Volume 1

JOHN WICK PRÉSENTE UN SUPPLÉMENT POUR 7 MER : DEUXIÈME ÉDITION « NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 »
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DIRECTION DU DÉVELOPPEMENT DANIELLE LAUZON DIRECTION CRÉATIVE LEONARD BALSERA CONCEPTION DU SYSTÈME MICHAEL CURRY
RÉDACTION FABIEN BADILLA CHRISTINE BEARD MIKE CURRY JESS HARTLEY JAMES MENDEZ HODES
BETSY ISSACSON SHOSHANA KESSOCK RALPH MAZZA FELIPE REAL ERICKA SKIRPAN
RÉDACTION ADDITIONNELLE JEREMY ELDER DANIELLE LAUZON DAN WASZKIEWICZ BRETT ZEILER TARA ZUBER
DIRECTION ARTISTIQUE PRINCIPALE MARISSA KELLY DIRECTION ARTISTIQUE SHARON SPERRY BLOOM ILLUSTRATIONS GIORGIO BARONI CHARLIE CREBER
SHEN FEI PHU THIEU MAC JAMES MOSINGO MAURO MUSSI DIEGO RODRIGUEZ
« UN ACTE DE FOI » ÉCRIT PAR JENNIFER MAHR CONCEPTION GÉOGRAPHIQUE ET CARTOGRAPHIQUE MARK RICHARDSON CONCEPTION GRAPHIQUE ET MAQUETTAGE THOMAS DEENY
RÉVISION MONTE LIN RELECTURE SHELLEY HARLAN STUDIO AGATE PERSONNEL AUXILIAIRE J. DERRICK KAPCHINSKY MARK DIAZ TRUMAN
CONSEILS LINGUISTIQUES MARINA CALIARI MONIKA HORTNAGL ALEXEI OTHENIN-GIRARD CHRISTIAN SVALANDER
DÉVELOPPEMENT DE 7 MER : DEUXIÈME ÉDITION MICHAEL CURRY ROB JUSTICE MARK DIAZ TRUMAN JOHN WICK
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INSPIRÉ DE « LES SECRETS DE LA 7 MER » CONÇU PAR JOHN WICK ET JENNIFER MAHR
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 Un petit mot de John…
Un jour après le lancement du Kickstarter, Mark et moi avons eu
une conversation. Le projet s  ’était rapidement développé au-delà
de notre vision originelle, à un point tel que si nous voulions tenir
toutes les promesses que nous avions faites, nous allions avoir
besoin d  ’un peu d  ’aide. Nous nous sommes demandé qui nous
devrions embarquer dans ce périple insensé pour nous aider, et
l  ’une des premières personnes à qui nous avons pensé fut Danielle
Lauzon Harper.
Mais qu  ’est-ce que je raconte ? Mark m  ’en a parlé. Je n’avais
aucune idée de qui ça pouvait être—je suis un peu dans mon monde
à Phoenix—mais après l  ’entretien, j  ’ai su que l  ’idée de Mark était la
bonne. Non seulement Danielle possédait les compétences néces-
saires, mais en plus, c  ’était une grande fan de 7 Mer. Lors de notre
e
discussion, elle a fait référence à des détails précis de l  ’historique, et
lorsqu  ’elle nous a dit ce qu  ’elle comptait faire avec l  ’univers, il n  ’y a
plus eu aucun doute : c’était la femme de la situation.
Remerciements particuliers
L  ’histoire que je vais vous raconter sera divisée en deux parties,
tout comme les Nations de Théah sont séparées en deux livres.
La première partie concerne mon coup de foudre avec 7e Mer.
Quand j’étais à l  ’université, un de mes amis m’a proposé de jouer à
un jeu de pirates. J’ai feuilleté le livre de base de 7e Mer et suis
immédiatement tombée sous le charme de la Montaigne. Je voulais
incarner une Mousquetaire montaginoise téméraire et pleine de
Panache. Habituellement, quand je jouais à des jeux se déroulant
dans un contexte historique, la rigueur historique était ma bête
noire. Mes amis me disaient : « Les femmes ne faisaient pas ce
genre de choses. » Personne ne m  ’a dit que les femmes ne faisaient
pas ce que je voulais que mon héroïne montaginoise fasse, parce
que le livre le disait clairement : les femmes font aussi ces choses-là.
C’était la première fois que je jouais à un jeu aussi explicitement
inclusif et je ne l  ’oublierai jamais. Je vous raconterai comment j  ’ai
rejoint l  ’équipe de 7e Mer dans Nations de Théah : Volume 2.
Spoiler : cela implique une grande dose d  ’excitation de ma part.
Version française - Crédits
Coordination éditoriale
Clovis, Vincent Lelavechef
Traduction
Camille Gardeil
Maquette
Delphine ’GinL’
7th Sea and all related marks are © and ™ 2016 John Wick Presents. All rights reserved. No part of this work may be
duplicated without express permission from the Author. This is a work of fiction. All characters and places are creations
of imagination.
© 2018 Agate RPG pour la version française sous licence John Wick Presents. Agate RPG est une marque d  ’Agate
Éditions. Agate Éditions, 7 avenue Joseph Froment, 92250 La Garenne-Colombes. Contact, question, distribution :
esteren@agate-editions.com. Dépôt légal : 2018 – ISBN : 978-2-919256-39-6 – Imprimé en Europe.
Quand je lis Nations de Théah : Volume 1, je suis conforté
dans notre choix. Nous avions pour but de présenter une vision
générale des Nations, avec suffisamment d  ’informations pour que
les joueurs puissent se lancer sans toutefois se sentir contraints par
la version officielle. (Nous avions fait cette erreur dans la première
édition. Heureusement, il arrive que les humains apprennent de
leurs maladresses.) Toutes les Nations ont un titre et un nombre
de mots similaires, mais chacune a un contenu qui lui est propre,
et ces contenus partagent un objectif : faire de chaque Nation un
outil que le MJ et les joueurs pourront utiliser dans leurs propres
parties. Ce n’était pas une mince affaire, mais Danielle s  ’en est
très bien tirée.
Nous ne vous présentons pas ici une Théah immuable, mais bien
notre Théah. La vôtre peut être différente. Et si nous avons l  ’occa-
sion de nous croiser lors d  ’une convention, décrivez-la-moi. C  ’est ce
qu  ’il y a de plus intéressant dans le jeu de rôle pour moi : découvrir
les différentes manières que les gens ont de jouer au même jeu.
—John Wick
Je voudrais remercier mon incroyable équipe d’avoir supporté,
avec grâce et sang-froid, mes reports de délais, mes modifications,
mes réécritures, et tout un tas d  ’autres soucis de conception. Au
cours de ce premier projet de conception avec JWP, j’ai appris bon
nombre de choses sur les coulisses du processus de création d  ’un
livre que je n’aurais pas eu l  ’occasion de voir ailleurs. Merci à Mark
et Lenny de m  ’avoir accompagnée tout au long de ces processus
et de s  ’être assurés que je me sentais toujours impliquée.
Comme toujours, je remercie tout particulièrement mon mari,
Weston Harper, de me supporter, de me soutenir et de s’assurer
que je me nourris, bois, dors et fonctionne comme un être humain
normal lorsque je ne passe pas tout mon temps sur l’écriture et
la conception.
J  ’espère que ce que vous trouverez dans ces pages vous inspirera
de nouveaux Héros et aventures, et permettra à chacun de se sentir
capable de renverser des montagnes.
—Danielle Lauzon
Relecteurs
Mario « Myb-1 » Costanzo, Manuel Delhez, François Delpeuch,
Martin Gleize, Guillaume « Cindoc » Guimiot, Camille Haller,
Vincent Lelavechef, Frédéric Meurin, Manuel « Rheis » Micheluzzi,
Romain « Kosmo » Pascaud, Christophe Rosati
 Table des Matières
Un acte de Foi 4 Chapitre 3 : La Montaigne 107
Une Nation en guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Introduction 10 Personnages notables . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
La situation actuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Léon Alexandre de Montaigne . . . . . . . . . . 110
Ce que contient ce livre . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Morella Alouse Giacinni . . . . . . . . . . . . . . 112
Comment utiliser ce livre . . . . . . . . . . . . . . . 13 Dominique de Montaigne . . . . . . . . . . . . . . 113
Louise de Beaufort . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Chapitre 1 : L’Avalon 15 Maurice de Thoulieu et
Trois Nations en une . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 le ministère de la Culture . . . . . . . . . . . 115
Personnages notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Yvonne de Gineston, marquise de Bâtonnier . . 116
La reine Elaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 La marquise Sidonie du Carré . . . . . . . . . . . 117
La duchesse Colleen MacLeod . . . . . . . . . . . 20 François DeGaulle . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Derwyddon, Haut magicien d  ’Avalon . . . . . . . 21 Ève Lafrisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Daníele . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Ragnar Odinsson . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
Jack O  ’Bannon, roi d  ’Inismore . . . . . . . . . . . 22 Le général Pardie Soussens . . . . . . . . . . . . . 121
James MacDuff, roi des Marches des Highlands . 24 Les mousquetaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
Jeremiah Berek . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Cédric Béadoux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Les Réalistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Sigsvald . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Walter « le Rebouteux » Kelly . . . . . . . . . . . 26 Renée Martin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
La capitaine Eilionoir NicDappel . . . . . . . . . . 26 Sociétés secrètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
Le Beau Peuple (Sidhes) . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Lieux notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
Sociétés secrètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Charousse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
Lieux notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Buché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
L’Avalon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Dechaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
L’Inismore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 La Motte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
Les Marches des Highlands . . . . . . . . . . . . . 41 Altamira . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
Sorcellerie du Glamour . . . . . . . . . . . . . . . . 46 La forêt de Lock-Horn . . . . . . . . . . . . . . . 140
Les duels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 Porté : le passage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Legends . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Les duels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Légendes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Chapitre 2 : La Castille 59
La Guerre de la Croix et la Castille moderne . . . 61 Chapitre 4 : Le Vestenmennavenjar 155
Une Nation fondée sur la tradition . . . . . . . . . 62 Une guerre économique . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Personnages notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Personnages notables . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
Les bons rois Sandoval . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Frederick Ulfsen, jarl de Vendel . . . . . . . . . 158
Alfonso Sanchez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Gylffi Hafgrimmr, jarl de Klorhulg . . . . . . . 159
Octavio Mzabi, l  ’Inquisiteur noir . . . . . . . . . 65 Ragna Ankidatter, jarl de Kirk . . . . . . . . . . . 160
Azra Uziel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Alvor Ekillsdatter . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Amanda de la Rosa . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Elisif Geirsdatter . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
Le cardinal Esteban Verdugo . . . . . . . . . . . . 67 Ivethay, Géante de l’île . . . . . . . . . . . . . . . 164
Jentar Soldano de Gallegos . . . . . . . . . . . . 68 Lucas Gillespie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
Zoraida Cortiñas de Luzuriaga . . . . . . . . . . . 69 La Ligue de Vendel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
André Miguel da Fonte . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Sociétés secrètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
El Concilio de la Razon . . . . . . . . . . . . . . . . 71 Lieux notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Les Grandes Ducados . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Vendel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Sociétés secrètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Kirk . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Lieux notables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 La baie du Père-Morose . . . . . . . . . . . . . . . 180
La Cité vaticine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 La forêt du Jarl . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
El Ducado de Soldano . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Les Terres du Nord . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
El Ducado de Aldana . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Le lac du Wyrd . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
El Ducado de Torres . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 La côte occidentale . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
El Ducado de Zepeda . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Galdr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
L’Odissée (El Ducado de Gallegos) . . . . . . . . . 90 Le futhark . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Alquimia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 Les duels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
Les duels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Mythes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
Leyendas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Annexe 202
Nouveaux Historiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
Nouveaux Avantages . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
Liste d’Avantages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
 Un acte de foi
S
andre dansait nerveusement d  ’un pied sur l  ’autre.
« Tu prends trop de temps.
— Mais non. » Evangeline restait concentrée sur la
serrure de fer ouvragée.
« Mais si, insista Sandre. Dépêche-toi.
— Du calme. La garde ne repassera pas par ici avant la
douzième cloche... » Un carillon retentissant l  ’interrompit
depuis la tour au-dessus. « Par tous les diables », jura-t-elle,
redoublant d  ’efforts.
Sandre jeta un œil dans la cour vide où seules quelques
torches perçaient les ténèbres, une main sur son épée,
l  ’autre plaquée contre la porte en bois massive.
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4 UN ACTE DE FOI
par Jennifer Mahr
« Ça y est », murmura-t-elle. Le verrou tourna et la porte
céda sous la poussée de Sandre. Vif comme un renard, il
la suivit dans l'entrebâillement, puis ils s   ’appuyèrent
ensemble de tout leur poids contre la lourde porte pour
la refermer derrière eux. Les premiers bruits de pas sourds
produits par des solerets retentirent tandis que la porte se
fermait silencieusement.
Sandre inspira profondément et attendit que son cœur
se calme. Ils se tenaient dans un vestibule voûté, aux
murs et au sol faits d  ’une pierre si lisse et fraîche qu  ’ils lui
évoquèrent de la crème. Il descendit rapidement les quatre
larges marches menant à la nef centrale de la cathédrale et
se tourna vers la longue rangée de piliers à sa gauche.
 « Qu  ’est-ce que tu fais ? siffla Evangeline, juste derrière lui.
— Je suis les instructions », murmura-t-il. Au loin, il pouvait
entendre d'autres bruits de pas—la patrouille intérieure qui
venait du cœur de la cathédrale.
« Les instructions sont d  ’aller à droite. Ça ne sert à rien
d  ’obtenir des informations de l  ’intérieur si on n  ’y fait pas
attention. Me dis pas que c  ’est ta première fois ? »
Elle lui tirait le bras. Après un moment d  ’hésitation, il la
laissa l  ’emmener dans la direction opposée. Ils se glissèrent
de l  ’autre côté, derrière un pilier suffisamment large pour les
abriter tous les deux.
Ils pouvaient entendre les gardes s'approcher : trois
rangées de deux soldats, qui remontaient l  ’autre aile en
formation. Sandre aurait été à découvert si sa partenaire ne
l  ’avait pas arrêté.
Tandis que la patrouille dépassait leur cachette, Sandre et
Evangeline se précipitèrent vers le pilier suivant, puis celui
d  ’après, jusqu  ’à atteindre la vaste aile dégagée qui croisait la
nef. Au bout de ce couloir, la patrouille se prépara à tourner.
Dans un instant, elle passerait devant la porte et entame-
rait le trajet de retour vers l  ’aile sud. Le duo serait alors en
vue. Ils se serrèrent les mains, attendant le bon moment.
À l  ’instant où le premier groupe de soldats commençait à
tourner, passant brièvement derrière le pilier le plus proche
de la porte, le tandem s'élança, traversant la partie à décou-
vert aussi vite et silencieusement que possible.
De l  ’autre côté du hall, ils s'arrêtèrent, dos au mur de
pierre, retenant leur souffle et tendant l  ’oreille à l  ’écoute
du moindre changement dans la formation des gardes.
Sandre vit le visage d  ’Evangeline pâlir dans la faible lumière.
Son front était humide, mais sa bouche formait une
ligne déterminée.
Le pas martelant et régulier de la patrouille ne changea
pas. Ils se glissèrent plus loin dans le passage jusqu  ’à
atteindre l  ’alcôve qu  ’on leur avait indiquée. Ils eurent juste
assez de place pour se tasser derrière la statue en attendant
que la patrouille finisse de remonter le hall principal.
« Si », murmura Sandre.
Evangeline continuait de surveiller le hall. « Si quoi ?
— Si, c  ’est ma première fois. » Face à son silence, il
expliqua : « Ta question, tu demandais... »
Il s'arrêta en réalisant qu  ’elle jurait tout bas, des mots
à peine audibles, mais dont le vocabulaire fleuri le fit
s  ’empourprer. Il remercia la pénombre.
Au loin, le bruit de pas des gardes diminuait alors qu  ’ils
s  ’engageaient dans une des galeries adjacentes. Evangeline
sortit de leur cachette. Sandre la suivit, extirpant ses longues
jambes de cet espace exigu. La cathédrale était désormais
plongée dans le silence. Après un dernier regard aux alen-
tours, Evangeline se dirigea vers l  ’allée centrale, faisant signe
à Sandre de la suivre.
Maintenant qu   ’il ne craignait plus d   ’être surpris, il
s  ’autorisa à regarder autour de lui. Il n  ’avait jamais rien vu
de comparable à la grandiose cathédrale d  ’Aldana. Vaticin
depuis dix-neuf ans (soit l  ’intégralité de sa brève vie), il
n  ’aurait jamais imaginé que la Maison des Prophètes puisse
ressembler à ça. Le plafond, si plafond il y avait, s  ’élevait si
haut que la lumière des torches mourait avant de l  ’atteindre.
Des colonnes larges comme trois personnes montaient à
l  ’assaut de ces ténèbres. Le duo devait prendre garde à ce
que le bruit de leurs pas ne fasse pas écho dans l  ’immensité
de l  ’endroit.
Ils se dirigeaient vers une porte qu  ’ils ne pouvaient pas
voir, mais qui, d'après leurs informations, devait se trouver
à droite derrière l  ’autel. Malgré lui, Sandre ralentit pour
observer ce dernier. Il se dressait sur une estrade surélevée,
magnifique et intimidant. Il était couvert de tapisseries dont
les fils étaient si dorés qu  ’ils luisaient à la lueur des torches.
Peut-être s  ’agissait-il même d  ’or véritable.
Dans l  ’église campagnarde si familière à Sandre, l  ’autel
était en bois, et un fidèle suffisamment grand pouvait
toucher le plafond. Les fenêtres simples, munies de volets en
cas d  ’orage, laissaient passer la lumière. Cet endroit était...
Sandre eut le souffle coupé par la vision de l  ’immense mur
de verre devant lui. Des couleurs chatoyantes scintillaient
sous ses yeux : des bleus océaniques, des jaunes solaires,
d'autres couleurs semblables à des éclats de fleurs, de forêts
et de tempêtes.
Les vitraux étaient si hauts que leurs sommets disparais-
saient dans l  ’ombre. Il y avait plus de torches ici que dans
le reste du bâtiment, comme si cette merveille ne devait
jamais connaître les ténèbres. Les trois images qu  ’elle dépei-
gnait formaient un triptyque : celle du milieu représentait
le premier Prophète, tandis que les deuxième et troisième
Prophètes apparaissaient sur les panneaux de droite et de
gauche. Sandre sourit en voyant la scène dépeignant le
deuxième Prophète avec une série de sceaux à ses pieds.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 5
 Evangeline avait déjà atteint la porte, maniant les mêmes
outils dont elle s'était servie sur la porte d  ’entrée. Il savait
qu  ’il devait la rejoindre, mais il s  ’octroya un dernier moment
pour admirer le chef d  ’œuvre qui le surplombait, ainsi que
pour effectuer une rapide et silencieuse prière au succès de
leur entreprise. Bien sûr, il ne put s  ’empêcher de sourire à
l  ’ironie que représentait le fait de prier lors du cambriolage
d  ’une cathédrale. Mais c  ’était une époque difficile, et s  ’il
devait en passer par là, il lui semblait juste qu  ’il en soit de
même pour Theus.
Evangeline leva les yeux de sa serrure. « C  ’est bon, t  ’as
tout vu ? demanda-t-elle. Il me semble qu  ’ils organisent des
visites une fois par semaine pour un guilder. »
Elle lui adressa un clin d  ’œil, et il se détendit un peu.
« Je ne pense pas revenir ici avant longtemps, répondit-il
dans un murmure. J  ’aime trop respirer. »
Leurs sourires s  ’effacèrent lorsqu'ils entendirent des
bruits de pas venant dans leur direction. Les yeux écarquillés,
Sandre fit un signe en direction de la porte. Evangeline
secoua la tête avec insistance : la serrure lui résistait. Les
bruits de pas approchaient, accompagnés de voix. Sandre
attrapa son bras et la tira vers l  ’autel. Écartant la tapisserie
qui le recouvrait, ils se cachèrent tous deux dessous. Sandre
stabilisa le tissu avec ses mains.
Une voix d  ’homme leur parvint, profonde et érudite, mais
étouffée par l'épaisse draperie. « Je n  ’ai aucune patience
pour ces querelles ridicules. C  ’est inconvenant. Des rebelles
et des pillards. Ils pensent pouvoir nous résister. Un mouton
aurait de meilleures chances à se dresser sur ses pattes
arrière pour demander au fermier de ne pas le tondre. »
Une deuxième personne renifla : « Le mouton a quelque
chose d  ’utile pour le fermier. Leurs cervelles et leurs
couennes n  ’ont aucune espèce de valeur.
— Peut-être que si, répondit la première voix. C  ’est votre
problème, Père Trevane. Vous êtes trop prompt à vous
débarrasser de ce qui pourrait s  ’avérer utile. Leurs couennes
peuvent être un moyen d'accéder à leurs cervelles. Et leurs
cervelles, et les serpents qui s  ’y cachent, nous permettront
de débusquer les autres vipères. »
Il lâcha un ricanement qui hérissa les cheveux sur la
nuque de Sandre. Les pas s'étaient arrêtés et les voix étaient
proches. Ils devaient se tenir à côté de l  ’autel. « Je vais vous
dire, continua-t-il. Attrapez-moi un de ces conspirateurs, et
je lui arracherai le nom de ses complices avant de lui arra-
cher la langue. »
Le deuxième homme fit un bruit offusqué : « Je n  ’en
doute pas. Vous êtes un artiste, père Rosa. »
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6 UN ACTE DE FOI
Sandre fut soudainement saisi de la peur d  ’être trahi par
l  ’odeur de sa propre transpiration. Le Père Rosa était tris-
tement célèbre. Le chef de l  ’Inquisition à Aldana et dans
les régions alentour était d  ’une cruauté et d  ’une brutalité
notoires. Il regarda Evangeline, collée contre lui dans cet
espace confiné. Elle sortit un couteau fin et brillant de sa
botte et le serra contre elle. La seule arme de Sandre était
son épée, bloquée sous lui. Il se promit que s'il survivait à
cette nuit, il ne referait pas la même erreur.
Pris d  ’une brusque envie de mettre un visage sur les
monstres proches d  ’eux, Sandre se pencha en avant et
écarta la tapissera d  ’à peine un pouce. Il sentit Evangeline
se tendre à côté de lui, mais elle ne pouvait pas protester
sans révéler leur position. Sandre pouvait voir les deux
hommes. Ils lui tournaient le dos, mais leurs visages étaient
pris dans la lumière des torches. Trevane, le dernier à avoir
parlé, était grand. Ses cheveux sombres étaient tirés en une
tresse, et une épaisse barbe lui mangeait la moitié du visage.
Le père Rosa avait une figure fine et rasée de près. Sandre
les mémorisa tous les deux. S  ’il les croisait à nouveau, il
voulait être sûr de savoir à qui il avait à faire. Après leur avoir
lancé un dernier regard, il céda à la prise d'Evangeline sur sa
manche et laissa retomber la tapisserie.
Après quelques minutes, les deux inquisiteurs conti-
nuèrent leur chemin le long de la nef centrale. Sandre
écouta le bruit de leurs pas s'éloigner et chacun d  ’entre eux
lui fit l  ’effet d  ’un étau qui libérait progressivement son cœur.
Il chuchota à Evangeline : « On peut retourner à la porte
sans risque, à ton avis ?
— Je pense que personne en Castille ne sera en sécurité
tant que l  ’Inquisition n  ’aura pas été renversée, marmonna-
t-elle. Finissons-en. »
De retour à la porte, Evangeline n  ’eut besoin que de
quelques instants pour faire céder la serrure. Pendant ce
temps, Sandre monta la garde, à l  ’affût du moindre son
suspect. Une fois la porte passée, Evangeline la referma
silencieusement derrière eux en soufflant de soulagement.
Ils étaient à nouveau dans la pénombre. Ils eurent seulement
le temps de jeter un œil avant que la porte ne se referme et
ne fasse barrage à la lumière. Sandre fouilla ses poches et
en tira un silex et de l  ’acier, ainsi que deux petites bougies.
Il les alluma sans difficulté et en passa une à Evangeline,
qui se mit rapidement au travail. « Je me charge du bureau,
dit-elle. Occupe-toi des bibliothèques. T  ’es assez grand pour
en atteindre le sommet. »
 Sandre sourit malgré lui. Il avait l  ’habitude qu  ’on le
taquine à propos de sa taille. Son père disait qu  ’il était
trop grand pour sa corpulence. Il fit ce qu  ’elle lui avait dit,
sortant les livres des étagères les uns après les autres avant
d'en secouer les pages. Ils s  ’activèrent en silence pendant
quelques minutes avant qu  ’elle ne lance : « C  ’est vraiment
la première fois que tu fais ça ? »
Sandre se tourna vers Evangeline qui ouvrait, fouillait et
fermait tiroir après tiroir : « La première fois que je m  ’intro-
duis dans un bastion de l  ’Inquisition ? Laisse-moi réfléchir.
L'autre fois, le mois dernier… Non, attends. C'était jour
de marché. Bah oui, c  ’est la première fois que je fouille le
bureau d  ’un Grand Inquisiteur. »
Elle feignit un soupir de dépit :
« J'arrive pas à croire que Lorenzo m  ’a envoyée ici avec
un novice.
— Hé. T  ’es pas beaucoup plus vieille que moi.
— Peut-être pas beaucoup plus vieille, mais sacrément
plus expérimentée.
— Tu fais ça depuis combien de temps ? demanda Sandre
sur un ton sceptique.
— Quatre ans, répondit-elle.
— Donc tu avais… ?
— Quelques années de moins que toi. » Elle lui tira la
langue. « Et j'étais meilleure que toi à mes débuts. »
Il étouffa un rire :
« Ta maturité m  ’intimide, là. »
Il remit en place le livre qu  ’il tenait et s'attaqua à l  ’étagère
suivante : « Pourquoi as-tu commencé à travailler avec
Lorenzo et sa bande, au fait ?
— Bah, tu sais, le coup classique. J  ’étais une espèce de
prodige. On m'a envoyée étudier à l  ’université de San
Cristóbal. Ma mère était ravie, même si elle ne comprenait
pas vraiment ce que je faisais.
— L  ’université ? Ça devait être incroyable !
— Ça l'était. Pendant environ un an. Puis l  ’Inquisition
est arrivée. Un jour, tout était normal. Le jour d  ’après,
des rumeurs hantaient les couloirs. Le surlendemain, une
demi-douzaine de professeurs avait disparu. Comme ça. Le
directeur de mon département en faisait partie. »
Elle n  ’avait pas cessé de s  ’activer : « Je n  ’ai pas demandé
mon reste. J'ai ramassé quelques affaires et je suis partie. Je
me suis dit qu  ’il valait mieux que je disparaisse de moi-même
plutôt que d'attendre qu  ’ils me donnent un coup de pouce.
D  ’après ce que j'ai entendu, certains de mes camarades
n  ’ont pas été assez rapides, ou chanceux. Quelques mois
plus tard, j  ’ai trouvé Lorenzo. Ou lui m  ’a trouvée.
— Tu n  ’es jamais rentrée chez toi ?
— Je me suis dit que ce serait plus sûr. Il n  ’y a pas l  ’ombre
d  ’un poil d  ’hérésie dans ma famille. Ma mère est si pieuse
qu  ’elle fait passer le prêtre pour un païen. Si je retournais
chez moi, je les mettrais en danger. J'arrive parfois à avoir
des nouvelles, et ils vont bien. J'ai raté le mariage de ma
sœur au printemps dernier.
— Je suis désolé, dit Sandre en pensant à sa propre famille.
— T  ’en fais pas. Si ça tient qu  ’à moi, on aura abattu cette
bête corrompue avant que ma sœur n  ’ait son premier enfant,
et je rentrerai chez moi à temps pour être tata. Et toi ?
Comment en es-tu arrivé là ? »
Sandre repensa à sa première rencontre avec Lorenzo, une
semaine plus tôt : un homme grand avec des épaules larges.
Où qu  ’il fût, il semblait être le maître des lieux. « Mon grand-
père m'a envoyé », raconta-t-il.
Evangeline rit :
« Ton grand-père ne t  ’aime pas ? »
Sandre eut un rictus :
« Je suis son petit-fils favori. Ça signifie qu  ’il me préfère
probablement à son chien.
— Aïe.
— Bah, c  ’est rien. Il adore vraiment son chien. »
Il s'aperçut qu  ’il s'était laissé distraire et s  ’efforça de
continuer d  ’avancer. Déjà deux bibliothèques fouillées, plus
qu'une.
« Je viens d  ’un petit village. Il est magnifique, et très
accueillant. À tel point que pratiquement personne ne le
quitte. Mon grand-père est le seul membre de ma famille
à avoir jamais voyagé. Il descend de sept générations de
fermiers, et il a décidé d  ’être pêcheur. »
Ce souvenir arracha un sourire à Sandre : « Je lui dois
mon nom.
— Alors il ne t  ’aime vraiment pas, conclut Evangeline.
— C  ’est le seul à avoir voyagé. Donc c'était le seul qui
pouvait savoir ce qui se passait ailleurs au sein de l  ’Église.
Dans notre village, rien n  ’a changé. Mais ça ne va pas durer.
À moins que quelqu'un n  ’arrête l  ’Inquisition.
— Et ce sera toi ? »
Il haussa les épaules face à l  ’amusement dans sa voix :
« En partie, oui. Je crois. J  ’espère. »
Il finit de vérifier le dernier livre, puis ouvrit les portes d  ’un
cabinet appuyé contre le mur. « Je n  ’ai jamais fait preuve de
courage. Je n  ’ai jamais rien accompli, franchement. »
Ce n  ’était que la vérité. Il ne lui en coûtait donc pas de
l  ’énoncer.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 7
 « Mais le signe du Frère de la Lame du Cœur surplombe
la porte de notre église. Mon enfance a été bercée par des
légendes de ce genre. » Il eut un rire léger. « J  ’aimerais être
courageux, un jour. »
Il sentit le regard d  ’Evangeline et fixa son attention sur le
cabinet pour qu  ’elle ne le voie pas rougir.
« Vu où tu es et ce que tu fais en ce moment, je crois que
ce jour est arrivé. »
Il rougit de plus belle sous le timbre affectueux de sa voix
et se plongea plus avant dans le cabinet, prétextant d  ’en
vérifier le fond.
« Je ne connais pas le Frère de la Lame du Corps,
avoua-t-elle.
— La Lame du Cœur, corrigea-t-il. Son symbole appa-
raît sur le vitrail, dehors, au bas du panneau montrant le
deuxième Prophète. Le deuxième Prophète était accom-
pagné par un groupe de fidèles qui voyagèrent avec lui de
son vivant et répandirent sa parole après sa mort. Le Frère
de la Lame du Cœur venait de l  ’Empire du Croissant. Son
histoire la plus célèbre date d  ’après la chute du Prophète,
lorsque la sécheresse frappa une grande partie du pays. Les
fermes luttaient, les gens mourraient de faim, et les paysans
traversaient le pays à la recherche de travail et de nourriture.
Une famille possédait une ferme de taille respectable, qui
s  ’en sortait toujours bien. Un jour, un étranger à la peau
sombre et voyageant à pied se présenta à leur porte. Il
proposa de travailler pour eux en échange de nourriture et
d  ’un abri. Ils acceptèrent. Une quinzaine de jours plus tard,
dix autres voyageurs parurent. Ils demandèrent la même
chose : du travail contre le gîte et le couvert. Mais lorsque la
famille les laissa rentrer, ils s  ’emparèrent du foyer, manquant
de respect au père, harcelant ses filles et menaçant ses fils.
Ils dévorèrent la nourriture et engloutirent le vin.
Le premier étranger s  ’approcha et leur demanda si leur
comportement était à l  ’image de ce que contenait leur cœur.
Ils se moquèrent de lui et lui jetèrent des déchets. Il amena
alors son seul bagage : un paquet de tissu. Il en tira une
épée si brillante que la légende prétend qu  ’elle scintillait
de la vertu du Prophète, ou de la lumière même de Theus.
Il chassa les dix malandrins et les frappa de son épée. Les
blessures ainsi provoquées, en cicatrisant, formèrent un
mot décrivant ce que chacun avait dans son cœur : avidité,
haine, jalousie. Ils s  ’enfuirent dans des directions différentes.
Mais où qu  ’ils aillent, ils portaient leurs cicatrices. Le mot
formé changeait en fonction du vice du moment. L'étranger
déclara qu  ’il était le Frère de la Lame du Cœur, et que les
misérables arpenteraient le monde jusqu  ’à ce que le mot
vertu apparaisse. »
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8 UN ACTE DE FOI
Il jeta un œil vers Evangeline et vit qu  ’elle le regardait.
« En voilà une histoire, dit-elle. Je ne l  ’avais jamais
entendue. »
Il haussa les épaules. :
« Le village d  ’où je viens prétend être l  ’endroit que
l'étranger a choisi pour s  ’installer. On dit aussi que son sang
coule dans les veines de bon nombre de familles.
— Dont la tienne ? » le taquina-t-elle.
Il haussa de nouveau les épaules :
« Je ne m  ’avancerais pas. Mais j  ’aime bien l  ’idée.
— N  ’est-ce pas ? Peut-être que tu auras le temps de me
raconter d  ’autres histoires. Mais pour l  ’instant, il faut qu  ’on
trouve cette liste. »
Sandre hocha la tête et parcourut la pièce du regard. Il ne
restait pas beaucoup d  ’endroits à fouiller. Peut-être qu  ’une
des peintures accrochées au mur…
Il s'interrompit en entendant Evangeline laisser échapper
un hoquet de surprise. Elle fit courir ses mains sous le bureau.
Lorsqu  ’elle s  ’immobilisa, un clic se fit entendre et un tiroir
peu profond et caché dans le cadre du meuble surgit. Sandre
se précipita vers elle tandis qu  ’elle épluchait une petite liasse
de feuilles. « La voilà ! » Elle brandit une page triomphale-
ment. Elle la posa à plat sur le bureau, et il put y lire une
liste de noms. À côté de chaque nom, une profession était
inscrite, ainsi qu  ’une marque griffonnée : le crime dont
l  ’accusait l  ’Inquisition. La plupart arboraient un « H » pour
hérésie, certains un « R » pour rébellion ou un « C » pour
conspiration. Sandre ne devinait pas le reste.
« Il faut qu  ’on fasse sortir ce papier, murmura Evangeline.
Les personnes sur cette liste doivent savoir que l  ’Inquisition
les traque. »
Sandre allait acquiescer lorsque la porte du bureau s  ’ouvrit
soudainement. Evangeline sortit son couteau et Sandre
dégaina son épée. Le Père Trevane se tenait devant eux,
mais au lieu de lancer l  ’alerte, il referma la porte derrière lui
avant de demander impatiemment : « Vous l  ’avez trouvée ? »
Sandre se rendit compte que, fidèle à son surnom, il était
bouche bée, et s  ’empressa de la fermer. Evangeline plissa
les yeux :
« Vous êtes notre source, c  ’est ça ? »
Le prêtre hocha rapidement la tête.
« Mais pourquoi ? demanda Sandre, encore étourdi par
l'afflux d'adrénaline.
— Quelle importance ? rétorqua Trevane. Avez-vous trouvé
la liste ?
— On l  ’a. »
Evangeline la lui montra avant de la chiffonner et de la
fourrer dans son justaucorps.
 « Bien, répondit-il en jetant un œil par-dessus son épaule.
Il va vous falloir agir vite. Rosa prévoit de mettre son plan
en action demain dans la nuit.
— Nous nous assurerons que ses cibles aient déguerpi,
promit Evangeline sans se défaire de son air méfiant ni
lâcher son couteau. Si vous saviez qu  ’elle était là, et si vous
vouliez vraiment trahir l  ’Inquisition, pourquoi ne pas nous
l  ’avoir directement remise ? »
Il lui lança un regard glaçant.
« C  ’est l'étude privée du Père Rosa. Je n  ’y ai pas accès. Et
savoir que cette liste existe ne signifie pas qu  ’il m'a indiqué
sa position ou son contenu. J'ai donc contacté Lorenzo et
je vous ai transmis toutes les informations nécessaires pour
éviter les patrouilles. »
Sandre comprenait désormais la précision des informa-
tions et comment leur informateur avait pu savoir où et
quand se placer pour atteindre le sanctuaire intérieur de
l  ’Inquisition.
« Seulement, il y a un problème. » précisa Trevane.
Le cœur de Sandre se serra.
« Le capitaine de la garde a envoyé une patrouille en
avance. Ils sont en chemin et ils vont rester postés devant
les portes toute la nuit. »
Evangeline jura :
« Vous auriez pu commencer par là. »
Elle se dirigea vers la porte, Sandre sur ses talons.
Lorsqu  ’ils l  ’ouvrirent, des bruits de pas lourds leur parvinrent.
« Attendez ! murmura vivement Trevane tandis
qu  ’Evangeline se précipitait. Vous ne pouvez pas me laisser
comme ça.
— Vous voulez venir avec nous ? demanda Sandre, confus.
— Il veut qu  ’on lui mette un coup, expliqua Evangeline en
s'écartant de la porte.
— Exactement. Merci, acquiesça le Père Trevane.
— Vous vous êtes approché en voyant la porte entrouverte,
suggéra-t-elle.
— Vous vous cachiez probablement derrière la porte,
renchérit Trevane, donc… »
Il se tourna de manière à se tenir juste à l  ’entrée de la
pièce, dos à la porte.
Evangeline se mit en position derrière lui. « Merci,
souffla-t-elle.
— Avec grand plaisir », répondit-il avant qu  ’elle ne lui
assène un violent coup à l  ’arrière de la tête avec le pommeau
de son couteau.
Sandre eut tout juste la présence d  ’esprit de rattraper le
prêtre dans sa chute pour éviter que le bruit n  ’alerte les
gardes plus tôt que prévu.
À l  ’extérieur, les bruits de pas se rapprochaient. Evangeline
le regardait.
« Il va falloir être rapides. Et il va falloir se frayer un chemin.
Tu es prêt ? »
Sandre se prit à sourire alors que son appréhension se
transformait en quelque chose d  ’autre : de l  ’excitation. Il
avait là l  ’occasion de faire preuve de courage. Ils allaient
sauver toutes les personnes listées.
« Je peux t  ’emprunter ça juste un instant ? » demanda-t-il
avec un signe de tête vers son couteau.
Elle parut éberluée, mais le lui tendit. Il dégagea le centre
du bureau de Rosa de sa paperasse et grava des lignes
précises dans le bois. Quelques secondes plus tard, il s'écarta
et admira le cercle tracé. Un cœur ornait sa partie inférieure,
scindé en deux par une croix faisant office d  ’épée ; une copie
grossière du sceau apparaissant sur le vitrail à l  ’extérieur.
Evangeline leva un sourcil lorsqu  ’il lui rendit sa lame.
« Je sais ce qu  ’il y a dans mon cœur, affirma-t-il avec un
sourire. Je suis prêt. »
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 9
 Introduction
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Ce livre est le premier d  ’une série de deux ouvrages décri- L  ’Avalon
vant les Nations de Théah. Dans le cadre de ces livres, nous L  ’Avalon est une terre de magie et de merveilles qui accueille
avons réparti les pays entre est et ouest. L  ’occident regroupe des peuples disparates animés par des sentiments aussi
les Nations de l  ’Avalon, de la Castille, de la Montaigne et du vieux qu  ’amers. L  ’unité des trois royaumes tient unique-
Vestenmennavenjar. Les pages qui suivent vous en offriront ment grâce à la vénération que les Inishs vouent au Graal
une description détaillée. et aux traditions, ainsi qu  ’à la nécessité des Marches des
Highlands de se maintenir dans l  ’alliance pour survivre.
La situation actuelle Chaque Nation rêve d  ’indépendance, alors même qu  ’elles
D  ’importants changements s  ’opèrent dans les pays de tirent leur force de leur union. Celle-ci repose sur les
l  ’Ouest. La Guerre de la Croix a pris fin il y a moins de épaules de la reine Elaine et sur la confiance qu  ’elle inspire,
vingt ans, et ses conséquences se font encore sentir dans de confiance que les Séparatistes, les Réalistes et les Sidhes
nombreuses Nations de Théah. sapent jour après jour.
Les nobles règnent sur les ruines de leur pays, imposant Le retour en force de la magie dans le pays est à la fois
des régimes politiques dépassés à des populations accablées. source de merveilles et de terreur. Une partie de la popu-
Les paysans souffrent des traditions oppressives, mais les lation craint la puissance des Sidhes, tandis que l  ’autre
aristocrates font face à leurs propres problèmes. Influence, l  ’accepte volontiers. Humains et Sidhes vivent côte à côte,
reconnaissance, pouvoir et fortune sont les motivations de pour le meilleur et pour le pire.
luttes incessantes dans des systèmes aussi inconstants que Des factions avaloniennes défendent bec et ongles la
le cœur d  ’un noble. normalité alors que la magie des Sidhes et du Glamour
Ce n  ’est pas tant que la haute société ignore les souffrances s  ’impose peu à peu, détruisant leur mode de vie. Les Sidhes
de la populace, mais il lui est bien plus aisé de détourner le jouissent de places à la cour de la reine Elaine, sans vraiment
regard et de vivre dans le déni que d  ’essayer de changer un se soucier des souffrances occasionnées à la population. Les
système qui l  ’avantage. De leur côté, les paysans sont au trois îles aspirent à la paix et à la stabilité, mais l  ’unification
bord de la révolte. Ils s  ’efforcent de se libérer des chaînes ne s’impose pas partout comme la seule solution.
qui leur imposent une vie ingrate.
La guerre ne menace pas toutes les Nations, mais chacune La Castille
offre ses propres problèmes et défis, à sa population comme Empêtrée dans ses vieilles traditions, la Castille ne parvient
à ses dirigeants. Aucune n  ’est épargnée par la corruption, la plus à progresser. Les ressources de la Nation ont été épui-
peur, la frustration et la pauvreté. Même les seigneurs les sées par la guerre avec la Montaigne, et l  ’Inquisition sape
mieux intentionnés doivent faire face à des difficultés. son moral. L’Église règne d  ’une main de fer, et l  ’ Inquisition
Malgré leurs différences, les peuples de ces Nations intolérante contrôle la religion et l’État sans partage.
partagent les mêmes appréhensions. Ces dernières ne se Elle contraint les érudits à se cacher et persécute
limitent d  ’ailleurs pas à leurs frontières respectives ; elles quiconque ne respecte pas à la lettre les lois de l’Église.
alimentent également les peurs de leurs voisins. Les voisins Elle a enfermé le Roi dans la Cité vaticine et, en tentant de
de la Montaigne redoutent la guerre, ceux de l  ’Avalon la réformer la foi vaticine, mène la Nation à sa perte.
propagation de la magie, ceux de la Castille l  ’Inquisition. Le peuple est las et démuni. Les héros de guerre privés de
Enfin, face à l  ’essor du guilder vesten, tous craignent de voir leur solde et les nobles destitués constituent la plus grande
leur identité nationale disparaître devant la prise de pouvoir partie des pauvres et des sans-abris du pays. Pourtant,
de l  ’économie. Une chose est sûre pour toutes ces Nations : même démunis, les nobles restent si attachés aux traditions
un changement rapide est nécessaire sous peine de voir la qu’ils préféreraient partir pour un autre continent plutôt
situation exploser. que de travailler pour gagner honnêtement leur vie. Les
roturiers sont trop fiers pour admettre que leurs dirigeants
ont failli, et le pays continue d  ’avancer dans la même direc-
tion, ainsi qu  ’il l  ’a toujours fait.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 11
 La Montaigne
La Montaigne est gangrenée par la corruption, les luttes de
pouvoir et les velléités bellicistes. Les nobles luttent pour
conserver leur influence, veillant à éviter tout faux pas pour
ne pas provoquer l  ’ire de leur roi dément, et leur propre chute
par la même occasion. Ils se consacrent à leurs petites parcelles
de terre, refusant d  ’admettre que les maigres richesses qu  ’ils
ont amassées tant bien que mal ne suffiront pas à subvenir aux
besoins de leur famille pour un hiver de plus. La corruption est
partout et tout le monde, du plus petit paysan au noble le plus
influent, sait qu  ’il faut que quelque chose cède sous peine de
voir le pays s  ’écrouler sous le poids des guerres.
La population est écrasée par la puissance de son empereur
fou et craint d  ’être abandonnée de Theus. Les Montaginois
sont désespérés par le rejet de l  ’Église et par la perte de
leurs enfants au cours des dernières guerres irréfléchies
de l  ’Empereur. Ils craignent que le prochain conflit ne
les dépouille du peu qui leur reste, et ne peuvent compter
que sur eux-mêmes pour trouver espoir et secours. La
révolte gronde désormais dans le cœur des paysans, qui se
tournent vers le modèle de la Fédération sarmatienne, qu  ’ils
perçoivent comme un remède à leurs souffrances.
Le Vestenmennavenjar
Le Vestenmennavenjar est une grande puissance économique
dont les dirigeants aspirent plus à faire du profit qu’à prendre
soin de leur population. Cette Nation soi-disant pacifique
n  ’entretient certes ni armée ni flotte, mais elle cherche bel
et bien à prendre le contrôle de la Théah à l  ’aide de ses guil-
ders. Malgré l  ’apparent régime de jarls et de carls, c  ’est bien
la Ligue de Vendel qui dirige le Vestenmennavenjar. Les
Vestens jouissent d  ’une fortune et d  ’une paix inédite, mais
ils doivent en payer le prix. Tandis que l  ’essentiel de la popu-
lation semble prospérer, certains membres peu scrupuleux
de la Ligue emploient des esclaves à l  ’extraction du minerai
d  ’argent. Ils emmagasinent des guilders et châtient en toute
impunité ceux qui leur barrent la route.
Si la Ligue œuvre pour le bien du Vestenmennavenjar,
elle y exerce néanmoins un contrôle aussi absolu que celui
de l  ’Empereur sur la Montaigne ou du cardinal Verdugo
sur la Castille. Alors qu  ’elle se taille une réputation auprès
des autres Nations, la consolidation de sa renommée et de
son assise pourrait se faire au prix de sa propre population.
Malgré les changements qui affectent l’économie et le gouver-
nement, le peuple préfère ignorer les dangers que représente
l  ’avidité de la Ligue de Vendel, continuant à honorer les
anciennes coutumes comme si rien n  ’avait changé.
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12 INTRODUCTION
Ce que contient ce livre
Ce livre présente quatre chapitres : un pour chaque Nation
occidentale. Ces chapitres fourniront à la fois des informa-
tions et des nouvelles règles de Héros pour les personnages
provenant de la Nation concernée.
Chapitre premier : L  ’Avalon
Le chapitre sur l  ’Avalon couvre chacune des trois Îles du
Glamour. Vous y découvrirez les principaux dirigeants de
chacune de ces Nations alliées, ainsi que les personnalités
importantes de l  ’archipel. Cela comprend un aperçu détaillé
des Sidhes et de leurs agissements en Avalon. Vous y décou-
vrirez également les Réalistes, des pragmatiques qui mettent
en doute l’existence de la magie et des Sidhes.
Les Sociétés secrètes vous livreront leurs mystères et leurs
modes opératoires au sein du royaume, avec l  ’introduction
de la Ligue du Preste-pas, une branche messagère du
Močiutès Skara. Les Chevaliers d  ’Avalon sont développés
dans ce chapitre, qui comprend de nouvelles manières
d  ’accéder à la magie du Glamour et de vous rapprocher du
Chevalier d  ’Elilodd de votre choix.
Vous apprendrez également les règles de duel des Îles
du Glamour et la manière dont les Duellistes se servent
de leurs capacités. Vous découvrirez les techniques de duel
des Cleasa de Skatha. Enfin, les légendes avaloniennes font
mention de créatures féeriques, des êtres touchés par la
magie sidhe, et évoquent les terribles drachens.
Chapitre deux : La Castille
Le chapitre sur la Castille contient des informations sur
la structure et les activités de l  ’Inquisition, ainsi que des
détails sur les personnalités castillianes.
Les activités en Castille de chacune des Sociétés secrètes
sont passées au crible. Die Kreuzritter vous dévoilera
l  ’ Inquisitio Aquila (l  ’ Inquisition Noire), une faction déter-
minée à détruire les monstres dissimulés au sein de l  ’Église
vaticine et à remettre l  ’Inquisition sur le chemin qui était
le sien. Les Héros originaires de Castille pourront bénéfi-
cier d  ’une nouvelle option de Sorcellerie : l  ’Alquimia, une
alchimie mystérieuse propre à cette Nation.
Vous découvrirez également la tradition duelliste de
la Castille, ainsi que les festivités de cinq jours célébrant
les duellistes et les techniques de duel du Siqueira. Les
légendes de Castille, enfin, vous révéleront leurs fantômes
et leurs monstres, ainsi que les brujas Scélérates et leur
sombre Sorcellerie.
Chapitre trois : La Montaigne Comment utiliser ce livre
Les membres importants de la cour et les hommes Ce livre est un supplément pour le Livre de Base de
et femmes influents de Montaigne sont décrits dans 7e Mer : Deuxième Édition. Vous devrez donc avoir
ce chapitre. accès à ce dernier pour profiter de Nations de Théah :
Les Sociétés secrètes vous dévoileront leurs mystères et Volume Un. Les informations contenues dans cet ouvrage
leurs méthodes, de même que la Bravoure de l  ’Épervier, visent à permettre aussi bien aux joueurs qu  ’au Maître du
un groupe de Los Vagabundos déterminé à prendre la jeu de mieux comprendre l  ’univers de jeu. Chaque Nation
couronne au Roi-Soleil pour faire monter sa fille cadette sur offre des informations supplémentaires pour conférer à ses
le trône. Ce chapitre propose de nouvelles aventures liées Héros une histoire et un passif riches. Des personnages des
à la magie Porté et à l  ’espace inquiétant qu  ’elle cache. Dedifférents pays sont inclus, et le MJ peut les utiliser tels
plus, vous trouverez des informations sur la manière dont qu  ’ils sont décrits dans ces pages, ou les modifier pour qu  ’ils
cet espace peut déformer la magie d  ’un sorcier et changer le s’adaptent à son histoire.
Porté en quelque chose de légèrement différent. Si les informations fournies dans ce livre sont présentées
Vous découvrirez les lois de Montaigne régissant les duels avec le regard d’un autochtone, d’autres pourront tout aussi
officiels, ainsi que l  ’école de Duel de Vore. Finalement, lesbien y avoir accès. Chaque chapitre révèle des secrets sur la
légendes de Montaigne, empreintes de superstitions concer- population et les lieux du pays concerné. C  ’est au MJ de
nant de sombres faits, vous évoqueront les créatures défor- décider quelles informations sont connues de tout le monde
mées par la magie des sommets du mont Doré. et lesquelles sont réservées aux habitants de chaque Nation.
Les nouvelles mécaniques présentées dans chaque chapitre
Chapitre quatre : Le Vestenmennavenjar donnent de nouvelles possibilités aux Héros, mais il n  ’est
Le chapitre sur le Vestenmennavenjar détaille la Ligue de pas obligatoire de les inclure dans vos parties. Les nouveaux
Vendel et les relations entre ses différents membres, ainsi Historiques, Sorcelleries et Avantages s  ’ajoutent aux précé-
que les jarls importants de la Nation. dents et les complètent plutôt que de les remplacer.
Les Sociétés secrètes et leurs activités dans le territoire Le MJ décide seul d  ’autoriser ou non ces options dans
vesten y sont également décrites, et les Chercheurs du ses parties.
Mot d  ’Ekerila, un groupe cherchant à retrouver un ancien
langage runique et à percer ses secrets, y sont présentés.
Les Héros nordiques bénéficient d  ’une nouvelle option de
Sorcellerie : le Galdr, magie runique et langage de pouvoir
du Vestenmennavenjar.
Vous découvrirez les usages vestens en matière de duel
et le style de Duel Hallbjorn. Vous apprendrez également
que les Duellistes nordiques monnaient leurs services. Les
légendes du Vestenmennavenjar comprennent quant à
elles les fabuleux jötunn, les trolls et les mythes vivants de
cette Nation.

