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DEDICACE :
REMERCIEMENTS :
Page 3 .
AVANT-PROPROS :
RESUME :
Le présent travail sur les usages et pratiques d’Internet par les étudiants au Cameroun, plus
précisément de l’Université de Douala, nous a permis de porter un regard analytique sur le contexte
de manque de ressources des étudiants pour aller sur Internet, les actions de braconnages pour y
accéder, les choix de navigation, les formes d’hybridations culturelles et les nouvelles pratiques
sociales issues de l’appropriation de cette plateforme info-communicationnelle.
Pour ce fait, nous nous sommes donné pour objectifs de présenter les usages d’Internet par
les étudiants de l’Université de Douala et les pratiques qui découlent de ces usages, de comprendre
les logiques et les motivations liées aux usages et pratiques d’Internet, de décrire les enjeux et les
défis qui sont au cœur de ces usages.
Cela étant, nous avons fait le constat selon lequel, malgré le manque de moyens financiers
face à la cherté des heures de connexion à Internet, le mauvais débit de connexion, l’absence
d’infrastructures de pointe et les coupures intempestives du courant électrique, il s’observe une
addiction des étudiants à l’égard d’Internet. Ces derniers y vont généralement soit pour se faire des
relations, communiquer avec autrui, chercher du travail, soit pour des raisons d’immigration,
trouver l’âme-sœur, faire des cotages de paris sur le football ou pour des raisons académiques (…).
Pour y parvenir, ces derniers recourent aux techniques d’adaptation, de bricolage et de
détournement parmi lesquelles : organiser leur temps autours des choix spécifiques et des besoins
immédiats à satisfaire avant d’aller sur le Net, aller régulièrement sur Internet durant un temps très
ABSTRACT :
This discussion on the uses and the Internet by students practice in Cameroon, specifically
the University of Douala, has allowed us to bring an analytical look at the context of lack of
resources for students to go on the Internet, shares of poaching for access, navigation choices, forms
of cultural hybridization and new social practices from the appropriation of this info-
communication platform.
For this, we set ourselves the objective to present the uses of the Internet by students of the
University of Douala and the practices that flow from these practices, to understand the logic and
motives related to Internet uses and practices, describe the issues and challenges that are at the heart
of these uses.
However, we made the observation that, despite the lack of financial means to face the high
cost of Internet connection times, poor connection speed, the lack of advanced infrastructure and
untimely cuts the electrical current, it is observed an addiction student with respect to Internet. They
usually go there to make new relationship, communicate with others, looking for work or for
immigration reasons, find soul mate, make Cotages to bet on football or for academic reasons (...).
To achieve this, they make recourse to forms of adaptation, make diversion and
misappropriation including : organize their time goshawks specific choices and immediate needs to
be met before going on the Net, going regularly on the Internet for a time very reduced to only view
messages and notifications, carefully use and many times the tickets purchased to connect to the
SOMMAIRE :
DEDICACE …………………………………………………………………………………... 1
REMERCIEMENTS ………………………………………………………………………… 2
AVANT-PROPROS ………………………………………………………………………….. 3
RESUME …………………………………………………………………………………….... 4
ABSTRACT …………………………………………………………………………………... 5
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ………………………………………………... 6
LISTE DES TABLEAUX ET IMAGES …..………………………………………………… 7
SOMMAIRE …………………………………………………………………………………... 8
INTRODUCTION GENERALE ………………………………………………………….... 9
Chapitre III : Jeux d'acteurs et scénarisations des pratiques sociales d’Internet …………...... 59
INTRODUCTION GENERALE :
L’arrivée d’Internet au Cameroun en 19971,2,3,4 a créé une grande exaltation faisant place,
d’une part à un discours louangeur et, d’autre part, à un discours apocalyptique. Pour certains,
Internet serait un réducteur des différenciations sociales et un libérateur du poids de la tradition (…)
pour d’autres, un outil de déculturation qui favorise la rupture des modèles sociaux dans la vie
pratique des jeunes et le détournement des mineurs à travers les sites de charmes et de
pornographie5. C’est ainsi qu’en 1998, dix capitales régionales étaient connectées au réseau ; et au
début de l’an 2000, c’est presque l’ensemble du pays qui le sera6.
Mais au-delà de ces représentations, le développement des technologies et l’expansion
d’Internet dans le monde plus précisément en Afrique, ont créé de nouveaux enjeux et défis chez les
étudiants au Cameroun, qui font usage du Net pour la plupart des cas, dans une logique de
convergence numérique 7 et d’hybridation 8 , pour non seulement complémenter les méthodes
traditionnelles de recherche, également profiter des avantages qu’offre le numérique.
Cependant il faut souligner que, le contexte socio-économique au Cameroun ne facilite pas
la démocratisation d’Internet qui reste toujours l’apanage de définition de ceux qui ont des
ressources à cause de sa cherté. Selon le PNUD (Programme des Nations Unies pour le
Développement), un Camerounais vit avec moins de 1,25 dollar par jour9. Or les coûts d’accès à
Internet restent paradoxaux quant-au niveau de vie des camerounais ; surtout pour les étudiants dont
1 Wame Baba ; Internet au Cameroun : les usages et les usagers. Essai sur l’adoption des technologies de
l’information et de la communication dans un pays en voie de développement, Thèse de Doctorat, Université de Paris II
(Panthéon- Assas), 2005
2 Mahama Salomon, Point sur l'internet et la téléphonie mobile au Cameroun, DEA Informatique, Université de
Yaoundé I, 2008, mémoire en ligne disponible sur www.memoireonline.com
3 BA Abdoul ; Internet, cyberespace et usages en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2003,
4 Devriendt Arthur ; Technologies de l’information et de la communication et fragmentation urbaine à Yaoundé,
Mémoire de Master 2 en Aménagement, Urbanisme et Dynamique des Espaces, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
2009, disponible sur https://fr.scribd.com
5 Misse Misse, « Net optimistes » et « Net pessimistes » au Cameroun ou les Internautes face aux pouvoirs, Juin 2011,
revues.mshparisnord.org
6 Bakoa Monda ; Télécommunications du Cameroun : un réseau en constance extension, In Cameroon Tribune, No
6254 du 27 décembre 1996
7 Spitz Bernard ; La révolution du numérique : l’ère de la convergence, Communication et langages, vol 121, 1999, pp.
115-121, disponible sur www.persee.fr
8 Sonnac Nathalie, Gabszewics Jean ; L’industrie des médias à l’ère numérique, Paris, édition La Découverte, coll.
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de connexion.
Mais par dessus ce contexte mitigé et des défis qui se présentent, nous constatons que les
usages d’Internet au Cameroun foisonnent chez les étudiants et tendent à s’accoutumer comme des
secondes natures. Cette plate-forme de communication est devenue une partie intégrante de la vie
des jeunes et en pareille occurrence des étudiants. Internet gagne considérablement du terrain,
comme le souligne Abdoul BA : « Après les bistrots et les bars, les cybercafés sont en train de
devenir les seconds endroits les plus fréquentés par les Camerounais… »10 À cette citation nous
ajoutons les restaurants, les « tournes-dos »11 et les commerces à la sauvette12 menés en bordure de
route qui restent les endroits les plus fréquentés par la quasi-totalité des camerounais.
Aussi, nous pouvons noter que les cybercafés, lieu de prédilection d’accès à Internet, sont de
véritables vecteurs de socialisation au Cameroun ; où plus jeunes, jeunes et moins jeunes trouvent le
plus souvent des raisons de partager et d’échanger non seulement de manière médiée (sur Internet à
travers un ordinateur), y compris de manière directe avec les personnes qui partagent le même
espace physique de communication qui est le cybercafé.
Ainsi, à travers nos observations empiriques, nous avons fait le constat selon lequel dans les
usages et pratiques d’Internet par les étudiants au Cameroun, il existe entre ces derniers et le
dispositif un rapport au corps et à la réflexivité. Le rapport au corps se manifeste d’une part à
travers la présence du corps sur les applications d’Internet, c’est-à-dire les photos de soi et des
et de la bouillie de maïs (le bhb), prunes et maïs grillés pour ne citer que ceux là.
13 Galinon-Melenec Béatrice, Martin-Juchat Fabienne (dir) ; Le corps communicant. Le XXIe siècle, civilisation du
corps ? Paris, L’Harmattan, 2007, p. 217
14 Avec Patrice Flichy, dans ses travaux sur le corps dans l’espace numérique, le corps subit chez les accrocs
d’informatique, un abandon et une transfiguration au point de perdre des repères temporels, et de ne plus ressentir ni la
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et de consommation de ces derniers. Mais face à ce prix à payer, de nombreux enjeux se profilent à
l’horizon : s’arrimer aux évolutions du monde, être connecté au réseau des réseaux et rester
compétitif pour espérer avoir un avenir meilleur.
Cela étant dit, avec la société de l'information traduite par l'abondance des flux
communicationnels et la promesse de la modernité, la communication digitale est devenue un
complément incontournable de la communication classique et la condition nécessaire de réussite
pour les étudiants au Cameroun, qui ont besoin des compétences technologiques et d’une formation
de pointe afin de s’affirmer au sein du terroir et au-delà de l’hinterland.
Aussi, il faut rappeler que ce changement de cap est lié à la multiplication des outils
technologiques, qui facilitent la diffusion de l’information et consacrent selon Georges Madiba
l’ipséité et l’individualisation de l’En-Soi, (one to one) et non plus seulement la dialectique plurielle
du Moi-Pour-Soi, (one to many)16. Allant dans le même sillage, nous pensons qu'avec la temporalité
des usages, l'En-Soi (être inconscient selon Sartre) qui jadis était considéré comme une cible
amorphe et passive dans la réception, devient à travers le Pour-Soi et le Pour-Autrui (être
conscient) 17 un acteur social actif à partir de l’intégration, l’appropriation et les actes de
détournement d’Internet. Les conditions de vie au Cameroun ne favorisent certainement pas
l’intégration et l’acquisition rapide des TIC (Technologies de l’Information et de la
Communication), mais n’annihilent également pas le caractère actif des étudiants sur Internet, qui
jusqu’ici, restent des excellents braconniers du Net.
16 Miège Bernard, Missé Missé (dir); Mutations socioprofessionnelles et enjeux citoyens du cyber -journalisme dans
l’espace public au Cameroun, Communication et changement social en Afrique et dans les Caraïbes-2, disponible sur
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http://lesenjeux.u-grenoble3.fr/2010-supplementA/Madiba/index.html
17 Sartre, Jean Paul ; L’être et le néant, essai d’ontologie phénoménologique, Paris, Gallimard, 1943, disponible sur
http://la-philosophie.com
doter de préférence aux ordinateurs, des téléphones portables et tablettes de dernières générations
pour apprécier la convergence numérique et mener des pratiques hybrides.
C’est ainsi que certaines pratiques d’Internet ont notamment évolué ; désormais la recherche
de l’âme-sœur sur Internet par certaines étudiantes ne se fait plus que dans les cybercafés comme
l’affirmait Baba Wame dans sa thèse de doctorat. Les dispositifs numérique info-
communicationnels tels que les téléphones portables évolués et les tablettes numériques permettent
dorénavant à certaines étudiantes à la recherche de l’âme-sœur, de traverser les barrières spatio-
temporelles et psychologiques. Car, loin d’aller dans les cybercafés et box pour mener des actions
tabous et séductrices, avec la crainte d’être vue et entendu par d’autres internautes partageant la
même sphère, elles peuvent faire ce qu’elles veulent, où elles veulent en toute intimité.
Autant, nous considérons Internet comme une plate-forme de réseautage informant et
communicant, qui permet de générer des négociations entre usagers dans le processus relationnel de
médiation et de médiatisation ; dans cette étude nous estimons que le Net est un espace de
communication virtuel qui produit une stimulation sociale chez les étudiants de l’Université de
Douala à travers sa capacité d’hybridation des médias et de reliance planétaire.
Nous nous attelons dans notre travail de recherche non pas à réfléchir sur la transparence et
la légitimité d’Internet, encore moins sur sa dimension fonctionnelle. Mais à présenter le décalage
entre les usages et les pratiques d’Internet propres au terrain camerounais, à ressortir les stratégies
Il est également question pour nous, d’analyser à la fois les usages et les pratiques
spécifiques du Net dans la communauté estudiantine au Cameroun, tout en incluant les actions
d’adaptation, de bricolage et de détournement lors de l'appropriation du dispositif par ces derniers.
Et de porter un regard analytique sur le contexte de manque de ressources pour aller sur Internet, les
choix de navigation lorsqu’ils ont la possibilité de s’offrir quelques heures de connexion, y compris
celle de la question de l’identité numérique face aux problèmes économiques qui peuvent empêcher
ces derniers de se poser des questions essentielles sur les données qu’ils mettent en ligne, et enfin
sur les « digitals natives » au Cameroun ; une question sur les générations qui n’a pas encore été
confrontée au terrain camerounais.
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Vue les conditions de vie avec le chômage et le sous emploi, 90 % des étudiants au
Cameroun vivent sous le toit familial et sont à la charge de leurs parents ; les dépenses liées à
Internet impactent directement les habitudes économiques de la famille et les rapports socio-
culturels de manière collective et individuelle.
Les parents, pour l’épanouissement et la réussite de leurs progénitures dans les études,
consentent des sacrifices financiers énormes au point de réduire les dépenses ménagères, voire de
se priver. Afin d’octroyer de l’argent à leurs enfants pour satisfaire les besoins liés au numérique
tels qu’aller naviguer et faire de la recherche en ligne sur les données scientifiques ; bien que la
plupart du temps la navigation sur Internet soit attachée à d’autres usages n’ayant aucun rapport
avec la recherche scientifique. Certains étudiants ne pouvant pas bénéficier de ces sacrifices
familiaux, épargnent leurs propres revenus pour s’offrir quelques heures de plaisir (de connexion à
Internet).
