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1.1 Introduction
Le cours ex-cathedra est constitué de quatorze leçons hebdomadaires de trois heures cha-
cune qui seront consacrées à développer la théorie de la mécanique. Cette théorie sera bien
sûr vérifiée par de belles expériences préparées avec soin par les préparateurs de cours des
auditoires de physique. Les cours seront divisés en trois sections d’une heure chacune.
Pour mieux comprendre les notions théoriques vues au cours et savoir les appliquer dans
des cas concrets auxquels vous serez confrontés dans votre future carrière d’ingénieur, vous
aurez des sessions hebdomadaires de tutorat durant lesquelles vous aurez une série d’exercices
à résoudre. Toutes les informations utiles concernant ce cours sont disponibles sur le site
moodle de ce cours.
1.1.1 Histoire
La racine grecque du mot mécanique est µηξανικη, i.e. michanikı́, qui signifie relatif
aux machines. L’origine du mot mécanique a donc une signification utilitaire. Il s’agit
de développer une science qui permet de faire fonctionner des machines. En termes plus
modernes, la mécanique est la branche de la physique qui étudie l’équilibre des systèmes
physiques, c’est-à-dire la statique, leur mouvement, c’est-à-dire la dynamique, et leur
déformation.
Lorsqu’on aborde l’étude de la mécanique, on se pose naturellement deux questions fon-
damentales. La première est : “Qu’est-ce que la mécanique ? ” et la seconde est : “Pourquoi
est-ce qu’on commence l’étude de la physique par la mécanique ? ” Il y a deux réponses à
cela. La première est historique et la seconde est méthodologique et pédagogique.
La raison historique est que la mécanique a permis à la science moderne de naı̂tre. Les
premières lois physiques qui ont pu être découvertes sont les lois de Newton. En ayant
bien compris les lois de mécanique, les physiciens des siècles passés ont ensuite peu à peu
découvert les autres lois physiques. La mécanique est en somme le fondement de la physique.
La raison pédagogique est que la mécanique est la branche de la physique qui est la
plus intuitive et la plus facile à modéliser mathématiquement. La mécanique décrit des
expériences qui font partie de la vie de tous les jours, comme une chute sur un plan incliné,
des ressorts, des pendules ou des montres mécaniques. La mécanique introduit des lois de
cause à effet qui permettent de décrire mathématiquement l’évolution d’un système physique
simple. Elle permet donc de se familiariser avec l’emploi des mathématiques comme langage
universel de l’ingénieur. Elle répond donc à l’objectif principal de ce cours de mécanique qui
est de savoir mettre sous forme mathématique un phénomène physique.
Le but de cette introduction à la mécanique est de vous montrer pourquoi la mécanique est
importante pour votre formation. Pour ce faire, je vous propose une perspective historique
qui met en évidence le rôle de la mécanique dans le développement des sciences modernes.
Commençons en examinant les conclusions d’Aristote. Aristote a été le disciple de Platon
Aristote
pendant 20 ans. Fortement inspiré sur le plan philosophique par son maı̂tre, Aristote a conclu,
dans son livre De la Physique, qu’il fallait distinguer le monde terrestre corrompu du monde
céleste parfait. Le mouvement des corps célestes est un cercle parfait alors que le mouvement
des corps terrestres est capricieux. Selon Aristote, les lois physiques qui régissent le mouve-
2 Etudier la mécanique
ment des corps terrestres et célestes sont de nature différente. Elles sont irréconciliables. Le
défaut de la méthodologie d’Aristote réside dans le fait qu’elle n’est pas vraiment scientifique.
La méthodologie scientifique nécessite une interaction entre la théorie et l’expérience. Aris-
tote n’a pas essayé d’interroger la nature, il lui a imposé ses présupposés philosophiques... Il a
développé sa théorie dans sa tour d’ivoire et ne l’a pas proprement confrontée à l’expérience.
Il a fallu attendre presque deux millénaires pour que ce paradigme aristotélicien soit remis
en cause.
Le nouveau paradigme a commencé à émerger au XVIe siècle grâce notamment aux tra-
vaux de Galileo Galilei dit Galilée. Galilée est un des pionniers de l’expérimentation scienti-
fique de la nature. En faisant interagir l’expérience et la théorie, Galilée permet à la science
moderne de naı̂tre. Il fallait un langage pour interroger la Nature et ce langage, c’est celui des
mathématiques. Par ses observations, il conclut que le mouvement rectiligne uniforme d’un
corps est son mouvement naturel. Toute déviation de cette uniformité est attribuée à une
force. Ceci est a été qualifié de principe d’inertie. Galilée définit également le mouvement rec-
tiligne uniformément accéléré. Pour lui, cette définition est utile, parce qu’elle représente un
mouvement qui s’observe dans la nature : la chute des corps. Il démontre expérimentalement
que le mouvement de chute libre est bien un mouvement uniformément accéléré. Galilée a
également prédit que dans le vide, une plume tomberait à la même vitesse qu’une masse de
plomb. Cette expérience a été réalisée après sa mort par son disciple Torricelli et le résultat
a été concluant. Lors de la mission spatiale Apollo 15, cette expérience a été effectuée avec
une plume et un marteau devant des millions de téléspectateurs. Galilée est le père de la
Galileo Galilei
cinématique et le grand-père de la dynamique. Sans lui, Newton n’aurait probablement pas
pu découvrir les lois de la dynamique.
Un autre personnage important dans le développement de la science est Johannes Kepler.
Kepler s’est autant intéressé à l’astronomie qu’à l’astrologie. En se basant sur les observations
précises de Tycho Brahé sur les orbites planétaires, Kepler a déduit trois lois mathématiques
régissant la mécanique céleste, c’est-à-dire le mouvement des planètes autour du soleil. La
première loi est la loi des orbites. Elle stipule que les planètes du système solaire se déplacent
selon des orbites elliptiques dont le Soleil occupe l’un des foyers. La deuxième loi est la loi
des aires. Elle stipule que l’aire balayée par unité de temps par le mouvement de la planète
autour du soleil est une constante. La troisième loi est la loi des périodes. Elle stipule que le
rapport de la période de rotation au carré divisé par le demi-grand axe de l’ellipse au cube
est une constante. Ces lois de la mécanique céleste de Kepler sont un exemple absolument
remarquable de modélisation mathématique à partir de données expérimentales. Elles ont
joué un rôle central dans la découverte de la loi de la gravitation universelle par Newton.
Isaac Newton est probablement le plus grand physicien de tout les temps. Newton a fait des
Johannes Kepler
études de mathématiques au Trinity College à Cambridge. A l’aide du principe d’inertie de
Galilée et des lois de Kepler, Newton découvre les lois de la mécanique et les expose dans son
célèbre livre Philosophiae Naturalis Principia Mathematica, i.e. les principes mathématiques
de la philosophie naturelle. Pour énoncer ces lois, il pose les bases du calcul différentiel et
intégral. Newton est un génie sans égal tant sur le plan mathématique que sur le plan phy-
sique ! Grâce à Newton, la mécanique est devenue une théorie physique clairement exprimée
dans le langage des mathématiques. De plus, le calcul différentiel et intégral de Newton
permet de faire des prédictions en déterminant les solutions mathématiques de la théorie
physique de Newton. Si un jour vous vous rendez à Cambridge, je vous recommande de visiter
la Wren Library où vous trouverez un exemplaire original des Principia Mathematica avec
une boucle de cheveux dorés de Newton. Vous pourrez ensuite voir sa statue dans la chapelle
du College. Pour l’anecdote, le meilleur étudiant de première année en mathématiques du
Trinity College à Cambridge a le privilège de choisir sa chambre d’étudiant pour la deuxième
année de ses études. La tradition veut qu’il choisisse la chambre où Newton a lui-même fait
Isaac Newton ses études, qui surplombe le pommier qui selon la légende a fortement inspiré le jeune Isaac.
1.1.2 Objectifs
Le principal objectif dans l’apprentissage de la mécanique, c’est d’apprendre à décrire un
phénomène physique en utilisant le langage des mathématiques. L’analyse d’un phénomène
1.1 Introduction 3
physique commence par une modélisation d’un système physique sur le plan conceptuel.
Cette modélisation doit être formalisée de manière claire. Pour ce faire, on utilise le lan-
gage universel des mathématiques. On transcrit donc le modèle du phénomène physique
sous forme mathématique. On applique alors les lois physiques et on aboutit à un système
d’équations différentielles qui régissent l’évolution dans le temps du système étudié.
Il est essentiel d’apprendre à reconnaı̂tre les limites d’applicabilité des modèles et des
théories physiques qu’on utilise. Par exemple, on commencera notre étude de la mécanique
avec le modèle du point matériel et on se posera la question de savoir dans quelle mesure
on peut se contenter de ce modèle. Un cours de mécanique n’est pas un cours qui exige de
mémoriser un grand nombre de lois ou d’équations. C’est un savoir-faire qu’on développe
progressivement en essayant de modéliser mathématiquement toute une série d’expériences
physiques choisies, comme la collision d’une balle de fusil sur une cible ou la destruction
d’un verre par résonance acoustique (Fig. 1.1).
Figure 1.1 Lorsque la cible est en verre, la balle de fusil conserve sa quantité de mouve-
ment. Lorsque la cible est en bois, la balle de fusil transmet sa quantité de mouvement à la
cible. Lorsque le verre est excité acoustiquement à l’aide d’un haut-parleur à sa fréquence
de résonance, il est d’abord déformé puis, il se casse.
Sur le plan pratique, c’est d’abord en résolvant des problèmes concrets qu’on apprend
vraiment la mécanique. Je vous encourage donc vivement de participer à toutes les sessions
d’exercices et d’essayer, autant que possible, de résoudre les exercices par vous-même. On
vous apprend aussi à adopter une démarche systématique. Il ne s’agit pas de repérer l’astuce
subtile qui permet d’obtenir le bon résultat le plus efficacement. Non ! Il s’agit d’appliquer
systématiquement l’approche tout-terrain qu’on va élaborer dans ce cours.
Dans un cours de mécanique, on apprend à utiliser des outils mathématiques en de-
hors du contexte mathématique dans lequel ils sont normalement enseignés. On verra que
cela n’est pas toujours évident. Il arrive souvent qu’un enseignant de physique utilise un
outil mathématique qui n’a pas encore été vu formellement par ses étudiants dans le
cadre d’un cours de mathématiques. Quand cela m’arrivera, j’introduirai proprement l’outil
mathématique en question. Ce sera pour vous l’occasion d’être sensibilisé à l’importance
de cet outil mathématique et d’être motivé quand le sujet surviendra dans un cours de
mathématiques. Vous pourrez ainsi découvrir les mathématiques de manière ludique par la
physique.
1.1.3 Limites
Etudier la mécanique, c’est s’inscrire dans une longue tradition scientifique. La mécanique
de Newton a triomphé durant trois siècles, mais à la fin du XIXe siècle, son universalité a
été remise en cause. Son domaine d’applicabilité est toujours encore très important, mais il
n’est pas universel.
L’immense succès de la mécanique de Newton a laissé penser aux physiciens que toute
réalité physique pouvait être expliquée de manière déterministe. Ce déterminisme triom-
phant est bien illustré par le Marquis Simon de Laplace qui aurait affirmé à l’empereur
Napoléon Bonaparte : “Donnez-moi les conditions initiales et je vous prédirai l’évolution du
monde”. Laplace était convaincu qu’un jour on disposerait d’une équation qui puisse prédire
entièrement l’évolution du monde à partir des conditions initiales.
A la fin du XIXe siècle, Henri Poincaré a montré que les équations différentielles décrivant
4 Etudier la mécanique
des systèmes physiques très simples peuvent avoir des solutions très complexes. Il faudra
attendre 1960 pour que ces idées se popularisent notamment par Edward Lorenz et David
Ruelle sous le nom de théorie du chaos. Deux pendules articulés ou une balle de ping-
pong mise en mouvement par un vibreur régulier peuvent avoir un mouvement chaotique
(Fig. 1.2).
Figure 1.2 Si les deux pendules articulés sont lancés avec de faibles amplitudes initiales
comparables, leurs mouvements restent synchronisés. A grandes amplitudes initiales com-
parables, leurs mouvements se désynchronisent très rapidement. Une balle de ping-pong
rebondit sur une plateforme astreinte à un mouvement périodique bien déterminé. Lorsque
le tube est ouvert, la fréquence des rebonds est aléatoire. Avec le frottement imposé par le
bouchon, le mouvement devient périodique.
Le début du XXe siècle est le témoin de deux révolutions physiques qui vont définitivement
remettre en cause l’universalité de la mécanique newtonienne. La relativité restreinte,
développée par Hendrik Antoon Lorentz et Jules Henri Poincaré et finalisée par Albert
Einstein, montre que pour des vitesses suffisamment proches de la vitesse de la lumière, la
mécanique newtonienne n’est plus valable. Elle doit être remplacée par la mécanique rela-
tiviste. Vingt ans plus tard, Erwin Schrödinger, Werner Heisenberg et Paul Dirac montrent
qu’à petite échelle la mécanique newtonienne doit être remplacée par la mécanique quan-
tique.
1.1.4 Expériences
Les expériences ont une importance historique. Depuis Galilée, la physique s’enseigne en
démontrant expérimentalement les phénomènes qu’on veut décrire par des lois.
Les expériences ont aussi une importance symbolique. Les démonstrations d’auditoire nous
rappellent que la physique ne peut pas se construire ex-nihilo. La méthodologie scientifique
consiste en une démarche hypothético-déductive. On fait des hypothèses que l’on vérifie
ensuite expérimentalement. Il ne faut jamais oublier que toute théorie physique se construit
par une confrontation à l’observation des phénomènes naturels ! Sinon, vous feriez mieux
d’aller suivre le cours de mathématiques ou le cas échéant celui de philosophie... A ce propos,
il est pertinent de citer la mise en garde de James Clerk Maxwell, le physicien qui a unifié les
phénomènes électriques et magnétiques : “Je n’ai pas de raison de penser que l’intelligence
humaine est capable de conceptualiser les lois physiques en se basant uniquement sur ses
propres ressources sans faire appel aux résultats expérimentaux. De telles tentatives se sont
toujours soldées par des théories artificielles et pleines de contradictions.”
Finalement, les expériences ont une importance méthodologique. En observant une
James Clerk Maxwell
expérience, on réalise mieux que la mécanique consiste en modèles simples, et parfois trop
simplistes, qui idéalisent une réalité matérielle complexe. L’observation des expériences vous
encourage à repérer ces phénomènes démontrés au cours dans la vie quotidienne, ce qui
constitue un excellent entrainement à la curiosité scientifique.
1.1.5 Livre
Ce cours est basé sur le livre de Mécanique du Professeur Jean-Philippe Ansermet publié
aux Presses polytechniques et universitaires romandes (2e édition largement remaniée en
1.2 Dérivées 5
2013). Les références à ce livre sont données au début de chaque section. Je vous recommande
donc vivement de vous en procurer une copie.
1.1.6 MOOC
L’acronyme MOOC désigne en anglais un Massive Open Online Course. En français,
l’acronyme est CMELL et désigne un Cours Massif en Ligne Libre. Ces cours sont en accès
libres dans le monde entier et des milliers d’étudiants les suivent. Les deux plus grandes
plateformes de MOOC sont Coursera, géré par une start-up de Stanford, et EdX, géré Mécanique
par une start-up du MIT. Le Professur Ansermet, qui est le directeur de la section de (parties 1, 2, 3)
physique et qui a enseigné la mécanique pendant plus de vingt ans à l’EPFL a lancé un
MOOC de mécanique en français sur Coursera. Ce cours couvre l’équivalent du programme
de mécanique de la section de physique, c’est-à-dire un cours de quatre heures par semaine
durant un semestre. Le cours que je vous donne a une structure proche de celle du MOOC,
mais certains sujets avancés comme la relativité et la mécanique analytique ne seront pas
abordés dans ce cours. C’est la raison pour laquelle, je vous encourage donc de vous inscrire
sur Coursera et de suivre le MOOC.
MOOC
1.2 Dérivées
La dérivation permet de déterminer le taux de variation d’une fonction lorsqu’on varie
la variable dont elle dépend. On appelle dérivée la limite infinitésimale du rapport de la
variation de la fonction et de la variation de la variable correspondante.
x(t)
x(t+Dt)
Dx
vDt
x(t)
Dt
t
O t t+Dt
Figure 1.3 La vitesse scalaire v (t) est la pente de la tangente à la fonction coordonnée
de position x (t) au temps t.
6 Etudier la mécanique
f (g + df dg − f (g
(t)) (t))
dx f (g (t + dt)) − f (g (t)) f (g (t) + dg) − f (g (t)) dg
= = =
dt dt dt dt
(1.12)
1.3 Produits scalaire et vectoriel 7
Par conséquent, la dérivée de la fonctionnelle x (t) par rapport au temps t nous donne la
règle de la dérivation en chaı̂ne de la composition de fonctions f (g (t)) par rapport au temps
t,
dx df dg
= (1.13)
dt dg dt
où x0 est l’amplitude d’oscillation, ω est la pulsation et ϕ est l’angle de déphasage. Les
grandeurs x0 , ω et ϕ sont des constantes. En appliquant la règle de dérivation (1.13) on
obtient la vitesse d’oscillation,
La seconde est l’énergie cinétique d’un objet de masse m constante en translation le long de
l’axe de coordonnée x (t),
1
T (t) = m ẋ2 (1.16)
2
En appliquant la règle de dérivation (1.13) on obtient la puissance mécanique appliquée sur
l’objet,
1 2
d mẋ
dT 2 dẋ
= = mẋẍ (1.17)
dt dẋ dt
dx
x (t + dt) = x (t) + dt (1.18)
dt
Dans cette expression, il n’y a pas d’approximation puisque l’intervalle de temps dt est
Brook Taylor
infinitésimal. On désire trouver une expression analogue lorsque l’intervalle de temps ∆t
n’est pas infinitésimal. De manière équivalente, l’équation (1.18) peut s’écrire,
x (t + ∆t) − x (t)
lim x (t + ∆t) = x (t) + lim ∆t (1.19)
∆t→0 ∆t→0 ∆t
Dans le cas où l’intervalle de temps ∆t n’est pas infinitésimal mais suffisamment petit, i.e.
∆t t, on peut faire l’approximation suivante pour la dérivée par rapport au temps,
dx x (t + ∆t) − x (t)
' (1.20)
dt ∆t
Dans ce cas, l’équation (1.20) nous conduit à l’approximation suivante,
dx
x (t + ∆t) ' x (t) + ∆t (1.21)
dt
appelée le développement limité au premier ordre en ∆t de la fonction x (t) autour de t.
8 Etudier la mécanique
x3
e3
O
e2
e1
x1 x2
Un repère cartésien direct s’écrit mathématiquement comme (O, e1 , e2 , e3 ) où O est l’ori-
gine et e1 , e2 et e3 sont les vecteurs de base fixes, de norme unité et orthogonaux entre eux.
Ces vecteurs satisfont la règle de la main droite (Fig. 1.4).
Une convention équivalente consiste à considérer la règle du tire-bouchon. Si le mouve-
1.3 Produits scalaire et vectoriel 9
ment de rotation s’effectue dans un plan du vecteur e1 vers le vecteur e2 alors le tire-bouchon
s’enfonce dans la direction définie par le vecteur e3 .
a = a1 e1 + a2 e2 + a3 e3 Règle du tire-bouchon
(1.22)
b = b1 e1 + b2 e2 + b3 e3
où (a1 , a2 , a3 ) et (b1 , b2 , b3 ) sont les coordonnées cartésiennes de ces vecteurs. Le produit
scalaire entre les vecteurs a et b s’écrit,
a · b = a1 b1 + a2 b2 + a3 b3 (1.23)
ce qui implique que le produit scalaire est commutatif, c’est-à-dire qu’on peut échanger
l’ordre des vecteurs sans changer l’expression du produit scalaire,
a·b=b·a (1.24)
On oriente le repère cartésien (O, e1 , e2 , e3 ) tel que le vecteur b est colinéaire au vecteur
e2 , le vecteur a est dans le plan engendré par les vecteurs e1 et e2 et l’orientation du vecteur
e3 est définie par la règle de la main droite. On prend l’origine O à l’intersection entre les
vecteurs a et b. On dénote θ l’angle entre les vecteurs a et b, et kak et kbk leurs normes
(Fig. 1.5).
b
e3 a ||
e2
O q
a^
a
e1
(kak sin θ, kak cos θ, 0) et (0, kbk, 0). La définition (1.23) du produit scalaire implique
alors que,
a · b = kak kbk cos θ (1.28)
Les coordonnées cartésiennes des vecteurs ak et a⊥ sont respectivement (0, kak cos θ, 0) et
(kak sin θ, 0, 0). De la définition (1.23) du produit scalaire, on tire alors les trois propriétés
suivantes,
(i) a · a = kak2 (ii) ak · b = a · b (iii) a⊥ · b = 0 (1.29)
a ´b
e3 a ||
e2
O q
a^
a
e1
(kak sin θ, kak cos θ, 0) et (0, kbk, 0). La définition (1.30) du produit vectoriel implique
alors que,
a × b = kak kbk sin θ e3 (1.36)
où l’angle θ est aigu. L’interprétation géométrique de l’équation (1.36) est que la norme du
produit vectoriel de deux vecteurs correspond à la surface du parallélogramme engendré par
ces deux vecteurs et que son orientation est orthogonale à cette surface. Les coordonnées
cartésiennes des vecteurs ak et a⊥ sont respectivement (k0, ak cos θ, 0) et (kak sin θ, 0, 0).
De la définition (1.30) du produit vectoriel, on tire alors les trois propriétés suivantes,
(i) a × a = 0 (ii) ak × b = 0 (iii) a⊥ × b = a × b (1.37)
De la définition (1.39) du produit mixte, on tire alors les deux propriétés suivantes,
(i) (a × b) · c = (b × c) · a = (c × a) · b (ii) (a × b) · a = (a × b) · b = 0 (1.40)
La propriété (i) est une conséquence de l’invariance du déterminant lors de la permutation
cyclique des colonnes et la propriété (ii) est une conséquence du fait que le déterminant
s’annule si deux colonnes sont identiques.
2.1.2 Référentiel
Pour décrire le mouvement d’un objet, on doit le faire par rapport à un objet indéformable
de référence. Cet objet, qui peut être immense, est appelé le référentiel. Formellement, un
référentiel est un ensemble de N points matériels, où N ≥ 4, non-coplanaires et à distance
constante les uns par rapport aux autres.
Pour décrire les expériences de physique montrées dans ce cours, on choisit comme
référentiel l’auditoire, c’est-à-dire la terre. Si par exemple, on désire mesurer la vitesse de
déplacement relatif des vagues par rapport à un voilier, on choisira comme référentiel le
voilier. Pour décrire le mouvement de la terre autour du soleil, on choisira comme référentiel
le système solaire, constitué du centre du soleil et de trois étoiles fixes.
Un objet physique doit être indéformable pour servir de référentiel. Un solide indéformable
Voilier
est constitué de points matériels non-coplanaires et à distance constante les uns par rapport
aux autres. Pour servir de référentiel un objet doit être au moins constitué de quatre points
matériels non-coplanaires. Il peut évidemment en avoir un très grand nombre mais il en
faut au minimum quatre. Pourquoi est-ce que les points doivent être à distance constante
les uns par rapport aux autres ? Parce que si ce n’était pas le cas, on n’aurait pas d’étalon
pour définir et mesurer des distances. Pourquoi est-ce qu’un référentiel doit être défini par
au minimum quatre points non-coplanaires ? Parce qu’il faut pouvoir définir et mesurer des
distances dans trois directions spatiales orthogonales.
Le choix du référentiel est très important. Si on choisit un référentiel accéléré, on devra
tenir compte des forces d’inertie dans la description du mouvement. Par exemple, lorsqu’un
bateau hors-bord fait un virage rapide, une force centrifuge agit sur les occupants dans le
référentiel du bateau. On peut citer comme autre exemple la force de Coriolis qui agit sur
le mouvement des nuages dans le référentiel accéléré de la terre qui tourne sur elle-même.
Le choix du référentiel a joué un rôle crucial dans l’histoire de la mécanique et de la phy-
sique. La relativité est une question de référentiel ! La relativité restreinte requiert que les
lois de la physique soient les mêmes par rapport à tous les référentiels d’inertie. La relati-
vité générale généralise la relativité restreinte à tous les référentiels, même les référentiels
accélérés.
x3
2.1.3 Repère
ez
ef Pour décrire mathématiquement le mouvement d’un point matériel par rapport à un
P er référentiel, il faut se référer à un repère. Un repère est un concept géométrique. C’est une
O x2
base de trois vecteurs non-coplanaires de norme constante qui sont attachés à un point de
f r l’espace. Puisque ces vecteurs sont non-coplanaires, ils forment une base de l’espace à trois di-
mensions. En algèbre linéaire, on dit qu’ils engendrent l’espace à trois dimensions. Puisqu’ils
x1 sont de norme constante, ils servent d’étalon géométrique pour quantifier le mouvement.
