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Université Cheikh Anta Diop

Faculté des Sciences et Techniques


Département de Chimie

COURS D'ATOMISTIQUE
&
LIAISONS CHIMIQUES

PC1

Dr Atanasse COLY
Maître de Conférences
Département de Chimie
Université Cheikh Anta Diop
DAKAR - Sénégal

Octobre 2001
2

PLAN DU COURS
Chapitre I STRUCTURE DE L'ATOME
Chapitre II STABILITE DES ISOPES ET RADIOACTIVITE
Chapitre III THEORIE CLASSIQUE DE L'ATOME
Chapitre IV THEORIE QUANTIQUE DE L'ATOME
Chapitre V ATOMES POLYELECTRONIQUES
Chapitre VI LES EDIFICES POLYATOMIQUES : LIAISON CHIMIQUE

MODE D'EMPLOI
Pour bien assimiler un enseignement portant sur des matières scientifiques, c'est-à-dire
devenir capable d'utiliser les connaissances et les méthodes acquises pour résoudre des problèmes
réels, il est nécessaire de faire des exercices.
Des exercices vous sont donc proposés pour chaque thème abordé. Il est normal de ne pas
savoir résoudre d'emblée les problèmes posés dans les exercices puisque leur but est précisément
de permettre l'assimilation de l'enseignement qui n'est donc pas encore réalisée. C'est le contrôle
des connaissances qui montrera, par la suite, si le but poursuivi a été atteint.
C'est pourquoi vous sont proposés des aides pour accompagner l'effort personnel que
vous devez fournir.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1]- Joseph LEBRETON; Atomistique et Liaisons Chimiques: Cours et Exercices Corrigés;


Vuibert Editions, Mai 2001.

[2]- Marie GRUIA et Michèle POLISSET; La Chimie en Poche: Atomistique et Liaisons


Chimiques; Rappels de Cours, Exercices Corrigés; Ellipses Editions, Février 2001.
3

[3]- Georges FAVERJON et Jacques MESPLEDE; Chimie 1: Atomistique, Thermodynamique,


Cinétique; Cours Méthodes, Exercices Corrigés; Bréal Editions, Novembre 1998.

[4]- Alain CASALOT et Jacques ESTIENNE; Structure de la Matière: Exercices et Problèmes


Corrigés; Hachette Editions, Mars 1998.

[5]- Yves JEAN et François VOLATRON; Structure Electronique des Molécules; Tome I: De
l'Atome aux Molécules Simples; Cours et Exercices Corrigés; Ediscience International Editions,
Août 1993.

[6]- Paule CASTAN et Reine DONATY-TURPIN; Atomes et Liaisons Chimiques: Concepts et


Exercices Corrigés; Hermann Editions, 3ème trimestre 1992.

[7]- Sérigne Amadou NDIAYE; Cours de Chimie Physique: Atomistique et Liaisons Chimiques,
Fascicule Personnel, Octobre 1992.

[8]- Pierre RADVANYI, Les Rayonnements Nucléaires, (Ouvrage Grand Public), Edition Presses
Universitaires de France, Septembre 1995.

[9]- INTERNET: Utiliser les Moteurs de Recherches (google.fr, altavista.fr, etc.) ou les
Annuaires de Recherches (msn.fr, voilà.fr, etc.) avec les mots clés suivants: cours (ou exercices)
de chimie atomistique.
Quelques adresses de sites particulièrement très intéressants :
a)- http://formation.etu.u-psud.fr/chimie/cours/atomistique.html
b)- http://perso.wanadoo.fr/aurelie/
4

Chapitre I

STRUCTURE DE L'ATOME
CONTENU DU CHAPITRE
A/- INTRODUCTION.
B/- EVIDENCE DE LA STRUCTURE ATOMIQUE DE LA MATIERE.
1. Mise en évidence expérimental de l’électron (J.J. Thomson, 1897)
2. Expérience de R. Millikan (1909)
3. Mise en évidence expérimental du noyau (Expérience de Rutherford, 1911)
4. Les constituants du noyau : les nucléons
5. Les constituants des nucléons : les quarks
6. Les caractéristiques de l’atome
7. Eléments chimiques - Nucléides - Isotopes
8. Unité de quantité de matière : la mole
9. Unité de masse atomique : uma ou u
10. Masse atomique et masse molaire atomique

C/- ISOTOPES ET SPECTROGRAPHES DE MASSE.


1. Mise en évidence des isotopes
2. Spectrographes de masse
3. Autres méthodes de séparation des isotopes

D/- CONCLUSION

OBJECTIF DU CHAPITRE

Après l'étude de ce Chapitre, vous serez capable:


1°)- De connaître les constituants de l'atome : protons, neutrons, quarks et électrons;
2°)- De décrire les différentes expériences qui ont permis leur découverte ;
3°)- De définir les notions de mole, de masse molaire, d'unité de masse atomique ou d’isotope;
4°)- De comprendre les diverses techniques utilisées pour séparer les isotopes d’un même
élément.
5

A/- INTRODUCTION

Le premier chimiste à utiliser le nom atome fut John Dalton (1766-1844) dans sa théorie
atomique publiée en 1803.
Il désignait ainsi la plus petite partie d'un élément existant à l'état non combiné.
L'existence des atome, déjà formulée par les philosophes de la Grèce ancienne (Empédocle,
Démocrite et Leucipide) n'a jamais été remise en cause. Il faut cependant attendre 1958 pour
distinguer grâce au microscope électronique des atomes de baryum.
Il faut dire que notre connaissance des atomes est très récente. En effet, la structure des
atomes était totalement inconnu en 1895 !. C’est la découverte des rayons X par Röntgen en 1895
puis la radioactivité par Henri Becquerel en 1896 et Pierre et Marie Curie à partir de 1898 qui a
permis de commencer à comprendre la structure des atomes.
Les électrons ont été identifiés par J.J. Thomson en 1897, puis en 1911, Ernest Rutherford
découvre l’existence du noyau atomique. Cependant, pendant plusieurs années, les physiciens
pensaient que le noyau était formé de protons et d’électrons. Dans le même temps, pendant les
années 1924-27, le développement de la mécanique quantique permet de décrire de manière
précise le comportement des électrons des atomes. Seul le noyau restait incompris… !
En 1931, Irène et Frédéric Joliot-Curie observent des neutrons mais sans comprendre leur
nature. En 1932, James Chadwick identifie le neutron et Werner Heisenberg montre que le
neutron est un partenaire neutre du proton au sein du noyau.
La structure de l’atome est enfin comprise… !

L’ordre chronologique des différentes étapes de la conquête de l’atome peut se résumer ainsi :
 1897 : la preuve expérimentale de l’existence de l’électron est apporté par J.J.
Thomson ; il calcule la charge massique de l’électron ;
 1909 : Robert Millikan calcule la charge de l’électron, ce qui permet de connaître sa
masse ;
 1911 : Ernest Rutherford découvre le noyau ; il en déduit une structure lacunaire pour
l’atome ;


Le mot atome vient du Grec atomos et qui signifie insécable. On sait de nos jours que les atome ne sont pas des
entités indivisibles, mais le nom est resté.
6

 1912 : J.J. Thomson découvre les isotopes ;


 1913 : Moseley étudie les propriétés du noyau (nombre de protons) ;
 1918 : la preuve expérimentale de l’existence du proton est apportée par E. Rutherford ;
 1919 : la masse des atomes est déterminée par Aston grâce à son spectrographe de
masse ;
 1932 : J. Chadwick découvre le neutron, l’autre constituant du noyau avec le proton ;
 1975 : Preuve expérimentale de l’existence des quarks, qui sont les constituants des
nucléons ;
7

B/- EVIDENCE DE LA STRUCTURE ATOMIQUE DE LA MATIERE


Il y a moins d'un siècle, les scientifiques pensaient que les atomes étaient des particules
solides indestructibles semblables à de petites balles. Des expériences d'électrolyse (Faraday,
1883) ont suggéré que certains composés contenaient des particules chargées appelées ions. La
formation de ces particules à partir des atomes neutres pouvait être expliquée par le gain ou la
perte de particules chargées négatives: les électrons. En 1874, G.J. Stoney propose le nom
électron pour les particules négatives constituant le courant électrique. Il réalise que les
expériences de Faraday sur l'électrolyse peuvent être expliquées en termes d'électrons.

1. MISE EN EVIDENCE EXPERIMENTALE DE L'ELECTRON (J.J. THOMSON, 1897)


1.1. Le tube de Crookes
En 1879, W. Crookes observa que les décharges électriques pouvaient se produire dans un
tube en verre contenant un gaz raréfié. Si la pression du gaz (He, Ne, Air) dans le tube à décharge
était réduite à environ 10-6 atm, le verre devient fluorescent (Fig. I-1).

Croix métallique Ombre portée


Cathode de la croix
gaz raréfié

Anode
Ecran fluorescent

Verre
ddp HT  1500 V

Fig. I-1: Dispositif expérimental de Crookes : c’est une ampoule en verre contenant un gaz à l’intérieur duquel on
place deux électrodes : une cathode et une anode. Ce dispositif a la propriété d’émettre un rayonnement dit
cathodique qui est en fait un faisceau d’électrons.

L'ombre portée de la croix métallique prouve que le rayonnement se propage en ligne


droite. Ce rayonnement est issu de la cathode d'où le nom de rayon cathodique.
8

En 1895, J.J. Thomson mis en évidence la nature des rayons cathodiques comme étant
constitués de particules chargées négativement: les électrons.

1.2. Expérience de J.J. Thomson (Charge massique de l'électron, 1897)


1.2.1. Description de l’expérience
 D'abord, Thomson soumet un pinceau de rayons cathodiques à l'action d'un champ

électrique E , (Fig. I-2). Les électrons émis normalement à la cathode sont accélérés par une

anode annulaire A, portée au potentiel accélérateur U. Le champ électrique E agit entre les
plateaux du condensateur ( E  V ) et provoque une déflexion angulaire  du pinceau électronique
d

mesurable par le déplacement Y  O' K du spot.


 
 En appliquant ensuite un champ magnétique B orthogonal à E et à l'axe de l'appareil,

J.J. Thomson mesurait la vitesse initiale axiale v0 à l'entrée O de la zone de champ électrique.

L'intensité de ce champ B étant choisi de manière à annuler la déflexion  précédente.

Fig. I-2: Dispositif expérimental de Thomson. Mise en évidence de l’électron.

1.2.2. Etude mécanique


a)- Etude de la déflexion 
9

 
De la relation F  m on en tire le système suivant après projection sur des axes convenables et
en utilisant les conditions initiales qui sont telles que ( x0  y0  0 ; v0 x  v0 ; v0 y  0. ).

 d 2x d 2x  dx
 Fx  m 2  eE x  0  2  0  dt  v0 x  v0  x  v0 t
dt dt 
  2   eE 2
 y  2m t
2
 F  m d y  eE  eE  d y  eE  dy  eE t
 y dt 2
y  dt 2 m  dt m
En éliminant le temps t entre les deux équations, on obtient:
eE 2
y x
2 m v02
D'autre part, on démontre que la tangente à la parabole au point F coupe le condensateur
en son milieu I, d'où dans le triangle OIˆK , on a

OK  dy  eEL Y
tg    soit 
D  dx  x  xF  L m v02 D

e Y 2
d'où  v0 Cette formule n'est utile que si v0 est connu.
m ELD
b)- Détermination de v0 .

Le spot revient de K en O' lorsque la relation suivante est satisfaite entre les forces électrique
    
( Fe ) et magnétique ( Fm ): Fe  Fm  0 Soit  e E  e v0 B

E    
D'où v0  car B  v0 et B  E
B

Application I-1: Calcul de la charge massique de l'électron.


Connaissant les paramètres géométriques et physiques du dispositif de J.J. Thomson :
tension de déflexion : V = 2 volts; distance entre les armatures du condensateur : d = 10 cm;

distance "zone de champ-écran" : IO' = D = 1 m; distance axiale parcourue dans le champ E :

L = 5 mm; déplacement du spot : O'K = Y = 19.54 cm; valeur du champ magnétique B qui
annule la déflexion  : B = 6.67x10-5 Tesla.
Calculer la charge massique de l’électron.
10

Corrigé I-1 :
E V 2
v0    5
 3 105 m s 1
B Bd 6.67 10  0.1
e Y 2 0.1954
 v0   9 1010  1.756 843 1011 C kg1
m ELD 20  5 103 1

1.3. Autres moyens de production de faisceaux d'électrons


 Effet thermoélectronique: tout corps porté à incandescence est le siège de ce phénomène.
Sous l'effet d'un échauffement portant un métal à très haute température, également dans une
ampoule à vide, la cathode émet un faisceau d'électrons recueillis par l'anode.
 Effet photoélectrique: la lumière elle-même est capable d'arracher les électrons d'un métal ou
de certains composés.

1.4. Conclusion
Toutes ces expériences que nous venons de rappeler caractérisent la présence d'électrons;
mais ne permettent pas la détermination de la charge électrique portée par l'électron. En 1909, R.
Millikan, dans une expérience ingénieuse détermina la valeur de la charge portée par l'électron.

2. EXPERIENCE DE R. MILLIKAN (1909)


Par son expérience célèbre sur les gouttelettes d'huile électrisées, Millikan démontra
l'existence de la charge « élémentaire » (ou étalon) d'électricité et en mesura la valeur.

2.1. Description de l'expérience


L'expérience consiste à introduire des gouttes d'huile, au moyen d'un pulvérisateur, dans
une chambre d'observation contenant deux plateaux de condensateur horizontaux qui permettent
de créer un champ électrique (Fig. I-3). Grâce à l'action de rayons X sur l'air contenu dans une
enceinte à pression régulée, on produit des ions qui chargent les gouttelettes d'huile. On observe
la vitesse de chute des gouttelettes dans l'air au moyen d'une lunette.
Les gouttelettes ainsi ionisées par les rayons X acquièrent à chaque ionisation de
nouvelles charges q1, q2, q3…etc. On repère alors une gouttelette et on étudie son mouvement de
chute libre avant et après l'ionisation.
11

Fig. I-3: Schéma de l'appareillage de Millikan.

A : chambre d'observation plongée dans un thermostat et contenant de l'air sous une pression déterminée;
B : vaporisateur; C et D : plaques du condensateur; E : trou pour passage des gouttelettes;
F1 : fenêtre pour irradiation par les rayons X;
F2 : fenêtre pour observation au moyen d'une lunette à réticule graduée.

2.2. Etude mécanique


On mesure la vitesse limite atteinte par la gouttelette lors de la chute libre verticale
(schéma I-1). Appelons M une gouttelette d'huile particulière, m sa masse et q sa charge
(négative). Entre les armatures du condensateur, on a de l'air qui a pour effet d'exercer sur les
gouttes d'huile une force de frottement proportionnelle à leur vitesse. On suppose mg  q E .

 a) En l’absence du champ E :

 
R  6  r v 
v : vitesse de la gouttelette et r son rayon;

g : accélération de la pesanteur;
  4 
Pa  ma g   r 3  a g  a : masse volumique de l'air;
3
 : masse volumique de l'huile;

P et m : poids et masse de la gouttelette;

Pa : poussée d'Archimède;

  4  R : force de frottement (du type visqueux)
P  mg   r 3  g dite force de Stokes;
3  : coefficient de viscosité de l'air.
Schéma I-1
En fait, la résistance à l'avancement augmente très vite avec la vitesse et les gouttelettes
dv
atteignent très rapidement une vitesse limite uniforme; à partir de ce moment,  0.
dt
   
On pourra écrire: P  Pa  R  0 Soit:

4 3 4
 r  g   r 3  a g  6  r v0  0 (1)
3 3
D'où on en tire:
1 3

  v0 2   v0 2
r  3    et m  36    
 2    a g   2    a g 
h
v0 est mesurée à l'aide de la lunette microscopique ( v0  ); h, t : hauteur et temps de chute.
t


 b) En présence du champ E :
On peut observer des mouvements descendants ou ascendants des gouttelettes (schéma I-2). En
effet, l'huile se charge par frottement lors de la pulvérisation et le faisceau de rayon X peut faire
varier la charge des gouttelettes.

Considérons une gouttelette chargée


 
négativement Fe  qE (q  0 et mg  q E ) : la

gouttelette descend.
    
 P  Pa  R  Fe  0
Fe
4 3 4
  r  g   r 3  a g  6  r v1  q1 E  0 (2)
R 3 3
 
E Pa D'où avec la relation (1) on en tire
6  r v0  6  r v1  q1 E Soit:
 6  r
P q1  v0  v1 
E
U
Avec E 
d
Schéma I-2
13

En répétant l'expérience, Millikan trouva plusieurs valeurs différentes de q selon la taille


des gouttelettes, mais il remarqua que ces différentes valeurs étaient toutes multiples d'une valeur
minimale considérée comme étant la charge « élémentaire », et notée par le symbole e.
e  1.602 177 335 1019 Coulomb
La charge de l’électron est : qe  e

e
Connaissant le rapport  1.756 843 1011 C kg 1 , on en déduit la masse de l'électron, soit:
m
me  9.109 389 754 1031 kg
La masse de l'électron est très faible à notre échelle, elle l'est également à l'échelle de l'atome.

2.3. Conclusion
Avant l'expérience de Rutherford (1911), on avait une idée des dimensions des atomes (d
 10-8 cm). Les expériences de Thomson et Millikan avaient, d'autre part, montré que l'atome
contenait des particules d'électricité négative encore plus petites. D'où l'existence postulée
d'électricité positive au sein de l'atome pour assurer sa neutralité électrique. En raison de la
légèreté des électrons par rapport à la masse atomique, il semblait naturel d'associer la plus
grande partie de la masse de l'atome à son électricité positive. Il paraissait alors raisonnable de
supposer que l'électricité positive, contenant la majeure partie de la masse, occupait aussi la
majeure partie du volume atomique. Thomson proposa donc un modèle d'atome formé d'une
sphère d'électricité positive d'environ 10-8 cm de diamètre avec des électrons répartis dans cette
sphère de façon à rendre sa charge globale nulle.
L'expérience de diffusion des particules  par une mince feuille métallique a conduit à
Rutherford à proposer un tout autre modèle.

3. MISE EN EVIDENCE EXPERIMENTALE DU NOYAU (EXPERIENCE DE RUTHERFORD, 1911)


Elle permit de préciser la structure atomique. L'atome est composé de deux parties: une
partie centrale, compacte et très petite (le noyau) et une partie périphérique remplissant
quasiment tout le volume atomique (le nuage électronique).

3.1. Description de l'expérience


14

Elle consiste à bombarder la matière (une mince feuille d'or d'épaisseur 1 µm) par des particules
 (hélion: 24 He2 ) et d'étudier la distribution angulaire des particules diffusées (Fig. 1-4).

Feuille d ' or

Rayonnemen t 
Capsule incident
en plomb

Source radioactiv e
émettrice 
Rayonnemen t  Ecran
diffusé fluorescen t

Fig. I-4: Schéma du dispositif de l'expérience de Rutherford. Mise en évidence du noyau.

En observant les impacts des rayons  sur l'écran, Rutherford fut quatre observations:
 1°)- La feuille d'or n'est pas endommagée;
 2°)- La quasi-totalité du rayonnement particulaire traverse la feuille d'or sans être dévié;
 3°)- Une faible portion des particules  (une sur 100 environ) traverse la feuille en étant
simplement dévié de leur direction initiale;
 4°)- Seule une portion très infime (une sur 20 000 particules) du rayonnement a été
réfléchi. A vrai dire, aucune réflexion véritable n'a lieu.

Rutherford fut capable d'interpréter ces résultats en considérant que la matière de la feuille
d'or est essentiellement du "vide". Plus exactement, la matière ne rempli uniformément le volume
occupé, elle se trouve concentrée en certains points. Les particules  passent dans leur grande
majorité entre ces points de matière condensée que sont les noyaux atomiques. Seules les
particules qui passent suffisamment près du noyau sont fortement déviées par répulsion.
15

Tout se passe comme si on lançait des grains de sable à travers un grillage: la plupart des
grains de sable traversent le grillage sans le rencontrer.

3.2. Etude mécanique


La charge positive du noyau crée un champ électrique très intense autour du noyau.
Lorsqu'une particule  se rapproche de celui-ci, elle est soumise à une force de répulsion
électrostatique donnée par:
q  QN Z e  ZN e
F   
4 0 r 2
4 0 r 2

Sous l'action de cette force, les particules  décrivent des trajectoires hyperboliques (car F
est répulsive et en 12 ) et sont d'autant plus déviées que leur direction initiale passe plus près du
r

noyau (Fig. I-5).

(C )

()
 M ( m, q ) θ
v0 H ()
(C)

r
b
O
 Ze

Fig. I-5: Schéma de la trajectoire de la particule  en direction du noyau.


 v0 , m, q : vitesse initiale, masse et charge de la particule ;
 C et C' : hyperboles décrite par la particule ;
  et ' : asymptotes aux hyperboles;
  : angle de déflexion déterminée par les deux asymptotes;
 OH = b : est appelé paramètre d'impact: c'est la distance entre le noyau et la direction initiale de la trajectoire de la
particule ;
 OM = r : distance séparant à chaque instant la particule  et le noyau.
16

En appliquant les lois de conservation de l'énergie mécanique totale et du moment


cinétique de la particule , on démontre que:
 Z Z N e2 1
tg  
2 4 0  mv02 b

3.3. Conclusion
Après l'expérience de Rutherford, de nombreuses expériences similaires ont été effectuées
avec des projectiles variés qui sont accélérés par des procédés de plus en plus modernes. Ces
expériences ont toutes confirmé que la charge du noyau est positive et que la presque totalité de
la masse de l'atome se trouve concentrée dans le noyau. La matière a donc une structure
lacunaire.
 Le noyau est assimilable à une sphère de rayon rn  1 Fermi (1 Fermi = 10-15 m) tandis
que le rayon atomique est de l'ordre de ra  1 Å (1 Å = 10-10 m).
 L'électron est une particule élémentaire (sans sous-structure) donc à priori sans taille ni
volume, et si jamais il en avait, sa taille serait inférieure à 10-18 m.
 Le noyau tout petit contient pratiquement toute la masse de l'atome; sa densité évaluée
est de l'ordre de   1014 g cm-3 = 1011 kg cm-3 = 108 t cm-3. Cette densité très élevée dépasse
notre entendement.

3.4. Le modèle atomique de Rutherford


Pour interpréter l'expérience de Rutherford, il faut abandonner le modèle d'un atome
massif initialement proposé par J.J. Thomson. Sur la base de l'expérience, Rutherford (sur une
suggestion de Jean PERRIN dès 1901), propose le modèle suivant en 1911 (schéma I-3).

La quasi-totalité de la masse de l'atome est


concentrée dans une petite région chargée
positivement, appelé noyau. Les électrons
négatifs gravitent autour du noyau à la
manière des planètes autour du soleil : c'est
le modèle planétaire dit de Perrin-
Rutherford.
Schéma I-3
17

4. LES CONSTITUANTS DU NOYAU : LES NUCLEONS


Pour étudier la constitution des noyaux, on le bombarde par des projectiles et on analyse
les fragments qui se forment. L'analyse des fragments révèle que les noyaux sont formés de
particules elles-mêmes composites: protons et neutrons désignés par le terme nucléons.

4.1. Mise en évidence expérimentale du proton


(Expérience de E. Rutherford, 1918)
En étudiant des réaction nucléaires par bombardement de l'azote gazeux par des particules
, Rutherford s'est aperçu qu'il apparaissait des particules plus légères chargées positivement qui
ne sont rien d'autre que des noyaux d'hydrogène appelé proton. La réaction nucléaire s'écrit:
4
2 He2  14
N
7  O 
17
8
1
1H

Par la suite, un grand nombre d'éléments étudiés (le bore, le fluor, etc.) libèrent des
protons quand on les bombarde par des particules .
L'existence et la mise en évidence du proton a été confirmé par l'étude de la réaction dans
une enceinte du type chambre de Wilson, qui permet de matérialiser les trajectoires de particules
invisibles telles que les particules nucléaires (Fig. I-6).

La chambre de Wilson est une chambre à


brouillard, à vapeur saturée (eau ou alcool),
c’est à dire contenant de la vapeur prête à se
condenser, dont les gouttes de condensation 1
1 H
se forment autour des germes constitués par
14
N (c)
les particules qui le traversent. Les gouttes (a) 7

éclairées transversalement sur fond noir, 4


2 H e2
(b)
visualisent les trajectoires: (de la même
17
façon, on peut repérer par leur traînée de 8 O

vapeur les avions qui volent à très haute


altitude).
Fig. I-6: Schéma de la chambre de Wilson. Mise en
évidence du proton.
18

L'expérience produit les traces suivantes:


 (a) : Trace de la particule  incidente: cette trace disparaît quand la particule  entre en
contact avec l'azote qui l'absorbe;
 (b) : Trace plus large et plus courte correspondant à un noyau plus lourd: des
expériences ultérieures ont permis de montrer que c'est de l'oxygène;
 (c) : Trace plus fine et plus longue qui est celle du proton.

4.2. Charge et masse du proton


q
L'analyse du rapport du proton a permis de dégager les caractéristiques de cette
m
particule.
La charge du proton est positive, elle est égale en valeur absolue à la charge de l'électron.
q p   e  1.602 177 335 1019 C

Sa masse est environ 1836 fois plus grande que celle de l'électron.
mp  1.672 623 110 1027 kg

4.3. Mise en évidence expérimentale du neutron (1932)


Il a été mis en évidence par Chadwick.

Chambre
de Wilson

Capsule 1
H
en plomb 1
Rayonnemen t
pénétrant
.

Emetteur 
Source de Cible de 9
Polonium Béryllium ( 4 Be )

Cible de paraffine

Fig. I-7: Schéma de l'expérience de F. Joliot et I. Curie (1932). Mise en évidence du neutron.
19

En bombardant du béryllium (Be) par des particules , il se produit un rayonnement très


pénétrant qui n'est pas dévié par un champ électrique ou magnétique. Ce rayonnement est
constitué de particules neutres, qui en rencontrant une cible de paraffine en expulsent les protons
détectés dans une chambre de Wilson (Fig. I-7). Ces particules neutres sont appelées neutrons.
4
2 He  9
4Be  12
6 C  1
n
0

4.4. Charge et masse du neutron


La charge électrique du neutron est nulle. Sa masse quant à elle peut être calculée en
mesurant l'énergie libérée dans les chocs élastiques entre neutrons et atomes. On calcule la masse
du neutron en appliquant à ces collisions la loi de conservation de l'énergie et de l'impulsion.

Avant le choc Pendant le choc


  
v0 v1 vA
mn mA

Schéma I-4

Le choc étant élastique, les trajectoires sont colinéaires (schéma I-4). La conservation de
l'énergie cinétique et de l'impulsion permettent d'écrire:

 12 mnv02  12 mnv12  12 mAv A2 2 mn


    d'où on tire vA   v0
 mnv0  mnv1  m A v A mn  mA

Avec des neutrons de même vitesse, on étudie le choc avec deux atomes différents, par
exemple l'hydrogène et l'azote. On a alors:
2 mn
Si A est l'hydrogène vH   v0
mn  mH
2 mn
Si A est l'azote vN   v0
mn  mN
20

vH mn  mN mn  14 
  Avec  : nombre d'Avogadro.
vN mn  mH mn  1 

vH et vN sont mesurées, on en tire : mn  1.674 928 610 1027 kg

5. LES CONSTITUANTS DES NUCLEONS : LES QUARKS (1975)


Lorsque les protons et les neutrons furent découvert entre 1911 et 1932, les physiciens
pensaient que ces particules étaient élémentaires, c'est à dire qu'elles étaient indivisibles, qu'elles
n'avaient pas de structure interne.
Il a fallut attendre les années 1967-70 pour que Bjorken et Feynman imaginent la présence
d'une structure dans les nucléons, c'est à dire les quarks. Mais comme il est théoriquement
impossible d'observer un quark libre, ce n'est qu'en 1975 que l'existence des quarks put être
prouvée expérimentalement. Il existe de nos jours six sortes de quarks, que nous citerons dans
l’ordre chronologique de leur découverte: le quark up (u), le quark down (d), le quark étrange
(s), le quark charmé (c), le quark beau (b) et la quark top (t).
La masse des quarks n'est pas connue avec précision, mais leur charge est un multiple
fractionnaire de la charge élémentaire:
quarks d u s c b t
charges 1 2 1 2 1 2
 e  e  e  e  e  e
3 3 3 3 3 3

Un nucléon est donc un objet composite très complexe. Dans la vision la plus simple, on
peut dire que les nucléons sont constitués de trois quarks. Ainsi:
 Les protons sont constitués de deux quarks up et d'un quark down, soit (uud): sa charge
électrique est donc: 2 2 1
qp      1.
3 3 3

 Les neutrons sont constitués d'un quark up et de deux quarks down, soit (udd): sa
charge électrique est donc: 2 1 1
qn      0 .
3 3 3

Le rayon des quarks est inférieur à 10-18 m, soit 10-3 fois celui du proton.


Le nom quark a été donné à ces particules par le physicien Israélien, Gell-Mann et vient d'un poème de James Joyce
(Finnegan's Wake).
21

Qu'est ce qui lie les quarks entre eux: Les quarks d'un proton ou d'un neutron sont liés par
l'interaction forte. Cette interaction, en plus de lier les quarks entre eux au sein d'un nucléon,
permet aussi aux nucléons de s'attirer pour former un noyau atomique. En effet, les protons ayant
tous la même charge électrique, ils se repoussent par l'interaction électromagnétique.
Heureusement, cette dernière est beaucoup plus faible que l'interaction forte qui attire les
nucléons entre eux, et permet donc aux noyaux atomiques de rester stables (cf. document I). De
plus, les neutrons étant totalement insensibles à l'interaction électromagnétique (leur charge
électrique est nulle), ils ne peuvent être liés à l'atome que par l'interaction forte.

6. LES CARACTERISTIQUES DE L'ATOME


En résumé, les trois particules qui constituent l'atome sont: les électrons, les protons et les
neutrons. Protons et neutrons qui sont situés dans le noyau sont appelés nucléons.
L'atome est donc caractérisé par son:
 nombre de masse (A) ou nombre de nucléons;
 nombre de protons (Z) ou nombre d'électrons ou encore numéro atomique;
 nombre de neutrons (N).
On a évidemment la relation: A = Z + N
A
La notation officielle des atomes est: Z X où X est le symbole chimique.
On remarque qu'il est inutile de faire figurer N qui vaut A-Z et que Z est lié à X puisque les
propriétés chimiques étant liées au nombre d'électrons d'un atome, si on a Z protons, on a Z
électrons pour conserver la neutralité des charges: donc si Z change, X aussi change. On trouvera
A
donc fréquemment la notation condensée X .

De même que nous passons de la matière aux molécules, des molécules à l'atome, de
l'atome au noyau, du noyau au nucléon, nous pouvons décomposer le nucléon. L'hypothèse la
plus courante et compatible avec l'expérience est que le nucléon est composé de trois quarks, de
charges fractionnaires. On peut donc reconstituer le proton et le neutron de la façon suivante:
1
1 p  ( uu d ) soit 2 2 1
qp      1
3 3 3
1
0 n  (ud d ) soit 2 1 1
qn      0
3 3 3

Ce qui vérifie la conservation des charges totales.


