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Université de Franche-Comté

UFR STGI – Département Louis Néel

Master PROTEE 2ème Année

Réseaux électriques

Chapitre 5

IMPEDANCE DES LIGNES ET DES CABLES

Jean Marie Kauffmann


Professeur à l’Université de Franche-Comté

5-1-
Master 2 Réseaux Chap 5

Sommaire

1 Inductance d’une ligne 3


1.1 Inductance d’une boucle 3
1.2 Inductance et mutuelle d’un conducteur en présence d’un autre conducteur 4
1.3 Mise en parallèle de deux conducteurs – notion de distance géométrique 4
moyenne
1.4 Cas général 5
2 Inductance directe et inverse d’une ligne triphasée 6
3 Ligne à 4 conducteurs 7
4 Retour par la terre 8
5 Capacités des lignes 9
5.1 Capacité entre deux lignes 9
5.2 Système de deux conducteurs en présence du sol 10
5.3 Cas d’une ligne triphasée 11
5.4 Cas de deux ou plusieurs conducteurs en parallèles 13
6 Inductance et capacité d’un câble 14
6.1 Inductance d’un câble unipolaire 14
6.2 Capacité d’un câble coaxial 15
6.3 Capacité directe et inverse d’un câble coaxial triphasé 15
6.4 Capacité homoplaire d’un câble coaxial triphasé 16

5-2-
Impédance des lignes et des câbles

Nous nous proposons de déterminer dans ce chapitre, la réactance et la capacité d’une ligne. En dehors
des résultats pratiques, il est intéressant de noter la méthodologie utilisée pour le calcul des
inductances et des capacités.

1. Inductance d’une ligne

1.1. Inductance d’une boucle.

Nous considérons un conducteur cylindrique de rayon r et de longueur l. Le courant I revient par un


conducteur identique à une distance D12 du premier.

D12


r 1 x 2

Figure 5.1 Induction créée par une boucle de courant

Le flux à travers la boucle formée par les deux conducteurs se décompose en


- flux à travers l’air
- flux à travers chaque conducteur
Dans la mesure où la longueur l est suffisamment grande par rapport à la distance D12 nous pouvons
nous placer suivant une section droite et l’induction magnétique est dans un plan perpendiculaire aux
conducteurs. Le champ magnétique dû au conducteur 1 se calcule facilement à l’aide du théorème
d’Ampère, compte tenu de la symétrie de révolution.
r r µ I
∫ H ⋅ d l = ∫ H ⋅ dl =H ⋅ 2πx = I soit B= 0
2πx
Le flux à travers la boucle de longueur l est donné par
µ Il D12 − r dx µ 0 Il D12 − r
Φ e = ∫rD12 − r B( x )ldx = 0 ⌠ ⎮ = ln
2π ⌡r x 2π r
Le deuxième conducteur contribue pour la même valeur et en négligeant le rayon r devant D12
l’inductance extérieure vaut
µl D
L e = 0 ln 12
π r
Pour calculer le flux à l’intérieur des conducteurs, il faudrait revenir à une définition pondérée du flux.
Il est plus simple de passer par l’énergie magnétique. On suppose que la distribution de courant est
uniforme dans le conducteur.
r 2
1 1 µ⌠ ⎡ I ⎤ µlI 2 r 3 µlI 2
We L i I 2 = ∫∫∫ µH 2 dτ = ⎮ ⎢ x l 2 πxdx = ∫ x dx =
2 2 2 ⌡0 ⎣ 2πr 2 ⎥⎦ 4πr 4 0
16π
En effet le théorème d’Ampère le long d’une courbe à l’intérieur d’un conducteur s’écrit
πx 2
H ⋅ 2πx = I 2
πr
µ
On en déduit que L i = l et que l’inductance totale est

µ l⎡ D µ ⎤ µ l D
L = L e + 2L i = 0 ⎢ln 12 + r ⎥ = 0 ln 12
π ⎣ r 4⎦ π R GM
µr
− µr r
RGM est le rayon géométrique moyen défini par R GM = r ⋅ e 4 ou = ln
4 R GM
En général µr = 1 et RGM = 0,778 r

5-3-
Master 2 Réseaux Chap 5

Par analogie avec l’expression de l’inductance extérieure, nous pouvons considérer que le rayon
géométrique moyen est le rayon d’un conducteur creux qui aurait même inductance que le conducteur
plein.