Annexe
Vous y découvrirez de nouveaux Avantages ouverts à tout
personnage et de nouveaux Historiques pour chacune des
quatre Nations décrites dans le livre.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 13
Chapitre 1
L’Avalon
 L'AVALON
« Où est mon bel amour, le seul que mon cœur désire vraiment,
Avec ses hautes et blanches falaises et ses rivages robustes,
Je suis bien loin, à pied comme en bateau, mais je prie tous les soirs,
Pour me retrouver dans tes bras aimants,
Avalon, tu me rappelles à toi. »
—Tu me rappelles à toi, chant de marin traditionnel

Les Royaumes-Unis d  ’Avalon ont la réputation d  ’être une
terre de légendes, un glorieux ensemble de pays arrachés aux
griffes de la guerre par ses puissants dirigeants et unis par
la magie sidhe. La frontière entre le réel et le fantastique y
est floue, parfois même inexistante. La magie en Avalon est
cimentée par le pacte conclu entre la reine Elaine, jusque-là
incontestée, et les habitants féeriques du royaume, les Sidhes.
Depuis le jour où la reine Elaine a consolidé sa position
de monarque en recevant le Graal des mains des Sidhes, les
trois Nations sont restées unies, liées les unes aux autres par
l  ’ honneur et dévouées aux anciens droits magiques du pays.
Mais cette renaissance magique a un prix : les Sidhes
annexent des territoires autrefois occupés par les humains.
Le Glamour de ces êtres mystiques imprègne les terres où
vivent les mortels, les déformant et les modelant selon leurs
besoins. Ce processus a dépouillé des habitants humains de
leur foyer, de leur moyen de subsistance et, dans certains cas,
de leur vie. Les tensions grandissent entre les humains et les
Sidhes, alors même que leur souveraine les encourage à la
bienveillance mutuelle et à l  ’unité.
L  ’entente avec les Sidhes n  ’est pas le seul défi qui se
présente aux habitants des îles du Glamour. Chaque Nation
a son propre lot de problèmes, depuis les Séparatistes qui
souhaitent la fin des Royaumes-Unis jusqu  ’aux sceptiques

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qui nient totalement l  ’existence de la magie.

16 CHAPITRE 1 : L’AVALON
Trois Nations en une L’Avalon
L  ’histoire des îles du Glamour est longue et sanglante. L  ’Avalon est le siège du pouvoir de la reine Elaine. C  ’est le
Pendant des siècles, l  ’Avalon a cherché à prendre le joyau de l  ’archipel et l  ’épicentre de l  ’incursion des Sidhes. Les
contrôle des trois îles par la guerre ou la subjugation. L  ’île habitants de l  ’île ont du mal à concevoir les changements qui
d  ’ Inismore en particulier a rencontré nombre de difficultés s  ’y sont produits au cours des dix dernières années.
pour se libérer du joug des Avaloniens. La dernière fois L  ’île est l  ’une des perles des côtes occidentales de la Théah,
remonte au premier règne de l  ’O  ’Bannon : même après être unie par la croissance économique qui a apporté la pros-
parvenue à repousser l  ’Avalon, la Nation s  ’était retrouvée périté à l  ’ensemble de la population avalonienne depuis
plongée dans une guerre civile sanglante pendant laquelle l  ’unification des trois royaumes. La classe marchande, en
chaque clan lutta pour le trône. Les Marches des Highlands pleine ascension, s  ’étend vers l  ’extérieur avec l  ’aide des
ont, quant à elles, historiquement été unies sous la bannière corsaires, et l  ’Avalon est devenue un partenaire commercial
d  ’un seul chef de clan appelé Haut Roi dans le but de se influent dans tout le monde connu. Levant l  ’ancre depuis
débarrasser de la domination avalonienne, mais leur passé les nombreux ports d  ’Avalon, sa population a navigué vers
n  ’est pas non plus exempt de soulèvements populaires. le lointain Empire oriental du Croissant, et à l  ’ouest vers
Au cours des trois cents dernières années, le peuple des îles la mer Atabéenne et les nouveaux mondes qu  ’elle recèle.
du Glamour a souffert de guerres civiles, d  ’affrontements Ces terres inconnues attisent la convoitise de plus d  ’un
entre îles et de conflits avec le reste de la Théah. La paix Avalonien rêvant d  ’expansion, tandis que les tensions gran-
qui s  ’est installée à l  ’arrivée sur le trône de la reine Elainedissantes dans le royaume ont monopolisé l  ’attention de la
est sans précédent, mais elle a coûté à chaque Nation Reine et de sa cour.
sa souveraineté. Derrière la prospérité et la bonne fortune qui caractérisent
le règne de la reine Elaine, de vieilles animosités brûlent
La reconstruction après la guerre encore dans le cœur de certains, et ceux qui voudraient voir
Comme toutes les autres Nations théanes, les îles du la souveraine rendre sa couronne complotent en attendant
Glamour ont été entraînées dans la Guerre de la Croix. le meilleur moment pour agir.
L  ’Avalon a envoyé des navires en Eisen, et la Montaigne
et la Castille ont régulièrement envahi l  ’archipel. Vers la L’Inismore
fin du conflit, alors que les troupes avaloniennes avaient La flamme de la liberté et de l  ’indépendance brûle dans le
enfin réussi à repousser la Montaigne, la Castille envoya cœur des Inishs. Le peuple passionné d  ’Inismore a passé
une imposante armada dans les eaux inishs pour profiter vingt années à reconstruire son royaume à la suite d  ’une
de la faiblesse de l  ’île. Alors que les chefs de clan cédaient histoire longue et sanglante, pour finir enchaîné à l  ’Avalon
à la panique, le farouche guerrier Jack O  ’Bannon saisit son au beau milieu de ses efforts.
épée et massacra les envahisseurs castillians à lui tout seul. Même si la plupart des Inishs n  ’ hésiteront pas à porter un
Ses actes légendaires, ainsi que la bénédiction de la pierre toast à la santé de la Reine et au grand cœur de l  ’O  ’Bannon,
Fål enchantée, lui valurent la couronne d  ’ Inismore. ils ne laisseraient certainement pas passer l  ’opportunité
L  ’expulsion des forces castillianes d  ’Inismore débarrassa d  ’obtenir l  ’indépendance de leur pays à nouveau. Ils se
les îles du Glamour des envahisseurs théans et permit aux rappellent des jours légendaires, à l  ’époque où le peuple
trois Nations de se reconstruire. Contrairement à leurs frères d  ’Inismore affrontait les créatures les plus sombres pour
d  ’Inismore, les Marches des Highlands s  ’abîmèrent dans la dompter les terres et vivre en harmonie avec les Sidhes.
guerre civile à la fin du conflit. Et si beaucoup ont célébré le retour de l  ’O  ’Bannon, ils ne
Dix ans après la fin de la Guerre de la Croix, Elaine apparut s  ’attendaient pas à ce qu  ’il revienne sous une forme aussi
le Graal à la main et s  ’autoproclama reine des îles du Glamour. capricieuse. Les vieilles histoires racontent en effet que
Cet artefact indiquait aux Avaloniens que la magie de leur l  ’O  ’Bannon revient en Inismore au moment où le pays en
patrie acceptait la reine Elaine comme leur monarque légi- a le plus besoin, mais le peuple ne pensait pas à ce que son
time. Le pouvoir du Graal poussa l  ’O  ’Bannon à s  ’agenouiller, Roi serait aussi lunatique et sauvage. En effet, l  ’O  ’Bannon
et MacDuff l  ’imita pour sauver sa Nation en péril. Depuis, disparaît parfois dans la campagne pendant des jours ou
le choix d  ’Elaine comme souveraine a été conforté par une des semaines, et son peuple craint qu  ’il ne finisse par aban-
décennie de paix et de prospérité. donner définitivement le trône.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 17
 Les Marches des Highlands
Des trois royaumes, les Marches des Highlands eurent le
plus à pâtir de leur allégeance à la reine Elaine. Si d  ’autres
parties des îles du Glamour ont prospéré depuis l  ’unification,
les ressources de la Reine semblent n  ’avoir jamais atteint les
régions des Marches qui en ont le plus besoin. De plus, la
noblesse des Marches paraît avoir moins d  ’influence à la
cour, entravant ainsi la croissance économique de la Nation.
Qu  ’importe la prospérité dont jouit l  ’Avalon, les habitants des
Marches des Highlands doivent mettre les bouchées doubles
pour être pris au sérieux par le reste de la Théah.
Dans le même temps, les Marches ont encouragé une
renaissance de leur culture en cette période de renouveau.
L  ’essentiel de la population des Marches se tourne de plus
en plus vers son héritage national et ses anciens festivals.
Jours sacrés et traditions ont refait surface, de même que de
vieilles rancunes claniques et la vénération de dieux anciens.
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18 CHAPITRE 1 : L’AVALON
Une grande partie des Marches a toujours été très traditio-
naliste, les femmes n  ’étant pas autorisées à diriger un foyer,
un commerce ou à hériter de biens. Depuis l  ’accession au
trône de la reine Elaine, un mouvement prônant l  ’égalité
des femmes dans la sphère publique s  ’est développé. Cette
alliance hétéroclite de nobles et de paysannes appelée
« Bonny Swans » (les « Cygnes accorts ») réclame l  ’égalité
des chances dans ces nouvelles Marches des Highlands en
pleine expansion.
Cette lutte pour l  ’égalité donne du grain à moudre aux
Séparatistes conservateurs qui accusent l  ’influence d  ’Avalon
de pervertir les valeurs traditionnelles des Marches, et affir-
ment que ces dernières devraient être indépendantes. Ceci,
combiné à la grogne populaire provoquée par l  ’annexion de
territoires des Marches par les Sidhes, pourrait fournir aux
Séparatistes le poids nécessaire pour libérer les Marches des
Highlands du contrôle exercé par l  ’Avalon.
 Personnages notables
La reine Elaine
Fille bâtarde d  ’un roi, la reine Elaine a fini par devenir l  ’une
des femmes les plus influentes de Théah. Son père la plaça
dans le foyer d  ’un noble loyal et la convainquit qu  ’elle mène-
rait une vie modeste. À l  ’âge de dix-neuf ans, alors qu  ’elle
allait se marier à ce jeune noble dont elle portait l  ’enfant, le
sorcier Derwyddon interrompit la cérémonie et l  ’emporta.
Il la mena dans une quête au cœur du territoire sidhe, la
Bryn Bresail, à la recherche du Graal censé l  ’aider à accéder
au trône et à unifier le royaume.
Elaine passa de nombreuses années dans le pays du Beau
Peuple, où Derwyddon la prépara aux épreuves des Trois
Reines qui allaient décider de sa légitimité à devenir la
souveraine d  ’Avalon. Elle y surmonta maintes difficultés,
dont la perte de l  ’enfant qu  ’elle portait. Lorsqu  ’elle revint
de son séjour chez les Sidhes, dix ans s  ’étaient écoulés. Son
père était décédé et son fiancé introuvable, mais Elaine
n  ’avait pas pris une ride. Elle se rendit à la cour, unifia les
pays et accepta l  ’allégeance de l  ’O  ’Bannon et de James
MacDuff pour créer l  ’Avalon unifiée d  ’aujourd  ’ hui.
Au fil des années, la reine Elaine a gagné en confiance et en
assurance. Sa sagesse n  ’a pas attendu le nombre des années
et sa générosité lui a valu la faveur de son peuple. Pourtant,
elle doit faire face aux menaces qui pèsent sur sa Nation,
que tout l  ’amour et tout l  ’altruisme du monde ne permet-
tront pas de surmonter.
Malgré tous ses efforts, les Marches des Highlands
croulent irrémédiablement sous les dettes et la pauvreté.
Jack O  ’Bannon préfère quant à lui se promener dans
la campagne inish plutôt que de diriger son peuple. Peu
importe sa loyauté envers elle, ses qualités de dirigeant
laissent à désirer, mais elle ne peut pas le contrôler.
Derwyddon a quitté la cour, privant la Reine de son seul
véritable conseiller en ce qui concerne les Sidhes.
Les Séparatistes gagnent du terrain jour après jour, et
beaucoup critiquent Elaine pour avoir permis au roi James
MacDuff de négocier avec eux plutôt que de les abattre. Les
Réalistes voient d  ’un mauvais œil le soutien qu  ’elle apporte
à la magie du Glamour et aux Sidhes. D  ’autres encore
colportent des rumeurs sur ses relations avec la duchesse
Colleen MacLeod, mais également avec son chevalier de
confiance, Lawrence Lugh.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 19
 La controverse la plus importante implique ses liens avec
Lugh, son garde personnel qui l  ’accompagne en perma-
nence. Certains prétendent que c  ’est un prince sidhe exilé
de sa patrie. D  ’autres affirment que c  ’est simplement un
Chevalier d  ’Elilodd. Personne ne peut mettre en doute
le contrôle qu  ’il exerce sur le Glamour, et le peuple craint
que la reine Elaine n  ’entretienne des relations trop étroites
avec les Sidhes pour se rendre compte de la menace
qu  ’ils représentent.
Alors que ces épreuves semblent insurmontables, Elaine
les affronte avec grâce et calme. Elle s  ’occupe de ce qu  ’elle
peut et élabore des plans de secours pour le reste. Savoir
que son peuple souffre sans pouvoir inverser la tendance
pèse sur sa conscience. Dans le même temps, ses ennemis
usent des rares moyens à leur disposition pour tenter de
renverser son royaume.
Interpréter Elaine
La Reine est tout aussi visionnaire et énergique qu  ’elle
l  ’était il y a dix ans. Tandis que son entourage vieillit, la
Reine reste fraîche et vive, un don de jeunesse obtenu grâce
au Graal.
Elaine est fière et forte. Elle s  ’emporte difficilement, mais
ceux qui suscitent sa colère doivent faire face à une femme
impétueuse. Son cœur appartient à l  ’Avalon, et elle fait en
permanence de son mieux pour satisfaire les besoins de son
pays et de son peuple. Elle s  ’autorise de temps en temps
quelques distractions, mais régner sur trois peuples bien
différents est parfois éreintant.
Accroches scénaristiques
• Les Séparatistes ont un espion à la cour d  ’Elaine.
Elle sait qu  ’il s  ’agit d  ’une personne proche d  ’elle,
mais elle est consciente de ne pas avoir le recul
nécessaire pour y voir plus clair. Elle a besoin que
quelqu  ’un l  ’aide à identifier l  ’espion et à découvrir
ce qu  ’il peut savoir.
• Le retour en force des Sidhes en Avalon provoque
de graves problèmes dans les îles du Glamour, mais
Elaine ne peut pas prendre de mesures publiques
à leur encontre. Son règne dépend de leur bonne
volonté. Elle a besoin que quelqu  ’un lui rapporte
leurs véritables activités et l  ’aide à juguler leur
incursion, le temps qu  ’elle mette un plan au point.
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20 CHAPITRE 1 : L’AVALON
La duchesse Colleen MacLeod
Colleen Carlyle est la fille d  ’un duc dont les terres modestes
s  ’étendent de l  ’autre côté du canal des Highlands. Elle a
grandi près des Marches, immergée dans leur culture. Son
mariage avec Monty MacLeod ne surprit personne. Ce
dernier est en effet le deuxième fils du duc MacLeod, un
clan jouissant d  ’un certain poids à la cour. Lorsque son frère
aîné mourut dans un accident, Monty devint le nouveau duc.
Colleen gagna rapidement de l  ’influence à la cour, et ce malgré
le statut secondaire des femmes des Marches. Elle devint un
symbole pour les Cygnes accorts, qui luttent pour l  ’égalité des
sexes dans toutes les sphères de la société.
Colleen soutient ouvertement le Roi, même si elle pense
secrètement que les Marches ne peuvent se développer qu  ’en
étant souveraines. Elle encourage discrètement une séparation
pacifique, et a manœuvré pour obtenir un poste d  ’ambassadrice
à la cour d  ’Avalon. Au départ, Colleen craignit de devoir feindre
une affection pour la Reine, mais elle devint rapidement l  ’amie,
puis la confidente d  ’Elaine. Elles partagent le même amour de
l  ’apprentissage et du peuple d  ’Avalon.
Dans une tentative de discréditer la duchesse, les
Séparatistes lancèrent la rumeur d   ’une relation plus
qu  ’amicale entre Colleen et la souveraine. Ces ragots firent
prendre conscience aux deux femmes des sentiments
qu  ’elles éprouvaient l  ’une pour l  ’autre, et elles s  ’engagèrent
bientôt dans une relation feutrée avec la bénédiction du duc
MacLeod. Comme la rumeur désignait déjà Lawrence Lugh
comme l  ’amant de la Reine, Colleen craignit que la nouvelle
ne s  ’évente et suscite des tensions à la cour, mais Elaine
parvint à entretenir des relations à la fois avec la Duchesse
et Lugh sans les confirmer officiellement.
Interpréter Colleen MacLeod
Colleen est pragmatique, impétueuse et franche. C  ’est une
combattante qui ne rend pas facilement les armes. Bien que
née en Avalon, elle possède un fort accent des Marches. Elle
aime Elaine, et elle peine constamment à concilier son désir
d  ’indépendance avec ses sentiments.
Accroche scénaristique
• La position de Colleen vis-à-vis des Séparatistes
est difficile en raison de sa liaison avec la reine
Elaine. Elle recommande un plan progressif,
mais ils souhaitent qu  ’elle agisse rapidement. Ils
cherchent à l  ’obliger à prendre des mesures. Tarder
à agir pourrait mettre sa vie en danger. Elle a
besoin d  ’aide pour convaincre les Séparatistes, ne
serait-ce que pour lui faire gagner du temps.
Derwyddon, Interpréter Derwyddon
Haut magicien d  ’Avalon Derwyddon est un stratège hors pair. Armé de la sagesse
accumulée depuis l  ’époque où il vivait dans le royaume sidhe,
De tous les habitants d  ’Avalon, Derwyddon, le Haut magi- il a fait de son mieux pour que les personnes ayant un rôle
cien des îles du Glamour et conseiller de la reine Elaine, est à jouer dans l  ’avenir des îles du Glamour soient là où elles
de loin le plus mystérieux. D  ’innombrables rumeurs circulent sont censées être.
sur lui et sa vie. Certaines racontent qu  ’il vieillit à l  ’envers, et Maître dans l  ’art de la manipulation ainsi qu  ’en magie,
que la fin de sa vie signifiera la fin des îles d  ’Avalon. D  ’autres Derwyddon s  ’interdit cependant d  ’influencer les choix
prétendent qu  ’il est une sorte d  ’incarnation de la magie de des individus, préférant les laisser choisir eux-mêmes leur
l  ’archipel, peut-être aussi vieux que les îles elles-mêmes. avenir. Ceci explique peut-être pourquoi le Haut magicien
La vérité est tout aussi incroyable. La mère de Derwyddon est autoproclamé de l  ’Avalon a si souvent l  ’air frustré, concentré
une Sidhe et son père l  ’un des premiers souverains d  ’Avalon à sur les tâches qui l  ’occupent.
passer un accord avec la Bryn Bresail. Le garçon énonça des
visions du futur dès le berceau, et ce pouvoir effraya tant son Accroches scénaristiques
père mortel que ce dernier supplia sa mère de l  ’emmener. • Le temps de Derwyddon en Avalon arrive à son
La mère de Derwyddon éleva volontiers son fils dans la terme. La magie qui ralentit son vieillissement
patrie des Sidhes, tout en sachant au fond d  ’elle que son espé- semble s  ’affaiblir quand il est en terre mortelle,
rance de vie de mortel le séparerait d  ’elle trop tôt. Pour sauver et le temps semble avoir repris ses droits au
la vie de son fils, elle le lia au cœur éternel de la Bryn Bresail. cours des quelques dernières années. Il se rend
Tant que Derwyddon resterait en terre sidhe, il vieillirait compte qu  ’il arrive au terme de son existence, et
extrêmement lentement. Derwyddon grandit à la cour seelie il cherche quelqu  ’un qui puisse s  ’assurer que ses
et étudia les subtilités de la magie, offrant ses prophéties aux projets pour l  ’Avalon se concrétisent.
Trois Reines pendant une douzaine de vies mortelles avant • Personne n   ’a vu ni entendu parler de
de remettre un pied dans le monde des humains. Derwyddon au cours de la dernière semaine. La
Lorsque l  ’Ancien Royaume envahit l  ’Avalon au VIe siècle, cour sidhe est en ébullition, et les relations entre
Derwyddon réalisa qu  ’il devait agir avant que les îles du elle et la Reine se dégradent rapidement. Cette
Glamour ne soient anéanties. Il quitta la Bryn Bresail malgré dernière a plus que jamais besoin des conseils
les avertissements de sa mère, et négocia avec les Trois Reines de Derwyddon, mais elle n  ’a aucune idée de
afin d  ’obtenir le pouvoir nécessaire à la création d  ’un voile de l  ’endroit où il a pu se rendre.
brume qui protégerait les îles le temps que le danger passe.
Le pacte qu  ’il conclut dissimula l  ’Avalon pendant près de
cent ans, figée dans le temps, mais à l  ’abri de ses ennemis.
Mais pour accomplir cet inimaginable exploit magique,
Derwyddon abandonna sa place en terre sidhe. Il fut
condamné à arpenter le monde des mortels au service des
îles du Glamour et de la cour seelie, à jamais séparé de sa
mère bien-aimée.
C  ’est pour cette raison que Derwyddon sert la cour de la
reine Elaine. Le destin de cette dernière était écrit bien avant
sa naissance, prédit par une des prophéties de Derwyddon.
Sa vision annonçait une dirigeante capable de renouer les
liens entre les Sidhes et les mortels des îles du Glamour. Ses
décisions et son allégeance mèneraient soit à un âge d  ’or, soit
à la ruine et à la destruction. Derwyddon prépara la reine
Elaine à assurer son avenir, et lui seul connaît la vérité sur
son accession au trône. Bien sûr, ses motivations sont peut-
être plus personnelles, car cela pourrait lui permettre de se

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faire de nouveau accepter au sein de sa patrie sidhe.

7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 21

 Daníele
Daníele est l  ’émissaire des Sidhes, représentant de la
cour seelie en Théah, et peut-être la personnalité la plus
controversée en Avalon, quoiqu  ’il ne soit pas responsable
de l  ’essentiel de la polémique qui l  ’entoure. C  ’est un Sidhe
d  ’une beauté éthérique, aimable et spirituel. Son âme est
sereine et contemplative, ses pensées profondes et son
humour espiègle. Ne s  ’identifiant ni comme masculin ni
comme féminin, il porte aussi bien des vêtements de beau
jeune homme que des robes sublimes à la cour. Il joue de
la musique, chante, monte à cheval et parle une dizaine de
langues. Il est poli et accueillant. Dangereux en politique, il
n  ’ hésite cependant pas à se montrer attentionné envers son
entourage. Il ressemble aussi étrangement à la reine Elaine.
L  ’histoire de Daníele est nimbée de mystère. Personne
ne sait ce qui est arrivé à la reine Elaine lorsqu  ’elle était
en Bryn Bresail, mais beaucoup pensent qu  ’elle a passé un
marché avec les Reines seelies pour obtenir leur soutien.
L  ’arrivée de Daníele le jour du dixième anniversaire du
couronnement d  ’Elaine, ainsi que son apparence, font que
beaucoup pensent qu  ’il est l  ’enfant qu  ’elle a eu lors de son
séjour chez les Sidhes. D  ’autres croient que Daníele est
la véritable Elaine, que les Sidhes ont gardée alors qu  ’ils
envoyaient un double pour diriger le royaume. D  ’autres
encore imaginent qu  ’Elaine est sa sœur, et que le sorcier
Derwyddon a enlevé Daníele à la naissance pour honorer
un marché. Quoi qu  ’il en soit, Daníele et Elaine connaissent
la vérité sur leur relation, et ce secret est source de tensions
au sein de la cour royale.
Interpréter Daníele
Daníele est dévoué à la survie de l  ’Avalon, pourvu que
Sidhes et humains traitent sur un pied d  ’égalité. Il s  ’exprime
avec franchise, surtout pour un Sidhe, et s  ’inquiète à la
fois des maux des humains et du Beau Peuple, faisant de
son mieux pour apaiser les conflits. Lorsqu  ’il n  ’est pas à la
cour, il parcourt la campagne pour calmer les tensions qui
éclatent entre mortels et Seelies, ainsi que pour explorer les
nouvelles poches de Glamour qui apparaissent dans toute
l’Avalon.
Accroche scénaristique
• Daníele prépare le peuple avalonien pour une
invasion sidhe. S  ’il représente les Sidhes à la cour
d  ’Avalon, il ne soutient pas le plan des siens. Il a
besoin de quelqu  ’un pour alerter la population
sans éveiller les soupçons des Sidhes.
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22 CHAPITRE 1 : L’AVALON
Jack O  ’Bannon, Roi d  ’Inismore
Le dirigeant se reflète dans l  ’esprit du pays, et inversement.
Si tel est le cas, l  ’Inismore est quelque peu en mauvaise
posture, car Jack O  ’Bannon est pour le moins fantasque.
Depuis son apparition à la toute fin de la Guerre de la Croix,
le Roi a toujours semblé quelque peu instable, et la situation
n  ’a fait qu  ’empirer au fil du temps. Quels que soient ses
agissements, l  ’O  ’Bannon est unique en son genre, et son
peuple l  ’aime pour cette raison.
Les rumeurs sur la jeunesse de l  ’O  ’Bannon sont légion. La
plus répandue raconte que sa mère, une dame sidhe, tenta
tout ce qui était en son pouvoir pour faire de son fils un véri-
table Sidhe, comme elle. Chacune de ses tentatives plongea
le jeune Jack de plus en plus profondément dans la folie,
et il finit par la fuir pour rejoindre le monde des mortels.
D  ’autres pensent encore qu  ’il est l  ’O  ’Bannon des légendes,
renvoyé dans le monde des vivants par les Sidhes lorsque
l  ’ Inismore a besoin d  ’un champion pour remettre les choses
à leur place. Dans ces légendes, l  ’O  ’Bannon disparaît après
avoir sauvé le pays et rempli sa mission. Il retourne alors
à sa sépulture, jusqu  ’à ce qu  ’il entende à nouveau l  ’appel
de son pays. Toutes les histoires, nombreuses, qui narrent
l  ’apparition inopinée de l  ’O  ’Bannon corroborent cependant
un fait : chaque fois qu  ’il revient, l  ’O  ’Bannon est un peu
plus fou qu  ’avant.
Cette fois, Jack O  ’Bannon est apparu au cours de l  ’inva-
sion castilliane et a massacré six cents envahisseurs avant
de revendiquer la couronne. Après tout, personne n  ’était
vraiment en mesure de la lui refuser. Les Inishs étaient
ravis d  ’honorer l  ’homme qui les avait libérés de la Castille
et avait repoussé la menace d  ’une guerre civile, mais au fil du
temps, les failles de l  ’O  ’Bannon ont commencé à apparaître.
Il semble préoccupé et ne passe pas autant de temps à régner
que le devrait un monarque. Insondable même par son
entourage, l  ’O  ’Bannon envoie ses guerriers Fianna d  ’une
mission à une autre dès qu  ’il en a l  ’occasion.
Malgré son tempérament, le peuple d  ’Inismore aime son
roi, car il lui doit la prospérité dont il jouit actuellement.
Il empêche à lui seul la population de se soulever contre
la reine Elaine, malgré un désir croissant de se libérer de
son influence et de redevenir une Nation indépendante. Il
a accordé une protection personnelle à la Reine, et d  ’aucuns
prétendent qu  ’il considère le Graal comme la seule chose
qui assure la protection du pays. Cependant, du fait de
distractions, de sa folie et de sa nature imprévisible, beau-
coup se demandent combien de temps encore la force de
caractère de ce bon vieux Jack pourra garantir la pérennité
de l  ’alliance et la sécurité de la Reine.
Interpréter l  ’O  ’Bannon
Jack O  ’Bannon est un homme robuste à l  ’épaisse tignasse
grise et hirsute. Il semble avoir un peu plus de trente ans, et
son apparence n  ’a pas changé depuis vingt ans. Il est fin et
musclé, une apparence qui contraste avec l  ’image du guerrier
sauvage qui a massacré plusieurs centaines de Castillians.
L  ’O  ’Bannon est fou, mais il n  ’en reste pas moins puissant
et rusé. Même si les rumeurs concernant ses origines sidhes
sont fausses, il exerce un contrôle sur le Glamour dépassant
celui des Chevaliers d  ’Avalon.
L  ’O  ’Bannon paraît aussi lunatique et retors qu  ’un Sidhe.
Bien souvent absent de son château à Donega, les Héros
pourront le croiser, déguisé en roturier parcourant la
campagne inish, poursuivant un objectif qu  ’il semble être
le seul à comprendre.

Accroches scénaristiques
• Confrontée à l  ’expansion des Sidhes au-delà de
leurs frontières et au mécontentement des clans
face à la gouvernance de l  ’Avalon, l  ’Inismore a
plus que jamais besoin de son Roi. Mais Jack
O  ’Bannon doit absolument régler un problème :
la couronne d  ’Inismore a disparu. Il consacre
autant de temps que possible à sa recherche, mais
il craint que son peuple ne pense qu  ’il abandonne
son trône. Cependant, sans la couronne, son statut
de monarque est au mieux précaire. Il a besoin
que quelqu  ’un en qui il aurait une confiance totale
trouve la couronne, la lui ramène et apaise ainsi
ses inquiétudes.
• La paix règne en Inismore, et l  ’O  ’Bannon craint
que son temps parmi les mortels ne touche à sa
fin. La pierre Fål chante toute seule, bourdon-
nant et grondant d  ’anciens chants dans le ciel
nocturne. Les rumeurs prétendent qu  ’elle rappelle
l  ’O  ’Bannon, mais ce dernier connaît la vérité :
quelque chose ne va pas, et il a besoin d  ’aide pour
découvrir la cause de ces troubles.