Ce contexte conjoncturel, qui laisse affleurer tout de même une relation affective des jeunes
au Net, marque l’intérêt de travailler sur les usages et pratiques d’Internet par les étudiants au
Cameroun, afin de savoir pourquoi ils vont sur le web, ce qu’ils consultent et les usages détournés
du Net lors de sa pratique et de son appropriation. Car nous nous sommes rendus compte que face
aux usages et pratiques d’Internet observés chez les étudiants en France et en Europe de l’ouest, les
du développement des N.T.I.C. dans le milieu universitaire, on ne peut pour autant parler d’une
véritable intégration de ces N.T.I.C. dans les politiques de formation 18 . C’est une réalité qui
s’observe au Cameroun.
Par ailleurs, force est de constater que les pratiques d’Internet des étudiants constituent un
domaine peu connu et peu maîtrisé (Metzger, Flanagin & Zwarun, 2003 ; Selim, 2003). Rares sont
les acteurs universitaires (par exemple, responsables du secteur informatique ou responsables des
bibliothèques) qui ont une représentation précise des utilisations concrètes qui sont faites de ce
nouveau média, du profil des utilisateurs et des facteurs déterminant leurs pratiques : toutes
connaissances utiles pour battre en brèche le présupposé implicite selon lequel les apprenants
forment un public globalement homogène et motivé, qu’il suffit d’exposer aux technologies pour
qu’ils en tirent bénéfice (Papadoudi, 2000)19.
1) Objectif général :
- Présenter les usages d’Internet par les étudiants de l’Université de Douala et les pratiques qui
2) Objectifs spécifiques :
- Comprendre les logiques et les motivations liées aux usages et pratiques d’Internet ;
- Décrire les enjeux et défis qui sont au cœur des usages d’Internet.
18 Isabelle Faurie, Brigitte Almudever and Violette Hajjar, « Les usages d’internet des étudiants : facteurs affectant
l’intensité, l’orientation et la signification des pratiques », L'orientation scolaire et professionnelle [Online], 33/3 | 2004,
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Online since 28 September 2009, connection on 14 March 2015. URL : http://osp.revues.org/712 ; DOI :
10.4000/osp.712
19 Op. Cit. Isabelle Faurie, Brigitte Almudever and Violette Hajjar, http://osp.revues.org/712 ; DOI : 10.4000/osp.712
III- PROBLEMATIQUE :
20 Emmanuelle Beauville Berger, Claire Nguyen, Virginie Rose. Les usages d'Internet chez les étudiants de l'Ecole
Normale Supérieure-Lettres et Sciences Humaines de Lyon. domainshs.info.docu. 2005. <mem00000367>
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21 Moisy Magali, Albero Brigitte ; Les étudiants internautes, Université Rennes 2-CREAD1, Maison des Sciences de
l'Homme, Programme e-pathie, Paris, N°54, disponible sur www.inrp.fr/biennale/8biennale/contrib/longue/54.pdf
Isabelle Faurie, Brigitte Almudever et Violette Hajjar, quant-à elles, ont choisi mener
leur étude sur les étudiants ayant une ancienneté d’usage d’Internet qui se situe entre deux (2) et
quatre (4) ans, relativement expérimentés. Pour ces dernières, leur temps de connexion, qui atteint
pour une majorité d’entre eux de deux (2) à cinq (5) heures par semaine, est supérieur à celui des
internautes français (en moyenne 3 heures par semaine, source Nielson/NetRatings), bien qu’il
existe une grande variabilité interindividuelle. S’ils utilisent en moyenne trois applications (la
navigation, le mail et le transfert/téléchargement de données), leurs taux de pratique des différentes
applications se révèlent néanmoins très disparates et justifient de distinguer trois catégories :
Les applications dites « dominantes », utilisées par plus de 85 % des étudiants interrogés : le
mail et la navigation ; les applications « intermédiaires », utilisées par 30 à 55 % des étudiants : le
transfert/téléchargement de données, le chat et l’utilisation des messageries instantanées,
l’abonnement à des listes de diffusion ; les applications plus « marginales », avec moins de 15 %
d’utilisateurs : la participation à des forums de discussion, les jeux en réseau et la création d’un site
et/ou d’une page web22.
Cette répartition montre une utilisation plus intense des pratiques « intermédiaires » et
« marginales », en particulier du chat et des messageries instantanées, chez les étudiants par rapport
à l’ensemble de la population des internautes et confirme d’autres résultats de recherche en ce
domaine (Beaudouin, 2002).
Avec Émilie Vayre et al23, la population étudiante en France représente une marge non
22 Isabelle Faurie, Brigitte Almudever and Violette Hajjar ; Les usages d’internet des étudiants : facteurs affectant
l’intensité, l’orientation et la signification des pratiques, L'orientation scolaire et professionnelle [Online], 33/3 | 2004,
Online since 28 September 2009, connection on 25 March 2015. URL : http://osp.revues.org/712 ; DOI :
10.4000/osp.712
23 Vayre Émilie, Croity-Belz Sandrine, Dupuy Raymond ; Usages d’Internet chez les étudiants à l’université: effets des
dispositifs de formation en ligne et rôle du soutien social. L'orientation scolaire et professionnelle [Online], 38/2 | 2009,
Online since 15 June 2012, connection on 25 March 2015. URL : http://osp.revues.org/1918 ; DOI : 10.4000/osp.1918
24 Enquête «Conditions de vie 2003», http://www.ove-national.education.fr.
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indiquent que 25,1% des étudiants ont accès à un bureau virtuel ou un Environnement Numérique
de Travail (ENT) et 59,7% à des ressources pédagogiques en ligne. La majorité de ces derniers
(64,5%) déclare consacrer moins de deux (2) heures par semaine à l’utilisation de ces ressources.
A travers les travaux énumérés plus haut, nous constatons que les usages et pratiques
d’Internet chez les étudiants évoluent et se différencient au fil du temps. Ces derniers ont plus
recourt à Internet pour les besoins personnels
Ainsi, l'arrivée des réseaux sociaux et du Web 2.0 (ou Web social) dans l'Internet aura
contribué, sans nul doute, à l'émergence de nouvelles pratiques démocratiques. Ces dernières iront
donc au-delà de la gouvernance étatique (gouvernement et parti politique), puisqu'elles investissent
désormais les différents lieux de participation sociale : associations de tous genres, groupes de
discussion, forum d'échanges, blogues personnels ou professionnels, etc. Ainsi, grâce à Internet,
l'espace public devient un lieu de socialisation virtuel à partir duquel les citoyens-usagers pourront
agir directement sur leur milieu par l'entremise d'un réseautage social formel ou informel : en
débattant, en effectuant des choix, en votant27.
Au Cameroun, les étudiants sont plus que jamais fascinés par ces réseaux qui rentrent
subrepticement dans les habitudes des populations des cités capitales Douala et Yaoundé, car « si
on ne veut pas faire vieux jeu, il faut maintenant passer par HI5, Twitter, Facebook, Netlog,
etc. »28. La preuve, les termes nés et utilisés sur ces plateformes numériques, sont rentrés dans
29 Deffo Foungou L. M. ; Usages et appropriations des réseaux sociaux numériques par les étudiants de Douala,
Mémoire de DEA/Master II en communication des organisations, Université de Douala, Douala, 2013, p.8
30 Op.cit. Godin Richard
La première limite d’un tel système de règles est le risque de bureaucratie. La seconde, plus
forte encore, est l’inégalité a posteriori. Car comme l’explique Dominique Cardon, on est tous
égaux a priori, mais la différence se creuse ensuite dans la mesure de nos actes, entre ceux qui
agissent et ceux qui n’agissent pas. Internet donne une prime incroyable à ceux qui font. Et du coup,
il peut y avoir une tyrannie des agissants.
Selon les mécanismes de la e-réputation, l’internaute prend d’autant plus de poids qu’il
partage, discute, écrit et commente beaucoup. Que ce soit sur Wikipédia, parmi ses «followers»
actuels et potentiels sur Twitter ou au sein de son réseau d’«amis» sur Facebook, le plus agissant est
systématiquement plus respecté, plus écouté, donc plus puissant a posteriori que le simple visiteur
contemplatif ou le débutant qui commence à peine à se construire une audience parmi ses pairs sur
Wikipédia, Twitter, Facebook ou toute autre communauté de la Toile.
Ainsi, les travaux cités précédemment présentent Internet dans une dynamique optimiste,
d’innovation et de démocratisation des pratiques sociales. Or les usages du Net s’inscrivent dans
d’autres pratiques sociales que celle de la démocratisation de la société.
Cela étant dit, le Net est un espace composite, devenu central dans notre vie sociale et vital
pour nos économies. Ses registres «démocratiques» sont donc par essence pluriels et très variables.
Les applications qui par exemple s’imposent sur les Smartphones et les tablettes, explique
Dominique Cardon, « peuvent facilement enfermer l’utilisateur dans des usages spécifiques, dans
31 Cardon Dominique ; La démocratie Internet. Comment et pourquoi la Toile invente un autre type de démocratie,
disponible sur www.culturemobile.net
32 Ibid. Cardon D.
câbles en fibre optique à haut débit et des myriades de satellites), est censé redonner un souffle
nouveau à la croissance économique, améliorer le sort de l’humanité, renforcer la démocratie et
apporter la paix. L’auteur dans son argumentaire, présente le projet prophétique d’Internet dans sa
vocation à devenir des autoroutes de l’information33.
Pour ce dernier, Internet apparait comme un messianisme technologique, qui bien que
comportant une « technologie mégalomaniaque », (le projet de relier les uns aux autres tous les
individus de la planète par le biais d’une sorte de système nerveux artificiel) reste séduisant, et
certains le prennent très au sérieux, qui en rajoutent dans la présentation angélique. Pourtant cette
ritournelle « des lendemains qui chantent par la grâce des nouvelles technologies » n’est pas
récente ; périodiquement on nous interprète de nouvelles orchestrations. Chaque tournant
technologique en informatique est « promotionné » par une débauche de discours optimistes34. Nous
comprenons avec l’auteur que le projet d’Internet pour la planète n’est qu’un mirage fabriqué par
des discours prophétiques.
Mahama Salomon nous rappelles les usages et pratiques pervers d’Internet avec l'arnaque,
la prostitution, l'exposition des mineurs à des rencontres à risques et aux contenus portant atteinte
aux bonnes mœurs, le détournement des mineurs (nantis) qui y passent un temps important,
négligeant alors les études. Pour ce dernier, sur le plan juridique, s'il fallait comparer le Cameroun à
la France qui est dotée du CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés), nous
33 Lacroix Guy ; Le mirage Internet. Enjeux économiques et sociaux, Paris, Editions Vigot, 1997, p. 5
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Il est également question pour nous, d’analyser à la fois les usages et les pratiques
spécifiques du Net dans la communauté estudiantine de l’Université de Douala, tout en incluant les
actions d’adaptation, de bricolage et de détournement lors de l'appropriation du dispositif par ces
derniers. Et de porter un regard analytique sur le contexte de manque de ressources pour aller sur
Internet, les choix de navigation lorsqu’ils ont la possibilité de s’offrir quelques heures de
connexion, y compris celle de la question de l’identité numérique face aux problèmes économiques
qui peuvent empêcher ces derniers de se poser des questions essentielles sur les données qu’ils
mettent en ligne, et enfin sur les « digitals natives » au Cameroun ; une question sur les générations
qui n’a pas encore été confrontée au terrain camerounais.
36 Émilie Vayre, Sandrine Croity-Belz and Raymond Dupuy, « Usages d’Internet chez les étudiants à l’université:
effets des dispositifs de formation en ligne et rôle du soutien social », L'orientation scolaire et professionnelle [Online],
38/2 | 2009, Online since 15 June 2012, connection on 04 March 2015. URL : http://osp.revues.org/1918 ; DOI :
10.4000/osp.1918
37 Fausto Colombo ; La génération internet n’est plus ce qu’elle était. Le rôle des médias dans l’identité
générationnelle. Communication & langages, 2011, pp 3-21
38 Fausto Colombo ; Does aWeb Generation Really Exist ? in Ramón Sala verría & Charo Sádaba (dir.), Towards New
Media Paradigms: Contents, Producers, Organisations and Audiences, Pamplona, Eunate, 2003.
39 Ibid, Fausto Colombo
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40 Fabienne Martin-Juchat, Aurélia Dumas et Julien Pierre Chercheurs associés à la Chaire Orange ; Vers des
bricolages stratégiques pour faire face à l’ambivalence affective du rapport au numérique, Digital Natives Chair, An
Orange and Grenoble Ecole de Management Partnership, 2014
mener des actions d’hybridations, tout en établissant une différence entre le numérique et le digital41.
Ainsi, Internet est devenu au Cameroun une sorte de « religion » où à travers la promesse de
la modernité et le culte de l’évasion planétaire, les étudiants se font des violences consenties en se
dépossédant de leurs subsides pour satisfaire des besoins numérico-virtuels, grêlés par un
attachement affectif au réseau des réseaux.
Tandis que, le contexte social et économique marqué par la forte conjoncture, laisse
percevoir qu’un Camerounais vit avec moins de 1,25 dollar par jour 42 , l’accès à Internet reste
toujours onéreux et paradoxal pour les étudiants qui doivent généralement se munir comme nous
l’avons dit en prélude, de 1 dollar pour bénéficier de deux heures de connexion à internet ou de 2
dollars pour cinq heures. Des tarifs susceptibles d’être revus à la hausse et à la baisse en fonction du
lieu et du débit de connexion.