1.2. Inductance et mutuelle d’un conducteur en présence d’un autre conducteur.

Si la notion de mutuelle entre deux conducteurs a un sens, il n’en est pas de même de l’inductance
propre. Elle n’a de sens que si le conducteur est intégré dans un ensemble permettant le retour du
courant.

l dl2
r12

dl1

D12
1 2
Figure 5.2 Calcul de la mutuelle entre deux conducteurs

L’inductance de la bobine considérée comme l’association de deux circuits s’écrit :


L = L1 + L2 - 2M = 2(L - M)
M peut être calculé par le théorème de Neumann.
µ0 ⎡ + l2 ⎤
l
µ 0 ⌠ ⌠ dx ⋅ dy µ 0 ⌠ ⌠ l + D12
l
dx ⋅ dy
2
M= ⎮ ⎮ = ⎮ = ⎢ 2l − 2 D12 + l + 2l ln
2 2

4π ⌡1 ⌡2 r 4π ⌡0 ⎮⌡0 D122
+ ( x − y) 2 4π ⎢⎣ D12 ⎥

Si nous supposons que la distance entre les deux conducteurs est très faible devant la longueur des
conducteurs, on peut faire un développement limité et le terme principal vaut :
µ 2l µ 2l
M = 0 l ⋅ ln soit L = 0 l ⋅ ln
2π D12 2π R GM
Il est clair que ces expressions doivent être maniées avec précaution et surtout pas pour un conducteur
isolé, car le problème n’a pas de sens.

1.3. Mise en parallèle de deux conducteurs - notion de distance géométrique moyenne.

Les conducteurs 2 et 3 sont identiques et en parallèles. Nous exprimons les relations sur les courants et
les tensions.
⎡ ∆V1 ⎤ ⎡ Z1 Z12 Z13 ⎤ ⎡ I1 ⎤
I1 + I 2 + I3 = 0 et ⎢∆V ⎥ = ⎢ Z ⎥⎢ ⎥
⎢ 2 ⎥ ⎢ 12 Z 2 Z 23 ⎥ ⎢I 2 ⎥
⎢⎣ ∆V3 ⎥⎦ ⎢⎣ Z13 Z 23 Z3 ⎥⎦ ⎢⎣ I 3 ⎥⎦ 2
RGM’ ⊗
D23
D13

D12
1 ⊗
RGM’ 3
. RGM
Figure 5.3 Retour du courant par deux conducteurs en parallèle
∆V représente la chute de tension aux bornes du conducteur. Toutes les grandeurs sont exprimées sous
forme complexe.

5-4-
Impédance des lignes et des câbles

µ 0l 2l µ l 2l µ 0 l 2l
Z1 = R 1 + jω ln ; Z 2 = Z3 = R 2 + jω 0 ln ; Zij = jω ln
2π R GM 2π R GM ' 2π D ij
Les conducteurs 2 et 3 sont en parallèles donc
∆V2 − ∆V3 = 0 = ( Z12 − Z13) I1 + ( Z 2 − Z 23 )(I 2 − I3 )
et on en déduit les courants I2 et I3.
I Z − Z13 I1 I Z − Z13 I1
I 2 = − 1 − 12 et I3 = − 1 + 12
2 Z 2 − Z 23 2 2 Z 2 − Z 23 2
Nous calculons la chute de tension dans la boucle en fonction de I1.

⎧ Z − Z 2 ( Z12 − Z 2 )( Z12 − Z13 ) Z13 − Z 23 ( Z13 − Z 23 )( Z12 − Z13 ) ⎫


∆V1 − ∆V2 = ⎨Z1 − Z12 − 12 − − + ⎬I1
⎩ 2 2( Z 2 − Z 23 ) 2 2( Z 2 − Z 23 ) ⎭
soit en ordonnant
⎧ Z 2 + Z 23 ( Z13 − Z 23 ) 2 ⎫
⎪Z1 − Z12 − Z13 + − ⎪
∆V1 − ∆V2 = ⎨ 2 2( Z 2 − Z 23 ⎬I1
⎪ ⎪
⎩ ⎭
L’impédance Z se met sous la forme suivante compte tenu des expressions des différentes impédances
élémentaires.
D13 2
(ln )
µ 0l 2l R 1 µ l ( 2l ) µ l ( 2l ) 2 2
1 µ0l D12
Z = R 1 + jω ln + 2 + jω 0 ln − jω 0 ln −
2π R GM 2 2 2π R GM '⋅D 23 2π D12 ⋅ D13 2 2π D
ln 23
R GM '
Si D12 est peu différent de D13 , c’est à dire si les conducteurs 2 et 3 sont très proches et éloignés de 1,
le dernier terme est négligeable.
Ainsi tout se passe comme si on avait remplacé les deux conducteurs en parallèles par un seul ayant un
rayon géométrique équivalent et à une distance de 1 appelée distance géométrique moyenne DGM.

R GMe = R GM '⋅D 23 D GM = D12 ⋅ D13

Cette notion de rayon et distance géométriques moyennes peut être généralisée à un nombre
quelconque de conducteurs.

