
est alerte et inventif ; sa force est dans la tête, tandis que l’Am érique a des bras
solides et la noble sentim entalité de l’adolescence. S i en Amérique on produit
e^on sent, en Europe, on pense.
I l n ’y a pas de raison pour enterrer la vieille Europe.
D éce m b re 1924.
A V E R T IS S E M E N T
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il
Ceci est im p rim é au d o s des cah iers d e classe d e s écoles p rim a ire s de F ra n c e ;
c ’est la g é o m é trie .
PREMIÈRE PARTIE
D ÉBA T GÉNÉRAL
L ’homme marche droit parce qu’il a un but; il sait où il va,
il a décidé d'aller quelque part et il y marche droit.
R o u en au x* siècle, s u r p la n ro m a in (plan re c tilig n e ) ; la c a th é d ra le fu t c o n s tru ite su r
l ’e n d r o it des a n c ie n s b â tim e n ts p u b lic s. E n 1750, l’e n c e in te n o u v e lle e n g lo b e le re ste
des c h e m in s v ic in a u x ; le s o rt de la v ille e s t fixé. Le c œ u r de la v ille d e m e u re re c
tilig n e , à tra v e rs les siècles.
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U R B A N ISM E
P a ris. La C ité, la place D au p h in e, l ’île S a in t-L o u is, les In v alid es, l’É cole m ilita ire . Bien
sig n ificatif. Ces d essin s à m ê m e éc h e lle m o n tre n t l’a c h e m in e m e n t v ers l’o r d re . La
v ille se p o lic e , la c u ltu re se m a n ife ste , l ’h o m m e c ré e .
LE CH E M IN DES ANES 9
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L'ORDRE
La m aison, la rue, la ville, sont des points d ’application du
travail hu m ain ; elles doivent être en ordre, sinon elles contrecar
ren t les principes fondam entaux sur lesquels nous sommes axés;
en désordre, elles s’opposent à nous, nous e n tra v en t, comme nous
e n tra v a it la n a tu re am biante que nous avons com battue, que nous
com battons chaque jour.
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Si j ’ai l’air d ’enfoncer des portes ouvertes (on m e l’a fait dire
à propos de mon livre Vers une Architecture, 1923) c’est q u ’il
La c ité
la c u s tre
( T u ric u m ).
confrères semblent intoxiqués par cette séduction des idées qui n ’aboutit
pas toujours, hélas! à une séduction de réalité; ils ne semblent pas
distinguer, les malheureux, ce qui différencie la vie de Vabstraction,
le plan d’un vieil hôtel français si spirituel, si juste dans sa circula
tion, et le plan allem and si monotone. ( Ici monsieur L. V, le tour de
passe-passe est ahurissant et un peu traître après la Grande Guerre !)
(Le Temps, 12 m ai 1923 (1). )
(1) En principe j ’évite de citer un auteur do crainte de trahir sa pensée.
Pourtant ici, ressort bien ce qui me paraît être la doctrine de M. Léandre Vaillat
et de tant d ’autres terrorisés par le fait pur; cette doctrine c’est « la vie »; la vie
multiple, innombrable, à deux masques, à quatre masques, le pourri, le sain, le
clair, le trouble; l’exact et l’arbitraire, le logique et l’illogique, le bon Dieu et le
bon diable; tout pêle-mêle; on verse dans un pot, on remue et on sert bien chaud :
étiquette sur le pot : « La Vie ». Avec ça, on est sûr d’être un homme vivant,
multiple, innombrable.
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La m a iso n é g y p tie n n e .
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a donc des droits sur les au tres angles : il est unique, il est constant.
P o u r travailler, l’hom m e a besoin de constantes. Sans constantes,
il ne p o u rra it m êm e faire un pas d ev an t l ’au tre. L ’angle dro it est,
on p eu t le dire, l ’outil nécessaire e t suffisant pour agir p u isq u ’il
sert à fixer l ’espace avec une rigueur parfaite. L ’angle dro it est
licite, plus, il fait p a rtie de n otre déterm inism e, il est obligatoire.
Voilà, m onsieur L éandre V aillat, de quoi vous suffoquer. J e
dirai davantage, je poserai cette question : regardez a u to u r de vous
e t ju sq u ’au delà des m ers, e t dans le tem ps à tra v e rs les m illénaires;
dites-m oi si l ’hom m e a agi a u tre m e n t que sur l’angle droit e t y
a-t-il a u to u r de vous a u tre chose que des angles dro its? Cet exa
m en est nécessaire, faites-le e t q u ’ainsi une base au m oins de la
discussion soit fixée.
D ans la n a tu re chaotique, l’hom m e pour sa sécurité se crée
une am biance, une zone de protection qui soit en accord avec ce
q u ’il est e t avec ce q u ’il pense; il lui fa u t des repères, des places
fortifiées à l ’in térieu r desquelles il se sente en sécurité; il lui fa u t
des choses de son déterm inism e. Ce q u ’il fait, c ’est une création e t
celle-ci contraste d ’a u ta n t plus avec le m ilieu n atu rel que son b u t
est plus près de la pensée e t plus éloigné, plus détaché du corps.
On p e u t dire que plus les œ uvres hum aines s’éloignent de la p ré
hension directe, plus elles te n d e n t à la pure géom étrie : un violon,
une chaise qui tou ch en t notre corps sont d ’une géom étrie am oin
drie, m ais la ville est de pure géom étrie. Libre, l ’hom me ten d à la
pure géom étrie. Il fait alors ce q u ’on appelle de l’ordre.
L ’ordre lui est indispensable, sinon ses actes seraient sans
cohésion, sans suite possible. Il y ajoute, y apporte, l ’idée d ’excel
lence. Plus l’ordre est parfait, plus il est à l’aise, en sécurité. Il
échafaudé dans son esprit des constructions basées sur cet ordre
qui lui est imposé p ar son corps, e t il crée. L ’œ uvre hum aine est
une mise en ordre. Vue du ciel, elle a p p a ra ît sur le sol en figures
géom étriques. E t si nous construisons, sur les m onts les plus abrupts,
une route m o n ta n t à un col, celle-ci est encore une fonction géo
m étrique claire e t son lacet une exactitu d e dans le tu m u lte envi
ronnant.
D ans les degrés les plus élevés de la création, nous tendons à
l’ordre le plus pur, e t c’est l’œ uvre d ’a rt. Quelle est l’étape franchie,
de classem ent e t d ’appréciation, entre la h u tte du sauvage e t le
P a rth é n o n ? Si l’œ uvre est en ordre, elle dure à tra v e rs le tem ps,
elle dem eure dans les esprits un objet d ’adm iration. C’est l ’œ uvre
d ’a rt, création hum aine n ’a y a n t plus rien des aspects de la n ature,
m ais a y a n t avec celle-ci des lois comm unes.
Encore, m onsieur L éandre V aillat, de quoi vous p o rte r a u x con
fins de l’horreur. V otre am our chrétien des choses tordues e t
disgraciées souffre en face de ce cristal que je voudrais faire étin
celer. Vous n ’êtes pas seul à souhaiter que nous dem eurions a tta
chés à des bergeries de trian o n s verm oulus. Avec tous ceux qui
pensent comme vous, nous rentrons dans l’urbanism e, car vos e t
leurs négations conduiraient à la ruine les villes e t les pays, et
la p a trie ; car vous nous soustrairiez à n otre m ilieu e t nous feriez
périr. L ’hom m e sape e t hache dans la n atu re. Il s’oppose à elle, la
com bat, s’y installe. T ravail puéril e t m agnifique!
Il l’a toujours fait, e t a b â ti ses m aisons e t ses villes. L ’ordre
hum ain, géom étrique, y règne, y a toujours régné, a m arqué les
grandes civilisations, a laissé les jalons éblouissants qui font notre
fierté e t dem eurent nos adm oniteurs.
Vos rues tordues, vos to its to rd u s sont une paresse e t un
échec. N ’exaltez pas dans vos grands jo u rn au x , à l’adresse de ceux
qui ne sont pas arm és pour contrôler, les tares e t les défaites.
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Le n o m ad e a p ris ra c in e (e t c ’e s t c e tle
b o u rg a d e q ui c o m b le d ’aise les u r b a
n istes !).
Nous ne so m m e s plus
des n o m ad es e t il /
fa u t c o n s tru ire des à ï . L é an d ie VAILLAT,
villes. p o ur m ém oire.
Débordant, passant par-dessus les volontés, façonné par les
capacités propres des peuples, le sentim ent est un aboutissement
et il devient im pératif; il commande, il conduit : il fixe l’attitude
et la profondeur des choses.
C o u p o le d u P a n th é o n à R om e (an 100).
LE SENTIMENT DÉBORDE
Les B arbares av aien t passé, s’étaien t installés sur les ruines
e t leurs m asses innom brables com m ençaient sur tous les pays
d ’Europe, la vie rude e t l’ascension lente des peuples. De l’a n tiq u ité
il ne re sta it que les puissants vestiges des constructions rom aines.
Du chariot am bulant, il va falloir passer au tem ple et à la
ville. Le cim ent rom ain a conservé les grands dômes, les berceaux,
les voûtes m onolithes d o n t un pan s’est écroulé dans l’incendie,
m ais d ont l’a u tre m oitié dem eure suspendue sur le vide. Voilà le
modèle : le charron hirsute du N ord est face à la culture antique!
P our ses édifices il prendra le m odèle to u t fait. On n ’aborde
pas de plain-pied, quand on est un sauvage, le fru it étranger de la
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s’écroulèrent; ils ne connaissaient pas le cim ent rom ain; ils n ’av aient
pas de m oyens, d ’outillage. Ils se découragèrent e t déposèrent
leurs outils vers l’an 1000, décidés à ne plus rien faire. Si les prêtres
n ’eu ren t plus leur trav ail, ils euren t leurs richesses : on a tte n d a it
la fin du m onde... laquelle ne v in t pas. Alors raisonnablem ent on
p lan ta la graine de « savoir » e t les siècles a jo u tè re n t a u x autres.
On créa les m oyens techniques, on conquit l’outillage e t p a r cette
saine discipline, la pensée ajo u ta ses conclusions a u x tra v a u x de la
raison. U n sentim ent n a q u it vierge e t pur, licite e t authentique.
E n 1300 on fit la cathédrale!
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36 U R B A N ISM E
g ü f T U T cnsiïififinrpn S I
i f ï g g i p m i a 1 6 1 î 111111111 :
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P h o to G ira u d o n . Le C olisée d e R om e.
PÉRENNITÉ
Ceci déçoit de prim e abord, m ais à la réflexion encourage e t
donne confiance : les grands tra v a u x in d u strieu x ne réclam ent pas
de grands hommes. Ils s’exécutent comme se rem plit le tonneau
sous la pluie, goutte à goutte, e t ceux qui les réalisent sont gros
comme des gouttes e t non pas comme des to rre n ts. P o u rta n t
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images des dieux nègres, images des dieux égyptiens, les P a rth é -
nons, les grandes m usiques...
Voilà ce qui com pte vraim ent, ce qui dure.
J u s q u ’ici (x ix e siècle), l’outillage é ta it si précaire, si loin d ’une
perfection, q u ’il ne po u v ait accaparer l’a tte n tio n au détrim en t
de la passion ; celle-ci s’ofîrait comme un phénom ène a u tre m e n t pre
n an t. Une grande révolution est survenue, prem ière dans les annales
de l’hu m an ité e t qui a bouleversé notre équilibre; qui a foulé nos
joies, qui a laissé en nous l ’am ertum e des choses perdues, l’inquié
tu d e d ’un avenir encore inaperçu. Nous voici su b item en t m unis
d ’un outillage fabuleux, si puissant, si b rillant, q u ’il pertu rb e
l ’ordre de nos adm irations e t risque de com prom ettre les hiérar
chies séculaires. T rop d ’événem ents m agnifiques nous assaillent
en tro p peu de tem p s : les bases de nos jugem ents chancellent;
nous inclinerions à un renversem ent des valeurs qui p o u rrait bien
to u rn e r à notre dérision. Nous voici en l’expectative : raison?
passion? deux courants, deux individus qui s’opposent; l’un re
garde derrière, l’a u tre d e v a n t; un poète s’étiole sur des ruines,
m ais l’a u tre p o u rra it bien être assassiné.
Laissons les esclaves à leur passé, m ais pour ceux qui sont
tendus vers le fait contem porain, l’éblouissem ent est tro p grand.
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l’aqueduc rom ain a duré, le Colisée (cirque) est encore pieusem ent
préservé, le p o n t du Gard a dem euré. E t l’ém otion que nous donne
le p o n t de G arabit (Eiffel) durera-t-elle? Ici un raisonnem ent ne
suffit pas, ici se suspend le jugem ent que les siècles fo rm uleront; ici
nous ne savons où comm ence le m ystère qui entoure l’avenir des
œ uvres industrieuses contem poraines. Nos enthousiasm es sont
g rands; ils ont bien souvent des racines saines. Q uand la passion
d ’un hom m e a passé, l’œ uvre se m aintiendra dans le tem ps.
Mais ceci est un verd ict périlleux, car verriez-vous que les
ingénieurs se m issent à devenir des hom m es à passion? Ce serait
le péril aigu. Non, l’outillage ne se développerait plus. Un ingénieur
doit rester un p o in t fixe, un hom m e à calculs, e t sa m orale à lui,
c’est de rester dans la raison.