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 James MacDuff, roi des Interpréter le roi James MacDuff
Marches des Highlands Au cours de ces dix années d  ’alliance, le roi James a terrible-
ment vieilli. Sa crinière et sa barbe, jadis noires et épaisses,
Élevé depuis son plus jeune âge pour prendre la tête de
sont désormais striées de gris, et les années ont laissé leur
son clan, James MacDuff II ne s’attendait pas à faire face
empreinte sur son visage autrefois juvénile. Si son âge peut
aux problèmes survenus après la Guerre de la Croix. À la
faire douter de ses talents de guerrier, il reste un redoutable
fin du conflit, le Haut conseil bascula dans la guerre
combattant, et il n  ’ hésite pas à corriger quiconque remet sa
civile, refusant à James Ier (le père de James II) le titre de
légitimité en question.
Haut Roi. Les MacDuff occupaient le trône depuis des
Le roi James est un homme affable, affecté par des années
générations, héritiers du grand Robert le Noir qui avait
à diriger une Nation en déroute. Il est calme, réservé et a
accédé au titre de Haut Roi en 1219. L’insurrection se
tendance à longuement réfléchir avant d  ’agir.
poursuivit pendant près de huit ans avant que les
MacDuff ne recouvrent un semblant de stabilité. Mais
entre-temps, James premier du nom était mort.
Accroches scénaristiques
• Les Cygnes accorts font pression sur le roi James
Secoué par des années de guerre, le pays mit du temps à se
pour imposer leurs idéaux, et elles n  ’accepteront
rétablir, les besoins en ressources dépassant la capacité de
pas de refus. Il veut les soutenir, mais il sait que
production de la Nation. Lorsque la reine Elaine apparut
le faire ouvertement lui fera perdre l  ’appui des
en Avalon avec le Graal, MacDuff vit là la parfaite occasion
membres traditionalistes de la cour, voire les pous-
de reconstruire son pays avec l’argent de quelqu’un d’autre.
sera dans les bras des Séparatistes. Il a besoin de
Il se dit qu’une alliance avec l’Avalon apporterait la
quelqu  ’un pour servir d  ’intermédiaire et fournir
prospérité à son peuple, permettant ainsi aux Marches
à ces femmes l  ’aide dont elles ont besoin, sans se
de se développer jusqu’à ce qu’elles puissent à nouveau
compromettre.
voler de leurs propres ailes. Quand le moment vint, il
• Les Séparatistes, dirigés par Fergus MacBride, ont
s’agenouilla devant la reine Elaine d’Avalon, préférant la
mis au point un plan pour libérer les Marches des
stabilité pour son peuple plutôt que la voie plus ardue de
Highlands du joug avalonien. Ils concluent des
l’indépendance. Ce choix lui coûte depuis des années.
accords avec la Montaigne et la ligue de Vendel
Le roi James se bat constamment avec son gouvernement
pour financer une guerre contre l  ’Avalon. James est
pour maintenir la paix et éviter une nouvelle guerre civile. Si
au courant de ce complot, mais il ne souhaite pas
la majorité du Haut conseil est de son avis, une faction de
s  ’attaquer publiquement aux Séparatistes, espérant
Séparatistes, plus réduite mais très bruyante, s’oppose à lui
qu  ’un fiasco dissuaderait quiconque voudrait se
à chaque occasion. Comme ils ne sont pas assez nombreux
lancer dans une telle entreprise. Il a juste besoin
pour le renverser, ils ont essayé de l’assassiner. Il a échappé
d  ’agents qui pourraient s  ’assurer de leur échec.
à toutes leurs tentatives, mais il a perdu son fils Robert lors
d’une attaque alors qu’ils chassaient tous les deux. La mort
de son enfant l’a beaucoup marqué. Il est devenu calme et
circonspect, à une époque où son royaume a besoin d’un
dirigeant fort et résolu. Alors qu’il pensait auparavant que
les Marches se sépareraient de l’Avalon après une courte
période de croissance, dix ans plus tard, il doit annoncer ses
intentions, craignant le chaos qu’elles pourraient provoquer.
Faisant preuve d ’habilité politique, le roi James repousse
les Séparatistes ainsi que les questions sociales difficiles
pour se concentrer sur un problème plus épineux : quelle
attitude faut-il adopter face aux Sidhes, et comment peut-il
transformer les Marches des Highlands en un pays que les
autres Nations traiteront avec plus de respect ?

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24 CHAPITRE 1 : L’AVALON
Jeremiah Berek
Chef des Chiens de mer, Jeremiah Berek était un noble avalo-
nien plus célèbre pour son amour du vin et des fêtes que pour
ses prouesses en mer. Lorsque la reine Elaine eut besoin de
navires, Berek puisa dans l  ’argent de sa famille et demanda aux
constructeurs de bateaux de Wandesborrow de fabriquer un
grand nombre de vaisseaux rapides et puissants. Il prit la mer et
le commandement du premier d  ’entre eux, l  ’Aube Noire. Plutôt
que d  ’agir comme une ligne de défense contre les attaquants,
Berek choisit presque immédiatement la voie de la piraterie,
remettant l  ’essentiel de ses prises à la Reine.
Dix ans plus tard, Berek n  ’est plus le même jeune homme
précieux. Devenu l  ’un des pirates les plus dangereux qui
parcoure les mers, il est désormais une figure presque
mythologique. Adoubé par la reine Elaine après des exploits
restés anonymes, Berek ne se rend que rarement à la cour.
Au lieu de cela, il parcourt les océans à la recherche d  ’or
pour remplir les coffres de la souveraine. Personne ne met
en doute sa loyauté envers la couronne : il a accroché un
portrait de la Reine dans sa cabine, et la rumeur veut qu  ’ils
soient amis depuis l  ’enfance.
Berek a vu sa fortune croître en tant que membre de la
Fraternité de la côte et chef des Chiens de mer. Alors que
les Chiens se cantonnaient autrefois aux seuls membres de
son équipage, ils comptent désormais dans leurs rangs les
marins de dizaines de navires. Les Chiens de mer assurent
une présence constante dans la plupart des ports d  ’Avalon
et contrôlent les quais de Carleon ainsi qu  ’une grande partie
des affaires d  ’import et d  ’export dans la capitale. Tout cela
a contribué à faire de Berek un noble riche et un corsaire
internationalement reconnu, à la tête de centaines de marins
et pirates loyaux.
Interpréter Jeremiah
Quiconque voit au-delà de son apparence de capitaine frin-
gant et tapageur découvre qu  ’il est toujours l  ’ homme discret
qu  ’il était dans sa jeunesse, plus heureux sur le pont d  ’un
bateau qu  ’à la cour ou dans un manoir. Ne le contrariez pas,
c  ’est le chef des Chiens de mer.
Accroche scénaristique
• Berek a choisi de parcourir la Théah pour entrer en
contact avec d  ’autres corsaires et en apprendre plus
sur l  ’extension du territoire vers l  ’ouest. Il se prépare
à lancer une incursion dans le Nouveau monde, à
la recherche de nouvelles terres pour la Reine, et il
cherche des informations et des membres d  ’équipage.
Les Réalistes
Bon nombre d  ’organisations se sont détachées de l  ’Église
vaticine au fil des années, mais rares sont celles dont l  ’extré-
misme défie autant les fondements mêmes des croyances
de l  ’Église que celui des Réalistes. Ces rejetons des
Objectionnistes croient non seulement que la pratique de
la magie doit être rejetée par les fidèles, comme le préconise
le Livre des Prophètes, mais ils sont également convaincus
que la magie elle-même n  ’est pas réelle. Ils pensent plutôt
qu  ’elle n  ’est qu  ’une dangereuse hallucination collective qui
peut influencer le monde qui les entoure. En d  ’autres mots,
ils pensent que la magie n  ’existe pas, mais que la volonté de
celles et ceux qui y croient lui donne corps. Ils en concluent
que les gens doivent arrêter de croire en la sorcellerie pour
mettre un terme à ses effets sur le monde.
Les croyances des Réalistes sont un surprenant point de
départ vers des pensées plus conservatrices encore, au-delà
même des convictions de l  ’ Inquisition. L  ’idée que la magie
n  ’existe pas est déjà hérétique, puisque les Prophètes
eux-mêmes l  ’ont reconnue comme une force réelle. Les
Réalistes furent ainsi rejetés dans une grande partie de la
Théah, et l  ’organisation a fui de pays en pays à la recherche
d  ’un foyer. La doctrine de la bonne reine Elaine préconisant
d  ’accepter toutes les religions, les Réalistes purent trouver
refuge en Avalon, et ce malgré le fait que l  ’archipel est un
des royaumes les plus magiques du continent. Alors même
que la terre se transforme littéralement autour d  ’eux sous
l  ’influence du Glamour, les Réalistes prônent le rejet de la
magie, ce qui ne leur attire pas vraiment les faveurs de la
population avalonienne.
Ils continuent à rechercher un foyer au-delà des mers, un
endroit dénué de magie. L  ’organisation reste donc à l  ’affût de
toute rumeur faisant mention d  ’une terre qui pourrait servir
à établir leur petite Église. En Avalon, ils restent cantonnés
dans les villes qui les autorisent à se regrouper. Chaque cellule
de Réalistes est dirigée par un Doyen, et un ancien prêtre
vaticin, appelé Prestor Mathor, dirige l  ’organisation. Leur
chapitre le plus important se situe à Carleon, mais ils sont
présents dans d  ’autres grandes cités. Les Réalistes évitent les
villes dans lesquelles d  ’antiques traditions sont étroitement
liées à la magie et refusent tout contact avec les Sidhes, ces
dangereuses manifestations de l  ’hallucination collective qu  ’est
la magie. Ils enjoignent tout le monde à se détourner de la
magie avant qu  ’elle ne consume l  ’Avalon.
Les Réalistes portent habituellement des vêtements austères,
modestes et humbles. Ils arborent des cols hauts et des
couleurs sombres, et des couvre-chefs cachent leurs cheveux.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 25
 Walter « le Rebouteux » Kelly La capitaine Eilionoir NicDappel
Walter Kelly a suivi des cours à l’ université de Donega Eilionoir NicDappel, appelée Eilidh (prononcer Aï-li) par
lorsqu ’il était jeune. Il y étudia d’ abord la philosophie, sa famille, Helen par ses pairs de la marine avalonienne et
avant de se tourner vers la médecine lorsque sa mère tomba Capitaine par ses subordonnés, a toujours navigué entre
malade. Il espérait la soigner, mais comprit vite les limites plusieurs eaux. Elle est la fille d  ’une capitaine avalonienne
de sa formation et celles de l ’hôpital local. Après sa mort, il extravagante et d  ’un robuste propriétaire terrien des
entreprit d ’en apprendre le plus possible sur la médecine. Au Marches, mieux éduqué que la plupart des fermiers. Si
cours de ses recherches, il rencontra un Sidhe qui proposa Eilionoir a passé l  ’essentiel de sa vie à voyager entre les
de lui offrir une intelligence surnaturelle en échange d ’un Marches des Highlands et l  ’Avalon, c  ’est le style de vie rude
service. Kelly accepta l ’offre et voyagea jusqu ’en Montaigne sur la propriété de son père ainsi que son attitude pragma-
pour livrer un message à un autre Sidhe. Il le chercha tique et réfléchie qui ont eu la plus grande influence sur
pendant près de quatre ans, mais ne le trouva jamais. Son son développement. Et pourtant, les histoires de sa mère la
bienfaiteur sembla toutefois satisfait de l ’effort. fascinaient et l  ’émerveillaient tant qu  ’elle rejoignit la marine
Plus tard, Kelly rejoignit l ’Inismore et y travailla comme de la reine Elaine dès qu  ’elle le put.
médecin de terrain, s ’occupant des blessures des guerriers NicDappel gravit rapidement les échelons et se vit bientôt
tombés au combat. Son génie médical fraîchement acquis aux commandes de son propre navire. Ses détracteurs
lui permit de sauver de nombreuses vies. C ’est là qu ’il fit la prétendent qu  ’elle a bénéficié de l  ’influence de sa mère, mais
rencontre d ’une guerrière Fia de l ’Inismore appelée Maeve NicDappel avait déjà démontré ses compétences de marin et
MacGowan. Kelly sauva sa jambe d ’une grave infection, et de capitaine par elle-même. Elle est déterminée et loyale, et
ils devinrent rapidement amis : elle protège depuis l ’astu- cela se ressent dans sa façon de commander. Son équipage
cieux médecin, tandis qu ’il la divertit par ses contes. Elle est l  ’un des plus disciplinés de la marine avalonienne, au
le suit depuis où qu ’il aille, même si la vie de docteur rime grand dam des autres capitaines.
rarement avec danger. Même si les Chiens de mer servent indubitablement la reine
Après la prise de pouvoir de la reine Elaine, MacGowan se Elaine, NicDappel et Berek ne se sont jamais appréciés. Elle
distança des autres Fianna qui désapprouvaient son soutien considère Berek comme un homme égocentrique, pourri
envers la nouvelle souveraine. Kelly et elle voyagèrent alors gâté et imprudent, qui pourrait entraîner l  ’Avalon dans une
jusqu’ en Avalon pour se mettre à son service, mais décou- nouvelle guerre. Elle n  ’a aucune patience pour les facéties du
vrirent que la Nation n ’entretenait presque aucune force armée. pirate, et ce même s  ’il possède une ordonnance de la Reine.
Lorsque Jeremiah Berek embarqua sur l ’Aube Noire en réponse La dévotion de NicDappel pour la reine Elaine est la seule
à l’appel aux armes de la reine Elaine, le duo rejoignit l ’équipage. chose qui la retient de tout faire pour dissoudre les Chiens de
Berek les accueillit sans savoir que la présence de Kelly sur le mer. Même si Berek est imprudent, lui et ses hommes sont de
navire lui servirait autant dans les années à venir. toute évidence loyaux à la Reine. Si NicDappel ne dirige pas
Jusqu ’à aujourd ’hui, Kelly est resté un membre des Chiens la marine de la Reine, elle en est la capitaine la plus respectée,
de mer, prenant la mer avec Berek et MacGowan et s ’assu- et lorsqu  ’elle s  ’exprime ou agit, les autres la suivent.
rant que l ’équipage du navire soit le plus sain de toutes les
flottes théanes. Interpréter la capitaine
Eilionoir NicDappel
Interpréter Walter Kelly Eilionoir NicDappel a les cheveux d  ’un brun rougeâtre, des
La vie de Walter Kelly parmi les Chiens de mer est difficile, yeux marron et une peau claire rougie par son temps passé
mais gratifiante. Alors qu ’il est probablement le médecin le en mer. Son grand pragmatisme la fait paraître froide aux
plus érudit de toute la Théah, il exerce son métier sur le pont yeux des autres, mais elle est loin de l  ’être. Les gens qui la
de navires, recousant les blessures de corsaires en pleine mer. connaissent savent qu  ’elle est passionnée et difficile à mettre
Kelly a une sainte peur des Sidhes, et il préfère vivre en mer en colère. Elle met toutefois les sentiments de côté lorsqu  ’il
plutôt que de côtoyer le Beau Peuple en Inismore. Un sourire s  ’agit de prendre des décisions, préférant se concentrer sur
barre constamment le visage de ce médecin jovial et amical, les détails et la tactique. La dévotion d  ’Eilionoir pour la
toujours un verre à la main et sa sacoche de soins près de lui. reine Elaine n  ’est pas le résultat de superstitions puériles
C ’est un homme instruit et probablement le Chien de mer le concernant le Graal, mais du règne avisé de la souveraine

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plus éloquent après Berek lui-même. qui a apporté la paix en Avalon.

26 CHAPITRE 1 : L’AVALON
Le Beau Peuple (Sidhes)
Les Sidhes sont des créatures à la vie et à la magie infi-
nies vivant aux côtés des peuples de Théah. Capricieux
et changeants, ces êtres versatiles menèrent des guerres
terribles contre des ennemis primordiaux et profitèrent de
leur pouvoir en toute liberté pendant des milliers d ’années.
Cependant, l ’avènement de la civilisation mortelle lia de
manière inexplicable le futur des Sidhes à l ’humanité, dans
un ballet qui changea les deux peuples à jamais.
Histoire et évolution des Sidhes
Dans les temps primordiaux, le monde était le théâtre d ’un
conflit opposant des puissances à la fois merveilleuses et
terribles, magnifiques et sombres. Les Sidhes régnaient sur
toutes les terres, jusqu ’à ce que les mortels se propagent et
se répandent dans toute la Théah. L ’humanité les fascinait,
et ils se mirent à imiter leur comportement pour mieux inte-
ragir avec eux. Ils prenaient plaisir à proposer des casse-têtes,
des énigmes et des quêtes aux mortels, récompensant celles
et ceux qui surmontaient leurs épreuves et punissant les
autres. Cette période dura des centaines d ’années pendant
lesquelles les mortels gagnèrent en puissance grâce aux
présents magiques des Sidhes, favorisant une ère de héros
fabuleux et de monstres terrifiants.
Cet âge de légendes prit fin lorsque l ’humanité fut
déchirée par des conflits internes. Partout dans le monde,
les civilisations mortelles se rebellaient contre la magie
et les créatures qui s ’en servaient. Les humains renver-
sèrent les dieux et chassèrent les Sidhes, quand ils ne les
éliminaient pas purement et simplement. Certains parmi
eux se cachèrent, tandis que d ’autres se replièrent vers la
Bryn Bresail, leur patrie située de l ’autre côté de portails
présents à travers toute la Théah. Partout, les Sidhes
remarquèrent un changement inquiétant dans leur nature
immortelle et fluide : l ’essence de la magie changeait, et
l ’avènement des humains comme maîtres de la Théah
affectait également le Beau Peuple. La mortalité immuable
des humains priva les Sidhes de leurs formes en perpétuel
changement, jusqu ’à ce que leur apparence se fixe, limitant
leur pouvoir autrefois immense.
Deux courants de pensée commencèrent à se développer
au sein des Sidhes. Les Seelies choisirent d ’accepter la
perception que se faisaient les mortels de leur apparence,
adoptant nombre des caractéristiques humaines par fasci-
nation, adaptation ou nécessité. Cependant, bon nombre de
Sidhes refusaient d ’être limités par l ’influence des mortels
et, furieux, ils rejetèrent cet ajustement. Les trois sœurs de
la Terre, du Ciel et de la Mer—les Trois Reines—encou-
ragèrent les leurs à se mêler aux mortels et bannirent les
mécontents, créant ainsi la deuxième faction : les Unseelies.
Ces Sidhes rejettent les restrictions et épousent leur nature
chaotique, adoptant des apparences terrifiantes pour tour-
menter et malmener l ’humanité.
Alors que la méfiance à l ’égard de la magie gagnait toute
la Théah, les Sidhes choisirent de se retirer presque entiè-
rement du reste du monde, ne laissant des portails vers la
Bryn Bresail ouverts que dans les îles du Glamour. Leurs
pactes avec le roi Elilodd et ses chevaliers ne souffrirent pas
de ces bouleversements. Les Sidhes confièrent aux îles du
Glamour l ’épée Firinbrand, l ’étendard féerique de MacLeod,
la pierre Fål et le Graal en gage d ’amitié. Ces présents scan-
dalisèrent les Unseelies, qui maudirent les Seelies, prédisant
que le jour viendrait où ces artefacts seraient retournés
contre eux.
Cette malédiction se réalisa lorsque, plus de six siècles plus
tard, des envahisseurs théans déclenchèrent une guerre qui
se prolongea pendant des générations. Les Sidhes s ’enga-
gèrent dans le conflit avec l ’espoir de protéger leurs terres,
et c ’est dans ce but qu ’ils offrirent le Graal au roi Elilodd
et la magie à ses chevaliers. Des années après la mort du
souverain, la magie sidhe fut corrompue, leurs alliés mortels
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abattus et leurs cachettes détruites. La magie, à nouveau,
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 27
 devint une source de crainte pour la population. La situa- qui s  ’interrogent sur l  ’implication des Trois Reines seelies
tion bascula pour de bon lorsqu  ’un Scélérat montaginois dans tous ces événements. La conquête de territoires dans le
béni par la puissance du Glamour lia la Dame du Lac, une monde des mortels pourrait avoir perturbé l  ’équilibre entre
reine seelie, et utilisa ses pouvoirs pour s  ’attaquer aux îles leurs pouvoirs.
du Glamour.
L  ’héroïne Athrwyn se servit des pouvoirs du Graal pour Des Sidhes en mouvement
libérer la reine au cours de la défense du Bran Bridge, mais Il existe des Sidhes de toutes les tailles et de toutes les
le mal était déjà fait. La Dame du Lac s  ’empara du Graal et formes, depuis la glorieuse magnificence des reines sidhes
retourna en Bryn Bresail avant de sceller l  ’accès au Glamour jusqu  ’aux horreurs cauchemardesques de la cour unseelie.
depuis les trois royaumes. Jusqu  ’à la fin de l  ’occupation Là où ces créatures magiques tentaient jadis de se dissimuler
montaginoise, la magie resta en sommeil en Avalon, et beau- à la vue des mortels, elles ont maintenant abandonné les
coup pensaient que les Sidhes ne remettraient plus jamais ombres pour vivre en pleine lumière. Ainsi, des femmes-
les pieds dans les îles du Glamour. phoques sillonnent les lacs et les fleuves, des centaures
parcourent les sentiers forestiers et la noblesse sidhe crée
La Réquisition des palais éclatants dans des vallons oubliés, transformant
Plus tôt au cours de l  ’actuel an 1668, au jour du dixième les paysages d  ’une simple pensée.
anniversaire du couronnement de la reine Elaine, les eaux En général, les Sidhes arpentent l  ’Avalon sous leur véritable
du Bran Bridge Lake s  ’ouvrirent pour laisser passer une apparence, mais certains préfèrent la dissimuler, se mêlant
délégation sidhe. Le glorieux cortège traversa l  ’Avalon pour aux mortels pour profiter de ce que la vie humaine a à offrir.
se présenter à la cour, dirigé par Daníele, émissaire des D  ’autres encore cherchent des familles dont le sang porte
Seelies. Il expliqua que son peuple comptait récupérer les leur bénédiction pour rencontrer leurs descendants depuis
terres qu  ’ils occupaient avant d  ’être chassés il y a plusieurs longtemps perdus de vue, ou pour réclamer des faveurs dues
siècles, et annonça que les Reines fées l  ’avaient chargé de depuis des centaines années.
surveiller l  ’expansion du territoire sidhe dans le monde des Certains Sidhes choisissent de quitter l  ’Avalon, prenant
mortels. Ainsi commença ce qu  ’ils appellent la Réquisition. la mer vers le continent ou d  ’autres endroits de Terra, à
Daníele et les autres Sidhes présents à la cour servent la recherche de pairs abandonnés lors de la fermeture des
essentiellement de liaison avec les centres de population portes menant en Bryn Bresail, ou se lançant dans des aven-
sidhes les plus importants en Avalon, où le Beau Peuple vit tures inimaginables.
ouvertement. Leur principal bastion se situe dans la forêt de À noter qu  ’il est une caractéristique que tous les Sidhes
Síocháin, un bois dense et mystérieux au cœur d  ’un comté partagent, peu importe leur déguisement et la distance qui
désormais entièrement sous contrôle sidhe. La région a été les sépare de leur foyer : leur reflet semble onduler lorsqu  ’on
renommée l  ’Arcadie. Mortels et Seelies s  ’y côtoient en toute le fixe trop longtemps dans un miroir.
harmonie. Les Marches des Highlands accueillent quant à
elles une forteresse plus modeste appelée Dagna, un paradis Relations entre Sidhes et mortels
sidhe à la végétation sauvage et cerné par un mur de ronces. Le retour des Sidhes a ravi et bouleversé les Avaloniens. Le
La situation n  ’est pas aussi paisible ailleurs dans les Beau Peuple s  ’est arrogé une place importante, non seule-
Marches. Des nobles ont attaqué le territoire lacustre de ment à la cour de la reine Elaine, mais également à travers
Ballorwick, mais ont été repoussés par un terrifiant Sidhe tout le territoire des Royaumes-Unis. Des forêts, des villes
connu sous le nom de Prince maudit. Des témoignages et des quartiers entiers de cités majeures se sont transformés
venant d  ’au-delà de l  ’Avalon évoquent également un en terres du Glamour.
seigneur sidhe terrifiant, une créature surnommée le Roi à Même les habitants de ces régions ont été affectés par
l  ’œil carmin qui encourage un retour aux anciennes tradi- l  ’influence du Glamour : les enfants nés de parents vivant
tions et un déchaînement de violence contre les mortels. Son dans ces enclaves ont une affinité naturelle avec la magie,
terrible ost unseelie a été aperçu chevauchant à travers les sans avoir besoin de la bénédiction d  ’un Sidhe. D  ’autres,
régions montagneuses des Marches et de l  ’Inismore, ainsi qui ont accepté les bienfaits des Sidhes, bénéficient d  ’une
que dans la campagne avalonienne, chassant des mortels maîtrise du Glamour plus importante encore que celle des
isolés qui avaient rompu leurs pactes. Nombreux sont ceux Chevaliers d  ’Elilodd des origines.

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28 CHAPITRE 1 : L’AVALON
 Nombre de mortels ont fui les terres sous l  ’influence de la
magie, désormais devenues trop sauvages et incontrôlables.
D  ’autres sont restés et ont accepté d  ’être dirigés par les
Sidhes. Si ces derniers se montrent bienveillants envers les
habitants, les avantages de cette cohabitation peuvent être
importants. Au contraire, si ces nouveaux voisins féeriques
sont moins complaisants avec les mortels, les conséquences
peuvent s  ’avérer terrible.
S  ’attirer les faveurs d  ’un Sidhe peut être très bénéfique.
Par le passé, le roi Elilodd scella le tout premier pacte avec
les Sidhes, permettant aux mortels de passer des marchés
avec le Beau Peuple. Cet accord est encore en vigueur
aujourd  ’hui. Il prévoit que les Sidhes peuvent conférer
leur magie à un mortel si celui-ci s  ’en montre digne, d  ’une
manière choisie par le Sidhe concerné.
Certains représentants du Beau Peuple sont plus altruistes,
d  ’autres plus vindicatifs. Les rencontres avec les Unseelies
sont presque toujours terrifiantes, chaotiques et dange-
reuses, tandis que les Seelies ont tendance à se montrer
plus serviables. Cependant, ces derniers apprécient tout
de même les énigmes ou les jeux de mots, et les mortels
doivent faire preuve de prudence lorsqu  ’ils traitent avec un
Sidhe. Seuls ceux jugés exceptionnels sont récompensés
au centuple par leur pacte, tandis que le malheur attend
quiconque ne choisit pas soigneusement ses mots pour
sceller un pacte avec un Sidhe.
La plupart des marchés sont conclus à court terme. Ils
consistent en des dons temporaires ou des cadeaux qui
permettent au mortel de poursuivre sa route après les avoir
reçus. Mais certains liens s  ’inscrivent dans la durée et créent
un lien entre le mortel et le Sidhe. Un humain peut voir
sa ferme protégée des animaux sauvages grâce au marché
qu  ’un ancêtre a passé avec un Sidhe local. À moins que des
pouvoirs de prescience ne soient accordés à un enfant de
chaque génération parce qu  ’un aïeul a rendu un service à
un Sidhe particulièrement généreux.
La Faveur auprès des Sidhes
Un Héros peut gagner des Faveurs auprès des Sidhes à peu
près de la même manière qu  ’avec une Société secrète : en
contractant un pacte. Mais les Faveurs sidhes ont toujours
un prix, souvent déterminé par le Sidhe concerné.
De plus, un Héros qui a relevé le défi d  ’un Sidhe peut
dépenser des Faveurs qu  ’il n  ’a pas encore gagnées, mais
attention : avoir une dette envers un Sidhe peut être lourd
de conséquences. Un Héros endetté auprès d  ’un Sidhe
peut recevoir à n  ’importe quel moment une visite de son
créancier lui demandant d  ’abandonner tout ce qu  ’il fait
pour remplir une tâche. S  ’il refuse, le Sidhe pourrait bien
le maudire, ou pire encore.
Un Héros peut gagner de la Faveur auprès des Sidhes des
manières suivantes :
• Accomplir une tâche pour un Sidhe rapporte 2
de Faveur. Cette tâche est bien souvent un défi
proposé par un potentiel bienfaiteur sidhe, qui
doit être accompli avant que le héros ne puisse
gagner davantage de Faveur auprès de lui. Ce défi
peut consister autant en une simple énigme qu  ’en
une quête complexe, dans la mesure où le Sidhe est
satisfait et que le mortel accepte.
• Aider ou sauver la vie d  ’un Sidhe rapporte 6 de
Faveur. Un Sidhe sauvé par un mortel est le débi-
teur de ce dernier.
• Offrir un cadeau à un Sidhe ou lui prêter assistance
rapporte 3 de Faveur. Cette assistance est bien souvent
plus exigeante qu  ’un défi proposé par un Sidhe.
Un Héros peut dépenser de la Faveur auprès de son bien-
faiteur sidhe pour obtenir les récompenses suivantes :
• Pour 4 de Faveur, un Sidhe peut accorder au Héros
un Rang dans un Glamour Majeur ou deux Mineurs,
même si ce dernier ne possède pas l  ’Avantage
Sorcellerie. Le Héros choisit une Caractéristique
majeure et une mineure lorsqu  ’il reçoit la béné-
diction du Sidhe, à moins qu  ’il ne possède déjà la
Sorcellerie du Glamour. Cet accès au Glamour est
temporaire et ne peut pas durer plus d  ’une semaine.
Le Héros subit le même Gesa qu  ’un Chevalier
d  ’Avalon (Livre de base, page 210).
• Un secret coûte 2 de Faveur. Ce secret peut
concerner n  ’importe quel sujet que le Sidhe
pourrait raisonnablement connaître, ou consister
à obtenir des informations sur une situation, une
personne ou un Sidhe. Le Beau Peuple peut décou-
vrir des secrets personnels de bien des manières,
mais n  ’est pas omniscient pour autant.
• L  ’accès temporaire à un artefact sidhe coûte 3 de
Faveur. Il fonctionne comme un Objet fétiche, bien
que les effets d  ’une relique particulière restent à la
discrétion du MJ. Le Héros est censé rendre l  ’artefact
sous une semaine, qu  ’il ait accompli sa mission ou
pas. S  ’il ne le fait pas, il s  ’attirera les foudres du Sidhe.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 29
 Sociétés secrètes
Les Sociétés secrètes de Théah possèdent des ramifications La Société des Explorateurs
à travers tout le continent et dans tous les royaumes, et Non seulement la transformation du pays par le Glamour a
l  ’Avalon ne fait pas exception. Les dix dernières années exhumé d  ’innombrables sites inconnus partout en Avalon,
de paix ont permis à bon nombre de ces organisations en Inismore ou dans les Marches mais en plus, l  ’archipel
de prospérer. De nouvelles sociétés se sont même créées, est devenu le point de départ de bon nombre d  ’expéditions
conséquence de la croissance et des récentes tensions avec vers l  ’ouest. Les Explorateurs affluent en Avalon pour y
les Sidhes. entendre parler des découvertes dans le Nouveau monde
ou pour pouvoir poser les yeux sur les artefacts incroyables
Die Kreuzritter rapportés de cités syrneth récemment découvertes. De
L  ’essor des Kreuzritter, depuis leurs origines de protecteurs nombreux membres de la Société des Explorateurs pensent
de l  ’Eisen contre tout ce que les forêts recèlent de sombre que l  ’Avalon est la nouvelle frontière dans l  ’exploration
et de terrifiant, leur a permis d  ’aider le peuple d  ’Avalon magique. Ces derniers ont laissé de côté leur fascination
lorsqu  ’il en avait besoin. Avec la progression de la magie pour les ruines syrneth afin de se concentrer sur les anciens
sur tout le territoire avalonien, le Glamour a réveillé des monuments sidhes, créant ainsi une toute nouvelle branche
créatures magnifiques et amicales, mais également d  ’autres, d  ’étude et de compréhension pour tous les Explorateurs
plus redoutables et effrayantes. L  ’Avalon déborde certes de de Théah. Un groupe d  ’Explorateurs se consacre même à
Héros prêts à relever n  ’importe quel défi, mais l  ’entraîne- l  ’organisation d  ’expéditions en Bryn Bresail et cherche acti-
ment des membres de Die Kreuzritter les destine spéci- vement des Sidhes pour les mener en sécurité vers ce qui
fiquement à chasser des monstres. Comme de nombreux pourrait être un des royaumes les plus magiques qui soient.
mercenaires en Eisen cherchent du travail au-delà de leurs
frontières, ils ont commencé à exporter leur expertise dans Faveur en Avalon
les régions les plus sombres d  ’Avalon. Un Héros membre de la Société des Explorateurs peut
obtenir de la Faveur en Avalon de la manière suivante :
Faveur en Avalon
Un Héros membre des Kreuzritter peut obtenir de la • Faire l  ’acquisition d  ’un artefact sidhe ou obtenir
Faveur en Avalon des manières suivantes : des renseignements sur le Beau Peuple rapporte
4 de Faveur, si cet artefact ou ces renseignements
• Apporter une preuve de la destruction d  ’une créa- sont remis pour être étudiés. Les renseignements
ture sidhe rapporte 4 de Faveur. peuvent consister en des informations spécifiques
• Vendre des informations sur une incursion seelie sur les types de Sidhes, les lieux où ils établissent
ou unseelie rapporte 2 de Faveur leurs foyers et les outils qu  ’ils utilisent au quotidien.

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30 CHAPITRE 1 : L’AVALON
La Fraternité de la côte Los Vagabundos
La Fraternité est très présente en Avalon grâce à la protection Les relations entre la Castille et l  ’Avalon étant encore très
octroyée aux corsaires par la reine Elaine. Du fait de sa rela- tendues, les membres de Los Vagabundos ont eu bien du
tion avec Berek, la souveraine ferme les yeux sur une partie mal à s  ’implanter dans l  ’archipel. Pourtant, la volonté des
des activités de la Fraternité. Les corsaires sont également Vagabundos de s  ’assurer qu  ’un pays serve au mieux sa
très occupés à recruter des membres d  ’équipage pour s  ’aven- population pousse ses membres à faire de leur mieux pour
turer vers le Nouveau monde et la mer Atabéenne. L  ’Avalon protéger la paix et l  ’unité dans les Royaumes-Unis. Avec
est une étape majeure sur le passage vers des centres de la les Séparatistes qui tentent de rendre leur indépendance
Fraternité comme La Bucca ou encore Aragosta, dans la mer aux Marches des Highlands et les conflits qui déstabilisent
des Monstres, au sud-ouest. Des conflits éclatent parfois l  ’assise de l  ’O  ’Bannon, Los Vagabundos passent leur temps
entre certains équipages de la Fraternité, et des pourparlers à venir en aide au régime de la reine Elaine, pour le bien de
s  ’engagent souvent au large pour régler les différends. son peuple. Depuis l  ’échec des tentatives d  ’assassinat de la
souveraine, la vue des justiciers masqués vêtus de pourpre
Le Collège invisible a d  ’ailleurs tendance à susciter le soulagement.
Voué à poursuivre la recherche scientifique malgré les interdits
de l  ’Inquisition, le Collège invisible est toujours à la recherche Močiutės Skara
de havres de paix où s  ’établir. Grâce aux édits de la reine Elaine,Močiutės Skara était à l  ’origine une organisation de la
l  ’Avalon s  ’est avérée être un très bon choix. L  ’Église vaticine a
Fédération sarmatienne visant à aider et à nourrir le
presque été chassée des Royaumes-Unis, et l  ’Église d  ’Avalon peuple, mais ses agents en Avalon se sont fixé un nouvel
est bien plus tolérante vis-à-vis de la recherche scientifique. Les objectif. La Nation est devenue un pays de cocagne, mais
chercheurs du Collège invisible peuvent donc continuer leurs la propagation du Glamour et de la magie étend l  ’influence
expérimentations sans craindre d  ’être persécutés. de la Bryn Bresail à l  ’Avalon, évinçant la noblesse et forçant
Les seules villes qui posent problème sont Carleon, où les les résidents à abandonner leurs foyers. Depuis leurs prin-
prêtres vaticins se rendent régulièrement, et Liumech en cipaux points de rencontre à Carleon et à Liumech, les
Inismore, où l  ’Église tente de s  ’implanter. Le Collège est membres du Châle s  ’affairent non seulement à réunir des
conscient que des agents de l  ’Inquisition cherchent à lutter dons destinés aux nécessiteux, mais également à mettre
contre l  ’expansion des Sidhes, et certains de ses membres en place des initiatives qui visent à freiner l  ’expansion du
consacrent leur temps à empêcher l  ’Inquisition de gagner Glamour dans les zones à forte population mortelle. De plus,
du terrain en Avalon. ils emploient une grande partie des ressources amassées à
nourrir et vêtir les réfugiés fuyant les invasions sidhes. Si
Les Chevaliers de la certains membres évoquent à demi-mot des options plus
Rose et de la Croix sombres pour repousser les Sidhes, comme l  ’utilisation
Les dix ans de paix en Avalon et le travail assidu des d  ’armes antiques autrefois employées pour abattre ces puis-
Chevaliers de la Reine ont empêché tout conflit de grande sants êtres mystiques, d  ’une manière générale, les membres
envergure d  ’éclater dans l  ’archipel. Néanmoins, avec l  ’expan- du Châle se consacrent à aider les infortunés plutôt qu  ’à
sion des terres du Glamour et les conflits suscités par les se battre.
Séparatistes dans les Marches des Highlands, les tensions
s  ’accroissent. Les Chevaliers de la Rose et de la Croix ont Les Rilasciare
donc fort à faire pour régler de petits problèmes partout en Pour des raisons évidentes, les Rilasciare ont eu beaucoup
Avalon. Si les Royaumes-Unis ne souffrent pas de guerres de mal à s  ’implanter en Avalon pendant de nombreuses
ou de désastres à l  ’échelle d  ’autres pays de Théah, l  ’ordre de années. L  ’ère de paix et de prospérité amenée par la reine
la Rose et de la Croix a de quoi se rendre utile auprès des Elaine a renforcé la conviction populaire que la monarchie,
paysans des îles du Glamour. De plus, les chevaliers peuvent avec le soutien du Graal, est puissante et droite. Mais
se retrouver à protéger des Sidhes menacés par des villa- l  ’augmentation des tensions avec les Sidhes et la fuite des
geois et des nobles mécontents de la Réquisition, s  ’attirant populations face à l  ’expansion magique ont suscité un léger
ainsi les faveurs du Beau Peuple, et parfois une récompense, regain d  ’intérêt pour cette société secrète.
par la même occasion.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 31
 Les Filles de Sophie
Si cette organisation est principalement dédiée à la protec-
tion des sorcières de la Destinée de Vodacce, les Filles de
Sophie ont trouvé des alliées inattendues chez les femmes
des Marches des Highlands et d  ’Avalon. Nombre de
sorcières Sorte voient l  ’Avalon comme un modèle : non
seulement les femmes y sont libres d  ’agir comme bon leur
semble, mais le pays est en plus dirigé par une Reine munie
d  ’un Graal enchanté qui vit dans un château magique. Les
agents des Filles de Sophie ont fait de l  ’Avalon la destina-
tion finale de bon nombre de sorcières de la Destinée en
fuite, les répartissant entre les trois royaumes. Les Filles
de Sophie ont indirectement trouvé de l  ’aide auprès des
femmes des Marches, qu  ’elles considèrent comme des
âmes sœurs menant leur propre lutte pour l  ’égalité (même
si celle-ci est moins désespérée).
La Ligue du Preste-pas
Né des opérations de Močiutės Skara dans les îles du
Glamour, ce groupe propage des informations et des
nouvelles à travers la Théah, s  ’assurant que les bonnes
personnes ont accès aux informations dont elles ont besoin.
Cette organisation puise ses racines dans des ordres drui-
diques inishs dévoués à la transmission d  ’histoires comme
moyen de communiquer des informations. Aujourd  ’ hui, la
Ligue du Preste-pas s  ’est répandue à travers toute la Théah.
Elle est devenue le moyen le plus rapide de transmettre des
messages par-delà les terres et les mers.
Les Prestes-pas originaux étaient des druides entraînés,
fidèles des anciens dieux d  ’Inismore, qui utilisaient les
présents de leurs bienfaiteurs pour traverser de grandes citer son aide des manières suivantes :
distances en un rien de temps. Formés en tant que bardes
et conteurs, les Prestes-pas étaient également des messagers
secrets accomplis, capables de dissimuler des documents
importants ou des missives pour les livrer n  ’importe où. Au
cours de la Guerre de la Croix, les Prestes-pas se sont épar-
pillés à travers la Théah et en ont recruté d  ’autres dignes de
prêter leur serment : La vérité est l  ’histoire qui lie nos vies. Je
dédie ma vie à cette vérité.
Tout initié de la Ligue doit débuter son entraînement en
tant que dalta, c  ’est-à-dire comme apprenti auprès d  ’un
barde ayant complété sa formation. Les conteurs enseignent
non seulement l  ’espionnage, la survie en terrain sauvage et la
maîtrise des langues, mais également les arts de la narration
et de la musique. Lorsqu  ’un dalta se présente devant les
maîtres bardes, les seanchaí, pour valider sa formation, il
est capable de voyager pendant des jours sans se reposer
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32 CHAPITRE 1 : L’AVALON
et donnerait sa vie pour éviter qu  ’un message qui lui a été
confié ne soit perdu.
Tous les Prestes-pas portent des bottes de dix lieues, des
accessoires magiques qui permettent à leur porteur de
parcourir des centaines de kilomètres en une nuit. Pour
beaucoup, si réduite qu  ’elle soit, la Ligue du Preste-pas n  ’est
pas inoffensive pour autant, car elle aide des organisations,
royaumes et causes pour qui la vérité, la charité et la justice
sont primordiales. Le fait qu  ’ils utilisent ostensiblement des
artefacts magiques et qu  ’ils aient l  ’appui des anciens dieux
d  ’Inismore les met en directe opposition avec les groupes
hostiles à la magie, en particulier l  ’ Inquisition.
La Faveur au sein de la Ligue du Preste-pas
La Ligue du Preste-pas se consacre principalement à la
transmission d  ’informations importantes aux Avaloniens
de toute la Théah. Elle transporte aussi bien des secrets
nationaux que de simples nouvelles d  ’une ville à l  ’autre.
Un Héros membre de la Ligue du Preste-pas peut obtenir
de la Faveur des manières suivantes :
• Réussir à délivrer un message rapporte 4 de Faveur.
Si ce message est particulièrement important ou si
la livraison est particulièrement rapide, un surcroît
de 2 de Faveur peut être accordé.
• Recruter un messager ou quelqu  ’un de confiance
pour transmettre un message pour la Ligue
rapporte 2 de Faveur.
Un Héros membre de la Ligue du Preste-pas peut solli-
• L  ’accès à un reliquaire coûte 4 de Faveur. Un
reliquaire de la Ligue du Preste-pas contient des
objets imprégnés de Glamour et utilisés pour
voyager plus rapidement ou pour garantir la sécu-
rité de son porteur dans les régions sauvages. Ces
reliques fonctionnent de la même manière qu  ’un
Objet fétiche, bien que les effets exacts restent à
la discrétion du MJ. Un agent est censé rendre la
relique après avoir accompli sa mission. S  ’il refuse,
il risque d  ’être accusé de trahison.
• L  ’accès à des informations rassemblées par la
Ligue du Preste-pas coûte 2 de Faveur. Si l  ’infor-
mation est particulièrement sensible ou si elle est
réservée au destinataire uniquement, la demande
coûte 4 de Faveur.