1.4. Cas général.

Un conducteur unique est formé de n conducteurs élémentaires en parallèles.

i
1 D’ij j RGMe

n
1
1
⎛ n
⎞ n2 ⎛ n n ⎞ n2
R GMe = ⎜⎜ ∏R GMi D'i1 D'i 2 .....D'in ⎟⎟ =⎜ ∏R ∏ D'ij ⎟
⎜ GMi ⎟
⎝ i ⎠ ⎝ i j≠i ⎠

1
Dij
i m
n j

5-5-
Master 2 Réseaux Chap 5

1
⎛ n m
⎞ nm
D GM == ⎜⎜

∏∏
1 1
D ij ⎟⎟

Exemple :
1

( ) ⎛ 2R GM ⎞4
1
R GMe = R GM ⋅ a ⋅ a 2 ⋅ a 4 = a ⎜⎜ ⎟

⎝ a ⎠
a
R GM
si = 0,1 R GMe = 0,61a = 6,1R GM
a

Pour des conducteurs jointifs, on aurait


2R GM
a = 2r = 2,57 R GM et R GMe = 0,861a = 2,21R GM
0, tt8
Le conducteur unique aurait un rayon égal à 2,845r alors que celui de même surface a un rayon r’ = 2r.
Cette disposition permet d’augmenter le RGM et de diminuer l’inductance.

n 1 7 19 37 61 ∞
RGM/r 0,778 0,724 0,759 0,769 0,771 0,778
r
Formulation extraite de Kimbark
A = n( 2a ) 2
n 1 7 19 37 169
a RGM/ 0,389 0,411 0,434 0,442 0,447
A
Le cas de matériaux composites se traite de la même manière, en particulier si un conducteur (souvent
âme centrale) est magnétique.

2. Inductances directe et inverse d’une ligne triphasée.

Les trois conducteurs sont identiques et on exprime les flux en fonction des courants. On applique
ensuite la transformation de Fortescue.
Ib

Ia Dab RGM

RGM
Dbc
Dac

RGM
Ic
Figure 5.4 Ligne triphasée
⎡Φ a ⎤ ⎡ L M ab M ac ⎤ ⎡ I a ⎤
⎢Φ ⎥ = ⎢ M L M bc ⎥⎥ ⎢⎢I b ⎥⎥
⎢ b ⎥ ⎢ ab
⎢⎣ Φ c ⎥⎦ ⎢⎣ M ac M bc L ⎥⎦ ⎢⎣ I c ⎥⎦

Note : Pour des questions de typographie on note L au lieu de L et M au lieu de M.


Les valeurs calculées en 1.2. sont applicables si la somme des courants est nulle. L’homopolaire n’a
pas de sens.
5-6-
Impédance des lignes et des câbles

⎡Φ 0 ⎤ ⎡1 1 1 ⎤⎡ L M ab M ac ⎤ ⎡1 1 1 ⎤ ⎡I0 ⎤
⎢Φ ⎥ = 1 ⎢1 a a 2 ⎥⎥ ⎢⎢M ab L M bc ⎥⎥ ⎢⎢1 a 2 a ⎥⎥ ⎢⎢I d ⎥⎥
⎢ d⎥ 3 ⎢
⎢⎣ Φ i ⎥⎦ ⎢⎣1 a 2 a ⎥⎦ ⎢⎣ M ac M bc L ⎥⎦ ⎢⎣1 a a 2 ⎥⎦ ⎢⎣ I i ⎥⎦
soit
⎡Φ 0 ⎤ ⎡3L + 2M ab + 2M ac + 2M bc − a 2 M ab − aM ac − M bc − aM ab − a 2 M ac − M bc ⎤ ⎡I 0 ⎤
⎢Φ ⎥ = 1 ⎢ − a 2 M − aM − M 3L − M ab − M bc − M ac

2a 2 M ab + 2aM ac + 2M bc ⎥ ⎢⎢I d ⎥⎥
⎢ d⎥ 3⎢ ab ac bc
⎢⎣ Φ i ⎥⎦ ⎢ − aM − a 2 M − M 2a 2 M ab + 2aM ac + 2M bc 3L − M ab − M bc − M ac ⎥⎦ ⎢⎣ I i ⎥⎦
⎣ ab ac bc

Nous notons que la matrice n’est diagonale que si Mab = Mbc = Mac. Les dispositions géométriques des
fils ne permettent pas toujours de l’obtenir. Aussi, on transpose les fils régulièrement sur la longueur
totale de la ligne et en valeur moyenne les mutuelles sont égales et on retrouve un système de
constitution symétrique.
Les inductances directe et inverse sont toujours égales.
1 µ 0 l (2l ) D ab D bc D ac
3
L d = Li = ln
3 2π R GM 3 2l 2l 2l
soit en introduisant la distance géométrique moyenne D GM = 3 D ab D bc D ca
µ 0l D GM
Ld = Li = ln
2π R GM
ou en valeurs numériques
D
L d = L i = 0,2ln GM mH / km
R GM
Ainsi une ligne d’impédance 0,42 Ω/km correspond à un rapport DGM / RGM = 800.