L a passion individuelle ici n ’a que le dro it d ’incarner le phéno
m ène collectif. Le phénom ène collectif, c’est l ’é ta t d ’âm e d ’une
époque conditionné au général comm e il l’est dans le particulier,
p a r les grands m ouvem ents successifs qui éduquent, couchent ou
PÉR EN N IT É 49
Le p o n t de G a ra b it (Eiffel).
Les ingénieurs, presque tous, tra v a ille n t pour elle. Ainsi sera cons
titu é l’outillage de la ville. Ce sera l’essentiel pour ce qui est d ’u ti
lité e t p ar conséquent de périssable.
E t il restera à la ville de dem eurer, ce qui résultera d ’autres
choses que du calcul.
Ce sera l’architecture qui est to u t ce qui est au delà du calcul.
CLASSEMENT ET CHOIX
(E X A M E N )
Il re s te r a à la v ille d e d e
m e u r e r, ce q u i r é s u lte r a alors
d ’a u tre s ch o ses q u e d u calcu l.
Ce s e ra l’A rc h ite c tu re q u i est
to u t ce q u i est au d e là d u calcu l.
E sp rit Nouveau, n° 20.
*
* *
SO U FFR A N C E OU P L A IS IR
*
* *
SY M PH O N IE
Ainsi que le palais goûte la diversité d ’un m enu bien fait, nos
yeux sont p rêts à des jouissances ordonnées. Il est des rap p o rts
entre la qualité et la quan tité, qui font que des fonctions s’intégrent.
I
S ien n e : le tu m u lte an g o issé R om e : la g é o m é trie , l'o r- S ta m b o u l : la fe rv e u r d e s m in a r e ts , P éra : la d e n t d e scie d e la ville
d u m o y en âge. d re im p la c a b le , g u e r r e ,o r g a - le calm e d es d ô m es ap latis. A llah vigi- d es m a rc h a n d s, d es p ira te s, des
E n fe r e t P a ra d is. n isa tio n , c iv ilisa tio n . la n t m ais o rie n ta le m e n t im m u a b le . c h e rc h e u rs d ’o r.
58 UR B A N ISM E
\
C LA SSEM EN T ET C H O IX (E X A M E N ) 59
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CLASSEMENT ET CHOIX
(D É C IS IO N S OPPORTUNES)
« Il re s te ra à la ville de d e
m e u re r, ce q u i ré s u lte ra alors
d ’a u tre s ch o ses q u e d u ca lc u l.
Ce se ra l ’A rc h ite c tu re q u i est
to u tc e q u i e s ta u d e là du calcul. »
E sp rit N ouveau, n° 20.
Sienne, Stam boul, etc. : certaines grandes in ten tio n s d ’ensem ble,
une uniform ité rem arquable dans le détail. Oui, dans le détail (1)!
On av ait, à ces heureuses époques, des h abitudes de construire
identiques. J u s q u ’au x i x e siècle, une fenêtre, une porte, étaien t
des « tro u s d ’hom m e », des élém ents à l’échelle hum aine : les toi
tu re s étaien t construites sur des usages uniform ém ent adm is e t
U N IF O R M IT É DU D É T A IL
T o u t nous y incite a u jo u rd ’hui, to u t nous le com m ande.
L ’évolution sociale elle-même a supprim é la distance entre le châ
teau e t la m asure.
Le riche d ’a u jo u rd ’hui ten d à simplifier, le faste extérieur 11e
com p tan t plus; le pauvre acquiert des droits incontestables. L ’équi
libre se fait a u to u r d ’une cellule à capacité hum aine e t l’entreprise
im m inente de dem ain (1) 11e p e u t agir que sur des élém ents uni
formes. Les élém ents ten d ro n t à l’uniform isation (2).
m aisons su r le ciel, se passe d o ré n a v a n t des lu carn es, des a v a n t-to its , des
m ansardes, to u s élém ents de v é rita b le désord re p la stiq u e ; un e ligne p u re
p e u t d o ré n a v a n t la c o n stitu e r. Or, la déco u p u re des m aisons su r le ciel
est l’u n des élém ents p rim o rd ia u x de l’e s th é tiq u e u rb a in e ; c’est ce qui saute
aux yeux au prem ier coup d ’œil, c’est ce qui provoque la sensation déterm i
nante. L a ru e s’o fïra n t couronnée su r le ciel d ’u n e corniche uniform e, c’est
un p as c a p ita l fa it a u -d e v a n t d ’une a rc h ite c tu re noble. In sérer a u x ordres
du jo u r des conseils m u n ic ip a u x une telle in n o v a tio n , c’est offrir u n g ran d
b o n h eu r a u x h a b ita n ts de la ville. Il fa u t bien se dire qu e l’u rb an ism e a tte n d
son av e n ir des d é lib é ra tio n s des conseils m u n ic ip a u x ; u n conseil m u n icip al
décide des destinées de l’u rb an ism e.
CLASSEM ENT ET C H O IX (D É C IS IO N S OPPORTUNES) 69
sur une échelle a u tre m e n t vaste, la sym phonie architecturale q u ’il
s’agit de réaliser.
L a rue-corridor à deux tro tto irs, étouffée entre de hautes
m aisons, doit disparaître. Les villes ont le droit d ’être a u tre chose
que des palais to u t en corridors.
L ’urbanisme réclame de l'uniform ité dans le détail et du mouve
ment dans l'ensemble.
E n voici assez pour q u ’on nous vomisse comm e l ’antéchrist.
*
* *
a forgé l’outil fatal, le gratte-ciel. Le fer, le cim ent arm é ... e t puis
to u t le reste, to u te la physique du b âtim en t, lum ière, air, chaleur,
hygiène, puis l’industrie im m inente, élaborent lentem ent, des dis
positions e t des dispositifs neufs, des ordres de grandeur nouveaux.
Le x x e siècle est encore dans l ’h a b it d ’une h u m an ité prém achi
niste. C’est comme si l’économie publique, comm erce, politique,
finance, é ta it gérée toujours par le courrier de poste, avec son cheval
et ses relais. Le réveil du x x e siècle sera fabuleux; du m oins nous
a p p a ra îtrait-il tel si, subitem ent dem ain, nous trouvions la nou
velle ville debout. L ’idée fera son chem in progressif, e t nous nous
trouverons transform és dans n o tre ville rebâtie, sans avoir m esuré
l’événem ent.
Les cellules (les logem ents) s’équilibreront sur vingt, qu aran te,
soixante h au teu rs (1). L ’hom m e seul, avec ses 1 m. 75 de h au t, m é
canique inchangeable, s’inquiétera dans les rues de sa ville aux
constructions gigantesques. M eublons donc le vide pénible de ce
tro p grand écart en in tro d u isa n t entre les hom m es e t leur ville
une m oyenne proportionnelle qui satisfasse a u x deux m esures,
qui soit à échelle com m une. Si l’on re tro u v a it dans les tiroirs de
l ’u rbaniste une moyenne proportionnelle qui com blât des h a b itu
des chères, a p p o rta n t joie, divertissem ent, b eau té e t sa n té ?
I l faut planter des arbres!
Q u’advienne la bienheureuse adoption de la com m une m esure
architecturale, m odule p u r d ’une invention arch itectu rale con
forme à des tem ps neufs, ou que persiste pour notre m alaise phy
sique, la triste individualité égoïste, l’arbre, en to u t é ta t de causes,
s’ofîre pour n otre bien-être physique e t spirituel.
lO N D R tS MEV/-/ORK BERLIN
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la G R A N D E V I I L E est un R écent
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LA GRANDE VILLE
L A G R A N D E V I L L E E S T UN ÉVÉN EM EN T RÉCEN T D A T A N T D E C IN Q U A N T E A N S
l ’a c c r o is s e m e n t des grandes
V IL L E S A D ÉPA SSÉ T O U T E S P R É V I
S IO N S .
C RO ISSA N CE V E R T IG IN E U S E ET
P E R T U R B A T IO N .
LA V IE IN D U S T R IE L L E E T LA V IE
C O M M E R C IA L E QUI S’Y A D A PTEN T
SO N T D E S PHÉNOM ÈN ES N O U V EA U X
D ’U N E A M P L IT U D E BOULEVER
SANTE.
LES M OYEN S DE TRANSPO RT
SO N T A LA BASE DE L* A C T IV IT É
M ODERNE.
78 U R B A N ISM E
LA S É C U R IT É D U LO G EM EN T EST
LA C O N D IT IO N DE L ’É Q U IL IB R E
S O C IA L .
LE PHÉNOM ÈN E NOU V EA U DE
LA GRANDE V IL L E A SU RG I DANS
L E C A D R E A N C IE N D E S V IL L E S .
LA D IS P R O P O R T IO N EST TELLE
Q U ’E L L E PRO V O Q U E UNE C R IS E IN
TENSE.
LA CRISE E S T A SES DÉ-
BUTS. E L L E F O M E N T E L E D ES O R
DRE.
LES V IL L E S QUI NE S’A D A P T E
RONT PAS R A P ID E M E N T A U X CON
D IT IO N S NOUVELLES I)E LA V IE
M ODERNE SERO NT ETO U FFEES ;
E L L E S P É R IR O N T ; D ’A U T R E S V IL L E S
M IE U X A D A PTÉE S LES REM PLA CE
RONT.
phénom ène collectif. Ils échafaudent l ’im m ense édifice du trav ail.
Le phénom ène collectif s ’agrège dans l’ordre, indice prem ier de
l’action. Un sentiment plane, assentim ent général donné à un fais
ceau de doctrines opportunes. L en tem en t la pyram ide des valeurs
s’étage, gradin après gradin, suite d ’é ta ts successifs où quelque
passion a prophétisé. Une clarté illum ine ces lieux où l’on s’est
rassem blé. La b eauté y a p p a ra ît parfois, résu lta n t d ’un accord
exact. Les formes se m ultiplient, faites de ce qui p laît à nos sens
et à notre esprit. De loin accourent vers ces centres d ’action ceux
qui sen ten t en eux le vide des vies étriquées e t l’assoifïem ent des
am bitions. D epuis peu, des m oyens m atériels accessibles drain en t
LA G R A N D E V ILLE 81
e t canalisent innom brablem ent ces espoirs vers les centres. Les
centres se gonflent, s’é ta len t; on y accourt, on s’y presse, on y tr a
vaille, on y lu tte, on v ien t souvent s’y brûler à la flam me indif-
sa n t les faibles, hissant les forts. C’est ici que, des hinterlands
paisibles, se trouve la cellule transcendante, intensém ent vivante.
... Au loin, d ’au tres hinterlands ont suscité une a u tre grande
ville. Là-bas, une a u tre encore.
E t ces grandes villes s’affrontent, car le démon de surm onter,
de surpasser est la loi m êm e du m ouvem ent auquel notre sort est
lié. On s’affronte, on se b a t, on se fait les guerres. On s’entend, on
s’associe. Des grandes villes, cellules ardentes du m onde, viennent
la paix ou la guerre, l ’abondance ou la misère, la gloire, l’esprit
trio m p h a n t ou la beauté.
La grande ville exprim e les puissances de l’hom m e; ses m ai
sons qui a b rite n t une ardeur si agissante s’élèvent dans une ordon
nance insigne. Du m oins telle est, dans n otre esprit, la conclusion
logique d ’un simple raisonnem ent.
L ’an tiq u ité nous lègue, sous la form e du souvenir, la dém onstra
tion de ce fait. Ce fut, m om ents précieux, lorsque l ’esprit puissant
dom ina la cohue. Nous l ’avons explicitem ent vu déjà à Babylone,
à Pékin, e t ce n ’étaien t là que des exem ples confirm ant le souvenir
des au tres : grandes villes e t villes plus petites, même to u tes petites,
à certaines époques d ’apogée, illum inées p ar le tale n t, la science et
l’expérience. P a rto u t encore des vestiges ou des unités intactes
nous proposent leur règle : les tem ples égyptiens, les villes rectilignes
du nord de l’A frique (K airouan), les cités sacrées de l’Inde, les
villes rom aines de l’E m pire ou celles construites sur la trad itio n
p ersistan te : Pom péi ou Aigues-M ortes, M onpazier.
M onpazier en P é r ig o rd , x n e siècle.
sMTrnt
roNf,r>uoNNt
90 U R B A N ISM E
a c c r o is s e m e n t DV TRAFIC
PERSONNES M A R C H A N DfSCS
/
p a r. par.
i f i
LA GRANDE V ILL E 91
anciens datant d’avant l’ascension foudroyante des courbes de popula
tion et des courbes de trafic (voir, sur le graphique, les courbes d ’accrois
sement de trafic de 1885 à 1905, trafic de personnes, trafic de marchan
dises). Le trouble est tel qu’une inquiétude se manifeste grandissante.
