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Fiskovic, C., Artistes Francais en Dalmatie
Fiskovic, C., Artistes Francais en Dalmatie
1 J ’ai trouvé tous ces renseignements, que je publierai bientôt plus détaillés
dans une étude spéciale, dans les fascicules des Diversa cancellariae, Diversa nota-
riae et Debita communis, vol. I-II des années citées, fascicules qui se trouvent
dans les Archives ragusaines. M. J. Tadić m ’a cédé les renseignements cités sur
le Palais du Recteur et les travaux exécutés dans cet édifice par les maîtres ragu-
sains.
2 G. Gelcich, Biblioteca dalla storia della Dalmazia, Documenti, p. 80 et V . Vule-
tić-Vukasović, Starinar, IV, 3, p. 77, Beograd, 1887.
3 Die X januarij 1390 Magister Johannes de Vienna, petrarius habitator
Curzulle, facit manifestum quod ipse se obligat et promittit ser Marino de Gondula
dare eidem infra scripta laboreria de lapidibus bonis et sufficientibus de lapidibus
Vernici de Curzulla bene laboratis conducta Gravosium ad ripam ipsius ser Marini,
usque per totum mensem februarium proxime venturum... Primo passus V I
lastarum de lapidibus... Item portam unam... Item unam aliam portam... quarum
portarum maior debet esse cum uno archo aguto... cum imo limitari... Item duos
balchiones scletos, laboratos ut est ille ser Lampridij de Zerieva... et pro singulo
bachione imum colonellum pulcrum et quod lapides dictorum balchionum sunt
integri de uno peccio, et hoc ideo quod ipse ser Marinus promisit eidem magistro
Johanni dare et solvere pro precio dictorum lapidum perperos vigintinovem recep
tis datis lapidibus...
Diversa cancellariae, X X I X , p. 50. Archives de Raguse.
ANNALES DE L ’ iN S T IT U T FR AN ÇA IS DÉ ZAGREB 9
maison d’été, car les pierres furent débarquées à Gruž et non dans le
port de la ville.
Le maître Jean Antoine avait un atelier où il travaillait avec ses
aides et prenait des élèves. C’est ainsi que le 8 mars 1390 il fit dans
la chancellerie ragusaine un contrat1avec le tailleur de pierre Marko
Miličević de Korčula, par lequel ce dernier s’engagea à travailler
avec lui pendant un an à condition que Jean le nourrirait et lui don
nerait 4 gros de gage pour chaque journée de travail die operario quo
eidem laborabit grossos I I I I pro die.
A la fin du xive siècle les Ragusains bâtirent à leur patron saint
Biaise une église qui brûla au xvm e siècle. Pendant les deux der
nières décades du xiv8 siècle on parle de l’architecte de cette église
du protomagister Jean de Sienne, magister Johanes de Senis 2, qui
avait des appointements annuels fixes. Divers maîtres taillaient les
pierres de Korčula, la plupart d’après ses instructions. La solide
pierre de Korčula a servi à la construction de maint grand monu
ment dalmate à Šibenik, Raguse, Hvar et autres lieux. C’est pour
quoi le Petit Conseil décida en juin 1391 que les tailleurs de pierre
ragusains iraient à Korčula 3 tailler les pierres nécessaires à la cons
tru ction de l’église de Saint-Biaise, et Jean de Vienne s’engagea le
6 avril 1391 envers les procureurs de l’église de Saint-Biaise de four
nir les parties en pierre nécessaires probablement pour la construc
tion de cette église, aux mêmes conditions qu’avait acceptées le
tailleur de pierre Cecco di Monopoli. Le contrat dit que si les com
mandes dépassaient celles faites au maître Cecco, on payerait le prix
fixé par le protomagister Jean de Sienne 4.
Johanni de Vienna pro dictis operibus tantum quantum dabant seu dare solebant
dicto magistro Ceccho... Div. Cane., X X IX * p. 195.
1 Biblioteca... pp. 80-81. Les créneaux se sont conservés encore sur les murailles
de Ston, Trogir et sur le mur nord moyenâgeux du Palais de Dioclétien à Split.
Ces créneaux on t servi à y installer des planches pour la défense.
2 Foretić V ., Otok Korčula u srednjem vijeku do 1420 godine, p. 286, Zagreb,
1940.