22

7. ELEMENTS CHIMIQUES - NUCLEIDES - ISOTOPES


 Un élément chimique (noté par son symbole X) est l'ensemble des atomes de même Z.
 Un nucléide est l'ensemble des atomes caractérisés par un couple (A, Z).
On peut catégoriser les éléments selon qu'ils aient le même nombre de masse (A), de neutron (N)
ou de proton (Z).
Noyaux ayant même:
 Z : isotopes; Z1 = Z2 = Z3 …
 A : isobares; A1 = A2 = A3 …
 N : isotones; N1 = N2 = N3 …
Les isotopes diffèrent entre eux par leur nombre de neutrons (donc leur nombre de masse). Les
isotones et les isobares diffèrent entre eux par leur nombre de protons.
Remarques:
a) Deux isobares tels que N1 = Z2 et N2 = Z1 sont dits noyaux miroirs.
b) Deux isotopes qui ont le même nombre de neutrons (donc noyaux ayant même A,
même N et même Z), mais diffèrent par leur niveau d'énergie, sont différenciés par la notation
A
Z X . Ces isomères notés (*) ne sont stables que pendant une durée brève, ils sont métastables.
Exemples:
- d'isomères: 226
88 Ra *  226
88 Ra   ; 99m
43Tc  99
43Tc  γ
14 14
- d'isobares: 7 N et 6 C

- d'isotopes: 11 H , 21H , 31H ; 234


92 U, 235
U,
92
238
92 U ; 16
8 O , 178O , 188O
c) Les éléments qui n'ont qu'un seul isotope naturel dans leur famille sont peu nombreux
(une vingtaine) dont: 4 Be , 9 F , 11 Na , 13 Al , 15 P , 79 Au . Le carbone a deux isotopes naturels
12 14
6 C et 6 C tandis que le plomb ( 82 Pb ) en a quatre, l'étain ( 50 Sn ) et le xénon ( 54 Xe ), neuf.

d) Il existe pour les 112 éléments connus plus de 1700 nucléides dont 300 environ sont
présents dans la nature, les autres étant crées artificiellement par des réactions nucléaires.

8. UNITE DE QUANTITE DE MATIERE : LA MOLE


Nous avons vu que l'atome, le noyau, les nucléons et les particules élémentaires (électrons
et quarks) sont de tailles très petites. Pour obtenir des quantités de matières mesurables aux
23

dimensions de notre échelle, on s'intéresse à la masse d'un très grand nombre d'atomes: une mole
d'atomes.
Par définition, la mole c'est la quantité de matière d'un système contenant autant
12
d'entités élémentaires qu'il y a d'atomes dans 12 g de 6 C : ces entités élémentaires pouvant être
des atomes, des molécules, des ions, des électrons ou tout autre particule.
Le nombre d'entités élémentaires contenues dans une mole est , le nombre d'Avogadro, soit :
  6.022 136 736  1023 mol 1
Donc la mole, c'est un ensemble de  particules identiques. D'après la définition officielle,  est
12
aussi le nombre d'atomes de carbone dans 12 g de carbone 6 C , soit :

12 g
 12
 6.022  1023
masse d ' un atome C
6

Utilité pratique de : Il permet de passer de l'univers atomique et moléculaire infiniment petit


aux dimensions qui nous sont familières.

9. UNITE DE MASSE ATOMIQUE : uma OU u


 L'unité de masse usuelle, le kilogramme, est à l'évidence totalement inadaptée à la
manipulation des atomes, l'échelle atomique étant environ de 25 ordres de grandeur plus petite.
Par exemple, une molécule d'eau pèse  3x10-26 kg.
Il convient donc de choisir une échelle quantifiée adaptée à la taille des nucléons.
Initialement, cette unité avait été définie à partir de la masse atomique de l'isotope 16 de
l'oxygène. Depuis 1961, cette unité est définie en utilisant l'isotope 12, le plus abondant du
carbone.
Par définition, l'unité de masse atomique (uma) est égale au douzième de la masse
1 12  103 103
d'un atome de carbone 12, ( 126 C ) et vaut: 1 uma    (kg)
12  
Soit : 1 uma  1.660 540 210  1027 kg
 De même que l'unité de masse kilogramme n'est pas adaptée à l'échelle atomique, l'unité
d'énergie joule est inadaptée. L'électron-volt (eV) ou ses multiples (MeV, GeV …) seront les
unités énergétiques les plus usuelles.
24

Par définition, l'électron-volt est le travail produit par le déplacement d'un électron sous
l'effet d'une différence de potentiel de 1 Volt; il vaut:
We  e V  1.602 1019 1V  1.602 1019 Joule

Soit 1 eV  1.602 1019 Joule


 Puisqu'il y a équivalence entre masse et énergie (m = E/C2), on parlera de masse en
MeV, en étant à la limite de l'impropriété.
Ainsi pour quelques particules et atomes, on aura:

Tableau I-1: Masse des particules les plus usuelles

Particules Masse (uma) Masse (MeV/C2 )


Electron 0.000 548 580 0.511
Proton 1.007 276 470 938.278
Neutron 1.008 664 904 939.571
Hydrogène 1.007 825 035 938.789
- 1 931.5

Il apparaît ainsi que : 1 uma  C 2  931.5 MeV

10. MASSE ATOMIQUE ET MASSE MOLAIRE ATOMIQUE


Pour les éléments naturels, le symbole AZ X représente un mélange d'isotopes de l'élément
considéré, chaque isotope participant au mélange naturel selon une proportion ou abondance
déterminée.
 La masse atomique M at est la masse d'un seul atome :

 Par rapport à ses divers isotopes, la masse atomique ( M at ) d'un élément

(généralement exprimée en uma) est la moyenne pondérée des masses atomiques relatives ( M i )

des divers isotopes présents dans le mélange naturel, soit:


M at   xi M i
i

xi est l'abondance de l'isotope (i ) de masse atomique relative Mi.


On a évidemment la relation : x
i
i 1
25

 Par rapport au noyau, la masse de l'atome neutre est égale à:


M at  M noy  Z  me  Be (Z)

Be (Z) est l'énergie (positive) de liaison des Z électrons dans l'atome, est calculée au moyen de la
7
formule de Thomas-Fermi, suivante: Be (Z)  15.73  Z 3 (eV)
Be (Z) qui est de l'ordre de l'électron-volt est négligeable (au moins 6 ordres de grandeur plus
petit) devant l'équivalent énergétique des masses des nucléons et de l'électron (Tableau I-1). Ce
qui permet d'écrire:
M at  M noy  Z  me

Mais comme on a aussi me  mn ou mp , on aura donc l'approximation suivante valable:


M at  M noy  A

D'où le résultat suivant: masse atomique et masse du noyau sont très voisins.
 La masse molaire atomique M est la masse d'une mole d'atomes, soit de  atomes. Elle
s'exprime en grammes, et est numériquement égale à la masse atomique exprimée en uma.

Tableau I-2: Exemples de calcul des masses à partir des isotopes

Isotopes Masses atomiques relatives Abondances relatives


Mi ( uma ) xi ( % )
16 15.994 914 635 99.76215
8 O
17 16.999 131 240 0.03830
8 O
18 17.999 160 390 0.20012
8 O
234
92 U 234.040 946 824 0.00555
235 235.043 924 224 0.72001
92 U
238 238.050 784 723 99.27456
92 U

x1M 1  x 2 M 2  x3 M 3
M at ( 8 O )   M at ( 8 O )  15.999 401 310 uma
100
x1M 1  x 2 M 2  x3 M 3
M at ( 92 U )  M at ( 92 U )  238.029 198 100 uma
100
26

Remarques :
Il ne faut pas confondre le nombre de masse (A) et la masse atomique (Mat):
 La masse atomique exprime en uma la moyenne pondérée des masses relatives des
divers isotopes d'un élément; ceci explique que cette valeur de la masse atomique soit rarement
un nombre entier.
 Le nombre de masse A = Z+N n'est pas une masse, mais le nombre toujours entier de
nucléons (protons + neutrons) constituant le noyau d'un nucléide: c'est aussi le nombre entier le
plus proche de la masse atomique.

C/- ISOTOPES ET SPECTROGRAPHES DE MASSE.

1. MISE EN EVIDENCE DES ISOTOPES (1912)


C'est J.J. Thomson qui a mis en évidence en 1912 l'existence des isotopes, en utilisant un
tube à décharge (enceinte contenant un gaz à l'intérieur duquel on place deux électrodes: une
cathode et une anode).

Fig. I-8: Schéma du dispositif de Thomson. Mise en évidence des isotopes


27

Si on fait subir à un faisceau d'ions positifs (produits dans le tube à décharge à cathode
 
percée) l'action simultanée d'un champ E et B parallèles, on observe sur l'écran des courbes
paraboliques.
En effet, étudions le mouvement d'une particule (ion positif) dans le dispositif de J.J.
Thomson (Fig. I-8).

 Action de E

La déviation des ions de masse m suivant (Oy) à la sortie du champ E sera:
1 qE L2
y  12  1 t 2  (1)
2 m v2

 Action de B

La déviation suivant (Ox) à la sortie du champ B sera:
1 qB L2
x  2 t 
1
2
2
(2)
2 m v
 
 Action simultanée des champs E et B
En éliminant la vitesse entre les équations (1) et (2), on obtient:
y 1 qE L2 4 m2 v 2 2E m 2E m 2
2
 2
 2 2 4
 2 2 d'où y x
x 2 m v 1qB L LB q L2 B 2 q
Pour un dispositif expérimental donné, E, B, L sont des constantes, d'où:
m 2
y  Cte  x
q
C'est l'équation de la parabole que décrit un ion sur l'écran.

J.J. Thomson remarqua que pour certains éléments naturels, les ions se répartissent sur
plusieurs arcs de paraboles. Etant donné que les ions avaient la même charge, il en déduit que
pour un élément donné, on avait des atomes ayant le même nombre d'électrons, mais des masses
différentes: ce sont donc des isotopes.
m
Autrement dit, les ions de même rapport identique se répartissent sur un même arc de
q
parabole.
28

Toute fois, le dispositif de Thomson manque de sensibilité car on observe une dispersion
des ions due à leur vitesse. Il faut trouver un moyen de les focaliser sur une droite ou de les
dévier suivant un cercle de rayon R.

2. SPECTROGRAPHES DE MASSE
2.1. Définition
C'est un appareil qui permet de trier les ions de masses et de charges différentes. Il
comprend quatre parties (Fig. I-9) : une chambre d’ionisation, une chambre d’accélération, une
chambre de déflexion et un système de détection.

Fig. I-9: Schéma de principe général d'un spectrographe de masse.

2.2. Principe des spectrographes de masse


 Dans la chambre d'ionisation, on commence par ioniser (par bombardement
électronique) les atomes. Ceux-ci vont donc donner une entité AZ X  ayant perdu un électron.
 Dans un champ électrostatique accélérateur, ces ions seront accélérés avant de
pénétrer dans un champ magnétique, où leur mouvement sera dévié suivant des trajectoires
29

semi-circulaires par construction. On montre que la déviation (i.e., le rayon des trajectoires) est
m m
proportionnelle au rapport (égale ici à ).
q e

2.3. Etude mécanique


Les deux (ions) isotopes (Fig. I-9) ont respectivement des masses m1 et m2 et la charge
q . Il s'agit du même élément, donc ils s'ioniseront de la même façon.
 En M, on admet qu'ils ont une vitesse nulle. Utilisons le théorème de l'énergie cinétique
entre M et N.
1
2
m1v12  0  qU MN q0 ; U MN  0

2q 2q
Soit v12  U MN et v22  U MN
m1 m2


Les deux particules acquièrent la même quantité d'énergie en traversant le champ E , mais
n'ont pas la même vitesse en N.

 En N, les particules entrent dans le champ B et vont acquérir un mouvement circulaire
m1v1 m2v2
uniforme dont les rayons sont respectivement: R1  et R2 
qB qB
2
2m1 2m2  R1  m
Soit R 
1
2
U MN et R 
2
2 U MN d'où    1
qB 2 qB 2  R2  m2

Les rayons sont d'autant plus grands que la masse de l'ion est grande. Donc l'isotope le plus léger
arrivera en M1 et le plus lourd en M2. La distance de séparation des points d’impact vaut :
M1M 2  2  R2  R1 

2.4. Détermination des masses atomiques des isotopes

La méthode la plus pratique pour déterminer la masse est la mesure du rapport q de la


m

charge sur la masse de l'ion correspondant. Mais dans les dispositifs modernes, on mesure dans la
pratique le rapport m (égal à m ). En effet, un spectrographe de masse dans lequel on ne modifie
q z
30

aucun paramètre va pouvoir être étalonné. Il sera étalonné en masse molaire, puisque Z est
constant. Le nombre d'isotopes aura une incidence sur la plaque sensible du détecteur: plus
nombreux sont les ions d'un type donné, plus intense sera la tâche obtenue. Actuellement, les
détecteurs informatisés permettent d'obtenir directement un spectre étalé. On pourra donc établir
un spectre dit de masse donnant l'intensité de ces impacts en fonction de la masse molaire
(proportionnelle à m) de ces ions.

2.5. Différents types de spectrographes de masse


Il existe de nombreux spectrographes de masse (Thomson, Dempster, Bainbridge, Aston, etc.).
Tous ces appareils séparent par action de champs électrique et magnétique les différents isotopes
d'un même élément.

2.5.1. Spectrographe de masse de Dempster

Fig. I-10: Schéma succincte du spectrographe de masse de Dempster.


31

Dans ce spectrographe (Fig. I-10), les ions positifs produits sont accélérés par une ddp U
entre l'anode P1 et la cathode P2 , percée respectivement en f 1 et f 2 . Les ions (i ) de charge
qi
massique arrivent en f 2 avec la même énergie cinétique E c mais à des vitesses différentes.
mi

2 qi U
1
2
mi vi2  0  qiU soit vi2 
mi

Ils entrent alors dans une région de champ magnétique constant (induction B ). La force

magnétique Fm exercée sur une charge qi vaut:
    
Fm  qi vi  B  qi vi B car vi  B

La trajectoire étant circulaire dans le champ B , on aura
mi vi2 mi vi 2miU
qi vi B  soit Ri  d'où Ri2 
Ri qi B qi B 2
qi 2U
Finalement:  2 2
mi Ri B
qi
Le rapport ne dépend plus de la vitesse des ions. Dans ce type de spectrographe, si Ri est une
mi
U
donnée de construction de l'appareil, la réponse de l'appareil ne dépend plus que du rapport .
B2
Si on fixe la valeur de B, il suffit de modifier U pour faire défiler vers la fente de sortie f 2 tous
qi
les ions positifs correspondants aux divers rapports . Les ions qui sortent de la fente f 2
mi
atteignent un électromètre qui sert à mesurer la charge ou le courant produit par l'ion dans le
spectromètre.
Pour une masse donnée, le spectrographe de Dempster a l'avantage de donner directement
les abondances relatives des isotopes.

2.5.2. Spectrographe de masse de Bainbridge


Dans ce spectrographe (Fig. I-11), les ions positifs produits par ionisation sont accélérés et

entraînés dans un filtre de vitesse: enceinte où agissent simultanément un champ E et un champ

B de telle sorte qu'à chaque instant, la somme des forces qui agissent sur une particule est nulle.
32

Fig. I-11: Schéma succincte du spectrographe de masse de Bainbridge.

 Le filtre de vitesse va permettre de trier des particules ayant la même vitesse et de faire
un faisceau homocinétique.
  
Soit une charge q>0 de masse m; si Fe  Fm  0 on peut écrire
    E  
qE  qv  B  0 Soit v  v0  (car v  B ).
B
Cette relation est indépendante de q et de m.
 
Pour un champ E et un champ B donné, seules les particules de vitesse v0 sortiront sans être
déviées; en effet:
Si v  v0 alors Fm  Fe la particule est déviée vers la gauche;

Si v  v0 alors Fm  Fe la particule est déviée vers la droite;

On trie ainsi les particules de même vitesse d'où le nom de filtre de vitesse.
 Au sortir de la fente f2, ces ions sont soumis à l'action d'un second champ magnétique
  
B' // B . Sous l'action de B ' , les ions décrivent une trajectoire circulaire de rayon R. La force
magnétique qui s'exerce sur un ion a pour expression:
33

mv02 q v E
Fm  qv0 B' soit  0 
R m B' R B B' R
qi E
Soit pour un ion i: 
mi B B' Ri
Les ions ainsi déviés impressionnent une plaque photographique qui joue le rôle de détecteur.

L'inconvénient du spectrographe de Bainbridge, c'est la dispersion des ions dans le


sélecteur de vitesse, ce qui implique une luminosité faible.

2.5.3. Spectrographe de masse d'Aston


Le spectrographe de masse d'Aston (Fig. I-12) est d'une plus grande précision. Les ions
positifs produits par ionisation sont accélérés puis subissent deux déviations successives avant
focalisation sur la plaque photographique.

Fig. I-12: Schéma succincte du spectrographe de masse d'Aston.

f1 , f2 : Fentes permettant de réduire le faisceau d'ions à une nappe horizontale de très faible épaisseur;
D : diaphragme permettant de limiter la dispersion de la vitesse des ions.
34


 Première déviation due à l'action du champ E

L
A la sortie du champ, t  d'où
L v
1 qE L2
(L / 2) y
2 m v2
 L'angle de déviation étant très petit, on a
tg  

Schéma I-5 y qE L
  tg  
L 2  m v 2
Cette déviation est transversale ; elle est q q
 v 2  EL  K1
donnée par y , soit : m m
K1 est une constante de l'appareil.
1 qE 2
y t 
1
2
2
t
2 m


 Deuxième déviation due à l'action du champ B

Au-delà du champ électrique E , le faisceau se compose de différents groupes d'ions. La fente D
sélectionne les ions de vitesse relativement proches.

Dans le champ magnétique B , la déviation est circulaire. Si R est le rayon de courbure de la
mv
trajectoire, on a : R 
qB
s q1
L'angle de déviation  est telle que:    sB
R mv
q q
Soit :  v  s B  K2
m m
K2 est une constante de l'appareil.
 q 1
  K1 m v2
D'où finalement, on aura : 
  K q 1
 2
mv
35

Les déviations angulaires électrique et magnétique sont inversement proportionnelles


q
respectivement au carré de la vitesse et à la vitesse des ions positifs. Pour un même rapport
m
les ions les plus lents (donc lourds) seront les plus déviés. La plaque photographique révélera
après développement autant d'isotopes que de raies.
D'autre part, on démontre que le point de convergence F du faisceau est indépendant de
q
l'écart de vitesse qui peut exister entre les différents ions de même rapport et sa position se
m
trouve sur une droite fixe () qui est telle que     2 , ce qui équivaut à dire que l'axe f1f2O

est bissectrice de l'angle FOˆ A , (donc    ).

3. AUTRES METHODES DE SEPARATION DES ISOTOPES


Les isotopes d'un même élément (même Z) ont des noyaux de même charge et donc une
même configuration d'électrons périphériques ayant même comportement. Leurs propriétés
chimiques sont donc absolument identiques. Par contre, leurs masses étant différentes, les
propriétés physiques liées à ces masses sont différentes. Il ne sera donc pas possible de séparer
des isotopes en se basant sur leurs propriétés chimiques, et leur séparation n'est possible qu'en
faisant appel à certaines propriétés physiques liées à leur masse.
Il existe plusieurs méthodes de séparation des isotopes. On exprime habituellement le
degré de séparation d'un mélange d'isotope par un coefficient appelé facteur de séparation
isotopique ou de fractionnement.
 a)- Séparation électromagnétique
Cette méthode est basée sur l'utilisation de spectrographe de masse à chambre de recul
multiples possédant un pouvoir de séparation très élevée.
 b)- Centrifugation
On centrifuge à grande vitesse (50 à 100.000 tours min-1) un mélange d'isotopes gazeux
ou liquide. La concentration de l'isotope léger augmente vers l'axe de la centrifugeuse. On répète
l'opération plusieurs fois. La méthode est particulièrement utilisée pour les éléments lourds.
 c)- Séparation par diffusion gazeuse
36

Les isotopes sont engagés dans une espèce moléculaire gazeuse qui diffuse à travers une
membrane poreuse. La vitesse de diffusion des isotopes lourds est inférieure à celle des isotopes
légers. En fait, cette technique est basée sur la loi de Graham qui stipule que:
La vitesse de diffusion d'un gaz à travers une membrane poreuse est inversement
proportionnelle à la racine carrée de sa densité.
1
vK d : densité du gaz par rapport à l'air.
d
M
Si on assimile le gaz à un gaz parfait, on a d 
29
29 1
D'où vK  K
M M
Il en résulte que la diffusion d'un mélange gazeux constitués de deux molécules isotopiques de
masse moléculaire M1 et M2 telle que M2 > M1 est caractérisé par un facteur de séparation  tel

v1 M2 M
que :     1 Avec M  M 2  M1
v2 M1 M1

Dans la pratique, on place un grand nombre de membranes poreuses en cascade pour avoir une
bonne séparation. C'est le procédé qui est utilisé en France à Pierrelatte pour séparer les isotopes
235 238
de U et
92 U . L'opération est répétée des milliers de fois.
92

 d)- Diffusion thermique (Clausius et Dickel)


On utilise la différence de température entre l'axe d'une colonne matérialisée par un
filament chauffé et sa paroi extérieure refroidie. Le gaz léger diffuse vers la zone chaude et
s'élève par convection, le gaz lourd s'écoule vers le bas de la partie refroidie.
 e)- Distillation fractionnée
On utilise la différence des points d'ébullition de deux isotopes. Le mélange est distillée
sur une colonne à plateaux multiples. La température de l'espèce légère sera plus basse, ainsi les
vapeurs condensées (distillat) seront plus riches en l'isotope le plus léger et le résidu en l'isotope
13
le plus lourd. Cette méthode est appliquée pour l'enrichissement de C par distillation de CO à
basse température et 18O par distillation de C2H5OH ou H2O.
 f)- Séparation par échange isotopique
37

La méthode consiste à obtenir l'enrichissement d'une phase liquide en un des isotopes au


dépend d'une phase gazeuse grâce à l'écart d'unité que présente la constante d'équilibre d'une
réaction d'échange thermique.
Exemple : séparation des isotopes de l'azote.
14
NH 4 (aq)  15
NH3 ( g )  NH 4 (aq) 
15 14
NH3 ( g )
14
N
Le rapport naturel : 15
 262 . Le sel d'ammonium enrichi est récupéré, et traité par une solution
N

de soude chaude qui libère 15N .


 g)- Electrolyse
Cette méthode a permis de concentrer l'eau lourde D2O présente dans l'eau naturelle.
L'eau lourde D2O est un bon ralentisseur de neutrons, indispensable au bon fonctionnement des
réacteurs nucléaires.

D/- CONCLUSION

Nous venons de décrire dans ce chapitre les diverses expériences et leurs difficultés
inhérentes qui ont conduit de vaillants savants à la découverte des différents constituants de
l’atome, à savoir les électrons (élémentaires), le noyau (composite) constitué de nucléons :
neutrons et protons renfermant chacun en son sein trois quarks élémentaires. Notre exploration
de la matière semble achevée… ! ou momentanément interrompue pour s’intéresser dans le
chapitre suivant aux propriétés physiques des noyaux des isotopes.
1

Chapitre II

STABILITE DES ISOTOPES & RADIOACTIVITE

CONTENU DU CHAPITRE
A/- ENERGIE DE LIAISON DES NOYAUX
1. Equivalence masse-énergie
2. Défaut de masse du noyau
3. Energie de liaison par nucléon
4. Modèles du noyau : formes et dimensions
5. Vallée de stabilité, schéma de désintégration
6. Conclusion

B/- LA RADIOACTIVITE
1. Historique et généralités
2. Différents types de rayonnements radioactifs
3. Lois de l’émission radioactive
4. Radioactivité naturelle : familles radioactives
5. Radioactivité artificielle : réactions nucléaires provoquées
6. Une cascade d’application de la radioactivité
7. Méthodes de mesure et dangers de la radioactivité

C/- CONCLUSION

OBJECTIF DU CHAPITRE
Après l'étude de ce Chapitre, vous serez capable:
1°)- De comprendre le pourquoi de la stabilité et de l'instabilité des noyaux atomiques;
2°)- De connaître les différents schémas de désintégrations possibles d’un nucléide ;
3°)- De reconnaître les différents types de rayonnements radioactifs (, ,  etc.) ;
4°)- D’étudier les différentes lois théoriques d’évolution d’un nucléide radioactif au cours du temps ;
5°)- D’énumérer les différentes applications utiles de la radioactivité ;
6°)- D'apprécier soit même du potentiel énorme que constitue l'énergie nucléaire.
2

A/- ENERGIE DE LIAISON DES NOYAUX

1. EQUIVALENCE MASSE -ENERGIE


En 1905, A. Einstein a montré une équivalence entre la masse et l'énergie. Un système
matériel au repos de masse m possède du fait de sa masse, une énergie E appelé énergie de masse

définie par: E  m c2
Avec : c: célérité de la lumière dans le vide = 3x108 ms-1 ; m : en kg et E en joule.
Pour un système isolé, il existe un principe fondamental: la conservation de son énergie. La
grandeur Masse-Energie se conserve.

2. DEFAUT DE MASSE DU NOYAU


A
Soit un noyau Z X et mx sa masse. L'expérience montre que la masse du noyau est
inférieure à la somme des masses initiales des protons et des neutrons constituant le noyau.
mx  Zmp  ( A  Z )mn

La différence m  Zmp  ( A  Z )mn  mx est appelé défaut de masse du noyau.

Par définition, EL  m  c 2 est l'énergie de liaison du noyau.


C'est l'énergie qu'il faut fournir à un noyau pour le casser en ses différents
constituants (neutrons, protons). Plus EL est grand, plus le noyau est stable.

Exemple: Noyau d'hélium 24 He

mx = 4.0015 uma; m = (2x1.00728 + 2x1.00866) - 4.0015 = 0.03038 uma.


mp = 1.00728 uma; EL = 0.03038 x 931.5 = 28.3 MeV.
mn = 1.00866 uma.

3. ENERGIE DE LIAISON PAR NUCLEON


On définit aussi l'énergie EA de liaison par nucléon pour un noyau AZ X :

EL m  c 2
Soit : E A   exprimée en Mev / nucléon
A A
EA est l'énergie totale de liaison des nucléons, elle est distribuée sur tous les nucléons.
3

Exemple: Noyau d'hélium 24 He


28.3
EA   7.08 Mev / nucléon
4
Dans la pratique, pour juger de la stabilité d'un noyau, il faut considérer EA et non EL. Un noyau
est d'autant plus stable que son énergie de liaison par nucléon EA est grande.

L'étude des variations de EA en fonction de A (Fig. II-1) permet de voir que tous les
atomes ne possèdent pas des noyaux aussi solidement liés.
La courbe EA  f (A) appelée courbe d'Aston mène à trois observations.

E A ( Mev / nucléon )  Elle augmente rapidement pour les


10
atomes légers (A< 30) en présentant des pics
9

8
max imum
(stabilité)
pour les noyaux à nombres pairs de neutrons
7 et de protons ( 24 He , 126C , 168O ), qui sont bien
6

5
plus stables que les autres noyaux.
4  Elle passe par un maximum pour A
3 Fusion Fission compris entre 40 et 100; le maximum est aux
2
alentours de 8.8 Mev/nucléon pour le Fer (A
1

0 = 56) et reste voisin de 8.0 Mev/nucléon.


0 20 40 60 80 100 A
120 140 160 180 200 220 240
 Puis décroît très lentement pour
atteindre 7.6 Mev/nucléon pour l'Uranium
Fig. II-1: Energie de liaison par nucléon en fonction
238
de A pour les noyaux stables: courbe d'Aston. U.
92

Grâce à cette courbe, on peut prévoir deux types de réactions nucléaires. Puisque les
éléments tendent à évoluer vers une stabilité plus grande, les éléments légers (instables) gagnent
en stabilité par réaction de fusion tandis que les éléments lourds (instables) gagnent en stabilité
par réaction de fission. Ces réaction nucléaires feront l'objet d'une étude plus détaillée dans les
paragraphes suivants.
4

Réaction de fusion: C'est la réunion de deux noyaux légers (A 10) en un noyau plus
lourd avec libération d'une énergie considérable (exemples: réactions au cœur du soleil et des
étoiles en général, la bombe H ou bombe à hydrogène).
2
H  12H  4
He  Q ; H  11H
3
 He  Q
4

 Réactions au sein du soleil.


1 2 1 2

4 H 1
1  4
2 He  2 e  2   Q
0
1
0
0

3
1 H  12H  4
2H e  01n  Q  Réaction de la bombe H.
6
3 i L  12H  2 24H e  Q

Réaction de fission: C'est la scission d'un noyaux lourd en noyaux moyens plus stables
avec libération d'une grande quantité d'énergie: (exemples: réacteurs nucléaires d’une centrale,
bombe A ou bombe atomique ou encore bombe à fission).
U  01n 
235
92 Ba 
139
56
86
36 Kr  11 01n

Remarque : Il est utile de souligner que l’énergie moyenne de liaison des nucléons dans les
noyaux est de quelques MeV alors que l’énergie moyenne de liaison des atomes dans les
molécules chimiques est de l’ordre quelques eV soit, un million de fois moindre.

4. MODELES DU NOYAU : FORMES ET DIMENSIONS


L'étude du noyau n'est pas simple car les dimensions extrêmement petites d'une part et la
très grande énergie mise en jeu d'autre part rendent difficile l'élaboration d'une théorie pour la
conception d'un modèle qui schématise la réalité complexe du noyau. Les expériences sans cesse
plus précises de bombardement du noyau par diverses particules fortement accélérées ont fourni
des renseignements précieux qui ont conduit à divers modèles.
a)- Le modèle de la goutte liquide: Ce modèle présente le noyau comme une goutte de
liquide incompressible de masse volumique constante   1.45 1014 g cm3 et de forme
1
sphérique de rayon r  R0  A 3 , avec R0 = 1.414 Fermi. La cohésion des nucléons dans ce modèle

est due à l'existence des forces nucléaires très fortes et de courte portée (environ 1 Fermi) qui
prédominent sur les forces coulombiennes, ce qui explique la stabilité de la concentration des
charges positives dans le noyau.
5

Toutefois, le modèle de la goutte liquide présente de nombreuses insuffisances pour


expliquer certaines propriétés des noyaux :
1°)- D'abord la plupart des noyaux ne sont pas sphériques, et même s'il en est ainsi, leur
1

rayon ne varie pas rigoureusement comme A 3 .


2°)- Ensuite, de nombreuses expériences ont fait apparaître des propriétés de stabilité
anormalement plus élevée de certains noyaux en relation directe avec le nombre de nucléons
qu'ils contiennent. C'est ainsi que l'examen des énergies de liaison montre que les noyaux ayant 2,
8, 20, 28, 50, 82, 126, 152, … nucléons de même espèce (protons ou neutrons) sont
particulièrement plus stables. Ces nombres sont qualifiés de "magiques"; ils jouent le même rôle
que le nombre d'électrons dans la couche périphérique des atomes des gaz rares.
Le modèle de la goutte liquide ne peut rendre compte de ces faits expérimentaux très
importants. Pour aller plus loin, il faut quantifier le noyau comme on l'a fait pour les électrons
planétaires: le modèle à couches (proposé en 1950) que nous allons étudier maintenant s'est avéré
beaucoup plus fructueux.
b)- Le modèle à couches: De même que les électrons planétaires se placent sur des
couches comportant un nombre de places limités, les nombres magiques suggèrent que les
nucléons doivent se placer sur des couches saturées pour un nombre de nucléons égal à un
nombre magique. L'idée la plus simple consiste à assimiler le noyau à un puits de potentiel
attractif, ayant des états d'énergie discrets, avec des orbites nucléoniques occupées par des
nucléons eux-mêmes caractérisés par quatre nombre quantiques (n, l, m, j ) et obéissant au
principe d'exclusion de Pauli (schéma II-1)

Bien que les forces de cohésion dans


1 1
1
p 0
n 1 p 0
n 1 p 0
n les noyaux soient très différentes des forces
1 1 1 1
électromagnétiques qui assurent la stabilité
de l'atome, les neutrons et les protons
occupent des couches tout comme les
électrons atomiques. Nous avons des
couches en protons et des couches en
neutrons (schéma II-1). Elles sont complètes
pour 2, 8, 20, 28, 50, 82, 126, 152 neutrons
12 12
12
5 B 6 C 7 N ou protons. Ces nombres diffèrent de ceux
des couches complètes d'électrons dans les
Schéma II-1 atomes.
6

Remarque: Les noyaux possédant un nombre magique de protons ou de neutron, et plus


particulièrement ceux à double nombres magiques tels 24 He , 40
20Ca , 168O , 208
82 Pb ont une stabilité
particulièrement grande par rapport aux noyaux voisins.