L’Avalon
Les Avaloniens ont longtemps été fiers de vivre dans un
pays touché par le Glamour, et personne ne fut surpris par
la résurgence de la magie dans le royaume après l  ’accession
au trône de la reine Elaine. Beaucoup mirent ce retour sur
le compte de la relation entre la souveraine et le Graal, mais
aussi sur celui du temps qu  ’elle avait passé parmi les Sidhes.
Ce retour des anciennes coutumes ravit une grande partie
de la population, mais au fil du temps, la joie initiale laissa
la place à un malaise grandissant tandis que le Glamour
transformait les terres autour de leurs habitants mortels.
Des sites à peine touchés par le Glamour se muèrent en
lieux magiques méconnaissables dignes des légendes et aussi
dangereux que merveilleux. Des forêts autrefois praticables
s  ’épaissirent, et une végétation enchantée envahit les bois
sombres et les faubourgs. Le changement obligea les popu-
lations mortelles à fuir leurs foyers ou à accepter de vivre
sous le règne déconcertant et souvent horrible et inhumain
des Sidhes. Les Avaloniens surnommèrent ces endroits
nouveaux et inexplicables les terres du Glamour.
Lieux notables
Carleon
Carleon est « l  ’Étoile resplendissante » qui scintille sur la
côte méridionale du pays. Tandis que d  ’autres Nations
s  ’enorgueillissent de leurs antiques capitales, Carleon est
une magnifique cité où la magie même de l  ’Avalon a créé
passages et rues.
Dès le couronnement de la reine Elaine, le magicien
Derwyddon déclara que la souveraine et son royaume
avaient besoin d  ’une capitale digne des îles du Glamour. Du
jour au lendemain, il transforma la cité portuaire ordinaire
en une ville tout droit sortie des légendes. Il érigea à partir
de l  ’écume le château de pierre le plus éclatant qui soit, afin
qu  ’il surplombe des rues et des esplanades bordées d  ’arbres,
de glorieuses cathédrales et des marchés opulents. La capi-
tale est la preuve irréfutable que le Glamour est bel et bien
la force vive de l  ’Avalon.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 33
 Le château de Glenayre
Les falaises noires qui dominent la Mer du Commerce
accueillent la cité magique de Carleon, dont le sommet est
couronné par Glenayre, l  ’impressionnant château de la reine
Elaine. Les flèches étincelantes et les hautes murailles du
bastion semblent plus stupéfiantes et récentes que le jour
de leur érection, qui date pourtant de dix ans.
La reine Elaine siège à la cour, au cœur de murs blancs
comme l  ’écume, dans une salle du trône cernée par des
piliers veinés d  ’or et entrelacés d  ’arbres vivants. Cette pièce
au plafond élevé est assez vaste pour accueillir des centaines
de diplomates, courtisans, chevaliers et domestiques. La
magie de Glenayre permet à la voix de la Reine de se faire
entendre à sa guise par l  ’entièreté des personnes présentes.
Le reste du château est plein de somptueuses galeries d  ’art,
de jardins luxuriants aux arbres chargés d  ’agrumes et de
vastes salles de banquet garnies de tapisseries illustrant les
anciennes légendes avaloniennes. La section inférieure du
château accueille un pavillon d  ’entraînement bien équipé,
dans lequel les chevaliers de la Reine forment les nouvelles
recrues et entretiennent leur savoir-faire martial. Loin en
surplomb, dans les tours, dignitaires et courtisans suffisam-
ment riches pour vivre dans le château jouissent d  ’une vue
plongeante sur la ville et la mer en contrebas.
La tour de la Reine est gigantesque. Elle accueille une
petite bibliothèque, des salles de réunion privées et des
appartements pour ses dames d  ’honneur. Elaine reçoit ses
invités importants et les dignitaires dans ses quartiers privés
au sein de la tour.
La tour de la Reine communique directement avec le
Couloir des cent pas, dans lequel des solliciteurs attendent
dans l  ’espoir d  ’intercepter la Reine lorsqu  ’elle se rend à
la cour, pour requérir son aide ou simplement obtenir sa
bénédiction. La Reine peut contourner le Couloir des cent
pas en empruntant les Marches d  ’Elaine, un splendide
escalier extérieur qui permet de descendre le long du flanc
du château. Ses gardes personnels surveillent constamment
cet accès, qui s  ’étend de sa tour jusqu  ’à une crique privée
à flanc de falaise donnant sur l  ’océan. Elaine aime mener
ses visiteurs dans ces escaliers lors d  ’entretiens privés pour
s  ’assurer que personne ne les espionne.

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La ville même Cette imposante structure possède de hauts murs de pierre
Au nord et à l  ’ouest du château s  ’étend le reste de Carleon, d  ’un bleu gris sombre et des vitraux représentant textes sacrés et
un kaléidoscope de rues qui court le long des falaises jusqu  ’à colombes en vol. Non loin se trouve l  ’église Saint Benedict, petit
la mer. Il est aisé de s  ’y perdre, jusqu  ’à ce que l  ’on réalise bâtiment vaticin plus modeste qui accueille les fidèles restants
que les allées suivent les formations rocheuses naturelles du à Carleon. Au milieu des quartiers les plus pauvres de la ville
flanc de la paroi... Non pas que cela permette de déterminer se cache la salle de réunion des Réalistes, un bâtiment sobre
une logique dans le tracé sinueux des avenues. L  ’Allée des au toit sombre dans lequel les membres de la nouvelle secte
processions est le chemin principal qui mène du château à la avalonienne se retrouvent. Ils vivent ainsi le plus loin possible
Promenade, un vaste parc toujours ouvert situé au cœur de du centre-ville, considérant les rues imprégnées du Glamour
la ville qui accueille artistes, touristes et dignitaires en visite, comme la matérialisation d  ’une hallucination collective.
ainsi que de petits étals de marchands vendant de fausses
babioles sidhes. Plus au cœur de la Promenade se dresse le Le quartier ouest
bâtiment du Parlement où les dirigeants des quatre coins La partie occidentale de la cité rassemble les résidences
de l  ’Avalon se réunissent pour participer à la gouvernance diplomatiques, des commerces animés et des salles de
des îles du Glamour. négociation qui alimentent le monde politique complexe
De l  ’autre côté d  ’une place verdoyante se trouve le Banc de Carleon ainsi que son économie solide. Plus proche
national, où le haut tribunal juge les affaires les plus impor- de la Promenade, au nord, s  ’étend la travée de la Ligue de
tantes, lesquelles lui sont soumises par les tribunaux régio- Vendel, une rangée de biens immobiliers de premier choix
naux. Au-dessus de ce bâtiment se situent les chambres achetés et entretenus par la Ligue. Ses représentants y font
des juges et les bibliothèques de droit, ainsi que l  ’École non seulement des affaires, mais ils y mettent également en
des avocats où les défenseurs des accusés sont formés. La place de somptueuses galeries d  ’art, des spectacles musicaux
prison d  ’Endwell, dans laquelle les prisonniers attendent et des théâtres aptes à satisfaire les besoins de la clientèle la
leur jugement, étend son ombre derrière le Banc. Les pires plus sophistiquée. Les diplomates de tout Terra louent ces
criminels d  ’Avalon, comme les traîtres ou les personnes maisons et cherchent à obtenir les plus proches de Glenayre
considérées comme particulièrement dangereuses, sont et de la cour. Louer ces résidences peut certes coûter très
gardés dans les niveaux inférieurs. L  ’Endwell se situe au cher, mais afficher ainsi sa richesse est un très bon moyen
fond des cavernes du flanc de la falaise. Le Glamour protège d  ’impressionner la Ligue de Vendel à l  ’étranger.
et retient les captifs sous le scintillement d  ’inquiétantes À proximité de la travée se dresse le centre d  ’affrètement
lumières féeriques. de la Société des Explorateurs, quartier général avalonien
À quelques pas du front de mer, au bord de la Promenade, de la Société. Depuis ce bâtiment, elle organise des expé-
se dressent les Pierres témoins, un cercle de roches ditions vers les îles Thalusiennes ou vers des poches de
anciennes où le magicien Derwyddon pratique sa magie. ruines syrneth nouvellement découvertes dans les régions
Ces dernières années, à mesure que Derwyddon s  ’est marécageuses de l  ’ Inismore.
montré de plus en plus absent de la capitale, les fidèles des La partie ouest de la ville accueille également la place du
anciens dieux, loyaux aux Sidhes, ont pris l  ’habitude de se marché, une allée colorée bordée de boutiques, d  ’étals et de
rassembler près des Pierres témoins pour exprimer leur commerçants vendant leurs marchandises. C  ’est ici, à quelques
vénération ou pour implorer de l  ’aide. pas des quais sud, que les Héros peuvent débarquer leurs
cargaisons, réapprovisionner leurs bateaux et trouver des cartes
Le quartier nord ou d  ’autres objets de toutes sortes pour de longs voyages.
Derrière la Promenade, la ville se divise en trois quartiers
situés au nord, à l  ’ouest et au sud du parc. La partie nord Morgan  ’s Roost
accueille l  ’essentiel des habitations de la ville, la noblesse Au sud de l  ’extrémité ouest du quartier se trouve Morgan  ’s
possédant les maisons les plus proches de la Promenade et Roost (le « Perchoir de Morgan »), un splendide manoir
du château. Cette portion de la ville héberge également une exclusivement réalisé en planches de bateaux désaffectés.
série d  ’édifices religieux, dont la Grande chapelle de l  ’Église Cette bâtisse accueille les corsaires de toute la Théah qui
d  ’Avalon qui se trouve juste derrière le bâtiment du Parlement souhaitent prendre leur retraite en compagnie d  ’autres
marins et capitaines à un jet de pierre de la mer.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 35
 Cette étrange maison de retraite est née d  ’une plaisanterie
des corsaires engagés par la reine Elaine qui se demandaient
s  ’ils pourraient revenir prendre leur retraite dans « une
maison avec vue ».
Il semblerait que la Reine ait trouvé cette idée amusante, car
elle fit construire ce havre en l  ’honneur de tous ceux qui l  ’ont
servie en mer. Les têtes des mâts récupérés sur des navires
sabordés ou détruits s  ’alignent dans la pièce principale, rendant
hommage aux bâtiments qui ont fait leur temps. Si le concept
peut paraître ridicule, certains des plus célèbres corsaires
retraités ont fait de Morgan  ’s Roost leur domicile.
Morgan  ’s Roost est orienté au sud-est, vers le port au pied
de Carleon. Les marins en visite peuvent trouver tout ce dont
ils ont besoin dans le meilleur port des îles du Glamour. Les
Chiens de mer dirigent les quais, depuis les tables et chambres
accueillantes de l  ’auberge de Hopewell, qui donne sur les
Pierres témoins, jusqu  ’à la taverne du Maelström ardent,
au bord de l  ’eau. Les Chiens possèdent non seulement une
bonne partie des bateaux amarrés, mais ils sont également
propriétaires de bon nombre des entrepôts des quais que les
marchands utilisent pour stocker les marchandises en prove-
nance de toute la Théah. Les Chiens prélèvent une partie de
tout ce qui passe par les quais. Quiconque contrevient à cette
règle court le risque d  ’être appréhendé par les corsaires avant
que les gardes n  ’en entendent parler. Le malheur attend celles
et ceux qui transgressent le code de conduite des Chiens en
agressant des innocents dans la rue, car les flibustiers ont leur
propre justice, souvent expéditive et funeste.
Glamourtown
Au-delà du marché s  ’étend la partie la plus récente de la ville,
jaillissant de la place du marché. Surnommée Glamourtown
(le « quartier Glamour ») par les habitants des alentours,
cette portion de la ville a commencé à se transformer à la
manière des poches de Glamour qui apparaissent dans toute
l  ’Avalon. Un voyageur qui quitte le marché pour entrer dans
Glamourtown remarquera immédiatement que les couleurs
autour de lui deviennent plus vives, et les bâtiments un peu
plus grands et imposants, et légèrement plus fabuleux.
La magie y est tapie à chaque coin de rue, et les Sidhes y
vivent aux côtés de leurs voisins mortels. C  ’est ici, dans un
grand manoir appelé Seabright (« Brillemer »), que résident
les diplomates sidhes de la cour de la reine Elaine. Ses murs
bleu-vert aux détails d  ’argent font passer pour des taudis les
demeures des nobles les plus riches situées de l  ’autre côté
de la ville. La prudence est de mise pour quiconque traverse
Glamourtown sans escorte, car la magie sauvage a ses caprices.
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36 CHAPITRE 1 : L’AVALON
La forêt de Síocháin
À l  ’est de Pomitain, au pied du mont Cymru, s  ’étendent des
bois enchantés connus sous le nom de forêt de Síocháin, cœur
du pouvoir sidhe en Avalon. Ces bois étaient jadis simple-
ment réputés mystiques, et bien des voyageurs s  ’y sont rendus
sans se soucier des phénomènes étranges et mystérieux qui y
survenaient. Encore aujourd  ’hui, des cavaliers y disparaissent
dans la nuit, guidés par les voix de proches disparus et des
lumières féeriques, pour ne jamais en revenir.
Ces dernières années, la forêt imprégnée de Glamour a
eu des effets encore plus prononcés, en particulier près
des champs au sud, là où se trouve le Bran Bridge (« pont
de Bran »). Cet ouvrage n  ’est rien d  ’autre qu  ’un vestige
antique qui dépasse à peine de la terre et qui s  ’arrête au
bord des eaux calmes du Bran Bridge Lake (« lac du pont de
Bran »). C  ’est ici qu  ’Athrwyn est censée avoir jeté le Graal
pour éviter qu  ’il ne tombe entre les mains des Montaginois,
quelque six cents ans auparavant.
À l  ’époque précédant le règne de la reine Elaine, une licorne
sortit des profondeurs de la forêt. Depuis des générations, une
telle créature n  ’apparaissait d  ’ordinaire qu  ’aux cœurs purs. Elle
s  ’avança vers l  ’eau et plongea sa corne dans le lac qui se divisa
en deux pour en laisser sortir les Sidhes. Certains prirent la
route de Carleon sur des étalons féeriques, tandis que d  ’autres
s  ’employèrent à établir une forteresse au sein de l  ’étendue boisée.
Depuis, la forêt de Síocháin, également surnommée forêt de la
Licorne, est devenue le centre de l  ’Arcadie, le territoire sidhe.
Or, l  ’essentiel de ce qui constitue désormais leur domaine
appartenait précédemment aux gens qui y vivaient. Les
villages mortels de Cordelia, Broken Bow, Harlenn et
Wandinhome sont maintenant sous domination sidhe. Les
nouveaux arrivant offrirent le choix aux habitants : rester et
vivre selon les lois sidhes, ou partir. Si la plupart choisirent
de rejoindre les villes voisines, d  ’autres décidèrent de rester.
Les voyageurs qui traversent la région racontent que les
habitants ont commencé à changer : ils ressemblent de plus
en plus à leurs envahisseurs, et de plus en plus d  ’enfants font
preuve, à la naissance, d  ’une affinité avec la magie.
Il est conseillé aux personnes souhaitant traverser le
territoire d  ’apprendre les us et coutumes des Sidhes, et
d  ’apporter des présents pour calmer les esprits. Les voya-
geurs qui choisissent d  ’accepter des cadeaux sans rien offrir
d  ’équivalent en échange risquent de devoir quelque chose
au mauvais Sidhe et de se retrouver liés à la région, sans
possibilité de la quitter. Certains ne trouvent pas ce destin
particulièrement cruel, car les villes et villages au sein de la
forêt de Síocháin se sont transformés en ce que les Sidhes
pensent être un foyer idéal pour les mortels.
 Les habitants doivent désormais accepter de voir
d  ’étranges bêtes errer dans les rues, mais bénéficient en
échange de nourriture aussi sucrée que des friandises et de
vêtements qui se reprisent tous seuls.
Un conseil de trois Sidhes maintient la paix aux frontières,
chacun portant un signe de pouvoir et représentant un type
de Sidhe différent. La plus âgée d  ’entre eux, Elenyth, repré-
sente la magie. Elle sert de guide au Glamour éveillé dans
la forêt et assure le rôle de porte-parole entre les créatures
magiques et les mortels. Son symbole est une vasque divina-
toire pleine de l  ’eau luisante du Bran Bridge Lake, laquelle ne
bouge jamais à l  ’intérieur de la coupe et ne se renverse pas.
Le deuxième membre du triumvirat est Lady Anne Ladybee.
Autrefois mortelle, les Sidhes l  ’enlevèrent lorsqu  ’elle n  ’était
encore qu  ’une enfant. À son retour, elle tenait plus du Sidhe
que de l  ’humaine. Elle est désormais la servante de Daníele.
Elle représente le pouvoir de la sagesse sidhe et détient les
connaissances de la bibliothèque de magie, supposée être
cachée dans les caves sous le mont Cymru. Son symbole de
pouvoir est une branche sacrée en floraison perpétuelle, et elle
est constamment entourée par un essaim de coccinelles.
Le dernier membre du trio est Bailiwick Brownteeth, un
terrifiant Sidhe à la peau grise et marbrée, aux bras et aux
jambes longs et squelettiques, et aux dents tachées d  ’un
brun sombre et pourri. Il représente le pouvoir des Sidhes
sous leur forme la plus vive et martiale. Il est également
le chef de la garde Redthorn de la forêt. Celle-ci traverse
le territoire pour surveiller les frontières, chevauchant
des étalons qui ne boivent que du whisky simple malt. Le
symbole de fonction de Bailiwick est une branche de ronce
noire capable de trancher n  ’importe quoi.
La Queen  ’s Respite Inn
Aucun pacte sidhe ne peut être conclu à la Queen  ’s Respite
Inn (« auberge du Répit de la Reine ») : seules ont cours
les affaires des mortels, et aucun mal ne peut être fait aux
personnes à l  ’intérieur de l  ’auberge. L  ’endroit est tenu par une
Sidhe exilée, la grande Dame Gwynnfra. Ses énormes cornes
dorées et sa peau bleu-gris la désignent comme une fière
membre « déchue » du Beau Peuple.
Un service d  ’escorte s  ’est établi dans l  ’auberge en une tenta-
tive d  ’aider les humains à évoluer dans la forêt transformée par
le Glamour. Le Sidhe Solis et son frère Tolus ont rassemblé
des voyageurs chevronnés pour servir de guides dans les bois.
Les prix sont raisonnables, mais si vous vous aventurez sans
guide et avez besoin de secours, le tarif grimpe rapidement.
Quoi qu  ’il en soit, le Répit de la Reine est l  ’endroit parfait
pour organiser des rencontres neutres entre mortels et Sidhes.
Tallow Hill
Le territoire entourant la forêt de Síocháin est en pleine
expansion. Alors qu  ’il ne couvrait jadis que quelques kilo-
mètres carrés, le domaine s  ’étend désormais de la limite
nord de Balig jusqu  ’au mont Cymru. Les délégués sidhes
de la capitale y ont convié tous ceux qui souhaitent vivre en
paix dans une culture basée sur la magie. La nouvelle s  ’est
répandue à travers la Théah, attirant nombre d  ’utilisateurs
de magie depuis des pays où leurs talents ne leur ont valu
que d  ’être persécutés, voire traqués. Une petite colonie
nommée Tallow Hill (« colline de Suif ») s  ’est développée
et accueille des réfugiés dotés de talents magiques. L  ’objectif
de cette nouvelle communauté est le partage de connais-
sances sur la magie en toute sécurité. Si vous savez à qui
vous adresser, c  ’est un bon endroit pour trouver des infor-
mations, de l  ’aide ou même des artefacts magiques perdus.
Cette localité n  ’est pas vraiment appréciée des Réalistes,
même si ces derniers voient de toute façon d  ’un mauvais
œil l  ’intégralité de la forêt de Síocháin.
Wandesborrow
La cité portuaire de Wandesborrow se situe sur la côte est de
l  ’Avalon, juste au nord de Carleon et du mont Cymru. Les
visiteurs remarqueront immédiatement que la conception
et l  ’architecture de la ville sont bien antérieures à celles des
autres villes d  ’Avalon. Ses bâtiments sont construits avec
l  ’antique roche noire des falaises et sont ceints de hautes
murailles pour protéger les habitants des envahisseurs venus
de la mer. Wandesborrow se démarque également par l  ’accent
et le langage de ses habitants, plus prononcés, avec des sono-
rités chantantes souvent confondues avec de l  ’inish. En réalité,
la population de la ville descend du peuple cymry, une des
anciennes tribus avaloniennes et un des groupes culturels les
plus traditionnels de tout le royaume.
L  ’histoire enseigne qu  ’à une époque, les Cymrys s  ’éten-
daient sur une large partie de l  ’Avalon orientale, le mont
Cymru surplombant leur domaine ancestral. Lorsque des
émissaires de l  ’Ancien Empire arrivèrent, ils construi-
sirent nombre de leurs colonies en terre cymry, forçant
les membres de la tribu à se retrancher derrière les hautes
murailles du port de Wandesborrow. De nombreux Cymrys
se mêlèrent à d  ’autres tribus et s  ’intégrèrent au reste de
l  ’Avalon, mais les habitants de Wandesborrow restèrent en
grande partie cymrys.
Leurs anciennes traditions et chansons célébrant les
vieilles croyances subsistent, et les marins qui s  ’engagent
dans le port racontent souvent qu  ’ils entendent la musique
´
de Wandesborrow bien avant d  ’accoster.
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 37
 Wandesborrow est le plus grand port d  ’Avalon après
Carleon, et possède les meilleurs constructeurs de bateaux
des trois royaumes, du moins d  ’après les Wandies. La ville
est également un refuge pour les marins, les maîtres d  ’équi-
page et toute personne faisant escale pour récupérer après
un long voyage en mer. Les navires peuvent accoster au
« Havre du marin », comme beaucoup surnomment la ville,
et laisser leur équipage faire ribote. Une fois les grandes
portes qui séparent les quais de la ville elle-même franchies,
la cité prend des airs d  ’aventure tapageuse, foisonnante
de tavernes, brasseries et autres endroits dans lesquels un
marin peut dépenser sa solde fraîchement gagnée. Ceux
qui se montrent trop bagarreurs risquent de se retrouver
aux prises avec les argousins cymrys, de solides gaillards
prêts à en découdre même avec les matelots les plus
robustes. Les anciens cymrys dirigent la ville. Ce sont tous
d  ’anciens marins jouissant d  ’une expérience en mer de
plusieurs décennies.
L  ’importance de son héritage antique n  ’empêche pas
Wandesborrow d  ’être une ville en plein développement. Les
visiteurs et les nouveaux arrivants peuvent trouver du travail
sur les quais ou sur les navires récemment construits qui
lèvent l  ’ancre pour parcourir les mers. Certains racontent
que le chef du Conseil des Anciens, Tamarin Driscoll, aurait
parié avec Jeremiah Berek qu  ’en cinq ans, les Wandies
pourraient constituer une flotte pirate capable de rivaliser
avec celle des Chiens de mer. La ville a relevé le défi, se
concentrant sur la construction de nouveaux navires et leur
équipement. Wandesborrow est ainsi devenue l  ’endroit
rêvé pour les pirates désireux de se faire une réputation. À
l  ’extérieur des remparts, dans la taverne de Hugh Manson
baptisée la Hwyl et donnant sur la mer, jeunes Wandies et
nouveaux venus se retrouvent pour se raconter les histoires
de leurs premières aventures.
L  ’autre moitié de la vie de la ville est consacrée à la musique
et à la création artistique. Les amateurs d  ’art et de culture
traditionnelle peuvent traîner parmi les étals des jardins
d  ’Owens. Ce qui n  ’était jadis guère plus qu  ’un bosquet de
vieux arbres noueux entouré par les maisons des nantis est
devenu le rendez-vous des personnes passionnées par les
anciennes croyances. Leurs célébrations se font à travers les
chants et les danses, ainsi que par la conception de tapisse-
ries représentant les vieilles légendes. Officieusement, les
jardins d  ’Owens font également office de marchés noirs
pour quiconque souhaite acheter ou vendre d  ’antiques
reliques de l  ’ancienne Avalon. Certains vendent même des
objets provenant de toute la Théah.
´
38 CHAPITRE 1 : L’AVALON
L’Inismore
Ce pays est un véritable paradoxe : ses grandes villes de
pierre sont éparpillées au sein d  ’espaces sauvages et ouverts,
vastes de plusieurs lieues. Les légendes racontent que
l  ’ancien peuple des Tuatha mena une existence de luttes
incessantes aux côtés des Sidhes contre des monstres terri-
fiants. Ces influences sidhes sont encore présentes dans
les régions les plus sauvages d  ’Inismore, dans les cavernes
escarpées des Highlands des O  ’Bannon ou dans les tour-
bières et les marécages qui parsèment le paysage. Partout
sur l  ’île, on trouve de fières cités dans lesquelles un peuple
fort mène sa vie entouré par les ruines du passé, et prospère
grâce à l  ’âge d  ’or initié par la reine Elaine.
Donega
La capitale de l  ’ Inismore est une ville renaissante grâce aux
dix années de prospérité qui ont suivi l  ’unification. Cette
cité qui, hier, tombait en ruines, jouit désormais d  ’une
nouvelle jeunesse. Le retour de l  ’O  ’Bannon il y a vingt ans a
redonné de l  ’intérêt à la vieille capitale, auparavant nommée
Tara. Pendant des décennies, les gens n  ’y avaient vu que le
vestige historique et cérémonial d  ’un peuple brisé par une
invasion étrangère.
Lorsque l  ’O  ’Bannon s  ’empara du trône, la noblesse fit
son retour dans la ville avant de la rebaptiser Donega en
hommage aux territoires ancestraux des O  ’Bannon qui
l  ’entourent. Cependant, la conception même de la ville
et son architecture présentent plus les aspects d  ’une cité
assiégée que ceux de la capitale d  ’une Nation neuve et en
plein développement. Et pour l  ’essentiel, c  ’est comme cela
que l  ’O  ’Bannon l  ’apprécie.
La pierre Fål
Au cœur de la ville, dans le vaste parc de Tara, se dresse la pierre
Fål, symbole du véritable roi depuis les temps légendaires. Cette
large pierre lisse est plus grande qu  ’un homme et ressemble à
un simple rocher. Cependant, elle est imprégnée de la magie
même de l  ’Inismore. L  ’O  ’Bannon a prouvé qu  ’il était le véri-
table roi en déposant un baiser sur la pierre qui s  ’est mise à
pleurer et chanter en sa présence. Les habitants de Donega
racontent que la chanson de la pierre prédit l  ’avenir du roi. Mais
personne ne répète ce que la pierre a dit au sujet de l  ’O  ’Bannon
il y a dix ans. Des rumeurs récentes provenant des alentours
de Donega rapportent que la pierre s  ’est remise à pleurer et
chanter les nuits de pleine lune. Bien que les Chevaliers de Tara
aient tenus éloignés les curieux souhaitant entendre la chanson,
il reste évident que quelque chose ne va pas.
Le château de Tara personnes provenant des quatre coins de l  ’ Inismore, car des
Le château de Tara, qui a conservé l  ’ancien nom de la cité, est guerriers de tous les clans se présentent dans l  ’espoir de
une vieille forteresse délabrée dont nombre de sections sont rejoindre le nouvel ordre.
envahies par des décennies d  ’arbres et de lierre qui menacent Les chevaliers de Tara forment un groupe controversé, car
de faire s  ’écrouler ses vieux murs. Pourtant, pour une raison leurs méthodes tiennent plus des chevaliers de la cour de la
inexpliquée, non seulement l  ’antique bâtisse tient encore reine Elaine que des guerriers d  ’ Inismore. D  ’« innovation »
debout, mais qui plus est, au cours des vingt années qui ont à « offense aux traditions inishs », les avis de la population
suivi le retour de l  ’O  ’Bannon, le Glamour a imprégné la végé- sur ce nouvel ordre divergent beaucoup.
tation jusqu  ’à ce que nature et maçonnerie ne fassent qu  ’un. Contrôlés par la noblesse inish, les chevaliers de Tara
L  ’O  ’Bannon siège au cœur d  ’une salle du trône à ciel servent de force de stabilisation dans la capitale et la région
ouvert, tapissée d  ’ herbe, qui semble épargnée par les intem- alentour lorsque l  ’O  ’Bannon se lance dans ses excursions à
péries. Le trône lui-même est un arbre pluricentenaire au travers le pays, qui peuvent durer plusieurs mois.
siège usé. Un emplacement, actuellement vide, est prévu
pour accueillir l  ’antique couronne d  ’ Inismore. O  ’Shay  ’s Provings
Le reste du château héberge deux groupes rivaux de guer- Au sud du parc de Tara et au-delà des habitations et des
riers : les Fianna et les chevaliers de Tara, récemment fondés. commerces se trouvent les deux institutions de Donega
Les Fianna sont un très ancien chapitre de chevaliers qui qui représentent le mieux l  ’esprit de la ville : l  ’université de
ont laissé de côté leurs clans pour ne servir que le roi, leur Burke et O  ’Shay  ’s Provings.
ard rí. Gardiens du trône, de la couronne et de la pierre Fål, Dans la partie orientale de la ville, loin du château de Tara,
l  ’honneur de ces guerriers a souffert pour la première fois se trouvent les bruyantes O  ’Shay  ’s Provings (« épreuves
depuis des années lorsque la couronne d  ’ Inismore a disparu. d  ’O  ’Shay »), un immense complexe de bâtiments et de
Beaucoup des autres chevaliers, et même certains rotu- champs d  ’entraînement pour les guerriers, les mercenaires
riers, ont aujourd  ’hui perdu confiance dans la capacité des et quiconque souhaite perfectionner ses talents martiaux.
Fianna à protéger leur Roi. Dans sa quête obsessionnelle Dirigés par le légendaire bagarreur Mickey O  ’Shay, les
pour récupérer sa coiffe régalienne, l  ’O  ’Bannon se déplace combattants rassemblés aux Provings sont les meilleurs
non seulement sans sa flaith (sa garde d  ’honneur), mais il a d  ’Inismore, venus à Donega pour enseigner à tous ceux
également sorti ses Fianna de leurs salles d  ’entraînement pour qui veulent s  ’améliorer. Les examens d  ’entrée ressemblent
les envoyer parcourir le monde à la recherche de la couronne. grandement à ceux de l  ’université de Burke, excepté que les
Depuis que le Roi a commencé à voyager loin du château, ses tests sont beaucoup plus tournés vers la pratique.
conseillers ont pris l  ’initiative de créer les chevaliers de Tara, Ceux qui survivent peuvent apprendre auprès des meilleurs
un deuxième ordre loyal au pays tout autant qu  ’au souverain. enseignants en matière de combat armé, de lutte, d  ’équita-
La plupart des anciens terrains d  ’entraînement, lices et tion, d  ’archerie et de bien d  ’autres disciplines. Les diplômés
armureries des Fianna ont été attribués aux chevaliers de quittent l  ’école avec le symbole de leur exploit : un tatouage
Tara. Les couloirs du château se remplissent désormais de représentant un taureau galopant devant un soleil rayonnant.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 39
 L  ’université de Burke
Nichée à l  ’extrémité ouest de la cité, blottie contre les
murs, l  ’université de Burke accueille des penseurs et des
philosophes parmi les plus éminents d  ’Avalon. Les biblio-
thèques aux plafonds voûtés de ce centre d  ’enseignement
supérieur abritent des textes importés de toute la Théah.
Des professeurs venant de diverses universités du continent
sont invités à y donner des cours. Même si elle n  ’est pas
aussi somptueuse que les établissements de Castille ou de
Montaigne, l  ’université de Burke accueille certains des plus
grands chercheurs en magie. L  ’université est administrée
aussi bien par des Inishs que par des sommités du monde
entier, dont des maîtres Yachidi venus du lointain Empire
du Croissant. Les personnes souhaitant étudier à l  ’univer-
sité de Burke doivent fournir trois lettres de recommanda-
tion rédigées par des érudits, des dirigeants ou des penseurs
et passer un examen d  ’entrée rigoureux. Une fois l  ’univer-
sité intégrée, les cours sont gratuits, et un étudiant peut
y séjourner aussi longtemps qu  ’il le souhaite. Il voyagera
alors souvent à l  ’étranger pour étendre ses connaissances et
revenir avec de nouvelles découvertes à étudier.
Liumech
La ville de Liumech est devenue le foyer du pouvoir poli-
tique et naval du pays. Cette ville portuaire, située au nord
de Dunkeen, est tombée dans le délabrement peu après la
Guerre de la Croix. Devenue le théâtre d  ’activités crimi-
nelles, elle était fréquentée par des mercenaires, des marins
et des navires à la recherche d  ’un point de départ vers les
océans de l  ’ouest. Dirigée par les O  ’Malley, Liumech était
tristement célèbre pour être gérée par un clan corrompu et
débauché, jusqu  ’à l  ’arrivée de la nouvelle dirigeante il y a
cinq ans.
Aileen O  ’Malley organisa un coup d  ’État contre son
ivrogne d  ’oncle Stanley et fit de Liumech une plaque tour-
nante du commerce terrestre et maritime. Diplomate née,
capitaine féroce et accomplie, Aileen, ancienne Reine pirate
des îles Shannagary, a amené sa petite flotte de navires à
Liumech pour protéger les côtes des forbans, s  ’attirant ainsi
l  ’amour et la loyauté de la population. Elle a progressive-
ment transformé Liumech en une ville plus sûre et paisible,
en faisant l  ’une des cités les plus cosmopolites d  ’ Inismore.
Des navires de toute la Théah accostent à Liumech sur
le chemin qui les mène à la mer Atabéenne ou au-delà, et
des marchandises venant de tout Terra transitent par les
quais de la ville pour être vendues à un bon prix sur le
marché. Avec le soutien d  ’autres clans établis dans la cité,
´
40 CHAPITRE 1 : L’AVALON
les O  ’Malley font respecter l  ’ordre et le bon droit, aussi
bien en matière de commerce que d  ’affaires judiciaires. Une
assemblée ad hoc constituée de ces clans, de la guilde des
marchands et de la ligue des capitaines sert de conseil à
Aileen, qui siège dans le château du Haut Seigneur.
Old Town
Depuis la renaissance de la ville, les éléments les plus
louches se sont agglomérés du côté ouest de la cité jusqu  ’aux
quais, formant ce que les habitants appellent Old Town (la
« Vieille Ville »). Les changements qui ravivent Liumech
n  ’ont pas encore atteint Old Town, avec ses rues tortueuses
souvent sombres et ses bâtiments délabrés au bord de
l  ’effondrement. Cela dit, on trouve de tout dans ce quartier,
et les personnages les moins fréquentables de Théah qui
cherchent un endroit où se reposer avant de prendre la mer
voient dans Old Town la réponse parfaite à leurs attentes.
Nombre des vieux bâtiments de Liumech tombés en ruines
trouvent désormais une nouvelle vie : le Stelladora, un
cabaret dans lequel des artistes de toute l  ’ Inismore viennent
se produire, s  ’est installé dans ce qui était probablement
une bibliothèque, et la salle de réunion de la Fraternité de
la côte est établie dans les vestiges d  ’un ancien manoir de
la noblesse.
Le bâtiment le plus disputé de Liumech est l  ’église Sainte
Rose, à la frontière d  ’Old Town. Cet ancien bâtiment vaticin
était le joyau de la ville pendant l  ’âge d  ’or de l  ’institution,
avant que cette dernière ne se fasse expulser d  ’Inismore
en faveur de l  ’Église d  ’Avalon. Récemment, l  ’Église vati-
cine a déposé une requête auprès du clan O  ’Malley pour
que la cathédrale soit reconstruite, payant un tribut si
élevé qu  ’Aileen O  ’Malley ne pouvait refuser. Depuis, les
dirigeants religieux revenus sur les lieux font face à un
problème : le bâtiment a trouvé de nouvelles occupantes
depuis son abandon, et ces dernières ne sont pas décidées
à partir.
Les jennys ont fait de l  ’église de Sainte Rose un endroit
sûr et un refuge, ainsi qu  ’un point de rassemblement de
circonstance, et elles ne voient pas de raisons d  ’évacuer
leur nouveau foyer. Pour l  ’instant, l  ’Église a été autorisée à
poursuivre la reconstruction de l  ’impressionnante structure,
à condition de ne pas en déloger les jennys. Mais les deux
groupes se disputent le futur de l  ’imposante cathédrale.
Le High Lord  ’s Castle
Le High Lord  ’s Castle (« château du Haut Seigneur ») est
un antique manoir datant de l  ’époque du premier O  ’Bannon
et dont la superbe architecture en pierre sculptée a souffert
du temps et du manque d  ’entretien. Avant l  ’arrivée d  ’Aileen,
l  ’édifice était un tas de ruines décrépites. Aujourd  ’hui, les
fonds amenés par la Reine pirate ont permis de reconstruire
le château. Le clan O  ’ Malley l  ’a transformé en un centre de
pouvoir moderne et raffiné, le décorant de ses bannières et
de couronnes de houx frais. Le clan offre à ses visiteurs les
mets et les boissons les plus délicats de Liumech, qui sont
souvent des produits d  ’importation hors de prix. Si Aileen
accueille des invités importants dans la grande salle de
réception, elle ne repousse jamais les demandeurs même les
plus humbles. La piraterie lui a peut-être permis d  ’accéder
au pouvoir, mais elle dirige Liumech de manière honnête
et juste.
Lady Morwyn  ’s Gardens
Le plus récent ajout à Liumech prend la forme d  ’un gigan-
tesque projet de construction au nord de la cité. Un matin,
les habitants de Liumech se sont réveillés pour découvrir
qu  ’une bonne partie du coteau au nord de la ville avait été
transformé en une série de magnifiques jardins rocheux abri-
tant bassins et oiseaux ravissants. La magie sidhe était indu-
bitablement à l  ’œuvre en cet endroit. Lady Morwyn, une
femme apparue aussi mystérieusement que le parc, dirige la
superbe demeure dressée près des jardins aquatiques.
Lady Morwyn proposa d  ’ouvrir les portes des jardins
magiques à tous, tout en ordonnant explicitement que
personne n  ’y reste après la tombée de la nuit sans sa permis-
sion expresse. Depuis, les jardins luxuriants sont devenus le
havre des poètes, musiciens, écrivains et artistes qui puisent
tous une nouvelle inspiration dans la beauté surnaturelle
de cet endroit.
Un événement appelé le Sea  ’s Grace Festival (« Festival
de la grâce maritime ») se déroule ici à la fin de l  ’automne.
Des gens venus de partout s  ’y retrouvent pour célébrer les
artistes de Liumech avant que le froid ne s  ’installe. Lady
Morwyn assume le rôle de Dame de la Mer et surveille les
festivités avec Aileen O  ’Malley. L  ’inimitié qui oppose les
deux femmes n  ’est un secret pour personne. Aileen ne fait
pas confiance à Morwyn, craignant qu  ’elle ne nourrisse des
ambitions politiques. Mais toutes deux mettent leur antipa-
thie de côté une fois par an, le temps du festival.
Les Marches des Highlands
Les terres des Marches sont divisées en de nombreuses
petites propriétés, chacune dirigée par l  ’un des clans des
Highlands. Ceux-ci se partagent l  ’intégralité des fermes,
villes et terres impropres à la culture. Les plus grandes
propriétés sont devenues des villes qui abritent parfois
plusieurs clans, généralement une famille puissante et toutes
ses ramifications. Des châteaux, demeures ancestrales des
clans, parsèment le paysage. Certains ne sont guère plus
grands que des maisons de campagne, d  ’autres forment le
cœur de grandes villes.
Kirkwall
Dressée en surplomb de paysages battus par les vents qui
s  ’étendent à perte de vue, la ville de Kirkwall est une fière et
ancienne cité partagée entre son héritage royal et son avenir
en perpétuel changement. Le centre politique des Marches
des Highlands est en proie à une guerre intestine : les
partisans de la stratégie MacDuff (consistant à s  ’aligner sur
l  ’Avalon) récoltent les fruits de l  ’âge d  ’or des îles du Glamour,
tandis que les autres se raccrochent au passé. Le conflit entre
la modernité et l  ’histoire qui fait rage dans les Marches
s  ’illustre parfaitement dans l  ’architecture de la ville. Ainsi,
ses quartiers voient désormais apparaître, à côté des véné-
rables halls de réunions et des vieilles demeures, de nouveaux
bâtiments arborant des styles récents issus de toute l  ’Avalon.
La Chambre du parlement
Contrairement à d  ’autres capitales, le cœur de Kirkwall n  ’est
pas le château de son roi, mais le bâtiment du parlement.
Ce dernier accueille la Haute assemblée des conseillers,
une chambre de cinq cents chefs de clan et aristocrates en
provenance de l  ’intégralité des Marches. Les places y sont
héréditaires et permettent au roi, qui dirige chaque session,
d  ’avoir un référent dans toutes les régions des Highlands.
La politique est mouvementée dans le pays. Il n  ’est pas
rare que les esprits s  ’échauffent pendant les débats, voire que
des coups soient échangés ou des duels lancés. La question
qui enflamme le plus les ardeurs est celle du soutien à la
reine Elaine.
Dans la mesure où la plupart des représentants sont des
propriétaires terriens et des chefs de clan, ils passent l  ’essen-
tiel de leur temps dans leurs régions et terres claniques
respectives et ne se réunissent qu  ’une fois par an. L  ’arrivée
du parlement à Kirkwall pour la saison législative et poli-
tique transforme donc la capitale.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 41
 Le Noble  ’s Mile de la Reine d  ’Avalon, sans être trop ostentatoire. Inverness
Lorsque la Haute assemblée se rassemble pendant une est aussi imposant qu  ’un grand manoir et possède une
semaine au printemps, la ville entière doit se préparer petite cour permettant aux gardes du Roi de se rassem-
à accueillir des centaines de dignitaires et personnages bler et de s  ’entraîner en plein air. Le roi James lui-même
éminents des quatre coins du pays, voire de la Théah. Entre séjourne souvent à Inverness lorsqu  ’il est dans la région et
les nobles et leurs familles, les diplomates, les marchands et y reçoit au besoin visiteurs et dignitaires, même s  ’il préfère
les négociants, ce sont des dizaines de milliers de personnes que les rencontres politiques se déroulent à la Chambre
qui investissent la ville. du parlement.
Du fait de cet afflux annuel, Kirkwall doit constamment
construire de nouveaux bâtiments pour accueillir la horde de Le manoir Mac Dougal
visiteurs. La plupart de ces notables possèdent des maisons Les menaces sont bien présentes à Kirkwall. On y trouve par
sur le Noble  ’s Mile, une rue de plus d  ’un kilomètre longée par
exemple le quartier général et point de rencontre du mouve-
des demeures luxueuses située entre la Chambre du parle- ment des Séparatistes sur le Noble  ’s Mile. MacDougal est
ment et le chapitre des Chevaliers de la Rose et de la Croix. un ancien manoir qui se situe près de l  ’extrémité du Mile. Il
Comme les familles ne restent à Kirkwall que pendant appartenait autrefois au clan MacDougal et à son seigneur,
une durée limitée chaque année, certaines demeures restent qui s  ’attira l  ’ hostilité du roi James et fut exilé à force de tenir
vides jusqu  ’à la saison suivante de la Haute assemblée. Pour des discours anti-unification au parlement. Les Séparatistes
entretenir leurs résidences dans la capitale, certains notables ont transformé la situation difficile de MacDougal en cri
permettent aux gens qu  ’ils soutiennent d  ’y vivre. Bon de ralliement et se sont emparés du manoir pour en faire
nombre de deuxièmes ou troisièmes-nés et leurs familles leur principal point de rassemblement et de réunion. La
se retrouvent ainsi à habiter à Kirkwall. demeure était jadis somptueuse et bien aménagée, mais est
désormais délabrée. Les Séparatistes l  ’ont débarrassée de
Le château d  ’Inverness tout élément de confort, à l  ’exception du strict nécessaire,
Le bâtiment à l  ’extrémité du Noble  ’s Mile est le petit et se servent de la grande salle pour organiser les débats
château d  ’ Inverness, récemment construit pour le roi James. et les réunions. Les gardes royaux voient ce manoir d  ’un
C  ’est une version réduite de l  ’ancestral château MacDuff, mauvais œil, car sa taille et son orientation les empêchent de
situé dans leur terre natale de l  ’autre côté des Marches. Les s  ’assurer qu  ’il ne s  ’y déroule aucune activité répréhensible.
Unionistes l  ’ont offert après l  ’unification en remerciement Les réunions sont dirigées par les MacBride, qui se sont
des considérables profits réalisés grâce au commerce et à installés dans la vieille demeure.
la croissance. L  ’idée derrière la création de ce château était
de proclamer la grandeur de leur Roi comme égale à celle