Le mot d’urbanisme est apparu depuis quelques années seulement,
preuve d’une germination. Par une pente bien humaine, les premiers
efforts glissent naturellement vers la difficulté moindre ; l’on s’occupe
des banlieues. Une cause plus profonde agit également; on a besoin
de réétudier les bases de l’habitation qui doit répondre à une vie de
famille totalement transformée par le m achinism e; la maison des
cités-jardins permet d ’isoler le problème et de l’expérimenter. D ’autre
part, en vertu de la loi du moindre effort, et à cause de la cruauté
des seuls remèdes possibles, devant le spectacle effarant du centre des
grandes villes, on tourne le dos à la difficulté et les gens très forts pro
clament : « Il faut transporter ailleurs le centre, il faut aller bâtir une
nouvelle ville, un nouveau centre, loin, au delà des banlieues ; là on
sera à l’aise, aucune contrainte, aucun état de choses préexistant. »
Argum entation fallacieuse. Un centre est conditionné, il n'existe que
parce qui l’entoure, et il est fixé de très loin, par des convergences
innombrables, de tous genres, et qu’on ne saurait changer ; déplacer
l’essieu d’une roue, c’est s ’obliger à déplacer toute la roue. E n matière
de grande ville, c’est prétendre déplacer 20 ou 30 kilomètres à la ronde,
ce qui est proprement impossible. L ’essieu de la roue est contraint
d ’être fixe. A Paris, l’essieu depuis mille ans oscille de gauche à droite
et de droite à gauche, entre Notre-Dame et la place des Vosges, la
place des Vosges et les Invalides, les Invalides et la gare de l’E st, la
gare de l’E st et Saint-A ugustin. P ar rapport à la roue (chemins de
fer, faubourgs, banlieue et grande banlieue, routes nationales, métros,
tramways, centres adm inistratifs et commerciaux, zones industrielles
et d’habitations), le centre ne bouge pas. Il est dem euré. I l doit de
meurer. D u reste, il constitue une fortune immense, une part impor
tante de la fortune nationale qu’en voulant le déplacer, on abolirait
d ’un décret. Dire : « C’est bien simple, créons le centre nouveau de
Paris à Saint- Germain-en-Laye », c’est dire une sottise, ou c’est pro
mettre la lune. C’est une « balançoire », avec laquelle les éternels sta
gnants gagneront toujours un bout de temps. Le centre doit être mo
difié sur lui-même. Il s’effrite et se reconstruit au cours des siècles,
comme l’homme change de peau tous les sept ans et l’arbre de feuilles
toutes les années. I l faut s ’attacher au centre de la ville, et le changer,
ce qui est la solution la plus simple, et, plus sim plem ent, la seule
solution.
92 U R B A N ISM E
*
* *
**
*
STATISTIQUE
A : B = A 1 : B1
M O UVEM ENT DE P O P U L A T IO N
26000
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ÎT fT T T T Ï
Fi g. 4. — S ain t-D en is, b a n lie u e p a risie n n e . F ig . 5. — P a ris XVe a rro n d is s e m e n t. Ag
A g g lo m é ra tio n e n d é v e lo p p e m e n t. g lo m é ra tio n p ro c h e de sa lim ite (d é te r
m in ée p a r le s ré g le m e n ta tio n s a c tu e lle s
de h a u te u r d e c o n s tru c tio n ).
1MMO
9
U JX»
su m t r i a du terrItôùEî *
1*000
110.000
1lOÛOO
LA G R A N D E V IL L E A C T U E L L E SE T U E E L L E -M Ê M E
La grande ville est née des chem ins de fer. A utrefois, l’entrée
M o u v em en t d u trafic a v a n t la c ré a tio n d u c h e m in
de fe r.
A u jo u rd ’h u i le m ôm e é ta t subsiste.
F ig. 9.
STA T IST IQ U E 107
de la ville se faisait p a r les portes des rem p a rts; les charrois e t les
foules se dispersaient au long de leur tra je t vers le centre. Il n ’y
a v a it aucune raison particulière d ’engorgem ent du centre. Le che
m in de fer en traîn a la création de gares au centre des grandes
villes. Le centre des grandes villes est form é du réseau des rues les
plus étroites. D ans ces rues étroites, on je tte des foules. On dira :
portons les gares en périphérie. La sta tistiq u e répond : non, les
affaires exigeant q u ’à 9 heures du m atin des centaines de milliers
de voyageurs d é b a rq u e n t en un in sta n t au centre m êm e de la
ville où sont les affaires. La sta tistiq u e m ontre que les affaires sont
au centre. Elle exige q u ’on crée au centre des avenues très larges.
Donc, il faut démolir le centre. P o u r se sauver, la grande ville doit
refaire son centre.
L E S A F F A I R E S E X I G E N T L A P L U S G R A N D E R A P I D I T É D E C IR C U L A T IO N
société moderne e t cette opinion est celle qui a dirigé les d ébats du
Congrès in tern atio n al de la route à Séville en 1923.
A Paris, la surface circulante (des voitures) est plus grande
que la surface circulable (des chaussées) (M assard). Voici un gra
phique (fig. 10) m o n tra n t l’é ta t actuel des surfaces des rues et
celui des surfaces circulantes (voitures). Où v o n t les autom obiles?
Au centre. Il n ’y a pas de surface circulable au centre.
Il fa u t en créer. Il fa u t dém olir le centre.
E n tê te de chapitre (fig. 1) se trouve le tab leau d ’accroisse
m ent de la circulation des véhicules autom obiles au cours de ces
vingt-trois dernières années. Il m anque les années 1923 e t 1924 de
beaucoup plus fortes que 1921 et 1922. L ’autom obilism e est un
événem ent nouveau de conséquences im m enses pour la grande ville.
La ville n ’y é ta it pas préparée, l’em bouteillem ent est si com plet,
q u ’à New-York, les hom m es d ’affaires laissent leur v oiture en
périphérie e t e m p ru n ten t le m étro pour arriv er à leur bureau.
P aradoxe saisissant!
E t voici, pour 1912-1921 (fig. 12), la courbe d ’accroissem ent
de la production autom obile a u x E tats-U nis. Diagonale im pé
rieuse allan t se redressant toujours davantage.
y'
iaooo.ooo
12000.000
11.000.0CO
10505. 560
10.000.000
9.000000
8.OOO.OGO
7.000000
aooo.ooo
5000.000 y
V000.000 /
3000.000 y
2000.000 ■¿*7a/
1000.000
tfoo.oc 0
F ig . 12. — (R ap p o rt M assart).
1908 33.993 57 .4 0 9 4 5 .7 1 0 69 .2 2 8 20 6 .3 4 0
d u 3-9 F é v r .
1919
19-25 F é v . 34 .4 3 6 44.772 66 .4 4 0 65.081 21 0 .7 2 9
26 M ai-4 J u in 40 .3 5 5 54.764 114.368 8 4 .4 0 8 2 93.895
Voici enfin d ’au tres statistiq u es à faire (qui sont faites peut-
être) et qui nous ap p o rte ra ien t ce p o in t d ’appui q u ’il fa u t pour
soulever le m onde... officiel :
« D ’un coup de pied, Pégase fil sortir de la montagne de l’Héli-
con la fontaine de l’Hippocrène où les poètes, dit-on, allaient puiser
l’inspiration. »
P our concevoir la véritable rue m oderne :
1. Quel est, a u x heures d ’encom brem ent, le chiffre des voya
geurs de banlieue dégorgés p ar chaque gare?
2. S uivant quelle accélération se p ro d u it l ’agonie des arbres
au long des rues actuelles, dans l’atm osphère du gaz d ’essence ou
de pétrole e t d ’huile brûlée et dans la rad iatio n calorifique consti
tu ée p ar les vallonnem ents resserrés des m aisons e t des rues
dans leur rap p o rt actuel déplorable?
3. Quelle est la courbe d ’excitation du systèm e nerveux d ’un
citadin soumis au cours des dix dernières années au phénom ène
de la grande ville? Idem , son systèm e respiratoire?
P o u r décongestionner la ville e t lui conquérir une im m ense
surface accessible dans les m eilleures conditions d ’hygiène :
1. Quel est l’accroissem ent des superficies de terrasses cons
tru ite s dans le pays, sur tous im m eubles, terrasses étanches et
accessibles? Car les éternels « em pêcheurs » v erraien t alors exister
et (résister) cette m éthode qui n ’est que l’expression du bon sens
(1) V oir l’E sp rit nouveau, n° 4, 1920 : les V illes-P ilotis e t Vers une
Architecture, chez Crès, 1923.
114 U R B A N ISM E
C’est absurde.
La grande ville m oderne dans son é ta t actuel est une absur
dité.
*
* *
Mais, au fait, elle use e t conduit lentem ent à l’usure des mil
lions d ’êtres hum ains; e t le pays qui est derrière tom bera en lé
thargie.
La sta tistiq u e est im placable.
« J ’ai 29 ans, suis très sérieux, m ais sans relations. Désire ren
contrer en vue mariage jeune amie, sim ple employée m ais vraim ent
bien. Grandes qualités de cœur. Écrire J . Raym ond..... »
A d ieu x d é c h ira n ts d ’u n p è re d e fa m ille q u i s 'a p p rê te à tr a v e rs e r le c a rre fo u r
d e la g a re d e l’Est.
Le Journal.
(Dessin de Capy.)
COUPURES UE JOURNAUX
J e ne lis q u ’un journal p ar jour, et encore!
Les dépêches dessinent la courbe enregistrée par l’appareil
sismologique du m onde, les « faits-divers » m artèle n t quotidienne
m ent le dram e qui se passe p a rto u t e t à notre p o rte ; des flam
bées de science, d ’histoire; l’économique, la politique.
Depuis un an on v oit s’inscrire à l’ordre du jour la question
de Y Urbanisme. H angar, dépôt, abri des « laissés pour com pte »
de graves questions : natalité, équilibre social, organisation indus
120 U R B A N ISM E
*
* *
LA C IR C U LA TIO N
APPREN ON S A CIRCULER
LES VO ITU R ES AU PLAFON D
L'U RB AN ISM E
POUR ÉVITER LA CONGESTION
LA M U LTIP LIC ATIO N DES AGENTS
UN C H E V AL ARRÊTE M ILLE C H EVAU X VAPEUR
( l) 1923.
■Eaufcpo.i com-
m issio m ro o n e décidé, M ïnnaininité. de ne
•1*3
LE PR O B L È M E D E LA CIRCU LA TIO N
la congestion
;cwrs plaisirs amèneraient en automobile de
la périphérie au centre, descendraient gen
timent de voiture à l’entrée du quadrila
tère et en seraient quittes pour achever leur
trajet en autobus, en métro ou de préférence
Pour se promener à P aris, une femme à p ied . En cultivant leurs muscles, ils apai
a-t-elle besoin de se réserver vingt mètres seraient leurs nerfs; et au bénéfice de la
carrés de la chaussée ? Faites attention à marche s ’ajouterait la joie trop rare de pou
ce que vous allez répondre, car, si vous voir atteindre leur but sans encombrement
répondez bien, le problème de la circula et sans encombre. Bien entendu, tout autour
tion est résolu. du quadrilatère, des stationnements seraient
M aintenant, prenez ua ciayon efr le plan organisés de manière à leur perm ettre de
de Paris : tracez une ligne de la Concorde retrouver aisém ent leur voiture. E t je n’ai
au C h âtelet, une autre du C hâtelet à la gare pas encore dit tout ce que l'hygiène y gagne
d e l ’E st, une troisième de la gare de l ’Est rait, car je n’ai parlé que des jam bes. Ô ar-
à Saint-A ugustin, une quatrièm e de Saint- dons-nous d ’oublier les poumons Les P ari
A ugustin à la C oncorde. V ous obtenez ainsi siens ne sont-ils pas empoisonnés par les va
un quadrilatère où se trouve à peu près loca peurs m éphitiques des voitures à pétrole ?
lisé tout le m al, (du moins tant que l'E x p o si R egardez les arbreç dey C ham ps-Elysées : ils
tion des arts dits décoratifvpe l’aura pas ag n y résistent plus. Peu ou prou, comme eux,
gravé). E h bien ! rien ne sera la it tant q u ’on nous sommes tous gazés. Q uel bénéfice pour
n'aura pas interdit aux voitures des par la santé publique si dans les quartiers du
ticuliers Vaccès de ce quadrilatère. T o u t centre on pouvait réduire au minimum ces
le reste, sens unique, manuel de piétons, exhalaisons m alfaisantes!
signaux électriques, agents à bicyclette, à M ais c 'e st trop beau, trop simple, trop
cheval ou à cham eau, tout cela n ’aura guère hardi Combien faudra-t-il d ’années et d ’ac
plus d 'e ff e t sur la circulation qu'un em cidents pour convaincre les intéressés ju ’il
p lâ tre sur un bâton de sergent de ville. n y a pas d'autre solution ?
