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Édition : Christine Delormeau

Conception graphique et couverture : Amarante, Barbara Caudrelier


Illustrations : Thomas Haessig
Réalisation : Nord-Compo

© Hachette Livre 2012, 43 quai de Grenelle, 75905 Paris cedex 15


ISBN : 978-2-01-156144-2
Collection F
• Titres parus

Collection dirigée par Gérard Vigner


La collection F s’adresse aux enseignants et aux formateurs de FLE. Elle articule pratiques de
terrain et réflexion théorique pour aider les enseignants à faire face à la variété des situations
d’enseignement et à rechercher des solutions pédagogiques pertinentes.
Enseigner le français aux migrants, N. Gloaguen-Vernet
Apprendre et enseigner avec le multimédia, N. Hirschprung
Les certifications et outils d’évaluation en FLE, B. Sampsonis, F. Noël-Jothy
Élaborer un cours de FLE, J. Courtillon
Enseigner la prononciation du français, B. Lauret
L’enseignement en classe bilingue, J. Duverger, édition revue et corrigée
L’évaluation en FLE, C. Veltcheff, S. Hilton
La grammaire en FLE, G. Vigner
Le français sur objectif spécifique, J.-M. Mangiante, C. Parpette, édition revue et corrigée
Manières d’apprendre, J.-M. Robert
Faire classe en FLE, Une approche actionnelle et pragmatique, J.-P. Robert, É. Rosen, Claus
Reinhardt
Hors-série
L’enseignement des langues étrangères, L. Porcher
Professeur de FLE, F. Barthélemy

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Table des matières
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Table des matières

Avant-propos

1. De l’importance des représentations mentales

1. Constat

1.1. Enseignants dont le français est la langue première

1.2. Enseignants dont le français n’est pas la langue première

2. Statut de l’écrit

2.1. Correspondances asymétriques

2.2. Les consonnes finales de mot

2.3. La structuration syllabique

2.4. Principales ambiguïtés graphiques

3. Utilité d’un modèle d’apprentissage

3.1. Parler en mots phonétiques

3.2. Bien articuler la dernière syllabe prononcée de chaque mot phonétique

3.3. Sans oublier la syllabation qui en découle


2. Spécificité de la dimension orale

1. Le monde des sons

2. La dimension contextuelle

2.1. Trois positions syllabiques et vocaliques

2.2. Deux positions consonantiques

3. Une société vivante

3.1. Présentation des phonèmes

3.2. Fréquence des phonèmes

3.3. Caractéristiques articulatoires des 32 phonèmes

3. Du rythme avant toute chose

1. Un rythme particulier

1.1. Absence d’accent lexical

1.2. Élasticité temporelle de la dernière syllabe

2. Modèles rythmiques de référence

2.1. Rythmes de base

2.2. Rythmes binaires

2.3. Rythmes ternaires

3. Originalité du rythme à la française

3.1. Variabilité de la vitesse d’élocution

3.2. L’équilibre rythmique entre mots phonétiques successifs

4. Paradoxes didactiques

1. Non prégnance de la dernière syllabe

1.1. Valeurs des paramètres acoustiques

1.2. Peut-on parler d’accent ?

2. Le leurre de la mise en relief


3. Relativité de l’intonation

3.1. Déclaratives

3.2. Interrogatives

3.3. Impératives ou exclamatives

3.4. Incises ou intercalées

4. Indépendance de la dernière syllabe prononcée d’un mot phonétique par rapport au mot du
dictionnaire

4.1. Réduction par troncation

4.2. Sous forme de sigles ou d’acronymes

4.3. Par amuïssement de voyelles et/ou de consonnes à l’intérieur du mot phonétique

5. Habitudes de prononciation

1. Positions vocaliques

1.1. En position forte

1.2. En position intermédiaire

1.3. En position faible

2. Positions consonantiques

2.1. Une seule consonne

2.2. Plusieurs consonnes

3. Acquisition des régularités

3.1. Première exigence

3.2. Deuxième exigence

3.3. Troisième exigence

3.4. Quatrième exigence

3.5. Cinquième exigence

Conseils en guise de conclusion


Bibliographie

Corrigés des exercices


Avant-propos
Vous partez à la découverte d’un nouveau monde, le monde des sons du français, invisible à l’œil du
fait des trop nombreuses ambiguïtés graphiques. La structuration sans ambiguïté de la chaîne sonore
permet de proposer un modèle d’apprentissage qui, de par les régularités qui le caractérisent, offre :

1. à l’enseignant :

une vue d’ensemble cohérente du fonctionnement des habitudes de prononciation « à la française »


dans la mesure où il en a pris conscience et y croit profondément lui-même pour, par conviction, arriver
à transmettre la motivation à ses apprenants ;

2. à l’apprenant :

la possibilité de situer chacune de ses productions orales forcément particulières dans un cadre
général bien établi qu’il pourra maîtriser d’un point de vue conceptuel. La prise de conscience du
pourquoi de ses inévitables approximations de prononciation lui permettra de progresser et non pas de
perdre courage. En étant plongé dans le bain rythmique du français, il s’imprègne de l’originalité
rythmique du français parlé en développant des automatismes comme c’est le cas en langue maternelle.
L’absence d’accent lexical en français – les mots du dictionnaire n’ont pas d’accent contrairement à
ceux des autres langues comme l’allemand, l’anglais, l’espagnol, le hongrois ou le portugais, entre
autres – induit un rythme original canalisé vers la dernière syllabe prononcée de chaque mot
phonétique, de type iambique :

Si l’importance de la dernière syllabe prononcée pour la communication n’est pas évidente lorsqu’on
entend parler français, que dire de son allongement qui n’est pas perceptible à l’oreille et qui est non
conscient chez le natif puisqu’il fait partie de l’acquisition de sa langue maternelle. La difficulté
consiste à rendre sensible l’apprenant à quelque chose de pratiquement imperceptible à l’oreille.

Faire admettre que des éléments indispensables d’un modèle d’apprentissage ne « sautent pas aux
yeux » et sont imperceptibles à l’oreille, c’est tout l’enjeu paradoxal d’une acquisition efficace du
français parlé. L’important n’est pas de bien parler, mais de faire bonne impression en acquérant un
rythme « à la française ».

Une des raisons principales de la crise du français dont on entend parler à tout propos n’est-elle pas
liée à la réduction de l’oral dans l’enseignement à de l’écrit oralisé ? La façon de présenter les choses
est capitale. L’expression orale n’est pas concernée par les liaisons obligatoires, facultatives ou
interdites, le « h » dit aspiré, le « e » muet qui peut se prononcer comme s’il ressuscitait, les semi
voyelles ou semi consonnes – on donne l’impression de ne pas savoir – et par tout un fatras de règles
qui essaye péniblement de justifier la graphie : l’expression orale est autonome et vaccinée ! Ce que
l’on a coutume de qualifier d’une part de liaison, d’autre part de « e muet » sont des éléments qui
s’intègrent dans des structures générales plus vastes dont il convient de prendre conscience. Si nous
voulons que le français reste une langue enseignée à des apprenants étrangers, il est temps de nous
occuper sérieusement de l’enseignement de l’expression orale sous ses divers aspects en proposant
enfin un modèle accessible et innovant qui remotive les enseignants de français du monde entier et de
montrer que l’oral comme l’écrit a sa propre structure, « la grammaire de l’oral », qui fonctionne de
façon autonome et cohérente en intégrant de façon logique et naturelle toutes les variations et les
évolutions actuelles.

Nous vous invitons donc à présent à vous convaincre de l’utilité d’un modèle d’apprentissage (1), à
vous familiariser avec la société des sons du français (2), à découvrir la surprenante originalité du
rythme (3), à admettre nombre de paradoxes didactiques (4) pour finalement rester admiratif devant les
étonnantes régularités des habitudes de prononciation (5).
1

De l’importance
des représentations
mentales
« Chaque personne développe sa propre représentation du monde, en filtrant la réalité à travers
ses croyances et ses codes de conduite, à partir de ses représentations d’une expérience
subjective qui lui est exclusive. »
Delphine Tallaron

1. Constat

Les francophones dont le français est la langue première n’ont pas


conscience du fonctionnement de leur expression orale. Aussi est-il normal
qu’ils ignorent les règles propres au fonctionnement des sons du français.
Lorsque l’on aborde le sujet concernant la « phonétique » à l’occasion
d’une discussion informelle avec ces personnes, il apparaît très vite, leur
premier moment de surprise et d’étonnement passé, que dans leur
représentation il ne peut s’agir que d’écrit oralisé. Un mot n’est-il pas ce
qui figure dans le dictionnaire ? Souvent l’attitude d’abord plutôt
condescendante se fait de plus en plus méfiante, parfois même agressive,
pour aboutir à des considérations ironiques. La « phonétique » est tout au
plus admise comme un mode mineur plus proche du langage populaire,
même enfantin, voire du verlan, que de la langue telle qu’on se la
représente et qui semble impossible à définir sans référence explicite à
l’écrit. « Nos enquêtes montrent notamment que la parole est très souvent
appréciée selon des critères d’écriture, tout à fait inadéquats » (Émile
Genouvrier, Naître en français, 1986, p. 58).
Une première évidence : la phonétique souffre d’une image fortement
dégradée auprès des lettrés que nous sommes qui depuis leur plus jeune
âge s’expriment en français. Cette discipline semble ne pas pouvoir être
prise au sérieux compte tenu de son inutilité apparente.
Pour ce qui concerne les enseignants de français langue étrangère notre
fréquentation du milieu nous invite à distinguer ceux dont le français est la
langue première, de ceux pour qui elle ne l’est pas, en raison d’une
approche nécessairement différente.

1.1. Enseignants dont le français est la langue première

Les premiers sont pour la plupart convaincus que le français est


« difficile » parce qu’ils ne distinguent pas clairement les questions propres
à l’enseignement de l’écrit de celles propres à celui de l’oral. De plus,
selon une tradition trop bien établie, l’enseignement de l’oral se réduit pour
l’essentiel à une justification de l’écrit ; pour preuve, par exemple, les
explications classiques des faits dits de liaison et d’enchaînement. Or
l’important n’est pas de savoir pourquoi mais de savoir comment
prononcer. Certes, tout apprentissage est a priori difficile. C’est à la
didactique que revient l’honneur de le rendre accessible et le plus attrayant
possible.
Il est parfaitement compréhensible que l’apprentissage du ski pour un
non-montagnard ait pu être « héroïque » voici plusieurs dizaines d’années :
le poids du corps, le planter du bâton, le demi-tour avec des skis plus longs
que votre taille, etc. Mais de nos jours du fait de l’évolution rapide des
techniques et des modèles didactiques mis en pratique, un jeune débutant
vire tout simplement à droite ou à gauche en tournant un volant en
caoutchouc que lui a fourni le moniteur. Quoi de plus facile ! On ne lui
parle ni du poids du corps, ni du planter de bâton, mais simplement
d’opérer un transfert de ce qu’il connaît. Les enseignants gardent le plus
souvent un souvenir mitigé de leurs études en phonétique, y compris ceux
qui ont goûté à la phonétique historique d’après Bourciez qui leur imposait
des évolutions vocaliques et consonantiques sans avoir connaissance des
mécanismes articulatoires sous-jacents, ce qui leur aurait permis de
comprendre le « comment » de ces évolutions pour le moins complexes à
leurs yeux.
Et que dire du domaine acoustique en physique qui est tout de même le
milieu naturel des sons !

1.2. Enseignants dont le français n’est pas la langue première

Les seconds, les plus nombreux, ceux dont le français n’est pas la langue
première, avouent que la phonétique reste pour eux quelque peu
mystérieuse et donc peu rentable pour leur enseignement. Mais
contrairement aux premiers, ils sont très vite intéressés et demandeurs,
conscients qu’ils sont de l’importance de la phonétique dans la mesure où
l’apprentissage de la prononciation du français fut pour eux une démarche
consciente. Aussi sont-ils les enseignants les plus aptes à « transmettre » ce
qu’un natif ne peut envisager qu’au travers de la forme écrite. Il en est pour
preuve les réflexions d’enseignants natifs lucides du type :
« J’enseigne les sons mais ce n’est pas satisfaisant. »,
« Il faut vraiment que je fasse quelque chose, mais quoi ? »
« J’ai un problème avec la phonétique. »
et qui se demandent lorsqu’ils sont au contact d’un enseignant non natif
ce qu’il fait en la matière et surtout comment il arrive à le faire.

Le natif ne dispose pas pour son enseignement d’une vision assez claire
des règles de fonctionnement de l’oral ; il assimile essentiellement l’oral à
de la diction au travers de la lorgnette de la forme écrite, une peau de
chagrin qui le déforme et le trahit. Pour preuve les questions récurrentes
concernant la prononciation : les cas dits de « liaison », le « h » dit aspiré
et le « e » dit muet qui relèvent de la forme écrite alors que ce qui constitue
l’essentiel de la forme orale n’est pas abordé, ce qui surprend à juste titre
plus d’un enseignant dont le français n’est pas la langue première. Par
expérience et par comparaison avec leur langue première, ils sont plus
convaincus et plus convaincants car plus sensibilisés à l’originalité
rythmique du français parlé qui ne se réfère pas directement aux règles de
l’écrit. De ce fait, ils développent des pratiques de classe d’une grande
originalité qui surprennent plus d’un natif. Combien de trouvailles
didactiques chez nombre de professeurs à l’étranger mériteraient de faire
l’objet de publications, mais elles ne seraient pas prises au sérieux car elles
vont à l’encontre de la tradition du « e muet qui se prononce », du « h
aspiré », des « liaisons obligatoires, facultatives ou interdites » et de bien
d’autres règles qui n’en sont pas.
Combien de fois n’avons-nous pas entendu qu’un bon enseignant de
français ne pouvait être que francophone de naissance ! Quel n’est pas
l’étonnement de beaucoup de personnes « bien pensantes » lorsqu’elles
apprennent le nombre très important de professeurs de français étrangers
dans le monde, « les mousquetaires de la langue française », selon Hélène
Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française ! Sans
parler du statut du français langue étrangère qui devrait être le fer de lance
de notre politique culturelle, une spécificité s’il en est une !

2. Statut de l’écrit

Il est clair que les correspondances graphies/sons en français présentent


une trop grande asymétrie pour que les graphies puissent être prises telles
quelles comme modèle dans le processus d’apprentissage de la
prononciation. « L’orthographe française est l’une des plus difficiles du
monde, truffée de pièges » (François de Closets, Zéro faute, 2009). Les
correspondances entre phonèmes et graphèmes sont bien plus régulières en
espagnol, italien ou allemand. L’écriture du français n’est pas phonétique,
comme en turc par exemple ; la graphie est étymologique.

2.1. Correspondances asymétriques

Les correspondances entre lettres et sons se sont diversifiées au cours du


temps à tel point que l’on parle de nos jours de correspondances
asymétriques. C’est ainsi par exemple que la lettre « t » représente le son / t
/ dans « un titre », représente le son / s / dans « l’émotion », et ne
représente aucun son dans « souvent ». De plus, la lettre « t » peut
correspondre dans un même mot comme « la détention » à des sons
différents et les lettres « t », « tt » et « th » représentent un même son / t /
dans respectivement « le temps », « une attaque » et « un athlète ».
Nombreux sont les cas de correspondances asymétriques comme par
exemple :
– la lettre « x » qui peut correspondre à deux phonèmes, respectivement
à / k / et / s / dans « un taxi » et à / g / et / z / dans « c’est exact » ;
– des lettres qui sont redoublées à l’écrit sans modifier le son
correspondant à la graphie simple comme par exemple dans « en ville en
civil », à l’exception des graphies « ss » et « s » intervocaliques qui
correspondent le plus souvent respectivement à / s / et à / z / ; bien que, par
exemple, la graphie « s » dans « ultrason » soit prononcée / s / ;
– des lettres qui sont doubles ou triples et qui ne représentent qu’un seul
son comme :
– des suites de lettres comme « é, er, ez, et, es, est, ect, ed » qui, dans
une même position, peuvent se prononcer de la même façon.

2.2. Les consonnes finales de mot


Comme de nombreuses graphies consonantiques étymologiques qui
témoignent d’un état ancien de la langue parlée sont muettes de nos jours,
elles laissent l’apprenant dans l’ignorance de leur statut actuel : prononcées
ou muettes ? Il est en effet impossible de savoir à l’aide de règles générales
si la consonne écrite en finale de mot non suivie de la graphie « e » est
prononcée comme dans « en hiver » ou muette comme dans « en danger ».
Il faut savoir que les consonnes en finale de syllabe – et donc également de
mot – sont historiquement en position faible en français. Aussi est-ce dans
cette position qu’elles ont tendance à disparaître : certaines se sont amuïes
(muettes) depuis un certain temps, d’autres bien qu’affaiblies au plan de
l’énergie articulatoire n’ont pas encore disparu (prononcées). De quoi
meurt-on ? De vieillesse, de maladie ou d’accident ; il n’y a pas de règle
générale, chaque disparition étant particulière. En position faible – malade
ou vieux – on a davantage de probabilité de disparaître qu’en position forte
– en bonne santé ou jeune.
Graphies consonantiques en finale absolue de mot
Comme il n’existe pas de règle générale qui puisse aider l’apprenant à
savoir si la consonne finale se prononce ou non, il importe qu’il se
familiarise progressivement aux habitudes de prononciation de chaque mot
concerné par cette question des consonnes finales non suivies de la graphie
« e ».

Exercice

Dans les exemples suivants, les consonnes finales de mot sont-elles


(1) muettes ?
(2) prononcées mais relâchées ?
(3) l’une muette et l’autre prononcée ?

« tout neuf »
« qu’est-ce que c’est ?
« un test »
« c’est amer »
« le palmarès »
« pour deux »
« au départ »
« du bon sens »
« à huit »
« un ours »
« les nerfs »
« à l’est »
« faut aimer »
« en entier »
« du succès »
« pour dix »
« un canard »
« c’est étonnant »
« au cours »
« un court »

Un paradoxe concernant les rapports graphies/sons : au plan phonétique,


dire que la graphie « e » est muette, c’est de fait évoquer la prononciation
de consonnes :
– qu’il s’agisse de la graphie « e » en finale de mot : la (ou les)
consonne(s) qui précède(nt) est (sont) prononcée(s)

– ou qu’il s’agisse de la graphie « e » à l’intérieur d’un mot : deux


consonnes sont en contact et elles sont articulées avec une sonorité
identique soit toutes sourdes, soit toutes sonores

Attention : je vois une graphie vocalique, « e » en l’occurrence, mais je


prononce une consonne ou une suite de consonnes ! Il est très surprenant
que ces articulations consonantiques soient qualifiées par la tradition de « e
muet » ; que ne ferait-on pas par déférence devenue servilité pour la
graphie ! Du point de vue des représentations mentales il s’agit d’une
aberration.
D’autre part, l’énergie articulatoire des consonnes en position finale de
syllabe n’est pas du tout comparable à celle de ces mêmes consonnes en
position initiale de syllabe comme par exemple :

Aussi plaçons-nous entre parenthèses, pour des raisons didactiques, les


consonnes prononcées en position finale de syllabe.

2.3. La structuration syllabique

À l’écrit, en raison des marques du nombre et du genre en finale de mot


qui engendrent des lettres muettes et des consonnes finales de syllabe, il est
souvent malaisé de bien visualiser ce qui importe pour la compréhension à
l’oral à savoir la consonne et la voyelle CV et non pas les éventuelles
consonnes finales :
« qu’ils la prennent » – « veuillez descendre » – « ils administrent » – « les oreilles ».
Il en est de même pour les faits dits de liaison :
« un arbre » – « des œufs » – « un homme » – « les deux autres ».
Jouer à extraire la syllabe ou la partie de syllabe pertinente à l’oreille est
un excellent exercice pour l’apprentissage :

La dernière syllabe prononcée est en effet celle qui présente la plus


grande diversité de structures syllabiques avec une distribution égale de
syllabes ouvertes (50%) et de syllabes fermées (50%).