Mais au-delà de ces difficultés et défis, nous constatons que les usages d’Internet au
Cameroun abondent chez les étudiants et tendent à s’accoutumer comme des secondes natures.
Ainsi, dans le but de comprendre ces logiques et pratiques sociales, le nœud gordien qui constitue le
problème de recherche, se situe au niveau de la pertinence des usages d’Internet dans la vie
pratiques des étudiants au Cameroun, face aux enjeux et défis qui leurs sont propres.
41 Nous établissons une différence entre les concepts numérique et digital. Parce que d’un côté nous avons de manière
littérale, la conversion des données physiques aux données informatiques et numériques conservables dans divers
périphéries de stockages virtuels ou physiques ; or quand nous abordons le concept de digital, nous faisons recourt à
trois dimensions constitutives : les dispositifs numériques (Ordinateur, PC, téléphone mobile, tablette, téléviseur), le
web (la dématérialisation, les échanges, la rupture et la désanctuarisation des frontières), et les usages (les pratiques,
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QUESTION PRINCIPALE :
Quels types d’usages les étudiants de l’Université de Douala font-ils d’Internet ? Et quelles sont
les pratiques générées par ces usages ?
QUESTIONS SECONDAIRES :
1) Comment les étudiants accèdent-ils à Internet au Cameroun ? Par ailleurs, les pratiques du
Net changent-elles leurs habitudes de vie ?
2) Face aux défis financiers et au mauvais débit de connexion, comment font-ils pour s’adapter,
bricoler et s’approprier Internet ?
manière irrégulière. Nous avons observé une pratique qui gagne du terrain dans les usages du Net ;
Hypothèses de travail :
1) Les étudiants de l’Université de Douala vont généralement dans des cybercafés, où ils doivent
acheter des heures de connexion pour avoir accès à Internet. Les prix s’appliquent par endroit, mais
communément il est question de près d’un (1) euro pour deux heures et près de deux (2) euros pour
cinq heures. En plus des cybercafés, d’autres étudiants accèdent par défaut à Internet à travers leurs
téléphones mobiles et tablettes grâce aux services proposés par les opérateurs de téléphonie mobile
au Cameroun. Les plus nantis s’offrent des clés Internet pour pouvoir se connecter à travers un
actions jugées non capitales, ils ouvrent des comptes clients dans des cybercafés moins coûteux
avec un faible débit de connexion. Pour des tâches urgentes, ils vont dans des cybercafés plus chers
avec un débit de connexion plus rapide. De nombreuses stratégies sont également mises sur pieds,
aller régulièrement sur Internet durant un temps très réduit pour consulter uniquement ses mails et
les notifications, ou faire une tâche précise ; une stratégie qui permet d’économiser les heures de
connexion et être « à la page » avec le reste du monde, même s’ils sont moins actifs et moins
entreprenants que les autres sur la Toile.
De plus, par solidarité les étudiants, ayant des forfaits Internet depuis leurs téléphones
mobiles ou des clés Internet, font largement bénéficier leur entourage en partageant la connexion
Internet avec des camarades de classe, les membres du même groupe de travail, voire les amis
proches.
43 Chambat Pierre ; Usages des technologies de l'information et de la communication (TIC) : évolution des
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Skype, Viber, Yahoo Messenger, Google Hangouts…), et les sites de rencontre (Badoo, Meetic…)
Tandis que les pratiques masculines, s’inscrivent plus dans la recherche des informations
pratiques, la consultation des moteurs de recherches (Google, Wikipédia…), des réseaux sociaux
professionnels (Viadeo, Linkedin…), les sites des écoles étrangères et des organisations qui
promeuvent l’immigration. De cette observation, nous remarquons que l’appropriation d’Internet se
fait dans la singularité et l’appartenance au corps social, ce qui permet aux étudiants de mener des
pratiques à des fins d’épanouissement personnel et par rapport à leurs intérêts.
Ainsi, s’il est vrai avec Jacques Perriault que bon nombre d’innovations ont été détournées
de leurs visées originelles, pour tendre vers une logique peu à peu dictée par les usagers :
« L’individu détient fondamentalement une part de liberté dans le choix qu’il fait d’un outil pour
s’en servir conformément ou non à son mode d’emploi ». La description de nombreux exemples
observés met l’accent sur « les pratiques déviantes par rapport au mode d’emploi, qui étaient autre
chose que des erreurs de manipulation » (…) et qui correspondraient « à des intentions, voire des
préméditations » 45 . L'usager évolue de l'état simple de récepteur à celui d'« hyper-acteur de
technologies interactives », de l'appropriation à l'invention de nouveaux usages en passant par les
détournements46.
Les étudiants de l’Université de Douala s’approprient aussi Internet pour se construire une
identité, à travers les enjeux de reconnaissance, d’appartenance et de visibilité. Dominique
45 Gilles Boenisch, « Jacques Perriault, La logique de l’usage. Essai sur les machines à communiquer », Questions de
communication [En ligne], 15 | 2009, mis en ligne le 18 janvier 2012, consulté le 17 décembre 2014. URL :
http://questionsdecommunication.revues.org/1232
46 Vidal Geneviève ; La sociologie des usages, continuités et transformations. Lavoisier, Hermes Science publications,
2012, disponible sur http://www.cndp.fr
Page 28 .
47 Pasquier Dominique ; Chère Hélène. Les usages sociaux des séries collège, Réseaux n° 70, 1995
48 Pasquier Dominique ; Cultures lycéennes. La tyrannie de la majorité, Paris, Ed. Autrement, 2005, disponible sur
http://rfp.revues.org/325
partagé, adulte ou adolescent, masculin ou féminin. Durant la troisième phase, l’objet technique est
utilisé et incorporé dans les routines de la vie quotidienne. Ce processus s’accompagne d’un travail
constant de différentiation des autres objets techniques et de particularisation. Enfin la phase de
conversion correspond au processus au cours duquel la TIC en usage « établit des relations
nouvelles entre le foyer et le monde extérieur». L’usager se montre aux autres avec la technique, il
leur en parle49.
Les usages et pratiques d’Internet par les étudiants au Cameroun s’inscrivent dans une
dynamique de stratégies et tactiques de braconnage du Net au sens de Michel de Certeau. Car, la
« fracture numérique » observable dans cet environnement, à travers les conditions
infrastructurelles, économiques, socioculturelles et la maîtrise basique des TIC par bon nombre
d’étudiants laisse affleurer un bricolage dans l’appropriation d’Internet. Eric George souligne à ce
propos qu'il est important de tenir compte des usages dans la vie quotidienne, et citant Gilles
Pronovost : « Les usages des médias ne peuvent être définis en dehors du système culturel de
référence plus global d'un acteur, sans tenir compte de l'ensemble de ses pratiques quotidiennes »50.
En fonction de leurs cultures, de leurs niveaux de vie, de leurs compétences et de leurs rapports au
dispositif, les étudiants au Cameroun s’approprient ainsi différemment Internet.
Toutefois, les usages et pratiques d’Internet, laissent entr’apercevoir chez les usagers le
sentiment de perte de temps, d’énergie et d’argent. Ce sentiment est fortement tributaire du
comportement affectif et émotionnel des étudiants à l’endroit du dispositif. Mais nous voulons
-- Les usages et gratifications : Une théorie antérieure encore pertinente pour la sphère
médiatique camerounaise
Au-delà du macro-social, nous comptons également aborder la théorie des usages et
gratifications dans une dimension micro-sociale et locale des usages d’Internet. Cette théorie
s’inscrit dans les objectifs de la satisfaction des usagers dans la pratique et l'appropriation des objets
en considérant le public non plus comme de cibles amorphes, mais comme un acteur actif doté des
capacités créatives. Nous mettons également en cause la dimension psychologisante de la théorie,
tout en reconnaissant que les étudiants font usage d’Internet dans le but de satisfaire un besoin et
d’atteindre un but.
A l'origine, cette théorie a surgi dans les années 1940 et a connu une renaissance dans les
années 1970 et 1980. Dans un paradigme fonctionnaliste les Uses and Gratifications présentent
l'utilisation des médias en termes de satisfaction des besoins sociaux ou psychologiques de
l'individu (Blumler & Katz 1974)51. Centrée sur le public pour comprendre la communication de
masse, cette approche met l'accent sur le « pourquoi » les gens utilisent les médias plutôt que sur
leurs contenus. En s'interrogeant moins sur ce que « les médias font aux individus » mais sur ce que
« les individus font des médias »52. Ce qui suppose que le public n'est pas un consommateur passif
des médias ; mais un usager actif dans l'interprétation, l'intégration et l'appropriation des médias.
En remontant l'histoire de manière diagonale, plusieurs travaux et théoriciens ont permis de
51 visual-memory.co.uk/daniel/Documents
52 Op.cit. Jouët Josiane
53 http://monindependancefinanciere.com
intentionnalité dans leurs usages des médias. La théorie des Usages et Gratifications permettent ce retournement de
perspectives tout particulièrement intéressante dans le contexte africain où les audiences ont longtemps été ignorées
ou seulement considérées comme passives54». Or, les individus se tournent vers les médias dans l’intention de
satisfaire un besoin. Les usagers sont actifs avant la réception et agissants, puisqu’ils recourent à Internet dans
l’intention de remplir un certain nombre d'objectifs.
Eu égard au contexte, nous comptons réactualiser le modèle des Usages et Gratifications dans son application
sur les usages et pratiques d’Internet par les étudiants au Cameroun. En dehors de la dimension macro-
sociologique présentée par la théorie des usages et gratifications nous abordons également la
dimension micro-sociologique des usages d’Internet. En mettant l'accent sur les relations construites
non pas seulement par la communication de masse, également par la communication
interpersonnelle à l'instar des messageries instantanées ou le chat, soit l'échange directe avec un
interlocuteur, ou encore une publication dans les réseaux sociaux. Il s’agit de pratiques
communicationnelles qui présentent chez des étudiants au Cameroun, des facteurs de satisfaction.
Nous mettons également en exergue la typologie de Denis McQuail (McQuail 1987: 73) sur
les raisons communes pour l'utilisation des médias
Cette typologie de McQuail reste pertinente, car les usagers d’Internet ont également des
raisons d'usages axées sur les informations (scientifiques, recrutement, newsletter, nouveautés sur
les produits, magazine online, radio et TV en ligne…), l'identité personnelle (parler de soi, publier
Page 31 .
54 Capitant Sylvie ; Médias et pratiques démocratiques en Afrique de l'Ouest : usages des radios au Burkina Faso ;
Thèse de doctorat en sociologie, Paris1, Université Panthéon-Sorbonne, 2008, consultable sur https://fr.scribd.com/doc
- Usage :
L’un des premiers emplois de la notion d’usage en sociologie des médias provient du
courant fonctionnaliste américain des « uses and gratifications », proche de l’École de Columbia.
Dans les décennies 1960 et 1970, des chercheurs désirent prendre une distance face à la pensée
unitaire dominante décrivant l’action des médias trop exclusivement en termes d’effets (« ce que les
médias font aux gens »). Ils cherchent à abandonner ce média-centrisme. Ils proposent un
déplacement du programme de recherche vers les usages (« ce que font les gens avec les médias »).
Ils postulent ainsi que les membres des audiences utilisent « activement » les médias pour en retirer
des satisfactions spécifiques répondant à des besoins psychologiques ou psychosociologiques55.
Dans le dictionnaire Robert de sociologie (1999), l’usage renvoie à « l’utilisation d’un objet,
naturel ou symbolique, à des fins particulières ». On pense ici aux usages sociaux d’un bien, d’un
instrument, d’un objet pour mettre en relief « les significations culturelles complexes de ces
conduites de la vie quotidienne ». C’est assurément ce sens qui est utilisé dans le contexte des
études d’usages des TIC. Pour Proulx, les usages sociaux sont définis comme les patterns d’usages
d’individus ou de collectifs d’individus (strates, catégories, classes) qui s’avèrent relativement
stabilisés sur une période historique plus ou moins longue, à l’échelle d’ensembles sociaux plus
larges (groupes, communautés, sociétés, civilisations)56.
55 Proulx Serge; Penser les usages des TIC aujourd’hui : enjeux, modèles, tendances in Lise Vieira et Nathalie Pinède,
éds, Enjeux et usages des TIC : aspects sociaux et culturels, t. 1, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2005, p.
7-20, disponible sur http://www.sergeproulx.info
56 Ibid. Proulx, 2005
57 Béché Emmanuel ; Usages et représentations sociales de l’ordinateur chez les élèves dans deux lycées du Cameroun.
Page 32 .
Esquisse d’une approche de l’appropriation des technologies. Éducation. Université de Liège, Belgique; Université de
Yaoundé I, Cameroun, 2013, disponible sur https://tel.archives-ouvertes.fr
58 Ibid. Béché Emmanuel
prétendre en apporter ici une définition, car sa signification résulte d'opinions théoriques qui la
dépassent : elle participe en effet de débats qui opposent, en sociologie, l'agent et l'acteur, les
niveaux micro et macro, la technique et le social, l'empirisme et la théorie critique. Elle constitue
donc moins un point d'appui qu'un nœud de difficultés, d'autant que s'ajoutent les incertitudes sur la
communication comme objet scientifique. Notion carrefour, l'usage peut cependant être l'occasion
des confrontations entre les disciplines qui se partagent le champ de communication. Encore faut il
dépasser le stade de l'accumulation des monographies sur telle ou telle technique particulière et
sortir d'un schéma linéaire plaçant les usages en bout de course59 ».