3. Ligne à 4 conducteurs

Nous utilisons la même technique que précédemment et nous exprimons les flux en fonction des
courants.
⎡ Φa ⎤ ⎡ L M ab M ac M aN ⎤ ⎡ I a ⎤ IN
⎢Φ ⎥ ⎢M L M bc M bN ⎥⎥ ⎢⎢ I b ⎥⎥
⎢ b ⎥ = ⎢ ab
⎢ Φ c ⎥ ⎢ M ac M bc L M cN ⎥ ⎢ I c ⎥ DbN
⎢ ⎥ ⎢ ⎥⎢ ⎥
⎣Φ N ⎦ ⎣M aN M bN M cN L N ⎦ ⎣I N ⎦ DaN
DcN Ib

Ia Dab RGM

RGM
Dbc
Dac

RGM
Ic
Figure 5.5 Ligne triphasée avec retour du courant par une ligne neutre
Si les courants Ia, Ib et Ic forment un système équilibré direct ou inverse, le courant IN est nul et tout se
passe comme si ce fil n’existait pas. On retrouve pour Ld et Li la valeur précédente. Si par contre les
courants sont identiques, la composante homopolaire existe et on obtient avec
Ia = Ib = Ic = I0 et IN = -3I0
Φ 0 = [3L + 2M ab + 2M ac + 2M bc − 3M aN − 3M bN − 3M cN ]I 0
1
3
soit

5-7-
Master 2 Réseaux Chap 5

µl
L 0 = 0 ln
2l (2l )2 D aN D bN D cN µl
soit L 0 = 0 ln
D GM N
3

2π R GM (
3
D ab D bc D ac )2
(2l )3
2π R GM ⋅ D GM 2
Cette expression a un sens et ne fait plus intervenir la longueur l sous le logarithme.

Une autre approche est envisageable pour arriver au même résultat. Considérons deux lignes bifilaires.
L’inductance propre de la première ligne est :
µ l Da b
L1 = L a1 + L b1 − 2M a1b1 = 0 ln 1 1
2π R GM1
Le flux envoyé par la ligne 1 dans 2 se décompose en 4 termes .
µl 2l D b 1 a 2 2l D a 1 b 2
M12 = M a 1a 2 − M b1a 2 + M b1b 2 − M a 1b 2 = 0 ln
2π D a 1a 2 2l D b1b 2 2l

µ0l D b1a 2 ⋅ D a 1 b 2
soit M12 = ln
π D a 1a 2 ⋅ D b1 b 2

a1 M a1a 2

I1 a2
I2

-I1
b1 -I2
b2
Figure 5.6 Autre approche pour une ligne 4 fils

Supposons que a1 et a2 soient confondus en a. Dans ce cas la mutuelle vaut :


µl D b1a 2 ⋅ D a1b2
M12 = 0 ln
π R GM1 ⋅ D b1b2
Ainsi, on peut définir des inductances et des mutuelles du conducteur a en présence du neutre N.
µ l D µl D aN ⋅ D bN
L aN = 0 ln aN M ab = 0 ln
2π R GMa π R GMN ⋅ D ab

4. Retour par la terre.

Lorsque le courant revient par la terre, l’expérience montre que la terre est équivalente à un conducteur
de retour placé profondément dans le sol à une distance qui varie avec la nature du sol, la disposition
des prises de terre, la distance des deux extrémités et la fréquence des courants. Il est pratiquement
impossible de définir les dimensions du conducteur et la profondeur et on a abandonné la notion de
conducteur fictif à une distance déterminée.

D’après l’hypothèse de Carson et Pollaczek, le sol est assimilé à un conducteur s’étendant


indéfiniment dans un plan fictif parallèle à la surface du sol et placé à la profondeur de pénétration
complexe hm.
π
1 1 −j 1
hm = = e 4 = (1 − j)
jµ 0 σω µ 0 σω 2µ 0 σω
σ (en S/m) est la conductivité du sol.