2.3.1. Fréquence des structures syllabiques en dernière syllabe de


mot phonétique

soit un pourcentage égal de syllabes ouvertes : CV + CCV… et de


syllabes fermées : CV(C) + CCV(C) + CV(CC) + CV(CCC)… alors que,
toutes positions confondues dans le mot phonétique, la répartition est de
80,5 % pour les syllabes ouvertes contre 19,5 % pour les syllabes fermées.
2.3.2. Fréquence des structures syllabiques toutes positions
confondues

La syllabation plutôt ouverte, sauf en dernière syllabe, qui caractérise le


français parlé est difficile à représenter en conservant la graphie
traditionnelle.
Représenter :

La forme écrite telle qu’elle existe dans son état actuel ne peut servir de
modèle d‘apprentissage à l’expression orale ; on ne peut la réduire à une
simple lecture à haute voix. Autrement dit, l’apprentissage de la
prononciation ne peut être assimilé aux seules difficultés d’apprentissage
de l’écrit, même si les rapports graphies/sons sont à prendre en compte !
L’inventaire habituel des cas dits de « liaison » est révélateur à ce propos :
il ne se réfère qu’à la forme écrite sous couvert de syntaxe de l’écrit. À
l’oral « pas de liaison », mais une syllabation de base de type CV comme
le montrent les exemples suivants dans quatre types de suites.
2.3.3. Suites de structures syllabiques identiques

a. Suite / CVCVCV /

b. Suite / VCVCV /

D’un point de vue didactique, il apparaît clairement à propos des deux derniers exemples ci-dessus
qu’il est parfaitement inutile de distinguer un cas dit « de liaison » dans « un ami » d’un cas dit
« d’enchaînement » dans « une amie ». L’important pour la communication est ailleurs.

c. Suite / CVCVCVC /

d. Suite / CVCVCCV /
Comme on peut le constater ci-dessus, les phénomènes dits de liaison ne sont pas des cas à part mais
ils s’intègrent dans le cadre plus général de la syllabation qui dépasse le mot lexical pour former le mot
phonétique.

Exercice

À quelle suite a), b), c) ou d) correspond la syllabation de chacun des mots phonétiques
suivants ?
« en Asie »
« nous y sommes »
« sous un pont »
« encore eux »
« par erreur »
« tout à pied »
« t’as pas tort »
« sans un cri »
« aux enfants »
« les entrées »
« tout à l’heure »
« vous entrez »
« dans un an »
« avancez »
« n’y va pas »
« chez un blond »
« ton avis »
« par ici »

2.4. Principales ambiguïtés graphiques

Il n’est pas dans notre propos de renier la forme écrite : elle est un
passage obligé pour tout lettré ; aussi faut-il avertir l’apprenant des
principales ambiguïtés inhérentes à la graphie avec lesquelles il est normal
qu’il éprouve des difficultés, afin qu’il puisse utiliser à bon escient sans en
être l’esclave toutes les autres graphies qui deviennent ainsi une aide et
non pas un obstacle à l’apprentissage.
2.4.1. Les graphies « e » et « en »

Elles correspondent à deux phonèmes respectivement :

sans oublier les possibilités d’amuïssement :


« au s(e)cours » et « ell(e)s vienn(ent) ».

Exercice

a. À quel phonème / E / ou / Œ / correspond la graphie « e » dans les exemples suivants ?

« regarde »
« outremer »
« un essai »
« par exemple »
« il te trompe »
« je joue »
« au septième »
« un effort »
« l’effectif »
« en effet »
« c’est exact »
« qu’apprenez-vous ? »
« la pauvreté »
« en Angleterre »
« mercredi »
« Messieurs »
« que faire ? »
« dans l’escalier »
« quatre-vingts »
« en première »

b. La graphie « e » dans les exemples suivants est-elle prononcée / Œ / ou est-elle muette ?

« en promenade »
« des crevettes »
« le héros »
« Mademoiselle »
« mon médecin »
« tendrement »
« un échelon »
« celui-ci »
« dans la galerie »
« faut venir »
« à la fenêtre »
« en semaine »
« doucement »
« un hôtelier »
« en seconde »
« quelques-uns »
« nous rentrerons »
« le onze »
« un feuilleton »
« sérieusement »
c. À quel phonème / / ou / / correspond la graphie « en » (en finale ou devant
une consonne prononcée) dans les exemples suivants ?
« du vent »
« un enfant »
« un centime »
« pas moyen »
« l’appendice »
« en attendant »
« le Pentagone »
« mon agenda »
« un examen »
« vendredi »
« indépendant »
« de la faïence »
« un client »
« un rhododendron »
« un chrétien »
« un entretien »
« on l‘entend »
« c’est évident »
« un menteur »
« le benjamin »

2.4.2. La graphie « h »

Elle représente trois valeurs différentes, une non disjonctive et deux


disjonctives :

1) non disjonctive :

simple rappel le plus souvent de la graphie latine – par exemple « hominem » – sans influence sur la
prononciation, comme si elle n’existait pas :
2) disjonctive :

→ qui oblige à prononcer deux voyelles successives :

→ qui disjoint visuellement les graphies vocaliques à l’écrit :

Dans les exemples suivants, la graphie « h » est-elle disjonctive ou


pas ?

« c’est honteux »
« un hélicoptère »
« en haut »
« en hiver »
« aux halles »
« dans une heure »
« c’est humide »
« une herbe »
« en hommage »
« au hasard »
« une hésitation »
« c’est un héros »
« un héritage »
« un hôtel »
« un hebdo »
« en hâte »
« en hauteur »
« un haut-parleur »
« en hausse »
« un hibou »
« sur les hanches »
« les humains »
« des harengs »
« une hypothèse »
« des hélices »
« des histoires »
« un hôpital »
« les horaires »
« sans horizon »
« des hormones »

2.4.3. La graphie « ch »

Elle correspond à deux phonèmes respectivement :

À quel phonème / / ou / k / correspond la graphie « ch » dans les


exemples suivants ?
« du chlore »
« un échec »
« du chloroforme »
« un écho »
« un architecte »
« le choléra »
« le chômage »
« la chorale »
« la chorégraphie »
« la choucroute »
« du chrome »
« un chrétien »
« un chronomètre »
« un chirurgien »
« un chrysanthème »
« un chromosome »
« le Christ »
« un archange »
« un échange »
« à Chypre »

2.4.4. Les graphies « il / ll / ill »

Elles correspondent à deux prononciations :


Exercice

À quoi correspond la graphie « il » dans les exemples suivants :


à / j /, à / il / ou est-elle muette ?

« un accueil »
« dans un fauteuil »
« à l’oreille »
« c’est mouillé »
« il est gentil »
« sur les rails »
« en l’an mille »
« une merveille »
« sur une feuille »
« à l’œil »
« elle est gentille »
« une béquille »
« de longs cils »
« la distillation »
« c’est mouillé »
« au réveil »
« un outil »
« mon tailleur »
« des nouilles »
« un billet »
« bien tranquille »
« à la taille »
« une abeille »
« un écureuil »
« des bouteilles »
« à Lille »
« au soleil »
« j’ai sommeil »
« une grenouille »
« un papillon »

2.4.5. Les graphies « i / y », « ou », « u » suivies d’une voyelle


prononcée

Ces graphies représentent soit des consonnes, soit des voyelles :


– le plus souvent, elles représentent la consonne correspondante :

– elles représentent la voyelle correspondante lorsque ces graphies sont


précédées de deux consonnes dont la dernière est / / ou / /:

La graphie « ui » + voyelle prononcée correspond toujours à une seule


syllabe même précédée de / / ou de / /:

Aussi des mots commençant par « r » ou « l » jouissent-ils d’une latitude


articulatoire en ce sens qu’isolés on a tendance à les prononcer en deux
syllabes :

alors qu’à l’intérieur d’un mot phonétique ils peuvent être réalisés
comme des monosyllabes :
Il est important de bien identifier le nombre de syllabes prononcées.

Exercice

Dans les exemples suivants, les graphies « i, y, ou, u » suivies d’une voyelle prononcée
correspondent-elles à une consonne ou à une voyelle ?

« un ouvrier »
« une fuite »
« c’est à lui »
« à pied »
« une brouette »
« c’est troué »
« à plier »
« une truite »
« la pluie »
« un tablier »
« du fluo »
« j’ai oublié »
« elle a crié »
« un aïeul »
« il y en a »
« concluons »
« l’influence »
« en février »
« la rivière »
« sans bruit »
« un industriel »
« au vestiaire »
« mal payé »
« avant-hier »
« un parapluie »
« ensuite »
« en janvier »
« en Suisse »
« Adrien »
« de beaux fruits »

En résumé :

Il convient donc d’utiliser la forme écrite à bon escient en étant averti des ambiguïtés. Toutes les
graphies ne sont de loin pas ambiguës, encore faut-il être capable de faire le tri entre l’utile et le
trompeur. La graphie « e » à la fin d’un mot est, par exemple, un excellent indicateur de la
prononciation de la ou des consonne(s) précédente(s) et l’occasion de s’exercer au relâchement
articulatoire des consonnes finales qui ne peuvent être réalisées qu’en contexte et non pas isolées
comme par exemple :

Il ne faut surtout pas rester l’esclave de la forme écrite car l’oral n’est pas une simple transposition ;
les sons vivent de façon autonome.

3. Utilité d’un modèle d’apprentissage

Un modèle d’apprentissage de la prononciation passe par une prise de


conscience du fonctionnement autonome de l’oral afin de pouvoir utiliser
les graphies à bon escient certes, mais surtout de savoir ce qui importe à
« l’oreille francophone » alors qu’elle-même n’en est pas consciente.
Parler « français » c’est :
3.1. Parler en mots phonétiques

Les francophones parlent en mots phonétiques qui ne respectent pas


souvent les conventions de l’écrit et dans lesquels le mot lexical perd son
autonomie.
La prononciation d’un mot anglais proposée par un dictionnaire
correspond le plus souvent à ce qui est prononcé dans l’usage quotidien de
la langue. Le mot anglais « accident » par exemple sera prononcé /
‘aeksidnt / dans un énoncé de type « an accident » en conservant l’accent
sur / ‘ae / avec attaque vocalique, comme il est présenté dans le
dictionnaire ; alors qu’en français le mot « accident » sera prononcé
précédé d’une consonne qui formera syllabe avec la voyelle initiale du
mot :
a. dans « un accident »
b. dans « des accidents »
c. dans « quel accident »
d. dans « par accident »
En effet, la prononciation d’un mot qui commence par une voyelle dans
le dictionnaire ne peut être réalisée telle quelle dans le discours mais sous
des formes phonétiques telles que :

ce qui offre de nombreuses possibilités de calembours en français.


Les mots phonétiques constituent le cadre social qui détermine les
habitudes de la prononciation du français.

3.1.1. Exemples de mots phonétiques


– composés de deux syllabes prononcées :
« bonjour »
« ça va »
« jamais »
« n’est-ce pas ? »
« j’adore »
« ah non ! »
« attends ! »
« pourquoi ? »
« sans doute »
« t’es où ? »
« santé ! »
« encore »
« donne-le »
« t’as vu ? »
« en France »
« prends-les »
« peut-être »
« pas mal »
« mais oui »
« sans blague ! »
« et lui ? »
« arrête ! »
« c’est dur »
« souvent »

– composés de trois syllabes prononcées :


« sans problème »
« donnez-le »
« dans une heure »
« tout à fait »
« qu’est-ce que c’est ? »
« par ici »
« prenez-les »
« c’est ainsi »
« vendredi »
« en Europe »
« on y va »
« pas mauvais »
« mais t’es où ? »
« sous la pluie »
« j’ai mangé »
« répétez »
« attention ! »
« mon amour »
« c’est dommage »
« au théâtre »
« et alors ? »
« 45 »
« 211 »
« entre amis »

– composés de quatre syllabes prononcées :


« avec plaisir »
« à ta santé »
« en TGV »
« n’oubliez pas »
« la météo »
« à tout à l’heure »
« à Chicago »
« reprenez-le »
« par habitude »
« 90 »
« 85 »
« un rendez-vous »
« sans exception »
« c’est impossible »
« j’ai mal dormi »
« elle est charmante »
« à 2 h 30 »
« faut lui parler »
« sous-entendu »
« est-elle heureuse ? »
« en matinée »
« sans aucun doute »
« dès qu’on pourra »
« sans hésiter »

– composés de cinq syllabes prononcées :


« bon anniversaire »
« aux États-Unis »
« les jeux Olympiques »
« la télévision »
« en Californie »
« une indigestion »
« que préférez-vous ? »
« 178 »
« il est malhonnête »
« ne l’écoutez pas »
« à la préfecture »
« très particulier »
« de bons ouvriers »
« elle téléphonera »
« j’ai beaucoup souffert »
« qu’est-ce que ça peut faire ? »
« ils sont encore là »
« jusqu’à mardi soir »
« une bonne « un documentaire »
« un grand événement »récompense »
« mes remerciements »
« aux Champs Élysées »
« vous n’étiez pas là »

– composés d’une seule syllabe prononcée :


« oui »
« bien »
« elle »
« vous »
« non »
« tiens ! »
« viens »
« lui »
« si »
« bon »
« rien »
« un »
« vite ! »
« deux »
« stop »
« tire »
« j’aime »
« Jacques »
« moi »
« eux »
« trois »
« toi »
« six »
« huit »

Exercice

Comme l’oreille francophone est très sensible au nombre de syllabes, leur compte est un
exercice utile. Combien y a-t-il de syllabes prononcées dans les mots phonétiques suivants ?

« en effet »
« qu’elles reviennent »
« oui »
« exactement »
« trois enfants »
« au revoir »
« par exemple »
« bon anniversaire »
« quoi ? »
« généralement »
« vous ferez cela »
« Mademoiselle »
« pas de chance »
« en première »
« au rez-de-chaussée »
« un ouvrier »
« j’ai pas le temps »
« t’es très en retard »
« en seconde »
« mon tablier »

3.1.2. Exemples de deux mots phonétiques successifs

– avec un nombre égal de syllabes prononcées :


2 et 2
« bonjour madame »
« j’aimerais partir »
« mardi matin »
« nous serons à l’heure »
« à deux c’est mieux »
« un peu partout »
« attends ton tour »
« courrez plus vite »
« il pleut souvent »
« un air connu »
« encore du vin »
« avec les autres »

3 et 3
« profitons du beau temps »
« la cinquième république »
« ma belle-sœur est enceinte »
« sous les arbres du jardin »
« nous partons en vacances »
« écoutez les infos »
« vous allez réfléchir »
« tout arrive dans la vie »
« il veut bien lui parler »
« en suivant son exemple »
« vous pouvez essayer »
« elle est bonne en géo »

4 et 4
« regardez-le si vous voulez »
« elles étudient à l’étranger »
« elle m’a semblé très affectée »
« vous ne pouvez pas les oublier »
« t’as consulté sur internet ? »
« une réception chez nos amis »
« exactement comme tu l’as dit »
« faut vérifier l’information »
« les élections municipales »
« c’est aujourd’hui qu’on partira »
« une grande cuisine et un salon »
« avant midi c’est préférable »

5 et 5
« il n’est pas facile d’avoir un billet »
« aux États-Unis ou au Canada »
« un documentaire sur la vie sauvage »
« dans ces conditions nous n’acceptons pas »
« une manière de voir très particulière »
« on nous a prédit une très bonne saison »
« ils sont encore là jusqu’à mardi soir »
« mes remerciements les plus chaleureux »
« as-tu obtenu l’autorisation ? »
« de très nombreux tests significatifs »
« il avait souffert d’une indigestion »
« vous n’avez pas vu nos nouveaux amis »

– avec un nombre inégal de syllabes prononcées :


• différence d’une seule syllabe

2 et 3
« lundi à dix heures »
« en mars ou en mai »
« 252 »
« comment réagir ? »
« ici ou là-bas ? »
« pourquoi hésiter ? »
« attends un instant »
« j’espère y arriver »
« du pain et du beurre »
« t’as vu comme il drague ! »
« nous autres également »
« encore un petit peu »
3 et 2
« au café du coin »
« un sujet sérieux »
« les nouvelles sont bonnes »
« j’avais pris mon sac »
« en Europe centrale »
« est-ce encore possible ? »
« vous allez trouver »
« à midi et quart »
« 330 dollars »
« nous aimons la France »
« arrêtez ce bruit »
« elle s’en va samedi »

3 et 4
« il avait priorité »
« c’est ainsi qu’elle m’a quitté »
« j’ai toujours compté sur toi »
« attention à nos enfants »
« tout à fait satisfaisant »
« avez-vous une bonne adresse ? »
« l’éclairage est un peu faible »
« vous peignez depuis longtemps ? »
« tu pourrais t’en occuper »
« nous étions dans un bouchon »

4 et 3
« vous devriez essayer »
« j’ai assisté au concert »
« des résultats prometteurs »
« en février 2013 »
« j’ai voyagé en première »
« limitation des bagages »
« n’hésitez pas à m’appeler »
« c’est aujourd’hui le grand jour »
« elle est inscrite à la fac »
« les conditions sont très bonnes »

1 et 2
« toi tu peux »
« lui c’est bon »
« mais vas-y »
« tiens prends ça »
« viens ici »
« eux sans doute »
« oui d’accord »
« vous peut-être »
« toi jamais »
« elle aussi »
« pour ou contre ? »
« non pas moi »

2 et 1
« enfin seul »
« pourquoi moi ? »
« avec Paul »
« couleur rouge »
« j’adore rire »
« sinon stop »
« j’ai dit non »
« pour moi oui »
« comme note dix »
« dossard 11 »
« j’aime bien voir »
« maintenant marche »
• différence de plus d’une syllabe

2 et 4
« c’est elle qui vous guidera »
« à l’heure qui vous convient »
« j’ai vu de beaux objets »
« en France ou en Allemagne ? »
« tu peux les faire entrer »
« revenez et vous verrez »
« sans doute en fin de journée »
« comment vous expliquer ? »
« en Chine et au Japon »
« j’ai pris un avocat »

4 et 2
« absolument parfait »
« l’architecture moderne »
« un grand salon tout bleu »
« on arrivera à temps »
« tu l’embrasseras très fort »
« t’y arriveras très vite »
« n’essayez pas d’entrer »
« vous aimeriez l’avoir ? »
« à l’intérieur du coffre »
« terriblement charmeuse »

3 et 5
« j’ai pensé qu’il ne pourrait pas »
« j’ai raté l’enregistrement »
« c’est l’histoire d’une génération »
« anglophone et germanophone »
« j’en conclus qu’il faut continuer »
« avec eux tout est différent »
« et du coup t’es plus comme avant »
« j’ai loupé la correspondance »
« t’as manqué une bonne occasion »
« nous avons un très grave problème »

5 et 3
« comme un rendez-vous amoureux »
« j’ai son numéro personnel »
« ils vont préparer leurs affaires »
« nous avons prévu un arrêt »
« tu n’as pas encore tout ce qu’il faut »
« pour un long voyage en Asie »
« considérations respectueuses »
« avec un morceau de gruyère »
« elle m’a complètement perturbé »
« c’est absolument regrettable »
1 et 4
« Londres est une belle ville »
« prends toutes tes affaires »
« va les rencontrer »
« Jean n’a pas compris »
« parle un peu plus fort »
« lui il m’a fait peur »
« pense à ta famille »
« tous au rendez-vous »
« seule elle n’ira pas »
« bon c’est entendu »

4 et 1
« on les a vus hier »
« le numéro 7 »
« on fait comme ça oui »
« et pourquoi pas lui ? »
« elle a crié viens »
« on leur a dit non »
« c’est impossible mais ! »
« il est resté seul »
« tu l’as raté zut ! »
« dépêchez-vous vite ! »

Exercice

Combien de syllabes sont prononcées dans chacun des deux mots phonétiques successifs ?
Indiquez également la structure syllabique de la dernière syllabe prononcée de chaque mot
phonétique.
« quel jour sommes-nous ? »
« voulez-vous un dessert ? »
« à Montréal au Canada »
« l’administration universitaire »
« combien y en a-t-il ? »
« pourquoi pas tout de suite ? »
« non c’est pas possible »
« circulation interdite »
« écoutez-le parler »
« venez et vous verrez »
« coupe l’électricité »
« quelques étudiants partent »
« une invitation surprise »
« j’irai à l’exposition »
« vous envoyez une confirmation »
« il était très embarrassé »
« bon anniversaire et bonne santé »
« écoutez ce qu’il dit »
« bonjour Mademoiselle »
« mercredi à midi »
« l’addition s’il vous plaît »
« une feuille de papier »
« c’est ça n’est-ce pas ? »
« en haut ou en bas ? »
« à tout à l’heure au café »
« après les cours »
« à droite au feu »
« rendez-vous chez moi »
« il pleut assez souvent »
« je voudrais vous parler »
3.1.3. Exemples de trois mots phonétiques successifs

– avec un nombre égal de syllabes prononcées :


2, 2 et 2
« après tu tournes à gauche »
« pourquoi conduire si vite ? »
« c’était dans l’air du temps »
« tu penses revenir bientôt ? »
« écoute un peu les autres »
« que faire ce soir ensemble ? »
« tu prends l’avion suivant »
« un truc sans doute bizarre »
« comment savoir la chose ? »
« en fin d’année scolaire »

3, 3 et 3
« les photos que j’ai prises l’an dernier »
« vous semblez regretter vot’ jeunesse »
« mon médecin m’a déjà ausculté »
« découvrez les vertus du produit »
« en un an le chômage s’est réduit »
« les nouvelles sont encore alarmistes »
« en taxi en métro ou en bus »
« j’ai été invité à danser »
« tu peux prendre la pilule du lendemain »
« un potage aux légumes comme entrée »