Un repère orthonormé est un repère dont les vecteurs de base sont orthogonaux et de norme
Repère cylindrique
unité. En mécanique du point matériel et du solide indéformable, on considère uniquement
x3 des repères orthonormés. Toutefois, lorsqu’on veut décrire des solides déformables ou faire de
la relativité générale, on doit aussi considérer des repères non-orthonormés. Mais, rassurez-
er vous, dans ce cours on va se faciliter la vie et considérer uniquement des repères orthonormés.
ef L’exemple le plus célèbre de repère direct est le repère cartésien. Mais, il existe aussi
P
q d’autre repères comme le repère cylindrique ou le repère sphérique que nous allons
eq
O x2 définir ultérieurement et utiliser abondamment dans ce cours.
f J’attire votre attention sur le fait qu’il ne faut confondre la notion géométrique de repère
x1
Repère sphérique
2.1 Cinématique du point matériel 15
O y
r(t)
OP
2.1.5 Trajectoire
Après avoir défini le vecteur position d’un point matériel, on est en mesure de définir
la notion de trajectoire. La trajectoire d’un point matériel est l’ensemble des points de
l’espace qui sont occupés par le point matériel au cours du temps. En mathématiques on
parle de lieu géométrique. Par exemple, la trajectoire d’un avion de ligne est facilement
observable par beau temps. Elle correspond à la trace laissée par la combustion de kérosène
dans le ciel.
On peut mentionner plusieurs exemples de trajectoires particulières de points matériels.
Trajectoire
La trajectoire d’un mouvement rectiligne est, comme son nom l’indique, une ligne droite. La
trajectoire d’un mouvement circulaire est, comme son nom l’indique, un cercle. La trajectoire
balistique d’un projectile − par exemple un boulet de canon − en absence de frottement est
une parabole. La trajectoire de la terre autour du soleil est une ellipse, c’est ce qu’affirme la
loi des orbites de Kepler. La trajectoire d’une comète traversant le système solaire est une
hyperbole.
16 Cinématique et dynamique du point matériel
Dr(t)
r(t)
r(t +Dt)
O y
Figure 2.2 Vecteur déplacement ∆r (t) qui est colinéaire vecteur vitesse v (t) d’un point
matériel.
L’expression mathématique du vecteur vitesse est donc définie comme la dérivée du vecteur
position par rapport au temps,
∆r (t) r (t + ∆t) − r (t) dr
v (t) = lim = lim = = ṙ (2.1)
∆t→0 ∆t ∆t→0 ∆t dt
En utilisant la convention des physiciens, on dénote cette dérivée comme le rapport du
vecteur déplacement infinitésimal dr et de l’intervalle de temps infinitésimal dt. Le vecteur
vitesse est tangent à la trajectoire du point matériel représentée en gras (Fig. 2.2). L’unité
physique de la vitesse dans le système d’unités international est notée [ m/s ].
A titre d’exemple, on peut citer la mesure de la vitesse d’une balle de fusil à l’aide de
Mesure de la vitesse
cellules photoélectriques distantes d’un mètre. L’inverse du temps de passage de la balle
entre les deux cellules distance correspond la vitesse exprimée en [ m/s ].
v(t)
Dv(t)
r(t ) v (t+Dt)
r(t+Dt)
O y
Figure 2.3 Vecteur variation de vitesse ∆v (t) qui est colinéaire au vecteur accélération
a (t) d’un point matériel.
x0 P v
x
Figure 2.4 Mouvement rectiligne uniforme à vitesse v constante d’un point matériel P .
où c0 est une constante d’intégration. Pour déterminer la constante c0 , il faut tenir explici-
tement compte de la condition initiale sur la coordonnée de position,
x (0) = x0 (2.5)
ce qui implique que,
c0 = x 0 (2.6)
En substituant l’expression (2.6) dans l’équation horaire (2.4), celle-ci devient,
x (t) = v t + x0 (2.7)
L’équation de la vitesse (2.3) est une équation différentielle du premier ordre par rapport
Glisseur sur rail à air
18 Cinématique et dynamique du point matériel
au temps. Il faut donc une seule condition initiale sur la position (2.5) pour déterminer
l’équation horaire (2.7).
A titre d’exemple, on peut citer le mouvement d’un glisseur libre sur un rail à air hori-
zontal, le mouvement d’un pierre de curling sur une patinoire bien lisse ou le mouvement
d’une balle de fusil lorsqu’on néglige l’action de la force de pesanteur.
x0 , v 0 P a
x
où c1 est une constante d’intégration. Pour déterminer la constante c1 , il faut tenir explici-
tement compte de la condition initiale sur la coordonnée de vitesse,
v (0) = v0 (2.10)
v (t) = a t + v0 (2.12)
2.3.2 Masse
La masse m d’un objet considéré comme un point matériel représente une quantité de
matière. C’est donc une grandeur extensive définie positive. Si vous prenez deux objets, la
masse totale est la somme des masses des deux objets. La masse est donc une grandeur
additive. Comme la masse est une quantité de matière, elle n’a pas d’orientation. C’est donc
une grandeur scalaire. La masse est une grandeur conservée. En mécanique newtonienne,
on ne peut ni créer ni détruire de la matière. Cela n’est plus le cas en relativité, puisque la
masse peut se transformer en un autre type d’énergie E comme le montre la célèbre formule
établie par Albert Einstein : E = mc2 où c représente la vitesse de propagation de la lumière
dans le vide.
En mécanique newtonienne, la masse est globalement conservée, mais elle peut sortir ou
entrer dans un système. Si la masse d’un système change, c’est que de la masse est sortie
ou entrée dans le système. S’il n’y a pas d’échange de masse avec l’extérieur, on dit que
20 Cinématique et dynamique du point matériel
le système est fermé. Quand il y a échange de masse, on dit qu’il est ouvert. Un lingot
d’or de masse donnée est un système fermé, sa masse est une constante. Une fusée entrain
de décoller est un système ouvert, sa masse diminue au cours du temps parce que la fusée
rejette des gaz dans l’atmosphère par combustion.
L’unité de la masse dans le système international d’unités est le kilogramme noté [ kg ].
La masse étalon définissant le kilogramme est un barreau de platine iridié qui se trouve au
Bureau International des Poids et Mesures à Sèvres, dans la banlieue de Paris.
Deux masses sont identiques si elles provoquent la même élongation lorsqu’on les suspend
à des ressorts identiques.
Etalon de platine
2.3.3 Quantité de mouvement
La quantité de mouvement p est une grandeur physique qui a été introduite par Isaac
Newton. L’idée géniale de Newton a été d’introduire cette grandeur physique pour décrire
le mouvement. La quantité de mouvement est une grandeur extensive, car elle permet de
décrire spécifiquement le mouvement d’une quantité de matière. La quantité de mouvement
de deux objets est la somme de la quantité de mouvement de chaque objet, contrairement
à la vitesse. Cette grandeur doit être vectorielle parce que le mouvement a une orientation
bien précise.
Pour l’instant, on ne peut pas encore définir l’unité physique de la quantité de mouvement.
La motivation de notre démarche deviendra plus clair lorsque nous aurons énoncé la 1ère
et la 2e loi de Newton. Le concept de quantité de mouvement est un concept absolument
central de la physique et pas seulement de la mécanique. Ce concept s’applique en relativité
restreinte et générale et aussi en mécanique quantique. C’est donc un concept universel qu’a
défini Isaac Newton !
Isaac Newton
2.3.4 1ère loi de Newton
Je dois vous mettre en garde contre une erreur historique. La 1ère loi de Newton n’a en
réalité pas été découverte par Newton mais par Galilée. Il s’agit en fait du principe d’inertie
de Galilée. J’ai beaucoup d’admiration pour Newton, mais je pense qu’il faut quand même
rendre à Galilée ce qui lui revient.
La 1ère loi de Newton ou le principe d’inertie de Galilée est énoncée par Newton
dans ses Principia Mathematica de la manière suivante :
Tout corps persévère dans l’état de mouvement uniforme en ligne droite à moins que
quelque force n’agisse sur lui et ne le contraigne à changer d’état.
Galilée a trouvé ce principe en se basant sur ses propres observations. Ce principe n’était
pas du tout une évidence à l’époque de Galilée. Il faut se replacer dans le contexte histo-
rique de l’époque. Selon Aristote, le mouvement d’un objet dans l’air est son mouvement
naturel. Il est porté par l’air. Les observations de Galilée sont diamétralement opposées. Le
mouvement d’un objet dans l’air n’est pas son mouvement naturel. Il est freiné par l’air. Son
mouvement naturel en absence d’interaction extérieure résultante est un mouvement recti-
ligne uniforme. Ce principe d’inertie est vraiment un tour de force conceptuel. Le concept de
force a été proprement introduit en dynamique par Newton. Galilée ne parle que de l’effet
du monde extérieur. Donc, si on mentionne le principe d’inertie en se référant à la 1ère loi
de Newton, c’est parce qu’il a complété l’énoncé du principe d’inertie en attribuant la cause
de l’accélération d’un mouvement à une force.
Galileo Galilei
2.3 Lois de Newton 21
Pourquoi parle-t-on de principe d’inertie ? Qu’est-ce que l’inertie ? L’inertie d’un objet est
la résistance que cet objet présente lorsqu’on le met en mouvement. L’inertie c’est ce qui
s’oppose à une accélération. Le principe d’inertie définit sous quelle condition un objet suit
un mouvement rectiligne uniforme, c’est-à-dire un mouvement en absence d’accélération. Il
ne faut pas confondre le concept très général d’inertie avec les notions spécifiques de moment
d’inertie ou de tenseur d’inertie d’un solide. Ces deux notions sont un cas particulier d’inertie
pour un solide en rotation. On verra cela plus en détails lorsqu’on abordera la dynamique
du solide.
Dans la section précédente, on a défini les vecteurs position, vitesse et accélération. La
question qui se pose ici est de savoir par rapport à quel référentiel on peut définir ces notions.
Peut-on choisir n’importe quel référentiel ? La réponse est non. Ces grandeurs cinématiques
dépendent du référentiel choisi. Le principe d’inertie permet de choisir les référentiels par
rapport auxquels on peut définir les lois de la dynamique. Ces référentiels sont les référentiels
d’inertie. Par définition, un référentiel d’inertie est un référentiel par rapport auquel le
principe d’inertie est vérifié. Par conséquent, dans un référentiel d’inertie, un objet qui n’est
pas soumis à une force est soit au repos soit en mouvement rectiligne uniforme.
On voit tout de suite que par définition un référentiel d’inertie n’est pas unique. Si on prend
deux référentiels qui se déplacent à vitesse constante l’un par rapport à l’autre, un objet
qui a un mouvement rectiligne uniforme dans un référentiel aura également un mouvement
rectiligne uniforme dans l’autre. S’il est au repos dans un référentiel, il aura un mouvement
rectiligne uniforme dans l’autre. Ces deux référentiels sont deux référentiels d’inertie. Il existe
donc une infinité de référentiels d’inertie.
Le concept de référentiel d’inertie n’est pas un concept absolu. Il dépend du système phy-
sique qu’on cherche à décrire. Si on veut décrire la dynamique d’un petit pendule, d’environ
10 cm de long, dans un laboratoire sur une petite échelle de temps, d’une durée d’une mi-
nute environ, on peut considérer que la terre est un bon référentiel d’inertie. Par contre si on
considère un grand pendule, d’environ 67 m comme celui de Foucault attaché au sommet du
dôme du Panthéon à Paris, et qu’on veut décrire sa dynamique, on va devoir tenir compte du
mouvement de rotation de la terre sur elle-même. Le plan d’oscillation du pendule va tour-
ner au cours du temps. Pour décrire la dynamique d’un tel pendule, on va devoir prendre
comme référentiel d’inertie le système solaire. Si un train se déplace à vitesse constante,
et qu’on désire modéliser le mouvement d’un pendule attaché au plafond, on peut choisir
comme référentiel d’inertie le train ou la terre. En général, il sera plus facile de choisir comme
référentiel le train. Dans le cas où le train accélère, la dynamique du pendule change et le
train n’est plus un référentiel d’inertie.
Il est important de faire la distinction entre les termes principe et loi. Un principe est
Pendule de Foucault
plus fondamental et général qu’une loi. On utilise un principe pour formuler des lois. Le
principe d’inertie porte bien son nom puisqu’il pose les bases de la dynamique à partir
desquelles on va pouvoir formuler les lois de la dynamique.
2.3.5 Force
Le concept de force est très ancien. Archimède a introduit ce concept pour expliquer la
flottabilité d’un objet. Simon Stevin a utilisé la notion statique de force pour décrire des
états d’équilibre au XVIe siècle. Cependant, c’est Newton qui donné à la notion de force
un statut dynamique. La force F est une grandeur physique qui modifie l’état de repos ou
de mouvement uniforme d’un objet. C’est une grandeur extensive qui permet de décrire la
cause de la variation de l’état de mouvement uniforme d’un objet. C’est une grandeur qui
doit par construction être additive pour décrire la cause du mouvement d’une quantité de
matière. Si deux forces s’exercent sur un objet, la force résultante est la somme des forces
appliquées. Une force doit être une grandeur vectorielle parce qu’elle s’exerce sur l’objet
dans une direction bien précise.
Si une force est appliquée sur un point matériel on peut la mesurer avec un dynamomètre
relié par un fil au point matériel. Le point matériel est maintenu immobile par la force
élastique exercée par le dynamomètre. La direction du fil donne la direction de la force et la
valeur lue sur le dynamomètre, son intensité.
Simon Stevin
22 Cinématique et dynamique du point matériel
Pour l’instant, on ne peut pas encore définir l’unité physique de force. Pour pouvoir la
déterminer, on doit définir la 2e loi de Newton. Mais au préalable, on va examiner la règle
de composition vectorielle des forces découverte expérimentalement par Stevin et établie
théoriquement par Newton. Dans l’expérience de Stevin (Fig. 2.6), le point matériel P est
immobile. Cela signifie que la somme vectorielle des forces F A et F B , dont les normes sont
indiquées sur les dynamomètres en A et B, est égale à la force F C , dont la norme est
indiquée sur le dynamomètre en C. Lorsque deux forces F A et F B sont appliquées sur un
Figure 2.6 L’expérience de Stevin constitue une mesure de la composition de deux forces :
la somme des forces exercées sur le point matériel P doit être nulle. La force mesurée par
le dynamomètre en C doit être égale à la somme vectorielle des forces mesurées par les
dynamomètres en A et B.
point matériel P , la somme vectorielle de ces forces est la force résultante F C orientée selon
la diagonale du parallélogramme engendré par F A et F B . La norme de la force résultante
F C correspond à la longueur de la diagonale du parallélogramme (Fig. 2.7). Quand les
FA
FC
P FB
Figure 2.7 La force F C est la somme vectorielle des forces F A et F B appliquées sur le
point matériel P .
forces sont décrites par des vecteurs, cette règle de composition vectorielle paraı̂t naturelle
et presque triviale, mais elle ne l’était pas du temps de Newton.
Il peut y avoir plusieurs forces appliquées sur un objet, mais étant donné que la force est
une grandeur extensive, la force résultante est la somme vectorielle des forces. A présent,
2.3 Lois de Newton 23
on désire transcrire la 2e loi de Newton, aussi appelée loi du mouvement, sous forme
mathématique. La variation de la quantité de mouvement p au cours du temps, lorsque
l’intervalle de temps tend vers 0 est simplement la dérivée de la quantité de mouvement
par rapport au temps. Puisque la cause de la variation de quantité de mouvement est la
résultante des forces extérieures F ext , l’équation du mouvement s’écrit simplement comme,
X dp
F ext = (2.19)
dt
Cette équation est très générale puisqu’elle est valable non seulement en mécanique, mais
également en électrodynamique, en physique quantique et même en relativité restreinte. En
relativité générale, elle est remplacée par un concept plus abstrait. Ce concept est la courbure
de l’espace-temps.
Pour pouvoir établir la loi du mouvement (2.19), il est essentiel de considérer que la
quantité de mouvement est une grandeur extensive. Sinon, on ne pourrait pas identifier sa
dérivée par rapport au temps avec la résultante des forces extérieures. Dans une équation
physique, on ne peut identifier que des grandeurs physiques de même nature. On voit ici le
bien-fondé de la démarche de Newton qui postule l’existence de la quantité de mouvement
pour pouvoir établir un lien explicite entre la variation de l’état de mouvement et sa cause.
On va maintenant déterminer l’expression explicite de la quantité de mouvement d’un point
matériel.
une fonction vectorielle f (v) de la vitesse v. Par conséquent, la quantité de mouvement est
exprimée en termes de la masse m et de la vitesse v comme,
p = m f (v) (2.24)
Figure 2.8 Choc mou entre deux glisseurs identiques sur un rail à air horizontal.
mouvement rectiligne uniforme de vitesse initiale v percute le second glisseur qui est initia-
lement au repos. Lors de la collision, la pointe qui se trouve sur le premier glisseur s’enfonce
dans la pâte à modeler fixée sur le second. Après la collision, on observe que le système formé
des deux glisseurs a un mouvement rectiligne uniforme de vitesse v/2. Comme la résultante
des forces extérieures agissant sur le système formé des deux glisseurs est nulle, la 2e loi de
Newton affirme que la quantité de mouvement totale est conservée lors de la collision. La
quantité de mouvement initiale du second glisseur est nulle. Par conséquent, la quantité de
mouvement initiale du premier glisseur doit être égale à la quantité de mouvement finale
des deux glisseurs,
v
m f (v) = 2 m f (2.25)
2
La dérivée de la relation (2.25) par rapport à la vitesse divisée par la masse m s’écrit,
v v
df (v) df df
=2 2 = 2 (2.26)
dv dv v
d
2
La relation (2.26) implique que la dérivée de la fonction vectorielle f (v) est constante,
df (v)
= α = cste (2.27)
dv
où la grandeur scalaire α > 0 est définie positive pour que la quantité de mouvement soit
orientée dans le sens du mouvement défini par la vitesse v. En intégrant la relation (2.27)
compte tenu de la condition initiale f (0) = 0, on en conclut que la fonction vectorielle f (v)
est une fonction linéaire de la vitesse v,
f (v) = α v (2.28)
Par conséquent, pour des vitesses très faibles par rapport à la vitesse de propagation de la
lumière dans le vide, en substituant la relation (2.28) dans la relation (2.24), celle-ci devient,
p = αmv (2.29)
Compte tenu de la loi du mouvement (2.33), l’unité physique de la force dans le système
international d’unités est le Newton noté [ N ] = [ kg·m/s2 ].
3
Frottements et balistique
Figure 3.1 Une plaque de bois glisse sur une surface lisse et sèche. Des poids sont posés
sur la plaque de bois. On mesure la force appliquée sans glissement, puis la force appliquée
lors du glissement.
les frottements secs et en conclut que la force de frottement est proportionnelle à la force
exercée par la surface du dessous sur la surface du dessus et qu’elle est indépendante de
l’aire de la surface de contact. Deux siècles plus tard, Guillaume Amontons montre qu’elle
est indépendante de la norme de la vitesse de mouvement relatif d’un solide par rapport à
l’autre.
Léonard de Vinci
28 Frottements et balistique
Frottements statiques
On considère un solide immobile posé sur une surface (Fig. 3.1). Il subit une force de
réaction normale N qui compense son poids P . On exerce une force de traction T tangente
à la surface sans que le solide glisse. Le solide subit alors une force de frottement statique
Ff pour compenser la force de traction T . Elle s’ajuste pour qu’il n’y ait pas de glissement
(Fig. 3.2). Lorsque la force de frottement statique Ff atteint une valeur maximale, il y a
T Ff
Figure 3.2 La force de frottement statique Ff s’ajuste pour compenser la force de traction
T.
Frottements cinétiques
Lorsque le solide se met en mouvement il subit alors une force de frottement cinétique Ff
qui s’oppose à la force de traction T (Fig. 3.3). L’expression de la norme kFf k de la force
v
T Ff
de frottement cinétique est donnée par une équation établie par de Coulomb,
Ff = − µc kN k v̂ (3.2)
où v̂ = v/kvk est le vecteur unitaire sans dimension physique qui est colinéaire au vecteur
vitesse et µc est un nombre positif sans dimension physique appelé le coefficient de frot-
tement cinétique. Dans ce modèle, on considère que le coefficient µc est indépendant de
la vitesse.
On constate expérimentalement que le coefficient de frottement cinétique entre deux so-
lides est plus petit que le coefficient de frottement statique, i.e. µc < µs (Tab. 3.1). On en fait
l’expérience lorsqu’on fait glisser un meuble lourd sur un sol lisse. Avant le décrochement, en
régime statique, la norme de la force de frottement kF f k est une fonction linéaire croissante
de la norme de la force de traction kT k. Lorsqu’elle atteint la valeur maximale µs kN k, il y
a décrochement. Puis la norme de la force de frottement kF f k chute brutalement en régime
cinétique pour atteindre la valeur constante µc kN k qui est indépendante de la norme de la
force de traction kT k (Fig. 3.4).
||Ff ||
ms ||N ||
mc ||N ||
||T ||
deux types de régimes. Le premier est le régime d’écoulement laminaire qui correspond
à une vitesse relative suffisamment basse. Le second est le régime d’écoulement turbulent
qui correspond à une vitesse relative suffisamment élevée, mais inférieure à la vitesse du son.
Loi de Stokes
En régime d’écoulement laminaire, la force de frottement est proportionnelle à la vitesse
relative v et satisfait la loi de Stokes,
Ff = − k η v = − b v (3.3)
où k est un facteur géométrique et η est la viscosité du fluide. Dans le cas d’une sphère,
le facteur géométrique k = 6πR où R est le rayon de la sphère. La viscosité η qui dépend
notamment de la température représente une résistance à l’écoulement (Tab. 3.2). L’unité
George Gabriel Stokes
de la viscosité dans le système international d’unités est noté [ N·s/m2 ].
Traı̂née
En régime d’écoulement turbulent, la force de frottement est la traı̂née qui est propor-
tionnelle au carré de la norme de la vitesse relative v 2 , Ff
1
Ff = − Cx A ρ v 2 v̂ (3.4)
2
où Cx est le coefficient de traı̂née qui n’a pas de dimension physique, A est l’aire de la
projection de l’objet sur le plan orthogonal au vecteur vitesse et ρ est la densité du fluide Ecoulement laminaire
Ff
Cx = 1.1 Cx = 0.34
Cx = 1.4 Cx = 0.05
Ecoulement turbulent
Cx = 0.45 Cx = 0.1-0.2
Figure 3.5 Le coefficient de traı̂née est déterminé par la forme géométrique de l’objet.
Figure 3.6 Evolution du coefficient de traı̂née Cx des voitures du XXe au XXIe siècle.
3.2.2 Poids
Pour faire de la balistique, il faut commencer par définir la force de pesanteur exercée sur
un objet à la surface de la terre par l’attraction gravitationnelle. La force de pesanteur d’un
objet, c’est simplement son poids. Un objet en chute libre subit une accélération dirigée vers
le bas qui due à la force de pesanteur. Il existe donc un champ vectoriel de gravitation g
qu’on dénote g. On utilise le terme champ, parce que la force de pesanteur agit partout,
c’est-à-dire en tout point. Ce champ varie lorsqu’on s’éloigne ou se rapproche du centre de
la terre. Il varie aussi avec la latitude à cause des effets liés à la rotation de la terre et
à cause du fait que la terre n’est pas une sphère parfaite, mais a une forme d’ellipsoı̈de.
Seulement, à l’échelle de distances qu’on considère lorsqu’on lance une balle ou qu’on tire
un obus, ces effets sont négligeables et on peut considérer que le champ de pesanteur est à
peu près constant et dirigé vers le centre de la terre.
La force de pesanteur ou le poids d’un objet est défini comme le produit de la masse
Poids
m de l’objet et du champ gravitational g en accord avec la 2e loi de Newton (2.33),
P = mg (3.5)
Le poids P est considéré comme une force extérieure F ext puisque la cause de cette force est
le champ de pesanteur qui est extérieur à l’objet. Pour trouver des solutions quantitatives
aux problèmes de balistique, il faut pouvoir disposer d’une valeur numérique de ce champ
de pesanteur. La valeur expérimentale de la norme du champ g évaluée à une latitude de
45◦ au niveau de la mer est g = 9.81 [ m/s2 ].
F ext = P = m a (3.6)
a=g (3.7)
Figure 3.7 Dans le vide, en absence de frottement, la plume et le cube de plomb ont la
même accélération.
Evangelista Torricelli
3.2.4 Repère et conditions initiales
Etant donné que le mouvement balistique en absence de frottement n’a pas de symétrie
particulière, on choisit comme repère, le repère cartésien (O, x, y, z). La loi du mouvement
Plume et plomb balistique (3.7) décrit toutes sortes de mouvements possibles. Pour déterminer un mouve-
ment balistique spécifique, on doit spécifier les coordonnées cartésiennes de la position et de
la vitesse à un instant donné. Pour simplifier, on donne, en général, la position et la vitesse
à l’instant initial t = 0. Pour cette raison, on parle de conditions initiales.