5. VALLEE DE STABILITE : SCHEMA DE DESINTEGRATION


On vient de voir que dans certains cas, les noyaux tendent à évoluer vers des
configurations plus stables. Par exemple, la répulsion de type électrostatique qu'exercent les
protons les uns sur les autres est un facteur d'instabilité. La présence de neutrons tend à modérer
cette répulsion coulombienne. Aussi, il est logique de penser que les noyaux stables sont ceux
pour lesquels N  Z. Cette intuition est vraie jusqu'à A = 40 (ou Z = 20, calcium). Au delà du
calcium, la répulsion coulombienne augmente trop avec Z et les atomes lourds stables sont ceux
qui présentent un excès de neutrons. Pour tous les noyaux existant dans la nature, on peut
représenter cette notion sur un graphe N = f(Z) appelé diagramme de Segré (Fig. II-2).
Les isotopes d'un élément donné sont situés sur une même ligne verticale.

150
N
125

100
N Z

75

50

25

0
0 25 50 75 Z
100 125

Fig. II-2: Vallée de stabilité : mise en évidence de l’ensemble des noyaux stables et radioactifs,
(Diagramme de Segré).
7

Au delà de Z = 20, la relation N  Z devient N  1.6 Z. Dans la réalité, cette relation n'est
pas observée de façon stricte et les atomes stables sont distribuées suivant une structure en palier.
L'ensemble des isotopes stables dessine une bande étroite. On parle de vallée de stabilité.

Exemple : d'isotopes stables: 168O , 178O , 188O , 126C , 136C .

La vallée de stabilité ne se poursuit pas au delà du bismuth 209 (Z = 83), puisque au delà
de ce noyau, plus aucun nucléide n'est stable. Les autres régions du plan (Fig. II-3) correspondent
à des atomes instables pour quatre types de raisons:

1°)- Excès de nucléons : le noyau est trop lourd (Z > 83, Bismuth 209) et l'émission de
stabilisation (zone 1 de la Fig. II-3) se fait par une perte de masse maximum, soit par :
A 4
 émission  : A
Z X  4
2 He  Z 2Y soit par :

 fission spontanée (rare): A


Z X  Y
A1
Z1
A2
Z2 Z  x 01n

2°)- Excès de neutrons : l'atome est plus lourd que l'isotope stable, le neutron se
transforme (zone 2) par émission - :
( 01n  1
1 p e  00 ) soit
0
1
A
Z X  0
1 e A
Z 1 Y  00
3°)- Excès de protons : l'atome est moins lourd que l'isotope stable :
 Soit le proton se transforme (zone 3) par émission + (à haute énergie).
( 11 p  1
0 n  10e  00 ) soit A
Z X  0
1 e Y  00
A
Z 1

 Soit le noyau absorbe un électron du cortège électronique par capture


électronique (zone 3).
( 11 p  0
e
1  1
0 n  00 ) soit A
Z X e 
0
1 Y  00
A
Z 1

4°)- Excès d'énergie : l'atome est dans un état excité (ayant même Z et N), c'est un
isomère d'un atome A
Z X ; il retourne à son état fondamental avec émission d'un rayonnement .
A
Z X*  X 
A
Z
8

150
32
P S
32 0
e Ra 
226
Rn  24He2 
222
N 15 16 1
88 86

émission 1
125 2 émission 
fissionspontanée
100

75
N Z

50
émission 
CE
3
10
6C  105B  0
1 e
25
I
125
53
0
1 e 125
52 Te  

0
0 25 50 75 Z
100 125

Fig. II-3: Schéma de désintégrations possibles des noyaux instables.

6. CONCLUSION
Parmi les 331 nucléides naturels, 280 environ sont stables, les autres se décomposent
spontanément, on dit qu'ils sont radioactifs. La stabilité des noyaux est liée à la parité de N et Z.
Le Tableau II-1 ci-dessous montre que la majorité des noyaux stables ont un nombre pair de
neutrons et de protons. Si le nombre de neutrons et/ou de protons est un nombre magique (2, 8,
20, 28, 50, 82, 126 et 152), le noyau jouit d'une stabilité particulière et le nucléide correspondant
est relativement abondant dans la nature.

Tableau II-1: Stabilité des nucléides suivant la parité de N et de Z.


Nombre de Nombre de Nombre de
nucléides stables protons neutrons
166 Pair Pair
57 Pair Impair
53 Impair Pair
4 Impair Impair
9

En guise de conclusion :

1 209 238
1 H Elément naturels B
83 i 92U Elément artificiel s

Z 1 Z  83 Z  92 Z  112

Elément stables Elément instables

Schéma II-2

B/- LA RADIOACTIVITE

Les noyaux de certains atomes (naturels ou artificiels) peuvent se décomposer spontanément


en émettant des particules accompagnées d'un rayonnement électromagnétique puissant. Ce
phénomène naturel s'appelle radioactivité.

1. HISTORIQUE ET GENERALITES
La radioactivité a été découverte en 1896 par Henri Becquerel, de manière fortuite, alors
qu'il étudiait des sels d'uranium. Pierre et Marie Curie recherchent d'autres éléments chimiques
possédant des propriétés analogues à celles de l'uranium. Ils découvrent ensemble en 1898 le
polonium (Maria Sklodowska est d'origine Polonaise) et en 1910, Marie Curie isole le radium.
On connaît actuellement une cinquantaine de radionucléides naturels.
En Janvier 1934, en bombardant une feuille d'aluminium avec des particules , Irène (la
fille de Marie Curie) et Frédéric Joliot découvrent un isotope artificiel du phosphore 30
radioactif: c'est le début de la radioactivité artificielle.
On réussit alors à produire des isotopes radioactifs de tous les éléments chimiques connus.
Par des réactions nucléaires, on a réussi à produire des éléments chimiques plus lourds que
l'uranium, les transuraniens, qui n'existent pas dans la nature. Ainsi, on a identifié et séparé à
partir de 1940 à Berkeley (Université de Californie) le neptunium (Z = 93) et le plutonium (Z =
94). Ce furent ensuite l'américium (Z = 95), le curium (Z = 96) et d'autres atomes encore
découverts successivement à Berkeley, à Dubna et à Darmstadt. On est parvenu aujourd'hui à
10

l'élément Z = 118 dont quelques noyaux seulement ont été mis en évidence. Tous les isotopes de
ces éléments transuraniens sont radioactifs.
Un élément chimique a une probabilité très grande de manifester une radioactivité
naturelle s'il vérifie la relation N  1.6  Z .

2. DIFFERENTS TYPES DE RAYONNEMENTS RADIOACTIFS


2.1. Mise en évidence
En étudiant l'action d'un champ magnétique sur les rayons de Becquerel émis par les
radioéléments naturels, Pierre et Marie Curie observent qu'ils contiennent des électrons. Leurs
expériences furent développées par E. Rutherford au moyen de champs magnétiques plus
intenses.

Zone d ' action du 


 champ magnétique B




B

Capsule de
protection
en plomb
Source
radioactiv e

Fig. II-4: Schéma de l'expérience de E. Rutherford pour séparer dans un champ magnétique les rayons ,  et .

L'expérience de E. Rutherford montra que les rayons de Becquerel sont constitués de trois
composantes (Fig. II-4): rayon , rayon  et rayon . Mais de nos jours, d'autres formes de
production de rayonnements ont été mises en évidence. Au total, on pourra décrire six différents
types de transformation radioactives (Tableau II-2).
11

Tableau II-2: Différents types de radioactivité d'un noyau ( AZ X )


Type de radioactivité Nature du rayonnement émis Noyau final
 Particules  (hélions) A4
X
Z 2

- Electrons et antineutrinos A
X
Z1

+ Positons, neutrinos A
X
Z1

Neutrinos et réarrangement électronique


Capture électronique (rayon X, électron Auger) A
X
Z1

Fission spontanée Fragments de fission et neutrons En général, 2 noyaux de A moyen


Emission  Isomères nucléaires ou électrons de conversion A
X
Z

2.2. Lois de conservation


Au cours de réactions nucléaires, les grandeurs suivantes sont conservées:
A
Z X  A1
Z1Y  A2
Z2 Z  Q
 L'énergie totale ………………….………….……. E : ( = T + mc2 )

 La quantité de mouvement ………………………. p

 La charge totale ………………………….……….. Z : ( = Z1 + Z2 )


 Le nombre de nucléons …………………………… A : ( = A1 + A2 )

 Le moment angulaire total …………………………. I

2.3. Bilan énergétique


2.3.1. Energie Q dégagée lors de la réaction
Ecrivons que l'énergie de masse est conservée: mX  c 2  mY  c 2  mZ  c 2  Q

Soit : Q  mX  mY  mZ   c 2

  2
Et de façon plus générale: Q    mi   m f   c  m  c 2

 i f 
Q : énergie dégagée lors de la réaction;
m : masse nucléaire au repos;
c : célérité de la lumière dans le vide.
12

2.3.2. Energie cinétique T des noyaux émis

  T : énergie cinétique
pY pZ 
p : quantité de mouvement
 2 
TZ T  p 
TY  2m 

Etat initial Etat final

Schéma II-3

En appliquant les lois de conservation ci-dessus, on aura:


  
 0  pY  pZ (a)

 Q  mX  mY  mZ   c 2  TY  TZ (b)
L'équation (b) traduit le fait que l'énergie de masse perdue est égale à l'énergie cinétique acquise
par les particules émises. Equation obtenue en écrivant que l'énergie totale E est conservée:
m X    
 c2  TX  mY  c2  TY  mZ  c2  TZ 
Soit encore: mX  mY  mZ   c2  TY  TZ  TX et on sait que: TX  0 car X est au repos 

En projetant algébriquement la relation (a) sur un axe convenable:


 pY  pZ  pY2  pZ2  2mY TY  2mZ TZ m 
      Q   Z  1  TZ
 Q  TY  TZ  Q  TY  TZ  Q  TY  TZ  mY 
On en déduit les relations finales suivantes:
mY mZ
TZ  Q TY  Q
mY  mZ mY  mZ
mY
Ces deux formules montrent que le noyau le plus léger (Z par exemple) emporte fois plus
mZ

d'énergie que le noyau le plus lourd (Y par exemple). Dans les exemples suivants, la particules 
208 228
emporte respectivement  52 et  57 fois plus d'énergie.
4 4
212
83Bi  T 
208
81 He  Q
4
2
13

232
90Th  228
88 Ra  4
2 He  Q

2.4. Emission 
a)- Description: Une particule  est un noyau d'hélium (constitué de deux protons et de
deux neutrons:   24 He2 ). L'équation d'émission est: A
Z X  4
2 He2  A 4
Y
Z 2  Q

Exemples: 226
88 Ra  He 
4
2
222
86 Rn  4.78 MeV
238
92 U  4
2 He  Th  4.20 MeV
234
90

210
84 Po  He 
4
2
206
82 Pb  5.30 MeV

b)- Propriétés: Les particules :


 sont très énergétiques: de 4 à 9 Mev;
 sont peu pénétrantes: ont un parcours fini (quelques cm dans l'air, 0.03 mm dans les
tissus mous) qui augmente avec l'énergie;
 ont un parcours rectiligne et des vitesses de l'ordre de 107 m s-1;
 sont très ionisantes de façon localisée: 1400 à 4500 paires d'ions / µm;
 sont émises par des noyaux lourds (A > 200) qui évoluent rapidement vers la stabilité.
Dans certains cas, le noyau d'arrivée est encore instable et se stabilise par émission .
c)- Spectre  : La courbe donnant le nombre de particules émises en fonction de l'énergie
est appelée spectre: N  f (E ) est un spectre discontinu ou spectre de raies (Fig. II-5).

20

N

15

10

0
0 5 E0 10 15 20
E

Fig. II-5: Spectre en énergie des particules émises lors d'une désintégration .
14

d)- Bilan énergétique:

  2
Q    mi   m f c

 i f 
Q  TY  T
  
0  pY  p

2.5. Emission -
a)- Description: Une particule - est un électron (-  0
1 e ). L'équation d'émission est:
A
Z X  A
Y
Z 1  e 
0
1
0
0  Q

où 00 est l'antineutrino (particule neutre et de masse  0)

Il s'agit d'une transmutation isobarique (même A) observée pratiquement avec les radionucléides
naturels. La réaction consiste globalement en la transformation d'un neutron du noyau en un
proton: ( 01n  11p  0
1 e  00 ).

Exemples: 135
55 Cs  Fe 
135
56 e  00  0.21 MeV
0
1

C 
14
6 N
14
7 e  00  0.156 MeV
0
1

32
15 P  32
16 S  10e  00  1.71 MeV

b)- Propriétés: Les particules - :


 sont moins énergétiques que les particules : de 0.02 à 2 Mev;
 sont plus pénétrantes que les particules : leurs parcours peut dépasser 1 mm
d'aluminium, 2.9 m dans l'air et 8 mm dans les tissus vivants;
 ont un parcours en ligne brisée et des vitesses de l'ordre de 0.9C et sont moins ionisantes
que les particules .
 sont émises par des noyaux excédentaires en neutrons (noyaux au dessus de la vallée de
stabilité).
Comme pour l'émission , il existe deux cas, selon que le nucléide d'arrivée est stable, excité
(émission  et - simultanée) ou métastable (émission  différée).
c)- Spectre  -: Le spectre d'émission - est un spectre continu (Fig. II-6).
15

20

-
N
15

10

0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
E

Fig. II-6: Spectre d'énergie des particules  - émises par une source radioactive.

d)- Bilan énergétique:

  2
Q    mi   m f c

 i f 
Q  TY  T   T
   
0  pY  p   p

2.6. Emission +
a)- Description: Une particule + est un positon (+  0
1 e ). Le positon est l'antiparticule

de l'électron (- ), c'est à dire, une particule de même masse, mais de charge opposée. L'équation
d'émission est:
A
Z X  A
Z 1 Y  e 
0
1 
0
0  Q

où 00 est le neutrino, particule de charge et de masse  0. L'émission + est une transmutation

isobarique observée avec les radionucléides artificiels. La réaction consiste globalement en la


transformation d'un proton du noyau en un neutron: ( 11 p  01n  0
1 e  00 ).

Exemples: 22
11 Na  22
10 Ne  0
1 e  00  0.54 MeV

6C 
11
B
11
5
0
1 e  00  0.98 MeV

O 
15
8 N
15
7
0
1 e  00  1.72 MeV
16

b)- Propriétés: Les propriétés des particules + sont identiques à celles des particules - ;
L'émission + concerne les noyaux excédentaires en protons (noyaux en dessous de la vallée de
stabilité).
Comme dans les cas précédents, l'émission peut, ou non, être couplée avec une émission .
c)- Spectre  +: Le spectre d'émission + est continu comme dans l'émission -.

2.7. Capture électronique (CE)


C'est un autre type de radioactivité qui est en compétition avec l'émission +. En effet, un
électron des couches les plus internes de l'atome, la couche K, et dans une moindre mesure, la
couche L, peut être happé par le noyau et se combine à un proton: ( 11 p  e  01n  00 ).
0
1

L'équation d'émission s'écrit:


A
Z X  0
1 e  A
Y
Z 1  0
0   Q

C'est également une transformation isobarique.


Exemples: 125
53 I e 
0
1
125
52 T  00  Q
7
4 Be  0
1 e  7
3Li  00  0.48 MeV

Les noyaux qui se désintègrent par CE se trouvent comme les émetteurs +, en dessous de la
vallée de stabilité.

2.8. Fission spontanée


C'est une nouvelle forme de radioactivité, plus rare, mais présente chez les noyaux lourds
tels que l'uranium. La réaction d'émission est:
A
Z X  A1
Z1 X1  A2
Z2 X2  x  01n  Q

2.9. Emission  (isomérie)


Une désintégration radioactive peut aboutir soit à l'état fondamental, soit à un état excité
(niveaux excités) du noyau final. Dans ce dernier cas de figure, le noyau à l'état excité ( ZA X * ) ou

métastable ( AmZ X * , i.e., de période mesurable) se désexcite (schéma II-4) par émission d'un

rayonnement dit  selon l’équation : A


Z X*  A
Z X  
17

Il s'agit en faite d'une onde


électromagnétique, donc sans charge, ni
60
Co (T  5.3 ans) masse, se propageant en ligne droite; un
rayonnement  a peu d'interaction avec la
 
matière, il est donc très pénétrant car
60 susceptible de traverser plus d'un centimètre
2.50 Mev N i**
de plomb avec un certain coefficient
1 1.17 Mev
d'atténuation. Le rayonnement  présente un
60 *
1.33 Mev N i

2 1.33 Mev spectre de raies, (donc discontinu) qui est


60
0 Mev Ni caractéristique d'un radioélément. Il est
associé à l'émission  ou  pour lesquels la
Schéma II-4
transition n'a pas lieu uniquement entre l'état
initial et l'état fondamental.

3. LOIS DE L’EMISSION RADIOACTIVES


La radioactivité est un phénomène spontané, inéluctable, indépendant de la température et
de la pression et donc aléatoire. Pour un échantillon donné, le nombre de noyaux radioactifs varie
avec le temps; il existe une certaine probabilité de désintégration du noyau entre deux instants
donnés t et t  dt qui est de la forme  dt où   cons tan te radioactiv e , caractéristique d'un
noyau donné.

3.1. Le noyau produit est stable


E. Rutherford et F. Soddy ont montré que le nombre de noyaux qui se désintègrent par
unité de temps   dN  est toujours proportionnel au nombre N de noyaux présents, on aura:
 dt 

X  Y ( stable )
t0 N0 0 dN
soit   N
t0 N dt
t  dt N  dN (avec dN  0)
18

Pour trouver la loi N  f (t ) , il suffit d'intégrer cette équation différentielle:


dN
N t N
N0 N
   dt
0
 ln
N0
 t  N  N0 et

N : nombre de noyaux radioactifs au temps présent, t;


N 0 : nombre de noyaux radioactifs au temps initial, t = 0;

 : constante radioactive (s-1 ) indépendante de: âge, pression, température,


combinaison chimique.

3.1.1. Période et vie moyenne


 La période est le temps T au bout duquel la moitié des noyaux présents initialement a
disparu. On l'appelle aussi durée de demi-vie ou temps de demi-réaction.
N0
T est telle que si t  T alors N 
2
N0 ln 2 T en s
d'où  N 0e T soit T
2   en s 1
T est caractéristique d'un noyau donné, indépendante de: âge du radioélément, N 0 , pression,
température, combinaison chimique.

 La vie moyenne  est la durée au bout de laquelle la probabilité de survie d'une particule
instable est égale à 1/e. On démontre que:

1 T 1  1 



ln 2
 1.443  T ( 
N0 0
t dN 
N0 0
t  N dt )

Remarque: La vie moyenne  est habituellement utilisée pour une particule instable (muon,
méson, neutron, etc.), en général en vol, tandis que la période T l'est pour une population de
238
noyaux ( 226Ra , U , etc.), en général au repos.
19

3.1.2. Représentation graphique

120
N 110
100 N0
90
80
70
60
50 N0/2
40
30 Fig. II-7: Evolution en fonction du temps du nombre
N0/4
20
N0/8 N de noyaux radioactifs présents dans un échantillon
10
0
N0/16 contenant initialement N 0 noyau. Ce diagramme
 =1/
-10 (tracé en coordonnées linéaires) est indépendant du
-1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
radioélément considéré si la période T est utilisée
t/T
comme unité de l'échelle des temps.

Il es facile de tracer point par point la courbe N  f (t ) puisque pour chaque période, le
nombre d'atomes restant est divisé par deux:
N0 N0 N0
à T ; à 2T ; à nT
2 4 2n
La tangente à l'origine a pour équation: N  N0  (N0 )  (t  0) .

Soit: N  N0  (1  t )

1
Elle coupe l'axe des abscisses au point   (durée de vie moyenne).

3.1.3. Ordre de grandeur des périodes radioactives


La période varie dans de très grandes proportions; elle peut être très faible ou très grande. Ainsi,
on a pour les nucléides suivants:
212
84 Po (Polonium) T  3  107 s 137
55 Cs (Césium) T  30.2 ans
6
2 He (Hélium) T  0.82 s 226
88 Ra (Radium) T  1600 ans
220
86 Rn (Radon) T  55 s 14
C (Carbone)
6 T  5570 ans
30
15 P (Phosphore) T  2.55 min 235
92 U (Uranium 235) T  704 106 ans
60
27 Co (Cobalt) T  5.27 ans 238
92 U (Uranium 238) T  4.47 109 ans
20

Cette valeur de T permet quand elle est très faible d'utiliser le nucléide comme marqueur en
médecine, car il est très vite éliminé. Par contre, certains déchets radioactifs présentant des
périodes très grandes posent le problème du stockage.

3.1.4. Activité et unité de radioactivité


L'activité à l'instant t d'une substance radioactive représente le nombre de désintégration par unité
de temps.
dN
A(t )    N
dt
Ce qui entraîne: A(t )  N  N0et  A0et (avec A0  N0 )

L'activité décroît donc au cours du temps suivant la même loi: A(t )  A0et

Pour des raisons liée à la détection, A(t ) constitue la grandeur mesurable (signal émis), N étant
le nombre de noyaux émettants, et dN le nombre de noyaux disparus.

Dans le système international, l'unité d'activité est le becquerel (Bq), il correspond à une
désintégration par seconde (dps).
L'ancienne unité de l'activité est le curie (Ci) et correspond à 3.7x1010 dps ou Bq.
N.B.: Le curie a été définie à l'origine comme étant l'activité de 1 g de radium 226
88 Ra (égale à:
ln 2 m puis le curie a été en 1960, par convention, fixé à 3.7x1010 dps,
1 Ci  N   3.658  1010 dps );
T M

pour ne pas dépendre de la précision de la mesure de la période du radium.

Remarques:  Notons que les sources radioactives utilisées au laboratoire ont des activités de
l'ordre du micro ou du milli-curie;
 La radioactivité naturelle de l'air correspond à  1 pCi cm-3 de 222
Rn ;
86

 L'activité d'une "bombe au cobalt" ( 27


60
Co ) dans un hôpital, pour la radiothérapie

correspond à des dizaines de Ci;


 L'activité au cœur du "champignon" d'une bombe A est  106 Ci.
21

3.2. Filiations radioactives


Une filiation radioactive est constituée par un enchaînement d'émission de radioactivité
successive par les éléments qui se forment:
A
Z X  
X , TX A1
Y
Z1  
Y , TY A2
Z2 Z  
 élément stable ( Noyau final )

Chaque noyau se désintègre avec une constante de décroissance propre: pour X (x ), pour Y (y )
etc. Considérons le cas ou Z est un corps stable, le problème est donc:

1 2
X  Y  Z ( stable )
t  0 N (X )
0
1
0
N (Y )
2
0
N (Z )
3  avec N 20 (Y )  N 30 ( Z )  0 
t  0 N1 ( X ) N 2 (Y ) N3 (Z )

On peut écrire pour chaque noyau le bilan matière (ou bilan de conservation):
dN1
 1  N1 : est la variation de X par unité de temps ;
dt
Pour Y, la variation est égale à ce qui se forme (venant de X) moins ce qui disparaît, qui est dû à
sa décroissance propre.
dN 2
 1  N1  2  N 2
dt
On a donc le système d'équation différentiel suivant:
 dN1
  1  N1  0 (1)
dt

 dN 2
  2  N 2  1  N1 (2)
 dt
 dN 3
  2  N 2 (3)
 dt

La première équation donne immédiatement: N1 (t )  N10e1t


La deuxième équation s'intègre en deux temps:
1)- Recherche d'une solution particulière (solution de l'équation sans second membre)
dN 2
 2  N 2  0 qui donne N 2 (t )  Ke 2t
dt
2)- Recherche d'une solution générale (déterminant K)
22

Une solution générale est le produit de la fonction particulière par une fonction générale, donc
tout se passe comme si K était cette fonction qu'il faut déterminer:
dN 2 dK  2t dK  2t
  e  2 K  e 2t   e  2  N 2
dt dt dt
dN 2 dK  2t
D'où  2  N 2  e (4)
dt dt
Par identification entre les équations (2) et (4):
dK  2t dK
e  1  N1   1  N1  e2t  1N10  e 1  2 t
dt dt

D'où K (t )  1 N10  e 1 2 u  du 


t

0
1
2  1

N10  e 1 2 u  t
0

1
Soit K (t ) 
2  1

N10  e 1 2  t  1
1
Et N 2 (t )  K (t )  e 2t 
2  1

N10  e 1t  e 2t 
2
En terme d'activité: A2 (t )  2  N 2 (t ) 
2  1

A10  e 1t  e 2 t 
De même, on peut établir la loi N3 (t ) en écrivant que: N1 (t )  N2 (t )  N3 (t )  N10 ou bien en

dN3
intégrant l'équation différentielle  2  N 2 . On en déduit que:
dt
 2 1 
N3 (t )  N10  1  e 1t  e 2t 
 2  1 2  1 
Il existe donc trois cas possibles pour la loi d'accumulation N 2 (t ) selon les valeurs respectives de
1 et 2:

1° cas: 1  2 et donc T1  T2
2
L'étude de la fonction A2 (t ) 
2  1
 
A10  e 1t  e 2 t conduit à trouver un maximum pour Y à

d A2 (t ) 1  1 T1  T2 T
un temps tm tel que 0 soit tm  ln 2    ln 1
dt 2  1 1 ln 2 T1  T2 T2
A ce temps, on trouve que:
23

A1 (t m )  A10  e 1tm

2  e2t m  2   
A2 (tm )  A1 (tm )  1   1t m   A1 (tm )  1  1 
2  1  e  2  1  2 
D'où A2 (tm )  A1 (tm ) , ce qui permet de tracer le graphe.

200
Fig. II-8: Loi d'évolution des nucléides père et fils:
A0 cas T1  T2 .
150 nucléide père (X)

A(t)
Exemples:
100 nucléide fils (Y) 
1 67 h (  ) 2  6 h ( )
99
42 Mo T 9943 m
Tc T 99 43Tc

50 
1 6.7 a (  ) T2 1.9 a ( )
228
88 Ra T 228 90Th  22488 Ra

0
0 tm 10 20 30 40 50
t (s)

2° cas: 1  2 et donc T1  T2
2  1  2 A1 (t )  A10  e  1t  A10
 
Dans ce cas d'où:
1  0 et e  t  1 1
A2 (t )  A10  1  e 2t  A10

La possibilité de désintégration de X étant faible, son


activité A(t) est comme constante et l'activité de Y augmente pour atteindre celle du nucléide
père X. On dit qu'il y a équilibre séculaire.

200
Fig. II-9: Loi d'évolution des nucléides père et fils:
A0 cas T1  T2 .
150

A(t)
nucléide père (X) Exemples:
100 
1 30 a (  ) 2  2.5 min ( )
137
55 Cs T 13756m Ba T 137 56 Ba

1  4.510 a ( ) T2  24 j (  )
U T  23490Th  91 Pa
9
nucléide fils (Y) 238 234
50
92

0
0 10 20 30 40 50
t (s)
24

 Justification du terme "équilibre séculaire"


2 2
Si 1  2 , on a A2 (t ) 
2  1
 
A10  e 1t 1  e 2 1  t 
2  1

A1 (t )  1  e 2 1  t 
Comme 2 est très grand cela entraîne que :
2 
A2 (t )

A1 (t ) 2  1
  
 1  e 2 1  t  2  1  e 2 t  1
2
   A2 (t )  1 d'où 2 N2 (t )  1N1 (t )
 A1 (t ) 

Ce qui entraîne que: dN 2  1N1  2 N2  0 soit encore N 2 (t )  cte et donc, la conclusion suivante:
dt
 Si le nucléide père a une période T1 très longue par rapport à celle T2 de son descendant
(T1  T2), le nombre de rayons émis par ce descendant tendra, au bout d'un temps suffisant, à
être égal au nombre de rayons émis par le nucléide père. L'activité des deux corps ne changera
alors pratiquement plus; on dira qu'on a atteint l'équilibre radioactif ou équilibre séculaire.
Cette description peut être étendue à toute la famille radioactive descendant d'un nucléide
père à vie très longue. Au bout d'un temps suffisant, on n'observe plus aucune décroissance de
l'ensemble. On aura:
1N1  2 N2  3 N3  i Ni 
Ce qui revient à écrire que:
N1 N 2 N3 N
    i 
T1 T2 T3 Ti
Où les indices 1, 2, 3, i, …se rapportent aux radioéléments successifs.

 De même, si T1 > T2, au bout d'un temps suffisamment long, le rapport A2 (t ) n'évolue
A1 (t )

plus avec le temps. Dès que le temps t > T1 (soit la plus grande des périodes), ce rapport devient
 2 
constant  A2 (t )   : on dit qu'il y a équilibre idéal.
 A1 (t ) 2  1 

3° cas: 1  2 et donc T1  T2

2  1  1

N 2 (t )  N10  1  e  1t 
2 0
A1  1  e   t 
Dans ce cas d'où
2  0 et e  t  1 2
A2 (t )  1

1
25

200
Fig. II-10: Loi d'évolution des nucléides père et fils:
A0 cas T1  T2 .
150

A(t) Exemples:
nucléide père (X)
100


1  6 h ( ) T2  2.110 a (  )
Tc T 99 43Tc 44 Ru
5
99m 99
50 nucléide fils (Y)
43

0
0 10 20 30 40 50
t (s)

 Interprétation de l'allure de la courbe.


 2t
1
e    N  e   e 
0
1t 2t 2 1 t
Si 1  2 , on a N 2 (t )  0
N e 1 1
1
2  1
1
2 1

1 N10  e   t  t 2  0
 e  1
2

N 2 (t )  1
car d'où N2 (t )  N10e2t
 1 1 grand

Tout se passe comme si N 0 atomes de X se désintégraient rapidement en Y, puis Y commence sa

désintégration.

3.3. Embranchements radioactifs


Certains noyaux radioactifs présentent plusieurs types de radioactivité à la fois avec un
certains rapport d'embranchement. C’est par exemple le cas du noyau de polonium qui donne soit
de l’actinium, soit du plomb. Nous présentons dans les schémas suivants des exemples plus
détaillés.
26

214
83 Bi (T  19.7 min) 64
29 Cu (T  12.8 h)

 
(0.04 %)   
(39 %)
(99.96 %) (19 %) CE
210
(42 %) 64
30 Zn
T
81 
214
84 oP 64
Ni
28

214 64
Le 83 Bi se désintègre ( 99.96 %) par - , et ( 0.04 %) Le 29Cu se désintègre ( 39 %) par - , ( 19 %) par
par émission . + , et le reste ( 42 %) par capture électronique (CE).

40
19 K (T  1.28  10 9 ans)

CE 
226
88 Ra (T  1620 ans)
(11 %)
(89 %) 1
1.46 Mev 40 *
18 Ar (6 %)  0 (94 %)
 40
0 187 Kev
Ca
20  4.78 Mev
0 0
40
18 Ar 222
Rn
86

40 226
Le 19 K se désintègre ( 89 %) par - , et ( 11 %) par CE Le Ra se désintègre ( 94 %) par la voie 0 , en
88

qui aboutit à un isomère de


40
18 Ar * qui se stabilise par émettant des  de 4.78 Mev, le reste ( 6 %) par la
voie 1
émission .

A
Soit un noyau Z X possédant trois voies propres de désintégration :

 d' où une disparitio n  dN 1 de X par cette voie


Y1 dt
1
2 dN 2
A
Z X Y2  d' où une disparitio n  de X par cette voie
dt
3
Y3  d' où une disparitio n dN 3
 de X par cette voie
dt
27

La probabilité de donner Y1 est indépendante de celle de donner Y2 ou Y3; chaque voie (i)
possède sa propre probabilité i de désintégration. Donc, la probabilité totale de disparition de X
est   1  2  3 soit en général,    i .
i

ln 2 1 1 1 1
Or en tenant compte de   , on aura   
T T T1 T2 T3
Ce sont donc les inverses des périodes qui s'ajoutent pour donner l'inverse de la période totale ou
effective.
Ces résultats s'appliquent lorsque, au lieu d'une désintégration multiple, on a un
radioélément incorporé dans un système biologique et que ce système élimine le radioélément
avec une période propre (Tbiol), indépendante de la décroissance radioactive (Tphys), on a alors:
1 1 1
 
Teff Tbiol Tphys

Ainsi, un élément fictif qui aurait une Tphys de 8 jours et une Tbiol de 4 jours aurait une période
1 1 1 3 8
réelle dans le système de:    , donc Teff   2.67 jours
Teff 8 4 8 3

3.4. Mélanges radioactifs


Dans le cas d’un mélange de plusieurs radioéléments, la fonction de l’activité n’est plus
monoexponentielle. Lorsqu’un noyau disparaît, l’autre est encore présent avec une probabilité de
désintégration totalement indépendante.
Prenons le cas d’un mélange de deux radioéléments : X 1 et X 2 .