Malgré cette posture de Chambat qui stipule que l'usage ne peut être défini dans son
ensemble nous pouvons souligner avec Josiane Jouët que les usages sont souvent le prolongement
de pratiques sociales déjà formées comme le bricolage domestique exercé par les premiers
programmeurs amateurs. Pour cette dernière, de l'adoption à la banalisation, la construction de
l'usage s'opère par étapes marquées par le désenchantement de la technique, par un rétrécissement
des usages au regard des attentes initiales et des emplois frénétiques de la phase d'exploration, bref
par son passage au statut d'objet d'ordinaire qui l'incorpore dans les pratiques sociales60.
Bien que nous partageons l'avis de Pierre Chambat, nous emploierons le terme d'usage
selon Josiane Jouët ; puisque nous tenons compte des bricolages, de la banalisation d’Internet lors
de son usage par les acteurs sociaux. En d'autres termes, nous mettons l'accent sur «ce que les
Page 33 .
59 Chambat Pierre ; Usages des technologies de l'information et de la communication (TIC) : évolution des
problématiques, TIS, vol. 6, n°3, Dunod, 1994, p. 249-270
60 Op. Cit. ; Retour critique sur la sociologie des usages, In: Réseaux, 2000
- Pratique :
Yoann Bazin nous précise qu’il n’existe pas d’approche unifiée du concept de pratique.
Ce qui devient compréhensible si l’on considère la littérature sur la pratique comme un « point de
tension » dans l’action humaine - tension déjà présente dés l’étymologie du terme. D’un côté, le
terme de pratique est emprunté au grec ancien où prassein qui signifie « faire, exécuter, accomplir
» mais aussi « traverser, parcourir ». On y trouve donc une dimension de conduite de l’action
atteignant un objectif ; elle est un medium complet et efficace pour atteindre un objectif fixé. Avec
ce dernier pratiquer c’est, étymologiquement, mener une action à bien, concevoir et réaliser une
activité : la modeler. Il est intéressant de souligner ici que ce n’est pas tant l’objectif qui est central
mais bien sa réalisation via une conduite définie et répétitive : la pratique61.
Pour l’auteur (…) Toute l’ambiguïté de la pratique vient du fait que, d’un autre côté, le latin
pratice renvoie à la vie active et à la conduite des affaires et que le praktikê grec se rapporte à la
science pratique (en opposition la theoretikê ou à la gnôstikê, la théorie comme science spéculative) et
relève de ce que l’on pourrait appeler un rapport au monde. Elle devient plus une attitude ou une
posture qu’une action efficace62.
Ainsi, pour Schatzki et al. (2001), la pratique est l’unité d’un champ, d’un réseau de
pratiques humaines interconnectées, elle est fondamentalement collective puisqu’elle se
construit et se transmet dans un processus de socialisation et s’organise sur la base d’un
61 Bazin Yoann ; Lente acquisition de la pratique et construction de l'expérience: vers une gérontocratie
organisationnelle ? Management & Avenir, 2009/10 n° 30, p. 90-106, disponible sur http://www.cairn.info/revue-
management-et-avenir-2009-10-page-90.htm
62 Ibid. Bazin Yoann
Page 34 .
63 Caro Jean-Yves ; La sociologie de Pierre Bourdieu : éléments pour une théorie du champ politique, Revue française
de science politique, volume 30, 1980 disponible sur http://www.persee.fr
64 Ibid. Bazin Yoann
perspective de la pratique65.
La pratique est une activité mettant en œuvre les principes d’un art ou d’une science, d’une
doctrine ou d’un corps obligatoire 66 . Selon Lévy-Bruhl, elle désigne les règles de la conduite
individuelle et collective, le système des devoirs et des droits, en un mot les rapports moraux des
hommes entre eux67.
La notion de pratique chez Michel de Certeau se situe « entre sa dimension stratégique (le
lien) et sa dimension tactique (l’autre) » 68 . Ihadjadene en abordant le concept établit un net
distinguo ; pour lui l’ « usage » désigne la façon dont on utilise le dispositif et la « pratique » les
études centrées sur l’humain qui analysent son comportement, ses représentations son état cognitif
ses attitudes.
Nous nous inscrivons dans le même sillage qu’Ihadjadene, nous établissons une différence
entre l’usage et la pratique d’Internet. L’usage implique la dimension technique et technologique de
l’objet (fonctions et services qui permettent les usages) et la pratique implique la dimension sociale
(culture, conduites, compétences, habitudes, représentations).
- Internet :
Etymologiquement Internet est une abréviation de l’anglais international network, « réseau
65 Rouleau Linda, Allard-Poesi Florence, Warnier Vanessa ; Le management stratégique en pratiques, Revue française
de gestion 5/2007 (n° 174), p. 15-24 disponible sur www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2007-5-page-15.htm
66 Ferréol Gilles (dir) ; Dictionnaire de sociologie, 4e édition (revue et augmentée), Paris, Armand Colin, 2011
67 Lévy-Bruhl Lucien ; La morale et la science des mœurs, Paris, Alcan, 1903, p. 9
68 Freijomil Andrés G., « Les pratiques de la lecture chez Michel de Certeau », Les Cahiers du Centre de Recherches
Historiques [En ligne], 44 | 2009, mis en ligne le 16 novembre 2011, consulté le 04 juin 2015. URL :
Page 35 .
71 Cacaly Serge, Le Coadic Yves-François, Pomart Paul-Dominique, Sutter Eric, Dictionnaire de l’information, 3e
édition, Paris, Armand Colin, 2008, p. 144
72 Le Bohec Jacques, Dictionnaire du journalisme et des médias, Mayenne, Presses Universitaires de Rennes, 2010, p.
317
Page 36 .
73 Lamizet Bernard, Silem Ahmed ; Dictionnaire encyclopédique des sciences de l’information et de la communication,
Paris, ellipses/édiction markéting S.A, 1997, p. 313
74 Ibid. Lamizet, Silem, p. 316
- Appropriation :
Le concept appropriation tire ses origines du latin « proprius » et « ation ». Le radical «
Propius » renvoie à la fois à « celui que je suis » et à « ce qui m’appartient en propre » ; le suffixe «
ation » renvoie à « l’action en train de s’accomplir ». Ainsi, nous aborderons le concept
d’appropriation selon les auteurs appartenant à différentes disciplines et courant de pensées.
Avec le philosophe Haumesser, l’appropriation se définit à travers quatre notions :
l’aliénation(l'appropriation passe par une croyance, une culture, une technologie de l'objet étranger
qui devient propre à l'individu), l’intériorisation(l'individu à travers l'apprentissage modifie les
règles de l'usage de l'objet de l'appropriation et les ajustent dans le but de singulariser l'objet), la
singularisation() et la volonté autonome de l’individu(elle ne vise pas la modification de l’objet
d’appropriation, toutefois se présente comme une stratégie individuelle propre à faciliter
l’apprentissage)75.
Dans ses propos, Haumesser met en exergue la volonté consciente de l’individu sans
laquelle l’appropriation ne peut se réaliser. Pour ce dernier, par opposition à un processus naturel,
l'appropriation est un processus voulu car l’objet de l’appropriation ne provient pas de l’individu, il
vient s’ajouter comme une « seconde nature » à l’individu.
En sociologie le concept d’appropriation trouve son origine dans l’anthropologie de Karl
Marx, qui l’inscrit dans sa conception du travail comme l’impulsion motrice primordiale 76 .
L'appropriation désigne, chez Marx, le processus par lequel les hommes dépassent ce qu’ils ont
75 Haumesser, M. ; « La « seconde nature », entre propre et appropriation » 2004, in J.-P. Zarader (dir.) ; La propriété :
le propre, l’appropriation, CAPES/Agrégation Philosophie, Paris, Ellipses, p. 93
Page 37 .
76 Serfaty-Garzon, P.; L’appropriation, 2003, in M. Segaud, J. Brun et J.-C., Driant (dir.); Dictionnaire critique de
l’habitat et du logement, Paris, Éditions Armand Colin, p.27-30 disponible sur http://www.perlaserfaty.net
77 Ibid. Serfaty-Garzon
l'appropriation est un autre acte qui parcourt les problématiques des usages domestiques et
professionnels et que l'on retrouve analysée dans sa dimension subjective et collective. Pour
l'auteure, « L’appropriation est un procès : elle est l’acte de se constituer un soi »78 . Dans la
construction de l'usage elle se fonde aussi sur des processus qui témoignent d'une mise en jeu de
l'identité personnelle et de l'identité sociale de l'individu. L'appropriation précède alors d'une double
affirmation : de la singularité et de l'appartenance qui relie au corps social79.
Ainsi, nous pouvons comprendre travers ces définitions que l’appropriation est un processus
individuel dont l’expression se manifeste au niveau social. Cette définition de Josiane Jouet est
adaptée à notre étude, mais nous tenons également compte des conditions de réalisation de
l'appropriation selon Serge Proulx.
Avec Serge Proulx, quatre conditions sont requises pour que l’appropriation d’une
technique s’avère : a) maîtrise technique et cognitive de l’artefact ; b) intégration significative de
l’objet technique dans la pratique quotidienne de l’usager ; c) l’usage répété de cette technologie
ouvre vers des possibilités de création (actions qui génèrent de la nouveauté dans la pratique
sociale) ; d) finalement, à un niveau plus proprement collectif, l’appropriation sociale suppose que
les usagers soient adéquatement représentés dans l’établissement de politiques publiques et en
même temps pris en compte dans les processus d’innovation (production industrielle et distribution
commerciale) (voir Breton et Proulx, 2002, chapitre 11)80.
En sus, il est important de souligner avec Nelly Massard81 que l’appropriation recouvre
78 Jouët Josiane; Retour critique sur la sociologie des usages, In: Réseaux, 2000, volume 18 n°100. pp. 487-521,
disponible sur http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso.
79 Op. Cit. ; Retour critique sur la sociologie des usages
80 Proulx Serge; Penser les usages des TIC aujourd’hui : enjeux, modèles, tendances in Lise Vieira et Nathalie Pinède,
éds, Enjeux et usages des TIC : aspects sociaux et culturels, t. 1, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2005, p.
Page 38 .
– Le processus de construction de sens, à partir des travaux en Sociologie des usages, en Sciences
de l’Information et de la Communication, en Sociologie et Psychologie du travail. L’appropriation
ici est le processus par lequel un individu va investir des significations, des valeurs dans l’usage de
l’outil. C’est le processus par lequel un individu va donner du sens à un outil. Ces études s’appuient
sur le fait que le concepteur d’un objet a des usages prescrits et l’utilisateur via un processus
d’appropriation va construire son propre usage de celui-ci. Et, lorsque l’outil est mis en production,
l’utilisateur via le processus d’appropriation va construire son usage propre. La littérature explorée
montre que le mécanisme est le suivant : l’acteur va choisir parmi un ensemble de possibles, et
construire son usage pour donner du sens et de l’efficience à la technologie. Le résultat du
processus est caractérisé, par un écart d’usage entre ceux imaginés par les concepteurs et ceux
effectifs des utilisateurs, et par des usages différents entre utilisateurs dans un même contexte.
- Dispositif :
La plupart des définitions en Sciences de l’Information et de la Communication, se
rapportant au dispositif s’appuie sur les travaux de Michel Foucault, qui définit le dispositif
comme : « Un ensemble hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements
architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés
scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit, aussi bien
que du non-dit 82 ». Nous comprenons donc avec Foucault que le dispositif est de nature
essentiellement stratégique. Ce qui suppose qu’il s’agit là d’une certaine manipulation de rapports
de forces, d’une intervention rationnelle et concertée dans ces rapports de forces, soit pour les
développer dans telle direction, soit pour les bloquer, ou pour les stabiliser, les utiliser. Le dispositif
est donc toujours inscrit dans un jeu de pouvoir, mais toujours lié aussi à une ou des bornes de
savoir, qui en naissent mais, tout autant le conditionnent. C’est cela le dispositif : des stratégies de
rapports de forces supportant des types de savoir, et supportés par eux83.
S’inscrivant dans le même sillage que Foucault, Giorgio Agamben 84 appelle dispositif :
« tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer,
d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les
discours des êtres vivants ». L’auteur donne une définition plus grande à la classe déjà très vaste des
dispositifs de Foucault, et inclut dans les dispositifs non seulement les prisons, les asiles, les écoles,
les usines, les disciplines, la confession, les mesures juridiques, dont l’articulation avec le pouvoir
82 Foucault M. ; Dits et écrits, volume III, p.299, in Qu’est-ce qu’un dispositif ? Agamben G. p.9-10
83 Ibid. p. 9
84 Agamben Giorgio ; Qu’est-ce qu’un dispositif ? Edition Payot et Rivage, Paris, 2007, p.31-32
85 Mattelart A., Mattelart M. ; Histoire des théories de la communication, Edition La Découverte, Paris, 2004, p.53
86 Appel V., Boulanger H., Massou L. (dir.) ; Les dispositifs d’information et de communication, concept, usages et
objets, De Boeck, Bruxelles, 2010, p.9-10
87 Op.cit. Médiations, p. 153-154
Page 41 .
un appel respectif des positions des intervenants ou des utilisateurs, ensuite représente les dispositifs
de communication comme des appareillages qui permettent d’asseoir et de véhiculer des idéologies.
En s’inscrivant dans le même sillage qu’Agamben, nous entendons par dispositif :
« Tout réseau coercitif d’éléments concrets mis en relation, au sein duquel se définissent les
manières de faire, d’agir et de sentir propres à induire les comportements, à orienter les modes de
penser et à modifier les visions du monde91».
La construction de l’objet d’étude qui nous est assigné, nous inscrit dans une approche
compréhensive, dont la logique de recherche se veut empirico-inductive (holisme méthodologique)
et le prélèvement qualitatif ; basée sur les logiques d'action des étudiants au Cameroun dans les
usages, les pratiques et appropriations d’Internet, y compris sur les différentes perceptions qui
découlent.