4, 4 et 4
« quand on arrive on aimerait bien passer à table »
« en en parlant tu m’as donné une bonne idée »
« au bout d’ la rue un peu à droite à cinquante mètres »
« j’ai entendu un drôle de bruit dans l’escalier »
« vous me l’avez dit la dernière fois au restaurant »
« un bon régime est excellent pour la santé »
« n’oubliez pas de les avertir avant midi »
« exactement les mêmes indices qu’auparavant »
« en TGV le temps gagné est appréciable »
« il semblerait qu’on doit montrer la nouvelle carte »

– avec un nombre inégal de syllabes prononcées :


• différence d’une seule syllabe
2, 2 et 3
« elle joue très bien du piano »
« j’adore parler politique »
« tu parles français tous les jours ? »
« ici tout le monde est aimable »
« pourquoi vouloir continuer ? »
« son charme me donne des frissons »
« ici on vit comme ailleurs »
« là-bas c’est pas comme ici »

3, 2 et 3
« à l’avenir tu fais comme tu veux »
« elle a fait du sport amateur »
« dans la chambre de jeux des enfants »
« tout arrive à qui sait attendre »
« j’ai toujours aimé voyager »
« vous sentez l’hiver approcher »
« nous pensons rester quelques jours »
« les enfants prendront un dessert »

2, 3 et 2
« tu prends du poisson n’est-ce pas ? »
« elle voit des problèmes partout »
« il part en vacances à Rome »
« nous serons réunis à Pâques »
« par là on y arrive aussi »
« j’espère vous revoir bientôt »
« tu peux si tu veux l’avoir »
« vous autres vous avez du bol »

3, 2 et 2
« mais parfois il parle trop fort »
« autrefois c’était plus dur »
« elles arrivent souvent en retard »
« où ai-je mis les clés d’en haut ? »
« un programme télé du jour »
« à Paris faut prendre le bus »
« balancez de droite à gauche »
« pour entrer sonnez deux fois »

• différence de plus d’une syllabe


4, 2 et 3
« un rouge à lèvres discret et pas cher »
« à l’Assemblée où siègent les élus »
« au Sénégal j’ai vu des gazelles »
« j’ai constaté parfois des erreurs »
« en général on peut faire confiance »
« correspondance voie 2 pour Marseille »
« dépêchez-vous le train va partir »
« n’oubliez pas de prendre vos affaires »

4, 2 et 5
« racontez-nous l’histoire extraordinaire »
« si vous voulez on peut ne pas s’arrêter »
« vous oubliez de prendre vos médicaments »
« d’un naturel timide et embarrassé »
« on s’attendait au choc interculturel »
« un bon roman à lire pendant les vacances »
« sans plus attendre ouvrez vos ordinateurs »
« en espérant vous voir en meilleure santé »

1, 2 et 3
« un ou deux mais pas plus »
« toi et moi on y va »
« oui ou non et c’est bon »
«3+4=7»
« si une fois tu veux bien »
« mais il faut discuter »
« là on peut admirer »
« mais souvent il fait froid »

2, 3 et 4
« demain à 8 heures dans mon bureau »
« courir chaque matin pendant une heure »
« j’aime bien les pommes frites et la salade »
« t’étais très longtemps au téléphone »
« parfois nous mangeons dans la cuisine »
« veuillez excuser mon insistance »
« faut prendre la deuxième ou la troisième »
« maintenant il est temps d’aller dormir »

Exercice

Combien de syllabes sont prononcées dans chacun des trois mots phonétiques successifs ?
Indiquez également la structure syllabique de la dernière syllabe prononcée de chaque mot
phonétique.

« j’aime bien venir chez vous »


« téléphone demain soir à huit heures »
« on va prendre un café chez elle »
« nous partirons en vacances en août »
« comment allumer le four ? »
« il écoute la radio en mangeant »
« elle préfère voyager en train »
« tu sais régler le chauffage ? »
« tu passes nous voir quand tu veux »
« derrière les arbres du jardin »
« j’ai trouvé une chambre en ville »
« ici tout va bien pour l’instant »
« ils perdent de plus en plus courage »
« passez avec eux ou sans eux »
« veuillez m’excuser pour l’oubli »
« la météo annonce du beau temps »
« comment préparer ton séjour ? »
« nous partons ce soir pour Paris »
« n’oubliez surtout pas de composter »

3.1.4. Exemples de quatre mots phonétiques successifs

Exercice

Combien de syllabes sont prononcées dans chacun des quatre mots phonétiques
successifs ?

« il préfère une glace vanille chocolat »


« on se cherche un double pour se sentir plus fort »
« tous les soirs nous prenons du thé ou de la verveine »
« j’ai perdu mon père subitement l’an dernier »
« on y va tous ensemble avant la fermeture »
« rendez-vous mercredi à 10 heures moins dix »
« vous réglez le tout par carte ou en espèces ? »
« si tu le veux nous allons essayer de t’aider »
« comment faites-vous pour rester optimiste ? »
« d’habitude nous sortons le samedi et le dimanche »
« j’aime toujours revenir chez moi »
« tu pourras expliquer le problème à mon père »

3.1.5. Propositions pour une prise de conscience de l’importance


du mot phonétique

1. Un seul mot phonétique par colonne


Exercice

a. Lisez à haute voix en commençant par la colonne de gauche :


janvier
février
mars
le printemps
Pâques
avril
mai
juin
l’été
les vacances
juillet
août
septembre
l’automne
la rentrée
octobre
novembre
décembre
l’hiver
Noël

b. Lisez à haute voix en commençant par la colonne de gauche :


J’aime tous les fruits :
les cerises
les fraises
les framboises
les myrtilles
les groseilles
les prunes
les pêches
les kiwis
et les bananes
mais aussi
les abricots
les pommes
les poires
le raisin
les noix
les noisettes
les oranges
les figues
les dattes
et les châtaignes.
c. Lisez à haute voix en commençant par la colonne de gauche :
– Préférez-vous :
le perce-neige
la primevère
la violette
la jacinthe
le narcisse
la tulipe
le lilas
le lis
la rose
l’œillet
le jasmin
la pivoine
la pensée
le myosotis
le bouton d’or
la marguerite
le muguet
le coquelicot
ou la rose
de Noël ?
2. Deux mots phonétiques par ligne :

Exercice

Récitez en mettant en évidence le rythme binaire de chaque ligne :


– Écoute, qu’entends-tu ?
– J’entends de temps en temps :
un chien qui aboie
le chat qui miaule
une poule qui glousse
la vache qui beugle
un âne qui brait
le coq qui chante
les pigeons qui roucoulent
les oiseaux qui gazouillent
les insectes qui bourdonnent
les moutons qui bêlent
et le ruisseau qui murmure.
– J’entends parfois :
la bise qui souffle
le vent qui gémit
la pluie qui tombe
une branche qui craque
le tonnerre qui gronde
le lac qui mugit.
– J’entends quelquefois :
une porte qui grince
le feu qui pétille
la bouilloire qui chante
l’eau qui bout
mes sœurs qui babillent
le bébé qui pleure
grand-père qui tousse
midi qui sonne.
3. Trois énoncés en mots phonétiques successifs courts :

Exercice

Découpez les trois énoncés en mots phonétiques successifs courts.

Modèle :
Ce soir nous sortons avec eux. = Ce soir / nous sortons / avec eux.

a. Paroles d’amoureuses, Madeleine Chapsal


Les amoureuses ne parlent pas, du moins ce qu’on appelle parler ; elles murmurent,
roucoulent, chantonnent, inventent, créent, s’épanouissent.

b. Une gourmandise, Muriel Barbery


Un homme qui pète au lit, ma grand-mère le disait, c’est un homme qui aime la vie.

c. À propos de Florence et de l’Humanisme, Toscane, Guides Bleus Évasion, © Hachette


Livre
La grande conquête de la Renaissance reste cette liberté qui modifie totalement et pour
plusieurs générations la vision du monde, aussi bien religieuse qu’humaine. De réformes en
contre-réformes, à son rythme, l’Église s’y pliera aussi. Mais la véritable vigueur de cette
pensée nouvelle est donnée par les artistes. La littérature, elle, tout occupée à traduire les
anciens et à théoriser, brille par son absence. Les grands poètes sont morts. Ce sont
maintenant les grands peintres, sculpteurs et architectes qui prennent leur relève. Mais, là
encore, l’humanisme trouvera ses limites. Car, même si la peinture fut le fer de lance des
idées nouvelles, elle n’a guère été comprise de son temps. À la « réalité du monde » qu’elle
prétendait s’approprier lui fut bien vite préférée celle du rêve.

3.2. Bien articuler la dernière syllabe prononcée de chaque mot phonétique

La dernière syllabe prononcée de chaque mot phonétique jouit d’un


statut privilégié. Les syllabes non finales sont prononcées d’une manière
« monotone » alors que la dernière syllabe est prononcée avec une énergie
articulatoire très marquée à ne pas confondre avec l’énergie acoustique qui
caractérise la syllabe accentuée dans nombre de langues.
Il est capital de bien identifier la dernière syllabe prononcée de chaque
mot phonétique d’autant plus qu’à l’écrit elle est trop souvent cachée par
des graphies muettes. Il est tout de même paradoxal de constater combien
la syllabe la plus importante pour la communication en français perd de sa
visibilité dans un « fouillis » de graphies. L’une des difficultés dans
l’apprentissage du français résulte du manque de transparence de la graphie
de la dernière syllabe prononcée.
Aussi l’identification de la dernière syllabe prononcée à partir de la
forme écrite n’est-elle pas si aisée qu’il y paraît à première vue.
Si dans des exemples comme :
« dans le pré »
« par amour »
« mardi »
« mon papa »
« j’ai vu »
« un piano »

l’identification de la dernière syllabe prononcée ne fait pas problème, il


en va tout autrement dans beaucoup d’autres cas pour des raisons de
graphies muettes ou ambiguës dans des exemples comme :
« qu’ils viennent »
« dans mon pays »
« un cours »
« qu’elles entrent »
« des œufs »
« un arbre »
« on en a »
« 4 heures »
« un grand homme ».

Le premier automatisme réside dans la quête incessante de la dernière


syllabe. En dehors d’elle point de salut ! Pour l’acquérir, la répétition de la
dernière syllabe est fortement recommandée. Pour que l’oreille de
l’apprenant puisse identifier la dernière syllabe, il faut que les mots
phonétiques proposés soient les plus courts possibles.
L’identification de la dernière syllabe prononcée de n’importe quel mot
phonétique est l’activité première à recommander à tout apprenant.

Exercices

a. Énoncez chaque mot phonétique et répétez la dernière syllabe prononcée.

« bon voyage »
« sur une île »
« à table »
« c’est d’accord »
« tous ensemble »
« toute la nuit »
« pour toi »
« de bonne heure »
« vous le croyez ? »
« chez eux »
« ne pas perdre »
« elle en a une »
« sans force »
« un tablier »
« de beaux yeux »
« elles y pensent »
« à l’œil »
« en un an »
« c’est à Jacques »
« qu’ils les prennent »
« en province »
« à neuf ans »
« j’ai le rhume »
« un grand homme »
« il a crié »
« dans les arbres »
« virgule »
« mon parapluie »
« à dimanche »
« mon quartier »
« pas sans eux »
« par orgueil »
« c’est mon fils »
« ça brille »
« un peu plus »
« pas tous »
« une équation »
« elle est enceinte »

b. Réalisez le même protocole avec deux mots phonétiques successifs.

« sans parler du reste »


« toujours en avance »
« elles arrivent bientôt »
« j’ai rendez-vous à 3 heures »
« j’ai dormi toute la nuit »
« vous connaissez le code ? »
« nous voyageons ensemble »
« la semaine dernière »
« du café ou du thé »
« il semble très fatigué »
« ouvrez s’il vous plaît »
« je l’ai envoyé par la poste »
« j’espère y arriver »
« avec ou sans lui »
« du matin au soir »
« dix euros cinquante »
« une photo numérique »
« une fille et deux garçons »
« au paradis des animaux »
« nous aimons cet air »
« j’arrive tout de suite »
« elle attend son retour »

3.3. Sans oublier la syllabation qui en découle

Le mot phonétique est composé d’un nombre limité de syllabes


clairement structurées. La règle d’or veut qu’en prononciation du français
toute consonne qui rencontre une voyelle dans le cadre du mot phonétique
forme automatiquement syllabe avec elle. Le vrai coup de foudre ! Il s’agit
d’une habitude de prononciation – une habitude culturelle à la française –
qui ne souffre aucune exception.
La syllabe la plus fréquente en français – plus d’une sur deux – est celle
de type CV ; en anglais par exemple la syllabe la plus fréquente est de
structure VC comme dans :

alors qu’en français la structure VC ne représente que 1,3 % des cas.


D’un point de vue phonologique, un mot phonétique n’est pas
l’ensemble de plusieurs mots mais plutôt l’ensemble de plusieurs syllabes ;
c’est plus précisément une suite de syllabes prononcées qui forme un mot
phonétique.
La syllabe est la plus petite unité phonologique que l’on puisse
prononcer en isolation. Elle contient nécessairement une voyelle (V) qui en
forme le nœud et une ou plusieurs consonnes (C) initiale(s) ou finale(s),
mais non indispensable(s) à la production de la syllabe.
En français : à chaque voyelle prononcée correspond une syllabe. Aussi
deux voyelles prononcées successives correspondent-elles nécessairement
à deux syllabes, comme par exemple « en haut » ou « à eux », selon le
modèle / V ’V /.
À partir du grand nombre de structures syllabiques observées en français
parlé, on distingue essentiellement deux variétés de syllabes :
– celles qui se terminent par une voyelle prononcée, dites syllabes
ouvertes comme :
– celles qui se terminent par une consonne prononcée, dites syllabes
fermées comme :

Les propositions de travail concernant la syllabation peuvent prendre des


formes variées.

Exercices

a. Les structures syllabiques proposées des mots phonétiques suivants sont-elles justes « j »
ou fausses « f » ? Dans le dernier cas, proposez la syllabation correcte.

« bonjour »
« salut »
« tu viens ? »
« écoute »
« à bientôt »
« c’est bien »
« pas toujours »
« sans élan »
« tout est prêt »
« pardon »
« allez-y »
« à la Bourse »
« une européenne »
« un citoyen »
« du spectacle »
b. Quelle est la structure syllabique de la dernière syllabe prononcée des mots phonétiques
suivants ?

« au boulot »
« du respect »
« un bon produit »
« un ministre »
« ne pas comprendre »
« un message »
« très moyen »
« qu’est-ce que tu crois ? »
« elles y songent »
« c’est le chaos »
« bien plus haut »
« il est charmant »
« c’est un peu court »
« avant-hier »
« il y en a trois »

c. Répartissez en structures syllabes les mots phonétiques suivants :

« c’est ainsi »
« mon pays »
« au travail »
« quel été ! »
« en Autriche »
« elle y va »
« en novembre »
« vous y serez »
« où es-tu ? »
« vous croyez ? »
« à tout à l’heure »
« j’ai eu ça »
« mon œil »
« lui est là »
« tant mieux »
« peu à peu »
« exactement »
« cent un pas »
« elle est forte »
« au milieu »
« il a eu tort »
« essayez »
« c’est à eux »
« toi aussi »
« aux élèves »
« attention »
« interdit »
« au grenier »
« on en a ici »
« dans l’océan »

d. Réalisez la syllabation à haute voix des mots phonétiques suivants en respectant le


nombre de syllabes prononcées indiquées :
« bon voyage » (3)
« à l’aéroport » (5)
« le prix de la chambre » (4)
« une bonne adresse » (4)
« cuisine familiale » (5)
« avec une piscine » (5)
« un guide complet » (4)
« des violettes » (3)
« j’ai confiance » (3)
« la dernière fois » (4)
« en grand nombre » (3)
« tu me casses les pieds » (4)
« est-ce que vous venez ? » (4)
« comme vous le savez » (4)
« pour la quatrième fois » (6)
« visiblement » (4)
« j’aimerais bien y aller » (5)
« une pluie bienfaisante » (5)
« est-ce réel ? » (3)
« une européenne » (5)
« à Orléans » (4)
« elle a trahi » (4)
« c’est pas croyable » (4)
« laisse-moi entrer » (4)
« des grenouilles » (3)
« un très grand poète » (5)
« estime-toi content » (5)
« un fort séisme » (4)
« le premier juin » (4)
« lever la séance » (5)
« à trente ans » (3)
« mourir de honte » (4)
« tous les clients » (4)
« ils cohabitent » (4)
« une grande frayeur » (4)
« des friandises » (4)
« vis-à-vis » (3)
« 82 » (4)
« aux halles » (2)
« au théâtre » (3)
2

Spécificité
de la dimension
orale

1. Le monde des sons

Le monde des sons est un univers original à plus d’un titre.


Nous n’avons pas conscience de la façon dont nous avons appris à parler
et à comprendre notre langue maternelle. L’idéal serait en effet de pouvoir
apprendre à parler et à comprendre une autre langue de la même manière.
Bien qu’un certain nombre de processus subconscients opèrent dans ce cas,
les enseignants ont besoin d’un modèle d’apprentissage conscient qui ne
peut se réduire à une relecture de l’écrit.
Le monde des sons est du domaine de l’audition et non de la vision
comme pour l’écrit. Or les représentations visuelles au cerveau l’emportent
largement sur nombre d’autres représentations. La didactique ne privilégie-
t-elle pas essentiellement les apprentissages à base visuelle ? Tout
apprentissage officiel d’un instrument de musique ne passe-t-il pas par
l’exercice du solfège qui est une représentation visuelle de la musique ? La
perception d’un bruit n’est-elle pas systématiquement « interprétée » par le
cerveau qui lui attribue une signification : le téléphone ? un avion ? le cri
du coq ? un bruit non identifié !
Or, le paradoxe veut que les sons en langue parlée ne signifient pas ce
qui suscite spontanément un désintérêt certain. « Nous ne savons pas
comment nous parlons nous-mêmes. La forme de notre parole nous
échappe, puisque nous sommes préoccupés par son sens. » (Émile
Genouvrier, Naître en français, 1986).
La communication par oral est à chaque fois un cas particulier : une
personne qui communique avec quelqu’un d’autre dans un contexte
original. Le défi de l’enseignant est double : d’une part, on ne peut
enseigner que du général et d’autre part comment apprendre à chaque
apprenant à s’exprimer en français en salle de classe sans contexte réel de
communication ?
Il s’agit en fait de donner les moyens de communiquer en situation réelle
par la suite en permettant à l’apprenant de devenir de plus en plus
autonome. Mais apprendre ne consiste pas à faire exactement ce que l’on
fera par la suite une fois que l’on aura appris.
Dans ce but, il convient d’intéresser l’apprenant au monde des sons pour
qu’il s’approprie la dimension orale de la langue, à l’image des maîtres-
nageurs qui, avant toute chose, apprennent à faire aimer l’eau aux futurs
nageurs. Il faut arriver à les convaincre de l’importance de certains faits
phonétiques déterminants dans le cadre de la communication verbale. Et
pour cela, les enseignants doivent en être convaincus les premiers et être
informés de façon positive afin de pouvoir présenter les faits phonétiques
déterminants avec clarté, simplicité et conviction.
La langue parlée suit une évolution naturelle alors que la langue écrite
est restée longtemps figée dans une orthographe qui date de plusieurs
siècles. Comment pouvoir soutenir de nos jours qu’alors que les mots et les
sons se modifient au cours du temps, seules les graphies seraient
immuables ? La pratique récente des « textos » qui soumet l’écrit à la
contrainte temporelle est un facteur qui introduit une brèche dans le
système dont on ne mesure pas encore à ce jour l’importance pour les
jeunes générations. Mais certains n’hésitent pas à affirmer l’existence de
deux langues en français, l’une écrite, l’autre parlée, cette dernière se
subdivisant pour Claude Hagège (Le français et les siècles, 1987) en
« français parlé » (oralité spontanée) et en « oral public » (proche de
l’écrit) et pour Erwing Goffman (Façons de parler, 1981) en « lecture », en
« mémorisation d’énoncés lus ou entendus » et en « parole fraîche » ou
énoncés spontanés sans préparation préalable.
L’oral et l’écrit sont deux systèmes distincts de structuration de la
langue.

2. La dimension contextuelle

Le contexte de situation fait partie intégrante de la communication orale.


Il participe selon les cas pour une part plus ou moins grande à la
signification, parfois à la totalité lorsqu’un simple geste suffit. C’est en ce
sens que langue et civilisation, langue et culture, langue et habitudes de vie
sont indissociables.
Mais le contexte qui nous intéresse plus particulièrement ici est le
contexte proprement phonétique. Les consonnes et les voyelles ainsi que
les syllabes qu’elles composent occupent des positions qui, dans le cadre
du mot phonétique, sont clairement établies. À l’oral, toutes les
composantes phonétiques du discours n’ont pas une égale importance ; il
existe une hiérarchie bien établie.