Ç a n’em pêchera pas, sans doute, d e re
courir à quelques mesures complémentaires,
comme celle-ci, par exem ple : n’admettre
que le matin les camions et les voitures de
livraison dans la zone congestionnée. M ais
ce n’est là q u ’un gros d étail. L ’essentiel G u s ta v e T éry.
est de ne pas souffrir qu'un particulier, quel
que soit son sexe, puisse accaparer, sous un
L’INT
«S S. «t*0. n j è M j tó.j
Franc* et Get u . » »4 Uj
Ctrmrveo.» .. U. » <ÎJ C>
ftLlTCipm
G u ten b erg 7 4 *7 »
G u ten b erg 7 4 *7 3
O x a te n b e rg 7* -7 a
G u ten b erg 7 4 -7 4
O u teaberg 7 4 -7 5
9*Il CMtr*9<•«iihwücstiei14T7
U Jo u rn a l d* P a ria
EÊ
odJ.OÔÎ).et on annonce que ce chiffre sera aou-
t]U y a trop de voitures blé dans cinq ans. Mais les rues auront-ellçs ^iseuf
augm enté de superficie ? Non, sans doute. f atre
Toute la question est l’a- oups
et pas assez de rues Pour l’instant, on ne peut que so contenter
d’am éliorer la circulation en obtenant le maxi
ooucb
s’être
mum de rendem ent des systèm es adoptas et & mené,
appliquer le plus strictem ent possible les rè k son
On a distribué hier à l’H 'tel de Ville le rap a br*
port de M. Emile M àssard. su r les travaux au glements. Cet
congrès de la roule, à Sévil le, et sur les dif Mais cela sera insuffisant. En présence de I agiq
férents movens d'am éliorer la circulation. l’énorme et continuel développement du « voi- Vuntr
turism e », il faut songer à créer des voles nou «île i
*?jes concïusions* du rapport sont à ret'.nlr : velles pour les machines nouvelles.
déjà en 1910. M. M&ss&rd avait pu écrire : C’est la question des routes qui sa pose «t i la
• A Paris, la surface circulante (des voitures) ■a fe»
celle aussi ces passages sous les rues pour voi ICUX
est plus grande que ta surface circulaire (de* tures. Les rouies nouvelles pourront être sou
cnaussûes). » Donc, déjà à cette époque, si tou« retti
terraines ou aériennes dans les villes. De toute Des .t
les véhicules étaient sortis sim ultaném ent. Us façon, il faudra qu'on les construise.
n'auraient pu se mouvoir. Or, en 1910, il y avait fu t f
— ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ coihi>
M.000 autos en France ; aujourd'hui. il y ea a
124 UR B A N ISM E
toi
LES HEURES NOUVELLES ch»
Orv
cel
L’urbanisme A
4
Le préfet de police v ien t do p re n d re n n e M
in itia tiv e q ui m a rq u e u n e s p rit n o u v eau que)
et q u ’on n e s a u r a it assez en co u rag er. Il les
d em an d e a u Conseil g é n é ra l de la Seine te s ’
E
t de d écid er q u e les tra m w a y s de P a r is d its sou.
« de p é n é tra tio n » cesseraien t désorm ais voix
.à d ’ê tro des tra m w a y s d ’encom brem eat ; et, voii
tels
s, p a r exem ple, les deux lignes q ui p a rc o u a»ei2
>n re n t les ru e s R é a u m u r et d u Q uatre-Sep E
tem bre, ren o n ceraien t déso rm ais à pousser troi:.
te le u r tête de ligne ju sq u ’à l ’O péra. l'on
îe C’est u n fa it que le problèm e de la circu que
V U fl,
te latio n d a n s P a ria appelle des so lu tio n s ra que
16 d icales e t m êm e, si l'o n veut, radicales- e le
tx socialistes. Il fa u t ce sse r de co n sid érer l ’in
)U té rê t de tel groupa d ’h a b ita n ts de l a T ille
li ou de la b an lieu e p o u r c o u r ir a u s e c o u rs
ti, do l’in té rê t pu b lic si g ra v e m e n t m enacé.
i© L’accroissem ent d u nom bre d es v é h ic u la
Q- est m ath é m a tiq u e ; e t p erso n n e n e pense
s’en p la in d re , puisque celui-ci e s t slgD3 de
its p ro sp érité et d’in d ép en d an ce p o u r îs s pe P
tite s classes appelées de p lu s en p lu s à en
PÛC
¿n- profiter. rió,
0€. A insi le to rre n t des v o itu re s se gonS e qa1
de s a n s cesse ; m a is le lit de ce to rre n t n ’est c’¿í
p a s a g ra n d i : on c o u rt des I o t s à la c a ta s L
<*he
.0 i trophe ch a
n 1 C om m ent ia c o n ju re r ? E n ré g la n t le s’a r
nés c o u rs des v o itu res c irc u la n te s, d 'ab o rd . E n Ceii
au*
îni- su ite «n r e tir a n t de l a c ircu latio n les voi C ia
tu re s non in dispensables. H ot
t
L E O N B A ÎJ.B Y
<u%L.
*
* *
LES ACCID EN TS
LA R U E
UN C O U P DE PIOCH E
nécessaires \ O n / a c o n s tn ù t des ch em in s d e f e r; il
fa u d ra c o n stru ire d e nouv eau x ch em in s d e
dans la circulation ttiT e , ch em in s affectés sp é c ia le m e n t au x
parisienne.
nouvegyx sy stè m e s d e locom otion.
L e s ru e s n e p e u v e n t ê tre élargies. A lo « i*
'Alors, on d o it ch erch er la p la c e e n h a u t
M. EMILE MASSARD ou e n bas. E n p résen c e d ’u n accro issem en t
Président de La deuxième comm\t*wn form idable, e n p résen c e d e s d ifficu ltés d e
du Comeil Municipal circu latio n ch aq u e jo u r croissantes, d e s
m esu res ra d ic a le s s ’im p o sen t. 11 f a u t e m
LES RÉSUMÉ ICI ployer u n re m è d e d ’acier : ouvrir, r é p é
POUR LES LECTEURS DE “ L’AUTO ’ tons-le, d e s p assag es so u te rra in s p o u r les
v o itu re s, aux carrefours encom brés.
Il f a u t envisager au ssi l'id é e d ’une voie
J e ra le n tiss e m e n t ? Il f a u d ra it ê tr e logique, en tu n n e l sous les boulevards e t réserv ée
l i a vitessé a a u g m e n té d e 1 à 400 e n aux véhicules. C e tte voie s e ra it p e u t-ê tre
so ix a n te a n s : c 'e s t l ’é lé m e n t prim o rd ial p in s utile, é t a n t d o n n é q u e le s a u to b u s y
d u P rogrès. G a g n e r d u te m p s, c ’e s t g a g n e r p asse ra ie n t, q u e le m é tro projeté.
d e l ’arg en t. H o rs d e c e tte solution, p o in t de salut..
E t m a in te n a n t, com m e ra p p o rte u r des
q u estio n s de la C ircu latio n au p rès de la
P ré fe c tu re d e P o lice e t d u Conseil M u n i
cip al, je crois avoir tiré m e s dem ièreS'C ar-
¿ ’/ h z z r
to u ch es,
Em ile MASSARD,
C o n ttilltr m unicipal (p r iiid e n t <U
to f cpmwtitioT})
900.000
appartiennent
à des maisons
de commerce
150.000
appartiennent
à des docteurs
110.000
sont
des taxis
90.000
sont
des autobus
Ces 7.350.000 a u to s , q u i s o n t u n iq u e m e n t
d es in s tr u m e n ts do tr a v a il , r e p r é s e n te n t la
m o itié d es v o itu re s .
L ’a u t r e m o itié s e r t t a n t ô t aux; a ffa ire s ,
t a n tô t à la p ro m e n a d e : d a n s la p r o p o r tio n
de fiO 0 /0 a u x a ffa ire s , p o u r a l le r <iu b u r e a u
ou à l ’u s in e , e t de 40 0 /0 à la p ro m e n a d e .
CO NSÉQU ENCES
LES A RB RES M EURENT
LE D R A M E D E S LO Y E R S
P A R IS - F L i R T
L E J O U R N A L « P E U P L E » S ’IN Q U IÈ T E
c h o :
ON O IT QUE.«
jfc. « Si la circulatioD actuelle co n tin u ait
Si vous n'êtes capable que tfe bruits de séance,
encore p en d an t cing an s d an s le Bois,
faites vous sténographier : c'est toujours ça.-
cette prcm enada d eviendrait un désert », a
déclaré M. F orestier, en d e m a n d a n t.q u ’on
ferme, pendant la nuit, les portes du Bois.
Il a raison. Il faut que les arb res aient
un peu de repos. On a fait des expériences
avec de jeu n es arbree et elles ont dém ontré
Le drame des loyers
Des milliers et des milliers de ci
que, si la poussière s’am assait au pied des toyens, accoutumés au foyer, devien
jeunes pousses, celles-ci desséchaient et pé nent, malgré leur travail, des parias
rissaien t... sans feu ni lieu. Ils gagnent- pourtant,
Voyez ce qui se passe su r les Boulevards 51s possèdent. Leur instinct cherche
où, jadis, l'om bre était si dense, et, où l ’équilibre, la stabilité, tous les avan
m ain ten an t, orm es et platanes sont rachi- tages ordinaires -du domicile. C’est la loi
tiques. qui les précipite dans le désordre des
Ç’est une question extrêm em ent im por masses flottantes. La moralité publique
tan tes. ne l’oublions pas. et dont dépend les perd sans retour. La tentation de la
noji seulem ent la beauté, m ais la santé de tue, les appels du cabaret conspirent à
P aris. M. F o restier donne l’alarm e en pro les détourner. Interrogez les Parquets,
tég ean t le Boia de son mieux. Puisse-t-il ils vous diront les inconvénients d’une
être entendu I crise qui prélève ce pourcentage ef
frayant sur les réguliers ».
¿-< ■
M O R O -G 1A F F E K R I,
avocat à la C o u r, d é p u té
130 U R B A N ISM E
IN IT IA T IV E S
BALAYURES
H E U R E S D ’ÉT É
R É G IO N S L I B É R É E S
G r â c e à l’h e u re d ’été
Marseille, 11 juillet (de notre corr. pari.). —
Dans 354 jard in ets de 200 mètûes carrés cha
118 MILLIARDS
cun, donnés dan 3 la banlieue m arseillaise à
des fam illes ouvrières, seront récoltés environ
consacrés par la France au relèvement
îi50.000 kiiogs de légumes cette *ûnée — c$ qui
représente u n rap p o rt de 700 Iranes p a r Jar des régions dévastées
din qui en coûte a peine 50.
Et leur culture p a r lesJU45 personnes (¿ont -- -VWX'-- -
1.454 enfants) auxquelles ils sont attribués re
présente près de 80.000 Journées de travail Maisons reconstruites ; terres cultivées
passées en plein air les dim anches et le soir Sur 22,900 u sin e s d é tru ite s ou endom
après la sortie de l’atelier — grftce à l’heure m agées. plus 8e 20,000 so n t actuellem ent
d'été. — P. C. exploitées. S ur 3,306.000 h eclares de te rre s
bouleversée*, p rè s de 3 m illions d’hectares
so n t re m is en é ta t- s u r 333 m illions de
m ètres cubes de tranchées, plus de 280
m illions de m è tre s eubes so n t com blés;
eur 375 m illions de m ètres ca rré s do (ils
de fer barbelés,plus de 291 m illions de m è
tres ca rré s sont, enlevée; s u r 4,809 k ilo
m è tre s de voies fe rré e s à re c o n stru ire ,
4,495 k ilom ètres sont re sta u ré s ; s u r
T ' i L993 m aisons d é tru ite s, p ulvérisées ou
g rav em en t endom m agées^ 598.000 m ai; ins
sont rép arées Du reco n stru ites. Enfin la
v ie économ ion» re n a ît dans nos dix d é p a r
tem en ts dévastés, p u isq u 'en 1923 il a pu
ê tre m is en reco u v rem en t dans ces régions
3 m illia rd s de francs d’impfils.
V oilà ce qui a été effectué ju s q u 'à ce
Jo u r I Voilà, p o u r rép o n d re à certain es ca
lom nies, l'em ploi qui a été fa it des m il
liard s que nous avons avancés à l'A llem a
gne d éfaillan te; p o u r re le v e r nos ruines.
Ce qui reste à faire
U, T'puAutaJ.—
132 U R B A N ISM E
UN PROGRAM M E
T o u t est là : un program m e.
Il y a des program m es : fragm entaires ou d ’ensem ble. Que ceux
qui discernent des solutions te n te n t de form uler un program m e!
Les événem ents se précipitent. U ne époque neuve est en tra in de
rem placer une époque finie, m orte. Des program m es élaborés par
des gens neufs! L ’époque avance en ces décades, vertigineusem ent;
les program m es sont toujours tro p courts, jam ais assez divinateurs.
Que des program m es soient soumis, ils ne seront jam ais trop.
D ans un nom bre d ’années restreint, l’urbanism e au ra mis en jeu
de tels in té rêts q u ’une p a rt im p o rtan te de l’activ ité technique et
industrielle s’y consacrera.
i
Le Grand Paris - — —
| £ U n plan d ’extension dort S
dans les carton» administratif*,
4 il faudra bien le réveiller 4
Ce se rn le d ra n d Pari». On y tie n d r a ,
sans plan rationnel peut-être, putequ'ili)
s'obstine g n'en point avoir. M ais on y
viendra parce au 'o n ne peut pats faire a u
trem ent. Et ce lour-lù il fau d ru bien so rtir
le Brojet a d m in istratif du ftrand P a ris, le
quel som nole d an s les CaHofts de la p ré
fecture. M ais on conçoit très bien qu e\le
Conseil m unicipal d è P a r is atten d e ette
heur« saïlB Im patience. C ar son règne a b
solu, au to crate et in certain sera bien près
d ê finir. — H m h i S I M o n i
l /*** '&*- ^ 3
*
* *
Le J o u r n a l, 2 o c to b re 1823.