X 1 de période T1 se désintègre indépendamment de X 2 , donc : A1  A10e 1 t

X 2 de période T2 se désintègre indépendamment de X 1 , donc : A2  A20e 2 t


L’activité observée pour le mélange est :
Atot  A1  A2  A10e1 t  A20e2 t

Cette fois, il s’agit de la combinaison linéaire de deux exponentielles. La courbe en


coordonnées semi-logarithmiques ne fournit plus une droite. En effet,
ln Atot  ln( A10e1 t  A20e2 t ) n’est pas une fonction linéaire de t (Fig. II-11)
28

Pour fixer les idées et illustrer le raisonnement, prenons un exemple : étant donné que
1  2 , traitons le cas où 1  2 et plus particulièrement, 1  22 , donc T2  2T1 et les valeurs
initiales : A10  20 000 mCi et A20  10 000 mCi . Calculons le pourcentage d’un élément dans le
mélange pour quelques temps remarquables :

Atot(t) Temps A1 % A1 A2 % A2
10
(mCi) (mCi)
Activité ( mCi )

A2(t)
0 20 000 66.7 10 000 33.3
1
A1(t) 5T1 (2.5T2) 625 26 1768 74
10T1 (5T2) 19.5 6 312.5 94
0,1
20T1 (10T2) 0.02 0.2 9.77 99.8
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0
Temps (s)

Fig. II-11 : Tracé en coordonnées semi-


logarithmiques de l’évolution en fonction du temps de
l’activité totale Atot(t) d’un mélange de radioéléments
d’activités respectives A1(t) et A2(t).

On constate :
a)- Qu’avec le temps, le mélange s’enrichit en radioélément à la période la plus longue,
soit, X 2 .
b)- Que pour de faibles valeurs de t , la courbe de radioactivité totale s’est approchée de la
courbe de décroissance du composé de période courte, soit X 1 tandis que pour des temps
relativement grands, Atot se confond asymptotiquement en tracé semi-logarithmique à la droite de

décroissance du radioélément de période longue, soit X 2 (Fig. II-11).

Toutefois, cette façon d’éplucher la courbe composé de plusieurs exponentielles en


partant des temps les plus brefs et en remontant aux temps les plus élevés est utilisable si 1 est
très différent de  2 . Cette méthode est limitée en pratique à 3 exponentielles à condition d’avoir
suffisamment de points de mesure. On préfère aujourd’hui des méthodes d’optimisation faisant
appel à des calculateurs.
29

4. RADIOACTIVITE NATURELLE : FAMILLES RADIOACTIVES


La radioactivité entraîne la transformation d'un nucléide en un autre. Si ce dernier est
radioactif, il se transforme à son tour et ainsi de suite jusqu'à ce que le nucléide obtenu soit stable.
On appelle famille radioactive, l'ensemble des nucléides issus d'un même noyau-père par
intégrations successives.
A  B  C          Y stable 
Il existe quatre familles radioactives dont 3 naturels et une artificielle. Les trois grandes
familles naturelles descendant de trois radioéléments à vie très longue ont été découvertes les
premières. Ce sont:
 La famille de thorium, qui descend du thorium 232, de période T = 1.4x1010 ans.
 La famille de l'uranium, qui descend de l'uranium 238, de période T = 4.5x109 ans.
 La famille de l'actinium, qui descend de l'uranium 235, de période T = 7.2x108 ans.
Dans chacune de ces familles, une série de radioactivité  et de radioactivité - successives
aboutit en fin de compte à trois isotopes stables du plomb (Tableau II-3 ). Dans la radioactivité
, le nombre de masse A change de 4 unités, dans la radioactivité -, le nombre A ne change pas;
on voit donc qu'il ne peut exister que 4 familles radioactives de ces type. Les 3 familles ci-dessus
correspondent respectivement à: A = 4n ; A = 4n+2 et A = 4n+3, ou n est un nombre entier.
La quatrième famille radioactive pour laquelle A = 4n+1, qui n'existe pas dans la nature, a
été découverte aux Etats unis, pendant la guerre, c'est celle du neptunium 237 dont la période est
T = 2.2x106 années. Cette dernière famille aboutit au bismuth 209 stable; (Tableau II-3).

Tableau II-3: Les quatre familles radioactives.


Nombre de masse Nom de la Premier terme de la chaîne Dernier terme
du type série stable
4n (n=58 à n=52) Thorium Th (T  1.4 1010 ans)
232
90
208
82 Pb

4n+2 (n=59 à n=51) Uranium 238


92 U (T  4.5 109 ans) 206
82Pb

4n+3 (n=58 à n=51) Actinium 235


92 U (T  7.2 108 ans) 207
82Pb

4n+1 (n=59à n=52) Neptunium 237


93 Np (T  2.2 106 ans) 209
83 Bi
30

Exemple:
238
U
92  234
90 Th  24He
Th 
234
90
234
91 Pa   
234
91Pa  234
92 U  
 etc  jusqu ' à
210
84Po  206
82 Pb  24He
Remarques:
a)- Au sein d'une famille radioactive, les radionucléides issus des générateurs ont des
périodes plus courtes; ils sont donc en équilibre séculaire avec les nucléides pères.
b)- Les radioéléments naturels sont des corps à vie très longue (cas de 238
92U dont T =

4.5x109 ans); nous les observons parce qu'ils ont survécu au cours des âges géologiques. Les
radioéléments artificiels ont des durées de vie très courtes pour avoir pus subsister à l état naturel
depuis l'époque de leur formation: c'est le cas du neptunium 237 dont la période (T= 2.2x106 ans)
trop petite devant l'âge de la terre (estimée à environ ta = 4-5x109 ans) a probablement été, lui
aussi, formés dans les mêmes âges de l'univers, et qu'il constitue donc une famille radioactive
naturelle, aujourd'hui disparue. En effet, de la relation:

N  N 0 e t  N 0  12 T
t
 car e t
  12 T ou e T 
t
1
2

N0 N0
Si t  nT alors N  n
. Or on a: ta  1000TNep  N Nep  1000 0
2 2
c)- Enfin, il existe un certain nombre d'isotopes radioactifs naturels ne donnant pas de
chaîne de désintégration. Le plus répandu est 40
19 K émetteurs   de période (T=1.28x109 ans).
Un certain nombre d'éléments des terres rares possèdent des isotopes faiblement radioactifs, tels
que par exemple:
148
62Sm, émetteur   : T  1.4 1011 ans
176
71Lu, émetteur   : T  2.4 1010 ans

5. RADIOACTIVITE ARTIFICIELLE :REACTIONS NUCLEAIRES PROVOQUEES


5.1. Réactions de transmutation
Une réaction nucléaire provoquée ou transmutation a lieu quand un noyau projectile
bombarde un noyau cible et le transforme en un autre. Le processus consiste à la capture de
31

particules diverses telles que (n, p, , etc.). L'intérêt des transmutations est de permettre de
fabriquer des radioéléments artificiels.

La première réaction a été réalisée en 1918 par Rutherford lorsqu'il mit en évidence la
production de proton. 14
7 N  24He  O  11H
17
8

Par la suite d'autres transmutations furent observées


27
13 Al  24He  15P  01n
30 *
puis 30
15 P*  Si  01e  00  
30
14

6
3 Li  12H  7
3 Li  11H ; 23
11 Na  11H  23
12Mg  01n

On peut aussi fabriquer les éléments appelés les transuraniens comme suit :

U  01n 
238
92  239
92U  
réaction spon tan ée

239
93 N *p  0
1 e  00

réaction spon tan ée

239
94 u P  0
1 e  00

Les radioéléments artificiels sont utilisés en médecine (scintigraphie, tomographie) et en


métallurgie.

5.2. La fission nucléaire


Comme nous l'avons vu précédemment, la fission aura lieu pour des noyaux lourds.

5.2.1. Définitions
 Réaction de fission: On dit qu'un noyau lourd "fissionne" s'il se fragmente de façon
spontanée ou provoquée, en deux ou plusieurs autres noyaux légers sous l'impact de neutrons
lents qui les bombardent.
32

 Nucléides fissiles: Un nucléide est fissible si son noyau peut subir une réaction de
235 238 239 241 235
fission. Les nucléides fissiles sont : U ;
92 U ;
92 Pu ;
94 94Pu . Seul U est naturel, il
92

existe à 0.71% dans le minerai d'uranium; les trois autres sont fabriqués.
 Nucléides fertiles: Ce sont des nucléides naturels permettant de donner naissance par
238
des réactions nucléaires de transmutations, à des nucléides fissiles. C'est le cas de U qui
92

239
permet d'aboutir au plutonium Pu (exemple précédemment).
94

 Neutrons thermiques ou lents: Ce sont les neutrons qui sont capables de réaliser la
fission ; leur vitesse doit être faible. L'énergie cinétique d'un neutron lent est inférieure à 0.1 eV.

5.2.2. Exemple : la fission de l’uranium 235


L'uranium peut subir plusieurs types de fissions.
235
92 U  01n  94
38Sr  Xe  2 01n  Q
140
54

235
92 U  01n  91
36Kr  142
56 Ba  3 01n  Q
235
92 U  01n  135
53 I  97
39Y  4 0 n  Q
1

Au cours d'une réaction de fission, deux, trois ou quatre neutrons sont émis et de l'énergie est
libérée. Ces neutrons peuvent à leur tour briser d'autres noyaux, qui donneront naissance à
d'autres neutrons qui briseront d'autres noyaux qui … entraîneront une réaction en chaîne qui peut
s'entretenir d'elle-même.
 Si aucune précaution n'est prise, cette multiplication alimente une réaction en chaîne
capable de provoquer la fission d'un nombre considérable de noyaux. L'énergie libérée, de l'ordre
de 200 MeV par fission, s'amplifie et la réaction devient explosive: c'est le principe de la bombe
atomique A où la réaction en chaîne n'est pas contrôlée.
 Si on ralentit les neutrons libérés par la fission, possédant une grande énergie cinétique, par
action de modérateur (barre de graphite, eau lourde) ou par absorption d'une partie par des barres
mobiles (cadmium, etc.), on peut contrôler la réaction de fission. Ainsi l'énergie est libérée assez
lentement pour être employée à des fins plus pacifiques: c'est le principe des réacteurs des
centrales nucléaires.

5.2.3. Aspect énergétique des réactions de fission


33

Considérions la réaction de fission suivante:


U  01n 
235
92
94
38 Sr  Xe  2 01n  Q
140
54

  2
Q = Energie libérée =   mi   m f   C  (mu  mn )  (mSr  mXe  2 mn ) C 2

 i f 
En reportant les valeurs numériques, on trouve que l'énergie libérée par la fission d'un
235
noyau de U est de l'ordre de 200 MeV.
92

Remarques:
1
 Dans 1 g d'uranium 235, il y a noyaux, ce qui libère environ 8.2x1010 j g-1, soit
235.12
l'équivalent de la combustion de 2.6 tonnes de charbon.
 Q = énergie libérée par la fission d'un noyau d'uranium; pour une mole ( noyaux), on aura
environ 2x1013 joule mol-1 : cette valeur est considérable comparée aux valeurs des énergies
libérées au cours des réactions chimiques, de l'ordre de 106 joule mol-1.

5.3. La fusion nucléaire


5.3.1. Définition
La fusion nucléaire est une réaction au cours de laquelle deux noyaux légers s'unissent
pour former un noyau plus lourd. De tels noyaux sont dits fusibles: leur nombre de masse
n'excède pas 10.

5.3.2. Exemples de réactions de fusion


2
1 H  13H  4
2 He  01n  réaction de la bombe atomique H
2
H  12H  4
He

1 2
réactions solaires
6
3 Li  H 2
1  2 24He

 Les réactions de fusion ont lieu entre des noyaux chargés positivement. Elles ne se
produisent que si la répulsion électrostatique entre ces noyaux est vaincue, ce qui suppose que le
milieu soit porté une température très élevée (de l'ordre de 107 ou 108 K). Voilà pourquoi l'ont dit
de la fusion qu'elle est une réaction thermonucléaire. De telles réactions thermonucléaires sont à
l'œuvre dans le soleil et dans les étoiles.
34

 Le soleil est en effet un réacteur thermonucléaire. Au centre du soleil la température


dépassant les 100 millions de degré, l'énergie cinétique des noyaux d'hydrogène est suffisante
pour qu'ils fusionnent: 4 11H  4
2He  2 10e  2 00  Q

Chacune de ces réactions libère 28 MeV. En formant une mole d'hélium, 1000 Mw est
développée, alors que la puissance moyenne d'un réacteur nucléaire de centrale (réacteur de
fission) est de 3000 Mw.

5.3.3. Aspect énergétique des réactions de fusion


La fusion de deux noyaux en un noyau unique va donc s'accompagner d'une réduction de
masse, donc il y aura libération d'énergie considérable. Prenons l'exemple de la bombe H:
2
1 H  13H  He  01n  Q
4
2 Q  (mD  mT  mHe  mn )  c 2
Q = (2.01400 + 3.01605 - 1.00966 - 4.00260) x 9 1016 = 17.75 MeV par noyau d'hélium formé,
soit environ 8.4x1011 joule par gramme d'hydrogène.

5.4. Conclusion
Nous savons que la combustion de 1 g de charbon donne: Qcomb  3.4  104 j g 1 . Nous avons vu

que la fission de 1 g d'uranium 235 dégageait: Q fis  8.2 1010 j g 1 , tandis que la fusion de 1 g

d'hydrogène donne environ: Q fus  8.4 1011 j g 1 .

A même masse consommée, la fusion libère plus d'énergie, d'où l'intérêt énergétique évident
des réactions nucléaires, en particulier celles de fusion.

6. UNE CASCADE D’APPLICATIONS DE LA RADIOACTIVITE


Les radioéléments sont utilisés dans de nombreux domaines.

6.1. Remontée dans le temps : la datation


Les éléments radioactifs sont de véritables chronomètres permettant, d'une certaine façon
de remonter le temps. Les méthodes de datation sont aujourd'hui fondées sur la décroissance
progressive de la radioactivité contenu dans les vestiges que l'on souhaite dater.
35

6.1.1. La datation au Carbone 14


 Principe de la méthode: Grâce au carbone 14, on peut remonter jusqu'à des dizaines de
milliers d'années dans le passé. Le carbone entrant dans la composition de la molécule
constitutive du gaz carbonique, présent dans l'atmosphère, est très répandu dans notre
environnement. Ce carbone est constitué principalement de carbone 12, qui est stable, et d'une
très faible proportion de carbone 14 qui est radioactif (T = 5730 ans). Le carbone 14 est produit
en permanence dans l'azote de l'air par le rayonnement cosmique. Les divers échanges
(respiration, photosynthèse, alimentation) qui se produisent entre l'atmosphère et le monde vivant
ont pour effet d'équilibrer le rapport entre la quantité de carbone 14 et celle de carbone 12. Mais
dès qu'un organisme meurt, le carbone 14 qu'il contient n'est plus renouvelé puisque les échanges
avec le monde extérieur cessent. Sa proportion se met alors peu à peu à diminuer. La mesure du
rapport 14C / 12C permet donc de connaître la date de la mort d'un organisme bien après que celle-
ci ait eu lieu. Moins il reste de carbone 14 dans un échantillon à dater, et plus sa mort est
ancienne.
 Résolution théorique et pratique:

Schéma II-7
36

Chez les êtres vivants comme chez les végétaux, la teneur en isotope 146C * est constante, par suite
14
de sa destruction inverse en 7 N . Un équilibre s'établit entre sa production et sa destruction.

Si N est le nombre d'atomes de 146C * radioactif.

dN
Chez les être encore en vie:  0 soit N (t )  cte
dt
A la mort, c'est à dire à l'ouverture du cycle au niveau :
dN
  N  N (t )  N0e t ou A(t )  A0e t
dt
T A
D'où la date de la mort sera: t  ln 0
ln 2 A(t )

 T est la période du 146C * ;


 A0 est l'activité au moment de la mort, (temps t = 0), équivaut à l'activité d'un
échantillon de bois fraîchement abattu;
 A(t) est l'activité mesuré au temps présent (t ), sur le vestige à dater.
La méthode au carbone 14 permet de dater les pièces archéologiques vieilles de 40 000 ans. Pour
les dates plus anciennes, on utilise la méthode du plomb (Tableau II-4).

6.1.2. La datation au Plomb 206 / Uranium 238


 Principe de la méthode: Le produit de désintégration ultime de l'uranium 238 (T = 4.5x109 ans)
est le plomb 206 stable. Il est donc possible de déterminer l'âge des roches anciennes par la
206 238
mesure du rapport Pb / U, à condition de connaître la quantité de plomb à l'origine
(généralement, supposée nulle). Plus il y a de plomb dans le minerais, plus la roche est vieille.
 Résolution théorique et pratique:
238
U
92  Pb  8 24He  6 10e
206
82

Si à l'origine la roche contenait N0 atome de 238


92 U , au bout du temps t, il y en aura N0e t , tandis

qu'il y aura apparition de N0  N0et atomes de 206


Pb . Les proportions des deux éléments en
82

N P N0 (1  e t )
nombre d'atomes sera:   t
 et  1
NU N 0e

Or mP 
NP

N
M P et mU  U M U


mP M P N P M P t
  
mU MU NU MU
e 1  
37

 m M  T  m M 
D'où et  1  P  U   t  ln 1  P  U 
 mU M P  ln 2  mU M P 

mP
T est la période de U (T= 4.5x109 ans). La mesure du rapport
238
92 permet de connaître
mU
l'âge t de la roche.
D'autres couples d'isotopes tels le rubidium 87 (T = 48.9x109 ans)/strontium 87 (stable)
ont été utilisé à cette même fin. L'âge de la terre a ainsi été estimée à environ 4.55x109 ans.

6.1.3. Tableau général des méthodes de datation


Les limites d'utilisation de chaque méthode de datation dans le temps sont données en
milliards d'années (Ga) ou en millions d'années (Ma).
Les méthodes les plus fiables et les plus utilisées pour reconstituer l'histoire de la terre
sont en caractère gras.

Tableau II-4: Vue générale des méthodes de datation.


Roches Roches Roches Roches Restes Objets
Méthode de extra- volcaniques plutoniques et sédimentaires organiques manufacturés
datation terrestres Laves métamorphiques
Météorites Granite - gneiss
Uranium - Plomb Milliards Zircon Zircon âge des
U - Pb (Ga) d'années - 10 Ma - Ga sources - -
Plomb 206 - Plomb 207 Milliards 100 Ma - Ga
Pb - Pb d'années - - - -
Uranium - Thorium Isochrone Carbonates Ossements
U - Th - 0-400 000 ans - 0-400 000 ans 0-400 000 ans -
Potassium - Argon Milliards 0 - Ga 10 Ma - 100 Ma Niveaux
K - Ar d'années volcaniques - -
Argon 39 - Argon 40 Milliards 0 - Ga 10 Ma - 100 Ma Niveaux
Ar - Ar d'années volcaniques - -
Rubidium - Strontium Milliards 10 Ma - Ga 10 Ma - Ga Diagenèse
Rb - Sr d'années 100 Ma - Ga - -
Samarium - Néodyme Milliards 100 Ma - Ga 100 Ma - Ga Diagenèse
Sm - Nd d'années 100 Ma - Ga - -
Indirect Débris végétaux, Tous restes Matériaux
Carbone 14 - (végétaux) - carbonates organiques d'origine
50-50 000 ans 0-40 000 ans 0-40 000 ans organique
0-40 000 ans
Thermoluminescence Indirect OSL sur Chauffés
OSL (Luminescence - 50-50 000 ans - sédiments - Initialement
Induite par laser) éoliens 50-500 000
50-500 000 ans ans
38

6.2. Energie nucléaire domestique


6.2.1. Applications de la fission de l’uranium
 Fission contrôlée: le réacteur nucléaire d'une centrale: Dans une centrale électrique, le
réacteur nucléaire, siège de la réaction de fission est le centre de production d'une très grande
énergie servant à fabriquer de la vapeur d'eau. Cette dernière permet la mise en mouvement de la
turbine. Le réacteur remplace donc la chaudière d'une centrale thermique traditionnelle. L'énergie
libérée dans le réacteur doit être contrôlée. Soit k le nombre moyen de neutrons libérés.
 Si k<1, le nombre de neutrons tend vite vers zéro, la réaction s'arrête assez vite: c'est le régime
sous-critique.
 Si k=1, la réaction est auto entretenue, l'énergie libérée est constante: c'est le régime normal de
fonctionnement appelé régime critique.
Pour que k reste égal ou >1, il faut que le nombre de neutrons qui s'échappent soit petit devant
celui libéré. Cela correspond à une masse minimale de nucléide fissile permettant le démarrage
de la réaction en chaîne. Cette masse s'appelle la masse critique. Elle est égale à 15 kg pour
l'uranium, à 5 kg pour le plutonium.
 Si k>1, le nombre de neutrons croît, l'énergie dégagée augmente, la réaction peut devenir
explosive: c'est le régime sur-critique.
Le fonctionnement normal de la centrale (k=1) nécessite l'absorption et leur
ralentissement: l'absorption est faite grâce à des barres de contrôle en bore ou cadmium que l'on
place ou enlève du réacteur selon les moments; la modération des neutrons est faite par des barres
de graphite ou de l'eau lourde.
 La bombe A: Le premier neutron qui amorce la réaction en chaîne, d'où vient-il ?. Il se
crée dans la masse critique par le rayonnement  de l'uranium.
Dans une bombe A, il existe deux masses critiques au moins, éloignées l'une de l'autre. Si
on réunit brusquement ces deux masses, la masse totale étant supérieure à la masse critique, la
réaction en chaîne démarre en régime sur-critique. L'énergie est libérée en quelques
microsecondes. Pour la bombe d'Hiroshima, l'énergie libérée était équivalente à vingt mille tonne
de TNT. Elle apparaît sous plusieurs formes:
 Ondes mécaniques de chocs (destruction);
 Energie thermique (température élevée);
 Energie rayonnante (l'irradiation des personnes, ayant des effets immédiats ou retardés).
39

6.2.2. Applications de la fusion


 La bombe H: La première application de cette grande libération d'énergie est tout à fait
négative: la bombe H. Pour réaliser la fusion de deux noyaux positifs, qui par conséquent se
repoussent par interaction électrostatique, il faut augmenter leur énergie cinétique (de l'ordre de
0.1 Mev) afin de rendre le choc possible. Il faut donc élever fortement la température (de l'ordre
de 108 K). Dans une bombe H, la température élevée nécessaire à la fusion est obtenue par
l'explosion d'une première bombe de type A, (bombe à fission).
 Problèmes liés à la réalisation pratique d'une fusion contrôlée: L'intérêt énergétique de
cette réaction est évident:
 Finis les problèmes de coût du baril de pétrole et d'épuisement des gisements;
 Finis aussi les problèmes des déchets radioactifs liés à la fission car la fusion libère des
noyaux stables.
Mais la réalisation pratique est encore difficile sinon impossible au niveau industriel. Pour
réaliser la fusion, nous avons vu qu'il fallait atteindre des températures très élevées. Cela entraîne
une ionisation totale de la matière: le plasma. Aucun récipient matériel ne peut contenir ce
plasma. On dit qu'il faut le confiner. C'est là que se pose le problème. Au laboratoire, on
expérimente deux confinements:
 Le confinement magnétique: le plasma est maintenu à l'intérieur d'un réacteur grâce à
l'action de champs magnétiques très intenses;
 La fusion par laser: le flux d'un laser très puissant permet de réaliser la fusion par
compression et échauffement.

6.3. En biologie et médecine


L'utilisation des radio-isotopes s'est révélée particulièrement féconde dans la diagnose et
le traitement des maladies, elle fournit de précieux renseignements sur les mécanismes des
réactions biologiques.
 Traitement du cancer par irradiation;
 Traitement du goitre exophtalmique;
 Traitement d'érythrémie par le phosphore 32;
 Localisation des tumeurs à l'aide de traceurs radioactifs (Arsenic74);
40

 Mesure du volume sanguin par dilution isotopique;


 Etude de la synthèse de la thyroxine dans la thyroïde par marquage à l'iode 131;
 Etude du métabolisme de la plupart des éléments (Na, K, Ca, P, Fe, etc.).

6.4. Autres applications (chimie, agrochimie, astrophysique, etc.)


a)- En Chimie
 Dosages des traces par activation;
 Mécanismes des réactions complexes, par marquage isotopique.
b)- En Agrochimie
 Augmenter la variabilité des espèces végétales cultivées par mutation sous rayons ;
 L'éradication des insectes parasites par radio-stérilisation;
 Ionisations des denrées alimentaires afin d'accroître la durée de conservation.
c)- En Astrophysique
 Détection des supernova radioactives;
 Production d'aluminium 26 par les étoiles: émission du disque galactique;
 Nucléosynthèse non thermique.

7. METHODES DE MESURE ET DANGERS DE LA RADIOACTIVITE


L'homme est irradié en permanence par les rayonnements ionisants provenant de rayons
cosmiques, de la radioactivité naturelle des roches, de l'atmosphère, des matériaux qu'il utilise, de
la radioactivité interne due aux radioéléments qui se trouvent dans son organisme, des rayons X
dus aux examens radiographiques et radioscopiques qu'il fait effectuer, et éventuellement, par les
retombées radioactives des explosions atomiques dans l'atmosphère (interdites principe), ainsi
que par les soins cliniques de radiothérapie qu'il doit entreprendre pour cause de maladie.
Compte tenu de ce que la dose reçue due à l'irradiation naturelle peut être dangereuse, les
moyens de détection et de mesure en vue de la protection des travailleurs et de la population
contre les rayonnements ionisants ont été mis au point.

7.1. Détection
Les moyens de détection utilisent souvent l'ionisation créée par l'émission radioactive.
41

a)- La chambre d'ionisation


On place un électroscope dans une
rayonnement chambre à air. Tout rayonnement radioactif

e traversant cette chambre y crée, par


 
 arrachement d'électrons des ions positifs.
           air
 Ces électrons émis déchargent alors

 progressivement l'électroscope. C'est le
 principe utilisé dans les badges ou stylos

dosimètres que l'ont porte sur soi.
Schéma II-8

b)- La chambre de Wilson


C'est une chambre humide dite saturée, c'est à dire contenant de la vapeur d'eau prête à se
condenser. La condensation de gouttelettes d'eau sur le trajet du rayonnement radioactif permet
de matérialiser celui-ci et de le photographier.
c)- La chambre à bulles
C'est une chambre contenant un liquide un peu en dessous de son point d'ébullition dont,
le passage du rayonnement provoque une ébullition locale. La trajectoire est donc matérialisée
par des bulles de gaz et photographiée.
d)- Le compteur de Geiger-Müller

On établit une tension de 1000 volts entre le


rayonnement
C fil métallique F et le cylindre métallique. Le
F
air rayonnement ionise l'air: il y a création d'un
courant très bref passant dans la résistance
R A R, amplifié par A et envoyé soit sur un haut-
V
parleur, soit sur un compteur d'impulsions
électriques.

Schéma II-9
42

f)- Le compteur à scintillateur


Le polystyrène possède la propriété d'émettre des photons quand il est soumis à la
radioactivité. Les photons sont reçus par un photomultiplicateur relié à un compteur.

7.2. Effet sur l’homme


On évalue la quantité de rayonnement reçue de deux façons:
a)- La dose énergétique reçue par unité de masse: le Gray.
1Gray = 1Gy = 1joule Kg-1.
La dose létale pour l'homme est:
 Pour les rayons  ou des électrons: dose  10 Gy.
 Pour les neutrons (10 MeV): dose  1Gy.
b)- L'équivalent de dose: C'est la dose énergétique reçue multipliée par un facteur de qualité Q
dépendant du type de particule: Q = 10 pour les particules , et 1 pour les rayonnements  et .
L'unité de l'équivalent de dose est le Siévert (Sv).

Quand une particule nucléaire rapide (neutrons par exemples) traverse la matière vivante
qui contient une grande proportion d'atomes d'hydrogène et des liaisons hydrogène importantes,
elle perd son énergie par chocs contre les atomes d'hydrogène, en produisant des ions de recul
qui, étant chargés, peuvent exciter et ioniser les atomes de la matière vivante traversée. Outre
l'ionisation produite, l'émission même d'un proton de recul correspond à la brisure d'une liaison
chimique. De plus les neutrons une fois ralentis, sont capturés par les protons pour former un
noyau de deutérium en émettant un rayonnement  d'environ 2.2 MeV. Quoi qu'il arrive, les
particules nucléaires produisent des dégâts importants dans la matière vivante à la fois par des
chocs primaires et par des chocs secondaires.
L'ionisation est donc le point de départ de l'action sur les tissus (effets nocifs sur l'ADN,
les enzymes). L'altération des cellules peut entraîner leur incapacité à se reproduire. Les effets
peuvent être immédiats (brûlures, perforation des intestins, cataracte, stérilité, etc.) ou tardifs
(cancers, leucémies, etc.).
Utilisé à bon escient, le rôle destructeur de ces radiations peut être bénéfique
(désinfection, stérilisation, destruction sélective de certaines cellules cancéreuses, etc.).
43

C/- CONCLUSION

Les propriétés physiques des noyaux et leur potentiel énorme à la production d’énergie
nucléaire pour les applications civiles et/ou militaires viennent d’être décrites. Pour de
nombreuses personnes, les phénomènes nucléaires sont incompréhensibles, voire trop dangereux,
et c’est une des raisons fondamentales de leur méfiance. L’énergie nucléaire est-elle nécessaire et
son risque acceptable ?
En attendant de pouvoir répondre à ces interrogations, il ya lieu de poursuivre notre
exploration de la matière en nous intéressant dans le chapitre suivant à l’organisation électronique
des atomes.
Chapitre III

THEORIE CLASSIQUE DE L'ATOME

CONTENU DU CHAPITRE
A/- RESULTATS EXPERIMENTAUX SUR LES SPECTRES ATOMIQUES
1. Introduction
2. Spectres d'émission de l'atome d'hydrogène
3. conclusion
B/- THEORIES PLANETAIRES DE L'ATOME.
1. Théorie de E. Rutherford (1911)
2. Théorie de N. Bohr (1913)
3. Extension du modèle de Bohr aux atomes hydrogénoïdes
4. Entraînement du noyau
5. Energie d'excitation, énergie d'ionisation
6. Extension du modèle de Bohr aux atomes polyélectroniques
7. Les insuffisances du modèle de Bohr

OBJECTIF DU CHAPITRE
Après l'étude de ce Chapitre, vous serez capable:
1°)- D'interpréter un spectre de raie;
2°)- D'étudier le spectre d'émission de l'atome d'hydrogène;
3°)- De déterminer les spectres d'émission d'un ion hydrogénoïde;
4°)- De relier les transitions observées à deux nombres quantiques principaux.
2

A/- RESULTATS EXPERIMENTAUX SUR LES SPECTRES


ATOMIQUES
1. INTRODUCTION
La formation d'électrons libres lors de l'ionisation de la matière à l'état gazeux sous
l'action d'un arc électrique est une preuve formelle de l'existence d'un nuage électronique autour
du noyau de l'atome. On peut ainsi exciter les électrons d'un atome sans les arracher à l'attraction
coulombienne du noyau: on obtient ainsi des spectres d'émission dont on détermine les longueurs
d'onde par des dispositifs dispersifs appropriés (prisme ou réseau). Nous allons dans le
paragraphe suivant étudier le spectre de l'atome le plus simple: l'hydrogène.

2. SPECTRES D'EMISSION DE L'ATOME D'HYDROGENE


2.1. Son obtention
Les spectres sont obtenus grâce à des spectrographes. Ce sont des prismes qui dispersent
la lumière qu'ils reçoivent. Ces lumières impressionnent ensuite une plaque photographique. La
mesure des longueurs d'ondes des radiations correspondant à chaque raie est possible grâce à un
spectrographe étalonnée.
La lumière analysée est elle-même obtenue au moyen du tube de Gessler: du dihydrogène
H2 (g) sous faible pression, PH 2  103 bar , contenu dans un tube de verre, muni de deux

électrodes reliées à une très haute tension, est soumis à un fort champ électrique. Le tube émet
alors de la lumière qui est dirigé vers un prisme ou réseau (Fig. II-1).