Notre recherche nous a conduit à l’utilisation de quatre techniques : La méthode
netnographique, la recherche documentaire, l’entrevue de recherche et l’analyse de contenu.
A- La netnographie :
La technique de recherche utilisée est la méthode netnographique, c’est une étude
qualitative qui consiste à observer les actes communicationnels d’une communauté virtuelle en
cherchant à leur donner un sens92. A travers une observation des comportements des étudiants de
l’Université de Douala sur Internet et une participation optionnelle, nous comptons nous appuyer
91 Essoukan Epée Hermann ; Missions et défis du journal d'entreprise dans les organisations au Cameroun : entre
Page 42 .
propagande blanche, marketing holiste et construction d'une image institutionnelle, Mémoire de DEA/Master II en
Communication des organisations, Université de Douala, Douala, 2014
92 http://fr.wikipedia.org/wiki/Netnographie
sur la compréhension des phénomènes propres et spécifiques à cette communauté étudiée ; c’est-à-
dire sur la connaissance enracinée dans les faits. Tout en préconisant l’interprétation métaphorique,
herméneutique et analytique des données93.
B- La recherche documentaire :
Notre travail de recherche nous a amené à consulter les documents écrits comme
numériques, les ouvrages spécialisés et d’ordre général sur la communication et les filières
connexes, les interfaces numériques des entreprises constituant notre corpus. Dans l’optique
d’extraire les informations nécessaires à la rédaction de notre mémoire et les opinions de ceux qui
nous ont précédé et qui ont ouvert la voie au domaine d’étude afin d’étayer notre argumentation.
Pour y parvenir, nous avons consulté les sites Internet, les bibliothèques (bibliothèque
universitaire, bibliothèque de l'ICM, bibliothèques privées des aînés académiques et praticiens de la
communication). Nous avons bénéficié des documents (archives) relatifs à notre corpus, les
mémoires et thèses s’inscrivant dans notre champ d’étude en général et dans notre espace
d’intervention en particulier. Sans omettre les nombreux séminaires, conférences et colloques
organisés à l’Université de Douala par le Département de Communication (le LACREM) et à
l'Université Stendhal-Grenoble3 organisés par le GRESEC ; qui nous ont servi de garde-fous et de
C- Le schéma d’entrevue :
Le schéma d’entrevue a pour technique d’investigation scientifique, l’entrevue de
recherche plus connu sous le nom de grille d’entretien. Nous l’avons conçu en vue d’interroger en
profondeur les étudiants dans leurs usages et pratiques d’Internet afin de mieux cerner les enjeux et
défis liés à leurs rapports à internet. Les entretiens sont semi-directifs et semi-participatifs,
structurés de questions ouvertes et fermées, afin de mieux atteindre nos objectifs.
93 Sayarh Nada, La netnographie : mise en application d’une méthode d’investigation des communautés virtuelles
Page 43 .
représentant un intérêt pour l’étude des sujets sensibles, Université de Genève, Recherches qualitatives – Vol. 32(2),
2013, pp. 227-251, disponible sur http://www.recherche-qualitative.qc.ca/Revue.html
94 Mucchielli Roger ; L’analyse de contenu. Des documents et des communications, 9e édition, ESF, rue Maurice-
Hartmann, 2006, P. 35
Page 44 .
95 Koudjou Carine Laure ; TIC et développement local au Cameroun, Mémoire de Master 2, Sciences de l’Information
et de la Communication, Université Paris X Nanterre, 2007, version numérique disponible sur
http://www.memoireonline.com
PREMIERE PARTIE :
SOCIOGENESE D’INTERNET
« Internet et le multimédia ne sont pas seulement de nouveaux systèmes techniques ; ils constituent
Page 46 .
96 Lajoie Jacques, Guichard Eric ; Odyssée Internet. Enjeux sociaux, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2002,
p. 32
100 www.info-bible.org
101 Longo Giuseppe, Tendero P. Emmanuel ; L’alphabet, la Machine et l'ADN : l’incomplétude causale de la
théorie de la programmation en biologie moléculaire, CNRS, École Normale Supérieure et École Polytechnique, Paris
Ainsi, ces alphabets primitifs vont évoluer et se matérialiser à travers plusieurs inventions
grâce à la maîtrise de l'écriture manuscrite dans le monde. Les Chinois vont inventer la
xylographie ou gravure, l’allemand Gutenberg permettra d’associer le texte à la gravure à partir de
caractères en plomb mobiles qu’il crée102.
Le premier objet utilisant le digital sera inventé en 1835 par Samuel Morse, cette
invention marque le début de la communication numérique103.
Toutefois, c'est Alan Turing en 1936 qui donnera une définition précise dans son modèle
à travers le concept d'algorithme. La Machine de Turing, l’ordinateur digital, sera
l’apothéose moderne de la culture alphabétique, synthèse ultime de la science de Démocrite,
Galilée, Descartes et Laplace104. Ces évolutions auront un retentissement avec l'arrivée d'Internet.
103 http://www.styven.com
104 Op. Cit ; Longo Giuseppe, Tendero Pierre-Emmanuel
105 www.lefigaro.fr
114 Ngounou Ingrid Alice ; La presse écrite camerounaise à l’épreuve de la convergence numérique. Cas de
Cameroun Tribune et Mutation, Mémoire DSTIC en sciences et techniques de l'information et de la communication,
ESSTIC, Yaoundé, 2004, version électronique disponible sur http://www.memoireonline.com
Laboratory115.
Ainsi, le Cameroun passera en full IP (connexion Internet) en 1997, précisément le 5 avril,
116
avec l’installation d’un nœud d’accès international à Yaoundé par Intelcam (inauguré
officiellement en février 1998). Il est suivi en avril 1999 de l’installation à Douala d’un second
nœud. Ces deux nœuds sont des centres de télécommunications par satellite : celui de Yaoundé est
relié au fournisseur américain MCI117 et celui de Douala est relié à l’opérateur TeleGlobe118.
L’accès à Internet en 1997 pour le « grand public », a suscité un espoir de changement dans
le paysage médiatique Camerounais et dans la vie des usagers. Mais cet espoir était mitigé sur le
plan socio-culturel, à travers de nombreuses représentations construites autour du dispositif. D'un
côté, une jeunesse enthousiaste face à la navigation qui permettait de s'évader et aux services
fournis par Internet, qui permettaient de briser ce qui jusque là était tabou (la banalisation de la vie
sexuelle par les jeunes et les plus jeunes, écouter les musiques sensuelles ou celles qui incitent à la
violence, se détacher du contrôle parental, aller à la rencontre de l’autre…). De l'autre côté, des
parents qui percevaient Internet comme un instrument de déviance ; à cause des sites de « charme »
et de pornographie. C'est ainsi que le Net était accusé de rompre avec les modèles sociaux dans la
vie et les pratiques quotidiennes des jeunes filles119.
En 1998, le pays comptait trois fournisseurs d’accès à Internet (CAMTEL, CENADI et
ICCNET) 120 et quatre cybercafés à Yaoundé. Près de 2.000 personnes et institutions utilisaient
120 Étude menée par les étudiants de la division III de l’Esstic, Université de Yaoundé I, 1998
121 Jean Lucien Ewangue, Le phénomène Internet dans la ville de Yaoundé, Séminaire NTIC, ESSTIC, Yaoundé,
juillet 1998.
stratégie est aussi moindre. C'est l'une des raisons qui a permis le développement massif de
122 Ngono Simon, Avantages et effets pervers de l'économie numérique depuis 1992, Licence en communication,
option communication sociale et médiatique, Université de Douala, Douala, 2009, disponible sur
www.memoireonline.com
afin de masquer leur état de pauvreté, pour se faire apprécier, envier et courtiser.
-- FS (Faculté de Sciences)
-- AI (Académie Internet)
Nous précisons que notre échantillon est uniquement constitué des étudiants de la Faculté de
Lettres et Sciences Humaines et en pareil occurrence, ceux des cycles LMD (Licence Master
Doctorat) de la filière communication.
125 Kemayou Louis Roger ; L’Université de Douala, entre ancrage et désenchantement, Conseil pour le
Page 55 .
développement et la recherche en sciences sociales en Afrique 2013, JHEA/RESA Vol. 10, No. 2, 2012, pp. 95–117
126 https://www.cameroon-tribune.cm
127 http://www.univ-douala.com/
Source : www.univ-douala.com
Source : www.univ-douala.com
128 www.scidev.net
l’Entrepreneur social en Afrique, qui mettra sur pied ce projet pilote de numérisation de la
bibliothèque à l’Université de Douala129, afin de démocratiser l’accès au savoir, en conciliant les
intérêts de l’éditeur, de l’auteur et du lecteur.
L’opérationnalité du système était prévue pour le mois de mars 2015, mais il est encore en
cours de finalisation car la structure est à la recherche de partenaires commerciaux et de clients. De
plus, si la version numérique des ouvrages peut être conservée indéfiniment, en revanche, la
capacité de stockage des liseuses est encore limitée à 400 ouvrages130.
Source : www.univ-douala.com
Page 58 .
129 www.ticmag.net/une-bibliotheque-numerique-a-luniversite-de-douala-en-2015/#.VTtNe5NwbK-
130 Ibid. www.scidev.net
DEUXIEME PARTIE :
131 Jouët Josiane ; Retour critique sur la sociologie des usages, Réseaux, 2000, volume 18 n°100. pp. 487-521,
disponible sur http://www.persee.fr http://monindependancefinanciere.com
132 Perret Emmanuel ; Alertes sur Internet. Manipulations et délinquance, Paris, 2002, p. 27-28
133 Simeray Alain (coord.) ; L’internet professionnel. Témoignages, expériences, conseils pratiques de la communauté
enseignement et recherche, Nancy, CNRS Editions, 1995, p. 76-77
Légende : cette page présente l’usage de la messagerie électronique, lors de l’envoi d’un
message multimédia à plusieurs récepteurs.
Source : https://fr-mg42.mail.yahoo.com
Page 61 .
Les étudiants une fois connectés sur Internet, ont l’habitude de mener différentes actions via
l’ouverture de plusieurs onglets et pages web, qu’ils scrutent à travers les actions de zapping à la
recherche de nouvelles sensations, des offres et services qui leurs produiront plus de satisfaction et
pourront leurs permettre de satisfaire leurs besoins. C’est ainsi que dans les logiques utilitaristes,
d’intégration et de positionnement, ils vont également sur les réseaux sociaux professionnels tels
Page 64 .
137 À quoi sert Facebook ? Entretien téléphonique avec Judith Donath, fondatrice du Sociable Media Group, propos
recueillit par Hubert Guillaud par téléphone le 12 janvier 2011, disponible sur http://www.futura-sciences.com
138 Op.cit. À quoi sert Facebook ?
que Viadeo et Linkedin, pour entrer en contact avec des professionnels, des formateurs, des
entreprises et des potentiels recruteurs dans l’espoir de trouver un emploi, de se rapprocher des
personnalités et d’avoir un carnet d’adresse relationnel imposant avec des connaissances très bien
placées socialement.
De nombreux usages s’observent aussi sur les sites de rencontre (Badoo, Twoo…) dans le
but de chater, draguer, se faire de nouveaux amis, partager ses centres d’intérêts et se rencontrer ;
sur les sites d’hébergement des vidéos comme Youtube, où ils partagent et regardent des vidéos,
font la promotion de certaines vidéos, et se divertissent.
Cela étant, ces différents usages du Web social par les étudiants de l’Université de Douala se
regroupent en cinq grandes dimensions : la dimension identitaire, la dimension relationnelle, la
dimension promotionnelle, la dimension revendicative et sensibilisatrice, la dimension info-
communicationnelle :
Source : L’auteur
-- Concepts clés : logique d’action, logique de l’action collective, logique de l’usage et logique
sociale :
Les origines étymologiques, nous rappellent que le terme logique qui vient du grec «logikè»
signifie art ou science du raisonnement, et renvoie à l’étude des opérations de l’esprit considérées
par rapport à la fin à laquelle il tend. Pour le sociologue, il s’agit d’explorer le lien entre l’intention
et l’action, de retrouver la piste sinueuse des choix opérés par l’acteur et de rendre compte de ce qui
les fonde… (Amblard et al. 2005, p.198)139.
Les concepts de « logique », « logiques d’action », « logique de l’usage » et de « logiques
139 Brechet J-P., Schieb-Bienfait N. ; Logique d’action et projet dans l’action collective. Réflexions théoriques
comparées, Université de Nantes, Nantes, 2009, P. 3, disponible sur www.univ-nantes.fr/iemn-iae/recherche
Page 66 .
140 Essoukan Epée Hermann ; Missions et défis du journal d'entreprise dans les organisations au Cameroun : entre
propagande blanche, marketing holiste et construction d'une image institutionnelle, Mémoire de DEA/Master II,
Communication des organisations, Université de Douala, Douala, 2014
Avec Bernard Miège, la « logique sociale » essaie de mettre en évidence un certain nombre
de phénomènes relativement nombreux, qui structurent le champ de la communication
aujourd’hui 141 . Pour ce dernier, les logiques sociales à l’œuvre dans ce champ constituent des
« Mouvements de longue durée, portant aussi bien sur des processus de production-consommation,
que sur des mécanismes de formation des usages ». Pour l’auteur, les logiques sociales sont non
seulement au cœur de l’industrialisation et de la commercialisation des biens, y compris au centre
des usages qui découlent de ces biens.
Mancur Olson, dans ses travaux sur la sociologie des groupes et des mouvements sociaux,
fait plutôt référence à la « logique de l’action collective » qu’il aborde sous l’angle de l’économie.