2.1. Trois positions syllabiques et vocaliques

1. Une position forte :

la dernière syllabe prononcée du mot phonétique :

2. Une position intermédiaire :

la dernière syllabe d’un mot lexical non final de mot phonétique :

3. Une position faible :


toute syllabe non finale d’un mot lexical :

Exercice

Positions syllabiques : 1. forte, 2. intermédiaire, 3. faible


Quels numéros attribuez-vous aux exemples suivants ?

2.2. Deux positions consonantiques

1. Une position forte :


en initiale de syllabe :

2. Une position faible : en finale de syllabe :


C’est ainsi qu’un même phonème est articulé différemment selon qu’il
se trouve en initiale ou en finale de syllabe, par exemple :

Exercice

Positions consonantiques : 1. forte, 3. faible


Quels numéros attribuez-vous aux exemples suivants ?
Si un phonème est commun à deux langues différentes, il peut
représenter des difficultés lors de sa réalisation dans la langue cible en
fonction de sa différence de valeur dans les deux systèmes. L’exemple du
coréen est significatif à cet égard en ce qui concerne les occlusives : trois
sourdes dont une glottalisée / /, une aspirée / ph / et une non aspirée /
/, cette dernière semblable phonétiquement à l’occlusive du français /
/. Dans le système du français, il s’agit d’une consonne forte alors que dans
le système du coréen il s’agit d’une consonne faible. Un apprenant coréen
aura beaucoup de mal à la réaliser comme une forte en français.
D’autre part, le contexte dans lequel vivent les sons n’est pas
comparable à celui des lettres. Le terme « d’alphabet phonétique » retenu
par la tradition nous paraît aberrant, comme si les sons pouvaient être
classés par ordre alphabétique ! Le classement repose sur des critères soit
articulatoires, soit acoustiques, soit perceptuels. En réalité, il s’agit d’un
monde vivant dont les habitudes de vie en société méritent le plus grand
intérêt.

3. Une société vivante

Les sons n’existent qu’en contexte, à commencer par les consonnes qui,
par définition, « sonnent avec » une voyelle et ne peuvent donc être
prononcées seules. En dehors de la diction, les mêmes phonèmes sont
réalisés différemment en fonction de leur position dans le mot phonétique.
En fait, ils ne correspondent à leur description articulatoire et acoustique
dans les manuels de phonétique que lorsqu’ils sont en bonne position en
dernière syllabe prononcée de mot phonétique. Dans les autres positions
moins importantes, ils peuvent subir diverses assimilations qui modifient
nombre de leurs traits articulatoires et acoustiques. Aussi la présentation
des traits articulatoires et acoustiques des sons, pour correspondre à la
réalité, ne peut-elle se faire que dans la position la plus forte, en dernière
syllabe prononcée du mot phonétique.

3.1. Présentation des phonèmes


Cette présentation n’est absolument pas comparable à celle de l’alphabet
pour les lettres. Parler « d’alphabet phonétique » comme on l’entend
parfois, illustre une fois de plus la fâcheuse tendance à assimiler le monde
des sons à celui des graphies.
Nous présentons les phonèmes en contexte dans le cadre du mot
phonétique en dernière syllabe prononcée :
Dans ce cadre sont indiqués :
– le nombre de syllabes prononcées (ligne 1)
– la transcription de la dernière syllabe prononcée (ligne 2)
– la structure syllabique de la dernière syllabe (ligne 3)
– la transcription de la consonne initiale de syllabe (ligne 2)
– la transcription de la voyelle concernée (ligne 3)
– de 1 à 4 : voyelles orales à un timbre,
– de 5 à 7 : voyelles nasales et
– de 17 à 19 : voyelles orales à deux timbres.
– les groupes des consonnes (ligne 3) en 9, 10, 12, 14, 15 et 16.
En suivant l’ordre de présentation, les sons du français se répartissent
en :
19 consonnes :
et
13 voyelles :

Nous considérons que 32 phonèmes sont nécessaires et suffisants en


français actuel :
– n’est plus réalisé palatal en français actuel mais palatalisé

– n’est jamais en initiale de syllabe : « un parking »

– a évolué vers
– a évolué vers : « un ami »

– n’est pas une voyelle accentuable ; lorsqu’elle n’est pas


muette elle suit les règles générales de prononciation des voyelles à 2
timbres et se prononce Œ

Remarque : les voyelles / / et / / ne sont prononcées que devant


une consonne prononcée et jamais réalisées seules.

Nous verrons par la suite comment d’une part les voyelles, d’autre part
les consonnes, peuvent être regroupées en trois catégories en fonction de
leurs rôles respectifs dans la société des sons du français :

La transcription phonétique visualise la prononciation sans ambiguïté en


raison de la symétrie entre symboles phonétiques et sons : un même
symbole correspond à une seule et même prononciation.

3.2 Fréquence des phonèmes

Le français se classe parmi les langues où les voyelles sont dans un


rapport de 2 pour 3 consonnes :
Les phonèmes ont des fréquences d’occurrence dans le discours qui
varient de 1 à 15 selon les phonèmes concernés.

On observe que la consonne est la consonne la plus fréquente en


français parlé. Il est vrai qu’elle est, comme la consonne d’ailleurs,
présente dans toutes les positions :
– seule en position initiale de syllabe finale de mot phonétique :
« à Paris »
– seule en position initiale de syllabe non finale de mot phonétique :
« un parisien »
– seule en position finale de syllabe de mot phonétique : « il sort »
– seule en position finale de syllabe à l’intérieur d’un mot phonétique :
« il est sorti »
– en groupes de consonnes en position initiale : « la patrie », « à trois »
– en groupes de consonnes en position finale : « un litre », « un
ministre ».
De plus, comme elle n’est pas concernée par l’opposition de sonorité,
elle est prononcée soit sourde, soit sonore en fonction de sa position et du
contexte phonématique comme l’indiquent les exemples suivants :

3.3. Caractéristiques articulatoires des 32 phonèmes


3.3.1. Les consonnes

3.3.1.1. Classement en fonction du mode d’articulation

On observe quatre sortes d’oppositions articulatoires.

1. Opposition occlusive / constrictive

Les consonnes françaises se caractérisent essentiellement sur le plan articulatoire par le


rétrécissement au passage de l’air venant des poumons, soit sous la forme d’une fermeture momentanée
(occlusion), soit sous la forme d’un très petit passage de l’air (constriction).

– Occlusives
Les occlusives se caractérisent par un temps d’obstruction complète (occlusion) du canal buccal suivi
d’une brusque ouverture qui libère l’air accumulé derrière le barrage de la langue ou des lèvres et qui
provoque un bruit dit d’explosion.
Répondent à cette description les consonnes suivantes :

– Constrictives
Les constrictives se caractérisent par un resserrement (constriction) du canal buccal qui contraint
l’écoulement de l’air. On divise d’habitude les constrictives en deux catégories :
• Les fricatives (ou spirantes) qui sont réalisées avec un léger frottement de l’air à l’endroit du
rétrécissement maximal (lieu d’articulation) sous forme d’un bruit dit de « friction ».
Répondent à cette description les consonnes suivantes :

Les liquides (ou vibrantes) parmi lesquelles il convient de distinguer du point de vue de l’écoulement
de l’air : (1) des médianes quand l’air s’écoule par le milieu du canal buccal ; et (2) des latérales quand
l’air s’écoule par les côtés du canal buccal. En français, est la seule latérale.
Répondent à la description des liquides les deux consonnes suivantes :
et

2. Opposition orale / nasale

Pour toutes les consonnes occlusives ou constrictives que nous venons de voir, le voile du palais est
relevé à savoir qu’il touche la paroi pharyngale et empêche de ce fait l’air de passer par la cavité nasale.
Ces consonnes sont dites orales : l’air ne passe que par la cavité buccale.
Pour les consonnes et , le voile du palais s’abaisse et laisse passer l’air par la
cavité nasale, ce qui produit une résonance particulière. Ces deux consonnes sont dites nasales.
– Orales :

– Nasales :

Il est de coutume d’ajouter dans les manuels scolaires une troisième consonne nasale . Comme
celle-ci n’est actuellement plus réalisée comme une palatale par les francophones, mais sous la forme
d’une articulation palatalisée, nous pensons qu’il est plus juste de la représenter par .

C’est ainsi que les prononciations de la dernière syllabe :

sont respectivement identiques de nos jours.

3. Opposition sourde / sonore

Lorsque les cordes vocales ne vibrent pas, les consonnes sont dites sourdes et lorsqu’elles vibrent, les
consonnes sont dites sonores. Cette opposition très importante en français concerne toutes les
occlusives orales et des constrictives et nous permet de répartir les dix-neuf consonnes en deux
catégories :
a. la catégorie 1 qui se compose de douze consonnes qui s’opposent deux à deux uniquement sur le
plan de la sonorité ;
b. et la catégorie 2 qui se compose de sept consonnes qui n’ont que faire de l’opposition de sonorité.

Parmi d’autres détails à préciser sur ces deux catégories, il faut mentionner les points suivants :
L’opposition sonore/sourde des consonnes de la catégorie 1 s’applique dans toutes les positions
(initiales, médianes ou finales) de mots lexicaux :

Les consonnes de la catégorie 2 sont traditionnellement présentées comme des sonores. En réalité,
elles sont prononcées soit sourdes, soit sonores, en fonction de leur entourage consonantique sans
atteinte à leur personnalité. La réalisation sourde ou sonore de ces consonnes n’est pas aléatoire, elle
dépend du contexte consonantique sourd ou sonore. Seules dans une syllabe devant une voyelle, les
consonnes de la catégorie 2 sont réalisées sonores comme par exemple dans "Paris".

Les consonnes de la catégorie 2 sont tout à fait disponibles pour former des groupes de consonnes
avec les consonnes de la première catégorie.

4. Opposition labialisée / non labialisée

La projection des lèvres n’intervient que pour 4 consonnes sur 19 :


• et pour les distinguer respectivement de et
• pour la différencier de
• pour la différencier de

3.3.1.2. Classement en fonction du lieu d’articulation

On distingue pour le français sept lieux d’articulation :


En regardant de près les lieux d’articulation des consonnes françaises, on peut constater une tendance
très marquée à l’antériorisation des articulations consonantiques. Une grande partie des consonnes est
réalisée entre les lèvres et les alvéoles. Cinq consonnes sont dites « extra-buccales » : les trois bilabiales
et les deux labio-dentales, parce que la langue n’intervient pas dans leur réalisation. Pour les autres
dites « intrabuccales », la langue est l’organe articulatoire.

3.3.1.3. Tableaux récapitulatifs

1. Articulations occlusives

Tableau des consonnes occlusives du français


C’est ainsi qu’à la lecture du tableau on peut constater que par exemple la consonne est la
seule articulation :
occlusive / alvéo-dentale / sonore / orale.

2. Articulations non occlusives en opposition de sonorité


Tableau des constrictives du français en opposition de sonorité
C’est ainsi qu’à la lecture du tableau on peut constater que par exemple la consonne est la
seule articulation :
– constrictive / alvéolaire / sourde / non labialisée.

3. Articulations non occlusives sans opposition de sonorité

Les autres consonnes non occlusives se caractérisent par une


absence d’opposition de sonorité.

Tableau des constrictives du français sans opposition de sonorité


C’est ainsi qu’à la lecture du tableau, on peut constater que :
est une articulation latérale ; cette articulation est unique en français en ce sens que
c’est la seule consonne pour laquelle l’air expiratoire passe par les côtés de la cavité buccale
est une articulation vélaire et non pas alvéolaire comme
est une articulation palatale non labialisée
est une articulation palatale labialisée
est une articulation vélaire labialisée.
3.3.2. Les voyelles
Le français est riche de 13 voyelles : 10 sont orales, 3 sont nasales et
toutes sont sonores. Le critère de sonorité ne peut donc être retenu pour les
opposer comme c’est le cas pour les consonnes. Il faut donc utiliser les
autres critères pour décrire les voyelles.

Sur le plan du mode d’articulation, nous avons vu que les articulations


consonantiques se divisent d’une part en occlusives (fermeture au passage
de l’air) et d’autre part en constrictives (très petit passage de l’air), alors
que les articulations vocaliques se caractérisent par un passage de l’air dont
les dimensions varient pour chaque voyelle. Aussi parle-t-on de différences
d’aperture (ouverture du passage de l’air) pour les voyelles.

Sur le plan du lieu d’articulation, nous avons constaté que la langue


n’intervient pas directement en français dans l’articulation des cinq
consonnes que sont , articulations extrabuccales,
alors que la langue est l’organe articulatoire obligé pour l’ensemble des
voyelles. Les lieux d’articulation des voyelles se situent donc tous à
l’intérieur de la cavité buccale – articulations intra-buccales – et sont donc
moins bien répartis que pour les consonnes dont les lieux d’articulation
vont en français des lèvres au voile du palais.

De ce fait, les limites articulatoires des voyelles sont confinées dans ce


que l’on a l’habitude d’appeler le triangle vocalique obtenu à partir des
deux critères articulatoires de base : le mode d’articulation et le lieu
d’articulation.

Triangle vocalique

En réalité au-delà des trois voyelles i a u aux extrémités du


triangle, il s’agit d’un trapèze vocalique.
3.3.2.1. Les critères distinctifs retenus

1. Le critère du mode d’articulation

Le degré d’aperture d’une voyelle dépend à la fois de la position du maxillaire inférieur et surtout de
la langue. C’est ainsi, par exemple, qu’en comparant les articulations et , on constate
que pour la première, le maxillaire inférieur est proche du maxillaire supérieur et que la masse de la
langue est proche du palais dur créant ainsi un rétrécissement maximal du passage d’air ; alors que pour
la seconde les deux maxillaires sont plus écartés et la langue est basse dans la cavité buccale. C’est la
raison pour laquelle l’articulation est une voyelle dite de petite aperture ou voyelle fermée et
que l’articulation est une voyelle dite de grande aperture ou voyelle ouverte. Entre les
voyelles fermées et les voyelles ouvertes existent dans le système vocalique du français des voyelles
d’aperture moyenne dites mi-fermées comme la voyelle et d’autres dites mi-ouvertes comme
la voyelle .

2. Le critère du lieu d’articulation

Les lieux d’articulation des voyelles se limitent aux zones du palais dur et du palais mou. Selon que
le rétrécissement maximal réalisé par la langue sera situé plus ou moins dans la zone palatale ou dans la
zone vélaire de la cavité buccale, on qualifiera respectivement les articulations de voyelles antérieures
ou de voyelles postérieures. C’est la raison pour laquelle l’articulation , dont le
rétrécissement maximal se situe au niveau du palais dur, est qualifiée de voyelle antérieure, alors que
l’articulation , dont le rétrécissement maximal se situe au niveau du palais mou, est qualifiée
de voyelle postérieure.
3. Le critère de labialisation

La position des lèvres est également originale pour chaque articulation vocalique. Cette position
détermine la forme de l’orifice labial qui influence la qualité du son. Les lèvres en position plus ou
moins écartée délimitent une surface au passage de l’air plus importante qu’en position plus ou moins
projetée ou arrondie. C’est ainsi que, par exemple, l’articulation est prononcée avec les
lèvres écartées qui laissent un grand passage à l’air – articulation dite non-labialisée ou non-arrondie –
alors que l’articulation est prononcée avec les lèvres arrondies qui ne laissent qu’un petit
passage à l’air – articulation dite labialisée ou arrondie.
L’apport du visuel dans l’information audiovisuelle transmise n’est plus à prouver ; en ce qui
concerne le trait de labialité, les deux tiers de l’information visuelle sont en effet communiqués par les
lèvres.

4. Le critère de nasalité

Dans la plupart des langues parlées, le voile du palais se relève en touchant la paroi pharyngale pour
les articulations vocaliques qui sont dites orales, l’air s’échappant uniquement par la partie médiane de
la cavité buccale. Mais il existe quelques langues, comme le polonais, le portugais et le français, qui
possèdent dans leur système des voyelles nasales pour lesquelles le voile du palais s’abaisse et laisse
l’air s’échapper à la fois par la cavité nasale et par la cavité buccale. Cet abaissement du voile
correspond à un relâchement sur le plan articulatoire. Trois voyelles répondent à cette description en
français actuel : / /, / / et / /.
Autres voyelles nasales

3.3.2.2. Le classement articulatoire des voyelles

Le classement des voyelles est réalisé à partir de ces quatre critères :


Tableau des voyelles orales du français

Tableau des voyelles nasales du français

Quelques remarques

Il ressort des tableaux que :

1. Les voyelles orales se répartissent en trois séries :

2. Les limites articulatoires, c’est-à-dire les sommets du triangle vocalique, correspondent


respectivement aux trois voyelles suivantes :
– \ i \ : la langue monte le plus en avant possible dans la cavité buccale.
– \ a \ : la langue s’abaisse le plus possible dans la cavité buccale.
– \ u \ : la langue monte le plus en arrière possible dans la cavité buccale.

Toutes les autres voyelles se situent nécessairement entre ces limites et de préférence sur
les bords du triangle.

3. Les voyelles nasales se distinguent également l’une de l’autre par un degré de labialité
différent :
: non labialisé,
: labialisé,
: surlabialisé.

4. Les deux tableaux page 63 ne sont pas représentatifs de la position exacte de la langue
dans la cavité buccale, comme c’est pratiquement le cas pour les tableaux des articulations
consonantiques. En effet, ni les lieux d’articulations au plan vertical, ni les apertures au plan
horizontal ne sont semblables, comme pourraient le laisser penser les colonnes et les lignes
des tableaux. Ils sont représentatifs des oppositions phonologiques, du rapport fonctionnel
entre les différentes voyelles et non pas de la position réelle des voyelles dans la cavité
buccale.

3.3.2.3. Le classement fonctionnel des voyelles

Nous venons de classer les voyelles françaises en fonction de la physiologie des organes de la parole.
Ainsi avons-nous précisé le degré d’aperture entre la langue et le maxillaire supérieur, la forme de la
cavité buccale, la position des lèvres, et d’autres aspects de l’anatomie articulatoire.
Pour des raisons linguistiques et pédagogiques, nous allons répartir les voyelles orales françaises en
deux groupes en fonction du critère de stabilité de la qualité résonante du son, c’est-à-dire le timbre.

Le premier groupe, Groupe 1, rassemble quatre voyelles à grande ou petite aperture : ,


, et . Ces voyelles ont un seul timbre quelle que soit leur position dans le
mot phonétique et quelle que soit la structure syllabique.

Groupe 1 : 4 voyelles orales à 1 timbre


Le deuxième groupe, Groupe 2, rassemble respectivement les voyelles , ,
, , et qui ont une aperture moyenne. Quand ces
voyelles se trouvent en position finale de mot phonétique et en finale de mot lexical, elles sont dans une
distribution complémentaire. Plus précisément, on trouve les voyelles , et
dans des syllabes de structure CV ; et on trouve les voyelles ,
et dans des syllabes de structure CVC où une consonne finale prononcée entrave la
voyelle.
Groupe 2 : 3 x 2 voyelles orales à 2 timbres

Dans les circonstances du Groupe 2, la structure syllabique (CV ou CVC) dans laquelle la voyelle
d’aperture moyenne se trouve détermine son timbre. Une autre façon de caractériser la distribution
complémentaire est de dire que les voyelles à aperture moyenne se neutralisent en position non finale
d’un mot et dans l’optique fonctionnelle les six voyelles sont trois séries de voyelles à deux timbres.
3

Du rythme
avant toute chose

1. Un rythme particulier

1.1. Absence d’accent lexical

Le français est la seule langue d’origine européenne qui, pour des


raisons historiques, ne possède pas d’accent lexical. Aussi un francophone
monolingue ignore-t-il ce qu’est l’accent qu’il découvre en apprenant
l‘anglais ou l’allemand par exemple. À l’exception des mots-outils,
l’accent des mots lexicaux des langues slaves, germaniques, mais aussi des
autres langues romanes, fait partie intégrante de leur prononciation.
Prenons à titre d’exemple des mots dont les graphies sont identiques en
anglais et en français : dans un dictionnaire bilingue comme le Harrap’s la
transcription en anglais indique l’accent alors qu’en français il n’existe pas.

L’absence en français d’un accent semblable à celui des langues


germaniques, slaves ou romanes induit un rythme tout à fait particulier.
Nous parlons français en mots phonétiques. De ce fait, l’originalité
rythmique du français réside d’abord dans une distribution aussi régulière
qu’harmonieuse des syllabes qui composent le mot phonétique, d’après le
principe général qui veut que toute consonne prononcée qui rencontre une
voyelle prononcée forme automatiquement syllabe avec elle :
– une structure / CVCV / est syllabée : / CV ’CV /

– une structure / CVCVCV / est syllabée : / CV CV ’CV /

– une structure / CVCVCVCV / est syllabée : / CV CV CV ’CV /

–une structure / CVCVCVCVCV / est syllabée : / CV CV CV CV ’CV /

C’est à juste titre que certains dictionnaires visualisent dans la


transcription le découpage syllabique qui fait souvent perdre au mot lexical
son autonomie, ce qui n’est pas le cas en anglais par exemple.