2.2. Analyse du spectre


Il s'agit d'un spectre de raies comportant dans le domaine visible quatre radiations et un
grand nombre d'autres radiations dans les domaines de l'ultra violet (UV) et de l'infra rouge (IR).
Dès 1865 J. Balmer avait remarqué que les nombres d'ondes  des quatre radiations dans
le visible satisfaisaient à la relation suivante:
1 1 1
   RH  2  2  , avec n = 3, 4, 5 et 6 (Formule empirique de J. Balmer).
 2 n 
 : nombre d'onde en cm-1;
RH: constante de Rydberg, relative à l'hydrogène, (RH = 10967776 m-1).
3

Fig. II-1 : Le schéma de principe d'un appareillage de mesure du spectre d'émission de l'atome d'hydrogène dans le
visible. Les raies d'émission sont repérées par des traits verticaux sur un film photographique.

Une étude plus complète du spectre de raies dans les domaines UV et IR montre
l'existence de plusieurs séries convergeant chacune vers une valeur commune. Les nombres
d'ondes de toutes les raies du spectre sont reliés par la relation de Ritz suivante:
1  1 1
   RH  2  2  avec m < n m, n  ℕ*.
 m n 

La valeur m =1 donne naissance à la série de Lyman; m=2, série de Balmer; m =3, série de
Paschen; etc.

3. CONCLUSION
L'obtention d'un spectre de raies correspondant à quelques énergies bien définies, au lieu
du spectre continu montre que l'atome d'hydrogène excité ne prend que des valeurs discrètes
d'énergie: l'énergie d'un atome est donc quantifiée.

B/- THEORIES PLANETAIRES DE L'ATOME


Dans le but d'interpréter l'ensemble des raies expérimentales du spectre de l'hydrogène, deux
théories ont été proposées: D'abord celle de E. Rutherford (1911) puis de N. Bohr (1913).
4

1. THEORIE DE E. RUTHERFORD (1911)


 
p  mv
 Le modèle de l'atome d'hydrogène
f
 proposé par Rutherford est le suivant: un
 F
u (m,  e)
r électron de masse m et de charge -e tourne
M d'un mouvement uniforme suivant une orbite
circulaire de rayon r autour d'un noyau M (le
proton) pratiquement fixe car relativement
Schéma II-1 lourd (schéma II-1).


L'électron est donc soumis à la force d'attraction coulombienne F exercée par le noyau et

à la force centrifuge f , de sens opposé et de même intensité.
 e2   mv2 
F  u et f  u
4 0 r 2
r

L'énergie totale de liaison de l'électron au noyau est: E  T U


T : énergie cinétique, T  12 mv 2

U : énergie potentiel, qui dérive d'une force, correspond au travail de la force de coulomb
lors du déplacement de l'électron de r à l'infini.
  dU
F   gradU  F (r )    F (r )dr  dU
dr

  e2 e2  dr  e2  e2
U (r )    F (r )dr   
4 0 r r 2  4 0 r  r
dr        
r r 4 0 r 2 4 0 r

e2
Soit U (r )  
4 0 r
D'autre part, en appliquant la relation fondamentale de la dynamique au mouvement circulaire de
    
l'électron, on aura: F  m , ce qui revient à écrire que F  f  0 .

e2 mv2 e2
Soit   mv2 
4 0r 2 r 4 0r
5

e2
d'où T (r ) 
24 0 r
Et donc E(r )  T (r )  U (r ) entraîne:

e2
E (r )  
24 0 r

Il apparaît ainsi donc que l'énergie est une fonction continue de r. De ce fait, le modèle planétaire
proposé par Rutherford est en contradiction avec l'expérience. En effet:

Ce modèle laisse prévoir L'expérience montre que


1°)- Un rayonnement spontané: Selon la théorie
classique, un électron en mouvement dans un 1°)- L'atome d'hydrogène dans son état non
champ électromagnétique engendre une onde excité ne rayonne pas.
électromagnétique et donc rayonne de l'énergie.
2°)- Un atome instable: Lorsque l'atome rayonne,
son énergie diminue, ce qui entraîne une 2°)- L'atome d'hydrogène est stable.
diminution de r et finalement la chute de l'électron
sur le noyau.
3°)- Un rayonnement continu: La variation 3°)- Le spectre d'émission de l'atome
continue de r entraîne une diminution d'énergie et d'hydrogène est un spectre de raies.
un rayonnement continu.

2. THÉORIE DE N. BOHR (1913)


En s'inspirant de l'étude du spectre d'émission de l'hydrogène, Bohr proposa une théorie
qui concilie les dernières constatations expérimentales et le modèle planétaire de E. Rutherford.
Bohr conserva à l'électron son mouvement de rotation circulaire autour du noyau, comme
l'avait proposé Rutherford. Pour expliquer la discontinuité du spectre d'émission, il émet deux
hypothèses connus sous le nom de postulats de Bohr.
6

1er postulat:  L'électron occupe des orbites privilégiées sur les quelles il ne rayonne
pas d'énergie  Autrement dit, il n'y a que certaines valeurs qui sont permises pour le rayon.
Chaque orbite va avoir une énergie bien définie: elle est quantifiée. Pour Bohr tant que l'électron
est sur une orbite privilégiée, il ne peut émettre ou absorber de l'énergie. Son état énergétique est
stationnaire.
2e postulat:  Toute variation d'énergie de l'atome s'effectue par saut de l'électron
d'une orbite permise à une autre. La différence d'énergie entre les deux niveaux correspond à
l'émission ou l'absorption d'un quantum ou photon .

D'autres part, les orbites privilégiées sont


sélectionnées par la condition mathématique

imposée au moment cinétique orbital L de
l'électron.
   h
L  r  p  n (  n  * )
2
h : est la constante de Planck
Schéma II-2
( h  6.62  10 34 Js ).

Cette relation traduit le fait que la norme du moment cinétique orbital de l'électron est
quantifiée. Ce résultat permet la détermination des rayons des orbites possibles de l'électron et
leurs énergies correspondants.
 e2 mv2
  a  e2 me2 me2
 4 0 r
2
r a  
1
  
r 4 0 mv2 r 2 4 0 m2v 2 r 2 4 0 L2
 L  mvr  n b 
1 me2 4 0 2 2
Soit  d'où rn  n
r 4 0 n 2 2 me2

Si n =1, r1 =a0 appelé rayon de Bohr de l'atome d'hydrogène.

a0 
4 0 2

 6.62608  1034 / 2 
2
o
 5.284  1011  0.528 A
me2 
9  109  9.1094  1031  1.60218  1019 
2
7

Energie E n permise:

e2 me4 1
E (r )   soit En   
24 0 r 24 0  
2 2
n2

me4
Si n =1, E1 = -E0 avec E0 
24 0   2
2

E0 
  
9.1094  1031  1.60218  1019  9  109
4
2

 2.186  1018 joule soit E0  13.60 eV



2  1.0545733  10 
 34 2

Pour rn et E n on peut désormais écrire les formules suivantes.

rn  a0 n 2 E0
En  
o n2
a0  0.53 A E0  13.60 eV
n est appelé nombre quantique principal.
Ce modèle de Bohr a connu un grand succès. Il a permis, grâce à ses hypothèses, d'interpréter
l'ensemble des raies du spectre de l'hydrogène (Fig. II-2).

Fig. II-2: Modèles atomiques de E. Rutherford et de N. Bohr.

2.1. Spectres électroniques


8

L'atome est formé d'un noyau chargé positivement et d'un nuage d'électrons chargé
négativement. Il y a interaction entre les particules: le système formé possède une énergie initiale
Ei. Si à la suite d'un apport extérieur (après capture d'un photon par exemple) l'énergie de l'atome
augmente, on dit que l'atome se trouve dans un état excité, car l'un des électrons périphériques
passera du niveau initial (fondamental) n =1 vers des niveaux supérieurs (excités) n >1. L'atome
aura alors absorbé la radiation incidente de fréquence a et l'ensemble des longueurs d'onde
correspondant aux différents états excités est appelé spectre d'absorption (Fig.II-3).
Etant donné que l'état excité est un état instable, c'est à dire que sa durée d'existence est
très brève: l'atome excité revient à l'état stable d'énergie la plus basse (état fondamental). La
majeure partie de l énergie reçue au cours de l'excitation sera réémise sous forme de radiation de
fréquence e , (e<a): l'ensemble des longueurs d'onde correspondant aux différentes émissions
est appelé spectre d'émission (Fig. II-3).

Fig. II-3: Spectres électroniques d'absorption et d'émission de l'atome d'hydrogène.

2.2. Transitions électroniques et séries


Nous savons que d'après le second postulat de Bohr, le saut de l'électron d'une orbite
externe p vers une orbite profonde n s'accompagne d'une diminution d'énergie. La raie spectrale
observée est une transition électronique entre les deux niveaux d'énergie, soit:
9

E p  En  E  h

On peut donc écrire que:

E0 E0 1 1 
h   2
 2  E0  2  2  pn
p n n p 

c 1 E0  1 1  1 1 
Si   alors   2  2   RH  2  2 
  hc  n p  n p 

On retrouve la formule de Ritz qui est en fait une généralisation de la formule de Balmer.
1
 est le nombre d'onde (m-1).

RH est la constante de Rydberg de l'hydrogène, la valeur calculée est:
E0 me4 me4
R Hcal     10973776 m1
hc 4 4 0   c 8 0 h c
2 3 2 3

RHca (10973776.m-1) est peu différente de la valeur expérimentale RH exp (10967776 m-1). L'écart

entre ces deux valeurs indique que le calcul théorique est approximatif. On peut l'affiner (voir
paragraphe 4. suivant) en tenant compte du mouvement du noyau qui est supposé être fixe dans la
théorie de Bohr.
Pour un électron venant de l'infini (p >>1), si l'orbite d'arrivée est: n =1, on a la série de
Lyman; n=2 (série de Balmer); n=3 (série de Paschen); n=4 (série de Bracket); n=5 (série de
Pfund); n=6 (série de Humphreys). Dans chaque série:
 La première raie (transition entre les niveaux n et n+1) sera donnée par:

1 1  n 2 n  1
2
1
 RH  2  
2 
car p =n+1 soit p 
p  n (n  1)  RH 2n  1

 La raie limite (transition entre les niveaux n et nim   car très grand) est donnée par:

1 1  n2
 RH  2  0  car p est très grand   soit  
 n  RH

On obtient donc le résumé suivant.


Séries n  (nm)  p (nm) Domaine spectral

Lyman 1 91.2 121.6 Ultra violet (UV)


Balmer 2 364.7 656.3 Visible (Vis)
10

Paschen 3 820.6 1875.1 Infra rouge (IR)


Bracket 4 1458.8 4052.0 IR lointain
Pfund 5 2279.4 7457.8 Micro onde
Humphreys 6 3281.4 12368.0 Onde radio

Une série est l’ensemble de raies qui correspondent au retour sur un même niveau n .

Fig. II-4: Transitions et séries du spectre d'émission de l'atome d'hydrogène.

Les séries sont de plus en plus étalées et on observe un chevauchement dès n  4 . On finit donc pour n élevé par
obtenir un spectre quasi continu. Pour certains atomes émettant dans le visible, on pourra donc obtenir une lumière pratiquement
blanche d’où l’utilisation pour l’éclairage au néon.

Remarques:
a)- Les spectres correspondants à ces 6 séries sont plus ou moins étalés en longueur
d'onde, leurs étalements dans ces séries sont sensiblement entre eux comme les nombres 1, 10,
35, 85, 171, 300, etc.
b)- Dans les ampoules on ne peut avoir plus de 10 séries, car on sait que rn  a0 n2 . Si n
o
=15 >10, alors r15  120 A . L'électron optique est trop loin du noyau, donc stable, ce qui fait qu'il
11

sera difficile d'observer expérimentalement le spectre d'émission d'un tel électron: les transitions
deviennent peu probables. On aboutit donc à un phénomène d'extinction des raies, lorsque n
devient trop grand.

3. EXTENSION DU MODELE DE BOHR AUX ATOMES HYDROGENOÏDES


Un atome hydrogénoïdes est un ion ne possédant qu'un électron qui gravite autour du
noyau de charge Ze, avec Z supérieur à 1, tels que: 2 He , 3 Li 2  , 4 Be 3 , 5 B 4  , 6 C 5 , 7 N 6  ,

8 O7  , 9 F 8 , 10 Ne9  , ….. Z X (Z 1)  .


Les expressions de rn et En sont fonction de Z.
 Ze2
 E 
1 2
mv  1 1 Ze2 mZe2 mZe2
 2 4 0 r     a 
r 4 0 r 2 mv2 4 0 L2 4 0 n 2 2
 L  mvr  n 2 3  

 Ze2
 Ze  mv
2 2
mv2  b 
 4 r 2 3  4 0 r
 0 r

4 0 2 n 2 n2
a   rn    rn  a0
me2 Z Z
me4
Z2 Z2
b, 1, a   En     En   E0 2
24 0   2 n 2
2
n

Ces ions excités fournissent des spectres d'émission comportant un certain nombre de raies. Les
longueurs d'onde des transitions observées satisfont à une relation générale du type:
c Z2 Z2 1 1 
E p  En  h   E0  E  E0 Z 2  2  2  pn
 2 0 2
p n n p 

1 E0 2  1 1  1 1  1 1 
d'où  Z  2  2   RH Z 2  2  2   RX  2  2 
 hc  n p  n p  n p 

RX = constante de Rydberg de l'ion hydrogénoïde Z X (Z 1) 

On a donc RX  Z 2 RH soit En ( X )  Z 2 En ( H )

4. ENTRAINEMENT DU NOYAU
12

Nous avons vu que la différence entre RHca et RH exp est due à l'approximation fait sur le

noyau, supposé fixe par Bohr.


Si on considère que le noyau n'est plus fixe, seul le centre de masse G (ou centre de gravité)
du système noyau-électron reste fixe. Par rapport à un repère lié au centre de gravité G, électron
et noyau décrivent des trajectoires circulaires couplées autour de G (schéma II-3); en effet:

N: noyau ; E : électron;
E M: masse du noyau; m: masse de l'électron;
 : masse réduite du système noyau-électron;
r  r1  r2 : distance noyau-électron ;
N E
G 1 1 1 mM
     .
N  m M mM
r2
G: centre de masse du système; c'est le point
r1
  
tel que m r2  M r1  0 ou

Schéma II-3 ( m  GE  M  GN  0 ).


 L'électron décrit une orbite circulaire de rayon r2  r.
m

 Le noyau décrit un cercle de rayon r1  r avec la même vitesse angulaire .
M
 Par rapport au noyau, l'électron décrit alors un cercle de rayon r  r1  r2  cte , à la même

vitesse angulaire  (schéma II-3).

La correction due au mouvement du noyau se fait en introduisant la masse réduite .. On


établit de nouvelles expressions de rn et E n en remplaçant m par  : Soit:

 e4 Z2 4 0 2 n 2  e4
En    ; rn   et RH 
24 0   2 n e2 8 0 h3c
2 2
Z

mM m 1
 ; on sait que M  1840 m    103 donc m  M
mM M 1840
13

m  m me4 Z2  m
  m  1   et donc En    2 
1 
 M 24 0   n  M 
2 2
m
1
M
Z2  m
E n Z , M    E0 2 
1 
n  M

 m
Remarque: Le terme 1   est le terme correctif. Donc négliger l'entraînement du noyau
 M
revient à considérer que la masse du noyau est infinie. On en déduit l'écriture suivante:

 m
E Z , M   En Z ,    1  
 M
énergie énergie non terme
corrgée corrigée correctif

4 0 2 n 2 4 0 2 n 2  m n2  m
De même: rn      1   soit rn Z , M   a0  1  
e 2
Z me 2
Z  M Z  M

 m
rn Z , M   rn Z ,    1  
 M
rayon rayon non terme
corrigé corrigé correctif

 e4 m e4  m
Et de même: RH  2 3  2 3  1  
8 0 h c 8 0 h c  M 

 m
RH  R  1  
 M
Rcorrigé Rnon terme correctf
corrigé
14

 1  1
D'où numériquement, on trouve: RHcor  10973776  1    10967812 m très proche de la
 1840 
valeur expérimentale.
Remarque:
M: masse du noyau; m: masse de l'électron; mp: masse du proton.
Pour un isotope A
Z X de nombre de masse A, la masse du noyau M  A mp d'où:

mM  m   1 
  m1   m1  
mM  Am p   1840 A 

5. ENERGIE D'EXCITATION, ENERGIE D'IONISATION


5.1. Energie d'excitation
C'est la quantité d'énergie absorbée par l'atome (à l'état fondamental) lorsque l'électron passe de
l'orbite n vers une orbite m plus extérieur, m > n.
E0 2 E0 2 1 1  1 1 
Em  En   Z  2 Z  E0 Z 2  2  2  soit Eex  E0 Z 2  2  2  m  n
n m  n m 
2
m n

Z  1  1 
Cas de 11H   Eex  E0 1  2 
n  1  m 
1ère énergie d'excitation Eex1  E2  E1  13.6  1  14   10.2 eV

2ème énergie d'excitation Eex 2  E3  E1  13.6  1  19   12.09 eV

3ème énergie d'excitation Eex3  E4  E1  13.6  1  161   12.75 eV ; etc.

5.2. Energie d'ionisation


C'est l'énergie qu'il faut fournir à l'atome dans son état fondamental pour lui arracher
son électron optique et le porter à 'infini. En effet, lorsque n tend vers l’infini, l’énergie de l’état
excité correspondant tend vers zéro : cette situation correspond à un électron qui n’est plus lié au
noyau , il ya ionisation de l’atome.
Z2 Z2
Ei  E  En  0  E0 soit Ei   E0
n2 n2
15

Z  1
Cas de 11H  Ei  13.60 eV
n  1

6. EXTENSION DU MODELE DE BOHR AUX ATOMES POLYELECTRONIQUES


La théorie simplifiée de Bohr peut être appliquée avec une certaine approximation à un
atome polyélectronique. Si l'électron responsable de l'émission du spectre optique est séparé du
noyau par des électrons de couches profondes, il existe un effet d'écran de la part de ces électrons
vis à vis de l'électron optique. La force d'attraction noyau-électron optique sera plus faible en
module:

F
Z   e2
4 0 r 2
 est la constante d'écran, elle dépend du nombre d'électrons situés entre le noyau et l'électron
optique. (Z   )  Z *  Z eff est appelé charge effective du noyau. Il vient donc que:

2 1 1 
 RH Z     2  2 
1
 pn
 n p 

Cette formule est analogue à celle établie expérimentalement par Moseley en 1913 et qui lie le
nombre d'onde  des raies X pour une anticathode formé d'un métal de numéro atomique Z:
  a  (Z  b) où a et b sont des constantes.
Toutefois, nous limitons l'exploration de l'étude des spectres d'émissions aux entités ne possédant
qu'un seul électron, car l'interprétation des spectres obtenus pour des espèces polyélectroniques
devient beaucoup plus difficile. C'est le cas par exemple de la lampe à vapeur de sodium qui émet
une intense lumière jaune contenant un doublet de longueurs d'onde à 589et 589.6 nm.

7. LES INSUFFISANCES DU MODELE DE BOHR


Bohr ne considère que les orbites circulaires définies par un nombre quantique n. Or lorsqu'on
place l'atome d'hydrogène dans un champ extérieur (électrique ou magnétique), on observe des
déplacements, ou même de nouvelles raies non prévisibles par la théorie de Bohr (effet Stark et
Zeeman). En 1917, Sommerfeld, interpréta ce nouveau phénomène en définissant pour chaque
valeur de n un ensemble d'orbites elliptiques; il introduisit ainsi, pour repérer l'état énergétique de
l'électron dans l'atome, les nombres quantiques supplémentaires l et m.
16

La théorie de Bohr, même complétée par celle de Sommerfeld, ne parvient pas à interpréter les
spectres des atomes lourds. Ce modèle est maintenant dépassé mais permet de retrouver par le
calcul certaines relations très utiles.

C/- CONCLUSION

Les modèles atomiques de Bohr et de Sommerfeld représentaient un pas en avant grâce aux

idées quantiques de Planck, mais étaient quand même insuffisantes pour expliquer la nature des liaisons

chimiques. Le défaut principal de ces modèles: ils considèrent les électrons comme des particules
classiques newtoniennes, lesquelles pouvaient être localisées très précisément dans l'espace et dans le

temps. La théorie quantique de l’atome sera ainsi donc élaborée pour palier les insuffisances du

modèle classique.

x,y,z
 r
y

x
1

Chapitre IV

THEORIE QUANTIQUE DE L'ATOME

CONTENU DU CHAPITRE
A/- IDEES DE BASE DE LA MECANIQUE QUANTIQUE
1. Introduction
2. Nature ondulatoire des particules (1924)
3. Le principe d'incertitude de Heisenberg (1927)
4. Notion de fonction d'onde d'une particule
5. L'équation de Schrödinger (1926)
B/- L'ATOME D'HYDROGENE ET LES IONS HYDROGENOÏDES EN MECANIQUE QUANTIQUE
1. Energie des états atomiques
2. Les nombres quantiques
3. Les orbitales atomiques (OA)
4. Probabilité de présence des électrons dans les différents OA
C/- CONCLUSION

OBJECTIF DU CHAPITRE
Après l'étude de ce Chapitre, vous serez capable:
1)- De comprendre la dualité expérimentale onde-corpuscule;
2)- De bien saisir la notion de fonction d'onde d'une particule;
3)- De préciser les différents OA des ions hydrogénoïdes en termes de nombre quantique n,  , m;
4)- D'étudier la probabilité de présence des électrons dans différents OA;
5)- De dessiner les parties angulaires des OA s, p et d;
6)- Enfin, de bien cerner la différence entre mécanique classique et mécanique quantique.
2

A/- IDEES DE BASE DE LA MECANIQUE QUANTIQUE


1. INTRODUCTION
Au début des années 1920, les concepts intuitifs du monde macroscopique se sont révélés
totalement erronés à l'échelle atomique. En effet on ne peut prévoir de manière univoque l'avenir
d'une particule élémentaire, comme on prévoit à coup sûr la trajectoire d'un caillou que l'on lance.
Le comportement de l'atome est incompréhensible dans le cadre de la mécanique classique.
De plus, l'étude des spectres d'émission réalisés en présence de champs magnétique ou électrique
intenses met en évidence l'apparition de transitions non explicables par l'interprétation de Bohr. Il
apparaît ainsi que la mécanique classique est inadaptée à l'étude du monde atomique. Sous
l'impulsion de Werner Heisenberg, Erwin Schrödinger et Louis de Broglie, on assiste à la naissance
d'une nouvelle mécanique dite quantique appropriée à l'étude du comportement des atomes et des
molécules.
Deux évolutions majeures vont donc contribuer à l'abandon de l'interprétation classique de
l'atome au profit de la nouvelle mécanique: ce sont la dualité expérimentale onde  corpuscule de
Planck , Einstein  de Broglie et le principe d'incertitude de W. Heisenberg.

2. NATURE ONDULATOIRE DES PARTICULES (1923)


La nature ondulatoire des particules fut découverte environ 20 ans après la nature corpusculaire
de la lumière.
En 1924, L. de Broglie étend à toutes les particules ce qu'on appelle aujourd'hui, la dualité onde

corpuscule: il est associé à toute particule de masse m , animée de la vitesse v , une onde
h
caractérisée par sa longueur d'onde  telle que:  
mv
La vérification expérimentale de cette relation a été effectuée en 1927 par Davisson et Germer
lors de l'expérience de diffraction des électrons par la surface d'un cristal de nickel.
Exemples: La longueur d'onde associée à:
h
a)- Une balle de revolver (m = 2 g, v = 300 m s-1) est :    1.1  10 23 Å
mv
h
b)- Un proton accélérée par une ddp U de 150 volts :    2.34  10 2 Å
2m p eU

h
c)- Des électrons d'énergie cinétique T=54 ev :    1.67 Å
2me T
3

Ces quelques exemples montrent que les propriétés ondulatoires de la matière ne se manifestent pas
dans tous les cas, mais:
 Que les longueurs d'ondes associées aux corps macroscopiques (balles de revolver) sont
extrêmement faibles (par rapport à leur taille). Les propriétés ondulatoires de ces corps échapperont
à nos observations et n'ont pas de sens physique.
 Qu'à l'échelle atomique, au contraire, les longueurs d'onde associées étant de l'ordre de
grandeur de l'angström, (soit dans le même ordre de grandeur que les dimensions de ces corps), les
propriétés ondulatoires se manifestent et seront par conséquent à considérer.

3. LE PRINCIPE D'INCERTITUDE DE HEISENBERG (1927)



Ce principe stipule qu'il est impossible ce connaître simultanément la position r et la quantité de

mouvement p d'une particule avec autant de précision qu'on le désire, soit :  r   p  
    
 r est le vecteur position ( r  x  i  y  j  z  k )
    
 p est le vecteur quantité de mouvement ( p  px  p y  pz )
 
  r et  p représentent les incertitudes absolues sur les valeurs respectives de r et p

Suivant un axe (Ox) nous avons  x   px   , idem pour un axe (Oy)  y   p y   ou (Oz)

 z   pz   ; mais on ne peut écrire de relation entre  x et  p y ou  y et  px .

On dit aussi que position et quantité de mouvement constituent une paire de variables
conjuguées.
De même, énergie et temps constituent une autre paire de variables conjuguées: si E est
l'incertitude sur la mesure de l'énergie d'une particule, t l'incertitude sur la durée de la mesure,
alors: E  t  
Exemple 1 : Le modèle de Bohr permet d'attribuer à l'électron une vitesse fonction de n :
n n me2 Z e2 Z
vn     
mr m 4 0 n
2 2
4 0 n

Z 1 (1.60218  1019 )2  9  109


Pour H1
v1   34
 2.2  106 ms1
n 1 (1.0545733  10 )
1

Supposons le rayon connu à 0.050 Å près (soit une précision de  10 %) on obtient à partir de la
 (1.0545733  1034 )
relation d'incertitude,  v    31 10
 2.32  107 ms1 , soit on trouve
m  r (9.1094  10  0.05  10 )
4

une incertitude sur la vitesse au moins 10 fois plus grande que la vitesse à mesurer elle-même, d'où
l'insuffisance du modèle de Bohr.
Exemple 2 : Le calcul d'incertitude sur la vitesse ou sur la position dans les cas suivants:
a)- Une bille de masse 1 g se déplaçant sur une droite sachant que l'on peut mesurer sa
position à 1 micron près : v  1.06 1025 ms1

b)- Un électron dont la position est connue à 1 Å près : v  1.16 106 ms1

c)- Un véhicule de masse 500 kg roulant à la vitesse de 50  1 km h-1 : x  7.6 1037 m

d)- Un électron dont on connaît la vitesse à 1 ms-1 près : x  1.16 104 m


permet de voir que l'incertitude est insignifiante à l'échelle macroscopique tandis qu'elle est énorme
à l'échelle microscopique. Ces exemples montrent les domaines d'application des théories
quantiques. Ce domaine concerne le monde microscopique (molécules, atomes, noyaux et particules
élémentaires).

4. NOTION DE FONCTION D'ONDE D'UNE PARTICULE


La dualité expérimentale onde-corpuscule, pour une particule, montre simplement qu'aucune
de ces deux représentations classique n'est à elle seule correcte. Selon les circonstances, on favorise
plus ou moins l'une ou l'autre des représentations. En effet, quand le caractère ondulatoire de la
particule s'affermit, l'aspect corpusculaire s'estompe et vice-versa. La théorie de Bohr qui ne décrit
que l'aspect corpusculaire du mouvement de l'électron autour du noyau s'avère incomplète. Il faut
donc trouver une nouvelle théorie mathématique qui puisse tenir compte des deux aspects,
corpusculaires et ondulatoires de l'électron lors des l'expériences.
D'autres part, il découle du principe d'incertitude de Heisenberg que notion de trajectoire
électronique ne peut exister à l'échelle atomique, ce qui met en défaut les trajectoires réelles et bien
localisées de Bohr.
L'idée de base pour une nouvelle représentation consiste à conserver la notion de particule,
mais en abandonnant l'idée classique de la localisation de la particule sur une trajectoire. A une

particule quantique, on associe une fonction (r , t ) appelée fonction d'onde, qui caractérise l'état de
la particule. Les variables d'espace et de temps peuvent être séparées ainsi:

r , t   x, y, z, t   x, y, z   e
 it


 (r , t ) est une fonction mathématique réelle ou complexe qui n'a pas de signification
physique propre.
5

 (r , t ) ne permet pas de déterminer la trajectoire de la particule puisque cette notion n'a
plus de sens.
 2 
 En revanche, le carré du module r ,t  ou le produit (*  ) si (r , t ) est complexe a

une signification physique, puisqu'il représente la densité de probabilité de présence de la particule



en r à l'instant t . En d'autres termes, la probabilité dP de trouver la particule dans un élément de
volume dV  dx  dy  dz , centré autour du point M x, y, z  , est donnée par la relation :

dP   2 x, y, z   dV .

  doit être stationnaire, c'est à dire


z
dV reprendre périodiquement la même valeur en
M x, y, z  chaque point

r   doit être normée: la probabilité de


trouver l'électron dans tout l'espace autour du
y noyau doit être égale à 1, c'est à dire certaine.
O
P   dP    dV  1
2

espace
x
Schéma III-1   doit être continu, finie, univoque,
dérivable (deux fois), s'annuler aux endroits
Quelques propriétés de  où la particule ne peut se trouver
  est l'amplitude de la fonction d'onde (   0 quand l'électron est à une distance
associé à l'électron en mouvement. infinie du noyau).

Pour obtenir les fonctions d'onde  , il faut résoudre l'équation de Schrödinger.

5. EQUATION DE SCHRÖDINGER (1926)


En 1926, Schrödinger a montré que la fonction d'onde  d'une particule quantique était solution
d'une équation différentielle semblable à celle donnant la solution des ondes stationnaires sur une
corde. Cette équation est admise comme un postulat de la mécanique quantique, tout comme
 dp
F est celui de la mécanique classique.
dt
6

 2   2  2  2 
   2  2   V  E
2 m  x 2 y z 

Z e2
V : est l'énergie potentiel (V   dans le cas d'un atome à un seul électron).
4 0 r
E : est l'énergie mécanique totale.
Cette équation traduit la conservation de l'énergie du système. On la simplifie en posant :
2 2 2
   qui est l'opérateur Laplacien.
x 2 y 2 z 2

2
Soit    V  E
2m

ˆ 2
En posant encore : H     V , appelé opérateur hamiltonien, qui est l'opérateur d'énergie
2m
totale, cela donne : Ĥ  E
L'équation de Schrödinger, sous cette dernière forme est quelque fois appelée équation aux
valeurs propres. Car résoudre cette équation revient à chercher l'ensemble des couples i , Ei  qui

satisfont l'équation et la condition de normalisation des i .

 Les fonctions i solutions sont appelées fonctions propres de l'opérateur Ĥ et les scalaires

Ei qui leurs sont associés, valeurs propres.

 Lorsque à deux ou plusieurs fonctions propres différentes i ,  j sont associées la même

valeur propre E , Hˆ i  Ei et Hˆ  j  E j , on dit alors que les deux fonctions i et  j sont

dégénérées.
 On appelle recouvrement S de deux fonctions i et  j , l'intégrale calculée sur tout l'espace

du produit de i par  j . Pour simplifier l'écriture on utilisera la notation de Paul Dirac :

 i  j  , du "bra"  i et du "ket"  j  .

   dV

S   i  j   i j
espace

Avec i :est la fonction complexe conjuguée de i ; dV est un élément de volume infinitésimal.


*

 Le recouvrement entre deux fonctions solutions i et  j est nul. On dit que les fonctions

sont orthogonales :  i j   0 si i j
7

 Le recouvrement d'une fonction i avec elle même,  i i  est égale à 1, si elle est

normalisée:  i i   1.

L'ensemble des fonctions propres de l'opérateur hamiltonien forme un jeux de fonctions.


  
orthonormales. Une analogie peut être établie avec les vecteur s i , j et k orthogonaux et normés qui
définissent le repère Ox, Oy et Oz. de l'espace à trois dimensions.

Remarque : L'équation de Schrödinger n'est soluble que pour des systèmes simples à un électron. Le
plus souvent, on se contente de solutions approchées.