3 Biblioteca... p. 82 et Frano Radić, Starinar, III, Beograd, 1886, p. 3. Je
remarquerai seulement que Frano Radić pensait que Jean de Vienne était origi
naire de Vienne (en Autriche) et par conséquent Allemand. Cependant je suis
d’accord avec Jireček (Jireček-Radonić, Istorija Srba, III, p. 264) et Vuletić-
Vukasović qui ont affirmé qu’il est d’origine française. Les relations de la Dal
matie par la mer avec la France, et surtout l’apparition des artistes et des artisans
français confirment cette opinion.
4 Fisković C., Korčulanska katedrala, pp. 47-49, Zagreb, 1939.
5 On ne peut penser à lui comme l’auteur d’un relief qui se trouve sur la terrasse
de la maison Boschi à Korčula, et qui représente saint Antoine avec ses attributs
habituels : le porc, la cloche pour chasser les tentations et le bâton. L ’inscription
qui l’accompagne S. a n t o n i u s d e V i e n n a (V. Vuletić-Vukasović, Starinar, IV ,3,
p. 78, Beograd, 1887) doit se lire : saint Antoine de Vienne ; rappel soit des reliques
du saint que l ’on croyait conservées dans cette ville, soit de l’ordre de chanoine
hospitalier institué près de cette ville. Du reste ce relief montre toutes les caracté
ristiques d’un artiste local. Il existe une copie de ce relief sans inscription sur la
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1 J ’ai trouvé les renseignements sur ses travaux dans des Diversa Canc. L X L I,
153, Div. Not., X X V I , 31, Div. Canc. L X V III, 47 Div. Canc., L X III, 124.
2 Pro magistro Johanne de Francia. — Eisdem Millesimo Indictione et die
suprascriptis (9 martij 1438, indictione I) sub logia sancti Laurentii. Ibique vir
nobilis ser Andrea Marci ut procurator et procuratorio nomine ecclesie et fratrum
minorum sancti Francisci ex licentia et consensu magnifici domini comitis Spaleti
et frater (le nom manque) guardianus dicti conventus, verbo et consensu aliorum
fratrum et sociorum, per se etc et successores etc. tale pactum concordium et
conventionem fecerunt cum magistro Johane de Francia marangono ad presens
habitatore Spaleti ibidem presenti etc et pro se etc et successores recipienti etc.,
videlicet quod ipse magister Johanes tenetur et facere ac fabricare se obligavit
chorum dicte ecclesie sancti Francisci, in quo choro poni debet a parte superiori
canzellos et parte inferiori canyllos justa ordinem chorus sancti Dominici, quos
quidem canzellos et chorum laborare debet cum foliamnibus et in aliquibus locis
tarsis prout conveniens aparebit justa pulcritudinem laborerii, ad omnes expensas
ipsius magistri Johannis tam lignaminum quam operis, cum hoc quod dicti procu
ratores sancti Francisci teneantur et debeant solvere omnia dacia et expensas ac
nabulum pro conducendo dicta lignamina usque Spalatum. Pro quo quidem opere
seu choro ipsi procuratores sancti Francisci dare et solvere teneantur dicto magis
tro Johanni de Francia ducatos ducentos auri et plus justa pulchritudinem ac
bonitatem laborerii prout dicto domino comiti videbitur et aparebit in discretione
sua ; renutiantes ipse partes fori privilegio et rei non sic vel aliter geste per se et
successores etc. et predicta omnia observare etc. sub pena L centum parvorum dan
darum per partem non atendentem parti observanti etc. Quod quidem chorum seu
laborerium ipse magister Johannes complere promisit per totum mensem decem
bris proxime futurum, promittentes etc., sub obligatione... Testes : ser Nicolaus
Jancij Leonis, ser Paulus Sulcich. Examinator : ser Antonius Stagni. Archives de
Zadar, Documents de Split, vol. X X , p. 8.