Si deux consonnes prononcées se succèdent, selon la nature des


consonnes en contact :
• soit elles forment un groupe de consonnes qui forme une seule syllabe :
– / CCV /
• soit elles forment une suite de consonnes qui sont réparties en deux
syllabes :
– / CV(C) CV /.
Une structure / CVCCV / est syllabée :

Une structure / CVCVCCV / est syllabée :

Une structure / CVCVCVCCV / est syllabée :

Un mot phonétique, qui correspond à une signification « minimale » en


situation de communication, se compose donc d’un petit nombre de
syllabes dont les structures sont clairement définies.

Cette structuration syllabique est un facteur important de la constitution


du rythme en français.

Exercices

a. Dégagez les structures syllabiques par mot phonétique comme par exemple :
Modèle : « une bonne adresse » / V(C) CV CV ’CCV(C) /

« bon voyage »
« à l’aéroport »
« dans le village »
« tu me casses les pieds »
« j’ai rien à faire »
« j’ai confiance »
« est-ce que vous venez ? »
« en automne »
« pour la quatrième fois »
« visiblement »
« un étranger »
« ce jour-là »

b. Repérez deux voyelles prononcées successives :


Modèle :

« j’ai honte »
« en théorie »
« dehors »
« cent onze »
« cent un »
« sur la une »
« un géant »
« peu à peu »
« elle est naïve »
« un pharaon »
« néanmoins »
« il a eu peur »
« des yaourts »
« le hasard »
« en stéréo »
« et alors »
« aux halles »
« moi aussi »
« mon pays »
« au théâtre »
« tu l’as eu »
« il y a été »
« les aléas »
« un coréen »
« c’est à eux »
« elle a réussi »
« un préavis »
« un déodorant »

1.2. Élasticité temporelle de la dernière syllabe

L’originalité rythmique du français réside ensuite, mais de façon plus


subtile, dans l’allongement plus ou moins marqué de la dernière syllabe
prononcée, phénomène non perçu spontanément par les natifs. L’un des
secrets du « faire français » concerne les variations de durée de la dernière
syllabe. Sans elles, nombreuses sont les insatisfactions de part et d’autre.
L’allongement final est la conséquence de la tension croissante de l’énergie
articulatoire au cours du mot phonétique ; il atteint son point d’orgue sur la
dernière syllabe. C’est la raison pour laquelle il est convenu de noter
« l’accent à la française » par une apostrophe au début de la dernière
syllabe :

(pour plus de détails, cf. 5.1.1.3.2.)

1.2.1. En dernière syllabe prononcée de type CV

Il convient de « bien prononcer » cette syllabe avec une énergie


articulatoire suffisante, la durée vocalique étant représentée par l’accent
placé avant la consonne initiale :
1.2.2. En dernière syllabe prononcée de type CV(C)

Il convient de distinguer les voyelles nasales des voyelles orales.

1.2.2.1. Les voyelles nasales

L’allongement très marqué dans tous les cas est représenté en plus de l’accent par deux points ( : )
après la voyelle :

La nasalité vocalique en français est phonologique, c’est-à-dire indispensable à la compréhension :

Comme l’articulation de la dernière syllabe prononcée d’un mot phonétique nécessite de l’énergie
articulatoire, le voile du palais a besoin de temps pour s’abaisser quelle(s) que soi(en)t la (ou les)
consonne(s) finale(s) qui sui(ven)t. Sur les enregistrements acoustiques, on peut constater que le début
de la voyelle n’est pas réalisé nasal ; la nasalité n’apparaît qu’après quelques centièmes de seconde.
Aussi n’est-il pas étonnant que beaucoup d’apprenants perçoivent une diphtongue. Faire durer la
voyelle est la seule solution pour qu’elle puisse, dans ce contexte de tension articulatoire, être réalisée
nasale.

1.2.2.2. Les voyelles orales


On observe trois degrés de durée en fonction de la nature de la consonne qui suit la voyelle orale :
/’CV : (C) / lorsque (C) = / / seuls en finale et / /

Il s’agit des consonnes ultra-faibles par nature qui, de ce fait, en position faible opposent très peu de
résistance sur le plan temporel à l’énergie articulatoire de la voyelle qui les précède. Elles « sauvent
leur peau » en laissant toute latitude temporelle à la réalisation de la voyelle : c’est la durée vocalique
qui atteste de leur présence. L’oreille francophone comprend le message sans être obligée d’attendre la
réalisation de la consonne finale ; l’existence de la consonne est révélée par l’importance de la durée
vocalique.

/’CV.(C) / lorsque (C) = / b d g m n j /

Les consonnes concernées sont faibles par nature et sont toutes sonores :
– les occlusives sonores
– les deux nasales
– et la constrictive / j /.

/’CV(C) / lorsque (C) = et


Cet allongement est comparable à celui de la syllabe de type CV :
Les consonnes concernées sont fortes par nature :
– les occlusives sourdes
– les constrictives sourdes
– la latérale /l/ qui correspond d’un point de vue articulatoire à un mouvement énergique de la pointe
de la langue au niveau des alvéoles.

Ces consonnes ne laissent pas davantage de latitude temporelle à la voyelle qui les précède qu’elle
n’en dispose en structure ’CV.
Le rythme du français parlé inscrit son originalité dans la syllabation du mot phonétique et non pas
du mot lexical comme dans nombre de langues. L’énergie articulatoire prépare dans une tension
croissante l’articulation de la dernière syllabe prononcée du mot phonétique qui peut s’accompagner
d’un léger glissando. La signification de ce qui est perçu en contexte par l’oreille francophone repose
pour l’essentiel sur le nombre de syllabes et l’identification de la dernière syllabe. Ayant entendu en
situation de communication / - ’ : - ’ /, une francophone aura compris
« bonjour Madame » et répondra à la salutation, alors que / - - / restera incompréhensible
pour elle. De plus, la différence du nombre de syllabes entre mots phonétiques successifs, est très
rarement importante, le plus souvent très peu différente, voir égale, ce qui induit un équilibre rythmique
qui participe à l’harmonie du schéma prosodique du français.

1.2.2.3. Propositions de travail

a. Prise de conscience de la différence de durée pour une même syllabe selon qu’elle se situe en
position forte ou en position faible

Exercice

Dans les exemples qui suivent, distinguez la syllabe plus ou moins longue de la syllabe
brève.
Modèle : « elle part / il est parti »
La syllabe « par » est :
– très longue en finale de mot phonétique : « elle part »
– brève à l’intérieur du mot phonétique : « il est parti »

b. Prise de conscience de l’élasticité des durées vocaliques en dernière


syllabe prononcée de mot phonétique.
Exercice

Dans cet exercice, la lettre « A » indique une syllabe ouverte, la lettre « B », une syllabe
fermée ; les nombres 1, 2, 3 indiquent les trois degrés de durée vocalique en syllabe
accentuée.

Il en va ainsi pour les exemples qui suivent :

2. Modèles rythmiques de référence

Il s’agit de modèles dans le cadre de l’apprentissage qui représentent la


répartition temporelle des syllabes successives dans les mots phonétiques
sur l’axe du temps.

2.1. Rythmes de base


Ces six patrons rythmiques représentent la quasi totalité des réalisations
en français parlé dans le cadre du mot phonétique et non pas du mot
lexical. La variabilité est le fait du nombre de syllabes et des durées
« élastiques » en dernière syllabe en fonction de la structure syllabique.
L’appropriation de ces modèles rythmiques par l’apprenant est
d’importance parce qu’ils lui permettent d’apprendre à rythmer « à la
française » ce qu’il dit. Tout énoncé est rythmiquement structuré et il est
important d’en prendre conscience car il n’est pas perçu spontanément
comme tel.
Exercice

Chaque colonne ci-dessous de mots phonétiques comprend un nombre égal de syllabes


prononcées. Essayez par vous-même de reproduire l’équivalence du rythme pour tous les
exemples d’une même colonne :

Il s’agit d’un modèle pour l’acquisition ; aussi est-ce dans cet esprit que
nous qualifions de « rythmes binaires » des énoncés qui se composent de
deux mots phonétiques successifs et de « rythmes ternaires » des énoncés
qui se composent de trois mots phonétiques. Les mots phonétiques
successifs se composent respectivement, soit d’un nombre égal de syllabes,
soit d’un nombre inégal de syllabes.

2.2. Rythmes binaires

Voici quelques modèles :

2.2.1. Avec un nombre égal de syllabes prononcées


2.2.2. Avec une différence d’une seule syllabe prononcée
2.2.3. Avec une différence de plus d’une syllabe prononcée
Exercice :

Produisez les énoncés suivants en mettant en valeur les rythmes binaires selon le modèle :
« pourquoi hésiter ? »
« c’est grâce à eux »
« nous n’aimons pas les escargots »
« on pense y arriver »
« avec ou sans eux »
« à la recherche du bonheur »
« un plat et un dessert »
« le journal du soir »
« sur la chaîne publique »
« la science rassure »
« les carottes sont cuites »
« dans l’attente d’une réponse »
« oubliez vos soucis »
« essayez et vous verrez »
« personne n’est irremplaçable »
« une démarche élégante »
« il s’en mord les doigts »
« du mardi au samedi »
« un appartement au centre »
« elle est inscrite à la fac »

2.3. Rythmes ternaires

Voici quelques modèles :

2.3.1. Avec un nombre égal de syllabes prononcées


2.3.2. Avec une différence d’une seule syllabe prononcée
2.3.3. Avec une différence de plus d’une syllabe prononcée
2.3.4. Propositions de travail

Exercice

Mettez en valeur les rythmes ternaires selon le modèle.


Modèle :
« par beau temps la vue est imprenable »
« mettre son portable sur silencieux »
« n’oublie pas de poster le courrier »
« chaque jour je l’aime un peu plus »
« c’est ainsi qu’on peut y arriver »
« toujours pas de nouvelles des enfants »
« les festivals de l’été en Provence »
« la ville est réputée pour ses faïences »
« en dix minutes l’affaire a été réglée »
« on m’a dit qu’il manquait une signature »
« pouvez-vous m’indiquer la direction ? »
« nous sommes tous invités au mariage »
« revenez la semaine prochaine »
« ils arrivent par le train ce soir »
« j’adore conduire de nuit »

3. Originalité du rythme à la française

3.1. Variabilité de la vitesse d’élocution

Beaucoup d’apprenants estiment que les francophones « changent


constamment de vitesse d’élocution », ce qui leur donne l’impression
d’une absence de structuration et de rigueur au plan du rythme. Comme si
les francophones bénéficiaient dans leur langue d’une très grande liberté
d’interprétation à ce niveau, ce qui pose un problème pour établir un
modèle d’apprentissage. Réflexion faite, il est évident que l’absence
d’accent lexical empêche le retour plus ou moins régulier d’une syllabe
marquée « à l’oreille » comme dans beaucoup de langues.
L’apparent « laxisme » à ce niveau n’est que l’effet de l’équilibre
temporel entre mots phonétiques successifs ; comme chaque mot
phonétique revêt une égale importance, la vitesse d’élocution varie en
fonction du nombre de syllabes : plus rapide lorsque le nombre de syllabes
par mot phonétique augmente, plus lente lorsque le nombre de syllabes
diminue.

Suite à plusieurs études, il apparaît qu’en français parlé spontané la


différence du nombre de syllabes entre mots phonétiques successifs est :
– nulle dans 33 % des cas

Ce pourcentage de 33 % ne peut être le fruit du hasard. Il traduit la


tendance du français parlé à équilibrer si possible en nombre de syllabes
les mots phonétiques successifs, ce qui évite le changement de vitesse
d’élocution ; il ne s’agit pas pour autant d’un rythme comparable à de la
poésie ;
– d’une syllabe seulement dans 40 % des cas

Donc, dans plus des deux tiers des cas, la différence du nombre de
syllabes n’est au plus que d’une unité, ce qui permet de ne modifier qu’au
minimum la vitesse d’élocution ;
– de plus d’une syllabe dans les 27 % restant
C’est surtout dans ces cas que le changement de vitesse d’élocution est
sensible à l’oreille. Comme la tendance naturelle de l’apprenant est de
ralentir lorsque le nombre de syllabes augmente alors que le francophone
accélère, il importe de bien traiter cet aspect de la structuration du français
qui veut que l’unité rythmique de référence soit le mot phonétique.

Lorsque deux mots phonétiques se suivent, un équilibre temporel


s’établit entre eux :

Mais lorsque le nombre de syllabes est égal, la vitesse d’élocution ne


varie pas d’un mot phonétique à l’autre :
Dans le cadre du mot phonétique, la vitesse d’élocution augmente avec
le nombre de syllabes :
« j’aime »
« j’aime pas »
« j’aimais bien »
« j’aurais aimé »
« j’aurais bien aimé »

« Paris »
« à Paris »
« c’est à Paris »
« c’était à Paris »
« connaissez-vous Paris ? »

« Madame »
« chère Madame »
« c’est à Madame »
« c’était à Madame »
« n’était-ce pas à Madame ? »

« encore »
« pas encore »
« encore un peu »
« encore un peu plus »

« mardi »
« mardi soir »
« mardi matin »
« dès mardi matin »
« bonjour »
« un beau jour »
« un très beau jour »
« par une belle journée »
« par une très belle journée »

« sans toi »
« avec toi »
« pas avec toi »
« mais pas avec toi »

« en ville »
« dans la ville »
« pas dans la ville »
« surtout pas en ville »

« tu viens »
« tu viens pas »
« tu reviens pas »
« ils reviendront pas »

La prise de conscience de l’égale valeur temporelle de chacun des mots


phonétiques successifs est plus aisée lorsque le nombre de syllabes entre
mots phonétiques successifs est conséquent, comme dans les exemples
suivants.

Exercice

Entraînez-vous à varier la vitesse d’élocution en fonction du nombre de syllabes par mot


phonétique
« Jean m’a appelé »
« elle m’a dit : non »
« pars, mais dépêche-toi »
« c’est une bonne chose, tu crois ? »
« j’ai vu comme une apparition »
« mais où l’avez-vous déposé ? »
« nous y sommes allés sans lui »
« bien, mais pas davantage »
« exceptionnellement fermé »
« tout pour être heureux »
« les haricots noirs, j’aime »
« tout arrive à qui sait attendre »
« j’ai pris le premier train »
« n’attendez pas ici »
« une propriété privée »

3.2. L’équilibre rythmique entre mots phonétiques successifs

Dans le cadre du mot phonétique, l’originalité rythmique par rapport aux


langues à accent lexical réside dans le fait que l’élément moteur est
systématiquement final et qu’il engendre un ensemble d’habitudes
articulatoires et prosodiques répétitives qui répondent aux mêmes principes
de fonctionnement très peu nombreux. Il faut pouvoir acquérir une vue
d’ensemble de l’organisation et du fonctionnement de l’expression orale
qui permette de replacer chaque fait de prononciation forcément particulier
dans un ensemble d’habitudes articulatoires et acoustiques : nombre de
syllabes par mot, syllabation en fonction de la structuration syllabique,
tension articulatoire vers la dernière syllabe prononcée. Nombre de langues
fonctionnent avec un moteur à l’avant, le français avec un moteur à
l’arrière.

Illustration de la différence rythmique entre l’anglais et le français malgré l’apparente similarité


graphique

Exercices

a. Rythmez les énoncés suivants en deux, trois, quatre ou cinq mots phonétiques successifs.

« elle était belle comme la femme d’un autre »


« le manque de courage n’est qu’un manque de bon sens »
« un incendie est une rose sur la queue ouverte d’un paon » (Max Jacob)
« on change plus facilement de religion que de café » (Georges Courteline)
« j’utilise de plus en plus l’ordinateur »
« tout bonheur que la main n’atteint pas n’est qu’un rêve » (Joséphin Soulary)
« l’humanité roule toute entière sur l’amour et la faim » (Anatole France)
« on ne badine pas avec l’amour » (Alfred de Musset)
« les grandes idées ne sont pas charitables » (Henry de Montherlant)
« en amour être français c’est la moitié du chemin » (Paul Morand)
« l’amour c’est l’idée qu’on s’en fait » (Georges Courteline)
« les affaires sont les affaires » (Octave Mirbeau)
« je n’aime dans l’histoire que les anecdotes » (Prosper Mérimée)
« ici c’est bon mais c’est cher »
« elle va passer ses examens de fin d’études cette année »
« avant l’heure c’est pas l’heure, après l’heure c’est plus l’heure »
« le rythme du français parlé est original »
« les inclinations naissantes après tout ont des charmes inexplicables » (Molière)
« on n’aime que les femmes qu’on rend heureuses » (Marcel Achard)
« le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable » (Nicolas Boileau)

b. Répondez aux questions en mettant en valeur les mots phonétiques successifs qui les
composent selon l’un des trois modèles proposés.

Modèle 1 :
Q – « tu viendras demain matin ? »
R – « oui / je viendrai / demain matin » (3 mots phonétiques)
« non / je ne viendrai pas / demain matin »
Modèle 2 :
Q – « où peut-on acheter des journaux ? »
R – « on peut / aller / à la gare » (3 mots phonétiques)
/ au coin de la rue »
/ dans un tabac »
Modèle 3 :
Q – « j’aime bien la pizza à l’ail »
R – « et moi / je préfère / la pizza / au fromage » (4 mots phonétiques)
/ aux champignons »
/ au jambon »
« tu iras à la poste ? » (1)
« où trouver des légumes ? » (2)
« j’aime bien voyager en train » (3)
« tu pars en vacances ? » (1)
« où passer ses vacances ? » (2)
« j’aime bien visiter les musées » (3)
« tu viens à 10 heures ? » (1)
« où s’arrêter en route ? » (2)
« j’aime bien prendre une bière » (3)
« tu lui téléphoneras ? » (1)
« où trouver ce livre ? » (2)
« j’aime bien écouter de la musique classique » (3)

c. Sensibilisation à la dernière syllabe prononcée


Prononcez le mot phonétique proposé puis mettez-le au féminin ou au masculin selon le
cas.

« il est brésilien »
« elle est italienne »
« elle est chinoise »
« elle est belge »
« il est anglais »
« il est mexicain »
« elle est russe »
« il est tunisien »
« il est suédois »
« elle est suisse »
« il est espagnol »
« il est portugais »
« il est australien »
« elle est danoise »
« il est coréen »
« il est hongrois »
« elle est scandinave »
« il est finlandais »
« il est africain »
« elle est japonaise »
d. Déclamez à haute et intelligible voix les deux textes de Robert Desnos :

« J’ai tant rêvé de toi »


J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de
la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se croiser sur ma
poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des
années, je deviendrais une ombre sans doute.
Ô balances sentimentales.

« Pas vu ça »
Pas vu la comète
Pas vu la belle étoile
Pas vu tout ça

Pas vu la mer en flacon


Pas vu la montagne à l’envers
Pas vu tant que ça

Mais vu deux beaux yeux


Vu une belle bouche éclatante
Vu bien mieux que ça
4

Paradoxes
didactiques
La didactique prime même si les méthodes employées ou les arguments présentés peuvent sembler
curieux, pour ne pas dire plus, à ceux qui savent. Vous êtes surpris, surtout si vous êtes phonéticiens,
lorsqu’une enseignante vous dit qu’elle enseigne que dans « oi » il n’y a pas de / a / alors qu’en français
parlé cette graphie correspond à / wa /, car les élèves écriraient « à moa » et non pas « à moi ». Son
argumentation est parfaitement adaptée au contexte, le but étant d’apprendre à écrire : j’entends / wa /,
j’écris « oi » et ça marche.
Il en est de même pour l’apprentissage de l’oral à des étudiants dont le français n’est pas la langue
maternelle.

1. Non prégnance de la dernière syllabe

Dire à un francophone que dans « bonjour », c’est « jour » qui est la


syllabe la plus importante l’amène à vous rétorquer que c’est de loin
« bon » et non pas « jour » et il vous le démontre en insistant lourdement
sur la première syllabe pour vous en donner la preuve. Inutile d’insister,
vous comprenez que de toute façon vous avez tort !
Autrement dit, la dernière syllabe prononcée n’est en effet pas plus forte
à l’oreille que les précédentes, le plus souvent même c’est celle qui
s’accompagne de l’intensité acoustique la plus faible alors que la première
peut en effet s’accompagner d’une énergie acoustique bien plus grande.
En effet, la dernière syllabe n’est pas plus forte au plan acoustique que
les autres, alors que les syllabes accentuées dans la plupart des langues le
sont. Qui dit accent dit le plus souvent énergie acoustique plus ou moins
marquée. À ce titre, il est clair qu’on ne peut parler d’accent sur la dernière
syllabe prononcée en français.
« Et pourtant elle tourne ! »

1.1. Valeurs des paramètres acoustiques

Voici les résultats d’une étude sur les valeurs des paramètres
acoustiques – intensité, fréquence, temps – à partir d’enregistrements de
français parlé spontané.
a. Intensité acoustique
Dans 73 % des cas étudiés, cette syllabe n’est pas plus forte que les
précédentes : intensité égale dans 34 %, intensité moindre dans 39 % des
cas.
b. Variation de la fréquence fondamentale
Dans 44 % des cas, la fréquence ne varie pas au cours de la voyelle.
Les 56 % restant se répartissent en 45 % de glissando croissant ou
décroissant et 11 % de ruptures positives, très rarement négatives.
c. Durée
Dans plus de 90 % des cas, toutes choses égales par ailleurs, la dernière
syllabe prononcée est plus longue que les précédentes.
De plus, on n’observe une variation simultanée des trois paramètres –
augmentations de la durée et de l’intensité accompagnées d’un glissando –
que dans 17 % des cas. La variation simultanée de deux paramètres –
augmentation de la durée et glissando – ne représente que 32 % des cas. La
variation d’un seul paramètre – augmentation de la durée – correspond à
34 % des cas.
Il est clair qu’avec de tels résultats il est impensable de parler d’accent
d’intensité ou d’accent tonique !