O y
r0 v0
Figure 3.8 Le point matériel P a une position initiale r 0 et une vitesse initiale v 0 quel-
conques.
(x (0) , y (0) , z (0)) = (x0 , y0 , z0 ). Par conséquent, il y a trois conditions initiales sur la posi-
tion (Fig. 3.8),
(i) ẋ (0) = v0x (ii) ẏ (0) = v0y (iii) ż (0) = v0z (3.9)
ẍ = 0
ÿ = 0 (3.10)
z̈ = − g = cste
En intégrant les équations du mouvement (3.10) par rapport au temps, compte tenu des
conditions initiales (3.9) sur la vitesse, on obtient les équations de la vitesse,
ẋ = v0x = cste
ẏ = v0y = cste (3.11)
ż (t) = − gt + v0z
En intégrant les équations de la vitesse (3.11) par rapport au temps, compte tenu des
conditions initiales (3.8) sur la position, on obtient les équations horaires,
x (t) = v0x t + x0
y (t) = v0y t + y0 (3.12)
1
z (t) = − gt2 + v0z t + z0
2
Le mouvement selon les axes de coordonnées Ox et Oy est rectiligne uniforme car il n’y a
pas de force qui agit dans ces directions. Le mouvement selon l’axe de coordonnée Oz est
rectiligne uniformément accéléré vers le bas dû au champ gravitationnel.
v0
P
a
Figure 3.9 Le point matériel P est initialement à l’origine avec une vitesse initiale v 0
dans le plan Oxz qui est orientée selon un angle de tir α par rapport à l’axe horizontal Ox.
z(x)
a
x
A titre d’exemple, on considère un mécanisme qui permet de lâcher deux boules simul-
tanément. La première boule n’a pas de vitesse initiale, elle est donc en chute libre. La
3.3 Balistique avec frottement 35
deuxième a une vitesse initiale horizontale due à l’action d’un ressort et suit donc un mou-
vement rectiligne uniforme selon l’axe horizontal et un mouvement rectiligne uniformément
accéléré selon l’axe vertical (Fig. 3.11). Les deux boules frappent le sol en même temps, car
elles ont sont soumises à la même accélération verticale du champ de pesanteur.
Figure 3.11 La boule de gauche est en chute libre alors que la boule de droite est éjectée
par un ressort horizontal.
Comme autre exemple, on considère une table à air inclinée de sorte que le bord long soit
horizontal et que le bord court soit incliné. Un puck est lâché depuis le coin droit du haut
de la table. Simultanément, un puck est lancé depuis le coin gauche du bas de la table dans
la ligne de visée du premier avec une vitesse bien choisie. Les deux pucks entrent en collision
au coin droit du bas de la table (Fig. 3.12).
Figure 3.12 Le puck de bas est lancé sur une table à air inclinée avec une vitesse initiale
orientée vers le puck du haut lâché simultanément sans vitesse initiale.
X
F ext = P + F f = m a (3.17)
36 Frottements et balistique
En substituant l’expression (3.5) du poids P et la loi de Stokes (3.3) dans la loi du mouve-
ment (3.17), celle-ci devient,
ma = mg − bv (3.18)
Afin d’obtenir l’équation de la vitesse selon l’axe horizontal Ox, on intègre l’équation
différentielle du mouvement (3.24) du temps initial 0 au temps t et donc de la vitesse initiale
v0x à la vitesse vx (t),
Z vx (t) 0 0
1 t 0
Z
dvx (t )
=− dt (3.25)
v0x vx0 (t0 ) τ 0
où les variables et fonctions apparaissant dans l’expression de l’intégrant sont notées avec
des primes pour ne pas les confondre avec les bornes d’intégration. La solution de l’équation
intégrale (3.25) s’écrit,
vx (t) t
ln (vx (t)) − ln (v0x ) = ln =− (3.26)
v0x τ
En prenant l’exponentielle de l’équation (3.26), on obtient l’équation de la vitesse (Fig. 3.13),
t
vx (t) = v0x exp − (3.27)
τ
vx (t)
v0x
t
t
L’équation horaire du mouvement horizontal (3.30) peut être mise sous la forme (Fig. 3.14),
t
x (t) = v0x τ 1 − exp − (3.31)
τ
L’équation horaire du mouvement horizontal montre que la coordonnée horizontale de la
position tend vers une valeur maximale,
v0x t
t
t
Figure 3.14 La coordonnée horizontale de la position x (t) tend vers une valeur maximale
v0x τ .
v0z
-gt
Figure 3.15 La vitesse v (t) du mouvement vertical décroı̂t exponentiellement dû à la force
de frottement à partir d’une valeur initiale v0z pour tendre vers la vitesse limite vl = − gτ .
La vitesse limite de chute libre de l’homme dans l’atmosphère est d’environ 200 km/h alors
que le faucon pèlerin atteint une vitesse limite de 300 km/h. A cette vitesse l’écoulement
de l’air a lieu en régime turbulent et le coefficient de traı̂née Cx du faucon est bien meilleur
que celui de l’homme.
Comme la vitesse est la dérivée (1.2) de la position, le déplacement infinitésimal vertical
dz (t) est donné par,
t
dz (t) = (v0z + gτ ) exp − dt − gτ dt (3.40)
τ
Afin d’obtenir l’équation horaire selon l’axe vertical Oz, on intègre l’équation différentielle
du déplacement (3.40) du temps initial 0 au temps t et donc de la position initiale 0 à la Faucon pèlerin
position z (t),
Z z(t) Z t 0 Z t
0 0 t 0
dz (t ) = (v0z + gτ ) exp − dt − gτ dt0 (3.41)
0 0 τ 0
L’équation horaire du mouvement vertical (3.42) peut être mise sous la forme (Fig. 3.16),
2
t
z (t) = v0z τ + gτ 1 − exp − − gτ t (3.43)
τ
z(t)
z(x)
v0x t
Fe = −kr (4.1)
où k est la constante élastique du matériau. Hooke a écrit que cette loi signifiait que
l’allongement est proportionnel à la force.
La force est mesurée avec un capteur de force et le déplacement avec un capteur de
Robert Hooke
déplacement. Pour des déformations suffisamment faibles dans le domaine de déformation
42 Oscillateur harmonique et mouvement circulaire
k Fe m
r
O
Figure 4.1 La force élastique F e exercée sur un point matériel de masse m provoque une
déformation suffisamment petite proportionnelle à l’allongement r où k est la constante
élastique. Elle est orientée vers la position d’équilibre initiale O.
élastique, l’élongation est proportionnelle à la force appliquée. Cela démontre la loi de Hooke
pour la force élastique (Fig. 4.2).
Intuitivement, on se rend bien compte que le mouvement oscillatoire d’une masse suspen-
due à un ressort est amorti par les frottements de l’air. Si on observe ce mouvement durant
un intervalle de temps suffisamment court, on peut négliger la force de frottement visqueux
entre la masse et l’air. Lorsque ce mouvement a lieu dans l’eau, on doit tenir compte des frot-
tements visqueux car l’eau a une viscosité bien plus élevée. Dans cette section, on considère
un oscillateur harmonique libre, c’est-à-dire qu’on néglige l’action de la force de frottement
visqueux. On tiendra explicitement compte des frottements dans la section suivante.
Oscillateur (air, eau)
F ext = F e = m a (4.2)
ma = −kr (4.3)
Comme la force élastique F e = − k r est une force centrale orientée vers le point d’attache
du ressort, le mouvement a lieu dans un plan. Dans le cas où la vitesse initiale est nulle ou
orientée selon l’axe défini par le point d’attache du ressort et le point matériel, le mouvement
harmonique oscillatoire est rectiligne.
4.1 Oscillateur harmonique 43
ẍ + ω 2 x = 0 ou ẍ = − ω 2 x (4.6)
où la deuxième identité est la formule d’Euler (Fig. 4.3) obtenue par inspection graphique
compte tenu du fait que les solutions mathématiques sont des nombres complexes de module
unité,
|e±i ωt |2 = e±i ωt e∓i ωt = e0 = 1
Im(x(t))
|e iwt |
sin(wt)
wt
Re(x(t))
cos(wt)
Figure 4.3 Le cercle trigonométrique de rayon unité dans le plan complexe, aussi appelé
le plan de Gauss, est le lieu géométrique des solutions |ei ωt |. La projection de |ei ωt | sur
l’axe réel Re (x (t)) donne cos (ωt) et la projection sur l’axe imaginaire Im (x (t)) donne
sin (ωt).
Cette solution est complexe, i.e. x (t) ∈ C, mais l’amplitude d’oscillation est réelle, i.e.
x (t) ∈ R. Les solutions physiques de l’équation mouvement harmonique oscillatoire (4.3)
sont donc des combinaisons linéaires réelles des solutions mathématiques linéairement
indépendantes (4.7) avec une pulsation ω et une pulsation − ω. Il y a donc deux types
de solutions physiques linéairement indépendantes,
ei ωt + e− i ωt ei ωt − e− i ωt Leonhard Euler
(i) x (t) = cos (ωt) = (ii) x (t) = sin (ωt) = (4.8)
2 2i
Si une équation différentielle admet des solutions linéairement indépendantes, la solution
générale est une combinaison linéaires de ces deux solutions,
où A et B sont des longueurs constantes qui dépendent des conditions initiales. En intro-
duisant le changement de variable suivant,
A = C cos ϕ et B = − C sin ϕ
où ϕ est l’angle de déphasage et C est l’amplitude d’oscillation, qui dépendent des condi-
tions initiales.
x(t) = C cos(wt)
C j=0
t
Figure 4.4 Solution du mouvement oscillatoire sans frottement x (t) = C cos (ωt) d’am-
plitude C, de pulsation ω, de période T et d’angle de déphasage ϕ = 0.
ω = 2πf (4.11)
j=0
x(t) = - w2C cos(wt)
x(t) = - wC sin(wt)
x(t) = C cos(wt)
t
Figure 4.5 Graphique de la position x (t), de la vitesse ẋ (t) et de l’accélération ẍ (t) d’un
mouvement harmonique oscillatoire pour un angle de déphasage ϕ = 0. La vitesse est
déphasée d’un angle π/2 par rapport à la position et l’accélération est déphasée d’un angle
π par rapport à la position.
L’équation horaire (4.10) permet une identification plus claire des grandeurs physiques
4.1 Oscillateur harmonique 45
L’équation horaire (4.10) d’un mouvement harmonique oscillatoire peut aussi être ex-
primée explicitement en fonction de la fonction sinus en prenant un autre angle de déphasage
ϕ0 = ϕ + π/2 (Fig. 4.6),
x (t) = C sin (ωt + ϕ0 ) (4.15)
x(t) = C sin(wt)
C j’ = 0
t
Figure 4.6 Solution du mouvement oscillatoire sans frottement x (t) = C sin (ωt) d’am-
plitude C, de pulsation ω, de période T et d’angle de déphasage ϕ0 = 0.
L’expression de la vitesse est obtenue en dérivant l’équation horaire (4.15) par rapport au
temps t,
ẋ (t) = ω C cos (ωt + ϕ0 ) (4.16)
tendu oscille autour de l’axe correspondant au fil. On peut visualiser ces oscillations de faible
amplitude sur le mur de l’auditoire grâce à un faisceau laser réfléchi sur un miroir collé à la
barre.
Pendule de torsion
4.1.4 Conditions initiales
Jusqu’à présent, on a établi les formes générales (4.10) et (4.15) de l’équation horaire
d’un oscillateur harmonique. En toute généralité, le mouvement oscillatoire harmonique est
déterminé par deux paramètres : l’amplitude C et l’angle de déphasage ϕ ou ϕ0 . Il faut deux
conditions initiales pour déterminer ces deux paramètres qui donnent lieu à un mouvement
spécifique : une sur la position et l’autre sur la vitesse.
A titre d’exemple de mouvement spécifique, on considère un oscillateur harmonique avec
une déformation initiale x0 et une vitesse initiale nulle. La condition initiale sur la position
s’écrit,
x (0) = x0 (4.18)
ẋ (0) = 0 (4.19)
46 Oscillateur harmonique et mouvement circulaire
En substituant la condition initiale (4.19) sur la vitesse dans les expressions (4.13) et (4.16)
de la vitesse, on en tire les angles de déphasage ϕ et ϕ0 ,
π
ϕ=0 et ϕ0 = (4.20)
2
En substituant la condition initiale (4.18) sur la position dans les expressions (4.10) et (4.15)
de la position, compte tenu des expressions des angles de déphasage (4.20), on en tire l’am-
plitude,
C = x0 (4.21)
En substituant les conditions (4.20) et (4.21) dans les expressions (4.10) et (4.15) de la
position, on montre que celles-ci sont identiques et s’expriment comme,
π
x (t) = x0 cos (ωt) = x0 sin ωt + (4.22)
2
En substituant la loi de Hooke (4.1) et la loi de Stokes (3.3) dans la loi du mouvement (4.23),
celle-ci devient,
ma = −kr − bv (4.24)
m ẍ = − b ẋ − k x (4.25)
4.2 Oscillateur harmonique amorti 47
x(t)
critique
fort
faible
Figure 4.7 Solution du mouvement harmonique oscillatoire avec frottement dans le cas
d’un amortissement faible, d’un amortissement fort et d’un amortissement critique avec
des conditions initiales identiques.
λ1 = − γ + ω et λ2 = − γ − ω (4.41)
car γ 2 > ω02 pour un amortissement fort. L’équation horaire x (t) doit être réelle. Pour qu’elle
soit réelle, il faut que les coefficients A1 et A2 soient réels. Les temps d’amortissements
caractéristiques τ1 et τ2 sont définis comme,
1 1
τ1 = et τ2 = (4.42)
γ− ω γ+ω
4.2 Oscillateur harmonique amorti 49
Lorsqu’il y a amortissement fort, le frottement est trop important par rapport à l’action de
la force élastique et l’oscillateur est amorti avant d’avoir pu osciller.
x (t) = (A + B t) e− ω0 t (4.44)
Amortissement faible
L’équation de la vitesse pour un amortissement faible est obtenue en prenant la dérivée
de l’équation horaire (4.40) par rapport au temps,
ẋ (t) = − Ce−γt γ cos (ωt + ϕ) + ω sin (ωt + ϕ) (4.46)
x0 = C cos ϕ (4.48)
Amortissement fort
L’équation de la vitesse pour un amortissement fort est obtenue en prenant la dérivée de
l’équation horaire (4.43) par rapport au temps,
A1 − τt A2 − τt
ẋ (t) = − e 1 − e 2 (4.52)
τ1 τ2
Les conditions initiales (4.45) sur la position et la vitesse s’écrivent,
A1 A2
A1 + A2 = x 0 et − − =0 (4.53)
τ1 τ2
Ainsi, les coefficients A1 et A2 sont donnés par,
x0 τ1 x0 τ2
A1 = et A2 = − (4.54)
τ1 − τ2 τ1 − τ2
L’équation horaire (4.43) du mouvement harmonique oscillatoire fortement amorti satisfai-
sant les conditions (4.54) s’écrit alors explicitement,
x0 t t
x (t) = τ1 e− τ1 − τ2 e− τ2 (4.55)
τ1 − τ2
Amortissement critique
L’équation de la vitesse pour un amortissement critique est obtenue en prenant la dérivée
de l’équation horaire (4.44) par rapport au temps,
ẋ (t) = B − ω0 (A + B t) e− ω0 t (4.56)
A = x0 et B = A ω0 = x0 ω0 (4.57)
x (t) = x0 (1 + ω0 t) e− ω0 t (4.58)
O P
s(t)
La vitesse scalaire v (t) le long de la courbe est définie comme la dérivée de l’abscisse
curviligne par rapport au temps,
ds
v (t) = (4.59)
dt
Il s’agit de la vitesse indiquée par le compteur de vitesse d’un véhicule.
où φ est l’angle de rotation défini positif dans le sens trigonométrique (Fig. 4.9).
v(t)
a(t) P
f (t) s (t)
x
O R
v = R φ̇ (4.61)
ainsi,
v
v = Rω et ω= (4.63)
R
Comme la vitesse scalaire v est constante pour un mouvement circulaire uniforme, il faut
que la vitesse angulaire scalaire soit également constante,
En intégrant l’équation (4.62) par rapport au temps t, on exprime l’angle φ (t) en fonction
de la vitesse angulaire scalaire,
φ (t) = ωt (4.65)
en coordonnées cartésiennes. Le point matériel se trouve initialement sur l’axe Ox. Les
composantes cartésiennes du vecteur position r (t) sont
x (t) = R cos (ωt)
y (t) = R sin (ωt) (4.66)
z (t) = 0
En projetant le mouvement circulaire uniforme selon les axes cartésiens Ox et Oy, on obtient
deux mouvements harmoniques oscillatoires déphasés d’un angle de 90◦ (Fig. 4.10).
Figure 4.10 On observe sur un mur l’ombre projetée d’un pendule et d’une bille en mou-
vement circulaire uniforme. On peut ajuster la vitesse angulaire et superposer les deux
projections.
Les composantes cartésiennes du vecteur vitesse v (t) = ṙ (t) sont obtenues en dérivant
les composantes cartésiennes du vecteur position r (t) par rapport au temps t,
ẋ (t) = − R ω sin (ωt)
ẏ (t) = R ω cos (ωt) (4.67)
ż (t) = 0
p
et la vitesse scalaire v = ẋ2 + ẏ 2 + ż 2 = R ω. Les composantes cartésiennes du vecteur
accélération a (t) = v̇ (t) sont obtenues en dérivant les composantes cartésiennes du vecteur
vitesse v (t) par rapport au temps t,
ẍ (t) = − R ω 2 cos (ωt)
ÿ (t) = − R ω 2 sin (ωt) (4.68)
z̈ (t) = 0
En comparant les composantes (4.66) et (4.68) des vecteurs position r (t) et accélération
a (t), on en conclut que le vecteur accélération est radial et orienté dans la direction opposée
au vecteur position,
a (t) = − ω 2 r (t) (4.69)
Cette accélération dirigée vers le centre est appelée accélération centripète. La norme de
l’accélération centripète a (t) est donnée par,
p v2
kak = ẍ2 + ÿ 2 + z̈ 2 = R ω 2 = (4.70)
R
cartésiennes comme r = (R cos (ωt) ,R sin (ωt) , 0), v = (− R ω sin (ωt) , R ω cos (ωt) , 0),
a = − R ω 2 cos (ωt) , − R ω sin (ωt) , 0 et ω = (0, 0, ω). Par conséquent, ces vecteurs sa-
tisfont les relations vectorielles importantes suivantes (Fig. 4.11),
v ≡ ṙ = ω × r
(4.71)
a ≡ v̇ = ω × ṙ = ω × v = ω × (ω × r)
v=w r
a = w (w r)
r
Figure 4.11 Les vecteurs positions r et accélération a sont radiaux, le vecteur vitesse v
est tangentiel et le vecteur vitesse angulaire ω est normal.
feutre
Bonaventura Cavalieri
Figure 5.1 Lorsque le feutre est relâché, il suit une ligne droite par rapport au sol et il
marque la trajectoire telle qu’elle est perçue dans le référentiel du plateau immobile ou du
plateau tournant.
du point P sur le plan horizontal contenant O. La deuxième coordonnée est l’angle φ qui
détermine l’orientation du plan vertical contenant les points O et P . La troisième coordonnée
est la hauteur z du point P , c’est-à-dire la distance entre les plans horizontaux contenant
respectivement l’origine O et le point matériel P (Fig. 5.2). Les coordonnées cartésiennes
(x1 , x2 , x3 ) s’expriment en termes des coordonnées cylindriques (ρ, φ, z) comme,
x1 = ρ cos φ x2 = ρ sin φ x3 = z (5.1)
x3
P
O x2
f
r
x1 P’
Afin d’être en mesure de définir les repères associés aux coordonnées cylindriques, on in-
troduit la notion de ligne de coordonnée. Une ligne de coordonnée est le lieu géométrique
des points qui ont deux coordonnées fixes. En fixant deux coordonnées, on impose deux
contraintes mathématiques − c’est-à-dire deux équations − dans l’espace à trois dimensions
ce qui définit une droite ou une courbe, qui correspond à la ligne de coordonnée. Une ligne
de coordonnée est orientée dans le sens croissant de la coordonnée variable. En coordonnées
cylindriques, la première ligne de coordonnée (φ, z) est la demi-droite horizontale et ra-
diale d’angle d’inclinaison φ contenue dans le plan horizontal à la hauteur z. La deuxième
ligne de coordonnée (z, ρ) est le cercle horizontal de rayon ρ à la hauteur z. La troisième
ligne de coordonnée (ρ, φ) est la demi-droite verticale contenue dans le plan vertical d’angle
d’inclinaison φ, séparée de l’origine O par une distance ρ (Fig. 5.3).
x3
(r,f)
(z,r)
P
(f,z)
O x2
f
x1
Figure 5.3 Lignes de coordonnées cylindriques (φ, z), (z, ρ) et (ρ, φ) qui passent par le
point matériel P .
eρ · eρ = eφ · eφ = ez · ez = 1
(5.2)
eρ · eφ = eφ · ez = ez · eρ = 0
De plus, ce repère est direct. Cela signifie que ces vecteurs satisfont la règle de la main droite,
eρ × eφ = ez eφ × ez = eρ ez × eρ = eφ (5.3)
x3
ez
ef
e3 er
z
O x2 O x2
e2 ef
r r
e1 f f
P’ f
e2
P’ f
er
x1 x1 e1
Les vecteurs de base du repère cylindrique sont exprimés en termes des vecteurs de base
du repère cartésien comme,
eρ = cos φ e1 + sin φ e2
eφ = − sin φ e1 + cos φ e2 (5.4)
ez = e3
Le repère cylindrique (P, eρ , eφ , ez ) est un repère mobile attaché au point matériel, ce qui
signifie que les vecteurs de base qui le composent peuvent changer d’orientation au cours
du temps en fonction du mouvement du point matériel P . Les vecteurs eρ et eφ changent
d’orientation lorsque l’angle φ change alors que le vecteur ez conserve son orientation verti-
cale en tout temps.
r = ρ eρ + z ez (5.5)
58 Coordonnées cylindriques, sphériques et rotations
où le vecteur unité eρ est une fonction de l’angle φ compte tenu de la première relation (5.4).
Par conséquent, le vecteur position r est une fonction des coordonnées cylindriques ρ, φ et
z.
Compte tenu des expressions (5.6) de la dérivée temporelle des vecteurs de base, le vecteur
accélération (5.9) se réduit à,
a = ρ̈ − ρφ̇2 eρ + ρφ̈ + 2ρ̇φ̇ eφ + z̈ ez (5.10)
Figure 5.5 Une bille roule dans un anneau vertical en rotation uniforme. A faible vitesse
angulaire, la bille oscille autour du bas de l’anneau. A vitesse plus élevée, la position
d’équilibre se déplace.
qui contient les points O et P . La troisième coordonnée est l’angle φ qui détermine l’orien-
tation du plan vertical contenant les points O et P (Fig. 5.6). Les coordonnées cartésiennes
(x1 , x2 , x3 ) s’expriment en termes des coordonnées sphériques (r, θ, φ) comme,
x3
P
r
q
O x2
f
x1 P’
er × eθ = eφ eθ × eφ = er eφ × er = eθ (5.13)
60 Coordonnées cylindriques, sphériques et rotations
x3
(q,f)
(r,q)
P
(f,r)
O x2
f
x1
Figure 5.7 Lignes de coordonnées sphériques (θ, φ), (φ, r) et (r, θ) qui passent par le point
matériel P .
x3
x3
q er
er
P er
ef r q
P
O eq r
e3
q r P’
eq
O x2 O x2
e2 r sinq ef
f f f
e1 P’ e2
P’ f
er
x1 x1 e1
Les vecteurs de base du repère sphérique sont exprimés en termes des vecteurs de base du
repère cartésien comme,
Le repère sphérique (P, er , eθ , eφ ) est un repère mobile attaché au point matériel, ce qui
signifie que les vecteurs de base qui le composent peuvent changer d’orientation au cours
du temps en fonction du mouvement du point matériel P . Les vecteurs er , eθ changent
d’orientation lorsque les angles θ et φ changent et le vecteur eφ change d’orientation lorsque
l’angle φ change.
r = r er (5.15)
où le vecteur unité er est une fonction des angles θ et φ compte tenu de la première rela-
tion (5.14). Par conséquent, le vecteur position r est une fonction des coordonnées sphériques
r, θ et φ.
où la dernière expression est déduite par inspection graphique (Fig. 5.9). Le vecteur vitesse
x3
er
P ef
e3 er
q r z
eq x3
O x2 er
e2 q
f r P er
e1 P’ r q
r
O eq r
x1 P’
Figure 5.9 Vecteur eρ exprimé dans le repère cartésien (O, e1 , e2 , e3 ) et dans le repère
sphérique (P, er , eθ , eφ ).
v = ṙ = ṙ er + r ėr (5.17)
5.3 Rotations
En dynamique, un mouvement quelconque peut s’exprimer comme la combinaison d’un
mouvement de translation et d’un mouvement de rotation. Il faut distinguer deux types
de mouvements de rotation, le premier est le mouvement de rotation d’un point matériel
− le mouvement circulaire est un exemple particulier − et le deuxième est le mouvement
de rotation propre d’un solide sur lui-même. Dans cette section, nous n’allons aborder que
le premier type de mouvement de rotation. La notion de rotation d’un point matériel fait
intervenir un axe et un angle de rotation. L’orientation de l’axe est définie par la règle du
tire-bouchon caractérisée mathématiquement par un produit vectoriel.