ANNALES DE L ’ iN S T IT U T FR AN ÇA IS DE ZAGREB 15
les dossiers des sièges, selon la décision de maître Jean 1. Les œuvres
du peintre Martin sont jusqu’à présent inconnues dans l’histoire de
l’art, dalmate, mais c’était probablement un des nôtres, puisqu’il
apprit la peinture chez maître Blaž. Il s’agit sans doute de Blaž
Jurjev de Trogir qui peignit à Korčula, Trogir et Zadar. D’après les
dernières découvertes dans les archives il était en 1425 à Raguse où
il prit comme élève Radosav Volkčić 2. Quoique nous ne connaissions
pas les œuvres de Martin, ce devait être un peintre adroit puisqu’il
s’engagea à faire des panneaux avec des figures. Ce chœur ne s’est
malheureusement pas conservé. L’église de Saint-François sur les
quais de Split a été rebâtie au siècle dernier et les anciens autels
ainsi que le mobilier ont été mis au rebut. C’est peut-être à cette
occasion qu’on a démonté et enlevé le chœur de Jean de France. Le
clergé séculier de Dalmatie ne savait souvent pas apprécier les
chefs-d’ œuvre artistiques. Ce qui ne servait plus à des buts pratiques,
et n’était pas spécialement protégé par le culte, était remplacé par
des pièces nouvelles qui n’avaient pas la valeur artistique des an
ciennes. C’est ainsi que par exemple l’évêque de Korčula, Kosirić,
fit démolir l’ancien chœur en bois de la cathédrale de Korčula. J’ai
récemment découvert qu’il était l’ œuvre de Venturino di Donato, qui
le 24 septembre 1551 avait fait un contrat avec le comte Valaresso de
Korčula et l’archidiacre Gabrielis pour l’exécution de ce chœur 3. Le
chœur de l’église dominicaine à Split qui servit de modèle à maître
Jean a disparu de la même façon.
Quoique l’ œuvre de ce sculpteur français ne se soit point conservée,
nous voyons d’après le contrat que c’était un chœur du type dit à
1 22 Julij 1438. Eisdem Millesimo, judicibus et die suprascriptis. Ante stationem
ser Antonij Zipriani. Ibique Martinus pictor olim famulus magistri Blaxi habita
tor Spaleti sponte etc. contentus et confessus fuit se concordasse ac se teneri ad
laborandum cum magistri Johanne de Francia de intaleo tabulas X X V I I I pro
choro sancti Francisci de burgo Spaleti, in quibus, quidem omnibus X X V III
tabulis solum esse debent figure IIII prout idem magister Johannes dixerit facien
dum pro quibus quidem tabulis X X V III idem Martinus habere debet pro ejus
labore L. 3 s. 4 parvorum pro singula tabula et ipsos denarios idem magister
Johannes dare et solvere debet ipsi Martino pro sua manifactura eidem Martino
pro dictis tabulis X X V I I I ad beneplacidum ipsius Martini juxta laborerium com
pletum et ad expensas ipsius Martini, exceptioni non sic vel aliter celebrati con
tractus renuntiantes promittentes unus alteri etc. attendere etc. sub pena L. 25
parvorum solvenda per partem non attendentem parti observanti etc. ; cum reflec-
tione dampnorum etc., et renuntiantes fori privilegio etc sub obligatione... Testes
ser Petrus Marci, ser Andrea Marci, Consiliarius et examinator : ser Micha Andree
de Madijs. Archives de Zadar, Documents de Split, X X , feuille 11.
2 Diversa Canc., X L III, p. 153, Archives de Raguse. Sur l’activité du peintre
Blaž, v. Fisković, o. c., p. 104.
3 Atti del conte Pandolfo Valaresso 1551-1553, Archives de Korčula, 135, Archives
ds Zadar.
16 ANNALES DE L’ iN STITU T FR AN ÇA IS DE ZAGREB
Saint-Laurent 1. Il n ’est pas exclu étant donné que les deux niches
ainsi que les statues se ressemblent, que la statue de saint Laurent
fut faite par Jacques d ’ Orléans et que Vicko l’ aida, surtout dans le
décor de la niche, si ce n ’est l’ œuvre de Vicko seul qui prit pour
modèle la niche et la statue du fort dans le p ort.
