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DÉVELOPPEMENT ADDITIONNEL
Per Andreassen, Marie Brennan, Robert Denton, E.A. Dunn, John Dunn, Lisa Farrell, C. Thomas Hand, Rob Hobart,
Keith Kappel, D.G. Laderoute, Monte Lin, James Mendez Hodes, Neall Raemonn Price et Nancy Sauer
ÉDITION Christine Crabb
RELECTURE Alexis Dykema et Jeremiah Shaw
SUPERVISION JDR Sam Gregor-Stewart
SUPERVISION NARRATIVE Katrina Ostrander
CONTRÔLE DE L’HISTORIQUE Max Brooke et Tyler Parrott
CONCEPTION GRAPHIQUE DU SUPPLÉMENT Michael Silsby, Scott Nicely et Evan Simonet
COORDINATEUR DE LA CONCEPTION GRAPHIQUE Joseph D. Olson
RESPONSABLE DE LA CONCEPTION GRAPHIQUE Christopher Hosch
ILLUSTRATION DE COUVERTURE Chris Ostrowski
ILLUSTRATION DE 4 DE COUVERTURE
E
Haibin Wu
ILLUSTRATIONS INTÉRIEURES
Sabbas Apterus, Francesca Baerald, Stefano Baldo, Lukas Banas, Noah Bradley, Joshua Cairós, Caravan Studio,
Anna Christenson, Carlos Palma Chruchaga, Calvin Chua, Mauro Dal Bo, Alayna Danner, Max Degen,
Nele Diel, Stanislav Dikolenko, Derek D. Edgell, Shen Fei, Felipe Gaona, John Anthony Di Giovanni,
Kevin Zamir Goeke, Gong Studios, Jeff Himmelman, Hai Hoang, B.D. Judkins, Daria Khlebnikova,
Pavel Kolomeyets, Greg Lambrakis, Diego Gisbert Llorens, Asier Martinez Lopez, Diana Martínez, Jorge Matar,
mocaran, Tomas Muir, Chris Ostrowski, Borja Pindado, Chris Pritchard, Paolo Puggioni, Eli Ring, Andrew Sonea,
Filip Storch, Alberto Tavira, Tropa Entertainment, Andreia Ugrai, Halil Ural, Le Vuong et Mario Wibisono
DIRECTION ARTISTIQUE Crystal Chang et Andrew Christensen
RESPONSABLE DE LA DIRECTION GRAPHIQUE Melissa Shetler
COORDINATEUR QUALITÉ Zach Tewalthomas
RESPONSABLES DE PRODUCTION Jason Beaudoin et Megan Duehn
DIRECTEUR DE LA CONCEPTION VISUELLE Brian Schomburg
RESPONSABLE EXÉCUTIF DU PROJET John Franz-Wichlacz
RESPONSABLE EXÉCUTIF DU DÉVELOPPEMENT Chris Gerber
CONCEPTEUR EXÉCUTIF Corey Konieczka
PUBLICATION Andrew Navaro
TESTEURS
Max Brooke, Stephen Calomino, Daniel Lovat Clark, Nicole Conley, Julien Escalier, Tim Huckelbery,
Casey Kipping, Kees-Jan Kleef, Ryan Kurnik, Romain Labrot, François Martinez, Pim Mauve, Katrina Ostrander,
Tyler Parrott, Kyle Pritchard, Karol Rybaltowski, Erik Strijbos, Samantha Thompson, Jan-Cees Voogd,
Joris Voogd, Joris Van der Vorst y Gerlof Woudstra
FANTASY
FLIGHT
GAMES
© 2019 Fantasy Flight Games. Legend of the Five Rings est TM de Fantasy Flight Games. Fantasy Flight Games et le logo FFG sont ® de Fantasy Flight Publishing, Inc.
Distribution par Novalis, 18 rue Jacqueline Auriol, Quartier Vallaroy, BP 40119, 78041 Guyancourt Cedex, France. Tél. : 01 34 52 19 70. Conservez ces informations pour vos archives.
Pour plus d’informations sur la gamme La Légende des Cinq Anneaux : le Jeu de Rôle, trouver des téléchargements
gratuits, obtenir des réponses aux questions concernant les règles, rendez-vous visite via :
t s i t es r e e st i et
sommaire
60 Le centre de l’Empire
196 CHAPITRE 6
60 La vie urbaine Les grands espaces
66 Les villes et métropoles de Rokugan
72 Otosan Uchi 197 Au-delà de l’enceinte de la civilisation
ari hi la i de en nge 199 La vie en pleine nature
77 Khanbulak 202 Les montagnes
78 Le village de la Corne écarlate 204 La mine de jade du village des
80 Les ports Montagnes occidentales
84 Le district portuaire de Gotei 207 Les montagnes du Dragon
87 La cité de la Grenouille riche 208 Les forêts
89 Crime et châtiment 210 La forêt Kitsune
213 La forêt de Shinomen
96 CHAPITRE 3 216 Les ruines
Le cœur de l’Empire 218 Le temple du Moine brûlé
97 La fondation d’une civilisation 220 Wasureta Mura, le village Oublié
103 La vie rurale 222 Les côtes
107 Les villages et les fermes 223 La grotte des Enfants de pierre
112 Le village de la mouche vrombissante ( hi n )
113 Le village d’Anbasukai 225 Les Terres d’été
115 Le village du Bassin tournoyant
116 La ferme de thé Kaori 227 CHAPITRE 7
118 Les samouraïs et les gens du peuple De nouvelles options de jeu
123 Les routes et les rivières 228 De nouvelles réponses au jeu
128 La rivière de l’Or (Kin no Kawa) des vingt questions
130 La route de l’Empereur 241 De nouveaux avantages
1 1 en h 245 De nouveaux désavantages
248 De nouvelles techniques
133 CHAPITRE 4 249 Des titres supplémentaires
Les lieux sacrés
134 Les sanctuaires de l’Empire d’Émeraude
134 La cosmographie de Rokugan
140 Les kamis et les fortunes
143 Le sanctuaire de la vie
145 Les pratiques religieuses
153 Les sites sacrés
3
18e jour du mois de Hantei, 1122, sur une route à l’est de la province Yama
Daidoji Narisawa n’avait jamais été particulièrement pieux. Ce n’était sûrement pas un danger physique, se corri-
Il commençait pourtant à se demander si brûler de l’en- gea Narisawa. Il courait fort probablement tous les autres
cens pour honorer les kamis des montagnes qui se dres- types de risques.
saient abruptement sur la plaine pourrait les convaincre Peu après, il vit le même nuage de poussière que celui
d’arrêter de l’observer. Selon les cartes, il se trouvait dans repéré par Taro. L’ashigaru s’approchait justement de lui,
la même chaîne que celle qui protégeait l’arrière de Châ- au trot, pour faire son rapport.
teau Daidoji, mais le pâle soleil qui se reflétait sur les pics — C’est une patrouille, monseigneur. Une demi-douzaine
enneigés en cette fin de printemps lui semblait bien moins de gardes, je pense, tous montés et en armure.
chaleureux. Narisawa acquiesça et ordonna d’une voix forte :
Il en était de même des passants qu’il croisait. Les pay- — Halte ! Agenouillez-vous face aux arrivants.
sans du Clan du Lion connaissaient bien l’emblème du Les ashigaru obéirent immédiatement. Ils se placèrent
Clan de la Grue et tous cessaient leur travail éreintant dans sur le bas-côté avant de poser leur visage au sol. Seuls
les rizières pour lancer à son escorte un regard hostile. S’il Narisawa et Asao restèrent en selle. Inhalant profondé-
se plaignait de leur insolence, le Clan du Lion battrait ou ment le parfum de la terre humide et des fleurs printa-
décapiterait les coupables avant de rire dans son dos de la nières, il attendit que le Clan du Lion approche.
sensibilité du Clan de la Grue, dont les membres ne sup- La femme qui menait la patrouille ne fut aucunement
portaient pas un regard de travers. surprise de voir des soldats du Clan de la Grue le long de
Mais la famille Daidoji n’était pas faible, et si Narisawa la route. Les Matsu avaient dû recevoir des rapports régu-
ne montrait pas sa force aux paysans, son problème ne liers depuis leur entrée sur les terres du Clan du Lion. Elle
ferait qu’empirer. annonça simplement :
— Nous devrions atteindre le château du Dernier Sou- — Je m’appelle Matsu Hideji, magistrate du Clan du
pir d’ici l’heure du Cheval, lui dit Hirachimi Asao. Lion. Auriez-vous l’obligeance de me montrer vos papiers ?
Elle pensait qu'il s'était levé de sa selle car il était impa- Il avait déjà produit ces mêmes pièces en traversant le
tient d'arriver, mais aurait volontiers passé des jours à che- pont du fleuve des Trois Pierres, quelques kilomètres plus
val, à profiter de cette relative tranquillité, à regarder le loin. De tels contrôles étaient monnaie courante en terri-
soleil qui se reflétait sur l’eau des rizières, à écouter les toire ennemi, et Narisawa était paré à cette éventualité. Il
paysans chanter au loin, au lieu d’arriver à destination. attrapa les documents, entourés de fines planches pour
Mais il ne subirait pas l’opprobre lié à un tel aveu. Il pré- les protéger, qu’il gardait dans son kimono. Asao descen-
féra répondre : dit de cheval, prit les papiers en s’inclinant, puis les appor-
— Je pensais à l’accueil qui nous serait réservé. ta à la magistrate.
— S’ils veulent conclure cette union, les Matsu, malgré Matsu Hideji les examina plus longtemps que néces-
leurs réticences, devront respecter les bonnes manières. saire, mais elle finit par les replier et s’incliner.
Sinon…, répliqua Asao, les lèvres pincées. — Daidoji-san. J’espère que votre voyage n’a pas été
— Sinon, ils me jetteront aux pieds de Matsu Chieko-san trop pénible.
avant même que j’aie pu prendre un bain. l enai de ūden ji ai e n’ ai a i l in
Il avait pris soin de se laver à la dernière auberge, mais l’étendue de l’Empire d’Émeraude. Pris d’une inspiration
il serait tout de même humiliant de rencontrer sa future aussi subite que courtoise, Narisawa répondit :
femme encore couvert de la poussière et de la sueur accu- — Comment me plaindre de la longueur du voyage,
mulées durant le voyage. alors que le bonheur m’attend ?
Le Clan du Lion avait accepté cette union. Narisawa Hideji ne releva pas et se contenta d’affirmer :
ne pensait pas que cela mettrait un terme définitif aux — Je vais vous escorter jusqu’au château.
combats qui avaient valu son nom au lac du Désespoir, — Votre offre m’honore, répondit Narisawa sans dou-
situé à proximité, mais les Matsu n’auraient pas proposé ter un seul instant que c’était l’unique raison de sa venue.
un membre de leur propre famille s’ils ne souhaitaient pas Il ordonna aux ashigaru de se relever et tous se remirent
une trêve. en chemin vers les hautes murailles de la ville des Matsu,
Un sifflement strident retentit, émis par l’un des ashiga- et vers les inquiétantes montagnes qui la bordaient.
ru de leur escorte. Taro, qui avait le regard le plus perçant Ainsi commencent mes obligations, pen-
de l’escorte, avait vu quelque chose sur la route. sa Narisawa. S’il devait échouer, le lac
Ce n’était sûrement pas un danger. Si du sang était du Désespoir pleurerait d’autres
versé aussi près du château du Dernier Soupir, ce serait samouraïs tombés au com-
sous les lames de l’armée du Clan de la Grue venue mena- bat… et il serait le pre-
cer les Matsu jusque sous leurs murailles. Aucun bandit mier à mourir.
n’était inconscient au point de se montrer aussi près de
la forteresse de la famille qui entraînait les berserkers et
les dresseurs.
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INTR O DU CTIO N
Bienvenue à Rokugan
mais tous ont leurs propres traditions et croyances, sou-
vent très différentes. L’adhésion au bushido unit les clans,
mais l’interprétation et les priorités qu’ils en retiennent
L’Empire d’Émeraude s’étend des montagnes du Crépus- les divisent.
cule au sud jusqu’aux monts de la Grande Muraille Septen-
trionale, et de la forêt de Shinomen à l’ouest jusqu’à la mer
de la déesse Soleil à l’est. Rokugan est un empire féodal
que contient ce livre?
de droit divin, régi par le représentant de l’Ordre céleste et L’Empire d’Émeraude est un guide de Rokugan qui décrit
policé par les clans majeurs, fondés par les frères et sœurs ses terres, sa culture et ses peuples. Que vous soyez
divins du premier Empereur. joueurs ou maître du jeu, vous trouverez ici une mine
Rokugan est soumis à un strict découpage des classes d’informations pour comprendre l’Empire d’Émeraude et
sociales. Les innombrables paysans de l’Empire sont tous créer des aventures excitantes et dramatiques, mais ce
au service de la caste des samouraïs, divisée entre les livre n’est pas exhaustif pour autant, loin de là. Rokugan
buke, qui en constituent la majeure partie, et les kuge. est un territoire vaste et en décrire chaque ville, chaque
Ces derniers sont les propriétaires terriens, que les buke vallée, chaque tradition et chaque rôle social serait impos-
er en ha e a ra a r er en n dai sible en un seul volume.
et cette loyauté est l’un des piliers du bushido, le code qui Ce livre est divisé en sept chapitres qui explorent les
dicte leur conduite et celle de chacun de leurs pairs. aspects principaux de Rokugan, afin que vous puissiez y
Rokugan est un pays magnifique aux horreurs indi- créer des campagnes de jeu de rôle. Les six premiers cha-
cibles, théâtre de grandes joies et de tragédies ineffables, pitres se concentrent sur des lieux cruciaux, urbains ou
d’honneur inégalé et de terribles injustices. Des plaines ruraux, sans lesquels l’Empire d’Émeraude n’existerait pas,
luxuriantes aux villes surpeuplées, les paysans besognent ainsi que sur leur place dans la société et sur leurs habi-
dans les champs et les rizières tandis que les samouraïs tants. En plus de ces informations génériques, chaque cha-
combattent pour l’honneur et la gloire. Les sept clans pitre décrit des endroits spécifiques et fournit des profils
majeurs possèdent une histoire et une culture communes, de PNJ qui leur sont associés. Enfin, des idées d’aventures
sont proposées pour aider les MJ à incorporer ces lieux et
ces PNJ dans leurs parties.
Le septième chapitre présente de nouvelles options
pour les personnages joueurs, en puisant dans la grande
diversité de Rokugan pour multiplier les possibilités
offertes par le Livre de Règles de La Légende des
Cinq Anneaux.
I N T R O DUC T I O N
Chapitre 1
Le chapitre es rteresses ir décrit les châteaux
idées d’aventure
et palais de Rokugan, des édifices fonctionnels du Clan du Tout au long de ce livre, vous trouverez des
Crabe à l’architecture élégante privilégiée par le Clan de encadrés tels que celui-ci, destinés à présen-
la Grue. Ce chapitre examine le rôle des châteaux en tant ter des idées d’aventure aux MJ. Si vous par-
que centres politiques et militaires. En plus des informa- ticipez au jeu en tant que joueur, vous devriez
tions nécessaires sur les châteaux, leurs fonctions et les éviter de les lire, car vous vous gâcheriez le plai-
variantes régionales, vous y trouverez de nouvelles infor- sir de la découverte si votre MJ s’empare de
mations sur la diplomatie et l’art de la guerre. ces suggestions ! Si vous êtes MJ, vous pou-
vez soit développer ces propositions pour créer
Chapitre 2 des aventures complètes, soit piocher des idées
ici et là, soit les utiliser simplement comme
Le chapitre es rre rs er i se concentre source d’inspiration.
sur les cités et les villes, sur leurs origines, leur configura-
tion et leur importance en ce qui a trait au commerce ou Accroche L’accroche fournit le contexte pour
à la société. Il évoque également les ports, qui sont pré- lancer l’aventure et présente les PNJ importants.
sents dans presque toutes les villes riches et influentes de On y suggère aussi une manière d’impliquer les PJ
Rokugan. De plus, comme toute cité comprend son lot de dans les événements, que vous pourrez personna-
crimes, le chapitre 2 regroupe également des détails sur la liser afin qu’elle corresponde à votre campagne.
loi et son application.
Développement La partie suivante décrit
brièvement l’enchaînement le plus probable par
Chapitre 3 lequel les événements vont dégénérer, impli-
quer les personnages de plus en plus et faire
e r e ire s’intéresse aux villages et fermes
monter les enjeux.
qui nourrissent l’Empire, ainsi qu’aux routes et rivières qui
les relient et permettent la circulation des denrées néces- 三 Paroxysme Enfin, nous vous proposons un
saires à la survie des villes plus peuplées. Ce chapitre point culminant pour l’aventure, qu’il s’agisse
décrit aussi les relations et interactions entre les samouraïs d’une rencontre décisive avec un PNJ ou d’un
et les différentes castes de paysans qui occupent l’Empire choix difficile pour les PJ. À ce moment, les évé-
d’Émeraude. nements ont probablement pris une tournure
inattendue en raison des actions des PJ : vous
Chapitre 4 ne devez pas hésiter à modifier le dénouement
ou à résoudre les dilemmes d’une manière qui
Le chapitre es ie s r s détaille la cosmogonie de sied à l’ensemble de l’aventure.
l’univers telle que comprise dans l’Empire d’Émeraude,
du royaume Céleste aux enfers du Jigoku en passant par
le n r e e l e d’e ri ar e r d Sen
apprendrez où vénérer les kamis et les fortunes et décou-
Chapitre 6
vrirez tous les autres lieux de culte, leur organisation et Le chapitre es r s es es e R se concentre
leur fonction, mais aussi les pratiques interdites, comme sur la nature indomptée, qu’il s’agisse des forêts, des mon-
les malédictions ou la terrifiante magie du sang. tagnes ou des zones côtières. Il couvre tous les points de
jonction entre civilisation et nature, y compris les mines,
Chapitre 5 les villages de bûcherons ou les ruines oubliées de tous.
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I N T R O DUC T I O N
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À leur arrivée sur terre, les Kamis furent doublement dieux des tempêtes et des océans pouvait les anéantir
surpris. Ils réalisèrent d’abord qu’ils étaient devenus mor- en un instant.
tels, puis ils découvrirent l’humanité qui, malgré sa filiation Le cœur de l’humanité n’avait pas encore été éveillé
avec Dame Soleil et Sire Lune, était en piteux état. aux créations artistiques. Sans alphabet pour écrire leur
passé, les humains comptaient sur des histoires transmises
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I N T R O DUC T I O N
Certains shugenja et
autres moines érudits Les Kamis finirent par se regrouper à l’endroit où ils avaient Durant de nombreuses années, la vie fut paisible dans
pensent qu’il existait un atterri. Une fois de plus, ils se consultèrent et décidèrent l’Empire nouvellement créé. Les clans prospéraient au fur
dixième Kami, Ryoshun, que, même si l’humanité avait une immense valeur, elle et à mesure que la sagesse et la noblesse des Kamis se
qui serait mort dans devait être organisée et administrée avec sagesse pour propageaient. L’Empereur Hantei promulgua des lois qui
le ventre de Sire Lune. pouvoir prospérer. Ils tinrent donc un tournoi pour savoir reproduisaient la perfection du royaume Céleste.
De nombreux prêtres qui serait le premier gouverneur de ces terres. Sire Togashi Un beau jour, Fu Leng entra dans Otosan Uchi et
d’Osano-wo croient que,
ne participa pas, car, dit-on, dans sa grande sagesse, il retrouva ses frères et sœurs. Tous furent, dans un premier
lorsque Hantei a éventré
avait prédit la victoire de Hantei. temps, enchantés d’apprendre que leur frère avait survé-
Onnotangu, le dixième
Kami serait tombé dans Une fois l’empereur nommé, les Kamis s’attelèrent à la cu, mais l’inquiétude prit rapidement le pas sur la joie. Le
le monde souterrain, où il création d’un empire. Tous fondèrent un clan composé de Clan du Crabe ne connaissait que trop le mal qui avait
aide, voire sert, la fortune leurs disciples, à l’exception de l’Empereur Hantei. Il alloua pris racine au sud, d’où arrivait Fu Leng. Ce dernier lais-
de la mort. D’autres jugent des terres à chaque clan, leur permettant de les cultiver sa éclater sa colère en découvrant qu’il avait été exclu du
qu’une telle croyance est à condition qu’ils lui versent une taxe. La plupart des tournoi destiné à élire l’empereur. Tous eurent beau lui
blasphématoire, et cette humains ne comprirent pas la chance que leur offraient les expliquer qu’ils le croyaient mort, il les accusa de men-
divergence d’opinions fait Kamis et s’opposèrent à leur règne. Chaque Kami organisa tir et de l’avoir abandonné à son funeste sort sans cher-
parfois couler le sang. Les
les tribus sur ses terres et érigea des écoles où enseigner cher à le retrouver. Les autres Kamis, dans leur grande
combattants malheureux
le bushido. Tous créèrent également des centres martiaux sagesse, comprirent que Fu Leng avait été corrompu par
rejoignent alors le monde
souterrain, et peuvent puisque les contrées étaient encore dangereuses, mais les envoûtements du Jigoku, le pendant maléfique du
ainsi, dans une forme de certains fondèrent d’autres écoles. Celle de Dame Doji monde souterrain.
justice poétique, vérifier la était la plus célèbre, les étudiants de la patronnesse des Fu Leng exigea de pouvoir défier Hantei. À regret,
vérité par eux-mêmes . arts parcourant l’Empire naissant pour partager des his- ce dernier accepta et désigna Togashi comme cham-
toires et œuvres d’art sur les Kamis et le royaume Céleste. pion. Lorsque Fu Leng intima à celui-ci de sélectionner
Rapidement, les villages devinrent des villes, et des routes une arme, le fondateur du Clan du Dragon choisit tout
se rejoignirent pour créer un réseau à travers les terri- Rokugan et ses habitants. Fou de rage, Fu Leng se reti-
toires. Hantei choisit d’installer sa capitale sur la colline ra dans l’Outremonde et jura de revenir avec sa propre
où les Kamis avaient atterri, et c’est ainsi que fut fondée armée pour livrer ce duel.
Otosan Uchi. Bientôt, les villes et villages du sud rapportèrent des
invasions de créatures cauchemardesques : des gobelins,
des oni démoniaques et d’autres êtres inconnus et ter-
rifiants. Les guerriers à la solde de l’Empire se réunirent
pour combattre, mais tous furent vaincus. Fu Leng recou-
rait à une magie maléfique pour invoquer ses armées
et les mener à la victoire. Lentement, les troupes de
Hantei reculèrent.
INTR O DU CTIO N
Un Kami s’incline
C’est à cette époque que la tribu d’Isawa rejoignit l’Em-
Le Millénaire paisible A N R R
A A
pire. Avant cela, Isawa, un meneur spirituel aux capa- Le calendrier d’Isawa
Vint ensuite une époque surnommée, à juste titre, le Millé-
cités étonnantes à qui les fortunes et les kamis accor- compte les années à partir
naire paisible. Sous le règne avisé de Hantei et la direction
daient leur confiance, n’avait pas jugé utile de placer de la chute des Kamis, qui
des descendants des Kamis, le peuple de Rokugan connut
son peuple sous la protection des enfants du Soleil et marque l’an 1. Le système
des siècles de paix et de prospérité. Les voyageurs gai-
de la Lune. Durant la guerre, Shiba se rendit auprès de a été adopté dans tout
jin, lorsqu’ils avaient l’autorisation d’entrer dans Rokugan, Rokugan, en raison de sa
la tribu pour demander de l’aide, mais Isawa refusa, de
admiraient l’élégance, la sagesse et l’opulence de l’empire. simplicité par rapport à
peur de perdre ses traditions. Shiba s’agenouilla alors
celui du Droit impérial,
la bienveillance de
devant lui en promettant que ses descendants et lui
utilisé dans les archives
serviraient et protégeraient le chef de tribu et les siens
l’empereur s’étend
officielles, où les dates
s’ils voulaient bien rejoindre le clan du Kami. Isawa fut à sont exprimées en années
(42–390 ci)
ce point impressionné par cet acte sincère qu’il accep- de règne d’un empereur
ta. Depuis, même si les Champions du Clan du Phénix précis. Certains se de-
appartiennent à la famille Shiba, le clan est dirigé par mandent pourquoi Isawa
des descendants d’Isawa. a créé un tel système,
Le départ du Clan de la Ki-Rin puisqu’il était opposé au
règne des Kamis. Cepen-
Le Petit Maître Les armées de Fu Leng ne représentant plus une menace, dant, rares sont ceux qui
le peuple de Rokugan recommença à établir l’Empire. soutiennent l’idée que le
Un jour, un vieil homme habillé en moine se présenta au calendrier puisse débuter
Cependant, Hantei gardait en mémoire le mal causé par
château de Hantei. Il dit s’appeler Shinsei et savoir com- avec un événement autre
un ennemi externe et il convoqua sa sœur, Shinjo. Dame
ment vaincre les armées de Fu Leng. Dans un premier que la chute des Kamis.
Shinjo avait toujours été la voyageuse de la famille : elle
temps, Hantei refusa de l’écouter, mais après que Shinsei
aimait rencontrer de nouvelles personnes. L’Empereur lui
eut défait, sans armes, les gardes qui devaient le raccom-
confia, ainsi qu’à ses disciples qui formaient le Clan de la
pagner, l’Empereur se révéla curieux. Tous deux parlèrent
Ki-Rin, la mission d’explorer les contrées au-delà de l’Em-
toute la nuit, et Shiba transcrivit la conversation. Ces par-
pire, pour identifier les possibles menaces. Dame Doji fut
chemins devinrent le Tao de Shinsei et ils contiennent
très triste de voir partir sa sœur Shinjo, dont elle était très
toutes les connaissances du Petit Maître sur le monde,
proche, et elle lui offrit en souvenir un magnifique éventail
les Cinq Éléments et l’Illumination.
qu’elle avait peint à la main.
Shinsei expliqua à l’Empereur que la fortune sou-
rit aux mortels et qu’il devait rassembler sept guerriers
humains pour vaincre le Sombre Kami. Hantei lui don- Le Prince étincelant
na sa permission, et un combattant de chaque clan fut
e a r le d ar de Shinj an ei i a le ingen-d
choisi. Shinsei conduisit les Sept Tonnerres dans le sud.
le royaume des mortels. Selon certaines sources, il aurait
Durant plusieurs semaines, ils ne donnèrent aucun signe
succombé à une blessure subie durant la guerre contre Fu
de vie. Puis un jour, au cours d’une grande bataille, les
Leng. D’autres prétendirent que, las du monde mortel, il
armées de Fu Leng devinrent soudainement confuses et
était retourné vers le royaume Céleste dans un éclat de
désorganisées. Les guerriers de l’Empire reprirent cou-
lumière. Il s’agit là d’un sujet concernant plutôt les prêtres
rage et combattirent plus férocement encore, boutant
que les historiens, nous ne nous y attarderons donc pas.
leurs ennemis hors du champ de bataille. Tout le monde
Le trône passa au fils de Hantei, Genji, surnommé le
célébra la victoire des Tonnerres : ce jour devint le Jour
Prince étincelant. Élégant et raffiné, il avait vécu, durant sa
des Tonnerres. Hantei ordonna qu’un grand festin soit
jeunesse, de nombreuses aventures, à l’origine de bien des
organisé en l’honneur des héros, mais seuls Shinsei et
histoires des conteurs de l’époque. Au cours de son règne,
Shosuro, la Tonnerre du Clan du Scorpion, se présen-
il fit bâtir de nombreux temples et monastères pour que les
tèrent. Shosuro portait douze parchemins, dans lesquels,
Cinq Éléments et le Tao de Shinsei puissent être enseignés
selon elle, Fu Leng était emprisonné. Hantei décréta que
dans tout l’Empire. Il poursuivit également la construction
ces parchemins ne seraient jamais ouverts et il confia au
des routes qui reliaient les villes. À sa mort, sa fille aînée,
Clan du Scorpion la mission de les conserver.
Murasaki, lui succéda et connut un règne long et paisible.
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I N T R O DUC T I O N
Le commerce crût au rythme des populations, seigneurs des Clans du Crabe et du Lion réalisèrent à
mais les marchands commencèrent à se plaindre du leur tour que ce présent pourrait servir à leurs guerriers.
système de troc, qu’ils jugeaient contraignant. Dans de Les cartes annotées facilitaient la logistique des cam-
nombreuses régions, de petites barres d’or ou de jade se pagnes militaires. Les ordres écrits ne dépendaient pas
substituèrent ainsi aux biens, mais ce système posait des de l’aptitude d’un messager à retenir précisément les
problèmes de variation de taille et de falsification. Avec la paroles de son commandant. Les rapports rédigés après
progression des technologies dans les mines et les forges, les batailles permettaient d’archiver des leçons impor-
des pièces purent s’échanger entre marchands, et l’Empe- tantes dont les commandants des futures générations
reur déclara que le koku représenterait la quantité de riz pourraient bénéficier.
nécessaire pour nourrir une personne pendant un an (cinq La capacité à lire progressa au rythme du nombre
boisseaux de riz). Grâce au koku et à ses subdivisions, les d’œuvres écrites. Aux premiers jours de l’Empire, Akodo
marchands se mirent à échanger plus facilement des biens, écrivit Commandement, son traité sur la guerre et le géné-
et la nourriture, les tissus, les teintures et bien d’autres pro- ralat. Quant à Kakita, le mari de Dame Doji et le premier
duits commencèrent à circuler. Champion d’Émeraude, il rédigea Le sabre, qui explique
sa technique et sa philosophie.
Les bénédictions de Fukurokujin En réaction, peut-être, son rival, Mirumoto Hojatsu,
rédigea Niten qui décrit les techniques au sabre double
L’art de lire et écrire se propagea rapidement parmi les développées en compagnie de son père adoptif, Miru-
samouraïs. Les Clans de la Grue, du Phénix, du Dragon moto. Nul besoin de décrire le Tao de Shinsei, connu à
et du Scorpion avaient toujours attaché beaucoup de travers tout l’Empire. Le traité d’Isawa, Éléments, fut
valeur à la sagesse et à la diffusion des idées. Ils avaient écrit à la même époque. Vers la fin du premier siècle,
accepté dès le départ le don de l’écriture accordé par Les Mensonges parut. Si son auteur réel demeure incon-
les Kamis, le jugeant indispensable à leurs devoirs. Les nu, le texte est généralement attribué au Kami Bayushi.
I N T R O DUC T I O N
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INTR O DU CTIO N
Sous le règne du Gozoku, Otosan Uchi connut une impor- L’épanouissement des amitiés
tante expansion. Avant cela, elle était essentiellement
composée du palais et des quelques résidences néces- Au cinquième siècle, des étrangers vinrent à Otosan Uchi
saires aux courtisans des clans et à leurs serviteurs. Le demander une audience à l’Impératrice Yugozohime, et
Gozoku développa le port et étendit le réseau routier. En cette requête créa beaucoup de remous au sein de la cour
conséquence, un plus grand nombre de samouraïs, d’ar- impériale. Avant cela, les seuls gaijin de l’Empire avaient
tisans et de marchands se présentèrent en ville, certains été les tribus des déserts occidentaux et les flottes de mar-
provenant de terres au-delà de l’horizon. chands originaires des royaumes d’Ivoire ou de territoires
encore plus éloignés. Ces gaijin qui souhaitaient rencon-
15
I N T R O DUC T I O N
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INTR O DU CTIO N
Pour avoir osé lever la main contre son père, le fils de Les ténèbres se lèvent au sud
Hantei XVI se rasa la tête et rejoignit la confrérie de Shinsei.
Tous les membres de la Garde impériale impliqués com- Au huitième siècle, la corruption de l’Outremonde fit deux
mirent seppuku. Le plus jeune frère du Chrysanthème d’acier incursions au sein de l’Empire. Dans ce qui allait s’appeler la
devint Hantei XVII, et son long règne paisible est la preuve bataille du Pont des Marées, le gros de l’Outremonde atta-
que la lignée de Hantei détient toujours le Mandat céleste. qua l’armée principale du Clan du Crabe tandis qu’une force
plus petite, sous les ordres de Kinjiro no Oni, s’en prenait à
des flux d’ombre et de la tour de guet proche de la baie des Poissons morts. Les
défenseurs de la tour étaient presque vaincus lorsque des
lumière (610–815 ci) ren r arri ren en la er nne d dai de la a ille
Daidoji, Daidoji Masashigi, accompagné de sa garde per-
Après des siècles sans attaques de créatures de l’Ou-
sonnelle. Ils chargèrent à travers la baie à marée basse et
tremonde, la plupart des habitants de Rokugan avaient
parvinrent à repousser les forces de l’Outremonde dans
oublié l’existence de cette menace. À l’extérieur des terres
l’eau, où la marée montante scella leur sort.
du Clan du Crabe, l’Outremonde était considéré comme
Aucun membre du Clan de la Grue ne survécut à la
un épisode de l’histoire de Rokugan, important, certes,
bataille, et le casque défoncé de Masashigi s’échoua sur le
mais plus lointain que les Kamis, qu’ils priaient chaque
rivage ; le Clan du Crabe construisit alors un sanctuaire où
jour. De nos jours, de nombreux Rokugani sont convain-
préserver le kabuto. Les rescapés du Clan du Crabe sur-
cus que le retour de l’Outremonde et du sorcier du sang,
nommèrent la famille Daidoji « les Grues de fer », un sobri-
au huitième siècle, fut une sanction divine, mais aucun
quet qui allait se propager dans tout l’Empire.
ne peut affirmer savoir si cette punition sanctionnait les
Il fut rapidement évident que les attaquants de la
crimes du Chrysanthème d’acier ou le sacrilège des gardes
bataille du Pont des Marées n’étaient que l’avant-garde.
qui avaient osé se rebeller contre lui.
L’année suivante, les forces du redoutable oni surnommé
la Gueule balayèrent les terres du Clan du Crabe, repous-
Le développement des arts sant les armées si loin au nord que même le Château du
Matin, forteresse ancestrale de la famille Hiruma, tomba.
Vers la fin du règne de Hantei XVII, Agasha Hyuotaru, un
Les forces combinées des familles Hiruma et Hida, aidées
alchimiste du Clan du Dragon, créa des vernis pour céra-
par les purificateurs et les chasseurs de sorciers Kuni,
mique dont la couleur jetait un éclat jamais vu encore. Au
parvinrent à arrêter l’avancée des armées maléfiques, et
même moment, Kaiu Naizen inventa une nouvelle chemi-
les Kaiu construisirent le Mur du Bâtisseur tel que nous
née qui offrait aux potiers un meilleur contrôle de la cuis-
le connaissons. Les terres des Hiruma ne furent jamais
son. Ces deux technologies permirent la création de nom-
reprises ; elles représentent les premières pertes de terres
breux objets décoratifs en céramique. Les maîtres de la
depuis la fondation de l’Empire.
cérémonie du thé se disputèrent âprement quant à l’adé-
quation entre les nouveaux styles et leur rituel, et plus d’un
duel fut livré à ce sujet.
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lève (815–1123 ci) mobilisa ses troupes. Cependant, alors que la neige met-
tait un terme à l’avancée des deux armées, des représen-
Le retour à Rokugan d’un Clan de la Ki-Rin métamorpho- tants du Clan de la Licorne parvinrent à contacter le Clan
sé marqua le début d’une vague de changements et de de la Grue. Parmi les trésors qu’ils rapportaient figurait un
bouleversements sociaux. Pour la première fois depuis la éventail ancien qui aurait appartenu à Shinjo. Le Clan de la
fondation de l’Empire, les clans majeurs faillirent entrer en Grue confirma qu’il s’agissait bien de celui que Dame Doji
guerre les uns contre les autres. Les gaijin et leurs mar- avait offert à sa sœur et que les intrus étaient donc bien
chandises se répandirent à travers Rokugan dans des pro- le clan de Shinjo. L’Empereur accepta cette confirmation
portions inégalées depuis la bataille du Cerf blanc. Cer- et interdit au Clan du Lion d’attaquer. Il donna également
tains érudits se demandent si ces changements ne furent au Clan de la Licorne les anciennes terres du Clan de la
pas à l’origine du déséquilibre élémentaire constaté par Ki-Rin pour qu’il s’y installe. Cette décision ne fit qu’exa-
les shugenja, qui culmina lors du tremblement de terre et cerber l’animosité du Clan du Lion, qui avait la responsa-
du tsunami cataclysmiques de 1120. bilité d’entretenir ces contrées et qui perdait une étendue
considérable de parcelles arables. Cependant, il obéit aux
ordres de l’Empereur et laissa le Clan de la Licorne traver-
ser ses terres sans encombre.
INTR O DU CTIO N
Malgré le témoignage du Clan de la Grue, de nombreux Par ailleurs, les herboristes de la famille Yogo découvrirent
Rokugani considérèrent le Clan de la Licorne comme des e le a ai r ien r le erre en ran
gaijin : ses membres portaient des noms étranges et des Owari Toshi, et le Champion du Clan du Scorpion demanda à
vêtements criards, mangeaient une nourriture écœurante, l’Empereur de légiférer pour que le pavot (tant sa culture que
et faisaient preuve de manières frustes. Pire encore, au cours son utilisation) soit soumis à des décrets impériaux. Hantei
de leurs voyages, ils avaient adopté une nouvelle famille, acquiesça et accorda au Clan du Scorpion le droit exclusif de
les Moto, apparentée aux tribus ujik des steppes occiden- cultiver le pavot et de préparer l’opium.
tales. Certains courtisans suggérèrent d’expulser la famille Au cours des dix années suivantes, la cité des
Moto vu qu’une loi interdisait aux gaijin de vivre à Rokugan. Mensonges quadrupla de taille, puis continua encore
Mais le Champion du Clan de la Licorne implora l’Empe- de s’agrandir, tandis que le commerce de l’opium atti-
reur : l’ancêtre de la famille Moto avait été accepté dans rait sans cesse plus de marchands et d’argent. Bien que
le clan par Shinjo elle-même, affirma-t-il, ce qui en faisait la mainmise du Clan du Scorpion sur l’opium médical
des Rokugani. Hantei reconnut qu’il était impossible de nier lui ait permis de s’enrichir, plusieurs magistrats se plai-
l’autorité d’un Kami et les Moto purent rester. gnirent que cela n’enrayait en rien le recours à la drogue.
Le Clan de la Grue se donna pour mission de civiliser le Les magistrats de la famille Kitsuki constatèrent d’ailleurs
Clan de la Licorne, mais son succès fut mitigé. Les descen- que les terres destinées à la culture du pavot dépassaient
dants de Shinjo adoptèrent de bon cœur le théâtre (sur- de loin ce qui était nécessaire pour la simple produc-
tout le no), la cérémonie du thé, les préceptes du Tao et tion d’opium légal. Le gouverneur de la province rétor-
des Éléments, la cuisine et l’encens. Ils refusèrent cepen- qua que la quantité supplémentaire servait à garantir la
dant d’abandonner leurs noms, leur nourriture, leur style qualité car les récoltes non conformes étaient détruites.
vestimentaire ou leur habitude de se serrer la main pour Personne n’a encore osé le contredire et, jusqu’à ce jour,
se saluer. Lorsqu’ils se déplaçaient hors de leurs terres, le erre en ran ari n re er e de
leurs courtisans et leurs émissaires se comportaient en champs de pavot.
Rokugani, mais de nos jours encore, visiter les contrées du
Clan de la Licorne revient à entrer en pays étranger.
Néanmoins, le Clan de la Licorne réintégra l’Empire.
L’avènement des villes
Au départ, son influence politique était inexistante, mais Les dixième et onzième siècles connurent la plus impor-
son retour eut un effet notable sur l’économie. Il rappor- tante expansion urbaine depuis les balbutiements de l’Em-
ta de nouvelles techniques pour travailler le métal et le pire. D’innombrables facteurs y contribuèrent, y compris
cuir, mais aussi pour teindre les tissus. En plus de ses che- les innovations introduites par le Clan de la Licorne. Le
vaux plus puissants et plus rapides que les races locales, il regain de popularité des chevaux facilita les voyages entre
introduisit les étriers et d’innovantes manières de monter. les provinces et les villes, à la grande consternation des
La demande pour ses chevaux grandit bientôt dans tout seigneurs responsables de l’entretien des routes.
l’Empire, mais le clan n’accepta de vendre que des étalons Des progrès dans les outils et techniques agricoles
castrés et très rarement des juments, pour s’assurer de permirent d’accroître les récoltes. Les villages purent ainsi
demeurer le seul fournisseur. Lors de ses pérégrinations, il répondre aux demandes des collecteurs d’impôts, même
avait noué des contacts hors de Rokugan, qu’il transforma si les jeunes quittaient les campagnes en nombres tou-
en des routes commerciales rémunératrices. Il ne fallut pas jours croissants. Les harnais et les jougs rapportés par le
longtemps avant que l’ivoire, les essences rares de bois, Clan de la Licorne rendirent le bétail bien plus utile, alors
les bijoux ainsi que les herbes et les épices coûteuses ne que ses améliorations aux pompes accrurent l’irrigation
transitent par ses terres pour entrer dans l’Empire. des champs. Certains fermiers purent ainsi commencer
Plus important encore, le Clan de la Licorne introduisit à vendre leurs productions sur les marchés avoisinants,
le meishōdō. Grâce à cette magie des noms, ses shugen- devenant du même coup des marchands.
ja peuvent lier des esprits dans des talismans pour obtenir Aux yeux des nobles traditionalistes, la mobilité sociale
des effets similaires à ceux des autres clans, qui supplient des paysans est une insulte à l’Ordre céleste, mais le sujet
les kamis en leur accordant des offrandes. Pour de nom- reste souvent inconvenant. Les samouraïs du Clan du
re h genja e r re le ei h d n i e ne ra- Lion s’opposèrent vigoureusement à ces changements
tique gaijin blasphématoire. et imposèrent des punitions brutales aux heimin qui vou-
laient quitter leur village natal pour démarrer une nouvelle
La fleur du sommeil et des rêves vie en ville. Les fermiers qui vendaient leur production se
firent accuser d’avoir volé leur seigneur et furent traités
Parmi les herbes importées par le Clan de la Licorne, figure le en conséquence.
pavot dont est tiré l’opium. Le clan se sert de cette substance Après quatre siècles de séparation entre les Rokugani
depuis des siècles pour soulager les douleurs, et les soigneurs et les gaijin, l’importance de la ville de Khanbulak, du Clan
de l’Empire l’adoptèrent par la suite. Cependant, tandis que de la Licorne, démontra que l’influence des étrangers ne
l’utilisation médicale de l’opium croissait, certains commen- fit que croître. Encouragé par les succès commerciaux du
cèrent à le fumer à des fins récréatives. Il s’avéra rapidement Clan de la Licorne, le Clan de la Mante accrut ses propres
que les samouraïs qui s’adonnaient à ce vice étaient moins échanges avec les gaijin. D’une certaine manière, l’accep-
dévoués à leur seigneur ; de vives protestations s’ensuivirent. tation du retour du Clan de la Licorne au sein de l’Empire
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semblait valider les pratiques des gaijin… de même que Une gloire renouvelée
le sang mêlé qui en fut la conséquence. Les biens et les
mœurs des gaijin furent ainsi progressivement mieux Le retour du Clan de la Licorne a également eu un impact
acceptés, ou moins farouchement récusés, dans les villes notable sur les arts au sein de l’Empire, grâce à des tech-
de l’Empire. Les petites communautés côtières comme le niques et des matériaux inédits. Depuis, bien que certains
village de l’Eau pure ou la ville du Rivage solitaire s’agran- Rokugani déplorent la « pollution gaijin » et que certains
dirent considérablement à cette époque. artisans aient commis des excès dans leurs recours à ces
nouveaux procédés, les esprits critiques plus modérés
reconnaissent que les effets sont globalement positifs.
La quête de la Terre Parfaite Au huitième siècle, la plupart des artistes de l’Em-
Vers la fin du neuvième siècle, une jeune moine du sanc- pire avaient cessé d’imiter les classiques pour se copier
tuaire des Sept Tonnerres émit l’idée controversée qui mutuellement, ce qui eut des résultats désastreux. De
cette époque, seul le journal du duelliste Ikoma Honzo,
donna naissance à la secte de la Terre Parfaite. Yuzue était
Les jours du sel et du soleil, a su faire preuve d’une grande
persuadée que la conversation entre Shinsei et Hantei
qualité. Sa maîtrise du pinceau laisse à désirer sur le plan
avait instauré un Âge de la Vertu Céleste qui avait duré
technique, mais sa composition demeure irréprochable et
huit cents ans, un siècle pour chaque Kami qui avait écou-
il est brillamment parvenu à capturer ses sujets en plein
té les préceptes de Shinsei. Le neuvième siècle marquait
mouvement. Son humour acerbe convenait parfaitement.
le début de l’Âge du Déclin de la Vertu, identifiable à
Un talent moindre aurait simplement tourné en farce le
la corruption et aux difficultés à respecter le Tao. Pour
récit des deux paysans, de la jarre de vin et de la truite,
convaincre Shinsei de revenir, Yuzue ne cessait de chan-
mais sous la plume de Honzo, il s’agit d’une œuvre délicate
ter le mantra Shoshi ni kie (« dévotion au Petit Maître » ou
et amusante. Les poèmes de Kakita Ayano, qui décrivent
« confiance absolue en le Petit Maître »). Elle pensait que, de manière sensible la morosité liée au passage des sai-
si suffisamment de personnes entonnaient ce mantra en sons, sont d’une qualité presque égale. Nulle œuvre ne se
toute sincérité, Shinsei reviendrait et donnerait naissance classe troisième.
à un nouvel Âge de la Vertu Céleste. Tout cela changea au neuvième siècle. Que les artistes
À la mort de Yuzue, un de ses disciples, Gatai, fonda la choisissent d’adopter les nouvelles idées du Clan de la
secte de la Terre Parfaite, en se basant sur un sutra qu’elle Licorne ou de les rejeter, tous furent obligés de regar-
avait écrit peu avant son décès. Le parchemin prétendait der le monde comme s’ils le voyaient pour la première
que Shinsei n’était pas retourné dans le Vide en quittant le fois. Les peintures sur paravent de Kakita Ume, conser-
ingen-d ai ’il ’ ai l in all a eng le e ūden ji ili en le n elle er e i e
royaume Céleste. Les membres de la secte pensent que sur des sujets classiques et démontrent que le nouveau
ceux qui entonnent le kie (le mantra de Yuzue), pourront ne chasse pas nécessairement le classique. De nombreux
rejoindre Shinsei à la Terre Parfaite après leur mort, au peintres suivirent son exemple. Les Fleurs de pruniers au
lieu d’être jugés au Meido et de renaître selon leur karma. crépuscule de Shiba Kanko et L’Acier rouge de Doji Suko
Dans la Terre Parfaite, sous la direction du Petit Maître en ravivèrent l’intérêt pour les romans, et la publication de
personne, les croyants atteindront l’Illumination sans avoir l’œuvre remarquable de Kakita Ryoku, Hiver, prouve que la
à subir la réincarnation. qualité de l’art n’a pas diminué depuis. À la même époque,
Au sein de la confrérie de Shinsei, ces croyances sont Bayushi Kiko et Kakita Mako débutèrent leur longue com-
une hérésie et vont à l’encontre du Tao et de l’Ordre pétition de poésie, utilisant leurs sensibilités délicates et
céleste. Mais la secte de la Terre Parfaite gagna rapide- leur humour mordant. Les exemples sont si nombreux
ment en popularité auprès des paysans, en raison de la qu’ils pourraient remplir un parchemin entier.
singularité de ce qu’elle offrait à ses adeptes : se libérer
des épreuves de cette vie mortelle et de la suivante. De le dévoilement d’une
nombreux heimin pensent que l’Âge du Déclin de la Vertu
était une référence à la corruption qui régnait parmi les promesse glorieuse
samouraïs. Ces derniers renforcèrent ainsi leurs dénon- Ainsi s’écoulèrent les mille premières années de notre
ciations de la secte. Vers le milieu du dixième siècle, la Empire, une terre resplendissante d’honneur et de cou-
secte de la Terre Parfaite fut proscrite sur les terres du rage. Nous connaissons une époque où la bienveillance
Clan du Phénix, obligeant de nombreux adeptes à cher- de Dame Soleil brille sur les Hantei et où nos contrées
cher sécurité et isolement dans les montagnes du Clan jouissent d’une paix, d’une prospérité et d’une justice per-
du Dragon. mises par le règne de l’Empereur.
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1
CHAPITRE
Les
forteresses
du pouvoir
Le samouraï arrête son cheval, puis lève la tête pour pro- arrivant. Les odeurs de la cour, un mélange de parfum et
fiter de la vue, malgré les forts rayons de Dame Soleil en de soie, flottent dans l’air.
cette fin de matinée. La lumière fait ressortir la blancheur Il atteint enfin l’estrade au fond de la pièce et hésite
du plâtre des murs d’enceinte. Les portes du château sont une fraction de seconde avant de s’incliner devant le sei-
ouvertes, pour accueillir tous les courtisans du seigneur gneur. Les courtisans échangent un regard complice : voilà
Doji Sabato. quelqu’un qui s’est absenté de la cour trop longtemps.
La cour intérieure est déserte à cette heure, et le vent Rokugan est un empire dirigé par des guerriers et, dès
balaie la poussière sur la surface dure. De nombreux sa fondation, ceux-ci ont bâti des châteaux d’où proté-
gardes sont en poste et s’inclinent à son arrivée. L’un d’eux ger leurs terres. Bien que ces édifices soient avant tout
prend les rênes de sa monture pendant qu’il en descend. des places fortes et des casernes, ce sont aussi les centres
— Daidoji-sama, Sire Sabato vous attend dans la salle névralgiques du gouvernement, de l’administration, de la
de la cour. diplomatie et de la civilisation. Si certains samouraïs pos-
Le soleil entre dans la pièce par les fenêtres hautes, sèdent de petits fiefs ruraux, tous considèrent comme une
et quelques grains de poussière sont visibles dans ses promotion d’être invités à vivre dans une ville fortifiée ou,
rayons, au-dessus des courtisans. Une dizaine d’éventails mieux encore, dans l’enceinte du château. Plus un noble
s’affairent, révélant les couleurs et les mon de cinq clans est proche de son seigneur, plus il est considéré comme
différents, tandis que les courtisans dévisagent le nouvel bien placé et influent.
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Les seigneurs et Les grandes villes des clans majeurs disposent de leur
propre gouverneur, qui habite, lui aussi, dans un château,
les châteaux des concepts étrangers aux plans rokugani des débuts de
l’Empire, et le clan commence seulement à adopter les
de rokugan préférences impériales modernes. Par exemple, le château
des Grands Voyageurs est composé d’un unique donjon
Les Rokugani construisent des châteaux depuis les débuts triangulaire, tandis que les nombreuses tours du château
de l’Empire. À en croire certains textes anciens, la tribu des Vierges de bataille sont surmontées de dômes. Enfin,
d’Isawa en érigeait avant même que les Kamis ne tombent le palais de la famille Moto, à Khanbulak, n’est pas une
du royaume Céleste. Comme tous les autres aspects de la structure solide, mais plutôt une série de tapisseries gran-
culture et de la civilisation, l’architecture et la construction dioses tendues entre de hautes colonnes. La seule place
sont régies par des traditions ancestrales. Les méthodes forte du clan de la Licorne conforme aux attentes est le
et styles de rigueur lorsque Hantei fonda la cité impé- château de la Grande Conjonction, érigé spécifiquement
riale d’Otosan Uchi sont donc encore considérés comme pour nouer de bonnes relations diplomatiques avec le
étant la seule « bonne manière » de procéder. À l’époque, reste de l’Empire.
Hantei et les Kamis imposèrent leur vision de l’architec-
ture et de l’ingénierie. Ils enseignèrent à leur peuple
comment construire des châteaux qui ressembleraient à les devoirs
ceux du royaume Céleste. Les toits en pente, les tours et
donjons verticaux, semblables à des pagodes, ainsi que
des seigneurs
les murs en plâtre inclinés vers l’extérieur sont donc com- Les devoirs principaux de tout seigneur consistent à main-
muns à presque tous les châteaux de l’Empire. Mais la cou- tenir l’ordre, à protéger leurs terres et leurs biens contre
tume ne s’arrête pas là : par exemple, comme le donjon du toute invasion ou menace interne (bandits, pirates et rébel-
palais impérial s’élève sur dix niveaux, aucun autre donjon lions), et à percevoir les impôts. Pour cela, tous comptent
ne d a e le ne ni ea de e r e le dai i sur un grand nombre de jizamurai qui patrouillent les
accusé de vouloir égaler l’Empereur. routes et les frontières et défendent le château. Plus le
Dans une société où les apparences comptent autant seigneur est puissant, plus il peut embaucher de jizamu-
que la vérité, les châteaux jouent un double rôle. Pre- rai et mieux ses terres seront protégées. Chacun nomme
mièrement, ils centralisent le pouvoir militaire, les activi- aussi des petits fonctionnaires pour faciliter l’administra-
tés culturelles et la gouvernance administrative. Deuxiè- tion : collecteurs d’impôts, magistrats et régisseurs. Si une
mement, ils symbolisent le pouvoir de chaque clan, ainsi guerre devait éclater, chacun serait tenu de recruter et
que sa richesse et ses idéaux. Bien que tous les châteaux d’entraîner ses ashigaru, des paysans soldats.
se conforment à une architecture commune, chaque clan Si une région est mal défendue ou rongée de l’intérieur
l’adapte à ses besoins, à ses valeurs ou à son sens esthé- par des activités illégales, le seigneur est responsable de
tique : les châteaux du Clan du Crabe sont résolument pra- cet échec et doit rapidement redresser la situation. Ne pas
tiques, ceux du Clan du Lion austères et traditionnels, ceux y parvenir donne lieu à une punition : des remontrances
du Clan de la Grue aérés et somptueux, ceux du Clan du publiques et infamantes, ou plus probablement une rétro-
Scorpion regorgent de passages secrets, et ainsi de suite. gradation, voire un seppuku.
De plus, les familles ajoutent à leurs châteaux des caracté- Chaque seigneur doit veiller à la richesse et au bon-
ristiques correspondant à leurs devoirs et à leurs valeurs, heur de ses vassaux, mais tous les clans et familles ont
qui peuvent s’éloigner de ceux de leur clan. Ainsi, le châ- une perception différente de cette obligation. Certains
teau de la famille Kakita est différent de celui des Daidoji, seigneurs feront tout pour faciliter la vie de leurs vassaux,
même si toutes deux appartiennent au Clan de la Grue. allant jusqu’à conclure pour eux des mariages avantageux
Les châteaux du Clan de la Licorne, comme tous les ou à leur présenter des cadeaux outranciers lors d’événe-
aspects de ce clan, divergent énormément des autres. ments importants. D’autres, à l’inverse, jugent que leur
Comme le clan a été absent de l’Empire durant huit seule responsabilité est de leur verser leurs allocations
siècles, il a adopté de multiples influences étrangères au mensuelles. La plupart des seigneurs se situent entre ces
cours de son long voyage. Son architecture mêle donc deux extrêmes.
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CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
ar i le a re de ir rin i a d dai ig re
l’obligation de faire respecter l’ordre chez les heimin et les
hinin, pour que ces humbles paysans accomplissent leurs les bouffons
tâches simples, mais vitales, qui assurent le fonctionne-
Les bouffons sont des artisans bien particuliers
ment de l’Empire. Un seigneur qui tolérerait un manque
dont l’art consiste à tenir des représentations
de respect ou des activités illégales au sein des castes
devant la cour. Pour cela, ils étudient longtemps
inférieures ou qui ne les protégerait pas adéquatement en
et maîtrisent de nombreuses formes artistiques,
temps de guerre manquerait à ses obligations et pourrait
dont la poésie, la danse, le chant et l’art drama-
faire face à l’humiliation d’une révolte paysanne. Dans un
tique kabuki. Ils étudient également la politique
tel cas, le château devient une prison où le seigneur et ses
et la nature humaine, puisque leur rôle consiste
vassaux sont enfermés par le peuple en colère.
à mettre à jour les prétentions et les hypocrisies
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CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
La vie au château
Pour un soldat en bas de l’échelle, il peut simplement
s’agir de surveiller les alentours, posté sur la muraille, ou
de garder un couloir vide, tout en demeurant alerte en
La vie au château, comme dans tout endroit de Rokugan, tout temps, et traquant les dangers sans relâche, même
R N
est marquée par les rituels et les traditions. Les mêmes lorsque tout semble calme et sûr. (Bien entendu, rares
R G NA sont les samouraïs qui parviennent à atteindre cet idéal :
actions sont répétées quotidiennement, toujours avec
soin et précision, par les serviteurs comme par les samou- les gardes distraits ou somnolents sont le point faible de
Le régime alimentaire toute défense.) Les officiers accomplissent quant à eux
et le style de vie d’un raïs, les soldats, les courtisans, et même le seigneur. Les
Rokugani apprécient avant tout la sérénité et l’harmonie des tâches plus complexes, comme lire les rapports rédi-
samouraï varient d’une
et ils refusent d’agir de manière irréfléchie ou farfelue. gés par des subordonnés, planifier l’horaire des gardes ou
région à l’autre, et en
fonction des courants Bien qu’ils suivent des rituels religieux spécifiques, d’une mener une expédition punitive contre des bandits locaux.
culturels qui y sont en certaine manière, toute leur vie est menée avec le même Le déjeuner est servi à midi, l’heure du Cheval. Il est
vogue. Dans les hautes sérieux que les prières. généralement composé d’un repas frugal de riz ou de
montagnes du Clan du nouilles, accompagné de légumes et de poisson ou de
les bushi
Dragon, le riz est un luxe légumineuses et, bien entendu, de thé, boisson servie à
et l’orge le plat de base, chaque repas et lors de chaque rencontre. Évidemment,
alors que la viande ne l’alcool est interdit pour les soldats en service.
représente qu’une partie La journée typique d’un bushi rattaché à la garnison d’un
h ea la i e d lan de la r e e ūden Les devoirs du bushi cessent en début de soirée, à
infime, mais primordiale,
Doji, se déroulera comme suit. Il se lève à l’aube, à l’heure l’heure du Coq. Il fait de nouvelles ablutions, se rend au
de l’alimentation. Le Clan
de la Licorne jouit d’une du Lièvre, et se baigne pour se débarrasser de la sueur de sanctuaire familial pour prier et obtenir des conseils, puis
gastronomie très variée, la nuit. Si c’est un simple soldat, il se rend à la salle de bain il prend son dîner, le repas le plus nourrissant de la jour-
puisqu’il a rapporté des communautaire adjacente à la caserne. Un officier possède née, bien que les clans les plus stricts y servent également
recettes du monde entier. une salle de bain privée attenante à sa chambre, ainsi que des plats simples. Le bushi peut avoir d’autres devoirs à
Même les clans plus accomplir en soirée, surtout si son clan est en guerre, ou
des serviteurs. Une fois lavé et habillé, il prend un simple
traditionalistes, comme bénéficier de temps libre pour s’occuper de ses affaires
repas composé de riz, de thé, de soupe miso et de pois-
ceux du Scorpion ou du personnelles. Il en profite en général pour rencontrer des
Lion, cuisinent d’une son séché. S’il appartient à un clan connu pour sa disci-
pline stricte ou ses ressources limitées, son petit-déjeuner amis et boire du saké avec eux, mais les samouraïs mariés
manière unique. Le Clan
peut se cantonner à du riz et du thé. Même les clans riches peuvent aussi consacrer ce temps à leur famille.
du Scorpion préfère les
épices rares et les saveurs comme ceux de la Grue et de la Licorne considèrent qu’il Souvent, à l’heure du Sanglier, peu avant minuit, ils
fortes, tandis que celui du vaut mieux manger avec parcimonie pour éviter le péché prient une dernière fois et se couchent.