5-8-
Impédance des lignes et des câbles

La partie réelle permet de calculer l’inductance et la partie imaginaire, la résistance du conducteur


équivalent à la terre. Cette expression conduit à des expressions compatibles avec l’expérience. On
montre ainsi que l’inductance d’un fil et la mutuelle entre deux fils, en présence du sol sont
µ l 2h µ l 2h
L= 0 ln m et M ab = 0 ln m
2π R GM 2π D ab
Dans ces expressions on néglige la hauteur du fil par rapport au sol, ce qui est tout à fait acceptable.
En effet, comme on peut le voir dans le tableau ci-après, les valeurs de hm sont fortes même pour des
sols très conducteurs. Nous nous plaçons à 50 Hz
1 103
hm = = ρ ≈ 50 ρ
4π ⋅ 10 −7 ⋅ σ ⋅ 100π 2π 10
ρ (Ω.m) hm (m)
terre argileuse, 20% d’eau en volume 33 287
terre argileuse, 40% d’eau en volume 8 141
sable avec 9% d’eau en volume 130 570
terre des champs 33 à 106 287 à 50000
granit 103 1580
grès 100 500
ardoises - schistes 2000 2230
Ces valeurs dépendent essentiellement de l’index pluviométrique.

Les inductances directe et inverse ne sont pas modifiées mais l’inductance homopolaire est donnée par
l’expression suivante.
3µ l 2h m
L 0 = 0 ln
2π 3
R ⋅D
2
GM GM

L’impédance Z0 =R+ jL0 ω se décompose en deux termes en considérant la profondeur complexe.


⎡ πω µ 2h m ⎤
Z0 = R + 3⎢ 10 − 7 + jω 0 ln ⎥Ω / m
⎢ 2 2π 3 R ⋅ D 2 ⎥
⎣ GM GM ⎦

⎡ πω 2h m ⎤
ou Z0 = R + 3⎢ 10 −1 + jω ⋅ 0,2 ⋅ ln ⎥ mΩ / km
⎢ 2 3 2 ⎥
R GM ⋅ D GM ⎦

La résistance du sol est obtenue en calculant
µ l ⎛ −j ⎞
π
πω
3 jω 0 ln⎜ e 4 ⎟ = 3 10 −7
2π ⎜⎝ ⎟
⎠ 2
Cette résistance est indépendante de la résistivité du sol. Le courant prend la place qui lui est
nécessaire. Signalons également que le courant suit un trajet parallèle à la ligne avec toutes ses
sinuosités.

5. Capacités des lignes

5.1. Capacité entre deux lignes.

Comme dans le calcul des inductances, nous allons d’abord considérer deux conducteurs de longueur l
portant les charges λ et -λ par unité de longueur.

5-9-
Master 2 Réseaux Chap 5

l/2
M dz

0 r
a

r1
r2
-l/2 P

Figure 5.7 Potentiel créé par deux conducteurs linéiques chargés

Considérons un élément dz en M d’abscisse z portant la charge λdz ; le potentiel créé au point P à la


distance r de M s’écrit.
λdz 1
dV =
4πε0 r
Si on note a la distance du plan perpendiculaire aux conducteurs et incluant P, on peut exprimer la
distance r1 en fonction de z et a. Le potentiel en P créé par les deux tronçons de lignes est donné par
l’expression suivante.
⎧ l ⎫
⌠2 l
λ ⎪⎪⎮ dz ⌠2 dz ⎪

VP = ⎨ −⎮ ⎬
4πε 0 ⎪⎮ ( z + a ) + r1 ⌡− (z + a ) 2 + r22
2 2 l

⌡ l
⎩⎪ 2 ⎭⎪
− 2

r12 r22
2 2
1+ 1+ 2
1− 1+ 2
l ⎛l ⎞ l ⎛l ⎞ ⎛l ⎞ ⎛l ⎞
+ a + ⎜ + a ⎟ + r12 − + a + ⎜ − a ⎟ + r22 ⎜ + a⎟ ⎜ − a⎟
λ 2 ⎝2 ⎠ 2 ⎝2 ⎠ λ ⎝2 ⎠ ⎝2 ⎠
VP = ln = ln
4πε 0 l ⎛l ⎞
2
l ⎛l ⎞
2 4 πε r22 r12
+ + − +
0
+ a + ⎜ + a ⎟ + r2 − + a + ⎜ − a ⎟ + r1
2 2
1 1 2
1 1 2
2 ⎝2 ⎠ 2 ⎝2 ⎠ ⎛l ⎞ ⎛l ⎞
⎜ + a⎟ ⎜ − a⎟
⎝2 ⎠ ⎝2 ⎠
Si (l/2 - a) et (l/2 + a) sont suffisamment grands par rapport à r1 et r2, on peut faire un développement
limité. (remarque : a peut être positif ou négatif). On obtient alors
1 r22
2 ⎛l 2

⎜ − a⎟
λ
ln ⎝ 2 ⎠ =
2 Q r
VP = ln 2
4πε0 1 r1 2πε0 l r1
2 ⎛l 2

⎜ − a ⎟
⎝2 ⎠
On trouverait la même expression on considérant immédiatement des conducteurs de longueur infinie
et en calculant le champ par le théorème de Gauss puis en intégrant pour obtenir le potentiel. Notons
que r1 et r2 ne peuvent s’annuler. La charge est sur la surface.