Voilà ce qui donne à nos rêves de la hardiesse: ils peuvent être
réalisés.
Le Barrage. P la n et élé v a tio n d es d is tr ib u te u rs de b é to n . L’a p p a re illa g e s’é te n d s u r 375 m .
d e lo n g e t s u r 125 m . de h a u te u r . On v o it les p y lô n e s é lé v a te u rs d u b é to n e t les
c o u lo tte s-to b o g g a n s d e d is tr ib u tio n su sp e n d u e s a u sy stèm e de câbles.
10
NOS MOYENS
« Les an n ales d e l’h u m a n ité ne
m e n tio n n e n t a u cu n d u e l d e n atio n s
au ssi g ig a n te sq u e q u e la g u e r re
fra n c o -p ru ss ie n n e ; a u c u n e p é rio d e
de l ’h is to ir e n ’est aussi féc o n d e en
é v é n e m e n ts sa isissan ts e t g ra n d io se s,
e n tassés e n q u e lq u e s m o is .» (In tro
d u c tio n à u n e H isto ire p o p u la ire de
la g u e r re d e 1870-71.)
... V oilà ce q u ’on p e n s a it en 1871!
P our stim uler des ardeurs craintives, pour enhardir des forces
en expectative, pour les lancer à l’assaut des com prom is e t des
stagnations dém ocratiques, il est nécessaire de m o n trer clairs les
m oyens dont les labeurs antérieurs nous o n t dotés.
138 U R B A N ISM E
**
Vf», Ç r a n iu /nttt4
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A*t±r trKtrr\p < (.tj I - 1
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** *
M. B ienv *
•'•nnle qui a
É tats-U n is. P ro je t p o u r douze
h ô te ls e t six m ille c h a m b re s .
C en t q u a tre -v in g t-d ix é ta g e s .
P o n t d e P é ro lle s
à F r ib o u r g , 1921.
5 v o û te s d e 56 m .
de p o r té e e t de
70 m . d e h a u t.
DEUXIÈME PARTIE
TRAVAIL DE LABORATOIRE
UNE ÉTUDE THÉORIQUE
I l faut une ligne de conduite. I l faut des principes fondamentaux
d’urbanism e moderne.
I l faut arriver, en construisant un édifice théorique rigoureux,
à formuler des principes fondamentaux d ’urbanisme moderne.
UNE VILLE CONTEMPORAINE
UNE V IL L E C O N TE M PO R A IN E D E T R O IS M ILLIO N S
D ’H A B ITA N TS
P ro céd an t à la m anière du praticien dans son laboratoire,
j ’ai fui les cas d ’espèces : j ’ai éloigné tous les accidents; je me suis
donné un terrain idéal. Le b u t n ’é ta it pas de vaincre des é ta ts de
choses préexistants, m ais d’arriver en construisant un édifice théo
rique rigoureux, à formuler des principes fondam entaux d’urbanisme
moderne. Ces principes fondam entaux, s’ils ne sont pas controuvés,
p euvent constituer l’ossature de to u t systèm e d ’urbanisation
contem poraine; ils seront la règle su iv a n t laquelle le jeu p e u t se
jouer. E nvisager dans la suite le cas d ’espèce, c’est-à-dire n ’im
p orte quel cas : Paris, Londres, Berlin, N ew -Y ork ou une m inus
cule bourgade, c’est être m aître, si l’on p a rt des certitudes
acquises, de donner une direction à la bataille qui v a s ’engager.
Car c’est livrer une form idable bataille que de vouloir urbaniser
une grande ville contem poraine. Or, voyez-vous se livrer une
bataille sans connaissance précise des objectifs à a tte in d re ?
Nous en sommes ex actem ent là. Des au torités mises a u x abois se
lancent dans des aventures de gendarm es à bâtons, de gendarm es
à cheval, de signaux sonores e t lum ineux, de passerelles sur rues,
de tro tto irs roulants sous rues, de cités-jardins, de suppression
de tram w ays, etc. T out, coup sur coup, en halètem ent, pour
ten ir tê te à la bête. L a B Ê T E , la G rande Ville, est bien plus forte
que cela; elle ne fait que s’éveiller. Q u’in v en tera-t-o n dem ain?
Il fa u t une ligne de conduite (1).
Il fa u t des principes fondam entaux d ’urbanism e m oderne.
T E R R A IN
com m e leu r p u b lic o n t eu « le u r p e tite sen satio n ». Ils y cro ien t v o lo n tie rs.
Si c ’é ta ie n t de graves erre u rs? C om m ent faire la p a r t du raiso n n ab le e t
d u rêve tro p p o étiq u e. L a g rande presse ravie accep te d ’en th o u siasm e les
idées, les « b o b ard s » aussi. A insi Y Intransigeant, qui depuis d eu x ans m arq u e
la cadence, an n o n c era : « Les villes de dem ain, il fa u t les co n stru ire d an s
des p ays neufs. » Mais non, il fa u t vo ir les villes vieilles ; l ’exam en le confirm e.
L ’Illustration nous confie la p ro p o sitio n de l ’u n des plus gran d s arch itectes
e t des plus raisonnables, qui p o u r u n e fois donne u n conseil périlleux :
élever a u to u r de P aris une cein tu re de gratte-ciel! Idée p o étiq u e ind éfen
d ab le : les g ratte-ciel d o iv e n t s ’élever au centre e t non en p ériphérie.
160 U R B A N ISM E
LA GARE
l a c i t é
LO TI SSEM ENTS
A) S ch ém a s y n th é tis a n t le B) S ch ém a p ro p o s a n t le
sy stèm e des ru e s d ’u n e tra c é d e s ru e s esp acées
v ille a c tu e lle . à 400 m . d ’axe e n ax e.
Le sch ém a A) accuse 46 c ro ise m e n ts .
— B) — 6 —
E S T H É T IQ U E DE LA V IL L E
(La ville dessinée ici est un p u r jeu de conséquences géomé
triques.)
Un nouveau m odule vaste (400 m ètres) l’anim e to u te . Le qua-
168 U R B A N ISM E
12
L'HEURE DU TRAVAIL
La dém onstration qui va suivre n ’est pas un jeu, m ais simple
m ent, une fois encore, l’efïet d ’un raisonnem ent poursuivi dans ses
conséquences naturelles, hors des entraves suscitées p ar les cas
d ’espèces. Au b o u t du raisonnem ent pur, on trouve la règle des
tinée à résoudre le cas d ’espèces.
*
* *
m ents indispensables :
à New -Y ork, 20.000
personnes envahis
sent su bitem ent une
rue étroite e t y pro
v o q uent la plus grave
confusion ; elles y
paraly sen t to u te cir 2*"“ ioui.Sol
T R A IN S de B A N Ü E U E
culation rapide; la
conception est d é
pouillée de son sens
même. L ’organe de
décongestion devient
p ar suite d ’un désé
quilibre désastreux,
le plus absolu per
S*1"®Sou^-üol
tu rb a te u r de circula G R A N D E S LIGNE*
tio n : le gratte-ciel
congestionne. On en
ten d alors s’élever
des voix contraires
m audissant le g ratte-
ciel et réclam ant
contre la ville en
h auteur, e t en v ertu
de la nécessité de
******
nknmmmimHmmmmnSm
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f i t» » « 5ï » a iî « » » m m m m
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N ew -Y ork : c o n g estio n .
Vue d e la T o u r E iffel.
Vue d u h a u t d o la T o u r E iffel.
lle z -d c -c h a u ssé e de l'u n des g ra tte -c ie l. L’esp ace e s t e n tiè re m e n t lib re , o ccu p é
to u te fo is p a r les n o m b r e u x p ilie rs d ’a c ie r q u i d u h a u t en bas, s u r 220 m è tre s p o r te n t les
60 p la n c h e rs . S euls les h a lls des a s c e n se u rs e t e s c a lie rs so n t c lô tu ré s. D ans ch a q u e sec
te u r, e n tre les ailes d u g r a tte -c ie l, les g a ra g e s -a b ris p o u r le sta tio n n e m e n t d es a u to s.
La c irc u la tio n e s t à g ir a tio n .
m inute vers les provinces e t au delà des frontières (1). Des q u atre
points cardinaux, les grandes lignes de chem in de fer aboutissent
au centre.
:k* H«
13
L’HEURE DU REPOS
Les « h u it heures ».
P e u t-être m êm e les « six heures », un jour.
Des esprits pessim istes e t angoissés se disent : le gouffre
est d e v a n t nous. Que faire de ces heures libres, de ces heures
vides?
Les rem plir.
Il tom be sous le sens que c’est ici un problèm e d ’arch itectu re :
le logis; d ’urbanism e : l’organisation des quartiers de résidence,
la m achine à souffler. L ’heure du repos, c’est l’heure de souffler.
D éjà, sans a tte n d re que l’arch itectu re e t l’urbanism e s’orga
nisent, le sport est entré dans notre vie. A l’action nocive, la riposte
salubre.
190 UR B A N ISM E
créer des espaces verts de 20, 30, 40, 50 p. 100 de la surface des
villes. In utile d ’y rêver. La situation est angoissante. »
J e trouvais, dans ce verdict, une p a rt essentielle des élém ents
sur lesquels j ’avais posé le problèm e, sur lesquels j ’avais, depuis
1922, établi les dessins de la « ville contem poraine ».
*❖*
Les h u it heures.
H u it heures de repos ensuite. L ’u rbaniste doit répondre.
La pratiq u e du sport doit être accessible à tout habitant de
la ville. Le sport doit se faire au pied même de la maison. Tel est le
program m e de la cité-jardin (1). Le sport des stades n ’a rien à faire
avec le sport : c’est du th é â tre — le cirque, les jeu x ; c ’e st le spec
tacle : on y voit les biceps et les jarrets des autres, des spécialistes,
des phénom ènes. Le sport au pied de la maison : on ren tre chez soi,
on se débarrasse de sa casquette, de son chapeau, de son veston, 011
descend et l ’on joue; on joue à respirer, à se faire des muscles et à
les assouplir, hom m es e t femmes, enfants, tous. P rendre un tra m
way, un autobus, un m étro, franchir des kilom ètres avec une m al
lette à la m ain? Non, pas de sport possible dans ces conditions.
Le terrain de sport est au pied de la m aison. P o u r réaliser cette
chose d ’utopie, il suffit de b â tir en h auteur. Or les services en chef
d ’architecture de la Ville de Paris ne veulent pas q u ’on bâtisse
en h au teu r. Ils m iliten t en faveur d ’un nouveau règlem ent qui
lim itera les constructions des grandes zones conquises sur les fortifs
à 5 étages au lieu de 6 ou 7!
C’est en face de contradictions si tro u b lan tes que l’urbaniste
doit poser le problèm e.
** *
T el p e u t
ê tre
d o ré n a v a n t
le sol de
la g ra n d e
Ville.
(v. p ag e 73)
Les
T u ile rie s.
L u x e m b o u rg :
P alais-R oyal.
Une ville
c o n te m p o
ra in e :
Les g ra tte -c ie l.
Les re d e n ts.
Les
lo tisse m e n ts
fe rm é s
à alvéoles.
Les
C ham ps-
E lysées,
les T u ile rie s .
Ces tro is p la n s : le q u a r tie r d u P alais-R oyal à P a ris, c e lu i des T u ile rie s e t des
C ham p s-E ly sées, e t au m ilie u , à m ê m e éc h e lle , c e lu i d ’u n fra g m e n t d e la C ité C o n te m
p o ra in e , m o n tre n t la tra n s fo rm a tio n ra d ic a le a p p o rté e d an s les îlo ts c o n s tru its ( re d e n ts e t
lo tiss e m e n ts ferm és) e t p a r c o n sé q u e n t d an s les su rfaces p lan tées (la v ille est c o u v e rte
de v e rd u re s ). On p e u t c o m p a re r aussi les in te rs e c tio n s d es ru e s e t la la r g e u r de
celle-ci.
194 UR B A N ISM E
SU R LA C IT É -J A R D IN
Nous avons, au chapitre de la Grande Ville, reconnu deux
classes de population : les citadins, ceux qui ont mille raisons de
résider dans la ville; les « banlieusards », ceux qui ne p eu v en t vivre
utilem ent que loin de la ville.
Ces banlieusards, su iv an t leur condition sociale, h a b ite n t des
villas, ou des pavillons de cités ouvrières, ou des m aisons à loyer
ouvrières.
T entons ici de poser le problèm e.
a) Solution actuelle, adm ise dans tous les pays du m onde et
considérée comme idéale : un lot de 400 m ètres carrés (300 ou
500 m ètres carrés) est affecté à un pavillon. Le pavillon im planté, il
dem eure un jard in d ’agrém ent (fleurs e t gravier), un p e tit verger, un
p e tit potager. E n tretien com plexe e t pénible, m arty re (rom antique,
égloguien, etc.), de la m aîtresse de m aison, du m aître de m aison :
4 0 0 m 1
40(V
APPARTEMENT S PORTS CULTURE
2 FOIS 5x10=100m* 150 m1 150
JA R D IN
D'AGRÉMENT
50ni
*
* *
198 U R B A N ISM E
RUES C O U R B E S, RUES D R O IT E S
(1) Les villes créées d ’une pièce au m oyen âge (les b astid es) ac cu sen t
les tra c é s les plus clairem en t g éom étriques. F a it ém in em m en t ra s su ra n t.