Lion consomme des repas de gourmandise, surtout le matin.
roboratifs, adaptés au Une partie de sa matinée est consacrée à l’entraîne-
mode de vie très actif de
ment : seul, au dojo, ou en groupe, sur la place d’armes.
ses guerriers.
Ces exercices peuvent durer jusqu’à l’heure du Serpent,
voire plus. Ensuite, il se lave puis revêt son armure (un
rituel qui peut prendre près de trente minutes) avant de
vaquer à ses occupations quotidiennes.
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Au sein du même château, les tâches quotidiennes d’un Un étudiant du dojo se réveille bien avant le lever du soleil, À Rokugan, la journée
artisan sont très différentes, mais sa journée n’en est pas à l’heure du Tigre. Sa journée commence par des tâches commence à l’aube, à
ménagères qui devraient être accomplies par des ser- l’heure du Lièvre (ce qui
moins structurée. Comme le bushi, il se lève tôt pour cher-
viteurs : nettoyer la caserne ou laver les vêtements, par correspond à 6 heures,
cher l’inspiration artistique et spirituelle en regardant le sur les montres du monde
lever du soleil. Après avoir pris son bain dans sa chambre, exemple. Ces corvées sont censées instiller en lui l’humi-
réel actuel). Les autres
lité, la discipline et l’obéissance, afin qu’il se trouve dans
il déguste le même petit-déjeuner qu’un bushi, puis gagne heures sont marquées
le bon état d’esprit pour apprendre. Une fois ses tâches elles aussi par des noms
son atelier pour travailler toute la matinée sur différents
accomplies, l’étudiant se lave et prend un petit-déjeuner de constellation, dans
projets artistiques. Plus tard, à l’heure du Serpent, il peut
frugal composé de riz, de soupe miso et de thé. l’ordre : dragon, serpent,
se rendre à la salle de la cour pour y donner une représen-
Dès l’heure du Dragon, les étudiants se retrouvent dans cheval, chèvre, singe, coq,
tation. Il déjeune probablement sur place avec les autres la cour pour y effectuer leurs exercices quotidiens : échauf- chien, sanglier, rat, bœuf
diplomates, artisans et invités, et profite de l’occasion pour fement et positions de combat basiques, avec une arme et tigre. Comme il n’y a
écouter les derniers commérages, consulter le travail de en bois à la main. Certains dojos ajoutent le tir à l’arc ou que douze divisions et
ses rivaux ou lancer une ou deux rumeurs. La qualité de ce non vingt-quatre, chaque
le combat à mains nues. Tous les étudiants pratiquent ces
« heure » correspond à
repas est supérieure à celui du bushi, et du saké est servi exercices en même temps, placés en rang, sous la supervi-
deux de nos heures.
à l’occasion. sion d’un sensei ou d’un étudiant plus avancé bénéficiant
Durant l’après-midi, l’artisan cherche l’inspiration pour de cet honneur. Généralement, chaque mouvement rituel
ses prochaines œuvres. Les Rokugani considèrent la nature est accompagné d’un kiai (cri de guerre). Certains étu-
comme l’apogée de la beauté artistique, et l’artisan peut diants peuvent aussi entrer dans le dojo pour combattre à
donc se rendre dans les jardins ou aller se promener sur les un contre un sous le contrôle du sensei.
terres avoisinantes, afin de passer quelques heures dans L’étudiant bénéficie d’une courte pause à l’heure du
des endroits magnifiques et paisibles. Bien entendu, dans Cheval, pour prendre un autre repas simple. Ensuite, il net-
toie la place d’armes et prépare le dojo pour l’après-midi,
certaines régions ou à certaines périodes, sortir du châ-
ce qui nécessite généralement de balayer, de laver et
teau s’avère dangereux, et l’artisan peut être accompagné
de polir le sol. Selon les écoles, ces tâches peuvent être
d’un garde du corps choisi au sein de la garnison.
réparties également entre tous les étudiants ou divisées
Il visite aussi plusieurs sanctuaires durant la journée,
en fonction des tranches d’âge. Dans un tel cas, les plus
pour prier les fortunes qui régissent les différents aspects jeunes réalisent les travaux les plus exigeants.
de sa vie et de son art. Les fortunes préférées des artisans L’après-midi est consacré à l’entraînement thématique :
sont Benten, Fortune des arts et de l’amour romantique ; maniement du sabre (travail de katas claniques ou des tech-
Tenjin, fortune des histoires et des secrets ; et Sadahako, niques de duel), étude d’une autre arme (il peut s’agir du
fortune des artistes. tir à l’arc au sein d’un clan qui considère l’arc inférieur au
Dans la soirée, il assiste à un dîner officiel organisé par sabre), ou encore équitation. Les leçons théoriques, comme
l’un des courtisans ou par le seigneur, à moins qu’il n’en les récits d’un samouraï célèbre ou les stratégies mar-
soit l’hôte. Il se baigne et s’habille avec le même soin méti- tiales, se tiennent également à ce moment-là. L’étudiant se
culeux qu’un bushi qui revêt son armure. En tant qu’arti- concentre généralement sur un seul sujet de manière inten-
san et courtisan, il emploie sûrement plusieurs serviteurs. sive pendant un mois environ avant de passer au suivant.
Le repas n’est pas forcément copieux, mais la qualité et la Les classes se terminent après le coucher du soleil, à
variété des mets sont nettement supérieures à celles du l’heure du Coq. L’étudiant prend un nouveau bain pour
se débarrasser de la sueur et de la poussière de la jour-
dîner simple du bushi et peuvent même inclure des plats
née, puis il va prier. Il mange avec les autres, mais les
exotiques aux ingrédients et épices rares, importés par les
plus jeunes sont généralement séparés de leurs aînés, qui
marchands du Clan de la Licorne ou les marins du Clan de
peuvent avoir l’honneur de partager la table du sensei.
la Mante.
Ce repas est plus généreux, mais les plats demeurent
Il consacre sa soirée aux passe-temps préférés de la simples. Bien entendu, le saké est interdit puisque les étu-
cour : commérer, séduire et comploter, le tout avec une diants ne sont pas adultes et n’ont pas le droit de boire
retenue et une délicatesse propres à l’Empire. Sa nuit d’alcool. Cependant, lors d’événements spéciaux, comme
se termine sûrement plus tard que celle du bushi, après une cérémonie en l’honneur d’étudiants plus âgés ou des
minuit, au cours de l’heure du Rat, surtout si l’inspiration ancêtres, ils peuvent se voir servir une tasse de saké pour
surgit et le pousse vers son atelier. le toast cérémoniel.
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C H API T R E 1 : L E S F O RT E R E S SES DU PO U V O IR
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CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
Puisque les châteaux sont au centre de l’administration et Une fois qu’un samouraï est accueilli à titre d’invité dans
de la diplomatie, il est fréquent que des samouraïs venus un château, il bénéficie de l’hospitalité et de la protec- Qu’il soit à la cour, chez
d’autres provinces, d’autres familles ou d’autres clans y soient tion du seigneur, même s’ils sont ennemis jurés. Si le un autre samouraï, dans
accueillis. L’hospitalité, comme tous les aspects de la culture, dai e nd i a re en e erai n an e en une maison de thé ou chez
à l’étiquette et aux préceptes du bushido (et notamment une geisha, un samouraï
est régie par des lois strictes et par des traditions ancestrales.
à la vertu de courtoisie). En plus de déshonorer le sei- se doit de déposer ses
Lorsqu’un samouraï arrive au château, il doit se présen-
gneur, cette transgression serait une insulte pour l’invité. armes. S’il les garde en
ter devant le seigneur et le remercier de son hospitalité. présence de son hôte, il
Ne pas procéder immédiatement à cette rencontre est un Ainsi, même au paroxysme d’une guerre ou d’une âpre
devra les poser à terre, et
manque de respect qui peut aboutir à l’expulsion si le sei- lutte familiale, un noble en visite sera à l’abri dans les le côté où il rangera son
gneur est particulièrement frustré. murs du château et laissera ses armes dans sa chambre. sabre n’est pas vide de
Selon son rang, le visiteur peut patienter longtemps Les porter en public équivaudrait à insulter son hôte en sens. Le poser à droite,
a an d’ re re ar le dai i e e d l - sous-entendant un sentiment d’inquiétude. (Bien enten- où il sera plus difficile à
g er e e he n e re de a a ille a ar du, les samouraïs qui agissent à titre de yōjimbō, les dégainer, implique une
gardes du corps, doivent porter leur sabre en tout temps certaine confiance. Le
à quelqu’un d’un statut encore inférieur. Cette première
puisqu’ils pourraient devoir représenter leur protégé placer à gauche exprime
rencontre offre donc un moyen de faire preuve de défé-
la méfiance, voire de
rence ou d’insulter quelqu’un. Une attente longue signifie dans un duel.)
l’hostilité, et est toujours
que le seigneur privilégie d’autres devoirs à son invité, ce De plus, les invités ne seront ni harcelés ni ouverte- insultant.
qui serait particulièrement injurieux pour des invités de ment maltraités. « L’art de l’insulte » est une compétence
marque. De la même manière, ne pas recevoir soi-même subtile et délicate à Rokugan puisqu’il doit s’opérer sans
les invités est un soufflet, surtout si l’individu envoyé à la jamais manquer à l’étiquette, y compris aux droits des invi-
rencontre est d’un statut inférieur aux invités. À l’inverse, tés. Un samouraï qui insulterait ou attaquerait physique-
n dai i ren n re en er nne e ra ide en de ment un invité offenserait ce dernier, mais jetterait aussi
invités d’un rang moindre leur montre ses faveurs, ce qui le d h nne r r n eigne r e l i- e e dai
peut insulter d’autres invités qu’il n’a pas aussi bien traités. devrait alors punir son vassal impoli. Bien entendu, l’invité
Un seigneur peut faire passer un certain nombre de se doit aussi de respecter l’étiquette et il ne peut ni insul-
messages au cours de la rencontre. S’il accueille ses invi- ter autrui ni perturber la vie paisible de la cour. Agir autre-
tés en compagnie de sa famille, c’est une preuve d’amitié ment lui vaudrait le déshonneur. De telles offenses sont
et de confiance, alors qu’une rencontre en face à face est passibles non seulement d’un duel, mais également d’une
plus formelle. Si le seigneur est armé ou, pire encore, en expulsion du château par l’hôte.
armure, il montre sa méfiance et son hostilité à l’égard de Tous les châteaux ont des gardes postés à des endroits
ses invités, ce qui constitue clairement une insulte. stratégiques dans les couloirs et les salles importantes,
À l’inverse, si sa garde habituelle est absente de la comme la salle de la cour. Les raisons en sont principa-
alle il a i he a n ian e n dai e de ander e lement pratiques puisqu’il faut bien garder l’accès aux
ses invités posent leurs armes avant l’audience. C’est une appartements du seigneur, mais cette précaution repré-
requête légitime, mais qui demeure insultante pour nombre en e a i l’ liga i n li e d’ n dai en er
de samouraïs. Ceux-ci peuvent alors déposer leurs armes ses invités. La présence de gardes armés illustre que les
chez les « polisseurs » : cette astuce permet à tout le monde résidents du château sont en sécurité sous la protection
de sauver la face sans laisser croire à une hostilité latente. de son seigneur.
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C H API T R E 1 : L E S F O RT E R E S SES DU PO U V O IR
shiro et kyūden
Les forteresses de Rokugan sont désignées par les le nom de shiro, alors que d’autres, qui n’ont pas la
cartographes impériaux sous deux noms : shiro, les capacité de recevoir l’Empereur, sont tout de même
châteaux, et kyūden, les palais. La différence est h n r d i re de ūden
’ n ūden d i ir a eillir la r d’hi er Les exemples pullulent dans la première catégo-
impériale. Selon une tradition qui remonte au pre- rie. Shiro Mirumoto, sur les terres du Clan du Dragon,
mier siècle, les empereurs ne tiennent jamais leur a logé l’Empereur à deux reprises au moins, et le châ-
cour à Otosan Uchi en hiver, mais choisissent plutôt teau du Chêne clair, sur les terres du Clan du Phénix,
l’un des clans majeurs qui devra l’accueillir. C’est un est honoré par les Hantei depuis plusieurs généra-
grand honneur, qui implique de nombreux efforts et tions. Quant au Clan de la Licorne, il a bâti le magni-
dépenses, et qui ne saurait être refusé sans perdre fique Shiro Ide spécifiquement pour accueillir la cour
la face. (Plusieurs empereurs ont d’ailleurs recouru d’hiver impériale, mais ce dernier ne s’est toujours
à cet « honneur » pour punir un seigneur impudent.) a a ri er le i re de ūden
Durant les deux premiers siècles, la famille Seppun Les exemples abondent également dans la
a a li ’ n ūden d i ir re e ir a in e nde a g rie ūden ga hi la n ra le
deux cent cinquante invités : trente pour chaque clan Demeure de la Lumière, serait totalement incapable
majeur, auxquels s’ajoute l’entourage considérable de recevoir la cour d’hiver impériale puisqu’il s’agit
de l’Empereur. d’un vaste complexe de sanctuaires, de temples et de
Cependant, comme de nombreux autres aspects cellules monacales, situé loin de tout et protégé par
de gan la di in i n en re hir e ūden e des forces spirituelles qui empêchent toute approche.
plus théorique et symbolique que pratique, et prend En fait, il semble qu’aucun membre de la lignée de
en compte des éléments comme l’apparence, l’hon- an ei ne l’ai e ja ai ūden ida r le
neur, le symbolisme et l’influence politique. Même si terres du Clan du Crabe, serait en théorie suffisam-
la d i i n d’a rder le i re de ūden n h - ment grand pour accueillir l’Empereur, mais il serait
teau appartient à l’Empereur, elle fait l’objet de illogique de soumettre la cour d’hiver impériale aux
manœuvres politiques et de jeux d’influence. En dangers et aux dures conditions des terres des Hida.
conséquence, de nombreux châteaux qui devraient (Le roman Meifumado prétend que Hantei XXXI a
re re nn e de ūden e i n ar- choisi de passer l’hiver auprès des Hida, mais l’his-
fois accueilli la cour d’hiver impériale, ne portent que toire officielle ne confirme pas cette version.)
Bien entendu, de telles pratiques ne sont pas univer- main d’œuvre, et les rumeurs prétendent que les fonda-
selles. Ainsi, les Clans du Crabe et du Lion ne permet- tions contiennent les ossements de la plupart d’entre eux.
traient jamais que des manipulations politiques interfèrent
avec une décision aussi importante que la construc-
tion d’un nouveau château. La manière dont les archi-
Les donjons (tenshukaku)
tectes présentent leurs plans à leur seigneur varie aussi Le cœur de tout château est son donjon, qui se dresse sur
d’un clan à l’autre : le dévoilement peut être public ou d’épaisses fondations en pierre, généralement sur trois à
privé ; les architectes du Clan du Crabe construisent des six niveaux, sans compter les fondations et les éventuels
répliques à l’échelle ; ceux du Clan de la Grue dessinent sous-sols. Les seigneurs les plus puissants peuvent ériger
les jardins ; ceux du Clan du Scorpion ne discutent des un donjon de neuf niveaux (seul le palais impérial d’Otosan
aspects spécifiques que lors d’une réunion privée avec Uchi se targue de dix niveaux). Le dernier étage du donjon
leur seigneur. e la de e re d dai r de rai n a an -
La construction à proprement parler est générale- boliques que pratiques : c’est le point le plus difficile à
ment confiée à des ouvriers choisis parmi la population attaquer et sa position illustre la place privilégiée du sei-
locale. L’architecte et les samouraïs artisans supervisent gneur. (Les shugenja aiment prétendre qu’il symbolise aus-
le chantier et engagent des ouvriers qualifiés (charpen- i la rela i n en re le eng e le ingen-d le r a e
tiers, tailleurs de pierre, etc.) pour les aider. Le Clan du Céleste et celui des mortels.) Les seigneurs qui craignent
Crabe décide parfois que les heimin qualifiés conduiront les espions ou les assassins font souvent installer aux
directement certaines parties du chantier, une approche étages supérieurs des planchers rossignols, en bois poli
pragmatique que les autres clans méprisent. À l’inverse, le standard, mais conçus de telle manière qu’ils « chantent »
Clan du Scorpion utilise les criminels condamnés comme (ou plutôt qu’ils grincent et craquent) sous les pas.
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Les étages inférieurs abritent les chambres des invi- Contrairement aux châteaux des gaijin, ceux de Roku-
tés, les salles d’audience, la salle de la cour, les sanctuaires gan possèdent des murs en pente, dont le degré d’incli-
des fortunes et des ancêtres, les bureaux administratifs, naison varie d’un château et d’un clan à l’autre. Il n’existe
les bibliothèques et les ateliers des artistes. La plupart pas de murs parfaitement verticaux. Si la pente peut
des châteaux comprennent au moins un sanctuaire des théoriquement faciliter l’escalade par des ennemis, les
esprits de la terre. En vénérant les kamis des lieux où le pierres impeccablement ajustées n’offrent que peu de
château se dresse, ses occupants s’assurent de leur pro- prises, et le plâtre lisse qui les recouvre, moins encore.
tection contre les catastrophes naturelles. Les sous-sols, Comme de nombreuses décisions architecturales, les
taillés dans la pierre, accueillent les celliers, les archives, murs en pente sont nés à Otosan Uchi et ont probable-
l’armurerie et parfois les casernes. Si possible, le donjon ment pour but de rendre les bâtiments plus résistants en
contient un puits au sous-sol, ou au minimum une citerne, cas de tremblement de terre (qui frappent régulièrement
pour pouvoir soutenir un siège si nécessaire. La plupart la cité impériale).
des châteaux comprennent aussi un ou plusieurs tunnels La plupart des murs d’enceinte ne sont pas surmontés
pour pouvoir s’évader. de chemins de garde. De lourdes poutres y sont encastrées
et dépassent de plusieurs dizaines de centimètres à l’inté-
Les enceintes extérieures (maru) rieur, afin d’y placer des planches où les bushi peuvent se
poster. Ces parapets amovibles sont appelés des ishi uchi
Tout château digne de ce nom possède non seulement un tana, ou étages à jet de pierre. Seuls les châteaux du Clan
donjon, mais aussi un vaste complexe de structures diver- du Crabe et la cité interdite d’Otosan Uchi ont opté pour
sifiées, entièrement entouré par une muraille. Un château des chemins de garde classiques.
plus modeste, consacré à la politique plutôt qu’à la guerre,
peut ne présenter qu’une seule enceinte. Les châteaux
plus imposants ou destinés principalement à la guerre dis-
Les tours (yagura)
posent de plusieurs murs d’enceinte séparés par des pas- Tous les châteaux importants renforcent leurs murs d’en-
sages étroits, parsemés de cours isolées et de postes de ceinte par des tours. La porte centrale est presque tou-
garde, pour compliquer tout assaut. jours gardée par deux tours, et d’autres tours sont pla-
Les murs d’enceinte sont constitués de pierre, à moins cées aux angles et aux points plus sensibles. Plus le clan
que les terres alentour soient parfaitement paisibles ou le est guerrier ou plus le château risque de connaître des
clan très pauvre. La taille et l’épaisseur des murs, ainsi que combats, plus les tours sont nombreuses. Ainsi, les vastes
l’équilibre entre l’esthétique et le pratique, dépendent des le e de ūden ji e ūden a i a ne r en en
clans. L’enceinte est souvent recouverte d’une couche de que deux tours à l’entrée, alors que les châteaux plus
plâtre, peinte en blanc ou blanc cassé et ornée des motifs petits des Clans du Lion ou du Crabe disposent générale-
du clan, afin de présenter une surface lisse et brillante au ment de cinq ou six tours.
monde extérieur. Le Clan du Crabe ne se soumet pas à Les tours ont plusieurs fonctions. Leur hauteur per-
cette préférence et laisse les murs à l’état brut. Tous les met aux soldats d’apercevoir les ennemis de loin, et aux
murs d’enceinte sont percés de meurtrières (les yasama) archers de les atteindre. Elles servent aussi de postes
pour en faciliter la défense, mais celles-ci peuvent ne défensifs d’où repousser des attaques, ou de points de ral-
jamais servir. liement pour les guerriers si la muraille devait être percée.
Le Clan du Crabe monte également des engins poliorcé-
tiques sur les tours, mais c’est rare partout ailleurs.
En résumé, une tour est un donjon miniature. Les
premiers étages servent de casernes et de celliers, les
étages supérieurs sont destinés au combat et com-
portent des meurtrières pour les archers. Plus la tour est
imposante, plus elle est sophistiquée et plus elle peut
loger de soldats. Les exemples les plus notables sont les
douze tours de la Grande Muraille Kaiu, toutes aussi forti-
fiées que les plus puissants châteaux de Rokugan. À l’in-
verse, les tours des Clans de la Grue, du Scorpion et du
Phénix sont petites et souvent plus ornementales qu’utili-
taires. Le Clan de la Licorne ne construit que rarement de
tours, pour la même raison qu’il bâtit peu de châteaux :
il préfère combattre sur la plaine plutôt qu’attendre der-
rière des murs.
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C H API T R E 1 : L E S F O RT E R E S SES DU PO U V O IR
le gempuku
G R A GAR
Les casernes Les casernes, comme tous les autres petits bâtiments à
l’intérieur des murs d’enceinte, sont généralement bâties
Tous les châteaux d’une certaine taille disposent de en bois et l’extérieur est recouvert de plâtre, ce qui les
casernes où loger leur garnison. Généralement, elles sont rend ignifugées et plus résistantes que les édifices clas-
purement utilitaires et fournissent juste un petit espace où siques de Rokugan.
peuvent se reposer les samouraïs qui ne sont pas en ser- Leur architecture dépend du clan. Le Clan du Dra-
vice. Seuls les célibataires peuvent y vivre, ainsi que les gon incorpore des cellules de prière et de méditation,
r nin a er i e d dai e a erne n iennen a - où des copies du Tao de Shinsei sont disponibles. Le
si de modestes sanctuaires des ancêtres et une armurerie Clan du Lion est bien plus austère et n’offre que des
de réserve. La plupart du temps, elles sont séparées du matelas de sol et un réfectoire, puisqu’il juge qu’un
donjon, mais elles peuvent en occuper les deux premiers samouraï ne doit rejoindre la caserne que pour dormir et
niveaux dans les petits châteaux. Quant aux plus grands, manger. Le Clan du Crabe partage cette opinion, mais
ils offrent souvent un espace dans le donjon, ainsi que plus par nécessité que par choix. Les Clans de la Grue,
d’autres bâtiments. du Phénix et du Scorpion se montrent bien plus géné-
reux et proposent des œuvres d’art et de littérature, car
ils estiment que les bushi doivent connaître autre chose
que le combat.
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CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
Le dojo Les douves sont plus fréquentes dans les châteaux des
Clans de la Grue, du Scorpion et du Lion, ainsi que dans
Le terme « dojo » se rapporte à toute salle d’entraîne- ceux de la famille impériale. Elles sont presque inexis-
ment de n’importe quelle école, mais il est plus géné- tantes dans les Clans de la Licorne, du Dragon et du
ralement appliqué à celles où s’exercent les bushi, qui Crabe, même si la rivière de l’Ultime Résistance sert en
composent la grande majorité des samouraïs. Tous les quelque sorte de douves à la Grande Muraille Kaiu.
châteaux comprennent au moins un dojo pour entraî-
ner leurs soldats. Dans un château imposant, le dojo ne
se situe pas dans le donjon, mais plutôt dans une struc-
Les logements des invités
ture distincte, souvent proche de la place d’armes. Les Les petits châteaux logent leurs invités dans le donjon,
châteaux extrêmement grands disposent de plusieurs mais les plus grands contiennent un ou plusieurs bâtiments
dojos pour satisfaire aux besoins de leur importante spécialement prévus à cet effet. Tous les châteaux suscep-
population. tibles d’accueillir des rencontres diplomatiques d’enver-
Chaque dojo présente une architecture particulière, gure (ou la cour d’hiver impériale) réservent un bâtiment
mais les styles les plus traditionnels se trouvent sur les pour chaque délégation des clans majeurs, ce qui permet
terres des Clans du Lion, de la Grue et du Dragon. Cela à leurs membres de se rencontrer, de discuter de stratégie
étant, les traits généraux demeurent identiques. Un dojo et de tenir des soirées privées sans être entendus par les
est toujours composé d’un édifice central, d’une cour dis- autres invités.
tincte de la place d’armes et de plusieurs bâtiments où Ces bâtiments offrent aux samouraïs tous les services
loger les étudiants. Ces logements sont reliés au bâti- nécessaires, mais leur niveau de luxe varie. Les quartiers
ment principal et sont séparés des casernes où vivent les d’invités du Clan de la Grue et du palais impérial sont les
adultes. Le bâtiment principal, le dojo à proprement par- plus beaux et les plus spacieux, tandis que ceux des Clans
ler, comprend une unique grande pièce au sol de bois du Lion et du Dragon sont spartiates. Le Clan du Crabe, à
poli par les générations précédentes. Les murs sont ornés l’exception de la famille Yasuki, n’offre généralement pas
d’armes d’entraînement, comme les bokken (des sabres de résidence pour les invités.
en bois), et de plaques où sont listés les noms des anciens
étudiants. Même dans les dojos de clans riches, comme
celui de la Grue, ce bâtiment demeure généralement
La cour
très simple, pour ne pas distraire les étudiants. La plupart Tous les châteaux contiennent au moins une petite cour,
contiennent un petit sanctuaire ancestral dédié aux fonda- souvent devant l’entrée du donjon. Cet espace ouvert,
teurs et anciens sensei. Les étudiants doivent s’incliner et qui n’est en général qu’une surface en terre battue, par-
montrer leur déférence chaque fois qu’ils y entrent. fois recouverte d’herbe rase ou, très rarement, de pavés,
Les étudiants vivent sur place tout au long de leurs est le lieu où les invités peuvent laisser leur monture, où
études. Leurs logements sont austères : de simples salles les soldats pratiquent leurs manœuvres et où le seigneur
communautaires remplies de tatamis et parsemées de harangue son armée avant le départ en guerre. Dans un
quelques paravents pour offrir un peu d’intimité. grand château qui comprend de nombreux bâtiments,
un tel espace est plus vaste et porte le nom de « place
Les douves (mizuki) d’armes » en raison du grand nombre de soldats qui s’y
en ra nen an de h ea e ūden ida
Les douves ne sont pas fréquentes à Rokugan, mais elles Shiro Sano ken Hayai, la place d’armes peut accueillir plus
existent et doivent donc être mentionnées. Générale- d’un millier de guerriers.
ment, elles se trouvent à l’extérieur du mur d’enceinte, ou
entre deux maru, et sont alors intégrées au système de
défense à niveaux multiples. Il est très rare que des douves
soient creusées directement autour du donjon, pour des
raisons pratiques.
À Rokugan, les douves ne sont pas remplies d’eau
stagnante et sale, et sont donc de simples fossés vides.
Cependant, des architectes de talent ont réussi à détour-
ner des ruisseaux de montagne pour que l’eau des douves
soit constamment renouvelée et propre. Dans de tels cas,
prier les kamis de l’eau ou protéger les fondations en
pierre grâce à des glyphes permet aussi d’empêcher l’eau
d’éroder la roche. Les ponts qui enjambent les douves
sont bâtis de façon à être facilement détruits par les défen-
seurs en cas d’attaque.
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CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
R R
fut saisi par Tsume no Doji Retsu, seigneur de la vallée Tout au long de ce
in ani e dai de la a ille e a ale d lan de sujets de livre, vous trouverez
des textes en marge
la Grue. Lors d’une audacieuse attaque-surprise, il éra-
diqua la famille Goseki et s’empara du château au nom controverse semblables à celui-ci,
qui présentent les
du Clan de la Grue, une prétention rendue possible par rumeurs qui circulent à
la faveur dont jouissait celui-ci à la cour impériale. La propos d’un lieu donné.
$ Un certain nombre de serviteurs du châ-
famille Daidoji se vit confier la direction du château et, Le MJ peut les utiliser
teau demeurent loyaux au Clan du Lion et
prévoyant les contre-attaques du Clan du Lion, elle accrut comme source d’inspi-
n’attendent qu’une occasion pour saboter
les défenses du château et ajouta des murailles au village, ration quand les PJ se
les défenses de l’intérieur. renseignent sur des ru-
pour contrôler la route qui traversait la province.
Les campagnes du Clan du Lion pour reprendre le châ- $ Toshi Ranbo abrite un grand nombre de meurs locales. Enquêter
teau furent contrées autant par les manipulations poli- documents et d’objets importants qui ont sur de telles rumeurs
peut même servir de
tiques du Clan de la Grue que par les combats. Les deux été cachés précipitamment quand la direc-
point de départ à une
clans ne cessèrent d’amplifier leurs tentatives, jusqu’à la tion du château a changé de mains.
aventure complète.
grande bataille de 1123, où le Champion du Clan du Lion, $ Des esprits agités errent parfois dans
Akodo Arasou, est mort. Toshi Ranbo a donc une place Comme pour toutes
les couloirs du donjon ou sur les terrains
grossièrement exagérée dans l’histoire, bien au-delà de sa les rumeurs, il n’est
de bataille où ils sont morts des siècles jamais facile de déceler
taille ou de son importance stratégique. plus tôt. le vrai du faux. Nous
vous laissons le soin de
déterminer la part de
vérité dans ces rumeurs.
Bien entendu, même
les histoires les plus
étranges peuvent avoir
un fond de vérité.
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CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
kyūden bayushi
les légendes du
clan du scorpion
Le palais de la Soie et de l’Ombre, demeure de la famille
dirigeante du Clan du Scorpion, est inhabituel en ce qu’il
semble, vu de l’extérieur, assez ordinaire. Ce donjon
de neuf niveaux plutôt conventionnel se situe au milieu
$ Le labyrinthe a été dessiné aux premiers
d’un vaste et magnifique complexe (peu défendu en
jours de l’Empire par Kaiu en personne, à
apparence, même s’il bénéficie d’un mur d’enceinte et
la demande de Bayushi.
se trouve au sommet d’un plateau). Sous de nombreux
a e il re e le a l re ūden ji d lan de $ Les sous-sols du château renferment un
la Grue, un autre immense complexe bâti en hauteur et réseau de tunnels, qui s’étendent sous
faiblement fortifié, mais la comparaison n’est valable que les terres du Clan du Scorpion pour relier
de l’extérieur. Comme tout ce qui touche au Clan du Scor- toutes les forteresses du clan.
pion, le beau visage présenté au reste de l’Empire n’est $ A l r nd de nnel de ūden
qu’un mensonge. Bayushi, il existe un mystérieux lac étin-
L’intérieur du donjon est plutôt agréable et confor- celant. L’esprit de Bayushi en personne y
table, similaire à celui d’un château du Clan de la Grue. flotte parfois.
Des serviteurs attentifs s’assurent que chaque invité béné-
ficie de tout le luxe possible, mais ces derniers réalisent $ Tous ceux qui dérobent des objets au bos-
rapidement l’un des traits distinctifs du château. L’intérieur quet des Traîtres sont frappés de mal-
du donjon ne présente aucun mur non porteur. Les salles chance.
e l ir n l d li i ar de annea h ji
et par des paravents faciles à déplacer, ce qui permet de
reconfigurer l’espace à volonté. Au réveil, nombre d’invités
ont ainsi cru se retrouver dans une autre partie du château, pièges, et le labyrinthe devient un obstacle fort dangereux
une astuce qui permet de les embarrasser aisément en les pour tous ceux qui tenteraient de s’approcher du donjon
empêchant de retrouver la salle de réunion de la veille, ou sans autorisation.
tout simplement de les déstabiliser. ūden a hi n ien gale en n agni i e
Le donjon est entouré d’un labyrinthe complexe qui jardin qui recouvre tout l’espace du plateau inoccupé par
semble taillé dans de hautes haies, mais celles-ci cachent des bâtiments. En son centre se trouvent une mare artifi-
en fait d’épais murs. Surnommé le Labyrinthe de Bayushi, cielle et un réseau de ruisseaux. Des allées et des ponts
cet espace comprend des chemins et entrées secrètes permettent de passer d’une section à l’autre. De nom-
destinés à accéder au réseau de tunnels qui parcourent le breux sanctuaires sont disséminés dans le jardin et tous
plateau. En temps de paix, le Clan du Scorpion utilise le sont consacrés aux membres du Clan du Scorpion célèbres
labyrinthe comme une épreuve de sagacité, pour divertir dans tout l’Empire.
ses invités. s. En temps de guerre, il en active les nombreux
Le bosquet des Traîtres
a ara ri i e la l nn e de ūden a hi ne
se trouve pas dans l’enceinte du château, mais à l’exté-
rieur de ses murs, juste derrière le plateau : il s’agit du
bosquet des Traîtres, un massif d’arbres lugubre et hanté.
Selon la tradition, il tombe sous la responsabilité du sei-
gneur du château. Il fut créé au cinquième siècle, lorsque
Bayushi Tesaguri vendit trois des Parchemins Noirs au Clan
du Phénix. Pour avoir trahi le devoir sacré du Clan du Scor-
pion et vendu les parchemins qu’il devait protéger, son
âme fut liée à un arbre, le condamnant à un tourment éter-
nel. Ses possessions furent accrochées aux branches de
l’arbre, formant une décoration macabre qui sert d’aver-
tissement aux passants. Depuis, de nombreux traîtres ont
subi le même sort et, contrairement à la plupart de ses pra-
tiques, le bosquet des Traîtres n’est pas un secret au sein
du Clan du Scorpion. Le lieu sert même d’avertissement :
tout acte déloyal sera sévèrement puni. (Le rituel utilisé n’a
quant à lui jamais été révélé.)
41
C H API T R E 1 : L E S F O RT E R E S SES DU PO U V O IR
20 STATUT 3 ATTENTION
7
cieront d’une alliance avec Sanae et Taizo. Bien
entendu, selon leurs propres loyautés claniques
ou croyances, les PJ peuvent préférer accuser
+2, –2
ATTITUDE : RUSÉ
VIGILANCE
2 Sanae, voire quelqu’un d’autre.
AVANTAGES DÉSAVANTAGES
CAPACITÉS
A R
Lorsque Shosuro Sanae exploite le désavantage de son
adversaire durant un jeu quelconque, elle peut relancer
jusqu’à quatre dés (au lieu de deux).
42
CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
43
C H API T R E 1 : L E S F O RT E R E S SES DU PO U V O IR
idée d’aventure :
ANTAGONISTE RANG DE CONFRONTATION 2 4
l’amour maudit
Shijin est l’un des poètes encore en vie les plus célèbres
Accroche Une compétition artistique doit
de l’Empire puisqu’il a consacré toute sa longue vie à se
perfectionner. Voûté et maigre, doté d’une fine et longue e enir dan le jardin de ūden ji en re
barbe blanche, il passe une bonne partie de son temps deux des plus talentueux jeunes artistes du Clan
dan le agni i e jardin de ūden ji di er r de la Grue : Kakita Shiko, fille du grand poète
la beauté qui l’entoure et à rédiger les poèmes qu’elle lui Shijin, et Kakita Torikago, qui s’est récemment vu
inspire. Bien qu’il préfère éviter les distractions liées à la accorder l’honneur de résider dans les quartiers
politique, sa longue vie de poète lui a fait rencontrer des d’invités du Clan de la Grue à Otosan Uchi. Tous
milliers de samouraïs dans tout l’Empire, et il peut compter deux devront créer une œuvre d’art à offrir au fils
sur de nombreux alliés qui lui doivent des faveurs. de l’Empereur, et les enjeux très élevés poussent
La rumeur veut qu’il cherche un apprenti. Que ce soit les mécènes à chercher à s’associer aux deux
vrai ou non, elle lui vaut beaucoup d’attention. Les rares samouraïs. Cependant, Shiko et Torikago sont
fois où il se présente à la cour, il est entouré de samouraïs amants et, la première nuit du concours, les
qui cherchent désespérément à s’attirer ses faveurs ou à lettres envoyées par Torikago à Shiko sont
bénéficier de son amitié. dérobées. Cette dernière cherche donc, en
compagnie de son père, des alliés qui pourront
SOCIÉTAL PERSONNEL retrouver les missives. Bien entendu, le contenu
de ces lettres ne leur est pas révélé, sans quoi les
60 HONNEUR ENDURANCE
10
2 4 deux amants perdraient la face.
70 GLOIRE SANG-FROID
10 Développement Si les PJ parviennent à
3 3 démasquer les coupables, ils découvrent qu’ils
25 STATUT 4 ATTENTION
7 travaillent pour un courtisan du Clan de la Grue
qui a perdu sa place à Otosan Uchi en raison de
, +1, –2
ATTITUDE : DÉTACHÉ
VIGILANCE
3 la promotion de Torikago. Son but est donc de
le faire chanter pour qu’il perde la compétition,
ARTISANAL 5 MARTIAL 0 SAVANT 3 SOCIAL 4 PRO. 0 en espérant que cela suffise à mettre un terme
à son affectation. Apprendre la vérité sur l’affaire
AVANTAGES DÉSAVANTAGES pourrait obliger les PJ à se questionner sur leur
honneur puisqu’ils pourraient avoir à cacher une
N t ire e t e i e ie i r e :
déshonorable liaison.
artisanal ; relations iei esse
martial ; physique 三 Paroxysme Si les PJ décident de récupérer
les lettres, plusieurs approches s’offrent à eux :
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS
tenter de les voler, ce qui les obligera à recou-
i s i : portée 0-1 ; dégâts 4 ; Dangerosité 5/7 ; Acé- rir à des techniques déshonorables, ou rencon-
ré, Cérémoniel, Discret trer le rival de Torikago pour le faire chanter, en
lui indiquant qu’ils ont des preuves de sa traî-
i e e t rt ) : tunique somptueuse (Résistance trise. Cette solution en fera un ennemi juré qui
physique 1 ; Cérémoniel), matériel d’écriture cherchera à détruire les PJ et la menace qu’ils
représentent.
CAPACITÉS
GN A R N
Une fois par session de jeu, au prix d’une activité de
temps mort, Kakita Shijin peut passer plusieurs semaines
à former un étudiant qui l’a impressionné. Un person-
nage qui s’adonne à l’étude gagne 3 points de Gloire et
e a rir le hūji le ar ne n ’ n an enir
compte des prérequis.
44
CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
46
CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
A A AN N R
Lorsqu’il résiste à l’effet d’une compétence sociale qui
ANTAGONISTE RANG DE CONFRONTATION 5 4 pourrait le distraire de son devoir, Seppun Ishikawa lance
Né à Otosan Uchi durant le festival du Nouvel An, Seppun deux dés de compétence supplémentaires.
Ishikawa a montré très tôt des signes de ses talents mar-
tiaux. Ses parents l’ont alors envoyé suivre l’entraînement
de la famille Kakita. Simple membre de la Garde impériale,
kyūden gotei
il a rapidement retenu l’attention de ses supérieurs, et plus ūden ei in arne ar ien de a e le lan
particulièrement du Champion d’Émeraude Doji Satsume, de la Mante. Il est grandiose, voire extravagant, et met
qui l’a nommé magistrat d’Émeraude. Quand Ishikawa les autres au défi de s’offusquer de cet étalage exagéré
s’est distingué à ce poste, il a reçu le titre de capitaine de de richesse et d’influence étrangère. Il est principalement
la Garde d’honneur Seppun. constitué d’une pierre aux veines verdâtres et rouille, issue
Ishikawa arbore l’allure trompeuse d’un homme ordi- des carrières de l’île de Gotei, sur laquelle il se trouve. Les
naire plutôt doux, qui a été utile durant son emploi de boiseries proviennent d’arbres tropicaux plutôt que des
magistrat, d’autant qu’il a fait preuve de considération chênes, pins et érables du continent. Les toits sont recou-
envers les castes inférieures. Romantique au plus profond verts de cuivre et non de tuiles en argile cuite.
de lui, il aime une femme fiancée à un autre, même s’il De l’intérieur, le château est plus spectaculaire encore
sait que cette émotion pourrait nuire à son devoir. Toute- (ou, selon le point de vue traditionaliste des Rokugani, gro-
fois, c’est un bushi honorable et dévoué qui prend très au tesque). En lieu et place de couloirs étroits, de portes basses
sérieux son devoir envers la famille Hantei. En raison de et de fenêtres protégées par des volets, il dispose de salles
son expérience de magistrat, il connaît la valeur des alliés larges, hautes et ouvertes qui laissent passer le vent pour
et contacts fiables à travers l’Empire, et il cherche toujours rendre plus supportable la chaleur tropicale et humide. Il
à accroître son réseau, en jaugeant les estimés visiteurs est décoré de pierres précieuses et semi-précieuses, d’or et
(tels que les PJ) selon ce critère. d’argent, de plantes exotiques en fleurs et de cages conte-
nant des oiseaux inconnus et des lézards aux couleurs vives.
SOCIÉTAL PERSONNEL
60 HONNEUR ENDURANCE
16 La grotte des Vents divins
4 3 Les grottes et tunnels pullulent sous le château. Creusés
70 GLOIRE SANG-FROID
12
4 3 il y a bien longtemps par l’activité volcanique, ils ont été
45 STATUT 3 ATTENTION
5 étendus par le Clan de la Mante. La connaissance des pas-
sages sûrs est réservée aux dirigeants du clan et à l’uni-
, +1, –2
ATTITUDE : DÉTACHÉ
VIGILANCE
4 té d’élite de la légion des Tempêtes. En plus de fournir
de multiples voies d’accès au château et aux ports secrets
d’où opèrent les bateaux de contrebande du Clan de
ARTISANAL 2 MARTIAL 4 SAVANT 1 SOCIAL 3 PRO. 0 la Mante, ces tunnels mènent également au Coffre-fort
Céleste, une impressionnante caverne, enfoncée dans les
AVANTAGES DÉSAVANTAGES
profondeurs de la terre, où le Clan de la Mante garde ses
r e ssi re se tet trésors les plus précieux et les plus célèbres. La rumeur
martial ; courtoisie social ; relations veut qu’une grande partie de ses richesses provienne des
gaijin, mais nul n’a jamais pu vérifier.
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS
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C H API T R E 1 : L E S F O RT E R E S SES DU PO U V O IR
idée d’aventure :
une histoire de
ANTAGONISTE RANG DE CONFRONTATION 3
Koharu, une femme musclée et bronzée, est née dans les
2
chauve-souris
rangs des ronin. Durant sa jeunesse, elle a été pirate et
mercenaire, au gré des contrats. Grâce à son charisme et Accroche n i ie ūden ei le
ses compétences, elle a fini par attirer l’attention du Clan rencontrent un vieil homme voûté qui prétend
de la Mante, qui l’a recrutée, ainsi que les ronin auxquels se sentir seul et aimerait avoir un peu de compa-
elle s’était associée. Koharu n’a pas changé son mode de gnie à qui raconter des histoires. Il est étrange-
vie depuis qu’elle a prêté serment au Clan de la Mante, ment perceptif et en sait plus sur les PJ qu’il ne le
mais elle bénéficie maintenant du soutien du clan quand devrait. Ceux qui ont une affinité avec le monde
une mission tourne mal. spirituel remarquent qu’il s’agit d’un kōmori, un
Il est possible de croiser Koharu en de nombreux esprit chauve-souris polymorphe, natif des îles
endroits, embauchée comme mercenaire ou en train de de la Soie et des Épices.
commettre des actes de piraterie. Elle juge les gens selon
leur propre mérite : elle admire les forts et méprise les Développement Le vieil homme raconte
faibles. Quiconque s’en prendra à elle ou ses amis devien- plusieurs histoires à propos de trésors perdus
dra son ennemi juré, mais elle exerce ses activités de mer- dans une grotte située dans les profondeurs des
cenaire avec détachement. C’est une alliée peu fiable, qui jungles des îles du Clan de la Mante. Si les PJ
changera de maître si la somme lui convient, mais une r ali en ’il arlen n ri il e en
amie loyale qui combattra jusqu’à la mort pour les per- décider de chercher la grotte et de braver les
sonnes auxquelles elle tient réellement. périls de l’île.
AVANTAGES DÉSAVANTAGES
N t ire e t r essi e A i e
social ; relations social ; relations
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS
i e e t tre) : katana
CAPACITÉS
AR N R NN
Tant que Koharu est sur un bateau, si elle effectue un test
ou est prise pour cible, elle peut subir 2 points de Fatigue
et relancer deux dés.
48
CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
R G NA
R
l’art de la diplomatie Ces conventions s’appliquent à toutes les disputes,
qu’elles se livrent à la cour ou sur le champ de bataille.
Rokugan est un empire où les apparences priment. Il est De nombreuses traditions dépendent du maintien des
Dans chaque région, les crucial de réaliser l’importance de préserver sa réputa- apparences et d’une sincérité démontrée plutôt que de
cours ont des pratiques et tion pour comprendre une civilisation érigée par les Kamis l’honnêteté. Ces obligations touchent toutes les sphères
traditions qui changent et dans le but de ressembler au royaume Céleste : aux yeux sociales. Certains clans sont plus doués que d’autres : le
évoluent au fil du temps. Clan du Crabe est méprisé pour sa nature brusque, le Clan
du divin, la perception est la réalité. La courtoisie permet
Clan du Crabe : sur ses de bénéficier de nombreux avantages, tandis que l’ab- du Dragon pour son imprévisibilité ; les Clans de la Grue
terres, la cour, comme sence de politesse coûte cher. Contredire des apparences et du Scorpion sont louangés pour leur élégance et leur
toutes les autres fonctions sans preuve ni cause valable est une source d’embarras subtilité, tandis que le Clan du Lion est connu pour son
bureaucratiques, est autant pour le délateur que pour les personnes présentes, stoïcisme, tant en période de guerre que de paix.
souvent tenue durant les puisque le faux pas ou le fait d’y avoir assisté perturbent
repas, et non avant ou
après, pour que ceux qui
l’harmonie. Les samouraïs honorables et respectueux La structure de la cour
laissent toujours aux autres l’occasion de sauver la face en
y participent puissent Des samouraïs très différents peuvent se présenter à la
retourner plus rapidement ignorant délibérément qu’un éclat de voix honteux a eu
lieu ou en leur permettant de reconnaître leurs torts et de cour. Les courtisans sont omniprésents, mais les officiers
à leurs tâches.
corriger la situation. (les généraux et capitaines aux plus hautes cours, les
Clan de la Grue : depuis À Rokugan, lorsque l’on s’exprime, le fond est moins sergents et lieutenants aux autres) doivent s’y rendre si
le tsunami, toute mention leurs devoirs le leur permettent. Dans les cours les plus
important que la forme. Porter une accusation ou dénon-
d’une catastrophe naturelle notables, des délégués des écoles des clans majeurs, sou-
cer un comportement inadmissible doit se faire minutieu-
est jugée impolie et la plu- vent des sensei, sont présents. Les temples importants
part des courtisans feront sement, pour ne pas se déshonorer soi-même. Tant qu’une
personne est respectueuse, la bienséance est observée et envoient des moines, les forteresses ou villes des repré-
de leur mieux pour l’éviter,
et recourront notamment la société prospère. sentants, et tous les groupes dignes de ce nom s’assurent
aux euphémismes. de dépêcher un délégué à la cour pour écouter les délibé-
rations et planifier leurs actions, voire pour des missions
Clan du Dragon : le plus spéciales.
daimyō ouvre souvent la
séance par un kōan ou une
autre énigme et demande
son interprétation à
chaque participant.
CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
En ordre croissant d’importance, les cours municipales Hantei et sa suite pendant une saison. Les familles impé-
R
précèdent les cours régionales, qui cèdent le pas à la cour riales et le Clan de la Grue ont souvent accueilli la cour R G NA
impériale. Les cours claniques sont souvent réservées aux d’hi er a r de dernier i le a in e ūden
er nne inen e d lan e a dai de a ille ’il ji e ūden Se n rennen de ar ier er- Clan du Lion : les
ne sont pas retenus auprès de leur propre cour. Elles se manents pour le Hantei, mais tous les clans majeurs ont eu exercices militaires sont
tiennent généralement à la résidence du Champion du clan, cet honneur au moins une fois. Le Clan du Renard a égale- fréquemment utilisés en
mais la tâche de tenir la cour peut être confiée à un hata- ment accueilli l’Empereur deux fois au cours des premiers guise de préliminaires aux
moto. Les délégations des autres clans (alliés ou ennemis) siècles de Rokugan. initiatives politiques, sujet
inévitablement évoqué
mettent un point d’honneur à assister aux cours claniques,
lorsque les seigneurs
et un invité impérial se présente souvent pour rappeler
le pouvoir de l’Empereur. Une cour tenue par l’une des
Les pratiques et périls de la cour se croisent dans les
campements. Proposer
familles d’un clan majeur ressemble à une cour clanique à Les courtisans doivent s’armer du même courage que le des exercices communs ou
plus petite échelle. Les invités d’une cour familiale viennent guerrier qui affronte les lames ennemies, et l’échec peut une fausse bataille contre
généralement des autres familles du même clan, même si être plus dommageable pour une famille que la mort d’un un autre seigneur est une
des représentants d’autres clans peuvent être présents. samouraï ou la perte d’une bataille. Les victoires des cour- ouverture classique de
Les cours des clans mineurs sont, en théorie, égales tisans sont majeures : savoir déjouer les risques et appor- négociations.
à celles des clans majeurs, mais dans les faits, elles res- ter l’honneur à sa famille sans avoir fait couler le sang Clan du Phénix : le daimyō
semblent plutôt aux cours familiales puisque les clans est une aptitude très courue. Dans un pays où l’honneur quitte généralement la
mineurs ne contrôlent que de petits territoires. En consé- se lave dans le sang et les insultes sont effacées par des pièce après avoir rencontré
quence, leurs courtisans tentent d’obtenir des postes d el le ji j gen e la re ne e rien e ses conseillers, pour que
semi-permanents auprès des cours des clans majeurs. éreintante, au cours de laquelle leur vie et celle de leurs ces derniers puissent
Aucune cour n’est supérieure à la cour impériale. Bien personnes à charge peuvent se trouver en grave danger parler librement. Lorsqu’il
que ce soit la cour personnelle de l’Empereur, son impor- d’un seul regard ou éclat de rire. Les courtisans émérites revient, un porte-parole
désigné fait état des préoc-
tance dans les enjeux politiques des clans majeurs est telle doivent savoir contrecarrer, miner et détruire leurs adver-
cupations du groupe, afin
qu’elle a toujours lieu, que Hantei daigne s’y présenter saires sans subir le même sort en retour.
que le daimyō ne sache pas
ou non (et il s’abstient généralement). La cour impériale Plus encore que tout autre aspect de la vie, la cour qui en est à l’origine.
actuelle est un lieu de confrontation où les représentants étouffe sous le poids des conventions sociales, bouffies
et meneurs de clans ont le plein pouvoir de prendre des du pouvoir et de l’importance des lieux. Chaque seconde Clan du Scorpion : lorsque
décisions sans devoir en référer à leur Champion, et seuls passée à la cour doit être empreinte d’une grâce, d’une le saké ou le thé est servi,
l’invité qui est arrivé en
les plus compétents et les plus dignes de confiance y sont étiquette et d’un art du discours indirect destinés à expri-
dernier doit boire en
donc dépêchés. mer ce que de simples mots ne sauraient dire. Le moindre
premier. Si deux invités
Le Chancelier impérial représente l’Empereur lorsque mot est pesé pour tout offrir sans rien promettre, ce qui arrivent en même temps,
celui-ci ne peut venir en personne. Le chancelier dirige la permet aux négociateurs de jouer entre diverses interpré- ils boivent ensemble.
cour, en compagnie de vice-chanceliers et de hérauts : il tations sans jamais perdre la face. Un sens plus profond
détermine l’ordre de parole des délégations et s’assure encore est toujours caché entre les lignes, et tout s’entend Clan de la Licorne : à
Khanbulak, la poésie
que tous les membres présents respectent l’étiquette et sans jamais être dit. Dans l’écart entre ce qui est dit et ce
rokugani moderne est à
le protocole. Son poste lui permet d’influencer l’ordre du qui est signifié, des accords sont conclus et des guerres
la mode et de nombreuses
jour de manière plus ou moins discrète. Le poste informel gagnées, bien qu’aucun traité ou alliance ne soit mention- séances sont ouvertes par
de Conseiller impérial a récemment été créé pour aider né directement. des récitals.
l’Empereur dans toutes les tâches que celui-ci souhaite e le dai ine r i in l en ign ren n
déléguer. Bayushi Kachiko est la première Conseillère courtisan sans bonne raison peuvent jeter le déshonneur
impériale. Les représentants des autres clans murmurent sur leur famille pour avoir manqué à l’étiquette. Presque
qu’elle aurait une influence indue sur Hantei, mais per- toutes les cours sont subdivisées en salles et jardins pri-
sonne n’a encore osé tenter d’affaiblir sa position. vés où il est possible de discuter sans être entendu, et où
Durant la majeure partie de l’année, la cour impé- les détails des ententes peuvent être confirmés. Les cour-
riale siège à Otosan Uchi, mais à l’automne, l’Empereur tisans retournent auprès de leur clan en basse saison ou
annonce l’endroit où se tiendra la cour d’hiver et quel envoient des messagers porter la nouvelle des accords
clan aura l’honneur de l’accueillir. Il s’agit d’un privilège conclus. Peu de ces alliances sont couchées sur le papier,
immense, et les clans se battent pour avoir le droit de loger puisque la parole d’un samouraï suffit.
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CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
La partie cruciale du contrat indique qui du mari ou de presque impossibles. La plupart des armées de Rokugan
la femme se joint à l’autre famille. En règle générale, la ne sont pas équipées pour briser un siège, et bien que le
famille la plus haut placée accueille le partenaire inférieur. Clan du Crabe possède des spécialistes en la matière, ils
Cette tradition permet aux familles de choisir de talen- sont souvent occupés par la défense de la Muraille.
tueux samouraïs de rang inférieur, qui progressent alors
socialement par ce biais.
Les armées d’Émeraude
Les adoptions sont tout aussi importantes que les
mariages pour consolider les unions politiques. Là encore, Les armées de Rokugan sont principalement compo-
les personnalités, l’âge et d’autres facteurs sont pris en sées de forces d’infanterie réunissant des ashigaru, des
compte, mais demeurent secondaires. Adopter des nour- paysans-soldats semi-professionnels, et des conscrits. Les
rissons ou des samouraïs prometteurs de familles vas- ashigaru sont généralement des réservistes qui rentrent
sales ou mineures est monnaie courante, et représente dans leur village quand ils ne sont pas de service. Quant
un grand honneur pour toutes les personnes impliquées. aux conscrits, souvent mal équipés et peu entraînés, ils
Les samouraïs adoptés prennent le nom de leur nouvelle sont envoyés au front, en première ligne pour y mourir.
famille et sont traités en tout point comme les enfants natu- De nombreux clans majeurs comportent des familles
rels. Adopter un adulte n’est pas rare, surtout quand un d’ashigaru qui sont fières de les servir depuis des généra-
mariage est impossible, à cause de l’orientation sexuelle tions à titre de gardes et d’assistants dōshin de magistrats.
du candidat ou d’un mariage préexistant. Malgré tout, en temps de guerre, les ashigaru doivent
Certaines familles ont des pratiques différentes : chez compter sur des commandants compétents, une aide
les Utaku, les filles n’ont pas le droit d’épouser des hommes divine et une supériorité numérique écrasante pour espé-
de statut supérieur, de même, la famille Matsu les en décou- rer vaincre des bushi en armure.
rage fortement, tandis que les Doji les y poussent (ainsi que Les véritables tactiques de cavalerie ne peuvent être
leurs fils). Les traditions familiales en lien avec l’adoption mises en place qu’en la présence de chevaux du Clan de
sont extrêmement rares, c’est pourquoi elle est souvent la Licorne, dont les étalons ne sont pas natifs de l’Empire.
utilisée comme une alternative au mariage. Quoi qu’il en Le poney rokugani n’est pas assez robuste pour la cavale-
soit, la famille de statut supérieur qui a accueilli un nou- rie militaire, mais il est utilisé par les éclaireurs et l’infanterie
veau membre paie traditionnellement celle qui vient d’en montée. Depuis le retour du Clan de la Licorne, les autres
perdre un. Il appartient à l’entremetteur de réaliser les arran- armées s’entraînent pour contrer sa cavalerie, souvent suite
gements nécessaires pour le paiement, qui peuvent créer à une défaite humiliante, mais rares sont ceux qui peuvent
des tensions politiques bien plus importantes qu’un simple se targuer de posséder une cavalerie digne de ce nom.