5.2 Système de deux conducteurs en présence de la terre.

Le sol est au potentiel zéro et les potentiels ne peuvent être définis que par rapport à cette référence.
On supprime le sol en faisant intervenir le conducteur image et qui porte la charge opposée. Les
conducteurs ont pour rayons respectifs ra et rb. La méthode consiste à calculer les coefficients
d’influence qui permettent d’exprimer les potentiels en fonction des charges.
Va = Paa Q a + Pab Q b
Vb = Pab Q a + Pbb Q b

5 - 10 -
Impédance des lignes et des câbles

Qa Dab Qb

Sab
Saa Sbb V=0

rb
ra

Figure 5.8 Conducteurs en présence du sol

Nous supposons les lignes suffisamment longues et de longueur l. Les charges totales des deux lignes
sont Qa et Qb. Ainsi le potentiel V en un point M quelconque s’écrit :
Qa r Qb r
V= ln 2 a + ln 2 b
2πε0 l r1a 2πε0 l r1b

Pour trouver Va et Vb, il suffit de placer le point M sur le conducteur a ou sur le conducteur b.
V= Va r2a = Saa r1a = ra r2b = Sab r1b = Dab

On en déduit :
1 S 1 Sij
Pii = ln ii Pij = ln = Pji
2πε0 l ri 2πε0 l D ij

5.3. Cas d’une ligne triphasée

Les trois conducteurs sont identiques et les distances par rapport au sol et entre fils sont définies
comme précédemment. Les tensions en fonction des charges sont exprimées par la relation matricielle
suivante avec les Pii et Pij définis comme précédemment.

b
a c

⎡ Va ⎤ ⎡ Paa Pab Pac ⎤ ⎡Q a ⎤ sol


⎢V ⎥ = ⎢P Pbb Pbc ⎥⎥ ⎢⎢Q b ⎥⎥
⎢ b ⎥ ⎢ ab
⎢⎣ Vc ⎥⎦ ⎢⎣ Pac Pbc Pcc ⎥⎦ ⎢⎣ Q c ⎥⎦
Figure 5.9 ligne triphasée en présence du sol

Remarquons que les Pii ne sont égaux que si les trois fils sont à la même hauteur (disposition en
nappe). La matrice des coefficients d’influence n’est jamais circulante. Elle ne peut l’être qu’en valeur
moyenne grâce à une transposition des conducteurs sur la longueur totale de la ligne. Nous nous
plaçons dans ce cas et nous pouvons définir le coefficient d’influence relatif à un système direct ou
inverse. Le couplage entre les systèmes est annulé par la transposition.
Pd = Pi = (Paa + Pbb + Pcc − Pab − Pac − Pbc )
1
3
1 1 D D D S S S
Pd = ln ab 3bc ca aa bb cc
3 2πε0 l r SabSbcSca

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Master 2 Réseaux Chap 5

1
soit en notant C d = Ci =
Pd
1
C d = 2πε 0 l
D GM 3 Saa SbbScc
ln
r
SabSbcSca 3

Ceci revient en fait à définir une hauteur géométrique moyenne équivalente de la ligne. Si celle ci est
grande devant la distance entre conducteurs, Cd est donné avec une bonne précision par
1
C d = 2πε0 l
D
ln GM
r
D
ln GM
µ l R GM
Remarque : On forme LdCd. L d C d = 2πε0 l 0
2π ln D GM
r
2
⎛l⎞
Si le conducteur est creux, RGM = r et L d C d = ε 0µ 0 l = ⎜ ⎟ = τ 2
2

⎝c⎠
c est la vitesse de la lumière (300 000 km/s) et τ le temps de propagation d’une onde sur la ligne.

Il n’y a aucune difficulté pour calculer le coefficient d’influence du système homopolaire.


P0 = (Paa + Pbb + Pcc + 2Pab + 2Pac + 2Pbc )
1
3
1 1 S S Scc (SabSbcSca ) 2
soit P0 = ln aa bb
3 2πε0l r3 (Dab D bc Dca )2
1
ou C0 = 2πε0 l 2
3
SaaSbbScc SabSbcSca 3
ln 2
r D GM
Si les hauteurs des fils sont à nouveau très grandes par rapport à la distance entre fils, on peut écrire
que Saa = Sbb = Scc = Sab = Sbc = Sca = 2h
1
C 0 = 2πε0 l
( 2h ) 3
ln 2
rD GM
On peut noter que C0 < Cd.