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42 CHAPITRE 1 : L’AVALON
Sainte Marigold Les îles Shannagary
Au-delà des riches demeures, une dernière et imposante À l  ’embouchure du canal des Highlands, entre les côtes
structure se dresse avant que le paysage urbain ne fasse place occidentales de l  ’ Inismore et les Marches des Highlands, se
aux murailles. Sainte Marigold est le plus haut monument trouvent les sauvages îles Shannagary. Cet archipel a beau
de la ville après la Chambre du parlement. C  ’est également n  ’être guère plus qu  ’un affleurement rocheux à la limite du
la dernière église vaticine des Marches. vaste océan, de mémoire d  ’ homme, il a toujours été un point
Le pays n  ’a jamais adopté l  ’Église d  ’Avalon, lui préférant stratégique majeur aux portes de l  ’Avalon.
l  ’objectionnisme depuis que Mattias Lieber a fui l  ’Église. Les Shannagary sont composées de quelques grosses îles
À la fin de la Guerre de la Croix, les rares représentants et d  ’une douzaine plus petites, certaines si insignifiantes
vaticins restants furent expulsés des Marches. qu  ’elles n  ’apparaissent pas sur les plus grandes cartes de
Au cours des dernières années, l  ’Église a cherché à réinté- Théah. Seuls les marins les plus chevronnés, ou ceux possé-
grer l  ’île et à se consacrer à ses ouailles toujours présentes. dant une carte détaillée, peuvent déterminer un trajet sûr
Elle fut surprise lorsque le roi James accepta son retour, d  ’un côté à l  ’autre des îles Shannagary.
même si la foi avait probablement moins à voir avec cette
décision que les sommes d  ’argent proposées par l  ’Église. L  ’histoire des îles
Les émissaires se hâtèrent de se rendre à Kirkwall pour Les premiers colons arrivés sur ces îles fuyaient l  ’Inismore
y ériger une structure grandiose qui attirerait l  ’attention lors de l  ’occupation par l  ’Ancien Empire. Les noms qu  ’ils
de la population. À l  ’insu de la plupart des habitants de la donnèrent aux trois principales îles de l  ’archipel correspon-
capitale, l  ’ Inquisition finance largement les émissaires dans daient aux trois stades dans l  ’évolution de la peine qu  ’ils
le but de constituer un fanal contre les forces magiques des éprouvaient pour leur patrie.
Sidhes dans les trois pays unifiés. Ils s  ’installèrent d  ’abord sur l  ’île la plus méridionale et la
baptisèrent le Keening Rock (« Récif larmoyant »). L  ’île
Fairegrounds centrale, la plus grande de toutes, reçut le nom de Misneach,
Au-delà des somptueuses résidences de la noblesse et de que l  ’on peut grossièrement traduire par « avancer malgré
l  ’Église s  ’étend la périphérie de la ville, une zone ouverte l  ’adversité ». Enfin, à l  ’île la plus septentrionale de l  ’archipel,
où les marchands, les commerçants et les artistes peuvent la plus proche des Marches, ils donnèrent le nom d  ’Uisce,
faire affaire. Cette zone, appelée Fairegrounds (« champs de ou « Source de Vie ». Ces réfugiés inishs n  ’étaient que
foire »), reste peu exploitée toute l  ’année, jusqu  ’au début de les premiers colons à fuir vers les îles Shannagary pour
la saison de la Haute assemblée. échapper à la guerre, à la famine et à la tragédie qui se
Durant une semaine, un immense marché surgit alors déroulait en Inismore.
autour de la ville pour subvenir aux besoins de cet afflux de Ces survivants hardis s  ’unirent et formèrent une lignée
population. Les marchands proposent nourriture fraîche, particulière d  ’Avaloniens consacrés à trois idéaux : comhar,
produits artisanaux et divertissement aux gens de Kirkwall. ceol et cara. Comhar désigne l  ’esprit de travail collectif dans
Le champ de foire est devenu si populaire que des visiteurs un objectif commun qui unit les Shannagary dans leurs
viennent de toute l  ’Avalon pour assister aux représentations tâches. Ceol représente le rythme intérieur, la musique
théâtrales ou musicales et admirer les expositions d  ’art vigoureuse de la vie qui vivifie et pousse les gens à avancer.
durant la saison parlementaire. Enfin, cara est un appel à un lien d  ’amitié entre les habitants
Ce spectacle fabuleux d  ’une semaine est la preuve de la des îles, liant les natifs et les nouveaux venus en une seule et
richesse de la culture des Highlands et des espoirs que les même communauté.
Marches nourrissent pour leur avenir. Même la reine Elaine Les îles Shannagary ont gagné une réputation de foyer
prend le temps de participer aux sessions du parlement dans pour les personnes perdues et solitaires, attirant des Théans
l  ’espoir de promouvoir la bonne entente avec la population de tous bords en quête d  ’une deuxième chance dans leur vie.
écrasée par la crise économique. L  ’architecture locale mélange toutes sortes de traditions, et
comme tout ce qui se trouve dans l  ’archipel, elle est battue
par les vents et blanchie par le soleil.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 43
 Un centre culturel population de vivre en autosuffisance. Ainsi, les commu-
L  ’antique cité de Taisce, sur le Keening Rock, est un village nautés de l  ’archipel ne survivent que grâce à une solide
de pêcheurs qui rappelle les plus anciennes colonies inishs. économie d  ’échange entre les trois principales îles.
Sur Uisce, San Spleodar est un ancien avant-poste castillian Uisce tire son nom d  ’une abondante source d  ’eau douce,
capturé il y a vingt ans par des Inishs et des Highlanders courant du milieu des terres jusqu  ’à la mer. Les habitants
fuyant la Guerre. Port Saoirse, sur l  ’île de Misneach, mettent l  ’eau en barrique et l  ’exportent vers le sud, jusqu  ’à
accueille des corsaires et vagabonds du monde entier, repré- Mesneach, qui fait office de carrefour commercial et de pôle
sentant à merveille ce mélange de cultures. urbain de rencontre.
Après la création par la reine Elaine d  ’une flotte indépen- Malgré son triste nom, le Keening Rock regorge d  ’arbres
dante de navires corsaires, nombre d  ’entre eux se rendirent résistants et épais qui brûlent longtemps quoiqu  ’avec force
dans les îles Shannagary dans l  ’espoir de se faire de l  ’argent
fumée. Une fois complètement sec, ce bois à l  ’odeur agréable
facile sur le dos d  ’une population éloignée de l  ’influence peut servir de combustible efficace et fait un matériau formi-
de la souveraine. À leur grand dam, ils eurent affaire à un dable pour la construction de bateaux.
groupe d  ’insulaires féroces qui les repoussèrent à chaque Les insulaires apportent ces ressources à Port Saoirse pour
fois. Les corsaires commencèrent à accoster en brandissant les vendre sous la bannière neutre du commerce. Quiconque
des drapeaux de paix, sachant que les autochtones leur brise cette trêve s  ’expose à un châtiment sévère et à une
fourniraient un port sûr aussi longtemps qu  ’ils resteraient. expulsion. Du reste, tous les visiteurs sont les bienvenus,
Nombre d  ’entre eux tombèrent sous le charme des îles et quelle que soit leur affiliation.
décidèrent de s  ’y installer. Les explorateurs côtoient les autochtones et les emploient
Mais il y avait un problème : après s  ’être implantés, les à les guider lors d  ’expéditions dans le vaste réseau de grottes
îliens jurèrent de rester neutres dans les conflits et de se d  ’Uisce à la recherche d  ’anciennes ruines syrneth. Bon
consacrer à la paix. Un habitant des Shannagary typique se nombre de dignitaires disparus et autres individus influents
voue à constituer un havre au milieu des mers battues par en fuite ont trouvé refuge dans les Shannagary, attirant des
les vents et à ne prendre les armes que pour se défendre et chasseurs de primes qui risquent d  ’impliquer l  ’archipel dans
protéger ses hôtes. Il consacre son énergie au travail acharné leurs propres conflits. Les îles servent également de point de
et à la vie en communauté. départ à de nombreuses expéditions vers le Nouveau monde
Le taoiseach de chaque île, que l  ’on peut traduire par et la mer Atabéenne.
« premier parmi nous », se voue âprement à contenir les Ces navires qui mettent le cap vers l  ’autre côté de l  ’océan
problèmes politiques étrangers à l  ’extérieur de ses frontières,
se réapprovisionnent ou complètent leurs équipages à Port
et quiconque dérange la paix des îles à cause de ses propres Saoirse, et les villes sont connues pour être les premières à
problèmes risque de se faire expulser s  ’il fait passer ses admirer les merveilles ramenées de l  ’Ouest lointain. Le port
besoins personnels avant le reste de la communauté. est un endroit animé et dynamique où fourmillent matelots,
marchands, voyageurs et gens du cru, chacun tentant de
La vie dans les îles Shannagary se faire entendre par-dessus le rugissement du vent marin.
La survie dans les rudes îles Shannagary passe par un grand Les nouveaux arrivants doivent gravir les marches de
dévouement communautaire. Les puissants courants du pierres depuis les quais en contrebas jusqu  ’à la ville au
canal des Highlands rendent difficile tout accostage dans sol rocheux, dont les bâtiments trapus sont blottis les uns
les baies. contre les autres pour lutter contre le froid. Le soir, les gens
Ces îles balayées par les vents présentent peu de végéta- se rassemblent dans des tavernes ou dans de vastes débits
tion. Les colons s  ’y sustentent de moutons et de chèvres de boisson pour partager des anecdotes et célébrer ceol en
robustes ainsi que d  ’un régime composé de poisson, d  ’algues musique, en danse ou avec des histoires. Les fêtes à Port
et d  ’autres créatures marines. Ils tiennent à leur vie insu- Saoirse sont bruyantes et durent jusqu  ’à tard dans la nuit.
laire, refusant même de commercer avec l  ’Inismore ou les Mais les habitants des Shannagary se lèvent tous tôt le
Marches des Highlands s  ’il est possible de faire autrement. lendemain matin pour affronter ensemble la nature rude
Aucune île ne possède une production qui permettrait à sa et difficile de leur vie.

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44 CHAPITRE 1 : L’AVALON
Les Bancs de la Banesidhe
Si les îles Shannagary sont peuplées d  ’habitants et de
corsaires qui travaillent dur et tentent de survivre, les Bancs
de la Banesidhe en sont le jumeau maléfique. Situés au large
d  ’une baie rocheuse et battue par des tempêtes au nord des
Marches des Highlands, les Bancs de la Banesidhe sont des
îles cauchemardesques cernées de récifs acérés.
Les légendes racontent que l  ’île de la Baneshide, située
au centre des Bancs éponymes, était autrefois une prison
utilisée par les Sidhes pour enfermer leurs pires criminels.
Elles rapportent également que des prisonniers sidhes y
vivent encore et s  ’en prennent à quiconque pose le pied sur
leurs côtes. Longtemps, l  ’île fut considérée comme inhospi-
talière et dangereuse par les habitants des Marches.
Mais ces histoires n  ’ont pas refroidi les ardeurs des plus
vils. Pirates et corsaires à la recherche d  ’une cachette se sont
installés sur l  ’île, vivant au mépris des dangers de cet endroit
majoritairement craint. Pire encore : ces dernières années,
des pillards ont commencé à s  ’y rassembler dans le but d  ’y
implanter une base à partir de laquelle ils pourraient lancer
des attaques le long des côtes des royaumes. Ces maraudeurs
ne respectent ni monarque ni pays, et refusent la souveraineté
de la reine Elaine, du roi James ou de l  ’O  ’Bannon.
Les Séparatistes ont risqué leurs vies en cherchant à
contacter les pillards des Bancs pour les aider à attiser la
haine à l  ’encontre de la Reine, et ont rencontré un certain
succès dans cette entreprise. Ces complots sont assez
ironiques, compte tenu de la prépondérance des trahisons
dans les légendes concernant cette île. Seuls les maraudeurs
vivant sur l  ’île de la Banesidhe savent quelle part de vérité
se cache dans ces légendes.
La Maison des Morts
La seule partie de l  ’île qui ne soit pas sous le contrôle des
pillards est une petite crique tournée vers l  ’océan, à l  ’ouest.
Bien que les tempêtes des Bancs de la Banesidhe balaient le
petit repaire caché au milieu des falaises escarpées, la petite
maison collée à la paroi rocheuse semble ne pas en souffrir.
Quiconque s  ’approche de la cahute est pris d  ’un horrible
vertige, et beaucoup s  ’évanouissent avant même d  ’y entrer.
Ceux qui y parviennent décrivent un endroit où l  ’on peut
s  ’asseoir et discuter avec ses proches décédés en partageant
un agréable repas, offert par une Sidhe toute de blanc vêtue.
Un visiteur peut rester aussi longtemps qu  ’il le désire,
mais qu  ’il consomme le moindre morceau de nourriture
ou la moindre goutte de boisson, et son temps sera compté.
Un an jour pour jour après son arrivée, peu importe où il
se trouve après avoir quitté les Bancs de la Banesidhe, un
gémissement terrifiant le trouve, et la forme spectrale de
l  ’hôtesse vient lui arracher la vie.
Fiddler  ’s Point
Si un navire réussit à traverser les Bancs et les maraudeurs, il
peut accoster à Fiddler  ’s Point (la « pointe de Fiddler »), qui
tient son nom de Shannon Fiddler, la première à avoir réussi
à poser pied ici. La reine voleuse fonda un port délabré qui
devint un petit village de pillards à mesure que ses troupes
gonflèrent. Le port s  ’agrandit lorsque la capitaine Fiddler noua
une alliance avec des navires pirates du Vestenmennavenjar
partis de Klorhulg pour mettre leurs côtes à sac.
Les deux groupes fusionnèrent pour devenir la plus grande
flotte de pillards des alentours de l  ’Avalon, et Fiddler  ’s Point
se développa pour devenir une ville permanente lourdement
fortifiée. Le chef vesten, Holbrung, scella cette alliance en
épousant Fiddler et en déplaçant toutes ses ressources sur l  ’île.
Les histoires diffèrent sur la manière dont ils découvrirent la
forteresse sidhe au cœur de l  ’île, mais ils s  ’accordent tous les
deux à dire qu  ’ils furent guidés par les gémissements d  ’une
créature apparemment souffrante.
Au milieu des tours tordues du bastion, ils découvrirent un
ancien et magnifique Sidhe, pâle comme l  ’écume, enchaîné
au sol de pierre d  ’une oubliette. La gardienne du prisonnier
était une vieille mégère rabougrie qui leur révéla que les
tempêtes entourant les Bancs étaient provoquées par les cris
du captif. Ces dernières protégeraient quiconque accepterait
de garder le prisonnier, aussi longtemps que le volontaire
resterait en vue de l  ’île.
Fiddler et Holbrung acceptèrent cette charge. Une fois
l  ’accord conclu, ils s  ’endormirent tous les deux. À leur réveil,
la vieille femme s  ’était transformée en une petite fille. Le
couple retourna à Fiddler  ’s Point avec leur nouvelle enfant
sidhe, Kit, désormais liés à l  ’île jusqu  ’à ce que quelqu  ’un
d  ’autre accepte la garde du captif.
Avec le pouvoir des tempêtes sous son contrôle, la flotte
des pillards est une force dévastatrice. Ses navires attaquent
sans prévenir, dépouillant un village avant de disparaître à
nouveau sous le couvert de la tourmente.
La rumeur veut que Fiddler cache son propre trésor dans
une série de grottes sous la ville. Des pillards ont déjà
essayé de fouiller l  ’endroit, mais tous se sont fait sévèrement
sermonner par une terrifiante enfant de dix ans dont l  ’esprit
est celui d  ’un adulte.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 45

Sorcellerie du Glamour
Lorsqu  ’une personne touchée par le pouvoir du Graal répond à
son appel et devient l  ’incarnation d  ’un Chevalier d  ’Elilodd, elle ne
sait pas qu  ’en revêtir les atours n  ’est que la première étape d  ’un long
cheminement. Le Graal a en effet des plans pour vous, et si vous
décidez de poursuivre sur cette voie, vous découvrirez qu  ’elle recèle
plus de mystères et de dangers que vous ne pouviez l  ’imaginer.
Dette du Graal
Le Graal est la source du Glamour et est prêt à vous offrir
toujours plus de puissance. Il suffit de le lui demander. Vous
pouvez choisir d  ’activer un Glamour à un Rang plus élevé
que celui que vous possédez, auquel cas vous contractez
une Dette du Graal. Vous recevez 1 Dette du Graal pour le
premier Rang supplémentaire, 2 pour le deuxième, 3 pour
le troisième et ainsi de suite.
Tant que vous possédez une Dette du Graal, vous êtes
débiteur auprès des Sidhes. Vous avez accepté un cadeau de
leur part, mais ne l  ’avez pas encore remboursé. Et le Beau
Peuple ne donne jamais rien gratuitement…
Malédictions sidhes
Plus votre Dette du Graal augmente, plus il devient dangereux
de la conserver. Avant l  ’activation de n  ’importe quel Glamour,
lancez 1d10. Si le résultat obtenu est inférieur ou égal à votre
Dette du Graal actuelle, réduisez-la à 0 et subissez l  ’une des
Malédictions sidhes suivantes, au choix du MJ. Chaque malé-
diction ne peut être obtenue qu  ’une fois, mais l  ’effet de certaines
augmente avec le nombre total de malédictions.
• Eau courante : il vous est difficile de traverser des
cours d  ’eau. Vous ne le pouvez qu  ’au prix d  ’un
point d  ’Héroïsme.
• Touché par les fées : les autres ressentent qu  ’une aura
surnaturelle vous entoure. Les personnes superstitieuses
se mettent à vous éviter, à faire un signe de cornes pour
chasser votre mauvais œil ou même à vous lancer du sel.
Vous devez dépenser une Mise supplémentaire pour
toute Action sociale visant à persuader, convaincre ou
gagner la confiance de vos interlocuteurs. Vous pouvez
vous affranchir de cette contrainte pour une durée d  ’une
Scène au prix d  ’un point d  ’Héroïsme.
• Vulnérabilité au fer : comme les Sidhes, vous avez
contracté une vulnérabilité au fer froid. Les armes en
fer froid vous infligent automatiquement une Blessure
Dramatique, de la même manière que les Armes à feu.
Le simple fait de vous trouver en présence d  ’une grande
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quantité de fer vous fait souffrir. Lors de toute Scène
46 CHAPITRE 1 : L’AVALON
FER FROID
Le fer forgé (ou fer travaillé) est le type de fer le plus
courant. Il est omniprésent, utilisé aussi bien pour les
fers à cheval ou les simples clous que pour les outils de
base. Il contient peu de carbone et, contrairement à
l’acier fabriqué au creuset ou au fourneau, il n’a jamais
été allié ni complètement fondu. L’acier, souvent
destiné à des applications haut de gamme comme les
épées ou les ressorts d’horloge, peut être durci en le
chauffant avant de le tremper. Ce n’est pas le cas du
fer, mais il peut l’être en le frappant avec un marteau
quand il est froid.
Le fer durci à froid se retrouve souvent dans des outils
du quotidien qu’un paysan pourra aisément se procurer.
Mais aucun noble ne s’abaisserait à manier une arme
faite d’un matériau aussi grossier.
où vous êtes à proximité de fer (y compris si vous tenez
une arme en fer ou en acier), vous subissez 1 Blessure
automatique par tranche de 2 Malédictions sidhes que
vous possédez (arrondies à l  ’inférieur).
• Attitude dérangeante : le MJ peut dépenser 1 Point
de Danger pour activer cette Malédiction. Pour la
durée de la Scène, vous acquérez un Rang d  ’Attitude
dérangeante égal au nombre de Malédictions sidhes
que vous possédez actuellement. Tout Héros ou allié
non-sorcier à proximité subit alors un malus à ses
Risques équivalent à vos Rangs en Attitude déran-
geante, comme avec la Propriété monstrueuse Peur.
Les Capacités qui réduisent la Peur peuvent égale-
ment diminuer cet effet.
• Diurne/Nocturne : vous développez une affinité ou
une aversion pour la lumière du soleil, en fonction
de l  ’heure à laquelle vous obtenez cette malédic-
tion. Si vous êtes diurne, vous vous épuisez rapide-
ment lorsque vous n  ’êtes pas exposé aux rayons du
soleil. Dans ces circonstances, vos coûts en points
d  ’Héroïsme sont doublés. Si vous êtes nocturne, la
lumière du jour devient gênante, voire douloureuse.
Chaque point d  ’Héroïsme que vous dépensez en
étant directement exposé à la lumière du soleil vous
inflige également une Blessure Dramatique.
• Vulnérable aux amulettes : une guirlande de soucis,
un clou de fer dans la poche ou un fer à cheval
accroché au-dessus d  ’une porte… les moyens pour
se protéger des Sidhes mineurs sont nombreux. Tous
les Risques que vous prenez contre une personne ou
dans un endroit protégé de la sorte nécessitent un
total de 15 pour constituer une Mise, sans que le MJ
ait besoin de dépenser un point de Danger.
Points de Danger
De plus, au début de chaque partie, le MJ ajoute 1 point de
Danger supplémentaire à sa réserve de Danger pour chaque
Malédiction sidhe dont vous souffrez. Il peut les utiliser
dans n  ’importe quelle Scène où vous êtes présent et contre
n  ’importe quel Héros de votre groupe.
L  ’utilisation de ces points de Danger sera souvent accom-
pagnée de signes surnaturels évidents : les flammes dansent
comme sous l  ’influence d  ’une forte brise, le lait tourne, les
animaux alentour prennent peur, la température baisse de
plusieurs degrés, des champignons vénéneux poussent dans
votre sillage, la luminosité baisse comme si un nuage passait
devant le soleil, ou tout autre phénomène similaire.
Conjurer les Malédictions
Un Héros peut conjurer ses Malédictions sidhes de deux
manières différentes : soit en remboursant directement
le Sidhe grâce aux Histoires sidhes, soit en acceptant
d  ’incarner complètement son Chevalier.
Une Histoire sidhe se déroule en plus de votre Histoire
de Héros en cours. Une fois achevée, elle retire toutes
les Malédictions sidhes qui vous affligent. Les Étapes de
l  ’Histoire sont décidées par le MJ et doivent être au nombre
de 1 plus le nombre de Malédictions sidhes à conjurer. Les
Étapes et l  ’Objectif final de l  ’Histoire représentent la
manière dont vous allez rembourser le Sidhe pour ce que
le Graal vous a offert.
Que désire le Sidhe ? Ce peut être quelque chose de tout
à fait trivial et capricieux, comme apporter une couronne
de trèfles à quatre feuilles à un tumulus sidhe près de
Cerrwidden Dun. Ce peut être une tâche mystérieuse,
comme cueillir un gland du plus vieux chêne au cœur de
la forêt de Grumweald pour le planter dans une pelouse de
Carleon. Ou ce peut être une mission dangereuse, comme
éliminer la sirène qui hante le Bran Bridge. Cela peut égale-
ment impliquer des événements du monde des mortels.
Les Sidhes sont de longue date impliqués dans le bien-être
de l  ’Avalon, même si leur définition à cet égard peut légère-
ment varier de celle des habitants des royaumes. Ils pour-
ront requérir d  ’un Chevalier qu  ’il accomplisse une quête
dangereuse au cœur de la Montaigne ou dans les régions
orientales de la Sarmatie, où leur influence est faible. Le MJ
doit décider de la manière dont ces objectifs accompagnent
ou s  ’opposent aux autres histoires, ainsi que du moyen par
lequel les Sidhes transmettront leur volonté au Chevalier.
Incarnation
Il existe une autre manière de rembourser la dette due au
Graal : devenir un avatar plus parfait du Chevalier que vous
incarnez. Vous pouvez changer votre Vertu, votre Travers
ou l  ’un de vos Coups d  ’éclat pour correspondre à ceux
du Chevalier dont vous avez repris le flambeau. Chaque
Chevalier est détaillé ci-après. Chaque fois que vous
changez un aspect, vous conjurez toutes les Malédictions
sidhes qui vous affligent et vous étoffez votre Gesa. Vous
ne pouvez changer chaque aspect qu  ’une seule fois. Une
fois que vos trois aspects correspondent à ceux de votre
Chevalier, vous pouvez acquérir le Glamour Légendaire de
ce Chevalier via une Histoire à deux Étapes, comme si vous
achetiez un nouveau niveau de Sorcellerie du Glamour.
Chaque Glamour Légendaire est unique. Vous êtes le seul
Chevalier à posséder son pouvoir. À moins que le contraire
ne soit spécifié, les Glamours Légendaires peuvent être
utilisés de façon illimitée.
Chaque transformation vous lie plus intimement au
Graal. Pour chaque changement d  ’aspect que vous effec-
tuez, ajoutez un précepte à votre Gesa chevaleresque. Ce
fardeau vous échoit pour toujours. Vous choisissez le Gesa,
mais devez vous mettre d  ’accord avec le MJ pour en définir
un qui soit approprié, conformément aux recommanda-
tions suivantes : un Gesa convenable se conjugue au futur
et à la deuxième personne du singulier, il n  ’octroie pas de
pouvoir ou de capacité supplémentaire, et la contrainte
qu  ’il représente doit être proportionnelle au nombre de
Malédictions sidhes que vous venez de conjurer. De plus,
un Gesa doit être ouvert à l  ’interprétation et ne doit pas être
trop spécifique ou situationnel. Un Chevalier doit décider
par lui-même ce que chaque précepte exige exactement,
mais une fois sa décision prise, il doit s  ’y tenir. Quelques
exemples :
• Tu ne t  ’attableras pas avec un homme en qui tu
n  ’as pas confiance.
• Tu ne refuseras pas une requête honnête d  ’une
femme au cœur pur.
• Tu porteras des vêtements adaptés à la situation.
• Tu ne partageras pas une boisson avec un
Montaginois loyal.
• Tu ne laisseras pas autrui endurer un fardeau que
tu es en mesure d  ’assumer.
• Tu seras le premier à débarquer d  ’un bateau.
• Tu ne dormiras jamais seul dans un lit.
• Tu t  ’interposeras entre un animal maltraité et son
tortionnaire.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 47
 ÆSC DES FORÊTS
Vertu Travers
Roublard (Mat) Obtus (Nuit sans lune)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous refusez une
invitation à prendre part à la société civilisée et passez la nuit
sous les étoiles à la place.
Glamour Légendaire
Transformation : activez ce Glamour pour prendre la forme d  ’un
mammifère des bois ordinaire (ours, cerf, renard, sanglier, loup,
lapin ou écureuil) pendant une Scène. Vous conservez toutes vos
compétences, connaissances et capacités, mais elles peuvent
être limitées par les capacités de votre nouvelle forme. Si la
forme de l  ’animal est particulièrement avantageuse (comme
la forme d  ’un cerf pour courir sur de longues distances), vous
bénéficiez de deux dés supplémentaires. Tant que vous êtes
sous cette forme, vous pouvez également communiquer avec
les créatures originaires des forêts. Les convaincre d  ’accepter
des requêtes déraisonnables ou difficiles pourra nécessiter de
prendre un Risque, avec comme Conséquence l  ’hostilité de
l  ’animal ou une faveur que seul un humain serait en mesure
d  ’accomplir. Si nécessaire, les animaux auxquels il a été demandé
d  ’accomplir une tâche pourront être considérés comme une
Escouade de Brutes.
BEORHTSIGE, LE BRISEUR DE SIÈGES
Vertu Travers
Chanceux (Roue de la Fortune) Perfectionniste (Pièces)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous parvenez à vous
introduire dans un endroit fortifié ou sécurisé, ou lorsque vous
défendez un tel endroit contre des assaillants.
Glamour Légendaire
Je ne bougerai pas : avec vous sur la brèche, personne ne passera.
Activez ce Glamour lorsque vous attirez l  ’attention dans un
combat pour exercer une Contrainte sur tous les adversaires qui
peuvent vous voir. Ils doivent dépenser une Mise supplémentaire
pour effectuer une action autre que se retirer de la mêlée.
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48 CHAPITRE 1 : L’AVALON
CENHELM,LE VIF
Vertu Travers
Habile (Diable) Excès de zèle (Prophète)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous mettez fin à une
discussion, un débat ou une négociation en dégainant votre arme.
Glamour Légendaire
Focaliser la lame : l  ’aptitude au combat de tout Chevalier à avoir
incarné le Vif peut être invoquée pour vous aider. Activez ce
Glamour pour obtenir le Bonus de Style de n  ’importe quel Style
de Duel pour la durée de la Séquence d  ’Action. Vous pouvez
utiliser ce Bonus de Style quelle que soit l  ’arme que vous portez.
CEOLMUND, CHEVALIER PROTECTEUR
Vertu Travers
Passionné (Amants) Têtu (Trônes)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme chaque fois que vous vous
engagez le premier dans un combat afin que quelqu  ’un d  ’autre
n  ’ait pas à le faire, ou que vous assurez l  ’arrière-garde pendant
que d  ’autres se retirent.
Glamour Légendaire
Ton heure n  ’est pas venue : activez ce Glamour pour permettre
à un Héros allié proche d  ’ignorer tous les effets négatifs de ses
Blessures Dramatiques pour le reste de la Séquence d  ’Action (un
Scélérat ne bénéficie pas des deux dés supplémentaires liés à la
deuxième Blessure Dramatique, et le Héros ne devient pas Sans
défense lorsqu  ’il atteint quatre Blessures Dramatiques). De plus,
une fois le Glamour activé, vous pouvez dépenser des Mises pour
lui éviter un nombre égal de Blessures.
DUDDA, LE ROND
Vertu Travers
Glorieux (Soleil) Dépendant (Route)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous faites l  ’idiot
ou que vous vous laissez être le sujet d  ’une plaisanterie afin de
désamorcer une situation tendue ou pour mettre du baume au
cœur à quelqu  ’un.
Glamour Légendaire
Festin perpétuel : une fois ce Glamour activé, vous pouvez
consommer une quantité quasiment illimitée de nourriture et
de boisson sans inconvénient. Plus précisément, vous avez la
capacité de boire et de manger, en une seule fois, ce que serait
capable d  ’avaler un nombre de personnes (de votre corpulence)
égal à vos Rangs en Force + vos Rangs en Résolution. Par la
suite, vous pouvez activer ce Glamour pour passer un nombre de
jours sans nourriture ni boisson, en subsistant grâce à ces festins
précédents. Ce nombre de jours est égal à vos Rangs en Force +
vos Rangs en Résolution.
DUNSTAN, L  ’ÉTRANGER
Vertu Travers
Amical (Route) Manipulateur (Sorcière)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous vous liez d  ’amitié
avec une personne que d  ’autres ont rejetée ou bannie.
Glamour Légendaire
Confusion féerique : au cours d  ’une Séquence d  ’Action ou
Dramatique, vous pouvez activer ce Glamour pour semer le
trouble chez les autres. Tout Scélérat visé par la Confusion
doit dépenser une Mise supplémentaire pour chaque Action
ce Round-ci, comme si celles-ci étaient Improvisées. Si votre
Approche utilise la Force ou la Compétence Armes Blanches,
le nombre d  ’adversaires rendus confus est égal à votre Force.
Pour toute autre Approche, ce nombre est égal à votre Astuce.
Vous ne pouvez choisir un nombre de cibles inférieur à votre
Caractéristique. S  ’il n  ’y a pas suffisamment d  ’adversaires, vous
devez affecter des alliés ou vous-même.
EADBURG, LE RICHE
Vertu Travers
Altruiste (Pendu) Envieux (Mendiant)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous faites don de
richesses ou d  ’objets de valeur dépassant ce dont vous avez
besoin pour survivre.
Glamour Légendaire
Bénédiction du pénitent : activez ce Glamour lorsque vous avez
le temps d  ’imposer vos mains sur un compagnon pour lui offrir
votre bénédiction. Dépensez un point d  ’Héroïsme par compa-
gnon béni. La prochaine fois qu  ’un compagnon béni fait un jet
de dés pendant cette partie, tout dé dont le résultat est égal ou
inférieur à votre Panache devient un 10. Vous ne pouvez pas vous
bénir vous-même.
EALDRÆD, LE VÉTÉRAN
Vertu Travers
Intuitif (Sorcière) Malchanceux (Roue de
la Fortune)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous convainquez un
compagnon d  ’accomplir quelque chose qu  ’il répugnait à entre-
prendre ou de renoncer à quelque chose qu  ’il souhaitait faire.
Glamour Légendaire
Antique savoir sidhe : vous devez trouver un endroit apprécié
des Sidhes (comme un Cercle féerique, un bassin cristallin
pendant une nuit éclairée par la lune, un champ de fleurs
sauvages à midi, une bougie réfléchie à l  ’infini entre deux miroirs)
et activer ce Glamour pour solliciter l  ’aide des Sidhes. Vous
pouvez leur poser un nombre de questions égal à votre Astuce.
Vous pouvez leur demander :
• De répondre par oui ou non à une question factuelle sur le
présent ou le passé.
• De vous communiquer la position actuelle de n  ’importe qui
ou quoi.
• De vous révéler un savoir perdu ou d  ’anciennes connais-
sances, si vous savez précisément quoi demander.
FRIDESWIDE, LE CHEVALIER DE PAIX
Vertu Travers
Apaisant (Trônes) Loyal (Guerre)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous convainquez
quelqu  ’un de choisir une voie pacifique ardue, alors même que la
violence représenterait une solution plus facile.
Glamour Légendaire
Désarmement foudroyant : lorsque vous activez ce Glamour,
tous les objets métalliques à portée de mousquet de vous
émettent une puissante décharge électrique. Les porteurs de
tels objets (alliés, adversaires, Héros ou Scélérats), vous compris,
doivent les lâcher ou subir un nombre de Blessures égal à votre
Astuce, puis lancer 1d10. Si le résultat est plus élevé que leur
Résolution, ils les lâchent malgré tout. Les objets lâchés restent
chargés pendant une heure et exigent de dépenser un nombre de
Mises égal à votre Astuce pour être ramassés en toute sécurité,
sous peine de subir une Blessure pour chaque Mise manquante.
GODRIC, LE PIEUX
Vertu Travers
Hardi (Héros) Superstitieux (Glyphe)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous dévoilez une
influence surnaturelle dissimulée (qu  ’elle soit magique, sidhe ou
autre).
Glamour Légendaire
Admonester le blasphémateur : Sir Godric croyait que sa
dévotion et sa piété lui conféraient une arme puissante contre
les sorciers. Quelle n  ’aurait été sa déception s  ’il avait su que
c  ’était un don des Sidhes! Activez ce Glamour pour maudire un
Scélérat Sorcier que vous pouvez voir. La prochaine fois qu  ’un
Sorcier affecté fait un jet de dés, il ne peut pas utiliser ceux dont
le résultat est inférieur à votre Panache.
´
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 49
 HEREWARD, CHEVALIER CONSEILLER
Vertu Travers
Exemplaire (Réunion) Amant maudit (Amants)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsqu  ’une personne à
laquelle vous n  ’avez jamais prodigué de conseils vient vous en
demander et que vous vous penchez sur son problème pour la
conseiller dûment.
Glamour Légendaire
Sage conseil : indiquez à un autre Héros une marche à suivre,
puis activez ce Glamour et prenez un Risque adapté au sujet
concerné (Astuce + Art militaire pour un plan de bataille, par
exemple). Confiez-lui les Mises obtenues ainsi que des conseils
appropriés. À n  ’importe quel moment jusqu  ’à la fin de la partie, il
peut dépenser ces Mises pour effectuer n  ’importe quelle Action
conforme à vos conseils.
HILDRÆD, CHEVALIER COMMANDANT
Vertu Travers
Encourageant (Empereur) Curieux (Mat)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous mettez au point,
en amont d  ’un affrontement, un plan de bataille dans lequel tout
le monde a un rôle spécifique à jouer.
Glamour Légendaire
Ralliement des Héros : lancez un appel ou un cri de guerre
inspiré pour remonter le moral de vos alliés. Dépensez une Mise
et un point d  ’Héroïsme au cours d  ’une Séquence d  ’Action pour
activer ce Glamour. Lors de son prochain jet, tout Héros qui
entend ce cri compte le résultat de tout dé égal ou inférieur à sa
propre Compétence comme étant égal à 10.
LEOFRIC, LE BIEN-AIMÉ
Vertu Travers
Impavide (Glyphe) Arrogant (Tour)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsqu  ’une personne impor-
tante à vos yeux est en difficulté et que vous affrontez le danger
à ses côtés.
Glamour Légendaire
Flamboiement : activez ce Glamour pour baigner la zone autour
de vous d  ’une lumière magique et chaleureuse pour la durée de
la Scène. Elle n  ’est ni trop sombre, ni trop vive et porte sur une
douzaine de mètres. Tous les Unseelies présents dans la zone
subissent immédiatement cinq Blessures et jettent deux dés de
moins pour tout Risque qu  ’ils prennent tant qu  ’ils restent dans la
zone éclairée.
MILDGYD, LE DOUX
Vertu Travers
Humble (Tour) Indécis (Pendu)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous faites preuve
de compassion envers quelqu  ’un qui n  ’a aucune raison d  ’en
attendre de votre part.
Glamour Légendaire
Force des géants : activez ce Glamour pour canaliser la force
des géants. Jusqu  ’à la fin de la Scène, votre taille augmente de
trente centimètres pour chacun de vos points en Force. Vous
gagnez en largeur et en poids de façon proportionnelle. Tant que
vous êtes agrandi et que vous utilisez la Force comme Approche,
vous pouvez augmenter le résultat de chacun de vos dés
d  ’une valeur égale à votre Force. La première utilisation de ce
Glamour est gratuite et entre dans l  ’activation initiale. Chaque
nouvelle Approche de Force suivante coûte un point d  ’Héroïsme
supplémentaire. Ce Glamour se cumule avec d  ’autres effets qui
changent la valeur obtenue sur les dés.
OSGAR, LE LANCIER
Vertu Travers
Conquérant (Guerre) Rancunier (Réunion)
Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous créez des
problèmes ou des tensions en vous comportant de manière
contraire aux attentes sociales, ou lorsque vous défendez
quelqu  ’un qui fait de même.
Glamour Légendaire
Je reprends les choses en main : lorsqu  ’un allié est à court de
Mises pendant une Séquence d  ’Action ou Dramatique, activez
ce Glamour pour gagner un nombre de Mises supplémentaires
égal à votre Finesse. Vous pouvez uniquement utiliser ces
Mises pour poursuivre ou atteindre l  ’objectif auquel cet allié se
consacrait, bien que vous puissiez choisir une autre méthode
pour l  ’accomplir.