(et vil) échange d’argent. Parmi les seigneurs les plus puis- Rokugan est une société féodale, ce qui se reflète dans
sants, des échanges de terres, de châteaux, de personnel, l’ rgani a i n de e ar e ha e dai r in ial e
d’œuvres d’art et de biens rares, comme des chevaux ou du responsable de lever son armée, formée de villageois et de
bétail, peuvent être inclus dans les négociations. vassaux, de l’entraîner et de l’équiper. Au besoin, les gardes
du château peuvent être réaffectés dans l’armée. Il en résulte
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CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
que le Clan du Lion maintenait dans les autres provinces, La guerre entre les Clans de la Grue
pour l’obliger à prendre le risque de traverser ses terres. et du Crabe (la guerre Yasuki)
Lorsque le Clan du Lion s’y aventura, le Clan de la Grue
signala immédiatement ce manquement au pacte de Vers la fin du quatrième siècle, l’Empereur Hantei Fujiwa
non-agression et menaça d’entrer en guerre. tenta de mettre un terme au pouvoir dont bénéficiait une
Pris en tenaille, le Clan du Lion demanda une trêve et cabale de samouraïs, le Gozoku, qui usurpait son autori-
la paix revint. Le Clan du Lion se vit octroyer les terres du té. Il décida de faire éclater l’unité de l’un des principaux
Clan de la Ki-Rin, dont les derniers samouraïs formèrent le soutiens du Gozoku, le Clan de la Grue, en créant un dif-
Clan du Renard. Ce dernier obtint son indépendance et férend entre la famille de courtisans Doji et la famille mar-
des terres dans une autre région de l’Empire. Cette guerre chande Yasuki, qui faisait à ce moment partie du Clan de
est aussi reconnue pour son absence totale de compas- la Grue. À la demande de Fujiwa, le Clan du Crabe enva-
sion. Lorsqu’Isawa Tomokazu tenta de se venger du Clan hit les terres voisines du Clan de la Grue, ce qui donna des
du Lion, la Championne du Clan de la Grue, Doji Ritsuko, idées au Clan du Lion. La guerre éclata quand le Clan du
s’avança pour l’en empêcher, mais refusa le duel. Elle Crabe s’empara des terres des Yasuki, en affirmant que le
encaissa ses attaques élémentaires sans céder et, après Clan de la Grue n’en avait pas besoin.
des jours de résistance passive, les kamis rejetèrent la
requête de Tomokazu de l’abattre. Les forces du Clan du
Phénix perdirent alors toute volonté de se battre et se ren-
dirent. Les trois clans concernés virent là une magnifique
démonstration de stratégie : la victoire Sans Coup montra
qu’il était possible d’atteindre ses objectifs en anéantissant
la volonté de l’ennemi.
C H API T R E 1 : L E S F O RT E R E S SES DU PO U V O IR
Les machinations de Fujiwa se révélèrent trop efficaces. par un Champion d’Émeraude tyrannique et un Empereur
e dai a i a ai de i l ng e de e faible. Alors que des pluies diluviennes avaient fait pour-
rendre au Champion du Clan de la Grue. Après s’être fait rir les récoltes de tout l’Empire, le Clan du Dragon, déjà
répéter trop souvent qu’il « était inutile aux yeux de son pauvre, demanda un répit pour payer ses taxes annuelles,
seigneur », il décida d’interpréter ces paroles comme un afin d’éviter la famine. Pour seule réponse, le Champion
ordre et non un reproche. La famille Yasuki prêta donc ser- d’Émeraude lui a imposa des amendes, et les réfugiés en
ment au Clan du Crabe, et toutes les tentatives de récon- quête de nourriture commencèrent à quitter les terres du
ciliation ultérieures échouèrent ou furent sabotées par des Clan du Dragon pour rejoindre celles du Clan du Lion.
forces externes. Lorsque ce dernier accusa le Clan du Dragon d’incom-
En fin de compte, cette guerre coûta beaucoup à pétence, son Champion, Togashi Toshimasa, mena une
l’Empire, puisque la famille Yasuki et le Clan de la Grue attaque contre les terres du Clan du Lion pour saisir de
saisirent une grande partie de la récolte de riz impé- la nourriture. Bien que ses forces aient été réduites par
riale. Cette guerre, qui allait avoir des répercussions à son devoir de protection de l’Empire et par une révolte
long terme, démontra les dangers d’une guerre ouverte. paysanne, le Clan du Lion vainquit facilement l’armée du
En conséquence, Fujiwa décréta qu’aucun clan ne pour- Clan du Dragon, qui n’avait pas l’habitude de se défendre
rait plus entrer en guerre totale contre un autre. Bien sur des terres inconnues. Seule l’intervention du Clan du
qu'elle eût des conséquences sur le long terme, cette Phénix modéra les intentions du Clan du Lion, et les réfu-
guerre n’eut aucun effet à court terme pour l’Empereur : giés du Clan du Dragon furent accueillis sur les terres des
le Gozoku était toujours en place, et il gagna même en Shiba et des Isawa.
pouvoir par la suite, au point que Fujiwa devint un simple
pantin. Les Yasuki font toujours partie du Clan du Crabe
et, de nos jours encore, les Clans du Crabe et de la Grue
Les clans face à la guerre
se détestent. Les clans diffèrent beaucoup en ce qui a trait à leurs
croyances et à leur militarisation. Tous ont des armées
La guerre entre les Clans professionnelles et une hiérarchie, mais chaque clan a sa
propre approche de la stratégie.
du Dragon et du Lion
Bien qu’il n’en soit pas fait mention dans l’histoire impé- Le Clan du Crabe
riale, il suffit d’ analyser les registres des familles au cours
du septième siècle pour constater un déclin de tous les Le Clan du Crabe est extrêmement militarisé, mais il
clans, tant en termes de richesses que de lignées. Il s’agit s’agit là d’une tradition observée par nécessité puisque
des conséquences de la Grande Famine, une décennie de les créatures corrompues de l’Outremonde sont incroya-
disette, de maladies et de guerres ouvertes, provoquée blement dangereuses. Leurs hordes innombrables sont
renforcées par des géants invulnérables et jouissent du
pouvoir insidieux de la Souillure. Les unités militaires du
Clan du Crabe sont petites, parfaitement soudées et para-
noïaques. Les soldats portent des armures forgées dans
de l’acier Kaiu et utilisent des armes lourdes, comme des
ōtsuchi ou des tetsubō en plus des katanas, plus fragiles,
mais traditionnels. Le Clan du Crabe a adapté ses armes
et ses stratégies au combat contre un ennemi inhumain,
ce qui le rend moins efficace face à d’autres samouraïs,
mais ses bushi livrent plus de batailles en une année que la
plupart de leurs pairs en une décennie. Passé maître dans
l’art de livrer ou de soutenir un siège, le Clan du Crabe se
détourne rarement de son devoir à la Muraille pour livrer
des guerres au sein de l’Empire, mais sa force et sa déter-
mination sont terrifiantes lorsque c’est le cas.
CHAPIT R E 1 : L ES F O RTER ES SES DU PO U V O IR
57
C H API T R E 1 : L E S F O RT E R E S SES DU PO U V O IR
En période de crise,
la guerre d’une famille de clan majeur. Bien que certains soient plus
belliqueux que d’autres, rares sont ceux qui peuvent lever
l’Académie Élémentaire
Les shugenja doivent en appeler à l’aide des une grande armée ou rassembler plus de quelques cen-
de la famille Isawa divise
esprits, mais il est souvent difficile de l’obtenir taines d’hommes. Seuls les Clans du Lièvre, du Faucon,
ses shugenja les plus
compétents en unités en temps de guerre. Comme les armées prient de la Libellule et de la Mante entretiennent des armées
spécialisées chacune dans les esprits locaux, celles qui se défendent béné- conséquentes, qui ne sauraient pour autant égaler celles
un élément différent. Bien ficient d’un avantage crucial, car leurs shugenja des clans majeurs, à l’exception de la marine du Clan de la
qu’ils n’aient pas eu à connaissent les kamis régionaux : il est difficile Mante. Les clans mineurs sont protégés par un décret de
appeler de tornades de de convaincre le kami d’un lieu particulier de tuer l’Empereur, distinct des autres édits qui limitent les pou-
feu ou de tsunamis depuis voirs militaires des clans. Il fut promulgué lorsque le Clan
les habitants qui lui présentent régulièrement
des générations, ces shu- du Lion, toujours expansionniste, tenta de s’approprier les
genja et leurs protecteurs
des offrandes et entretiennent ses sanctuaires.
Le sang et la mort qui abondent sur les champs terres du Clan du Renard. Sans cette loi, les clans mineurs
Shiba jouissent d’une
de bataille peuvent aussi attirer l’attention des deviendraient terriblement vulnérables.
force terrifiante.
kansen, des kamis Souillés qui, alors que le car-
nage se poursuit, perturbent les forces élémen-
taires et les tentatives des shugenja. Cependant,
il existe quelques exceptions connues parmi les
fortunes. Hachiman, fortune des combats, ainsi
que les fortunes des sabres et de la bravoure,
sont plus susceptibles de répondre aux armées
d’envahisseurs et d’intervenir en leur faveur pour
leur assurer la victoire.
Au vu de ces limitations, les shugenja ne
peuvent pas être traités comme tous les autres
combattants. Ils se trouvent souvent aux côtés
du commandant et comptent sur leur expertise
pour déterminer comment utiliser les esprits. Un
général qui essaierait de diriger ses shugenja
comme ses bushi découvrira rapidement que
leurs pouvoirs sont limités par la volonté des
esprits et qu’ils sont plus efficaces lorsqu’ils
agissent en toute liberté. Où qu’ils soient pla-
cés, les shugenja sont accompagnés d’un ou
l ie r ji le r ger e en
cas de défaite de toute l’unité.
58
2
CHAPITRE
Les carrefours
commerciaux
La samouraï avance dans les rues bondées, ignorant les cris des marchands heimin vantant leurs produits depuis le pas
de leur porte ou un étal. Son estomac grogne à l’odeur épicée qui s’échappe d’un restaurant de nouilles, mais son pro-
chain repas devra attendre. Elle a des affaires importantes à conclure avant la nuit, ici même, dans le quartier marchand
de Ryokō Owari Toshi. Dame Soleil commence déjà à se cacher derrière la haute tour du grand Temple de Daikoku, et
il lui reste donc environ une heure.
Son pied s’enfonce dans une flaque, ses sourcils
se froncent. Un jeune hinin ployé sous le poids d’un
panier de détritus recule immédiatement pour plon-
ger dans une ruelle. La samouraï l’ignore et poursuit
son chemin.
Dépassant une charrette chargée de riz, elle
débouche dans la rue suivante. L’odeur âcre
et persistante de l’opium lui signale qu’elle
approche de sa destination, l’un des nombreux
bâtiments anonymes de la rue. Se préparant
mentalement, elle s’avance vers la porte
et le heimin agressif qui s’y appuie. Un
badge abîmé est cousu sur son kimono.
Les pompiers sont donc impliqués dans
cette affaire, pense-t-elle, et sa main se
pose sur la garde de son katana.
C H API T R E 2 : L E S C AR R E F O UR S CO MMERCIAU X
Le centre de l’Empire
marchandises sont bon marché ou en grande demande. Ils
subissent le dédain des samouraïs et paient des taxes doua-
nières exorbitantes aux clans qui les laissent traverser leurs
Avant la chute des Kamis et la naissance de l’Empire, la terres, ce qui diminue leur profit. De plus, les lentes cara-
population de ce qui deviendrait Rokugan était majoritai- vanes sont la cible préférée des brigands. Enfin, en temps
rement composée de groupes nomades et de petites com- de guerre, les marchands peuvent découvrir que des routes
munautés agraires. Leurs traces demeurent dans les fonda- sont fermées ou voir leurs biens saisis par une armée de
tions des plus vieilles villes. Les Kamis ont façonné Rokugan passage. Ceux qui opèrent en ville ne sont pas vraiment
à leur image, provoquant une ère de grands changements confrontés à ces déconvenues, puisqu’ils délèguent les
alors qu’ils traversaient les différents territoires et fondaient tâches les plus ingrates aux marchands itinérants.
les villes et métropoles de l’Empire actuel. De nos jours, Les villes sont aussi des centres religieux. La plupart
presque tous les événements politiques, culturels, sociaux abritent de vastes temples et de nombreux sanctuaires de
et économiques importants s’y déroulent. fortunes locales ou vénérées dans tout l’Empire. Souvent,
La plupart des villes sont entourées de grands murs qui un quartier entier est réservé aux temples et propose des
séparent les gens du peuple et les samouraïs des villages jardins où jouir d’un peu de tranquillité et prier les kamis.
hinin adjacents, ainsi que des routes, rizières et champs qui Les moines s’y promènent librement. Les districts reli-
permettent de les alimenter. Les bâtiments sont de bois et gieux sont en général adjacents aux quartiers nobles, qui
de papier dans tout l’Empire. Quand un typhon, un ouragan servent ainsi de zone tampon entre les temples et les sec-
ou un incendie détruit des parties importantes d’une ville, teurs dédiés aux marchands et aux divertissements. Le sym-
elle retrouve ensuite rapidement une configuration similaire, bolisme est évident : les villes sont bâties de manière à ce
mais légèrement différente, de celle qui précédait le drame. que les transactions méprisables à base d’argent restent à
Presque toutes les villes contiennent des remparts plus bonne distance des aspects religieux et spirituels. Pourtant,
petits, parsemés de portes bien gardées, qui séparent un l’argent se rend invariablement jusque dans les temples et
district de l’autre. Les districts marchands et religieux sont sanctuaires, qui peuvent, dans les villes majeures ou presti-
généralement ouverts à tous, sauf aux hinin, qui doivent gieuses, amasser une fortune.
utiliser des chemins cachés pour s’y rendre. Des douves Les jardins d’un quartier religieux font souvent l’ob-
et des fortifications traversent les places fortes, mais leurs jet de compétitions d’aménagement si les moines ne s’en
habitants les contournent facilement. Les villes sont divi- occupent pas eux-mêmes. Toutes les villes, même les plus
sées en quartiers correspondant au rang des samouraïs, et petites, possèdent de grands jardins de roche et des arran-
les soldats, artisans et marchands itinérants vivent à l’écart. gements d’ikebana. Les salons de danse et les théâtres de
Souvent, ces derniers s’installent près de la route poussié- kabuki se trouvent généralement dans les quartiers mar-
reuse, dans des tentes et derrière des bâches pour ne pas chands, mais les moines organisent de magnifiques spec-
salir leur production. tacles pieux dans leurs espaces publics.
Les villes rokugani sont bondées : plusieurs millions Bien évidemment, les villes ne sont pas dénuées d’in-
de personnes vivent dans l’Empire d’Émeraude, majo- convénients. Les maisons de jeux et les bordels qui singent
ritairement dans les villes. Les samouraïs qui traversent les établissements du quartier des Plaisirs pullulent dans les
une ville y verront des paysans, des serviteurs, des arti- zones réservées aux paysans. Les fumeries d’opium sont
sans, des marchands, ainsi que des gardes heimin sous omniprésentes, et de nombreux samouraïs entrent dans ces
la direction de samouraïs mineurs. Le décorum est moins espaces souterrains décorés de gravures représentant de la
respecté dans cet environnement surpeuplé, puisque per- fumée et des dragons pour se perdre durant quelques heures
sonne ne veut créer de problèmes. Les rues sont envahies dans un brouillard de plaisir. Des gangs de roturiers règnent
de samouraïs comme de paysans, mais s’y risquer signifie sur ces quartiers, enrôlant parfois dans leurs manigances des
composer avec la foule et éviter les palanquins de puis- samouraïs assaillis par la honte, mais qui leur sont redevables.
sants nobles ou de riches marchands.
La vie urbaine
De nombreuses villes sont reliées d’une manière ou
d’une autre à la route commerciale nationale orientée
nord-sud, puisque leur but premier est de faciliter le com-
merce. Malgré l’aversion des samouraïs pour les affaires La lumière de Dame Soleil éclaire tout le monde à Roku-
d’argent, ils savent que les marchands sont un mal néces- gan, des hinin au Hantei. Par contre, la vie quotidienne de
saire, car ces derniers se procurent des biens contre des chacun varie grandement en fonction du statut social. Les
koku et échangent des produits et de l’argent avec leurs hinin, les heimin, les moines et les samouraïs mènent des
confrères des autres clans. existences radicalement différentes, qu’ils vivent dans une
Pour cela, les marchands parcourent l’Empire avec des métropole, une ville ou un village. Bien que tous les statuts
documents de voyage en ordre et conduisent des cara- sociaux coexistent au jour le jour dans les centres urbains,
vanes aux couleurs vives entre les différentes régions où les ils ne se mélangent pas, comme l’eau et l’huile.
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CHAPIT R E 2 : L ES C AR R EF O U R S CO MMERCIAU X
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le théâtre
Il y a trois principales catégories de théâtre : le no, des artisans samouraïs ont tenté d’écrire des pièces.
le kabuki et le bunraku (marionnettes). Samouraïs et Le kabuki présente des costumes magnifiques et éla-
paysans apprécient le théâtre, mais ces derniers ne borés, de l’action dramatique (dont des combats
R ETA verront que très rarement une pièce no, tandis que sur scène) et un mélange de récits traditionnels et
les premiers évitent les spectacles de marionnettes. d’intrigues qui imitent ostensiblement des faits réels
Certains samouraïs et Le no, un long poème d’un symbolisme prégnant et actuels. L’improvisation y règne en maître, et le
heimin désignent les
chanté par une poignée d’acteurs accompagnés de succès d’une pièce dépend du talent des acteurs :
hinin sous l’appella-
musique, est la plus ancienne et la plus respectée des l’écrivain ne peut donc pas vraiment s’en attribuer
tion « eta ». Ce terme
provient du Japon formes de théâtre. Les acteurs stylisent leurs mou- le mérite.
féodal, où il décrivait vements et portent des masques minimalistes pour Le bunraku est un spectacle de marionnettes. Un
les burakumin. Il transmettre leurs émotions et représenter certains chanteur raconte l’histoire pendant que le marion-
représente une insulte personnages. Les pièces relatent généralement des nettiste, caché derrière un écran, manipule des
dans le Japon moderne, événements tragiques de l’histoire ou des légendes, marionnettes complexes et finement ouvragées.
et rares sont donc ceux et des kyōgen, des saynètes comiques basées sur des Leur souplesse et leur petite taille leur permettent
qui l’emploient. Bien gaffes, sont jouées aux entractes pour alléger l’at- de prendre des positions impossibles pour des
que Rokugan soit un humains. De plus, des mécanismes permettent de
mosphère. Le no est un art majeur, et plusieurs clans
monde fantastique,
possèdent des écoles enseignant leurs propres tradi- rapidement changer les décors, et des petits engins
les joueurs doivent
prendre en compte cet tions. Les représentations d’une journée entière sont pyrotechniques peuvent décapiter des marionnettes
héritage historique. monnaie courante durant les festivals saisonniers ou pour choquer le public. Les êtres surnaturels sont
les mois où se tient la cour. faciles à représenter, et les dragons y seront bien
Chaque groupe doit e a i i de gen e l r en e l plus imposants que les frêles humains. Le théâtre de
décider d’accepter ou marionnettes est considéré comme la moins intel-
tape-à-l’œil que le no (et plus populaire auprès de
non le terme « eta ».
la classe moyenne). Malgré cela, de nombreux sei- lectuelle des formes de théâtre, mais il demeure
Comme toujours, il
est important de se gneurs samouraïs financent des troupes de kabuki, et très populaire.
montrer respectueux
et de s’assurer que tout
le monde soit à l’aise.
Bien que L5A puise dans Néanmoins, les villages hinin sont bien entretenus. L’ab- peuvent donc parler à un samouraï et sont traitées avec
l’histoire et les mythes, sence de pureté des hinin est sociétale et spirituelle, non un certain respect.
cela ne signifie pas physique. Les maisons, assez grandes, abritent une seule Quand ils ne sont pas retenus ailleurs pour leur tra-
pour autant que tous pièce, dont le sol est constitué de terre battue et les murs de vail, les hinin restent dans leur communauté, où leur vie
les aspects doivent être bois bon marché. Bien qu’ils accomplissent les tâches érein- n’est pas si différente de celle des heimin. Les ragots s’y
intégrés aveuglément.
tantes que tout Rokugani refuserait et qu’ils vivent dans la répandent comme une traînée de poudre et, une fois
peur, ils connaissent des moments de joie. Ils tannent le cuir, leurs obligations remplies, ils jouent, conversent, mangent
préparent les morts, nettoient les champs de bataille et exé- (parfois même de la viande, lors d’occasions spéciales)
cutent de nombreuses autres tâches détestables, qui néces- et vivent leur vie loin des contraintes du bushido. Les
sitent presque toutes de toucher des chairs mortes, mais mariages sont des engagements civils sans la présence
ils passent aussi du temps en famille. Certains s’occupent d’un prêtre, mais la communauté les reconnaît, et les hinin
de leur jardin, d’autres préfèrent les passe-temps simples prient leurs ancêtres morts aux sanctuaires.
comme boire, chanter ou jouer aux dés.
La vie de hinin demeure difficile et peut s’achever sur le
caprice d’un samouraï. Certains clans guerriers, comme le
les heimin
Clan du Lion, considèrent qu’une arme n’est prête qu’une Aussi appelés bonge, ils forment la classe sociale entre
fois qu’elle a servi à tuer un être vivant, et les burakumin les hinin et les samouraïs. En ville, ils représentent les ser-
conviennent parfaitement. Les hinin trouvent une forme de viteurs, artisans, ouvriers, marchands et autres paysans
sécurité dans leurs villages, puisque toutes les autres castes qui accomplissent au quotidien les tâches ménagères
évitent de s’y rendre, sauf circonstance exceptionnelle. des samouraïs, créent la richesse qui se retrouve dans
Les gens du spectacle et les criminels sont aussi des les coffres des seigneurs et, de plus en plus, se livrent au
hinin, bien que les geishas de cette caste soient traitées commerce et échangent des bu. Les préceptes du bushi-
différemment. Puisque les samouraïs doivent demeurer do requièrent que les gens du peuple soient traités avec
irréprochables en public, ils ne peuvent se détendre que courtoisie et compassion par leurs supérieurs malgré la
devant une personne qui ne fait pas partie de la socié- soumission totale inhérente à leur position. Cet idéal est
té. Les geishas leur offrent cette échappatoire : elles rarement respecté.
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CHAPIT R E 2 : L ES C AR R EF O U R S CO MMERCIAU X
Les marchands et autres roturiers riches vivent dans exagéré de croire que les heimin peuvent être exécutés au
des maisons similaires à celles des samouraïs. Les autres moindre mot de travers, mais leurs conditions de vie sont
heimin possèdent leur propre demeure, propre et élé- extrêmement difficiles. Les serviteurs croisent les samou-
gante aux yeux de tous, sauf des nobles de l’Empire. Pour raïs dans les rues, mais ils évitent ces derniers avec le plus
certains bonge assez riches pour vivre dans les districts grand soin. Dans certaines villes prestigieuses, ils attendent
marchands, leur maison sert de boutique. Dans les villes dans des salles à l’écart d’être convoqués et empruntent
modernes, elle est souvent étroite et profonde, puisque des ruelles pour contourner les routes principales, réser-
l’espace qui donne sur la rue est en grande demande. Les vées aux samouraïs. Par contre, leur argent, quand ils en
maisons des heimin ressemblent plus à celles des samou- ont, est toujours accepté. Lors de leurs rares congés et
raïs qu’à celles des hinin, avec leurs alcôves décoratives, moments libres, ils peuvent s’acheter des ravioles ou assis-
les bureaux intégrés (chez les marchands lettrés), les tata- ter à une pièce kabuki, mais aussi jardiner, prier, voire lire,
i a l le re li an e e le annea h ji s’ils font partie des rares paysans lettrés.
Si les nobles bénéficient d’un salon où accueillir leurs vas- Les marchands s’en sortent mieux que les autres hei-
saux, les bonge utilisent plutôt cet espace pour y recevoir min. Ils se lèvent tôt pour préparer leur magasin ou faire
des invités ou gérer leurs affaires. transiter leurs marchandises vers le quartier commercial,
Des paysans aux samouraïs, tous portent une sorte loin de celui des nobles. Ils emploient des serviteurs pour
de kimono, une tunique à manches longues retenue par transporter leurs produits ou s’en chargent eux-mêmes
une ceinture, l’obi, mais ceux des premiers sont simples grâce à des animaux de trait, souvent des bœufs. S’ils ne
et en coton, parfois en soie au plus fort de l’été. Les hei- souhaitent pas se déplacer à pied, les marchands riches
min rangent des petites bourses et objets sous l’obi ou peuvent même engager des serviteurs additionnels pour
les y suspendent, tandis que les nobles portent wakizashi les porter dans un palanquin appelé un kago. Bien que
et katana passés dans la ceinture, le tranchant des lames les marchands soient eux aussi limités dans leurs inte-
tourné vers le ciel. Les paysannes essaient d’avoir au ractions avec les samouraïs, nombreux sont ceux qui
moins un kimono aux couleurs vives pour les festivals et s’enrichissent, plus que certains jizamurai et seigneurs
autres célébrations, mais elles arborent au quotidien un indigents. Ils décorent alors souvent leur maison d’art pré-
kimono simple et pratique, accompagné d’une jupe plus tentieux et affichent une richesse inconvenante pour leur
courte pour travailler et marcher plus facilement. Les pay- statut, ce qui attire le courroux de la plupart des nobles. Ils
sans revêtent un kimono similaire, des culottes en coton mangent fréquemment du riz et de la viande, et leur fier-
serrées s’arrêtant aux genoux et un haori, un manteau en té ne tolère aucune critique, pas même des samouraïs, et
coton. De nombreux heimin, surtout s’ils travaillent dans encore moins des paysans moins prospères.
les champs, portent des chapeaux coniques en paille pour
se protéger du soleil.
Les bonge disposent de peu de repos, quelle que
les samouraïs
soit leur activité. Ceux qui entretiennent un domaine ou Pour les samouraïs urbains, le quotidien suit un rythme
servent de domestiques doivent se lever avant les samou- immuable, sauf en hiver, quand les nobles et courtisans
raïs et ne peuvent se coucher qu’après leur maître. Ceux suffisamment importants rejoignent la cour d’hiver impé-
qui travaillent dans un magasin ou comme vendeurs de rue riale. Tous travaillent à la cour du gouverneur, et leur
jouissent d’un peu plus de liberté, mais, s’ils sont absents devoir envers leur clan leur impose d’assister aux ren-
à l’arrivée d’un noble (ou, plus probablement, de son ser- contres commerciales ou martiales, ou de protéger ceux
viteur) ils encourent de sévères sanctions. Les familles qui s’y rendent. Le seul lien qu’entretient une cour de ville
bonge vivent sous le même toit, et bien que les enfants avec le commerce est établi par des samouraïs faisant
puissent jouer, ils doivent aussi travailler. Si les heimin office de mécènes pour des marchands. Cependant, les
ruraux ne bénéficient d’aucune éducation outre les rares villes abritent un grand nombre de nobles, accompagnés
leçons religieuses d’un prêtre, ceux qui vivent en milieu de leurs serviteurs : leurs cours attirent donc aussi des gens
urbain profitent de choix plus nombreux. Certaines métro- plus puissants qui ne possèdent pas encore de maison ou
poles et villes abritent des académies privées financées de terres. Les samouraïs urbains, ambitieux et talentueux,
par un samouraï généreux ou des écoles ecclésiastiques se concentrent avant tout sur leurs propres objectifs tout
dirigées par la confrérie de Shinsei. Ces écoles enseignent en étant bien trop conscients du plafond de verre qui les
la lecture, l’écriture, les mathématiques, la théologie et la empêchera de les accomplir s’ils ne réussissent pas un
philosophie aux familles heimin suffisamment riches pour coup d’éclat au nom de leur clan. Si le but premier des
payer les frais de scolarité. villes est d’assurer le commerce, elles regorgent néan-
Bien que ceux qui vivent dans des villages pro- moins d’intrigues.
fitent d’une vie relativement exempte de responsabili- La demeure typique d’un noble est séparée du reste de
tés sociales, sauf quand des samouraïs itinérants se pré- la ville par un mur d’enceinte, percé d’un portail et d’une
sentent, les bonge urbains subissent la pression constante entrée de service face à la route. À l’intérieur, une cour
de devoir se conformer aux attentes des nobles. Il est ou un jardin entoure une maison aux fondations en pierre,
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les villes en
une large rivière, une forêt dense ou de hautes montagnes
qui limitent les voies d’approche peuvent constituer des
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A
G
R
RN R
otosan uchi balaient la côte pour creuser des tunnels naturels sous
la ville. Au cours des siècles, ils ont été utilisés en secret
R Otosan Uchi, la plus vieille ville de Rokugan (même si cer- par des criminels, des contrebandiers, des samouraïs des
taines colonies des Isawa datent d’avant l’Empire) illustre Clans de la Mante, du Scorpion et de la Tortue, voire par
Chaque gouverneur de parfaitement comment une simple ville fortifiée a grandi les Hantei. Les sous-sols comprennent actuellement de
district de l’Ekohikei au fil du temps : ce modeste village, situé non loin de l’en- nombreuses salles creusées par les humains, récemment
occupe un rôle précis au ou non, et même un lac souterrain doté d’une île, qui sert
droit où les Kamis sont tombés, est devenu la ville la plus
sein du Conseil Sentaku, de terrain d’échanges entre groupes de criminels.
a e e e l e de gan an le ai ari
et chacun de ces postes
revient généralement à un Toshi couvre une plus grande superficie et pourrait accueil-
clan prédéterminé. lir plus de résidents, mais il serait irrespectueux de le dire
à voix haute.
District Kanjo (Clans du Otosan Uchi est divisée en trois districts : le Toshiso-
Phénix, du Scorpion et du
Lion) : la religion et les
to, les quartiers extérieurs ; l’Ekohikei, les quartiers inté- les rumeurs et
cérémonies
rieurs (y compris le mont Seppun) et la cité interdite, un
complexe fortifié qui comprend le palais impérial ainsi que les légendes
District Chisei (Clans de
la Grue, du Dragon et
les bâtiments adjacents. Les quartiers intérieurs, protégés
par les légendaires Murs Enchantés, ont été construits au
d’otosan uchi
mineurs) : la loi et les premier siècle par les clans majeurs assemblés, ce qui leur
relations entre les clans
confère une disposition plus organisée et traditionaliste. $ Le Conseil Sentaku accueille un grand
District Hito (Clans de la Au fil des siècles suivants, les quartiers extérieurs se sont nombre de dirigeants de syndicats crimi-
Licorne et du Lion) : la développés au gré des besoins. Même si une enceinte nels, qui œuvrent tous pour un clan majeur
défense et la logistique externe a été débutée, elle n’a jamais été finalisée et la ou pour un courtisan.
ville s’est étendue au-delà de cette dernière. Elle est main- Aux cascades de la Peine, une jeune
District Karada (Clans du $
Crabe et de la Grue) : les tenant abîmée au point qu’elle menace de s’écrouler à samouraï Ikoma se serait suicidée pour
politiques commerciales plusieurs endroits, affaiblie par les tremblements de terre protéger de noirs secrets de la lignée des
et la trésorerie qui secouent parfois la ville. Hantei. Certains affirment que son fan-
La division physique entre les districts de la ville encou- tôme hante encore les lieux, tandis que
rage la scission sociale et culturelle. Les quartiers exté- d’autres croient qu’elle avait sur elle des
rieurs, qui accueillent tout le monde, sauf les burakumin, documents mentionnant les secrets hon-
abritent une population mixte de gens du peuple et de teux qu’elle a gardés (son corps n’a jamais
samouraïs mineurs (ainsi qu’un grand nombre de crimi- été retrouvé).
nels), tandis que les quartiers intérieurs sont réservés aux
samouraïs de haut rang et à leurs serviteurs. Ces quartiers $ Dans le district Karada de l’Ekohikei se
accueillent aussi les ambassades des clans majeurs, toutes trouve une maison de thé appelée Le
magnifiques, et d’autres bâtiments célèbres comme le champ des gains substantiels. C’est un
Musée impérial des antiquités, le Temple des Kamis et les bâtiment modeste et bondé qui sert un
Jardins aquatiques de Hito. Le mont Seppun, le lieu le plus thé unique, voire légendaire, confection-
vénéré de l’Ekohikei, demeure sacré et virginal. C’est le né à base d’une plante qui ne pousse que
lieu où Seppun, une femme sage de sa tribu, rencontra les dans le jardin adjacent. Nul doute que de
huit Kamis qui venaient de tomber du royaume Céleste. nombreuses personnes aimeraient mettre
L’architecture des quartiers internes est très traditio- la main sur cette plante.
naliste et classique, même pour Rokugan, ce qui n’est $ Le Musée impérial des antiquités expose
pas surprenant puisqu’ils se dressent à l’ombre du palais le cadavre séché (ou pétrifié) d’une créa-
impérial, qui est considéré comme parfait. Bâti pour le pre- ture mystérieuse, supposément apportée
mier Hantei, il n’est égalé par aucune autre structure, que par le fondateur du musée, Kuni Hazu.
ce soit en hauteur ou en splendeur (pour en savoir plus,
$ Un passage conduit de l’intérieur du palais
consultez e is i ri , en page 45).
impérial jusqu’à la baie du Soleil couchant,
mais une protection surnaturelle empêche
Les tunnels tous ceux qui n’appartiennent pas à la
lignée des Hantei de l’emprunter sans
Otosan Uchi est souvent frappée par des séismes assez
se perdre.
mineurs, puisque les kamis de la terre ne se sont toujours
pas remis de la chute des Kamis. Ces facteurs se sont ajou-
tés à l’œuvre de l’océan et des typhons occasionnels qui
72
Les gouverneurs
et le Sentaku
Otosan Uchi est divisée en plusieurs districts, tous dirigés
par un gouverneur. Si les districts des quartiers extérieurs
adoptent le nom de leur gouverneur actuel, les quatre dis-
tricts intérieurs ont eux un nom immuable. Les gouver-
ne r i alen le dai de r in e en er e d’a -
rité et de prestige, et une telle nomination est donc source
la porte
d’une grande fierté. Ils répondent au Conseil Sentaku, un
département de la bureaucratie impériale.
Le Conseil a été créé au cinquième siècle par la famille
Otomo et remplit de nombreuses fonctions, dont la plus
méridionale
importante est de contrôler l’accès aux quartiers intérieurs
La principale porte d’accès vers la cité interdite
et à la cité interdite, notamment pour que la cour impé-
se situe à la jonction des murs sud et est pour
riale ne soit pas prise d’assaut par des plaignants ou des
permettre l’entrée depuis les districts Chisei et
visiteurs. Dans ses domaines de compétences, le Conseil
Kanjo. Une arche massive en cristal sacré la sur-
Sentaku fait loi et seuls le Champion d’Émeraude ou l’Em-
plombe. La légende veut qu’elle brille d’une
pereur peuvent infirmer ses décisions.
lumière sainte en présence de la Souillure de
l’Outremonde. (Nul ne sait si c’est vrai : après le
Les Murs Enchantés premier siècle, l’histoire ne fait aucune mention
(Miwaku Kabe) d’une telle manifestation.)
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Le quartier des Plaisirs
Densément peuplée, l’île aux Larmes, qui émerge au tenu par des gaijin, sont ouverts aux samouraïs qui
milieu d’une petite baie, accueille les établissements de peuvent payer et désirent échapper à leurs devoirs pen-
divertissement d’une ville plutôt libertine. Le quartier est dant quelques heures. Mais ce n’est qu’un exemple de ce
ouvert à tous les nobles qui le souhaitent, dissimulés sous e ari e rir i e e h r de l’ le
leurs tengai, tant qu’ils laissent leurs armes sur le quai, le vice et l’opium règnent en maîtres. Des lanternes rouges
soi-disant pour les faire polir. Les innombrables maisons éclairent l’île et la baie entière, et donnent aux lieux une
de geishas, fumeries d’opium, maisons de saké et autres teinte irréelle qui apaise l’esprit des samouraïs et leur per-
établissements du même genre, dont l’un est illégalement met, sans honte, de ne plus policer leur expression.
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AVANTAGES DÉSAVANTAGES
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60 STATUT 2 ATTENTION
8 adeptes du Kolat surveillent de près tous les samouraïs qui
entrent en ville et leur posent des questions anodines pour
jauger leur foi et leur loyauté envers l’Empereur, ainsi que
+2, –2
ATTITUDE : SÛR DE SOI
VIGILANCE
3 leur utilité potentielle.
Tout comme l’Empire, le Kolat est le résultat de la
ARTISANAL 0 MARTIAL 5 SAVANT 1 SOCIAL 2 PRO. 2 chute des Kamis à Rokugan. Si d’autres se sont pliés à la
volonté du royaume Céleste, le Kolat refuse de se laisser
AVANTAGES DÉSAVANTAGES gouverner par les enfants des dieux. Le but du Kolat est
G errier es ste es tie e de renverser la dynastie Hantei pour que l’humanité se
martial ; physique social ; mental dirige seule, libre des restrictions et des lignées de diri-
geants fondées par les Kamis. À cette fin, il a très tôt éri-
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS gé un réseau d’espions, de cellules secrètes et d’assassins
impitoyables, et ses communications sont toutes codées.
i eterre : portée 1 ; dégâts 4 ; Dangerosité 5 ; Acé-
Parmi les armes les plus terribles du Kolat figurent des
ré, Solide
agents dormants qui opèrent sous une fausse identité
Ar e erie i : portée 2-4 ; dégâts 4 ; Dange- pendant des années, voire des décennies, colligeant des
rosité 5 ; Militaire informations et attendant que vienne l’heure d’accomplir
des actes plus drastiques. Ces espions ont été entraînés
i e e t rt ) : armure lamellaire (Résistance phy- pour résister à la torture. Le village de la Corne écarlate,
sique 4 ; Militaire)
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CHAPIT R E 2 : L ES C AR R EF O U R S CO MMERCIAU X
30 STATUT 2 ATTENTION
6 ses samouraïs, pour voir si certains pourraient
être sensibles à leur cause. En provoquant la
r a i n de d g d dai r e e e e
+2, –2
ATTITUDE : INTIMIDANT
VIGILANCE
3 secrète », le PJ pourrait avoir permis d’identifier
une demi-douzaine de samouraïs prêts à être
ARTISANAL 3 MARTIAL 3 SAVANT 2 SOCIAL 4 PRO. 4 recrutés.
CAPACITÉS
N N N R AN
Lorsque Chinoko effectue un test de compétence sociale,
elle peut dépenser comme suit :
e Air : l’une des cibles qui peut l’entendre subit
l’état Désorienté jusqu’à la fin du round suivant, plus un
round supplémentaire pour chaque dépensé de cette
façon en plus du premier.
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Les ports La plupart des ports dépendent d’une ville, dont ils
peuvent être le cœur ou un simple district parmi d’autres,
Synonymes de sécurité, les ports sont des zones proté- mais ils représentent toujours un atout économique. Ils
gées aux eaux calmes où les bateaux peuvent accoster. emploient des paysans qui travaillent sur les quais ou dans
Les marchandises et passagers peuvent y être débarqués les entrepôts à l’entretien des navires ou à la manutention
sans craindre une mer houleuse ou une attaque de pirates. des marchandises. Ils peuvent aussi fournir des services de
Les ports sont divisés en deux catégories, maritimes ou flu- divertissement ou d’hôtellerie pour les équipages.
viaux, et sont destinés à la pêche, à la défense, aux chan-
tiers navals, au commerce ou à toutes ces activités à la fois. l’aménagement
Quel que soit leur premier rôle, les ports permettent
aussi de faciliter le commerce. La plupart des villages et des ports
des villes mourraient de faim en une génération sans le La géographie, les conditions de navigation, la fonction
réseau de ports grâce auquel ils s’approvisionnent en et la capacité d’accueil recherchée déterminent l’agence-
ien di er e dai l a n en de g er- ment du port. Ce dernier peut se développer dans des cri-
neurs et des magistrats qui supervisent le commerce, ins- ques naturelles ou, si les lieux ne s’y prêtent pas, dans des
pectent les marchandises, perçoivent les taxes douanières bassins artificiels. Quoi qu'il en soit, le but est de préserver
et délivrent les permis nécessaires. Bien que de nombreux les vaisseaux des tempêtes, des courants et des vagues.
fonctionnaires mineurs acceptent des pots-de-vin pour Des digues sont souvent ajoutées aux protections natu-
détourner le regard, les magistrats ne sont pas aussi faciles relles : ces barrières de bois ou de pierre sortent de l’eau
à acheter (et coûtent plus cher). pour empêcher l’assaut constant des vagues d’abîmer les
navires ou d’éroder les quais. Certains ports vont plus loin
encore et construisent des murs de protection censés arrê-
ter les tsunamis et les tempêtes.
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Les ports commerciaux
L’immense majorité des ports de Rokugan a été
construite uniquement pour le commerce ou
pour faciliter ce dernier, en plus de leurs autres
fonctions. Ils emploient des hordes de débardeurs
qui transportent les marchandises et abritent de nom-
breuses guildes qui proposent les autres services néces-
saires. Les magistrats des douanes bénéficient souvent
d'une petite maison sur chaque quai, pour que les inspec-
Les résidents
tions et les évaluations de taxes douanières ne retardent Les villes portuaires figurent souvent parmi les plus hétéro-
pas indûment le processus. Les ports offrent générale- clites de Rokugan. Elles accueillent des visiteurs des autres
ment de meilleurs prix et un plus grand choix que les com- clans et même, rarement, des gaijin. La plupart permettent
merces des terres, qui doivent d’abord être approvision-
aussi un plus grand nombre de pratiques religieuses que des
nés. L’abondance de marchandises et d’argent qui change
villes de même taille situées à l’intérieur des terres. Contrai-
de mains attire invariablement les pirates et les bandits.
rement aux petits villages où tout le monde se connaît, les
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Des bandits honorables Le quai, long de sept cent cinquante mètres, présente
une demi-douzaine de styles architecturaux de hauteurs et
La plupart des habitants de Gotei sont honorables, même matériaux diversifiés. Des jetées ont été construites pour
s’ils ne respectent pas les bonnes manières. Le code des accroître la capacité d’accueil, toutes différentes les unes
marins ne suit pas toujours le bushido, mais tous obéissent des autres. Aucun maître de port n’a été nommé, per-
à cette version difforme de ses préceptes, même si de sonne ne dirige les bateaux vers les espaces disponibles,
nombreux citoyens considèrent que la distinction entre ni ne s’occupe de l’évaluation des marchandises pour le
un marchand et un pirate est plutôt vague. Malgré tout,
paiement des taxes douanières. Les gros commerçants
Yoritomo et ses ancêtres jugent que le droit à un port
paient un tribut à Yoritomo, mais les plus petits font ce
sûr est absolu. Les infractions graves et les meurtres sont
qu’ils veulent et ne paient que s’ils ont besoin d’un service
punis de manière extrêmement sévère et sont assez rares
ou d’une audience avec le Champion.
en ville, mais aucune loi ne régit ce qui se passe en mer.
84
les racontars
de bar
$ J’ai vu la capitaine Fumiko avec une carte
des passages secrets qui relient la biblio-
thèque de Kanidoko Itte au Coffre céleste.
Je pense qu’il va y avoir un vol !
$ Avez-vous vu les navires des royaumes
d’Ivoire quitter massivement le port ? J’ai
entendu dire qu’ils étaient venus payer leur
dette à Yoritomo, mais que l’un des bateaux
La brasserie Sen’in (Au Marin endormi) avait disparu la nuit dernière. Apparem-
ment, tous les capitaines de Gotei veulent
Cette brasserie est très connue à Gotei. Les marins s’y pré-
tenter de le retrouver en premier !
cipitent pour fêter un voyage réussi, et remplissent la salle
principale à toute heure. Cette dernière accueille parfois cinq $ D’ambitieux jeunes magistrats d’Émeraude
ou six équipages qui boivent du saké ou de l’arak, bien plus posent beaucoup de questions. Ils essaient
fort, une liqueur de dattes mélangée à du thé ou à du miel de respecter l’édit impérial qui interdit aux
et de l’eau chaude. À l’étage, les marins s’allongent, comme gaijin de se trouver sur le territoire et de
dans une fumerie d’opium, pour écouter une musique tran- faire fermer tous les commerces et lieux de
ille e ire de l’ara n d ri l al d h hū ae culte étrangers.
de dattes. La combinaison du calme des lieux et des alcools
forts pousse souvent les clients à s’endormir.
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+2, –2
ATTITUDE : RUSÉ
VIGILANCE
4 Jusqu’au milieu du deuxième siècle, des lois et des châ-
timents arbitraires et injustes étaient en vigueur. De nom-
ARTISANAL 3 MARTIAL 2 SAVANT 4 SOCIAL 4 PRO. 1 breux conflits entre samouraïs étaient résolus par un duel
de iaijutsu, une tradition qui existe encore à ce jour, mais
AVANTAGES DÉSAVANTAGES régler tous les problèmes à l’épée n’était pas efficace. Le
Champion d’Émeraude Doji Hatsuo finit par réaliser que
i e e i r
les lois étaient appliquées de manière désordonnée, et
social ; relations social ; relations
il confia au célèbre juge Soshi Saibankan la tâche d’éta-
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS blir un système judiciaire équitable et reproductible à
travers tout l’Empire. En analysant l’ancien système, ils
i s i : portée 0-1 ; dégâts 4 ; Dangerosité 5/7 ; Acé- conclurent qu’il leur fallait nommer des responsables de
ré, Cérémoniel, Discret l’application juste et impartiale de la loi : les magistrats
i e e t rt ) : hakama de courtisan (Résistance d’Émeraude. Ces derniers, choisis dans les rangs des
physique 1 ; Cérémoniel, Magnifique), tampon personnel, samouraïs, se trouvent en première ligne du système. Ils
sceau impérial appliquent la loi impériale, enquêtent sur les délits et,
dans certains cas, prononcent le verdict et voient à l’exé-
CAPACITÉS cution de la sentence.
A R RA
Une fois par scène, lorsqu’il effectue un test, Miya Tetsua
peut considérer que ses rangs de compétence sont égaux
à sa valeur de rang de Statut.
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les adjoints des $ Des hinin, qui effectuent les tâches spécifiques
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Dans le cas d’un délit commis par un samouraï à l’en- Les gens du peuple condamnés pour des délits graves
contre d’un roturier, même s’il s’agit d’une infraction grave, encourent la peine de mort. Cependant, d’autres sanc-
le magistrat peut ne pas enquêter, ou n’enquêter que tions existent, comme d’être emprisonné ou fouetté en
partiellement, et prononcer un jugement rapide. La sen- public, ou de perdre une main après un vol. En effet, la
tence sera sûrement d’offrir une compensation symbolique sanction correspond parfois à la nature du crime commis.
au noble dont le heimin est un vassal. Cependant, il arrive
que des samouraïs apprécient particulièrement certains de
leurs vassaux. Par exemple, si le roturier en question est un
Les délits majeurs
artisan, un ouvrier spécialisé ou un marchand de talent et Pour les samouraïs, les délits majeurs concernent les crimes
que son seigneur est influent, l’affaire sera analysée avec commis contre l’Empereur et sa famille, les représentants
plus de sérieux. Cependant, cela demeurera sûrement une majeurs de l’Empire (comme le Champion d’Émeraude, le
offense mineure. n eiller i rial le ha i n dai de lan
aje r ) en re le dai de la a ille i riale e
Les délits graves des clans mineurs. Ils comprennent également la trahison
de l’Empire ; les offenses qui ont des retombées natio-
Les délits graves commis par des samouraïs sont ceux qui nales, comme l’implication dans une organisation crimi-
n’entrent pas dans la catégorie des délits majeurs, mais nelle tentaculaire, l’utilisation d’une magie illégale ou l’ap-
qui méritent une sanction significative. En général, ce sont partenance à un culte blasphématoire et, enfin, le fait de
des délits commis contre des gens d’un statut supérieur ou provoquer intentionnellement un incendie, vu les risques
égal au leur (les offenses qui touchent des nobles d’un sta- liés au feu.
tut inférieur ou des gens du peuple sont considérées, au La sanction pour de tels actes est presque toujours la
mieux, comme des délits mineurs). Ce sont les meurtres, mort. Le mode d’exécution dépend du crime commis et
les agressions suivies de blessures graves, les vols ou la du statut du samouraï coupable. Ceux qui ont été jusque-
contrebande d’objets de valeur, la destruction de la pro- là irréprochables peuvent se voir condamnés à une mort
priété d’autrui, les tentatives d’échapper à la justice. Tuer rapide par décapitation. Un juge bienveillant peut même
quelqu’un lors d’un duel autorisé ou un ennemi en temps autoriser l’accusé à commettre seppuku, un suicide rituel
de guerre n’est pas un délit, mais assassiner un samouraï qui blanchit son honneur et celui de sa famille avant d’ar-
au cours d’un duel illégal ou d’un combat au premier sang river au Meido, le royaume de l’attente, où son jugement
peut être considéré comme un meurtre. final sera prononcé. Cependant, si le crime est particuliè-
Les nobles jugés coupables de tels délits peuvent être rement ignominieux ou s’il a été perpétré par un samouraï
condamnés à mort mais, dans un tel cas, ils se voient géné- jugé immoral ou sans honneur, une mort lente et doulou-
ralement accorder le droit de commettre seppuku. Être reuse peut être décrétée. Dans ce cas, elle inclut souvent
exilé et devenir ronin serait extrêmement inhabituel. Les des actes de torture, comme plonger le coupable dans de
sanctions les plus probables sont l’emprisonnement, une l’eau bouillante ou le brûler vif.
forte amende, un remboursement de la partie lésée ou S’il n’est pas condamné à mort, un samouraï ayant
une réprimande publique. Dans ce dernier cas, le samou- commis un délit majeur peut être rejeté par son clan et sa
raï doit se présenter dans un lieu public, déclarer son crime famille, et rejoindre les rangs des ronin. Pour la plupart des
et s’excuser auprès de tous ceux qui auraient pu être bles- samouraïs, ce sort est pire que la mort : perdre son clan et
sés par son attitude. Dans une société où l’honneur et la sa famille signifie perdre son identité, chuter dans l’Ordre
réputation sont primordiaux, la réprimande publique est céleste et être condamné à mener une existence misé-
une sanction terrible. reuse en marge de la société, proscrit par tous les samou-
raïs honorables de l’Empire.
Les gens du peuple déclarés coupables de délit majeur
sont tous condamnés à mort. Là encore, la forme d’exécu-
tion varie, mais est généralement rapide, par pendaison
ou décapitation. Les petites gens ne méritent pas que du
temps soit perdu lors de leur exécution.
95
3
CHAPITRE
Le fermier plante dans la rizière inondée un autre
grain de riz, décortiqué de la récolte de l’an der-
nier et récemment germé dans l’eau. Ensuite, il
se redresse et s’étire en grognant de douleur. Le
panier d’osier sur son épaule est presque vide de
graines, mais la charrette, sur la digue à proximi-
té, en contient d’autres : il lui en reste un grand
nombre à semer avant l’heure du Coq.
Protégeant ses yeux du soleil, il regarde
autour de lui. Sa femme et leurs enfants, ain-
Le cœur
si que son beau-frère et les siens, se penchent
et se relèvent, plantant méthodiquement des
grains dans l’eau trouble qui couvre leurs pieds.
Au village, deux rizières plus loin, des silhouettes
distantes marchent pesamment dans le regrou-
de
pement de huttes et de bâtiments, en appor-
tant toujours plus de graines vers les champs.
D’autres personnes portent des vêtements au
ruisseau pour les laver, s’assoient et réparent des
tenues, ou s’occupent des feux pour la prépara-
l’Empire
tion des repas. Le fermier se permet un sourire.
Tant que la météo reste tempérée, que la rouille
ne prend pas et que les fortunes sont satisfaites,
la récolte sera bonne cette année.
Sur la route, un groupe attire son attention :
des cavaliers aux couleurs du seigneur du village
qui avancent au petit galop. Ce sont les magis-
trats, probablement en avance pour demander
au chef du village qu’il estime la récolte de riz
et lui indiquer quelle portion ils prélèveront à
titre de taxes. Le sourire du fermier disparaît,
et il marmonne une prière à Inari, la fortune
du riz, pour garantir une bonne moisson.
CHAPIT R E 3 : L E CŒU R DE L’EMPIR E
La fondation d’une
secs pour permettre une agriculture productive. Pour
autant, ces terres ne sont pas inutiles. Par exemple, les
forêts fournissent du bois d’œuvre et une grande varié-
les fermes et
fait pas exception. Les Kamis le savaient, et bien que cha-
cun ait transmis une leçon différente à ses adeptes après
avoir chuté du royaume Céleste, tous ont insisté sur l’im-
portance de l’artisanat et de l’agriculture. Les avancées de
les villages
celle-ci ont alimenté l’empire naissant. La population s’est Au dernier échelon de la délégation des terres se trouvent
multipliée, et les Kamis ont conduit leurs disciples dans de les fermes, pierres angulaires de l’économie de Rokugan.
grandes villes, qui sont devenues des métropoles, nour- Omniprésentes dans l’Empire, elles sont indispensables
ries par les infrastructures qui les entouraient. L’Empire que pour nourrir ses habitants, samouraïs comme roturiers. La
l’on connaît est né de ces humbles débuts. nourriture est récoltée, puis transportée vers les villages
et enfin vers les villes. En échange, ceux-ci fournissent les
la terre autres biens et services utiles, tels que les produits finis ou
les forces militaires déployées pour défendre les petites
Peu après sa victoire au tournoi et son sacre en tant que agglomérations et les zones rurales éloignées. Ce cycle
premier Empereur, le Kami Hantei promulgua des lois fon- continu (de la ferme au village, du village à la ville, de la
damentales. L’une des premières, et des plus importantes, ville à la métropole, et inversement) est la fondation de
stipule que toutes les terres et toutes les ressources de l’économie de l’Empire.
l’Empire appartiennent à Hantei, le gardien choisi par le Quand elles le peuvent, les fermes se rassemblent
royaume Céleste. Cette règle demeure la pierre angulaire
dans les zones fertiles pour bénéficier d’une sécurité dans
du système, et explique la structure fondamentale de la
le nombre et permettre aux familles paysannes de gagner
gouvernance de Rokugan.
en efficacité en partageant la main-d’œuvre et les res-
Il est évidemment impossible pour une personne
sources. Depuis fort longtemps, plusieurs de ces regrou-
seule, même pour un empereur, de s’occuper directe-
pements fabriquent sur place les outils et bâtiments grâce
ment de tout le territoire. Un système a ainsi été déve-
auxquels ils augmentent la production ou transforment,
loppé : Hantei confie aux clans des régions administrées
entreposent et transportent leurs récoltes. Cette produc-
par leurs Champions. Ces derniers subdivisent à leur
tion va des cordes aux séchoirs à riz, et des paniers et ton-
r e erre en ne g ern e ar n dai de
neaux aux moulins et aux granges. Ces groupes de fer-
famille, qui délègue des territoires aux seigneurs samou-
raïs parmi ses vassaux, et ainsi de suite. À la fin de cette miers et d’artisans, en développant ce dont ils avaient
chaîne se trouvent les gens du peuple : les fermiers qui besoin pour leurs fermes, ont créé les premiers villages
retournent le sol, plantent les graines et s’occupent des de l’Empire.
récoltes. Il ne faut pas oublier que malgré l’allocation pro- Certains villages ont continué de grossir jusqu’à deve-
gressive des terrains, les vassaux ne les possèdent pas nir des villes ou des métropoles, mais la plupart sont res-
réellement : les terres appartiennent exclusivement à tés petits et isolés, habités principalement par des gens
l’Empereur. du peuple. Certaines fermes demeurent évidemment éloi-
Évidemment, toutes les zones ne se valent pas et elles gnées de ces nouveaux villages, toujours éparpillées sur
ont des fonctions différentes. Les terres fertiles et arables, tout le territoire. La plupart des régions agricoles typiques
nécessaires à l’agriculture, sont rares, et sont concentrées de l’Empire sont encore organisées ainsi, parsemées de
dans certaines régions de l’Empire : le long des grandes fermes individuelles, à l’écart de tout, et de villages entou-
rivières et des côtes. D’autres territoires sont trop mon- rés d’exploitations paysannes, où vivent une bonne partie
tagneux, trop humides, trop chauds, trop boisés ou trop des gens du peuple.
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C H API T R E 3 : L E C Œ U R DE L’EMPIR E
l’herbe et la neige
L’Empire d’Émeraude couvre un grand territoire, Le climat des terres côtières du second est assez
englobant d’interminables forêts, de larges plaines et doux, mais les hauteurs montagneuses appréciées
de hautes montagnes, où le climat est tout aussi diver- par le second sont plus froides : certains monas-
sifié. Certains prétendent que l’essence de chaque clan tères Togashi restent sous la neige à l’année. Malgré
est définie par son environnement, mais de nombreux leur emplacement au nord, les terres du Clan de la
samouraïs des clans majeurs détestent cette idée. Licorne demeurent plus chaudes que celles de ses
Une grande partie du climat de Rokugan est tem- voisins, grâce aux vents tièdes qui soufflent à la fois
péré. Les terres des Clans du Lion et du Scorpion pro- de l’extrémité ouest des monts de la Grande Muraille
fitent de toutes les saisons, des étés caniculaires aux Septentrionale et du Toit du Monde.
hivers enneigés. Les terres du second, sous le vent Au sud, les terres des Clans de la Grue et du
du Toit du Monde, reçoivent plus de pluie durant les Crabe sont les plus chaudes de Rokugan, avec des
mois chauds et plus de neige en hiver. Quant à celles climats qui peuvent être qualifiés de subtropicaux.
du Clan du Lion, elles bénéficient d’un ciel plus clair La région côtière et les terres des disciples de Hida
à toutes les saisons, et de précipitations suffisantes aux pieds des montagnes du Crépuscule sont parti-
pour arroser les plaines fertiles du clan. culièrement humides et pluvieuses. Certains Rokuga-
Les terres froides des Clans du Dragon et du Phé- ni estiment que l’architecture sobre du Clan du Crabe
nix jouissent d’étés tempérés, mais d’hivers glacials. et l’attitude austère de ses membres en découlent.