En août 1552, Jacques signa un contrat avec Juni M. B obaljević ,
noble Ragusain, par lequel il s’engagea à tailler neuf grandes fenêtres
dans la plus belle pierre de l’île de Mljet où il y avait au XVIe siècle
une carrière 2. L ’acheteur exigeait qu’ il fît ces fenêtres d ’après cer
taines qu’ il y avait déjà en ville ; six devaient ressembler à celles du
palais du Recteur avec une fenêtre centrale trigéminée et deux fe
nêtres latérales qui devaient ressembler à celles de la maison de Junije
Bunić. En outre, Jacques s’ engagea à faire les consoles en pierre, les
dalles et deux statues d ’ une coudée et demie qui devaient être placées
près des fenêtres. L ’ acheteur lui prom it 130 ducats en or pôur ce
travail. B ob a ljević avait certainement besoin de ces fenêtres pour
son palais. A Raguse, surtout aux x v e et x v ie siècles, il était d ’ usage
que les sculpteurs exécutassent dans leurs ateliers le décor archi-
tectonique en pierre, balcons, fenêtres, portes, corniches, consolés,
etc. qui étaient placés dans leè maisons bâties des maçon. Dans la
plupart des cas celui qui passait la com m ande faisait deux contrats,
un avec les sculpteurs pour l’exécution du décor et des parties sculp
tées et l ’autre avec les maçons pour la construction du bâtiment.
Etant donné que le contrat entre Jacques et Bobaljev i ć parle
d ’ une fenêtre trigéminée qui ne pouvait être construite uniquement
dans un style gothique flam boyant, puis qu’ à Raguse on ne construi
sait pas dejen êtres trigéminées, nous pouvons conclure que Jacques
1 (Die, 29, octobris, 1568).
... Item idem Vicentius sponte et confessus se accepisse ab officialibus super
fabrica castelli sancti Laurentij scutatos auri duodecim pro parte ornamenti quod
confecturus est pro imagine sancti Blasij quae collocanda est in dicto castello...
Debita communis 1566-1582, 14. Archives de Raguse.
2 Die, X IIII, augusti, 1552.
Magister Jacobus de Spinis de Orliens Gallus lapicida ad interrogatione ser
Junij Mich. de Babalio... promisit et convenit dare et consignare eidem ser Junio...
infrascripta laboreria de scarpello... videlicet... novem balchiones seu fenestras de
petra de scarpello de meliori ac pulchiori petrario insule Melite de his modellis
videlicet sex de modello fenestrarum faciei palatii Magnifici D. Rectoris civitatis
Ragusii, unam de modello majoris et principalis fenestre domus ser Junii Mich. de
Bona et duas de modello fenestrarum que sunt a latere dicte majoris fenestre do
mus dicti ser Junii... videlicet major cum duabus columnis... Item... modiones...
laborati et intagliati. Item... duas planas seu tabulas de scarpello de dicta petra...
laborata ac sovaggiata... Item... duas statuas de scarpello... altitudinis braccio-
rum unius cum dimidio pro eis ponendis super circum seveziam dictarum duarum
fenestrarum... Ser Junius vero... promisit et convenit dare et solvere dicto magistro
Jacobo... ducatos auri centum triginta. Diversa Cancelariae 137 (1552-1553) 64.
ANNALES DE L’ iN S TITU T FR AN ÇA IS DE ZAGREB 19
1 Die X X V mai 1560, Die sabbato. Prima pars est de affirmando et compro
bando promissionem ser Paschalis Dam. de Menze factam magistro Jacobo Gallo
lapicidae circa eius provisionem et salarium ducatorum auri duorum singulis
mensibus o et de ei assignando unam officinam sub ecclesia S. Sebastiani sine
mercede.
pro X X X V I contra II
Secunda pars est de non affirmando.
Prima pars est de assignando praedicto magistro Jacobo Gallo lapicidae sine
mercede domum unam, quae pro locatione et affictu soluat infra perperos vi-
ginti, iuxta promissa, quae fuerit in eius que supplicatione.
pro omnes contra II
Secunda pars est de non assignando.
Illustrissimi et eccelentissimi Signori.
Maestro Giacomo Francese servitor di vostre Signorie a richiesta di ser Pas
quale di Menze suo magnifico Agente in Venetia son venuto in la sua inclita
citta con la consorte, et tre figliuoli miei per vivere et morire al suo servitio,
offerendomi esser li fedele, et accomodar gli con l’arte mia in ogni occorrentia,
et commodita sua con diverso modi. Prima sono scultor dell’ opere di marmo,
et di legnami et architettor di fortezze, palazzi et case di cittadini, et di disco-
lare et purificare terreni paludosi et acquosi. Et prometto di mantener dell’ arte
detta a servirle bene quanto qualsivoglia altra persona sia in Italia, di che ho
20 ANNALES DE L ’ iN S T IT U T FR AN ÇA IS DE ZAGREB
fatto buona esperientia si come per relation del magnifico Ser Pasquale di Menze
poterete accetarvi, et per sua persuasione, et della mia consorte son venuto in
la sua inclita citta per servirle ma non ritrovo quanto il magnifico messer Pasquale
mi ha promesso, che l’viver sia di pane, vino, carne,* pesce abondante, et miglior
mercato, che a V inetia ; ne che habbia tante opere e tanto bene pagate, come a
V enetia. Per il che io non trovo modo di poter vivere, ne habitar in sua inclita
citta per servirle con sudetta arte mia, ma prima le voglio supplicar, che mi vo
gliano accomodar d ’av v antaggio d ’una bottega sotto il volto della cappella di S.