´
50 CHAPITRE 1 : L’AVALON
PÆGA, L  ’OUBLIÉ SUNNGIFU, LE GÉNÉREUX
Vertu Travers Vertu Travers
Subtil (Nuit sans lune) Ambitieux (Magicien) Lucide (Prophète) Naïf (Diable)
Coup d  ’éclat Coup d  ’éclat
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous renoncez à Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous choisissez d  ’aider
la subtilité pour revendiquer le mérite de vos actions ou pour quelqu  ’un parce que cela vous semble juste, alors même que
révéler vos véritables intentions, que vous aviez précédem- cela vous impose des difficultés ou des désagréments, voire vous
ment dissimulées. oppose à vos alliés.
Glamour Légendaire Glamour Légendaire
Ténèbres : lorsque vous activez ce Glamour, vous pouvez faire Carpe Diem : ce Glamour vous permet d  ’éviter des
tomber la pénombre sur une zone de la taille d  ’une salle de bal Conséquences que d  ’autres subiraient et de saisir des
ou d  ’une cour pour la durée de la Scène. Les ombres s  ’épaissis- Opportunités que d  ’autres auraient manquées. Activez ce
sent et la luminosité faiblit subtilement. Glamour pour gagner une réserve de Mises égale à votre Astuce.
Tant que vous vous trouvez dans la zone assombrie, vous pouvez Ces Mises n  ’entrent pas en compte dans l  ’ordre des actions, mais
utiliser une Mise dans les buts suivants : peuvent être dépensées lors de votre Action pour surmonter
• Vous pouvez vous tenir dans une ombre et entendre et voir les Conséquences, profiter des Opportunités ou en créer pour
ce qui se passe dans une autre ombre de cette même zone les autres.
• Vous pouvez vous déplacer d  ’ombre en ombre dans votre
champ de vision : vous disparaissez de l  ’une pour réapparaître WILFRITH, L  ’INÉBRANLABLE
dans l  ’autre
• Vous pouvez vous draper d  ’ombres et devenir impossible à Vertu Travers
détecter par des moyens conventionnels
Volontaire (Magicien) Fier (Soleil)
• Vous pouvez épaissir une ombre, forçant tous les person-
nages qui s  ’y trouvent à dépenser une Mise supplémentaire Coup d  ’éclat
pour effectuer n  ’importe quelle action liée à la vision. Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsque vous restez fidèle à
vous-même, mais que cela a de graves conséquences.
SÆWINE, LE MARIN Glamour Légendaire
Vertu Travers Guérison miraculeuse : dépensez un point d  ’Héroïsme ou
plus pour activer ce Glamour avant d  ’entamer une bonne
Perspicace (Mendiant) Inconsidéré (Empereur)
nuit de sommeil ou une méditation interrompue. À votre
Coup d  ’éclat réveil, soignez une Blessure Dramatique pour chaque point
Vous gagnez un point d  ’Héroïsme lorsqu  ’une situation s  ’enve- d  ’Héroïsme dépensé.
nime parce que quelqu  ’un qui vous a vu lors de vos voyages
vous reconnaît. WULFNOÐ, LE HARDI
Glamour Légendaire Vertu Travers
Appeler la mer : vous pouvez invoquer la reine Maab et obtenir
Prompt (Pièces) Téméraire (Héros)
une réponse. Pour un point d  ’Héroïsme, elle vous indique la
direction et la distance approximative de n  ’importe quel bateau Coup d  ’éclat
naviguant sur la même mer que vous. Vous pouvez également Gagnez un point d  ’Héroïsme lorsqu  ’agir avant de réfléchir vous
activer ce Glamour pour intensifier ou adoucir la météo dans laisse seul, dans une situation dangereuse, contraint de faire face
un rayon de 10 milles marins autour de vous. Lorsque le soleil sans soutien.
atteint son zénith, le temps revient à la normale. Vous pouvez
transformer une petite bruine en une tempête ou un rayon Glamour Légendaire
de soleil en ciel dégagé. En mer, vous pouvez calmer des eaux Je n  ’en ai pas fini : lorsque vous êtes à court de Mises lors
impétueuses pour les rendre navigables ou déchaîner des eaux d  ’une séquence d  ’Action, activez ce Glamour pour infliger à un
calmes. Si le nouveau temps vous avantage particulièrement (par adversaire un nombre de Blessures égal à votre valeur d  ’Armes
exemple, vous permet de naviguer rapidement ou de dissimuler blanches + Force. Un Héros qui active ce Glamour une fois
votre approche), vous bénéficiez de deux dés supplémentaires. dans un Round peut l  ’activer à nouveau, au prix d  ’une Blessure
Dramatique à chaque fois. Cette Blessure Dramatique ne peut
être prévenue d  ’aucune manière.

´
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 51
 Les duels
Dans les tavernes d  ’Inismore, une soirée de beuverie n  ’est
pas complète tant que n  ’ont pas retenti au moins une fois les
notes d  ’« Eithne la Fière ». Cette chanson entraînante raconte
comment la jouvencelle Eithne O  ’Guaire piégea la déesse
guerrière Skatha pour qu  ’elle accepte de lui enseigner les arts
martiaux, à elle et à quiconque en formulerait la demande.
Eithne initia la pratique du duel dans l  ’ancienne Inismore en
annonçant qu  ’elle épouserait uniquement quelqu  ’un capable
de la vaincre en combat singulier. Or, Eithne avait appris tant
de cleasa (des bottes et techniques martiales) que personne
n  ’y parvint. Elle finit par se marier, pas avec un meilleur
combattant qu  ’elle, mais avec quelqu  ’un qui s  ’émerveillait de
ses talents et lui demanda de les lui enseigner.
Les Marches des Highlands possèdent une histoire simi-
laire. Dans ce conte, Cailean MacCormac, un musicien de
talent, tombe amoureux d  ’une jeune femme à « la chevelure
semblable à un lever de soleil. » Il lui demande sa main, mais
son père refuse, déclarant que seul le plus grand guerrier du
monde pourrait épouser sa fille. Cailean demande donc à
Skatha de lui prodiguer des leçons. À force d  ’astuce, il relève
tous les défis qu  ’elle lui oppose. C  ’est toutefois en émouvant
la déesse aux larmes avec sa musique qu  ’il finit par garantir
des leçons pour lui et tous celles et ceux qui le veulent.
Les légendes d  ’ Inismore et des Marches racontent ensuite
que d  ’autres ont cherché les enseignements de Skatha. La
ruse d  ’Eithne ou la musique de Cailean ont garanti qu  ’elle
partage son savoir avec tous ceux qui le désirent, mais
pas gratuitement. Skatha plaça un geas sur chacun de ses
élèves. Quiconque porterait le premier coup dans un combat
singulier serait déclaré perdant. En conséquence de quoi,
les guerriers commencèrent à s  ’insulter, tentant de pousser
l  ’autre à frapper le premier. Cette manière de se provoquer
se répandit rapidement, même chez les personnes qui
n  ’étaient pas concernées par le geas de Skatha, et devint un
élément populaire des duels dans toute l  ’Avalon.
Indépendamment de la véracité de ces histoires et chansons, les
combats singuliers se démocratisèrent dans tout le royaume. De
fait, pour les petits clans d  ’Inismore, il était plus prudent de ne
risquer la vie que d  ’un seul guerrier plutôt que de mettre en péril
toute une armée. Pour les clans plus importants, le duel offrait aux
guerriers un autre moyen de faire étalage de leurs talents. Dans les
Marches des Highlands, le combat singulier relevait du champ de
compétence du système judiciaire. Une personne accusée de crime
pouvait demander un cothrom : une chance de prouver son inno-
cence grâce à un duel. Si elle vainquait le plaignant ou le champion
de ce dernier, ou bien qu  ’elle tenait bon depuis le lever du soleil
´
jusqu  ’à son coucher, elle était déclarée innocente.
52 CHAPITRE 1 : L’AVALON
Les Cleasa dans les duels
Des guerriers de toute l  ’Avalon se spécialisèrent dans le
combat singulier et s  ’évertuèrent à trouver de nouvelles
cleasa pouvant être utilisées en combat. Les collabora-
tions se développèrent à travers les royaumes et les clans.
Les histoires de fantastiques cleasa que les duellistes
d  ’aujourd  ’hui ne pourraient pas répliquer abondaient. On
dit, par exemple, que Jack O  ’Bannon serait capable d  ’abattre
une centaine de guerriers d  ’un seul coup grâce à sa cleas du
tonnerre. Nombreux sont ceux qui lui ont demandé de la
leur enseigner, mais il s  ’y est toujours refusé.
Ces deux traditions, celle d  ’ Inismore et celle des Marches,
ont modelé le duel en Avalon. Toutes deux revendiquent
être à l  ’origine des enseignements de Skatha, dont le
style met l  ’accent sur des techniques physiques, comme le
contrôle de la respiration, de grands sauts et l  ’entraînement
à la danse et à la jonglerie, plutôt que sur l  ’expertise d  ’une
arme en particulier. Cette préférence pour l  ’athlétisme et
la souplesse reste encore aujourd  ’hui une caractéristique
marquante des duels en Avalon.
Tout étudiant cherche de nouvelles bottes pour élargir
son répertoire. Cette pratique a donné au style de Duel
avalonien un côté chapardeur. Les duellistes apprennent de
leurs ennemis comme de leurs alliés, s  ’appropriant des styles
étrangers. Plusieurs académies de duel se sont développées
autour de l  ’Avalon, chacune enseignant son propre ensemble
de cleasa. Il n  ’est pas rare qu  ’un étudiant suive l  ’apprentissage
de différentes académies pour finir par créer un style unique
et personnel.
À cause de leur histoire et de leurs traditions, les duels en
Avalon sont à la fois un art martial et de performance. Les
duellistes se produisent lors de festivals et d  ’autres occasions,
revendiquant des rancunes soit exagérées, soit authentiques.
Dans le cas des exagérations, le duelliste chorégraphie son
combat et utilise un bâton poli au lieu d  ’une épée. Cela lui
permet de vanter ses meilleures cleasa. Les aspirants duel-
listes l  ’observent alors et tentent de reproduire ses mouve-
ments pour améliorer leur propre maîtrise.
Dans le cas de rancunes authentiques, les duellistes
commencent par une danse à l  ’épée, puis ils enchaînent avec
une provocation. Les provocations modernes ne sont plus de
simples phrases de défi, mais se concentrent sur la soumis-
sion, permettant à chaque camp de revenir sur ses raisons de
combattre et lui donnant l  ’occasion de mettre fin au duel sans
se battre. Après au moins un échange, le combat commence.

Au cours des duels destinés à régler un différend entre
deux clans, les guerriers mettent généralement fin au
combat au premier sang. Cela survient souvent après un
long échange de feintes et de manœuvres au cours duquel les
duellistes se tournent autour sans jamais s  ’attaquer. Parfois,
de tels combats singuliers peuvent durer presque une heure.
Toutefois, lorsque les clans s  ’affrontent réellement, ils choi-
sissent quelquefois des champions de clan pour livrer le duel
en leur nom. Ces combats sont bien plus courts et brutaux,
et ne prennent fin qu  ’à la mort de l  ’un des deux guerriers.
Les liens étroits qui unissent le système judiciaire et les
duels dans les Marches des Highlands ont mené à la créa-
tion des premières réglementations de duel consignées, le
Leabhar Chothrom. Ce document liste notamment une série
de cleasa illicites, et bien que les raisons de nombre de ces
interdictions aient été perdues dans les limbes du temps,
ces réglementations sont importantes pour deux raisons.
D  ’une part, elles font des provocations un élément à part
entière du duel, et même un duel en elles-mêmes. Le style de
provocation des Marches, élaboré, poétique et comique, s  ’est
répandu dans toute l  ’Avalon. D  ’autre part, les réglementa-
tions définissent qui peut combattre dans un chothrom. Le
duelliste doit être un homme, ne pas être l  ’aîné d  ’une fratrie
et prouver ses talents dans une danse à l  ’épée permettant
de faire la démonstration de ses compétences. Bien qu  ’elles
soient aujourd  ’hui dépassées, ces réglementations ont faci-
lité la transition aux exigences de la guilde des Duellistes.
Les Cygnes accorts des Marches des Highlands, entre autres
groupes, militent pour la mise à jour du Leabhar Chothrom
afin qu  ’il corresponde aux pratiques actuelles.
Les Cleasa de Skatha
Les guerriers d  ’antan ont surmonté de nombreux défis et
sont venus à bout de nombreuses épreuves pour gagner le
droit de recevoir les enseignements de la guerrière Skatha.
Ses étudiants s  ’entraînaient à courir à contre-courant et à
se battre dans les rivières. Ils jonglaient du matin au soir,
lançant des pommes brillantes de plus en plus haut pour
apprendre le rythme de leur chute. Ils dansaient sur des
charbons ardents jusqu  ’à ce que la plante de leurs pieds
noircisse. Chacune de ces épreuves améliorait leur force, leur
endurance, leur rapidité, leur grâce et leur agilité.
Les duellistes utilisent également bon nombre de ces tech-
niques au combat. Cela donne lieu à des duels pleins de
sauts bien minutés et de manœuvres athlétiques inattendues.
Par exemple, la cleas du Souffle prodigieux consiste en une
expiration explosive qui augmente la puissance d  ’un coup.
Le Saut du maître épéiste est un bond calculé qui permet
LE LEABHAR CHOTHROM
ET LES CYGNES ACCORTS
Ces anciennes règles de duel sont aussi vieilles et
dépassées que tout ce que les Marches des Highlands
produisent. Les femmes formées à l  ’art du duel, même
celles qui maîtrisent plusieurs cleasa, n  ’ont encore
aujourd  ’hui pas le droit de participer à des duels. Même
la guilde des Duellistes refuse d  ’accepter des femmes.
Les Cygnes accorts voient cela comme un repère
évident dans leur combat pour l  ’égalité. Les maîtresses
épéistes sont tout aussi douées et respectables que
leurs confrères, et pourtant, on leur refuse encore
l  ’entrée dans la guilde.
Margret Reid, une des membres les plus éminentes
des Cygnes accorts, est une Duelliste experte. Elle s  ’est
entraînée en Montaigne, où elle fait partie de la guilde,
mais elle est revenue dans les Marches des Highlands
pour transmettre son savoir. Elle a demandé à entrer
dans la guilde des Duellistes avalonienne, qui serait bien
en peine de le lui refuser dans la mesure où elle est déjà
membre d  ’une autre. Nombre des soutiens du mouve-
ment des Cygnes accorts sont favorables à son adhésion,
mais les membres les plus traditionalistes craignent
qu  ’elle soit la première d  ’un afflux de femmes désirant
intégrer la guilde.
Reid a la ferme intention d  ’entraîner d  ’autres femmes
et projette d  ’ouvrir une Académie de Duellistes à
Kirkwall, affirmant qu  ’elle créera sa propre guilde
de Duellistes si on persiste à lui refuser l  ’entrée. La
perspective d  ’une guilde rivale suscite l  ’inquiétude
générale quant à l  ’avenir des Duellistes en Avalon.
d  ’éviter une attaque. Mais l  ’une des plus célèbres cleasa de
Skatha, dont il est question dans la chanson « Eithne la
Fière », est le Bond du saumon.
Bonus de Style : Bond du saumon
Si vous êtes libre de vos mouvements (votre armure ne vous
gêne pas et l  ’espace au-dessus de vous est suffisant), vous pouvez
effectuer une Manœuvre spéciale appelée le Bond du saumon. Le
Bond du saumon est un saut vertical soudain qui vous permet de
passer au-dessus ou autour de la garde de votre adversaire, quelle
que soit l  ’arme dont vous êtes équipé. Cette Manœuvre inflige
des Blessures égales à vos Rangs en Athlétisme, et celles-ci ne
peuvent être prévenues d  ’aucune manière. Vous pouvez utiliser
´
le Bond du saumon une fois par Round.
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 53
 Legends Une résurgence
Avec le retour des Sidhes et du Glamour dans les îles La résurgence récente du Glamour dans le pays s  ’est accompa-
d  ’Avalon, la présence des créatures légendaires est plus forte gnée de rumeurs évoquant le retour des drachens. Des groupes
qu  ’avant. Certains mythes ne sont guère plus que cela, les de chasseurs ont trouvé de petites sections de forêts denses
échos mourants de créatures et d  ’événements datant d  ’un inexplicablement réduites en cendres à travers toute l  ’Avalon.
âge depuis longtemps révolu. Dans la boue proche de ces zones brûlées, ils ont découvert de
larges empreintes de pattes griffues de près d  ’un mètre de long.
Les drachens La piste des empreintes a pu être suivie pendant près d  ’un
De nombreuses légendes concernant des drachens ont circulé kilomètre avant de disparaître soudainement. Les paysans
en Avalon au fil des siècles, mais bien peu ont été confirmées. des environs ont commencé à prendre peur, et d  ’innom-
Pourtant, suffisamment d  ’observations et d  ’événements histo- brables rumeurs font désormais état du retour des drachens.
riques ont été répertoriés pour que quiconque connaissant Die Kreuzritter projette d  ’envoyer des groupes de chasseurs
l  ’Avalon ne remette pas en doute le fait que les drachens montés dans l  ’année. Ils ont fourni à leurs membres des
aient existé. Le témoignage le plus détaillé au sujet du dernier pages supplémentaires de L  ’Histoyre pour qu  ’ils les étudient.
spécimen aperçu provient de L  ’Histoyre des Kreuzritter, dans Ils rassemblent également des ressources, des armures et des
un chapitre concernant leurs opérations en Avalon. Le livre rations supplémentaires pour cette longue chasse.
indique que les Kreuzritter furent quasiment annihilés par Bien que rares, les drachens sont des créatures dangereuses. Ils
le drachen, mais que par un mélange de grand courage, de attaquent quiconque traverse le territoire qu  ’ils se sont approprié.
chance et de vivacité d  ’esprit, ils purent vaincre la bête après Ce sont des Monstres d  ’une Puissance de 10 qui peuvent être dotés
qu  ’un peu plus de la moitié de leurs effectifs a succombé. de n  ’importe lesquelles des Propriétés monstrueuses suivantes
L  ’ouvrage rapporte que le drachen était haut comme (voire de toutes) : Ailé, Effrayant, Puissant et Régénérant.
environ dix chevaux, et deux fois plus long, depuis l  ’extré-
mité de sa queue jusqu  ’à sa longue gueule. Sa peau était Les Ghemenii
couverte d  ’écailles plus épaisses qu  ’une armure de plates, Les Sidhes sont bien connus pour être un peuple magique,
dont la coloration allait d  ’un vert de vase sur son dos à un fantaisiste, puissant et bien souvent possessif. Il n  ’est donc
vert citron pâle sur son ventre parcheminé. Il possédait des pas surprenant que leurs animaux de compagnie favoris
membres de lézard courts et près du sol, et des griffes d  ’une reflètent ces caractéristiques. Les Ghemenii proviennent
quinzaine de centimètres de long saillaient de ses pattes. uniquement du Royaume des fées, mais tout comme les
Une fine couche d  ’un fluide vénéneux et hautement inflam- Sidhes, ils peuvent vivre dans le monde des humains. La
mable suintait d  ’une zone de ses pattes juste au-dessus de plus puissante des particularités des Ghemenii est le fait
ses serres. Combinant cette particularité à sa capacité à qu  ’ils naissent systématiquement par paires identiques.
cracher du feu, le monstre frappait souvent sa victime avant Ils ont une apparence proche de celle des félins, mais ne
d  ’embraser vêtements et blessures, le fluide prolongeant la sont pas pour autant des chats. Leur taille varie de celle
durée de la combustion. Enfin, une longue ligne de pointes d  ’une tasse à thé à celle d  ’un cheval, selon leur lignée. Les
émergeait de son dos, depuis le sommet de sa tête jusqu  ’au parents sidhes offrent souvent une paire de Ghemenii à
bout de sa queue préhensile capable de briser la colonne leur enfant peu de temps après sa naissance. C  ’est un grand
vertébrale d  ’un homme d  ’un seul coup. honneur de recevoir de tels animaux, et seules les familles les
Si Die Kreuzritter possède la description la plus détaillée plus puissantes peuvent se le permettre systématiquement.
de la créature, d  ’autres histoires font état de drachens d  ’une Les Ghemenii sont extrêmement loyaux à leur maître, et à lui
couleur autre que le vert, le rouge et le jaune semblant seul. Pendant la jeunesse d  ’un Sidhe, les Ghemenii le surveillent
les plus courantes. L  ’Histoyre des Kreuzritter ne fait pas comme de vrais gardiens. La tradition de disposer des sculptures
mention d  ’ailes, mais de nombreuses légendes rapportent de protecteurs félins à certaines entrées vient de l  ’habitude des
que ces créatures peuvent voler. La plupart des récits Ghemenii de surveiller la chambre des enfants sidhes. Bon
indiquent que ces créatures sont très protectrices et terri- nombre de Sidhes espiègles n  ’auraient pas atteint l  ’âge adulte
toriales : une fois qu  ’elles se sont approprié un bien (qu  ’il sans la vigilance de ces créatures. Un Sidhe peut développer un
s  ’agisse d  ’une terre, d  ’un lac, ou même d  ’une personne), elles langage propre avec ses Ghemenii et, une fois adulte, il peut sans
le défendent avec une violence inouïe. difficulté communiquer avec eux grâce à ce code unique.

´
54 CHAPITRE 1 : L’AVALON
Les pouvoirs des Ghemenii Les Tourmenteurs errent généralement sur les routes sombres
Les Ghemenii ne sont cependant pas destinés à demeurer entre les villages des falaises de Kilkenny, mais quelques-uns
ensemble. Leur véritable pouvoir réside dans leur capacité ont été aperçus plus à l  ’intérieur des terres en Inismore. Les
à communiquer sur de grandes distances de façon presque rumeurs veulent qu  ’il ne soit pas toujours sûr de s  ’aventurer
instantanée. Lorsqu  ’un Sidhe voit la personne qu  ’il aime hors de chez soi la nuit, en particulier s  ’il n  ’y a pas de vent.
voyager loin de lui, courtise quelqu  ’un ou (parfois) souhaite La plupart des Tourmenteurs ont une apparence décharnée
espionner ses ennemis, il donne l  ’un de ses Ghemenii à l  ’indi- et fantomatique, silhouettes blêmes vêtues de haillons aux
vidu concerné et garde l  ’autre à ses côtés. Cela lui permet de yeux entièrement blancs et aux lèvres noires. Les plus avertis
savoir facilement ce qui arrive à l  ’autre. Il peut également être racontent qu  ’il est dangereux de rester pour les détailler : les
alerté lorsque le destinataire du cadeau vit des émotions fortes, Tourmenteurs tentent d  ’absorber l  ’âme d  ’autres mortels dans
que ce soit en cas de grand danger ou d  ’extrême excitation. leur quête désespérée pour retrouver la leur. Si cette préda-
Bien sûr, avec le retour des Sidhes dans la société humaine, tion ne semble pas efficace, elle plonge sa victime dans la folie.
cette capacité d  ’espionnage est souvent utilisée dans le même Les villageois ont découvert de nombreux cadavres, proies
but, à l  ’insu des mortels. Les Sidhes ne parlent jamais des des Tourmenteurs qui semblent s  ’être elles-mêmes arraché les
pouvoirs des Ghemenii en présence d  ’humains, mais ils yeux dans la terreur de leurs derniers instants. Si personne ne
en offrent souvent un à celles ou ceux qui deviennent leurs sait vraiment d  ’où viennent les Tourmenteurs, beaucoup sont
amants. Dans la société mortelle, ces cadeaux revêtent une convaincus qu  ’ils sont le résultat de la pratique de la magie
très grande valeur. Les Sidhes offrent généralement ces chats noire, probablement par les Unseelies et leurs fidèles. Les
féeriques en gage d  ’un amour profond envers le mortel à qui il rumeurs racontent que la sorcellerie noire consume l  ’essence
est destiné. Il est assez évident pour les humains que ces félins même de l  ’âme des mortels, laissant uniquement les coquilles
ne sont pas originaires de Terra : leurs yeux sont bien souvent vides de leurs enveloppes charnelles, apathiques et affamées.
trop grands, ils sont indubitablement plus intelligents que des Beaucoup de gens voient les Tourmenteurs comme un fléau
animaux domestiques et d  ’étranges coïncidences semblent les lâché sur le monde par la magie.
suivre à la trace. Ces caractéristiques féeriques font d  ’eux des
animaux de compagnie particulièrement recherchés. La vérité
Or, les mortels sont loin de se douter que garder l  ’un de En réalité, les Tourmenteurs n  ’ont rien à voir avec la magie,
ces félins près d  ’eux permet à leurs amants sidhes de les pas plus qu  ’ils ne sont malades, mourants ou dépourvus
épier continuellement. Les Sidhes se servent des Ghemenii d  ’âme. Ils sont une machination des Réalistes. Dans leurs
pour s  ’assurer de la loyauté des humains, mais également efforts pour susciter le ressentiment contre l  ’utilisation de
de leur sécurité. Il n  ’est pas rare qu  ’un Ghemenii alerte son
la magie, une petite secte des Réalistes a lancé « l  ’Initiative
jumeau pour sauver la vie du mortel. Recevoir un Ghemenii Revenant » en arrivant en Avalon. En générant l  ’expan-
de la part d  ’un Sidhe est à double tranchant, comme la sion d  ’un problème suffisamment horrible dans le pays, ils
plupart des cadeaux du Beau Peuple. espèrent stimuler la haine envers la magie et les fées. Les
Les Ghemenii sont des Monstres d  ’une Puissance de 3 Réalistes ont fait courir la rumeur de ces sombres créatures
dotés de la Propriété monstrueuse Vif. magiques dans la communauté, mais ils se sont rapidement
rendu compte que ces racontars ne sont pas aussi efficaces
Les Tourmenteurs que de véritables observations. Ainsi, les nouveaux adhérents
Dans les villages qui bordent les falaises de Kilkenny, les qui souhaitent prouver leur loyauté doivent désormais effec-
habitants racontent souvent qu  ’ils entendent les mugisse- tuer leur « service de Tourmenteur » : ils se déguisent en ces
ments assourdis et lugubres des Tourmenteurs au cours des spectres et errent dans les rues de leur village pour effrayer
nuits trop calmes. A priori, ils pourraient être confondus ceux qui sortent trop tard le soir. Si la plupart de ces meutes
avec le vent, ou avec une brise lointaine qui s  ’engouffrerait de soi-disant revenants se contentent de répandre la peur,
dans les grottes sous les falaises… mais on se rend rapide- certains membres du groupe, désespérés, pêchent par excès
ment compte que ce souffle est par trop humain et empli de zèle et tuent ceux qui les découvrent dans la nuit. Ces
de peine. Le gémissement produit par un Tourmenteur est meurtres sont toujours commis à l  ’aide d  ’un poison très subtil,
un des cris les plus solitaires et déchirés du monde, car ces et les corps sont manipulés de manière à faire croire qu  ’ils se
créatures ne cherchent pas simplement de la compagnie, sont arraché les yeux. C  ’est une tâche ingrate, mais nombre

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mais bien leurs propres âmes perdues. de Réalistes pensent cela nécessaire pour le salut du monde.

7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 55

Les Sylkies
Depuis que l  ’Inismore existe, on dénombre quantités
d  ’ histoires d  ’ hommes et de femmes de la mer vivant sous la
forme de phoques, mais pouvant se transformer en humains
et vivre sur la terre ferme. La plupart de ces récits sont des
tragédies romantiques : la peau de phoque d  ’une femme
est volée par un homme voulant l  ’épouser. Elle finit par se
marier avec lui mais reste attirée par la mer. Une femme
tombe amoureuse d  ’un pêcheur et l  ’épouse pour découvrir
que le cœur de son mari appartient à l  ’océan. Ces contes
étaient invraisemblables avant le retour des fées en Avalon.
Ils n  ’étaient que de bonnes vieilles fables mises en musique
et chantées dans les tavernes du front de mer ou autour des
feux de joie… mais toutes les familles des villages côtiers ont
une histoire trop unique pour n  ’être que balivernes…
Après le retour notoire des Sidhes dans le monde des
mortels, les Sylkies ont commencé à se montrer plus
souvent. Comme la grande majorité du pays acceptait désor-
mais les fées et la magie, le risque d  ’être chassé semblait
assez faible. Ainsi, les Sylkies qui cachaient jusqu  ’alors leur
nature à leurs amants commencèrent à avouer leur véritable
identité. D  ’autres osèrent s  ’aventurer plus souvent sur la
terre ferme. Aujourd  ’hui, les Sylkies sont probable-
ment la population féerique la plus connue et la
plus appréciée après les Sidhes.
La vérité
Si rumeurs et débats abondent quant aux véritables
pouvoirs des Sylkies, ces derniers possèdent en réalité peu
de capacités magiques autres que la possibilité de se changer
en phoque ou en humain à volonté. Tous les Sylkies sont
nés humains, souvent d  ’un couple formé par un humain et
un Sylkie. Ils passent leur enfance à vivre comme n  ’importe
quel autre enfant humain, mais avec un attrait mêlé de
curiosité pour l  ’océan. Les enfants Sylkies sont toujours les
premiers à l  ’eau au retour des beaux jours et rentrent systé-
matiquement les derniers après une soirée passée à la rivière.
Finalement, arrive le jour où le parent sylkie décide d  ’aban-
donner la mer. Il remet alors sa pelisse de phoque à son
enfant, lui permettant ainsi de véritablement embrasser son
héritage. Quand elle n  ’est pas enfilée, la pelisse de phoque
ressemble habituellement à un gros coquillage. Entre les
mains d  ’un Sylkie, elle se tord, s  ’étire et grandit jusqu  ’à
envelopper son porteur comme une couverture tandis que
l  ’enfant se transforme en phoque.
Le parent enseigne à l  ’enfant comment utiliser la pelisse,
mais généralement, il suffit d  ’une ou deux démonstrations
pour que ce geste devienne aussi naturel que de respirer.
Une fois qu  ’un enfant s  ’est adapté à son véritable héritage,
il devient presque impossible de le tenir éloigné de la mer, et
son histoire finit par ressembler aux contes d  ’antan.
Le pouvoir d  ’un Sylkie réside intégralement dans sa pelisse.
Si on la lui vole, il ne peut plus se transformer tant qu  ’il ne
l  ’a pas retrouvée. Les Sylkies les gardent donc jalousement.
Un débat fait actuellement rage au sein du gouvernement de
la Reine pour savoir s  ’il faut interdire le vol d  ’une pelisse de
phoque, car elles sont considérées comme essentielles pour
les Sylkies. Ces derniers sont rarement des créatures dange-
reuses, mais ils peuvent devenir agressifs si leur famille, leur
vie ou leur pelisse est menacée. Tant qu  ’un Sylkie possède
sa pelisse, c  ’est un Monstre d  ’une Puissance de 4 avec la
Propriété monstrueuse Métamorphe.
Les Dormachs
Un bon chasseur a besoin d  ’un bon chien. L  ’alliance entre la
faculté de pistage d  ’un canidé et l  ’astuce d  ’un l  ’humain est
essentielle pour une chasse efficace. Le Dormach combine
ces deux qualités en une créature à l  ’apparence canine, mais
en bien plus effrayant. Originaire du Royaume des fées, il
possède une intelligence presque humaine et l  ’agilité du plus
fort des chiens.
 Ses cinq sens sont surdéveloppés, et il possède un don mener une vie aussi modeste que la sienne. Il travaillait les
qui dépasse les simples vue, ouïe, odorat, toucher et goût. champs dans la journée et passait ses soirées à la taverne du
Comme certains animaux pistent les odeurs, il est capable coin. Là, une chope d  ’hydromel à la main, il contait alors
de traquer tout ce qui est magique et de détecter les résidus des histoires palpitantes à qui voulait les entendre. Il créait
laissés par la magie féerique. Cela explique peut-être des mondes dans sa tête lorsqu  ’il travaillait dans les champs
pourquoi les Dormachs ont tendance à ne pas écouter les le jour, et leur donnait vie la nuit.
mortels : ils savent instinctivement que les humains n  ’ont Un automne, un Sidhe appelé Loinseach commença à
aucun pouvoir, et ils se considèrent comme supérieurs à tout écouter ces histoires. Il tomba sous le charme de celles-ci
ce qui n  ’est pas magique. et de celui qui les contait… Loinseach se mit à passer de
Les Dormachs sont des créatures extrêmement puissantes. plus en plus de temps loin du Royaume des fées, et de plus
Même les plus petits avortons d  ’une portée mesurent la en plus avec Quinn. Au fil de plusieurs années, tous deux
moitié de la taille d  ’un cheval une fois adultes. Leur tête s  ’éprirent éperdument l  ’un de l  ’autre. Finalement, Quinn
carrée est dotée d  ’une mâchoire imposante munie de deux accepta que Loinseach l  ’emmène dans le Royaume des
rangées de dents : une pour déchirer, l  ’autre pour mâcher. fées, séduit par les promesses d  ’aventures palpitantes et de
La partie avant de leur corps est composée d  ’un buste large nouvelles et étranges contrées.
et musculeux et de pattes puissantes. Ils s  ’affinent vers Cependant, ce royaume n  ’était pas un endroit sûr. L  ’esprit
l  ’arrière, avec un train svelte, un abdomen mince et de fines mortel de Quinn ne pouvait pas concevoir les choses
pattes arrières. Enfin, ils possèdent trois queues semblables merveilleuses, étranges et terrifiantes qui l  ’entouraient.
à des serpents et capables de frapper comme des fouets. Loinseach réalisa que Quinn n  ’était pas à sa place dans
le Royaume des fées. Il reconduit Quinn dans le monde
La Chasse sauvage des mortels, mais il était trop tard. Quinn avait sombré
Leurs droits et devoirs sacrés obligent occasionnellement dans la folie et gagné des pouvoirs féeriques : il semblait
les Dormachs à quitter leur propriétaire pour prendre désormais immortel, parlait directement avec les plantes et
part à la Chasse sauvage. Les mythes féeriques rapportent les animaux des champs et pouvait prédire le temps des
que les premiers Dormachs apparurent lors de la Chasse semaines à l  ’avance. Malheureusement, malgré ses pouvoirs,
sauvage, mais qu  ’un automne, le Chasseur, maître de la sa vie passée était révolue.
Chasse sauvage, tomba amoureux d  ’une magnifique prin-
cesse sidhe. Lorsque le Dormach de ce dernier mit bas, le Aujourd  ’hui
Chasseur offrit un des chiots à sa dame en gage de loyauté, Des décennies plus tard, la plupart des gens ont oublié le
introduisant ainsi les Dormachs parmi les Sidhes. nom de Quinn et l  ’appellent simplement « l  ’Homme vert ».
Il devint dès lors en vogue, au sein de la noblesse féerique, Son corps est un mélange de feuilles et d  ’herbe autant que
de garder un Dormach à ses côtés comme garde et compa- de chair et d  ’os. Il semble s  ’extirper des champs et des arbres
gnon. Si, la plupart des nuits, ces animaux restent parfai- alentours lorsqu  ’on a besoin de lui. Beaucoup prétendent
tement loyaux à leurs maîtres, les fées acceptent qu  ’ils que l  ’Homme vert les a sauvés d  ’animaux dangereux, de
retournent à leurs racines naturelles de temps à autre pour bandits ou de tempêtes. Il tue sans hésitation ceux qui
aller chasser avec le reste des leurs. Au lever du soleil, leurs tentent de s  ’attaquer aux innocents et parcourt les routes, à
propriétaires les retrouvent en train de dormir dans leur l  ’affût des brigands ou de quiconque voudrait s  ’en prendre
demeure, comme s  ’ils n  ’en étaient jamais sortis. aux voyageurs isolés. Dernièrement, les parents ont pris
Les Dormachs varient en force et en puissance, mais le l  ’habitude de raconter à leurs enfants turbulents des
spécimen moyen est un Monstre d  ’une Puissance de 5 avec histoires sur la manière dont l  ’Homme vert les attraperait
la Propriété monstrueuse Puissant. s  ’ils essayaient de sortir après l  ’ heure du coucher. Mais ceux
qui connaissent la vérité savent qu  ’il ne souhaite rien de plus
L  ’Homme vert que protéger les terres dont il s  ’est occupé avec soin pendant
Il était une fois un fermier nommé Quinn Morgen qui des années, même si ses méthodes semblent terrifiantes et
travaillait le long des frontières, dans les plaines rurales étranges dans le monde des mortels, dont il ne pourra plus
d  ’Inismore. Il était particulièrement malin pour sa situa- jamais faire vraiment partie.
tion. Certains disaient même qu  ’il était trop intelligent pour

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 57
Chapitre 2
La Castille
 LA CASTILLE
« Les Castillians sont têtus. Vous ne réussirez pas à les convaincre de faire quelque chose qu’ils ne
veulent pas faire, à moins de leur expliquer qu’il s’agit d’une tradition. La tradition peut amener un
Castillian à danser sur le dos d’un cheval, à combattre jusqu’à la mort pour laver un affront fait à
sa sœur ou à vendre son voisinage à l’Inquisition. »
—Lalo Terrazas, expatrié nahuacan en Castille

Connaissant l ’histoire de la Castille, l ’on pourrait se dire
que le pays devrait n ’être qu ’un conglomérat fragmenté. Les
invasions étrangères ont opposé les habitants les uns aux
autres : tribu contre tribu, ducado (duché) contre ducado,
Théan contre Croissantin, inquisiteur contre hérétique,
vaticin contre objectionniste.
La relation entre le peuple et son gouvernement est tout aussi
conflictuelle. Ancienne pionnière dans les domaines scienti-
fiques et économiques, la Castille n’est plus qu’une Nation
boitillante, meurtrie et en faillite. L’Inquisition contrôle le
pouvoir royal et a forcé de nombreuses personnes à se réfu-
gier dans la clandestinité. Toutefois, la population est unie par
l’esprit, la foi et l’identité. Les habitants se sont serré les coudes
lors des conflits, ont prié ensemble malgré leurs divergences et
ont clamé aux autres Nations : si différents que nous soyons,
Au XIIIe siècle, le troisième Prophète déplaça le siège
de l’Église vaticine en Castille à la suite du violent conflit
contre l’Empire du Croissant connu sous le nom de guerre
d’Ombrelune. Il divisa alors la Castille en ducados, et sur la
base de ce nouveau territoire, il accorda des titres de noblesse
aux officiers de son armée, la Lame ardente. Chaque ducado est
ainsi dirigé par un Gran Duque ou une Gran Duquesa (ou plus
simplement « Grande ») originaire de l’une des cinq maisons
nobles qui servirent le Prophète avec courage et loyauté.
L’unité est la clé du rétablissement de la Castille. En travail-
lant de concert, les Castillians recouvreront la sûreté, la sécurité
et la gloire qu’ils ont perdues au cours du siècle passé. Mais la
cohésion des Castillians est également la pierre angulaire du plan
du cardinal Esteban Verdugo visant à prendre le contrôle de la
Théah, puis du monde entier, grâce à son Inquisition. Il revient à

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nous sommes la Castille. vos Héros de déterminer quelle issue attend la Castille.