Sa perspective repose sur le postulat selon lequel, les individus sont des décideurs rationnels et
conscients, dont les actes sont influencés par les coûts et les bénéfices qu’ils associent aux
différentes options qui se présentent à eux dans une situation donnée142.
Pour ce dernier, quand les membres d’un groupe social ont un objectif commun dont la
réalisation serait profitable à tous, ce groupe agira collectivement pour défendre les intérêts partagés
par ses membres (…) mais au contraire, des individus rationnels guidés par leur propre intérêt
n’agiront pas de cette manière, sauf si des incitations spécifiques les incitent à le faire. Olson ressort
ainsi dans le deuxième cas, la position rationnelle qu’a un individu égoïste qu’il nomme celle du
« passager clandestin » (free rider) : celui-là qui profite du bien collectif sans investir pour le
produire143.
141 Misse Misse ; Les développements de la publicité en Afrique francophone dans les années quatre-vingts : le cas du
Cameroun, Thèse de doctorat en sciences de la communication, Tome 1, Université Stendhal-Grenoble 3, Grenoble,
1993, P. 97
Page 67 .
142 Olson Mancur ; Logique de l’action collective. Traduction de Mario Levi, Éditions de l’Université de Bruxelles,
Belgique, 2011, P. 7
143 Ibid. Olson M. Éditions de l’Université de Bruxelles, Belgique, 2011, P. 8
Avec Jacques Perriault, la « logique de l’usage » est la construction par l’individu du choix
d’un instrument et d’un type d’emploi pour accomplir un projet. Les critères de choix possibles
revêtent des valeurs différentes en fonction de multiples facteurs liés à la personne et aux contextes :
affectifs, psychologiques, cognitifs, culturels, sociaux. La logique de l’usage proprement dite est le
schéma qui articule ces caractéristiques en vue de l’action suivante : utiliser un instrument pour un
projet déterminé (…)144
Pour l’auteur, la notion de logique de l’action tente d’expliquer : la représentation au sens
de Maurice Godelier145 (elle relie la perception et la compréhension d’un objet en fonction de la
culture, la légitimation de cette nouvelle connaissance, la classification et la production de
nouvelles connaissances) ; la norme sociale de l’usage (l’usage est relié à la société) ; la niche
d’usage (l’outil trouve un rôle au terme d’un processus d’ajustement, de durée très variable) ; la
construction d’un projet (le choix d’un instrument et de sa fonctionnalité et les raisonnements mis
en œuvre qui aboutissent tantôt au respect du mode d’emploi, tantôt au détournement, ou encore à la
substitution ou à l’abandon), l’empreinte de la technique146 (l’utilisateur accumule et travaille une
expérience, lorsqu’il utilise une machine)147.
Cette logique regroupe en son sein d’autres raisonnements : les logiques de légitimation,
d'appartenance et d’info-communicationnelle.
Les étudiants recourent d’abord à Internet, dans le but de satisfaire leurs besoins. Ce
comportement intéressé s’observe dans les actions de sélection des contenus, de zapping d’une page
ou d’un site à un autre en accordant le temps et l’intérêt au plus offrant et au plus satisfaisant.
Dans une logique d'ensemble ou utilitariste, ces derniers recourent à la Toile, pour échanger et
discuter (réseaux sociaux, applications et logiciels de communication), pour obtenir des
informations (recrutement, newsletter, nouveautés sur les produits, magazine online, TV en ligne),
144 Perriault Jacques ; La logique de l’usage. Essai sur les machines à communiquer, Paris, 2e édition, L’Harmattan,
2008, p. XIV
145 Godelier Maurice ; L’idéel et le matériel, Pensée, économies, sociétés. Paris, Fayard, 1984
Page 68 .
146 Perriault Jacques ; Un exemple d’empreinte de la technique : le cas de la machine à vapeur, in Culture technique
n°4, février 1981
147 Op.cit. La logique de l’usage. Essai sur les machines à communiquer, p. XV-XVI
bénéficier des offres (jeux, concours, promotions) ou obtenir un statut (appartenir à une
communauté virtuelle et recevoir des notifications) et des services (faire des achats et transactions
en ligne).
La logique de communication
La logique de positionnement
Cette logique engage l’identité et l’image des étudiants. Elle s’inscrit en filigrane dans les
stratégies de communication en ligne, c’est le fil conducteur des autres logiques148 . Elle fédère
l’usage et l’appropriation d’Internet ; elle induit le social et le culturel dans le positionnement de
l’individu, à travers de nombreuses actions sur la Toile telles que s’inscrire dans les sites ou les
pages web des organisations publiques ou privées pour bénéficier des offres et des services.
C’est le cas pour de nombreux étudiants qui s’inscrivent sur les sites professionnels dans
l’espoir de trouver un emploi, sur les pages des entreprises afin de bénéficier de certains logiciels et
applications gratuites et sur les sites de rencontre espérant trouver l’âme-sœur ou des amis.
Page 69 .
La logique d'intégration
Cette logique s’inscrit dans l’intégration des TIC, à ce niveau s’effectue une sorte de
négociation entre les usagers et la technologie, cette négociation peut aboutir par le rejet ou par
l’adoption de l’artefact qui est issue de la persuasion. Le degré d’intégration chez les étudiants de
l’Université de Douala se traduit à travers la banalisation des techniques d’usage, l’hybridation des
pratiques, et l’inventivité dans l’appropriation à travers les pratiques culturelles propres au contexte
camerounais.
La logique d’intégration des étudiants de l’Université de Douala s’observe aussi à travers les
actions menées sur le Net dans un but de reconnaissance, d’appartenance et d’identification à une
sphère, afin de sortir de l’anonymat, d’être vus, connus et acceptés par d’autres.
besoins informationnels ». Mais au-delà de ces enjeux, les usages d’Internet au Cameroun
connaissent de nombreux défis : malgré l’avènement de la 3G, les utilisateurs ne parviennent pas à
tirer pleinement profit des avantages qu’offre Internet, car le défi majeur est lié à la qualité de la
connexion, généralement lente, pour ouvrir certaines pages web ou télécharger les documents voire
parfois envoyer un mail. Il faut attendre longtemps et parfois ces actions se soldent par des échecs à
cause de la mauvaise qualité du réseau.
Mais, le manque d’argent qui est le premier frein. Les prix d’accès à Internet continuent à
être au dessus des moyens des étudiants et même des Camerounais disposants des revenus modestes,
et ces problèmes financiers participent aux écarts dans les usages et pratiques d’Internet et
ralentissent la maîtrise des artéfacts technologiques. En plus, les coupures intempestives du courant
électrique représentent une frustration dans les usages d’Internet, puisque les dispositifs techniques
de connexion à Internet sont régulièrement alimentés par l’électricité.
De nombreux cybercafés pour attirer et fidéliser la clientèle, proposent des ouvertures de compte
avec pour bonus, dix heures de connexion à raison de près de deux euros ; une offre alléchante qui
permet d’obtenir le double des heures de connexion au même prix avec pour inconvénient
l’ouverture du compte client dans ce cybercafé.
C’est ainsi que nombre d’étudiants déploient des ruses pour bénéficier des offres et
services proposés. Pour des actions jugées moins capitales à l’instar du divertissement, ou aller sur
Facebook pour aimer et commenter les publications, ils vont dans des cybercafés moins coûteux
avec un faible débit de connexion à Internet. Pour des tâches urgentes comme envoyer un courriel,
postuler en ligne pour un emploi, faire de la recherche pour un travail académique ou échanger avec
une personne proche vivant hors du pays sur Skype, Viber (…), ils vont dans des cybercafés plus
coûteux avec un débit de connexion moins faible.
D’autres stratégies sont également mises sur pied : ainsi, aller régulièrement sur Internet
durant un temps très réduit pour consulter uniquement ses mails et les notifications. A travers les
formes de braconnage, un ticket acheté par un étudiant pour se connecter à Internet est le plus
souvent utilisé plusieurs fois jusqu’à épuisement des heures de connexion, ce même ticket peut
également être donné à une autre personne (ami, camarade, proche…). Une stratégie qui permet
d’économiser de l’argent, les heures de connexion et « être à la page » avec le reste du monde.
De plus, par solidarité les étudiants ayant des forfaits Internet depuis leurs téléphones
mobiles et des clés Internet commercialisés par les opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun149,
149 Le Cameroun compte actuellement cinq (5) opérateurs de téléphonie mobile dont : Camtel, Orange Cameroun,
MTN Cameroon, NEXTELL Cameroon.
hybrides.
C’est ainsi que certaines pratiques d’Internet ont évolué. Désormais la recherche de l’âme-
sœur sur Internet par certaines étudiantes qui continue d’être d’actualité, ne se fait plus uniquement
dans les cybercafés comme l’affirmait Baba Wame dans sa thèse de doctorat150 ou seulement par le
l’intermédiaire d’un ordinateur. Les dispositifs numériques info-communicationnels tels que les
téléphones portables évolués et les tablettes numériques permettent dorénavant à certaines
étudiantes à la recherche de l’âme-sœur, de traverser les barrières spatio-temporelles et
psychologiques. Car, loin d’aller dans les cybercafés et box pour mener des actions taboues et
séductrices, avec la crainte d’être vues et entendues par d’autres internautes partageant la même
sphère, elles peuvent faire à partir d’un téléphone portable ou d’une tablette numérique ce qu’elles
veulent, où elles veulent en toute intimité.
De nombreux étudiants au Cameroun font également de la recherche informationnelle sur
Internet pour des raisons d’immigration, dans l’intérêt de trouver une école plus moderne, afin de
bénéficier d’une formation meilleure ou de trouver du travail au-delà des frontières. Si le
nomadisme par la mer/océan et par la terre/route s’avère périlleux, le comble ce sont les loteries
américaines et canadiennes qui suscitent de nombreuses participations des étudiants(es) au
Cameroun, nourris par l’espoir d’obtenir une green card (carte verte) pour les Etats-Unis ou une
carte de résident permanent pour le Canada, afin de voyager légalement, se faire une nouvelle vie et
150 Wame Baba ; Internet au Cameroun : les usages et les usagers. Essai sur l’adoption des technologies de
l’information et de la communication dans un pays en voie de développement, Thèse de Doctorat, Université de Paris II
(Panthéon- Assas), 2005
151 Médiation, les nouveaux cahiers de l’irepp ; Internet et nous. Le commerce et les échanges : la fin des
intermédiations ? irepp n° 20, Paris, 1997, p.12
Page 74 .
152 Piotraut Jérémy ; Les conséquences de la convergence sur les médias traditionnels, Thèse professionnelle, M.Sc.
en Entertainment et Media Management, Euromed Marseille, 2006, disponible sur http://www.memoireonline.com
153 http://www.cite-sciences.fr/archives/francais/ala_cite/affiche/convergence/convergence.htm
154 Tremblay Gaëtan ; De Marshall Mc Luhan à Harold Innis ou du village global à l’empire mondial, tic&société,
Vol. 1, n°1 | 2007, mis en ligne le 06 novembre 2007, consulté le 18 mai 2015. URL : http://ticetsociete.revues.org/222 ;
DOI : 10.4000/ticetsociete.222
Page 75 .
Des propos similaires tenus lors de l’avènement de l’électricité, qui allait apporter « la
connaissance » avec la lumière, ou des chemins de fer qui allaient apporter « l’association
universelle » avec le rapprochement des distances physiques. Aujourd’hui, on tient le même type de
propos avec l’Internet et les techniques d’information et de communication, qui apporteraient
l’intelligence collective, comme un véritable cerveau planétaire158.
Pourtant nous vivons un paradoxe sur la question des frontières. Depuis la chute du mur de
Berlin, l’ouverture, la libre circulation, le village global passe pour l’horizon indépassable du
progrès, qu’il soit politique, économique ou culturel. C’est dans ce sillage qu’Internet est devenu le
symbole de cette idéologie du décloisonnement généralisé. Cependant, il n’y a jamais eu autant de
contrôles, de blocages, de censures, de quotas, un peu comme si les frontières étaient des hydres :
pour un mur abattu, on en érige deux nouveaux159.
En outre, loin du partage d’une même culture, nous observons les regroupements des
Internautes sur la Toile selon les goûts, les centres d’intérêts et les appartenances. Nous pouvons
citer la construction des forums de discussions spécialisés, des communautés ethniques, tribales,
religieuses, intellectuelles ou idéologiques. Cette sanctuarisation des frontières endogènes à Internet
avec la construction des groupes privés, permet de s’interroger sur la thèse d’une culture globale et
même celle d’Internet comme espace public virtuel planétaire.
Enfin, en filigrane des services qu’offre Internet se trouve dissimulée une forte idéologie
basée sur l’économie et la surveillance permettant ainsi de localiser, cibler et agir plus facilement
http://www.persee.fr
158 Musso Pierre ; L’imaginaire des réseaux. Au cœur de nos sociétés gouvernées par la technologie, disponible sur
http://www.culturemobile.net/visions/pierre-musso-imaginaire-reseaux
Page 76 .
159 Paquot Thierry, Lussault Michel (coor) ; Murs et frontières, Revue Hermès no 63. Septembre 2012, disponible sur
http://www.iscc.cnrs.fr/spip.php?article1648
160 http://www.scienceshumaines.com/internet-le-pouvoir-de-l-imagination_fr_2234.html
161 Garnier Franck ; Enjeux économiques et risques sociaux de la marchandisation des données personnelles sur
données personnelles à travers la traçabilité des informations qu’ils donnent parfois sans le savoir.