La notion de rotation est très intuitive, ce qui n’est pas le cas de son expression formelle.
Dans cette section, on va formaliser cette notion et l’exprimer dans un langage mathématique
rigoureux. La notion de rotation est centrale pour décrire la dynamique par rapport à un
repère cylindrique ou sphérique. La raison est la suivante : ces repères sont mobiles et en
rotation autour d’un ou plusieurs axes. Ces repères permettent de simplifier l’expression
mathématique de la dynamique en tenant compte des symétries du mouvement.
Par conséquent, la dérivée temporelle des vecteurs de base est orthogonale aux vecteurs de
base puisque ce sont des vecteurs unitaires. On a déjà pu constater cet état de fait pour
5.3 Rotations 63
les vecteurs de base des repères cylindrique et sphériques. D’après l’équation (5.22), il doit
exister des grandeurs scalaires ωij telles que,
3
X
ėi = ωij ej où ωii = 0 ∀ i = 1, 2, 3 (5.23)
j=1
-r
v=w r
-v = w (-r) r
Figure 5.10 L’application linéaire de parité envoie le vecteur vitesse d’un point matériel
en mouvement circulaire sur son opposé : v = ω × r −→ − v = ω × (− r).
6
Contraintes, puissance, travail et énergie
cinétique
R
r = R = cste (6.1)
r
Le deuxième exemple est celui d’une bille qui se déplace sur la surface intérieure d’un en-
tonnoir. Pour modéliser la dynamique de la bille astreinte à se déplacer sur cette surface,
Demi-sphère
on utilise des coordonnées cylindriques puisque l’entonnoir présente une symétrique cylin-
drique, c’est-à-dire qu’il est invariant par rotation autour de l’axe vertical. L’intersection
entre l’entonnoir et un plan vertical contenant l’axe vertical de symétrique, donne lieu à
deux branches d’hyperbole. En coordonnées cylindriques, la contrainte géométrique est que
l’opposé de la coordonnée verticale z est une fonction hyperbolique de la coordonnée radiale z
ρ, i.e.
O r
1
z = − = cste (6.2)
ρ
Le troisième exemple est celui d’une bille qui se déplace sur une glissière avec un looping.
Pour modéliser la dynamique de la bille astreinte à se déplacer sur cette courbe, on utilise
Entonnoir
des coordonnées cartésiennes le long de la rampe et des coordonnées polaires au niveau du
cercle (Fig. 6.1).
68 Contraintes, puissance, travail et énergie cinétique
Figure 6.1 Le point matériel est astreint à se déplacer une glissière constituée d’une rampe
et d’un cercle.
x3
q
O x2 O r
f R a
a
r
x1
N ef
m a
eq
a er
eq er P
P
Figure 6.2 La bille de masse m est astreinte à se déplacer dans un anneau vertical en
rotation à vitesse angulaire constante ω autour de l’axe vertical Ox3 .
r = R = cste ainsi ṙ = 0 et r̈ = 0
(6.3)
ω = φ̇ = cste ainsi ω̇ = 0
Les forces extérieures qui agissent sur le point matériel sont son poids P et la force de
réaction normale N de l’anneau sur le point matériel. Le poids P est orienté vers le bas.
Dans le plan de l’anneau, la bille peut se déplacer tangentiellement selon le vecteur eθ .
Par conséquent, en toute généralité, la force de réaction normale N a deux composantes
non nulles qui sont orthogonales au vecteur eθ . Ainsi, le poids P et de la force de réaction
normale N s’écrivent en coordonnées sphériques comme,
compte tenu du fait que α + θ = π, ainsi sin α = sin θ et cos α = − cos θ. Afin d’obtenir une
expression explicite pour la force de contrainte, on doit déterminer la dynamique de la bille
donnée par la loi du mouvement (2.33) qui s’écrit,
X
F ext = P + N = m a (6.5)
Compte tenu des contraintes géométriques (6.3) l’expression générale (5.20) de l’accélération
en coordonnées sphériques se réduit ici à,
a = − R θ̇2 + ω 2 sin2 θ er + R θ̈ − ω 2 sin θ cos θ eθ + 2Rω θ̇ cos θ eφ (6.6)
En projetant la loi vectorielle du mouvement (6.5) selon les trois axes de coordonnées er ,
eθ et eφ respectivement, compte tenu des expressions (6.4) pour les forces extérieures P et
N ainsi que de l’expression (6.6) pour l’accélération a, on obtient trois équations scalaires,
− mg cos θ + Nr = − mR θ̇2 + ω 2 sin2 θ
mg sin θ = mR θ̈ − ω 2 sin θ cos θ (6.7)
Nφ = 2mRω θ̇ cos θ
La force de réaction normale N est orthogonale au mouvement non-contraint qui a lieu selon
eθ où le degré de liberté est l’angle θ.
Prof. Tournesol
Figure 6.3 Le pendule mathématique est constitué d’une masse attachée à un fil de masse
négligeable oscillant dans un plan vertical. Un dynamomètre mesure la tension dans le fil,
qui est maximale lorsque le fil est vertical.
Les forces extérieures qui agissent sur le point matériel sont son poids P et la tension T
dans le fil. Le poids P est orienté vers le bas. Le pendule oscille dans un plan vertical et la
tension est orthogonale au mouvement tangentiel de la masse. Ainsi la tension T est radiale
et orientée vers le point d’attache puisqu’elle s’oppose au poids P . Ainsi, le poids P et la
tension T s’écrivent en coordonnées polaires dans le plan vertical comme (Fig. 6.4),
O
x2
f
ef
T
m
f
er
P
x1
Figure 6.4 La masse m suspendue à l’extrémité d’un fil de longueur ` oscille dans le plan
vertical Ox1 x2 .
La dynamique de la masse est donnée par la loi du mouvement (2.33) qui s’écrit,
X
F ext = P + T = m a (6.11)
6.2 Pendule mathématique 71
Compte tenu des contraintes géométriques (6.9) l’expression générale (5.10) de l’accélération
en coordonnées cylindriques se réduit dans le plan vertical z = 0 à,
En projetant la loi vectorielle du mouvement (6.11) selon les deux axes de coordonnées eρ
et eφ respectivement, compte tenu des expressions (6.10) pour les forces extérieures P et T
ainsi que de l’expression (6.12) pour l’accélération a, on obtient deux équations scalaires,
mg cos φ − T = − m`φ̇2
(6.13)
− mg sin φ = m`φ̈
La première équation (6.13) donne l’expression de la norme de la tension dans le fil qui
dépend de l’angle φ et de la vitesse angulaire scalaire φ̇,
T = m g cos φ + ` φ̇2 (6.14)
La deuxième équation (6.13) est l’équation du mouvement tangentiel de la masse m qui peut
être mise sous la forme,
g
φ̈ + sin φ = 0 (6.15)
`
ce qui montre que le mouvement est indépendant de la masse m.
Mouvement
6.2.2 Petites oscillations autour de l’équilibre indépendant de la
masse
Avant de discuter la solution générale de l’équation du mouvement (6.15), on va considérer
un cas particulier, celui des petites oscillations autour de la position d’équilibre lorsque le
fil est vertical, c’est-à-dire lorsque φ = 0. Dans la limite des petites oscillations, i.e. φ 1,
en utilisant la formule (1.21) du développement limité au premier ordre de la fonction sin φ
autour de φ = 0, on obtient,
d sin φ
sin φ ' sin 0 + (0) φ = 0 + cos 0 φ = φ (6.16)
dφ
Compte tenu de la relation (6.16) dans la limite des petites oscillations, l’équation du mou-
vement se réduit en bonne approximation à,
g
φ̈ + φ = 0 (6.17)
`
qui est l’équation d’une oscillateur harmonique où la variable est l’angle φ. D’après les
définitions (4.6), (4.11) et (4.12), la pulsation ω et la période d’oscillation T s’expriment
comme,
r s
g 2π `
ω= et T = = 2π (6.18)
` ω g
Ainsi, pour de petites oscillations autour de la position d’équilibre, la pulsation ω et la
période d’oscillation T du pendule sont indépendantes de l’angle initial φ0 .
L’équation (6.26) est une intégrale elliptique de première espèce. La résolution de cette
intégrale est longue et compliquée. Elle fait notamment intervenir les polynômes de Legendre.
Au final, la solution s’écrit,
Adrien-Marie s
∞
!2 s
` X (2n)! 2n φ 0 ` 1 2 11 4
Legendre T = 2π sin = 2π 1+ φ + φ + O (6)
g n=0 (2n n!)
2 2 g 16 0 3072 0
(6.27)
Le premier terme entre parenthèses de l’expression (6.27) de la période T correspond
à la période d’oscillation dans la limite des petites oscillations, i.e. φ0 1 (Fig. 6.5).
Le terme suivant est un terme correctif du 2e ordre en φ20 et le dernier terme est un
terme correctif du 4e ordre en φ40 (Tab. 6.1). On néglige les termes d’ordre supérieur.
2.4 1 2 11 4
φ0 φ φ
période T(f0)/T(0)
2.2 16 0 3072 0
2.0 10◦ 0.19 % 0.003 %
1.8 30◦ 1.7 % 0.027 %
1.6 60 ◦
6.9 % 0.43 %
1.4 90◦ 15 % 2.2 %
Pendule 1.2 120 ◦
27 % 6.9 %
1.0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
f0 Table 6.1 Termes correctifs
HA HA
Figure 6.5 La période d’oscillation T du pendule HA HA
dépend de la position angulaire initiale φ0 .
6.3 Puissance, travail et énergie cinétique 73
6.3.1 Puissance
La puissance P d’une force F exercée sur un point matériel est une grandeur scalaire
extensive qui rend compte de la capacité de la force à accélérer ou à freiner le point matériel,
c’est-à-dire à modifier son état de mouvement. Le mouvement du point matériel est décrit par
le vecteur vitesse v qui est colinéaire au mouvement. Comme la puissance est une grandeur
scalaire, elle est donc définie comme le produit scalaire entre le vecteur force F et le vecteur
vitesse v,
P =F ·v (6.28)
Figure 6.6 Moteur de Stirling : un brûleur rempli d’alcool à brûler échauffe l’air à
l’intérieur d’un cylindre, fournissant ainsi de la chaleur au moteur qui est activé par le
lancement du volant d’inertie. Moteur à dépression : moteur à air chaud qui aspire la
flamme au moyen d’une soupape (bruit caractéristique)
6.3.2 Travail
Le travail W12 effectué par une force F (t) exercée sur un point matériel est une grandeur
scalaire extensive correspondant à l’intégrale de la puissance exercée par cette force sur le
point matériel durant l’intervalle de temps [ t1 , t2 ],
Z t2 Z t2
W12 = P (t) dt = F (t) · v dt (6.29)
t1 t1
En toute généralité, on considère que la force peut dépendre de la position r (t), i.e. F (t) ≡
F (r (t)) ≡ F (r). Etant donné que le déplacement infinitésimal dr = v dt, compte tenu de
la définition (6.29), le travail W12 effectué par une force F le long de la trajectoire C12 entre
74 Contraintes, puissance, travail et énergie cinétique
une position initiale r (t1 ) et une position finale r (t2 ) est donnée par l’intégrale curviligne
suivante (Fig.6.7),
Z
W12 = F (r) · dr (6.30)
C12
L’unité du travail dans le système international d’unités est le Joule noté [ J = kg m2 /s2 ], en
honneur à James Prescott Joule qui a démontré l’équivalence entre travail et chaleur. A titre
d’exemple, on peut mentionner le travail effectué par les forces musculaires d’un randonneur
lors de l’ascension du Mont-Blanc ou le travail effectué par la force de frottement cinétique
lors du freinage d’un véhicule.
James Prescott Joule
1
r(t)
r (t +Dt)
Figure 6.7 Trajectoire courbe C12 qui va de la position initiale r (t1 ) à la position finale
r (t2 ).
F
q
trajectoire
r(t) F cos q r(t +Dt)
où le symbole prime a été ajouté sur la variable d’intégration afin de ne pas la confondre
avec la borne d’intégration. L’unité de l’énergie cinétique T dans le système international
d’unités est le Joule noté [ J = kg m2 /s2 ].
L’expression (6.32) de l’énergie cinétique T est très intéressante. L’énergie cinétique s’ex-
prime comme le produit d’une grandeur extensive et d’une grandeur intensive. Ceci est le
cas de toutes les formes d’énergie qui sont étudiées dans le cadre de la thermodynamique.
Comme la quantité de mouvement est définie à une constante près, l’énergie cinétique l’est
aussi. De plus, comme l’énergie cinétique est une fonction quadratique de la vitesse v, il
doit exister un minimum d’énergie. En relativité restreinte, l’énergie cinétique n’est pas une
fonction quadratique de la vitesse, mais elle peut être écrite comme une somme de puissances
paires de la vitesse ce qui garantit aussi l’existence d’un minimum.
Historiquement, le concept de “force vive” dont l’expression est m v 2 a été proposé en pre-
mier par Gottfried Wilhelm Leibniz. Il a fallu attendre un siècle et demi pour voir apparaı̂tre
le terme d’énergie cinétique avec le bon facteur 1/2 dans les travaux de Gaspard-Gustave
de Coriolis.
Gottfried Wilhelm
6.3.4 Théorème de l’énergie cinétique Leibniz
P ext
Théorème 6.1 Le travail W12 effectué par la résultante des forces extérieures F sur
un point matériel de masse m d’une position initiale r (t1 ) à une position finale r (t2 ) est
égale à la variation d’énergie cinétique entre les temps t1 et t2 ,
W12 = T2 − T1 (6.33)
Démonstration La définition (6.30) du travail, la loi du mouvement (2.33) et la
définition (2.2) de l’accélération impliquent que,
Z t2 X Z t2 Z t2
dv
W12 = F ext · v dt = m a · v dt = m · v dt (6.34)
t1 t1 t1 dt
Compte tenu de la définition (6.32) de l’énergie cinétique, le travail (6.34) peut être mis sous
la forme,
Z t2 v=v2
d 1 2 1 2 1 1
= m v 22 − m v 21 = T2 − T1
W12 = m v dt = m v (6.35)
t1 dt 2 2 v=v 1 2 2
Pour conclure cette section, voici un tableau récapitulatif (Tab. 6.2) résumant les unités
physiques des grandeurs principales en mécanique exprimées dans le système international
d’unités. Après avoir établi un résultat physique, je vous encourage fortement − spécialement
durant l’examen − à procéder systématiquement à l’analyse dimensionnelle, c’est-à-dire
à vérifier la cohérence des unités physiques des grandeurs apparaissant dans l’expression
analytique du résultat. Cela vous évitera de faire des fautes d’inattention et améliorera
sensiblement votre note finale !
Table 6.2 Unités physiques des grandeurs mécaniques principales (système international).
Au chapitre 6, on a défini l’énergie cinétique d’un point matériel. Dans la première section,
on va montrer qu’on peut définir des énergies potentielles liées aux forces conservatives. La
somme des énergies cinétique et potentielles constitue l’énergie mécanique. Dans la deuxième
section, on va discuter la puissance dissipée par les forces non-conservatives ainsi que la
notion de stabilité d’une position d’équilibre. Au chapitre 4, on a étudié la dynamique d’un
oscillateur harmonique libre et d’un oscillateur harmonique amorti. Dans la troisième section
de ce chapitre, on va examiner la dynamique d’un oscillateur harmonique forcé couplé à une
force extérieure périodique. On verra que l’amplitude du mouvement dépend de manière
critique de la fréquence d’oscillation. Ce comportement est à l’origine du phénomène de
résonance.
où r s est une position de référence que l’on appelle la référence de potentiel et que l’on peut
choisir judicieusement. Le potentiel ou l’énergie potentielle est donc définie à une constante
près comme l’opposé de l’énergie cinétique. Compte tenu de la définition (7.2), on peut main-
tenant exprimer le travail (7.1) de la force conservative F c comme l’opposé de la variation
d’énergie potentielle,
Z r1 Z r2
W12 = − F c · dr 0 + F c · dr 0 = V (r 1 ) − V (r 2 ) ≡ − (V2 − V1 ) (7.3)
rs rs
L’unité de l’énergie potentielle dans le système international d’unités est le Joule noté [ J =
kg m2 /s2 ]. Il s’agit bien entendu de la même unité que le travail et l’énergie cinétique.
Théorème 7.1 La condition nécessaire et suffisante pour qu’il existe un potentiel ou une
78 Energie potentielle, énergie mécanique et résonance
énergie potentielle V (r) associée à une force F , c’est-à-dire pour que la force F soit conser-
vative, est que l’intégrale curviligne du travail infinitésimal F · dr sur tout chemin fermé soit
nulle,
I
F · dr 0 = 0 (7.4)
Démonstration Comme l’intégrale de la force doit être nulle sur tout chemin fermé, elle
doit être indépendante du chemin et dépend uniquement de la position initiale r 1 et de la
position finale r 2 . Pour un chemin fermé, la position initiale est identique à la position finale,
i.e. r 1 ≡ r 2 . Par conséquent,
I Z r1
F · dr 0 = F · dr 0 = 0 (7.5)
r1
où le terme ∂V /∂xi signifie dérivée partielle du potentiel V par rapport à la coordonnée
xi qu’on calcule en maintenant constantes les autres coordonnées dans l’expression du po-
Gradients vertical et
tentiel V . Le gradient de potentiel ∇ V est un vecteur dont les coordonnées cartésiennes
radial
7.1 Energie potentielle et énergie mécanique 79
sont obtenues en prenant la dérivée partielle du potentiel V par rapport aux coordonnées
correspondantes,
3
dV X ∂V ∂ ∂ ∂
∇V ≡ = ei où ∇= , , (7.11)
dr i=1
∂xi ∂x1 ∂x2 ∂x3
On choisit un axe horizontal Ox le long du ressort avec une origine au niveau du point O x
de suspension du point matériel au repos. On prend comme référence de potentiel élastique
Energie potentielle
le plan vertical qui passe par l’origine O, i.e. r s = 0. Le vecteur position r et le vecteur
élastique
déplacement infinitésimal dr le long de l’axe horizontal s’écrivent respectivement,
r = x ex dr = dx ex (7.18)
80 Energie potentielle, énergie mécanique et résonance
Compte tenu des expressions vectorielles (7.18), l’énergie potentielle (7.17) est mise sous la
forme suivante,
Z r Z x
0 0 1
Ve (x) = k r · dr = k x0 dx0 = kx2 (7.19)
0 0 2
D’après l’expression (7.12), la force élastique F e exercée sur le point matériel dérive de
l’énergie potentielle élastique,
Pendule de
Wilberforce dVe dVe
F e = − ∇ Ve = − =− ex = − kx ex = − k r (7.20)
dr dx
A titre d’exemple, on peut mentionner le pendule de Wilberforce qui transforme de l’énergie
potentielle élastique de translation en énergie potentielle élastique de rotation et en énergie
cinétique.
La puissance mécanique dissipée Pnc (t) est définie comme la dérivée de l’énergie mécanique
E (t) par rapport au temps,
dE (t)
Pnc (t) = (7.24)
dt
Compte tenu de la définition (7.6) de l’énergie mécanique E (t), de l’expression (6.32)
de l’énergie cinétique T (t), de l’expression (7.23) de l’énergie potentielle V (t), de la
définition (2.1) de la vitesse, de la définition (2.2) de l’accélération et de la définition (7.11)
du gradient de potentiel, la puissance mécanique dissipée (7.24) peut être mise sous la forme,
dE(t) d d 1 2
Pnc (t) = = T (t) + V (t) = m v (t) + V (r (t))
dt dt dt 2
(7.25)
dv (t) dV (r (t)) dr (t)
= m v (t) · + · = m a (t) + ∇ V (r (t)) · v (t)
dt dr (t) dt
La loi du mouvement (2.33) pour le point matériel s’écrit,
X
Antoine Laurent de F ext (t) = m a (t) (7.26)
Lavoisier
Compte tenu de l’expression (7.22) des forces conservatives et de la loi du mouvement (7.26),
la puissance mécanique dissipée (7.25) se réduit à,
X
Pnc (t) = F ext (t) − F cext (t) · v (t) = F nc
ext
(t) · v (t) (7.27)
7.2 Puissance dissipée, équilibre et stabilité 81
ce qui montre que la dissipation d’énergie mécanique est due uniquement à la force non-
conservative ou dissipative.
A titre d’exemple, on peut considérer la puissance mécanique dissipée par une force de frot-
tement visqueux F f (t) = − b v (t) où b > 0 en régime laminaire. D’après l’équation (7.27),
la puissance mécanique dissipée s’écrit alors,
Pnc (t) = F f (t) · v (t) = − b v 2 (t) < 0 (7.28)
La puissance mécanique dissipée est négative ce qui signifie que le point matériel perd de
l’énergie mécanique. Or, Antoine Laurent de Lavoisier a très justement affirmé : “Rien ne
se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. En réalité, l’énergie mécanique dissipée par la
force de frottement se transforme en une autre forme d’énergie appelée l’énergie thermique
comme vous le verrez au deuxième semestre au cours de thermodynamique, qui est une
extension de la mécanique permettant d’inclure toutes sortes d’autres formes d’énergie.
Thermodynamique
7.2.2 Position d’équilibre et stabilité (parties 1, 2)
On considère le mouvement d’un point matériel en absence de force non-conservative ce
qui implique la conservation de l’énergie mécanique E. A l’équilibre, l’énergie cinétique (6.32)
est nulle. Compte tenu de la définition de l’énergie mécanique (7.6),
T =0 ainsi E = V = cste (équilibre) (7.29)
La dynamique du point matériel est caractérisée par une seule variable qui correspond à un
degré de liberté. Cette variable appelée coordonnée généralisée et notée q, peut être soit
une position soit un angle, i.e. q ∈ {x, y, z, θ, φ}. A l’équilibre, en q = q0 , la condition (7.29)
sur l’énergie potentielle V (q) associée à la force conservative F c s’écrit,
dV
=0 (équilibre) (7.30)
dq q=q0
ce qui signifie que l’état d’équilibre correspond à un extrémum de l’énergie potentielle. Pour
étudier la stabilité de la position d’équilibre q0 , il faut considérer la dynamique du point
matériel au voisinage de la position d’équilibre. Le développement limité au 2e ordre de
l’énergie potentielle V (q) autour de la position d’équilibre q0 s’écrit,
1 d2 V
dV 2
(q − q0 ) + O q 3
V (q) = V (q0 ) + (q − q 0 ) + 2
(7.31)
dq q=q0
2 dq q=q0
Compte tenu des expressions (7.11) et (7.12), la force conservative F c est donnée par,
dV
Fc = −∇V = − eq (7.33)
dq
où eq est le vecteur unité tangent à la ligne de coordonnée q. La position d’équilibre q0
est stable si le signe de la dérivée seconde de l’énergie potentielle est positif car la force
conservative F c ramène le point matériel vers la position d’équilibre dans son voisinage. La
position d’équilibre q0 est instable si le signe de la dérivée seconde de l’énergie potentielle
est négatif car la force conservative F c éloigne le point matériel de la position d’équilibre
dans son voisinage (Fig. 7.1).
Fc Fc
q q
q0 q0
Figure 7.1 La position d’équilibre q0 est stable si d2 V /dq 2 |q=q0 > 0 et instable si
d2 V /dq 2 |q=q0 < 0
par le point matériel lorsque le fil est vertical et que le point matériel se trouve à sa position
la plus basse. La coordonnée verticale s’écrit alors z = ` (1 − cos φ). Compte tenu de la
définition (7.15), l’énergie potentielle de pesanteur est donnée par,
Vg (φ) = mg` (1 − cos φ) (7.34)
D’après la condition (7.30), à l’équilibre le pendule satisfait la condition,
f dVg
= mg` sin φ0 = 0 ainsi φ0 ∈ {0, π} (7.35)
dφ φ=φ0
m
O Pour déterminer la stabilité des positions d’équilibre φ0 = 0 et φ0 = π, on calcule la dérivée
seconde de l’énergie potentielle de pesanteur Vg (φ),
Pendule
d2 Vg
mathématique
= mg` cos φ0 (7.36)
dφ2 φ=φ0
On en conclut que la position d’équilibre inférieure φ0 = 0 est stable car,
d2 Vg
= mg` > 0 (position stable) (7.37)
dφ2 φ=φ0 =0
et que la position d’équilibre supérieure θ0 = π est instable car,
d2 Vg
= − mg` < 0 (position instable) (7.38)
dφ2 φ=φ0 =π
7.3 Résonance
Mécanique § 2.10
La résonance d’un système physique soumis à une force périodique externe donne lieu
à une amplification de son amplitude d’oscillation pour une fréquence bien précise appelée
la fréquence de résonance et pour des multiples de cette fréquence appelés des har-
moniques. Cette résonance peut être de nature acoustique ou mécanique, dans le cas du
tube d’air d’un trombone ou de la vibration de tiges (Fig. 7.2). Elle peut aussi être de na-
ture électrique ou magnétique, dans le cas d’un circuit RLC ou de l’imagerie par résonance
magnétique.