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C H API T R E 3 : L E C Œ U R DE L’EMPIR E
l’isolement
Bien que certains villages isolés ne reçoivent des tous les burakumin, à rapidement trouver une raison
samouraïs que lorsque ces derniers viennent per- de partir pour ne pas attirer l’attention de ces visi-
cevoir les taxes, la plupart des régions mieux des- teurs intimidants. De la même manière, si certains vil-
servies peuvent n’être que rarement visitées par la lageois sans scrupules ont des choses à cacher (par
noblesse et encore, uniquement par des samouraïs exemple une fraude fiscale ou la participation à des
de passage. En conséquence, l’arrivée d’un noble cultes hérétiques), ils utiliseront ce laps de temps
dans un village de heimin ou de burakumin est pour dissimuler toutes les preuves. Bien entendu,
presque toujours une occasion importante. Dans les ils n’y parviennent pas toujours. Une accroche inté-
hameaux les plus isolés, elle peut même constituer un ressante pour un scénario pourrait consister pour
événement extraordinaire. les PJ samouraïs à découvrir des preuves de tels
La plupart des villageois essaient de ne pas se actes illégaux.
laisser surprendre par l’apparition inattendue d’un Les autres, dont le chef du village, en profitent
samouraï. Sauf au cœur de l’hiver, quand peu de pour se préparer à accueillir respectueusement les
Rokugani voyagent sur de grandes distances, les nobles et leur offrir une hospitalité qu’ils refuseront
heimin travaillent généralement dans les champs ou sûrement. Si les voyageurs sont des magistrats venus
dans la forêt autour de leur village. En utilisant un sys- percevoir les taxes, les marchandises concernées sont
tème discret de signes spécifiques à chaque com- préparées. Dans tous les cas, l’objectif des villageois
munauté, les premiers à apercevoir un samouraï en consiste à éviter d’insulter les invités tout en leur per-
approche relaient la nouvelle jusqu’au bourg. Cet mettant de reprendre la route le plus rapidement
avertissement incite la plupart des heimin, et presque possible, afin de retourner à la tranquillité de leur vie.
Les plus touchés par ces catastrophes sont les gens Le bushido et le bon sens veulent que les samouraïs
du peuple des zones rurales et isolées. Ceux qui sur- essaient d’éviter de causer des dommages graves aux pay-
vivent doivent se remettre et reconstruire presque entiè- sans. Le contraire violerait le précepte de compassion du
rement seuls, du moins au début. Des secours peuvent bushido et réduirait la production de nourriture et d’autres
arriver, mais pas avant des jours ou des semaines. L’aide ressources dont les nobles ont besoin.
dépend aussi des ressources disponibles et de l’impor- Malheureusement, en période de guerre, il est pos-
tance que le seigneur samouraï accorde à cette région et sible de faire attention, mais pas d’empêcher totalement
à sa population. ces conséquences néfastes. De plus, des samouraïs agres-
sifs ou désinvoltes peuvent éliminer la main-d’œuvre
La guerre d’un ennemi pour diminuer sa capacité à entrer en
guerre en limitant ses ressources logistiques et éco-
Rokugan est un territoire guerrier, dont la culture et nomiques. Ce manque de considération à long terme
la société sont fondées sur les combats. Les invasions est rare (après tout, les paysans changent de maître en
venues de l’extérieur sont très rares, à l’exception des même temps que les fermes), mais a déjà été observé.
hordes maléfiques de l’Outremonde. Celles-ci sont Sans aucune surprise, les samouraïs cherchent à rame-
repoussées sans faillir par l’héroïsme et les sacrifices du ner les heimin au travail le plus vite possible après la fin
Clan du Crabe. Une incursion réussie de l’Outremonde des combats.
entraînerait une destruction dépassant de loin les consé-
les habitants de
quences d’un conflit entre mortels. Les luttes entre les
clans, voire au sein d’un clan, sont par contre communes.
Inéluctablement, la terre est alors ravagée par les armées
en marche et les batailles, les constructions sont démolies
la campagne
(de manière accidentelle ou non) et des hordes de réfu- La relation entre samouraïs et gens du peuple est com-
giés sont déplacées. Les gens du peuple forcés de fuir plexe et plus nuancée qu’on pourrait le penser (voir es
leurs fermes et leurs villages cessent d’être des citoyens s r s et es e s e e, en p. 118). Certains
productifs de l’Empire aux yeux des dirigeants, et le aspects spécifiques de l’interaction entre les nobles et les
besoin continu de nourriture et de ressources met rapide- paysans sont propres aux fermes et villages des régions
ment à mal les réserves disponibles. rurales de l’Empire.
100
CHAPIT R E 3 : L E CŒU R DE L’EMPIR E
102
CHAPIT R E 3 : L E CŒU R DE L’EMPIR E
La vie rurale
natale. Au fil des générations, les voisins deviennent des
membres de la famille élargie, car l’absence de migrations
mène à la consanguinité.
La majorité de la population de Rokugan habite loin des La nourriture et les autres biens produits dans le vil-
villes et du confort relatif de la vie urbaine. Elle vit plutôt lage sont au cœur de la vie des paysans. Tout ce qui ne
dans de petites communautés principalement autarciques. peut être cultivé ou fabriqué à proximité est précieux ou
Les petits villages et les fermes isolées ne peuvent pas rare. Le thon, qui constitue la majeure source de proté-
dépendre d’un approvisionnement externe régulier. Leurs ines dans un village côtier, peut être inconnu dans une
habitants doivent donc faire pousser et fabriquer tout ce communauté minière profondément enfoncée dans les
dont ils ont besoin. terres. Une bêche en métal peut être un outil prestigieux
Les hameaux situés à proximité d’une grande route transmis de génération en génération dans un village,
peuvent être visités fréquemment, tandis que les commu- tandis que, dans un autre hameau, un forgeron permettra
nautés plus à l’écart passent des années sans voir d’étran- à chaque famille de posséder la sienne. La différence de
gers autres que les percepteurs. Avec la permission du rareté de produits du quotidien joue un rôle prédominant
chef ou du seigneur samouraï local, les habitants peuvent dans la distinction des villages et des régions les uns par
gagner les villes voisines pour faire du troc ou rencontrer rapport aux autres.
un artisan reconnu, mais ces voyages sont longs et parfois L’arrivée d’un voyageur entraîne des célébrations ou
dangereux, ce qui les rend peu pratiques. Le monde est de la défiance. Dans les zones les moins sûres, les étran-
donc restreint pour ceux qui vivent dans des communau- gers sont souvent des bandits. Sans surprise, les villa-
tés rurales. Nombreux sont ceux qui restent toute leur exis- geois de ces secteurs se révèlent peu accueillants et se
tence dans un rayon de trois lieues autour de leur maison méfient de toute personne qu’ils ne connaissent pas. Par
contre, certains camps isolés ont l’habitude des visites
des marchands itinérants. Quand un étranger arrive, les
habitants se rassemblent pour entendre des histoires sur
des contrées lointaines et regarder les biens en vente.
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Dans ces conditions, peu de samouraïs choisissent Bien que l’arrivée d’un prêtre ou d’un moine consti-
de rester longtemps dans un village. De plus, prolonger tue une occasion spéciale, plusieurs villageois continuent
leur séjour nuirait à la production, car de nombreux hei- leurs activités habituelles pendant la visite : à moins que
min s’occupent du visiteur au lieu de vaquer à leurs tâches. celle-ci coïncide avec une fête, il faut bien que le travail se
Heureusement, le riz et les autres biens consommés par le fasse. Les rencontres avec le moine ont alors lieu en soi-
voyageur sont retranchés des taxes payables au seigneur. rée, durant la période généralement consacrée à la prière.
Par contre, le seigneur local pourrait demander des répa- Les séjours des moines s’avèrent donc bien moins onéreux
rations au daimyō du visiteur si ce dernier profitait trop de que ceux des samouraïs.
cette hospitalité. De la même manière, le chef du village
s’inquiétera de la quantité déduite des taxes, puisqu’il
devra la justifier au percepteur. Ces problèmes se trouvent
Les heimin
amplifiés si le visiteur est membre d’un clan rival, auquel La grande majorité des Rokugani vivant dans les com-
cas un remboursement est improbable. Si le seigneur local munautés rurales sont des bonge, qui accomplissent les
ne comble pas le montant manquant de la taxe, le chef du tâches nécessaires à la survie du village. Leur vie est cen-
village peut être puni par le magistrat ou le daimyō régio- trée sur la famille et sur leurs pairs, qui forment souvent
nal, voire par les deux. leur famille étendue. Nourrir les habitants, payer des taxes
et s’assurer de la bonne santé de ses proches demandent
Le clergé itinérant un travail quotidien qui laisse peu de temps aux loisirs. Les
bonge ne peuvent donc pas s’éloigner de leur domicile. Ils
De nombreux monastères de l’Empire d’Émeraude sont œuvrent sans relâche pour profiter de leurs ressources limi-
volontairement érigés dans des zones rurales et isolées tées, de peur qu’on les leur prenne.
pour que les moines puissent méditer sans être dérangés.
Plusieurs villages se trouvent à quelques jours de voyage
L’eau
d’une telle communauté. Les rites religieux, dont les funé-
railles, les mariages et les fêtes saisonnières, peuvent être Tout village a besoin d’eau. Souvent, une rivière navi-
accomplis par un moine itinérant si aucun prêtre n’est dis- gable ou une source constante déterminent d’ailleurs où
ponible. La plupart des sanctuaires qui se sont associés à un hameau sera établi. Les bonge commencent générale-
des villages particuliers accueillent un prêtre, mais ce n’est ment leurs journées en tirant l’eau requise pour leur famille
pas toujours le cas, et certains hameaux peuvent même ne et le ménage. Ils s’en servent également pour arroser les
bénéficier d’aucun accès à un des membres du clergé. Les jardins où ils font pousser des plantes qui complémentent
moines visitent alors régulièrement les bonge et les hinin de la nourriture achetée ou échangée. Chaque point d’eau
ces zones reculées pour répondre à leurs besoins spirituels. est un bien commun et précieux pour le village, que ce soit
Leurs tuniques, et particulièrement celles couleur un puits, une rivière ou une source.
safran populaires dans de nombreuses sectes, per-
mettent de reconnaître facilement les moines, même de
Le travail collectif
loin. Les fermiers affairés dans les champs les repèrent
donc souvent bien avant leur arrivée : ils ont alors le Chaque jour de travail est planifié en avance selon les
temps de se réunir et de se préparer, par exemple en cui- saisons. Durant les saisons agricoles, dont seul l’hiver
sinant un repas spécial, en avertissant les responsables est exclu, les fermiers passent leurs journées dans les
du sanctuaire, ou simplement en rendant le village et ses champs, qui sont généralement communautaires. Tant
habitants plus présentables pour l’arrivée d’un person- que le soleil est levé, ils sèment des graines, s’occupent
nage aussi respecté. des plantes et récoltent les parcelles mûres. Les outils
La venue d’un moine itinérant est en général l’occa- sont souvent faits de bambou et de coquillages, puisque
sion d’une modeste célébration où il est traité comme un le métal s’avère trop précieux pour risquer de rouiller
invité d’honneur. Les habitants ne lui accorderont pas le dans les rizières.
même traitement qu’à un samouraï, mais ils consentent Quand le besoin s’en fait sentir, les villageois se ras-
à de petits sacrifices. Le moine peut visiter le sanctuaire, semblent pour construire de nouveaux bâtiments, dont
rencontrer les chefs de la communauté et parler aux vil- les maisons. Dans les régions où la pêche ou la cueillette
lageois réunis. Le moine peut aussi organiser des entre- constituent des sources de nourriture, les bonge accom-
tiens privés, dans les maisons des villageois ou le sanc- plissent ces tâches ensemble. Durant l’hiver, les fermiers
tuaire, afin d’accorder des bénédictions ou de répondre à réparent les outils afin qu’ils soient prêts pour la prochaine
des besoins spirituels. saison agricole.
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S’occuper des enfants est également une tâche par- La population des villages étant restreinte, leurs habi-
tagée. Certains villageois élèvent les petits de plusieurs tants se reconnaissent de loin, et les hinin ne peuvent donc
familles afin de libérer de la main-d’œuvre pour cultiver les pas échapper au mépris. Non seulement leurs tâches sont
champs. L’éducation est donc commune, ce qui rapproche éreintantes, mais leurs conditions de travail sont dégra-
encore plus les habitants. dantes. Même durant un festival, si les bonge peuvent
Les artisans, dont les forgerons, les tisserands et ignorer leurs responsabilités, les hinin doivent supporter
les brasseurs, constituent une exception au travail col- des regards noirs et des insultes.
lectif. Bien qu’ils puissent contribuer aux grands tra- De plus, les burakumin ne représentent qu’une petite
vaux tels que la construction de bâtiments, la commu- partie de la population d’un village. Ils remplissent des fonc-
nauté ne participe pas à leur labeur, qui demande des tions essentielles, mais pas assez nombreuses pour justifier
connaissances spécialisées. la présence d’un grand nombre de hinin. Dans des fermes
isolées, un seul d’entre eux se verra confier toutes les tâches
les hinin ingrates. Quant aux petits villages, ils n’accueillent souvent
qu’une famille de burakumin, privée d’interactions avec des
Chaque village dépend de tâches qui ne peuvent revenir pairs qui comprendraient son désespoir.
qu’aux hinin. Les ordures doivent être sorties régulière- Ces travailleurs n’ont aucune chance d’échapper
ment de chaque maison, y compris les excréments, qui aux conditions dans lesquelles ils ont vu le jour. Ils n’au-
peuvent être compostés et devenir du fertilisant pour les ront jamais de promotion et ne pourront pas même visi-
champs. Les morts doivent être préparés à la crémation. ter un autre village. À moins qu’il épouse un membre de
Le bétail et le gibier doivent être abattus et écorchés. sa caste dans un autre hameau, un hinin inconnu ne sera
Le cuir est nécessaire, mais seuls les hinin s’affairent à la pas accepté ailleurs que sur son lieu de naissance. Beau-
tannerie. coup de brigands proviennent de ce milieu, car le vol est
Ces travailleurs souffrent quotidiennement dans leur la seule échappatoire à leur misère quotidienne. La peine
communauté. Leur maison se dresse à l’écart de celles capitale peut sembler moins grave qu’une vie à s’occuper
des heimin, et ils passent toujours en dernier. Ils sont obli- d’excréments. Cependant, la plupart des hinin ne songent
gés de tirer leur eau après leurs supérieurs ou d’aller à pas à quitter leur communauté. Les plus croyants pensent
un autre puits, en général en retrait du village. Lorsqu’ils ne pouvoir prétendre à une existence meilleure que grâce
effectuent leur labeur, qui demande souvent de manipuler à la réincarnation, après l’accomplissement inconditionnel
des déchets nauséabonds, ils doivent éviter de croiser les de leur devoir. Les plus réalistes savent que leurs chances
autres. S’ils n’y parviennent pas, ils sont battus. de survie sont pires hors du village.
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les percepteurs
tion du chef. La réponse doit être rapide et l’ac-
cueil chaleureux. Sinon, il peut sévir et confisquer
ce qui lui a été refusé, ou punir les impertinents.
La plupart des contacts des villageois avec la noblesse
Un samouraï honorable ne provoquerait
sont les visites planifiées du percepteur, souvent un magis-
jamais de dégâts dans une bourgade qu’il visite,
trat. Quand il arrive, il se livre à une estimation de la pro-
mais tous les membres de cette caste n’adhèrent
duction du village. Il consulte pour cela le chef et d’éven-
pas au bushido, surtout quand ils savent que
tuels documents. Les percepteurs les plus consciencieux
leur absence d’honneur n’aura pas de consé-
peuvent aussi s’occuper personnellement de l’inventaire.
quences, car les régions éloignées sont moins
La taxe, généralement payable en riz même pour les vil-
policées. Si un samouraï honorable en voit un
lages qui n’en récoltent pas, correspond à un pourcentage
autre agir contre les intérêts d’un village, il devra
déterminé annuellement par chaque province, selon les
intervenir pour rectifier les méfaits commis.
demandes discordantes de l’Empereur, des Champions,
des nobles et des fonctionnaires influents. Si le riz n’est
pas disponible, le chef du village doit se rendre au marché
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Les fruits Le thé est une culture cruciale, qui nécessite ses propres
champs et dont la transformation après la récolte
De nombreux villages s’assurent d’avoir au moins quelques demande un travail considérable. Les plants de thé,
arbres fruitiers, mais certains plantent des vergers entiers. comme les arbres fruitiers, fournissent des feuilles pendant
Les fruits cultivés comprennent les prunes, les abricots, les des années. Ils sont cultivés en rangs denses à hauteur de
pêches, les kakis, les pommes, les poires, les melons, les taille. La récolte a lieu deux fois par semaine pendant les
agrumes et les cerises. Grâce à leurs racines profondes, mois chauds, ce qui nécessite un effort constant des villa-
les arbres fruitiers ne nécessitent pas d’arrosage régulier, geois. Les feuilles doivent être traitées à proximité de la
mais ils meurent souvent en cas de sécheresse. Comme ferme, car elles s’abîment rapidement.
ces arbres produisent des fruits pendant des générations,
ils sont entretenus avec soin.
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Les fibres
le village de la
Toutes les cultures ne visent pas à nourrir le peuple. Le tex-
tile, important à Rokugan, dépend des plantes fibreuses,
mouche vrombissante
dont le chanvre, le coton et le lin. Le bambou, bien qu’il Cette bourgade se trouve sur les terres des Kitsu, membres
serve surtout à la construction, entre aussi dans cette caté- du Clan du Lion, dans la province Rugashi, à quelques
gorie, tout comme (indirectement) les feuilles de mûrier jours de voyage de la ville éponyme, un carrefour commer-
qui nourrissent les vers à soie. Les fermiers qui cultivent cial d’importance. Proche de l’une des routes principales,
des plantes fibreuses s’emploient également à filer ou tis- le village connaît un trafic constant, surtout composé de
ser leur production. marchands qui rentrent après avoir conclu leurs affaires
en ville.
Le bétail La distillerie de la Mouche vrombissante propose un
saké particulier qui a retenu l’attention des marchands iti-
Les fermes comptent rarement sur le bétail. La volaille, nérants. La méthode de distillation est gardée secrète,
et surtout les poulets, prime. Les bovins servent d’ani- mais implique l’utilisation d’une variété de riz spéciale que
maux de trait, puisque leur viande est considérée comme la famille d’artisans ne dévoile pas. Que ce soit pour fêter
impure. Si le village est pourvu d’une tannerie, le bétail leur succès ou noyer leurs problèmes, les marchands itiné-
comptera plus de têtes qu’ailleurs, mais demeurera en rants visitent souvent la distillerie et sa taverne attenante.
nombre restreint. Les élevages les plus courants sont Plusieurs dépensent une partie de leurs profits à acheter
les vers à soie, essentiels à la production textile. Les des caisses de saké qu’ils offriront à leurs amis ou parte-
fermes qui en élèvent doivent cultiver des mûriers pour naires commerciaux, ce qui ne fait qu’augmenter la popu-
les nourrir. larité de la boisson.
Reiha, maître-brasseur
idée d’aventure : Reiha gère la distillerie de la Mouche vrombissante. Elle
délier les langues préserve fièrement les traditions et recettes que sa famille
suit depuis douze générations. La réussite et l’expansion
relativement récentes de l’entreprise ont représenté un
Accroche Alors qu’ils traversent la province défi de taille, et elle a accepté à contrecœur d’apporter
Rugashi, les PJ rencontrent un autre voyageur, un les changements nécessaires, craignant que le succès ne
bushi du Clan du Lion. Étonnamment, l’homme soit que temporaire. Mais les ventes de la distillerie conti-
est agréable et vante les mérites de la région. Il nuent de progresser au même rythme que la production,
les invite à venir goûter les mets locaux, et les et elle envisage maintenant d’automatiser certaines tâches
conduit ainsi à la distillerie de la Mouche vrom- pour accroître encore les volumes. Elle demeure hésitante
bissante, qu’il prétend être la meilleure du Clan à prendre autant de risques, mais s’y sent obligée.
du Lion. Cependant, elle est surtout poussée au développe-
Développement ment par un espion du Clan du Scorpion qui la tient sous
Au cours de leur visite à
sa coupe. Lors des premiers travaux, elle a eu besoin de
la taverne, le bushi boit trop et commence à
capitaux et a effectué de mauvais choix pour les obtenir.
divulguer des informations confidentielles sur
Le Clan du Scorpion l’a appris et s’en sert pour la faire
les déploiements de troupes du Clan du Lion. À
chanter. Elle est désormais contrainte d’essayer de souti-
la surprise du groupe, Reiha, la tavernière, conti-
rer les secrets de tous les marchands et samouraïs du Clan
nue de faire couler le saké à flots, comme si elle
du Lion, qu’elle divulgue ensuite au Clan du Scorpion.
souhaitait encourager un comportement aussi
Elle supporte difficilement cette situation, mais est terri-
irresponsable. Les PJ doivent alors décider s’ils
fiée à l’idée du déshonneur qu’elle subirait si ses secrets
veulent protéger l’honneur du membre du Clan
étaient dévoilés.
du Lion ou découvrir les motivations de Reiha.
三 Paroxysme Le bushi n’apprécie pas du tout
les efforts des PJ pour qu’il se dégrise et conserve
le village d’anbasukai
son honneur. Ivre, il les provoque en duel pour Situé dans les montagnes de la province Senseki, Anba-
avoir osé mettre en doute sa capacité à se sukai est un village minier agréable et relativement isolé.
contrôler. Si les PJ accusent Reiha de duplicité, Il offre une vue imprenable sur les monts de la Grande
elle tentera de les empoisonner afin de préser- Muraille Septentrionale et surplombe des plaines dis-
ver son commerce. tantes. Les maisons sont disposées autour d’un beau
sanctuaire du kami de la montagne proche, le sanctuaire
du Cœur de la Terre. Les tremblements de terre et glis-
Grâce à son succès, la distillerie se développe, sements de terrain figurent parmi les dangers principaux
embauche de nouveaux employés et accroît sa produc- de la région, mais la plupart des villageois reconnaissent
tion. Cependant, de nouvelles terres arables pour la que la situation serait pire sans leurs offrandes régulières.
culture de ce riz si particulier ne sont pas disponibles, la Grâce à l’altitude, le village reste frais même au plus fort
famille est donc en négociation avec ses voisins pour leur de l’été, et terriblement froid en hiver. La possibilité de fuir
permettre de cultiver cette variété. la chaleur estivale et la présence d’un temple remarquable
Le village a conservé ses origines agricoles, même si attirent parfois des pèlerins.
l’expansion de la distillerie signifie qu’il abrite maintenant
plus de cinq cents habitants. Le centre de la bourgade est
traversé par un petit ruisseau surmonté d’un pont en bois.
La distillerie se trouve près du cours d’eau, qui entraîne
son polissoir et fournit l’eau nécessaire. Ce bâtiment est
le plus imposant du village et les maisons sont disposées
en cercle autour. La bourgade est entourée de rizières à
perte de vue.
En approchant, une odeur de riz cuit et de fermenta-
tion prend au nez. Si le polissoir fonctionne, le bruit des
roues à eau et du frottement des meules résonne à travers
tout le village. En soirée, les rires et parfois les chansons
paillardes des clients de la taverne prennent le dessus.
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Uchida
à la pêche
aux ragots
Le Clan de la Licorne recrute ses gardes à différents
endroits et choisit même des ronin qui semblent dignes de
confiance, dont Uchida. Il a travaillé sans relâche dans les
mines pour faire croire qu’il n’était qu’un bonge comme
les autres. Il a démontré sa bonne humeur au travail et
$ La pêche du jour est toujours bonne
son efficacité au combat lors des entraînements secrets. depuis qu’un villageois a trouvé une statue
Cependant, il a ses propres objectifs. Ancien membre du inhabituelle dans ses filets, la saison précé-
Clan du Crabe, Uchida croit encore fermement en son dente. Le village a commencé à ériger un
devoir de protéger l’Empire, et il est persuadé que le Clan sanctuaire où la prier.
de la Licorne a tort de garder le minerai pour lui. Il juge $ Une colonie de gobelins s’est installée sur
donc nécessaire de détourner le minerai pour que celui-ci l’autre rive, à environ un jour de marche
serve plutôt à l’Empire dans son intégralité. (Pour repré- vers le sud. Il devient dangereux de voya-
senter Uchida, utilisez le profil de Ronin compétent en ger dans les alentours.
p. 316 du Livre de Règles.)
le village du bassin haute, pour éviter les risques d’inondation, même en cas
tournoyant de tempête. Chaque habitation comprend un petit quai
ainsi qu’un atelier où entreposer et réparer les filets, mais
Pour s’alimenter, le Clan du Crabe compte sur de nom- aussi où vider et saler les poissons. L’arôme distinctif du
breux villages de pêcheurs le long de la baie des Poissons poisson séché imprègne les lieux, et la marée évacue
morts. La vaste quantité de poisson séché que produisent les déchets.
ces petites communautés nourrit les soldats stationnés sur La communauté entretient le sanctuaire des Quatre
la Muraille, puisque le désert qui jouxte l’Outremonde ne Présents, qui célèbre les kamis de chacun des ruisseaux
permet pas l’agriculture. Le village du Bassin tournoyant se réunissant dans le village. L’intérieur contient une sta-
est l’un de ces villages. Dirigé par la famille Yasuki, il se tue de chaque esprit, une par mur. Les habitants s’assurent
trouve au croisement de quatre ruisseaux qui descendent de toujours proposer des offrandes équivalentes à chacun
des collines de la province Sunda Mizu. des esprits, pour ne pas faire de jaloux. Ils croient ferme-
Les maisons sont construites au bord de la rive, sur ment que le village est plus prospère lorsque les quatre
des pieux qui s’enfoncent jusqu’au lit de la rivière et kamis sont satisfaits et œuvrent de concert.
s’élèvent trois mètres au-dessus du niveau de la marée Tous les habitants dépendent de la qualité de la
pêche, soit parce qu’ils pêchent, soit parce qu’ils parti-
cipent à l’entretien des flottes. Le village paie d’ailleurs
ses taxes en poisson séché. Bien que la plupart utilisent
des filets, certains villageois dressent plutôt des cormo-
rans pour pêcher. Les visiteurs complimentent souvent la
qualité et la saveur du poisson local, surtout lorsqu’il est
fraîchement pêché.
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des poissons morts climat. Bien que la température convienne, le sol est trop
humide, ce à quoi la famille a répondu en faisant venir à
grand-peine du sable, qu’elle a mélangé à la terre. Ses
Accroche Lorsque les PJ approchent du vil- efforts commencent à payer, mais il faudra au moins une
génération avant que les cultures prospèrent réellement.
lage, la puanteur du poisson pourri les prend au
nez. Ils remarquent rapidement que les habitants
semblent maigres et misérables. En parlant aux
bonge, ils découvrent qu’une bonne partie des
poissons pêchés étaient malades et avaient pour-
ri avant que les villageois ne puissent les sécher. qu’est-ce qui
Développement Murata Hisao, le prêtre se mijote ?
du sanctuaire des Quatre Présents, pense qu’il
faut accomplir une cérémonie de purification $ Les feuilles de thé de la ferme Kaori ont
dans la baie. Il demande aux PJ de l’accompa- des propriétés curatives exceptionnelles
gner : il veut parcourir une bonne distance en qu’elles tirent des marais. Les guérisseurs
bateau pour pouvoir purifier les eaux. En cours paieront un bon prix pour en obtenir.
de route, la mer devient de plus en plus houleuse
et de nombreux poissons morts flottent sur les $ Quelque chose s’en prend aux voyageurs
hautes vagues. sur la route qui mène à la ferme Kaori,
entraînant la perte des deux derniers
三 Paroxysme Lorsque le rituel commence, une convois de feuilles de thé. La ferme pour-
sorcière des mers attaque le bateau pour mettre rait ne pas s’en sortir si elle ne parvient pas
un terme à la cérémonie. Elle s’est installée dans à vendre la prochaine récolte.
les alentours et sa présence rend les poissons
malades. Les PJ doivent alors tuer la sorcière ou
$ Récemment, un diseur de bonne aven-
la convaincre de partir. ture a prétendu que le destin de l’un des
ouvriers de la ferme était de transformer le
Clan de la Grue. Bien entendu, les diseurs
de bonne aventure affirment toujours ce
genre de choses, ce n’est sûrement rien.
$ « Méfiez-vous de la ferme Kaori. Elle abrite
un être surnaturel et maléfique. Rien de
bon ne peut provenir des marais, où la
mort est assurée. »
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peuple dans
prospère grâce au dur labeur des burakumin qui portent
les cadavres et jettent les ordures, des heimin spéciali-
vos parties sés qui fabriquent les objets du quotidien, des marchands
qui se livrent aux sordides aspects du commerce et, sur-
Les samouraïs qui sont particulièrement aimables tout, des paysans et pêcheurs qui nourrissent l’Empire. Ils
ou, au contraire, agressifs envers les paysans les traitent donc avec une indifférence polie qui reconnaît
sont de bons candidats pour un certain nombre leurs contributions, mais les ignorent tant qu’ils n’ont pas
d’avantages et de désavantages. Ceux-ci de raison spécifique d’agir autrement.
peuvent être choisis lors de la création du per- Cependant, certains samouraïs vont plus loin, convain-
sonnage ou acquis au cours du jeu (voir page 99 cus que le précepte de compassion du bushido doit être
du Livre de règles). Par exemple, un samou- interprété au sens large, et ne pas se limiter à protéger les
raï bienveillant obtiendra Soutien du peuple ou gens du peuple de tragédies comme une invasion mili-
Parangon d’un précepte du bushido [Compas- taire ou une catastrophe naturelle. Ils choisissent plutôt
sion] tandis qu’un autre, hostile, développera de l’appliquer à toute interaction avec les paysans et font
Réputation de cruauté, Intolérance [envers les preuve de politesse. Certains vont même jusqu’à les pré-
gens du peuple] ou Mépris pour un précepte server de toute forme de violence. De tels samouraïs sont
du bushido [Compassion]. Les nouveaux avan- rares et se trouvent surtout au sein des Clans du Phénix et
tages et désavantages inclus au itre 7 de ce de la Licorne. En général, leurs pairs les jugent étranges.
livre vous proposent aussi d’autres choix appro- De temps en temps, ils sont même ridiculisés pour avoir
priés, comme Paysan adopté et Aversion pour montré de la sympathie envers des paysans. Cependant,
les paysans. ils reçoivent souvent des faveurs de la part des roturiers et
Soyez cependant prudents : même si un PJ sont parfois surnommés « les héros du peuple ».
peut interpréter un samouraï qui traite les gens À l’inverse, certains nobles manifestent un mépris cer-
du peuple de façon impolie ou cruelle, il ne tain envers leurs subalternes et considèrent que le sta-
doit pas le faire de manière trop graphique ou tut « moins qu’humain » que leur octroie l’Ordre céleste
explicite. Un jeu de rôle doit demeurer un loisir justifie les mauvais traitements et la cruauté dont ils font
agréable, il est donc souhaitable d’éviter trop de preuve. Certains puniront même de mort toute injure,
descriptions d’actes méprisables. Nous conseil- réelle ou imaginaire. Ce type de comportement enfreint
lons au MJ et à ses joueurs de discuter au préa- le précepte de compassion du bushido, ce qui a des
lable de leur degré de tolérance face aux sujets conséquences, parfois graves. Tuer les vassaux d’un autre
plus sensibles, afin que tout le monde sache à seigneur peut le mettre en colère et le pousser à deman-
quoi s’attendre. der en a i n aire re i n r le dai d
samouraï pour que ce dernier soit puni. D’autres samou-
raïs peuvent également s’opposer à la maltraitance et au
meurtre de citoyens de l’Empire, aussi insignifiants qu’ils
soient, et même s’ils ont commis une infraction. Enfin,
cette attitude peut conduire les gens du peuple à se
soulever, malgré la servilité dont ils font généralement
preuve envers les samouraïs. Une foule de paysans en
colère en raison des crimes perpétrés envers leur famille
ou leurs proches peut facilement encercler, blesser ou
tuer un bushi expérimenté. Savoir que les conséquences
seront terribles peut ne pas les décourager.
La plupart des samouraïs comprennent les contribu-
tions importantes des gens du peuple et savent que tous
en bénéficient. Les sections suivantes décrivent comment
la relation entre les deux groupes peut profiter à tout le
monde, malgré certaines difficultés.
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et les gaijin
Rôle, l’Empire d’Émeraude n’est qu’une nation
dans un monde plus vaste. Les autres pays
d’importance sont les royaumes d’Ivoire, for-
Gaijin signifie « barbares ». Ce terme est réservé aux
tement inspirés de la culture et du folklore du
humains qui ne viennent pas de Rokugan ou, dans le cas
sous-continent indien, et l’Empire Mweneta,
des tribus de Yobanjin, aux humains nés dans ce qui allait
vaguement basé sur les civilisations antiques
devenir l’Empire, mais qui ont refusé de suivre les Kamis.
de l’Afrique subsaharienne. Bien entendu, les
Quelle que soit leur origine, les gaijin se distinguent des
MJ peuvent développer ces deux pays ou créer
Rokugani par leur non-appartenance à l’Ordre céleste.
leurs propres nations. Les nombreuses cultures
Cette exclusion les rend inférieurs aux hinin qui, même s’ils
du monde réel constituent autant d’inspirations
ne sont pas considérés comme des personnes, y figurent.
possibles pour des nations fictives fascinantes,
Cette croyance alimente une profonde xénophobie dans
mais elles doivent être transposées dans le res-
tout l’Empire, et la plupart des samouraïs évitent tout
pect, pour éviter qu’une civilisation tout en
contact avec les gaijin.
nuances devienne une caricature insultante.
Malgré tout, certaines interactions ont lieu. Elles
Quoi que vous décidiez, la xénophobie
sont généralement de courte durée, très spécifiques et
latente influence nécessairement toutes les inte-
tenues entre les samouraïs des Clans de la Licorne et de
ractions entre des samouraïs et des représen-
la Mante d’une part et les royaumes d’Ivoire, Pavarre ou
tants d’un pays étranger. Si les PJ choisissent de
l’Empire Mweneta d’autre part. Les Clans de la Licorne
parler à des gaijin, ils doivent en connaître les
et, dans une moindre mesure, du Dragon et du Phénix
risques, et notamment celui de s’attirer la colère
entrent parfois en contact avec des nations étrangères
ou l’hostilité de nobles plus traditionalistes qui
par-delà les grands déserts du nord et de l’ouest. Le
considèrent tous les gaijin comme des barbares,
Clan du Phénix a, au cours de son histoire, rencontré les
indépendamment de leur pays d’origine.
Yobanjin, mais en général, il refuse de l’admettre publi-
quement. Les gaijin sont généralement les instigateurs
de ces rencontres puisqu’ils souhaitent établir des rela-
tions commerciales ou diplomatiques avec l’Empire. La
plupart des samouraïs refusent de telles offres en raison
des nombreux risques qu’elles comportent (dont la perte
de statut et de pureté spirituelle) vis-à-vis des bénéfices
escomptés.
Certains samouraïs, plus progressistes, curieux ou
opportunistes, acceptent parfois de rencontrer les gaijin.
D’autres encore se donnent la peine d’apprendre leurs
coutumes ou leurs langues. Bien entendu, pour les tra-
ditionalistes, il s’agit là de blasphèmes, et certains vont
jusqu’à considérer ces interactions comme des crimes,
mais les jugements varient d’une région à l’autre, certaines
étant très strictes et d’autres plus laxistes. Ainsi, une ren-
contre avec des gaijin doit se faire en toute discrétion, au
risque de subir des critiques, voire une perte de pouvoir
et d’influence.
122
CHAPIT R E 3 : L E CŒU R DE L’EMPIR E
123
C H API T R E 3 : L E C Œ U R DE L’EMPIR E
124
CHAPIT R E 3 : L E CŒU R DE L’EMPIR E
De tels documents précisent l’identité du samou- navigables cruciales où de nombreux heimin passent leur
raï, décrivent ses vêtements et armes, et spécifient d’où vie. Leurs bateaux, des barges en bois équipées d’un
il vient et où il va. Dès qu’il croise un poste de contrôle, simple abri couvert au centre et propulsées à la perche, y
son sauf-conduit est tamponné ou signé pour que sa pro- sont omniprésents. N AR
gression soit suivie et qu’il ne puisse pas emprunter plu- Le transport fluvial varie énormément selon la saison,
sieurs fois le même chemin. Les postes de péage servent la météo et les caprices des esprits des rivières. De plus, il Le pont des Marées se
également de points de contrôle et peuvent aussi abriter ne permet pas aussi facilement que les voyages terrestres trouve entre les terres
des Clans de la Grue et
une auberge. La fréquence de tels lieux et des patrouilles d’éviter les postes de péage et autres points de contrôle.
du Crabe et figure parmi
mobiles dépend entièrement du bon vouloir et des res- Enfin, les blocus sont courants, de même que les attaques
les merveilles naturelles
sources du seigneur local. depuis les berges. Néanmoins, les samouraïs en déplace- de l’Empire. Il traverse la
Dans les faits, certains seigneurs utilisent les docu- ment se doivent souvent d’affronter ces périls. baie des Poissons morts
en de age e il li i e n dai i Les rivières qui sont trop agitées ou dangereuses et, à marée basse, consti-
souhaiterait empêcher un invité belliqueux de retourner pour les bateaux forment des frontières naturelles. Leurs tue un raccourci apprécié
auprès de son maître peut simplement retarder leur émis- rapides peuvent s’étendre sur des kilomètres, obligeant des marchands.
sion, souvent en envoyant le samouraï auprès d’un subal- les voyageurs comme les armées à faire un long détour
Le contrôle du pont est
terne impossible à trouver ou qui répète à l’envi que les pour trouver un gué. Ces passages revêtent une impor- disputé depuis des siècles,
papiers seront « bientôt » prêts. tance stratégique incontestable, qui explique qu’ils soient et chaque clan a installé
Puisque les chevaux, et leurs sabots, causent plus généralement fortifiés sur une berge, voire sur les deux, une garnison de son côté
de dommages que les humains, ils doivent obtenir leur par les forces locales. de l’édifice, officiellement
propre sauf-conduit, plus onéreux. La plupart des clans La plupart des ponts de Rokugan sont d’étroites struc- pour contrôler le passage
n’émettent qu’un nombre limité de tels documents par tures en bois qui permettent au maximum à deux ou trois des voyageurs.
année, ce qui explique également la rareté des chevaux personnes de marcher de front. Souvent, les frais payables En 715, la garnison Hida
dans l’Empire. pour les traverser sont exorbitants. Dans les montagnes, le fut attaquée par les forces
e d en de age e le ū - ega a n Clan du Dragon a établi de longs ponts suspendus qui se de l’Outremonde et ne dut
nécessaires et souvent contrôlés sur les routes principales balancent au vent, à des centaines de mètres du sol. son salut qu’à l’interven-
reconnues par l’Empereur et répertoriées sur les cartes Au cœur des jungles tropicales des îles de la Soie et tion de Daidoji Masashigi
officielles. Au contraire, les chemins des paysans sont trop des Épices, le Clan de la Mante cultive des ponts vivants. du Clan de la Grue, qui
mal entretenus et trop dangereux pour que les magistrats Ceux-ci mettent des années avant d’être prêts, le temps traversa le pont avec ses
troupes. Masashigi mou-
cherchent à y faire régner l’ordre. Ces pistes sont encore que leurs concepteurs contraignent les plantes grimpantes
rut en combattant, balayé
plus périlleuses sans guide : elles tournent sur elles-mêmes des deux côtés d’une rivière ou d’un ravin à se rejoindre.
par la marée montante, et
et s’arrêtent n’importe où, et il est facile de s’y perdre. Leur construction est généralement confiée à des moines, le Clan du Crabe érigea,
Dénicher un accompagnateur digne de confiance peut se qui profitent de cette tâche pour méditer en l’honneur de en son nom, un sanctuaire
révéler complexe, puisque de nombreux bandits rusés se certains kamis de la terre. qui existe encore.
font passer pour des guides et conduisent les voyageurs Les rivières de Rokugan abritent plusieurs kamis aqua-
dans des endroits déserts à l’écart de tout avant de les tiques puissants, et la présence d’un shugenja à bord per-
détrousser. Les marchands et autres riches voyageurs qui met souvent d’abréger un trajet. Les tronçons où vivent
doivent quitter la route de l’Empereur choisissent souvent des esprits faibles ou mécontents recèlent parfois des
d’embaucher des ronin pour les protéger. bancs de sable et, à d’autres moments, s’assèchent. Un
kami du feu peut s’amuser à provoquer des rapides vio-
les rivières (kawa) lents, tandis que d’étranges visions danseront dans la
bruine d’une cascade qui abrite des kamis de l’air.
Plusieurs rivières larges traversent l’Empire d’Émeraude Les esprits des rivières ont souvent influencé l’issue
et servent de voies maritimes empruntées autant par des d’une bataille. Lorsque les combats se livrent sur l’eau, les
marchands que par des armées. Lorsqu’il fait beau et que barges permettent de passer aux endroits les plus étroits,
les kamis sont satisfaits, les voyages en bateau sont bien chacune tentant d’acculer l’autre pour lancer l’abordage et
plus rapides que par la route. Le placement fréquent des entamer les corps à corps. Des shugenja peuvent alors en
carrefours commerciaux de l’Empire le long des voies appeler aux kamis pour modifier subitement les courants
d’eau souligne leur importance stratégique. et faciliter les manœuvres ou pour invoquer des bancs de
Les villes se sont souvent développées le long des sable, qui retiendront les navires ennemis, et de hautes
grandes rivières, qui fournissent eau, poisson et voies vagues, qui les détruiront.
125
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126
C H API T R E 3 : L E C Œ U R DE L’EMPIR E
(kin no kawa)
La Kin no Kawa est un fleuve large au débit lent qui prend L’incapacité ou le refus de la famille Kitsune d’empêcher
sa source dans les montagnes, au nord des terres du Clan les navires du Clan de la Mante d’attaquer ceux du Clan
du Scorpion, et finit sa course non loin de celles des Yasuki. du Scorpion est une source de contentieux entre les deux
À une certaine époque, le fleuve était la voie commerciale clans depuis des générations.
préférée du Clan du Scorpion, ce qui lui a valu le surnom Le dernier tronçon navigable se termine au village de
de rivière de l’Or. l’Eau pure, qui n’a de village que le nom. Après cela, les
Se ea n li ide e al e j ’ ari rapides et les cascades empêchent la navigation. Le vil-
Toshi, deuxième ville la plus importante de Rokugan et car- lage de l’Eau pure est le plus grand port commercial du
refour commercial pour l’opium. Une fois la cité franchie, Clan du Crabe, et il est donc entouré d’imposantes fortifi-
la rivière s’élargit et forme la baie de l’Honneur noyé, puis cations. Un mur d’enceinte défend tout accès par la terre
elle poursuit son cours vers le sud. Selon la légende, deux tandis que le Mur des Vagues protège le port contre les
samouraïs se seraient retrouvés pour un duel sur le pont de attaques maritimes.
l’Ultime Moment, qui surplombe le nord de la baie, mais D’innombrables villes et villages ont été créés sur cette
une vague imposante aurait emporté l’un des duellistes. voie navigable, pour profiter des retombées des échanges
Son adversaire aurait sauté à l’eau pour terminer le com- commerciaux. La volonté de s’enrichir est forte au point
bat, et les deux corps auraient été balayés sur le rivage le que de nombreuses bourgades hésitent entre commerce et
lendemain matin. piraterie. Saison après saison, les marchands de la famille
Mais la baie n’est pas connue que pour ses histoires Bayushi du Clan du Scorpion et de la famille Yasuki du Clan
romantiques : elle sert à déverser tous les déchets de la d ra e l en de nd e lien le r dai de le
ville. Néanmoins, de nombreux entrepôts et quais y ont aider à combattre les pirates. Ceux du Clan de la Mante
été bâtis, puisqu’elle facilite le commerce légal et sert deviennent plus hardis chaque année, contraignant les
notamment de carrefour pour celui de l’opium. Bayushi et les Yasuki à travailler ensemble. Malgré cette coo-
Le fleuve se divise au sud des terres du Clan du pération, les Bayushi ont confié à leur famille vassale, les
Scorpion. Son affluent le plus petit poursuit son cours vers Rokugo, la prise de contrôle des tripots et des marchés noirs
l’est et l’océan, tandis que le plus important continue vers le long du fleuve, pour bénéficier des actes de piraterie com-
le sud. Le palais du Clan du Renard est bâti à la bifurcation. battus aux yeux de tous par les représentants de leur famille.
128
CHAPIT R E 3 : L E CŒU R DE L’EMPIR E
SOCIÉTAL PERSONNEL
64 HONNEUR ENDURANCE
9
ANTAGONISTE RANG DE CONFRONTATION 3 6 3 4
a i ’e in all e ari hi la i 35 GLOIRE SANG-FROID
16
des Mensonges, la cité des Histoires, pour se faire un nom. 3 2
D’une certaine manière, elle y est parvenue. Élevée par 45 STATUT 1 ATTENTION
6
la famille Yasuki, elle a appris à conduire des négocia-
tions de contrats, et à naviguer entre flatterie et refus. Ces +2, –2
ATTITUDE : RUSÉ
VIGILANCE
4
compétences font d’elle une personnalité importante du
marché noir.
ARTISANAL 2 MARTIAL 2 SAVANT 2 SOCIAL 3 PRO. 4
Elle se trouve généralement à la Fleur épanouie, une
maison de thé qui sert de fumerie d’opium, non loin des AVANTAGES DÉSAVANTAGES R A
quais. Elle y dirige ses affaires : les paiements se font N
d’avance, et les biens ou services sont livrés avant la nuit. At t e te ss es e s es
Nobuko est une femme à l’air sévère et au visage social ; mental social ; relations Nobuko est une
émacié. Elle s’adonne à son amour pour le saké dans intermédiaire parfaite
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS et, comme peuvent en
l’arrière-salle de la boutique. Comme elle a l’alcool triste,
attester tous les rece-
ne i i re elle d ri ari e la i iser serti : portée 0 ; dégâts 2 ; Dangerosité 2 ; Discret, leurs, contrebandiers et
des étrons ». Magnifique, Ordinaire voleurs de la ville, elle
Malgré sa vie de criminelle, l’honneur de Nobuko est obtiendra tout ce dont
irréprochable. Elle rend un service inestimable à son clan, i e e t rt ) : tunique raffinée (Résistance phy- les PJ ont besoin, pour-
qu’elle finance et approvisionne en informations impos- sique 1), wakizashi, gobelet, bouteille de saké à moitié vu qu’ils soient prêts à
sibles à obtenir ailleurs. Elle s’est ainsi taillé une place dans vide, bourse de koku et de bu y mettre le prix.
la bonne société et se permet une certaine authenticité Nobuko peut approcher
CAPACITÉS
lorsqu’elle traite avec les autres nobles. Avoir un pied dans les PJ s’ils sont en quête
les deux mondes fait d’elle une intermédiaire très popu- N A N
d’un objet particulier. Il
laire entre les honorables samouraïs et la pègre locale, et À la demande d’un personnage, au prix d’une activité de est aussi possible qu’ils
elle a, à plusieurs reprises, su couvrir les comportements temps mort, Nobuko peut acquérir un bien ou un service entendent parler d’elle
discutables de personnages éminents. d’une rareté inférieure ou égale à 9 sans attirer l’attention. lorsqu’ils cherchent
L’acheteur doit payer le plein montant d’avance, plus un un objet ou un service
particuliers.
pourboire égal à la moitié du prix. Sinon, un PJ peut effec-
tuer un test e er e Air) N 3 pour acheter à crédit.
En cas de succès, il met en jeu 10 points d’Honneur dans
cette faveur, dont Nobuko déterminera la nature ultérieu-
rement, et elle « offre » au personnage ce qu’il a demandé.
C H API T R E 3 : L E C Œ U R DE L’EMPIR E
la route de l’empereur avoir découvert les restes d’une lettre écrite sous le règne
de Hantei XVI. La révélation au grand jour de son contenu
De nombreuses routes sillonnent l’Empire d’Émeraude, pourrait couvrir de honte la lignée impériale. Étonnamment,
mais cinq d’entre elles surpassent toutes les autres en Taishi a accepté son renvoi sans sourciller.
termes de taille et d’importance. On les appelle les Cinq Le pas de cet homme petit et enjoué reste sautillant
Grand-routes ou encore la route de l’Empereur. Elles même lorsqu’il a déjà parcouru des lieues. Bien qu’il n’en
parcourent les territoires des Clans de la Licorne, du soit pas conscient, les compétences de Taishi ne sont pas
Scorpion, du Phénix, du Lion et de la Grue et y relient des tout à fait naturelles : un esprit s’est lié à lui et l’a encou-
lieux d’importance. ragé à les développer. Il murmure sans cesse à l’érudit
Les Cinq Grand-routes furent construites au début du que sa destinée est grandiose et qu’un jour, son nom sera
septième siècle, sous le règne de Hantei XVI, le Chrysan- connu dans tout l’Empire.
thème d’acier. Cet Empereur, éternel paranoïaque, crai- Taishi parcourt la route de l’Empereur sur un coup de
gnait que son autorité soit usurpée : il ordonna donc aux tête, du moins le croit-il, et collecte contes folkloriques
di er dai d r a e de n r ire e ie ain i e et chansons sur son chemin. Où qu’il aille, on lui ouvre
d’autres gigantesques infrastructures, afin de vider leurs les bibliothèques, et sa capacité de mémorisation semble
coffres. Cette astuce lui permit probablement de prolon- sans limites.
ger son règne, mais il finit tout de même tué par sa propre
SOCIÉTAL PERSONNEL
Garde d’honneur Seppun, pour le bien de l’Empire.
Lorsqu’il choisit l’emplacement de ces routes, le Chry- 40 HONNEUR ENDURANCE
12
santhème d’acier se concentra surtout sur les possibilités 3 1
de contrôle impérial offertes par les tracés. Il relia ainsi des 20 GLOIRE SANG-FROID
8
régions dont les habitants lui étaient loyaux à d’autres où 2 4
la rébellion couvait, ce qui facilita de brutales actions de 42 STATUT 3 ATTENTION
12
maintien de l’ordre. Depuis, la plupart de ces cités ont
développé leur rôle d’extension locale de l’autorité impé- +2, –2
ATTITUDE : PASSIONNÉ
VIGILANCE
1
riale… une tendance que les clans majeurs ont acceptée
avec plus ou moins de silence et de frustration. ARTISANAL 3 MARTIAL 2 SAVANT 6 SOCIAL 1 PRO. 1
Les Cinq Grand-routes sont encore entretenues par
décret impérial et permettent de voyager rapidement AVANTAGES DÉSAVANTAGES
entre les villes les plus importantes de l’Empire. En plus
ire s s i e ri sit sessi e
d’être larges et planes, elles sont en général bien gardées
savant ; mental savant ; mental
et dotées d’un nombre inhabituel de haltes. On y croise
plus souvent qu’ailleurs toutes sortes d’agents impériaux, ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS
tels que des percepteurs ou des magistrats d’Émeraude…
pour le meilleur ou pour le pire. : portée 1-2 ; dégâts 6 ; Dangerosité 2 ; Ordinaire
Quasiment aucun flux commercial ne transite par la i e e t rt ) : tunique raffinée, mais négligée
route de l’Empereur : les caravanes et les charrettes y sont (Résistance physique 1), wakizashi, tente (petite), sacoche
interdites. Les marchands doivent emprunter des routes contenant des rations de voyage, ainsi que plusieurs zeni
commerciales prévues à cet effet, ce qui les laisse à la mer- et un intéressant assortiment de cailloux et de carapaces
ci du bon vouloir des clans. Les voyageurs croisés sur les d’insectes
Cinq Grand-routes sont pour la plupart des courtisans, des
magistrats, des pèlerins, des érudits ou d’autres individus CAPACITÉS
qui se déplacent pour des raisons honorables. AR AN G N
L’esprit Manjigen pousse Asako Taishi à chercher tou-
Asako Taishi, érudit itinérant jours plus d’informations et l’utilise pour assouvir sa soif
Asako Taishi,
ANTAGONISTE érudit itinérant
RANG DE CONFRONTATION 2 5
incessante de connaissances. Lorsqu’Asako Taishi ren-
contre pour la première fois un PJ ou un PNJ antagoniste
Asako Taishi, l’un des nombreux voyageurs qui parcourent la i nna de in a i n de e hni e de ah
route de l’Empereur, est un érudit hors pair. Dans sa famille, de ih de ri el ien a lig d’ n d a an-
il jouit d’une réputation de chercheur tenace et créatif, qui a tage de type malédiction ou spirituel, il doit effectuer un
découvert des vérités que d’autres n’ont pas réussi à mettre test e ie i e) N 3. En cas de réussite, l’affi-
au jour (ou ne l’ont pas souhaité). Mais, pour un samouraï, nité du personnage avec le surnaturel fascine Taishi, qui
un tel talent peut aussi représenter une malédiction : Taishi cherche alors à en apprendre davantage, sans se soucier
a été renvoyé de son poste aux bibliothèques Asako après des conséquences.
130
CHAPIT R E 3 : L E CŒU R DE L’EMPIR E
idée d’aventure :
bours. Elles apportent des chariots de charbon pour la
halte, des rations pour l’année à venir, ainsi que du bois
les observations pour les flèches et du fer pour les sabots des chevaux.
de l’hérétique
Les étendues désertes fournissent un terrain parfait
pour que la cavalerie d’élite Utaku s’entraîne à tourner et
à charger en formation. Ces cavalières, incarnation de la
beauté de la brutalité, sont effrayantes. Menées par l’intré-
Accroche Asako Taishi a des ennuis. Deux
pide Utaku Kamoko, les Vierges de bataille sont toujours
groupes avec lesquels il voyageait ont subi des
prêtes à partir en guerre.
attaques, et il est certain que les assaillants en
n rai n de e in de e e ni d’ li e en h
avaient après lui. Il a peur de quitter la halte dans
s’est grandement développé au fil des siècles : des dépen-
laquelle il séjourne sans une escorte de samou-
dances telles qu’une forge et de vastes écuries ont été
raïs compétents tels que les PJ.
ajoutées à ce qui n’était autrefois qu’une simple tour
Développement Sur la route, Taishi est de garde construite sur un sol à peine assez solide pour
attaqué par des tirailleurs Daidoji, visiblement accueillir des tentes. Bien que les lieux soient presque
déterminés à récupérer quelque chose dans son vides la majeure partie de l’année, ils peuvent servir de
paquetage : un rouleau décrivant l’histoire de base pour une opération militaire de grande envergure…
la route de l’Empereur et qui jette un doute sur comme un assaut contre le Clan du Lion situé au sud. Les
la lignée même des Hantei (ou tout autre docu- vastes étendues sauvages et sans pistes qui séparent le vil-
ment hérétique ou scandaleux qui correspond lage de la Frontière Noire et la rivière du Marchand noyé
mieux au sujet de la campagne). Les Daidoji dissuadent la plupart des clans d’adopter ce genre de stra-
ne cherchent pas à tuer qui que ce soit, mais ils tégie, mais de telles zones constituent des voies rapides
combattront les PJ si ceux-ci s’interposent. pour le Clan de la Licorne. Une cavalerie comme celle des
Vierges de bataille, bien équipée en destriers, peut couvrir
三 Paroxysme Taishi insiste pour rendre public
cette distance en une nuit et une journée… et malgré tout
le document à la cour. L’esprit en lui semble
frapper avec des montures encore fraîches.
également vouloir révéler ces informations, au
mépris de la sécurité de Taishi. Cependant, une
telle révélation peut avoir des conséquences
imprévisibles, auxquelles les PJ, du fait de leur
implication, ne pourront échapper.
131
C H API T R E 3 : L E C Œ U R DE L’EMPIR E
CAPACITÉS
A R R
R A commandant d’avant-poste
A Une fois par session de jeu, au prix d’une activité de temps
ANTAGONISTE RANG DE CONFRONTATION 5 4 mort, Utaku Sabuteki peut préparer autant de chevaux
Sabuteki est un inten- qu’il le souhaite en vue d’un voyage, et également équi-
Ce lointain cousin d’Utaku Kamoko gère l’avant-poste des
dant accompli et un per leur cavalier. Chaque cheval et chaque cavalier ainsi
artisan talentueux. Il Glaces avec compétence et élégance, et le maintient sur
le pied de guerre. Ces qualités l’ont mis dans les bonnes préparé augmente de 2 points son Endurance jusqu’à la
peut obtenir, réparer ou
grâces de sa parente, au comportement tout aussi belli- fin de la session de jeu.
fabriquer la plupart des
objets nécessaires aux queux. Tandis qu’elle a tout d’une vaillante commandante,
PJ, en particulier si ces Sabuteki est plutôt un maître de la logistique, qui a com-
derniers préparent un
voyage. Les émotions
pris que des troupes au ventre vide et dépourvues de mon-
idée d’aventure : un
bien étrange œuf
tures fraîches n’ont d’armée que le nom. Sabuteki tire ses
n’ont que peu d’emprise
compétences de son expérience de maître d’écurie. Bien
sur lui, mais en appeler
qu’il s’agisse d’une fonction honorable pour tout homme
à son sens du devoir
de la famille Utaku, l’intelligence et la fiabilité de Sabuteki Accroche
fait véritablement écho Au cours de leur périple, les PJ
chez lui. lui ont valu l’attention de Kamoko, qui s’est arrangée pour
rencontrent un groupe de bandits (probable-
e le r le de gardien de en h l i re ienne
Les PJ peuvent rencon- ment des ronin) en train de dépouiller les corps
Sabuteki se distingue de la plupart des Utaku, répu-
trer Sabuteki lorsqu’ils de voyageurs récemment tués, dont au moins
tés pour la vitesse et l’intensité avec laquelle ils réalisent
se retrouvent coincés une samouraï à en juger par son sabre. En inter-
chacune de leurs entreprises, par son sens de la mesure,
quelque part. Ils venant pour mettre un terme au pillage, les PJ
peuvent aussi le croiser sa méticulosité et son stoïcisme. Certains membres de sa
parviennent à chasser les bandits sans trop de
dans le camp militaire famille jugent ces traits inhabituels, voire frustrants, mais
difficultés.
d’Utaku Kamoko lors- Kamoko est consciente que de telles qualités sont essen-
qu’elle part au combat. tielles pour le responsable de son avant-poste. Bien que sa Développement Les seules choses intéres-
fonction semble peu glorieuse, Sabuteki sait qu’en restant santes que les PJ trouvent sont les multiples
tout au long de l’année dans ce lieu isolé, et en s’assurant chevaux morts (dont la race indique que la
qu’il soit prêt à tout instant, il joue un rôle vital dans toute samouraï faisait partie du Clan de la Licorne, et
future bataille. probablement des Vierges de bataille) et un œuf
étrangement chaud. L’avant-poste du Clan de
SOCIÉTAL PERSONNEL la i rne le l r he e en h d n
70 HONNEUR ENDURANCE
16 les habitants souhaitent récupérer le corps de
5 2 leur défunte camarade. Au cours de la nuit, les
40 GLOIRE SANG-FROID
12 bandits reviennent, plus nombreux, et certains
3 2 anien la ah l e len ’il en aien
40 STATUT 2 ATTENTION
6 après l’œuf.