60 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
La Guerre de la Croix
et la Castille moderne
Avant la Guerre de la Croix, la Castille était à la pointe de la
science, de la recherche et du bien-être physique et spirituel.
Elle se lança dans la guerre avec la plus puissante armée
de Théah, prête à imposer la foi et la culture castillianes
à ses voisins mal préparés. À la fin de la guerre, la Castille
était brisée, humiliée, soumise au cardinal Verdugo et à son
Inquisition tyrannique. Qu ’a-t-il pu se passer ? Le meilleur
moyen de le savoir est de poser la question à un tercio sans
abri revenant de la guerre, vétéran des forces d ’élite castil-
lianes dont la maison a été détruite, qui n ’a jamais touché
la solde qui lui a été promise et qui n ’a nulle part où aller.
L ’armée castilliane
Jusqu ’en 1618, les jinetes castillians, la cavalerie de la
Nation, formaient son corps d ’armée le plus illustre.
Montés sur des destriers d ’Aldana, ils pouvaient aussi bien
affronter des cavaliers lourds, comme les chevaliers théans,
que d ’autres plus légers, comme les lanciers et archers
montés du Croissant. L ’infanterie, quant à elle, n ’était pas
aussi prestigieuse.
Puis, arrivèrent les tercios. Organisées et entraînés avec
une précision chirurgicale, les nouvelles troupes étaient
constituées de soldats vétérans, aguerris par une vie de
mercenaire à l ’étranger, ainsi que de marins survivants
d ’affrontements sur la mer de la Veuve. Bon nombre d ’ex-pi-
rates couturés de cicatrices et de bandits notoires revinrent
dans les terres pour prendre les doublons du Roi, séduits
par la promesse d ’une amnistie, d ’un salaire généreux et
de la possibilité d ’obtenir le statut d ’hidalgo. La capacité
des tercios à utiliser différentes armes (piques, mousquets
modernes, épées courtes et boucliers) pour se soutenir
mutuellement leur permit de mettre à mal la cavalerie
montaginoise. Leur efficacité au combat poussa l ’Eisen et
d ’autres Nations à adopter des unités similaires, bien que
celles de la Castille restassent de loin les plus féroces et les
plus meurtrières.
Tandis que toute la Théah tremblait face aux soldats de
première ligne de la Castille, l’une des plus grandes forces
de la Nation restait quasiment inconnue de tous, hormis
de l’armée castilliane. Il s’agissait des galenos, qui mirent en
pratique les connaissances considérables de la Castille en tant
que médecins de campagne. Ils combinaient des approches
scientifiques et alchimiques pour appliquer la médecine de
terrain la plus rapide et la plus efficace de Théah.
Une entreprise coûteuse
Le succès initial des tercios engendra de faux espoirs en Castille.
Une confiance excessive poussa l’armée à s’enfoncer profondé-
ment en Eisen. Bientôt, les troupes se retrouvèrent étalées sur
une large zone. Les convois de ravitaillement s’étiraient désor-
mais depuis la Castille jusqu’en Eisen, et il devenait de plus en
plus difficile et coûteux de les protéger. Plus la guerre traînait en
longueur, plus le conflit engloutissait les ressources de la Nation.
De plus, le cardinal Verdugo percevait le succès des tercios
comme une menace, car bon nombre de ces guerriers entraînés
étaient des meurtriers et des bandits reconvertis en soldats.
Au cours de la guerre, le cardinal Verdugo ordonna à des
centaines d’agents de l’Inquisition de saboter l’acheminement
de nourriture, d’armes et d’équipements médicaux jusqu’au
front. Les forces de l’Eisen et de la Montaigne obtinrent
mystérieusement des cartes et des plans de bataille qui
leur permirent d’opérer des frappes chirurgicales contre ces
convois. Verdugo isola progressivement l’armée castilliane.
Trois décennies d’une guerre improductive et lointaine
épuisèrent la trésorerie et le moral de la Castille, et l’avantage
initial de la Nation devint une impasse. L’Armada castilliane,
une imposante flotte de vaisseaux de guerre, fut le baroud
d’honneur de la Nation. Elle avait été essentiellement
constituée à crédit, dans l’espoir de couvrir les dettes grâce
à la conquête de l’Avalon. En vain. De mauvaises conditions
météorologiques et les Chiens de mer eurent raison des
bateaux. Les tercios attendirent une solde qui ne vint jamais.
Lorsque la Montaigne envahit le pays, le Roi rappela les
tercios en leur promettant terres et richesses s’ils repoussaient
l’invasion. Certains pensent que Verdugo était l’instigateur
de cette invasion, tandis que d’autres attribuent à l’Empereur
suffisamment de génie stratégique pour se rendre compte
que la Castille était moribonde. Quoi qu’il en soit, tandis
que les forces d’invasion refluaient, les tercios se tournèrent
de nouveau vers la Nation pour obtenir rétribution, tout en
sachant désormais qu’elle ne viendrait pas. Beaucoup déser-
tèrent. Et si la Montaigne en avait été ne serait-ce qu’à moitié
avertie, elle n’aurait jamais rappelé ses troupes.
Au fil du temps, la Castille tomba de son piédestal de
Nation la plus riche et la plus avancée de Théah, pour
devenir le pays le plus pauvre et le plus endetté. Au drame
de cette situation vinrent s ’ajouter deux derniers affronts :
la mort du roi Salvador Aldana et le déplacement du roi
Sandoval dans la Cité vaticine par El Concilio de la Razon.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 61
 Une Nation fondée
sur la tradition
Les Castillians sont aussi traditionalistes que déterminés. Pour
comprendre ce peuple, il faut avant tout connaître ses coutumes.
Tout part de la famille, et la famille commence par la mère.
Les premières tribus nomades qui s’installèrent en Castille ne
pouvaient retracer leurs lignées qu’au travers des branches
maternelles. Des peintures sur les parois de grottes montrent
des matriarches qui font office de chefs de clan et arrangent
mariages et alliances avec d’autres tribus, plus importantes et
opulentes. Placer les femmes, en particulier les mères, sur un
piédestal peut sembler attirant comparé à la voisine misogyne
de la Castille, la Vodacce, mais le poids des attentes et des rôles
de genre préconçus apporte également son lot de soucis.
La Castille fut la première Nation vaticine de Théah.
Dans les premiers jours de l ’Église vaticine, lorsque l ’Empire
de Corantine s ’étendait sur une large portion du continent,
les régions méridionales de la Castille accueillaient déjà des
églises vaticines. Si l ’occupation de la Castille par l ’Empire
est remise en doute, personne ne nie que les Castillians
soient vaticins depuis le Premier Prophète, et la religion a
toujours occupé une place importante dans leur vie.
Les Castillians capables de revendiquer une descendance
directe avec les premiers vaticins de Castille ne manqueront
jamais une occasion de vous le rappeler. Aujourd ’hui, les
Castillians proclament ostensiblement leur foi en public, par
solidarité avec leurs voisins et l ’Église vaticine.
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62 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
Pour un étranger, tous les habitants de la Nation sont
Castillians ; pour ces derniers la différence se fait entre
ducados. Les ducados ont évolué à partir des cinq royaumes
qui se sont formés à la chute de l ’Ancien Empire : Aldana,
Torres, Zepeda, Soldana et Odiseo (couramment appelée
l ’Odissée). Réticents à l ’idée de risquer leurs vies dans le
chaos qui régnait en Vodacce, les soldats bloqués en Castille
ouvrirent les portes de leurs castrum. Ils se mêlèrent aux
tribus castillianes et, au sud, aux marins et colons ifriens.
Pour le reste du monde, les Castillians sont dévoués à
la Castille. Mais pour les autres Castillians, chacun est
un patriote Aldanais, Torresien, Zepedien, Soldanais ou
Odisséen, fier du dialecte, de l ’histoire, du caractère et de la
culture de son ducado. Si certains sont parfois moqueurs
envers les ducados voisins, tous apprécient la rivalité amicale
qui oppose les régions entre elles.
Comprendre et contrôler ces relations régionales a
toujours été primordial pour diriger la Castille. Si ces
ducados étaient libres d ’agir comme bon leur semble, ils
se diviseraient en pays indépendants, chacun doté de ses
propres forces, mais trop faibles pour résister à la pression
extérieure de puissances plus importantes. Au contraire, liés
en une entité indivisible, leurs caractères différents et leur
autonomie historique les rendent obstinés, rétifs et rebelles.
 Personnages notables
Les bons rois Sandoval
Historiquement, le monarque a toujours été le Grande
le plus faible de Castille. Responsable de l ’équilibre des
forces entre les Grandes, qui contrôlent bien plus de
terres, de ressources et de forces militaires que lui, le Roi
menait une vie frustrante et stressante. À mesure que
l ’Inquisition centralisa le pouvoir derrière son trône de
pacotille, l ’influence apparente du Roi ne cessa de grandir.
Mais évidemment, le véritable pouvoir reste entre les mains
d ’El Concilio de la Razon. Le Roi souffre désormais d ’un
nouveau type d ’impuissance.
Étant donnée cette situation délicate, lorsque la reine
Almudena Sandoval tomba enceinte du roi Salvador Aldana
en 1652, tous deux dissimulèrent le fait qu ’elle attendait
deux enfants : un garçon, Amadeo, et une fille, Rocío. La
ressemblance des jumeaux empêcha quiconque de les diffé-
rencier, en dehors du cercle royal de San Cristóbal, que
même l ’Inquisition ne pouvait atteindre. Le Roi et la Reine
savaient que l ’enfant qui hériterait du trône ferait l ’objet
d ’une surveillance et d ’une manipulation constantes. Ils
avaient besoin d ’un moyen subtil d ’échapper à El Concilio
et à ses espions pour leur permettre de découvrir le monde
au-delà de leur trône... Et pour vivre dans la vérité, la
passion ou la liberté.
Amadeo et sa sœur Rocío partagent la même identité (ils
utilisent le nom et le sexe d’Amadeo) depuis bien avant le décès
de leur père et le départ de leur mère pour le ducado de Aldana
visant à échapper en partie à la surveillance de Verdugo. L’un
des jumeaux siégeait sur le trône, feignant une incompétence
puérile, tandis que l’autre se lançait dans de petites aventures
dans la capitale et ses alentours, afin de découvrir ce qui se
passait en Castille et d’acquérir une expérience de la vie. Ils
partageaient ensuite les événements de la journée au cours de
la nuit, avant d’échanger leurs identités le lendemain.
Mais un problème survint. Peut-être l ’Inquisition eut-elle
des soupçons lorsque le Roi prit juste assez de décisions
judicieuses pour empêcher la Montaigne d ’envahir la
Castille. Il y a un an, El Concilio déplaça de force le roi
Amadeo Sandoval dans la Cité vaticine pour sa propre sécu-
rité ainsi que pour repousser les forces hérétiques en Castille.
Rocío, sa sœur bien aimée, son lien vital et la clé pour faire
tomber le masque de l ’Inquisition, ne put le suivre.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 63
 Interpréter Amadeo Sandoval Alfonso Sánchez
Les enfants monarques s ’en sortaient avant que le déplace- Don Alfonso Sánchez de Ilurdoz, Conde-duque de Angulema,
ment du trône ne ruine leurs plans. Désormais, Amadeo Capitán de la Guardia de Fronteras y Obispo de Altamira, est
est bloqué dans la Cité vaticine. Les audiences officielles né au cours de la Guerre de la Croix au sein d’une famille noble
s ’obtiennent uniquement avec l ’aval d ’El Concilio ou celui d’une petite ville castilliane. Il a été élevé pour devenir dirigeant,
du cardinal Verdugo lui-même. Cela n ’empêche cependant censé reprendre le rôle de son père en tant que chef de la cité
pas d ’organiser des visites clandestines lorsque ce dernier serait trop vieux. La population adorait
le jeune Alfonso, mais la petite ville n’était pas en mesure de
Accroches scénaristiques contenter son âme d’aventurier. Dès qu’il fut assez âgé, il quitta
• L ’Inquisition s ’est non seulement emparée son foyer et se rendit à San Cristóbal pour y étudier.
des prérogatives royales, mais également de Il savoura tous les sujets, depuis la philosophie jusqu’aux
la couronne du roi Sandoval. Lourdement enseignements martiaux, et suivit quelques cours dans chaque
gardée par l ’Inquisition, la coiffe régalienne est matière. Cependant, il était amoureux de l’Église vaticine et
en déplacement depuis la cour royale de San de son dévouement à la connaissance et à la raison. Ainsi, il
Cristóbal vers la Cité vaticine, où le cardinal rejoignit bientôt les rangs non seulement des étudiants, mais
Verdugo la gardera certainement enfermée pour aussi de l’Église. Ses études le menèrent de San Cristóbal
toujours. À moins que quelqu ’un ne la subtilise jusqu’à la Cité vaticine. Il finit par se rendre à Altamira où
en chemin. il officia en tant qu’évêque. Il quitta son poste peu de temps
• Almudena Sandoval est tombée malade. Les avant l’invasion montaginoise, répondant à l’appel aux armes
médecins ne savent pas si elle guérira. Malgré le du colonel Bihotz lorsqu’elle mobilisa sa cavalerie en prévision
risque pour sa sécurité, Amadeo souhaite revoir des mouvements de troupes de la Montaigne.
sa mère, au cas où il s ’agirait de sa dernière Il se dirigea vers le sud, à Barcino, puis jusqu’à la fron-
chance. Quelqu ’un va devoir l ’aider à quitter la tière montaginoise où il lutta sans relâche pour repousser
Cité vaticine pendant une courte période. les troupes de la Montaigne. Il ne découvrit que trop tard
qu’Altamira était déjà perdue et que le reste du ducado battait
Interpréter Rocío Sandoval en retraite. Sánchez reçut maintes décorations durant la
Rocío Sandoval tient le coup malgré la perte de son frère. guerre, mais comme la plupart des soldats, il n’obtint aucune
Elle est peut-être jeune, mais elle a un plan pour le sauver. rétribution pour son service. Il ne put se maintenir à flot que
Cependant, elle ne partage pas cette information avec grâce à son titre de noblesse et aux terres que sa famille possé-
n ’importe qui. dait. Il rentra chez lui, mais pas dans l’intention de panser
Lorsque Rocío en informera les Héros, que vont-ils envi- ses plaies. Au lieu de cela, il rassemble des fonds pour lever
sager ? Introduire discrètement Rocío dans la Cité vaticine une armée dans le but de reprendre Altamira à la Montaigne,
pour renouveler la grande illusion ? La placer sur le trône maintenant que la guerre est finie.
vacant de San Cristóbal, risquant la vie d ’Amadeo pour
ériger un véritable Rex Castilium et défier l ’Inquisition ? Interpréter Alfonso Sánchez
Ou feront-ils appel à une puissance inconnue (les sépara- Don Alfonso Sánchez est un homme d’honneur à la
tistes odisséens, les puissances ifriennes ou des personnages conduite noble. Il a des cheveux châtains, une peau et des
mystérieux venus du Nouveau monde afin de s ’implanter en yeux sombres, et il arbore de nombreuses cicatrices, héritage
Castille) pour créer une nouvelle Castille ? des affrontements à la frontière castilliane. À l’heure actuelle,
c’est un soldat, mais au fond de lui, il reste un prêtre. C’est un
Accroche scénaristique vaticin dévoué, même s’il n’éprouve aucune haine à l’égard
• Rocío a été arrêtée alors qu ’elle furetait près du des objectionnistes, comprenant leur besoin de collecter des
palais de San Cristóbal, et elle se trouve désormais informations dans leur quête de Theus. Sánchez a des plans
retenue dans le donjon. Pour l ’instant, personne pour la Castille, qui ont tendance à aller à l’encontre de ceux
ne fait le lien entre la fille et le monarque, mais ce de l’Inquisition. Son attention est actuellement tournée
n ’est qu ’une question de temps avant qu ’elle ne soit vers Altamira, mais il est susceptible de prêter main-forte à
démasquée. Elle a besoin d ’aide, rapidement. quiconque cherche à rendre à la Castille sa gloire passée.

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64 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
Octavio Mzabi, Interpréter l ’inquisiteur Octavio Mzabi
l ’Inquisiteur noir Audacieux, magnétique, exubérant, l ’inquisiteur Mzabi est
En 1658, un jeune inquisiteur nommé Octavio Mzabi un homme grand, aux larges épaules, arborant de longues
mena une descente dans la maison d ’un érudit renégat à dreadlocks, une carrure athlétique et des yeux gris aussi
la ciudad de Zepeda. Sur un coup de tête, il conserva un accueillants qu ’un bain chaud un matin froid. Il est beau,
vieux journal relié de cuir au lieu de le brûler comme on le charismatique et persuasif. C ’est en partie son problème, car
lui avait ordonné. Il prétendit s ’être assuré que le livre était
c ’est un meneur né, pas un espion ou un détective dans l ’âme.
vierge, et affirma vouloir s ’en servir pour prendre des notes Il a attiré un certain nombre de partisans dans son
ou écrire de la poésie. Or, le grimoire n ’était pas vierge, et entreprise d ’épuration de l ’Inquisition, et tout son travail
il savait pertinemment que conserver un tel artefact était permet de facilement remonter la piste de l ’organisa-
contraire aux règles. tion jusqu ’à lui. Il sait qu ’il risque de révéler son jeu au
Dans ces pages, il trouva les notes de l ’inquisitrice Aliénor
mauvais inquisiteur ou de se faire attraper s ’il ne prend
Capdeville, servante dévouée du deuxième Prophète et pas la peine de déléguer une partie de ses basses besognes.
enquêtrice de talent, dont les opérations quotidiennes se S ’il soupçonne qu ’un Héros se méfie ou en veut à
lisaient comme un roman d ’aventures. Elle affrontait des l ’Inquisition, il lui proposera de rejoindre sa cause
monstres, espionnait des représentants de l ’Église et éradi- et lui demandera de l ’aide pour étendre la portée de
quait le mal partout où elle allait. l ’Inquisitio Aquila ou pour frapper l ’Inquisition d ’une
L ’inquisiteur Mzabi ne réalisa la véracité de ces rapports manière qui lui est impossible
qu ’après les avoir croisés avec des archives auparavant scel-
lées dans la Bibliothèque hiérophantique. Bien sûr, il existait Accroches scénaristiques
une Inquisition bien avant le troisième Prophète, mais son • Une autre faction dissidente a fait son apparition
objectif était très différent de celui de l ’Inquisition actuelle. au sein de l ’Inquisition, mais jusqu ’à présent,
Une semaine plus tard, l ’inquisiteur Mzabi retourna elle n ’aide pas vraiment l ’inquisiteur Mzabi. Elle
consulter les archives, mais elles avaient disparu. Il était souhaite le retour du hiérophante en Vodacce, ce
surveillé, ou les archives l ’étaient. Il n ’avait aucun moyen qui implique l ’assassinat du cardinal Verdugo et
d ’en être sûr. de quiconque le défend. Si cette tentative échoue,
Depuis, l ’inquisiteur Mzabi avance avec prudence, l ’Inquisitio Aquila fera l ’objet d ’une surveillance
conservant sa réputation de représentant loyal de l ’Église. plus étroite. Si elle réussit, l ’Église sombrera
Cependant, il a également recruté des inquisiteurs discrets dans le chaos et nombre de vies seront fauchées.
et désenchantés, ainsi que des étudiants séminaristes dans Les Héros peuvent-ils aider Mzabi à éliminer
les rangs de l ’Inquisitio Aquila, une nouvelle Inquisition qui cette faction ?
vise à éliminer le mal tapi dans l ’organisation de Verdugo. • Une créature morte-vivante déguisée en humain
Les inquisiteurs noirs de Mzabi se servent des ressources a infiltré l ’Inquisition noire, dissimulée au sein
de l ’Inquisition pour traquer et éradiquer les menaces de l ’infrastructure secrète de Mzabi de telle
internes à l ’Église vaticine, l ’objectif initial pour lequel façon qu ’elle empoisonne son entreprise de
l ’Inquisition avait été créée. L ’objectif de l ’inquisiteur l ’intérieur. Maintenant, il ne peut plus faire
Mzabi n ’est pas seulement d ’échapper à la vigilance de confiance à son entourage... Ce qui signifie
l ’Inquisition castilliane : il veut la remplacer, développant qu ’il a besoin de l ’aide des Héros pour réussir à
le pouvoir de l ’Inquisition noire jusqu ’à ce qu ’elle soit démasquer le coupable.
prête à organiser un coup d ’État et à redonner à la Haute
chancellerie son but originel.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 65
 Azra Uziel
Il n’est pas d’objet que les Castillians glorifient plus que la
guitare castilliane, et il n’est pas de guitariste castillian plus
adoré qu’Azra Uziel. Elle descend d’une famille d’artistes
itinérants Éclipses, une population castilliane aux origines à
la fois yachidis et dīnistes.
L’attitude pétillante d’Azra et ses compositions follement
entraînantes lui ont valu l’attention générale depuis l’enfance,
y compris celle de l’Inquisition, qui la surveille sans trouver
de motifs suffisants pour l’arrêter.
Les tournées de la señorita Uziel et de son vaste entourage
comprennent des groupes d’Éclipses déguisés en cuisiniers,
en gardes du corps ou en admirateurs inconditionnels, qui
voyagent à travers la Castille vers des ports d’où ils pourront
prendre la mer en toute sécurité en direction de l’Ifri ou du
Croissant. Mais l’Inquisition la surveille et ce n’est qu’une
question de temps avant qu’elle n’infiltre son entourage, d’une
manière ou d’une autre. Les Rilasciare tentent de convaincre
Azra d’utiliser sa notoriété pour renverser la dictature de
l’Inquisition, mais le danger que cela représente pour sa
famille est trop grand.
Señorita Uziel doit déjà gérer ses admirateurs trop
enthousiastes. Jusqu’à aujourd’hui, ses gardes du corps (et
El Vagabundo à une occasion) ont réussi à la garder en vie,
mais elle cherche toujours à renforcer sa sécurité lors de ses
concerts les plus importants. C’est comme cela qu’elle vous
attrape : aidez-la une fois, et soudain, elle vous demande de
l’aider à déplacer de l’équipement, de protéger ses amants
secrets de l’Inquisition, d’écouter ses nouvelles idées de
chansons, de cacher des Éclipses sur votre bateau, d’être son
cavalier lors de fêtes...
Interpréter Azra Uziel
Uziel est très petite, arbore une longue chevelure ondulée
et brune, une peau sombre et un sourire malicieux. Sa
personnalité ne passe pas inaperçue, sa voix résonne comme
une cloche et sa poignée de main est aussi énergique que la
morsure d ’un terrier particulièrement nerveux.
Elle a toujours une guitare à cinq chœurs autour du cou et finit
parfois subitement ses phrases en chanson. Elle ne rate pas une
occasion de faire danser les gens, et si quelqu’un porte un instru-
ment, elle le harcèlera jusqu’à ce qu’il accepte de jouer avec elle.
En public, Azra évite les sujets comme la religion ou la poli-
tique en feignant l’ignorance. Mais quiconque lui avouera être
un Éclipse dans le besoin verra son attention se focaliser. Elle
offrira alors son aide à son interlocuteur, tempérera ses craintes
et lui promettra de faire son possible pour le mettre en sécurité.
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66 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
Amanda de la Rosa
Amanda de la Rosa a grandi à San Cristóbal, passant d ’un
orphelinat à l ’autre. Elle a voué sa vie à l ’art de l ’épée. Dans
le foyer, elle jouait avec les autres orphelins, se servant de
bâtons en guise d ’épées. Plus tard, elle n ’eut aucune diffi-
culté à se faufiler hors de l ’orphelinat pour aller s ’entraîner
dans la cour des gardes inoccupée. Le bruit et l ’agitation
constants de l ’orphelinat la dérangeaient, et elle préférait
la solitude.
De temps en temps, un garde lui enseignait une nouvelle
botte. Elle passait alors le mois suivant à apprendre avec
détermination la nouvelle technique, posture ou estocade. Un
tel dévouement lui attirait les moqueries des autres orphelins,
mais aucun n’était en mesure de la vaincre dans la cour.
Au fil des années, l ’appétit d ’Amanda pour la connaissance
se développa. Elle tenta l ’université, mais son approche
monomaniaque des études lui compliqua la tâche. Elle
essaya d ’intégrer une école de duel, mais son absence de titre
de noblesse lui barra la voie. Elle finit par postuler auprès
de la garde de la ville. Elle y fut acceptée et gravit rapide-
ment les échelons, pour gagner finalement une place dans
la garde royale dévolue à la protection du bon roi Sandoval
en personne.
Sa tendance à éviter la foule l ’amena à découvrir le secret
des jumeaux Sandoval. Elle aperçut Amadeo se glisser au
sein d ’une assemblée dans laquelle elle savait l ’avoir vu
présent plus tôt dans la soirée. Sa chemise était légèrement
différente et ses cheveux n ’étaient pas les mêmes. Elle
commença à observer le garçon et réalisa rapidement qu ’ils
étaient deux. Ce fut Rocío qui prit la décision de mettre
Amanda dans la confidence, faisant d ’elle la garde person-
nelle du Roi. Lorsque l ’Inquisition emmena Amadeo dans
la Cité vaticine, Amanda resta avec Rocío pour la protéger.
Interpréter Amanda de la Rosa
Polie, calme et quelque peu timide, Amanda de la Rosa est
loin d ’être docile. Elle possède une chevelure noire, une peau
olive et des yeux verts saisissants. Elle est grande pour une
femme, mais se fait généralement discrète en se tenant dans
les recoins des pièces.
C’est une épéiste de talent, mais même au combat, elle ne
peut s’empêcher de se focaliser sur une chose à la fois, ce qui
lui pose problème face à plusieurs adversaires. Elle apprend
cependant de ses erreurs et ne se laisse pas prendre deux fois
au même piège. Elle est loyale envers la Castille et la couronne,
et est déterminée à ramener le roi Sandoval à San Cristóbal
dès qu’elle aura trouvé un moyen de passer outre l’Inquisition.
Le cardinal Esteban Verdugo
Esteban Verdugo ne parle pas de son enfance à la ciudad
de Zepeda. Il n ’aime pas se replonger dans ses souvenirs,
ceux d ’une famille d ’hidalgos nombreuse et bien établie,
déchirée par des querelles vaines qui finirent par se muer en
accusations contradictoires d ’hérésie. Ces conflits et dénon-
ciations poussèrent l ’Inquisiton à arrêter tout le monde à
part Esteban et à les condamner à l ’esclavage sur les galères.
Ainsi, le jeune garçon apprit la leçon qui définit ensuite sa
vie d ’adulte : la survie n ’est assurée que par l ’unité.
L ’Église plaça Esteban dans l ’orphelinat vaticin où il se
distingua dans ses études. À l ’âge de vingt ans, il obtint un
doctorat en loi vaticine. Il aurait pu obtenir un poste de
professeur assistant dans n ’importe quelle université théane,
au lieu de quoi il demeura au sein de l ’Église, gravissant les
échelons jusqu ’à la fonction de cardinal. Au cours de cette
période, il rejoignit la mystérieuse Inquisition et finit par
obtenir le titre de Grand Inquisiteur.
Sa direction métamorphosa l ’Inquisition : de simple corps
enquêteur et judiciaire, elle devint un goliath politique et
militaire. Il était déterminé à consolider tout le pouvoir
sous son égide et à remplacer toutes les idéologies, toutes
les moralités par le dogme unifié du cardinal Verdugo (et
donc celui de Theus).
L ’Inquisition de Verdugo en appelle au plus petit dénomi-
nateur commun de l ’Église. À l ’instar du troisième Prophète,
il répand la peur avec d ’horribles histoires à propos de
sorciers, de l ’Empire du Croissant et d ’hérétiques, pour
promettre ensuite de les dissiper grâce à l ’œil vigilant et la
main puissante de l ’Inquisition.
Il a poussé la Castille dans la Guerre de la Croix, affirmant
que la philosophie des objectionnistes est contraire à Theus
et ne mérite que l ’éradication. Ses ennemis le suspectent
même d ’être intervenu pour provoquer la défaite de la
Castille dans le but d ’accuser la monarchie de cet échec.
Cela raffermit son emprise sur le gouvernement castillian
et priva les tercios de leur victoire ; victoire qui aurait
apporté l ’argent et le pouvoir nécessaires pour s ’opposer à
l ’Inquisition.
Le Cardinal a des faiblesses. Premièrement, il est vieux et a
besoin d ’un successeur, mais il fait confiance à si peu de gens
(et surtout si peu de jeunes gens) qu ’il a du mal à trouver
des candidats qui satisfont à ses critères.
Deuxièmement, malgré la rhétorique intransigeante de
l ’Inquisition, il fait des concessions pour obtenir ce qu ’il
veut. Il encourage par exemple certains inquisiteurs de
haut rang triés sur le volet à négocier avec les cibles de
l ’Inquisition qui vendraient d ’autres hérétiques.
Enfin, en dépit de son intelligence, des décennies d ’entê-
tement ont érodé sa capacité à réfléchir en dehors des
sentiers battus. Il ne parvient pas à envisager l ’inattendu
aussi bien qu ’auparavant.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 67
 Interpréter le cardinal Esteban Verdugo
Le cardinal Esteban Verdugo incarne l’Inquisition. Tout son
être est dévoué à l’avancement de sa cause. Même son amant
de longue date (qu’il n’a pas épousé par manque réciproque
de temps et d’envie d’adopter des enfants), un doyen confé-
rencier du séminaire vaticin, prend note des idées dissidentes
pour le compte de Verdugo.
Il calibre toute démonstration d’émotion pour manipuler
son entourage : il n’est pas aussi enragé qu’il le paraît, mais
il le feint si bien que seuls ses plus proches collaborateurs
savent faire la différence. Le cardinal Verdugo est le Scélérat
des Scélérats : il peut être responsable de presque n’importe
quel complot malfaisant dont le coupable n’est pas identifié.
Accroches scénaristiques
• L’inquisitrice Estefanía Tapia de Tomás fait partie
des agents qui ont échappé à la corde après la Guerre
de la Croix. Elle répand des rumeurs et produit des
preuves contre le cardinal Verdugo, bien que peu
de gens l’écoutent. Verdugo en a néanmoins après
l’ancienne inquisitrice, et la trouver permettrait aux
Héros d’obtenir un moyen de s’opposer au Grand
Inquisiteur.
• Le frère cadet de Verdugo, Curro, est censé avoir
péri dans une galère il y a longtemps. Or, il a refait
surface à Cinq Voiles… à moins qu’il ne s’agisse d’un
stratagème. Il menace de révéler tous les secrets dont
il se souvient au sujet de l’éducation du cardinal, à
moins que l’Inquisition n’achète son silence.
• L’Inquisition a invité Azra Uziel à se produire lors
d’un banquet en l’honneur de l’inquisiteur Verdugo,
et elle ne peut pas refuser sans être accusée d’avoir
des tendances hérétiques. Elle sait que les inqui-
siteurs profiteront de l’occasion pour fouiller ses
possessions et découvrir la famille d’Éclipses qui se
cache dans son entourage.
Jentar Soldano de Gallegos
Don Jentar Soldano est l’un des nombreux cousins du Grande
Diego Ruiz de Soldano. Bien que sa position ne soit pas
particulièrement glorifiée et qu’il ne possède lui-même pas de
terres, sa relation avec le Grande fait de lui l’un des courtisans
de premier plan de Castille. Dans sa jeunesse, il étudia la philo-
sophie au Séminaire maxentin dans la Cité vaticine, obtint un
diplôme de physique à l’université de Rioja et fut formé à l’école
de duel d’Aldana de San Cristóbal.
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68 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
Désormais, Jentar vit dans la cité portuaire de San Gustavo.
Les autres nobles de la cité pensent que Jentar est un fainéant
qui possède trop de temps libre. Il nourrit cette image, mais la
vérité est toute autre. Jentar Soldano est un homme très occupé.
Il dirige la Mesta, une organisation sociale constituée
d’éleveurs, tous représentants de la noblesse, avec chacun des
visées politiques. L’adhésion à la Mesta n’est pas secrète, mais
Jentar fait en sorte que son rôle reste aussi discret que possible.
Le groupe vise à accroître la prospérité de la Castille, et s’il est
très efficace dans le transport de marchandises, il l’est égale-
ment dans celui des secrets. Ceux de Jentar incluent des livres
mis à l’index et des documents pédagogiques. La plupart des
membres de la Mesta n’ont pas du tout conscience d’aider et de
participer aux activités du Collège invisible, et Jentar se satisfait
parfaitement de cette situation.
Lorsqu’il n’organise pas des expéditions de la Mesta, Jentar
conduit des expériences dans son laboratoire. C’est un boticario
(apothicaire) talentueux et il passe une grande partie de son
temps à la pratique de son art. Bon nombre des livres que
Jentar envoie par l’intermédiaire de la Mesta sont destinés à
ses confrères, en Castille et dans les autres Nations. Il importe
des livres, des informations, des expériences et de nouvelles
techniques scientifiques pour les garder hors de portée de
l’Inquisition. Il accepte des étudiants, mais ils doivent d’abord
faire leurs preuves, en passant des tests destinés à éliminer les
espions de l’Inquisition.
Interpréter Jentar Soldano
Jentar Soldano de Gallegos est un homme aux goûts et au style
impeccables. Il aime porter du violet sous n’importe quelle
forme, depuis des manteaux aux pointes de couleur violacées
jusqu’à des vestes, gilets ou pantalons entièrement pourpres.
Il consacre une grande partie de ses fonds à la recherche en
alchimie, mais dépense suffisamment d’argent dans sa garde-
robe pour que peu de gens remarquent les taches d’encre sur ses
mains ou les marques de brûlure sur ses manches.
Son attitude de noble indifférent et fainéant n ’est qu ’une
façade pour écarter les soupçons. Il possède un esprit intel-
ligent et aiguisé, et dès qu ’il a vent d ’un problème, il ne cesse
d ’y penser tant qu ’il n ’y a pas trouvé une solution.
Zoraida Cortiñas de Luzuriaga
Zoraida est la fille d ’un chevalier montaginois et d ’un
aumônier militaire soldanais. La première captura le second
au cours d ’une bataille navale dans la baie Dorée avant de
tomber amoureuse de son prisonnier et de déserter son
poste pour fuir à San Teodoro. Ils adoptèrent de nouvelles
identités. Elle devint musicienne et lui danseur, mais lorsque
l ’Inquisition les poursuivit parce qu ’elle les soupçonnait
d ’abriter des fugitifs, ils confièrent leur fille à un capitaine
pirate de passage. Ce dernier l ’éduqua comme mousse sur
un navire de la Fraternité de la côte, et pendant plusieurs
années, ils vécurent une vie de pillage sur la mer Atabéenne.
Après avoir été avalés, elle et son capitaine, par un monstre
marin qui les transporta à travers la mer jusqu ’en Théah,
Zoraida rejoignit les Chevaliers de la Rose et de la Croix
et parcourut le continent, chassant les monstres, défendant
les innocents contre les criminels, secourant puis tombant
amoureuse de nobles et de diplomates étrangers enlevés : en
bref, elle se lança dans les aventures les plus palpitantes dans
lesquelles elle pouvait s ’engager. Elle servit même comme
tercio dans l ’armée du Roi lorsque la Montaigne envahit
la Castille. Finalement, elle retrouva ses parents dans un
camp pénitentiaire de l ’Inquisition et gagna leur liberté en
apportant de nouvelles preuves et en plaidant leur cause lors
d ’un procès. Elle vit désormais à San Teodoro avec eux ainsi
que son ex-écuyer et désormais époux, gagnant sa vie grâce
à ses séries et romans à succès.
Sa création la plus célèbre est la Baronesa Berezi Batista,
un alter ego à peine voilé qui traverse une enfance très diffi-
cile pour devenir une anti-héroïne impétueuse et dangereuse,
motivée par la vengeance et la passion. Elle pensait initiale-
ment écrire une héroïne à son image, mais il lui sembla plus
intéressant de placer son récit dans un monde plus sombre,
au sein duquel les gens de bien sont contraints de mal agir
pour survivre.
Son travail fut controversé. Elle rédigea cette œuvre parce
que cela lui semblait plus amusant que de simplement
décrire sa vie, mais à mesure que sa popularité grandit, les
mésaventures de la Baronesa Batista (qui tue des criminels,
ment aux autres pour les protéger et s ’adonne au vice pour
fuir des souvenirs de plus en plus durs) sont devenues des
sujets de discussions philosophiques, depuis les tavernes
miteuses jusqu ’aux salles de séminaires des universités. Les
gens débattent de l ’éthique du personnage et, par là même,
de celle de son auteure pour avoir imaginé un personnage à
la morale aussi discutable.
Certains de ses admirateurs ont adopté une vision fana-
tique du monde de la Baronesa, persuadés qu ’il représente
leur propre Castille. Des habitants ont décidé de jouer les
justiciers en se déguisant en Baronesa ou en d ’autres person-
nages pour assassiner des inquisiteurs, réduire des palais
de justice en cendres et exposer au grand jour des secrets
intimes… Et ce n ’est que le début.
Interpréter Zoraida Cortiñas de Luzuriaga
Luzuriaga est l ’auteure de fiction contemporaine la plus
célèbre de toute la Castille. Ses histoires, inspirées par la
véritable Castille mais imprégnées de mésaventures exagé-
rées et de chagrins si profonds qu ’ils ont transformé une
femme droite en monstre, seront lus et étudiés pendant
encore des siècles.
Luzuriaga a raccroché sa cape d ’aventurière. Elle est
toujours heureuse de narrer ses péripéties ou d ’en écouter
d ’autres de la bouche des Héros, mais désormais, elle désire
uniquement passer du temps avec ses proches et écrire
sans attirer l ’attention de l ’Inquisition. Elle a besoin que
les Héros fassent son sale travail à sa place, mais elle préfé-
rerait qu ’ils trouvent un moyen de faire entendre raison
aux épigones de la Baronesa plutôt que de les rosser, ce
qui aurait tendance à encourager leur vision d ’un monde
pessimiste et dramatique.
Accroches scénaristiques
• Si les crimes des imitateurs continuent,
l ’Inquisition, qui garde déjà un œil sur Luzuriaga,
pourrait décider de sévir sur n ’importe quel admi-
rateur de la Baronesa Batista, même les innocents,
ainsi que sur la famille de Luzuriaga.
• Luzuriaga souffre du syndrome de la page blanche,
mais ses éditeurs lui réclament un nouveau roman.
Elle a besoin d ’une nouvelle source d ’inspiration
plus fiable : des Héros vivant de grandes aven-
tures ! Elle cherche à engager des aventuriers et est
prête à les payer grassement.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 69
 André Miguel da Fonte
André Miguel da Fonte est né hidalgo et fils de marin à
San Felipe. Contrairement à d ’autres Castillians, pour qui
les titres de noblesse sont un aspect important de leur vie,
Fonte ne s ’est jamais soucié de revendiquer son statut. Ce
dernier ne lui attirait que des ennuis, et il était plus simple
pour lui de vivre en tant que paysan que dans la peau d ’un
noble désargenté. Ceci, ajouté à sa tendance à se mettre dans
des situations difficiles, l ’a toujours mis en porte-à-faux avec
sa famille, qui l ’a simplement déshérité à l ’adolescence.
Son esprit aventureux a conduit Fonte à rejoindre plus
d ’un équipage de bateau peu recommandable. Il a depuis
fait moult allers et retours depuis les ports de San Felipe,
parfois au service de marins honnêtes, mais plus souvent en
compagnie de forbans. André s ’est taillé une réputation de
pirate à louer, et finit par obtenir un poste sur La Grâce de
la Dame. Le navire voguait sous le pavillon d ’Uxía Serafin,
la Grande d ’Odissée, et transportait souvent ses lettres
et correspondances jusqu ’à des destinations lointaines,
lorsqu ’il ne volait pas des marchands en son nom.
Ce fut au gré de son service à bord de ce bateau-messager
que Fonte rencontra et séduisit la Grande avant d ’entamer
une relation secrète qui dura plus d ’un an. Bien sûr,
Serafin n ’est pas la seule amante de Fonte, mais elle est la
plus importante, car ses bonnes grâces maintiennent son
équipage à flot et tiennent le gouvernement à distance.
Lorsque Fonte découvrit un complot de l ’Inquisition visant
à assassiner Serafin pour enfin débarrasser l ’Odissée de son
influence, il sut qu ’il devait intervenir pour la sauver.
Sachant qu’un pirate n’aurait pas pu faire grand-chose pour
l’aider, il fit appel aux Vagabundos. Ses premiers contacts avec
la Société furent aussi clandestins que d’habitude : il lâcha un
papier dans une allée, et un masque apparut dans ses quartiers,
sur son navire, le lendemain. Revêtu du masque, il contrecarra
le plan de l’Inquisition au dernier moment. Depuis, Fonte
a enfilé le masque à deux autres reprises, chaque fois pour
sauver des nobles et des dirigeants de par la Castille.