Il e û t été bien d é c e v a n t q u e les tra c e u rs des p la n s e t des coupes des c a th é
drales eu ssen t renié, p o u r dessin er leurs villes, l’e sp rit clair q u i d em eu re p o u r
nous encore u n su je t de p rofonde a d m ira tio n (v o ir p ag e 84, p lan de
M ontpazier).
L ’H E U K E DU REPO S 199
Mais si, fréquem m ent, la rue droite est affreusem ent tris te
lorsque les m aisons qui la b ordent sont affreuses, les rues courbes
créent in év itab lem en t un désordre pénible quand les m aisons s’y
alignent p ar in term itten ce. T out alors s ’en va à hue e t à dia. L ’œil
ne voit pas la courbe dessinée sur le plan, m ais chaque façade sem ble
s ’agiter avec une incidence différente : de tels lotissem ents sem blent
être un cham p de bataille ou un lieu couvert des débris d ’une
explosion.
On est en droit de dire aussi q u ’une rue droite est très ennuyeuse
à parcourir à pied : elle n ’en finit pas, on n ’avance pas. La rue
courbe, par contre, am use par ses im prévus a u x contours successifs,
— arg u m en t q u ’il fa u t retenir pour essayer d ’y voir clair. La rue
droite est assom m ante à parcourir à pied. Admis. Mais s’il s’agit
d ’une rue de trav ail, m étros, tram s, autobus, autos, p e rm e tte n t
de la parcourir vite, et v ite précisém ent parce q u ’elle est droite (1).
A doptons la courbe s’il s’agit de rues à parcourir à pied, de rues
de prom enades agrestes, sans spectacles arch itectu rau x : c’est alors
une façon de p e tit ja rd in anglais des nounous et des prom eneurs.
L a rue courbe a tous les droits s'il n ’y a pas de spectacle architectural
et si les campagnes ou du moins les pelouses et les futaies constituent
un horizon pittoresque immédiat où nulle forme volontaire n ’attire
l'attention. On voit bien q u ’il s’agit alors de rues de prom enade
ou d ’allées tra v e rs a n t une cité-jardin.
Voyons enfin si la rue courbe est susceptible d ’acquérir une
v e rtu architecturale. Cela sera si elle est plantée régulière
m en t d ’allées d ’arbres. La répétition des troncs fa it une façon de
colonnade, les ram ures une façon de berceau. Une form e géomé
triq u e m e n t conditionnée s’offre à l’œ il; on voit quelque chose de
clairem ent form ulé : une espèce de colim açon de turb in e. Mais m al
heur à l ’architecte qui disposera au bord de ce tte courbe les façades
V illage b re to n (P lo u m a n a c h ), ru e
c o u rb e d a n s a lig n e m e n t o rth o g o n a l
des m aiso n s. La d ir e c tio n d u v e n t d o
m in a n t fixe l ’o rie n ta tio n p o u r to u te s les
m aiso n s, u n ifo rm é m e n t. Et cette c o n
sta n te est ag ré a b le .
San F ra n cisco . U ne ru e c o u rb e d o n t ia ra iso n n ’est pas a m b ig u ë : u n e s c a lie r p o u r au to s.
*
* *
SU R LA L IB E R T É PAR L ’O R D RE
Nous vivons dans des ap p artem en ts. L ’a p p a rtem e n t est un
ensem ble d ’élém ents m écaniques et a rc h ite c tu ra u x a ssu ra n t
n otre sécurité e t n otre confort. P a rla n t d ’urbanism e, on p e u t con
sidérer l’a p p a rtem e n t comm e une cellule. Les cellules, p ar la vie
en société, sont astreintes à des m odes de groupem ent, à des coopé
rations ou à des antagonism es qui c o n stitu e n t l’un des élém ents
essentiels du phénom ène urbain. E n gros, nous nous sentons libres
dans n otre cellule (et nous rêvons d ’h a b ite r quelque p a rt une
m aison isolée pour assurer notre liberté); la réalité nous m ontre
que le groupem ent des cellules p orte a tte in te à n otre liberté (et
l ’h eu r e d u repo s 203
nous rêvons d ’h a b ite r... etc.); la vie en com m unauté serrée est
une astrictio n imposée p ar le fa it m êm e de la ville (événem ent
irrésistible); e t souffrant dans notre liberté comprom ise, nous
rêvons (bien chim ériquem ent) de briser le phénom ène collectif
qui nous enchaîne.
Il est possible, p ar l ’ordonnance logique des cellules, d ’a ttein d re
à la liberté p a r l ’ordre.
A y an t cherché depuis longtem ps à fixer certaines vérités
fondam entales de la cellule (réform e de l’a p p a rtem e n t e t de la
construction de l’ap p artem en t), j ’ai échafaudé p e tit à p e tit dans
l’ordre, p ar jeu de conséquences, un systèm e de groupem ent des
cellules, dans l’in ten tio n d ’opposer un fait bienfaisant au chaos
asservissant.
Définissons l’esclavage m oderne :
Le « num éro » d ’au tobus (le num éro q u ’on arrache à la souche
au pied du bec de gaz) est un exem ple p a rfa it de liberté m oderne
p ar l’ordre : vous êtes faible ou im potent, fo rt des halles ou boxeur,
vous aurez, dans l’au to b u s que vous attendez au pied d ’un bec de
gaz, la place à laquelle vous avez exactem ent droit. Souvenez-
vous combien la liberté é ta it foulée a v a n t l’in terv en tio n du « nu
méro » d ’autobus, le faible écrasé, le dernier venu le prem ier, etc.
Voyons l’incohérence de l ’h a b ita t m oderne e t com bien la
liberté (verbale, verbeuse), que p oursuit passionném ent le « P a ri
sien », est un leurre, une idée fixe qui couvre un fait défaillant (1).
• CIRCULER...
Sk»;«f u»;.a:v«»:■+;:.4m:-j*:.*m »::«■»'.♦■ J
4 so n s u n iq u e , vite ss e u n iq u e
V » S O m jœ V A .3 R 3 D ÏM fcS rT A L IK K S
l ’h e u r e d u repo s 207
des autom obiles; elle est en l’air, sur pilotis. Les cam ions lourds,
les au tobus so n t au-dessous, sur la terre e t les cam ions p euvent
accoster directem ent au x docks des im m eubles qui sont les rez-
de-chaussée; il n ’y a plus jam ais de ces stationnem ents désastreux
au bord des tro tto irs, qui em bouteillent les rues a u jo u rd ’hui et
coupent la circulation des piétons. Les canalisations de la ville sont à
l’air libre et désorm ais les terrassiers ne creuseront plus des tranchées.
Il y a sur le to it de l ’im m euble une piste de 1.000 m ètres où l’on
court à l ’air pur. L à -h au t encore, se tro u v e n t les gym nases où
des m aîtres de gym nastique feront trav ailler u tilem en t chaque
jo u r les p aren ts comm e les en fants; il y a les solarium s (les É ta ts -
Unis livrent actuellem ent une bataille victorieuse à la tuberculose
p a r les solarium s). Il y a encore des salles de fêtes qui p e rm e tte n t
à chacun de recevoir gaiem ent e t grandem ent quelquefois dans
l’année. Il n ’y a plus de concierge. Au lieu de soixante-douze ou
cent q u a ra n te-q u a tre concierges, il y a six valets qui font les trois
hu it, et, jo u r e t nuit, surveillent la m aison, reçoivent e t annoncent
p ar téléphone les visiteurs e t les canalisent dans les étages p ar les
ascenseurs; ils se tie n n e n t dans six halls m agnifiques de 30 m ètres
con struits à cheval sur la double chaussée. Sur ces chaussées la
circulation est à sens unique p a rto u t et le piéton n ’a pas à trav erser
la rue pour pénétrer dans les maisons.
Le plan e t la coupe m o n tre n t un classem ent logique de tous
les élém ents : p a r l’ordre, voici la liberté.
Les sta n d a rts les plus rigoureux règlent l’ensem ble e t les
m oindres détails; l'in d u strialisatio n du ch an tier tro u v e là une
application sans com prom is.
Mais si 660 ap p artem ents, c’est-à-dire 3.000 à 4.000 personnes
o n t été ainsi groupées dans un lotissem ent ferm é à alvéoles, c’est
en vue de constituer une com m unauté, d o n t la gestion appo rtera
ici aussi la liberté p ar l’ordre (6 trém ies d ’escalier e t 6 anticham bres
correspondent à 660 ap p artem en ts disposés sur cinq hauteurs,
règlem ents actuels de la Ville de Paris. Mais si l’on b â tissait sur
six hauteurs, on a u ra it 792 a p p a rtem e n ts; sur sept hauteurs, on
a u ra it 924 appartem ents).
Le rez-de-chaussée des im m eubles-villas est une v aste usine
d ’exploitation dom estique : ravitaillem ent, restau ratio n , service
de dom esticité, blanchissage.
Si nous avons vu le réseau des rues se poursuivre des chaussées
inférieures e t supérieures ju sq u ’à la porte de chaque villa, le plan
m ontre un a u tre réseau — vertical celui-là — qui pénètre l’im
m euble de bas en h a u t, reliant le rez-de-chaussée-usine à tous les
I
s-
3
« L o tisse m e n ts fe rm é s à alvéoles. »
F ig . 1. — C o u p e v e rtic a le e n tr a v e r s d e là ru e , s u r le sy stè m e de l ’e s c a lie r, des pas
s e re lle s et des ja r d in s su s p e n d u s .
F i g . 3. — P la n étab li à la h a u te u r d u h a ll d ’e n tr é e en p asserelle s u r la r u e . A
g au ch e e t à d ro ite , les im m e u b le s, sé p a ré s p a r la ru e d e 50 m è tre s de la r g e ; p u is les
tr o tto ir s avec les escaliers d ’accès au h all ; p u is les 2 ch au ssées à sens u n iq u e ; au m ilieu
la to itu re d es g arag es.
A, H all.
E, T ré m ie d u g ra n d e s c a lie r, a scen se u rs, m o n te -c h a rg e .
C, C o rrid o rs s u r le s q u e ls o u v re n t le s villas.
VJ, J a rd in su s p e n d u d ’u n e villa.
VS, S alon d ’u n e villa.
N, T ro tto ir e t e sc a lie r d ’accès au h a ll.
M, C h au ssée s u r p ilo tis p o u r c irc u la tio n lé g ère.
P , C haussée s u r le sol p o u r c irc u la tio n lo u r d e .
Z, P assage so u te rra in c o n d u is a n t aux p a rc s in té r ie u rs .
R, P arcs in té r ie u rs .
g, S o la riu m s (sous S, on v o it l’un des escaliers de service).
‘J
« L o tissem en ts fe rm é s à alvéoles. »
F ig . 2. — C o u p e en lo n g s u r l’axe de la r u e e t l’e s c a lie r p rin c ip a l.
F i g . 4 — P lan (à g au ch e s u r les g a ra g e s o u v ra n t s u r les c h au ssée s s u p é rie u re s s u r
p ilo tis ; (à d ro ite ) s u r les g arag es situ é s a u -d e sso u s à n iv e a u des c h au ssée s in fé rie u re s .
G* est r e lié à G p a r u n m o n te -c h a rg e é lé v a te u r de v o itu re s. De G e t de G1, on c o m m u
n iq u e d ire c te m e n t au g ra n d e s c a lie r E e t au Hall A, e t p a r c o n s é q u e n t aux villas VJ
o u VS.
A, P la n a u n i
veau d es to itu re s -
so la riu m s.
B, P lan à u n ni
veau q u e lc o n q u e
d es villas.
Í^ L ¿ jL ¿ A ¿ l¿ J L n ia jü U ¿ / ^ \ A L U J jU U L U L U t
/77777777777777777T7 g , ¡E//77/777/7T77///
i "xyxv^ wîwxywvyw r --te"r-rowm m uv
« L o tissem en ts ferm és alvéoles. » P lan d ’onsem lile d ’un loi (400 m . x 200 m .).
A, On v o it l ’a rriv é e des esc a lie rs de serv ice d e sse rv a n t ch acu n u n se c te u r v e rtic a l de
2 v illas e t d o n n a n t d an s les so la riu m s e t la p iste de c o u rse .
B, On v o it la p é n é tra tio n d ’a ir d an s c h a q u e ja r d in su sp e n d u e t la m a n iè re d o n t les
v illas so n t re lié e s a u ré se a u d es c o rrid o rs e t des g ra n d s e scaliers, aux g a rag es, aux h alls
e t au x d e u x ru e s su p e rp o sé e s.
C, On v o it le rez-d e-ch a u ssée d o u b le , ré se rv é à l ’o rg a n isa tio n u o ie liè re : frig o rifiq u e s ,
m a g a sin s, d é p ô ts , c u isin e s, re s ta u r a n ts , b la n c h is se rie , se rv ice d e d o m e s tic ité , a d m in is
tr a tio n , e tc .
S u rface p la n té e de ces lo tiss e m e n ts : 48 p . 100.
S u rface p la n té e avec les ja rd in s s u s p e n d u s a d d itio n n é s : 90 p 100.
D en sité : 300 à l’h e c ta re (P aris actu el, m o y e n n e : 364).