B/- L'ATOME D'HYDROGENE ET LES IONS HYDROGENOÏDES EN


MECANIQUE QUANTIQUE
Nous n'allons plus considérer l'électron comme particule dont nous pourrions déterminer la
trajectoire autour du noyau, mais nous allons lui associer une fonction d'onde solution de l'équation
de Schrödinger.

1. ENERGIE DES ETATS ATOMIQUES


Dans le cas de l'atome d'hydrogène et des ions hydrogénoïdes, il s'agit d'un système à deux
particules comprenant un électron (m -e) et un noyau (M, Ze).
L'énergie potentiel de l'électron et de la forme:
Ze2
V 
4 0 r
Pour déterminer les fonctions d'onde qui définissent les états quantiques discrets de l’atome,
ainsi que les énergies quantiques de ces états, il faut résoudre l'équation de Schrödinger (valable
pour les édiffices à un électron).
2
   V  E
2
 : est la masse réduite du système noyau-électron. Dans le cas idéal ou M est très grand devant m,
 est très voisin de m. L'équation de Schrödinger correspond alors au mouvement de l'électron par
rapport au noyau supposé fixe.
8

Etant donné que l'énergie potentiel ne dépend que de la distance r de l'électron au noyau,
V  V (r ) , c'est pourquoi il est commode d'utiliser les coordonnées sphériques r , ,  , dont nous
rappelons les définitions dans le schéma III.2 :

z
x  r sin  cos 
M x, y, z  y  r sin  sin 
z  r cos 
dV
 dV  dx  dy  dz  r 2 sin  dr d d
r
O    x, y, z  
y
0  r  

m 0  
0    2
x
Schéma III-2

L'équation devient alors:


 2 ze2 
   r ,  ,    Er ,  ,  
 2 4 0r 

Le calcul montre que le Laplacien prend alors la forme:


1  2  1     1 2
  2 r  sin 
r r  r  r 2 sin     r 2 sin 2   2
La résolution de l'équation de Schrödinger est possible dans ce cas car, en coordonnées sphériques,
on peut procéder à la séparation des variables. La fonction d'onde s'écrit comme le produit de trois
fonctions ne dépendant chacune que d'une seule variable.
r,  ,    Rr       
La solution finale fait apparaître trois nombres quantiques désignés par les lettres n, , m avec les
restrictions suivantes. Pour une valeur de n fixé :
n  *; 0    n  1;    m   ou n    m

Les énergies propres ne dépendent que du nombre quantique n appelé le nombre quantique
principal.
9

 e4 Z2
En    avec n  1, 2, 3...
24 0   2 n2
2

On retrouve donc par une voie plus sophistiquée la formule de Bohr.

2. LES NOMBRES QUANTIQUES


Nous allons essayer de donner ici la signification physique des nombres quantiques en
commençant par les trois premiers.

2.1 Les trois premiers nombres quantiques (n,  , m)


n : nombre quantique principal
 Il déterminent l'énergie de la couche de rang n .
Z2
 Il quantifie l'énergie de liaison de l'électron au noyau, En  13.6 . Si n=1, couche K; si n=2,
n2
couche L; si n=3, couche M etc.
 Ses valeurs possibles: n  * .
 : nombre quantique secondaire ou azimutal
 Il quantifie la norme du moment cinétique orbital de l'électron autour du noyau.
   
Lrp soit L    1  

 Caractérise la sous couche pour une couche n donné.


 Pou n donné : 0  l  n  1 .
m : nombre quantique magnétique

 Quantifie la projection Lz du vecteur moment cinétique de l'électron suivant un axe privilégié, par

exemple la direction d'un champs magnétique extérieur (Oz) : Lz  m

Pour n et  fixés, m  Z ,    m   d'où on a (2  1) valeurs de m .

2.1. Le nombre quantique de spin (ms )


C'est le quatrième nombre quantique (mis en évidence expérimentalement par Stern et
Gerlach) : le spin est une grandeur purement quantique d'origine relativiste, introduit par Paul Dirac,
lors du traitement en mécanique quantique relativiste de l'atome d'hydrogène, et que l'on doit ajouter
comme un effet supplémentaire dans les traitement non relativistes.
10

Il traduit le fait que l'électron en plus de son mouvement de rotation autour du noyau, tourne sur lui
même d'où le nom de "spin" donné à ce phénomène. Cela conduit à attribuer à un électron un

moment cinétique intrinsèque S (schéma III-3) dont la projection suivant un axe parallèle à la
direction du champ magnétique extérieur ne peut prendre que deux valeurs,  12 .


S  s(s  1)   s 1
2
, est le spin de l’électron.

S z  ms  avec ms   12

Remarque : ms quantifie la projection sur Oz du moment cinétique de l'électron dans son

mouvement sur lui même.

Moment cinétique orbital Moment cinétique de spin


Le moment de spin est aussi un vecteur. L'expérience de Stern et Gerlach ne distinguant que deux
faisceaux, on doit admettre que l'orientation du spin n'est pas quelconque, il apparaît une quantification de
son orientation. Les deux orientations possibles sont classiquement associées aux deux sens de rotation
possibles de l'électron sur lui-même comme illustré ci-dessous.

Un modèle classique ne suffit cependant pas à rendre compte correctement du spin. La théorie rigoureuse
fait appel à la mécanique quantique relativiste.

Shéma III-3

Conclusion : L'électron dans l'atome est caractérisé par quatre nombres quantiques : n, , m, ms .
11

3. LES ORBITALES ATOMIQUES


Lors de la résolution de l'équation de Schrödinger, on présente la solution sous la forme

n,,m r, ,    Rn, r  ,m    m  .

Dans cette expression :


 Rn,  r  est la partie radiale de la fonction d'onde et dépend des nombres quantiques n et  .

 Le produit Y,m  ,    ,m    m   est la partie angulaire de la fonction d'onde et dépend des

nombres quantiques  et m .

Ces fonctions d'ondes des électrons dans les atomes sont désignées sous le nom d'orbitales
atomiques (OA).

3.1. Nomenclature des orbitales atomiques


A tout triplet n, , m correspond donc une OA ou une fonction d'onde n, , m (d'énergie

propre En ) désignée suivant la valeur de n , aux différentes valeurs de  , on attribue les lettres : s,

p, d, f, g, h, etc.

valeurs de  0 1 2 3 4 5 etc.
sous-couche s p d f g h etc.

Exemple 1 : 1,0,0 est l'orbitale atomique (OA) 1s0 ; 2,1,1 est l’orbitale atomique 2 p1 .

n désigne la couche ; s, p, d, f… désigne la sous-couche.


Pour le nombre quantique principale n , il existe n 2 OA ayant la même énergie propres, elles sont
dites dégénérées.
12

Exemple 2 :

m 0 1 OA de type s
m 0 1 OA de type s
1
0 0 m  0 3 OA de type p
n2
1 1 n 3  1 1
m  0 3 OA de type p 2
2
1
1
m  0 5 OA de type d
Soit au total, 4 = 22 OA de même énergie ou 4 OA 1
par couche.
2

Soit au total, 9 = 32 OA de même énergie ou 9 OA


par couche.

NB : On a (2  1) OA par sous couche et n 2 OA par couche.

n n  1
n 1 n 1
En effet, le nombre d'OA par couche =  2  1  n  2   n  2   n2
 0  0
2

Remarques : Autres significations physiques des nombres quantiques  et m .


 : nombre quantique azimutal, définit le type d'orbital atomique, exemple : OA s, p, d, f…
m : nombre quantique magnétique : (i) Détermine le nombre d'OA dans une sous-couche 
donnée, soit (2  1) OA par sous-couche ; (ii) Caractérise toutes les orientations possibles des
(2  1) sous couches par rapport à la direction d’un champ magnétique extérieur.
13

3.2. Expressions mathématiques des parties radiales et angulaires


Tableau III-1 : Expressions mathématiques des parties radiales et angulaires des fonctions d’onde
des ions hydrogénoides.

n  m OA Partie radiale Rn, (r ) Partie angulaire Enérgie


Y, m ( ,  ) en eV
 13.6  Z 2
3
1 0 0 1s  Z 2   Zr  1
2  exp  
 2 
 a0   a0 
3
2 0 0 2s 1  Z 2 Zr    Zr  1
  1   exp
  2a 

2 
2  a 0   2a 0   0 
2 1 0 2 pz 3
cos 
2 
3
2 1 1 2 px 1  Z  2 Zr   Zr  3  3.4  Z 2
  exp 
 sin cos 
2 6  a0  a0  2a0  2 
2 1 -1 2 py 3
sin sin 
2 

2  Z  2 
3 0 0 3s 3 2 1
Zr 2  Zr   exp  Zr 
  3  2    2 
9 3  a0  a0 9  a0    3a 
 0 
 
3 1 0 3 pz 1 3
cos 
2 
5
3 1 1 3 px 4  Z 2  Zr    Zr  1 3
  r  2   exp
  3a 
 sin cos 
27 6  a0   3a0   0  2 
3 1 -1 3 py 1 3
sin sin 
2 
3 2 0 3d z 2 1 15
(3 cos 2   1)
4   1.51  Z 2
3 2 1 3d xz 1 15
sin 2 cos 
3
4 
2
3 2 -1 4 Z  2  Zr    Zr 
3d yz     exp 

1 15
sin 2 sin 
81 30  0   0 
a a  3a0  4 
3 2 2 3d x 2  y 2 1 15
sin 2  cos 2
4 
3 2 -2 3d xy 1 15
sin 2  sin 2
4 

 a0 désigne le rayon de Bohr 4 0  2


a0   0.53 A .
e 2
 Les OA s ne dépendent que de r , on dit qu'elles sont à symétrie sphérique.
 Les parties radiales des différentes OA ne dépendent que de n .
 Les parties angulaires des différentes OA sont indépendantes de n .
 Plan nodale, point nodal : tout plan ou point pour lequel   0 .
14

3.3. Représentation symbolique des orbitales atomiques


Il n'est pas possible de représenter les variations de  ou de son carré (égale à la densité de
probabilité de présence de l'électron) dans un espace à trois dimensions. Tout au plus peut-on
représenter les surfaces d'isovaleur (ou d'isodensité) pour chaque fonction d'onde.

Exemple 1 : Tracé de l'OA du type s


Z
1s est de la forme 1s  Ker avec   . 1s est indépendant de  et  : on dit que
a0
l'OA s est à symétrie sphérique.

1s Au delà d'une certaine distance limite r du


1,0

noyau, la fonction d'onde est négligeable.


0,5
L'ensemble des points M pour lesquels
r + r
1s (M )  cste forme une famille de surfaces
0,0 O r
emboîtées fermées dont on fait des coupes
-0,5
+ pour obtenir les lignes d'isovaleur. Il est
d'usage de tracer les courbes d'isovaleur de la
-1,0
-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 fonction qui est une sphère dans l'espace à
trois dimensions .Ce volume délimité par une
Fig. III-1 : Tracé des courbes d’isovaleur de l’OA du
surface au delà de laquelle la fonction d’onde
type s .
est faible est appelé orbital atomique.

Le choix de la distance limite r n'est pas arbitraire, puisqu'il représente le rayon du volume dans

lequel l'électron à 95 de chance de se trouver, soit r est telle que   dV  0.95 .
2

Volume

On en déduit la représentation de l'orbital atomique s présentée à la Fig. III-3.


Exemple 2 : Tracé de l'orbital de type p : p x , p y , p z dépendent respectivement de x , y , z .

2 p z est de la forme 2 p z  K r cos  er  K z er .

2 p x  K r sin  cos  er  K x er .

2 p y  K r sin sin  er  K y er .


15

Au delà d'une certaine distance limite r du


2 pz
30 noyau, la fonction d'onde est négligeable.
20 L'ensemble des points M pour lesquels

10
r 2 px  cste ou les lignes d'isovaleur décrivent

0
+ z deux lobes symétriques, d’où la représentation
-10
- r
en lobe des OA 2 px , 2 p y et 2 pz suivantes.

-20
- +
Les courbes d’isovaleur ne se touchent pas ; il
-30 n’empêche que usuellement, les zones
-80 -60 -40 -20 0 20 40 60 80
d’équivaleurs de fonction seront représentées
Fig. III-2 : Tracé des courbes d’isovaleur de l’OA du
par deux lobes qui se rencontrent (Fig. III-3).
type p.

y
s
x
z
z z
y
y y

px py x pz
x x

Fig. III-3 : Représentation symbolique des OA du type s et p

Par convention, on affecte un signe + ou des hachures au lobe positif, soit pour une OA dubtype s

 

 
(signifie qu' on multiplie la fonction par )

Schéma III-4
16

Exemple 3 : Tracé de l'orbital de type d : Au nombre de cinq, on démontre qu'elles ont les formes
analytiques suivantes en coordonnées cartésiennes.
K 2 K
d xy  K xy e  r ; d yz  K yz e  r ; d xxz  K xz e r ; d x 2  y 2  ( x  y 2 ) e  r ; d z 2  (3z 2  r 2 ) e  r
2 2 3
A partir de l’exemple du tracé des courbes d’isovaleur de l’orbitale d z 2 (Fig. III-4) on en déduit les

représentations suivantes pour les cinq orbitales d (Fig. III-5).

d z2 Pour tracé les courbes d’isovaleur, nous avons


100

80 utilisé l’équation suivante, dans laquelle les


60
variables x et y sont données pour
40

20
constantes :
+ +
0
- z 1
 ( z 2  b 2 ) 2
-20 d z 2  k (2 z  b )e
2 2

-40

-60
+ - + Avec k  0.648 , b2  53 ,   0.13
-80

-100
-100 -80 -60 -40 -20 0 20 40 60 80 100

Fig. III-4 : Tracé des courbes d’isovaleur de l’OA du


type d.

y z z

x y x

d xy d yz d xz
y z

x x

d x2  y2 d z2

Fig. III-5 : Représentation symbolique des OA du type d


17

Remarque: L'écriture des i en coordonnées cartésienne fait apparaître l'une des coordonnée x,

y, z ou leur combinaison, ce qui justifie le nom donné à chacune de ses fonctions d'ondes.

Quand une OA s'annule, on dit qu'elle possède un nœud (pour un point), un plan nodal (pour
un plan), un cône nodal (pour un cône); la fonction change de signe quand on traverse la surface
nodale. D'une manière générale, une OA:
 noeuds pour Y, m  ,  
n,, m (r , , ) possède (n-1) nœuds 
n  1    noeuds pour Rn, r 

Exemples
1s n  1,   0  0 noeud .
 2s n  2,   0  1 noeud dû à R(r )
2 p n  2,   1  1 noeud dû à Y ( , )

 L’orbital atomique d x 2  y 2 est nul si et seulement si x 2  y 2  0 ou x   y d’ou l’existence

d’un plan nodal à 45° (plan où la fonction d’onde est nulle).


z0
 L’orbitale atomique d z 2 s'annule aux point

3 cos 2   1    54 73'.

d z 2 possède un plan nodal (z = 0) et un cône nodal.

 2 s s'annule pour 1  Zr  0  r  2a0 . La probabilité de trouver l'électron à cette distance du


2a0 Z

noyau, donc sur la sphère de rayon r


2a0 est strictement nulle. 2 s possède une sphère nodale.
Z

4. PROBABILITE DE PRESENCE DE L'ELECTRON DANS LES DIFFERENTS OA


La densité de probabilité de présence d'un électron autour du noyau est  2 . Le terme
dP r ,  ,     2 r,  ,  dV avec dV  r 2dr  sin   d  d est la probabilité de trouver l'électron
dans l'élément de volume dV entourant le point r , ,  . Il y'a donc une corrélation entre la

représentation graphique des OA  et la densité de probabilité  2 d'un électron dans cette OA. (on

  dV  0.95 ).
2
a vu que le volume d'une OA est tel que
Volume

Comme la fonction d'onde est le produit de deux parties distinctes, r,  ,    Rr   Y  ,   , on
peut étudier séparément les deux probabilités de présence :
18

 radiale: dP(r )  r 2 R (r )dr.


2

 , ,r 
e

dV angulaire: dP ,    Y 2  ,   sin   d  d.


 Ces probabilités élémentaires vérifient
r
naturellement la condition de normalisation.
O y
  2

 r R r dr  1   Y  ,   sin dd  1


2 2 2
 et
m 0 0 0

Schéma III-5
x

4.1. Probabilité de présence radiale


 Si  ne dépend que de r , (OA à symétrie sphérique), nous pouvons prendre comme volume
élémentaire dV , le volume compris entre deux sphères concentriques de rayon r et r  dr , soit,
 2
dV  4r 2dr  r 2dr   sin  d     d 
 0   0 
d’où dP(r )  4r 2  2 r  dr

 Si  dépend de r , , , on prend dV  r 2dr sin  d  d.


2  2 
dPr    R r   Y  ,  r dr sin d d  r R r dr  Y  , sin d d  r R r dr
2 2 2 2 2 2 2 2

0 0 0 0

soit dP(r )  r 2 R 2 r dr.

Application III-1 : Etude de l’orbitale atomique 1s


3/ 2
L’expression analytique de la fonction d’onde de l’OA 1s est : 1s  1  Z  e  a r
Z
0
    a0 
1°)- Rappeler les valeurs des nombres quantiques qui la caractérisent.
2°)- Calculer la distance à laquelle la probabilité de trouver l’électron est la plus grande.
3°)- Calculer la valeur moyenne de la distance entre l’électron et le noyau.

Corrigé III-1 :
1°)- L’orbitale atomique 1s est caractérisée par : n  1 ;   0 ; m  0 .
3 Z
Z 2 r
2°)- 1s est à symétrie sphérique, donc : dP(r )  4r  r  dr  4  r 2 e a0 dr 2 2

 a0 
dPr 
On peut ainsi tracer la courbe en fonction de r .
dr
19

dP(r )
représente la densité de probabilité
dr
dP ( r ) radiale de l'électron
1,2
dr La distance la plus probable de trouver
l’éléctron est la solution de l’équation
1,0
d  r
ZZ

 
2
d
4r  (r ) 
2 2
K .r e a0   0 : cela
2

dr  
0,8
dr 
0,6
dP(r )
revient donc à annuler la dérivée de
0,4 dr
Z r0
0,2  Z 2   2 a0 r
Soit K  2r  2 r e 0  a
0,0  a0  r 0
0 a0 1 2 3 r 4 2
Z
et pour Z=1, r  a0 est la distance la plus
probable de trouver l'électron à partir du
Fig. III-6 : Evolution de la densité de probabilité de noyau. Autrement dit , l'électron a plus de
présence radiale en fonction de la distance électron-
noyau pour l’atome d’hydrogène. chance de se trouver dans la sphère de rayon
a0 , ce qui rejoint le modèle de Bohr.

3°)- La valeur moyenne de la distance entre le noyau et l’électron dans l’atome d’hydrogène
est obtenue en calculant :

rm 
  *rdV
. L'intégrale étant prise sur tout l'espace.  étant normalisée,   2dV  1 .
  dV
*

2   3
 Z
1  Z  3  2 a0 r
rm   d  sin  d  r (r ) r dr      cos 0     r e
2  3 a0
2 2
dr 
0 0 0
0
  a0  0 2Z
n!
x e
n x
Car dx 
 n 1
3
Pour l'atome d'hydrogène (Z=1) rm  a0 .
2

4.2. Probabilité de présence angulaire

dP ,    Y 2  ,   sin  d d .

Pour r  cons tan te , la probabilité de présence de l'électron dépend du produit 2     2   pour


une direction  ; fixée. Le lieu des extrémités du vecteur ainsi précisé est une surface de révolution
dont on trace la section par un plan méridien, ce qui donne une courbe   f   en coordonnées
polaires. Bien que de plus en plus utilisée, elles sont trop complexes pour faire l'objet d'une
présentation simple.
20

Ces courbes nous renseignent sur la région de l'espace où la probabilité de présence de


l'électron est grande. Elle nous donne aussi la forme des OA et de leur direction privilégiées ainsi
que leur identité.
Application III-2 : Etude de la partie angulaire d’une orbitale atomique
Les parties angulaires d'une fonction d'onde (   1 et m  0 ) et d'une autre fonction
d'onde (   2 et m  1 ) sont données par les relations:.
1/ 2
 3 
Y1  ,      cos 
 4 
1/ 2
 15 
Y2  ,      sin  cos  cos 
 4 
1°)- Identifier ces OA.
2°)- Vérifier qu'elles sont orthogonales, c'est à dire que : S   YY
espace
1 2 sin  d d  0 .

Corrigé III-2 :
1°)- Y1 ( , ) :   1 et m  0 ; il s’agit d’une OA p z
Y2 ( , ) :   2 et m  1 ; il s’agit d’une OA d xz
En effet, la partie angulaire des différentes fonctions d’onde est indépendante de la valeur du
nombre quantique principal n .
2°)- Pour montrer que ces deux fonctions d’onde sont orthogonales, il faut calculer la valeur de leur
2 
intégrale de recouvrement S . S  Y1 ( , )  Y2 ( , ) sin d d
0 0

avec Y1 ( , )  K1 cos et Y2 ( , )  K2 sin cos cos 


2  2
cos  d  sin    0
2
Or S   cos  d    sin 2  cos 2  d   K1K 2  0 car 
 0   0  0 0

Donc deux fonctions d’onde quelconques d’un même atome ont une intégrale de recouvrement
nulle : elles occupent des volumes différents autour du noyau.

C/- CONCLUSION
Nous retiendrons de cette introduction à la mécanique quantique quelques remarques importantes:
 A une particule quantique comme l'électron, on associe une fonction d'onde.
 Cette fonction d'onde monoélectronique est une solution de l'équation de Schrödinger, équation de
base de la mécanique quantique.
 La fonction d'onde  n'a pas de signification physique, seul le carré de son module correspond à

  x, y, z  .
dP 2
la densité de probabilité de présence de l'électron autour du noyau :
dr
1

Chapitre V

ATOMES POLYELECTRONIQUES

CONTENU DU CHAPITRE
A/- INTRODUCTION
1. Les approximations dans l'équation de Schrödinger
2. Fonctions d’onde et énergie d’un système polyélectronique
B/- CONFIGURATIONS ELECTRONIQUES ET RAYONS DES ATOMES POLYELECTRONIQUES
1. Règles de remplissage des couches et sous-couches d'un atome polyélectronique
2. Energies et rayons des orbitales selon Slater
C/- CLASSIFICATION PERIODIQUE DES ELEMENTS
1. Historique
2. Construction du tableau périodique
3. Périodicité des propriétés physiques et chimiques
D/- CONCLUSION

OBJECTIF DU CHAPITRE
Après l'étude de ce chapitre, vous serez capable :
1)- D'énoncer et d'appliquer les règles de remplissage des OA successives ;
2)- D'appliquer les règles de Slater relatives à la détermination de Zeff ;
3)- De comprendre l'évolution des connaissances qui ont mené à la classification périodique actuelle ;
4)- De distinguer les différents groupes et périodes ;
5)- De relier la configuration électronique externe d'un élément à son appartenance à un groupe ;
6)- Enfin, de connaître l'évolution des grandeurs I, A, , r, Zeff et  suivant une période ou un groupe.
2

A/- INTRODUCTION
Le chapitre précédent consacré à l’étude des espèces monoélectroniques à l’aide de la
mécanique quantique nous a conduit à écrire les fonctions d’onde de l’électron comme des
orbitales atomiques. Les caractéristiques volumiques de la fonction d’onde apparaissent à l’aide
de la densité de probabilité de présence.
Il faut essayer d’étendre le champ d’application de l’équation de Schrödinger à un atome
comportant plusieurs électrons, et là, le problème devient mathématiquement « insoluble » sans
l’apport d’approximations. En effet, il est impossible de trouver les fonctions propres analytiques
exactes de l’opérateur hamiltonien associé à un atome polyélectronique. Cette difficulté provient
de l’apparition des termes de répulsions électron-électron, en plus des attractions noyau-électron.
Il est donc nécessaire d’effectuer certaines approximations afin de calculer les fonctions
d’onde approchées du système.

1. LES APPROXIMATIONS DANS L'EQUATION DE SCHRÖDINGER


Soit à étudier l’exemple de l’atome d’hélium, 24 He qui est le système polyélectronique le
plus simple : deux électrons (1 et 2) en interactions avec le noyau (schéma V-1).

Noyau r1 1 (m,  e)

( M , Ze) r12
r2
2 ( m,  e)

Schéma V-1

Nous devons écrire le laplacien pour chaque coordonnée d’espace des électrons 1 et 2,
(r1 ,1 , 1 ) , (r2 , 2 ,  2 ) et l’énergie potentiel totale en tenant compte des interactions
attractives (électrons-noyau) et répulsives (électrons-électrons).

1  Ze 2 Ze 2 e 2 
Soit V    
4 0  r1 r2 r12 
3

L’équation de Schrödinger du système devient :


 2 
 (1   2 )  V    E
 2 


Ou si on préfère : H  E

 

  
H : hamiltonien général du système H  H1  H 2  V12 ; 
 : fonction d’onde totale décrivant les deux électrons. Elle est fonction des coordonnées
d’espace et de spin des deux électrons ;
E : énergie totale.
 2 Ze 2
H1   1 
2 4 0 r1
 2 Ze 2
avec H2   2 
2 4 0 r2
 e2
V12 
4 0 r12

L’équation de Schrödinger d’un système polyélectronique n’est plus soluble


rigoureusement et l’on doit faire appel à certaines approximations :
a)- Le noyau est supposé immobile   m (approximation de Born-Oppenheimer).
b)- Les interactions inter-électroniques sont négligées : il est alors possible d’écrire
l’équation de Schrödinger sous la forme de Z équations monoélectroniques indépendantes dont
les solutions sont semblables à celles obtenues dans le cas d’un atome à un électron.
c)- Pour chaque électron, on affecte au noyau un numéro atomique effectif Z * ou Z eff

obtenu en tenant compte de l’effet d’écran dû aux ( Z  1) autres électrons.

Z i  Z    ij
*

j i

Z i* : Charge nucléaire effective du noyau en interaction avec l’électron i .

 ij : Coefficient d’écran de l’électron j sur l’électron i .


Les différentes constantes d’écran sont calculables par les règles de Slater, (voir paragraphe
suivant B.2.1.).
4

2. FONCTION D’ONDE ET ENERGIE D’UN SYSTEME POLYELECTRONIQUE


Le problème réside dans la recherche d’une fonction d’onde  et de l’énergie totale E qui
décrit l’ensemble des électrons i ( i allant de 1 à Z ) de coordonnées d’espace M (i) ou
M ri , i , i  .

Cette fonction d’onde M1, M 2 , M 3 ... M i ... M Z  est solution de l’équation de Schrödinger

ci-dessous dans laquelle E est l’énergie associée à  .


Hˆ M1 , M 2 , M 3 ... M i ... M Z   EM1 , M 2 , M 3 ... M i ... M Z 
Avec les approximations ci-dessus énoncées, on ramène l’équation de Schrödinger d’un
système polyélectronique constitué de Z électrons i , à Z équations monoélectroniques que l’on
sait résoudre séparément. On cherche une solution approchée dans laquelle la fonction d’onde
polyélectronique  est écrite sous la forme d’un produit de fonctions monoélectroniques  i qui

ne dépendent chacune que des coordonnées d’un seul électron:


(M1 , M 2 , ... , M i , ... , M z )  1 (M1 )   2 (M 2 )  ...   i (M i )  ...   z (M z )
Les fonctions monoélectroniques  i sont elles même solution d’une équation qui a la même

forme que l’équation de Schrödinger, mais qui est plus simple car elle ne fait intervenir que les
coordonnées d’un seul électron. Soit :


hi : hamiltonie n monoélectr onique

hi  i (M i )  ei  i (M i ) ei : énergie monoélectr onique
 i : fonction d ' onde monoélectr onique

De cette façon, on détermine les fonctions monoélectroniques  i et l’énergie ei relatives

à chaque électron. La fonction d’onde totale  est le produit des Z fonctions monoélectroniques


Plus rigoureusement la fonction  se développe comme une somme algébrique de produits antisymétriques de
fonctions monoélectroniques  i (déterminant de Slater ) dépendant non seulement des coordonnées d’espace de
l’électron M (i) mais aussi de son spin.
5

 i et l’énergie totale E n’est autre que la somme des énergies ei de chacun des électrons i
décrits par les fonctions monoélectroniques  i . Soit :
iZ

iZ
E   ei
M 1 , M 2 , M 3 , ... , M i , ... , M Z     i ( M i )
i 1
et iZ
i 1
Hˆ   hˆi
i 1

Remarques :
a)- Par analogie avec les fonctions propres des atomes hydrogénoïdes, les fonctions
monoélectroniques  i sont appelées orbitales atomiques (OA). Chaque OA  i est aussi décrite

comme le produit d’une partie radiale et d’une partie angulaire :

 n,,m r, ,    Rn, r  Y,m  ,   .

 Y,m  ,   a la même expression mathématique que celle déterminée pour les

hydrogénoïdes et dépend des nombres quantiques  et m.


 L’approximation de l’équation de Schrödinger se fait sur la partie radiale: Rn, r  est

adaptée de façon à tenir compte à la fois de la charge du noyau ( Z i* ) et de la présence des

autres électrons (  ij ). Chaque orbitale est donc caractérisée par trois nombres quantiques

(n, , m) dont les règles de variations sont identiques à celles données pour les fonctions

propres des atomes à un électron : n   * ; 0    n  1 ;    m  

b)- Il existe cependant une différence importante avec les hydrogénoïdes : pour ces derniers,
l’énergie e de l’unique électron ne dépend que du nombre quantique principal n indiquant la
 Z2 
couche  e  hcRH  2  ; pour les atomes polyélectroniques, l’énergie de l’électron i dépend
 n 

fortement de n , et faiblement de  : ei  f (n, ) . Par conséquent, les états de même n , mais de

 différents ne présenteront plus la même énergie. Contrairement aux systèmes à un seul


électron, la dégénérescence des états sera partiellement levée (Fig. IV-1).
6

3d
2p
3p
2s 2 p 3s 3 p 3d
2s 3s

Fig. IV-1 : Exemples de levée de dégénérescence des niveaux d’énergie pour Z1.

c)- L’étude du spectre d’émission du sodium (Z  11) qui comme l’hydrogène, présente un seul
électron de valence susceptible d’être excité, révèle que le nombre de raies est inférieur au
nombre prévu : certaines transitions sont donc interdites. On peut montrer que seules sont
permises les transitions obéissant à la règle de sélection   1 . C’est ainsi que les raies
correspondant aux transitions 4s  3s ou 4d  3s par exemple ne seront pas observées.
7

B/- CONFIGURATIONS ELECTRONIQUES ET RAYONS DES


ATOMES POLYELECTRONIQUES

Etablir la configuration électronique d’un atome consiste à donner la répartition des électrons
dans les différentes couches et sous-couches. Avant d’appréhender ce problème, il est nécessaire
de rappeler les règles fondamentales qui, doivent être appliquées pour établir une configuration
électronique.

1. REGLES DE REMPLISSAGE DES COUCHES ET SOUS-COUCHES D'UN AT O M E


POLYELECTRONIQUES
1.1. Principe d'énergie croissant
Les niveaux d’énergies électroniques d’un atome polyélectronique sont peuplés par les
électrons par ordre d’énergie croissant : les électrons occupant d’abord les niveaux le plus faible
énergie, c’est à dire les plus liés.
Pour un atome polyélectronique, les valeurs propres de l’énergie, solutions de l’équation
de Schrödinger, dépend des deux nombres quantiques n et  : elles sont notées En ,  . En règle

générale :
 Pour une même valeur de  , En ,  est d’autant plus haute que n est grand : par exemple

E1s  E2 s  E3s  ...

E2 p  E3 p  E4 p  ...

 Pour une même valeur de n , En ,  est d’autant plus haute que  est grand : ainsi

E2 s (  0)  E2 p (  1)

E3s (  0)  E3 p (  1)  E3d (  2)

Ces deux règles ne suffisent cependant pas pour obtenir l’ordre énergétique de toutes les
OA. Par exemple, elles ne permettent pas de placer l’une par rapport à l’autre les OA 2 p et 3s ,
puisque en passant de 2 p à 3s , n augmente (2  3) mais  diminue (1  0) . Les calculs
montrent que pour ces deux orbitales, c’est l’influence du nombre quantique principal qui
8

domine : E2 p  E3s . En fait pour tous les atomes, l’ordre énergétique est donné par la règle de

Klechkowsky suivante :

1.2. Règle de Klechkowsky


Les OA se remplissent par valeurs croissantes de (n  ) : si deux OA ont même indice,
c’est l’OA d’indice n le plus petit qui se remplit la première.
Moyen mnémotechnique : En ,  est une fonction croissante de (n  ) et, à (n  )

constante, En ,  est une fonction croissante de n .