1.2. Peut-on parler d’accent ?

Le mot « accent » d’un point de vue linguistique concerne la syllabe la


plus importante du point de vue de la communication. Dans la plupart des
langues, cet accent se manifeste en effet par une augmentation plus ou
moins importante de l’intensité acoustique et de ce fait on associe tout
naturellement les deux : accent = énergie acoustique. Or, en français, la
dernière syllabe est bien la syllabe la plus importante pour la
communication mais elle ne s’accompagne pas d’une augmentation de
l’intensité acoustique. Aussi d’un point de vue didactique, le mot
« accent » pose-t-il problème dans l’apprentissage du français en raison de
son lien quasi obligé dans la représentation des apprenants avec l’adjectif
« tonique » .
Des expériences de psychologie expérimentale (G. Allen, Speech
rhythm : its relation to performance universals and articulatory timing,
Journal of Phonetics, 1975, 3, 75-86) montrent que si l’on écoute, dans
certaines conditions, des pulsations de durée égale à intervalles égaux, une
pulsation sur deux par exemple étant plus intense, on perçoit des paires
trochaïques ( – ᴗ ) : c’est la pulsation la plus forte qui est perçue comme
initiale du groupe, mais si on allonge une pulsation sur deux sans en
augmenter ni l’intensité ni la fréquence, on perçoit des séquences de paires
ïambiques ( ᴗ – ) : c’est la pulsation la plus longue qui est perçue comme
finale du groupe. La dernière syllabe prononcée du mot phonétique est
effectivement statistiquement plus longue en français que la même syllabe
dans une autre position. Il ne s’agit pas d’un épiphénomène de la structure
rythmique du français mais de sa caractéristique fondamentale à ce niveau.
En effet, la tension articulatoire atteint son maximum sur la dernière
syllabe prononcée du mot phonétique et l’énergie ne peut être acoustique
mais articulatoire. Si, de façon générale, la syllabe accentuée régit le
rythme d’une langue parlée, la nature du regroupement des syllabes et les
rapports qui en résultent sont particuliers à chaque langue.
En français, d’un point de vue linguistique, la dernière syllabe
prononcée d’un mot phonétique est accentuée, mais d’un point de vue
didactique, c’est la nature de cet accent qui pose problème. Nous
proposons la dénomination « d’accent rythmique ».

2. Le leurre de la mise en relief

En écoutant parler français, ce n’est pas à l’évidence la dernière syllabe


prononcée qui paraît objectivement la plus importante mais bien davantage
la mise en relief qui peut concerner n’importe quel début de mot. Les
manifestations acoustiques de la mise en relief sont d’une autre nature que
celles de l’accent rythmique : l’intensité acoustique est nettement plus
importante, la fréquence est en rupture positive par rapport à ce qui
précède et la durée suite à l’énergie acoustique augmente en conséquence.
Du fait de sa proéminence au niveau auditif et de son influence mélodique
sur les syllabes suivantes, la mise en relief masque en quelque sorte la
présence de l’accent rythmique par nature moins intense au plan
acoustique.

(avec mise en relief)

Or la mise en relief ne supprime pas l’accent rythmique, elle ne le


remplace pas. Aussi les apprenants ont-ils tendance à considérer la mise en
relief comme l’accent du français, habitués qu’ils sont dans l’accent de leur
langue première à une augmentation de l’intensité et à une rupture
mélodique. De plus, il est difficile pour eux dans un premier temps, de
réaliser dans un même mot phonétique deux accents de natures aussi
différentes, à plus forte raison quand ils sont contigus.
Priorité doit être accordée à la dernière syllabe prononcée : il est inutile,
voire préjudiciable pour la communication d’insister sur le début d’un mot
si la dernière syllabe prononcée n’est pas prononcée avec une énergie
articulatoire suffisante. L’énergie articulatoire est en effet une constante de
l’accent rythmique, intensité acoustique et variations de la fréquence
n’intervenant que de façon très inégale.
La mise en relief ne s’enseigne pas ; elle s’acquiert d’autant plus
aisément que la compétence de communication opère en langue étrangère.
Mais elle ne doit pas empêcher la bonne articulation de l’accent rythmique
qui est un élément intrinsèque de la prononciation française : pas de salut
en dehors de la dernière syllabe !
Un excellent entraînement dans le cadre de l’apprentissage consiste à
faire reprendre par l’apprenant l’énoncé d’un natif, réalisé en contexte de
communication réelle avec sa courbe mélodique, le plus souvent très
marquée du fait de l’insistance et des convictions exprimées, sans la
reproduire mais en se focalisant principalement sur le glissando final.

(sans mise en relief)

Ceci peut paraître paradoxal ; mais apprendre ne consiste pas à répéter la


façon originale de ce qui a été dit, mais à « faire français ». Avez-vous vu
nager beaucoup de maîtres-nageurs lorsqu’ils apprennent à nager ? C’est
dire à quel point l’apprentissage de l’intonation en français ne peut être une
simple imitation de la « réalité » qui est multiple. De toute façon,
l’apprenant s’exprime de façon originale ; le plus souvent il « chante » trop
en parlant français, dans les premiers temps de l’apprentissage, en essayant
de reproduire une courbe mélodique trop complexe dans ses
représentations.

3. Relativité de l’intonation

Lorsque nous nous exprimons, nous ne parlons pas de manière


monotone mais avec des montées, des descentes et des suspensions dans
l’énoncé. Chaque mot phonétique possède une courbe intonative qui atteint
sur la dernière syllabe la fréquence la plus haute pour les courbes qui
montent et la fréquence la plus basse pour les courbes qui descendent :

Il existe en français différents types de structures intonatives :


déclaratives, interrogatives, impératives ou exclamatives, incises ou
intercalées pour l’essentiel.

3.1. Déclaratives

Elles peuvent être affirmatives ou négatives ; composées d’un seul mot


phonétique, elles reçoivent une intonation descendante, composées de plus
d’un mot phonétique, elles commencent par une intonation montante et se
terminent par une intonation descendante :

Remarque :
Ce schéma mélodique est à relativiser dans la mesure où nombre
d’énoncés déclaratifs sont réalisés en contexte avec une mélodie plate.

3.2. Interrogatives

• questions dont la réponse est « oui » ou « non » : l’intonation est


ascendante :

• questions introduites par un mot interrogatif : l’intonation est


descendante :

Remarque :
Mais l’intonation peut également ressembler à celle de la structure
déclarative.
3.3. Impératives ou exclamatives

Elles ne se limitent pas aux commandements mais également aux


invitations, aux demandes, aux suggestions, aux instructions et elles
reçoivent une intonation descendante :

Remarque :
Mais l’intonation peut également ressembler à celle de la structure
déclarative.

3.4. Incises ou intercalées

Le plus souvent le ton en suspens est à un niveau plus bas que


l’intonation des autres mots phonétiques :

En résumé :
Dans le cadre de l’apprentissage, il convient de rappeler que si variation
mélodique il y a, c’est sur la dernière syllabe prononcée que se réalise la
montée ou la descente mélodique la plus marquée, étant bien entendu que
la mise en relief qui bouleverse toute la courbe mélodique n’est pas prise
en compte dans le modèle d’apprentissage de base. L’importance de la
dernière syllabe se vérifie même en ce qui concerne l’intonation.

4. Indépendance de la dernière syllabe prononcée


d’un mot phonétique par rapport au mot du
dictionnaire

Si la dernière syllabe prononcée d’un mot lexical


comme « faculté » dans le mot phonétique « à la faculté » portait l’accent,
elle ne pourrait pas disparaître purement et simplement lors de la réduction
des mots en français comme dans « à la fac » . Même
si le plus souvent la dernière syllabe prononcée correspond à celle d’un
mot lexical, elle correspond en réalité à la fin d’un mot phonétique.
Bien que le phénomène s’accélère de nos jours, il est consigné dans le
dictionnaire depuis longtemps : la réduction de « kilogramme » en « kilo »
date de la fin du XVIIIe siècle, celle de « photographie » en « photo » de
1878, de « vélocipède » en « vélo » de 1890, de « métropolitain » en
« métro » de 1891, d’» automobile » en « auto » de 1897 et de
« microphone » en « micro » de 1930.
La réduction des mots s’observe sous trois formes :
– soit par troncation d’une ou plusieurs syllabes,
– soit sous forme de sigles ou d’acronymes,
– soit par amuïssement de voyelles et/ou de consonnes.

4.1. Réduction par troncation

La troncation est le plus souvent finale (= apocope), rarement initiale


(= aphérèse) comme par exemple dans « un autobus » → « un bus » ou
« un autocar » → « un car ».
• sans changement de la structure syllabique finale ouverte ou fermée

• avec changement de la structure syllabique finale

• avec modification de la voyelle finale


en raison du grand nombre de terminaisons vocaliques en / o / comme :

4.2. Sous forme de sigles ou d’acronymes

les sigles sont prononcés par les lettres initiales des mots concernés :

les acronymes sont prononcés comme un mot ordinaire :

4.3. Par amuïssement de voyelles et/ou de consonnes à l’intérieur du mot phonétique

Comment expliquer cette tendance à la réduction aux formes multiples,


qui transforme une syllabe inaccentuée d’un mot non réduit en une
accentuée finale et qui opère essentiellement dans le contexte du mot
phonétique et non pas du mot lexical comme le montre par exemple
l’amuïssement de la graphie « e » dans « au revoir » et non pas dans
« revoir » ?
Dans le cas de l’élision comme « tu as vu ? » → « t’as vu ? », on
invoque traditionnellement l’évitement du hiatus ! Le français en aurait
paraît-il horreur. Or nombreux sont les cas de voyelles successives en
français parlé :
« cent un » – « au hasard » – « le réel » – « en Bohème » – « aux
halles » – « un accordéon » – « un déodorant » – « j’en ai eu » – « sous le
hangar » – « il est dehors » – « il y a été » – « à Noël » – « t’as ouvert » –
« la météo » – « c’est à eux » – « une réaction » – « il a réussi » – « mon
pays » – « en haut » – « c’est aérien » – « j’ai honte ».
La cause du processus de réduction du nombre de syllabes par mot
phonétique est la nécessité d’arriver à la signification le plus rapidement
possible. Pour atteindre le plus vite possible la dernière syllabe du mot
phonétique indispensable à la communication en français, la réduction du
nombre de syllabes sans changement de sens est une restructuration d’une
grande efficacité pragmatique. La disparition d’une ou deux syllabes dans
un mot phonétique, soit quelques centièmes de seconde, peut paraître à
première vue négligeable. En réalité, il s’agit d’une économie de temps
importante qui réduit la durée du mot dans des proportions variables :

C’est ce qu’on appelle en économie une contrainte forte. L’oreille


francophone « attend » la dernière syllabe pour comprendre. Plus vite elle
sera satisfaite, plus efficace sera la communication. Toute stratégie
permettant d’arriver le plus rapidement possible à la dernière syllabe d’un
mot phonétique sera la bienvenue. Aussi les phénomènes de troncation, les
sigles, les acronymes, les chutes de voyelles ou de consonnes participent-
ils d’une même visée, celle de réduire au maximum sans modification de la
signification le temps d’accès au sens, d’une certaine façon le temps de
réaction !
Faire du « e » dit muet un cas particulier en français n’est pas conforme
à la réalité puisqu’il participe d’une tendance plus générale qui est la
marque essentielle de l’expression orale spontanée. Il s’agit d’une
manifestation de la loi du moindre effort qui combine une rentabilité
maximale – une quantité d’information maximale – à une dépense
d’énergie minimale – un minimum de syllabes par mot. En effet, un mot
comme « retard » par exemple dans « retard annoncé » sera prononcé en 2
syllabes / ’ta: /, la graphie « e » ne pouvant être muette, alors que
ce même mot dans le cadre d’un mot phonétique comme « en retard » perd
son indépendance / (R) ’ta:(R)/. Il en va de même pour nombre de mots
dont la voyelle de la première syllabe est un « e ».
La troncation, l’utilisation de sigles et d’acronymes, l’élision, le « e » dit
muet, la chute de consonnes finales de syllabe : tous procédés qui
participent d’une même visée d’économie temporelle maximale et qui
répondent à une stratégie de rentabilité du système en contexte.
Il convient néanmoins de rappeler que tous les mots ne se réduisent pas.
Il serait utile de s’intéresser à la question de savoir quels sont les mots qui
sont potentiellement concernés et ceux qui ne le sont pas et pourquoi. Nous
avons toujours été frappés par les indications sur les portes de magasins ou
d’administrations affichant « exceptionnellement fermé » qui ne réduisent
jamais ce long adverbe !

Exercices

a. Habituez-vous à la différence de prononciation du même mot 1) isolé et 2) placé à


l’intérieur d’un mot phonétique précédé d’une voyelle prononcée :
b. Habituez-vous à comprendre les réductions fréquentes utilisées dans le langage courant :
c. Habituez-vous à comprendre la signification des sigles ou acronymes qui sont
fréquemment utilisés dans le langage courant :
5

Habitudes
de prononciation
Elles sont essentiellement fonction de la position des syllabes dans le cadre du mot phonétique et des
sons dans le cadre de la syllabe. Nous savons reconnaître les trois positions syllabiques et les deux
positions consonantiques.

1. Positions vocaliques

Quelles sont les différences de prononciation pour une même voyelle


placée dans chacune des trois positions syllabiques ?

1.1. En position forte

1.1.1. L’ensemble des traits articulatoires et acoustiques

C’est dans cette position que nous avons présenté les sons du français
(2.3.1.). En dernière syllabe prononcée du mot phonétique, la voyelle ne
subit aucune influence du voisinage et se réalise avec l’ensemble de ses
traits articulatoires et acoustiques tels qu’ils sont décrits dans les manuels
de phonétique.
Les voyelles se regroupent en trois catégories en fonction de leur rôle
dans la société des sons du français :
• les voyelles nasales ;
• les voyelles orales à un timbre ;
• les voyelles orales à deux timbres.

1.1.2. Distribution complémentaire des voyelles d’aperture


moyenne

En prononçant les 20 consonnes suivantes de l’alphabet, on peut


constater qu’en fonction de leur appartenance à une syllabe fermée ou à
une syllabe ouverte, sur 11 occurrences en syllabe ouverte, 8 sont
prononcées e , et sur 9 occurrences en syllabe fermée, 7 sont
prononcées :
C’est en effet dans cette position que les timbres d’aperture moyenne
(voyelles dites à 2 timbres) sont en distribution complémentaire selon la
structure syllabique.

1.1.2.1. En syllabe ouverte CV ou V

Le timbre en syllabe ouverte est fermé, respectivement , ,


pour toutes les graphies
pour toutes les graphies

pour la conjonction « et », le mot « pied » et les graphies suivantes

Pour les autres graphies transcrites traditionnellement par l’évolution actuelle va vers le
timbre .
Autrement dit, les graphies :

sont prononcées en fonction du locuteur soit , soit sans que l’auditeur


francophone s’en aperçoive.

En résumé :
En syllabe accentuée ouverte, les habitudes de prononciation pour les voyelles / E /, / O / et / Œ / se
résument à peu de possibilités malgré la grande variété des graphies comme le montre le tableau
suivant :

Structure syllabique ’CV


Exercice

Les exemples suivants permettent de vérifier cette habitude de prononciation. Transcrivez


la dernière syllabe prononcée de chacun des deux mots phonétiques successifs.

« veuillez m’excuser »
« il fait chaud en été »
« tu peux parler »
« un feu dans la cheminée »
« à la queue s’il vous plaît »
« un pâtissier chocolatier »
« la moitié c’est assez »
« aussitôt après »
« un café au lait »
« il pleut toute la journée »
« plutôt en métro »
« un jeu de société »
« un pneu crevé »
« c’est vrai ou c’est faux ? »
« des œufs brouillés »
« les deux c’est parfait »
« à pied ou en auto »
« au dos du tableau »
« tu peux la trouver »
« ses yeux sont très beaux »

1.1.2.2. En syllabe fermée CV(C) ou V(C)

Le timbre en syllabe fermée est ouvert, respectivement , ,


→ + consonne prononcée pour toutes les graphies

→ + consonne prononcée pour toutes les graphies

→ + consonne prononcée pour toutes les graphies

La durée des trois voyelles + consonne prononcée, + consonne prononcée et


+ consonne prononcée varie en fonction de la nature de la consonne, comme nous l’avons
vu (3.1.2.), selon le modèle suivant :
Structure syllabique ’CV(C)

Exercice

Les exemples suivants permettent de constater cette habitude de prononciation.


Transcrivez la dernière syllabe prononcée de chacun des deux mots phonétiques successifs.

« le commerce extérieur »
« mes lunettes de soleil »
« elle est prof d’espagnol »
« un décor de fleurs »
« à neuf heures c’est ouvert »
« d’un orgueil sans pareil »
« un accueil extraordinaire »
« mon filleul a bon cœur »
« un appel au téléphone »
« une atmosphère de bonheur »
« un concert en plein air »
« un alcool très fort »
« une lettre à la poste »
« une feuille de tilleul »
« qu’il vienne tout à l’heure »
« j’aime le décor »
« un œil très clair »
« en automne ou en hiver »
« dehors ou à l’intérieur »
« sept au maximum »

1.1.3. Timbres et durées vocaliques en position forte

1.1.3.1. Différence de durée entre syllabes accentuées et syllabes inaccentuées

L’information naît du changement. Or, en français parlé, toutes les syllabes non finales de mot
phonétique sont prononcées brèves avec une durée sensiblement égale, ce qui peut donner l’impression
auditive que les Français « parlent comme des mitraillettes ». Il est en effet difficile de percevoir
spontanément les différences de durée en finale de mot phonétique bien que cette différence soit
importante au plan physique : la sensation croît en effet comme le logarithme de l’excitation.

La dernière syllabe prononcée d’un mot phonétique est longue du fait de sa « bonne articulation »,
mais les syllabes précédentes sont brèves :

Cette différence de durée entre syllabe accentuée et syllabes inaccentuées n’est pas figée, elle est au
contraire très élastique en fonction de la structure syllabique de la dernière syllabe.

1.1.3.2. Trois degrés d’allongement

En fonction de la nature de la consonne finale de mot phonétique, on observe trois degrés


d’allongement en syllabe de type ’CV(C) :

1. Premier degré de durée


– pour toutes les voyelles en syllabes finales de mot phonétique de type ’CV / ’C :

– pour les voyelles orales en syllabes finales de mot phonétique de type ’CV(C) lorsque la consonne
finale est une consonne sourde ou :
’CV(C)

’V(C)
Dans tous ces cas, l’accent «’ » suffit à noter le premier degré de durée ainsi que le glissando.

2. Deuxième degré de durée


Pour les voyelles orales en syllabes finales de mot phonétique de type ’CV(C) lorsque la consonne
finale est une occlusive sonore, une nasale ou :
’CV.(C)

’V.(C)

Dans tous ces cas, le point « . » placé après la voyelle note l’augmentation de la durée par rapport à
celle du premier degré.

3. Troisième degré de durée


– pour les voyelles orales en syllabes finales de mot phonétique de type ’CV(C) lorsque la consonne
finale est une constrictive sonore ou ainsi que v :
’CV (C)

’V :(C)
Sont également concernées les graphies « â », « ê », « aî » en syllabe accentuée ’CV(C).
La graphie « â » correspond à d’anciens / : / postérieurs : « un âne », « il est pâle », « à Pâques »

– pour toutes les voyelles nasales en syllabes finales de mot phonétique de type ’Cv (C) quelles
que soient les consonnes finales :
’Cv :(C)

’v :(C)

Dans tous ces cas, les deux points « : » placés après la voyelle notent la durée très marquée de la
voyelle.

Remarque :
Lorsque deux ou trois consonnes se retrouvent en position finale de syllabe, c’est la consonne la plus
forte par nature qui détermine la durée vocalique :
– premier degré de durée à cause de la présence de

– deuxième degré de durée à cause de la présence de


Tableau des timbres et durées des voyelles en position forte

Exercice

Comme on peut le constater dans le modèle suivant, à chaque voyelle en position forte
correspond une case (soit N = nasale, soit O = orale à un timbre, soit V = orale à deux timbres
et D correspondant à un degré de durée) du tableau ci-dessus :
Transcrivez les deux syllabes accentuées des exemples suivants en notant également le
numéro des cases correspondantes.