Imagerie par
résonance magnétique 7.3.1 Oscillateur harmonique forcé
Pour étudier ce phénomène de résonance très courant en physique, on va considérer le
modèle mécanique le plus simple, à savoir un oscillateur harmonique forcé amorti par
des frottements visqueux et excité par une force extérieure périodique. Dans ce modèle, un
point matériel de masse m est suspendu à un ressort de constante élastique k et de longueur
à vide l0 . Le ressort est attaché à un vibreur qui exerce sur lui une force périodique de
fréquence modulable.
Les forces extérieures F ext sont le poids P = m g du point matériel, la force élastique
7.3 Résonance 83
Figure 7.3 Oscillateur harmonique forcé constitué d’un point matériel de masse m sus-
pendu à un ressort de constante élastique k, de longueur à vide `0 attaché à un vibreur.
point d’attache du ressort au vibreur lorsque le vibreur ne vibre pas (Fig. 7.3). La projection
des vecteurs r, v, a et g selon l’axe OX s’écrit, Johann Samuel
Koenig
r = (X − l0 ) eX v = Ẋ eX a = Ẍ eX g = g eX (7.40)
Compte tenu des expressions (7.40), la projection de la loi du mouvement selon l’axe OX
s’écrit,
mg − bẊ − k (X − l0 ) + F0 cos (ωt) = mẌ (7.41)
comme,
F0
a0 = (7.44)
m
l’équation du mouvement de l’oscillateur forcé (7.43) peut être mise sous la forme suivante,
1
ẍ + ẋ + ω02 x = a0 cos (ωt) (7.45)
τ
où ρ est l’amplitude d’oscillation et ϕ est l’angle de déphasage dû au frottement visqueux
qui provoque un retard de la réponse du système par rapport à l’excitation générée par le
vibreur.
En présence d’une force d’excitation périodique, il existe ainsi deux régimes que l’on peut
distinguer qualitativement et quantitativement. Lorsqu’on enclenche le vibreur au temps
initial, i.e. t = 0, jusqu’à un temps qui est de l’ordre de grandeur du temps d’amortissement,
i.e. t ∼ τ , il y a coexistence des oscillations propres du système et des oscillations dues
à la force d’excitation. Il s’agit du régime transitoire caractérisé qualitativement par
l’interférence entre des oscillations de pulsations différentes qui ont des amplitudes du même
ordre de grandeur et génèrent de ce fait des battements perceptibles (Fig. 7.4),
Pour un temps qui est beaucoup plus grand que le temps d’amortissement, i.e. t τ ,
l’amplitude des oscillations propres du système devient négligeable par rapport à l’amplitude
des oscillations générées par la force d’excitation périodique. Le mouvement de l’oscillateur
harmonique est alors entièrement déterminé par la force d’excitation périodique. Il s’agit du
régime stationnaire.
Figure 7.4 En faisant interférer deux diapasons résonnant à des fréquences différentes on
entend des battements.
et la tangente de l’angle de déphasage ϕ est donné par le rapport des parties imaginaire et
réelle de z0 ,
ρ sin ϕ Im ρ eiϕ Im (z0 ) ω/τ
tan ϕ = = iϕ
= =− 2 (7.59)
ρ cos ϕ Re (ρ e ) Re (z0 ) ω0 − ω 2
86 Energie potentielle, énergie mécanique et résonance
Par définition, l’amplitude réelle ρ est maximale à la résonance. Ceci est le cas lorsque le
dénominateur de la fraction dans l’expression (7.58) est minimal. Le système atteint donc
la fréquence de résonance − en réalité la pulsation de résonance − lorsque,
ω = ω0 (fréquence de résonance) (7.60)
D’après l’expression (7.59), on constate que l’angle de déphasage est maximal à la résonance,
π
ϕ=−
(déphasage à la résonance) (7.61)
2
Le rapport des amplitudes à fréquence nulle et à fréquence de résonance est donné par
(Fig 7.5),
ρ (ω0 )
= ω0 τ (7.62)
ρ (0)
12
10
8 w0t = 10
r(w)/r(0)
6
4 w0t = 4
2
w 0t = 2
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6
w/w0
Au chapitre 3, on a montré que plus la viscosité du fluide est faible plus le temps d’amor-
tissement τ sera élevé. Par conséquent, comme le rapport des amplitudes à la fréquence de
résonance (7.62) est proportionnel à τ , plus la viscosité du milieu est faible plus l’amplitude
à la fréquence de résonance sera grande pour une excitation donnée. Par exemple, l’ampli-
tude à la fréquence de résonance sera plus grande dans l’air que dans l’eau, ce qui paraı̂t
assez intuitif.
Le plus célèbre exemple historique de résonance est probablement celui de la destruction
du pont de Tacoma en 1940 due au vent (Fig. 7.6). Le pont de Tacoma s’est effondré quand
un fort vent a généré une résonance dont l’amplitude est devenue si grande que la structure
du pont n’a plus pu résister.
Figure 7.6 Le pont de Tacoma peu avant sa rupture. Un modèle de résonance mécanique
responsable de la destruction du pont.
continuent à osciller et les autres deviennent immobiles, c’est le régime transitoire. En effet,
le premier pendule (rouge) apla même longueur que le quatrième et donc la même pulsation
parce que la pulsation ω = g/` d’un pendule dépend de sa longueur (Fig. 7.7).
Figure 7.7 En faisant osciller le premier pendule, les autres pendules se mettent aussi à
osciller (régime transitoire). Après un certain temps, seulement le premier et le quatrième
continuent à osciller et les autres deviennent immobiles (régime stationnaire). En effet, le
premier pendule (rouge) a la pmême longueur que le quatrième et donc la même pulsation
parce que la pulsation ω = g/l d’un pendule dépend de sa longueur.
Un troisième exemple est de la synchronisation de métronomes posés sur une seule plaque
en bois. Lorsque la plaque est posée sur des cylindres et qu’elle est ainsi libre d’osciller
latéralement, les métronomes se synchronisent par résonance à travers la plaque. Lorsque la
plaque n’est plus libre d’osciller, les métronomes se désynchronisent (Fig. 7.8).
Figure 7.8 Six métronomes de même fréquence d’oscillation oscillent sur une même plaque
de bois. Lorsque la plaque peut rouler sur deux cylindres en Plexiglas, les métronomes se
synchronisent, sinon ils se désynchronisent.
Un quatrième exemple est celui de la destruction d’un verre par résonance acoustique à
l’aide d’ultrasons générés par un haut-parleur (Fig. 1.1). Destruction d’une
verre par résonance
8
Loi d’action-réaction, collisions
Au chapitre 2, on a énoncé les deux premières lois de Newton qui déterminent la dynamique
d’un point matériel. Dans la première section de ce chapitre, on va énoncer la 3e loi de Newton
qui détermine l’interaction dynamique entre des points matériels au sein d’un système. Dans
la deuxième et la troisième partie de cette section, on abordera l’étude des collisions entre
des points matériels au sein d’un système de points matériels.
L’action est toujours égale à la réaction ; c’est-à-dire que les actions de deux corps l’un
sur l’autre sont toujours égales et de sens contraires.
Un point matériel 1 qui exerce une force F 1→2 sur un point matériel 2 subit une force
de réaction F 2→1 d’intensité égale, de même direction mais de sens opposé, exercée par
le point matériel 2.
par la masse 1 sur le fil en vertu de la 3e loi de Newton. Ainsi, la résultante des forces
d’action et de réaction est nulle (Fig. 8.1).
F2 1
F1 2
1 2 1 2
P1 P2 P1 P2
Dans le cas de ce système (Fig. 8.1), les forces intérieures sont les tensions dans le fil
puisque ces tensions F 1→2 et F 2→1 sont générées par les masses qui appartiennent au
système. Les forces extérieures sont les poids P 1 et P 2 des masses qui sont dus à l’interaction
gravitationnelle de la terre qui n’appartient pas au système.
Les notions de forces intérieures et extérieures dépendent du choix de système de points
matériels. Par exemple, si le système est la terre et un avion, alors le poids de l’avion est
une force intérieure au système. Si le système est l’avion sans la terre, le poids est une
force extérieure. Comme autre exemple de force intérieure, on peut mentionner les forces de
cohésion exercées entre les atomes au sein d’un solide.
Figure 8.3 Le chariot se déplace dans le sens opposé à l’écoulement de l’eau en absence
de wagon. Si l’eau s’écoule dans un wagon récepteur accroché au chariot, l’ensemble reste
immobile.
8.2 Collisions
Mécanique § 1.12 et
Les collisions entre des points matériels sont caractérisées par un impact ou choc qui 2.12
conserve la quantité de mouvement totale du système. En général, dans le modèle le plus
simple, on peut considérer que les points sont en mouvement rectiligne uniforme et que
durant un temps très court, lorsque l’impact a lieu, il y a une discontinuité de la quantité
de mouvement.
Il y a deux types de collisions qu’il s’agit de distinguer, des collisions élastiques
d’une part et des collisions inélastiques d’autre part. Les collisions élastiques conservent
l’énergie cinétique du système et les collisions inélastiques ne la conservent pas. Expérience CMS -
Il existe touts sortes de collisions comme celle de deux boules de billard ou celle de par- CERN
ticules fondamentales dans le détecteur de l’expérience CMS de l’accélérateur de particules
LHC, i.e. Large Hadron Collider, au CERN.
8.2.1 Impulsion
La durée d’un choc peut être mesurée en frappant avec un marteau sur une enclume
en acier ou sur un bloc de plomb. Le circuit électrique est fermé lorsque le marteau est
en contact avec l’enclume ou le bloc. Le résultat est visualisé sur un oscilloscope. Comme
l’enclume est plus dure que le bloc, le choc est plus court avec l’enclume qu’avec le bloc parce
qu’un matériau plus dur absorbe moins bien les chocs qu’un matériau plus mou (Fig. 8.4).
La durée du choc entre le marteau et l’enclume ou entre le marteau et le bloc de plomb
est suffisamment courte pour qu’on puisse raisonnablement considérer que la variation de
quantité de mouvement a lieu durant un intervalle de temps infinitésimal dt. L’impulsion I
est définie comme la variation de quantité de mouvement dp due à l’action de la force F
durant le choc,
I = dp = F dt (8.4)
compte tenu de la 2e loi de Newton (2.19). Soit deux points matériels 1 et 2 qui entrent en
92 Loi d’action-réaction, collisions
Figure 8.4 Mesure de durée d’un choc entre un marteau et une enclume ou un marteau
et un bloc de plomb.
collision. D’après la définition (8.4), leurs impulsions lors du choc sont données par,
I 1 = dp1 = F 2→1 dt et I 2 = dp2 = F 1→2 dt (8.5)
Par conséquent, compte tenu de la 3e loi de Newton, l’impulsion totale I durant le choc est
donnée par,
I = I 1 + I 2 = F 2→1 + F 1→2 dt = 0
(8.6)
ce qui signifie que l’impulsion est nulle durant le choc, en accord avec le principe de conser-
vation de la quantité de mouvement.
A titre d’exemple, on peut mentionner l’impulsion transmise à une cible par une balle de
fusil ou l’effet de recul d’un glisseur sur un rail à air lors du tir d’un projectile (Fig. 8.5).
Figure 8.5 Lors de l’impact de la balle de fusil, il a une impulsion transmise au bois, ce qui
fait osciller la cible, contrairement au verre qui se brise. Lors de l’explosion du combustible
(H2 ) le glisseur subit un effet de recul pour que l’impulsion totale soit nulle.
Les projections de l’équation de bilan de la quantité de mouvement (8.7) selon les axes
Ox et Oy s’écrivent respectivement,
p1i = p1f cos θ1 + p2f cos θ2 et 0 = p1f sin θ1 − p2f sin θ2 (8.9)
8.2 Collisions 93
Initial Final
p 1f
y y
m1
p 1i p 2i = 0
q1
x x
m1 m2 q2
m2
p 2f
Figure 8.6 Choc élastique d’un point matériel de quantité de mouvement initiale p1i
contre un point matériel initialement au repos, i.e. p2i = 0. Les quantités de mouvement
finales p1f et p2f sont dans le plan Oxy.
En divisant l’équation (8.13) par p21i , on obtient une équation du 2e degré en p1f /p1i dont
les solutions sont,
( s )
2
p1f m1 v1f v1f m1 m 2
= = = cos θ1 ± cos2 θ1 − 1 − 2 (8.14)
p1i m1 v1i v1i m1 + m2 m1
Masses égales
On considère le cas particulier où les masses sont égales, i.e. m1 = m2 . Dans ce cas, le
principe de conservation de la quantité de mouvement (8.7) et le principe de conservation
de l’énergie cinétique (8.8) se réduisent à,
v 1i = v 1f + v 2f (8.15)
v 21i = v 21f + v 22f (8.16)
si v 1f 6= 0 et v 2f 6= 0 alors θ1 + θ2 = π
v 1f · v 2f = 0 ainsi 2 (8.18)
si v 1f = 0 alors v 2f = v 1i
A titre d’exemple, on peut mentionner la collision entre deux pucks de masse égale sur une
table à air horizontale (Fig. 8.7). En réalité, dans cet exemple l’angle entre les pucks est
légèrement inférieur à 90◦ dû à la rotation propre des pucks.
94 Loi d’action-réaction, collisions
Figure 8.7 Le puck bleu lancé depuis la gauche heurte le puck blanc initialement au repos.
Après le choc, l’angle entre les trajectoires des deux pucks est légèrement inférieur à 90◦ .
Choc rectiligne
On considère un choc élastique qui a lieu en ligne droite, i.e. θ1 = θ2 = 0. Pour un tel
choc, cos θ1 = cos θ2 = 1, et l’équation (8.14) se réduit à,
( s )
v1f m1 m22 m1 ± m2
= 1± = (8.19)
v1i m1 + m2 m21 m1 + m2
La solution mathématique (8.19) avec le signe + est à rejeter car si la vitesse finale v1f du
point matériel 1 était égale à sa vitesse initiale v1i , cela signifierait qu’il n’y a pas eu de
choc ! Par conséquent, la solution physique s’écrit,
m1 − m2
v1f = v1i (8.20)
m1 + m2
L’expression (8.12) de la conservation de l’énergie cinétique peut être mise sous la forme,
1 2 1 2 1 2 2 m1 2 2
m1 v1i = m1 v1f + m2 v2f ainsi v2f = v1i − v1f (8.21)
2 2 2 m2
En substituant l’équation (8.20) dans l’équation (8.21) et en prenant ensuite la racine carrée,
on obtient,
2 m1
v2f = v1i (8.22)
m1 + m2
A l’aide des expressions (8.20) et (8.22), on examine maintenant deux cas particuliers de
chocs rectilignes :
1) masses égales : m1 = m2 ainsi v1f = 0 et v2f = v1i
2) masse infinie : m1 /m2 → 0 ainsi v2f = 0 et v1f = − v1i
Le premier cas correspond au choc rectiligne entre deux boules de billard ou entre deux
boules métalliques de même masse, et aussi au choc élastique rectiligne entre deux pucks de
même masse sur une table à air horizontale ou entre deux glisseurs de même masse sur un
rail à air horizontal (Fig. 8.8). Le deuxième cas correspond au choc élastique d’une balle en
chute libre contre le sol ou d’une molécule contre la paroi d’un récipient.
Choc élastique
rectiligne 8.2.3 Choc mou
Un choc parfaitement inélastique, aussi appelé choc mou, entre deux points matériels est
un choc après lequel les deux points matériels restent attachés l’un à l’autre. Un tel choc pro-
voque une perte d’énergie cinétique. On considère un choc mou entre deux points matériels
de masse m1 et m2 respectivement. Le premier point matériel se déplace initialement selon
un axe horizontal Ox et le second point matériel est initialement au repos donc sa quantité
de mouvement initiale est nulle, i.e. p2 = 0, et son énergie cinétique est nulle également, i.e.
8.2 Collisions 95
Figure 8.8 Choc élastique rectiligne entre deux pucks sur une table à air horizontale.
Choc élastique entre deux glisseurs sur un rail à air horizontal.
Initial Final
p1 p2 = 0 pf
x x
m1 m2 m1 + m2
Figure 8.9 Choc mou d’un point matériel de quantité de mouvement initiale p1 contre
un point matériel initialement au repos, i.e. p2 = 0. La quantité de mouvement finale est
pf .
m1
m1 v 1 = (m1 + m2 ) v f ainsi vf = v1 (8.25)
m1 + m2
L’énergie cinétique initiale T1 du point matériel 1 et l’énergie cinétique finale Tf du système
sont données par,
1 1
T1 = m1 v 21 et Tf = (m1 + m2 ) v 2f (8.26)
2 2
Compte tenu des équations (8.25) et (8.26), la variation d’énergie cinétique (8.24) s’écrit,
1 m21 1 1 m1 m2
∆T = Tf − T1 = v 21 − m1 v 21 = − v2 < 0 (8.27)
2 m1 + m2 2 2 m1 + m2 1
Ainsi, le choc mou est un processus dissipatif qui provoque une perte d’énergie cinétique.
Cette énergie est utilisée principalement pour déformer l’objet, comme une boule en pâte
à modeler par exemple. Comme exemple de choc mou, on peut mentionner le choc entre
deux glisseurs qui restent accrochés parce la pointe de l’un vient s’enfoncer dans de la pâte
à modeler fixée sur l’autre (Fig. 2.8).
1) élastique : e = 1
2) inélastique : 0 < e < 1
3) mou : e = 0
vf
vi
Figure 8.10 Chocs inélastiques d’une balle de tennis (e ≈ 0.90) et d’un ballon de basket
contre le sol (e ≈ 0.85).
A titre d’exemple, on peut mentionner les chocs inélastiques d’une balle de tennis ou d’un
ballon de basket contre le sol (Fig. 8.10). Plus le matériau est dur, moins il se déformera
durant le choc et donc plus le coefficient de restitution sera grand.
m2
m1 F2 1 F1 2
r2
r1
référentiel
Figure 8.11 Problème à deux corps de masse m1 et m2 considérés comme des points
matériels.
Les lois du mouvement (2.33) pour les points matériels sont les suivantes :
F 2→1 = m1 r̈ 1 et F 1→2 = m2 r̈ 2 (8.29)
2→1 1→2
où les forces d’interaction F et F sont des forces intérieures au système constitué
des deux points matériels mais elles sont considérées comme des forces extérieures à chaque
sous-système constitué d’un seul point matériel. Ces deux forces d’interaction sont de na-
ture quelconque et elles satisfont la loi d’action-réaction (8.1). Pour repérer la position des
8.3 Problème à deux corps 97
deux points matériels, il faut deux vecteurs : r 1 et r 2 . Comme les lois du mouvement (8.29)
sont indépendantes du choix de l’origine O du système d’axes, on peut faire un change-
ment de variables qui définit de nouveaux vecteurs positions qui rendent mieux compte des
symétries du mouvement. On définit le vecteur position du centre de masse RG et le
vecteur position relative r de la manière suivante,
m1 m2
RG = r1 + r2 et r = r1 − r2 où M = m1 + m2 (8.30)
M M
Le centre de masse est le centre de gravité du système qui sera défini explicitement pour
un système de points matériels lorsqu’on abordera l’étude de la dynamique du solide
indéformable. La dérivée temporelle seconde du changement de variables implique que,
M R̈G = m1 r̈ 1 + m2 r̈ 2 et r̈ = r̈ 1 − r̈ 2 (8.31)
En prenant la somme des lois du mouvement (8.29), compte tenu des identités (8.31), on
obtient,
F 2→1 + F 1→2 = m1 r̈ 1 + m2 r̈ 2 = M R̈G (8.32)
ce qui signifie que le centre de masse du système est en mouvement rectiligne uniforme ou
au repos en absence de force extérieure au système. En prenant la différence de la première
loi du mouvement (8.29) multipliée par m2 et de la deuxième multipliée par m1 , on obtient,
F 2→1 = µ r̈ (8.36)
p = m1 v 1 + m2 v 2 (8.37)
1 1
T = m1 v 21 + m2 v 22 (8.38)
2 2
En inversant le changement de variable (8.30), compte tenu de la définition de la masse
réduite (8.35), on obtient,
µ µ
r 1 = RG + r et r 2 = RG − r (8.39)
m1 m2
La dérivée temporelle de la relation (8.39) s’écrit,
µ µ
v 1 = VG + v et v 2 = VG − v (8.40)
m1 m2
En substituant les équations (8.40) dans l’expression (8.37) de la quantité de mouvement,
celle-ci devient,
p = M VG (8.41)
98 Loi d’action-réaction, collisions
En substituant les équations (8.40) dans l’expression (8.38) de l’énergie cinétique, celle-ci
devient,
2 2
1 µ 1 µ
T = m1 VG + v + m2 VG − v
2 m1 2 m2
(8.42)
1 2 1 1 1 2 2
= (m1 + m2 ) VG + + µ v
2 2 m1 m2
Compte tenu de la définition de la masse réduite (8.35), l’expression de l’énergie
cinétique (8.42) se réduit à,
1 1
T = M VG2 + µ v 2 (8.43)
2 2
où le premier terme est l’énergie cinétique constante associée au mouvement du centre de
masse et le deuxième terme est l’énergie cinétique associée au mouvement réduit.
LO = OP × p = r × p (9.1)
LO
O y
r
OP p
Figure 9.1 Vecteur moment cinétique LO d’un point matériel P défini par rapport à un
point O.
100 Moment cinétique, moment de force et loi de la gravitation
L’unité physique du moment cinétique dans le système d’unités international est notée
[ kg m2 /s ]. Isaac Newton a introduit la notion de vitesse aréolaire pour décrire un mouvement
de rotation. Cette vitesse correspond à la dérivée temporelle de l’aire balayée par le vecteur
position au cours du temps. Newton a utilisé cette notion pour modéliser mathématiquement
la 2e loi de Kepler. Cependant, la vitesse aréolaire n’est pas une grandeur extensive. C’est
à Daniel Bernoulli qu’on doit l’introduction d’une grandeur extensive pour caractériser un
mouvement de rotation. Il a appelé cette grandeur moment de mouvement de rotation dans
une lettre à Leonhard Euler.
Daniel Bernoulli
9.1.2 Moment de force
Le moment de force M O est une grandeur vectorielle extensive et axiale, définie par
rapport à un point O et associée à l’action d’une force F exercée sur ce point matériel qui
modifie son état de mouvement de rotation uniforme autour de O. Le moment de force est
défini comme le produit vectoriel du vecteur position r ≡ OP du point matériel P par
rapport au point O et du vecteur force F (Fig. 9.2),
M O = OP × F = r × F (9.2)
MO
O y
r
OP F
Figure 9.2 Vecteur moment de force M O exercé sur un point matériel P et défini par
rapport à un point O.
L’unité physique du moment de force dans le système d’unités international est notée
[ kg m2 /s2 ]. Le concept de moment de force tire son origine des études de mouvements de
leviers réalisées par Archimède. Le terme de moment de force ou de couple a été introduit
en 1884 par James Thomson, le frère de Lord Kelvin.
James Thomson
que,
dLO d dr dp X X X
= (r × p) = ×p+r× = v×m v+r× F ext = r × F ext = M Oext
dt dt dt dt
(9.4)
LO
p
O
a r
Figure 9.3 Le vecteur moment cinétique LO est colinéaire au vecteur vitesse angulaire ω
et orthogonal au plan engendré par les vecteurs position r et quantité de mouvement p.
Le concept de moment cinétique est un concept essentiel pour pouvoir déduire la loi de la
gravitation universelle en se basant sur les trois lois de Kepler.
1) Loi des orbites : L’orbite des planètes est une ellipse dont le soleil est le foyer.
102 Moment cinétique, moment de force et loi de la gravitation
2) Loi des aires : L’aire balayée par le vecteur position, centré sur le soleil, par
unité de temps est constante.
3) Loi des périodes : Le rapport de la période orbitale au carré sur le demi-grand
axe de l’ellipse au cube est constant.
P
r’ r
f
x
c c P’
O C O
a
Figure 9.4 L’ellipse de foyers O et O0 est le lieu géométrique des points P tel que ρ + ρ0 =
2a = cste.