132
4
CHAPITRE
Les lieux
sacrés
Une jeune samouraï pauvre erre dans une
forêt à flanc de montagne. À la tombée de
la nuit, elle consulte la carte délavée subtili-
sée à la bibliothèque de son clan. Quelque
part au sein de cette forêt se cache un sanc-
tuaire dédié à un kami local… peut-être
pourrait-elle y trouver refuge.
Peu après, son cheval sursaute : un
bruissement dans un buisson ici, un batte-
ment d’ailes là, une ombre fugace à l’orée
de sa vision. Elle pousse sa monture au
trot, puis au galop. En guise de réponse,
des voix venues de nulle part s’élèvent en
un croassement rauque. Elle comprend en
voyant les becs et l’acier : une volée de
tengu, sur leur territoire. Chacun de ces
individus est maître du sabre, assurément
malveillant, probablement sanguinaire…
alors qu’elle est inexpérimentée, épuisée,
affamée et seule.
L’éreintement coule de ses épaules
jusque dans ses muscles. Son armure et ses
armes lui semblent lourdes. Elle chute plus
qu’elle ne descend de selle : si elle doit
mourir, autant que son cheval s’échappe.
Les jambes faibles et tremblantes, elle
s’agenouille sous les feuilles d’un pau-
lownia. Les tengu l’encerclent… et, par-
faitement synchronisés, ils s’agenouillent
et s’inclinent trois fois à trois reprises cha-
cun, puis s’envolent. Perplexe, elle leur
rend leur salut… et ne remarque qu’alors
les bandes de papier couvertes de prières
effacées qui entourent le tronc de l’arbre.
Enfin seule, elle s’adosse aux racines de
celui-ci et finit par se laisser aller au repos.
Elle a trouvé le sanctuaire.
C H API T R E 4 : L E S L I E UX S ACR ÉS
Les sanctuaires de
où vivaient les oni, le Jigoku. Les humains évoquaient le
Yomi comme s’il s’agissait de la totalité des enfers, car
ses frontières impénétrables contenaient les démons du
La cosmographie
aient trouvé des expli- grand) a toujours existé : elle se réincarne sans cesse après
cations au fonctionne- la mort de l’individu. Lors de chaque renaissance, le karma
ment de l’univers et de l’âme (le poids spirituel des actes commis dans sa vie la
de Rokugan
les aient vérifiées du plus récente) détermine la forme et la destination de cette
mieux possible, il en
dernière. Les pires criminels deviennent des démons des
va de même pour les
enfers et des fantômes affamés. Ceux au comportement
autres cultures. Dans
le monde imaginaire
a n r e h i e de gan (le ingen-d en tolérable prennent la forme d’animaux ou d’humains.
de La Légende des Cinq termes cosmographiques) occupe un carrefour entre Seuls les plus vertueux deviennent des sorei.
Anneaux, la vérité peut diverses régions importantes d’un point de vue spiri- Le culte des fortunes et le shinséisme, même si le décret
dépendre littéralement el ar le e-d i i a r re l gi e ni- de l’Empereur Hantei Genji les a formellement rassemblés
de l’endroit où l’on rique et réside dans la pensée humaine, ces royaumes et réconciliés, interprètent différemment le concept de
se situe. ne sont ni des dimensions, ni des réalités, ni des plans, karma. Pour les tenants du premier, le karma peut être bon
ni des univers parallèles. Ils occupent le même monde ou mauvais, et les actions positives et altruistes renforcent
e le ingen-d e ’ enden a -de a le bon karma à hauteur de l’effort consacré à l’action et de
et au-dessous les uns des autres, bien que leur relation son effet. Shinsei, le Petit Maître, au contraire, soutenait
spatiale ne soit aucunement euclidienne. Une carte de l’hypothèse que tout karma était « mauvais ». Il enseigna
ces royaumes ressemblerait à une feuille de papier, fra- à ses disciples que chaque acte génère du karma, qui lie
gile, ancienne et élimée, pliée, chiffonnée, déchirée puis l’individu au cycle de la réincarnation, bien que des actions
réparée à maintes et maintes reprises depuis l’origine du motivées par la peur, le regret ou un désir particulier en
monde. Il serait ainsi possible de se réveiller un beau jour génèrent une plus grande quantité. Personne n’a prouvé
et de découvrir que des mains cosmiques ont lacéré les quelle religion avait raison et il est probable que personne
terres alentour et qu’un autre royaume a jailli du trou ainsi n’y parvienne.
créé dans l’univers. La transition entre les royaumes peut
aussi être plus subtile, comme un long virage qui mène à
une nouvelle perspective sur la réalité.
au-dessus
Au fil du temps, le placement de ces régions et Les Cieux flottent bien au-dessus de la surface de la
leurs relations sont devenus plus confus. De très vieilles Terre, par-delà les nuages. Des créatures mystiques
légendes, par exemple, racontent que les enfers étaient comme les dragons ou les Ki-Rin peuvent voler jusqu’à
constitués d’un royaume de passage qu’on appelait le Mei- ces royaumes, et très certainement y emmener des cava-
do, puis du lieu de l’ultime repos des sorei (les esprits des liers si elles daignent s’en donner la peine… bien que peu
ancêtres) nommé le Yomi, et enfin d’un lieu reculé oublié de légendes évoquent des mortels suffisamment dignes
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pour s’y rendre. Cependant, la route la plus directe pour jade et d’autres pierres précieuses reçoivent les offrandes
atteindre ces contrées supérieures reste une échelle : tout envoyées d’en dessous.
dispositif, naturel ou artificiel, qui permet aux humains La bureaucratie impériale de Rokugan suit l’organisa-
inaptes à voler de grimper jusqu’aux Cieux ou d’en des- tion du Tengoku, selon laquelle Dame Soleil et Sire Lune
cendre. Les échelles célestes les plus connues, des portes règnent sur une pyramide descendante de courtisans et
divines gardées et administrées par les serviteurs du Ten- d’administrateurs. Des querelles mesquines, l’inefficacité
goku, surplombent des montagnes sacrées. D’autres sont bureaucratique, des assignations scandaleuses et d’autres
des reliques magiques (des échelles pliables, des chaînes, imperfections du genre pimentent parfois la vie céleste,
des grappins, les plumes de créatures sacrées) ou des mais en général, le Tengoku reste résolument dévoué
êtres vivants tels que des arbres gigantesques. Certaines au bon fonctionnement du cosmos et à la progression
ne semblent exister que lorsque l’alignement des Cieux vers la sagesse et la vertu de tous les êtres dotés d’une
est propice : la lumière du croissant de lune ou un motif conscience. De nos jours, nombre des débats animant la
d’étoiles étincelant les révèle alors. salle du trône concernent les actions à entreprendre au
Jigoku. Autrefois, bien avant la chute des Kamis, les âmes
Le Tengoku qui le méritaient y étaient envoyées pour être réhabilitées,
mais il devint un terrain propice aux complots maléfiques.
Le Tengoku est le royaume où résident Dame Soleil, Sire Les démons qui dévoient le royaume à des fins égoïstes et
Lune, les plus importantes fortunes, les dragons élémen- destructrices dépassent en nombre les fidèles serviteurs
taires, les Empereurs exemplaires des temps passés, ainsi d’ a- e la r ne de la r r e di i ile
que leurs serviteurs shinzoku. D’immenses pagodes et des de séparer les honnêtes et justes mazoku des infâmes, et
ponts constellés d’étoiles jaillissent de nuages sombres sa charge de travail ne cesse d’augmenter, rendant, avec
et agités qui font aussi office de rizières pour nourrir les chaque année qui passe, ses visites aux siens, dans sa
habitants du royaume. De splendides sanctuaires d’or, de demeure céleste, de plus en plus rares.
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C H API T R E 4 : L E S L I E UX S ACR ÉS
Puisque le Tengoku couronne littéralement le ciel, l’une n r len er ain erri ire e ani a d hi h -d
de ses fonctions les plus importantes consiste à s’occuper de se consacrent à des existences de vertu et d’entraide afin de
la météo. Les dragons élémentaires supervisent de gigan- se garantir une meilleure réincarnation. La plupart d’entre
tesques machines divines qui gèrent le cycle des saisons, eux, et notamment leurs dirigeants, sont des fidèles shin-
ajustent la température, font tomber la pluie et la neige, séistes ou cherchent à se faire ordonner moines ou prêtres
chassent les nuages et infligent les catastrophes naturelles. de Shinsei. Au contraire, les tenants du Sakkaku n’en ont
que faire : ils pensent que leur incarnation bestiale est
Le Yomi idéale et qu’il s’agit de leur forme parfaite et ultime. Ils
sont convaincus que la meilleure façon d’utiliser leur temps
Depuis le Jour des Tonnerres, au premier siècle, le Yomi est d’accepter leur nature animale (et tout le chaos qu’ils
est une jolie zone des Cieux, une sorte de province du Ten- sèment) et d’atteindre l’immortalité dans leur vie actuelle.
goku. Les sorei arpentent ses couloirs, ses gigantesques e hi h -d e le Sa a e rai en e de
demeures et ses bureaux, où ils remplissent leurs devoirs cours étrangères. Leurs interactions sont en général diplo-
de gardiens tutélaires. La plupart du temps, leurs tâches matiques et neutres, même si chacun essaie de saper l’in-
consistent à veiller sur les familles auxquelles ils apparte- fluence de l’autre au travers de magouilles, de manœuvres
naient dans leur incarnation la plus récente. À l’occasion, sociales… et à l’occasion de violence pure et simple. Cha-
ils surveillent aussi des régions ou des organisations. Une cune de ces deux entités, composées d’individus plutôt
femme du nom de Chifune, une marchande sans parents que de territoires, domine certaines étendues sauvages
vivants, voua son existence entière à un immense com- de Rokugan, se tient à l’écart de certaines autres, et lutte
merce de construction navale : elle payait généreusement contre son homologue pour s’emparer des régions contes-
ses employés et les traitait, tout comme ses clients, avec la tées. Certains esprits animaux prêtent allégeance à l’une
plus grande gentillesse. Devenue une sorei, elle continua ou à l’autre, tandis que d’autres demeurent neutres ou
à superviser son entreprise, puis elle prit sous sa protection essaient d’attiser leurs rivalités pour leur propre bénéfice.
des chantiers navals similaires, appréciant la vénération et Traditionnellement, un Grand Tengu dirige chacune de
les offrandes des divers contremaîtres et de leurs ouvriers. ces cours, même si, parfois, ce poste revient à un autre
Les édifices du Yomi sont en majorité jaune soufre, une e d’e ri ani al a radi i n rale d hi h -d
couleur qui rappelle les Sources jaunes souterraines dont rapporte que l’un de ces Grands Tengu, qui a renoncé à
le royaume tire son nom. son nom et se faisait simplement appeler « le Haut prêtre
de Shinsei », avait appris le Tao de Shinsei aux côtés du
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CHAPIT R E 4 : L ES L IEU X SACR ÉS
On rapporte même des rumeurs d’espions et de saboteurs De nombreux genres de démons et de nombreux types de
qui parviennent, à travers les rêves, à voler des informa- dystopie infernale composent les niveaux de ces royaumes,
tions confidentielles dans des esprits au secret. la plupart d’entre eux étant trop lointains ou trop déplai-
Savoir si une interaction donnée est le fruit de l’imagi- sants pour qu’on les évoque. Les moins infâmes de ces
nation ou un véritable échange par-delà le voile fascine les infâmes créatures se nomment les mazoku : des démons
groupes florissants de marcheurs oniriques, qui mettent en a er i e d’ a- e de e i de n er ain-
pratique le rêve lucide et des techniques divinatoires pour si qu’au fonctionnement juste et efficace des enfers. Les
explorer de plus en plus profondément la voie des rêves. textes sacrés les présentent comme des humains à la peau
Bien que l’intérêt pour ce sujet grandisse, les adeptes les bleue ou rouge, pourvus de cornes, de griffes et de dents
plus accomplis (les tisseurs de rêves de la famille Kaikoga du acérées. Les mazoku servent le cycle de la réincarnation en
lan de la hal ne) ar en en le e-d de i de i le tant que geôliers, tortionnaires, gardiens de prison, juges,
De manière assez inquiétante, depuis que ce passe- scribes, messagers, concierges, entre autres rôles… S’ils
temps s’est développé, le voile entre le royaume des rêves et s’acquittent honorablement de leur tâche et rejettent la sau-
le ingen-d ’e e il h e hi ire d e e r de vagerie somme toute inhérente à leurs activités, ils peuvent
yōkai n a e-d e le baku à la longue trompe espérer renaître en tant qu’animal ou humain.
qui torturent les âmes endormies ou combattent leurs cau-
chemars, se sont multipliées, en particulier celles évoquant
de sinistres baku qui rejoignent le monde de l’éveil pour tour-
Le Jigoku
menter les innocents. Ces racontars inquiètent fortement les D’anciens documents et des textes religieux apocryphes
Kaikoga, qui pourraient bien être les seuls capables de répa- affirment que le labyrinthe de tortures et de tourments
rer les dégâts provoqués par des amateurs imprudents. qu’on appelle le Jigoku était autrefois un lieu de réhabili-
tation plutôt que de damnation, où les âmes étaient lavées
Techniquement, le Jigoku comprend la totalité des tant qu’animal. Les gaki se retrouvent donc dans les vastes
enfers actuels, mais dans le langage courant, le terme ne quartiers pauvres souterrains qui entourent les austères et
d igne a le r i e e r r le el r gne a- superbes citadelles, portes et bâtiments administratifs du
il décrit plutôt les innombrables strates de malheur infé- Meido, avec lesquels ils contrastent grandement. La taille
rieures, abandonnées à jamais à Fu Leng, à ses lieute- de ha e ir n ri i n e ne d a i-d a i-
nants oni et aux esprits maléfiques nés pour le servir. Ces sine celle d’une province de Rokugan, et des magistrats
oubliettes sont l’ignoble pays du mal à l’état brut, où et gardes mazoku sont à leur tête. La météo n’y est jamais
les oni préparent leurs plans pour ébranler le monde qui clémente. L’air fétide sent le renfermé. Les gaki vivent, tra-
les surplombe et pour le consumer par la corruption et vaillent, mangent, se battent les uns contre les autres et
le vice. Peut-être qu’un jour, des héros aussi grands que périssent dans ces faubourgs misérables.
Shinsei et les Sept Tonnerres s’aventureront dans ces pro- a- ne l’ad e a de nne gr e ai la
fondeurs que même les dieux craignent d’arpenter, afin de aille d a i-d d a e le en e ad ini ra-
les arracher aux griffes des démons et de les transformer tives de ses mazoku. En fait, s’échapper de ce royaume
en un lieu d’ordre, de justice et de réhabilitation. Pour l’ins- est bien trop aisé. Les frontières de certaines circonscrip-
tant, personne ne s’est porté volontaire. tions semblent se confondre et fusionner avec certains
de ire endr i d ingen-d de e ne
Le Meido des sites de batailles ou de massacres, des temples pro-
fanés, des contrées sauvages corrompues et les quartiers
Tous les défunts rokugani passent d’abord par le Meido, les plus déshérités des grandes villes. On raconte souvent
avant leur éventuelle réincarnation. Cette région tran- qu’un voyageur qui s’enfonce trop dans le secteur le plus
i ire e le i ge d ir d’ a- r ne de la corrompu d’une immense ville peut finir par atteindre le
mort et juge des défunts. Là, les âmes des morts attendent a i-d Se l le rage e la han e i en n el al-
en ligne qu’on les compte, les enregistre, les juge et leur heureux d’être abordé par les gaki avant de trouver un
attribue une réincarnation en adéquation avec leur karma. magistrat démoniaque prêt à l’écouter. Bien que certains
a- r ide e e r d re l’aide de e ne spectres locaux se montrent suffisamment malins et géné-
i de n er Shin S S ai an enj ai en reux pour indiquer une échappatoire à un voyageur per-
hi d e enrin n r i n j ge rd nn li du (le plus souvent en échange de quelque chose), la plu-
le karma de l’âme et lui attribue une réincarnation sous part d’entre eux sont consumés par une faim terrible, et
une forme et dans un royaume qui sied à ses exploits et les vivants leur mettent particulièrement l’eau à la bouche.
à ses défauts. Les mazoku (gardes, scribes, juges, assis-
tants, huissiers et concierges) facilitent la procédure, dans
l’espoir de gagner le droit à une meilleure réincarnation
Le Tōshigoku
grâce à leurs loyaux services dans l’un des pires métiers l’ rigine a- r a le hig le r a e d
de l’univers. massacre, pour en faire une division spéciale affectée à la
Cependant, tout comme les humains, les mazoku réhabilitation des trop nombreux Rokugani tués dans des
peuvent dévier du droit chemin. Les agents de Fu Leng, guerres injustes et futiles. Il vida une zone particulièrement
ainsi que son influence, se cachent partout, même au i ra le d a i-d n r i i n h ea e n a
Meido, et promettent pouvoir et faveurs aux mazoku l’ n de a le l en ( j i le an e
faibles à condition qu’ils influencent le sort de certaines de l’impermanence) à la tête de la légion qui y stationna
âmes : un grand héros pourrait tout bonnement se retrou- et dont les rangs grossissaient rapidement grâce aux âmes
ver expédié au Jigoku, ou une méprise dans la paperasse qui mouraient de violence inutile.
pourrait entraîner la réincarnation d’un scélérat dévoué à l’in d’ a- la er idie in de j i
Fu Leng en un samouraï important, plutôt qu’en un fan- Fu Leng envoya d’astucieux oni se faufiler entre les fron-
tôme affamé. Dénicher et punir ces êtres corrompus rend i re er a le d a i-d a in d’in il rer le h ea d
le ra ail d’ a- en re l re an hig e d’enle er j i ni e r i a ri n
apparence règne maintenant à la place de ce dernier et
Le Gaki-dō adre e de a ra r a- ide en el i- i
est bien trop occupé pour venir contrôler celui qui semble
On appelle gaki une âme totalement consumée par le re n ini re l al e a j i n ni adi e
d ir i rena a a i-d ien ’ n rad i e ar i en eigne r en a ha i an d hig de a -
le terme par l’expression « fantôme affamé », un gaki n’est tiques et des arts martiaux toujours plus brutaux. Pendant
pas à proprement parler un spectre qui n’aurait pas réussi à ce temps, les sbires de Fu Leng cherchent les plus impi-
atteindre l’au-delà : tous les gaki sont passés par le Meido a le g errier d ingen-d e le ani len r
et y ont été jugés… décevants. Médiocres. En dessous de qu’ils laissent parler leur soif de sang, s’adonnent à des car-
la moyenne. Les méfaits d’un gaki ne sont ni assez violents nage e ien en i e en a hig e e
r ri er le hig le r a e d a a re ni torturées ne se rendent pas vraiment compte qu’elles s’en-
assez vils ou maléfiques pour valoir le Jigoku. Mais un gaki traînent pour servir de troupes d’élite à Fu Leng quand il
ne s’est pas non plus assez bien comporté pour renaître en lan era en in n en i e r ha er a-
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pêcheurs qui trouvent une pierre au milieu des prises de écouter, une expression béate sur le visage, Shinsei expo-
leurs filets la vénèrent en lui offrant de la nourriture et des ser les principes de la Voie. Il sortit ensuite avec le Petit
boissons, car la légende raconte que cette pierre est en Maître et Shiba.
fait Ebisu déguisé. Quand les trois hommes se séparèrent devant le palais,
Ebisu est la seule Fortune majeure à ne pas posséder le vieux moine remarqua un petit garçon qui jouait à proxi-
de shintai dans ses sanctuaires : on y trouve des icônes mité. Il tira alors du sac qu’il portait une balle de kemari
le représentant, mais il n’y vit pas, car il préfère résider trop grande pour y tenir et l’envoya d’un coup de pied à
dans la mer sous la forme d’une baleine. Bien que des shu- l’enfant, qui l’attrapa, puis le remercia avant de partir en
genja vénèrent Ebisu, il ne leur parle pas, et comme il est courant. À ce moment, ceux qui observaient la scène com-
dur d’oreille, on ne l’implore pas avec des prières à voix prirent que le vieux moine n’était autre que Hotei, dégui-
haute, mais plutôt en tapant dans ses mains et en faisant sé en humain. Quand ils demandèrent à Shinsei s’il le
tintinnabuler des cloches. Les moines d’Ebisu, même s’ils connaissait, celui-ci répondit : « Non, mais quelque chose
montrent un respect de façade pour le shinséisme, sont en lui semblait familier. J’ai le sentiment que je le reverrai. »
les moins orthodoxes des shinséistes dans leurs pratiques L’ordre des moines de Hotei fut le premier ordre du culte
et leurs traditions. des fortunes à voir le jour, bien avant que l’Empereur ne
fusionne cette religion avec le shinséisme.
Fukurokujin
Fukurokujin est la Fortune de la sagesse. Selon la légende
Jurōjin
populaire (à ne pas confondre avec certaines croyances et r jin r ne de la l ng i e nh e in e e
pratiques du Clan du Phénix), il aurait été autrefois un mor- âgé, aussi vieux que les étoiles. Il vit dans une constellation
tel parvenu à maîtriser la Voie : il aurait appris à se nourrir qui lui ressemble, dans le ciel austral. Comme Fukuroku-
du souffle de l’univers plutôt que d’aliments et de boissons jin, il s’appuie sur un bâton, et est accompagné d’un cerf,
et a fini par s’élever à son poste divin. Les artistes martiaux d’une tortue ou d’une grue, mais il est très mince alors que
le vénèrent souvent : il incarne la sagesse qu’ils cherchent la r ne de la age e e r e r jin e le a r n
à atteindre par leur démarche combative. des arts visuels : tous les moines qui le révèrent sont des
On le représente sous les traits d’un vieil homme, artistes appliqués qui produisent de splendides peintures,
robuste et de petite taille, au long front, appuyé sur un écrans et sculptures de toutes tailles, dont la vente à de
grand bâton et tenant un livre savant. Il est toujours accom- riches mécènes entretient confortablement les monastères
pagné d’une tortue, d’une grue ou d’un cerf noir, voire de de l’ordre.
plusieurs d’entre eux. Son symbole sacré est l’aiguille, et
ses fidèles les plus dévoués sont les tailleurs. On raconte
que Fukurokujin sait ramener les morts à la vie, mais qu’il Kisshōten
ne se sert jamais de cette connaissance ni ne l’enseigne, i h en e la r ne de la j ie de la er ili e de la
de peur de la voir utilisée pour de mauvaises raisons. beauté. En fonction des régions et des époques, elle rem-
la e ar i r jin r jin a e de ga-
Hotei ni i h en e r r e ar le e e le r ari
(hommes comme femmes), les futurs parents et les fidèles
Hotei, Fortune du contentement, ressemble à Daikoku sur qui désirent obtenir beauté ou chance. Son culte est plus
bien des points : il est tout aussi enjoué et rondelet, et il prononcé dans les clans ou dans les familles fondés par
possède de grands lobes d’oreille. Mais contrairement à ne e e e le a le a la dai
Daikoku, il n’est pas recouvert de cendres funéraires. Son risquant de mourir en couches, ses suivants ont tendance
symbole sacré est un sac (un hōtei) empli de jouets et de
à prier la Fortune la plus susceptible de lui venir en aide.
cadeaux qu’il offre aux enfants méritants. Sans surprise, il
e e l’ad ra i n de i h en e d el e dan le
est l’une des fortunes les plus populaires et les plus appré-
régions où les enfants revêtent une grande importance
ciées. De plus, il serait la seule fortune à avoir rencontré
(par exemple, les terres du Clan du Dragon, compte tenu
Shinsei en personne.
de leur démographie).
La légende raconte qu’avant que quiconque connaisse
i h en e en re r en e dan ne en e
Shinsei, un moine âgé et excentrique serait arrivé au palais
rose, dorée ou rouge, debout dans une fleur de lotus.
impérial, et serait entré directement dans la salle du trône
Son objet sacré est le chintamani, qu’elle tient en main :
pour s’asseoir dans un coin et méditer en silence. D’un
cette gemme en forme de pêche est réputée pour exau-
geste, l’Empereur ordonna de s’éloigner aux gardes hési-
cer les souhaits.
tants qui s’apprêtaient à arrêter le vieil homme. Hantei en
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Emma-Ō enfers est une fortune extrêmement lasse. Son visage est
renfrogné et rouge, et sa bouche est hérissée de crocs et
a- a rai le re ier h ain rir Se l il i - de défenses. Il porte un chapeau orné, au niveau du front,
ta la terre des vivants pour descendre dans les enfers du d’un idéogramme signifiant « roi », et il tient toujours une
Yomi (car à l’époque, le Yomi et non le Jigoku composait les vieille planche sur laquelle il accroche le dossier du karma
enfers). Il devint la fortune de la mort et le juge des défunts, de l’âme avant de la juger pour sa réincarnation (ou de délé-
et régna avec équité et justice. Certaines histoires racontent guer cette décision à l’un des juges sous ses ordres).
’ a- n r i i l i- e le in alla i n de en er Des prêtres le révèrent, mais il reçoit peu de prières :
Selon d’autres légendes, lorsqu’il découvrit les lieux, les on estime en général que celles-ci le dérangent, car il est
bâtiments, demeures et palais y figuraient déjà, bien qu’il tellement surchargé de travail qu’il ne pourra jamais les
ait été le premier sur place… comme c’est curieux ! traiter, et elles ne feront que s’empiler sur son bureau.
Après que le Yomi et ses sorei furent montés aux Cieux, a- ’ era de re ri re l ard e n
a- n ia e de ir a die d iel e rede endi adage qualifiant les efforts « considérables, mais vains »
r re n rir le eid e le a i-d el n l i i er- d’un Rokugani. Les fonctionnaires et les administrateurs
sonne ne restait aux enfers pour les administrer, Fu Leng la en en de i age re r en an a- dan
l’emporterait. Il a eu raison, mais quiconque lève les yeux leur cabinet : son terrifiant visage y fait office de rempart
r a- ne rra e n der e le eigne r de contre la corruption et l’inefficacité.
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dépenses. Comme le montant est déterminé par le sanc- À l’heure de la Chèvre, une autre visiteuse interrompt
tuaire (et accepté sans hésitation), de nombreux lieux saints le ra ail ad ini ra i de ji a i hai e aire
sont en compétition pour accueillir des étudiants. Un seul bénir son nouveau sabre. Pendant que quelques gardiens
héritier samouraï peut apporter suffisamment de ressources du sanctuaire se préparent à oindre la lame avec les eaux
à un sanctuaire pour financer celui-ci pendant des années. du lac Kanawa, la Matsu attend dans la salle de prière,
où elle révère ses ancêtres. Une fois que le rituel est ter-
le sanctuaire au miné et qu’elle a repris son sabre, la Matsu reconnais-
La section suivante présente une journée typique au sanc- Pendant ce temps, un étudiant du dojo d’Ukabu Mura
tuaire de Mezameta, situé en banlieue de la ville d’Ukabu est arrivé : après s’être purifié, il fixe sur une branche du
Mura, le Village Flottant. Y vit le kami du lac Kanawa tout prunier du sanctuaire une bande de papier sur laquelle
proche, qui alimente la rivière du Marchand noyé. Selon la il a transcrit son souhait : un vœu romantique. Il dépose
légende, Shinsei but un jour à la cascade voisine et éveil- ensuite une offrande et quitte les lieux.
la l’esprit de ces eaux. Malgré l’importance du sanctuaire Le quartier libre des gardiens du sanctuaire commence
pour la ville en pleine expansion, il reste relativement petit à l’heure du Singe. Ils s’entraînent au tir à l’arc, pratiquent
et n’emploie qu’un prêtre et quelques gardiens. des jeux de poésie ou étudient les textes sacrés du sanc-
ji le r re d an aire e r eille l’he re d i re tuaire. Kokka lit les vœux accumulés sur le prunier au fil de
et médite pendant une demi-heure. Les gardiens balaient déjà la semaine. Elle les retire à la fin de l’heure.
les marches extérieures, nettoient le sanctuaire et remplissent Agasha Kiori est arrêtée à la porte : elle essaie d’em-
les bassins de purification d’eau bénite. À l’heure du Dragon, porter un objet sacré. Le prêtre lui demande prudemment
le prêtre réveille le kami en jouant du shakuhachi, une sorte de
de le laisser ici, tout en sachant qu’il ne pourra pas faire
flûte en bambou, et lui offre des gâteaux de riz. Chaque jour
grand-chose si elle refuse. Heureusement, elle accepte,
correspond à une cérémonie différente. Aujourd’hui, une fois
mais annonce qu’elle doit continuer sa communion : elle
e ji e n ain e l’e ri a a e n rande il
restera donc toute la nuit. Le prêtre s’y résout : c’est la
lui demande d’aider les fermiers à semer le riz.
meilleure issue possible pour cette situation. Quant aux
Les portes du sanctuaire ouvrent aux visiteurs à l’heure
gardiens, ils grommellent en leur for intérieur : en plus d’un
du Serpent. Le prêtre attribue les missions quotidiennes :
sanctuaire, ils gèrent un hôtel, à présent.
aujourd’hui, il faut accueillir les visiteurs et confectionner
des breloques pour un festival à venir. Agasha Kiori arrive. Le soleil approche de l’horizon à l’heure du Coq, et le
Après s’être purifiée et avoir fait ses offrandes, elle souhaite an aire er e e re ji j e d ha ha hi r
utiliser les jardins du sanctuaire. En raison de sa caste et rappeler le kami au sanctuaire. C’est au tour de Kokka de
de son statut de shugenja, elle peut obtenir tout ce qu’elle aire l’ rande d ir A a era lle i re i nne ji ar
demande, et les gardiens ne s’y opposent donc pas. le choix de son chant, et il note dans sa tête de veiller person-
Une demi-heure plus tard, Kokka, la gardienne du nellement à son éducation de prêtresse. Après quoi, on brûle
sanctuaire, se réveille enfin. La cinquième enfant d’un sei- les vœux du prunier pour qu’ils s’élèvent jusqu’aux fortunes.
gneur Asako se trouve ici pour accomplir un devoir fami- Les gardiens dînent, se lavent, puis déterminent à la
lial. Son manque de discipline lui vaut de recevoir une r e aille i rendra le re ier ar ji er ine a
he ingra e la r e de le i e ji ai e lan de journée par des recherches dans les textes sacrés et par
ne pas l’entendre se plaindre à voix basse. une méditation sur les événements du jour.
À l’heure du Cheval, le prêtre prend son premier repas
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approcher le divin accepte une confidence écrite sur un bout de papier plié et
brûlé à l’autel, tandis que Sadahako, fortune des artistes,
Chaque esprit d’un sanctuaire se doit d’être approché et préfère une offrande de fond de teint. Les kamis acceptent
vénéré de la manière qu’il préfère. Connaître chaque for- souvent n’importe quelle offrande qui correspond à leur
tune et chaque esprit est impossible : après tout, elles sont élément, comme du saké, de l’encens, des herbes sacrées,
un millier, et ils sont mille fois plus nombreux. Les gardiens des chandelles, du sel, du riz ou du poisson en conserve.
de sanctuaire et les prêtres assistent les visiteurs afin qu’ils Il faut toujours déposer une offrande en s’inclinant à deux
contactent l’esprit sans l’offenser. De plus, il existe des reprises : la première pour montrer son respect, la seconde
comportements généraux suffisamment fiables pour être pour prouver la sincérité de la première.
adoptés en tout temps. Le pèlerin doit ensuite attirer l’attention de l’esprit.
Avant d’entrer dans un sanctuaire, le visiteur doit passer La méthode la plus courante consiste à taper deux fois
sous une arche torii, qui le purifie et le prépare à pénétrer dans ses mains : on exprime ainsi sa joie d’être en pré-
dans un espace sacré. Contourner l’arche torii est un acte sence de l’esprit. Faire sonner une cloche, chanter ou dan-
grossier qui invite le blasphème à entrer, un peu comme fou- ser convient également, bien que ces méthodes soient en
ler les tatami d’une maison avec des chaussures boueuses. général utilisées par les shugenja ou les gardiens de sanc-
Le visiteur se lave ensuite au pavillon de purification : il se tuaire plutôt que par les pèlerins ordinaires. Puis le visi-
rince les extrémités et la bouche à l’aide d’une louche, avant teur s’incline à nouveau et exprime son souhait de discuter
de la rincer également. Il peut à présent pénétrer librement avec l’esprit. Une fois sa prière terminée, il s’incline une
dans le sanctuaire ou entrer dans la salle de prière. dernière fois et part promptement.
Souvent, les gardiens du sanctuaire ou le prêtre Les sanctuaires abandonnés et de campagne dont
aident à la prière, mais les habitués n’en ont pas besoin. personne ne s’occupe présentent un défi unique aux visi-
Tout d’abord, l’implorant s’agenouille devant la repré- teurs : comment éviter d’offenser un esprit inconnu ? Sans
sentation de l’esprit et présente son offrande. Pour les gardien pour guider les pèlerins, la situation peut être ris-
ancêtres, il peut s’agir de ce qu’ils préféraient durant leur quée : après tout, des comportements et des offrandes qui
vie ou du symbole d’un objet qu’ils possédaient autre- apaisent un esprit peuvent tout à fait en insulter un autre.
fois. Les offrandes destinées aux fortunes dépendent de En l’absence de shugenja pour converser directement avec
leur nature : Tenjin, la fortune des histoires et des secrets, l’esprit, le moyen le plus sûr reste de s’en remettre à l’humi-
lité : l’implorant regarde alors le sol et garde la tête baissée,
présente sincèrement ses excuses et demande à se faire
pardonner. L’esprit peut se montrer clément si des erreurs
se produisent par inadvertance tant que le pèlerin est bien
intentionné et fait montre du respect adéquat.
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les samouraïs et leurs ces derniers peuvent également être vénérés au sanctuaire
local, où les gardiens parviennent à discerner les réponses à
pratiques religieuses des questions particulières grâce à des rituels de divination.
Si un noble contrarie l’un de ses ancêtres, celui-ci peut lui
Les bushi ne peuvent pas éviter de se salir en remplissant rendre la vie difficile à l’aide de malédictions ou de coups de
leurs devoirs, puisqu’ils entrent régulièrement en contact malchance, voire le hanter, tout simplement.
avec du sang, de la sueur ou d’autres substances qui Lorsqu’un ancêtre ne dispose d’aucun descendant, il
entachent l’esprit. De plus, les tensions de la vie de guerrier, peut se sentir abandonné, ce qui peut l’amener à se trans-
dont font partie les tueries, peuvent déséquilibrer l’âme. Les former en muenbotoke, des esprits apathiques qui hantent
bushi doivent se purifier régulièrement afin que les consé- les vivants et les maudissent. Pour éviter un tel destin, les
quences de leurs devoirs n’attirent pas la malchance spiri- samouraïs peuvent révérer des ancêtres avec lesquels ils
RA tuelle. Ils recourent aussi aux bénédictions et aux divinations n’entretiennent aucun lien de parenté direct. Il n’est pas
AR pour gagner un avantage dans les épreuves à venir. rare qu’un samouraï s’approprie un ancêtre, non pas par
Les familles de samouraïs vénèrent leurs morts et lien de sang, mais en raison de l’admiration portée aux
Les pratiques religieuses cherchent à obtenir les conseils de ceux qui les ont précé- exploits du défunt. Cette pratique honorant l’histoire est
ne prennent pas partout,
dées. Les nobles révèrent aussi le fondateur ou la fondatrice considérée comme particulièrement noble.
et leur absence laisse
de leur clan, ainsi que les héros légendaires de celui-ci : ils L’adoration des ancêtres est bien plus courante parmi
éclore des croyances
populaires qui permettent pensent en effet que ces âmes peuvent leur accorder la faveur les samouraïs que ne l’est celle des fortunes ou des kamis.
aux gens du commun d’une aide surnaturelle. Bushi et courtisans partagent cette Lorsqu’un noble vénère une fortune, c’est souvent pour
d’obtenir une éventuelle croyance : à la cour comme sur le champ de bataille, recevoir obtenir une bénédiction particulière, comme la faveur de
aide de la part des esprits. les conseils de ses ancêtres peut faire pencher la balance vers Hachiman au combat, la grâce de Benten pour une repré-
Bien entendu, la plupart la victoire. Chaque demeure de samouraïs contient un sanc- en a i n l’aide de i r r d ire le e ’ n
des shugenja considèrent tuaire spécifiquement dédié à l’adoration des ancêtres, mais ancêtre passe au Meido.
de telles pratiques comme
des sornettes entretenues
par des ignorants.
148
CHAPIT R E 4 : L ES L IEU X SACR ÉS
Les mariages
Les mariages constituent des occasions particulièrement mariage : on y conserve des registres mentionnant chaque
joyeuses et se tiennent presque toujours dans un sanc- naissance aux alentours, ainsi que les cartes stellaires corres-
tuaire. Les noces varient grandement d’une région à ndan e e na d harg d’arranger le ariage
l’autre et incorporent diverses coutumes locales, traditions en voient leur tâche facilitée : ils peuvent comparer les
de clan et arrangements spéciaux pour l’esprit du sanc- constellations et les dates de naissance pour trouver le
tuaire, qui y assiste aussi. Malgré tout, il existe une céré- conjoint ou la conjointe idéale. Chaque union est signalée
monie de base commune à tout l’Empire. n lan n na d i rial (e e - i d i en l’a -
Pour les samouraïs, les sanctuaires jouent un rôle majeur prouver), et les sanctuaires se font un plaisir de fournir ce
dans la formation des couples, et ce, bien avant le jour du service aux participants.
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C H API T R E 4 : L E S L I E UX S ACR ÉS
150
raison de la nature de leurs devoirs. L’influence viciatrice de purification extrêmes, par exemple en plongeant les mains
la mort les entoure constamment, et une fois qu’ils ont rempli dans de l’eau bouillante ou restant debout sur des char-
leur office, ils reçoivent les honneurs et des cadeaux, puis sont bons ardents. Puis on supplie l’esprit auquel le festival est
congédiés sans attendre. Leur présence en dehors de funé- dédié de s’éveiller. Le shugenja explique au kami ou à la
railles apporterait la malchance. Les paysans les évitent, les fortune pour quelle raison il abuse de sa gentillesse et l’in-
personnes superstitieuses les craignent, et seuls les samou- vite à pénétrer dans le shintai du sanctuaire.
raïs désespérés ou imprudents les cherchent. Ces prêtres et Quand le shugenja confirme que le shintai est occupé,
ces shugenja vivent une existence solitaire, mais elle remplit ce dernier est placé dans un récipient portable pour défiler
un devoir nécessaire qu’ils sont les seuls à pouvoir accomplir. dans la ville ou le village, où les habitants le saluent selon
la coutume locale et se livrent à des représentations pour
Les festivals le divertir. Chaque festival possède son propre lot de spec-
tacles, tels que du théâtre no, des danses de dragon ou
Une autre fonction importante des sanctuaires est la des feux d’artifice. Chaque esprit a ses préférences : Benten
conduite des nombreux festivals annuels. Le calendrier apprécie le kabuki, Bishamon préfère les affrontements de
rokugani est riche en fêtes, sans compter les centaines de sumai et Hachiman aime les reconstitutions de bataille.
festivals célébrés dans chaque province. Même le village Même si les participants au festival adorent ces représen-
le plus reculé possède au moins un festival unique pour tations, au bout du compte, elles sont destinées à l’esprit
célébrer un phénomène culturel important dans la région. du sanctuaire. Les esprits aiment que les mortels boivent,
Certaines festivités datent du début de l’Empire ou même s’amusent et passent du bon temps : le village entier par-
d’avant, tandis que d’autres célébrations sont des inven- ticipe donc aux festivités, durant lesquelles de la nourri-
i n r en e de dai d’ ere r e e i al ture spéciale est servie et des jeux uniques sont organisés.
témoignent des changements de saison et commémorent Puisque l’esprit du sanctuaire assiste à la fête, de nombreux
des événements historiques majeurs. Ils célèbrent des for- services particuliers qui, en temps normal, ne sont propo-
tunes, des ancêtres honorés et d’autres esprits. sés qu’à une date précise sont offerts : bonne aventure, soin
Même si chaque festival répond à ses propres cou- d’états préjudiciables et consultations spirituelles gratuites.
tumes, la plupart se déroulent d’une façon similaire. Le À l’approche de la fin du festival, un immense banquet
prêtre ou le shugenja entreprend un rituel de purifica- est tenu en l’honneur de l’esprit. Il comprend souvent du
tion au sanctuaire et le long du chemin que l’esprit vénéré saké bénit, ainsi que des aliments interdits la plupart du
doit emprunter. Les shugenja s’adonnent à des rituels de temps, mais autorisés au cours de ces festins. Par exemple,
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C H API T R E 4 : L E S L I E UX S ACR ÉS
le festival de Hida est le seul événement durant lequel les où il est célébré chaque année. Kan’o et Nagameru, for-
N R
samouraïs du Clan du Crabe peuvent consommer la chair tunes jumelles des cerisiers, y sont à l’honneur, mais aus-
A de l’animal éponyme. Le repas est collectif, et tous ceux si Nagameru, qui s’avère difficile et capable de gâcher les
qui assistent au festival y participent. festivités par des tempêtes printanières. Son nom signifie
En plus de célébrer les Quand le banquet est terminé et que l’esprit du sanc- d’ailleurs « contempler », mais épelé différemment, le sens
festivals d’importance, tuaire est, a priori, de bonne humeur, le shugenja lui change pour devenir « il pleut longtemps ».
chaque ville et chaque demande d’accorder ses faveurs pour l’année à venir : de La contemplation des fleurs de cerisiers constitue l’une
village possède son lot de bonnes récoltes, un temps clément et la protection contre des principales activités de ce festival, tout comme les
festivités commémorées les maladies sont autant de requêtes courantes, au même pique-niques sous les branches. Les participants déposent
nulle part ailleurs, afin
titre qu’une longue vie pour l’Empereur. Les dernières céré- du saké et des poèmes en guise d’offrandes aux plus vieux
d’honorer des esprits
locaux ou un élément que
monies sont alors réalisées et l’esprit, congédié, reprend le arbres, et en particulier à ceux dans lesquels pourraient
les habitants de la région chemin de son sanctuaire… ou du lieu d’où il vient. vivre les esprits kodama. Grâce à la dispersion de pétales
estiment indispensable Même si la plupart des festivals majeurs suivent ce roses, les prêtres prédisent les dates auxquelles les pay-
à leur mode de vie. Le déroulé, des festivals régionaux ou de moindre impor- sans doivent semer, et la contemplation des cerisiers en
village de la Croisée tance peuvent parfois s’en éloigner, tout comme les fes- fleur peut se prolonger tard dans la nuit.
des chemins organise le tivals d’origine atypique. Par exemple, le festival du
festival des pieds nus,
dédié à Koshin, la fortune
Courroux lunaire, célébré au cours de la première semaine Le Jour des clameurs
de la cour d’hiver, ne contient aucune demande à l’esprit
des routes. Les villages
honoré, Onnotangu, ni aucune représentation. En lieu et Le quatrième jour du mois du Tigre se déroule le Jour des
côtiers célèbrent le festival
de Suijin en l’honneur de
place de festivités, les commerces ferment, et les courti- clameurs, un festival en l’honneur de la fortune du ton-
la fortune de la mer. Et, sans s’abstiennent de parler et de chanter pendant un jour nerre et du feu, Osano-wo. Cependant, plutôt que de
comme chacun le sait, et une nuit, plongeant la terre dans le silence en l’honneur le supplier ou de lui offrir des divertissements, les par-
le village de l’Aimable de Sire Lune. Quiconque brise ce silence subira le courroux ticipants se tiennent sur une scène prévue à cet effet et
Voyageur organise chaque du dieu. Ainsi, tous les festivals ne sont pas des moments crient leurs doléances à pleins poumons. Tout est permis,
année un festival du saké ! heureux, et l’ambiance de certains est plutôt morose. puisque même les déclarations les plus scandaleuses se
Les familles des clans
doivent d’être oubliées dans l’instant. Ainsi, les paysans se
majeurs possèdent aussi Le festival Bon plaignent de leurs seigneurs, les fermiers et les pêcheurs
leurs propres festivals des maigres récoltes et du mauvais temps, les personnes
pour vénérer leurs an- Le dernier jour du mois du Chien se tient le festival Bon, en mariées de leur partenaire, les enfants de leurs parents,
cêtres communs ou des l’honneur des défunts et pour apaiser les esprits errants. et parfois, les dévots protestent contre les fortunes. Ces
moments importants de Ce festival, le plus important des anciens festivals, est l’oc- doléances amusent Osano-wo, et fournissent un exutoire
leur histoire. Par exemple, casion pour chaque Rokugani de se souvenir des exploits aux tensions accumulées au long de l’année.
le festival de Hida, que de e an re e i e le ingen-d ’ ni en e La plupart des membres des clans majeurs (au contraire
le Clan du Crabe est le
jour-là, et les ancêtres sacrés peuvent alors rendre visite de ceux des clans mineurs) ne participent pas à ce festival,
seul à célébrer, se tient le
troisième jour du mois
aux mortels et participer aux festivités. Les familles laissent car crier des plaintes est indigne d’un samouraï. Mais des
du Sanglier et honore le des offrandes pour leurs chers défunts, et exécutent une nobles se déguisent parfois pour contourner cet interdit.
fondateur du clan avec la danse régionale, le bon odori, en leur honneur.
plus grande compéti- À la fin du festival, les participants déposent des lan-
tion de vantardise de ternes de papier flottantes sur les rivières et les cours
tout l’Empire. d’eau. Chacune d’entre elles contient le nom d’une per-
sonne décédée au cours de l’année écoulée. Les Rokugani
entretiennent l’espoir que ces lanternes atteignent la mer,
afin que les âmes perdues qui n’ont pas pu traverser le
pont des Lumières suivent ces lueurs dans l’au-delà.
152
CHAPIT R E 4 : L ES L IEU X SACR ÉS
153
R
NA A
La scène les jardins ressemblent aux paysages des royaumes des
esprits, pour qu’elles s’y sentent comme chez elles quand
Les représentations dédiées à l’esprit du sanctuaire font elles s’y rendent.
Les shimenawa sont des partie du quotidien des lieux. La plupart des sanctuaires
cordes de paille de riz
destinées à entourer des
disposent donc d’une quelconque scène bénite, sur
laquelle les gardiens dansent et interprètent des pièces.
Le miroir d’eau
espaces sacrés. Elles sont
décorées de bandes de Dans les plus grands d’entre eux, un théâtre complet et Cet ornement apprécié des visiteurs est un cauchemar
papier irrégulières et de équipé pour du no est parfois érigé. pour les gardiens de sanctuaire, en raison de sa difficulté
pampilles de paille, et d’entretien. Le miroir d’eau symbolise la nature illusoire du
généralement disposées
autour de rochers ou
Le pavillon de purification monde : le sanctuaire s’y reflète en entier, mais une simple
ondulation fait disparaître l’image et révèle la réalité qui se
d’arbres sacrés, ou encore Les invités procèdent à leurs ablutions dans le chōzuya, cache en dessous. Ainsi, le miroir d’eau rappelle à toutes
dans tout le sanctuaire. où ils se purifient avant d’entrer dans le sanctuaire. Habi- et à tous l’omniprésence des royaumes des esprits.
Il existe deux types de
tuellement, ce pavillon consiste en un puits peu profond
shimenawa : les cordes de
bénédiction, qui protègent
et abrité, mais il inclut parfois une source d’eau naturelle,
telle qu’un ruisseau ou une crique. Grâce à une louche, les
Les statues gardiennes
contre les esprits malins
et créent des « demeures » fidèles se versent de l’eau sur les mains, la bouche et les Les statues d’animaux en pierre sont fréquentes dans les
où vivent les kamis, et pieds avant de rincer l’instrument. sanctuaires. Elles s’élèvent en général à l’entrée, mais aus-
les cordes d’entrave, qui si sur les toits, parfois taillées dans les coins des bâtiments
retiennent les esprits et
les empêchent de partir.
Les jardins ou au sommet de ponts en arc. Elles servent à effrayer les
esprits importuns et à protéger le sanctuaire contre les
Les prêtres entourent Les jardins des sanctuaires offrent des endroits tranquilles malédictions. La croyance veut que ces gardiens s’animent
parfois des maisons, voire
où les visiteurs et les gardiens peuvent méditer. Le type si certains esprits maléfiques devaient apparaître à proxi-
des villages entiers, de
de jardin reflète la nature de l’esprit des lieux : des jardins mité. Le type d’animal représenté varie en fonction des
shimenawa afin de bénir
les habitations et de les de pierre pour des esprits guerriers, des jardins de fleurs régions, mais les plus communs sont des chiens-lions (des
protéger des dangers pour des esprits de la nature, des jardins de sable pour les komainu), des renards (notamment dans les sanctuaires
surnaturels. ancêtres, etc. Dans les sanctuaires des Fortunes majeures, d’Inari) et des sangliers.
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CHAPIT R E 4 : L ES L IEU X SACR ÉS
le sanctuaire
contiennent des versions miniatures de tout ce que leurs
homologues de taille normale nécessitent.
de la ki-rin
Les sanctuaires des ancêtres
Au sommet d’une montagne isolée, dans les terres les plus
Tous les grands sanctuaires consacrent une petite zone à occidentales du Clan du Phénix, se dresse un modeste sanc-
la vénération des ancêtres, en général sous la forme d’un tuaire. Sans son torii massif, clairement visible depuis les
autel inoccupé sur lequel les visiteurs placent le shintai de alentours, il serait facile de le manquer. Une légende pré-
leur ancêtre. Le plus souvent, cet objet est une modeste tend que de petits troupeaux de Ki-Rin parcourent encore
tablette en bois qui arbore le nom de l’aïeul en question. les environs, dans les clairières et les torrents dissimulés.
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Ceux qui cherchent à obtenir leurs faveurs déposent des épais shimenawa entoure son encolure. Sur le piédestal en
offrandes sur l’autel du sanctuaire et prient pour apercevoir pierre, ces antiques mots sont gravés : « Contemplez l’hori-
les mystérieuses créatures. zon, car les visions qui s’y trouvent appartiennent au futur ».
Des offrandes sont disposées un peu partout à son pied :
Son histoire du chou découpé, des glands polis, des verres de saké et
des cônes d’encens qui diffusent un parfum entêtant d’anis
La fondation du sanctuaire de la Ki-Rin demeure incon- et d’épices.
nue. D’après la légende locale, Dame Shinjo s’est reposée Les gardiens du sanctuaire forment un petit groupe
au bord du précipice qui le longe avant d’entreprendre très uni. Le prêtre à sa tête, un homme d’âge mûr du nom
son voyage hors de l’Empire. Au coucher du soleil, elle de Hinoki, a obtenu son poste récemment. Sa position est
a aperçu un Ki-Rin, un mystérieux équidé né du royaume délicate, car il est responsable d’un sanctuaire d’impor-
Céleste. Une statue a été érigée sur le lieu de la rencontre. tance, sans pour autant être de noble extraction. Quelques
En raison de la place importante qu’occupe le sanc- gardiens effectuent les tâches quotidiennes des lieux en
tuaire de la Ki-Rin dans l’histoire du Clan de la Licorne, il balayant, en bénissant les sols et en aidant les pèlerins.
est devenu une destination fréquente pour les pèlerins de L’équipe a récemment vu l’ajout d’un nouveau membre :
ce clan. Un accord de longue date autorise les visiteurs du Kaito Hinowa, une gardienne de sanctuaire rustique issue
Clan de la Licorne à se rendre au sanctuaire comme bon de la famille Kaito. Les traditions de cette dernière sont
leur semble, une politesse valable même en période de dédiées à la protection des sanctuaires contre le déséqui-
guerre, et qui ne nécessite pas de laissez-passer. libre spirituel et ont conduit Hinowa jusqu’au sanctuaire de
la Ki-Rin. Elle pense que les kamis veulent qu’elle reste en
Approcher du sanctuaire ces lieux et qu’elle en garde le sol sacré. Aucun prêtre ne
refuserait la protection d’un Kaito. Cependant, Hinoki ne
Le sanctuaire de la Ki-Rin se trouve environ à une l’accueille plus de bon cœur, car malgré ses bonnes inten-
demi-journée de voyage de Shiro Gisu, dans la monta- tions, Hinowa n’est pas coutumière des traditions uniques
gneuse province Asako. La côte rocailleuse est couverte du sanctuaire, et elle dérange. Par respect pour le rang
d’une dense forêt. Elle borde des rapides sinueux dont d’Hinowa, Hinoki n’ose pas la renvoyer, mais sa patience
le réseau descend en cascade des plateaux supérieurs atteint ses limites.
jusque dans les étroites vallées. De loin, seul le torii écar-
late du sanctuaire est visible. Il n’y a pas de route. Des lan-
ternes de pierre indiquent subtilement le chemin à inter-
valles réguliers, et le recours à des guides est souvent
nécessaire pour les trouver. À l’aube et au crépuscule, les les ki-rin
voyageurs peuvent entendre le tambour lointain des taiko
qui retentit depuis le sommet des montagnes. Les Ki-Rin font partie des créatures mystiques les
Enfin, la pente s’adoucit et se transforme en un sen- moins comprises de Rokugan. Ils seraient origi-
tier détérioré le long de nombreuses cascades. La brise naires du Tengoku, mais ils errent en troupeaux
rafraîchissante devient plus froide avec l’altitude. La forêt dans tous les royaumes des esprits. Selon les
finit par laisser place à des rochers nus et à des pins soli- légendes locales, ils n’apparaissent qu’aux plus
taires dans l’air glacial de la montagne. Le chemin passe vertueux ou aux plus malfaisants pour octroyer
sous un torii et conduit, plus haut, à l’arche massive qui leurs bénédictions aux premiers et accabler les
domine le pic érodé. Au-delà du second sommet se seconds de malédictions.
trouve un plateau qui offre une vue à couper le souffle Le plus souvent, un Ki-Rin ressemble à un
sur les terres du Clan du Phénix qui s’étendent à l’est et cheval ou à un cerf à tête de dragon enveloppé
au sud, ainsi que sur les plaines du Cœur du Dragon qui de flammes et de fumée, dont la queue évoque
occupent l’ouest. celle d’un tigre ou d’un bœuf. Certaines per-
Ceux qui s’attendent à une architecture grandiose sonnes affirment que ces créatures ne possèdent
typique des sanctuaires du Clan du Phénix sont en géné- qu’une corne sur le front, tandis que d’autres
ral déçus : ils se trouvent plutôt face à une poignée de bâti- clament qu’elles présentent deux bois tournés
ments modestes qui entourent le plateau montagneux. Plu- vers l’arrière. Selon les écrits du Clan du Phé-
sieurs d’entre eux renferment les quartiers résidentiels, et un nix, les Ki-Rin peuvent scruter le cœur des mor-
autre édifice d’une seule pièce est dédié aux affaires admi- tels et ainsi découvrir le karma de ceux-ci. Dans
nistratives. Le sanctuaire ne dispose ni d’une salle de prière, les légendes du Clan de la Licorne, les Ki-Rin
ni d’un jardin de méditation, ni d’un honden où conserver se montrent si compatissants qu’ils lévitent
le shintai. Au lieu de ces éléments, il n’est constitué que au-dessus du sol afin de ne blesser aucun être,
d’une seule statue, un Ki-Rin de marbre enveloppé de pas même le moindre brin d’herbe.
flammes sculptées et tourné face aux monts de la Grande
Muraille Septentrionale. Ses yeux sont sertis de jade, et un
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La fête de Setsuban
Cette fête annuelle, pendant automnal de celle de
Setsubun qui se tient au début printemps, célèbre le
passage de l’été à l’automne. L’été est la saison de la
guerre dans l’Empire d’Émeraude, et il est impératif
que les maux créés durant ces mois disparaissent et
ne viennent pas souiller les récoltes avant la moisson.
Dans tous les sanctuaires de Rokugan, on convoque
symboliquement les démons dans lesquels se
concentrent alors tous les maux de l’année écou-
lée. Les prêtres « tuent » ensuite ces démons,
s’assurant au passage que les malheurs de
l’été meurent avec eux. Bien entendu, ces
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Approcher du sanctuaire
Puisque le sanctuaire du kami Saule-Guérisseur s’élève sur
un îlot rocheux au-delà des docks bruissant d’activité, il
faut s’y rendre par bateau. Dans ce but, un kobune bénit
est accessible, décoré de bandelettes de papier et d’un
torii, et nombre de personnes le considèrent comme par-
tie intégrante du sanctuaire.