« un timbre pour l’Europe »


« à la cave ou au garage »
« elle habite au troisième »
« deux brèves et une longue »
« en Angleterre et en France »
« il blague tout le temps »
« en Amérique du Sud »
« un bon livre de lecture »
« j’ai cours à 8 heures »
« il neige en hiver »
« tu montes ou tu descends ? »
« je me promène tous les jours »
« une viande ou du poisson ? »
« la langue française »
« traduire toute la phrase »
« le code du travail »
« je la trouve charmante »
« de couleur beige »
« un coeur à prendre »
« le 13 et le 15 »
« une salade romaine »
« tu bouges sans cesse »
« du Maroc au Sénégal »
« bonjour tout le monde »
« prenez donc une chaise »
« je loge en ville »
« du lapin avec des nouilles »
« elle est forte en calcul »
« j’aime ses poèmes »
« en panne d’essence »

1.2. En position intermédiaire

Il s’agit des voyelles en dernière syllabe prononcée d’un mot lexical,


mot qui n’est pas en position finale d’un mot phonétique ; prenons comme
exemple la voyelle

dans « tu pleures »
elle est en position forte et se prononce avec un degré 3 de durée :
dans « tu pleures pas »
elle est en position intermédiaire et se prononce avec le même timbre
qu’en position forte mais elle est réalisée brève :
Autrement dit, la voyelle dans « pleures » conserve le même
timbre dans les deux positions, la différence porte sur la durée.

1.2.1. Comparaison entre positions fortes et positions


intermédiaires

1.2.2. Tableau récapitulatif des timbres vocaliques en position


intermédiaire
Remarque :
À partir des exemples suivants on peut constater que le timbre vocalique
des voyelles « accentuables » ne change pas même si la structure
syllabique se modifie :

• « encore elle ! » : le bien que dans


une structure CV conserve le timbre qu’il aurait dans le mot « encore » en
fin de mot phonétique ;
• « cher ami » : le bien que dans une
structure CV conserve le timbre qu’il aurait dans le mot « cher » en
position accentuée ;
• « leur amour » : le bien que
dans une structure CV conserve le timbre qu’il aurait dans le mot « leur »
en position accentuée.

1.3. En position faible

Il s’agit des voyelles prononcées non finales d’un mot lexical comme
par exemple :
« e » dans « l’erreur »
« en » et « e » dans « vendredi »
« au », « o » et « i » dans « l’autorité ».
Ces voyelles n’ont pas l’importance pour la communication :
– des voyelles accentuées – finales de mot phonétique – comme par
exemple « i » dans « vendredi » ;
– des voyelles accentuables – finales de mot lexical à l’intérieur d’un
mot phonétique – comme par exemple « i » dans « vendredi soir ».

1.3.1. Centralisation de l’articulation vocalique

On observe pour les voyelles en position faible une centralisation de


l’articulation : les voyelles ouvertes tendent à se fermer quelque peu et les
voyelles fermées à s’ouvrir quelque peu ; autrement dit, elles se
discriminent moins les unes des autres en raison de la moindre pertinence
de leur timbre dans cette position pour la compréhension.
Cette centralisation va jusqu’à la neutralisation de l’opposition des
timbres e - , - , - . En effet, l’oreille francophone
n’est plus sensible à une différence de timbre dans cette position. Aussi
proposons-nous de représenter la prononciation de ces voyelles par
respectivement / E /, / O / et / Π/, comme par exemple dans :

Cette neutralisation concerne également les monosyllabes


inaccentuables comme :
Les autres monosyllabes suivent la même tendance :

Pour les autres voyelles en position inaccentuable, nous proposons


également une transcription par les majuscules correspondantes, comme
par exemple :

Le tableau récapitulatif du timbre des voyelles en position faible se


réduit à dix voyelles semblables en syllabes ouvertes comme en syllabes
fermées :
/ à E- Õ I Y U A E O Œ /

1.3.2. Comparaison entre positions intermédiaires et positions


faibles

1.3.3. Tableau récapitulatif des timbres et durées vocaliques dans


les trois positions
Remarque :
Quelle que soit la voyelle prononcée dans n’importe quel mot
phonétique, une case (soit N = nasale, soit O = orale à un timbre, soit V
= orale à deux timbres et D, B, U correspondant à un degré de durée) de ce
tableau correspond à sa prononciation.

En résumé :
• En finale de mot phonétique :
Importantes variations de durées vocaliques et oppositions de timbres.
En syllabes de type ’CV, la durée vocalique de degré 1 est la
conséquence de la très « bonne articulation » de la syllabe accentuée.
En syllabes de type ’CV(C), la durée vocalique peut doubler ou tripler
selon la nature des consonnes finales ; avec les voyelles nasales, elle est
maximale.
• En finale de mot lexical à l’intérieur d’un mot phonétique
Oppositions de timbres maintenues malgré la brièveté de l’articulation
Les voyelles « accentuables », bien qu’elles conservent le timbre
qu’elles auraient sous l’accent, sont réalisées brèves : rien de plus difficile
pour l’apprenant que d’articuler « vite et bien ». Aussi, au début de
l’apprentissage de la prononciation du français est-il préférable d’assurer la
maîtrise du timbre vocalique adéquat en position accentuée.

• En syllabe non finale de mot lexical


Neutralisation de l’opposition de timbres en raison de la moindre
importance de cette syllabe
Les voyelles inaccentuables sont en position faible et subissent
l’influence des sons voisins. La langue n’a pas le temps d’atteindre la cible
habituelle des voyelles concernées. Aussi sont-elles soumises à une
centralisation et à une neutralisation de l’opposition de timbres.

Porter son attention sur la durée vocalique finale de mot phonétique


permet de « faire français » en favorisant la prononciation soutenue de la
voyelle accentuée. Prendre le temps d’articuler la syllabe accentuée revient
en fait à retarder le début du mot phonétique suivant. En période
d’apprentissage du français parlé, l’absence de précipitation à la fin de
chaque groupe rythmique favorise :
a. le relâchement des articulations consonantiques finales, et du / R / en
particulier, qui sont d’autant plus « retardées » que l’allongement de la
voyelle précédente est plus marqué,
b. et la réalisation du glissando au cours de la durée vocalique.

1.3.4. Propositions de travail

Elles concernent l’identification :


1. de la position syllabique
2. du timbre vocalique
3. de la durée vocalique
1. Identification de la position syllabique

Exercices

a. Précisez par A, B ou C la position de chaque syllabe qui compose un mot phonétique :


A = accentuée (forte)
B = accentuable (intermédiaire)
C = inaccentuable (faible)

« elle rêve » / « nous rêvons » / « ils rêvent pas » / « t’as rêvé »


« dormez » / « il dort peu » / « ils dorment » / « elles s’endorment »
« une affaire » / « faire vite » / « nous fermons » / « la fermeture »
« du beaujolais » / « il fait beau » / « il fait beau temps »
« éplucher des pommes de terre » / « du chocolat et des gâteaux »
« demandez le programme » / « reconnaissez-vous ces personnes ? »
« les voyages forment la jeunesse » / « la prononciation du français »

b. Indiquez par « X » la nature de la syllabe soulignée.

« j’aime »
« j’aimais bien »
« t’as bien mangé »
« t’as mangé chaud »
« en général »
« nous l’aidons »
« j’aide »
« un peu plus »
« un peu »
« un peuplier »
« regarde »
« au départ »
« prends-le »
« deux heures dix »
« à trois heures »
« le matin »
« lundi soir »
« tu ne restes pas »
« au restaurant »

2. Identification du timbre vocalique

Exercice

Les deux graphies soulignées correspondent soit à / E / soit à / Œ /. Notez par « 1 » la


première graphie soulignée, par « 2 » la seconde.

« mon métier »
« ce jeudi »
« ces œufs »
« et eux ? »
« messieurs »
« qu’est-ce que l’art ? »
« il le veut »
« un bon élève »
« une erreur »
« j’y étais »
« un verre à pied »
« ceux qui peuvent »
« j’essaye »
« je sais »
« t’es prévenu »
« secrètement »
« très mauvais »
« des yeux bleus »
« en premier »
« au deuxième »

3. Identification de la durée vocalique

Exercices

a. Indiquez le degré de durée vocalique de la dernière syllabe prononcée des noms de lieu
suivants :

« aux Indes »
« aux Caraïbes
« à Grenade »
« en Italie »
« à New York »
« au Vietnam »
« à Florence »
« en Écosse »
« à Reims »
« à Barcelone »
« au Portugal »
« à Venise »
« à Lisbonne »
« en Andorre »
« à Budapest »
« à Amsterdam »
« au Pays de Galles »
« en Finlande »
« à Palerme »
« à Berne »
« sur la Côte d’Azur »
« en Guyane »
« à Naples »
« au Groenland »
« dans les Landes »
« dans le Finistère »
« en Europe »
« en Espagne »
« en Pologne »
« en Suisse »
« à Vienne »
« à Berlin »
« en Hollande »
« en Autriche »
« à Copenhague »
« à Versailles
« en Afrique du Sud »
« à Toulouse »
« à Bordeaux »
« en Chine »

b. Dans la liste suivante, retrouvez les dix-sept exemples où la voyelle accentuée présente
un degré 3 de durée :
« à Londres »
« au Brésil »
« en Lorraine »
« en Corse »
« à Strasbourg »
« aux Baléares »
« à Pékin »
« en Gironde »
« à Gibraltar »
« à Chypre »
« en Ukraine »
« en Argentine »
« à Milan »
« au Japon »
« à Rome »
« au Caire »
« en Égypte »
« en Floride »
« en Norvège »
« à Valence »
« à Moscou »
« en Grèce »
« en Aquitaine »
« à Belgrade »
« en Provence »
« au Népal »
« en Suède »
« en Irlande »
« en Belgique »
« en Équateur »
« en Alsace »
« dans les Alpes »
« en Sardaigne »
« à Turin »
« en Nouvelle Zélande »
« au Siam »
« à Cannes »
« à Nice »
« en Islande »
« à Madrid »
« à Oslo »
« en Côte d’Ivoire »
« au Salvador »
« à Frankfort »
« en Alaska »
« en Russie »
« au Texas »
« aux Philippines »
« dans la capitale »
« en province »

2. Positions consonantiques

Dans le mot phonétique en français parlé, la consonne ou les consonnes


sont soit en position forte, soit en position faible.

2.1. Une seule consonne

2.1.1. Positions fortes

Pour être en position plus ou moins forte, toute consonne doit être en
initiale de syllabe :
• en bonne position : initiale de syllabes non finales de mot phonétique ;
• en position la plus forte : initiale de la dernière syllabe prononcée d’un
mot phonétique.
Les consonnes dites de liaison z , n et t sont
obligatoirement en position initiale de syllabe à l’oral, alors qu’à l’écrit
elles sont en finale de mot lexical ; il s’agit également d’une position plus
ou moins forte :

2.1.2. Positions faibles

Les consonnes en finale de syllabes sont en positions plus ou moins


faibles :
• en position faible : finale de syllabes non finales de mot phonétique ;
• en position très faible : finale de la dernière syllabe prononcée d’un
mot phonétique.
2.1.3. Reconnaissance des deux positions consonantiques

Exercice

Regroupez les consonnes des énoncés en fonction de leurs positions fortes ou faibles.

« dans deux ans »


« la vie urbaine »
« bonne année »
« à l’hôtel »
« tout sec »
« au hasard »
« un déficit »
« toujours seul »
« la syntaxe »
« un cours »
« ton canif »
« un écureuil »
« un papillon »
« à quel âge ? »
« par terre »

2.2. Plusieurs consonnes

Une succession de consonnes prononcées peut correspondre à des


graphies qui, à l’écrit, sont en contact comme :
« rd » dans « pardon »
« lt » dans « la culture »
« st » dans « au stade »
« tr » dans « un train »
« pl » dans « la place »
mais également à l’amuïssement d’une graphie vocalique – « e » le plus
souvent – comme :
« md » dans « sam(e)di »
« lp » dans « nous l(e) pouvons »
« vl » dans « les v(oi)là »
« pt » dans « p(eu)t-être pas »
« jn » dans « au déj(eu)ner »
« ms » dans « oui m(on)sieur »
« dc » dans « un méd(e)cin ».
Il faut savoir que les consonnes mises en contact vont s’influencer selon
des rapports de force bien établis de sorte que l’opposition sourde/sonore
d’une part,
d’autre part,
n’est pas phonétiquement maintenue. Les consonnes successives seront
réalisées :
• soit totalement sourdes ;
• soit totalement sonores :
– assimilation progressive de sonorité dans les groupes de consonnes,
– assimilation régressive de sonorité dans les suites de consonnes.
Ce qui importe, c’est de savoir si les consonnes successives forment un
groupe de consonnes dans une même syllabe ou s’il ne s’agit que d’une
suite de consonnes réparties dans deux syllabes successives.

2.2.1. Les groupes de consonnes

Ce sont les consonnes non concernées par l’opposition de sonorité qui


forment un groupe de consonnes avec les consonnes en opposition de
sonorité qui leur imposent leur caractère sourd ou sonore : assimilation
progressive de sonorité.

Il s’agit des groupes suivants :

mais aussi :
et encore :

Les groupes en initiale de syllabe sont en position forte et les consonnes


sont prononcées avec énergie. Même si la première consonne influence la
seconde au plan de la sonorité, la seconde est également bien prononcée.
L’important est de savoir si les groupes de consonnes sont articulés sourds
ou sonores.

Exercice

Les groupes suivants sont-ils réalisés sourds ou sonores ?


« aujourd’hui »
« un choix »
« un slip »
« la truite »
« la smala »
« tu crois ? »
« dix-huit »
« pas loin »
« le soir »
« en juin »
« c’est rien »
« un peu moins »
« il sera là »
« en fuite »
« en vrac »
« la vision »
« en confiance »
« en France »
« la glace »
« en cuisine »
« la diète »
« en classe »
« l’attelage »
« une tuile »
« des draps »
« à boire »
« la joie »
« un moucheron »
« à la suite »
« la poire »
« en place »
« pas de blague ! »
« les oies »
« un hongrois »
« la foire »
« la grappe »
« à la douane »
« tu vois ? »
« la coiffure »
« des fleurs »
« un buisson »
« un cloître »

Par contre en position finale de syllabe, les groupes de consonnes,


comme les suites d’ailleurs, sont en position faible et relâchés au plan
articulatoire. Les groupes de consonnes / gR / et / bl / par exemple sont en
position forte dans « c’est gras » et « en blanc » et en position faible dans
« c’est maigre » et « à table ».

2.2.2. Les suites de consonnes

Les consonnes sont réparties dans deux syllabes successives ; la


première est finale de syllabe – position faible – et la seconde est initiale de
syllabe – position forte. Aussi, contrairement à ce qui se produit pour les
groupes de consonnes, l’assimilation de sonorité est-elle régressive, la
consonne en position forte influençant celle qui est en position faible :
• suites de consonnes réalisées sonores
• suites de consonnes réalisées sourdes

L’assimilation régressive est une marque d’anticipation articulatoire qui


montre que la programmation au niveau cortical concerne le mot
phonétique dans son ensemble et non pas celle d’une simple succession de
syllabes.

Exercice

Notez par une croix les groupes sourds ou sonores ou les suites sourdes ou sonores :

« par orgueil »
« pour qui ? »
« pas d’gâteau »
« pas d’panique »
« en Belgique »
« au verso »
« ne sors pas »
« en juillet »
« peu d’pain »
« pousse-le »
« un class’ment »
« un boul’vard »
« une env’loppe »
« un buch’ron »
« au carr’four »
« des jarr’telles »
« la bett’rave »
« à la lot’rie »
« à d’main »
« un feuill’ton »
« une côt’lette »
« à cong’ler »
« merci »
« mardi »
« du pétrole »

2.2.3. Les nouveaux groupes de consonnes

Dans une suite de consonnes, les affinités phonétiques entre consonnes


au contact les unes des autres peuvent entraîner la formation de nouveaux
groupes de consonnes non traditionnels.
Dans « pas d’chance » par exemple la consonne en position
faible subit l’assimilation de sonorité de la consonne sourde en
position forte ; la suite qui en résulte est une affriquée au plan
phonétique : début occlusif suivi d’une constriction. Bien qu’il n’y ait pas
d’affriquées phonologiques en français actuel, elles sont nombreuses de
nos jours phonétiquement parlant et forment de nouveaux groupes de
consonnes de nature très différente des groupes traditionnels :
1. Les affriquées
2. L’inverse des affriquées
Il en va de même pour les suites à l’inverse des affriquées : début
constrictif suivi d’une occlusion.

3. Une des consonnes est labiale


Lorsque l’une des articulations consonantiques est labiale –
– les deux articulations ne sont pas successives
mais plus ou moins simultanées puisque l’une est articulée avec les lèvres
et l’autre avec la langue, ce qui peut donner l’impression auditive d’un
amalgame de consonnes, ce dont la transcription ne rend pas bien compte :
« un objet » O' . La quasi simultanéité dans le temps
des deux articulations est mieux représentée comme suit : O'
En effet, les deux lèvres se ferment pour / b / en même temps que la
langue articule / /.

2.2.4. Propositions de travail

Exercice

Prononcez les mots phonétiques suivants avec le plus petit nombre de syllabes possibles :

« à demain »
« un jus de goyave »
« en seconde »
« un jus de pomme »
« maintenant »
« un jus de fruit »
« en Allemagne »
« un jus de citron »
« au carrefour »
« un jus de groseilles »
« un abonnement »
« un jus de raisin »
« un avertissement »
« un jus de carotte »
« mercredi »
« un jus de tomate »
« samedi »
« un jus de mangue »
« un paquebot »
« un jus de poire »
La manière dont les exemples ci-dessous sont représentés permet de
prendre conscience de la superposition temporelle partielle de deux
consonnes, l’une étant labiale :
3. Acquisition des régularités

Le français parlé se caractérise par un petit nombre d’automatismes


articulatoires et rythmiques dont l’acquisition nous paraît primordiale lors
de l’apprentissage.

3.1. Première exigence

Privilégier le mot phonétique au détriment du mot du dictionnaire.


C’est en effet dans le cadre du mot phonétique que s’appliquent ce qu’il
est convenu d’appeler les « lois de position » du français parlé qui ne
souffrent aucune exception. Nous préférons employer le terme
« d’habitudes de prononciation », les habitudes étant des automatismes qui
ne font pas appel à la conscience et qui n’ont pas été imposés par des tiers
comme le sont les lois.
Prendre conscience par essais répétés de l’importance du mot
phonétique en français parlé est le point de départ d’un processus
d’acquisition optimal.
3.2. Deuxième exigence

Soigner la prononciation de la dernière syllabe de chaque mot


phonétique.
L’énergie n’est pas acoustique mais articulatoire. Aussi faut-il prendre le
temps de bien articuler cette syllabe en allongeant plus (degré 3 de durée)
ou moins (degré 1 de durée) la durée vocalique. Dans la bouche d’un
apprenant, la dernière syllabe prononcée n’est jamais trop longue ! Ce
n’est absolument pas une perte de temps ; c’est au contraire « faire
français » en assurant la compréhension de ce que l’on dit. Ceci est
d’autant plus vrai que les mots phonétiques sont courts. Comme
l’important se trouve à la fin du mot phonétique, il convient d’y parvenir le
plus rapidement possible, le petit nombre de syllabes par mot phonétique y
contribuant avantageusement. Il ne s’agit en aucun cas d’un rythme ou
d’un débit artificiels mais d’un moyen pour l’apprenant de satisfaire à cette
exigence du français parlé.

3.3. Troisième exigence

Maîtriser la structuration syllabique des mots phonétiques.


Le principe de base veut que, dans le cadre du mot phonétique, toute
consonne prononcée qui rencontre une voyelle prononcée forme
automatiquement syllabe avec elle, ce qui explique les faits dits
« de liaison » ou « d’enchaînement », la consonne étant en position forte en
initiale de syllabe ; alors qu’en finale de mot cette même consonne se
retrouve en position faible et donc bien souvent muette.

Lorsque deux consonnes se suivent : deux possibilités selon la nature


des consonnes en contact.
Toute consonne finale de syllabe est en position faible.