F G = − FG (ρ) eρ (9.11)
où FG (ρ) > 0 est la norme de la force de la gravitation, qui est une fonction positive de la dis-
tance radiale ρ qu’il s’agit de déterminer. Pour ce faire, on utilise la loi du mouvement (2.33)
dû uniquement à la force de gravitation,
FG = ma (9.12)
En projetant la loi vectorielle du mouvement (9.12) selon les deux axes de coordonnées
polaires eρ et eφ respectivement, compte tenu de l’expression de l’accélération (5.10) et de
l’expression (9.11) de la force de gravitation, on obtient deux équations scalaires,
− FG (ρ) = m ρ̈ − ρφ̇2
(9.13)
0 = m ρφ̈ + 2ρ̇φ̇
Compte tenu des expressions (9.7) et (9.8), la deuxième équation (9.13) implique que
dLO
=0 ainsi LO = cste et L = cste (9.14)
dt
ce qui signifie que la norme L et l’orientation ez du vecteur moment cinétique LO sont des
constantes. Le vecteur moment cinétique est donc une constante du mouvement gravitation-
nel. En réalité, ceci est une conséquence du théorème du moment cinétique pour le système
formé de la terre et du soleil. En effet, la force de gravitation F G est une force radiale et
interne au système ce qui signifie qu’il n’y a pas de moment de force extérieure au système
et donc le moment cinétique est une grandeur conservée.
A présent, on va tenir compte explicitement de la conservation du moment cinétique pour
mettre en forme l’équation du mouvement. L’équation (9.7) permet d’exprimer φ̇ en fonction
de m, ρ et de L,
L
φ̇ = (9.15)
mρ2
Compte tenu de l’expression (9.15), la dérivée temporelle de l’expression (9.10) de la distance
radiale s’écrit,
a 1 − e2 eL
ρ̇ = eφ̇ sin φ 2 = ma (1 − e2 ) sin φ (9.16)
(1 + e cos φ)
Compte tenu de l’expression (9.15), la dérivée temporelle de l’expression (9.16) de la vitesse
radiale s’écrit,
eL eL2
ρ̈ = φ̇ cos φ = cos φ (9.17)
ma (1 − e2 ) m2 a (1 − e2 ) ρ2
Compte tenu des expressions (9.10), (9.15) et (9.17), la première équation (9.13) est mise
sous la forme suivante,
!
2
L2 a 1 − e2 L2
FG (ρ) = m ρφ̇ − ρ̈ = − e cos φ = (9.18)
ma (1 − e2 ) ρ2 ρ ma (1 − e2 ) ρ2
Par conséquent, la norme de la force de la gravitation FG (ρ) exercée par le soleil sur la terre
est inversement proportionnelle au carré de la distance radiale ρ qui sépare la terre du soleil,
K L2
FG (ρ) = où K= = cste > 0 (9.19)
ρ2 ma (1 − e2 )
104 Moment cinétique, moment de force et loi de la gravitation
Deux points matériels massifs sont soumis à des forces d’attraction gravitationnelle
égales et opposées, proportionnelles au produit des masses et inversement proportion-
nelles au carré de la distance qui les sépare.
r
FG
M
Figure 9.5 La force gravitationnelle F G est exercée par le point matériel de masse M sur
le point matériel de masse m.
Isaac Newton
9.2 Loi de la gravitation universelle 105
GM m r
FG = − r̂ où r̂ = (9.26)
r2 r
La force de la gravitation F G est une force centrale, comme la force élastique F e , puisqu’elle
est radiale et toujours dirigée vers le centre. La valeur de la constante de la gravitation
universelle G a été mesurée précisément par Henry Cavendish. Son expérience appelée la
balance de Cavendish est un pendule de torsion constitué de deux petites masses m attachées
à une tige horizontale qui peut osciller autour d’un axe vertical. Un miroir est fixé sur l’axe.
Deux grosses masses M peuvent être approchées des petites masses. La force résultante
constituée de la force d’attraction gravitationnelle F G et d’une force de rappel élastique
F e qui s’oppose à F G va donner lieu à un mouvement harmonique oscillatoire amorti. La
déviation finale en position d’équilibre permet de déterminer la valeur de la constante de la
gravitation universelle G (Fig. 9.6).
Henry Cavendish
Faisceau de lumière
Grandes masses
Position I
Miroir b
Grandes masses
Position II
Figure 9.6 La constante de la gravitation universelle G est mesurée à l’aide d’un pendule
de torsion constitué de deux petites masses attachées à une tige oscillant dans un plan
horizontal dû à la force d’attraction gravitationnelle générée par deux grosses masses.
L2 K
mρ̈ − 3
+ 2 =0 (9.27)
mρ ρ
En multipliant l’équation (9.27) par ρ̇, on peut la mettre sous la forme d’une dérivée tem-
porelle,
L2 ρ̇ L2
ρ̇ d 1 2 K
mρ̈ρ̇ − + K = m ρ̇ + − =0 (9.28)
m ρ3 ρ2 dt 2 2mρ2 ρ
La primitive de l’expression (9.28) introduit une constante qui est l’énergie mécanique E du
mouvement gravitationnel,
1 L2 K
E= mρ̇2 + 2
− (9.29)
2 2mρ ρ
où le premier terme du membre de droite est l’énergie cinétique T du point matériel de
masse m et le deuxième terme est son énergie potentielle gravitationnelle,
K GM m
VG = − =− (9.31)
ρ ρ
d’après la relation (9.25).
En plus du moment cinétique LO et de l’énergie mécanique E, il existe une autre constante
vectorielle du mouvement gravitationnel qu’on va maintenant établir. En identifiant les
expressions (9.11) et (9.12) de la force gravitationnelle F G compte tenu de l’expression (9.19)
de la norme de cette force, l’accélération du point matériel de masse m s’écrit,
K
a=− eρ (9.32)
mρ2
Compte tenu de l’expression (5.6) de la dérivée du vecteur de base ėρ , l’expression (9.7) du
moment cinétique LO peut être mise sous la forme,
LO = mρ eρ × (ρ̇ eρ + ρ ėρ ) = mρ2 eρ × ėρ (9.33)
A l’aide de l’identité vectorielle (1.43), le produit vectoriel du vecteur moment
cinétique (9.33) et du vecteur accélération (9.32) s’écrit,
LO × a = − K (eρ × ėρ ) × eρ = − K ėρ (9.34)
Comme le moment cinétique LO est une constante, i.e. L̇O = 0, et que le coefficient K est
une constante, i.e. K̇ = 0, et que l’accélération est la dérivée temporelle de la vitesse, i.e.
a = v̇, compte tenu de l’équation (9.34) on a,
d
(LO × v + K eρ ) = LO × a + K ėρ = 0 (9.35)
dt
La primitive de l’équation (9.35) divisée par la constante K donne le vecteur d’excentricité,
1
e= LO × v + eρ (9.36)
K
qui est un vecteur dont la norme vaut l’excentricité e de l’ellipse et dont l’orientation est
parallèle au demi-grand axe de l’ellipse. Il s’agit donc d’un vecteur qui rend compte de la
géométrie du mouvement et qui s’annule dans le cas particulier d’un mouvement circulaire.
Le vecteur Ke est appelé vecteur de Laplace-Runge-Lenz. La loi de conservation du vecteur
de Laplace-Runge-Lenz est valable pour les forces centrales dont la norme est inversement
proportionnelle au carré de la distance. C’est le cas notamment de la force électrostatique
qui lie les électrons au noyau atomique. Le physicien Wolfgang Pauli a utilisé l’invariance
de ce vecteur pour déterminer les niveaux d’énergie de l’atome d’hydrogène.
Pierre-Simon Laplace
9.2.6 Orbites gravitationnelles
L’énergie mécanique (9.29) peut être divisée en deux parties,
1
E= mρ̇2 + VGeff (9.37)
2
où le premier terme est l’énergie cinétique due à la partie radiale du mouvement et le
deuxième terme est l’énergie gravitationnelle effective VGeff définie comme,
L2 K
VGeff = 2
− (9.38)
2mρ ρ
Le premier terme du membre de droite de l’expression (9.38) est un terme répulsif appelé
la barrière de potentiel gravitationnel et le deuxième terme est un terme attractif qui est
l’énergie potentielle gravitationnelle VG . La forme géométrique de l’orbite gravitationnelle
d’un point matériel dépend de manière cruciale de la valeur numérique de l’énergie gravi-
tationnelle effective VGeff . Les valeurs asymptotiques de l’énergie potentielle gravitationnelle
effective VGeff sont,
K L2
lim VGeff = lim − = −0 et lim VGeff = lim = +∞ (9.39)
ρ→∞ ρ→∞ ρ ρ→0 ρ→∞ 2mρ2
9.2 Loi de la gravitation universelle 107
D’après la relation (9.37), la coordonnée radiale ρ est extrêmale, i.e. ρ̇ = 0, lorsque E = VGeff .
Ainsi, il y a quatre types d’orbites qui dépendent de la valeur de l’énergie mécanique E
(Fig. 9.7) :
A) Orbite circulaire (e = 0) : E < 0 et ρmin = ρ = ρmax .
B) Orbite elliptique (0 < e < 1) : E < 0 et ρmin < ρ < ρmax .
C) Orbite parabolique (e = 1) : E = 0 et ρmin < ρ.
D) Orbite hyperbolique (e > 1) : E > 0 et ρmin < ρ.
VGeff
1/r 2
C D
D
C r
B A O
B
A
-1/r
Les orbites circulaire et elliptique correspondent à des états liés (i.e. E < 0) et les orbites
parabolique et hyperbolique correspondent à des états de diffusion (i.e. E ≥ 0). Comme
exemples d’états liés, on peut mentionner le mouvement des planètes autour du soleil ou
de la lune autour de la terre. Comme exemples d’états de diffusion, on peut mentionner le
mouvement de certains astéroı̈des et de certaines comètes qui passent à travers le système
solaire sans y rester.
10
Système de masse variable et référentiels
accélérés
dm
m (t + dt) = m (t) + dm où dm = dt < 0 (10.1)
dt
et dm < 0 est la variation de masse de la fusée due à l’éjection des gaz. La quantité de
mouvement p (t + dt) du système formé de la fusée et des gaz s’écrit au 1 er ordre,
Compte tenu de la définition du vecteur accélération (2.2), on peut mettre la loi du mouve-
ment (10.4) sous la forme suivante (Fig. 10.1),
X dm
F ext + u = ma (10.5)
dt
Figure 10.1 Fusée propulsée par la poussée de l’air comprimé et par un mélange d’air et
d’eau.
Dans le cas particulier où les frottements de l’air sont négligeables, la seule force extérieure
agissant sur la fusée est son poids P . Ainsi, la loi du mouvement (10.5) se réduit à,
dm
P+ u = ma (10.6)
dt
Le deuxième terme du membre de gauche dm dt u est une force appelée la poussée parce
qu’elle s’oppose au poids P et pousse la fusée dans son mouvement. En effet, le vecteur
vitesse u est opposé au mouvement et dm/dt < 0, donc la poussée est orientée dans le sens
du mouvement.
La poussée permet de propulser un enseignant de physique sur un tricycle lorsqu’il vide
une bonbonne de CO2 . La poussée augmente le poids apparent d’une chaı̂nette qui tombe
à vitesse constante dans un réceptacle (Fig. 10.2).
Figure 10.2 Tricycle propulsé par du CO2 qui s’échappe d’une bonbonne. Mesure du
poids apparent d’une chaı̂nette qui tombe dans un réceptacle.
ce qui implique que la norme de la poussée doit être supérieure à la norme du poids. Pour
obtenir l’équation de la vitesse en fonction du temps, on met l’équation du mouvement (10.8)
sous la forme,
dm (t)
dż (t) = − g dt − u (10.10)
m (t) Décollage de la
L’intégrale de l’équation (10.10) par rapport au temps s’écrit explicitement, navette spatiale
v(t) t m(t)
dm0 (t0 )
Z Z Z
0 0
dż (t ) = − g dt − u (10.11)
0 0 m(0) m0 (t0 )
Les valeurs asymptotiques de la masse m (t) sont données par (Fig. 10.3),
m(t)
m(0)
t
t
Figure 10.3 La masse m (t) de la fusée décroı̂t exponentiellement dû à l’éjection des gaz
à partir d’une valeur initiale m (0) et tend vers la valeur de la masse à vide M .
Figure 10.4 Le mouvement radial de gouttes d’eau qui sortent d’une buse horizontale est
filmé par une caméra en rotation avec la buse. Dans le référentiel accéléré (tournant) de la
buse, la trajectoire du jet d’eau est une courbe fixe.
y3
y2
P
x3
A y1
O x2
x1
Figure 10.5 Le repère absolu (O, x̂1 , x̂2 , x̂3 ) d’origine O est immobile par rapport au
référentiel absolu et le repère relatif (A, ŷ 1 , ŷ 2 , ŷ 3 ) est immobile par rapport au référentiel
relatif.
10.2 Référentiels accélérés 113
r a (P ) = r a (A) + r r (P ) (10.17)
ṙ a (P ) = ṙ a (A) + ṙ r (P ) (10.19)
D’après les relations (10.16) et (10.18), le dernier terme du membre de droite de la deuxième
équation (10.20) peut être mis sous la forme,
3 3 3
!
X X X
˙
yi ŷ i = yi (Ω × ŷ i ) = Ω × yi ŷ i = Ω × r r (P ) (10.21)
i=1 i=1 i=1
Compte tenu de l’équation (10.21) et des définitions (10.22), les dérivées temporelles des
positions (10.20) deviennent,
ṙ a (P ) = v a (P ) et ṙ r (P ) = v r (P ) + Ω × r r (P ) (10.23)
En substituant les équations (10.23) et la vitesse absolue du point A, qui s’écrit v a (A) =
ṙ a (A), dans l’équation (10.19), on obtient l’identité suivante entre les vitesses,
v a (P ) = v a (A) + v r (P ) + Ω × r r (P ) (10.24)
v e (P ) = v a (A) + Ω × r r (P ) (10.25)
v a (P ) = v e (P ) + v r (P ) (10.26)
Théorème 10.1. La vitesse angulaire Ω est indépendante du choix de l’origine A, qui est
un point fixe du repère relatif, lequel est immobile par rapport au référentiel relatif.
114 Système de masse variable et référentiels accélérés
Démonstration A l’aide de la définition (10.16), l’identité entre les vitesses (10.24) est mise
sous la forme,
v a (P ) = v a (A) + v r (P ) + Ω × AP (10.27)
On considère un autre point matériel B fixe par rapport au référentiel relatif, ce qui signifie
que sa vitesse relative est nulle, i.e. v r (B) = 0. Par conséquent, pour le point matériel B,
l’identité entre les vitesses (10.27) se réduit à,
v a (B) = v a (A) + Ω × AB ainsi v a (A) = v a (B) + Ω × BA (10.28)
En substituant l’équation (10.28) dans l’équation (10.27), on obtient,
v a (P ) = v a (B)+v r (P )+Ω×BA+Ω×AP = v a (B)+v r (P )+Ω×(BA + AP ) (10.29)
qui compte tenu de l’identité vectorielle BP = BA + AP se réduit à,
v a (P ) = v a (B) + v r (P ) + Ω × BP (10.30)
En remplaçant le point matériel A par le point matériel B dans l’identité entre les vi-
tesses (10.27), on obtient l’identité des vitesses (10.30) sans changer le vecteur vitesse an-
gulaire Ω.
D’après les relations (10.22) et (10.18), le dernier terme du membre de droite de la deuxième
équation (10.32) peut être mis sous la forme,
3 3 3
!
X X X
ẏi ŷ˙ i = ẏi (Ω × ŷ i ) = Ω × ẏi ŷ i = Ω × v r (P ) (10.33)
i=1 i=1 i=1
Compte tenu de l’équation (10.33) et des définitions (10.34), les dérivées temporelles des
vitesses (10.32) deviennent,
v̇ a (P ) = aa (P ) et v̇ r (P ) = ar (P ) + Ω × v r (P ) (10.35)
Compte tenu de la dérivée temporelle de la position relative (10.20),
Ω × ṙ r (P ) = Ω × v r (P ) + Ω × r r (P ) = Ω × v r (P ) + Ω × Ω × r r (P ) (10.36)
En substituant les équations (10.35), (10.36) et l’accélération absolue du point A, qui s’écrit
aa (A) = v̇ a (A), dans l’équation (10.31), on obtient l’identité suivante entre les accélérations,
aa (P ) = aa (A) + ar (P ) + 2 Ω × v r (P ) + Ω × Ω × r r (P ) + Ω̇ × r r (P ) (10.37)
En passant tous les termes du membre de droite de l’équation (10.42) dans le membre de
gauche à l’exception du terme m ar (P ), on obtient la loi du mouvement relatif du point
matériel P ,
X
F ext − m aa (A) + aC (P ) + ac (P ) + aE (P ) = m ar (P ) (10.43)
Les termes du membre de gauche de l’équation (10.43) sont des forces qu’il s’agit à présent
de caractériser physiquement. Compte tenu des définitions (10.38) des accélérations, la force
de translation F t , la force de Coriolis F C , la force centrifuge F c et la force d’Euler F E sont
respectivement définies comme,
F t = − m aa (A)
F C = − m aC (P ) = − 2 m Ω × v r (P )
(10.44)
F c = − m ac (P ) = − m Ω × Ω × r r (P )
F E = − m aE (P ) = − m Ω̇ × r r (P )
La force de translation F t exercée sur le point matériel A est orientée dans la direction op-
posée à son accélération absolue aa (A). La force de Coriolis F C exercée sur le point matériel
P est orientée dans la direction opposée à l’accélération de Coriolis aC (P ). La force centri-
fuge F c exercée sur le point matériel P est orientée dans la direction opposée à l’accélération
centripète ac (P ), qui elle est orientée vers le centre ou l’origine O. Ainsi, la force centrifuge
F c est orientée radialement vers l’extérieur : elle fuit le centre. La force d’Euler F E exercée
sur le point matériel P est orientée dans la direction opposée à l’accélération d’Euler aE (P ).
La force d’entraı̂nement F e est la force exercée sur le point matériel P lorsqu’il est au repos
dans le référentiel accéléré, c’est-à-dire lorsque v r (P ) = 0,
F e = − m ae (P ) = F t + F c + F E (10.45)
Compte tenu des définitions (10.44), la loi du mouvement relatif (10.43) devient,
X
F ext + F t + F C + F c + F E = m ar (P ) (10.46)
Les expressions des lois du mouvement absolu (10.41) et relatif (10.48) sont rigoureusement
identiques sur le plan mathématique mais leur signification physique est différente. Les
accélérations du point matériel P dans la loi du mouvement absolu sont des effets, et les
forces d’inertie dans la loi du mouvement relatif sont des causes.
A titre d’exemple, on considère une voiture qui effectue un virage. Par rapport au
référentiel absolu de la terre, le conducteur de la voiture, que l’on peut assimiler à un point
Accélération matériel P , subit une accélération centripète ac (P ) orientée radialement vers le centre O
centripète et force du virage. Par rapport au référentiel accéléré de la voiture, le conducteur subit une force
centrifuge centrifuge F c qui le pousse radialement vers l’extérieur du virage dans la direction opposée
à l’accélération centripète.
Dans l’expérience de la caméra tournante qui filme un jet d’eau en rotation (Fig. 10.4), le
référentiel absolu est celui de l’auditoire et le référentiel accéléré est celui de la buse tournante
ou de la caméra tournante. Comme ces référentiels sont en rotation l’un par rapport à l’autre,
les points matériels O et A au centre des repères absolu et relatif sont confondus, ce qui
implique que aa (A) = 0. Comme la buse et la caméra tournent à vitesse angulaire constante
Ω, cela implique que Ω̇ = 0. Par conséquent, les forces d’inertie qui agissent sur les gouttes
d’eau dans le référentiel accéléré − considérés comme des points matériels P qui sortent à
la vitesse relative v r (P ) de la buse − sont la force de Coriolis F C et la force centrifuge F c .
Ainsi, dans le référentiel accéléré, le mouvement des gouttes d’eau est une courbe. Dans le
référentiel absolu de l’auditoire, les gouttes sont en mouvement rectiligne uniforme puisqu’il
n’y pas de force d’inertie dans ce référentiel.
Dans l’expérience du feutre en mouvement circulaire sur un plateau horizontal, on
Jet d’eau en rotation
considère deux types de mouvements. Premièrement, lorsque le plateau est immobile et
le feutre tourne à vitesse angulaire constante Ω, le plateau est un référentiel absolu. Ainsi,
lorsque le feutre est relâché, il est en mouvement rectiligne uniforme. Deuxièmement, lorsque
le plateau et le feutre tournent à vitesse angulaire constante Ω, le plateau est un référentiel
relatif et le feutre est immobile par rapport au plateau. Ainsi, lorsque le feutre est relâché,
il subit la force de Coriolis F C et la force centrifuge F c . Par conséquent, le mouvement
du feutre est une courbe dans ce référentiel. Au moment où le feutre est relâché, la force
de Coriolis est nulle puisque la vitesse relative est nulle. Cependant, vu que le feutre est
accéléré par la force centrifuge, la force de Coriolis vient progressivement s’exercer sur le
feutre. Ainsi, après que le feutre soit relâché, sa trajectoire est initialement radiale, car la
force centrifuge domine. Ceci n’est pas le cas pour le jet d’eau tournant où la trajectoire
initiale est quasiment tangentielle parce la force de Coriolis domine initialement.
Feutre sur un plateau
T
P q a
mg
y1
A
0 x1
Figure 10.6 Pendule mathématique suspendu au plafond d’un wagon de train en mouve-
ment uniformément accéléré.
m g + T − m aa (A) = m ar (P ) (10.49)
Compte tenu des expressions (10.50), les projections de la loi du mouvement (10.49) selon
les axes de coordonnées Oy1 et Oy2 s’écrivent,
g = − g ŷ 3 T = T ŷ 3 aa (A) = a = a ŷ 3 (10.53)
Compte tenu des expressions (10.53), la projection de la loi du mouvement relatif (10.49)
selon l’axes de coordonnées Oy3 s’écrit,
− m g + T − ma = 0 ainsi T = m (a + g) (10.54)
Le poids apparent P 0 = − T est la force qui compense la tension T dans le fil. Ainsi,
P 0 = − m (g + a) ŷ 3 (10.55)
118 Système de masse variable et référentiels accélérés
x 3,y 3 a
ressort
P masse
mg
O A
Figure 10.7 Mesure du poids apparent d’une masse dans un ascenseur en mouvement
rectiligne à accélération constante.
Si l’ascenseur accélère vers le haut, i.e. a > 0, la norme du poids apparent m (g + a) est
supérieure à la norme du poids réel mg. En revanche, si l’ascenseur accélère vers le bas,
i.e. a < 0, la norme du poids apparent est inférieure à la norme du poids réel. Dans le
cas où l’ascenseur est en chute libre, i.e. g = −a, le poids apparent est nul, ce qui signifie
que la personne est en état d’apesanteur. Les vols paraboliques permettant d’expérimenter
l’apesanteur fonctionnent selon ce principe.
Vol parabolique
10.3.3 Centrifugeuse
On considère une centrifugeuse constituée d’un tube qui tourne dans un plan horizontal à
vitesse angulaire Ω constante autour de son extrémité située au point O. Un point matériel
P de masse m est astreint à se déplacer dans le tube. On associe au référentiel absolu de la
centrifugeuse le repère absolu (O, x̂1 , x̂2 , x̂3 ) et au référentiel relatif du tube le repère relatif
(O, ŷ 1 , ŷ 2 , ŷ 3 ) où l’axe Oy1 est orienté le long du tube (Fig. 10.8).
x 3,y 3
W = cste
y2
O A
x2
N
P
x1
mg y1
Figure 10.8 La centrifugeuse est constituée d’un tube en mouvement de rotation uniforme
dans lequel un point matériel P est astreint à se déplacer.
x3
A ^
q
^
f ^
r
q
T
W = cste
N
P
O x2
mg
x1
porte
Figure 10.9 Un pendule mathématique oscille dans le plan d’une porte tournant à vitesse
angulaire constante.
120 Système de masse variable et référentiels accélérés
on va à présent considérer que la terre est une sphère de rayon r0 = 6371 [ km ] dont le Ellipsoı̈de de
volume est identique à l’ellipsoı̈de de révolution terrestre. révolution
y2
A
q
x3
x2
O y1
x1
Figure 11.1 Le repère absolu (O, x̂1 , x̂2 , x̂3 ) est associé au référentiel absolu fixe et le
repère relatif (A, ŷ 1 , ŷ 2 , ŷ 3 ) est associé au référentiel relatif de la terre en rotation propre.
Le champ gravitationnel terrestre g 0 est défini par rapport au référentiel absolu fixe. Pour
obtenir l’expression du champ gravitationnel terrestre apparent g exprimé par rapport au
référentiel relatif terrestre, on suspend le point matériel à un fil de masse négligeable et on
attend qu’il atteigne un état d’équilibre dans le référentiel relatif terrestre. A l’équilibre, la
vitesse relative et l’accélération relative sont nulles, i.e. v r (P ) = 0 et ar (P ) = 0. Les forces
extérieures qui s’exercent sur le point matériel sont son poids m g 0 et la tension dans le fil
T où g 0 est le champ gravitationnel en absence de rotation de la terre. La distance k AP k
qui sépare le point matériel P du point A situé à la surface de la terre est négligeable par
rapport au rayon de la terre r0 = k OA k, i.e. k AP k k OA k (Fig. 11.2).