La classification donnée par la règle de Klechkowsky est généralement présentée sous


forme d’un tableau (n, ) où les flèches indiquent l’ordre dans lequel les sous-couches doivent
être remplies (schéma IV-2).

n 0 1 2 3 4 5 6 7
1 1s
(n)
2 2s 2p
3 3s 3 p 3d
1
4 4s 4 p 4d 4 f
2
5 5s 5 p 5d 5 f 5 g
3
6 6s 6 p 6 d 6 f 6 g 6h
4
5
7 7s 7 p 7 d 7 f 7 g 7h 7 j
6
8 8s 8 p 8d 8 f 8 g 8 h 8 j 8k
7

Schéma IV-2
9

D’où on obtient l’ordre de remplissage suivant :

1s 2s 2 p 3s 3 p 4s 3d 4 p 5s 4d 5 p 6s 4 f 5d 6 p 7s 5 f 6d 7 p 8s 5g 6 f 7d 8 p ... etc.

Remarques : Cet ordre de remplissage est approximatif pour les éléments de numéros atomiques
Z élevés, car les dernières sous-couches ont des niveaux d’énergie très voisins.

1.3. Principe d'exclusion de Pauli (1925)


Dans un atome, deux électrons ne peuvent pas avoir les quatre nombres quantiques
identiques. En conséquence :
a)- Si deux électrons ont le même spin (c’est à dire la même valeur de ms ), ils doivent

occuper deux orbitales différentes de façon à ce qu’au moins un de leurs nombres quantiques
n, , m soit différent
b)- Dans une même OA (triplet n, , m ), les électrons doivent avoir des spins différents :
il y’a donc au maximum deux électrons par OA, avec des spins opposés ( ms   12 , ms   12 ).

L’électron de spin ms   12 est appelé électron  , et l’électron de spin ms   12 est

appelé électron  . Il existe donc trois cas de figures pour les états électroniques d’une OA,
généralement représentés soit par un petit carré (appelé case quantique), soit par un simple trait
horizontal (matérialisation des niveaux d’énergie).

ou
 Cas : OA vide ……………………….……….

ou
 Cas : OA avec un électron célibataire ……….

ou
 Cas : OA avec une paire d’électrons appariés

Dans ces cases quantiques, une flèche dirigée vers le haut ( ou vers le bas) représente un électron
de spin  (ou  ). Il apparaît ainsi donc qu’une couche de rang n peut contenir au maximum

2n 2 électrons.
10

1.4. Règle de Hund


Dans une sous-couche comportant plusieurs OA de même énergie, les électrons se
repartissent sur le maximum d’OA, avec le maximum de spin identique, avant de s’apparier dans
une OA : autrement dit, la configuration la plus stable est celle à spins parallèles maximal.

Exemple : Soit à remplir 3 électrons sur la sous-couche 2 p : trois cas de figures sont possibles.

1 2 3

2px 2py 2pz 2px 2py 2pz 2px 2py 2pz

D’après Hund, c’est le remplissage 3 qui correspond à la plus grande stabilité.

1.5. Ecriture d'une configuration électronique


 On place les sous-couches (ou les OA) dans l’ordre énergétique croissant ;
 On affecte en exposant (puissance symbolique) le nombre d’électrons occupant la sous-couche.
Par exemple 1s 2 signifie que 2 électrons occupent l’OA 1s .

1.6. Application à quelques atomes

1H 1s1 Configuration
1s externe
2 He 1s 2 des gaz rares
1s
2 1
3 Li 1s 2s 2 He 1s 2
1s 2s
2 2 2
6C 1s 2s 2 p 10 Ne 2s 2 2 p 6
1s 2s 2p
2 2 4
8O 1s 2s 2 p 18 Ar 3s 2 3 p 6
1s 2s 2p
2 2 6 2 6 1
19 K 1s 2s 2 p 3s 3 p 4s 36 Kr 4s 2 4 p 6
4s

28 Ni 18 Ar 4s 2 3d 8 54 Xe 5s 2 5 p 6
4s 3d

40 Zr 36 Kr 5s 2
4d 2
86 Rn 6s 2 6 p 6
5s 4d

71 Lu 54 Xe6s 2 14
4 f 5d 1
6s 4f 5d
I
118 inc 7s 2 7 p6
11

Remarques : Il existe des exceptions à la règle de Klechkowsky :


a)- Jusqu’à Z  30 , le niveau 4 s est inférieur au niveau 3d . Il en est de même pour les
niveaux 5s et 4d .Toutefois, la différence d’énergie entre les deux niveaux s’amenuise au fur et à
mesure que le niveau d se remplit, avec même annulation de cette différence (voire une
inversion) pour les niveaux d à moitié remplis ou totalement remplis.
b)- Les structures électroniques correspondant à des orbitales p ou d à demi remplis
 7 N , 15P, , 24Cr, 42Mo, 74W , ou entièrement remplis les gaz rares, 29 Cu, 47 Ag , 79 Au , 

sont particulièrement stables. Ainsi le chrome 


24 Cr : 18 Ar 4s 2 3d 4 devient 18 Ar 3d 5 4s1 . De même le
cuivre 
29 Cu : 18 Ar 4s 2 3d 9 devient 18 Ar 3d 10 4s1 .

2. ENERGIES ET RAYONS DES ORBITALES SELON SLATER


Dans son ouvrage publié en 1960#, J.C. Slater propose un calcul approché de l’énergie et du
rayon atomique d’un atome polyélectronique, basé sur la détermination du numéro atomique
effectif Z* :
Z i  Z   ij  Z   i
*

j i

 ij est le coefficient d’écran des autres électrons j sur l’électron i .

Z i* est la charge nucléaire effective de l’électron i placé dans la sous-couche i .

2.1. Notion d'écran : les règles de Slater:


Dans les atomes polyélectronique, les électrons périphériques qui occupent les OA les
plus hautes en énergie sont donc séparés du noyau par ceux occupant les OA plus profondes. En
conséquence, l’attraction exercée par le noyau sur ces électrons est fortement diminuée par la
présence des électrons situés dans les couches inférieures. Tout se passe comme si l’électron
i étudié interagissait avec un noyau ayant une charge inférieur à Z . Cette charge effective, notée
 i appelée constante d’écran, qui représente l’effet moyen exercé par les autres électrons.

Zi  Z   i
*
avec  i    ij .
j i

#
J.C. Slater : Quantum Theory of Atomic Structure, Vol 1, McGraw-Hill, New York, 1960, p. 206.
12

Pour déterminer  i , on opère selon Slater de la manière suivante

a)- Les OA sont d’abord séparées en plusieurs groupes : (par ordre croissant de n et  ).
(1s)( 2s 2 p) (3s 3 p) (3d )(4s 4 p)(4d )(4 f )(5s 5 p )(5d )(5 f )(5g ) (6s6 p)(6d )(6 f ) ... etc.
b)- Le coefficient d’écran  i relatif à l’électron i est égal à la somme des coefficients  ij dus à

tous les électrons autres que i . Ce calcul s’effectue grâce aux règles suivantes :
 Pour un électron occupant une OA 1s , le coefficient d’écran de l’autre électron 1s est
égal à :  ij  0.30 .

 Pour un électron occupant une OA ns ou np , le coefficient d’écran dû à un électron


situé dans une OA de nombre quantique principal n est :
 ij  1 si n  n  1 (écrantage total) ;

 ij  0.85 si n  n  1 (écrantage grand) ;

 ij  0.35 si n  n (écrantage faible) ;

 ij  0 si n  n (écrantage nul) ;

 Pour un électron occupant une OA nd ou nf , le coefficient d’écran vaut 0.35 pour un


électron du même groupe et 1 pour tous les autres. L’ensemble de ces règles est résumé dans
le Tableau IV-1 suivant :
Tableau IV-1 : Coefficients d’écrantage  ij selon Slater.

n  n  1 n  n  1 n  n n  n
1s _ _ 0.30 0
ns, np 1 0.85 0.35 0
nd, nf 1 1 0.35 0

Application IV-1: Détermination des charges nucléaires subies par les électrons du soufre
32
1°)- Donner la configuration électronique du soufre 16 S.
2°)- Calculer la constante d’écran pour chaque type d’électron selon Slater.
3°)- Déterminer les charges nucléaires effectives correspondantes.

Corrigé IV-1 :
32
1°)- 16 S : 1s 2 2s 2 2 p6 3s 2 3 p 4
13

2°)- Selon le découpage proposé par Slater, il ya trois groupes d’électrons à considérer. Il ya donc
trois constantes d’écran à calculer :  1s pour les deux électrons 1s ,  2 s 2 p pour les 8 électrons
2s2 p et  3s3 p pour les 8 électrons 3s3 p .
 Calcul de  1s : un électron 1s ne subit que l’effet d’écran de l’autre électron 1s ;
 1s  1 0.30  0.30
 Calcul de  2 s 2 p : un électron 2s2 p subit l’effet d’écran des deux électrons 1s et par
les 7 autres électrons de son groupe ;
 2 s 2 p  (2  0.85)  (7  0.35)  4.15
 Calcul de  3s3 p : un électron 3s3 p subit l’effet d’écran des 2 électrons 1s , des 8
électrons 2s2 p et des 5 électrons de son groupe ;
 3s 3 p  (2 1)  (8  0.85)  (5  0.35)  10.55
3°)- Les charges nucléaires effectives agissant sur chaque groupe d’électrons sont donc :
Z1*s  16  0.30  15.7
Z 2*s 2 p  16  4.15  11.85
Z3*s 3 p  16  10.55  5.45
N.B. Les valeurs de Z * trouvées sont généralement comprises entre Z (écrantage nul) et 1
(écrantage total).

2.2. Energie des orbitales, énergie de l'atome


dans l’approximation de Slater, l’énergie E d’un atome polyélectronique est égale à la
somme des énergies ei de groupe, compte tenu du nombre  i d’électrons dans le groupe i :

E   i  ei
i

L’énergie ei d’un électron du groupe i de nombre quantique principal n est égale à l’énergie de

l’ion hydrogénoïde dans laquelle on remplace Z par Z * .


2
 Z* 
ei (n, )  13.6    (eV )
 n 
Pour atténuer les différences entre les valeurs expérimentales et les valeurs calculées, on
utilise très souvent la relation suivante :
2
 Z* 
ei (n, )  13.6   *  (eV )
n 
n* est le nombre quantique principal effectif dont la correspondance avec le nombre quantique n
est donnée dans le Tableau suivant.
14

n 1 2 3 4 5 6
n* 1.0 2.0 3.0 3.7 4.0 4.2

La différence entre n et n* est appelée défaut quantique.

Application IV-2: Détermination de l’énergie d’ionisation du cuivre.


On se propose d’estimer l’énergie de première ionisation ( I1 ) du cuivre 29 Cu .
1°)- Rappeler la définition et donner l’équation bilan de cette réaction d’ionisation.
2°)- Donner la configuration électronique réelle du cuivre ; estimer à l’aide des règles de Slater les
coefficients d’écran relatifs aux électrons 3d et 4 s pour l’atome de cuivre et l’ion Cu  : en déduire les
énergies de ces deux espèces, l’énergie des 18 électrons de cœur sera notée Eint .
3°)- Calculer I1 pour l’atome de cuivre et comparer le résultat avec celui obtenu par le théorème de
Koopmans.

Corrigé IV-2 :
1°)- L’énergie d’ionisation est l’énergie qu’il faut fournir pour arracher un électron à un atome à
l’état gazeux dans son état fondamental. Elle est notée I et s’exprime généralement en eV.
 Cu  ( g )  e
Cu ( g )  et I1  ECu  ( g )  ECu ( g )
2°)- Configuration électronique réelle du cuivre.
2 2 6 2 6 10 1 10 1
29 Cu : 1s 2s 2 p 3s 3 p 3d 4s : Car on vient de voir que pour le cuivre 3d 4s est plus stable

que 4s 2 3d 9 .
a)- Coefficient d’écran 3d et 4 s
D’après le découpage de Slater nous aurons :
 Pour l’atome du cuivre : 29 Cu : / 1s 2 / 2s 2 2 p 6 / 3s 2 3 p 6 / 3d 10 / 4s1 /
Z *3d  29  (9  0.35  18 1)  7.85
Z *4 s  29  (18  0.85  10 1)  3.7
 Pour l’ion : 29 Cu  : / 1s 2 / 2s 2 2 p 6 / 3s 2 3 p 6 / 3d 10 /
Z *3d  29  (9  0.35  18 1)  7.85
b)- Energie des espèces Cu et Cu 
 ECu  2e1s  8e2 s 2 p  8e3s 3 p  10e3d  e4 s
 ECu  2e1s  8e2 s 2 p  8e3s 3 p  10e3d
L’énergies en ,  liées aux 18 électrons de cœur étant la même, elle est notée Eint , soit :
ECu  Eint  10e3d  e4 s
ECu  Eint  10e3d
2
 Z (*n , ) 
Il faut calculer les énergies en ,  des états les plus externes, soit : e( n , )  13.6   * 
 n 
 
15

  7.85   3.7  
2 2

ECu  Eint  13.6  10        Eint  944.78 (eV )


  3.0   3.7  
  7.85  
2

ECu  Eint  13.6  10      Eint  931.18 (eV )


  3.0  
3°)- Calcul de I1 pour l’atome de cuivre :
a)- I1  ECu ( g )  ECu ( g )  Eint  931.18  Eint  944.78  13.6 eV
b)- Par le théorème de Koopmans :

Enoncé du théorème de Koopmans : L’énergie d’ionisation d’un atome polyélectronique est


sensiblement égale à l’opposé de l’énergie de la dernière OA occupée de cet atome.
2
 Z* 
2
 3.7 
D’où pour le cuivre : I1  e4 s  13.6   4 s   13.6     13.6 eV
 3.7   3.7 
Le résultat obtenu est en bon accord avec le calcul précédent.

N.B. : Pour les atomes de numéro atomique Z élevé, ce théorème est une approximation assez
grossière, qui suppose que lorsqu’un électron est arraché, les autres électrons ne se réorganisent
pas autour du noyau.

2.3. Rayon des orbitales, rayon atomique, rayon ionique


Rappelons qu’il s’agit de la distance  pour laquelle la densité de probabilité radiale
associée aux électrons les plus externes est maximale, et que son expression en fonction de n et
n2 
de Z * est :   a0 ( a0  0.529 A ou 52.9 pm )
Z*
On peu assimiler en première approximation le rayon de l’orbitale atomique la plus
externe au rayon externe, puisqu’il représente la distance la plus probable pour les électrons les
plus externes. Cette formule est applicable aux atomes ainsi qu’aux ions positifs et négatifs.

Application IV-3: Calcul des rayons atomiques et ioniques.


1°)- A l’aide des formules de Slater, calculer le rayon des espèces suivantes :
 
11 Na, 11Na , 9 F , 9 F .
2°)- Conclusion.

Corrigé IV-3 :
1°)- Il faut d’abord pour chaque espèce, déterminer, le Z * des électrons externes, puis appliquer
la formule de Slater.
16

 Pour sodium :
32
2 2 6
11 Na : / 1s / 2s 2 p / 3s / ; Z
1 *
3s  11  (8  0.85  2 1)  2.2 ; rNa  52.9  216.4 pm
2.2
 22
11 Na : / 1 s 2
/ 2 s 2
2 p 6
/ ; Z *
2s 2 p  11  (7  0.35  2  0 .85 )  6.85 ; rNa   52 .9  30.9 pm
6.85
 Pour le fluor :
22
9 F : / 1 s 2
/ 2 s 2
2 p 5
/ ; Z *
2s 2 p  9  (6  0.35  2  0.85 )  5 .20 ; rF  52 .9  40.69 pm
5.20
 22
9 F : / 1s 2
/ 2 s 2
2 p 6
/ ; Z *
2s 2 p  9  (7  0 .35  2  0 .85 )  4 .85 ; rF   52 .9  43.63 pm
4.85
2°)- Conclusion : Ces valeurs calculées montrent qu’un cation est plus petit qu’un atome neutre
tandis qu’un anion est plus gros qu’un atome neutre.

2.4. Utilisation des règles de Slater


Bien que basées sur des approximations, le calcul des énergies des différents groupes
d’électrons permet de rendre compte :
 Des énergies d’ionisation successives des atomes ;
 Du classement énergétique des différentes orbitales atomiques ;
 De justifier la règle de Klechkowsky ;
 etc.

Application IV-4: Détermination de la configuration électronique externe du scandium 21 Sc


La configuration électronique externe du scandium 21 Sc est - elle en 3d 3 ou en 3d 1 4s 2 ?

Corrigé IV-4 :
Deux configurations sont possibles pour le scandium.
A : 1s 2 2s 2 2 p 6 3s 2 3 p 6 3d 3
B : 1s 2 2s 2 2 p 6 3s 2 3 p 6 3d 1 4s 2
Energie du scandium dans l’hypothèse A : E A  2e1s  8e2 s 2 p  8e3s 3 p  3e3d
Energie du scandium dans l’hypothèse B : EB  2e1s  8e2 s 2 p  8e3s 3 p  e3d  2e4 s
Les énergies en ,  liées aux électrons de cœur étant les mêmes, on doit comparer les énergies des
états les plus externes, soit EA  3e3d et EB  e3d  2e4 s
2
 Z* 
EA  3  (13.6)   3d  ; Z3*d  21  (2  0.35  18 1)  2.3
 3 
17

 Z * 
2
 Z*  2

EB  13.6   3d   2   4 s 


 ; Z3*d  21  (18 1)  3 ;
 3  
 3.7 
Z 4*s  21  (1 0.35  9  0.85  10 1)  3
 32 32 
2
 2.3 
D’où E A  13.6  3     23.98 eV ; EB  13.6   2  2   31.48 eV
 3  3 (3.7) 2 
Conclusion : la configuration électronique la plus stable est celle qui correspond à l’énergie
minimale (la plus grande négativement). Pour le scandium 21 Sc , la configuration externe est donc
en 3d 1 4s 2 .
18

C/- CLASSIFICATION PERIODIQUE DES ELEMENTS

1. HISTORIQUE
De 1829 à 1869, de nombreux chimistes avaient constaté une périodicité des propriétés
physiques et chimiques des éléments connus à leur époque en rapport avec leur masse atomique.
Divers essais de disposition des éléments furent proposés :
 1829 : Döbereiner décrit plusieurs triades d’éléments ( Li, Na, K et C, Br , I ) classés par
masse : l’élément du milieu a des propriétés ainsi qu’une masse à mi-chemin des deux autres.
 1862 : De Chancourtois (géologue) propose une répartition par masse croissante en hélice
régulière où à chaque pas, la masse atomique augmentait de 16 unité (oxygène).
 1865 : Newland ; si on range les éléments par masse croissante, les propriétés du 8ème sont
identiques à celle du 1er, du 9ème avec celle du second, etc. (les gaz rares ne sont pas encore
connus) : c’est la « loi des octaves ».
 1869 : J.L. Meyer publie les courbes de propriétés variées (comme le point de fusion, la
température d’ébullition, la densité) d’éléments connus en fonction de leur masse. Les éléments
appartenant à la même famille apparaissent dans des positions identiques sur les courbes.
 1869 : D. Mendeleïev publie, « Relations des propriétés et des masses atomiques des
éléments ». Il dispose dans un tableau à 16 colonnes les 66 éléments connus à l’époque par masse
atomique croissant, en laissant des cases vides et en inversant certains éléments ( Ar et K , Co et
Ni , Te et I ). Il prévoit l’existence d’éléments alors inconnus : Sc , Ga et Ge sont découverts
rapidement.
 1896-1900 : Découverte du néon ( Ne ), du krypton ( Kr ), du xénon ( Xe ) après la création
de la 18ème colonne due à l’existence prouvée de l’hélium ( He ) et de l’argon ( Ar ).
 De nos jours, la classification proposée par D. Mendeleïev demeure valable, mais nous
reconnaissons que la périodicité des propriétés chimiques est due à la périodicité des électrons de
valence, les éléments classés dans une même colonne ayant en effet la même configuration
électronique externe.
19

2. CONSTRUCTION DU TABLEAU PERIODIQUE


Elle se présente sous la forme d’un tableau à 18 colonnes ou groupes et à 7 lignes ou périodes
(Tableau IV-2). Les éléments sont classés par numéro atomique Z croissant de Z  1 pour
l’hydrogène ( 1 H ) à Z  111 pour l’unnununium ( 111Unu ) découvert et fabriqué en 1994.

La structure du tableau périodique est liée au remplissage successif des différentes sous-
couches selon l’ordre donné par la règle de Klechkowsky. Si GN  désigne le gaz noble qui
précède un élément dans le tableau périodique, les électrons de cœur symbolisés par GN  sont
responsables de la configuration électronique du gaz noble ; les autres forment les électrons de
valence et sont décrits, selon la valeur de n par la configuration externe du type :

ns x np y si n  3 ou (n  1)d z ns x np y si n  3

 Les éléments d’une même colonne ont la même configuration électronique externe ;
 Les éléments d’une même période ont la même configuration de cœur, GN  ;

 Le numéro N (ou rang) d’une période est donnée par la valeur de n (nombre quantique
de l’état le plus externes occupé par les électrons de l’élément).
 Le numéro R (ou rang) d’une colonne se relie aux coefficients x, y, et z de la
configuration électronique externe.

R  x ( si y  0)
Pour n  3  R  x  y  10 ( si y  0) Pour n  3 R  x yz

Exemple : Le cuivre ( Z  29) est à la colonne R  11 et à la période N  4 . En effet, d’après sa

structure électronique qui est, 18 Ar  3d 10 4s1 , on voit que la configuration externe est du type

(n  1)d 10 ns1 np0 avec n  4  3 et z  10, x  1, y  0 .


20

Tableau IV-2 : Classification périodique des éléments selon D. Mendeleïev (en rouge : à savoir).

Groupe 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Période
1 2
1
H He
3 4 5 6 7 8 9 10
2
Li Be B C N O F Ne
11 12 13 14 15 16 17 18
3
Na Mg Al Si P S Cl Ar
19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36
4
K Ca Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr
37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54
5
Rb Sr Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I Xe
55 56 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86
6 *
Cs Ba Lu Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb Bi Po At Rn
87 88 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118
7 **
Fr Ra Lr Rf Db Sg Bh Hs Mt Uun Uuu Uub Uut Uuq Uup Uuh Uus Uuo

57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70
*Lanthanoides *
La Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb
89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102
**Actinoides **
Ac Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm Md No

Pour des raisons d’ordre pratique, les familles d’éléments des terres rares (lanthanides) et des actinides correspondant
respectivement au remplissage des sous-couches 4 f et 5 f ont été placés en bas du tableau.

2.1. Analyse des différentes lignes ou périodes


Chaque période (sauf la première, la plus courte : 1 H et 2 He ) débute par le remplissage d’un

alcalin ( 3 Li, 11Na, 19K , 37 Rb, 55 Cs, 87 Fr , sous-couche externe en ns1 ) et se termine par un gaz

rare ( 10 Ne, 18Ar , 36 Kr , Xe,


54 Rn,
86 X , sous-couche externe en ns 2 np 6 ). Le nombre quantique
118

principal n croît d’une unité lorsque l’on passe d’une période à une autre.
 La première période (n  1) ne comprend que deux éléments car elle correspond au
remplissage de la première couche qui ne contient que l’orbital 1s :

1 H : 1s1 et 2 He : 1s 2
21

 La deuxième période (n  2) commence par le remplissage de l’orbitale 2 s et se

poursuit par celui des trois orbitales 2 p . Il ya donc huit éléments depuis le lithium ( 3 Li ) dont la

configuration électronique de valence est 2s1 , jusqu’au néon ( 10 Ne : 2s 2 2 p 6 ).

 La situation est tout à fait identique pour la troisième période (n  3) dans laquelle les

orbitales 3s ( 11 Na : 3s1 ; 12Mg : 3s 2 ) et 3 p (depuis 13 A : 3s 2 3 p1 jusqu’à 18 Ar : 3s 2 3 p6 ) sont

successivement remplies. On peut remarquer que les OA 3d qui ont le même nombre quantique
principal que les OA 3s ou 3 p ne sont pas remplies dans cette période. En effet, la règle de
Klechkowsky prévoit que leur remplissage est repoussé après celui de l’OA 4 s .
 La quatrième période (n  4) débute par le remplissage de la sous-couche 4 s

( 19 K : 4s1 ; 20 Ca : 4s 2 ) et se termine par celui de la sous-couche 4 p (depuis 31 Ga : 4s 2 4 p1

jusqu’à 36 Kr : 4s 2 4 p 6 ). Entre ces deux groupes, se situe ce qu’on appelle une série de transition,
qui correspond à l’occupation progressive des OA 3d . Cette première série de transition
comprend 10 éléments (appelés métaux de transition) puisqu’il ya 5 OA d pouvant contenir
chacune 2 électrons. On appelle métal de transition tout élément ayant une sous-couche
électronique d incomplète ou qui donne naissance à un ou plusieurs cations ayant une sous-
couche d incomplète, c’est à dire du type ns 2 (n  1)d z avec z  10 . Au total la quatrième
période contient 18 éléments (2+10+6). Il faut noter, enfin, deux exceptions à la règle de
Klechkowsky parmi cette première série des éléments de transition : c’est l’inversion de
configuration pour le chrome ( 3d 5 4s1 au lieu de 4s 2 3d 4 ) et le cuivre ( 3d 10 4s1 au lieu de
4s 2 3d 9 ). Une des raisons de ces exceptions est liée au fait que les énergies des OA 4 s et 3d
sont très voisines, si bien que le passage d’un électron du niveau 4 s au niveau 3d est à priori peu
coûteux en énergie.
 La structure de la cinquième période (n  5) est identique à celle de la quatrième : elle

débute par le remplissage de la sous-couche 5s ( 37 Rb : 5s1 ; 38Sr : 5s 2 ), se termine par celui de la

sous-couche 5 p (de 49 In : 5s 2 5 p1 à 54 Xe : 5s 2 5 p 6 ) et, entre les deux, s’intercalent 10 éléments

de transition correspondant au remplissage progressif de la sous-couche 4d (deuxième série des


métaux de transition de Y à
39 48 Cd ). Les exceptions à la règle de Klechkowsky sont plus

nombreuse dans cette série ( 41 Nb : 4d 4 5s1 ; 42 Mo : 4d 5 5s1 ; 44 Ru : 4d 7 5s1 ; 45 Rh : 4d 8 5s1 ;


22

46 Pd : 4d 10 5s 0 ; 47 Ag : 4d 10 5s1 ) car les énergies des orbitales 5s et 4d sont très proches. Il est
alors difficile d’expliquer l’origine de toutes ces inversions par des arguments simples.
 La sixième période (n  6) comprend deux séries de transitions : en effet, le remplissage

de la sous-couche 6 s ( 55 Cs : 6s1 ; 56 Ba : 6s 2 ) est suivi de celui des sous-couches 4 f (série des

lanthanides) et 5d (troisième série des métaux de transition), puis par celui de la sous-couche
6 p (de 81T : 6s 2 6 p1 à 86 Rn : 6s 2 6 p 6 ). La situation est compliquée par le fait que les deux séries

de transition sont imbriquées : dans le lanthane ( 57 La : 5d 1 6s 2 ), un électron occupe le niveau 5d ,

mais les 14 éléments suivants correspondent au remplissage des 7 orbitales 4 f . Ensuite


seulement, le remplissage des orbitales 5d se poursuit avec 9 éléments (de l’hafnium

72 Hf : 5d 2 6s 2 au mercure 80 Hg : 5d 10 6s 2 ). Dans cette période qui contient 32 éléments

(2+14+10+6), on note quatre exceptions à la règle de Klechkowsky : 57 La : 4 f 0 5d 1 6s 2 ;

64 Gd : 4 f 7 5d 1 6s 2 ; 78 Pt : 4 f 14 5d 9 6s1 ; 79 Au : 4 f 14 5d 10 6s1

 Enfin la septième période (n  7) n’est pas complète dans le sens ou tous les éléments
susceptibles d’y être rencontré n’ont pas encore été observés expérimentalement. Dans cette
période où les orbitales 7 s , 6d (quatrième série des métaux de transition) et 5 f (série des
actinides) peuvent être occupées , les exceptions à la règle de Klechkowsky sont fréquentes, en
raison de la proximité énergétique de ces orbitales.

Remarque : Il existe une relation simple entre le numéro n d’une période et le nombre NE

d’éléments qu’elle contient :  NE  12 (n  1) 2 si n est impair


1 2

 NE  2 (n  2) si n est pair

2.2. Analyse des différentes familles ou groupes


La classification périodique comprend aussi 18 colonnes ou groupes. Les éléments
appartenant à un même groupe ont même structure électronique externe. Les électrons externes
étant responsables des propriétés chimiques, un groupe va constituer une famille d’éléments de
propriétés chimiques voisines. Certaines familles portent des noms consacrés par l’usage.


Quelques exceptions sont toutefois à noter dans les colonnes qui regroupent des éléments de transition.
23

Groupe 1 : en ns 1 , famille des métaux alcalins (du 3 Li : 2s1 au 87 Fr : 7 s1 ), sauf l’hydrogène ;

Groupe 2 : en ns 2 , famille des métaux alcalino-terreux (du 4 Be : 2s 2 au 88 Ra : 7s 2 ) ;

Groupe 16 : en ns 2 np 4 , familles des chalcogènes (de 8 O : 2s 2 2 p 4 au 84 Po : 6s 2 6 p 4 ) ;

Groupe 17 : en ns 2 np 5 , familles des halogènes (du 9 F : 2s 2 2 p 5 au 86 At : 6s 2 6 p 5 ) ;

Groupe 18 : en ns 2 np 6 , familles des gaz rares (du 10 Ne : 2s 2 2 p 6 au 86 Rn : 6s 2 6 p 6 ), sauf 2 He ;

Groupe 8-9-10 : en ns 2 (n  1)d z ( z  6,7,8) appelé groupe des triades.

2.3. Description selon les blocs


On peut aussi avoir une vision de la classification périodique en termes de blocs, car il
apparaît comme étant un assemblage de quatre blocs correspondant au remplissage progressif des
sous-couches s , p , d et f .

Tableau IV-3 : Description du tableau périodique selon les blocs : présentation avec le schéma de la dernière sous
couche pour chaque élément.

Bloc s Bloc d Bloc p

1s1 1s2

2s1 2s2 2p1 2p2 2p3 2p4 2p5 2p6

3s1 3s2 3p1 3p2 3p3 3p4 3p5 3p6

4s1 4s2 3d1 3d2 3d3 3d4 3d5 3d6 3d7 3d8 3d9 3d10 4p1 4p2 4p3 4p4 4p5 4p6

5s1 5s2 4d1 4d2 4d3 4d4 4d5 4d6 4d7 4d8 4d9 4d10 5p1 5p2 5p3 5p4 5p5 5p6

6s1 6s2 5d1 5d2 5d3 5d4 5d5 5d6 5d7 5d8 5d9 5d10 6p1 6p2 6p3 6p4 6p5 6p6

7s1 7s2 6d1 6d2 6d3

Bloc f

4f1 4f2 4f3 4f4 4f5 4f6 4f7 4f8 4f9 4f10 4f11 4f12 4f13 4f14

5f1 5f2 5f3 5f4 5f5 5f6 5f7 5f8 5f9 5f10 5f11 5f12 5f13 5f14
24

 Bloc s [ns x , x  1, 2] : Il est constitué des groupes 1 et 2 des métaux alcalins et des métaux
alcalino-terreux, et sont caractérisés par une tendance à céder facilement leurs électrons externes
et acquérir ainsi une structure de gaz rare.
 Bloc p [ns 2 np x , x  1...6] : Il est constitué des groupes 13 à 18. A l’exception des gaz rares,
les éléments de ce bloc peuvent avoir plusieurs états d’oxydation, mais chaque groupe demeure
caractérisé par un degré d’oxydation usuel.
 Bloc d [(n  1)d x ns 2 , x  1...10] : Il est constitué des groupes 3 à 12. Les éléments de ce

bloc sont de configuration électronique externe du type ns 2 (n  1)d z avec 1  z  10 et sont


connus sous le nom d’éléments de transition, puisqu’une fois l’orbitale ns remplie, on transite
par la sous-couche (n  1)d qu’il faut peupler avant d’entamer le remplissage du niveau np . Ce
bloc est constitué de 3 séries pleines de 10 éléments chacune et une quatrième série incomplète.
Tous les éléments sont des métaux et possèdent des états d’oxydation variables.
 Bloc f [(n  2) f x ns 2 , x  1...14] : Il est constitué de deux séries de 14 éléments chacune.
Les lanthanides correspondent au remplissage de la sous-couche 4 f et les actinides à celui de la
sous-couche 5 f . Les actinides sont moins connus et moins étudiés que les lanthanides.
L’ensemble de ces éléments présente le degré d’oxydation usuel +III. Mais certains d’entre eux
présentent en plus le degré +II ou +IV s’il conduit à une sous-couche f totalement pleine ou à
moitié remplie.