Remarque :
On pourrait calculer la valeur des capacités entre conducteurs et entre conducteur et sol.
V P − Vb Pab Va ( Pbb − Pab ) − (Va − Vb ) Pab
Q a = a bb =
Paa Pbb − Pab2 Paa Pbb − Pab2
V P − Va Pab − ( Va − Vb )Pab + Vb ( Paa − Pab )
Q a = b aa =
Paa Pbb − Pab2 Paa Pbb − Pab2

5 - 12 -
Impédance des lignes et des câbles

a
Cab
Les expressions de Cab Ca0 et Cb0 ne sont pas
simples dans le cas général.
b

Ca0 Cb0

Figure 5.10 Capacités entre conducteurs et avec le sol

5.4. Cas de deux ou plusieurs conducteurs en parallèle.

Nous nous plaçons dans le cas de deux conducteurs pour la phase a car le calcul général est trop
difficile. Les conducteurs élémentaires sont en parallèles donc le potentiel et le même. La charge totale
est la somme des charges.

⎡ Va ⎤ ⎡ P11 P12 P1b ⎤ ⎡ Q1 ⎤ a


⎢V ⎥ = ⎢P P22 P2 b ⎥⎥ ⎢⎢Q 2 ⎥⎥
⎢ a ⎥ ⎢ 12 1 b
⎢⎣Vb ⎥⎦ ⎢⎣P1b P2 b Pbb ⎥⎦ ⎢⎣Q b ⎥⎦
Q a = Q1 + Q 2 2 n
Q Q
On pose Q1 = a + q Q2 = a − q
2 2

On en déduit.
⎛Q ⎞ ⎛Q ⎞
0 = (P11 − P12 )⎜ a + q ⎟ + (P12 − P22 )⎜ a − q ⎟ + (P1b − P2 b )Q b
⎝ 2 ⎠ ⎝ 2 ⎠
P11 − P22 Qa P1b − P2 b
soit q= + Qb
2P12 − P11 − P22 2 2P12 − P11 − P22
Si on admet que P11 est peu différent de P22, q ne dépend que de Qb. On en déduit les expressions des
tensions.
(P − P )(P − P )
Va = (P11 + P12 ) a + 11 12 1b 2 b Q b + P1b Q b
Q
2 2( P12 − P11 )
Q a (P1b + P2 b )
soit Va = (P11 + P12 )+ Qb
2 2

et
P + P2 b
Vb = 1b
(P − P )2
Q a + 1b 2 b Q b + Pbb Q b
2 (P12 − P11 )
Les coefficients d’influence sont donnés par les relations suivantes. On peut raisonnablement penser
que dans Pbb le terme correctif est négligeable.
1 S S 1 S1bS2 b
Paa = ln 12 11 Paa = ln
2πε0 l ra1D12 2πε0l D1b D 2 b
On introduit des grandeurs équivalentes.
req = ra1D12 Saa = S12S11 Sab = S1bS2 b D ab = D1b D 2 b

Dans le cas général avec un groupe a formé de n conducteurs élémentaires et un groupe b avec m
conducteurs.

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Master 2 Réseaux Chap 5

1 1
⎛ n n ⎞ n2 ⎛ n m ⎞ nm
req = ⎜
⎜ ∏r ∏ i D'ij ⎟

D ab =⎜
⎜ ∏∏ D ij ⎟

⎝ i =1 j≠i ⎠ ⎝ i =1 j=1 ⎠
1 1
⎛ n m ⎞ nm ⎛ n n ⎞ n2
Sab = ⎜
⎜ ∏∏ Sij ⎟

Saa = ⎜
⎜ ∏S ∏ ii Sij ⎟

⎝ i =1 j=1 ⎠ ⎝ i =1 j≠i ⎠

Dans les techniques de l’ingénieur, Claude Gary donne la formule suivante.


nr
req = R n
R

R
Cette disposition permet de maintenir les champs superficiels des conducteurs à des valeurs
admissibles (effet couronne).

Exemple :
req = 4 r ⋅ R 2 ⋅ 2R ⋅ R 2
R
On retrouve la même expression par la formule générale
et celle des T.I.

6. Inductance et capacité d’un câble

Les câbles sont surtout utilisés en ville lorsqu’il y a des contraintes d’environnement. Si on compare
les câbles aux lignes de même caractéristiques, on peut dire que :
- le coût est multiplié par 10
- l’inductance est divisée par 2
- la capacité est multipliée par 20

Nous verrons dans l’étude en régime transitoire, que l’on peut difficilement connecter en série un
câble et une ligne à cause des surtensions dans les boites de connexion. Les câbles sont alors souvent
en antenne. Il se pose également le problème du refroidissement.