3.4. Quatrième exigence

Ne pas donner trop d’importance sur le plan articulatoire aux consonnes


finales de syllabe.
Ne pas confondre, du fait de l’écrit, la dernière syllabe prononcée d’un
mot phonétique et l’éventuelle consonne finale prononcée de cette même
syllabe.
Si la prononciation de la (ou des) consonne(s) en finale de syllabe ne fait
pas problème lorsque le mot écrit se termine par la graphie « e » qui
indique que la (ou les) consonne(s) qui précède(nt) se prononce(nt) –
« bonne route », « à table », « peu d’arbres » – , il n’en est pas de même
lorsque le mot écrit se termine par une ou deux consonnes non suivies de la
graphie « e » :
• s’il y a une consonne écrite, est-elle prononcée ou est-elle muette ?
« un bus » / « un abus »
• s’il y a deux consonnes écrites :
– sont-elles prononcées ou sont-elles muettes ?
« un direct » / « un aspect »
– ou laquelle des deux est seule prononcée : la première ou la seconde ?
« un cours » / « mon fils ».
Lorsque ces consonnes ne sont pas muettes, elles sont relâchées au plan
articulatoire et ce relâchement est en rapport avec la durée vocalique de la
voyelle qui précède ; sont donc le plus concernées par le relâchement
articulatoire :
– les consonnes suivantes lorsqu’elles sont seules en finale de mot
phonétique :

– toutes consonnes précédées d’une voyelle nasale en finale de mot


phonétique :

3.5. Cinquième exigence

Veiller à l’équilibre temporel entre mots phonétiques successifs qui


forment une séquence rythmique en utilisant les patrons rythmiques.
L’équilibre temporel interne à la séquence rythmique est une
manifestation de la syntaxe de l’oral et d’une programmation de la
séquence rythmique au niveau cortical. Nombre d’apprenants ont la
désagréable impression que nous, francophones, changeons constamment
de vitesse d’élocution sans raison apparente.

L’expression orale favorise statistiquement l’utilisation :


– soit d’un même nombre de syllabes prononcées par mots phonétiques
successifs :

ce qui engendre une même vitesse d’élocution pour l’ensemble de la


séquence rythmique ;
– soit d’une différence d’une seule syllabe :

ce qui modifie légèrement la vitesse d’élocution d’un mot phonétique à


l’autre. Mais contrairement à la tendance spontanée de tout apprenant, le
débit est plus lent pour le mot phonétique qui contient le moins de syllabes
prononcées et plus rapide pour celui qui en contient davantage ;
– soit d’une différence de plus d’une syllabe :
si la différence du nombre de syllabes prononcées entre mots
phonétiques successifs est plus importante, la différence du débit est très
marquée.
Dans un cas comme :

il n’est pas rare d’observer un allongement (=) ou une pause (=)


compensateurs qui permettent de donner un poids temporel à l’unité
composée d’une seule syllabe en l’occurrence.
Le mode croissant qui caractérise le français ne doit pas laisser croire à
l’apprenant que le rythme serait isosyllabique. L’impression d’égalité
syllabique ne concerne que les syllabes qui précèdent la dernière syllabe
prononcée d’un mot phonétique, la dernière étant par position plus ou
moins longue. De plus, lorsque la différence du nombre de syllabes entre
mots phonétiques successifs est grande, l’égalité n’est pas identique pour
les suites de syllabes concernées d’un mot phonétique à l’autre. Il s’agit
d’un aspect du codage de la hiérarchie syntaxique et de la fonction
grammaticale dans la structure temporelle.

En résumé
1. Schéma d’acquisition
La progression dans l’acquisition des habitudes de prononciation peut
être schématisée comme suit :
MOT PHONÉTIQUE

NOMBRE DE SYLLABES

DERNIÈRE SYLLABE PRONONCÉE

STRUCTURES SYLLABIQUES

LOIS DE POSITION

STRUCTURES RYTHMIQUES

2. Exemples de régularités
La numération est par exemple une bonne illustration d’un petit nombre
d’automatismes articulatoires et rythmiques :
– la prononciation des nombres isolés ;
– la numération avec un mot à initiale vocalique ;
– la numération avec un mot à initiale consonantique.
On observe que :
• pour la prononciation des nombres isolés les syllabes sont fermées sauf
pour 1, 2, 3, 20 et 100.
• pour la numération avec un mot à initiale vocalique, c’est une
consonne ou ou
qui forme toujours syllabe avec la voyelle initiale du mot ;
il s’agit toujours pour un nombre déterminé de la même consonne quelle
que soit la voyelle initiale du mot.
• Pour la numération avec un mot à initiale consonantique, les syllabes
sont fermées sauf pour 1, 2, 3, 6, 8, 10, 20 et 100 qui forment une syllabe
ouverte devant la consonne initiale du mot.

C’est ainsi que la syllabe de n’importe quel mot à initiale vocalique


commencera par :
La maîtrise de la prononciation des nombres passe par le comptage à
haute voix d’objets ou de personnes dont le nom commence soit par une
voyelle comme « euro » par exemple : 1 euro, 2 euros, 3 euros, etc., soit
par une consonne comme « dollar » : 1 dollar, 2 dollars, 3 dollars, etc.
Autres exemples : « auto », « » sou », « page », « homme », « point »,
« élève », « chien », « animal », « ami », « an », « ongle », « journal »,
« yaourt », « œuf », « jour », « habitant ».

Exercice

Après vous être assuré du nombre de syllabes, comptez à haute voix en un seul mot
phonétique les exemples suivants :

« 2 parents »
« 3 images »
« 13 personnes »
« 4 heures »
« 7 hôtesses »
« 5 années »
« 5 arabes »
« 3 chevaux »
« 12 poursuivants »
« 15 étudiants »
« 5 paniers »
« 6 tables »
« 2 outils »
« 1 éléphant »
« 1 sortie »
« 12 œufs »
« 8 timbres »
« 10 couverts »
« 9 chaises »
« 15 billets »
« 9 ans »
« 13 à table »
« 11 voitures »
« 8 hélicoptères »
« 13 habitants »
« 4 hommes »
« 16 invités »
« 8 canards »
« 4 chiens »
« 11 majorettes »
« 10 assiettes »
« 7 ours »
« 4 enfants »
« 14 heures »
« 7 points »
« 16 pages »
« 6 euros »
« 6 sièges »
« 1 oiseau »

3. Rappel des régularités principales


a. L’équilibre temporel entre mots phonétiques successifs :

b. L’accent rythmique tombe toujours sur la dernière syllabe prononcée


de chaque mot phonétique :
c. L’importance de la dernière syllabe prononcée de chaque mot
phonétique et des variations de durée :

d. Le nombre de syllabes prononcées par mot phonétique :

e. La structuration syllabique des mots phonétiques :

f. Les positions vocaliques et consonantiques :


vocaliques :

consonantiques :
Conseils
en guise de conclusion
Conditions d’enseignement des habitudes de prononciation
– La prononciation ne s’enseigne pas comme une matière mais comme une pratique, il s’agit plutôt
d’un accompagnement ;
– faire prendre conscience du fonctionnement de l’expression orale dans son ensemble – au
minimum le mot phonétique – ce qui permet à l’enseignant comme à l’apprenant de replacer chaque
nouveau cas dans un cadre connu ;
– faire prendre de « bonnes habitudes », surtout rythmiques, dès le début de l’apprentissage, c’est-à-
dire, aller à l’essentiel : le rythme, la dernière syllabe prononcée, la hiérarchie syllabique et pas tant la
mélodie comme dans les langues à accent lexical. En effet, des Brésiliens, par exemple, qui se font bien
comprendre par l’oreille francophone en réalisant un bon modèle rythmique, peuvent produire,
lorsqu’ils s’expriment en français, des mélodies régionales très diverses ;
– » faire de la phonétique » sans le dire à propos de tout et de rien, quand l’occasion se présente ;
– surtout ne pas vouloir tout « corriger », intervenir plutôt sur la fin qu’au début du mot phonétique ;
– arriver par tout moyen à convaincre les enseignants comme les apprenants des réalités phonétiques
qui ne frappent pas l’oreille : aspect psychologique sous la forme d’une prise de conscience par soi-
même.

Impératifs pour l’apprentissage


– » Bien parler », c’est avant tout « faire bonne impression » en ayant un rythme « à la française »
qui s’appuie sur l’énergie articulatoire et la durée syllabique finales ;
– suivre un modèle d’apprentissage de base, répétitif dans sa progression qui guide et rassure
l’apprenant ;
– ce n’est pas la précision de chacun des sons successifs qui importe mais un tout petit nombre de
paramètres redondants ;
– une progression non linéaire, qui repose essentiellement sur l’acquisition du rythme et d’une
« bonne prononciation » de la dernière syllabe prononcée des mots phonétiques ;
– la notion de progression en prononciation du français est liée à la maîtrise de plus en plus grande
du rythme.

Dans le contexte de communication, l’oreille francophone est essentiellement sensible pour la


compréhension au découpage en nombre de syllabes prononcées. La structure rythmique du français
parlé tend vers un équilibre temporel en privilégiant la dernière syllabe de chaque mot phonétique.
Bibliographie
• ALLEN G. (1975), Speech rythm : its relation to performance universals and articulatory timing,
Journal of Phonetics, 3, 75-86
• BOTHOREL A., SIMON P., WIOLAND F., ZERLING J.-P. (1986), Cinéradiographie des voyelles
et consonnes du français, Travaux de l’Institut de Phonétique de Strasbourg, 296
• MADELENI E. (2008), La phonétique au chevet de l’apprentissage du français parlé, site
« francparler.org » de la FIPF, 7
• MADELENI E. et PAGEL D. (2011), « Faire de la phonétique sans s’en rendre compte… », Le
français dans le monde, 377, 32-33
• PAGEL D. (1994), Perception du français prononcé par des étudiants brésiliens, Travaux de
l’Institut de Phonétique de Strasbourg, 24, 91-107
• PAGEL D. et WIOLAND F. (1991), Le français parlé. Pratique de la prononciation du français,
Editora da UFSC, Florianópolis, Brésil, 160
• PARK Y. M. (1989), Aspects syntaxique et rythmique de l’organisation prosodique des phrases en
français : étude acoustique des variables temporelles et mélodiques, Travaux de l’Institut de Phonétique
de Strasbourg, 21, 1-210
• WENK B. J. et WIOLAND F. (1982), Is French really syllable-timed ?, Journal of Phonetics, 10,
193-216
• WIOLAND F. (1985), Les structures syllabiques du français, Slatkine-Champion, 356
• WIOLAND F. (1991), Prononcer les mots du français. Des sons et des rythmes, coll. « F »
Autoformation, Paris, Hachette, 128
• WIOLAND F. (2000), Vers un modèle prosodique du français parlé ?, p. 13-19, article paru dans
GUIMBRETIÈRE É. Apprendre, enseigner, acquérir, la prosodie au cœur du débat, Publ. de
l’Université de Rouen-CNRS, coll. » Dyalang », Rouen
• WIOLAND F. (2005), La vie sociale des sons du français, Paris, L’Harmattan, 216
Corrigés des exercices
Exercice p. 15

Exercice p. 19

Exercice a. p. 20
Exercice b. p. 20

Exercice c. p. 21
Exercice p. 21

Exercice p. 22
Exercice p. 23

Exercice p. 24
Exercice p. 27

Exercice p. 31
Exercice p. 34

Exercice p. 34
Exercice p. 36

Exercice p. 37
a. Paroles d’amoureuses, Madeleine Chapsal
Les amoureuses / ne parlent pas / du moins / ce qu’on appelle / parler / elles murmurent / roucoulent /
chantonnent / inventent / créent / s’épanouissent.
b. Une gourmandise, Muriel Barbery
Un homme / qui pète / au lit / ma grand-mère / le disait / c’est un homme / qui aime la vie.
c. À propos de Florence et de l’Humanisme, Toscane, Guides Bleus Évasion, Hachette Livre
La grande conquête / de la Renaissance / reste / cette liberté / qui modifie / totalement / et / pour
plusieurs / générations / la vision / du monde / aussi bien / religieuse / qu’humaine / De réformes / en
contre-réformes / à son rythme / l’Église / s’y pliera / aussi / Mais / la véritable / vigueur / de cette
pensée / nouvelle / est donnée / par les artistes / La littérature / elle / tout occupée / à traduire / les
anciens / et à théoriser / brille / par son absence / Les grands poètes / sont morts / Ce sont / maintenant /
les grands peintres / sculpteurs / et architectes / qui prennent / leur relève / Mais / là encore /
l’humanisme / trouvera / ses limites / Car / même / si la peinture / fut / le fer de lance / des idées /
nouvelles /elle n’a guère / été comprise / de son temps / À la « réalité du monde » / qu’elle prétendait /
s’approprier / lui fut / bien vite / préférée / celle du rêve.

Exercice a, p. 38
Exercice b, p. 39
« sans parler / ’le / du reste » / ’ st /
« toujours / ’ / en avance » / ’v s/
« elles arrivent / ’ iv / bientôt » / ’to /
« j’ai rendez-vous / ’vu / à 3 heures » / ’z /
« j’ai dormi / ’mi / toute la nuit » / ’n i/
« vous connaissez / ’se / le code ? » / ’k d/
« nous voyageons / ’ / ensemble » / ’s bl /
« la semaine / ’sm n / dernière » / ’nj /
« du café / ’fe / ou du thé » / ’te /
« il semble / ’s bl / très fatigué » / ’ge /
« ouvrez / ’v e / s’il vous plaît » / ’p / ou / ’ple /
« je l’ai envoyé / ’je / par la poste » / ’p st /
« j’espère / ’p / y arriver » / ’ve /
« avec / ’v k / ou sans lui » / ’l i/
« du matin / ’t / au soir » / ’swa /
« dix euros / ’ o / cinquante » / ’k t/
« une photo / ’to / numérique » / ’ ik /
« une fille / ’fij / et deux garçons » / ’s /
« au paradis / ’di / des animaux » / ’mo /
« nous aimons / ’m / cet air » / ’t /
« j’arrive / ’ iv / tout de suite » / ’ts it /
« elle attend / ’t / son retour » / ’ /

Exercice a., p. 40
Exercice b., p. 41
Exercice c., p. 41

Exercice p. 45

Exercice p. 47
Exercice a., p. 69
Exercice b., p. 69

Exercice p. 78
Exercice p. 81
Exercice p. 84

Exercice a, p. 85
« elle était belle / comme la femme / d’un autre » 4 / 3 / 2
« le manque / de courage / n’est qu’un manque / de bon sens » 2 / 3 / 3 / 3
« un incendie / est une rose / sur la queue / ouverte / d’un paon » (Max Jacob) 4 / 3 / 3 / 2 / 2
« on change / plus facilement / de religion / que de café » (Georges Courteline) 2 / 4 / 4 / 3
« j’utilise / de plus en plus / l’ordinateur » 3 / 4 / 4
« tout bonheur / que la main / n’atteint pas / n’est qu’un rêve » (Joséphin Soulary) 3 / 3 / 3 / 3
« l’humanité / roule / toute entière / sur l’amour / et la faim » (Anatole France) 4 / 1 / 3 / 3 / 3
« on ne badine pas / avec l’amour » (Alfred de Musset) 4 / 4
« les grandes idées / ne sont pas / charitables » (Henry de Montherlant) 4 / 3 / 3
« en amour / êt(re) français / c’est la moitié / du chemin » (Paul Morand) 3 / 3 / 4 / 2
« l’amour / c’est l’idée / qu’on s’en fait » (Georges Courteline) 2 / 3 / 3
« les affaires / sont les affaires » (Octave Mirbeau) 3 / 4
« je n’aime / dans l’histoire / que les anecdotes » (Prosper Mérimée) 2 / 3 / 5
« ici / c’est bon / mais c’est cher » 2 / 2 / 3
« elle va passer / ses examens / de fin d’études / cette année » / 4 / 4 / 4 / 3
« avant l’heure / c’est pas l’heure / après l’heure / c’est plus l’heure » 3 / 3 / 3 / 3
« le rythme / du français parlé / est original » 2 / 5 / 5
« les inclinations / naissantes / après tout / ont des charmes / inexplicables » (Molière) 5 / 2 / 3 / 3 / 4
« on n’aime / que les femmes / qu’on rend heureuses » (Marcel Achard) 2 / 3 / 4
« le vrai / peut quelquefois / n’être pas / vraisemblable » (Nicolas Boileau) 2 / 4 / 3 / 3

Exercice d, p. 86
« J’ai tant / rêvé / de toi »
J’ai tant / rêvé / de toi / que tu perds / ta réalité
Est-il / encore temps / d’atteindre / ce corps vivant / et de baiser / sur cette bouche / la naissance / de
la voix / qui m’est chère ?
J’ai tant / rêvé / de toi / que mes bras / habitués / en étreignant/ ton ombre / à se croiser / sur ma
poitrine / ne se plieraient pas / au contour / de ton corps / peut-être
Et que / devant / l’apparence / réelle / de ce qui me hante / et me gouverne / depuis / des jours / et des
années / je deviendrais / une ombre / sans doute.
Ô / balances / sentimentales.

« Pas vu / ça »
Pas vu / la comète
Pas vu / la belle étoile
Pas vu / tout ça
Pas vu / la mer / en flacon
Pas vu / la montagne / à l’envers
Pas vu / tant que ça

Mais vu / deux beaux yeux


Vu / une belle bouche / éclatante
Vu / bien mieux / que ça

Exercice p. 104

Exercice p. 105
Exercice p. 109
Exercice a., p. 115
Exercice b., p. 115
« j’aime » (accentuée)
« j’aimais bien » (inaccentuable)
« t’as bien mangé » (accentuée)
« t’as mangé chaud » (accentuable)
« en général » (inaccentuable)
« nous l’aidons » (inaccentuable)
« j’aide » (accentuée)
« un peu plus » (accentuable)
« un peu » (accentuée)
« un peuplier » (inaccentuable)
« regarde » (inaccentuable)
« au départ » (inaccentuable)
« prends-le » (accentuée)
« deux heures dix » (accentuable)
« à trois heures » (accentuée)
« le matin » (inaccentuable)
« lundi soir » (accentuable)
« tu ne restes pas » (accentuable)
« au restaurant » (inaccentuable)
Exercice, p. 116
« mon métier » / E /, / e /
« ce jeudi » / Œ /, / Œ /
« ces œufs » / E /, / /
« et eux ? » / e /, / /
« messieurs » / E /, / /
« qu’est-ce que l’art ? » / / ou / e /, / Œ /
« il le veut » / /, / /
« un bon élève » / E /, / /
« une erreur » / E /, / /
« j’y étais » / E /, / / ou / e /
« un verre à pied » / /, / e /
« ceux qui peuvent » / /, / /
« j’essaye » / E /, / / ou / e /
« je sais » / Œ /, / / ou / e /
« t’es prévenu » / / ou / e /, / E /
« secrètement » / Œ /, / E /
« très mauvais » / / ou / e /, / / ou / e /
« des yeux bleus » / /, / /
« en premier » / Œ /, / e /
« au deuxième » / Œ /, / /

Exercice a., p. 117


Exercice b., p. 117
Exercice p. 119
Exercice p. 122
« aujourd’hui » (sonore)
« un choix » (sourd)
« un slip » (sourd)
« la truite » (sourd)
« la smala » (sourd)
« tu crois ? » (sourd)
« dix-huit » (sonore)
« pas loin » (sonore)
« le soir » (sourd)
« en juin » (sonore)
« c’est rien » (sonore)
« un peu moins » (sonore)
« il sera là » (sourd)
« en fuite » (sourd)
« en vrac » (sonore)
« la vision » (sonore)
« en confiance » (sourd)
« en France » (sourd)
« la glace » (sonore)
« en cuisine » (sourd)
« la diète » (sonore)
« en classe » (sourd)
« l’attelage » (sourd)
« une tuile » (sourd)
« des draps » (sonore)
« à boire » (sonore)
« la joie » (sonore)
« un moucheron » (sourd)
« à la suite » (sourd)
« la poire » (sourd)
« en place » (sourd)
« pas de blague ! » (sonore)
« les oies » (sonore)
« un hongrois » (sonore)
« la foire » (sourd)
« la grappe » (sonore)
« à la douane » (sonore)
« tu vois ? » (sonore)
« la coiffure » (sourd)
« des fleurs » (sourd)
« un buisson » (sonore)
« un cloître » (sourd)

Exercice p. 124
« par orgueil » (suite sonore)
« pour qui ? » (suite sourde)
« pas d’gâteau » (suite sonore)
« pas d’panique » (suite sourde)
« en Belgique » (suite sonore)
« au verso » (suite sourde)
« ne sors pas » (suite sourde)
« en juillet » (groupe sonore)
« peu d’pain » (suite sourde)
« pousse-le » (groupe sourd)
« un class’ment » (groupe sourd)
« un boul’vard » (suite sonore)
« une env’loppe » (groupe sonore)
« un buch’ron » (groupe sourd)
« au carr’four » (suite sourde)
« des jarr’telles » (suite sourde)
« la bett’rave » (groupe sourd)
« à la lot’rie » (groupe sourd)
« à d’main » (groupe sonore)
« un feuill’ton » (suite sourde)
« une côt’lette » (groupe sourd)
« à cong’ler » (groupe sonore)
« merci » (suite sourde)
« mardi » (suite sonore)
« du pétrole » (groupe sourd)

Exercice p. 126

Exercice p. 134

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