Sebastiano, et di una casetta per mia famiglia. E t davvantaggio tenero tanti
csholari, i quali poteranno imparar l ’arte mia. Et la sua inclita citta da boni
maestri sara servita per molti secoli. Et per sua provision, casa et bottega a me
data sequira molto maggior utile publico et privato di quello le sequito di Giorgio
da Sebenico lapicida : il quale per molti anni ha goduto grossa provisione da
vostre Signorie piu presto dcon anno, che con utile. Et di continuo con la
famiglia mia pregherò il Signor Dio per la conservatione, et prosperità di suo
felice stato. E t di più prometto migliorar bene le saline di Stagno.
A cta Consilij Rogatorum 55, pag. 122-123.
1 Diversa Notariae, 107 (1542-1544), 245.
2 Diversa Notariae, 104 (1536-1537), 2.
3 Diversa Notariae, 108 (1544-1546), 29.
4 Diversa Notariae, 112 (1552-1553), 183.
8 Diversa Notariae, 115 (1556-1558), 229.
6 Die, IIII, maij 1564. De voluntate et consensu Troiani Calossevich priori
confraternitatis sancti Rochi, Florii lanarii officialis et magistri Jacobi Galli
sculptoris infrascriptum chirografum descriptum in folio papyraceo vernaculo
sermone hic descriptus fuit pro dictarum partium cautela et securitate cujus
exemplum tale est.
Accordio fatto infra Troiano Calossevich priore della confraternita de Santo
ANNALES DE L ’ iN STITU T FRAN ÇAIS DE ZAGREB 21
tatif, sont peints d’un riche décor classique avec des motifs antiques
et renaissance et ornés de niches avec des statues. Dehors, près de
l’entrée, se trouve le buste d’un philosophe, probablement de Platon.
La maison a une vaste cave. .
Cinq feuilles portent des plans. La destination de chaque pièce est
notée, grâce à quoi l’arrangement de la villa est parfaitement expli
qué. Au rez-de-chaussée il y a en dehors de l’escalier et du vestibule,
un office, une salle de billard, un salon, une salle à manger et une
grande salle de bain. Au premier étage, il y a une bibliothèque, un
petit et un grand salon, un vestibule, le boudoir et des chambres à
coucher. Au deuxième, un cabinet de travail, une petite salle à man
ger, des chambres à coucher et deux chambres d’enfant. Au sous-sol
sont les cuisines, les offices, les caves pour les liqueurs et la buan
derie. A l’entre-sol les chambres des domestiques. Tout le plan de la
villa est clair et logique. Toutes les pièces sont claires.
Sur une feuille séparée se trouve le plan et le schéma de la chapelle,
de forme ronde, antique, avec une coupole dont l’intérieur est orné
d’une peinture de différents saints. Un trépied grec pour le feu est
placé devant la chapelle.
La douzième feuille montre la gloriette ronde, salle de verdure,
comme l’appelle l’auteur, où des plantes rampantes grimpent sur
les murs. Sur la treizième feuille il y a un pavillon rond entouré de
colonnes avec un trépied à feu sur le toit.
Deux feuilles séparées montrent le plan et le schéma du magasin
pour la fabrication et le dépôt de l’huile, bâtisse de formes simples,
pratiques avec un porche sur le devant et de grandes fenêtres cin
trées. Ici aussi l’architecte est resté fidèle au style classique.
Gauthier était déjà connu en 1810, lorsqu’il fit ce projet et ses
travaux étaient déjà estimés. D’après la signature et la date du plan
pour Trsteno, qui en italien s’appelait Cannosa, et d’après le titre
qu’il mit avec sa signature : pensionnaire de Sa Majesté à Rome,
nous apprenons qu’en 1810 il était à Rome, où il fit, en 1815, le
plan pour la restauration du temple de Mars Ultor et, en 1819, le
projet pour une basilique romaine.