212 U R B A N ISM E
U n fra g m e n t de so la riu m (réa lisé s u r les to itu re s d ’h ô tels p a rtic u lie rs à Au-
teuil, 1924).
SU R LA S É R IE
Précédem m ent, au su jet d ’esthétique, d ’économique, de per
fection, d ’esprit m oderne, nous avions dém ontré cette nécessité :
B â t i r a l ’a i r l i b r e . L a ville actuelle se meurt d’être non
géométrique. B âtir à l’air libre, c’est remplacer le terrain biscornu,
insensé, qui est le seul existant aujourd’hui, par un terrain régulier.
Hors de cela, pas de salut. Conséquence des tracés réguliers : la
Série.
». , KIN
(1) V oir Vers une Architecture e t l’A rt décoratif d ’aujourd’hui, chez Crès.
(2) Le p av illo n de l’E sp rit nouveau, à l’E x p o sitio n des A rts d éco ratifs
de 1925, à l’occasion d u q u el ce liv re e st p u b lié , c o n s titu e ra u n d o cu m en t
de s ta n d a r tis a tio n . T o u t ce qui le m e u b lera se ra p ro d u it de l’in d u strie et
non des d éc o rate u rs. Le b â tim e n t lui-m êm e e s t la cellule d ’u n « im m euble-
villa », élém e n t d ’u n lo tissem en t à alvéoles. A p rès l’ex p o sitio n , il sera tr a n s
p o rté en b an lieu e , élém e n t de c ité -ja rd in . Les é tu d e s q u i fo n t l’o b je t de ce
livre y se ro n t exposées, m o n tr a n t co m m en t se c o m p o rte la cellule d an s
l’en sem ble P ro b lèm e d ’a r t d é c o ra tif (l’affectiv ité) e t g ra n d u r b a n is m e ,—
les d eu x e x trê m e s de la q u estio n .
(Ce p ro g ra m m e soum is en ja n v ie r 1924 à MM. Ch. P lu m e t e t L. B on-
220 U R B A N ISM E
SU R LE PAYSAG E U R B A IN
R arem en t nous aim ons à po rter nos yeux sur la découpure
que font les m aisons sur le ciel; ce spectable nous affecte tro p
péniblem ent. C ette découpure est d ’un b o u t à l’a u tre de la ville,
et presque en to u tes les rues, une déchirure — ligne cassée, brutale,
heurtée, hérissée d ’obstacles. De plus notre joie, nos enthousiasm es,
ne sont pas sollicités p a r l’incohérence q u ’elle dénonce. Nous serions
a u tre m e n t émus si cette ligne qui profile la ville sur le ciel é ta it
pure et si nous ressentions p ar elle la présence d ’une puissance
ordonnatrice. La lucarne, la tuile et la gouttière couronnent la
ville, occupant dans le site urbain cette place privilégiée où se
coupent en une intersection catégorique les deux élém ents déter
m inants de la sensation optique.
Le béton arm é nous app o rte la libération, un renversem ent
im p o rta n t du plan p a r lequel la to itu re (tuiles, lucarnes e t gout
tières), considérée ju sq u ’ici comme un « no m ans land » h a n té par
les chats de M. W illette, devient une im m ense surface récupérée,
une surface de ville disponible pour des jardins ou des prom enades.
P oétiquem ent, les jard in s de Sém iramis nous sont venus; ils sont
réalisables e t réalisés; ils éto n n en t e t ravissent, ils sont utiles et
ils sont beaux. La ligne qui profile la ville sur le ciel est pure et
par elle il nous est loisible d ’ordonner avec am pleur le paysage
urbain. E t ceci est capital. J e répète que cette ligne sur le ciel est
d éterm inante de la sensation; ce n ’est pas au tre chose q u ’en sta
tuaire, le profil, le contour.
Im m édiatem ent j ’affirm erai que cette p u reté reconquise de
l’horizon urbain n ’est pas suffisante si la rue-corridor demeure.
B risan t la rue-corridor, il faut, à proprem ent parler, créer l’étendue
du paysage urbain. E tendue e t non pas toujours cette unique
profondeur étriquée du corridor. E n dessinant les « lotissem ents à
redents », j ’étale cet horizon loin à droite e t loin à gauche et, par
des retours sur l’axe longitudinal, je compose arch itectu ralem en t :
la ligne autrefois sèche du corridor enferm e m ain te n a n t des prism es,
accuse des enfoncem ents ou des saillies ; la paroi aride e t énervante
du corridor est rem placée p ar des volum es qui se ju x tap o sen t,
nier, a rc h ite c te s en chef de l’E x p o sitio n , fu t rep o u ssé c a té g o riq u e m e n t. Ces
m essieurs v o u lu re n t m ’im p o ser ce th è m e : la m aiso n d ’u n a rc h ite c te . J e
rép o n d a is : N on, la m aison de to u t le m onde, ou to u t b o n n e m e n t l’a p p a r
te m e n t d ’u n m o n sieu r q u elco n q u e a y a n t des soucis de b ie n -ê tre e t de
b ea u té .
L a divergence f u t com plète, irré d u c tib le . Le p av illo n de l’E s p r it N o u
v ea u fu t érigé en co n tre b a n d e , sans les ju ry s, e t san s a rg e n t aussi. N ous
connûm es bien des v ic issitu d es 1)
C hicago.
L o tissem en ts
à « re d e n ts ».
A L ’ÉCHELLE H U M A I N E
SUR LA FIERTÉ
L a fierté redresse les échines, elle fait lever la tê te ; elle oppose
à la dépression le redressem ent, à l ’étiolem ent la poussée, à la
mollesse la ferm eté, à l’indifférence l’in térêt, à l’insouciance l ’ac
tion ; la fierté est un levier. L a fierté n ’est pas l’orgueil ni la vanité.
L a fierté civique parfois s’em pare des m asses, a p p o rta n t une
foi et l ’action. Avouons-le : ce sont ces m om ents de foi p o rta n t à
l’action qui sont les heures heureuses; surgis de l ’action (d ’une
action souvent) ils provoquent l’action, les entreprises, l ’activité,
l ’invention, l’initiative, la conception; on voit alors de grands
tra v a u x s’exécuter; une construction générale de l ’esprit s’établit,
to u c h a n t à tous les dom aines; un édifice s’érige t a n t social que
m atériel. La b eauté qui rôde a u to u r des puissances productives
s’incarne un jour dans l’œ uvre. La b eau té née de l ’action suscite
l’enthousiasm e et provoque l ’action. Il y a des m om ents heureux
pour les masses, lorsque la fierté civique s’est em parée d ’elles et
les hisse ferm em ent à un niveau au-dessus des m oyennes.
Ce ne p eu t être q u ’à une heure de convergence des diverses
voies qui labourent en plusieurs sens la vie collective : à un m om ent
où les solutions sont a tte in te s p a rto u t e t où le phénom ène de cris
tallisation les précipite toutes, p roduisant un prism e pu r dans une
masse claire. Phénom ène rapide, violent, presque subit, lorsque
les préparations antérieures sont achevées.
La chim ie des masses est exacte comme celle des m éta u x ;
il fa u t à la form ule ses exactes valences pour que le p ro d u it sur
gisse. On dit volontiers « le creuset d’une époque » parce que l’on
sent ce tra v a il invisible dans la m ath ém atiq u e précise des valences
qui va produire su bitem ent le m étal pur.
L orsque dans la confusion, dans le grouillem ent, dans to u t
ce m ouvem ent qui p a ra ît désordonné, l ’on p eu t percevoir des
indices de direction, des signes évidents de construction, il est
perm is alors de penser que l ’heure de cristallisation est proche.
Si ces indices m e tte n t en m ouvem ent de grandes masses, si ces
constructions (morales, sociales ou techniques) sont puissantes,
il est perm is de croire à la naissance proche d ’une époque forte,
à la venue im m inente de grandes œ uvres. Si l’on p e u t form uler
clairem ent, si des form ules claires sont proclam ées en chaque endroit
de la form ule générale qui s’organise, on p e u t g u e tte r l ’heure où
s’énoncera cette solution im m anente. L orsqu’un jour, de plusieurs
directions opposées, de plusieurs m ilieux divers, la m êm e pensée
construira le m êm e systèm e, l ’harm onie en jaillira clairem ent —
230 U R B A N ISM E
CAS P R É C IS : LE C E N T R E D E P A R IS
On démolit actuellement, en quantité de points éminemment
stratégiques de Paris, des massifs énormes d’immeubles pourris et
l’on reconstruit sur ces emplacements récupérés des « B uildings ».
On laisse faire, on laisse s'élever sur la vieille ville qui tuait la
vie, une nouvelle ville qui tuera la vie d’autant plus infailliblement
qu’elle institue de véritables nœuds de congestion sans modifier la rue.
Ces opérations fructueuses sur le sol du centre de Paris sont
comme un cancer qu’on laisse s’installer autour du cœur de la ville.
Le cancer étouffera la ville. Laisser faire cela est un acte d’insouciance
inimaginable à l’heure périlleuse que traversent les grandes villes.
P e i ' c b d o n n e le p r e m i e r c o u p d e p io c h e }j,
. jda.
¡on des nouvelles conditions é c o n o m i - __
< ; m ais le Conseil m unicipal réussit i |
vo» une form ule qui perm it a u j o u r - i £ £
te reprendre les travaux tout en m é- j
k niy-pèts des contribuables. •
-im e le vœu que la société j
.nette au* m it,
car >
14
MEDECINE OU CHIRURGIE
Le chapitre ix de ce livre p résen tait des coupures de jo u r
n a u x recueillies au cours de 1923; celles-ci n ’étaien t pas sans élo
quence. E n 1922, les quotidiens éta ien t encore m uets sur les ques
tions d ’urbanism e; en 1923, l ’a p p aritio n in te rm itte n te d ’articles
consacrés à cette question é ta it significative; on com m ençait à
m esurer q u ’il s’agissait d ’une question vitale. En 1924, on p eu t dire
que toute la presse donna, et à peu près q u o tidiennem ent; v raim ent
l’urbanism e faisait p arler de lui, Paris é ta n t m alade, m alade.
•■RAPHIQUE INDIQ UANT l ACCROISSEMENT DE L A CIRCULATION D ES V I H t C U l i i
AUTOM O B ILES E N FR A N C E AU COURS D E S V IN G T 'T R O IS D ER N IÈR ES A N N É E S
Après uiHéger recul durant les années de guerre
cette progression a fait un bond formidable en 1920.1921 et 1922
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C o u r p e g é n é r a le d ’ac c r o is s e m e n t d e la p o p u la tio n ,
v o it p a r g r o u p e d e 5 0 a n s, l ’a c c é lé r a tio n v io le n te d ’a c c r o is s e m e n t.
ANNÉES
s iîS S S S i
\ c ’e s t ( d e Tto-- h
£*î5sV^/
* \ eide013 . „ V \ •»a e ’
V
à- \\ les «nersot"1
euI „ n fâ
6* O ' W #*. i-/ •* \ \ * \w é s '»?
« Circulez », « circulez »! On réclam e des rem èdes, on propose
des rem èdes. C’est que Paris est m alade. La F acu lté (en l ’occurrence
les édiles) se partag e en deux cam ps : les m édecins, les chirurgiens.
A vrai dire, p e tits m édecins, chirurgie anodine. On est si bien
persuadé que to u t cela sera inefficient, q u ’après avoir proposé,
on ne passe pas à la réalisation. Il serait u rgent p o u rta n t de savoir
si le m édecin suffit ou si la chirurgie s’impose.
I C I R C U L E R ,. -, VOYAGE D'ETUDES
:>n- On
( iiiiiin iiiiiiim iiin iin iiiH iin iiiriiitin iin iiiiiitiiiiitm iin iiiia iiiiiiim a iü iim iii t
is* s*
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M . Morain q
lé-
a- à Londres ti
je
unique
es bl
Aujourd’hui même le préfet de police 1’«
it,
•se
i© . t . arriv e à Londres, accompagné de M. Gui- eu
chard, directeur de la police m unicipale, et
de M. Massard, qui préside aux destinées pe
de ia commission m unicipale de la circu
Dès S heures, ce matin,, lation
801
le
Les représentants de P aris resteront à
les agents veillaient Londres jusqu’à mercredi îls verront dans
Ch
go»
lS* j Le préfet de police est décidé à ag ir dé la capitale anglaise des rues superposées et vo>
sorm ais sans délais et sans vaines tergiver- des ponts de fer sur lesquels roulent les ra*
¡r | salions pour désembouteiller P aris, sans ce- m étros, les tram w ays et les voitures. Car à la V
V | pendant réglem enter comme on le lui de- Londres on a com pris qu’il fallait prévoir tie.
„ m andait le nombre des véhicules circulant très grand en songeant à demain — «
- i dans Paris. A. d e G.
jà ce
qui L E P R É F E T D E P O L IC E V E U T D É S E M B O U T E IL L E R ...
t aux
mais,
r du
«La Un conseil de guerre
nte à
jours place de l’E toile
gallo-
irmée M . M o ra in d e m a n d e u n r a p p o r t s u r la s u p p re s s io n
fepira- d e s tr a m w a y s d a n s le c e n tr e
k pra
tique, H ier m ercredi, à \ h 30, le préfet de M. Guichard proposa, soutenu par M.
police, accompagné de M. Guichard, direc Jousselin, un projet qui retin t l’attention
Autres teur de la police et de M. Piingel, chef du de tous élargir le cer
nous, m n n v p n p . p t et de la Circulation, arriva ni
Madeleine-Opéra en 22 arrêts
C IR C U L E Z !