W x3
P - m W x (W x OA)
q
O mg 0
x1
Le poids apparent m g est définit comme la force qui est égale et opposée à la tension dans
le fil T ,
m g = − T = m g 0 − Ω × (Ω × OA) (11.4)
g = g 0 − Ω × (Ω × OA) (11.5)
Ainsi, le champ gravitationnel est minimal à l’équateur (i.e. λ = 0) dû à l’action de la force
centrifuge qui s’oppose à la force de la gravitation dans le référentiel terrestre. Il est maximal
(i.e. λ = π/2) aux pôles où la force centrifuge est nulle. C’est pour cette raison que la terre
a une forme d’ellipsoı̈de de révolution. La correction relative due à la rotation de la terre
dans l’expression du champ gravitationnel est très faible,
δg0 g0 − g r0 Ω2 cos λ
= = ≤ 0.3 % (11.7)
g0 g0 g0
ce qui implique que la terre est quasiment une sphère.
W
z
l
W
A
q x
l
Figure 11.3 L’axe Ax est orienté vers le sud, l’axe Ay est orienté vers l’est et l’axe Az est
vertical.
La seule force extérieure est le poids P = m g où g est le champ gravitationnel appa-
rent (11.5). Comme la rotation a lieu à vitesse angulaire Ω constante, i.e. Ω̇ = 0, cela signifie
que la force de translation F t = − m aa (A) = − m Ω × (Ω × OA) est contenue dans l’ex-
pression du poids apparent m g. Compte tenu de l’expression (10.44) de la force de Coriolis
F C , la loi du mouvement relatif (10.46) s’écrit explicitement,
m g − 2 m Ω × v r (P ) = m ar (P ) (11.8)
Ω = − Ω cos λ x̂ + Ω sin λ ẑ g = − g ẑ
(11.9)
v r (P ) = ẋ x̂ + ẏ ŷ + ż ẑ ar (P ) = ẍ x̂ + ÿ ŷ + z̈ ẑ
Compte tenu des expressions (11.9) et (11.10), les projections de la loi du mouvement (11.8)
selon les axes de coordonnées Ax, Ay et Az divisées par la masse m sont données par,
ẍ = 2 Ω ẏ sin λ
ÿ = − 2 Ω (ż cos λ + ẋ sin λ) (11.11)
z̈ = − g + 2 Ω ẏ cos λ
Compte tenu des conditions initiales (11.12), les équations des vitesses, obtenues en intégrant
les équations du mouvement (11.11) par rapport au temps de 0 à t, sont données par,
ẋ = 2 Ω y sin λ
ẏ = − 2 Ω (z − z0 ) cos λ + x sin λ (11.13)
ż = v0 − gt + 2 Ω y cos λ
La substitution des équations des vitesses (11.13) dans l’équation du mouvement le long de
l’axe Ay s’écrit,
ÿ = − 2 Ω cos λ (v0 − gt + 2 Ω y cos λ) − 2 Ω sin λ (2 Ω y sin λ) (11.14)
Comme la norme de la vitesse angulaire de rotation de la terre Ω est très faible, on peut
négliger les termes en Ω2 . Au 1 er ordre en Ω, l’équation du mouvement (11.14) se réduit
alors à,
ÿ = − 2 Ω cos λ (v0 − gt) (11.15)
En intégrant l’équation du mouvement (11.15) deux fois successivement, compte tenu des
conditions initiales (11.12), on obtient l’équation horaire selon l’axe Ay,
2 1 3
y (t) = − Ω cos λ v0 t − gt (11.16)
3
En substituant l’équation horaire (11.16) dans les équations de la vitesse (11.13), on obtient,
1 1 3
ẋ = − 2 Ω sin λ cos λ v0 t − gt3
2 2
et 2
ż = v0 − gt − 2 Ω cos λ v0 t − gt 2 2
3 3
(11.17)
Au 1 er ordre en Ω, les équations de la vitesse (11.17) se réduisent alors à,
ẋ = 0 et ż = v0 − gt (11.18)
Les équations horaires selon les axes Ax et Az sont obtenues en intégrant les équations de
la vitesse (11.18) par rapport au temps,
1 2
x (t) = 0 et z (t) = z0 + v0 t −
gt (11.19)
2
Ainsi, au premier ordre en Ω, les équations horaires dans le plan vertical Axz sont identiques
aux équations horaires (3.15) d’un mouvement balistique où la terre est considérée comme
un référentiel absolu. La déviation due à la force de Coriolis est donnée par l’équation
horaire (11.16) selon l’axe Ay.
A titre d’exemple, on considère une balle lancée de la surface de la terre, i.e. z0 = 0, avec
une vitesse verticale initiale v0 = 10 [ m/s ] à une latitude λ = π/4. Au temps T = v0 /g, le
point matériel atteint sa hauteur maximale car sa vitesse verticale est nulle, i.e. ż (T ) = 0.
La hauteur maximale z (T ) et la déviation latérale y (2T ) de la balle lorsqu’elle touche le sol
au temps 2T = 2v0 /g valent,
v02 4 v03
z (T ) = = 5.1 [ m ] et y (2T ) = − Ω cos λ = − 0.71 [ mm ] (11.20)
2g 3 g2
Vu que y (2T ) < 0, la déviation a lieu vers l’ouest. Cette déviation est environ 4 ordres de
grandeur inférieure à la hauteur maximale.
à l’équateur (i.e. λ = 0) et maximal aux pôles, i.e. (i.e. λ = ± π/2). D’après les équations
du mouvement relatif (11.21), le vecteur vitesse relative v r (P ) et le vecteur accélération
relative ar (P ) d’un point matériel P , exprimés en composantes comme,
v r (P ) = ẋ x̂ + ẏ ŷ et ar (P ) = ẍ x̂ + ÿ ŷ (11.22)
sont orthogonaux,
v r (P ) · ar (P ) = ẋ ẍ + ẏ ÿ = 0 (11.23)
comme dans le cas d’un mouvement circulaire. Pour comprendre le comportement qualitatif
du mouvement relatif horizontal, on considère quatre cas particuliers (Fig. 11.4).
Mouvements relatifs
circulaires
l>0 2. 1. l>0
y (est)
l<0 4. 3. l<0
x (sud)
Figure 11.4 Les trajectoires du point matériel P tournent dans le sens des aiguilles
d’une montre dans l’hémisphère nord (i.e. λ > 0) et dans le sens trigonométrique dans
l’hémisphère sud (i.e. λ < 0).
Compte tenu des équations du mouvement (11.21), les trajectoires du point matériel P
dans les quatre cas particuliers ci-dessous sont illustrées sur les quatre quadrants (Fig. 11.4). Cyclone
Léon Foucault
W y A f
N y
A x
x z q
O l
Z
T
P
Ax: vers ouest
S Ay: vers nord z
mg
Figure 11.6 Repère relatif (A, x̂, ŷ, ẑ) et angles θ et φ qui permettent de définir des
coordonnées sphériques (r, θ, φ) de manière usuelle.
Afin de tenir compte des symétrie du mouvement, on exprime les vecteurs ŷ et ẑ en termes
des vecteurs er , eθ et eφ du repère sphérique attaché au point matériel P à l’aide du vecteur
auxiliaire eρ du repère cylindrique (Fig. 11.7).
Il y a deux contraintes géométriques, à savoir que la longueur ` du pendule est une constante
11.2 Pendule de Foucault 127
z
z er
z
q
er P er
eq
ef q
P
q
q eq
A r
A y A y
ef ef
f f
P’ f
x er y
P’
x
er
r
Figure 11.7 Illustrations auxiliaires pour établir l’expression des projections de vecteurs
unités.
et que la vitesse angulaire de rotation φ̇ du plan vertical d’oscillation est une constante,
r = ` = cste ainsi ṙ = 0 et r̈ = 0
(11.27)
φ̇ = cste ainsi φ̈ = 0
Comme l’angle d’oscillation θ est faible et que les vitesses angulaires Ω et φ̇ sont également
faibles, au 1 er ordre en θ, Ω et φ̇ on néglige les termes du 2 e ordre, c’est-à-dire les termes
en θ2 , Ω2 , φ̇2 , θ Ω, θ φ̇ et Ωφ̇. De plus, au 1 er ordre, sin θ = θ et cos θ = 1. Ainsi, les
vecteurs (11.26) se réduisent au 1 er ordre à,
ẑ = er − θ eθ et ŷ = θ sin φ er + sin φ eθ + cos φ eφ (11.28)
Compte tenu des expressions (11.28), les vecteurs (11.25) et la tension dans le fil T s’ex-
priment au 1 er ordre comme,
g = g er − g θ eθ et T = − T er
Ω = Ω cos λ ( φ er + sin φ eθ + cos φ eφ ) − Ω sin λ (er −
θ sin θ e
θ) (11.29)
où le second terme rend compte de la force centrifuge due à l’oscillation du pendule et le
dernier terme rend compte de la force de Coriolis due à l’oscillation du pendule et à la rota-
tion de la terre. La deuxième équation (11.32) est l’équation d’un mouvement harmonique
oscillatoire de faible amplitude autour de la position d’équilibre θ = 0,
g
θ̈ + ω 2 θ = 0 où ω2 = (11.34)
`
La dernière équation exprime la vitesse angulaire φ̇ de rotation du plan vertical d’oscillation
du pendule en terme de la vitesse angulaire Ω de rotation de la terre sur elle-même,
φ̇ = Ω sin λ (11.35)
Par conséquent, la vitesse de rotation φ̇ est nulle à l’équateur et elle est maximale aux pôles
où φ̇ = ± Ω. La rotation du plan d’oscillation change de sens lorsqu’on traverse l’équateur.
A Lausanne (i.e. λ = 46.5◦ ), la période de rotation T vaut,
2π 2π
T = = = 33.1 [ h ] (11.36)
φ̇ Ω sin λ
Cela signifie que la vitesse de rotation angulaire du plan d’oscillation est 10.9◦ /h (Fig. 11.8).
Figure 11.8 Le plan d’oscillation vertical tourne d’un angle de 10.9◦ par heure dans la
direction des aiguilles d’une montre à Lausanne.
système de points matériels Pα exprimé par rapport à ce repère. D’après la définition (11.37),
1 X 1 X
O 0 G0 = mα O 0 P α = mα (O 0 O + OP α )
M α M α
! (11.38)
1 X 1 X
= mα O 0 O + mα OP α = O 0 O + OG = O 0 G
M α M α
pα = mα v α (11.51)
et d’après la définition (9.1), le moment cinétique du point matériel Pα par rapport au point
O s’écrit,
LO,α = OP α × pα = r α × pα (11.52)
La force résultante F α et le moment de force résultant M O,α appliqués sur le point matériel
Pα sont extérieurs à Pα mais peuvent être intérieurs au système de points matériels.
A présent, on doit distinguer les forces et les moments de force intérieurs et extérieurs au
système de points matériels. Pour un système de points matériels, la 3 e loi de Newton (8.1)
s’écrit,
F α→β = − F β→α ∀ α, β (11.55)
La somme des forces intérieures F αint exercées sur l’ensemble des points matériels Pα , s’ex-
prime en termes des forces F β→α exercées par les points matériels Pβ sur les points matériels
Pα . Compte tenu de la 3 e loi de Newton (11.55),
X X X X X X X
F αint = F β→α = F β→α + F β→α
α α β | β6=α α β | β>α α β | β<α
α↔β X X (11.56)
= F β→α + F α→β = 0
α β | β>α
La force intérieure F β→α exercée par le point matériel Pβ sur le point matériel Pα est
orientée selon l’axe qui lie ces points matériels afin de satisfaire la 3 e loi de Newton (11.55),
ce qui implique que,
P β P α × F β→α = 0 ∀ α, β (11.57)
int
D’après la définition (11.54), la somme des moments de forces intérieures M O,α exercés sur
l’ensemble des points matériels Pα évaluée par rapport au point O, s’exprime en termes
des forces intérieures F αint exercées sur l’ensemble des points matériels Pα . D’après les
équations (11.56), elle s’exprime en fin de compte en termes des forces F β→α exercées par les
points matériels Pβ sur les points matériels Pα . Compte tenu de la 3 e loi de Newton (11.55)
et de la condition (11.57),
X X X X
int
M O,α = OP α × F αint = OP α × F β→α
α α α β | β6=α
X X X X
β→α
= OP α × F + OP α × F β→α
α β | β>α α β | β<α
α↔β X X
= OP α × F β→α + OP β × F α→β (11.58)
α β | β>α
X X X X
= (OP α − OP β ) × F β→α = P β P α × F β→α = 0
α β | β>α α β | β>α
11.3 Système de points matériels 131
Compte tenu de la relation (11.44) entre les vitesses et des expressions (11.51) et (11.46)
de la quantité de mouvement et de la quantité de mouvement relative totale, la quantité de
mouvement totale se réduit à,
X X X
P = mα v α = mα (VG + v 0α ) = M VG + mα v 0α = M VG (11.60)
α α α
La force extérieure résultante F ext et le moment de forces extérieures résultant M Oext ap-
pliqués sur le système au point O sont donnés par,
X X
F ext = F αext M Oext = ext
M O,α (11.61)
α α
F ext = M AG (11.64)
Démonstration La masse totale M d’un système fermé de points matériels est constante.
Compte tenu de l’expression (11.47) de l’accélération du centre de masse et de l’expres-
sion (11.60) pour la quantité de mouvement, le théorème de la quantité de mouvement (11.62)
est mis sous la forme suivante,
dP dM dVG
F ext = = VG + M = M AG (11.65)
dt dt dt
est isolé ou que la force extérieure résultante est nulle, le théorème de la quantité de mou-
vement implique que la quantité de mouvement totale est conservée,
dP
=0 ainsi P = cste (11.68)
dt
ce qui signifie que la quantité de mouvement totale est une constante du mouvement.
Si le système est isolé ou que le moment de forces extérieures résultant est nul, le théorème
Tir d’arme à feu du moment cinétique implique que le moment cinétique total est conservé,
dLO
=0 ainsi LO = cste (11.69)
dt
ce qui signifie que le moment cinétique total est une constante du mouvement. Les prin-
cipes de conservation de la quantité de mouvement (11.68) et du moment cinétique (11.69)
dépassent largement le cadre la mécanique classique puisqu’ils sont valables en mécanique
quantique et en relativité générale. En réalité, si le système physique est invariant par trans-
lation, la quantité de mouvement totale P est une constante du mouvement, et s’il est
invariant par rotation autour du point O, le moment cinétique total LO est une constante
du mouvement. A titre d’exemple, on peut mentionner la conservation de la quantité de
mouvement totale d’un système constitué d’une arme à feu et d’une balle lors d’un tir qui
donne lieu à un effet de recul. On peut aussi mentionner la conservation du moment cinétique
total d’une patineuse lors d’un mouvement de rotation sur la glace.
Patineuse en rotation
12
Cinématique et dynamique du solide
indéformable
x3 x3
A A
0 0
x1 x1
x1 A x1 A
A A
q
y2
y3
y1 x2
O
f y
x1
Figure 12.2 Repères cartésiens (O, x̂1 , x̂2 , x̂3 ) et (O, ŷ 1 , ŷ 2 , ŷ 3 ) centrés en O et angles
d’Euler (φ, θ, ψ).
Le premier angle d’Euler est l’angle de précession φ autour de l’axe vertical Ox3 qui amène
l’axe horizontal Ox1 sur l’axe nodal Ou (Fig. 12.3a). Le second angle d’Euler est l’angle de
nutation θ autour de l’axe nodal Ou qui amène l’axe vertical Ox3 sur l’axe Oy3 (Fig. 12.3b).
Le troisième angle d’Euler est l’angle de rotation propre φ autour de l’axe de rotation propre
Oy3 qui amène l’axe Ou sur l’axe Oy1 et l’axe Ov sur l’axe Oy2 (Fig. 12.3c).
En général, les rotations ne s’additionnent pas car ce sont des applications linéaires des
vecteurs de bases représentées par des matrices 3 × 3 qui ne commutent pas. En revanche, les
rotations infinitésimales commutent toujours. Le vecteur vitesse angulaire Ω de rotation du
solide par rapport au référentiel d’inertie est défini à l’aide des formules de Poisson (10.18) −
12.1 Cinématique du solide indéformable 135
x3
O x2
f
x1
u
x2 y1 x2
O O
ψ x1 y
x1
u u
(b) Rotation d’angle θ autour de l’axe Ou (c) Rotation d’angle ψ autour de l’axe Oy3
Figure 12.3 Rotations successives (a), (b) et (c) qui définissent les trois angles d’Euler
(φ, θ, ψ).
décrivant des rotations infinitésimales au cours du temps − donnant les dérivées temporelles
des vecteurs de base du repère lié au solide. Par conséquent, la vitesse angulaire du solide
Ω − qui est un référentiel accéléré − par rapport au référentiel d’inertie peut être exprimée
comme la somme de trois vecteurs vitesse angulaire dont la norme est la dérivée temporelle
d’un angle d’Euler et dont l’orientation est donnée par l’axe de rotation correspondant,
Figure 12.5 Toupie chinoise qui se retourne sur sa pointe et disque d’Euler.
Figure 12.6 Angles de Tait-Bryan décrivant les lacets (précession), le tangage (nutation)
et le roulis (rotation propre)
Démonstration Compte tenu de l’identité (12.4), comme le point Q est un point matériel
quelconque du solide au même titre que le point P , cela implique que,
VQ = VA + Ω × AQ (12.6)
La différence entre les relations (12.6) et (12.4) s’écrit,
VQ − VP = Ω × (AQ − AP ) = Ω × P Q (12.7)
Compte tenu des conditions (12.2) et de la notation (12.3), l’identité entre les
accélérations (10.37) pour un solide indéformable se réduit à,
AP = AA + Ω × (Ω × AP ) + Ω̇ × AP (12.8)
Théorème 12.3 Les accélérations AP et AQ de points matériels P et Q quelconques qui
appartiennent au solide satisfont la relation,
AQ = AP + Ω × (Ω × P Q) + Ω̇ × P Q (12.9)
Démonstration Compte tenu de l’identité (12.8), comme le point Q est un point matériel
quelconque du solide au même titre que le point P , cela implique que,
AQ = AA + Ω × (Ω × AQ) + Ω̇ × AQ (12.10)
La différence entre les relations (12.10) et (12.8) s’écrit,
AQ − AP = Ω × Ω × (AQ − AP ) + Ω̇ × (AQ − AP )
(12.11)
= Ω × (Ω × P Q) + Ω̇ × P Q
Si le solide glisse sans rouler, la vitesse du point de contact VC doit être égale à la vitesse du
centre de masse VG . Si le solide glisse et roule, la vitesse du point de contact VC et la vitesse
du centre de masse VG sont non-nulles, mais elles ne sont pas égales dû au mouvement de
roulement du solide. Si le solide roule sans glisser, la vitesse du point de contact VC est nulle
mais la vitesse du centre de masse VG est non nulle dû au roulement. Par conséquent, d’après
la relation (12.5), la condition de roulement sans glissement (12.5) s’écrit explicitement,
VG = Ω × CG car VC = 0 (12.12)
Lorsque le solide roule, le point matériel qui correspond au point de contact C entre le solide
et la surface change au cours du temps lors d’un mouvement de roulement sans glissement,
mais à chaque instant la vitesse VC de ce point est nulle.
138 Cinématique et dynamique du solide indéformable
LO = OG × M VG + LG (12.17)
Johann Samuel Théorème 12.5 Le moment cinétique LP du solide, évalué par rapport à un point quel-
Koenig conque P du solide, est exprimé en fonction du moment cinétique LG du solide évalué par
rapport au centre de masse G comme,
LP = P G × M VG + LG (12.18)
LP = (P O + OG) × M VG + LG = P G × M VG + LG (12.19)
12.3 Tenseur d’inertie et équations d’Euler 139
LG = IG Ω (12.29)
Sur le plan formel, un tenseur est une application linéaire qui se transforme de manière
particulière lors d’un changement de référentiel.
Démonstration L’identité entre les vitesses (12.5) pour un point Pα qui appartient au solide
et le centre de masse du solide G s’écrit,
v α = VG + Ω × GP α (12.31)
Compte tenu des expressions (11.39), (11.42), (11.51), (11.52) et (11.59), le moment cinétique
du solide indéformable LG , évalué par rapport à son centre de masse G, s’écrit,
X X X
LG = GP α × pα = GP α × mα v α = GP α × mα (VG + Ω × GP α )
α α α
X X X
= mα r 0α × VG + mα GP α × (Ω × GP α ) = mα GP α × (Ω × GP α )
α α α
(12.32)
où 1 est l’application linéaire identité qui envoie tout vecteur sur lui-même et le symbole ⊗
représente un produit tensoriel. Le tenseur d’inertie IG du solide par rapport au centre
de masse G s’écrit donc formellement,
X
mα GP α2 1 − GP α ⊗ GP α
IG = (12.36)
α
où les composantes IG,ij du tenseur d’inertie IG par rapport à la base (ŷ 1 , ŷ 2 , ŷ 3 ) s’écrivent,
3
!
X X
2
IG,ij = mα GPα,k δij − GPα,i GPα,j (12.38)
α k=1
y3
GPa
G y2
ra,12
y1
3
X
LG = IG,i Ωi ei = IG,1 Ω1 e1 + IG,2 Ω2 e2 + IG,3 Ω3 e3 (12.41)
i=1
Les valeurs propres du tenseur d’inertie IG,1 , IG,2 et IG,3 sont appelées les moments d’iner-
tie et les vecteurs propres correspondants e1 , e2 e3 sont les vecteurs de norme unité orientés
le long des axes principaux d’inertie. Les moments d’inertie sont exprimés comme,
X X X
2 2 2
IG,1 = mα rα,1 IG,2 = mα rα,2 IG,3 = mα rα,3 (12.42)
α α α
2 2
où rα,1 est la distance du point Pα à l’axe principal d’inertie Ge1 , rα,2 est la distance de
2
ce point à l’axe principal d’inertie Ge2 et rα,3 est la distance de ce point à l’axe principal
d’inertie Ge3 .
Il existe trois types de solides indéformables, homogènes et réguliers. Le premier type est
l’ellipsoı̈de pour lequel les trois moments d’inertie sont différents. Le deuxième type est le
cylindre pour lequel le moment d’inertie IGk le long de l’axe de symétrie est différent des
deux moments d’inertie IG⊥ perpendiculaires à cet axe qui sont égaux. Le troisième type
est la sphère pour laquelle les trois moments d’inertie sont égaux (Fig. 12.9).
Figure 12.9 Ellipsoı̈de (trois moments d’inertie différents), cylindre (deux moments d’iner-
tie différents) et sphère (trois moments d’inertie égaux).
En absence de moment de force extérieures résultant par rapport au centre de masse G, i.e.
M Gext = 0, le théorème du moment cinétique implique que le moment cinétique par rapport
au centre de masse est conservé, i.e. LG = cste. Si le solide a un mouvement de rotation
de vitesse angulaire Ω = Ω3 e3 autour de l’axe vertical alors le moment cinétique (12.41)
s’exprime comme LG = IG,3 Ω3 e3 . Par conséquent, si le moment d’inertie IG,3 augmente,
la vitesse angulaire de rotation Ω3 diminue et vice versa. Le moment d’inertie augmente si
une partie de la masse du solide s’éloigne de l’axe. Les patineuses artistiques utilisent cet
effet pour accélérer ou freiner leur mouvement de rotation (Fig. 12.10).
Figure 12.10 Le moment d’inertie par rapport à l’axe vertical est plus grand lorsque les
haltères sont plus éloignées de l’axe de rotation du tabouret. En variant la distance des
haltères à l’axe de rotation, on varie la vitesse de rotation angulaire.
12.3 Tenseur d’inertie et équations d’Euler 143
Dans le cas particulier où la vitesse angulaire est constante par rapport au repère d’inertie,
i.e. Ω̇1 = Ω̇2 = Ω̇3 = 0, compte tenu de l’expression (12.41) du moment cinétique, la
relation (12.44) se réduit à,
dLG
= Ω × LG (12.45)
dt
et décrit la précession du vecteur LG autour du vecteur Ω. Dans le cas général, la rela-
tion (12.44) est mise sous la forme suivante,
dLG
= IG,1 Ω̇1 e1 + IG,2 Ω̇2 e2 + IG,3 Ω̇3 e3
dt
+ (Ω1 e1 + Ω2 e2 + Ω3 e3 ) × (IG,1 Ω1 e1 + IG,2 Ω2 e2 + IG,3 Ω3 e3 )
(12.46)
= IG,1 Ω̇1 e1 + IG,2 Ω̇2 e2 + IG,3 Ω̇3 e3 + (IG,3 − IG,2 ) Ω3 Ω2 e1
où mα est la masse et rα,i est la distance du point matériel Pα à l’axe de rotation Gei ,
et dmα est la masse d’un volume infinitésimal dV du solide et r est sa distance à l’axe de
rotation Gei .