Les formes architectoniques, la disposition des bâtiments et des
jardins de la villa de Gučetić montrent le style classique, que Gau
thier appliquait avec beaucoup de goût. Le principe de ce style est
appliqué ici logiquement dans toutes les parties. Comme les autres
élèves de l’école de Percier, Gauthier a adapté adroitement tous les
éléments de la renaissance italienne et de l’antique que les archi
tectes renouvelèrent au début du XIXe siècle dans les villas qu’ils
construisaient souvent alors dans les parcs et hors des villes.
Nous avons ici, comme nous l’avons vu, les terrasses sur la
28 ANNALES DE L ’ iN STITU T FR AN ÇA IS DE ZAGREB
façade, les belvédères sur les toits, les fontaines et les statues devant
la maison, les colonnes, le décor polychrome classique peint sur les
murs que Gauthier, bon élève d’un des meilleurs décorateurs de
l’époque, avait répandu à profusion 1.
L’unique motif que cet éclectique révéla selon le type des jardins
renaissance ragusains du xve et xvie siècle, est la pergola, allée
bordée d’une double rangée de colonnes élancées en pierre, qui
forment une allée où l’on peut agréablement causer en se promenant
à l’ombre de la vigne qui la couvre. Le motif de la pergola était, il est
vrai, connu même hors de la région ragusaine, mais il est ici très
fréquent et devient un des éléments essentiels de l’horticulture ragu-
sainé jusqu’à nos jours et s’étend dans tout le sud de la Dalmatie.
Gauthier même l’appliqua en deux endroits. Ce motif de la pergola
l’intéressait encore plus tard et il le copia du palais Doria à Gênes
pour son album Les plus beaux édifices de la ville de Gênes et de ses en
virons qu’il publia à Paris en 1818 2.
Si la villa de Gauthier à Trsteno avait été bâtie elle aurait certaine
ment influencé l’architecture dalmate, quoique les circonstances
politiques et économiques de l’époque ne fussent pas favorables au
progrès des arts en Dalmatie. Cette province ne vit pas de villa plus
fastueuse et plus confortable par son arrangement intérieur et elle
aurait sûrement été le modèle des autres maisons de campagne. Mais
c’est probablement à cause de ces circonstances défavorables qu’elle
ne fut même pas commencée, car il n’y a aucune trace dans le vaste
parc de Trsteno d’un début de réalisation de ce plan. La grande
activité constructrice de l’époque de Napoléon, le séjour de Paul
Gučetić et son mariage dans le centre de ces événements, Paris, lui
avait donné l’idée de ce plan grandiose, comme elle avait aussi
poussé un membre de la famille Garagnin, peut-être Ivan-Luka, à
la construction d’une autre villa représentative en Dalmatie au
début du xixe siècle et dans le même style classique. C’est la belle
villa de Garagnin parmi les oliviers sur le bord de Divulje près de
Trogir, villa dont la façade inachevée a la forme élancée d’un temple
grec. Les membres de la famille Garagnin eurent aussi des liens
directs avec les Français ; ils étaient les représentants de la politique
de Napoléon en Dalmatie et l’un d’eux fut administrateur de
Raguse pendant l’occupation française. Mais cette villa non plus ne
fut pas terminée à cause des circonstances politiques et économiques
de même que ne resta achevé ni l’ainsi dite gloriette de Marmont
1 Comparez, dans A. Michel, Histoire de l’art, V III, fig. 13, le décor de Gauthier
avec celui de Percier.
2 L. Dami, I l giardino italiano, t. X X X V II, Milano, 1924.
ANNALES DE l ’i N STITU T FRAN ÇAIS DE ZAGREB 29
1 R. Slade Šilović, J edan francuski spomenik u Trogiru. Novo Doba, Split, 24-
XII-1931. Par les soins du Conservateur de Split le monument a été déplacé
quelques mètres plus à l’ouest et dans cette occasion réparé et bien fixé.
2 C. Fisković, Stara splitska kazališta, Split, 1946.
ANNALES
DE
DIXIÈM E EX O N Z IÈ M E ANNÉES
1946-1947