De plus cette récolte des données est obligatoire lorsqu’il s’agit de connaître le nom et les
coordonnées d’un client pour lui faire parvenir sa commande ; elle est nécessaire lorsqu’il s’agit
d’engager une démarche de personnalisation. Et en demandant à l’internaute de fournir au site des
informations sur ses centres d’intérêts, il devient de ce fait possible de lui proposer des produits et
des services adaptés162. Malheureusement ces centres d’intérêts, goût et points de vue issus le plus
souvent des relations sociales sont utilisés et vendus par les acteurs institutionnels du Web (sites de
recherche, de rencontre, de sociabilité, sites professionnels, d’entreprises) comme des info-
marchandises. Cela à partir de la géolocalisation, les échanges de fichiers des usagers, le profiling,
le publipostage, l’algorithme (…) qui constituent un fichage organisé et géré par les professionnels
et structure une part considérable des activités de l’économie numérique.
Ces actions sont le fruit de l’application des méthodes du marketing de masse et de
proximité sur Internet qui ont fondé un système de récolte des données pour garantir la rentabilité
des entreprises Web. Parmi ces méthodes nous pouvons énumérer163 :
Le marketing one to one qui permet d’établir une relation personnalisée entre l’entreprise
et l’internaute. A travers cette relation, l’entreprise propose des offres et services en rapport avec les
centres d’intérêts de l’internaute, dans l’optique de le faire passer du statut de prospect ou
d’acheteur occasionnel, à celui de fidèle client.
Le permissible marketing qui consiste à obtenir l’autorisation de l’internaute pour établir
Internet, dossier réalisé en février 2002, mise à jour le 24 octobre 2002, disponible sur
Page 78 .
http://www.econovateur.com/rubriques/anticiper/ethsociete010202.shtml
162 Op.cit. Garnier Franck
163 Op.cit. Garnier Franck
(potentiel client) que les acteurs institutionnels du Web vendent d’une part aux annonceurs pour
faire monter les prix des publicités diffusées sur leurs pages web, soit qu’ils vendent d’autre part à
certaines industries créatives qui ont besoin d’adapter leurs produits et de les proposer directement
aux usagers en fonctions de leurs profils virtuels. Ces actions menées permettent de comprendre
avec plus de clarté que derrière la sensation de la gratuité des services d’Internet, se trouve une
commercialisation identitaire. Si les internautes ne paient pas financièrement pour bénéficier de
certains services sur Internet, c’est parce qu’il y’a une sorte de paie tacite compensatoire : celle de
la vente des informations sur leurs identités164.
2-2. Internet comme démocratie paradoxale : Surveillance sur la « Toile », contrôle social et
géolocalisation
De nombreux étudiants considèrent Internet comme un espace de liberté et de gratuité et
d’autres comme une entreprise à but lucratif et un centre commercial sous-contrôle. Sans toutefois
exclure les actions de liberté régulièrement converties en libertinage (injures et pratiques perverses
sur les réseaux sociaux), les actions de promotion et de fichage présentées dans la gratuité
(exemple : pour accéder à nos services gratuits veuillez permettre à l’application d’avoir accès à vos
données personnelles), les cookies, la surveillance, le contrôle social et la géolocalisation (exemple :
nouvelle connexion établie à partir de…) sur Internet tendent à consolider la deuxième thèse qui
164 Séminaire sur la communication internationale (Chaire UNESCO). Organisé à l’Université Stendhal-Grenoble 3
par le GRESEC (Groupe de Recherches sur les Enjeux de la Communication), du 19 Janvier au 15 Mars 2015, avec
pour invité le Pr Fausto Colombo
165 Godin Richard ; Réseaux sociaux et nouveaux espaces démocratiques, disponible sur
http://www.ameriquefrancaise.org
166 Godin Richard ; Réseaux sociaux et nouveaux espaces démocratiques, disponible sur
Page 79 .
http://www.ameriquefrancaise.org
167 Médiation, les nouveaux cahiers de l’irepp ; Internet et nous. Le commerce et les échanges : la fin des
intermédiations ? irepp n° 20, Paris, 1997, p.19
168 Op.cit. Garnier Franck ; Enjeux économiques et risques sociaux de la marchandisation des données personnelles
sur Internet
169 Voltzenlogel Thomas ; Lutte de classes. Théories et pratiques, disponible sur http://quefaire.lautre.net/Lutte-de-
Page 80 .
classes
170 Foucault Michel ; Une microphysique du pouvoir, par Clément Lefranc, disponible sur
http://www.cairn.info/magazine-les-grands-dossiers-des-sciences-humaines-2013-3-p-29.htm
171 Séminaire sur la communication internationale (Chaire UNESCO). Organisé à l’Université Stendhal-Grenoble 3
par le GRESEC (Groupe de Recherches sur les Enjeux de la Communication), du 19 Janvier au 15 Mars 2015, avec
pour invité le Pr Fausto Colombo
Nombre d’étudiants de Master perçoivent Internet comme un espace qui favorise les
rencontres (amoureuses et amicales) et la liberté d’expression, bien qu’elle se traduise le plus
souvent en libertinage (injures, condescendance, manque de respect à autrui au nom de la liberté
d’expression). Pour d’autres, Internet constitue tout simplement une plus-value dans l’acquisition
des connaissances et leurs permet d’être plus créatifs, performant dans les domaines académique et
professionnel. Ils se servent aussi de la Toile pour élargir leurs réseaux relationnels.
Contrairement aux étudiants du cycle Licence, ceux de Master ont des perceptions très
variées, certains croient au déterminisme d’Internet pour leur vie et d’autres se servent d’Internet
comme outil complémentaire dans l’acquisition des connaissances, la réalisation des projets et la
satisfaction des besoins.
Page 82 .
TROISIEME PARTIE :
Page 83 .
172 Berthier Nicole ; Les techniques d’enquête en sciences sociales. Méthodes et exercices corrigés, 4e édition, Paris,
Armand Colin, 2010, p. 336
- Les services du Premier Ministre qui sont chargés du suivi, c'est-à-dire qui assurent la mise en
œuvre de la politique nationale.
B) Le cadre politique :
La volonté de bâtir une société de l’information intégrante s’est manifestée pour la première
fois dans le discours du Chef de l’Etat, Paul BIYA, Président de la République du Cameroun,
173 16ème session annuelle de la Commission des Nations Unies sur la Science et la Technologie pour le
Développement, Genève, juin 2013, disponible sur http://unctad.org
C) Le cadre réglementaire :
En tenant compte d’un environnement mouvant et des menaces qu’il présente, le Président
de la République a promulgué cinq lois essentielles au rang desquelles174 :
- La loi n°98/013 du 14 juillet 1998 relative à la concurrence ;
- La loi n° 2010/012 du 21 décembre 2010, relative à la cybersécurité et à la cybercriminalité au
Cameroun qui dote le pays d’une autorité de certification Racine et réprime les crimes
cybernétiques;
- La loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010, régissant les communications électroniques au
Cameroun qui consacre la délivrance des licences multiservices ;
- La loi n° 2010/021 du 21 décembre 2010, régissant le commerce électronique au Cameroun qui
favorise l’éclosion du e-commerce ;
- La loi-cadre n°2011/012 du 6 mai 2011 portant protection du consommateur au Cameroun.
En marge des textes législatifs, plusieurs textes réglementaires subséquents ont également
été signés. A travers le projet « d’appui à l'Harmonisation des Politiques relatives aux TIC en
Afrique subsaharienne », en abrégé HIPSSA qui est l’une des composantes du projet global UIT-
ACP-Union Européenne, le Cameroun a pu harmoniser son cadre légal et réglementaire avec celui
de la sous-région Afrique centrale.
176 Loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques au Cameroun, Article 36 (1) (2)
(3) (4)
177 http://www.guide.mboa.info
178 Loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques au Cameroun, Titre VII, Article
96 (1) (2)
- De participer aux actions de formation des personnels de l'Etat dans le domaine des technologies
de l'information et de la communication, émettant des recommandations sur le contenu des
formations techniques et sur les programmes d’examens professionnels et des concours;
- D’entretenir des relations de coopération technique avec des organismes internationaux publics ou
privés agissant dans ce domaine, suivant les modalités prévues par la législation en vigueur. Dans
cette perspective, elle est chargée de l'enregistrement des noms de domaines «.cm» ;
- De mettre en place des mécanismes pour régler des litiges d'une part, entre les opérateurs des
technologies de l'information et de la communication et d'autre part, entre opérateurs et utilisateurs,
pour les problèmes spécifiquement liés aux contenus et à la qualité de service (spamming, phishing,
filoutage, hacking ;
- De veiller, dans l’usage des technologies de l'information et de la communication, au respect de
l'éthique, ainsi qu'à la protection de la propriété intellectuelle, des consommateurs, des bonnes
mœurs et de la vie privée ;
- D'élaborer la politique et les procédures d'enregistrement des noms de domaines «.cm », de
l'hébergement, de l'administration des serveurs racine, de l’attribution d'agrément de Registrar, du «.
cm » ;
- De planifier d’attribuer et de contrôler les adresses Internet (IP) au Cameroun ;
- De mettre en place des mécanismes pour assurer la sécurité de l’internet au niveau national ;
- De réguler les technologies de l’information, de la communication et Internet.
ART :
179 Mahama Salomon, Point sur l'internet et la téléphonie mobile au Cameroun, DEA Informatique, Université de
Yaoundé I, 2008, mémoire en ligne disponible sur www.memoireonline.com
aux alentours de 40 Kbps. Malheureusement, le débit est inapproprié pour les besoins de plus en
plus croissants pour un Internet de qualité ; il est impossible d’utiliser une même ligne téléphonique
pour se connecter et téléphoner simultanément ; le coût de la connexion dépend du temps de
connexion et peut donc devenir rapidement prohibitif ; la connexion n'est pas permanente à cause
des perturbations électromagnétiques.
- Le RNIS ou ISDN (Integrated Services Digital Network) en anglais, est la version entièrement
numérisée du RTC. Le RNIS ne transporte donc plus un simple signal analogique, comme dans le
cas du RTC, mais un signal numérisé. Les usagers ont donc accès à une large palette de services
(vocaux ou non).
En monoposte, le RNIS nécessite l'utilisation d'une carte (ou un boîtier externe) dédiée. Un
routeur RNIS est également utilisé dans le réseau. L'accès de base offre un débit de 128 Kbps. Mais
son installation nécessite l'intervention d'un technicien (et donc des frais supplémentaires) :
installation d'une prise RJ45 et d'un boîtier spécial (boîtier TNR), son débit reste relativement faible
aujourd'hui avec l'arrivée des autres technologies.
- L'ADSL : Développée dans le laboratoire américain BellCore en 1987, la technologie ADSL est
une technologie permettant de faire passer du haut débit sur la paire de cuivre utilisée pour les
lignes téléphoniques de la boucle locale. La technique consiste à utiliser les fréquences supra
A ce niveau l’Etat à plusieurs défis à relever : Les campagnes sont exclues de ce mode de
communication, car il est nécessaire de se situer dans une zone compatible et proche d'un centre
téléphonique, puisque la dissipation d'énergie est à l'origine de cette contrainte, dont la couverture
ADSL n'est pas disponible partout; comme autre inconvénient, l’obligation d'ouvrir une ligne
téléphonique même si l'utilisateur n'en a pas l'utilité ; et plus on est loin du répartiteur (DSLAM),
plus la connexion est mauvaise (la ligne ne dépasse pas 5,4 km).
Page 92 .
ANTIC :
infrastructure aide au renforcement de l’efficacité des services publics en ligne, permet de sécuriser
le processus de transmission des documents sensibles de l’administration et facilite la prestation des
services publics aux populations des zones urbaines, rurales et reculées via Internet.
L’agence a élaboré le document de Stratégie Nationale de Développement des Technologies de
l'Information et de la Communication, validé en 2007 par la Présidence de la République. C'est au
final, un ouvrage qui expose le contexte global du développement des TIC, dresse l'état des lieux
des TIC, recense les axes d'interventions prioritaires et définit le cadre opérationnel de la mise en
œuvre de cette stratégie. Ce document sert désormais de boussole à l'Agence et à l'ensemble des
parties prenantes (pouvoirs publics, secteur privé et société civile) pour le développement et le
déploiement harmonisés des TIC au Cameroun.
Dans le cadre de sa mission de coordination de la réalisation et du suivi des sites Internet, Intranet et
Extranet de l'Etat et des organismes publics, l'Agence Nationale des Technologies de l'Information
et de la Communication a développé, avec le concours de tous les départements ministériels et
autres administrations publiques, le document de référence de l'architecture d'un site web
gouvernemental au Cameroun. Ce document de référence permet d'harmoniser l'architecture et les
contenus des sites web des administrations publiques camerounaises. Cette initiative est en
harmonie avec la circulaire du Premier Ministre n° 007/CAB/PM du 23 août 2000 relative à la
création et l'utilisation des sites Internet gouvernementaux.
181 http://www.guide.mboa.info
Bien que les applications soient encore embryonnaires, l'ANTIC élabore et assure la mise en
œuvre de la stratégie nationale de développement des TIC, coordonne et contrôle la bonne
exécution des projets gouvernementaux de nature interministérielle dans ce domaine.
Auprès du grand public, L'ANTIC œuvre pour la vulgarisation des techniques et des
utilisations des TIC, pour la facilitation de l'accès aux TIC et pour l'information publique essentielle.
A ce titre elle est notamment chargée de la gestion des noms de domaine .CM et concourt à la
réduction du coût d'acquisition du .CM (.com.cm, .edu.cm, .net.cm, .co.cm).
- Le séminaire de formation des Fournisseurs d'Accès Internet (ISP) sur la mise en place d'un Point
d'Echange Internet (IXP) au Cameroun ;
- Le séminaire de formation sur le gouvernement électronique (e-government) à l'intention des
responsables administratifs et des responsables TIC des administrations publiques ;
- Le séminaire sur le commerce électronique (e-commerce) sous la présidence du Ministre du
Commerce.