Au niveau des constantes des câbles, il faut distinguer les câbles tripolaires avec une seule gaine et les
câbles unipolaires possédant chacun sa gaine.

6.1 inductance d’un câble unipolaire

On calcule à nouveau le flux interne du conducteur central par la méthode de l’énergie


µµl
flux int erne: 0 r I

µ µ' l b
flux entre les conducteurs : 0 r I ln
2π a

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Impédance des lignes et des câbles

b
µ‘r
µr
µ″r a

Figure 5.11 Câble unipolaire

On calculerait de même l’énergie dans le conducteur de retour mais l’expression n’est rigoureuse que
si la gaine de plomb canalise effectivement tout le courant ce qui n’est pas toujours vérifié puisque la
gaine est mise à la terre.
c2 − r 2 1
H=I 2
c − b 2 2πr
c
µ µ" I 2 ⌠ ⎛ c 2 − r 2 ⎞ 1 µ 0 µ"r I 2 ⎡ c2 + b2 ⎤
2
c4 c c2
Wgaine = 0 r 2 ⎮ ⎜⎜ 2 ⎟ π = ⎢ − + ⎥
2 ⋅ 2π ⎢⎣ (c 2 − b 2 )2 b (c 2 − b 2 ) 4(c 2 − b 2 )⎥⎦
soit 2 rdr ln
2 ⋅ 4π ⌡b ⎝ c − b 2 ⎟⎠ r 2
La gaine est généralement fine et on peut poser b = c(1 - ε). On en déduit
µ µ" I 2 1 ⎡ 1 1 2 − 2ε + ε 2 ⎤
Wgaine = 0 r ⎢ ln − 1 + ⎥
2 ⋅ 2π ε(2 − ε ) ⎣ ε(2 − ε ) 1 − ε 4 ⎦
Le terme principal est
⎡ ε2 ⎤
ε −
µ 0µ"r I
2
1 ⎢ 2 −1+ 2 − 2 ε + ε 2 ⎥
µ µ' I 2 1 2ε 2 − ε 4 µ 0 µ"r I 2 1
Wgaine = ⎢ ⎥= 0 r =
2 ⋅ 2π ε(2 − ε ) ⎢ ε(2 − ε ) 4 ⎥ 2 ⋅ 2π ε(2 − ε ) 4ε(2 − ε) 2 ⋅ 2π 4
⎣⎢ ⎦⎥
On en déduit que l’inductance d’un câble unipolaire s’écrit.
µ l ⎡ µ µ" b⎤
L = 0 ⎢ r + r + µ'r ln ⎥
2π ⎣ 4 4 a⎦
ou si les perméabilités relatives sont égales à 1
b
L = 0,1 + 0,2 ln mH / km
a

6.2 Capacité d’un câble coaxial

Par application du théorème de Gauss, on calcule le champ électrique. On calcule ensuite la différence
de potentiel.
q b q b
E=
ε 0 ε r ⋅ l ⋅ 2πr
Va − Vb = Edr =
a ∫ ln
ε 0 ε r ⋅ l ⋅ 2π a
On en déduit la valeur de la capacité.
2πε0 ε r 1 εr
C= l ou C= µF / km
ln
b 18 ln b
a a

6.3 Capacité directe et inverse d’un cable coaxial triphasé

Dans le cas d’un câble tripolaire, le calcul est très complexe. L’enveloppe est en effet au potentiel zéro
et il faut trouver des conducteurs images et déterminer la répartition de potentiel résultante. On est
amené à utiliser des abaques tels que ceux donnés sur la figure ci-après extraite des techniques de
l’Ingénieur. Les courbes ont été tracées pour εr = 3,5. Par une proportion, on obtient les capacités pour
d’autres valeurs de la permittivité relative.

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Master 2 Réseaux Chap 5

Le cas d’un câble formé de trois câbles unipolaires est plus simple puisqu’il suffit de considérer
chacun indépendamment des autres, chaque enveloppe étant au potentiel zéro. On retrouve la même
valeur que précédemment pour Cd et Ci.

1 εr
C= µF / km
18 ln b
a

.
Figure 5.12 Abaques donnant la capacité directe ou inverse et homopolaire d’un câble tripolaire
[A.Mauduit]

6.4 Capacité homopolaire d’un câble coaxial triphasé.

Dans le cas de 3 câbles unipolaires, la capacité homopolaire est égale à la capacité d’un seul câble soit
l’expression donnée plus haut. Le cas d’un câble tripolaire est tout aussi complexe pour le calcul de la
capacité homopolaire. On pourra utiliser à nouveau des abaques ou se servir d’expressions approchées
comme celles données par Mauduit.

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