A l’aide de l’expression intégrale (13.1), on va à présent calculer explicitement le moment
d’inertie de quelques solides indéformables réguliers. Ces solides réguliers sont une barre
mince, un cylindre creux et un cylindre plein.
e3
G
e1
-L/2 d L/2
Figure 13.1 Barre très mince de longueur L, orientée selon l’axe Ge1 , en rotation autour
de l’axe vertical Ge3 .
On désire calculer le moment d’inertie IG,3 de la barre mince, orientée selon l’axe Ge1 , qui
146 Solide indéformable avec un axe fixe et gyroscopes
est en rotation dans le plan horizontal autour de l’axe vertical Ge3 passant par son centre
de masse G. Par conséquent, son moment d’inertie (13.1) s’écrit,
Z L/2
IG,3 = dm ` 2 (13.2)
− L/2
où ` ≡ r est la distance à l’axe le long de la barre. La densité linéique de la barre homogène
ρ` est définie comme le rapport de la masse M de la barre et de sa longueur L,
M
ρ` = (13.3)
L
La masse infinitésimale dm s’écrit en termes de la longueur infinitésimale d` comme,
M
dm = ρ` d` = d` (13.4)
L
En substituant la relation (13.4) dans l’intégrale (13.2), le moment d’inertie IG,3 devient,
L/2 L/2
M `3 M L3
Z
M 1
IG,3 = ` 2 d` = = = M L2 (13.5)
L − L/2 L 3 − L/2
L 12 12
dq R
On désire calculer le moment d’inertie IG,3 du cylindre creux en rotation autour de l’axe
vertical Ge3 passant par son centre de masse G. Par conséquent, son moment d’inertie (13.1)
s’écrit,
Z
IG,3 = dm R 2 (13.6)
V
où R ≡ r est le rayon constant du cylindre creux. On divise le cylindre creux en éléments
de volumes infinitésimaux dV de hauteur L, d’épaisseur e et de largeur R dθ qui se situent
à une distance R de l’axe vertical Ge3 , i.e.
dV = R L e dθ (13.7)
Compte tenu des expressions (13.7) et (13.8), la masse infinitésimale dm s’écrit en termes
du volume infinitésimal dV d’un parallélépipède comme,
M
dm = ρ dV = R L e dθ (13.9)
V
En substituant l’expression (13.9) de la masse infinitésimale dm dans l’intégrale (13.6), et
en intégrant l’angle θ de 0 à 2π, le moment d’inertie IG,3 devient,
Z 2π
M 3 M 3
IG,3 = R Le dθ = 2π R Le (13.10)
V 0 V
Le volume V du cylindre creux est égal au produit de la circonférence 2π R des sections
circulaires, de la longueur L et de l’épaisseur e,
V = 2π R L e (13.11)
En substituant l’expression (13.11) du volume du cylindre dans l’expression (13.10) du mo-
ment d’inertie IG,3 , ce dernier se réduit à,
IG,3 = M R2 (13.12)
dr
L
Figure 13.3 Cylindre plein de longueur L et de rayon R en rotation autour de l’axe vertical
Ge3 .
On désire calculer le moment d’inertie IG,3 du cylindre plein en rotation autour de l’axe
vertical Ge3 passant par son centre de masse G. On divise le cylindre plein en cylindres
creux concentriques de volumes infinitésimaux dV , de hauteur L, de circonférence 2πr et
d’épaisseur dr, i.e.
dV = 2π L r dr (13.13)
Compte tenu des expressions (13.13) et (13.8), la masse infinitésimale dm s’écrit en termes
du volume infinitésimal dV d’un cylindre creux comme,
M
dm = ρ dV = 2π L r dr (13.14)
V
En substituant l’expression (13.14) de la masse infinitésimale dm dans l’intégrale (13.1), et
en intégrant le rayon r de 0 à R, le moment d’inertie IG,3 devient,
Z R R
M M 1 π M
IG,3 = 2π L r3 dr = 2π L r4 = L R4 (13.15)
V 0 V 4 0 2 V
Le volume V du cylindre plein est égal au produit de la surface de la section π R2 et de la
longueur L,
V = π R2 L (13.16)
148 Solide indéformable avec un axe fixe et gyroscopes
W ei
d G
A
Figure 13.4 Solide de masse M en rotation à vitesse angulaire Ω autour de l’axe A ei qui
est parallèle à l’axe principal d’inertie G ei à distance d.
Jakob Steiner Démonstration En prenant comme origine le point matériel A, le théorème de transfert du
moment cinétique (12.17) s’écrit,
LA = AG × M VG + LG (13.19)
Comme le point matériel A appartient à l’axe de rotation, sa vitesse est nulle, i.e. VA = 0.
Compte tenu de la relation (12.6), la vitesse du centre de masse s’exprime en termes du
vecteur vitesse angulaire Ω de rotation du solide comme,
VG = Ω × AG (13.20)
En substituant l’équation (13.20) dans l’équation (13.19), le théorème de transfert du mo-
ment cinétique devient,
LA = M AG × (Ω × AG) + LG (13.21)
Compte tenu de l’identité vectorielle (1.43), le théorème de transfert du moment
cinétique (13.21) devient,
LA = M AG2 Ω − (AG · Ω) AG + LG (13.22)
13.2 Solide indéformable avec un axe fixe 149
où d = kAGk. Comme le vecteur vitesse angulaire Ω = Ω ei est colinéaire à l’axe de rotation
fixe A ei , qui est parallèle à l’axe principal d’inertie G ei , les moments cinétiques LA et LG
du solide indéformable sont exprimés respectivement en termes des moments d’inertie IA,i
et IG,i comme,
LA = IA,i Ω et LG = IG,i Ω (13.24)
IA,i Ω = IG,i + M d2 Ω
(13.25)
Compte tenu de la relation (11.44), l’énergie cinétique (13.27) est mise sous la forme,
! !
1 X 0 2 1 X X
0 1 X
T = mα (VG + v α ) = 2
mα VG + VG · mα v α + mα v 0α2 (13.28)
2 α 2 α α
2 α
D’après les relations (11.37) et (11.46), l’énergie cinétique (13.28) se réduit à,
1 1 X
T = M VG2 + mα v 0α2 (13.29)
2 2 α
Compte tenu des relations (11.44), (11.39) et (12.5), la vitesse relative v 0α d’un point matériel
Pα s’écrit,
v 0α = v α − VG = Ω × GP α = Ω × r 0α (13.30)
D’après la première identité (1.40) et l’expression (13.30), la vitesse relative au carré est
mise sous la forme,
v 0α2 = (Ω × r 0α ) · (Ω × r 0α ) = r 0α × (Ω × r 0α ) · Ω (13.31)
Compte tenu des relations (11.39) et (12.30), le moment cinétique angulaire LG évalué par
rapport au centre de masse s’écrit,
X
LG = mα r 0α × (Ω × r 0α ) (13.33)
α
Le premier terme du membre de droite de l’équation (13.34) est l’énergie cinétique du centre
de masse et le deuxième terme est l’énergie de rotation propre du solide. En utilisant l’ex-
pression (12.41) du moment cinétique LG dans le repère d’inertie (G, e1 , e2 , e3 ), l’expression
de l’énergie cinétique (13.34) est mise sous la forme suivante,
3
1 1 X
T = M VG2 + IG,j Ω2j (13.35)
2 2 j=1
Dans le cas particulier où le solide est en rotation autour de l’axe principal d’inertie G ei ,
le vecteur vitesse angulaire Ω = Ω ei , ce qui implique que Ωj = Ω δij . Ainsi, dans ce cas,
l’énergie cinétique (13.35) se réduit à,
1 1
T = M VG2 + IG,i Ω2 (axe fixe) (13.36)
2 2
Comme la masse M et les composantes du tenseur d’inertie IG,j sont des constantes, la
dérivée temporelle de l’énergie cinétique (13.38) s’écrit,
3 3
dT dVG X dΩj d (M VG ) X d (IG,j Ωj )
=M · VG + IG,j Ωj = · VG + Ωj (13.39)
dt dt j=1
dt dt j=1
dt
fait un angle θ constant avec l’axe fixe qui est colinéaire au vecteur vitesse angulaire Ω
(Fig. 13.5).
e3
q
G
W
e1
e2
Figure 13.5 Cylindre en rotation à vitesse angulaire Ω constante par rapport à un axe
fixe qui décrit un angle θ par rapport à son axe de symétrie G e3 .
A l’instant initial t = 0, le vecteur e2 se trouve dans le plan vertical engendré par les
vecteurs e3 et Ω. Les composantes du vecteur vitesse angulaire Ω exprimées dans le repère
d’inertie s’écrivent,
Le vecteur vitesse angulaire Ω est constant par rapport au référentiel d’inertie de la terre,
mais pas par rapport au référentiel accéléré de la roue. Les dérivées temporelles des compo-
santes (13.42) du vecteur vitesse angulaire s’écrivent,
Le moment d’inertie le long de l’axe de symétrie est IG,3 ≡ IG,k et les moments d’inertie
le long des deux autres axes sont IG,1 = IG,2 ≡ IG,⊥ . Compte tenu des expressions (13.42)
et (13.43), les équations d’Euler (12.48) s’écrivent explicitement,
ext
= IG,⊥ Ω2 sin θ cos (Ωt) + IG,k − IG,⊥ Ω2 cos θ sin θ cos (Ωt)
MG,1
ext
= − IG,⊥ Ω2 sin θ sin (Ωt) + IG,⊥ − IG,k Ω2 cos θ sin θ sin (Ωt)
MG,2 (13.44)
ext
MG,3 =0
D’après l’expression (12.47), le moment de force M Gext exercé par l’axe de rotation sur la
roue mal équilibrée s’écrit,
M Gext = IG,⊥ + IG,k − IG,⊥ cos θ Ω2 sin θ cos (Ωt) e1
(13.45)
− IG,⊥ + IG,k − IG,⊥ cos θ Ω2 sin θ sin (Ωt) e2
Le moment de force M Gext dépend du temps de manière périodique, d’où les secousses
périodiques ressenties sur l’axe. Dans la limite où θ = 0, le moment de force s’annule, i.e.
M Gext = 0, et la roue devient bien équilibrée. En mesurant le moment de force exercée sur
une roue mal équilibrée, un garagiste parvient à identifier à quel endroit ajouter des masses
sur la jante d’une roue de voiture afin d’équilibrer la roue.
Equilibrage d’une roue
152 Solide indéformable avec un axe fixe et gyroscopes
Figure 13.6 Gyroscope constitué d’un disque en rotation autour d’un axe dont l’orienta-
tion ne change pas lors d’une rotation des deux cadrans concentriques sur lesquels l’axe du
disque est monté. Les axes de rotation des cadrans sont orthogonaux et ils passent par le
centre de masse du disque.
Figure 13.7 Une personne assise sur un tabouret, qui peut tourner autour d’un axe vertical
déplace une roue en rotation rapide d’une position initiale où la roue tourne dans un plan
vertical à une position finale où la roue tourne dans un plan horizontal. En position finale,
la personne assise sur le tabouret tourne en sens inverse de la roue.
vitesse angulaire scalaire de signe opposé, l’effet gyroscopique disparaı̂t car la somme vec-
torielle des moments cinétiques des deux roues s’annule. Ainsi, lorsqu’on redresse l’axe, la
personne et le tabouret restent immobiles.
Lorsqu’une roue est mise en rotation autour de son axe de symétrie et qu’elle est main-
tenue à bout de bras par une personne, le poids P de la roue génère un moment de force
extérieure M Oext = r × P sur le poignet O de la personne, où r = OG est le bras de levier Roues tournant en
(Fig. 13.8). Ce moment de force est orienté dans le plan horizontal et il est orthogonal à sens opposé
l’axe de rotation. D’après le théorème du moment cinétique (12.14), i.e. M Oext = dLO /dt, la
variation du moment cinétique LO est colinéaire au moment de force extérieure M Oext . Par
conséquent, l’axe de rotation change d’orientation dans la direction définie par le moment de
force extérieure M Oext , ce qui conduit à la précession de l’axe de rotation de la roue autour
de l’axe vertical. Pour maintenir fixe l’axe de rotation, la personne doit appliquer avec son
poignet sur cet axe un moment de force de norme égale et de direction opposée.
ext
Figure 13.8 Le poids d’une roue en rotation autour d’un axe génère un moment de force
sur l’axe qui provoque un mouvement de précession de l’axe dans le plan horizontal.
Dans le cas d’une roue de vélo tournant autour d’axe attaché à un fil vertical, l’effet
gyroscopique est similaire (Fig. 13.8). Le moment de force M O généré par le poids P de la
roue au point d’attache O provoque un mouvement de précession de l’axe de la roue autour
du fil en vertu du théorème du moment cinétique (12.14).
angulaire scalaire φ̇ = cste autour de l’axe vertical O ez (Fig. 13.9). Le vecteur vitesse
angulaire de précession de la roue est φ̇ = φ̇ ez . La roue est en mouvement de rotation
propre à vitesse angulaire scalaire ψ̇ = cste autour de l’axe de symétrie G e3 . Le vecteur
vitesse angulaire de rotation propre de la roue est ψ̇ = ψ̇ e3 . Le plan de rotation de la roue
est incliné d’un angle de nutation θ = cste par rapport à la verticale. On associe le repère
d’inertie (G, e1 , e2 , e3 ) à la roue. Le repère d’inertie est en général immobile par rapport
au solide indéformable afin que les moments d’inertie soient constants. Comme la roue est
invariante par rotation autour de l’axe de rotation propre G e3 , les deux autres vecteurs de
base du repère n’ont pas besoin d’être immobiles par rapport à la roue mais simplement
d’être situés dans le plan de la roue. Ainsi, le vecteur e1 = eφ ne suit pas le mouvement de
rotation propre de la roue et se trouve en tout temps dans le plan horizontal qui contient le
centre de masse G. Le vecteur e2 ne suit pas non plus le mouvement de rotation propre de la
roue et se trouve en tout temps dans le plan vertical qui contient le centre de masse G et le
vecteur e3 . On considère que le rayon de courbure ρ est suffisamment grand par rapport au
rayon R de la roue, i.e. R ρ, et que la roue est un cylindre creux d’épaisseur négligeable
et de rayon R, c’est-à-dire que toute la masse M de la roue se trouve sur sa circonférence à
distance R du centre de masse.
. e2
f
ez
q
e3
r e 1,ef q er
G
.
y N
P
O C
Figure 13.9 Une roue de vélo a un mouvement de précession uniforme autour de l’axe
vertical et un mouvement de rotation propre uniforme autour de l’axe de symétrie de la
roue.
VG = VG eφ = ρ φ̇ eφ (13.47)
Comme la roue roule sans glisser, compte tenu de l’expression (12.12), la vitesse du centre
de masse s’écrit,
VG = Ω × CG = φ̇ cos θ e2 + φ̇ sin θ − ψ̇ e3 × R e2 = − R φ̇ sin θ − ψ̇ e1 (13.48)
Compte tenu de l’identité (13.49), le vecteur vitesse angulaire totale (13.46) est mis sous la
13.3 Gyroscope et effets gyroscopiques 155
forme,
ρ
Ω = φ̇ cos θ e2 − φ̇ e3 (13.50)
R
On détermine maintenant les grandeurs dynamiques d’intérêt. Les seules deux forces
extérieures qui sont exercées sur la roue sont le poids P = − M g ez , qui est exercé au
centre de masse G de la roue, et la force de réaction normale N exercée sur la roue par le
sol au point de contact C entre la roue et le sol. Comme la force de réaction normale N
est inconnue, il est judicieux d’évaluer le moment cinétique et le moment de force extérieure
résultant exercés sur la roue par rapport au point C. Le moment de force extérieure M Cext
évalué au point de contact C de la roue avec le sol est uniquement dû au poids, i.e.
M Cext = CG × P = (R e2 ) × (− M g sin θ e3 ) = − M Rg sin θ e1 = − M Rg sin θ eφ (13.51)
Compte tenu des expressions (12.18) et (13.47), le moment cinétique LC de la roue évalué
par rapport au point de contact C s’écrit,
LC = LG + CG × M VG = LG + (R e2 ) × M ρ φ̇ e1 = LG − M Rρ φ̇ e3 (13.52)
Compte tenu des relations (12.37) et (13.50), le moment cinétique LG évalué au centre de
masse G s’écrit,
ρ
LG = IG,2 φ̇ cos θ e2 − IG,3 φ̇ e3 (13.53)
R
Les moments d’inertie de la roue, qui est considérée comme un cylindre creux de masse M ,
de rayon R et d’épaisseur négligeable, sont donnés par,
1
IG,1 = IG,2 = M R2 et IG,3 = M R2 (13.54)
2
En substituant les expressions (13.54) dans la relation (13.53), le moment cinétique évalué
par rapport au centre de masse G devient,
1
LG = M R2 φ̇ cos θ e2 − M R ρ φ̇ e3 (13.55)
2
En substituant l’expression (13.55) dans la relation (13.52), le moment cinétique évalué par
rapport au point de contact C devient,
1
LC = M R2 φ̇ cos θ e2 − 2 M R ρ φ̇ e3 (13.56)
2
Les vecteurs de base e2 et e3 du repère d’inertie s’expriment en termes des vecteurs de base
du repère cylindrique eρ et ez comme,
e2 = − sin θ eρ + cos θ ez et e3 = cos θ eρ + sin θ ez (13.57)
Compte tenu des formules de changement de base (13.57), le moment cinétique évalué par
rapport au point de contact C devient,
1 1
LC = − M R2 φ̇ cos θ sin θ + 2 M Rρ φ̇ cos θ eρ + M R2 φ̇ cos2 θ − 2 M Rρ φ̇ sin θ ez
2 2
(13.58)
Les termes en parenthèses dans la relation (13.58) sont constants. A l’aide des expres-
sions (5.6) des dérivées temporelles des vecteurs de base, i.e. ėρ = φ̇ eφ et ėz = 0, la dérivée
temporelle du moment cinétique LC évalué par rapport au point de contact C s’écrit,
dLC R
= − 2M R ρ φ̇2 cos θ 1 + sin θ eφ (13.59)
dt 4ρ
Comme le rayon R de la roue est négligeable par rapport au rayon de courbure ρ, i.e. R ρ,
on peut négliger le deuxième terme entre parenthèses dans la relation (13.59) en première
approximation, i.e.
dLC
= − 2M R ρ φ̇2 cos θ eφ (13.60)
dt
Le théorème du moment cinétique (12.26) appliqué au point de contact C se réduit à,
dLC
M Cext = (13.61)
dt
156 Solide indéformable avec un axe fixe et gyroscopes
compte tenu du fait que la vitesse du point de contact est nulle, i.e. VC = 0. En substituant
les équations (13.51) et (13.60) dans le théorème du moment cinétique (13.61) compte tenu
de l’expression (13.47), on obtient la condition suivante sur l’angle θ,
2 ρ φ̇2 2 VG2 2 AG
tan θ = = = (13.62)
g ρg g
L’interprétation physique de la condition (13.62) permet de comprendre les effets gyrosco-
piques associés à la dynamique d’un roue de vélo dans un virage. Pour une roue de vélo
qui roule à une vitesse VG fixée, plus le rayon de courbure ρ du virage diminue plus l’angle
d’inclinaison vertical θ augmente et vice versa. Pour une roue de vélo qui prend un virage
dont le rayon de courbure ρ est fixé, plus la vitesse VG augmente plus l’angle d’inclinaison
θ augmente et inversement. Les moto de course ont un grand angle d’inclinaison θ dans les
virages car leur vitesse VG est très élevée.
Moto dans un virage
13.3.3 Toupie
On considère une toupie en rotation par rapport à son axe de symétrie O e3 . On suppose
que le point de contact O entre la toupie et le sol est fixe. La toupie a un mouvement de
précession de vitesse angulaire φ̇ = φ̇ ez , un mouvement de nutation de vitesse angulaire
θ̇ = θ̇ eφ et un mouvement de rotation propre de vitesse angulaire ψ̇ = ψ̇ e3 . On associe
le repère d’inertie (G, e1 , e2 , e3 ) à la toupie (Fig. 13.10). Le repère d’inertie est en général
immobile par rapport au solide indéformable afin que les moments d’inertie soient constants.
Comme la toupie est invariante par rotation autour de l’axe de rotation propre G e3 , les deux
autres vecteurs de base du repère n’ont pas besoin d’être immobiles par rapport à la roue
mais simplement d’être situés dans le plan orthogonal à l’axe de symétrie de la toupie. Ainsi,
le vecteur e1 = eφ ne suit pas le mouvement de rotation propre de la toupie et se trouve en
tout temps dans le plan horizontal qui contient le centre de masse G. Le vecteur e2 = − eθ
ne suit pas non plus le mouvement de rotation propre de la toupie et se trouve en tout temps
dans le plan vertical qui contient le centre de masse G et le vecteur e3 .
q
e 3,er
e2
G y
e 1 ,ef N
.
f
eq .
y y
O
P
f .
x q
Figure 13.10 Une toupie, dont le point de contact avec le sol est immobile, a un mouve-
ment de précession par rapport à l’axe vertical, un mouvement de nutation par rapport à
un axe horizontal et un mouvement de rotation propre par rapport à son axe de symétrie.
Les seules deux forces extérieures qui sont exercées sur la toupie sont le poids P = − M g ez ,
qui est exercé au centre de masse G de la toupie, et la force de réaction normale N exercée
sur la toupie par le sol au point de contact O entre la toupie et le sol. Comme la force de
réaction normale N est inconnue, il est judicieux d’évaluer le moment cinétique et le moment
13.3 Gyroscope et effets gyroscopiques 157
de force extérieure résultant exercés sur la toupie par rapport au point O. Le moment de
force extérieure M Oext évalué au point de contact O de la toupie avec le sol est uniquement
dû au poids, i.e.
M Oext = OG×P = (` e3 )×(− M g ez ) = − M g ` sin θ e3 ×e2 = M g ` sin θ e1 = M g ` sin θ eφ
(13.64)
où kOGk ≡ `. Les moments d’inertie le long de l’axe de symétrie est IO,3 = IO,k et les mo-
ments d’inertie le long des deux autres axes sont IO,1 = IO,2 = IO,⊥ . L’expression du moment
cinétique LO évalué par rapport au point O est obtenue en évaluant l’expression (12.41) en
O,
LO = IO,⊥ θ̇ e1 + IO,⊥ φ̇ sin θ e2 + IO,k ψ̇ + φ̇ cos θ e3
(13.65)
= IO,⊥ θ̇ eφ − IO,⊥ φ̇ sin θ eθ + IO,k ψ̇ + φ̇ cos θ er
Dans le cas particulier où le mouvement de nutation de la toupie est négligeable, i.e. θ̇ = 0
et θ̈ = 0, les équations du mouvement (13.70) se réduisent à,
ψ̈ + φ̈ cos θ = 0
φ̈ = 0 (13.71)
2
IO,k − IO,⊥ φ̇ cos θ + IO,k ψ̇ φ̇ = M g `
Les deux premières équations impliquent que la vitesse angulaire de précession φ̇ = cste et
158 Solide indéformable avec un axe fixe et gyroscopes
la vitesse angulaire de rotation propre ψ̇ = cste sont des constantes. Dans la limite où la
précession est lente par rapport à la rotation propre, i.e. φ̇ ψ̇, la troisième relation (13.71)
montre que la vitesse angulaire de précession φ̇ est inversement proportionnelle à la vitesse
angulaire de rotation propre ψ̇,
Mg `
φ̇ = (13.72)
IO,k ψ̇
A l’aide d’une roue de vélo et de deux axes, on peut réaliser une toupie qui permet
de mettre en évidence les mouvements de précession, de nutation et de rotation propre
(Fig. 13.11).
Figure 13.11 Toupie consituée d’un roue de vélo en rotation propre autour de son axe de
symétrie, en précession autour de l’axe vertical et en nutation autour d’un axe horizontal.
Un anagyre est une espèce de toupie de forme très particulière qui a un mouvement de
précession dans un seul sens. Si on lance l’anagyre dans le sens de rotation naturel, il tourne
rapidement. Si on le lance dans le sens opposé, il s’arrête rapidement et repart dans le sens
opposé. A première vue, l’anagyre semble être un demi ellipsoı̈de de révolution, mais en
réalité il s’agit d’un ellipsoı̈de coupé selon un plan qui ne contient pas deux axes de symétrie
(Fig. 13.12). Lorsqu’il est lancé dans le bon sens, l’axe de rotation est un axe un axe principal
d’inertie. Lorsqu’il est lancé dans le mauvais sens, l’axe de rotation n’est pas un axe principal
d’inertie, ce qui donne lieu à un mouvement de tangage et de roulis − généré par un moment
de forces extérieures résultant comme pour la roue mal équilibrée − qui augmente au cours
du temps et finit par arrêter le mouvement de précession de l’anagyre et à le relancer dans
le sens opposé...
Figure 13.12 Anagyre dont le mouvement de précession n’est stable que dans un seul sens
de rotation.