184 Mucchielli Roger ; L’analyse de contenu. Des documents et des communications, 9e édition, ESF, rue Maurice-
Hartmann, 2006, P. 35
185 Berthier Nicole ; Les techniques d’enquête en sciences sociales. Méthodes et exercices corrigés, 4e édition, Paris,
Page 97 .
70%
60%
50% Ordinateur
40%
Téléphone mobile
30%
Tablette
20%
Clé Internet
10%
0%
Licence Master Doctorat
Page 98 .
En nous référant aux résultats nous constatons que pour accéder à Internet, les doctorants
font le plus recourt à l’ordinateur (60%), tandis que les étudiants du cycle Licence privilégies le
téléphone mobile (45%), et ceux de Master se trouvent dans les usages intermédiaires entre les
différents dispositifs.
A tous les niveaux les cybercafés sont les espaces de connexion les plus fréquentés par les
étudiants de l’Université de Douala, suivi par la connexion à la maison à partir des téléphones
portables, tablettes ou clés Internet.
60%
50%
40%
Adresses e-mails
30%
Réseaux Sociaux
20%
Moteurs de recherche
10%
0%
Page 99 .
A cette question plusieurs réponses ont été données, mais en les catégorisant la messagerie
électronique est consulté prioritairement suivi des réseaux sociaux, sauf pour le cycle Licence où
l’inverse se produit.
4) Combien de jours par semaine allez-vous sur Internet et par jour, quelle est votre durée de
connexion ?
Variables Code 1 % Code 2 % Code 3 %
3 fois /semaine
Pour 2 à 3h 13 65 9 45 15 75
2 fois /semaine
Pour 2h 0 0 8 40 0 0
Tous les jours
Pour 1 à 2h 7 35 3 15 5 25
Total 20 100 20 100 20 100
Les étudiants de l’Université de Douala fréquentent Internet en moyenne trois (3) fois par
semaines pour une durée de deux à trois heures de connexion.
100%
80%
60%
40%
Oui
20%
Non
0%
Licence
Master
Doctorat
Page 100 .
Nous constatons qu’au niveau des deux réponses les résultats sont instables, croissant pour
les uns, décroissants pour les autres. Pour la plupart des étudiants, lorsqu’ils font leurs premiers pas
à l’Université ils sont accompagnés financièrement par leurs parents comme actions
d’encouragement, plus ils évoluent, plus les aides financières sont réduites voire supprimées.
2) Comment faites-vous pour bénéficier des services d’Internet ? En d’autres termes, quelles
sont les ressources financières qui vous permettent d’avoir accès à la connexion Internet ?
Variables Code 1 % Code 2 % Code 3 %
Economies 8 40 18 90 10 50
« Débrouillardise » 8 40 0 0 10 50
Salaire 4 20 2 10 0 0
Total 20 100 20 100 20 100
Les résultats présents traduisent le fait que plusieurs étudiants vont sur Internet grâce aux
économies pour les uns, par « débrouillardise » pour les autres et une minorité ont un salaire. Cette
minorité sont les étudiants du cycle Licence qui pour la majorité sont moins intéressés aux études,
mais sont inscrits par contrainte familiale ou par curiosité. Plus ils progressent, plus l’intérêt pour
les études s’accroît et moins ils font des jobs pour se consacrer à leurs études.
Les étudiants du cycle Licence vont particulièrement sur Internet pour d’autres raisons que
celles académiques, pour réaliser leurs projets : rencontres amoureuses et amicales, discuter avec les
proches et les inconnus, se divertir (regarder et télécharger les contenus multimédias), chercher les
opportunités de travail et de voyage. Tandis que les étudiants des autres cycles ont des motivations
équilibrées sur la réalisation de leurs projets et les raisons académiques.
Page 101 .
4) En utilisant Internet, quelles sont les gratifications et les satisfactions que vous tirez ?
Variables Code 1 % Code 2 % Code 3 %
Obtenir des
documents
0 0 11 55 13 65
scientifiques
Communiquer 5 25 6 30 6 30
avec les autres
Etre informé 15 75 3 15 1 5
Total 20 100 20 100 20 100
Licence
Les étudiants de doctorat et de master ont premièrement comme satisfactions dans les
usages d’Internet d’obtenir des documents scientifiques ensuite la gratification dans le fait de
Ces résultats traduisent l’intérêt des étudiants à posséder leurs propres espaces privés sur la
Toile. Des espaces qui servent de relais aux communautés, associations et groupes physiques. Nous
constatons que les étudiants de licence sont plus attachés aux communautés ethniques, tandis que
Page 102 .
Licence
Pour l’ensemble des étudiants de l’Université de Douala Internet est un outil important, pour
2) Quels sont les freins et les défis qui se présentent à vous pour accéder à Internet ? Et
lorsque vous parvenez à accéder, quels problèmes rencontrez-vous pendant la navigation sur
Internet ?
Variables Code 1 % Code 2 % Code 3 %
Problèmes 6 30 9 45 8 40
financiers
Mauvais débit 8 40 9 45 8 40
de connexion
Coupures 6 30 2 10 4 20
d’électricité
Total 20 100 20 100 20 100
Page 103 .
50%
40%
Problèmes financiers
30%
Mauvais débit de connexion
20%
Coupures d'électricité
10%
0%
Licence Master Doctorat
Le problème financier pour s’acheter les heures de connexion qui ne sont pas à la portée de
tous les étudiants et Camerounais, représente un frein et un défi pour accéder à Internet ; une fois
connecté le second problème est le mauvais débit de la connexion qui est très lent. En plus de ces
difficultés viennent s’ajouter les coupures intempestives du courant électrique.
Par ailleurs, les fréquentations sporadiques d’Internet par les étudiants, en moyenne trois
fois par semaines pour une durée de deux à trois heures de connexion sont le fruit d’un malaise
financier. Lorsque les plus jeunes font leur entrée à l’Université, ils sont accompagnés
financièrement par leurs parents ; plus ils évoluent, plus les aides financières sont réduites pour les
uns et voire supprimées pour les autres. Par conséquent, pour accéder aux services d’Internet bon
nombre d’étudiants font des économies à partir de l’argent qu’ils possèdent, d’autres se débrouillent
pour en avoir et une minorité qui travaille y accède grâce à son salaires.
Ainsi, nous constatons que sur le Net les usages sont très variés, les étudiants du cycle
licence vont prioritairement sur Internet pour d’autres raisons qu’académiques, pour réaliser leurs
projets : rencontres amoureuses et amicales, discuter avec les proches et les inconnus, se divertir
(regarder et télécharger les contenus multimédias), chercher les opportunités de travail et de voyage.
Tandis que ceux des cycles master et doctorat ont des motivations plus équilibrées, à 50% ils vont
sur Internet pour réaliser leurs projets et à un autre pourcentage idem, ils vont pour des raisons
académiques. Avec pour satisfactions d’obtenir des documents scientifiques, ensuite de
communiquer avec les autres.
Un autre intérêt pour ces derniers est de pouvoir posséder leurs propres espaces privés sur la
Toile. Des espaces qui servent de relais aux communautés, associations et groupes qui jadis ne se
manifestaient qu’à travers des rencontres physiques. Par les usages et pratiques sociales nous
CONCLUSION GENERALE :
Les usages et pratiques d’Internet par les étudiants au Cameroun, plus précisément de
l’Université de Douala constituent un véritable intérêt en ce sens, qu’Internet bien qu’existant dans
le contexte doualais depuis plus de deux décennies, continue à être un objet de curiosité à travers
lequel les étudiants délèguent leurs impuissances : s’évader en navigant, briser les frontières spatio-
temporelles, obtenir la sensation d’ubiquité et d’omnipotence sur la Toile, sensibiliser et faire des
revendications, acquérir les connaissances, chercher du travail, communiquer avec les personnes
éloignées, immigrer en toute légalité, être à la fois acteurs et spectateurs (…) pouvoir se faciliter la
vie en obtenant ce qu’ils veulent en un clic.
Plus captivants encore, sont les réalités stratégiques utilisées par ces derniers pour se
connecter à Internet, les usages et les pratiques qu’ils font de ce dispositif.
En rappelant le contexte d’étude, les conditions socio-économiques au Cameroun ne
facilitent pas l’accès à la connexion à Internet à cause de sa cherté. Malgré le manque de moyens
financiers, nous avons observé une addiction des étudiants à l’égard d’Internet. Un comportement
ambivalent qui à suscité notre intérêt pour cette étude et nous a permis de situer le problème de
recherche au niveau de la pertinence des usages d’Internet dans la vie pratiques des étudiants
au Cameroun, face aux enjeux et défis qui leurs sont propres.
cybercafés, où ils doivent acheter des heures de connexion pour avoir accès à Internet. Les prix
s’appliquent par endroit, mais communément il est question de près d’un euro pour deux heures et
près de deux euros pour cinq heures. En plus des cybercafés, d’autres étudiants accèdent par défaut
à Internet à travers leurs téléphones mobiles et tablettes grâce aux services proposés par les
opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun. Les plus nantis s’offrent des clés Internet pour
pouvoir se connecter à travers un ordinateur.
Pour la troisième hypothèse, nous avons affirmé que les pratiques d’Internet changent
largement leurs habitudes de vie ; car les étudiants, à travers une dépendance progressive,
manifestent de plus en plus un attachement affectif envers le Net, au point de se priver du temps et
des ressources disponibles pour satisfaire entre autres leurs besoins liés au numérique.
Pour étayer nos hypothèses, nous nous sommes appuyés sur un ancrage théorique mettant en
œuvre la sociologie des usages, afin d’aborder les usages et pratiques d’Internet par les étudiants de
l’Université de Douala, qui s’inscrivent dans une dynamique de stratégies d’appropriation et des
tactiques de « braconnage » du Net. Nous avons également énoncé au-delà du macro-social la
théorie des usages et gratifications en prenant en compte la dimension micro-sociale et locale des
usages d’Internet chez les étudiants, qui recourent à cette plateforme de communication dans
l’optique de satisfaire leurs besoins liés au numérique et d’atteindre leurs objectifs.
En confrontant nous instruments de collecte des données au terrain doualais, l’analyse de ces
différentes questions nous permet d’infirmer partiellement notre première hypothèse. Car les
étudiants de master et les doctorants consultent prioritairement la messagerie électronique, ensuite
pilier agricole de la sous-région Afrique centrale, possède la fibre optique pour un Internet ultra
rapide et accessible à tous, le pays dispose également plus de cinq centrales hydroélectriques, plus
188 Op.cit. Essoukan Epée Hermann, Master II/DEA, Université de Douala, Douala, 2014, p.61-62
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-- http://questionsdecommunication.revues.org/1232
Source : https://www.google.fr/search?q=image+d'un+cybercafé+au+cameroun
Légende : Les deux images montrent qu’à partir d’un téléphone mobile ou d’un ordinateur, il est
possible de regarder les programmes télévisés en direct grâce à la connexion Internet.
Source : L’auteur
Sources : https://www.google.fr/search?q=image+vidéo+skype+des+africains+sur+un+ordinateur
Image 7 : Facebook comme outil de protestation. Cet homme est un albinos Camerounais portant
un tee-shirt avec le nom de la multinationale britannique qui gère l’électricité au Cameroun.
GUIDE D’ENTRETIEN
Lieu : ……………………………………………………………………………………………
Statut de l’enquêté :
Détail :
L’interviewé
Identité :
Sexe :
Niveau d’études :
Bonjour,
Je vous remercie de bien vouloir me consacrer votre temps. Je suis ESSOUKAN EPEE
Hermann, étudiant en Master II RETIC (Recherches et Études en Information-Communication),
inscrit à l’Université Stendhal-Grenoble3. Je viens vous interviewer dans le cadre de la recherche
que je fais sur les «Usages et pratiques d’Internet par les étudiants au Cameroun : Quels
enjeux ?». Je vous rassure que cet entretien est strictement confidentiel et anonyme.
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Q-5. Combien de jours par semaines allez-vous sur Internet et par jour, quelle est votre durée de
connexion ?
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Q-2. Comment faites-vous pour bénéficier des services d’Internet ? En d’autres termes, quelles sont
les ressources financières qui vous permettent d’avoir accès à la connexion
Internet ? ……………………………………………………………………………………….
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Q-3. Quelles sont les raisons principales qui vous poussent à économiser de l’argent pour bénéficier
des services d’Internet : raisons académiques ou réalisations des projets ?
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Q-4. En utilisant Internet, quelles sont les gratifications et les satisfactions que vous tirez ?
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Q-5. Quelles sont les communautés en ligne et groupes auxquels vous appartenez ?
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Q-2. Que représente Internet dans votre vie et pour vos études ?
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Q-5. Quels sont les freins et les défis qui se présentent à vous pour accéder à Internet ? Et lorsque
vous parvenez à accéder, quels problèmes rencontrez-vous pendant la navigation sur
Internet ? ………………………………………………………………………………………………
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Page 123 .
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DEDICACE …………………………………………………………………………………... 1
REMERCIEMENTS ………………………………………………………………………… 2
AVANT-PROPROS ………………………………………………………………………….. 3
RESUME …………………………………………………………………………………….... 4
ABSTRACT …………………………………………………………………………………... 5
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ………………………………………………... 6
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES …………………………………………………… 7
SOMMAIRE …………………………………………………………………………………... 8
INTRODUCTION GENERALE ………………………………………………………….... 9
Chapitre III : Jeux d'acteurs et scénarisations des pratiques sociales d’Internet …….. 59
Section 2 : Logiques d'action des étudiants dans les usages d’Internet ……….……….. 65
2-1. Les logiques d’usages ………………………………………………………………..... 67
2-2. Enjeux et défis des usages d’Internet ………………………………………................. 69