De l’autre côté de la petite île se dresse le modeste
sanctuaire : une lanterne de pierre haute de quelques
dizaines de centimètres installée au pied d’un saule cre-
vette de deux mètres. Cet arbre ancien est perpétuelle-
ment en fleurs, orné de pétales roses et marbrés et de
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CHAPIT R E 4 : L ES L IEU X SACR ÉS
N R R A A A
Kuni Kayo, jardinier du saule
Une fois par scène et au prix d’une action de Soutien, Kayo
ANTAGONISTE RANG DE CONFRONTATION 5 3 peut conjurer le Kodama du Saule tant qu’il se tient à por-
Le devoir de Kuni Kayo, descendant du tout premier gar- tée 0-5 du sanctuaire du kami Saule-Guérisseur. Le Koda-
dien du sanctuaire du kami Saule-Guérisseur, est obscur ma du Saule apparaît pour combattre les ennemis de Kayo
et solitaire. Il s’occupe seul des lieux, tout comme son ou protéger celui-ci d’une autre façon, et ce, jusqu’à la fin
père, sa grand-mère et tous ses autres ancêtres avant lui. de la scène.
Heureusement, le kodama du saule lui tient compagnie.
L’esprit lui parle avec beaucoup de tendresse, et leurs
conversations interminables attirent de nombreux curieux
(et amènent certains à penser que le gardien est un peu LeRANG
ANTAGONISTE Kodama du Saule
DE CONFRONTATION 7 4
étrange). Kayo, un homme déterminé, instruit et à peine Le kodama du saule ne s’est pas manifesté depuis des
antipathique (comparés aux autres Kuni), rêve en secret de générations, mais une prière intense le tirera de son pro-
plus grandes aventures, mais il n’abandonnera jamais ni fond sommeil. S’il apparaît, il prend la forme d’un être bos-
son devoir ni le kodama avec qui il s’est lié d’amitié. su à la longue chevelure blanche, à la peau noueuse et
Le gardien du sanctuaire n’a ni femme ni descendance, grise, similaire à de l’écorce, et aux yeux doux.
mais il désire se marier. Cependant, sa malchance et ses
mystérieuses fonctions jouent contre lui, et il ne sait plus
quoi faire. Le kodama semble inquiet, voire jaloux, si le 4 1
ENDURANCE
12 ATTENTION
3
sujet du mariage est évoqué en sa présence. On dirait
presque qu’il ne souhaite pas que Kayo se marie, de peur
SANG-FROID
8 VIGILANCE
2
de perdre ses attentions. L’esprit ne serait tout de même 4 4 1 +2, –2
pas responsable de la malchance amoureuse de l’homme ? ATTITUDE : CALME
40 HONNEUR ENDURANCE
12 AVANTAGES DÉSAVANTAGES
4 1
iss tes r i es A r rt
40 GLOIRE SANG-FROID
14
2 3 martial ; physique social ; mental
25 STATUT 3 ATTENTION
4
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS
+2, –2 VIGILANCE
1
ATTITUDE : BOURRU r es ette ses : portée 0-2 ; dégâts 6 ; Dangerosi-
té 3 ; inflige des dégâts physiques ou surnaturels
ARTISANAL 0 MARTIAL 2 SAVANT 4 SOCIAL 0 PRO. 0
i e e t rt ) : écorce épaisse (Résistance phy-
AVANTAGES DÉSAVANTAGES sique 4 ; Sacré)
s rit ti e e er t e e CAPACITÉS
social ; mental social ; relations
N N A A
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS Une fois par scène, au prix d’une action de Soutien, le
Kodama du Saule peut prendre pour cible autant de per-
: portée 1-2 ; dégâts 6 ; Dangerosité 2 ; Ordinaire
sonnages situés à portée 0-5 qu’il le souhaite. Chaque per-
i e e t rt ) : kimono (Résistance physique 1 ; sonnage pris pour cible élimine 4 points de Fatigue, ainsi
Ordinaire), livre de chevet, bouteille de saké qu’un état au choix du Kodama.
R AN A
CAPACITÉS
Le Kodama du Saule est une créature Extérieure de gaba-
A R N
rit 2. De plus, une fois par scène et au prix d’une action du
Au prix d’une action de Soutien, Kayo peut effectuer un type approprié, il peut accomplir n’importe quelle invoca-
test e ie erre) N 1 prenant pour cible un per- tion de la Terre ou de l’Eau de rang 1 ou 2. Il réussit avec
sonnage situé à portée 0-1. En cas de réussite, la cible 3 succès bonus et 2 .
diminue de 2 points le ND de tous ses tests pour résis-
ter aux effets du poison et de la maladie (jusqu’à un ND
minimum de 1) et ne peut pas s’enivrer. Cet effet persiste
jusqu’à la fin de la scène.
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Le shintao n’est pas la seule religion de Rokugan. Des Les sanctuaires corrompus
cultes dédiés à Sire Lune, qui déteste les humains,
cherchent à lui conférer plus de puissance et à précipiter Quand un sanctuaire se délabre, l’esprit qui l’habite fuit,
son jugement sur ses enfants. L’organisation des adeptes ou un élément malsain peut pénétrer l’espace sacré et
du sang essaie de libérer Iuchiban. Des individus pétris s’y développer : les lieux deviennent alors corrompus. Le
d’égoïsme, à la recherche d’un pouvoir incommensurable, même résultat survient lorsqu’un royaume de pénitence
se tournent vers l’art des malédictions et marchandent el e le hig le a i-d ’e are de erre
avec des oni. Le monde contient moult dangers, et les d’ n an aire e re la e l’ nergie d ingen-d e
royaumes des esprits en renferment leur part. esprits de ces royaumes expulsent l’esprit des lieux ou le
transforment en une entité malveillante.
de sombres sanctuaires,
Insidieusement, les sanctuaires corrompus ressemblent
à des sanctuaires normaux, sauf pour celles et ceux qui
de nobles buts peuvent sentir leur nature. Des particules de poussière
flottent dans l’air pesant, les eaux bénites semblent tièdes,
Tous les esprits ne sont pas bienveillants. Certains, tels et les efforts pour nettoyer les lieux ne parviennent jamais
que les terribles oni, émergent du Jigoku pour semer le à les rendre tout à fait propres. Le sol résiste à la consécra-
ha a ingen-d ’a re n i i e d’ n d i- tion, car les fortunes et les ancêtres ont abandonné l’en-
libre, comme le dragon maudit P’an Ku, enfermé dans le droit. Quant aux kamis qui y sont liés, l’état du sanctuaire
royaume des mortels. D’autres enfin ne font que leur devoir, les irrite, ou pire, les transforme en kansen, des esprits mal-
par exemple la redoutable fortune de la pestilence. veillants Souillés par l’influence du Jigoku.
Il faut craindre et révérer des esprits aussi terrifiants,
au même titre que les autres. Les clans entretiennent des
sanctuaires dédiés aux esprits malins comme aux esprits
bienveillants, et des offrandes sont déposées sur leurs
autels. De tels lieux sont courants dans l’Empire. Les
Doji s’occupent des plus grands sanctuaires de la
fortune de la pestilence, et une partie des récoltes
rin i ale n r l e r l’a el d’ i ga i
afin qu’il ne vienne pas lui-même ramasser
son dû. Sur les terres du Clan du Dragon, la
famille Agasha gère des sanctuaires dédiés
a hig e a a i-d r ain enir
un équilibre avec les sanctuaires bienveillants
consacrés au Meido et au Tengoku. On pour-
rait se demander pour quelles raisons les
Rokugani entretiennent de tels sanctuaires
maudits, mais certaines forces ne peuvent
pas être vaincues, seulement apaisées.
Mieux vaut qu’elles résident là plutôt que
d’errer librement dans Rokugan !
inviter le mal
Cachés aux yeux de tous, des sanc-
tuaires secrets honorent des esprits
ennemis de l’Ordre céleste ou de l’hu-
manité. Ces lieux sont entretenus par
des cultes hérétiques dévoués aux
forces des ténèbres. Parmi ceux-ci, cer-
tains sombrent dans une spirale nihiliste
et autodestructrice, tandis que d’autres
sont simplement désespérés ou désa-
busés par le culte des fortunes. Ces
sanctuaires perturbent sauvagement
l’harmonie naturelle et constituent une
menace directe au bien-être de Rokugan.
162
CHAPIT R E 4 : L ES L IEU X SACR ÉS
Un sanctuaire peut se délabrer si personne ne s’en et, parfois, les fortunes ne parviennent pas à déloger les
occupe, mais ce n’est pas suffisant pour que la corruption esprits les plus résistants. Par conséquent, un shugenja a
s’en empare. Cette dernière doit venir de l’extérieur. Parfois, tout intérêt à exorciser un tel sanctuaire : il sauve ainsi des
elle survient par accident, par exemple lorsqu’une personne vies innocentes et obtient au passage les faveurs de la for-
impure passe sous le torii et pénètre dans le sanctuaire. tune concernée. Mais cela semble plus facile à dire qu’à
Le plus souvent, les responsables sont des forces mal- faire, car il est rare de pouvoir combattre un esprit directe-
eillan e e la ah e er nne i r eillen le ment : la plupart doivent plutôt être apaisés.
sanctuaire peuvent renverser la spirale qui mène à sa corrup-
tion, mais une fois que celle-ci est totale, nettoyer complète-
Les sanctuaires de l’Outremonde
ment l’impureté devient une tâche particulièrement difficile.
Si l’Outremonde s’en mêle, c’est presque impossible. Les plus ignobles et impurs des sanctuaires sont ceux
’ rigen le ah - ai r le ni le an en re -
Les sanctuaires hantés sés à l’écart de la civilisation, ces sanctuaires alimentent
les forces du Jigoku, créant ainsi des lieux qui attirent les
De par la nature des sanctuaires, ceux-ci sont au moins kansen et où les oni peuvent se manifester. Sur place, la
en partie « hantés », mais par des esprits bienveillants. touche corruptrice de l’Outremonde est tangible, et ceux
Cependant, les sanctuaires qu’on qualifie ainsi étouffent qui se recueillent sur ces autels impies repartent Souillés.
sous la poigne des esprits malveillants, qui chassent les Dans ces sanctuaires, la présence de la corruption et
êtres vivants des lieux. Plusieurs événements peuvent de l’immondice est désirée, l’architecture incorpore ainsi
être à l’origine de cet état, par exemple des funérailles des éléments impurs, comme des os ou du sang. Des êtres
ratées, un ancêtre irrité ou, dans certains cas, la libération vivants peuvent être emmurés dans les fondations : leur
d’un esprit malveillant que les gardiens du sanctuaire vou- douloureuse torture donne alors naissance à des gardiens
laient emprisonner. Quelle qu’en soit la cause, des esprits d’un autre monde qui se mettent au service du démon
infestent à présent les lieux. Ils font échouer les consécra- des lieux.
tions et chassent l’esprit qui y réside, rendant le sanctuaire Le but de ces sanctuaires consiste à offrir un lieu de pou-
inutile, avec des conséquences néfastes sur les récoltes, ir a ah - ai e - i nd i en en e re de er-
les festivals et les bénédictions. ribles rituels et font des expériences avec les kansen. Il est
Les fortunes accordent de la valeur à leurs sanc- facile de faire pression sur un oni qui habite un sanctuaire,
tuaires, et lorsque l’un d’entre eux devient hanté, sa for- afin d’obtenir une entrevue et de marchander avec lui. Le
tune essaie souvent de le récupérer. Des tremblements de suppliant peut même lui offrir son vrai nom en échange
terre secouent alors ses fondations, des inondations tentent d’un fragment de sa puissance. Au sein de ces sanctuaires,
de chasser les fantômes, ou des tempêtes surgissent pour de sinistres bibliothèques regorgent de connaissances
bannir ces esprits des lieux sacrés. Ces efforts causent tou- interdites et s’étendent sous les flèches tortueuses, tandis
jours des dommages collatéraux aux habitations proches que des objets maudits attendent d’être utilisés.
163
C H API T R E 4 : L E S L I E UX S ACR ÉS
Les chasseurs de sorciers Kuni, les inquisiteurs du Clan Au cours du huitième siècle, le Grand Maître des élé-
du Phénix et les membres de la Garde Noire du Clan du ments est parvenu devant le palais Kakita et en a trouvé
Scorpion, les Kuroiban, cherchent tous ces lieux mena- les portes closes. Face à cette insulte, il en a maudit les
çants. Quand l’un de ces groupes découvre un sanctuaire portes : tout enfant né dans le palais alors que les portes
maudit, il le passe par les flammes et sale le sol : des sont fermées conduira la famille à sa perte s’il tire son sabre.
décennies s’écouleront avant que la terre ne revive, et des Afin d’éviter cette malédiction, la famille a ordonné que
générations avant qu’elle ne puisse être à nouveau consa- les portes restent toujours ouvertes. Néanmoins, quelques
crée… si tant est qu’une telle chose soit possible un jour. malheureux ont vu le jour alors que les portes étaient fer-
Néanmoins, ces conséquences ne sont rien face à l’exis- mées : ces Kakita ne se voient pas enseigner les voies de
tence d’un tel sanctuaire. leur famille et n’ont pas le droit de toucher une lame.
164
5 Les voies de
CHAPITRE
l’Illumination
Après une marche forcée pour atteindre une tête de pont Les officiers querelleurs baissent d’un ton, prennent
cruciale, la discussion s’envenime lors d’un conseil de une profonde inspiration, écoutent. Le moine guide leur
guerre nocturne dans la tente du daimyō. Un jeune capi- discussion vers un compromis : les soldats restés au
taine impétueux souhaite mener un assaut total contre camp retrancheront celui-ci, pendant que le capitaine
l’ennemi. Le commissaire des ashigaru demande une mènera un petit détachement de combattants piller
bonne nuit de repos avant que les troupes épuisées n’en- les lignes d’approvisionnement ennemies. Tandis
gagent le combat. L’intendant informe l’assemblée que que les membres du conseil, satisfaits, prennent
les provisions diminuent et conseille de piller la campagne congé, le daimyō s’incline bien bas devant le
plutôt que d’affronter l’armée adverse. moine et le remercie pour cette leçon impor-
Pendant toute la dispute, un vieil homme chauve se tante, sur l’art de la guerre comme sur
tient assis en silence, jusqu’à ce que le daimyō, exaspé- le shinséisme.
ré, lui demande son opinion. Le sage cite alors le Tao de
Shinsei et exhorte à chercher les causes réelles de la souf-
france. Le capitaine peut-il se couvrir de gloire par une
approche moins directe ? Le commissaire peut-il détacher
quelques ashigaru pour une mission de moindre impor-
tance, tout en laissant les autres se reposer ? L’intendant
peut-il nourrir l’armée si le convoi d’approvisionnement
la rejoint ?
C H API T R E 5 : L E S V O I E S DE L’IL L U MINATIO N
Le mystère de Shinsei
À la suite de cette rencontre capitale, Shinsei, réticent
mais déterminé, réunit les Sept Tonnerres pour affronter Fu
Leng lors du Jour des Tonnerres. À la fin de la bataille, vic-
Shinsei, le Petit Maître, déclencha un véritable boulever- torieux, il pleura.
sement dans la vie, les prières et la pensée rokugani. Il Mais qui était Shinsei, en réalité ?
prophétisa des explications sur la manière dont la vie, la Un proverbe bien connu indique que « quiconque
vous a déjà parlé de Shinsei vous a menti ». Un autre, plus
mort, les éléments et la société travaillent ensemble en un
cynique, affirme que « quiconque vous a déjà expliqué
vaste cycle dont les révolutions dépassent la perception
Shinsei l’a assassiné ». Ces deux adages évoquent la dif-
humaine. Les enseignements de Shinsei sur la cosmolo-
ficulté à comprendre les enseignements du Petit Maître,
gie ne servaient pourtant que de toile de fond à sa leçon
ainsi que les centaines d’années et de couches d’inter-
principale, centrée sur l’opinion et le choix. Les humains ne
prétations et d’exégèses que les prêtres, les moines, les
n en a ne a n de i n r le je de h gi -
empereurs, les seigneurs et les anciens y ont ajoutées,
sant le bien au mal, les cieux aux enfers : ils sont respon-
malgré le goût de Shinsei pour la brièveté.
sables de leurs propres progrès personnels, ainsi que de
shinsei le philosophe
ceux de leur société, par la contemplation et la compas-
sion. Aucune fortune, aucun kami et aucun démon ne sur-
passe l’Illumination.
L’interprétation la plus conservatrice de l’identité de
Les Rokugani connaissent certains éléments de la vie
Shinsei et de ses croyances (la plus proche du texte du Tao
de Shinsei.
de Shinsei) décrit le Petit Maître comme un logicien qui a
Shinsei était un professeur, un orateur et un philosophe expliqué en détail la nature de l’existence et de la condi-
qui parcourait Rokugan pour partager des vérités. Son ser- tion humaine par pure compassion pour autrui. Selon les
mon le plus célèbre et le plus influent eut lieu au cours shinséistes qui partagent cette opinion, les leçons éthiques
d’une conversation avec le premier Empereur Hantei, de Shinsei sont au cœur de la pratique de cette religion.
que Shiba retranscrit consciencieusement dans le Tao de Leurs détracteurs peuvent être d’accord sur l’identité de
Shinsei. L’ouvrage débute par une explication du cycle des Shinsei et sur ses enseignements, mais ne pas être du
Cinq Éléments, en guise de préface. Il se poursuit par la même avis quant à leur importance.
description de la façon dont la conduite d’un individu peut Dans cette interprétation des préceptes de Shinsei, la
l’aider à s’améliorer, mais aussi à faire progresser sa socié- doctrine de la coproduction conditionnée tient une place
té. Le Tao se termine par une explication de la manière centrale : il s’agit de la croyance selon laquelle chaque
dont le karma et la réincarnation affectent l’âme en tran- phénomène a une cause, ou « origine ». Les quatre élé-
sit… bien que Shinsei ait répété que chercher à atteindre ments manifestes (l’Air, la Terre, le Feu et l’Eau) trouvent
une meilleure renaissance en y consacrant sa vie et ses chacun leur origine dans l’un de leurs homologues, ain-
pensées était une folie, une perte de temps, et même une si que dans le Vide, qui surviendra à la fin de tout, et le
entreprise contre-productive. Vide est issu des quatre éléments manifestes. Pourtant,
En sortant du palais de l’Empereur, Shinsei et Shiba la division des éléments est une illusion, tout comme le
eurent une courte conversation en privé. Bien qu’au- royaume des mortels. Tout provient du Vide et y retourne.
cun d’entre eux n’ait divulgué les détails de cet échange, Par conséquent, le Vide est tout. Ainsi, toute existence est
de nombreux documents apocryphes prétendent révéler liée : les distinctions entre les éléments, et entre tout ce
la vérité. qui est vivant, sont une illusion.
CHAPIT R E 5 : L ES V O IES DE L’IL L U MINAT IO N
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C H API T R E 5 : L E S V O I E S DE L’IL L U MINATIO N
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CHAPIT R E 5 : L ES V O IES DE L’IL L U MINAT IO N
La confrérie de Shinsei
destination du peuple et s’adonnent à d’autres activités
de méditation et d’amélioration de leur personne. En pra-
tique, la plupart des moines se situent à mi-chemin de ces
En théorie, la religion impériale officielle du shintao, qui deux extrêmes : ils se lancent dans des activités pour mieux
vénère à la fois le Tao de Shinsei et les mille fortunes, unifie comprendre le Tao tout en s’efforçant de transmettre leurs
tout Rokugan. En pratique, le clergé se consacre à l’un des connaissances aux gens du peuple.
aspects de cette religion, quitte à se détourner des autres
voies. En général, les prêtres et les shugenja pratiquent le
kami no michi, l’adoration des dieux, des fortunes et des
rejoindre la confrérie
autres esprits, tandis que les moines se vouent au Tao de N’importe qui (mais notamment les samouraïs, qui bénéfi-
Shinsei. Ces derniers forment la confrérie de Shinsei, une cient des moyens nécessaires et peuvent se permettre un
sorte de religion à l’intérieur même du shintao. tel choix) peut devenir moine à n’importe quel moment de
La confrérie de Shinsei, composée d’hommes et de sa vie. Il suffit de faire vœu de non-violence, de pauvreté,
femmes, comprend plusieurs ordres sacrés. Chacun est en de chasteté, d’honnêteté, de tempérance et d’austérité
général dédié à une perspective ou à un aspect précis du (chaque ordre de moines ajoute ou enlève souvent les vœux
shinséisme. Les ordres érudits écrivent, débattent entre qu’il souhaite), se raser la tête, se vêtir de blanc, de brun ou
eux et enseignent à de riches mécènes. Les ordres mar- de safran, et se consacrer à apprendre auprès d’un maître.
tiaux étudient les armes et la stratégie afin de défendre les Les vœux sont en général permanents, mais ce n’est pas
shinséistes vulnérables ou pacifiques. Les ordres thérapeu- systématique : les moines qui se rendent compte qu’une
tiques gèrent des centres de soins dans des lieux publics. existence cloîtrée ne leur convient pas peuvent quitter leur
Enfin, les exorcistes repoussent les démons et les esprits. ordre sans problème, et même le rejoindre à nouveau plus
Certains moines se tournent vers l’extérieur, à l’image tard. Cette souplesse n’est offerte que par le monastère :
des prêtres : ils viennent en aide aux congrégations de shin- le code du bushido est beaucoup moins accommodant, et
séistes non initiés, animent des festivals et célèbrent des certains samouraïs qui abandonnent la vie monacale n’ont
funérailles, offrent des conseils et s’occupent des temples d’autre choix que de devenir ronin.
publics. D’autres moines sont plus introspectifs : ils Techniquement, seule la foi dans les enseignements de
s’isolent dans des monastères et consacrent leur vie Shinsei doit motiver l’entrée dans un ordre de moines. En
entière à la contemplation des enseignements du pratique, de nombreux facteurs, même égoïstes, peuvent
Petit Maître, recopient des textes shinséistes à pousser un individu (et notamment un samouraï) à intégrer
la confrérie : il peut vouloir fuir une mauvaise famille ou un
mariage insatisfaisant afin de jouir du statut et du respect
dus à un moine d’un ordre célèbre. Il peut aussi souhaiter se
convertir à un certain aspect du shinséisme pour obtenir
l’estime des disciples de ce courant. Enfin, il peut
être fatigué du conflit constant et des jeux
politiques et vouloir s’isoler.
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C H API T R E 5 : L E S V O I E S DE L’IL L U MINATIO N
Les personnes qui se rasent la tête pour échapper à la Les moines de Bishamon
politique doivent choisir avec soin le monastère qu’elles
rejoignent lorsqu’elles aspirent à la paix et à la tranquil- Ces moines incarnent la contradiction du shintao
lité. En effet, de nombreux prêtres et moines d’impor- moderne. Puisque leur divinité tutélaire est la Fortune de
tance, et autant de temples, jouent des rôles majeurs dans la force, ils font partie des moines des fortunes. Leur ordre
la vie politique rokugani. L’implication du shinséisme en est celui qui reflète le mieux l’unité du shintao, en ce que
politique est le sujet de vifs débats. D’un côté, Shinsei lui- les moines doivent accomplir deux types de devoirs corré-
même a longuement évoqué la façon dont le principe de lés. Le premier consiste à étudier, à méditer et à créer des
compassion associe conduite personnelle et bien social. œuvres d’art, comme tous les autres moines shinséistes.
Par essence, les humains sont des créatures sociales, et les Le second vise à faire respecter (et à mener) tous les rites
pratiques shinséistes d’un individu affectent ses interac- destinés apaiser et honorer les fortunes, ce qui inclut l’en-
tions avec ses amis et sa famille, avec les étrangers, avec le tretien des sanctuaires des fortunes.
gouvernement et avec les autres autorités. De nombreuses Le siège des moines de Bishamon est la Bibliothèque
paraboles de Shinsei traitent, du moins en surface, des divine de Bishamon, située dans les régions montagneuses
questions éthiques qui touchent les autorités féodales : qui jouxtent Otosan Uchi. Ces moines sont particulière-
existe-t-il une guerre juste ? Quelle réponse apporter à la ment réputés pour leur propension à protester lorsque des
révolte d’une population agitée si ses doléances sont justi- décisions politiques leur déplaisent. Par exemple, si l’Em-
fiées ? Ainsi et sans surprise, la tradition veut que les shin- pereur nomme un abbé ou un prêtre peu apprécié à un
séistes conseillent les dirigeants, à défaut de s’impliquer poste important, les moines peuvent sortir le shintai de
davantage. Après tout, tel était l’objet du Tao de Shinsei. Bishamon de son sanctuaire de la Bibliothèque et le placer
D’un autre côté, de nombreux disciples du Petit dans un coffre afin de manifester hors de leurs monastères,
Maître considèrent ses discussions avec les dirigeants et en le transportant sur les épaules de plusieurs moines
ses leçons sur la gouvernance comme des illustrations robustes et en agitant leurs armes et leurs rosaires, tout
basiques ou des allégories de ce qui compte vraiment : le en scandant des slogans et des sutras. Ils se rassemblent
chemin introspectif de chacun. Une autre preuve de cette ainsi dans les rues d’une ville ou d’un village à proximi-
croyance réside, selon eux, dans les erreurs des prêtres té du lieu de l’offense et attirent des foules gigantesques.
shinséistes impliqués en politique ou en commerce qui se Les moines les plus bruyants et les plus en colère dis-
voient contraints d’user de violence ou de duperie. courent sur les péchés qu’implique la décision qu’ils esti-
ment injuste, sur les conséquences (néfastes, évidemment)
des ordres de d’une telle décision pour le futur de l’Empire, et sur la réin-
carnation inévitable de la figure d’autorité incriminée en
moines célèbres un ver plat ou en toute autre créature répugnante.
Envoyer une garnison pour effrayer les moines et les
Il existe peu de différences entre la plupart des ordres de
pousser à rentrer chez eux échoue le plus souvent, puisque
moines : leurs membres s’entraînent avec une arme en
même les guerriers qui acceptent d’attaquer le clergé
particulier, brassent du saké ou peignent des paravents,
rechignent à marcher sur le shintai de Bishamon de peur
par exemple. Mais certains d’entre eux sont reconnais-
d’offenser la Fortune… en particulier devant un peuple en
sables entre tous.
adoration et dont ils dépendent pour obtenir nourriture,
eau et ressources matérielles. Certains seigneurs et cer-
tains empereurs se plaisent à dépêcher de jeunes samou-
raïs audacieux et charismatiques pour régler l’insoluble
problème d’une manifestation de moines de Bishamon.
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CHAPIT R E 5 : L ES V O IES DE L’IL L U MINAT IO N
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à boire et à manger
moines savent presque tous lire et écrire et connaissent sou-
vent plusieurs dialectes grâce à l’étude de textes ou à leur
expérience de missionnaires dans les villages les plus recu-
Presque chaque monastère ou temple d’importance
lés. Recopier et commenter le Tao de Shinsei et le Dialogue
cultive des céréales comme le riz ou le millet et vend
du Tonnerre, ainsi que d’autres textes sacrés, occupent quo-
parfois des biens tels que l’indigo, les mûres ou la soie.
tidiennement de nombreux moines pendant des heures.
Nombre d’entre eux distillent aussi de la liqueur. Ces
Les bibliothèques des monastères accumulent également
récoltes et ces produits permettent aux habitants de se
des rouleaux de presque tous les types d’écrits : de la poé-
nourrir et à la trésorerie de l’organisation de rester appro-
sie, des romans, des pièces de théâtre, mais aussi des trai-
visionnée, réduisant ainsi la dépendance à de capricieux
tés scientifiques et des manuels d’escrime. Les moines et les
mécènes extérieurs. Les moines novices travaillent parfois
prêtres s’occupent en étudiant la philosophie naturelle ou
dans les champs, mais leurs aînés préfèrent souvent les
en s’adonnant à des recherches médicales, et ils accueillent
activités plus raffinées, en particulier le jardinage : ils dis-
dans leurs infirmeries et leurs cliniques quiconque, ami
posent les plantes autour du sanctuaire selon les anciens
comme ennemi, croyant ou non, dont la santé l’exige. Plu-
manuels de jardinage et d’aménagement paysager sacrés
sieurs temples d’inclination philosophique explorent aussi
ou cultivent de nouveaux légumes délicieux pour agré-
les maladies de l’esprit : leurs membres s’appuient sur la
menter leurs repas simples et en général dépourvus de
doctrine shinséiste de coproduction conditionnée et ana-
viande. Les riches monastères dotés de vastes champs
lysent les causes enracinées de la souffrance. Ces temples
doivent s’en remettre à la main-d’œuvre paysanne.
proposent, en plus des conseils que les prêtres ont toujours
Les catastrophes naturelles et les dégâts de la guerre
fournis, des cours de méditation et de pleine conscience,
obligent souvent des gens du peuple démunis à se masser
des exercices revigorants et des traitements aux herbes. Ces
aux portes d’un monastère ou d’un temple pour supplier
services présentent un intérêt particulier pour les samouraïs
qu’on les aide. Même si les plus grands et les mieux gérés
qui subissent des tensions liées au commandement ou des
des monastères accumulent plus facilement les ressources
traumatismes de guerre.
que les paysans, de telles vicissitudes drainent rapidement
leurs réserves. Dans ce cas, un prêtre ou un moine se rend
auprès du seigneur ou du magistrat local et lui demande Les funérailles
de l’aide, faisant ainsi remonter les dangers de la famine le
Contrairement aux prêtres et aux shugenja du culte des
long de la chaîne de commandement féodale.
fortunes, les moines shinséistes ne reculent pas devant
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CHAPIT R E 5 : L ES V O IES DE L’IL L U MINAT IO N
Ainsi, les funérailles sont présidées par des moines objectif de la cérémonie consiste à éloigner l’influence de
shinséistes dans les temples plutôt que par des prêtres la mort de la famille du défunt et à lui permettre de faire
des fortunes dans les sanctuaires. Cette organisation est son deuil sans perdre la face. Les funérailles shinséistes
aussi plus pratique, puisque de nombreux samouraïs à la sont donc destinées aux vivants, et non aux disparus.
retraite deviennent moines durant les dernières années de Les funérailles se déroulent quatre jours après le décès.
leur vie : ils se trouvent donc probablement déjà dans un Pendant ce délai, des membres de la caste des hinin pré-
temple ou un monastère au moment de leur décès. Les parent le corps sous les directives de moines… bien à l’écart
cérémonies funéraires de la confrérie s’inspirent des ensei- du temple. Le corps est lavé, oint et frotté avec du sel. Ensuite,
gnements du Tao et varient légèrement d’une province un masque dépourvu de traits est placé sur son visage, afin
à l’autre sous l’influence des coutumes locales. En raison que l’esprit du défunt, s’il reste dans les parages, ne recon-
des importants effets karmiques de la mort, le principal naisse pas son ancien corps ou ne tente de le récupérer.
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Le jour des funérailles, le temple fournit à la famille une vers la liberté et l’Illumination. Lorsqu’un Empereur et un
plaque de bois sur laquelle sont gravés le nom du défunt paysan (une fortune et un mortel) suivent la Voie de Shin-
et ses réussites. Les membres de la famille assistent à la sei, ils sont identiques. Shinsei a mentionné qu’une nais-
cérémonie vêtus des tenues blanches du deuil, puis un sance privilégiée ou aristocratique signifiait que le karma
modeste repas, constitué de mets spécialement préparés de la personne était léger dans sa vie antérieure. Il a aussi
pour ces cérémonies (des otoki) leur est offert. affirmé qu’un grand privilège impliquait une plus grande
Un décret impérial interdit les enterrements. Le corps obligation envers la société et donnait de plus nom-
est plutôt transporté jusqu’à un bûcher, où les proches breuses occasions d’accomplir des actions héroïques ou
assistent à sa crémation. Selon une croyance répandue, de connaître des échecs catastrophiques. Les commenta-
faire preuve d’un trop grand chagrin pendant cette partie teurs de l’ouvrage ont toutefois mis un accent plus pro-
de la cérémonie trouble l’esprit du défunt, qui reste alors au noncé sur le lien entre karma et statut social.
ingen-d n de in e e de gani d iren r En théorie, lors de la lecture de sutras dans un temple,
leurs chers disparus. Par conséquent, ceux qui assistent à un domestique du Clan de la Grue et Bayushi Kachiko en
des funérailles masquent leur douleur derrière des voiles et personne peuvent se retrouver assis côte à côte et se traiter
des visages de glace, de peur de maudire involontairement avec la courtoisie due à un égal. En pratique, les préjugés et
le défunt, qui deviendrait alors une âme perdue et errante. les stéréotypes affectent aussi bien les croyants que les laïcs.
Après la crémation, les membres de la famille ramassent les Les samouraïs qui intègrent un ordre sacré parviennent sou-
os parmi les cendres à l’aide de baguettes cérémonielles et vent plus vite à des postes de direction que les paysans, que
les font passer de mains en mains jusqu’à les déposer dans ce soit grâce à des liens familiaux ou sociaux établis avec le
une urne funéraire. Les moines allument ensuite une série clergé en place ou à une éducation qui a porté sur les clas-
de bougies pour symboliser la renaissance du défunt à tra- siques ou sur d’autres connaissances attendues d’un abbé
vers ses multiples vies antérieures. shinséiste. Ainsi, les manières, l’élégance et les habitudes des
Les traditions funéraires varient quelque peu en fonc- prêtres samouraïs, généralement apprises avant leur ordina-
tion des coutumes des clans et des croyances locales. tion auprès d’autres membres de leur caste, leur permettent
Par exemple, les membres du Clan de la Grue pratiquent la plupart du temps d’obtenir les postes consistant à com-
un échange de dons funéraires appelé koden-gaeshi. mander des personnes qui partagent leur origine sociale…
Selon cette coutume, les amis du défunt présentent à ses et les dons d’argent des congrégations aristocratiques n’en
proches un petit gage d’amitié, qui revêt en général un seront que plus importants. La réforme du shinséisme, légi-
sens personnel, et la famille leur offre un cadeau en retour. timement populiste, que prône la secte de la Terre Parfaite
À l’inverse, des funérailles formelles sont un luxe que le décontenance de nombreux membres du clergé haut placés
Clan du Crabe peut rarement se permettre, en raison de sa et issus de la caste des samouraïs qui apprécient les avan-
proximité avec l’Outremonde et des menaces qui l’accom- tages conférés par le statu quo… qu’ils l’admettent ou non.
pagnent. Mais lorsqu’elles ont lieu, elles prennent place à Les amitiés et les rivalités entre clans génèrent des
l’intérieur d’un temple dont toutes les fenêtres sont lais- effets similaires dans les communautés religieuses, plan-
sées ouvertes (à l’exception de celles qui font face au sud, tant ainsi les graines de la discorde en des lieux sacrés.
barrées et scellées) afin que l’âme puisse s’échapper. Des approches différentes du shinséisme peuvent entraî-
ner des dissensions entre les clans, mais des vues sem-
la diplomatie
la trouvent pas dans d’autres domaines. Lors de tables
rondes philosophiques, des samouraïs des Clans du Scor-
pion et de la Grue, qui estiment que leurs approches de la
Les monastères et les temples font souvent office de terrain
vie et de la résolution de problèmes sont diamétralement
neutre pour des négociations entre des clans de samouraïs
opposées, peuvent élargir leurs horizons et découvrir,
et toute partie impliquée dans un conflit. Cependant, seule
dans un environnement sûr, comment pense leur homo-
une minorité de prêtres et de moines sont réellement impar-
logue. Les membres des Clans du Lion et de la Licorne, qui
tiaux en politique. Leurs avis éclairés et leurs vastes réseaux
ne s’attendent à se faire face qu’au cours d’une bataille,
de contacts confèrent aux moines et prêtres les plus anciens
sont souvent surpris de se retrouver côte à côte lors des
une influence considérable sur les cours et les conseils
rares assemblées clandestines de la Terre Parfaite qui auto-
de guerre. La menace d’une manifestation de moines qui
risent la présence de nobles. En revanche, un bon nombre
mènerait à un soulèvement des habitants ennuie les magis-
de samouraïs des Clans du Crabe et du Lion, qui sont en
trats et les samouraïs, qui n’hésitent pas dans ce cas à mena-
général d’accord sur tout, ont appris à ne pas parler de
cer en retour les bâtiments agricoles de ces moines, à lésiner
shinséisme durant des soirées arrosées.
sur les donations ou à favoriser des ordres rivaux.
Les membres du Clan du Phénix sont les « gardiens du
le shinséisme, les
Tao », en mémoire de la retranscription de ce document
par Shiba. En effet, sur les sujets théologiques relatifs au
castes et les clans shinséisme, les autres clans s’en remettent majoritairement
à l’avis du Clan du Phénix, dont l’approche de l’étude et
Le Tao de Shinsei affirme sans détour que tous les milieux de la pratique de cette religion est largement reconnue
sociaux et toutes les familles doivent suivre la même voie comme la bonne. À l’évocation du shinséisme et du sens
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C H API T R E 5 : L E S V O I E S DE L’IL L U MINATIO N
L’armée d’Osano-wo
les histoires sur le
temple du tonnerre
Shinden a ai n ien ne ar e de hei r a -
bat : tout naturellement, de nombreux commandants ont
donc demandé de l’aide au temple par le passé. Peu
d’entre eux ont réussi à persuader le sensei en chef que
$ Les ingénieurs Kaiu ont installé d’im- leur cause était assez noble pour justifier l’intervention
menses paratonnerres en haut du temple des moines. Seul le Champion d’Émeraude peut comp-
afin d’utiliser les éclairs pour alimenter des ter sur eux, puisqu’ils sont sûrs que gagner le Champion-
pièges, dans lesquels les captifs seraient nat d’Émeraude est la preuve du soutien d’Osano-wo. Le
incinérés. Les moines les plus expérimen- Champion d’Émeraude est l’élu de la fortune du feu et du
tés peuvent se servir des éclairs comme nnerre e le hei d nnerre le i r n a e gl en
d’une arme ! Des moines, seuls ou en petits groupes, quittent parfois
$ Les moines affirment conserver l’ono le temple quelque temps afin de combattre au nom de
d’Osano-wo afin qu’il le trouve à son leur fortune, mais l’Empire n’a pas encore contemplé la
retour, mais personne n’a jamais vu l’arme. r a ie de l’ar e de hei d’ an - dan e
Peut-être ne l’ont-ils jamais possédée, ou sa gloire.
peut-être l’ont-ils perdue ?
$ Les moines scarifient leur corps et se puri-
fient par les flammes. De nombreux aspi-
rants ne survivent pas aux rites d’initiation, ANTAGONISTE RANG DE CONFRONTATION 4 2
et leurs dépouilles brûlées sont offertes en Takeshi a perdu sa jambe au cours d’un combat contre les
sacrifice à la fortune. créatures de l’Outremonde : il s’est alors retiré à Shinden
$ Certains moines étaient autrefois de dan- Kasai, où il a réappris à se battre. Il a d’abord envisagé
gereux criminels, des meurtriers et des de retourner sur la Muraille, mais Osano-wo lui est apparu
voleurs qui ont échappé à la justice en dans un rêve : il est donc resté sur place afin d’enseigner
entrant dans l’ordre. aux autres moines, et a pris le nom de Takeshi. Ce grand et
redoutable moine accepte de tout cœur sa nouvelle vie et
s’estime chanceux. Il porte une prothèse en bois sous son
hakama, et il se révèle plus agile que ne le laisse penser sa
un contingent d’ingénieurs et de bushi pour bâtir un édi- grande taille. Il s’entraîne dur aux côtés des autres moines
fice à même de protéger l’arme. Les guerriers du Clan du et reste prêt à affronter ses ennemis, même s’il ne sait pas
Crabe restèrent sur place, à développer leurs pratiques quand ni qui il devra combattre.
martiales. Depuis, de nombreux guerriers, de tous les
SOCIÉTAL PERSONNEL
clans et de toutes les castes, les ont rejoints plutôt que
de se retirer dans un monastère plus paisible. La confré- 55 HONNEUR ENDURANCE
16
rie de Shin ei a i ai e e i le hei d e le 4 1
restèrent à part, se gouvernant eux-mêmes, et le sont tou- 45 GLOIRE SANG-FROID
10
jours de nos jours. 1 4
25 STATUT 3 ATTENTION
5
Parés à la guerre +2, –2 VIGILANCE
3
ATTITUDE : INTIMIDANT
Les boyaux de la forteresse contiennent des sanctuaires
dédiés à Osano-wo et aux fortunes qui lui sont associées. ARTISANAL 0 MARTIAL 3 SAVANT 2 SOCIAL 2 PRO. 0
La seule lumière qui les éclaire provient des flammes que
le hei ain iennen all e en er anen e e AVANTAGES DÉSAVANTAGES
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CHAPIT R E 5 : L ES V O IES DE L’IL L U MINAT IO N
CAPACITÉS
le temple des
R NN RR
Lorsque Takeshi effectue un test d’action d’Attaque ou de
esprits attentifs
Soutien (Terre), il peut dépenser comme suit : À l’orée des plaines fertiles de la famille Kitsu, le temple
des Esprits attentifs, construit en haut des montagnes,
e erre : éliminez 1 point de Fatigue par
veille sur le Clan du Lion. De chaque côté du temple, des
dépensé de cette façon.
lions dorés, dont les yeux en cristal flamboient dans la
lumière du soleil, montent la garde. Sur les terres du Clan
du Lion, d’autres temples sont protégés par des répliques
idée d’aventure : de ces statues, façonnées à l’image de ces fidèles repré-
reliques familiales
sentations de la race kitsu. Certains sont persuadés que les
yeux des lions s’embrasent d’une vive lueur à l’approche
d’un danger.
Accroche La famille de Takeshi affirme être La moine en chef du temple se nomme Shizuka. La
propriétaire d’une relique, une lame Kaiu, qu’il couleur de ses yeux, dorés, symbolise la bénédiction de
a emportée avec lui au temple. Elle estime que ses ancêtres kitsu. Elle ne parle que rarement, mais lors-
cet héritage familial n’aurait jamais dû quitter qu’elle s’en donne la peine, tous écoutent : elle incarne la
ses terres, et que Takeshi ne l’a offert au temple sagesse et l’intelligence des kitsu. Elle passe le plus clair de
qu’après être devenu moine, quand cette déci- son temps à l’intérieur du temple, où l’absence de lumière
sion ne lui appartenait donc plus. La famille directe du soleil a rendu sa peau d’une pâleur fantomatique.
envoie donc les PJ la récupérer, et demande Ikoma Eiji est un historien en visite qui a deman-
que la mission soit accomplie rapidement. Elle d a dai de la a ille i la er i i n de i re
fournit aux PJ un katana de qualité moindre pour dans le temple, dans l’espoir d’en apprendre plus sur
remplacer l’original. cette famille… et sur ses ancêtres. Il passe ses journées à
attendre et à espérer que les esprits des kitsu lui accordent
Développement Si les PJ veulent se faufiler des connaissances à ajouter aux histoires officielles. Il a
dans le temple, ils devront se frayer un chemin demandé de l’aide à Shizuka, mais elle lui répond simple-
à travers le labyrinthe. Sinon, ils peuvent se pré- ment d’écouter.
senter aux moines qui les observent du haut des
remparts : s’ils les convainquent de les laisser
en rer r arler a e hi n hei a ara Akodo et les kitsu
et les conduit à travers le dédale. Bien entendu, De nombreux mythes circulent sur la véritable nature des
Takeshi refuse que les PJ prennent l’arme. S’ils ancêtres kitsu, la race de créatures léonines qui arpentait la
demandent à la voir, il leur répond qu’elle est terre avant la chute des Kamis. La légende racontée dans ce
enfermée dans la salle des coffres du temple et temple stipule qu’Akodo a mené une guerre contre les kit-
que seul le sensei en chef, qui conserve la clé su, pensant qu’il s’agissait de bêtes : il ne comprit son erreur
sur lui, y a accès. Si les PJ insistent, Takeshi peut que lorsque ses adversaires apprirent la langue rokugani,
requérir la clé de leur part, mais uniquement si et il leur demanda alors pardon. Pour se repentir d’avoir
l’un d’entre eux l’affronte en duel et prouve sa presque exterminé leur race, il leur offrit une place au sein
valeur : Osano-wo décidera du vainqueur. La de son clan, et les survivants se marièrent avec ses enfants
salle des coffres contient de nombreux objets et fondèrent une nouvelle famille. Les moines du temple
et armes sacrés : identifier la lame prendrait un des Esprits attentifs accordent une grande importance à
temps considérable sans l’aide de Takeshi. l’écoute, à la compréhension et à la réflexion avant l’action.
三 Paroxysme Si les PJ essaient d’échanger
la réplique contre l’original en la présence de En l’honneur des kitsu
Takeshi, il risque de s’en rendre compte et de
les attaquer. Comme pour le duel, il considère Le temple des Esprits attentifs, haut de quatre étages et
leur victoire comme le signe qu’ils méritent de peint en rouge, est visible à des kilomètres à la ronde, mais
réussir. Les PJ peuvent aussi faire preuve de l’atteindre met à l’épreuve la force et la détermination
diplomatie, mais doivent l’approcher comme du pèlerin, car les marches taillées à flanc de montagne
un moine et non comme un ancien samouraï du sont raides et étroites. À l’intérieur des murs se déploie la
Clan du Crabe. richesse du temple, sous la forme d’objets sacrés façon-
nés grâce à l'or offert par Akodo après sa première ren-
contre avec les kitsu et les combats qui s’ensuivirent. Seuls
les membres de la famille Kitsu jouissent d’un libre accès
au temple. Les autres samouraïs du Clan du Lion doivent
obtenir une autorisation pour s’y rendre, et les étrangers
au clan sont rarement les bienvenus.
183
C H API T R E 5 : L E S V O I E S DE L’IL L U MINATIO N
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les quatre temples mais n’est pas assez débrouillard pour s’en sortir correc-
tement à la cour sans graisser quelques pattes. Heureuse-
e e le e dre en a a re in de ūden Se - ment pour lui, il ne manque pas de ressources financières.
pun, le palais de la famille éponyme, et le surplombent, en
y faisant retentir leurs Carillons de la pureté en harmonie
Trouver la voie
chaque heure de la journée. Des copies du Tao de Shin-
sei, parmi les premières réalisées, y sont conservées, une Les Quatre Temples ont été fondés par les quatre enfants
partie dans chaque temple. Des trésors inestimables sont de Seppun : chacun d’entre eux interprétait différemment
exposés, mais les plus importantes et les plus dangereuses ses enseignements et avait une opinion divergente sur l’im-
des reliques sont enfermées dans des salles protégées par portance des multiples aspects de Shinsei. Les chamailleries
des pièges complexes afin d’empêcher les intrus d’entrer. entre les moines de ces temples sont légendaires, mais sous
Un réseau de moines s’étend dans tout Rokugan à partir la dire i n de ri il n ar i r n n
185
C H API T R E 5 : L E S V O I E S DE L’IL L U MINATIO N
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CHAPIT R E 5 : L ES V O IES DE L’IL L U MINAT IO N
Tous les monastères servent le même but : offrir aux Les initiés d’un ordre de moines changent en Une fois les noms japonais
moines un endroit où vivre et apprendre. Dans certains général de nom lorsqu’ils laissent leur ancienne occidentalisés, une partie
vie et leur famille derrière eux. Chaque ordre de leur sens se perd. Les
ordres, les moines passent leur vie entière à l’intérieur
joueurs peuvent décider de
de leur monastère, qui doit alors posséder l’espace et les décide s’il s’agit d’une obligation ou non. Le
la signification d’un nom
accommodations pour leur permettre de chercher l’Illumi- choix du nom peut revenir à l’individu, ou
dans le cadre du jeu, mais
nation. D’autres ordres accordent plus de valeur à l’expé- l’ordre peut lui en attribuer un qu’il juge appro- il n’est pas nécessaire
rience du monde extérieur : ils n’offrent alors aux moines prié, comme dans la Vénérable Demeure de la qu’il corresponde à la
qu’un simple abri pour l’hiver ou pour se reposer en cas Lumière où de nombreuses recrues reçoivent le réalité. Chercher le terme
de maladie. Certains ordres comptent des centaines de nom de famille Togashi. japonais pour une vertu,
moines répartis dans plusieurs édifices dans tout Rokugan, Les moines se font souvent appeler par des un élément, ou même un
d’autres sont limités à une poignée de membres et n’ont noms simples qui revêtent un sens personnel ou animal favori peut faire
besoin que d’un seul bâtiment. Même si certains monas- symbolique approprié à leur ordre. Par exemple, découvrir un nom qui
semble approprié pour
tères sont de gigantesques complexes vieux de plusieurs un moine shinséiste peut choisir de s’appeler
un personnage. Même
générations, d’autres ne consistent qu’en un sanctuaire Hideaki, ce qui signifie sage. Un moine des for-
s’il est peu probable qu’il
entouré de quelques huttes. tunes peut se nommer Ai, amour, pour honorer s’agisse d’un nom propre
Bien que les moines puissent combler leurs besoins Benten, la Fortune des arts et de l’amour roman- dans notre monde réel, ce
physiques dans un monastère, ils n’y recourent que dans tique, ou Kishi, plage, en hommage à Isora, for- terme peut très bien servir
le but d’accomplir des tâches plus importantes. La santé tune des rivages. L’attribution du nouveau nom cette fonction à Rokugan.
spirituelle des moines passe avant l’aspect physique, et le est moins importante que l’abandon du précé-
bien-être de l’ordre avant celui de l’individu. La vie d’un dent. Le changement implique la fin d’une vie et
moine est rude, mais les récompenses spirituelles sont le commencement d’une nouvelle.
multiples : de nombreux samouraïs vieillissants rejoignent
donc un ordre à l’orée du dernier chapitre de leur vie.
Dans tous les ordres, même les plus grands, les des heures, rassemble les moines, les réveille au matin et
moines savent que leur famille élargie partage une vision les envoie se coucher le soir. L’instrument sert également
du monde, une philosophie et un but commun. Ils s’ap- à prévenir d’un danger, ainsi qu’à communiquer avec les
pliquent donc à incarner l’idéal de la famille rokugani : kamis ou à attirer l’attention d’un Tonnerre. Cette dernière
tous ses membres travaillent de concert pour atteindre utilisation nécessite de particulièrement bien maîtriser
un même objectif. Cependant, comme dans toutes les l’objet et de le manier avec prudence. Les moines qui en
familles, des problèmes peuvent survenir entre membres. ont la charge développent leur art au fil des années, tout
Plus l’ordre est grand, plus le moine en chef doit arbi- d’abord en tant qu’apprenti puis en tant que maître. Entre
trer des disputes ou discipliner des moines qui agissent des mains expertes, le tambour peut gronder comme une
contre les principes de l’ordre. La confrérie de Shinsei peut tempête en approche, le gong peut faciliter une médita-
expulser des membres en cas de graves transgressions : tion sonore et la cloche peut aider à se concentrer.
cette punition est considérée comme pire que la mort. e na re e e de rdre de hei
En général, les infractions sont gérées en interne : du tra- contiennent en général une bibliothèque de sutras que les
vail supplémentaire, des sanctions physiques ou un jeûne moines peuvent étudier et sur lesquels ils peuvent réfléchir,
accompagné de méditation sont des méthodes courantes ainsi qu’un scriptorium où ils peuvent copier les textes. La
pour remettre un moine sur le droit chemin. transmission des enseignements de Shinsei dépend des
écrits, et apprendre ces textes constitue une part importante
189
C H API T R E 5 : L E S V O I E S DE L’IL L U MINATIO N
ou le désespoir peuvent conduire à d’étranges actes. La leur montrent le respect et la piété attendus… du moins
plupart des moines donneraient leur vie pour protéger les en public. L’influence d’un moine en chef est parfois perçue
reliques de leur ordre, et perdre ces dernières porterait un e ne ena e (e e - re j e i re) ar le dai
coup terrible à ses propriétaires. La communauté locale en local, bien que, comme tous les autres moines, il reste en
serait également dévastée : son bien-être spirituel est lié dehors de l’Ordre céleste, qui définit la place de chacun.
aux terres qui l’entourent et au monastère qu’elle contient. Les moines des Quatre Temples, notamment, consi-
dèrent de leur devoir de suivre et d’influencer la scène
190
CHAPIT R E 5 : L ES V O IES DE L’IL L U MINAT IO N
la vénérable demeure Seuls les moines peuvent s’y orienter et savent vraiment
ce que renferme la structure, à part les nombreux sanc-
de la lumière tuaires des niveaux supérieurs.
Personne ne sait, ou n’admet savoir, qui a construit la
Au cœur des provinces Togashi du Clan du Dragon, la Vénérable Demeure de la Lumière. Ériger une forteresse
Vénérable Demeure de la Lumière s’accroche au flanc de cette taille aussi haut dans les montagnes est un exploit
d’une montagne et semble hors d’atteinte. Avant de majeur, mais il n’existe aucune trace ni du bâtisseur ni de
rejoindre l’ordre de Togashi, il faut trouver le millier de la date de l’édification. Certaines personnes affirment que
marches qui mènent au monastère, et les gravir en bra- les ise zumi ont construit eux-mêmes leur monastère, tan-
vant la neige et la glace, ainsi que les ennemis spirituels. dis que d’autres sont persuadés que le Kami Togashi l’a
Les visiteurs qui ne désirent que profiter de la sagesse de édifié seul en une nuit.
Togashi Yokuni ou d’un de ses disciples peuvent deman-
der un guide lorsqu’ils atteignent le hameau au pied de la
montagne. La réponse à cette requête dépend toutefois Des tatouages mystiques
du bon vouloir du moine auquel ils s’adressent. La plupart des ise zumi arborent des tatouages qui leur
Togashi Yokuni est à la fois le Champion du Clan du confèrent des pouvoirs précis. En général, seuls la per-
Dragon et le chef de l’ordre de Togashi. On peut l’aperce- sonne tatouée et Gaijutsu connaissent ces propriétés. Les
voir en train de méditer, à l’intérieur comme à l’extérieur visiteurs du monastère sont toujours stupéfaits par la diver-
du monastère, toujours vêtu de son armure de cérémo- sité des tatouages des moines, qui les exhibent fièrement
nie complète et coiffé de son casque. Ceux qui lui posent malgré la fraîcheur de l’air montagnard. Certains motifs se
une question reçoivent en général une réponse d’une retrouvent plus souvent que d’autres, dont le lotus, qui
sagesse cryptique. aide à se concentrer pour méditer, ou le tigre, qui renforce
Togashi Gaijutsu est un maître-tatoueur aveugle. Son la maîtrise du combat à mains nues, mais les représenta-
corps et son cuir chevelu sont recouverts de représen- tions de ces sujets de prédilection varient également gran-
tations à l’encre qui semblent se mouvoir et changer. Il dement : les tatouages de chaque individu sont uniques,
tatoue les ise zumi, les moines de l’ordre de Togashi, dans puisqu’ils reflètent les étapes de leur porteur sur sa voie,
l’air frais et la lumière du soleil de la cour de son atelier. Ses personnelle, de l’Illumination. En dehors de l’ordre, per-
services ne s’achètent pas. Il reçoit parfois des visions, et il sonne ne sait que les pouvoirs singuliers de ces tatouages
les raconte librement à ceux qui l’interrogent. proviennent d’un ingrédient extrêmement rare mélangé à
Togashi Umu vit dans un hameau au pied de la mon- l’encre sacrée : le sang du Kami Togashi.
tagne. Bien qu’elle n’arbore aucun tatouage, elle s’habille
et se comporte comme une ise zumi. Elle est souvent occu-
pée à couper du bois à proximité de sa maison ou à bêcher
le jardin, et elle apprécie le travail manuel. Elle se montre
économe en paroles, mais elle offrira une réponse directe
aux visiteurs qui lui posent une question… en général sous
la forme d’un oui ou d’un non sans plus d’explications.
Le voyage intérieur
Les moines de la Vénérable Demeure de la
Lumière recherchent l’Illumination à travers
la contemplation, la méditation, l’étude
du Tao ou toute autre méthode qu’ils esti-
ment appropriée. Ils affûtent leur esprit et
leur corps : la maîtrise de l’un comme de
l’autre est nécessaire pour devenir un ise
zumi. Le monastère renferme un labyrinthe
de salles en apparence vides, froides et
nues, où les visiteurs peuvent se perdre.
La force mystérieuse qui rend les marches
vers le monastère si difficiles à trouver est
également à l’œuvre dans ce dédale.
C H API T R E 5 : L E S V O I E S DE L’IL L U MINATIO N
SOCIÉTAL PERSONNEL
45 HONNEUR ENDURANCE
10
1 2
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS
45 GLOIRE SANG-FROID
10 i s i : portée 0-1 ; dégâts 3 ; Dangerosité 5/7 ; Acé-
2 2 ré, Cérémoniel
45 STATUT 3 ATTENTION
3 i e e t rt ) : kimono simple (Résistance phy-
sique 1), couteau
+1, +1, –2
ATTITUDE : DÉTACHÉ
VIGILANCE
3
CAPACITÉS
AVANTAGES DÉSAVANTAGES
Lorsque Chikako dépense un point de Vide lors d’un test,
elle peut dépenser comme suit :
te r i ti tis e
i e : Chikako gagne 1 point de Vide.
savant ; mental social ; mental
192
CHAPIT R E 5 : L ES V O IES DE L’IL L U MINAT IO N
des histoires
AVANTAGES DÉSAVANTAGES
loufoques
tie t et s ti re se ret
professionnel ; mental social ; relations
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS
$ Toutes sortes d’étranges plantes poussent
i s i : portée 0-1 ; dégâts 3 ; Dangerosité 5/7 ; Acé- au monastère du Vent des Plaines, y com-
ré, Cérémoniel pris certaines qui donnent des poisons
i e e t rt ) : tunique de cour (Résistance phy- qu’aucun membre du Clan du Scorpion ne
sique 1 ; Cérémoniel, Magnifique), sacoche de poisons connaît. C’est un endroit dangereux.
(cf. page 244 du Livre de Règles), deux couteaux $ La moine Dai peut soigner de nombreuses
maladies, mais le prix à payer est terrible.