O u les m é f a i t s d © r a u t o b u a
*
* *
On découvrirait la solution opportune (c’est-à-dire une solu
tion possible, réalisable de suite, m atériellem ent et financièrem ent,
fructueuse pour celui qui en p ren d ra it l’initiative), dans le plus
dangereux e t m enaçant cancer qui dès m ain te n a n t se prend à
étreindre la ville et l’étoufïera. Ce cancer, ce sont les opérations
im m obilières de dém olition e t de reconstruction qui s’effectuent
depuis une ou deux années en divers points de P aris; ces points
sont significatifs; ils fournissent la dém onstration à priori de la
théorie du centre des villes exposée déjà dans le chapitre v i i
e t qui va être form ulée explicitem ent dans le chap itre su ivant : le
Centre de Paris. Théorie q u ’en ferm an t les yeu x et en se b o u ch an t
les oreilles, l ’on s’em presse d ’accuser de folie.
O n d é m o l it a c tu ellem en t , en q u a n t it é d e p o in t s é m i
n em m en t S T R A T É G IQ U E S DE P A R IS , DES M A S S IF S ÉNORM ES D ’i M -
M E U B L E S P O U R R IS E T L ’O N R E C O N S T R U I T , S U R C E S E M P L A C E M E N T S
R É C U P É R É S , D E S « B U I L D I N G S », D E S M A IS O N S D E B U R E A U X . O n L A IS S E
L A R U E IN T A C T E ; P A R F O IS O N S E R E C U L E D E 2 O U D E 4 M È T R E S S U R
L ’A L IG N E M E N T A N C IE N , C ’E S T TOUT. CES O P É R A T I O N S H A R D IE S E T
R É M U N É R A T R IC E S DÉM ONTRENT B R IL L A M M E N T PA R LA P R A T IQ U E
Q U E D É M O L IR E T R E B A T I R E S T U N E C H O S E P O S S IB L E A U J O U R D ’H U I .
P a r c o n tre :, ces o p é ra tio n s fru c tu e u s e s é ta b lis s e n t su r le
so l AU C E N T R E D E P A R IS, d e s p o i n t s f i x e s ,
p a ris ie n ,
LES BA SES D E LA V IL L E D U XX® S IÈ C L E QU I V IE N T .
O p. c e s p o i n t s f i x e s n e s o n t n u l l e m e n t d i c t é s p a r l e p r o b l è m e
ACTUEL DE L ’U R B A N IS M E . CH O SE ÉTRANGE, O N L A IS S E F A IR E , ON
L A IS S E S ’É L E V E R SUR LA V IE IL L E V IL L E QUI T U A IT LA V IE , U N E
NOUVELLE V IL L E QUI TUERA D ’A U T A N T PLU S R A P ID E M E N T , PLUS
IN F A IL L IB L E M E N T C E T T E V IE , Q U ’E L L E NE T IE N T PA S C O M PTE DU
P R O B L È M E D E L A C IR C U L A T IO N E T Q U E , P A R L A C R É A T I O N D ’iL O T S
C O M M E R C IA U X , ELLE AGGRAVERA CETTE C I R C U L A T IO N D É JÀ M OR
TELLEM ENT M ALADE. CES O P É R A T IO N S F R U C T U E U S E S S U R L E S O L
D U C E N T R E D E P A R I S S O N T C O M M E L E S N Œ U D S D ’U N C A N C E R Q U ’O N
L A IS S E S ’I N S T A L L E R A U T O U R DU CŒ UR DE LA V IL L E . L e CANCER
É T O U F F E R A LA V IL L E . L A IS S E R F A IR E C E L A A U B O U L E V A R D D E LA
M a d e l e in e , au L o u v r e , d a n s le sec teu r d e la pla ce d es
V ic t o ir e s , d a n s c elu i d e la r u e Le P e l l e t ie r , T a it b o u t , etc .,
E S T U N A C T E D ’I N S O U C IA N C E IN IM A G I N A B L E A L ’H E U R E P É R I L L E U S E
q u et r a v e r s e n t l e s g r a n d e s v i l l e s . J e fais im prim er en capi
tales ces quelques lignes; elles proclam ent une v érité saisissante
sur laquelle il fa u t a rrê te r son jugem ent pour se rendre com pte,
apprécier, e t décider ensuite.
M É D E C IN E OU C H IR U R G IE 245
A, V ig n o n .
B, M essageries M aritim es.
C, D ém o litio n s.
D, D ém o litio n s.
A, B, C e t D so n t o u s e ro n t re b â tis à
la m êm e place.
* *
an s . q i
I v a e x actem ent v in gt- cin q a n s q ue des sa triè re , o
v a n ts. des litté r a te u rs et der artis tes se reunis- oiiiQ ca<
c->n iit p o u r la p re m iè re fo is en un e c o m m is s io n m ettre s
do nt le lu it « tait de co nserver e t de fa ire cun- ru e Des»
rinitro tou s les vestiges de l'h is io ire d u v ie u x E lle est .
Paris. A vec l'a p p u i des p o u v o ir s p u b lic s , cette — Un
eom m icriion a ré alis é d ’ex cellentes choses P a- u n s ept'
iK,rd p n o a dressé u n in v e n ta ir e com plet des s e ti dar
I v,eu x im m e u b le s q u i s o n t des m e rv e ille s d ’a r t,
. m a is elle n 'a pas b o rn é i:> son œ uv re . Avec u n
I m in e u r'fe rv e n t. elle a a n im e to u te s ces vieilles
: 1 n a r r e s . elle les a fa it p arie r d e a c o n n u leur
launo.
L’exposition interalliée feur. ■
Sleil 4
i n v a h d d e guerre
M É D E C IN E OU C H IR U R G IE
Le 17 février 1923, M. Denis Peuch, président du Conseil
m unicipal de la Ville de Paris, a donné le prem ier coup de pioche
à l’im m ense pâté de m aisons qui devait être démoli pour le perce
m en t du boulevard H aussm ann.
A u jo u rd ’hui (1925) la dém olition est opérée en partie. Une
étendue im pressionnante perm et, a v a n t q u ’elle ne soit recouverte
de b âtim en ts, de rêv er... à bien des choses. C ette étendue est là;
on l’a créée; c’est un événem ent urbain de 1925, au centre de
Paris. Chirurgie hardie. H aussm ann en a v a it décidé. L ’œ uvre
form idable de cet hom m e volontaire fut to u te de chirurgie; il
tailla dans Paris sans merci. Il sem blait que la ville d û t en
m ourir. Paris-auiomobile d’aujourd’hui ne vit que par H aussm ann !
De telles opérations sont donc possibles? On p eu t exproprier,
indem niser, faire ce q u ’il fa u t? Oui, sous H aussm ann e t l’E m pe
reur. Oui, m êm e sous la dém ocratie actuelle.
-»■5= 2 t= 33
C H IR U R G IE OU M É D E C IN E
La r u e de R ivoli a été p e rc é e , le L o u v re d ég ag é.
00-1
Le L o u v re a é té lib é ré .
En 1750.
En 1550.
* N otre-D am e a été d ég ag ée , to u te l’ile d é m o lie e t re c o n s tru ite .
258 U R B A N ISM E
(In c id e n t a u th e n tiq u e ),
e x tr a it d u d o ss ie r « C aco p h o n ie ».
baron Haussmann. Enftn, il verse quelque«
p leu rs de çonvenance s u r ce coin <Ju b o u -
ta»
M. D «r
ev ard q u i v a d isp a ra ître , M a *on»
M. Adriien Oudin, re p ré se n ta n t d u q u a r- ‘ TB. A n d ré
M aurr&g.
lie r de la C haussée-d'A ntin, a d it en son rich M. «
nom et en celui de M. Pointel. qu i re p ré
sente lo q u a rtier. Yûlain, ..rorabifin il é ta it,
h e u re u x de vo ir enfin se réaliser le grand
p ro je t q u i doit em bellir ce ¿oin de P a ris et
lu id Q jiu ap -d frrarr. Il fait re mârqïïer\lfë7T^s
Î u rs T que ces dém olitions, d epuis long-
lem ps prévues, ne lésero n t aucun loca
ta ire : les im m eubles so n t vieux e t déla
brés, c e rta in s m êm e on t dû ê tre évacués
p a r m esu ;c de sécu rité.
Enfin, M. B auer, au nom de la société d u
b o ulevard H aussm ann, a rem ercié tes re
p rése n tan ts de la V ille d 'av o ir bien vouhi
se p ç ^te r à cette cérém onie qu i m arq u e
o rne d ate d ans l'h isto ire de la c a p itale»-^'
m üouis n e u c h .'ie p rîT ét et le u r su ite
P a ro le s p o u r ta n t officielles
15
LE CENTRE DE PARIS
Le « P lan Voisin » de P aris (1) com prend la créatio n de deux
élém ents neufs essentiels : une cité d’affaires e t une cité de rési
dence.
La cité d’affaires fait une em prise de 240 hectares sur une zone
P aris »? d ’u n p lan n ’a y a n t pas d 'a u tr e o b je t que celui de fixer l’a tte n tio n
d u p u b lic su r le v é rita b le problèm e a rc h ite c tu ra l de l’époque, pro b lèm e q ui
n ’est pas d ’a r t décoratif, m ais d ’a rc h ite c tu re e t d ’u rb an ism e : la co n sti
tu tio n saine du gîte et la cré atio n d ’organes u rb ain s ré p o n d a n t à des co n
ditio n s de vie si p ro fo n d é m en t m odifiées p a r le m ach in ism e? »
La m aison P eu g eo t a p p ré h e n d a de risq u er son nom su r n o tre galère
d ’allure si tém éraire.
M. C itroën, très g en tim e n t, m e ré p o n d it q u ’il ne c o m p re n a it rien à
m a q u estio n e t q u ’il ne v o y a it pas quel ra p p o rt l’au to m o b ile p o u v a it av o ir
avec le problèm e du cen tre de P aris.
M. M ongerm on, a d m in is tra te u r délégué des « A éroplanes G. Voisin
(A utom obile) » ac c e p ta sans h ésite r le p a tro n a g e des étu d es d u cen tre de
P aris e t le p la n q u i en ré su lta s’appelle donc le Plan « Voisin » de P aris.
1922. P re m iè re esq u isse d u p lan d ’a m é n a g e m e n t d u c e n tre de P aris.
(Salon d ’A u to m n e.)
E st-ce u n e vue d u se p tiè m e c e rcle d e l’E n fe r de D ante ? N on. H élas, c ’est le g îte effroyable
d e c e n ta in e s d e m ille d ’h a b ita n ts . La V ille de P a ris ne p o ssèd e p a s ces d o c u m e n ts
p h o to g ra p h iq u e s d é n o n c ia te u rs. C elte M ie d ’en se m b le est c o m m e u n c o u p d e m assue.
Q u an d d an s n o s p ro m e n a d e s, n o u s su iv o n s le d é d a le des ru e s , n o s y eu x so n t ravis
p a r le p itto re s q u e de ces p ay sag es escarp és, les é v o catio n s du passé s u rg is s e n t......
La tu b e rc u lo s e , la d é m o ra lisa tio n , la m isè re , la h o n te trio m p h e n t- sa ta n iq u e m e n t.
La « C o m m issio n du V ieux P a ris » c o lla tio n n e les fers fo rg és.
Le clich é d e g a u c h e d o n n e la vu e d ’avion d u q u a r tie r des A rch iv es. C elui-ci celle du
q u a r tie r des C h am p s-É ly sées. Le se co n d est m ieu x q u e le p r e m ie r, in c o m p a ra b le
m e n t. Mais to u s d e u x so n t les effets d u la iss e r-a lle r, de l’o p p o rtu n is a tio n . S p ectacle
d écev a n t. R éalités an c ie n n e s q u i c h o q u e n t u n e s p rit n eu f.
(C lichés d e la C o m p ag n ie F ra n çaise A érienne.)
270 U R B A N ISM E
** *
L E « P L A N V O IS I N » D E P A R I S E T L E P A S S É
(1) Ceci n ’est p as u n b u t q u ’on s’est proposé, m ais sim p lem en t le ré su lta t
d ’une com position a rc h ite c tu ra le
PLAN “ VOISIN" 1>H PARIS
3Ü
nWflîlütllift i
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A v e r t is s e m e n t ............................................................................................................................................... i
P r e m iè r e P a r t ie (d é b a t g énéral).
1. —- L e chem in des ânes, le chem in des h o m m e s .......................... 5
2. — L ’ord re .................................................................................................. 15
3. — Le se n tim e n t d é b o r d e ...................................................................... 29
4. — P é re n n ité ............................................................................................ 41
5. — C lassem ent et choix ( e x a m e n ) ......................................................... 53
6. — C lassem ent e t choix (décisions o p p o r t u n e s ) .............................. 63
7. — L a g rande v i l l e .................................................................................... 77
8. — S t a t i s t i q u e ............................................................................................ 99
9. — C oupures de j o u r n a u x ...................................................................... 119
10. — Nos m oyens ........................................................................................ 137