3. PERIODICITE DES PROPRIETES PHYSIQUES ET CHIMIQUES


La notion de famille chimique (importance de la terminaison électronique) se traduit par la
périodicité de certaines propriétés : densité électronique moyenne ( Z / volume de l ' atome) ,
potentiel de première ionisation, etc. Avant d’appréhender ce problème, nous allons préciser
l’état standard des éléments.

3.1. Etat physique des éléments à l’état standard


L’état d’un élément est fonction des grandeurs thermodynamiques telles que la température
te la pression. A l’état standard (T=25 °C, p=1 atm), 92 éléments du tableau périodique sont
naturellement solides et 11 sont gazeux tandis que le mercure et le dibrome sont liquides.
25

3.2. Energie d'ionisation ( I)


C’est l’énergie qu’il faut fournir pour arracher un électron à un atome à l’état gazeux dans
son état fondamental. Elle est notée I et s’exprime généralement en électron-volt (eV).
 X  ( g )  e  ; I  E X   E X  0
X (g) 

Il s’agit donc du départ d’un électron de la dernière sous-couche occupé. Plus cet électron
sera facile à arracher, c’est à dire moins lié au noyau par des interactions purement électrostatique
*
( F  Z2 ), plus I sera faible. Deux facteurs entrent en jeu :
r

a)- La distance de l’électron périphérique au noyau : Si r augmente, l’électron


périphérique est moins lié au noyau puisque les interactions diminuent rapidement, donc I
décroît.
b)- La charge du noyau : Plus le noyau contient de protons, donc plus Z est grand, plus
l’électron périphérique est retenu au noyau. Ce facteur est cependant de moindre importance et
peut par contre expliquer les différences de I pour une série isoélectronique.

On appellera énergie de nème ionisation, l’énergie mise en jeu lors de la réaction :


X ( n1) ( g ) 
 X n ( g )  e ; I n

I1  E X   E X ; I 2  E X 2  E X  ; I 3  E X 3  E X 2 ….… I n  E X n  E X ( n1)

Il devient de plus en plus difficile d’arracher un électron lorsque la charge positive


augmente sur l’atome, donc : I1  I 2  I 3  .....  I n

Remarque : Les énergies d’ionisations successives donnent des informations sur le nombre des
électrons de la couche de valence d’un atome (voir exercice d’application IV-5). En effet,
l’augmentation de I est relativement faible tant que l’on arrache des électrons de la même
couche ; puis on assiste à une augmentation importante de I , correspondant à l’arrachement des
électrons d’une couche plus proche du noyau.
26

Application IV-5: Détermination des couches électroniques par ionisations successives.


Le tableau suivant propose les valeurs des quatre énergies d’ionisation successives en eV pour cinq
éléments notés A, B, C, D et E.

I1 (eV ) I 2 (eV ) I 3 (eV ) I 4 (eV )


Elément A 11.3 24.9 47.7 64.3
Elément B 5.2 47.7 71.5 98.5
Elément C 7.7 15.6 79.8 108.9
Elément D 8.3 24.9 38.4 259.2
Elément E 6.1 18.7 28.0 120.3

Quelle paire d’éléments (parmi les 5 réponses proposées ci-dessous) appartient vraisemblablement
au même groupe de la classification périodique ?
R1 : A et B ; R2 : B et C ; R3 : C et E ; R4 : C et D ; R5 : D et E

Corrigé IV-5 :
D’après la remarque ci-dessus, on peut noter que :
Pour A : il ya probablement au moins quatre électrons externes ;
Pour B : un électron externe ;
Pour C : deux électrons externes ;
Pour D : trois électrons externes ;
Pour E : trois électrons externes ;
Conclusion : la bonne réponse est : R5 : D et E

L’énergie d’ionisation varie avec Z (voir Fig. IV-2)


 Dans une période, I augmente quand Z augmente (des alcalins aux gaz rares) : ceci
correspond à une augmentation continue de la charge du noyau et à une augmentation en parallèle
de la charge effective Z * .
 Dans un groupe, I diminue quand Z augmente : on s’éloigne du noyau quand on
descend une colonne, l’électron périphérique est de moins en moins lié.

La mesure de l’énergie d’ionisation a apporté une preuve expérimentale de l’organisation


des électrons en couche autour du noyau. La Fig. IV-2 montre que les atomes possédant des
couches électroniques complètes (les gaz rares, les alcalino-terreux, etc.) ou à demi-remplies
perdent plus difficilement un électron et leur énergie d’ionisation est supérieure à celle attendue.
27

Fig. IV-2 : Evolution de l’énergie d’ionisation des éléments du tableau périodique en fonction de Z.

3.3. Affinité électronique (A)


C’est l’énergie dégagée lors de l’addition d’un électron supplémentaire à un atome gazeux.
Elle est notée A . X (g)  e  X  ( g ) 
 A (eV )
La mesure directe de A est difficile : on peut la déterminer à partir de cycles
thermochimiques. En général, cette énergie est négative, c’est à dire que cette réaction est
exothermique. Par définition, l’affinité électronique est égale à l’enthalpie de cette réaction
changée de signe. Par convention, les affinités électroniques sont exprimées en électron-volt (eV)
et positivement.
Exemple :
Réactions  298K (kj mol-1) A (eV)

Li ( g )  e   Li  ( g )
 - 59.8 + 0.62

C ( g )  e  C  ( g )
 - 348.8 + 3.62

N.B.: 1 eV = 23.06 Kcal mol-1 = 96.48 kj mol-1.


L’affinité électronique traduit l’aptitude d’un atome à pouvoir capter un électron
supplémentaire. Plus X  (g ) est stable, plus A sera élevée.
28

La variation de l’affinité électronique avec Z n’est pas régulière suivant une période
ou un groupe. Tout au plus, on peut noter la tendance des éléments des halogènes à former des
ions X  stables, car isoélectroniques des gaz rares ( ns 2 np 6 ) et la faible tendance des éléments

des alcalins à donner X  ( ns 2 ). Certains éléments ont une affinité électronique nulle : ceux pour
lesquels les sous-couches sont entièrement remplies ; cas des éléments des alcalino-terreux et des
gaz rares.
En guise de conclusion : L’examen des valeurs d’énergie de première ionisation des alcalins et de
l’affinité électronique pour les halogènes met en évidence la très grande stabilité de la structure
électronique des gaz rares. La configuration électronique ns 2 np 6 sera considérée comme une
référence de stabilité ; les éléments chimiques auront un comportement chimique qui les conduit
à cette configuration (règle de l’octet, surtout valable pour les périodes 2 et 3 où les OA d
n’interviennent pas).

3.4. Echelles d'électronégativité (  )


L’électronégativité n’est pas définie pour un atome isolé, car elle correspond à la tendance
d’un atome lié à attirer les électrons des autres atomes de la molécule ou de l’ion dans lesquels il
est engagé. C’est une grandeur sans dimension et est notée par la lettre grecque « khi »,  .
Rappelons que plus un atome est électronégatif, plus il attire les électrons. On définit des échelles
d’électronégativité dont l’utilisation est essentiellement qualitative. Trois échelles sont
principalement utilisées. Les deux premières sont définies à partir des propriétés atomiques que
nous venons d’étudier.

3.4.1. Echelle de Mulliken


L’électronégativité selon Mulliken (  M ) d’un élément est donnée par la formule
IA 1
suivante : M  
2 3.15
C’est donc une moyenne entre la tendance qu’à un élément de perdre un électron ( I ) et
d’en gagner un ( A ). Mais cette méthode de détermination de  est limitée par le fait que :
a)- On ne connaît pas l’affinité électronique de tous les éléments ;
29

b)- Elle définit l’électronégativité comme une grandeur liée à l’atome isolé et pas dans un
environnement chimique.

3.4.2. Echelle d'Allred et Rochow


Dans cette échelle, l’électronégativité est proportionnelle à la force d’attraction qu’exerce
le noyau sur l’électron le plus externe. On a la relation suivante :
Z*
 AR  0.359   0.744
r2
Z * : charge effective de l’électron le plus externe ;
r : rayon de covalence (en Å) de l’élément.

3.4.3. Echelle de Pauling


Cette troisième échelle qui est la plus couramment utilisée est définie à partir des propriétés
moléculaires. Pauling a remarqué que l’énergie de dissociation E AB d’une molécule
hétéronucléaire A  B est généralement plus grande que celle de chaque molécule homonucléaire
A  A ou B  B (respectivement E AA et E BB ).
Soit pour une liaison A  B présentant un certain caractère ionique :
A B 

E AB
A  B
A  A 

E AA
A  A
BB 

E BB
B  B
Dans l’échelle de Pauling, la différence d’électronégativité entre A et B est reliée aux énergies de
dissociation par la formule :
 A   B  0.102   AB

avec  AB  E AB  E AA  EBB (en kj mol-1)

 AB représente la contribution du caractère ionique partiel de la liaison A  B polarisée et


s’exprime toujours en kj mol-1.
Le choix de Pauling s’est fixé sur le fluor, l’élément le plus électronégatif comme
référence de son échelle. Il lui a attribué une valeur de 3.98. de proche en proche, on peut donc
déterminer les valeurs de l’électronégativité des différents éléments.
30

Tableau IV-4: Electronégativité des éléments du tableau périodique selon l’échelle de Pauling

H
2,2 Échelle d’Électronégativité selon Pauling He

Li Be B C N O F
Ne
1,0 1,6 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0

Na Mg Al Si P S Cl
Ar
0,9 1,3 1,6 1,9 2,2 2,6 3,1

K Ca Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br
Kr
0,8 1,0 1,4 1,5 1,6 1,7 1,5 1,8 1,9 1,9 2,0 1,7 1,8 2,0 2,2 2,5 2,9

Rb Sr Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I
Xe
0,8 1,0 1,2 1,3 1,6 2,1 1,9 2,2 2,3 2,2 1,9 1,7 1,8 19 2,1 2,2 2,7
Cs Ba La Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb Bi Po At
Rn
0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 2,4 1,9 2,2 2,2 2,3 2,5 2,0 2,0 1,9 2,0 2,0 2,2

Application IV-6: Calcul de l’électronégativité de l’hydrogène.


Quelles sont les valeurs de l’électronégativité de l’hydrogène dans les échelles de Mulliken et de
Pauling ?.
Données : E HF  568.6 kj mol 1 ; EHH  432.0 kj mol 1 ; EFF  157.0 kj mol 1 .
Pour l’hydrogène : I  13.59 eV ; A  0.754 eV

Corrigé IV-6 :
IA 1
Selon Mulliken :     2.28
2 3.15
Selon Pauling :  HF  E HF  E HH  E FF  568.6  432  157  308.17 kj mol 1
 F   H  0.102   HF  1.79
 H  3.98  1.79  2.19
On retrouve approximativement les mêmes valeurs.

Les variations de l’électronégativité dans le tableau périodique sont très semblables quelle
que soit l’échelle utilisée. En valeur relative, on constate que  croît lorsque l’on se déplace de
la gauche vers la droite et décroît quand on descend une colonne. L’élément le plus électronégatif
est alors le fluor, et le plus électropositif étant le césium.
31

3.5. Rayons atomiques, rayons ioniques


La notion de rayon de l’atome seul n’a aucun sens ; en effet, le rayon ne peut être définit que
si l’atome est lié. Il dépend donc de la nature des liaisons et du nombre de proches voisins.
Dans les composés, on appelle rayon covalent la moitié de la distance séparant deux noyaux
de même nature, liés par une seule liaison covalente simple. Ce rayon ainsi obtenu est considéré
sensiblement constant et peut être réutilisé pour déterminer le rayon d’un autre atome si celui-ci
n’existe pas sous forme de molécule diatomique homonucléaire A  A . La formule suivante
permet une meilleure évaluation du rayon par rapport à celle établie par Slater (paragraphe 2.3.) :
 n2
R (A)  0.215   0.148n  0.225
Z*
Les rayons ioniques sont obtenus en assimilant, dans les cristaux ioniques, les ions à des
sphères dures.

Le rayon atomique ou ionique varie avec Z (Fig. IV-3).

Fig. IV-3 : Evolution du rayon atomique des éléments du tableau périodique en fonction de Z.
32

Dans le tableau périodique :


 Suivant une période, rat décroît quand Z croît : l’addition d’un électron supplémentaire s

ou p sur une sous-couche insaturée change faiblement le coefficient d’écran correspondant, donc

Z * croît, et l’attraction électrostatique est de plus en plus forte, donc rat décroît.

 Suivant un groupe, rat croît quand Z croît : il s’agit d’une évolution normale, puisque le

changement de période implique la présence de 8 ou 18 électrons supplémentaires qui font écran


en diminuant Z * en valeur relative.

Remarque :
 Dans une série isoélectronique, les anions sont plus gros que les cations, et d’autant plus
gros que leur charge est élevée. Les cations sont d’autant plus petits que leur charge est élevée.
 Un cation est plus petit que l’atome neutre ( rLi  155 pm ; rLi   68 pm ).

 Un anion est plus gros que l’atome neutre ( rC  99 pm ; rC  181 pm ).

En guise de conclusion :

I A Pas

régulier

rat  Z*
33

D/- CONCLUSION

Nous avons vu que la fonction d’onde d’un système à plusieurs électrons (qu’il soit
d’ailleurs atomique ou moléculaire) est un produit antisymétrisé d’orbitales ou plutôt de spin-
orbitales. Ce sont des fonctions monoélectroniques qui, dans le cadre d’un atome, s’apparentent
aux fonctions propres du système hydrogénoïde correspondant. Partant de là, nous avons décrit la
structure électronique des atomes en utilisant certains principes. De la même manière, nous avons
pu établir une corrélation entre cette structure électronique et la disposition des atomes dans le
tableau périodique ; ce qui nous a permis d’obtenir une description qualitative de certaines de
leurs propriétés physiques et chimiques telles que : énergie d’ionisation, affinité électronique,
électronégativité et rayons atomiques.
Chapitre VI

LES EDIFICES POLYATOMIQUES :


LIAISONS CHIMIQUES
CONTENU DU CHAPITRE
A/- GENERALITES
1. Introduction
2. Bilan des principaux types de liaisons
3. Energies mises en jeu
B/- LIAISON INTRAMOLECULAIRES
1. Introduction
2. Liaison ionique
3. Liaison covalente, théorie classique
4. Géométrie des molécules, la méthode du VSEPR
5. Théorie quantique de la liaison de covalence
6. Notion d’hybridation des orbitales atomiques
C/- LIAISONS INTERMOLECULAIRES
1. Liaison hydrogène
2. Liaison de Van Der Walls
D/- CONCLUSION

OBJECTIF DU CHAPITRE
Après l'étude de ce Chapitre, vous serez capable:
1°)- De décrire la formation d’une liaison ionique ou covalente dans les théories classiques et
quantiques ;
2°)- D’écrire les formules de Lewis pour les atomes, les molécules et les ions mono ou
polyatomiques ;
3°)- De prévoir la géométrie des molécules en utilisant la méthode du VSEPR ;
4°)- De considérer une OM comme une combinaison linéaire des OA ;
5°)- De dessiner les parties angulaires des OM  et  et de donner les diagrammes énergétiques
des OM des molécules simples ;
6°)- D’envisager l’hybridation d’un atome au sein d’une molécule et de préciser la nature de
l’hybridation ;
7°)- De connaître quelques caractéristiques des liaisons intermoléculaires.
A/- GENERALITES
1. INTRODUCTION
La notion de liaison chimique a pris naissance à partir de la conception empirique de la
valence. La valence d’un élément est égale au nombre de liaison que peut former cet élément. Ce
concept de valence qui est donc un moyen technique de compréhension de la manière dont les
atomes s’associent entre eux est lui-même lié aux électrons périphériques ou électrons de
valence.
2s 2p

Exemples : 8 O : 1s 2 2s 2 2 p 4

3s 3p

16 S : 1s 2 2s 2 2 p 6 3s 2 3 p 4

L’oxygène et le soufre ont même nombre d’électrons de valence. Cependant :


 L’oxygène ne peut utiliser les OA de type d et ne possède donc qu’un seul état de
valence avec 2 électrons célibataires.
 Le soufre peut mobiliser les OA 3d et présenter 3 états de valence avec 2, 4, 6 électrons
célibataires comme suit :

3s 3p

Valence 2.
3s 3p 3d
Valence 4
3s 3p 3d
Valence 6

D’une façon plus générale, on dit qu’il ya liaison chimique entre deux ou plusieurs
atomes lorsque l’énergie du système constitué par ces atomes est inférieure à la sommes des
énergies des atomes isolés. La liaison chimique se traduit donc par un gain de stabilité.
Ceci étant, si nous comparons deux cristaux, le diamant et le chlorure de sodium, il
apparaît immédiatement des différences importantes : dureté friabilité, solubilité etc. Ces
différences sont liées à la nature des liaisons existant entre ces atomes. On se posera toujours la
question suivante, à savoir : Comment s’assemblent les atomes ? Quelle est la nature des liaisons
qui associent les atomes entre eux pour former des molécules ?.
On saura par la suite que :
 Des atomes neutres peuvent s’assembler par mise en commun d’électrons : dans ce cas, la
densité électronique sera importante entre les atomes (liaison de covalence, liaison métallique,
etc.).
 Des ions ou des atomes chargés peuvent s’assembler par interaction électrostatique entre
atomes portant des charges de signes contraires (liaison ionique, liaisons dites de faible énergie,
etc.).
Il est cependant important de retenir que très souvent, les cas ne sont pas parfaitement tranchés, et
on parlera alors de caractère ionique ou de caractère métallique plus ou moins important.

2. BILAN DES PRINCIPAUX TYPES DE LIAISONS


Les théories modernes de la liaison chimique, ont permis de faire la distinction des
différents types de liaison. On distingue deux groupes :

Tableau VI-1 : Bilan des principaux types de liaisons chimiques.


Facteur Dépendance en Energie typique
Type d’interaction responsable de distance d’interaction Exemples
l’interaction (kJ/mol)
Liaison covalente Recouvrement à longue distance 100-1000 PCl5 , SF6 , CH4
Liaisons orbital
INTER Liaison ionique Charge des ions 1
, à longue distance 400-1000 LiF, NaCl, MnO
r
Ion-dipole Charge de l’ion ;- 1
, à courte distance 40-600 Fe(H 2 O)36
r2
Liaisons moment dipolaire
INTRA Liaison hydrogène Electronégativité - 10-40 H2O, HF, NH3
(dipole-dipole)
Dipole-dipole Moment dipolaire 1
, à courte distance 2-25 NO2 , NO
r3

 Les liaisons intramoléculaires ou liaisons de nature chimique, qui s’exercent entre atomes
et que l’on trouve dans les composés chimiques et les métaux. (liaison ionique et liaison
covalente).
 Les liaisons intermoléculaires ou liaisons de nature physique (liaisons hydrogène, liaison
de Van Der Walls).
Le Tableau VI-1 suivant résume les caractéristiques liées à leur origine et à leur énergie.
Leur domaine d’action est fortement lié à la dépendance en distance. Les liaisons impliquant les
interactions intermoléculaires sont séparées des deux liaisons intramoléculaires les plus
importantes.

3. ENERGIES MISES EN JEU


L’énergie mise en jeu lors de la formation des différents types de liaisons est variable.
 Si on suppose la liaison formée à partir d’atomes isolés :
A g   B g   AB
Exemple : H f  0
C g   D g   CD

Les éléments A et B sont pris sous forme atomique et gazeuse, le composé AB est sous son état
standard. L’enthalpie mise en jeu au cours de cette réaction est toujours négative. Le Système AB
est donc toujours plus stable que les atomes isolés.

On peut définir l’énergie de dissociation E D  H ; cette énergie est toujours positive.

C’est l’énergie qu’il faut fournir pour rompre la liaison. Plus E D est important plus la liaison est
difficile à scinder en atome, plus la liaison est solide. L’ordre de grandeur de E D est de quelques
centaines de kJ.mol-1.
 Dans le cas d’une liaison ionique, il est possible de considérer l’énergie mise en jeu
au cours de la réaction :
Ag   Bg   AB H (réticulaire).

L’énergie mise en jeu au cours de cette réaction est l’énergie réticulaire : les ions sont
considérés à l’état gazeux, AB est pris à l’état standard.
 De façon générale :
 Les liaisons intermoléculaires sont des liaisons dites de faibles énergies (quelques dizaines
de kJ.mol-1). Leur nature est purement électrostatique.
 Les liaisons intramoléculaires sont des liaisons qui impliquent de grandes énergies
(quelques centaines de kJ.mol-1).
B/- LIAISONS INTRAMOLECULAIRES

1. INTRODUCTION
Il est important de bien comprendre que l’association d’un atome A avec un atome B pour
former une molécule AB n’est possible que si le cortège électronique de valence globale de la
molécule est tel que son énergie est plus faible que l’énergie des 2 atomes pris séparément.

Autrement dit, en partant d’un système de 2


10
atomes isolés ( énergie E0 ), l’énergie de ce
5
système peut diminuer par rapprochement
Energie ( E )

rmin
0
des atomes, ceux-ci vont se rapprocher
spontanément, s’attirer, et puis ils
-5
Emin s’arrêteront à une distance telle que l’énergie

-10
du système des deux atomes soit minimale.
0 2 4 6 8 10
distance inter-nucléaire (r) Ce phénomène est bien illustré par la courbe
de Morse (Fig.VI-1).
Fig. VI-1 : Variation de l’énergie totale (E) en
fonction de la distance internucléaire (r) de deux
atomes A et B ; rmin, .est la distance internucléaire
minimale ou longueur de liaison ; Emi, estl’énergie de
liaison

Dans tous les cas, les atomes qui sont unis à l’état d’énergie le plus bas constitue la
molécule. Dans une molécule il existe donc un équilibre entre l’ensemble des forces répulsives
(électron-électron), (noyau-noyau) et attractives (électron-noyau). La liaison chimique est donc
toujours de nature électrostatique et se ramène à un ensemble d’interactions coulombiennes. Le
caractère électrostatique de la liaison peut ne pas apparaître sensiblement si le barycentre des
charges positives et négatives est le même : c’est le cas de la liaison covalente pure. Dans
d’autres cas au contraire, la distribution des charges dans la molécule se traduit par un champ
extérieur non nul qui se manifeste expérimentalement par l’existence d’un moment dipolaire.
2. LIAISON IONIQUE
Il s’agit en fait d’interactions électrostatiques entre ions assimilés à des sphères dures.
Cations et anions s’attirent, tandis que les cations ou les anions se repoussent mutuellement.
L’empilement des ions est régulier : les cations sont entourés par des anions et les ions de
signes opposés ne sont pas tangents.
On peut estimer que deux éléments dont la différence d’électronégativité est supérieure ou
égale à 2 vont former des combinaisons ioniques (Tableau VI-2).

Tableau V-2 : Caractéristiques de quelques composés ioniques :

Ions K+ Cl- Ca2+ O2- Al3+ O2-


Différence de χ χ C  χ K  2.4 χ O  χ Ca  2.5 χ O  χ A  2.0
Formule du cristal KCl CaO Al2O3
Tfus (° C) 770 2614 2072

NB : Les cristaux ioniques on des températures de fusion élevées. Cependant une température de
fusion élevée n’est pas un critère suffisant d’ionicité d’un cristal. Sa fusion doit donner naissance
à un liquide conducteur ; l’électrolyse du liquide doit conduire à des réactions simples aux
électrodes.
Lorsque la différence d’électronégativité des éléments qui tendent à se combiner est
inférieure à 2, on ne peut plus décrire le solide qui se forme uniquement en terme d’interactions
électrostatiques car un certain caractère de covalence, non quantifiable, intervient pour interpréter
qualitativement la stabilité thermique du réseau cristallin.
En conclusion la liaison entre cation et anion est d’autant plus ionique que le cation est
gros et faiblement chargé et que l’anion est petit et faiblement chargé. Les cations fortement
chargés associés à des anions fortement chargés fournissent des édifices cristallins à caractère
ionique compensé par un certain caractère covalent.

3. LIAISON COVALENTE, THEORIE CLASSIQUE


Si la liaison ionique rend facilement compte des combinaisons intervenant entre les
éléments d’électronégativité très différentes, elle est par contre totalement impuissante pour
expliquer la formation des liaisons entre éléments de même électronégativité. C’est Lewis et
Kossel qui en 1916 émirent l’hypothèse de la liaison de covalence.

3.1. Définition
On dit qu’il y’a liaison de covalence lorsqu’il y a mise en commun d’électrons entre deux
atomes. La liaison de covalence correspond à une densité électronique non nulle entre les deux
atomes.

3.2. Représentations et règles de Lewis


La représentation de Lewis fait appel à trois notions principales :
1°)- Seule la dernière couche électronique des atomes participe à la formation des
liaisons ;
2°)- La règle de l’octet : tout atome engagé dans une ou plusieurs liaisons tend à
s’entourer de 8 électrons (2 autour de l’hydrogène) afin d’acquérir la structure électronique du
gaz rare le plus proche ;
3°)- Il existe deux types de liaisons :
a)- Liaison de covalence pure : c’est la mise en commun de deux électrons ; chaque
atome apportant un électron ; le doublet électronique entre les deux atomes étant symbolisé par
un trait de liaison.
A + B* A * B A B
Exemple :

b)- Liaison de coordination ou liaison dative : un atome possédant un doublet


électronique pourra partager celui-ci avec un atome plus électronégatif qui n’a pas encore 8
électrons. Le trait de liaison entre les 2 atomes étant symbolisé par une flèche ; mai de nos jours,
l’écriture avec les charges formelles est la plus utilisée.

A + B A B ou A B
Exemple :

Pour écrire les diagrammes de Lewis des molécules :


1°)- On commence d’abord par repérer l’atome central : c’est le moins électronégatif. Les
autres atomes directement liés à l’atome central sont dits ligands ou atomes périphériques. Ils
sont plus électronégatifs que l’atome central. Les atomes à valences multiples tels que Cl, Br, I,
S, etc., peuvent être ligands ou centraux. Les atomes strictement monovalents tels que H et F ne
peuvent être que ligands ;
2°)- On détermine la configuration électronique externe de chaque atome en indiquant les
doublets électroniques, les électrons célibataires et les lacunes électroniques éventuelles ;
3°)- En suite on établit en premier les liaisons de covalence entre l’atome central et les
ligands ;
4°)- Enfin les doublets libres restants sur l’atome central servent à former des liaisons
datives.
Remarques :
a)- La forme de Lewis est d’autant plus probable qu’elle est neutre ou que les charges
formelles sont éloignées ;
b)- Les charges sur les atomes doivent être en accord avec leur électronégativité ;
c)- Une charge 2 ou 2 sur un atome fournit une forme de Lewis peu probable.

Application VI-1 : Donner les représentations de Lewis des molécules suivantes.


Cl2, H2O, NH3, N2, N2O, SO2, SO3, PCl3, POCl3, N2O4, COCl2, CH3CN, CO2, SOCl2, SO2Cl2,
SeF4, ClO2F, HClO, HClO4, H2SO4, H3PO4, NH2OH, HNO3

Corrigé VI-1 :

H 1s1 H
1

N , P , As , etc.
7 N (15 P, 33 As, ) ns 2 np3

O , S , Se , etc.
8 O (16 S , 34 Se, ) ns 2 np 4

Cl , Br , I , etc.
17 C ( 35 Br , 53 I , ) ns 2 np 5

Etc.
On établit ainsi aisément les structures de Lewis :
H N H
Cl Cl N N H O H H N N O O S O
Cl2 N2 H2O NH3 N2O SO2

O
O O O Cl
Cl P Cl Cl P Cl C O
S N N
O O Cl Cl O O Cl

SO3 PCl3 POCl3 N2O4 COCl2

H O
H C N Cl S Cl Cl S Cl F F
Se
H O C O O O F F

CH3CN CO2 SOCl2 SO2Cl2 SeF4

O
O O H O P O H
O Cl O H O S O H O Cl O H O
F O Cl O H O H
ClO2F H2SO4 ClOH HClO4 H3PO4

H N O H O N O H
H O
NH2OH HNO3

Les molécules d’acides (H2SO4, HClO, HClO4, H3PO4, NH2OH et HNO3 ) possédant un
ou plusieurs atomes d’oxygène sont caractérisées par la présence d’un ou plusieurs groupes
hydroxyles ( O H). On adopte une écriture qui fait apparaître le nombre de groupement
hydroxyle, soit : SO2(OH)2 , Cl(OH), ClO3(OH), PO(OH)3 , NO2(OH) et NO2(OH), d’où les
représentations de Lewis de ces molécules ci-dessus présentées.
3.3. Modèles de Lewis des ions mono et polyatomiques
On obtient un ion en ajoutant ou en enlevant un ou plusieurs électrons à un atome ou à
une molécule. Comme dans le cas des atomes neutres, il suffit d’indiquer pour l’ion central les
doublets liants et non liants, les électrons célibataires, mais aussi les charges formelles et les
lacunes électroniques éventuelles.
Exemple : A partir de l’atome de chlore, on peut former l’anion chlorure Cl et le cation Cl .

Le symbole représente une lacune électronique (case quantique vide) localisée sur un atome
,comme à l’instar du proton H+ .

Exemple des ions résultant de l’autoprotolyse de l’eau : L’ion oxonium H3O+ et hydroxyde OH-.

Un doublet non liant de l’oxygène est partagé entre l’oxygène et le proton ; il y a formation d’une
liaison de covalence dative. L’oxygène qui partage ce doublet acquiert une charge positive.

Dans ce cas il y a repli du doublet de la liaison sur l’atome d’oxygène, ce dernier récupère un
électron et acquiert une charge négative.
Remarques : Les déplacement électroniques d’un atome sur un autre atome sont symbolysés par

des flèches courbes :


Exercices d’application :

3.4. La liaison de covalence polarisée


3.5. Les insuffisances de la règle de l’octet
La règle de l’octet est quelque fois mise en défaut par :
*Des molécules telles que BF3, AlCl3, plus généralement par les acides dit de Lewis.
*Certains éléments de la 3e période (Si, P, S, Cl ) et d’autres de Z supérieur ayant des orbitaux d
libres qui peuvent utiliser plus de quatre orbitales pour la formation des liaisons : Exemples PCl5,
SF6, PCl6-, IF5, IF4+, BrF3, etc.
Pour obtenir les formule de Lewis de ces édifices, il est nécessaire de desaparier les densité
électroniques de la couche externe de l’atome central : Ou passé donc à son état excité.

3.6. Liaison de covalence délocalisée : notion de mésomérie ou résonance


Pour un certain nombre de molécules ou d’ions, il est possible d’écrire plusieurs formules de
Lewis aussi plausibles les unes que les autres.
Exemple : Cas de la molécule d’ozone O3.

O ; O ; O

4. GEOMETRIE DES MOLECULES, LA METHODE DU VSEPR

4.1. Principe de la méthode du VSEPR


4.2. Exemples de structures

4.3. Modification des angles valenciels

4.4. En guise de conclusion

5. THEORIE QUANTIQUE DE LA LIAISON DE COVALENCE


5.1. Théorie des OM, méthode de la LCAO

5.2.

6. NOTION D’HYBRIDATION DES ORBITALES ATOMIQUES

C/- LIAISONS INTERMOLECULAIRES

D/- CONCLUSION

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