CAPACITÉS
Elle invoque des dieux étrangers, et ses
NN R mystérieux rituels mettent en danger l’âme
Quand il s’agit d’identifier du poison, de le préparer ou du patient.
de l’utiliser, Akira possède l’équivalent de 4 rangs en $ « Ça n’a rien à voir avec l’agriculture. Toute
Médecine. Lorsqu’il effectue un test d’action d’Attaque une garnison du Clan de la Licorne se cache
à l’aide d’une arme empoisonnée, il peut dépenser là, en se faisant passer pour des paysans et
comme suit : des moines ! Ils n’ont aucun honneur. »
: l’arme reste empoisonnée (les effets du poi-
son s'appliquent quand même à l'attaque qu'il vient
d'effectuer).
194
CHAPIT R E 5 : L ES V O IES DE L’IL L U MINAT IO N
Guider le peuple
Le monastère du Vent des Plaines est un vaste complexe idée d’aventure : en
en bois, pourvu de granges, d’une infirmerie, de demeures
semblables à des baraquements pour les moines, ainsi
toute discrétion
que d’une cour d’entraînement. Au milieu d’un vaste jardin
de plantes exotiques se dresse le sanctuaire, entouré de Accroche n dai d lan d i n -
bâtiments. Chaque jour, les paysans traversent les terres haite découvrir la vérité au sujet du monastère
du monastère pour se rendre dans leurs champs, situés de du Vent des Plaines : il veut que quelqu’un se
l’autre côté du complexe par rapport à leur village. fasse passer pour un paysan afin d’apprendre les
secrets que renferme ce lieu. Il estime que cette
tâche est indigne de ses honorables samouraïs,
Dai, moine des fortunes et il propose donc cette mission à des étrangers
Dai, RANG
ANTAGONISTE moine des fortunes
DE CONFRONTATION 2 4 au clan. Il leur apprend que les moines offrent le
gîte et le couvert aux malades, suggérant par là
Si le monastère possédait une moine en chef, ce serait Dai. que les PJ feignent la maladie.
Cette descendante du moine qui a suggéré au clan de
construire le sanctuaire est invariablement sollicitée par les Développement Lorsque les PJ explorent
autres moines lorsqu’ils ont besoin de conseils. Elle soigne le monastère, ils découvrent un certain nombre
les malades à l’aide de recettes passées de génération d’éléments qui pourraient intéresser le Clan
en génération, dont l’origine se trouve au-delà des fron- du Lion : des plantes vénéneuses qui poussent
tières de l’Empire. Elle a appris à cultiver des plantes étran- dans le jardin aux côtés de végétaux qu’aucun
gères sur le sol rokugani, et le jardin de plantes médici- d’entre eux ne reconnaît (ce qui est peut-être
nales qui entoure le sanctuaire est son projet personnel. Si plus inquiétant) ; des paysans qui s’entraînent
quelqu’un feint d’être malade, elle ne se laisse pas duper. au combat à l’aide d’outils agricoles ; des
Cependant, elle garde le silence et « soigne » l’individu à réserves de nourriture pour l’armée du Clan de
l’aide de simples au goût déplaisant bien que sans dan- la Licorne ; une infirmerie bien approvisionnée,
ger. Si quelqu’un essaie de lui soutirer des informations, comme si on la tenait prête pour y soigner des
les autres moines se battront pour la protéger, mais si des blessures de guerre. Lorsque les PJ essaient de
visiteurs lui posent poliment des questions, elle se montre partir, ils comprennent qu’ils étaient surveillés
généreuse et coopérative. depuis le début.
SOCIÉTAL PERSONNEL
三 Paroxysme Dai empêche les PJ de partir
et discute avec eux. Elle n’aime pas les men-
50 HONNEUR ENDURANCE
14 songes. D’ailleurs, elle possède des herbes pour
3 2 leur arracher la vérité, s’ils s’entêtent à ne pas
45 GLOIRE SANG-FROID
15
3 2 lui révéler leur objectif. S’ils se montrent prêts
à négocier, la moine les informe qu’elle n’a rien
25 STATUT 3 ATTENTION
4 contre le fait que le Clan du Lion apprenne cer-
taines informations. Elle souhaite d’ailleurs qu’il
+2, –2
ATTITUDE : SÛR DE SOI
VIGILANCE
3 sache que le Clan de la Licorne est puissant, et
elle suggère même aux PJ d’exagérer. Si ces
ARTISANAL 3 MARTIAL 1 SAVANT 2 SOCIAL 3 PRO. 0 derniers préfèrent se battre pour s’échapper
plutôt que de coopérer, ils découvrent que les
AVANTAGES DÉSAVANTAGES moines ne sont pas les seuls à riposter : les pay-
sans du cru se joignent au combat, contre toute
t i t e r te re
tradition rokugani !
social ; mental social ; relations
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS
CAPACITÉS
R R
Lorsque Dai effectue un test de Médecine ciblant un per-
sonnage, elle peut dépenser comme suit :
: la cible élimine 1 point de Conflit pour chaque
dépensé de cette façon.
195
6
CHAPITRE
Les grands
espaces de
Rokugan
La jeune shugenja ressentait le mal du pays.
Son petit village de pêcheurs natal, sur la
côte septentrionale de la province Nejiro, lui
manquait. Elle aurait aimé sentir l’air marin et
humide et entendre les vagues s’écraser sur
la falaise, en contrebas de sa maison.
Tout cela n’avait aucune importance en
cet instant. Tous leurs sacrifices seraient
récompensés lorsqu’elle reviendrait chez elle
auréolée de gloire. Shiba Daigo avait mené
le groupe au cœur d’Isawa Mori, où il avait
trouvé le légendaire sanctuaire aquatique,
mais ce dernier ne recelait pas le secret que
la shugenja cherchait. Elle pria pour que leur
prochain arrêt le renferme.
Alors que la tombée de la nuit assombris-
sait le ciel rose et orange, la troupe sortit de
la forêt pour découvrir une grande plaine.
Elle vit un petit village encerclé de pins : de
la fumée s’élevait des feux communs qui brû-
laient encore dans l’air immobile. Au-delà,
elle aperçut les ruines imposantes de larges
tours dénuées de toits qui surplombaient la
forêt, comme les doigts d’un géant enter-
ré. L’air était tellement chargé d’électricité
qu’elle pouvait presque la sentir. Elle enten-
dit des murmures, si bas qu’ils provenaient
peut-être de son imagination, la pousser à
poursuivre sa route, lui chuchoter qu’un
secret était enfoui dans la tour centrale
des vestiges de Korihaka.
CHAPITR E 6 : L ES G R ANDS ESPACES DE R O KU G AN
197
Les bandits s’y trouvent également, puisque la crainte La culture locale
généralisée éloigne aussi les autorités. Ils construisent
alors des abris dans les arbres ou des petits villages dans La grande majorité des montagnards sont des mineurs ou
les clairières. Qui dit bandits, dit aussi ronin : ces derniers des gestionnaires de mines. Le fer et le jade sont néces-
s’installent souvent en lisière de forêt, loin de la civilisa- saires aux armées, mais d’autres minerais soutiennent
tion, mais suffisamment proches des bourgades de bûche- l’économie. Les villages miniers peuvent aller de quelques
rons pour être embauchés afin de protéger la population dizaines de heimin à des complexes de plusieurs milliers
des brigands, des ogres et de toutes les autres menaces. d’habitants et de marchands supervisés et protégés par
des ashigaru ou des bushi.
199
C H API T R E 6 : L E S G R A N DS E SPACES DE R O KU G AN
La plupart des moines visent l’Illumination en se privant besoins de leur famille durant la saison morte et financer
des conforts primaires ou en entreprenant des travaux érein- leurs provisions quand viendra le temps de repartir.
tants. Les vents froids et l’air rare des montagnes, les tem- Les marchands heimin traversent fréquemment les
pêtes diluviennes des côtes, les ténèbres au plus profond étendues sauvages. Les caravanes bondées de matières
des forêts leur permettent alors de se rapprocher de leur premières et de produits finis transportent les denrées
objectif. Certains peuvent travailler pour nourrir leur entou- des producteurs aux consommateurs, empruntant sou-
rage tout en jeûnant pendant un mois ou demeurer en médi- vent des routes non protégées. La plupart des marchands
tation, immobiles pendant des jours, dans des conditions sont des voyageurs expérimentés qui savent survivre en
météorologiques dangereuses. Les tâches les plus punitives pleine nature, mais ils prévoient généralement suffisam-
sont les plus prisées. D’autres moines préfèrent errer dans la ment de provisions pour manger à leur faim. Malgré tout,
nature plutôt que de s’installer dans un temple précis. Ils col- leurs convois constituent des cibles alléchantes pour les
lectent alors des enseignements en chemin. bandits et, sans escorte, les marchands doivent compter
Les moines, les prêtres et les shugenja voyagent parfois sur le secret et la rapidité pour atteindre leur destination
avec des caravanes. Les membres du clergé en prennent sans problème. La plupart des samouraïs qui voyagent
la tête s’il n’y a personne de plus haut rang mais, sinon, ils pour affaires sont accompagnés, principalement de heimin
conseillent les samouraïs. Leur rôle consiste alors à effec- comme des armuriers, des domestiques, des cuisiniers,
tuer des divinations ou à lire les signes et les présages, des ouvriers, des charretiers, ou encore des palefreniers.
mais certains shugenja peuvent également communier Ce cortège leur permet de se concentrer sur les affaires
avec les kamis locaux avant de partager les informations martiales et les prières plutôt que sur les rigueurs du
ainsi glanées. Ils peuvent aussi quérir la bénédiction d’une voyage. Les heimin supervisent aussi les hinin qui accom-
fortune ou une aide surnaturelle plus concrète pour facili- pagnent la caravane.
ter la traversée des étendues sauvages. Les artisans, qui vivent très rarement dans des régions
reculées, peuvent toutefois prendre une année sabbatique
les bonge pour se ressourcer en pleine nature. Hors des villes qu’ils
connaissent, ils se laissent inspirer par l’odeur de l’air pur
Les travailleurs de Rokugan se rassemblent pour se pro- et par les paysages naturels, vierges des dégradations
téger mutuellement, mais certains fermiers et mineurs humaines. Certains développent des techniques secrètes
vivent dans les étendues sauvages en raison de la nature plus avancées, souvent accompagnées d’une dangereuse
de leur activité. Les marchands transportent leurs biens sur paranoïa. Vivant en ermites, de tels artisans raffinent leur
des routes qui traversent des régions inhabitées. D’autres art, en limitant leurs contacts aux apprentis, aux mar-
bonge accompagnent des samouraïs ou des prêtres iti- chands ou aux mécènes.
nérants, notamment pour accomplir les petites tâches du
quotidien, dont la préparation des repas. Même les arti-
sans, du moins les plus excentriques, peuvent se retirer à la
les hinin
campagne de temps à autre ou s’y installer définitivement, Les régions reculées sont principalement peuplées de
en quête d’inspiration. hinin, qui cherchent souvent à gagner leur vie loin de la
La nature offre de nombreuses ressources uniques et, colère des castes dirigeantes. Un petit nombre d’entre eux
bien que certaines méritent que des villes entières soient sont des criminels ou des bandits endurcis forcés de vivre
construites sur place pour en profiter, d’autres sont exploi- à l’écart. D’autres jouent un rôle important dans les cara-
tées par des petits groupes de heimin spécialisés, qui vanes, où ils accomplissent, en raison de leur statut, les
s’installent dans des camps trop petits pour être qualifiés tâches interdites aux autres. Les hinin urbains doivent éga-
de villages. Ils exploitent, dans ces régions éloi- lement passer une partie de leur temps à la campagne,
gnées et difficiles d’accès, des mines ou du pour effectuer des corvées comme la chasse, la prépara-
bois, voire d’autres ressources rares. Ces tion du charbon ou la gestion des déchets.
camps sont souvent saisonniers, et les Certains Rokugani décident de vivre à l’écart de la
travailleurs s’y rendent en emportant société pour leur propre sécurité. La plupart proviennent
de la nourriture de leur village, qui de villages dirigés par des nobles cruels et impitoyables
se trouve en général à des jours ou qui exécutent les hinin sans raison. Il est ainsi parfois pré-
des semaines de voyage. Les hei- férable d’affronter les dangers des forêts insondables ou
min qui partent travailler dans des cols infranchissables plutôt qu’une mort certaine sous
les zones sauvages doivent la lame affilée d’un katana. Ces hinin parviennent souvent
donc y amasser assez de res- à mener une existence relativement confortable en marge
sources pour subvenir aux de la société.
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Les montagnes
et donc nourrir ses armées. Les citernes constellent les
plaines, recueillant l’eau nécessaire pour les plantations et
les animaux, mais aussi pour les paysans qui ne bénéficient
Les montagnes de Rokugan délimitent l’horizon et rap- pas d’un puits proche.
pellent l’époque tumultueuse où le sol s’éleva jusqu’à ce À l’inverse, certains considèrent les terres du Clan de
que la pierre touche le ciel. Autrefois annonciatrices de la Grue comme trop humides. Au sud, les marais Uebe
changements catastrophiques, elles évoquent désormais s’étendent sur des milliers d’hectares. Ils entrent souvent
des géants endormis qui ne seront jamais vaincus, même en crue durant les tempêtes et enrichissent les champs voi-
par les vents océaniques. Leurs formes chaotiques créent sins en nutriments, tout en épuisant les fermiers réduits à
un vaste mur qui définit les frontières de Rokugan ainsi y patauger. Les précipitations de l’est sont donc autant un
que celles des territoires internes, mais les montagnes sont bienfait qu’une malédiction. Le long du Toit du Monde, les
bien plus que de simples barrières. Elles sont aussi les gar- terres arables et fertiles s’érodent, et les glèbes mal entre-
diennes des secrets : elles abritent ceux qui souhaitent se tenues peuvent être balayées par des glissements de ter-
cacher dans leurs vallées et leurs grottes, elles enfouissent rain. Sur les territoires glacés du Clan du Phénix, la pluie
des filons de minerais précieux sous des tonnes de roches, se transforme en flocons et tombe lors de terribles tem-
elles amènent une révélation spirituelle à ceux qui les esca- pêtes de neige.
ladent. Il est impossible de connaître parfaitement toute Le versant occidental du Toit du Monde, plus sec, n’est
une montagne en une vie, et tenter l’expérience expose à pas totalement privé d’eau. Contrairement au sol de l’est,
de grands risques. Chaque secret qu’une montagne recèle ameubli par les tempêtes, les terres de l’ouest ont conser-
peut se révéler dangereux : il est possible que quelqu’un, vé leur rigidité volcanique. Dans cet environnement rocail-
ou quelque chose, l’ait découvert en premier. leux, des rivières profondes alimentées par la fonte des
neiges coulent jusqu’à la baie des Poissons morts ou la
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SOCIÉTAL PERSONNEL
CAPACITÉS
GAR R R
Une fois par session de jeu, au prix d’une activité de temps
ANTAGONISTE RANG DE CONFRONTATION 3 4 mort, Asako Takahiro peut relater à autant de personnages
De l’avis de tous, Takahiro est un beau jeune homme mince qu’il veut ses observations et suspicions quant à la zone
aux pommettes parfaites et à la mâchoire carrée. Sa seule environnante. Chaque personnage qui lui prête attention
particularité étrange réside dans les yeux tatoués sur les augmente sa Vigilance de 2 points jusqu’à la fin de la ses-
paumes de ses mains, les symboles d’un inquisiteur Asako. sion de jeu.
Il arbore fréquemment un sourire paisible, qui a un effet
calme et désarmant sur ses interlocuteurs. Cependant,
quand ils se sentent à l’aise en sa présence, ils sont tom-
bés dans son piège : il ne fait que jouer le benêt, inexpé-
idée d’aventure :
rimenté et naïf. Une fois que ses cibles se détendent, il les une découverte
pousse à s’incriminer puis, lorsqu’il les tient, il révèle son
génie déductif en se lançant dans un monologue enthou-
Accroche Un éboulement s’est produit dans
siaste. Il dévoile du même coup son plus grand défaut :
la mine de jade des Montagnes occidentales.
son orgueil.
Les étais se sont effondrés après un séisme dans
Bien qu’il soit généralement un bon enquêteur, il a
la baie des Poissons morts. Un mineur, déses-
récemment condamné une femme innocente et n’a réalisé
pérément en quête d’aide, approche les PJ. De
son erreur qu’après l’exécution. Depuis, il s’en tient à un
nombreux travailleurs sont coincés dans le tun-
Noble Silence, une pratique spirituelle de certaines sectes
nel, et certains sont sûrement blessés.
shinséistes. En se taisant, du moins aussi fréquemment
qu’il le peut, il espère purifier son âme et s’ouvrir aux véri- Développement Après avoir déblayé les
tés cosmiques. Cependant, malgré son vœu de silence, il gravats, les PJ s’aperçoivent que les mineurs
demeure hautement éloquent : ses sourcils mobiles, ses piégés dans le tunnel ont disparu. Les travail-
expressions faciales et son non-verbal souvent exagéré leurs présents leur racontent que, au cours des
suffisent à communiquer ses sentiments. Le Petit Maître dernières semaines, ils ont entendu des voix
trouverait sûrement quelque chose à y redire. derrière la pierre. Ils pensent que le séisme pour-
rait avoir libéré un être sinistre. Les personnages
SOCIÉTAL PERSONNEL qui suivent les voix dont l’écho résonne dans le
45 HONNEUR ENDURANCE
12 tunnel finissent par trouver un réseau de grottes
4 4 naturelles et découvrent les mineurs, en compa-
50 GLOIRE SANG-FROID
14 gnie de la tsukai-sagasu Kuni Haruna et de l’in-
3 2 quisiteur Asako Takahiro. Tous deux poursuivaient
40 STATUT 3 ATTENTION
6 des Adeptes du sang lorsque le séisme a ouvert
un passage entre les mines et les grottes. Mainte-
+2, –2
ATTITUDE : RUSÉ
VIGILANCE
5 nant que le tunnel est dégagé, ils comptent pour-
ha er le ah - ai e a r ien l’aide de
PJ. Le groupe retrouve rapidement les membres
ARTISANAL 2 MARTIAL 3 SAVANT 4 SOCIAL 4 PRO. 0
du culte, en train de détourner une rivière souter-
AVANTAGES DÉSAVANTAGES
raine pour inonder la mine.
e e t e te r e s is t t 三 Paroxysme e ah - ai n n r i
social ; relations social ; mental un barrage rudimentaire pour dévier l’eau de la
rivière. Haruna suggère de diviser le groupe en
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS deux : Takahiro et ses compagnons feront diversion
tandis que son groupe détruira la construction. Un
itte : portée 0 ; dégâts 3 ; Dangerosité 2 ; Discret, Entrave
échec rendrait la mine rapidement inutilisable, ce
i e e t rt ) : tunique sanctifiée (Résistance phy- qui ne ferait qu’empirer le manque de jade.
sique 1, Résistance surnaturelle 3 ; Cérémoniel), encens,
wakizashi, parchemins sacrés
206
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Les artistes se servent du fusain pour les ornements blancs, A ein de end e a age le ingen-d a i nn
du katsura vieilli pour le noir, du mûrier pour le jaune, du a e le Sen le r a e de e ri n ra er an de
bilimbi pour le bleu et du noyer noir dans tous les cas, forêts anciennes, dont Shinomen ou Isawa, il est possible
sans jamais recourir aux teintures. À l’est, le Clan du Phé- d’en rer an le a ir r le erri ire d hi h -d le
nix obtient le meilleur papier de l’Empire grâce aux arbres royaume des animaux, ou du Sakkaku, le royaume de l’il-
de la forêt Isawa. Pour créer leurs parchemins sacrés, les lusion. Souvent, les différences demeurent imperceptibles,
shugenja du Clan du Phénix invoquent des kamis lorsqu’ils mais un observateur avisé remarquera certaines incohé-
pratiquent le suminagashi, une technique de marbrure : rences : des chemins qui empruntent des directions para-
de l’encre est déposée à la surface d’un récipient rempli doxales, des arbres d’écosystèmes lointains ou une météo
d’eau, puis des esprits forment le dessin, sur lequel on inhabituelle pour la saison. Un voyageur se sentira déso-
applique le papier afin de l’en imprégner. rienté tant dans l’espace que dans le temps, mais nul ne
ai i e e ar i lari e inh ren e a Sen la
les esprits et le senkyō conséquence des actes des esprits malicieux du Sakkaku.
La légende veut que quiconque consomme la nourriture
La personnalité d’une forêt est déterminée par les esprits des esprits reste piégé à jamais.
qui y vivent. Ces derniers sont presque inactifs au sein des Les forêts accueillent les cours des royaumes des ani-
satoyama, les rangées d’arbres plantées par l’homme le maux et des kamis facétieux. La forêt du Chas, sur le ter-
long des champs pour limiter l’érosion et approvisionner ritoire du Clan de la Grue, est connue pour abriter les
le village en bois. Les arbres y sont abattus encore jeunes êtres malicieux du Sakkaku. À la pleine lune, ils s’activent,
puisque, après trente ans, ils commencent à montrer leur et leur présence est si forte que les arbres brillent. Heu-
véritable caractère, et les esprits kodama s’installent dans reusement pour le Clan de la Grue, les esprits s’avèrent
les arbres matures. Bien que leur présence ne soit pas sys- bienveillants et n’aiment pas se mêler aux humains. Durant
tématique, les bûcherons vérifient toujours : abattre un son enfance, l’Empereur Hantei XXIII jouait dans la forêt
arbre tue l’esprit qui y habite et inflige une malédiction du Chas : il se faufilait hors du palais impérial et rejoignait
au coupable. un esprit-renard argenté. À son accession au trône, Hantei
Les kodama font partie des milliers de catégories de XXIII proclama ces bois sacro-saints : depuis, il est inter-
kamis, dont la plupart résident dans la nature indomptée. dit d’y couper un arbre et d’y chasser. Au sud se trouve
Les esprits vivent aux côtés de l’humanité sans se faire la forêt Kitsune, où le Clan du Renard coexiste paisible-
remarquer, mais influencent tout de même leurs voisins en a e le en i d hi h -d e d Sa a e e
mortels. L’un des devoirs majeurs des shugenja consiste unité montre que l’humanité peut vivre en harmonie avec
à identifier les shintai (les habitations des kamis) natu- la nature.
rels, pour le compte de Rokugani incapables de perce-
voir la présence des esprits. Les temples et les arches torii
marquent traditionnellement le territoire d’un kami, tout
comme les shimenawa, des cordes épaisses délimitant un
espace sacré.
De tels indicateurs s’avèrent rarement nécessaires
en forêt. Tout comme les montagnes, les zones boisées
regorgent d’esprits, et il serait insouciant de vouloir s’y
promener sans s’attendre à percevoir leur influence.
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e t t e tie e
social ; relations savant ; mental
r
social ; relations
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS
CAPACITÉS
R
Au prix d’une action de Soutien, un kitsune peut adop-
ter une forme humaine (ou reprendre sa forme originelle).
Sous forme de renard, son gabarit est de 1. Sous forme
humaine, il se montrera toujours curieux d’en apprendre
plus sur le mode de vie des mortels, mais il cherchera aus-
si à cacher sa vraie nature. Lorsqu’il est Compromis, ses
pattes, ses oreilles ou sa queue réapparaissent.
211
les esprits violents Le Clan du Scorpion protège un sombre secret sur ses
terres : un bosquet d’arbres trop petit pour être qualifié
Certaines forêts ont été corrompues au point que les arbres de bois, mais trop dangereux pour être ignoré. Contraire-
sont devenus cauchemardesques. Lorsque le Jigoku fait des ment aux autres forêts corrompues, le mal qui y vit ne pro-
er e ra er le Sen le a i e la S ill re vient pas d’un autre royaume, mais d’un terrible rituel. Les
peuvent se changer en de malveillants kansen. Au coucher traîtres du Clan du Scorpion y sont conduits pour y être
du soleil, pendant l’ōmagatoki (le crépuscule), les frontières exécutés, et leur âme est enfermée dans un arbre. Inca-
d Sen di arai en e le e ri erren en li er pables d’atteindre le Meido, les âmes tourmentées lan-
Sous la tour de Kelet réside une abomination contre guissent. Cette prison sadique est surnommée le bosquet
nature. La forêt du Rêveur est la place forte Souillée de des Traîtres.
kansen et, chaque soir, ils se mettent à la recherche de vic- Le Clan du Phénix excelle à manier les esprits, mais il
times humaines. Tandis que les kansen tentent de s’échap- lui arrive aussi de peiner à contrôler certains esprits des
er le ah - ai an e hai en en rer dan la bois. La forêt Isawa est une région paisible, mais en son
forêt pour marchander avec les esprits corrompus. Le Clan cœur résident des kamis misanthropes. Leur habitat s’ap-
de la Licorne a donc implanté une double barrière. Chaque pelle Mori Kuroi, la forêt sombre. Ils ne sont pas corrompus
nuit, des prêtres parcourent le profond fossé creusé autour par le Jigoku, mais ont été traumatisés par des rencontres
du bois en entonnant des chants sacrés et en agitant des avec les humains. En conséquence, ils créent des illusions
ag e e nusa pour purifier le sol. Sur leur chemin, des qui dirigent ces derniers vers des dangers, ou bien ils
paires de statues de komainu, des chiens-lions dont les attaquent directement. Les shugenja du Clan du Phénix
regards sont orientés dans différentes directions, montent ont tenté d’apaiser ces esprits amers, sans succès, et ils
la garde. Lorsque les prêtres approchent, les gardiens n’ont même pas réussi à obtenir que les kamis expliquent
grognent, avant de reconnaître leurs alliés et de se taire. leur rancœur. Mori Kuroi est l’exemple parfait de ce qui
Certains komainu sont brisés, et l’esprit qui les habitait a arrive lorsqu’une forêt est maltraitée. Tous les espaces boi-
disparu. Ces points faibles dans la défense sont consolidés sés, du Cœur de la Vigilance exploité pour ses arbres à la
avec des talismans mineurs qui doivent être remplacés dès douce forêt Osari, peuvent se transformer en des éten-
qu’ils sont activés par un intrus. dues inhospitalières.
un message urgent
J’ai besoin qu’un rituel de purification soit accompli immédiatement à la ferme Tsukuda. Nous habitons à moins
de deux kilomètres de la forêt du Rêveur, et je suis persuadée que quelque chose a su contourner les talis-
mans. Tard dans la nuit, mon mari et moi avons été réveillés par des grattements à la porte. Pendant qu’il allait
voir, je me suis rendormie. Le matin suivant, il était assis sur le lit à mon réveil et lorsqu’il m’a regardée… je ne
saurais pas le décrire. Je sais à quoi ressemble un cadavre, j’ai aidé à préparer le corps de mon père avant sa
crémation. De temps à autre, la chose qui a pris l’apparence de mon mari fait passer de l’air dans sa gorge et
me demande mon nom. Je ne lui ai pas parlé. Si je me déplace, elle me suit. Je vous en prie, ne renvoyez pas
ma fille à la maison après qu’elle vous a donné cette lettre. Pas tant que nous ne saurons pas ce qui a pris la
place de mon mari.
212
la forêt de shinomen les ragots d’une
Plus vaste que certains territoires de clans majeurs, la forêt
de Shinomen est une mer d’arbres qui englobe plusieurs
forêt primaire
écosystèmes. Ce géant, ancien et invincible, n’a jamais
permis à l’humanité d’empiéter sur son domaine au cours $ Le repaire des tueurs de la forêt se trouve
de sa longue histoire. Elle a observé la montée en puis- dans la forêt de Shinomen.
sance et le déclin des Cinq Races antiques, a vu les kamis $ Un village entier apparaît parfois à l’orée de
tomber de leur trône céleste et assistera probablement à la forêt. Ses habitants sont toujours en train
la déchéance de l’Empire d’Émeraude. Shinomen est la de célébrer un festival. Ils portent des vête-
nature incarnée, sauvage et indomptable. Si les Rokugani ments démodés et pensent être en 735. Il
ne se méfient pas, elle pourrait les engloutir. est inutile de tenter de les convaincre du
À l’intérieur de la forêt, les tours délabrées d’une civi- contraire. Selon plusieurs récits, ils revivent
lisation inconnue survivent dans un silence surnaturel, leur sans cesse la même nuit et ne se rappellent
taille pourtant massive rendue ridicule par les arbres alen- jamais de rencontres précédentes.
tour. Tout est sombre, même à midi. Nul souffle de vent ne
se fait entendre, nul bruissement de feuilles. L’air est immo- $ Des sorcières des marais attirent les voya-
bile, piégé entre les troncs et lourd de l’odeur prégnante geurs en leur faisant apparaître des illusions
de la pourriture. Des arbres anciens croissent au-delà des d’auberges, jusqu’à ce qu’ils meurent.
attentes propres à leur espèce : ce sont des géants parmi $ Des okuri inu errent dans la forêt. Si vous
les géants. L’ambiance change soudainement dans la forêt, êtes suivi par un grand chien noir, prenez
indifférente à la présence des mortels qui se promènent garde à ne pas trébucher. S’il vous voit
sous les frondaisons comme des fourmis. Shinomen n’est tomber, l’esprit vous tuera. Pour éviter
pas un endroit malveillant, elle ne cherche pas à piéger les un tel sort, prétendez que votre chute est
visiteurs. Elle agit simplement comme bon lui semble, sans intentionnelle, criez par exemple « Je suis
se soucier des besoins des humains. tellement fatigué que je vais me coucher
Parmi les nombreux animaux et esprits qui y vivent, un instant » ou faites passer votre mala-
une seule créature défie toute catégorisation. Le peuple dresse pour un pas de danse.
rat, appelé nezumi par les rares Rokugani qui admettent
n e i en e ne ai ar ie ni de e ri d hi h -d
ni du règne animal. Les nezumi marchent comme des
humains, mais ont leurs propres culture et langage. Leur
vie est courte, mais leur mémoire collective, conservée par
les Mémoriels, est plus ancienne que l’humanité.
Un peu de géographie
Aux confins orientaux de la forêt de Shinomen, le sol est
composé d’une pierre noire poreuse, les résidus de l’érup-
tion du Toit du Monde. Cette roche accueille les racines
de la ciguë, qui s’y enfoncent profondément, tandis que
les épines desséchées se concentrent dans les crevasses,
où elles forment une gelée pourrissante. Au crépuscule,
de nombreux onibi, des globes de feu bleu, flottent
au-dessus du sol.
Vers l’ouest, le terrain devient meuble et accueille
des arbres à larges feuilles. Les érables sont de mauvais
augure : leurs magnifiques feuilles rouges sont appréciées
à l’automne, mais le reste du temps leur couleur sanglante
constitue un mauvais présage. Ils partagent l’espace avec
des clairières et des marais recouverts de lis.
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NE JAMAIS CARESSER
LES ANIMAUX DOCILES.
Développement Alors que les PJ s’habituent à leur nouvel environnement, ils entendent des voix appeler
au secours. Une nezumi sort de la mangrove, deux petits sur son dos. Dans un rokugani approximatif, elle
demande au groupe de bien vouloir l’aider à retrouver son troisième bébé. En retour, elle reconduira les PJ à
la frontière de Shinomen. Sans l’aide d’Iht-zyk, leur voyage serait long et difficile. Grâce à elle, ils éviteront les
vignes fudoshi étrangleuses, les anguilles tsumunagi venimeuses et les fantômes nukarumi Souillés. La piste
laissée par le souriceau les mène jusqu’à une scène tumultueuse : des gobelins encerclent une butte de boue
surmontée d’un pommier en fleurs, autour du tronc duquel un cerf éthéré est lancé dans une course folle. Le
petit nezumi se trouve quant à lui dans les branches de l’arbre.
三 Paroxysme Les PJ peuvent rejoindre le cerf pour défendre le bébé. S’ils échouent, ce dernier tombe de
l’arbre avant d’être emporté dans la forêt par le kami. Iht-zyk est rassurée que son enfant soit protégé par un
esprit bienveillant, et elle décide de continuer seule ses recherches. Malgré l’échec des PJ, elle les reconduit
à l’orée de Shinomen. Si les PJ vainquent les gobelins, le cerf s’éloigne pour permettre à Iht-zyk de récupérer
son bébé. Non seulement elle ramène les PJ à la lisière de la forêt, mais elle parle aussi de leur héroïsme aux
siens, ce qui leur vaudra des alliés au sein de la tribu de l’Oreille Fendue.
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C H API T R E 6 : L E S G R A N DS E SPACES DE R O KU G AN
Les ruines
sages et hermétiques, d’êtres anciens. Malgré leur fonc-
tion, les tumulus ne sont pas maléfiques : les morts y
dorment paisiblement et ne se réveillent que s’ils sont
Les ruines ne meurent jamais totalement. Elles conservent dérangés ou si des présents leur sont offerts. Cependant,
le souvenir de leur passé ainsi que l’angoisse de leur rares sont les tumulus qui existent encore, puisque la plu-
décrépitude. De tels souvenirs forgent leur personnalité. part ont été profanés par Iuchiban lors de sa guerre contre
Les vestiges en pierre, résidus de châteaux ou de Rokugan, ou par les Adeptes du sang qui marchent sur ses
demeures nobles, restent droits malgré l’absence d’entre- traces depuis.
tien. Les murs qui s’écroulent constituent des points de Les esprits de certaines ruines, telles que des villages
repère pour les voyageurs, et des abris en cas de vent ou perdus, attendent simplement une offrande : du riz, un
de pluie. Un hameau peut s’installer autour, redonnant fruit, du saké, des graines de fleur ou d’arbre. D’autres se
ainsi vie à un ancien château. Les enfants jouent alors à montrent plus exigeants et obligent les humains à rester sur
l’ombre des vestiges, ramenant rires et animation dans les place, à leur donner du sang, ou pire encore, à enterrer les
salles désertées. De cette manière, la ruine jouit d’une cer- morts pour leur tenir compagnie, ce qui est interdit par un
taine reconnaissance et de respect, tout comme un vieil- édit impérial. Les vestiges oubliés se détachent du royaume
lard qui demeurerait assis sur la place du village, entouré des mortels et se comportent progressivement comme les
des habitants. royaumes spirituels. Les ruines bienveillantes se rapprochent
Les vestiges en bois pourrissent en une ou deux géné- d e-d e rennen n a e rr el e an a i e
rations : la végétation reprend ses droits et ils finissent par- d hi h -d e de iennen a age e l rian e i
fois oubliés. Les temples et sanctuaires en bois acceptent bien que la faune y trouve refuge. Les ruines contrariées par
la mort en toute quiétude, un peu comme les prêtres et leur destin rejoignent plutôt le Sakkaku et jouent des tours
moines qui s’occupaient d’eux. En général, des arbres aux voyageurs en modifiant le paysage. Cependant, la plu-
majestueux y poussent, puisque le bois nourrit le bois, ce ar her hen en rer a a i-d a in d’a ar enir ne
qui alimente le cycle de la vie. Les voyageurs évoquent famille, à un clan. Mais les endroits désertés et affamés ne
souvent la sérénité ressentie sans réaliser que les sites sont s’en contentent pas et aspirent, parfois littéralement, la vie
nés de l’activité humaine, tellement la nature et la trace de et l’énergie des mortels de passage.
l'homme se confondent en ces lieux oubliés. Les offrandes modestes apaisent généralement les
Les ruines les plus vieilles sont en général des struc- ruines bienveillantes, voire les poussent à accorder de
tures rudimentaires en terre battue ou des tumulus, diffi- petites faveurs en retour, mais si les présents cessent, les
ciles à distinguer des reliefs naturels. Ces vestiges repré- mauvais comportements reprennent et augmentent pro-
sentent souvent les aspirations subtiles et insondables, gressivement en intensité. Au fil du temps, s’ils jouissent
d’une attention continue, des lieux abandonnés peuvent
s’endormir, satisfaits. Parfois, quelqu’un viendra construire
un nouveau bâtiment sur des ruines apaisées et intégrera
l’esprit et sa personnalité dans son édifice. Les architectes
doivent pourtant se montrer prudents : les anciens vestiges
réhabilités pourraient continuer de poser des problèmes.
CHAPITR E 6 : L ES G R ANDS ESPACES DE R O KU G AN
Tout bon architecte envoie un prêtre ou un moine avec les villageois, ou encore découvrir une richesse sus-
effectuer une purification, à base de sel consacré ou d’eau ceptible de lui faire atteindre un statut plus élevé, voire
bénite, avant de commencer la construction, ainsi qu’une des titres sur des terres et villages. Si les ruines ont gardé
bénédiction à l’achèvement des travaux. Des rubans spiri- leurs souvenirs, elles peuvent révéler leurs secrets, et un
tuels, des talismans en bois ou des bourses en tissu conte- clan qui les néglige découvrira probablement tôt ou tard
nant des prières écrites sur des morceaux de papier sont que son histoire a été divulguée à ses ennemis.
alors suspendus à toutes les entrées et sorties. Une ruine hantée peut menacer les heimin et seule
Les heimin évitent les ruines, lieux de terreur et de tragé- l’intervention d’une personne à la volonté forte et à l’es-
die. Pourtant, les gens du peuple racontent de nombreuses prit solide saura apaiser les kamis. La personnalité de la
histoires, aussi fictives que réelles, qui s’y rapportent. Un ruine peut lentement infecter les bourgades alentour.
voyageur avisé peut faire le tri et découvrir la vérité dans Dans de tels cas, un village de travailleurs deviendra une
les rumeurs, d’autant que tout le monde connaît quelqu’un région chaotique et une forêt docile un domaine hanté.
qui a rencontré une fortune kitsune. Parmi les récits les plus Des membres de sectes hérétiques, attirés par le pouvoir
tragiques, certains ont pour origine une histoire vraie : la surnaturel, peuvent accélérer la déchéance des lieux dans
disparition de membres d’une famille ou d’amis, la trans- l’anarchie et la corruption.
formation de proches après un voyage, l’apparition sou- Certains samouraïs, en quête de réponses ésoté-
daine de signes de dépression, de manies ou de visions... riques ou spirituelles, visitent des ruines car elles jouissent
Ces événements peuvent tous être les conséquences d’une d’un lien avec les royaumes des esprits et peuvent donc
activité surnaturelle. être source de connaissances. De nombreux contes fan-
tastiques mentionnent la découverte de vestiges perdus
explorer les décombres par des voyageurs, qui reçoivent alors une prophétie des
kamis qui y vivent. Même sans présence spirituelle, des
Les clans ne considèrent pas les ruines à la légère. Il est lieux abandonnés peuvent inspirer la sagesse. Toute enti-
en effet possible d’y exploiter des ressources, et parfois té est vouée à mourir et une ruine, endroit mort, détruit et
nécessaire d’en contenir les dangers. Si les gravats d’un oublié, constitue ainsi une destination idéale pour contem-
bâtiment peuvent se souvenir de leur passé et qu’un pler la nature éphémère de l’humanité.
prêtre parvient à conclure un marché avec l’esprit local, les
vestiges peuvent partager leurs connaissances. Si le kami
est contrôlé, en général en construisant un sanctuaire sur
les occupants
les lieux, les habitants des alentours bénéficient d’un gar- La faune de Rokugan se niche dans les ruines pour se
dien. Les clans placent souvent des reliques et des trésors cacher de l’humanité. Même dans les lieux hantés, les ani-
de grande importance dans de tels sanctuaires. maux coexistent paisiblement avec les esprits, à moins que
Les ruines peuvent retenir l’attention pour des raisons ces derniers ne ressentent une faim, une rage ou une dou-
plus banales. Si l’histoire d’un clan se devine aux murs leur intense, ce qui peut arriver dans les endroits qui s’ap-
solides d’un bâtiment prospère, le désespoir d’un autre se r hen dangere e en d hig ar e e le
lit dans les gravats. Le Clan de la Grue considère les lieux Dans un tel cas, un voyageur avisé remarquera l’attitude
abandonnés comme des taches sur son territoire parfaite- étrange de la faune, liée à l’influence des kamis : les créa-
ment entretenu, à nettoyer et purifier dès que possible. tures douces deviennent belliqueuses, les bêtes agressives
Le Clan du Lion estime qu’ils sont des symboles d’échec. se comportent comme si elles suivaient des ordres ou, au
Le Clan du Crabe y voit un affront à ses prouesses archi- contraire, les animaux tentent de prévenir l’importun ou de
tecturales. Le Clan du Dragon, toujours différent, juge le ramener vers des zones plus sûres.
que les ruines sont des lieux de pouvoir brut et cherche Très rarement, un troll ou un autre monstre s’est instal-
à canaliser les esprits qui y vivent pour qu’ils servent le lé dans des ruines hantées, ou du moins dans des endroits
clan. Contrôler des étendues sauvages où lever sa ban- qui ont la réputation de l’être, attiré par la tranquillité et
nière et rendre à des pans de murs leur splendeur passée l’isolement de l’humanité qu’elles fournissent. Parfois,
sont autant d’accomplissements qui prouvent l’importance un troll reconstruit certaines parties des lieux pour créer
de l’histoire pour ce clan. Les entreprises de restauration un labyrinthe, des impasses et des passages secrets qui
deviennent alors un moyen d’éviter une lente déchéance lui donnent un avantage pour se cacher ou attaquer les
vers l’obsolescence et de promouvoir un nouvel élan d’or- intrus. Une bonne connaissance de la culture troll permet
gueil collectif. de remarquer un motif récurrent dans les dédales : des
Il ne faut pas non plus oublier que de tels endroits cercles concentriques, similaires à ceux qui ornaient les
peuvent abriter des trésors perdus, que ce soit des docu- anciennes cités de ces créatures.
ments, des bijoux, des métaux précieux, des armes, des Les naga sont tout aussi rares. Leurs repaires et leurs
bannières, des sceaux ou tout autre symbole de la fierté cités sont très bien cachés. Le temps n’a pas épargné
familiale. Ils peuvent contenir des preuves sur l’héritage leurs villes, et il arrive que des humains tombent sur ce
d’un samouraï, en termes de terres, de trésors ou de qu’il en reste sans s’en apercevoir. De manière générale,
lignée, jusque-là inconnus. Un guerrier peut ainsi mettre les piliers, arches et murs étaient taillés à même la pierre
au jour un nouveau pan de sa famille grâce à un arbre des montagnes ou des falaises et sont décorés de gra-
généalogique, retrouver des cousins ignorés qui vivent vures complexes représentant des motifs géométriques
217
C H API T R E 6 : L E S G R A N DS E SPACES DE R O KU G AN
et des illustrations de la vie quotidienne ou du soleil, de la La parcelle de terrain autrefois occupée par le temple
lune et des étoiles. Comme les structures sont dépourvues est plutôt vide : seules demeurent quelques poutres en
d’escaliers ou de tout moyen visible d’accéder aux niveaux bois qui attestent de l’incendie. Les villageois ont placé
supérieurs, les humains considèrent généralement qu’elles des pierres autour, en signe de respect et pour s’assurer
n’ont qu’un seul étage. Tout naga éveillé pourra alors faci- que l’esprit ne les perturbe pas. Parfois, ils installent aus-
lement éviter de se faire repérer en empruntant les spirales si une chaise ou un tatami au centre, mais, la plupart du
taillées dans les colonnes ou les saillies sur les murs. temps, ils n’ont pas le courage de traverser la limite des
pierres, sous prétexte que l’odeur de bois brûlé les incom-
moine brûlé
mures qui corroborent leurs pires angoisses, ou encore
qu’ils sont assaillis par des visions de ténèbres et de feu.
Les dirigeants du Clan du Dragon ont des avis parta-
À Nanashi Mura, un village de ronin à la frontière du Clan
gés sur ce temple en ruines. Un valeureux bushi a disparu,
du Dragon, les guerriers tourmentés par un trouble inté-
mais un autre, après avoir passé une nuit sur place, a mené
rieur testent parfois leur robustesse et leur discipline en
une bande de ronin à prêter allégeance au clan. Bien que
allan di er ne n i dan le r ine de e a Shūd -Shi
les discussions à propos des ruines, et de Nanashi Mura en
no Jiin, le temple du Moine brûlé. Voilà bien longtemps,
général, tournent autour de deux positions (raser le village
un moine refusa de se rendre face à une bande de bri-
ou le ramener officiellement sous la bannière du clan), la
gands, qui incendia le temple où il se trouvait. L’homme
direction du clan, dans l’impasse, ne semble pas prête à
demeura assis, sans émettre le moindre son, alors que le
purifier, reconstruire ou raser les lieux.
bâtiment brûlait. Les bandits, leur soif de sang rassasiée,
partirent sans piller le reste du village. Quand les villageois
allèrent nettoyer les ruines, ils crurent que le gardien était Kaiu « Shibito » Tsuneko
encore en vie. Couvert de suie, il arborait un sourire béat,
mais dès que quelqu’un le toucha, il se réduisit en cendres. KaiuRANG
ANTAGONISTE « Shibito » Tsuneko
DE CONFRONTATION 2 3
La légende affirme de plus que les lieux sentaient les fleurs Tout le poids de son histoire familiale pèse sur les épaules de
plutôt que la fumée. Kaiu Tsuneko. Ses travaux ne se fondaient pas dans le moule
L’histoire se répandit, et une ronin décida qu’elle pouvait et, pour confirmer ses décisions de conception, elle a mené
se montrer tout aussi brave que le moine, ce qui lança une des recherches non seulement sur l’évolution de l’architec-
tradition parmi les samouraïs sans maître de Nanashi Mura. ture Kaiu, mais aussi sur les constructions des civilisations
Lorsqu’un guerrier doit prouver qu’il possède la discipline antérieures à l’humanité. Chaque découverte alimentait son
nécessaire pour servir et la maîtrise de soi indispensable envie de trouver des édifices plus anciens et plus étranges, et
pour suivre des ordres, il va méditer une nuit dans les ruines elle a rapidement abandonné la vocation familiale
du temple. La plupart des ronin ne rencontrent personne, pour se tourner plutôt vers la quête de
mais en sortent plus calmes. Certains croisent le fantôme ruines et de bâtiments anciens.
du moine et renouvellent leur dévouement à l’Illumination.
Rares sont ceux qui fuient en hurlant : ces derniers tombent
en disgrâce et disparaissent. La première ronin entrée dans
le temple retrouva, après en être sortie, un sens à sa vie. Elle
se rebaptisa Hasu, se rasa le crâne et voyagea dans tout
l’Empire pour combattre les bandits et les esprits, ainsi
que pour aider les démunis et les opprimés.
218
CHAPITR E 6 : L ES G R ANDS ESPACES DE R O KU G AN
CAPACITÉS
A AR A
Lorsque Shibito effectue un test en lien avec les esprits,
elle peut recevoir 3 points de Conflit pour lancer un
supplémentaire et garder 1 dé supplémentaire, comme si
elle avait dépensé 1 point de Vide.
219
C H API T R E 6 : L E S G R A N DS E SPACES DE R O KU G AN
AN N AN
ANTAGONISTE RANG DE CONFRONTATION 8 4 Kasai est une créature Extérieure de gabarit 4.
Ce troll, qui se fait appeler Kasai, a perdu tant de membres RR A
de son peuple qu’il s’est retiré dans la vallée des Esprits
Dès que Kasai subit au moins 1 point de Fatigue, il reçoit
pour s’éloigner des humains. Il porte les cicatrices phy-
1 point de Conflit. Lorsque son nombre de points de Conflit
siques et émotionnelles des siècles passés à regarder les
dépasse la moitié de son Sang-froid, il subit l’état Enragé.
siens disparaître dans l’Outremonde, morts de causes
naturelles ou tombés sous les coups des mortels. Kasai R R N A
est grand, mais voûté par l’âge ; chaque balafre de son Kasai ne peut pas subir les états Hors de combat ou
corps ou de ses grands bras maigres raconte une histoire, Inconscient tant qu’il est Enragé.
une leçon retenue de trahison et de violence de la part
AG R
des Rokugani.
Pourtant, malgré sa misanthropie, il refuse de tuer Au prix d’une activité de temps mort, Kasai peut partager
des humains de sang-froid. Dans la vallée des Esprits, il d’anciens secrets avec des personnages qui gagnent sa
attaque les intrus pour les repousser : il s’habille en hail- confiance. Ceux qui l’écoutent peuvent acquérir la tech-
lons et se fait passer pour un esprit. Il hurle au plus fort de ni e de ih er le rag n d e an re lir le
la nuit pour faire fuir les voyageurs et, parfois, il laisse des conditions préalables normales.
carcasses pourrir sur les chemins, autant pour effrayer les
humains que pour les éloigner en raison de la puanteur. Il
se définit comme un animal instinctif, mais se comporte de idée d’aventure :
manière civilisée. Il conserve les parchemins et les livres
qu’il trouve sur les cadavres ou qui sont abandonnés par les braises d’un
des humains en fuite. Il récupère des pierres et des arbres
abattus pour construire des structures dans la forêt. Si
incendie
quelqu’un écoutait, la nuit, il pourrait entendre ses chants
gutturaux, terrifiants et solitaires, entonnés à voix basse. Accroche Une prêtresse locale s’est ren-
Il aimerait retrouver ses pairs, mais pour y parvenir, il due dans la vallée des Esprits pour ajouter des
devrait traverser les terres des humains. Sa haine pour leur rubans et des talismans spirituels et apaiser ain-
race s’oppose à la maîtrise de soi qu’il s’impose : il refuse si la forêt troublée, mais elle n’est pas revenue.
de se transformer en monstre et de se tailler un chemin Les villageois ont besoin d’elle pour bénir les
sanglant à travers l’Empire. Il reste donc seul. nouveau-nés et jouir de bonnes récoltes, mais
ils n’ont pas le courage d’entrer dans les bois.
SOCIÉTAL PERSONNEL
Développement Si les PJ suivent la piste
35 HONNEUR ENDURANCE
18 des talismans fraîchement installés, ils trouvent la
4 2 carcasse mutilée d’un cerf qui a attiré une meute
15 GLOIRE SANG-FROID
11 de loups affamés, un arbre hanté qui retient un
4 5 villageois perdu depuis plusieurs jours et, pour
05 STATUT 3 ATTENTION
4 finir, un troll qui les traque. Loin d’être une créa-
ture dénuée d’intelligence, il jaillit de trous dans
+2, –2
ATTITUDE : MOROSE
VIGILANCE
3 la terre pour attaquer les PJ, mais s’éloigne tou-
jours avant de les blesser gravement.
ARTISANAL 1 MARTIAL 3 SAVANT 6 SOCIAL 2 PRO. 2 三 Paroxysme Lorsque les PJ arrivent au bout
de la piste, ils retrouvent la prêtresse en bonne
AVANTAGES DÉSAVANTAGES
santé à Wasureta Mura, mais elle refuse de ren-
r e r te essi is e trer avec eux. Même si elle a été enlevée par le
martial ; physique social ; relations troll, elle pense pouvoir le convertir au shintao
et apaiser ses douleurs. La colère et l’hostilité de
ARMES ET ÉQUIPEMENT PRÉFÉRÉS la créature ne font que retarder son entreprise.
r e r i : portée 2 ; dégâts 9 ; Dangerosité 5 ; Lorsque des mercenaires entrent dans la vallée
Encombrant pour tuer le « monstre », les PJ doivent faire la
part des choses entre la sécurité de la prêtresse,
i e ir te : portée 1 ; dégâts 4 ; Dangerosité 6 le bien-être du troll et le risque bien réel d’une
violente rencontre entre le troll furieux et des
i e e t rt ) : lambeaux d’armure et épaisse peau
guerriers assoiffés de sang.
écailleuse (Résistance physique 2, Résistance surnatu-
relle 1), saké et parchemins volés
221
C H API T R E 6 : L E S G R A N DS E SPACES DE R O KU G AN
Les côtes
Les paysans recourent donc aux ordres de prêtres shin-
séistes ou des fortunes pour apaiser les esprits de l’eau
et de l’air. Puisque les tsunamis sont déclenchés par les
Pour faciliter l’agriculture, la pêche, le commerce et les tremblements de terre, ils leur demandent également de
voyages, les Rokugani ont bâti leurs villages, leurs villes calmer les kamis de la terre. La plupart des hameaux, trop
et leurs métropoles sur des sections de côte aisément petits pour être dotés de leur propre prêtre, vont en cher-
accessibles. Le reste du littoral, des falaises rocheuses aux cher un dans de plus grandes villes ou attendent un prêtre
rivages érodés, présente plus de risques que d’avantages itinérant. De nombreuses aventures ont pour point de
et demeure vierge de civilisation. Ces côtes représentent départ un villageois parti en quête d’une âme assez chari-
deux éléments en harmonie ou en conflit : la terre, solide table pour bénir la bourgade.
et constante, et l’eau, fluide et toujours en mouvement, se
combinent pour créer la vie ou provoquer la mort.
Les terres inhabitées du nord sont souvent escarpées,
l’eau et le sel
et les plages généralement rocailleuses. Les grands à-pics, Puisque les Maîtres Élémentaires appartiennent au Clan du
les violents souffles glacés et le rugissement de l’océan Phénix, ce dernier est moins frappé par les catastrophes
froid feraient trembler les plus stoïques des moines s’ils naturelles que les autres clans. Le savoir et l’expertise de
devaient se retrouver encerclés par les éléments déchaînés. ses shugenja permettent aux villages côtiers de profiter
Vers le sud, le littoral devient plus plat et agréable d’une sécurité relative face aux caprices des éléments. Les
grâce aux courants chauds. Avec leurs vents calmes, leur paysans du Clan du Phénix sont conscients de leur dépen-
climat tempéré et leurs plages sablonneuses, ces zones dance envers les prêtres, et lésinent moins que les autres
côtières incitent à la tranquillité, à la paix et à la contem- clans à accueillir et nourrir ces saints voyageurs. Les vil-
plation. Les champs du Soleil levant, dans la province lages côtiers sont également des producteurs de sel, et
Shinkyou, en sont la parfaite illustration, puisqu’ils sont ceux qui offrent le sel le plus pur ont une relation symbio-
consacrés à la non-violence. tique avec les prêtres, qui viennent le bénir en échange
Les îles de la Soie et des Épices incarnent tous les d’une portion pour leurs déplacements.
aspects de cette dualité. L’activité volcanique a créé des
falaises et des rivages inhospitaliers, mais le vent, les pré-
cipitations et l’eau ont érodé certaines plages, devenues
aussi belles que celles du Clan de la Grue. Vu le climat sub-
tropical des îles, la météo est généralement chaude, mais
la pluie et les typhons martèlent les côtes, et modifient leur
apparence d’une année, voire d’un mois, à l’autre.
Cette dualité se reflète aussi dans la manière dont les
paysans considèrent l’océan. La mer est une source de
vie : elle fournit du sel, du poisson, ainsi que des algues,
et nourrit les heimin comme les samouraïs. Des villages de
pêcheurs sont éparpillés sur la côte, permettant à un voya-
geur de se promener sans craindre la solitude, la faim ou
l’absence de refuge. Par contre, l’océan apporte aussi des
tsunamis et des typhons, qui laissent dans leur sillage la
destruction, la mort et la misère.
CHAPITR E 6 : L ES G R ANDS ESPACES DE R O KU G AN
Les membres itinérants du clergé ne doivent toute- et les marins se nourrissent. Si elles sont bénéfiques, les
fois pas surestimer la gratitude d’un village. Rester trop requins, les pieuvres et les autres prédateurs des profon-
longtemps réduit les ressources nécessaires au hameau, deurs posent une menace constante pour les pêcheurs et
et la plupart des habitants n’ont besoin de bénédictions les plongeurs. Les légendes ne manquent pas à propos de
qu’en cas de problème, auquel cas l’argent et la nourri- représentants gigantesques de tels monstres qui auraient
ture manquent déjà sûrement. Les moines et les prêtres entraîné des navires entiers vers le fond des mers.
doivent également faire attention : si leurs bénédictions Les kamis de l’air ou de l’eau menacent également les
demeurent sans effet, ils pourraient se voir refuser le droit côtes. Le meilleur moyen de mettre un terme aux attaques
de revenir au village ou, pire encore, se faire attaquer par demeure de comprendre ce qui a offensé le kami respon-
des heimin affamés et en colère. Enfin, la demande en sable, mais il est parfois difficile de différencier une tem-
prêtres ou shugenja peut obliger les membres du clergé pête naturelle d’un esprit en colère. Une pieuvre géante
à voyager le long de la côte, où ils peuvent être pris pour peut se révéler être l’incarnation d’un kami. Les marins atta-
cible par des animaux, des bandits, des pirates ou des qués versent souvent du saké, du sel bénit ou du riz dans
créatures étranges tapies dans l’ombre. l’océan, tout en priant. De nombreux villages de pêcheurs
Les bourgades situées sur les terres du Clan de la Grue accueillent des sanctuaires où regrouper les offrandes.
sont plus vulnérables aux caprices de la nature, comme l’a Une bourgade qui prend soin de son kami bénéficie d’une
démontré le tsunami survenu il y a trois ans. Même pen- pêche abondante, d’une protection contre les éléments,
dant une année normale, un ouragan peut séparer une mais aussi d’un saint patron qui connaît des savoirs perdus
famille et des amis. Le territoire ne s’est toujours pas remis sur la côte ou qui repousse les pirates.
de la dévastation, et certains villages tombent en ruines, Les marins parlent également de créatures qui vivent
s’ils existent encore. Les réfugiés se sont enfoncés dans dans les profondeurs de l’océan. Ces êtres, mi-humains,
l’intérieur de l’Empire, regagnant les terres fertiles, et cer- mi-poissons, ne semblent pas être des esprits : les
taines tensions ont surgi entre les villages agricoles et les offrandes, bénédictions et prières ne retiennent pas leur
nouveaux venus. attention. Ils nagent derrière les bateaux et regardent les
Le déplacement de la population a perturbé la produc- marins se noyer, mais ne s’intéressent absolument pas aux
tion de nourriture, ce qui a diminué le montant des taxes marchandises. Les villageois rapportent avoir aperçu les
collectées. Le Conseil commercial Daidoji, un groupe d’in- mêmes créatures dans les eaux de l’intérieur des terres,
termédiaires formé des siècles plus tôt pour contrôler les notamment au lac aux Berges blanches, sur les terres du
affaires économiques du Clan de la Grue, a aidé à rétablir Clan de la Licorne. D’après certains récits, il s’agirait de
le commerce après la catastrophe. Par contre, le Conseil ningyo qui vivent dans les ruines de villes et de palais
est affaibli par un mélange de népotisme, d’incompétence engl i e ūden rehei ’a re hi ire a ir-
et de négligence, ce qui force la famille Doji à envoyer ment qu’un mortel qui consommerait la chair d’un ningyo
des représentants à la fois auprès du conseil et au sein deviendrait immortel. Dès que des ningyo sont aperçus,
des zones détruites par le tsunami, afin de vérifier l’éten- des chasseurs désespérés ou cupides fondent sur les vil-
due des dégâts. lages côtiers et sèment chaos et désarroi derrière eux.
Les réfugiés peuvent être victimes de brigands ou de
villageois qui ne veulent pas les aider. Sous le coup de la
la grotte des
enfants de pierre
peur ou de l’avarice, certains les considèrent non comme
des personnes démunies, mais bien comme des cibles vul-
nérables ou des dépenses inutiles de ressources.
Le Clan de la Mante vit et meurt par la mer. Il maîtrise
(ishiko no dōkutsu)
l’eau, mais doit composer avec la terre et le feu. Les vol- Dans la province Umoeru, près d’Akagi Mori, le tsunami
cans des îles de la Soie et des Épices font naître des trem- de 1120 a détruit un sanctuaire consacré aux offrandes
blements de terre, des geysers de vapeur et des sources porte-bonheur et aux bénédictions sur les enfants.
chaudes, mais pour l’instant, les éruptions n’ont jamais Quelques jours plus tard, les parchemins et affiches du
inquiété le clan. La richesse qu’il tire du commerce et de sanctuaire se sont échoués sur la plage d’une crique,
la piraterie, ainsi que son désir de progresser au sein de accompagnés de petites pierres présentant des creux
l’Empire, signifient qu’il propose de bonnes écoles et se et des marques, de sorte qu’elles ressemblaient à des
targue d’un fort taux d’alphabétisation et d’une qualité visages de bébés endormis.
d’éducation égale à celle des clans majeurs. L’eau, l’air, la Un couple, Asaji et Taketoki, a entendu parler des
terre et le feu ne sont pas perçus comme des désastres à pierres. Croyant qu’il s’agissait d’enfants réincarnés, tous
surmonter, mais comme des alliés dans ses succès. deux se sont rendus sur place, espérant retrouver leur
enfant perdu. Ils ont pris les pierres, les parchemins et les
les habitants affiches pour les installer à l’entrée d’une grotte dans la cri-
que. Leur chagrin les pousse à croire que tous ces « enfants
Le poisson, les oursins, le varech, les algues, les seiches, les de pierre » leur appartiennent. Ils errent dans les environs
huîtres et les palourdes ne représentent qu’une partie de et attaquent les voyageurs, craignant qu’ils ne viennent
la grande variété de créatures marines dont les villageois enlever leur progéniture.
223
De plus, ils volent de la nourriture, des offrandes et
des vêtements dans les villages voisins, et il arrive même
les contes de
la crique
que certains habitants manquent à l’appel. Tous les dis-
parus ont également perdu un enfant, et les autres villa-
geois pensent généralement qu’ils se sont simplement
jetés dans l’océan. Questionner Asaji et Taketoki n’a jamais
permis d’en apprendre plus sur les disparitions d’adultes.
$ Certains villageois souffrent de déman-
Mais il est clair que le couple prévoit d’enlever des enfants geaisons, une malédiction lancée par le
de chair et d’os. Par contre, Asaji et Taketoki n’arrivent pas vieux poisson géant qui sommeille dans
à décider s’ils veulent les sacrifier ou les élever comme la crique.
les leurs. $ Un kami a sauvé des pêcheurs qui allaient
La crique, rocailleuse et dangereuse, demande talent se noyer en les transformant en vagues,
et dévouement pour livrer tous ses secrets. Un seul faux mais l'absence d'entretien de son sanc-
pas peut entraîner une grave blessure à la cheville, une tuaire l'empêche de retourner les libérer.
chute d’une grande hauteur ou une entaille profonde. Le
soleil ne semble jamais y briller et, même en pleine jour-
née, la lumière est pâle, malsaine et floue. L’eau est agi-
tée de courants étranges qui ramènent les détritus sur la de fumée, sans chaleur ni feu. Les tunnels, dont certains
plage, mais attirent les nageurs vers le fond et ses tunnels sont inondés, s’avèrent petits et oppressants, occupés par
sous-marins aux rochers tranchants. La texture de l’eau des stalagmites, des stalactites, des rochers coupants et des
reflète parfaitement l’environnement hostile de la crique, virages imprévisibles qui désorientent les visiteurs. Même
et s’y baigner laisse la peau gluante et malpropre. Asaji et Taketoki ne se sont pas aventurés très loin. S’ils
La grotte où Asaji et Taketoki ont placé leurs possessions l’avaient fait, ils auraient entendu des voix d’enfants rire et
s’enfonce profondément dans la falaise, et l’air devient rapi- leur intimer de continuer à voler et tuer, jusqu’à ce que tous
dement épais comme du brouillard et chargé d’une odeur les enfants de Rokugan soient décédés.
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CHAPITR E 6 : L ES G R ANDS ESPACES DE R O KU G AN
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C H API T R E 6 : L E S G R A N DS E SPACES DE R O KU G AN
RR
Lorsque Manami effectue un test d’action d’Attaque, elle
peut dépenser comme suit :
: un personnage situé à portée 0-2 subit l’état
Désorienté.
7
CHAPITRE
De nouvelles
options de jeu
Les agglomérations de l’Empire d’Émeraude vont des
petits hameaux aux villes tentaculaires, et ses paysages
passent des montagnes enneigées aux forêts denses. Le
peuple de Rokugan n’est pas moins varié, du modeste
hinin a i an dai a a e de a ra re e e
le code du bushido, et comprend des spécialistes dans
de nombreux domaines : chacun d’entre eux remplit des
devoirs uniques selon des approches spécifiques.
Ce chapitre présente de nouvelles options pour les
personnages joueurs de La Légende des Cinq Anneaux :
le Jeu de Rôle, dont de nouvelles écoles, de nouveaux
titres, ainsi que de nouveaux avantages et désavantages.
De plus, vous trouverez dans les pages suivantes les règles
pour créer un personnage issu d’une des trois familles
impériales : les Miya, les Otomo et les Seppun.
C H API T R E 7 : DE N O UV E L L E S O PT IO NS DE JEU
229
C H API T R E 7 : DE N O UV E L L E S O PT IO NS DE JEU
PROGRÈS TYPE
École de cartographe Miya Compétences artisanales Grp. de comp.
AR [Artisan, Courtisan] Culture Compétence
R GAN
Les cartographes Miya sillonnent l’Empire pour récol- Forme Compétence
RANG 1
Il n’existe à Rokugan ter les informations qui leur permettront de mettre à jour Survie Compétence
aucun système de les cartes impériales. Par conséquent, ils disposent d’une
coordonnées ou méthode autorisation permanente pour circuler comme ils l’en- Shūji de la erre (rang 1) Grp. de tech.
permettant de répertorier
tendent, sur les terres de tous les clans. Les cartographes = Manœuvres d’esquive e hni e
les lieux. Les cartographes
voyagent souvent jusque dans des lieux reculés, inhospita-
emploient donc divers pro- Seuil infranchissable e hni e
cédés pour évaluer avec liers et en majeure partie inhabités pour faire leurs obser-
précision les distances et vations et prendre des mesures. Ils doivent pouvoir se Compétences savantes Grp. de comp.
les directions, y compris débrouiller seuls, mais se déplacent en général avec des Jeux Compétence
en les estimant à pied et e i gr e de er i e r e de ji ’ le de ar-
en utilisant des points tographe met fortement l’accent sur les sujets théoriques Ar ar ia ( r r ) Compétence
RANG 2
de repère importants du en lien avec la collecte et l’archivage des informations Survie Compétence
paysage. Ils utilisent aussi (comme l’écriture, le dessin et la mémorisation), mais aussi
des pratiques courantes a a (rang 1- ) Grp. de tech.
sur l’athlétisme, l’équitation et l’endurance. Ces samouraïs
en navigation maritime, = Le vent tourne
doivent être prêts à faire face à de longues périodes de e hni e
telles que noter la position
des étoiles, pour vérifier et privation et d’épreuves, loin de toute trace de civilisation Ouverture feinte e hni e
confirmer leurs mesures. et à la merci de nombreux dangers, tels que des bandits,
des animaux sauvages et des esprits hostiles. Compétences professionnelles Grp. de comp.
Ainsi, les cartes rokugani
ressemblent plus à des A e : +1 en Air, +1 en Terre Courtoisie Compétence
œuvres d’art qu’à des te es e rt isisse e i ) : +1 en Com-
plans exacts à l’échelle, et Culture Compétence
position, +1 en Culture, +1 en Esthétique, +1 en Forme,
RANG 3
le degré de variation entre +1 en Gouvernement, +1 en Navigation, +1 en Survie Ar ar ia (di an e) Compétence
différents exemplaires
e r : 50 Shūji de l’Air (rang 1- ) Grp. de tech.
est souvent considérable.
e i es essi es : Katas (), Rituels ( ) Shūji ( )
La marge d’erreur a = Assaut des
tendance à augmenter à e i es e rt : e hni e
feuilles pourpres
pourpres
mesure qu’on s’éloigne
des zones de l’Empire les
$ t s isisse e ) : Détermination du guer- le ar ne n ’ n e hni e
plus densément peuplées rier, Offensive de la Terre
Compétences savantes Grp. de comp.
ou les plus fréquentées, $ i isisse e ) : Estimation de l’artisan, La
et notamment de la Courtoisie Compétence
courtoisie prime
capitale impériale, Otosan
Ar ar ia ( ain n e ) Compétence
Uchi. Cette dernière fait
Gr e r it e) : vous savez toujours
RANG 4
n er nnage r en n a de r ie e
er nnage ain i ’ n n re de er n- n-
nage l en aire gal n
ign ren le e e n ga i de r ri
de errain j ’ la in de la ne
PROGRÈS TYPE
Culture Compétence
Forme Compétence
RANG 1
Survie Compétence R A R
AR A
Shūji de l’ a (rang 1) Grp. de tech.
RANG 2
observateurs de ses
Ar ar ia ( r r ) Compétence événements. Plus d’un
samouraï à un poste de
Shūji de l’Air (rang 1- ) Grp. de tech.
faible importance a essayé
= Flux et reflux Technique de tromper un héraut
Miya ou de lui cacher
A l en d n g e Technique ses activités, se félicitant
École de héraut Miya [Courtisan] Compétences savantes Grp. de comp. de son ingéniosité. Le
malheureux fonctionnaire
Les hérauts Miya sont les messagers de l’Empereur. Leur Commandement Compétence n’en a été alors que plus
devoir consiste à voyager à travers Rokugan pour déli- horrifié de découvrir que
Courtoisie Compétence
RANG 3
vrer les édits et les messages impériaux de manière pré- le Miya avait scrupu-
cise et brève. Ils traversent sans encombre les frontières Survie Compétence leusement rapporté
séparant les clans et autres délimitations : seul un fou ose- l’exact déroulement des
Shūji de la erre (rang 1- ) Grp. de tech.
rait les retarder dans leurs missions. Bien qu’ils sachent événements… y compris
= Effroi céleste Technique ses tentatives de duperie
se défendre au même titre que n’importe quel autre
ou de dissimulation.
samouraï, ils préfèrent utiliser la vitesse et l’évasion pour Le vent tourne Technique
s’assurer de délivrer leurs messages à qui de droit. Les
Compétences artisanales Grp. de comp.
hérauts Miya s’expriment avec les mots de l’Empereur et
l’autorité d’un représentant impérial. Seul un samouraï par- Commandement Compétence
ticulièrement influent ou inconscient oserait les contredire.
Forme Compétence N
RANG 4
A e : +1 en Air, +1 en Eau N
te es e rt isisse e i ) : +1 en Survie Compétence
R N
Commandement, +1 en Composition, +1 en Courtoisie, Shūji de l’ a (rang 1- ) Grp. de tech.
+1 en Forme, +1 en Navigation, +1 en Sentiments, La plupart des tech-
= n r e en d e r Technique
+1 en Survie niques indiquées dans
e r : 50 Pilier de sérénité Technique les cursus d’école de cet
e i es essi es : Katas (), Rituels ( ) Shūji ( ) ouvrage sont décrites
Compétences sociales Grp. de comp. dans le Chapitre 4
e i es e rt :
Culture Compétence du Livre de Règles. Les
$ i isisse e ) : Cadence, Évaluation nouvelles techniques,
Sentiments Compétence comme Effroi céleste,
RANG 5
honnête
Survie Compétence
sont signalées en gras.
$ i isisse e ) : Le fardeau du devoir, Ces techniques sont
Sous la surface Shūji d ide (rang 1-5) Grp. de tech. présentées en détail à
la page 248.
Le couteau dans la plaie Technique
i e ere r it e) : une fois par
round, après qu’un personnage situé à portée 0-4 a réussi ’i a le ain de la ai Technique
un test d’action d’Attaque ou de Manipulation, vous pou- Bénédictions de l’Empereur (capacité de maî maî--
vez lui infliger un nombre de points de Conflit égal à votre trise ti ) : ne i ar ne a ri d’ ne
rang d’école. action de Manipulation, vous pouvez effectuer
i e e t e rt : vêtements de voyage, tenue de un test e e e t Air) N 4 contre
nn re de er nnage r en in rie r
cérémonie, wakizashi (sabre court), yumi (arc) et carquois gal re rang de l ire n a de r ie
de flèches ou tessen (éventail de guerre), nécessaire de le i le d i en a ri ier n n re de in
calligraphie, sac de voyage, sacoche de proclamations d’ nne r gal a d le de le r rang d’ n-n-
ne r e n n re de in de l ire gal a
RANG 6
Composition Compétence
Culture Compétence
RANG 1
Gouvernement Compétence
Commandement Compétence
Courtoisie Compétence
RANG 2
Ar ar ia ( r r ) Compétence
r i le
a an e er nnage r e -5 e d’une valeur égale à votre rang d’école.
le hai e e de e e e gal a rang i e e t e rt : tenue de cérémonie, wakizashi
de S a le l le ar i i le n a (sabre court), une arme au choix (rareté inférieure ou égale
de r ie e le i le i en le a
e rien à 6), nécessaire de calligraphie, sac de voyage, un suivant
loyal (cf. page 64 du Livre de Règles).
234
CHAPITR E 7 : DE NO U V EL L ES O PT IO NS DE JEU
PROGRÈS TYPE
Tactique Compétence
rités impériales des menaces physiques, et les astrologues
Seppun les tiennent à l’abri des dangers surnaturels et spiri-
N A N
Invocations de l’Eau (rang 1) Grp. de tech. tuels. Dans ce but, leur entraînement spécifique en astrolo- N
= Cœur du Dragon de l’Eau Technique gie et en techniques de divination variées leur permet non
seulement de réagir à ces périls, mais aussi de les anticiper L’école d’astrologue
Ascendance dévoilée Technique
et même de les empêcher. En plus de l’astrologie et des Seppun enseigne les noms
Compétences savantes Grp. de comp. invocations des kamis élémentaires, ces samouraïs utilisent alchimiques des invoca-
des méthodes telles que le kawaru (le lancer de pièces, de tions à ses disciples, qui
Commandement Compétence
pierres, ou autres et la lecture des motifs qui en résultent) et combinent de nombreuses
Composition Compétence pratiques pour remplir
la lecture de présages, ainsi que des pratiques encore plus
RANG 2
PROGRÈS TYPE
École de garde du palais Seppun [Bushi] Compétences martiales Grp. de comp.
Les gardes du palais Seppun sont les gardes du corps per- Commandement Compétence
sonnels des plus importants membres de la famille impé-
Gouvernement Compétence
RANG 1
riale et des fonctionnaires de haut rang. Les meilleurs se
voient confier la protection de l’Empereur en personne. Sentiments Compétence
R AN
Chacun est totalement dévoué au bien-être de la per- Katas (rang 1) Grp. de tech.
A R
sonne dont il assure la surveillance : il n’hésitera pas à se
= Style du croissant de lune Technique
Les gardes du palais mettre entre elle et le danger, même au péril de sa vie.
Seppun n’ont tourné leur Pour accomplir la tâche sacrée de protéger l’Empereur, les Le fardeau du devoir Technique
lame contre l’Empereur gardes du palais Seppun perfectionnent leur maîtrise mar-
Compétences martiales Grp. de comp.
qu’une seule fois dans tiale jusqu’à faire partie des meilleurs guerriers de l’Em-
toute l’histoire. Lorsque pire, capables de réagir dans l’instant à n’importe quelle Courtoisie Compétence
Hantei XVI, le Chrysan- attaque, même soudaine ou inattendue. La patience des Culture Compétence
thème d’acier, ordonna
membres de ce corps d’élite est prodigieuse : ils peuvent
RANG 2
la mort de ses frères et Jeux Compétence
rester parfaitement immobiles à l’endroit qu’ils gardent, et
sœurs, puis celle de sa
mère, il fut terrassé par pourtant bien conscients de leur environnement et prêts à Katas (rang 1-2) Grp. de tech.
des samouraïs persuadés bondir au premier signe d’une menace. = Assaut des
que le destin de l’Empire A e : +1 en Terre, +1 en Vide feuilles pourpres
pourpres
Technique
était en jeu. Les gardes te es e rt isisse e i ) : +1 en Arts
= Courage exemplaire Technique
du palais présents ce martiaux (corps à corps), +1 en Arts martiaux (distance),
jour-là participèrent au +1 en Arts martiaux (mains nues), +1 en Forme, +1 en Compétences savantes Grp. de comp.
régicide ou choisirent de Méditation, +1 en Sentiments, +1 en Tactique
ne pas intervenir. Arts martiaux (corps à corps) Compétence
e r : 50
Tous les membres de la e i es essi es : Katas (), Rituels ( ) Shūji ( ) Commandement Compétence
garde impliqués com- e i es e rt : RANG 3 Magouilles Compétence
mirent ensuite seppuku,
admettant ainsi que, $ t s isisse e ) : = Attaque de iaijutsu : Katas (rang 1-3) Grp. de tech.
malgré le bien-fondé lame ascendante, = Attaque de iaijutsu : lame = Style du fer dans
de leur action vis-à-vis Technique
horizontale les montagnes
de l’Empire, ils avaient
personnellement trahi leur $ i isisse e ) : Ascendance dévoilée, Seuil infranchissable Technique
devoir ancestral. Évaluation honnête
Compétences martiales Grp. de comp.
Sentiments Compétence
Magouilles Compétence
RANG 5
Survie Compétence
dépen-
ser 1 point de Vide
Vide pour ajouter un nombre de
succès bonus égal à votre rang d’Honneur à un
test réussi d’action d’Attaque ou de Soutien.
R N
R N N
RANG 1
huit Fortunes majeures,
Méditation Compétence ainsi que des invocations
Shūji de la erre (rang 1) Grp. de tech.
qui leur correspondent.
Il ne s’agit là que de sug-
= Style du croissant de lune Technique gestions : un moine peut
tout à fait vénérer une
Communier avec les esprits Technique
fortune mineure ou un
Compétences sociales Grp. de comp. kami local, ou même op-
ter pour d’autres invoca-
Ordre des moines des fortunes [Moine] Esthétique Compétence
tions qui représentent sa
Méditation Compétence relation avec la fortune.
Les moines des fortunes révèrent et vénèrent cette mul-
RANG 2
titude d’esprits divins allant des plus puissants d’entre h l gie Compétence Benten : L’appel du vent,
eux (Dame Soleil et Sire Lune) aux Fortunes majeures qui L’impermanence du res-
Shūji de l’ a (rang 1- ) Grp. de tech.
incarnent chacune un aspect important de l’humanité, en sac, Bénédiction d’Inari,
= le ar ne n ’ n Technique Voie de la sérénité,
passant par la myriade de kamis qui existent en chaque
Marcher sur les vagues
chose. Cette philosophie tournée vers l’extérieur plutôt S le de l’a alan he
Technique
que vers l’introspection se concentre sur la compréhen- meurtrière Bishamon : Armure de
sion du monde. Contrairement aux shugenja de la caste la Terre, Morsure de
Compétences artisanales Grp. de comp.
des samouraïs, ces moines ne peuvent ni voir les kamis l’acier, Courage des sept
ni leur parler. Ils vouent cependant leur vie à la compré- Ar ar ia ( ain n e ) Compétence Tonnerres, Puissance
hension de ces esprits et à leur service. Bien qu’ils n’aient du Dragon de la Terre,
Méditation Compétence
RANG 3
Tetsubō de la Terre
pas accès aux connaissances secrètes des familles de
h l gie Compétence
shugenja, les moines qui obtiennent les faveurs d’une Daikoku : Armure
fortune découvrent souvent que les kamis écoutent leurs a a (rang 1- ) Grp. de tech. rayonnante, Caresse
prières et demandes, et qu’ils y répondent par d’impres- = Port altier de la Terre, Étreinte de
Technique
sionnants effets élémentaires. la Terre, Nuée vorace,
A e : +1 en Terre, +1 en Eau Flux et reflux Technique Tombe de jade
te es e rt isisse e tre) : +1 en Compétences sociales Grp. de comp. Ebisu : Bō de l’Eau,
Arts martiaux (mains nues), +1 en Courtoisie, +1 en Mains des marées, Béné-
Culture Compétence
Culture, +1 en Méditation, +1 en Survie, +1 en Théologie diction d’Inari, Étreinte
e r : 40 Forme Compétence de Suijin, Fragment de
RANG 4
in ai n n’a e a e in de aire le
nez cette invocation (sans en payer le coût en XP). a ri i e ha i el n e aire ni d’a g en er le Kisshōten : Fragment de
ND. Utilisez la compétence Méditation à la place souvenir, Royaume fac-
Chaque fois que votre rang d’école augmente, vous
du test normalement requis pour cette invoca-
invoca- tice des esprits renards,
obtenez une invocation supplémentaire de cette façon. i n ( ai de e ili er l’annea indi )
i e e t e rt : tunique sanctifiée, tenue de céré- Bénédiction d’Inari,
Transfert d’énergie, Voie
nie ( n) a de age a he ar he in
de la sérénité
237
PROGRÈS TYPE
Composition Compétence
N
Survie Compétence
RANG 1
privations. Leur but ul- ih d ide (rang 1-5) Grp. de tech. r sser e i e it e) : lorsque vous dépen-
time consiste à atteindre sez 1 point de Vide pour Saisir l’instant (cf. page 36 du Livre
= Réveil de l’âme Technique
cet état insaisissable : de Règles), vous pouvez aussi considérer que les rangs de
l’Illumination. = Réveil de l’âme
LL’immuable
’immuable main la compétence utilisée sont égaux à votre rang d’école. Si
Technique
de la paix vos rangs dans la compétence en question sont supérieurs à
i e e i e it e trise) : une votre rang d’école, ou s’ils sont égaux à 5, vous pouvez à la
fois par scène, vous pouvez utiliser une tech-
tech- place ajouter 1 gardé affichant au résultat.
RANG 6
238
CHAPITR E 7 : DE NO U V EL L ES O PT IO NS DE JEU
doivent adopter le
Théologie Compétence pour vivre comme un humain. Ces kitsune peuvent tom- code du bushido et
ber amoureux d’un humain ou d’une humaine, voire se s’y conformer, même
Invocations de l’Air (rang 1) Grp. de tech. s’ils n’en acceptent
marier, et les descendants de telles unions adoptent leur
= Attiser les flammes Technique jamais entièrement
héritage spirituel à différents degrés. Souvent, les kitsune
la légitimité. De bien
Aimable plaisanterie Technique qui revêtent leur forme humaine resplendissent de beauté
des façons, le bushido
ou conservent un agréable air de jeunesse. En général, ils entre en conflit direct
Compétences sociales Grp. de comp.
ne peuvent pas s’empêcher de garder leur bonne humeur, avec la nature farceuse
Magouilles Compétence mais ils ont tendance à se montrer curieux au point de des kitsune, ce qui
passer pour impolis ou indiscrets auprès des Rokugani. entraîne d’intenses
Survie Compétence
Plus que leur attitude, leurs queues risquent d’éventer luttes internes. Ainsi,
RANG 2
Théologie Compétence leur secret : elles réapparaissent parfois malgré l’illusion les personnages impos-
grâce à laquelle ils se déguisent en humains. Les kitsune teurs kitsune possèdent
Shūji de l’Air (rang 1- ) Grp. de tech.
une valeur d’Honneur
obtiennent plus de queues à mesure qu’ils vieillissent, et
= Éclatante démonstration Technique comme tout samouraï
les plus âgés et puissants d’entre eux en possèdent neuf.
normal, et ils suivent
= Royaume factice A e : +1 en Air, +1 en Feu les règles classiques
Technique
des esprits renards te es e rt isisse e tr is) : +1 en Arts de gains et de pertes
Compétences artisanales Grp. de comp. martiaux (mains nues), +1 en Courtoisie, +1 en Jeux, +1 en d’Honneur.
Représentations, +1 en Survie, +1 en Théologie
Culture Compétence
e r : 30
En tant que kitsune,
vous devez sacrifier
Méditation Compétence e i es essi es : Invocations ( ), Rituels ( ),
1 point d’Honneur pour
RANG 3
Courtoisie Compétence
Représentations Compétence
RANG 1
Magouilles Compétence
= Dard
Dard mortel Technique
Commerce Compétence
Conspiration de saboteurs
Médecine Compétence
du Kolat [Shinobi]
RANG 2
Magouilles Compétence
Les saboteurs du Kolat ont la réputation,
Katas (rang 1-2) Grp. de tech.
dans la pègre de Rokugan, de faire partie des
meilleurs assassins. En fait, ces agents infiltrés = Nuage toxique Technique
ou dormants sont de dévoués membres du Kolat,
Affluents du négoce Technique
une secte secrète et subversive décidée, pour éta-
blir le règne de l’humanité, à mettre un terme à la Compétences savantes Grp. de comp.
révérence dont font preuve les Rokugani envers l’Ordre Composition Compétence
céleste. Les revenus de ces activités criminelles four
four-
Forge Compétence
RANG 3
nissent aux chefs de cellule des ressources importantes
et en grande partie impossibles à tracer. Les saboteurs Survie Compétence
du Kolat poursuivent des objectifs variés, différents pour
Katas (rang 1-3) Grp. de tech.
chaque cellule, mais leur ambition ultime consiste à ins-
tituer « l’ère de l’humanité ». Le véritable objectif d’un Flux et reflux Technique
N saboteur est d’entreprendre des missions pour le Kolat, Tisser sa toile Technique
R selon les instructions de son responsable (un autre indivi-
Compétences martiales Grp. de comp.
du appartenant à sa branche de la conspiration, mais dont
La conspiration des il peut ne pas connaître l’identité, puisque la plupart des Commerce Compétence
saboteurs du Kolat et la membres de la secte vivent sous couverture).
Magouilles Compétence
RANG 4
les parties. Comme pour cible le PNJ choisi, vous pouvez relancer un nombre
de dés égal à votre rang d’école. dernier peut consister à assassiner votre cible
d’habitude, le MJ et les ou à la menacer de manière efficace, selon la
joueurs doivent collabo- i e e t e rt : tenue de cérémonie, tenue ordi- méthode de votre choix (mais approuvée par
rer pour s’assurer que naire e en de age dai h ( a ana e a i a hi) le MJ). Si le PNJ est un Antagoniste important,
tous les PJ sont adaptés couteau, cinq shuriken, une dose de poison, sac de voyage. vous vous retrouvez seul face à lui. Il est pro-
pro-
à leur campagne. bable qu’une scène de confrontation s’ensuive.
:VVos
os efforts passent inaperçus, sauf peut-
être auprès de la cible.
240 : Si vous assassinez la cible, sa mort passe
pour un accident ou pour un décès lié à des
causes naturelles
naturelles (mais un enquêteur doué pour
pour--
rait découvrir la vérité).
CHAPITR E 7 : DE NO U V EL L ES O PT IO NS DE JEU
De nouveaux avantages
— On dirait bien que ton cabot ne t’aidera pas.
— Yuki, lança-t-elle avec un sourire au moment où le
chien se mit à grogner. Attaque.
Les avantages de cette section proposent de nouvelles
es : relations, mental
options aux joueurs lorsqu'ils créent leur personnage, mais
ets : les avantages suivants s’appliquent à un person-
ce dernier peut aussi recevoir des avantages supplémen-
nage bénéficiant de l’aptitude Dresseur :
taires en cours de jeu, comme indiqué en page 99-100 du
Livre de Règles. $ Vous avez de bonnes connaissances au sujet des
comportements des animaux ainsi que sur les tech-
des aptitudes niques les plus efficaces pour les dresser. Vous
241
C H API T R E 7 : DE N O UV E L L E S O PT IO NS DE JEU
— Je suis désolée de vous révéler ainsi qui m’envoie, — Je ne vous traque pas, mes frères. Vous pouvez échap-
mais pourrions-nous couper court et parler affaires ? En per aux chasseurs si vous vous dirigez vers le soleil couchant.
l’occurrence, celles qui consistent à introduire discrète- Les grognements reculèrent dans les bois et elle aperçut
ment ce dont j’ai besoin sur les terres du Clan de la Grue. un loup s’éloigner en boitant. Elle s’inclina, murmura une
e : relations courte prière, et rangea sa dague dans son fourreau.
ets : les avantages suivants s’appliquent à un person- es : mental, physique
nage bénéficiant de l’aptitude Liens avec la pègre : ets : les avantages suivants s’appliquent à un person-
nage bénéficiant de l’aptitude Pisteur expert :
$ Vous avez cultivé un réseau d’alliés et d’associés au
sein du milieu criminel rokugani. Vous pouvez uti- $ Vous pouvez détecter les signes du passage d’un
liser ces relations afin d’obtenir des informations,
animal ou d’une personne, aussi subtils soient-
des services ou des biens illégaux.
ils, que d’autres pisteurs ne remarqueraient pas,
$ Lorsque vous effectuez un test où vos liens avec et vous pouvez suivre une piste qui traverse des
la pègre vous avantagent (par exemple, un test de rivières, des villes ou d’autres obstacles qui per-
Magouilles [Air] pour contacter la pègre dans une draient vos pairs.
ville que vous connaissez mal, ou bien un test de
Commerce [Air] pour vendre des objets volés à un
$ Lorsque vous effectuez un test où votre expertise
prix gonflé ou sans attirer l’attention), vous pouvez de la traque vous avantage (par exemple, un test
relancer jusqu’à deux dés. de Forme [Air] pour suivre un animal sans vous
faire remarquer, ou bien un test de Survie [Air] pour
suivre la piste d’un individu), vous pouvez relancer
Lignée kuge (Terre) jusqu’à deux dés.
242
CHAPITR E 7 : DE NO U V EL L ES O PT IO NS DE JEU
particulières $
savez toujours où démarrer vos recherches.
Éliminez 3 points de Conflit après avoir effectué
Le format de ces passions est identique à celui du un test pour mener des recherches sur un sujet
itre 2 du Livre de Règles. (par exemple, un test de Culture [Air] pour locali-
ser un poème particulier, ou un test de Médecine
Bonsaï (Air) [Air] pour mettre la main sur toutes les références
connues à une maladie mystérieuse).
– Non, ne coupe pas ça.
Il lui tapa sur la main pour qu’elle la retire.
– Mais la branche n’est pas à sa place. Cité [au choix] (Eau)
– La nature ne raisonne pas en termes de mauvais po-
Ils franchirent les portes de Toshi no Aida ni Kawa, et aussi-
sitionnement. Elle est, tout simplement.
tôt, Kitsuki Moriko étreignit un homme, à grand renfort de
– Dans ce cas, pourquoi passer autant de temps à tail- cris et de rires. Son compagnon frémit. Il jeta un coup d’œil
ler ces arbres ? Nous allons à l’encontre de la nature, par à la rue, boueuse et bondée de chevaux, de chiens et de
notre action. gens qui se mélangeaient.
– Ah, vois-tu, tu penses que nous ne faisons pas partie Moriko se retourna ; elle tenait quelque chose de blanc
de la nature. Nous pratiquons le bonsaï pour nous souve- et mou, enveloppé dans du tissu :
nir que c’est pourtant le cas.
— Tiens, goûte.
e : mental — Du tofu ?
ets : les avantages suivants s’appliquent à un person- — Du fromage. Du lait de chèvre caillé, répondit-elle
nage ayant choisi la passion Bonsaï : dans un sourire. Cette cité n’est-elle pas merveilleuse ?
— Si, tout à fait charmante, répliqua-t-il en tentant de
$ Vous disposez de vastes connaissances sur l’art du
retenir un haut-le-cœur.
bonsaï, y compris sur les outils et les techniques
utilisés dans sa pratique. Vous pouvez juger de es : relations, mental
la qualité d’un bonsaï et savoir quand un arbre a ets : les avantages suivants s’appliquent à un person-
été négligé. nage ayant choisi la passion Cité :
243
C H API T R E 7 : DE N O UV E L L E S O PT IO NS DE JEU
244
CHAPITR E 7 : DE NO U V EL L ES O PT IO NS DE JEU
De nouveaux désavantages
sonnage affligé du coup du sort Lignée maudite :
nature de sa malédic-
tion. Voici quelques
$ Votre famille est maudite. Avec le MJ, vous devez
exemples qui pourront
décider de la manière dont cette malédiction vous inspirer :
Les désavantages de cette section proposent de nouvelles
se manifeste.
options aux joueurs lorsqu'ils créent leur personnage, mais La malédiction qui
ce dernier peut aussi en recevoir en cours de jeu, comme $ Lorsque vous effectuez un test qui peut avoir un frappe une famille peut
indiqué en page 99 du Livre de Règles. lien avec votre malédiction (par exemple, un test obliger ses membres à…
de Culture [Vide] pour comprendre l’histoire de
des coups du sort votre famille, ou un test de Théologie [Vide] pour … mourir de vieillesse,
mais jamais au combat.
chercher à obtenir la bénédiction de vos ancêtres),
particuliers vous devez choisir et relancer deux dés contenant
ou . Après avoir résolu le test, si vous échouez,
… être oubliés.
… ressentir la folie de
— Maudites fleurs ! — On ne peut pas aller à Toshi no Meiyo Gisei.
Sire Lune.
Les soldats trouvaient le champ magnifique, les cou- — Quoi ? Shinji, c’est juste à deux jours de route, ré-
leurs vives leur faisaient oublier la bataille à venir, mais le pondit Ichirō. … porter le fardeau
d’actes terribles.
général, quant à lui, éternuait. Son beau compagnon secoua la tête, mais un sourire
— Je devrais ordonner qu’on les coupe. effleura ses lèvres. … perdre leurs forces
— Non, non. J’ai… causé quelques tracas là-bas. Une quand ils en ont le plus
Son second s’agenouilla :
femme était impliquée. Puis un homme. Puis une épouse besoin.
— Si tel est votre désir, bien que le moral soit bon,
jalouse. Et ensuite un mari jaloux. Et pour finir, le magistrat. … ne jamais connaître
mon seigneur.
Ichirō jeta son sabre par terre. la bénédiction de
— Non, soupira le général. Laissez-les profiter de… ces Benten.
— Mais enfin, Shiji ! À ce rythme, on va devoir dormir
fichus végétaux.
sur le bas-côté !
e : physique
es : renommée, relations
ets : les désavantages suivants s’appliquent à un per-
ets : les désavantages suivants s’appliquent à un per-
sonnage affligé du coup du sort Allergie :
sonnage affligé du coup du sort Méprisé à [une ville] :
$ Choisissez une substance naturelle courante. Vous $ Vous êtes tristement célèbre parmi les résidents
présentez une forte allergie à celle-ci, et y être expo- d’une ville en particulier (choisie avec le MJ). Ses
sé vous inflige une gêne sévère, voire une réaction habitants ne coopèrent pas avec vous et peuvent
potentiellement mortelle. même chercher à nuire à vos activités sur place.
$ Lorsque vous effectuez un test qui vous expose à $ Lorsque vous effectuez un test pour obtenir l’aide ou
la source de votre allergie (par exemple, un test de la coopération d’un habitant de la ville où vous êtes
Forme [Air] pour courir à travers un nuage d’abeilles, méprisé (par exemple, un test de Courtoisie [Eau] pour
ou un test de Courtoisie [Air] pour goûter un plat qui découvrir les dernières rumeurs entendues à la maison
contient votre allergène sans offenser votre hôte), de saké, ou un test de Commerce [Eau] pour ache-
vous devez choisir et relancer deux dés contenant ter des biens sur place), vous devez choisir et relancer
ou . Après avoir résolu le test, si vous échouez, deux dés contenant ou . Après avoir résolu le test,
vous gagnez 1 point de Vide. si vous échouez, vous gagnez 1 point de Vide.
245
C H API T R E 7 : DE N O UV E L L E S O PT IO NS DE JEU
Des défaillances
sait labourer et fertiliser la terre. C’est là son devoir. Le
marin comprend l’océan. Même le mendiant a sa place
dans la société, pour nous enseigner l’humilité. Penser
que l’existence n’a pas de finalité et questionner sa place
particulières
dans le monde trahissent un manque de confiance envers Le format de ces défaillances est identique à celui du Cha-
l’ordre naturel des choses. » pitre 2 du Livre de Règles.
— Kodaido, Oi no Yama
246
CHAPITR E 7 : DE NO U V EL L ES O PT IO NS DE JEU
$ Après avoir effectué un test qui vous oblige à être seul $ L’idée de vous retrouver enfermé dans un petit
(par exemple, un test de Composition [Vide] pour espace ou sans espoir de sortie vous terrorise.
écrire une lettre afin de décliner une invitation au Vous évitez autant que possible d’entrer dans de R R
théâtre, ou un test de Méditation [Vide] pour consa- tels endroits, et lorsque vous vous y trouvez, vous R R
crer un long moment à l’introspection), vous subissez êtes anxieux et distrait.
3 points de Conflit. Si c’est la première fois que cela Les personnages souf-
$ Après avoir effectué un test pour entrer dans un frant de la défaillance
se produit dans la scène, gagnez 1 point de Vide.
espace clos (par exemple, un test de Forme [Eau] Fausse identité se font
pour ramper dans un passage étroit, ou un test de souvent passer pour
Survie [Eau] pour fouiller une grotte), vous subissez des membres d’une
Aversion pour les paysans (Eau) 3 points de Conflit. Si c’est la première fois que cela école de samouraïs,
et pendant longtemps.
Le seigneur avait ordonné le déplacement des villages se produit dans la scène, gagnez 1 point de Vide.
hors de vue de son château. Il détestait les horribles toits À la discrétion du MJ, un
personnage dans cette
de chaume. Bientôt, les villageois moururent de faim, et
les taxes baissèrent. Fausse identité (Air) situation qui atteint le
rang 2 dans sa véritable
Le seigneur refusait de manger ce qu’un paysan lui pré- — Pourquoi avez-vous écrit votre nom avec ces carac- école peut dépenser
sentait, et il engagea donc des domestiques de noble lignée tères ? s’enquit le scribe. 2 XP pour apprendre,
pour le nourrir. Ses coffres se vidèrent à force de les payer. grâce à son observation
La femme se couvrit la bouche pour masquer son sou- prolongée, les bases
Au bout du compte, le seigneur mourut sans un bu en rire nerveux. des enseignements de
poche. Il quitta ce monde plus pauvre que n’importe quel
— Oh, oui, pardon. Ma mère disait toujours que notre l’école qu’il simule.
bonge et plus oublié que n’importe quel hinin. Dans ce cas, il obtient
famille n’était pas douée pour la calligraphie.
la possibilité d’utiliser
es : relations, mental Le scribe fronça les sourcils et cligna des yeux.
la capacité d’école de
ets : les désavantages suivants s’appliquent à un person- — N’était-elle pas une célèbre calligraphe ? l’école qu’il simule une
nage souffrant de la défaillance Aversion pour les paysans : — Ah ? Oh, si, bien sûr ! J’étais simplement modeste. fois par session de jeu,
Ah ah. comme s’il en avait
$ Vous trouvez les paysans répugnants, et vous avez la atteint le rang 1.
chair de poule rien qu’en vous tenant à leurs côtés. D’un geste vif, elle arracha le rouleau des mains du scribe.
Vous faites de votre mieux pour éviter d’être en rela- — Peu importe, je n’ai pas besoin de ces archives fami- Un personnage ne peut
liales, Maître Goichi. bénéficier que d’une
tion avec eux, et votre dégoût est difficile à masquer.
seule fausse école de
— C’est Giichi. cette manière.
$ Après avoir effectué un test où vous êtes obligé
d’interagir avec des paysans (par exemple, un test e : relations
de Culture [Eau] pour observer les coutumes des ets : les désavantages suivants s’appliquent à un per-
fermiers, ou un test de Courtoisie [Eau] pour inter- sonnage souffrant de la défaillance Fausse identité :
roger un chef de village), vous subissez 3 points de
Conflit. Si c’est la première fois que cela se produit $ Vous possédez une fausse identité complexe que
dans la scène, gagnez 1 point de Vide. vous avez conservée pendant longtemps. La plu-
part des personnes avec qui vous êtes souvent en
relation vous connaissent sous cette identité, et
Claustrophobie (Eau) vous pouvez même avoir une famille qui n’est pas
au fait de la vérité.
— On peut s’échapper par là ! lança son compagnon en
pointant du doigt une allée bondée, étroite et étouffante.
Son cœur bondit dans sa poitrine. Sa vision refusa de
se focaliser sur leur issue de secours.
— Vas-y. Je vais les retenir.
— Mais ils sont douze !
Je comprends les sabres, pensa-t-elle. Je comprends
le sang et la mort.
Son compagnon se fraya un passage dans l’allée au mo-
ment où leurs poursuivants tournaient à l’angle de la rue.
J’espère vivre assez longtemps pour comprendre
ma peur.
e : mental
ets : les désavantages suivants s’appliquent à un per-
sonnage souffrant de la défaillance Claustrophobie :
C H API T R E 7 : DE N O UV E L L E S O PT IO NS DE JEU
$ Après avoir effectué un test pour préserver votre Survie [Terre] pour installer un camp, ou un test de
fausse identité (par exemple, un test de Courtoisie Commerce [Terre] pour préparer un séjour à l’au-
[Air] pour mentir au sujet de votre passé, ou un test berge), vous subissez 3 points de Conflit. Si c’est
de Magouilles [Air] pour subrepticement dissimuler la première fois que cela se produit dans la scène,
une preuve de la vérité), vous subissez 3 points de gagnez 1 point de Vide.
Conflit. Si c’est la première fois que cela se produit
dans la scène, gagnez 1 point de Vide.
De nouvelles techniques
Les nouvelles techniques présentées ici peuvent être choi-
sies par un personnage qui en maîtrise les prérequis, au
même titre que les techniques incluses dans le Livre de
Règles de La Légende des Cinq Anneaux.
shūji de l’air
Tisser sa toile Rang 3 (Kolat)
Pour faire avancer leurs plans, les membres du Kolat doivent
avoir des yeux et des oreilles (mais aussi des mains) partout.
Chaque conspirateur du Kolat reçoit des ordres de son su-
périeur, et étend sa toile grâce à ses propres recrues.
e : mental
ets : les désavantages suivants s’appliquent à un per-
shūji du vide
sonnage souffrant de la défaillance Habitué au luxe :
Effroi céleste Rang 4 (Impérial)
$ Vous vivez dans le luxe et vous ne supportez pas
l’idée de séjourner chez ceux qui vous sont infé- D’un simple geste ou regard, un samouraï des familles impé-
rieurs ou dans les étendues sauvages. riales peut invoquer la puissance du trône du chrysanthème.
$ Après avoir effectué un test pour lequel vous devez A ti ti : une fois par scène, au prix d’une action d’At-
séjourner dans un logement inacceptable pen- taque et de Manipulation, effectuez un test e
dant une longue durée (par exemple, un test de e e t i e) prenant pour cible autant de personnages
248
CHAPITR E 7 : DE NO U V EL L ES O PT IO NS DE JEU
nissez une assistance sur un test de compétence savante, = Souffler sur les braises Technique
en plus d’appliquer les règles d’assistance classiques, le
personnage que vous assistez peut lancer un nombre de
égal à vos rangs dans cette compétence, plutôt qu’à
ses propres rangs de compétence.
PROGRÈS TYPE
Commerce Compétence
Courtoisie Compétence
TITRE
Stylisme Compétence
249
C H API T R E 7 : DE N O UV E L L E S O PT IO NS DE JEU
Espion Gunsō
Se voir désigner comme espion pose problème à de nom- Bien qu’une armée rokugani soit principalement consti-
breux samouraïs. Par définition, un espion se sert de la tuée d’ashigaru et de conscrits, de nombreux samouraïs
tromperie et du subterfuge pour collecter des informations, sont aussi appelés à servir, que ce soit dans les forces de
et il peut même employer des procédés plus sinistres, allant leur propre clan ou dans les légions impériales. Lorsqu’un
du chantage à l’extorsion, pour atteindre les objectifs que noble prend les armes, il officie souvent à un poste de
lui fixent ses commanditaires. Bien entendu, des méthodes commandement. Même si les troupes de chaque seigneur
aussi infâmes et sournoises vont à l’encontre des préceptes disposent d’une structure et d’une identité qui leur est
de la sincérité, de la droiture et de l’honneur du bushido. propre, des titres communs se retrouvent dans tout Roku-
Des samouraïs particulièrement honorables préféreront gan, pour indiquer des niveaux d’autorité similaires. Lors-
d n e re e l e d’ ir a dai i qu’un seigneur rassemble une grande armée pour com-
leur ordonne d’espionner, même si la situation est déses- a re il e n er n l ie r g n r ’il
pérée. Néanmoins, la plupart des nobles n’ont pas autant dirigent les kashira, qui à leur tour donnent leurs ordres
de scrupules et acceptent de ternir leur honneur si tel est le aux unités individuelles.
devoir que leur confient leurs supérieurs. n g n e re n a le de e la r ara i n de
En réalité, la majorité des espions se contentent d’ob- troupes qu’il commande, y compris de leur entraînement,
server les événements et de rapporter les faits intéressants leur discipline et leur équipement. Lors de la bataille, il
à leurs commanditaires. Cependant, certains finissent par dirige ses guerriers en fonction des directives de ses supé-
développer des méthodes et des techniques plus sophisti- rieurs : il doit donc avoir parfaitement conscience de la
quées, allant jusqu’à la discrétion et au déguisement pour situation de son unité, mais aussi du reste de l’affrontement.
s’introduire dans des zones dont l’accès leur est normale- ai le g n d i en a an aire re e d’ n en
ment interdit, et à la communication d’informations sen- du commandement hors pair au plus fort du combat : leurs
sibles et cruciales grâce à de complexes codes secrets. chefs attendent d’eux qu’ils mènent leurs troupes au front
Attri r : n dai n ha i n de lan n agi - et rallient les soldats pour les empêcher de s’enfuir, alors
trat et des organisations clandestines peuvent confier le même que les pertes s’accumulent et que le moral s’effrite.
rôle d’espion à un samouraï. Bien entendu, contrairement Attri r : n dai e a ri er n a ra n
aux autres titres, cette nomination ne fait pas l’objet d’une rang dans son armée, et les samouraïs qui servent au sein
annonce publique. d’une structure militaire peuvent être promus par un offi-
erte e i ts e t t t : -5 cier supérieur.
re is r e er e titre : 24 XP G i e i ts e t t t : +5 (jusqu’à un minimum de 20)
es rei es rt t it e titre) : une fois par ses- re is r e er e titre : 24 XP
sion de jeu, au prix d’une action de Soutien et de Manipu- e er e re i re i e it e titre) : lorsque
lation ou d’une activité de temps mort prenant pour cible vous venez à bout d’un adversaire lors d’un combat singu-
un lieu ou un groupe social en particulier, effectuez un test lier, votre unité élimine un nombre de points de Panique
e e ti e ts Air) N 4 pour rassembler les rumeurs égal au rang de Gloire de votre adversaire.
actuelles et les passer au crible afin d’obtenir des rensei- Une fois par round, lorsque vous réussissez un test
gnements crédibles. En cas de réussite, vous découvrez d’action d’Attaque au cours d’une bataille rangée, votre
les derniers événements en lien avec votre cible, et vous unité élimine un nombre de points de Panique égal à la
identifiez les fausses rumeurs. Si votre objectif social au moitié des points d’Usure que vous infligez.
cours d’une scène d’intrigue consiste à discerner les qua-
lités d’un individu, vous gagnez un nombre de points de PROGRÈS TYPE
Progression égal à la valeur de votre anneau de l’Air plus
vos succès bonus. Compétences martiales Grp. de comp.
: vous lancez une rumeur qui se propage chez les per- Commandement Compétence
sonnages présents dans la scène ou appartenant au
Gouvernement Compétence
groupe ciblé (même s’ils n’y croient pas nécessairement).
TITRE
Sentiments Compétence
TITRE
Magouilles Compétence
= Shūji de l’Air (rang 1-5) Grp. de tech.
= Sous la surface Technique
= Disparition Technique
CHAPITR E 7 : DE NO U V EL L ES O PT IO NS DE JEU
Forme Compétence
Compétence
= Style du serpent
Technique
constricteur
= Malheur aux faibles Technique
= La vérité derrière
Technique
l’écran de fumée
C H API T R E 7 : DE N O UV E L L E S O PT IO NS DE JEU
Yōjimbō Yoriki
e ji n de garde d r d n Les magistrats sont relativement peu nombreux : ils font
pour défendre une certaine personne à n’importe quel donc largement appel à divers subalternes et assistants,
prix. Même si tous les samouraïs doivent se tenir prêts dont les yoriki, des samouraïs qui font office d’adjoints
e a ri ier r r ger le r eigne r le ji e permanents. La plupart du temps, un magistrat dispose
son dernier rempart. Il peut aussi le représenter lors d’un d’un ou deux yoriki, mais au besoin (et si son statut le lui
duel pour l’honneur, ou avoir le sombre devoir de l’assis- permet), il peut en avoir jusqu’à une dizaine. Les yoriki par-
ter lors de son seppuku, afin de le décapiter pour mettre tagent certains devoirs avec le magistrat qu’ils servent, par
n er e e ran e a l ar de ji i en exemple enquêter sur les crimes, rassembler les témoi-
leur maître jusque dans la mort, s’ils n’ont pas eu la chance gnages (et, dans le cas des yoriki au service des enquê-
de périr à son service. teurs Kitsuki, les preuves matérielles), superviser la torture
Attri r : n dai n agi ra d’ era de n des criminels pour obtenir des confessions et appliquer les
chef militaire, un courtisan de haut rang et d’autres indi- sentences. Leur autorité est en général limitée quand les
id i r an e en n er n ji e le n coupables font partie de la caste des samouraïs, mais elle
comme bon leur semble. est plus importante quand il s’agit de roturiers. Les yoriki
G i e i ts e t t t : +10 (jusqu’à un minimum font des rapports réguliers à leur supérieur hiérarchique.
de 40) Souvent, les yoriki proviennent du clan du magistrat
re is r e er e titre : 36 XP qu’ils servent, bien que certains magistrats d’Émeraude
A s ri i e est tr r it e titre) : un emploient des ronin afin d’éviter toute apparence de par-
personnage a été désigné comme étant votre protégé. Il tialité. Un yoriki particulièrement compétent peut être
peut vous ordonner de garder quelqu’un d’autre jusqu’à considéré comme étant un magistrat en formation.
nouvel ordre. Si votre protégé se trouve à portée 0-2, Attri r : tous les magistrats peuvent nommer direc-
vous pouvez dépenser 1 point de Vide pour le rempla- tement leurs yoriki en fonction de leurs besoins.
cer comme cible d’une action d’Attaque. Si vous subissez G i e i ts e t t t : +5 (jusqu’à un minimum de 35)
un coup critique suite à la résolution de celle-ci, gagnez re is r e er e titre : 24 XP
1 point de Vide. Attr e es i ts it e titre) : lorsque vous
effectuez une action d’Attaque à l’aide d’une arme d’En-
PROGRÈS TYPE trave, vous pouvez changer autant de dés gardés conte-
nant ou que vous le souhaitez. Positionnez ces dés sur
Compétences martiales Grp. de comp.
le résultat .
Gouvernement Compétence
Médecine Compétence
PROGRÈS TYPE
= Attaque de iaijutsu :
lame ascendante
Technique Magouilles Compétence
= Katas (rang 1-3) Grp. de tech.
= Détermination du guerrier Technique
= Attiser les flammes Technique
= Sous la surface Technique
IN DEX
254
IND E X
montagnes.....................................................202 R
montagnes du Dragon ..................................207
Kabuki..............................................................62 monts Seikitsu ...............................................158 récoltes ..........................................................110
aid ..............................................................123 Moto (famille) ..................................................77 régime alimentaire...........................................64
ar ..................................................................27 Murs Enchantés ...............................................73 relais ..............................................................126
kashira .............................................................54 ela i n in en e (a an age) ......................244
kawa ..............................................................125 N révolution paysanne ......................................102
Khanbulak ..................................................23, 77 rivière de l’Or.................................................128
kimono.............................................................63 na d ......................................................27, 52 rivières ...........................................................125
Kin no Kawa ...................................................128 Nanashi Mura ................................................218 route de l’Empereur ......................................130
Kitsu ...............................................................183 Navigateur (avantage) ...................................244 route de Sable .................................................77
Kitsuki (famille).................................................93 nezumi ...........................................................214 routes.............................................................123
kitsune ...........................................................211 ....................................................................62 ruines .............................................................216
kodama ..................................................160, 209 nourriture .........................................................64 ari hi ...........................................74
Kolat ................................................................78 Ryoshun .........................................................139
Kuroshin.........................................................194
ūden .............................................................33
ūden a hi ...............................................41 offrir des cadeaux ............................................52
ūden ji .....................................................43 Onnotangu ....................................................... 8 s’orienter en ville .............................................70
ūden ei ..................................................47 ordre de Togashi............................................191 Saibanshoki .....................................................88
ūden Se n .............................................185 ordre des moines des fortunes ......................237 saké .................................................................65
ordre des moines shinséistes.........................238 Sakkaku..........................................................136
ordre des sanctuaire de Benten .............. voir en en Seid
Sept Tonnerres ....voir moines des Sept Tonnerres sanctuaire de la Ki-Rin ...................................155
légions impériales............................................54 organisation militaire .......................................53 sanctuaire des Quatre Présents .....................115
Liens avec la pègre (avantage) ......................241 Osano-wo ......................................................181 sanctuaire du Cœur de la Terre .....................113
Lignée kuge (avantage) .................................242 Otomo (famille)..............................................230 sanctuaire du kami Saule-Guérisseur.............160
Lignée maudite (désavantage) ......................245 Otosan Uchi ...............................................45, 72 sanctuaires, caractéristiques des ...................153
sanctuaires, port ..............................................82
sanctuaires, village ........................................110
sauf-conduits .................................................124
magistrat d’Émeraude .....................................89 Scepticisme (désavantage) ............................246
palais de la Mante ...........................................47
Magistrat de clan (titre)..................................251 secte de la Terre Parfaite .........................20, 102
palais de la Soie et de l’Ombre .......................41
magistrats ........................................................89 sénéchaux ........................................................27
palais impérial ...........................................45, 72
magistrats de clan ...........................................91 Sen ...................................................136, 209
passage du temps ...........................................28
magistrats de Jade ..........................................90 sensei...............................................................27
Paysan adopté (désavantage)........................246
ah .............................................................164 Seppun (famille) .............................................231
percepteurs de taxes .....................................107
Main Droite de l’Empereur ..............................49 Se h - e i ....................................................128
phares ..............................................................81
Main Gauche de l’Empereur............................49 Shinden Kasai ................................................181
Pisteur expert (avantage) ...............................242
Mains de l’Empereur .......................................49 Shinomen Mori ..............................................213
plaines ...........................................................128
maison de l’Aube de Jade ..............................78 Shinsei ...........................................................166
pompiers .........................................................68
maisons, rurales .............................................109 shinzoku .............................................................8
pont des Marées............................................125
maisons, samouraïs..........................................63 shiro .................................................................33
ports ................................................................80
malédictions ..................................................164 h hū .............................................................65
ports commerciaux ..........................................83
marais Uebe ..................................................116 shugo ...............................................................22
ports de pêche ................................................81
marchands .....................................................120 sociétés de mendiants.....................................70
ports militaires .................................................82
mariages ........................................................149 hei ..............................................................181
pratiques religieuses, paysans .......................149
maru ................................................................34 système féodal ................................................22
pratiques religieuses, samouraïs ...................148
mazoku ..............................................................8 jouissance des terres .......................................97
Prêtre (titre) ....................................................252
Meido ............................................................138 procès ..............................................................93
Méprisé à [une ville] (désavantage) ...............245 Protecteur spirituel (avantage).......................242
météo ..............................................................99 province Anshin .............................................116
Millénaire paisible............................................11 r in e a ............................................131 taisa .................................................................53
Miwaku Kabe ...................................................73 province Sunda Mizu .....................................115 Tao de Shinsei ...............................................166
Miya (famille) .................................................229 province Wakiaiai...........................................225 taxe douanière.................................................82
mizuki ..............................................................37 pureté spirituelle ...........................................147 taxes ..............................................................102
Moine acolyte (titre).......................................252 témoignages....................................................93
moines d’Osano-wo ......................................171 Temple d’Amaterasu .......................................74
moines de Bishamon .....................................170 Temple d’Osano-Wo ............. voir Shinden Kasai
moines des Sept Tonnerres ...........................170 Temple de Daikoku..........................................74
moines errants ......................voir clergé itinérant quartier des Plaisirs..........................................75 Temple des Esprits attentifs ..........................183
monastère du Silence ....................................193 Quatre Temples .............................................185 Temple du Moine brûlé .................................218
monastère du Vent des Plaines .....................194 temples, caractéristiques des ........................179
monastères, caractéristiques des ..................189 Tengoku .........................................................135
255
INDE X
256
L’EMPIRE D’ÉMERAUDE
Bienvenue dans le Monde de Rokugan
180567N
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