Interpréter André da Fonte

Aventureux, séducteur, espiègle, André da Fonte semble à
peine friser la trentaine. Il arbore de longs cheveux sombres,
attachés en une queue de cheval soignée. Il tient sa muscula-
ture et son bronzage de son temps passé en mer. Son esprit et
ses réactions sont vifs, et il agit souvent avant de réfléchir, ce
qui a tendance à lui attirer plus de problèmes qu’il ne souhai-
terait l’avouer. Il sait se montrer poli lorsque c’est nécessaire,
mais dans ses yeux brille toujours une étincelle de malice, ou

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de charme, selon la personne qui a piqué son intérêt.
El Concilio de la Razon El Cardenal del Ducado de Zepeda
El Concilio de la Razon est la plus grande puissance gouver- Jafet Moreno de Zepeda est le plus violent et le plus extré-
nementale de toute la Castille. Huit cardinaux siègent au miste des inquisiteurs. Ancien pirate, il a mené l ’Épée du
Concilio : un pour chaque ducado, un pour le « ducado de Prophète, le bras armé de l ’Inquisition, lors de violentes
Ultramar » (les colonies castillianes du Nouveau monde), attaques contre ses ennemis les plus redoutés, jusqu ’à ce
un pour la famille Sandoval et un pour représenter la Cité qu ’il perde l ’usage de l ’une de ses jambes en affrontant
vaticine. Les membres du Concilio sont un panachage de une bruja.
Héros et de Scélérats qui peuvent intervenir pour aider ou Cet homme calme, dont le regard mauvais ne semble jamais
gêner des Héros traversant la Castille. ciller, est toujours prompt à rappeler au Concilio que le meil-
leur moyen de s’assurer de l’élimination d’une menace est de
El Cardenal de la Ciudad vaticinia la voir mourir devant soi. Ce n’est pas quelqu’un à qui on peut
Nagore Loyola représente la Cité vaticine. Éduquée par chercher querelle, et il causera probablement des problèmes
l ’amant du cardinal Verdugo au Séminaire maxentin, aux Héros qui tentent de s’en prendre à l’Inquisition.
l ’inquisitrice Loyola incarne ce qu ’il y a de plus proche
de l ’idée que se fait le Cardinal d ’une protégée. Elle l ’a El Cardenal del Ducado de Aldana
remplacé à la représentation de la Cité vaticine après la mort Pastora Losa de Aldana, juge respectée du Sablier du
du hiérophante. Prophète, a envoyé bon nombre d ’hérétiques vers un
Elle possède une faiblesse capitale : elle apprécie sincère- destin bien pire que ce qu ’ils méritaient. Elle a l ’intention
ment le roi Sandoval. Elle ne se contente pas de prendre des de prendre sa retraite dans l ’année, avec la bénédiction du
décisions pour lui, elle s ’assure qu ’il comprenne ce qu ’elle cardinal Verdugo.
fait et pourquoi. Ce n ’est qu ’une question de temps avant Elle a loyalement servi l ’Inquisition pendant soixante-dix
que quelqu ’un ne la double et rapporte ses agissements à ses ans et souhaite passer ses dernières années avec ses
mentors. Elle se prépare à cette éventualité en rassemblant petits-enfants, à se consacrer à ses passions (la peinture de
autant d ’alliés que possible autour d ’elle. soldats en étain, essentiellement). Son statut de doyenne
devrait lui permettre de nommer la personne de son choix
El Cardenal del Ducado de Ultramar pour la remplacer mais elle n ’a personne en tête et attend le
Itzamatul de Tzak K ’an représente le Nouveau monde, un bon pot-de-vin pour prendre sa décision finale.
poste qui lui impose de rester en contact avec de nombreux
pays et de gérer une grande quantité d ’informations. El Cardenal del Ducado de Soldano
Converti zélé et écrivain de talent, c ’est un cardinal popu- Patricia Abana de Soldano est la cardinale la plus attachée
laire, chose rare dans le monde vaticin. Les gens l ’apprécient aux problèmes temporels. Elle provient d ’une famille qui
vraiment et s ’ouvrent à lui sur des sujets qu ’ils devraient a entretenu la même hacienda somptueuse et les mêmes
cacher aux autres représentants de l ’Église. champs luxuriants depuis les premières années de l ’histoire
Lors des rares occasions où l ’Inquisition doit désamorcer de la Castille. Il s ’agit de l ’une des rares membres du
une crise en douceur, Itzamatul est l ’homme de la situation... Concilio à ne pas faire partie de l ’Inquisition. Bien que
s ’il parvient à dégager du temps dans son agenda. ce point déplaise au cardinal Verdugo, il est réticent à
l ’évincer du fait des bonnes relations qu ’elle entretient avec
El Cardenal del Ducado de Torres la population.
Plus jeune membre du Concilio, Emilio Crespo de Torres Elle soutient que le meilleur moyen de s ’assurer la
a dirigé la nouvelle campagne inquisitoriale de syncrétisme loyauté de la population est de rendre l ’Église indispen-
des idoles païennes avec les saints vaticins. Lorsque le sable à leur quotidien, et cette approche s ’avère particuliè-
Torres résista obstinément aux tentatives de l ’Inquisition rement efficace grâce à la nourriture et aux soins médicaux
de supprimer le paganisme castillian, Crespo suggéra une qu ’elle prodigue dans ces temps difficiles. Quelqu ’un qui
approche plus douce : convaincre les Torresiens que les aurait son oreille pourrait certainement orienter les aides
anciens dieux et leurs saints favoris ne font qu ’un. Ce travail là où elles sont le plus nécessaires.
est de longue haleine mais Emilio semble apprécier le fait de
parcourir la campagne castilliane à la recherche de convertis.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 71

El Cardenal del Ducado de Gallegos
Fátima Campos de Gallegos est la recrue la plus récente d ’El
Concilio. Elle n ’était qu ’évêque lorsque le cardinal Verdugo
l ’a sélectionnée malgré l ’indignation des archevêques de sa
région. Il était intéressé par ses compétences d ’espion, qu ’elle
avait déjà mises au service du roi Aldana en Gallegos. La
décision de Verdugo ne fit rien pour apaiser le ducado déjà
explosif, et Fátima marche sur une corde raide avec les offi-
ciels de l ’Église de sa région.
L ’instinct de Fátima lui intime de ne faire confiance à
personne mais cette approche ne lui a pas réussi en poli-
tique. Elle n ’est pas encore parvenue à établir de véritables
relations ni à tendre la main à l ’opposition dans le climat
politique complexe de la Cité vaticine.
Elle a cependant constitué des dossiers secrets sur chaque
autre membre du Concilio, « juste au cas où ». Elle n ’est
peut-être pas favorable à la situation du roi Sandoval, mais
elle est loyale. Elle pourrait être une alliée puissante pour
abattre l ’Inquisition, si on lui fournissait une motiva-
tion suffisante.
El Cardenal de Familia Sandoval
Modesto Mejía de Sandoval est un personnage excentrique
originaire de la forêt de Sandoval, à l ’accoutrement rustique
et dont la coiffure et la barbe rappellent un arbuste. Il faisait
autrefois partie d ’un petit ordre religieux obscur, mais après
sa dissolution, il rejoignit l ’Inquisition... Enfin, c ’est ce
qu ’il prétend. La vérité est que l ’inquisiteur Mejía est un
busgosu, un homme-chèvre. Sa chevelure en bataille dissi-
mule deux courtes cornes et ses robes amples cachent des
pattes caprines.
Dans sa jeunesse, comme beaucoup de busgosus, il adorait
faire des farces cruelles aux humains. La dernière en date
consista à se déguiser en prêtre et à prêcher de faux évangiles à
des vaticins peu méfiants. À sa grande surprise, il se découvrit
un talent pour édicter des sermons, convertissant par inadver-
tance non seulement bon nombre d’humains, mais également
lui-même. Tout comme Itzamatul, c’est un inquisiteur apprécié,
davantage pour son aisance orale qu’écrite. Bien qu’il soit caché
au vu de tous, il a largement dépassé ses ambitions et craint
désormais d’être découvert. Il abandonnerait volontiers son
poste si quelqu’un l’aidait à s’échapper discrètement.
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72 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
INTÉRAGIR AVEC EL
CONCILIO
El Concilio de la Razon sert ostensiblement de groupe
de conseillers du roi de la Castille. Le Roi nomme les
cardinaux qui y siègent et le hiérophante les approuve,
charge qui échoit actuellement au cardinal Verdugo
en l’absence de hiérophante. Le rôle d’El Concilio est
différent de celui du conseil des cardinaux : il a été
créé pour contourner l’influence de la Vodacce sur
les problèmes de la Castille. Ces dernières années, le
cardinal Verdugo a fait modifier le fonctionnement du
Concilio afin de raffermir son emprise sur la Nation :
ils ne peuvent désormais plus refuser les propositions
du Cardinal. Ils peuvent exprimer un désaccord,
voire débattre de certains points, mais au bout du
compte, ils n’ont pas d’autre alternative que de se
plier à sa volonté. En général, les membres du Concilio
servent jusqu’à la mort, mais ils peuvent décider de
prendre leur retraite. Sous le règne de Verdugo, les
membres ne peuvent se retirer qu’avec sa bénédic-
tion. Autrement, les sièges ne sont remplacés qu’à la
manière traditionnelle : lorsqu’il y a un mort.
Certains cardinaux éprouvent de la compassion
vis-à-vis de la situation difficile du roi Sandoval, mais
tous pensent qu’El Concilio dirigera mieux le pays
tant que le souverain est enfant. Si, individuellement,
ses membres peuvent sembler tempérés et aimables,
ensemble, ils représentent une menace sérieuse pour
les Héros qui souhaiteraient éradiquer l’Inquisition
en Castille.
Peu importe l’attention que porte Nagore Loyola
au Roi, elle reste un soutien de l’Inquisition et la
protégée du cardinal Verdugo. Modesto Mejía a
peut-être un secret qu’il souhaite dissimuler, il n’en
suit pas moins les instructions de Verdugo pour éviter
d’éveiller les soupçons. Fátima Campos ne fait certes
confiance à personne, mais cela signifie également
que sans une raison suffisante, elle ne fera pas non
plus confiance aux Héros.
Lorsque vous décidez d’utiliser El Concilio dans une
partie, réfléchissez à la manière dont les Héros parvi-
ennent à les atteindre et comment ils ont obtenu
des informations sur ceux qui pourraient les aider.
Les Héros peuvent y dénicher des alliés, mais l’aide
de ces personnes ne se conçoit qu’au prix d’un grand
danger pour elles-mêmes. Certains seraient heureux
de bénéficier finalement d’une aide dans leurs plans
visant à renverser Verdugo. Quoi qu’il en soit, les
histoires impliquant El Concilio doivent regorger de
danger, de trahison et d’évasions audacieuses.
Les Grandes Ducados
Si le terme Grande désigne tout noble possédant des terres
en Castille, les plus importants d ’entre eux sont ceux qui
dirigent leur propre ducado. Pendant longtemps, ces indi-
vidus régnaient en rois et en reines sur leurs territoires, et ils
sont d ’ailleurs toujours traités comme tels par la population.
Ils habitent des propriétés grandioses, imposent les lois et
rendent la justice pour leur peuple, tant qu ’ils n ’interfèrent
pas avec un ordre du roi Sandoval ou avec les plans de
l ’Inquisition. Les Héros auront probablement affaire aux
Grandes sur leurs propres terres, ou peut-être pour avoir
dépassé les limites de l ’acceptable.
Les cinq ducados sont le Torres au nord-ouest, le Soldano
au nord-est, la Zepeda à l ’est, l ’Aldana au sud et le Gallegos,
mieux connu sous le nom d ’Odissée, à l ’extrême sud et au
sud-ouest.
Almudena Oquendo de Sandoval, la mère du Roi, dirige
le ducado de Aldana. Elle est elle-même une Sandoval de
naissance. La famille Sandoval descend du seigneur Ramón
Sandoval, également connu sous le nom de Rimun ibn
Basiti al-Sayyid. Noble mineur né d ’un père croissantin et
d ’une mère castilliane, al-Sayyid a combattu à la fois du côté
de la Lame ardente et du côté du Croissant au cours de la
guerre d ’Ombrelune. L ’histoire complexe de ses revirements
est peu comprise et fait l ’objet de nombreux débats.
La famille Sandoval est celle qui a le plus souvent occupé
le trône de la Castille, consolidant sa position de ducado
plus faible grâce à des mariages politiques agressifs avec les
plus puissants. Almudena n ’a pas quitté ses habits de deuil
depuis la mort de son mari Salvador Aldana, il y a quatre
ans. Elle est timide, réservée, polie et compte probablement
parmi les plus habiles des politiciens actifs en Castille
aujourd ’hui. Ses manœuvres sociales pertinentes ont garanti
la survie du bon roi Sandoval et la conservation d ’une petite
partie du pouvoir politique hors de portée de l ’Inquisition.
Elle est actuellement retirée dans sa propriété familiale à la
ciudad de Aldana pour échapper aux agents inquisitoriaux
qui l ’espionnent, ainsi que ses enfants.
La vieille Bihotz Arrigorriagakoa de Torres, colonel de
l’armée castilliane, a permis à sa lignée de survivre aux guerres.
Bihotz était la troisième fille d’une fratrie et, se sachant
destinée à un avenir militaire, s’y est préparée toute sa vie.
Son impitoyable pragmatisme lors de la retraite de l’armée
castilliane dans son propre pays fut à la fois persiflé comme
un sacrifice néfaste et effroyable, et loué comme la seule chose
qui permit à la Castille de rebondir après la défaite.
Bihotz a été témoin de tous les événements qui ont mené
sa famille à se consumer et à s ’écrouler, mais elle a tout de
même conservé un certain sens de l ’humour. Elle passe
désormais une grande partie de son temps à voyager à
travers la Castille, implorant les Grandes possédant plus
de moyens qu ’elle de lui envoyer des troupes, au cas où
l ’Empereur Léon Alexandre se souviendrait qu ’il est censé
poursuivre une guerre de conquête.
Diego Ruiz de Soldano a vu son étoile briller d ’autant
plus fort que celle du ducado de Torres sombrait et que
son sol se gorgeait de sang. Diego contrôle les vignobles et
les champs d ’oliviers les plus généreux de toute la Castille,
et leur production est désormais très demandée. Bihotz
Arrigorriagakoa de Torres, qui n ’avait pas de temps à consa-
crer à Diego, le supplie désormais d ’attribuer des ressources
à l ’effort de guerre. Les Grandes de Soldano, qui méprisent
la famille Torres depuis longtemps, sont susceptibles de la
laisser mijoter.
Depuis la semaine dernière, Llorenç Grec de Zepeda
pourrit dans une cellule inquisitoriale. Après une longue
course-poursuite nocturne à travers la ciudad de Zepeda,
l ’Inquisition trouva El Vagabundo caché dans le manoir du
Grande. Ce dernier nia avoir jamais eu connaissance de la
présence de ce criminel notoire en ville.
Tous les Zepeda furent réveillés pour assister à une scène
ignominieuse : le doyen des Grandes de Castille traîné à
travers la ville dans ses vêtements de nuit et jeté en prison.
Depuis qu ’El Vagabundo a échappé aux inquisiteurs en
les distrayant grâce à une envolée de chauve-souris dans
le grenier, c ’est maintenant la parole de Llorenç contre la
présence d ’El Vagabundo. A-t-il été victime d ’un coup
monté ainsi qu ’il le prétend, ou soutient-il vraiment le
masque ?
La Grande du ducado de Gallegos est la seule que la
couronne ne reconnaît pas. Le Roi a nommé le Gouverneur
Carlos Pérez à la tête du ducado pour tenter de réprimer
les volontés indépendantistes. Si la suppression du pouvoir
de la Grande a eu une influence à court terme sur les séces-
sionnistes, bon nombre d ’habitants du ducado ignorent le
droit qu ’a Pérez de régner.
Malgré tous ses efforts, il rencontre des difficultés à
empêcher les gens de se considérer Odisséens, et encore
plus à les voir obéir aux lois. Le vrai pouvoir en Odissée
est entre les mains de l ’ancienne Grande, Uxía Serafin, qui
continue à encourager la désobéissance au règne castillian
en dépit de son statut restreint.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 73
 Sociétés secrètes
Les Chevaliers de la Rose
et de la Croix
Les difficultés financières des Grandes castillians ont apporté
beaucoup de candidats aux Chevaliers, mais bien trop peu
de donateurs. Nombre de tercios mécontents, désormais
soldats de fortune sillonnant la Castille, comptent parmi ces
prétendants ; les Chevaliers établis les engagent souvent en tant
qu’écuyers, aides de camp ou gardes du corps, reconnaissant la
discipline, la polyvalence et l’esprit de corps de ces combattants.
Les Chevaliers en Castille occupent une position précaire, car
les différentes factions belligérantes de la Nation, qu’elles soient
religieuses, politiques ou autres, s’efforcent d’obtenir leur aide. Les
membres les plus haut placés de la Rose et de la Croix ont conseillé
aux Chevaliers de faire attention à ne pas soutenir publiquement
une faction plutôt qu’une autre. Pour compliquer encore l’affaire,
beaucoup de Chevaliers ont, à titre personnel, une opinion arrêtée
en ce qui concerne les causes qu’ils souhaitent soutenir ou non, et
les membres les plus aisés ont des idées encore plus figées.
Les lettres de reproche arrivent par charrettes entières,
menaçant les dirigeants de la Rose et de la Croix de leur
couper toute aide financière si les Chevaliers soutiennent
l’indépendance odisséenne, s’opposent à l’indépendance odis-
séenne, aident l’Inquisition à chasser les Éclipses, empêchent
l’Inquisition de chasser les Éclipses... Enfin, vous voyez l’idée.
Faveur en Castille
En Castille, un Héros membre des Chevaliers de la Rose et
de la Croix peut obtenir de la Faveur de la manière suivante :
• En Castille, un bienfaiteur convenable rapporte 6
de Faveur, car en trouver un est plus important et
´
difficile que jamais.
74 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
Die Kreuzritter
La guerre entre la Castille et la Montaigne, comme toutes
les guerres, a généré et attiré des monstres, comme une bles-
sure favorise l ’infection et attire des asticots. Les conflits
engendrent fantômes et revenants en masse, attirent des
goules et couvrent les agissements de créatures meurtrières
comme les loups-garous. Durant la guerre, les dirigeants des
deux camps engagèrent des membres des Kreuzritter pour
débarrasser les camps militaires et les champs de bataille de
la présence de morts-vivants. Si les deux camps promirent
de ne pas prendre pour cible les agents des Kreuzritter
parmi leurs ennemis, certains Croisés furent néanmoins
abattus faute de pouvoir être identifiés en tant que tels par
les soldats. Les armées ont désormais reculé, mais beaucoup
de monstres sont restés, en particulier les revenants.
L ’Inquisitio Aquila
Le réseau de renseignement à échelle continentale de
l ’Inquisition, son personnel dévoué et ses trésors d ’informa-
tions en font l ’un des plus puissants acteurs internationaux
de Théah. Or, toutes ces ressources sont vouées à des fins
mauvaises, imposant une politique trouvant ses origines
dans la foi, mais remodelée à l ’image du troisième Prophète.
Bien que ce dernier prétende l ’avoir créée, l ’Inquisition
existe depuis aussi longtemps que l ’Église vaticine.
Les fidèles du premier Prophète ne bénéficiaient pas du
pouvoir, des privilèges et de l ’influence du Hieros actuel
(terme désignant l ’ensemble de l ’Église des Prophètes). Les
polythéistes politiquement puissants les chassaient, les
persécutaient et les exécutaient. Des espions, des agita-
teurs et des monstres travestis en humains infiltraient les
congrégations et les hiérarchies cléricales, livrant leurs
compatriotes aux ennemis de l ’Église. Les prêtres qui se
désignaient comme inquisiteurs étaient les gardes et les
détectives qui dénichaient et affrontaient ces menaces.
À mesure que l’Église gagna en importance, que les auto-
rités temporelles s’impliquèrent dans son bien-être et que
« vaticin » devint synonyme de « bon citoyen », l’Inquisition
perdit en importance et en utilité. Au milieu du XIIe siècle,
lorsque courut dans le reste de l’Église la nouvelle d’un
inquisiteur ayant abusé de son pouvoir pour s’emparer de
Stern, l’Inquisition perdit ses derniers soutiens. Lorsque le
troisième Prophète s’éleva, il creusa l’histoire de l’Église à la
recherche d’un moyen d’atteindre son objectif : unir sous son
dogme les peuples du monde entier. L’Église réclamait une
vérité indivisible. Une telle vérité nécessitait une introspection
poussée, ainsi qu’un solide réseau de renseignement destiné à
identifier toute menace. Les archives qu’il découvrit traitant
des premières missions de l’Inquisition lui indiquèrent la voie.
L’inquisiteur Octavio Mzabi découvrit ces mêmes archives
et jura de rétablir le but premier de l’Inquisition : éradiquer
les vrais monstres, les sorciers réellement maléfiques et toute
autre menace cachée qui planait sur le Hieros. Il chercha de
l’aide auprès des agents des Kreuzritter, ces derniers étant
connus pour rassembler les plus grands experts en monstres
de la Théah. Grâce à eux, il réalisa qu’il ne pourrait pas
rétablir l’objectif originel de l’Inquisition sans se débarrasser
au préalable du cancer qu’était devenue l’Inquisition de
Verdugo. Die Kreuzritter proposa entraînement et soutien,
et depuis, l’Inquisitio Aquila de Mzabi fait office de filiale à
cette Société secrète. L’Inquisiteur noir a l’espoir de parvenir
à réformer l’Inquisition de l’intérieur afin qu’elle revienne à
son objectif premier, depuis longtemps oublié.
L ’Inquisitio Aquila se cache au sein de l ’organisation vati-
cine et inquisitoriale, mais également à l ’extérieur, parmi
les laïques. L ’Inquisitio Aquila recrute des sympathisants
partout : depuis le boulanger du village qui surveille les
commérages pour découvrir qui compte informer qui,
jusqu ’au domestique du cardinal qui entend son chef parler
du prochain livre à bannir.
Les refuges de l’Inquisitio Aquila sont éparpillés dans toute
la Castille, essentiellement dans des endroits bien dissimulés :
des catacombes abandonnées, des grottes montagneuses,
des criques cachées… Les inquisiteurs noirs y discutent,
fomentent leurs plans ou y cachent des personnes impor-
tantes ou des livres séditieux. L’Inquisition a trouvé et détruit
plusieurs de ces cachettes même si, jusque-là, les inquisiteurs
croient avoir affaire au Collège invisible. Cependant, ce n’est
qu’une question de temps avant qu’ils ne découvrent un
refuge abritant un inquisiteur noir.
Tout comme l’Inquisition conventionnelle, les activités de
l’Inquisitio Aquila impliquent bien souvent la mise à l’écart de
personnes considérées comme une menace pour le Hieros. Elle
cherche des informations et des secrets sur tous les membres
de l’Inquisition dans l’espoir de contrarier leurs plans ou de
les convertir lorsque c’est possible. L’Inquisitio Aquila doit
agir avec prudence : perdre un nombre trop important de ses
membres clés pourrait éveiller les soupçons de Verdugo sur les
activités de l’organisation, et risquerait ainsi de l’exposer avant
qu’elle n’ait véritablement eu une chance d’agir.
Contrairement aux Kreuzritter, desquels elle s ’inspire
largement, l ’Inquisitio Aquila rencontre bien des difficultés
à éradiquer les personnes mauvaises, corrompues ou mons-
trueuses dans ses propres rangs. La tâche est suffisamment
importante pour y impliquer plus d ’un acteur, mais c ’est un
problème difficile à gérer. Tuer des gens ne fait pas partie du
mode opératoire de la Société, mais destituer un inquisiteur
ou pousser la population à se soulever contre lui entre, en
revanche, dans son code de conduite.
La Faveur au sein de l ’Inquisitio Aquila
Un Héros membre de l ’Inquisitio Aquila peut obtenir de la
Faveur des manières suivantes :
• Rassembler des informations sur les manœuvres
de l ’Inquisition rapporte 3 de Faveur si ces rensei-
gnements parviennent à l ’Inquisitio Aquila sans
que l ’Inquisition ne l ’apprenne.
• Destituer un inquisiteur influent (en le relevant
de ses fonctions, en le convainquant d ’abdiquer ou
en le remplaçant par un membre de l ’Inquisition
noire) rapporte 5 de Faveur.
Un Héros membre de l ’Inquisitio Aquila peut solliciter
son aide des manières suivantes :
• Obtenir refuge au sein de l’un des bastions de
l’Inquisitio Aquila coûte 2 de Faveur. La Société est
toujours prête à protéger une cible de l’Inquisition,
à condition que la personne fournisse son assistance
tant qu’elle reste sous la protection de la Société.
• Demander l ’aide d ’un inquisiteur noir coûte 3 de
Faveur. Les inquisiteurs noirs ont suivi un entraî-
nement martial et possèdent une Puissance de
8. Ils possèdent également l ’Avantage Ordonné
et soit l ’Avantage Universitaire, soit l ’Avantage
´
Faiseur de miracles.
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 75
 La Société des Explorateurs Močiutės Skara
Créée en Odissée, la Société des Explorateurs reste Močiutės Skara s ’est installé en Castille en tant qu ’orga-
populaire et puissante en Castille. L ’Inquisition voit d ’un nisme humanitaire venu au secours d ’une population
mauvais œil le soutien que la Société apporte publiquement appauvrie. L ’Église accepte son aide pour la distribution
à la recherche scientifique, à l ’éducation universitaire et à de nourriture, de vêtements et de médicaments aux néces-
l ’anthropologie castilliane, mais la plupart du temps, les siteux, répartissant leurs excédents d ’une région à l ’autre en
inquisiteurs ont d ’autres chats à fouetter. fonction des besoins.
Certains membres de la Société, comme les vétérans de L ’Église est loin de se douter que Močiutės Skara travaille
guerre Celeste et Milo de Villenc, se préoccupent de la avec les Tamatama (des groupes nomades originaires
préservation des sites présentant un intérêt archéologique d ’extrême orient qui adhèrent traditionnellement à la reli-
dans le ducado de Torres ravagé par la guerre. Ils craignent gion dīniste ou à d ’autres croyances orientales plus obscures)
que le conflit ne reprenne et ne mène à leur destruction. dans le but d ’établir un réseau clandestin de refuges et de
sympathisants. Le Châle déplace des cibles de l ’Inquisition
Le Collège invisible de ville en ville ou depuis les ports castillians jusqu ’à des
Ah, quel endroit plus excitant pour un membre du Collège régions sûres, à l ’étranger.
invisible que la Castille ? Des universités de renommée
mondiale ! Des recherches alchimiques ! Pléthore d ’inqui- Faveur en Castille
siteurs à domicile qui ne rêvent que de vous pendre pour En Castille, un Héros membre de Močiutės Skara peut
faire de vous un exemple pour vos amis ! Peut-être que obtenir de la Faveur de la manière suivante :
l ’excitation, c ’est surfait. • Aider un groupe marginalisé à quitter la Castille
La Castille représente un chantier immense pour le de façon clandestine rapporte 4 de Faveur. Il peut
Collège invisible, mais c ’est également la Nation dans s ’agir de minorités ethniques ou religieuses, de
laquelle il lui est le plus dangereux d ’agir. Les bibliothèques sorciers d ’autres Nations expatriés en Castille
de la Cité vaticine constituent une source de savoir privilé- ou de n ’importe quel autre groupe ciblé par
giée et il faut copier, cacher et dissimuler des textes désor- l ’Inquisition.
mais considérés comme hérétiques par l ’Église.
Les agents du Collège agissent avec prudence en Castille,
opérant par le biais de cercles de contrebande dévoués qui
Les Rilasciare / Les
se déplacent et changent afin d ’échapper à la vigilance de Filles de Sophie
l ’Inquisition. La sentence pour de telles activités est la mort,Conformément à la règle de la Société selon laquelle les
ce qui rend le recrutement en Castille difficile. Rilasciare ne se rassemblent jamais en grand nombre, la
plupart de ses membres ont quitté la Castille pour atténuer
Los Vagabundos les soupçons. De leur côté, les Filles de Sophie ont fait front,
Comme les inquisiteurs, Los Vagabundos jouent à domi- et les Rilasciare restants travaillent en étroite collaboration
cile en Castille. Le jeu du chat et de la souris se fait donc avec leurs « sœurs » vodaccis. Facilement accessible en
à un rythme effréné. Los Vagabundos a toujours un coup bateau depuis la Vodacce, la Castille est la destination idéale
d ’avance et laisse à l ’Inquisition juste assez d ’indices pour pour les sorcières de la Destinée qui fuient leur pays. Même
que ses agents ignorent les Éclipses et perdent leur temps à leurs tenues y passent inaperçues, s ’assimilant aux habits de
chasser les masques. deuil castillians.
Le risque de se faire capturer si proche du quartier général Les Princes marchands Vestini et Lucani, dont les capi-
vaticin pousse toutefois nombre de Vagabundos à envisager tales sont les plus exposées à la fuite de leurs précieuses
de déplacer leur centre de pouvoir. L ’éventuelle indépen- sorcières de la Destinée par l ’entremise des Filles de Sophie,
dance de l ’Odissée, géographiquement proche, pourrait leur ont signé des accords afin de trouver un moyen de mettre
fournir un refuge pour se soustraire à l ’Inquisition. un terme à ces disparitions. À cette fin, ils se sont alliés
à des inquisiteurs en Castille qui ont promis de surveiller
l ’arrivée de navires en provenance de la Vodacce sur la côte
orientale de la Castille.

´
76 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
 Lieux notables
La Cité vaticine
L ’île Vaticine est habitée depuis bien avant que l ’Empire
numanari n ’envahisse et ne prenne le contrôle de la Castille.
De hautes falaises rocailleuses caractérisent l ’essentiel de son
littoral parfois ponctué de ports praticables. Les falaises sont
facilement défendables contre les navires en approche, ce qui
fit de l ’île Vaticine une prise de choix lors des conflits entre
les peuples côtiers.
Au cours de son histoire, l ’île n ’est jamais restée plus de
quelques années entre les mains de la Numa, de l ’Empire
du Croissant, de la Castille ou de la Vodacce, jusqu ’à ce
que le troisième Prophète s ’y installe au cours de la guerre
d ’Ombrelune. L ’île se révéla un choix judicieux pour lancer
une guerre à travers la Théah.
Les tribus habitant l ’île Vaticine élèvent des moutons
et cultivent du blé, complétant leur alimentation avec de
l ’avoine, de l ’orge, des olives et du raisin. Les fromages
artisanaux faits à partir de lait de brebis et vendus à
l ’extérieur de l ’île à un prix exorbitant (essentiellement
en Vodacce, en Ifri et en Castille) représentent un des
exports les plus célèbres de l ’île.
Fondation d ’une cité
Les ancêtres de Fabio Dimas de Bello fuirent Zepeda pour
le nord de la Vodacce dans les premiers jours de l ’Empire
du Croissant. Pendant plusieurs siècles, la famille accumula
pouvoir et influence, mais ne parvint jamais à obtenir le
statut de Prince marchand. Fabio, l ’homme que l ’histoire
retiendrait sous le nom de troisième Prophète, alluma dans
le cœur des vaticins une flamme aussi ardente que celles qui
nimbaient son épée. Il accusa les nobles théans de corrup-
tion, de diabolisme et, pire encore, de sorcellerie.
Ses promesses d’une Église plus vertueuse, d’une intran-
sigeance absolue envers les imperfections et d’un chemin
tout tracé vers le salut, attirèrent de nombreux partisans en
Vodacce parmi toutes les classes sociales. Sa horde arracha
aux cardinaux aristocratiques le contrôle de l’Église vaticine et
dilapida les ressources des Princes marchands, bafouant leur
autorité. Les Princes exilèrent alors Fabio sur l’île Vaticine
pour se débarrasser des extrémistes. Depuis sa nouvelle base
d’opérations, l’armée du troisième Prophète, sous l’étendard
de la Lame ardente, lança la guerre d’Ombrelune afin de
chasser les intrus de Castille et d’en faire un paradis de la foi.
´
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 77
 Depuis cette époque, l ’île Vaticine a gagné en richesse
et en influence. Le Hieros se tourne vers l ’île, à l ’écoute
d ’instructions. Ses fortifications côtières sont toujours
entretenues. L ’Église contrôle étroitement les ressources
de l ’île pour rester autosuffisante en cas de guerre. Elle
complète sa fortune en vendant vin, fromage, huile d ’olive
et autres produits de luxe fabriqués sur place, qui suscitent
l ’engouement des clients et génèrent du profit.
La ville elle-même s ’est bien développée, de nouvelles
couches surplombant les anciennes comme un gigantesque
monticule de corail. En son centre se dresse la Basilique
du hiérophante, un immense dédale de chapelles, d ’églises
et de cathédrales érigées les unes sur les autres, dont le
faîte est occupé par le bureau du hiérophante. Vue de loin,
la Basilique est une vision franchement dérangeante : la
mosaïque de styles architecturaux et de géométries hété-
roclites issues de générations de constructeurs lui donnent
des airs de peinture surréaliste et une forme de cristal de
quartz proliférant.
La Basilique du hiérophante accueille l ’essentiel des affaires
de l ’Église, qu ’elles soient religieuses ou laïques. Des cercles
de bâtiments résidentiels et commerciaux s ’étendent vers
l ’extérieur depuis la base de l ’édifice, abritant les nombreux
travailleurs qui permettent à la Basilique et à l ’Église vati-
cine de fonctionner. Au milieu de ces anneaux se trouvent
les ambassades des différentes Nations. Aux extrémités occi-
dentales et orientales de la cité se dressent respectivement
la Haute chancellerie de l ’Inquisition, récemment fortifiée,
et l ’enceinte du Séminaire maxentin.
Les ambassades
Chaque Nation théane, ainsi que d ’autres extérieures au
continent, possède des ambassades éparpillées au sein
de la Cité vaticine, stratégiquement placées le plus loin
possible les unes des autres. On ne sait jamais quand un
conflit pourrait éclater. Les plus vastes et les mieux équipées
sont celles de la Vodacce, de la Rzeczpospolita (désormais
Fédération sarmatienne), de l ’Empire du Croissant et de la
Montaigne. Il règne d ’ailleurs une étrange atmosphère dans
cette dernière en ce moment.
L ’ambassade montaginoise est devenue une grande
communauté d ’expatriés, envahie de nobles montaginois
profondément dévots qui estiment qu ’un retour au pays
leur serait trop dangereux depuis l ’ascension de l ’Empereur.
Celui-ci a d ’ailleurs volontiers abandonné son ambassade,
dans la mesure où il ne désire pas poursuivre de relations
avec la Cité vaticine depuis l ’excommunication.
´
78 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
Le bureau du hiérophante
Un ordre religieux désormais disparu, consacré à l ’architec-
ture religieuse, érigea le point culminant de la Cité vaticine
lors de l ’âge d ’or scientifique de l ’Église. Le bureau du hiéro-
phante possède deux étages et domine les tours en spirale
qui composent la Basilique du hiérophante.
Les chambres inférieures hébergent les bureaux, les
appartements, les cuisines et les autres organes permet-
tant au hiérophante de vivre, de travailler et pratiquer sa
foi sans avoir à quitter le bureau. C ’est d ’ailleurs ce qu ’ont
fait de nombreux hiérophantes à la fin de leur vie. Les
chambres supérieures, un imposant panoptique aux murs
en verre cristallin, permettent au hiérophante de contempler
l ’ensemble de l ’île Vaticine.
La cathédrale du hiérophante est une cathédrale au sens
premier du terme, c ’est-à-dire un trône depuis lequel le
hiérophante siégeait traditionnellement lorsqu ’il présidait
aux fonctions officielles. La cathédrale est un siège en cuir
presque confortable placé dans une sphère armillaire méca-
nisée. Les décorations de la sphère représentent la cosmo-
logie traditionnelle de Terra et de ses alentours, comme les
imaginaient les anciens scientifiques vaticins.
Les mécanismes comprennent également des tubes acous-
tiques et des longues-vues miraculeux qui permettent à
l ’occupant de la cathédrale d ’observer et de communiquer
jusqu ’aux confins de la ville. La sphère monte et descend
en douceur (bien que bruyamment) grâce à un système
élévateur qui la hisse jusqu ’au point culminant du Bureau,
bien au-dessus de la salle d ’audience, ou l ’abaisse jusqu ’à
n ’importe quel étage de la Basilique.
Depuis un an, le Roi de Castille et ses gens occupent le
bureau du hiérophante. Le roi Sandoval y est retenu prison-
nier, sous la surveillance de l ’Épée du Prophète, « pour son
propre bien ».
Le Séminaire maxentin
Comptant parmi les plus grandes universités de Théah,
le Séminaire accepte des étudiants du monde entier. Les
plus jeunes élèves de première année n ’ont que douze ans.
Le Séminaire possède des écoles préparatoires dans son
enceinte, afin de former les étudiants à l ’examen d ’entrée.
Officiant juste sous le nez de l ’Inquisition, d ’aucuns
pourraient penser que le Séminaire produit des légions
d ’étudiants dont les idées respectent scrupuleusement la
vision du cardinal Verdugo. Ils se tromperaient. Depuis
sa fondation par le hiérophante Maxentius à la suite d ’un
important débat théologique, le Séminaire a toujours eu
le goût de la discussion. Les étudiants et les enseignants
s ’y revendiquent de diverses positions théologiques et
politiques sur la nature de Theus et de la religion, sur le
rôle de l ’Église vaticine dans la vie privée et politique, et sur
l ’Inquisition elle-même. De fait, les critiques les plus vives et
les plus virulentes à l ’encontre de l ’Inquisition proviennent
du Séminaire : l ’attachement séculaire de l ’institution à la
diversité d ’opinion (et aux débats sans fin) la protège de
la colère d ’un cardinal Verdugo frustré. L ’étudiant typique
du séminaire embrasse des versions extrêmes des positions
qu ’il adoptera plus tard dans sa vie et sa prêtrise, à moins,
bien sûr, qu ’il ne devienne professeur.
Les Académies de Duel
L ’Église n ’aime pas voir le sang couler dans les rues vati-
cines : il est difficile à nettoyer et effraie les pèlerins. Par
conséquent, toutes les Académies de Duel de l ’île Vaticine
sont cantonnées à l ’extérieur de la ville même, dans des
fermes proches les unes des autres. Le dur labeur de l ’agri-
culture et de l ’élevage fortifie les aspirants Duellistes, tandis
que les champs et les bois fournissent de superbes décors
pour des combats singuliers passionnés.
La plupart des grandes écoles de Duel théanes sont
représentées ici, y compris le style vaticin caractéris-
tique, le Rossini. Celui-ci enseigne l ’usage d ’armes d ’hast
lourdes, en particulier la hallebarde. Les Duellistes Rossini
apprennent à combattre en formation serrée, la lame de leur
hallebarde frappant et piquant les ennemis tout en évitant
miraculeusement les alliés se tenant à quelques centimètres
sur leurs flancs. Ils portent également le gladius court de
style Numanari pour percer les adversaires qui passent la
tête de leurs hallebardes. La directrice actuelle de l ’école
est Gabriela Rossini, ancienne capitaine de la Garde du
hiérophante et matriarche de la famille Rossini, qui gère
l ’école depuis ses origines dans la Vodacce du IXe siècle.
L ’assassinat du hiérophante a troublé Rossini, car il s ’est
produit sous la surveillance de certains de ses élèves les plus
aptes et les plus fiables. Ces derniers sont tous morts avec
le hiérophante, apparemment en le défendant. L ’âge avancé
de Gabriela et ses responsabilités en tant que directrice de
Rossini l ’empêchent d ’enquêter elle-même, mais elle est
prête à payer cher toute information qui permettrait de
trouver l ’assassin du hiérophante.
Le Hall des Ordres
Pour se distinguer de la hiérarchie vaticine, le Hall des
Ordres est placé dans une enclave murée à la périphérie de
la ville. Le Hall travaille en coopération avec la Basilique
du hiérophante et les nombreuses sectes (monastiques,
militaires et les autres) qui servent l ’Église vaticine, mais il
reste formellement séparé de son organisation pyramidale,
qui va du hiérophante au prêtre. Les moines et les nonnes
en visite sur l ’île Vaticine peuvent loger dans les dortoirs du
Hall, travailler dans ses bureaux et prier dans sa chapelle.
Chaque ordre religieux assure sa propre organisation
idiosyncrasique. Certaines reflètent parfaitement celle de
l ’Église, tandis que d ’autres fonctionnent sur des modèles
différents, comme par exemple la démocratie. Un ordre
religieux naît typiquement du rassemblement d ’un petit
groupe d ’individus dont la dévotion à Theus prend la
forme d ’une pratique particulière. Les plus simples sont les
ordres monastiques, qui vivent à part des Théans laïques,
dans des monastères ou dans des couvents, pour dédier leur
vie à Theus à l ’abri de toute distraction. D ’autres sont des
gyrovagues : des religieux ordonnés novices dans un monas-
tère ou formés comme apprentis d ’un moine supérieur qui
ont décidé de parcourir le monde, prodiguant des ensei-
gnements, priant ou soignant les gens qu ’ils rencontrent
et vivant de la charité. Les ordres d ’artistes ou d ’artisans
cherchent la présence de Theus dans les chansons, la viticul-
ture, l ’architecture ou d ’autres activités. De nombreux ordres
restreignent les adhésions selon le genre. Par exemple, le
vénérable Ordre budoriguien de Rzeczpospolita, qui élève
des destriers de guerre pour l ’Inquisition et les ordres mili-
tants (voir ci-dessous), accepte uniquement des personnes
ne s ’identifiant ni comme homme, ni comme femme.
Les moines d’ordres militants vivent dans des commanderies
(des forteresses-monastères) et y étudient les arts martiaux en
vue de défendre la foi. Le plus ancien de ces ordres, encore en
activité, les Paladins de Cluny, a été fondé au IXe siècle pour
défendre la côte montaginoise près de Dechaine et Lierie
contre les Pilleurs vestens. Un grand nombre de ces ordres
naquirent lors de la guerre d’Ombrelune, et l’un des plus
notables devint Die Kreuzritter.
Les ordres se tiennent généralement à l ’écart de la poli-
tique vaticine. L ’histoire a montré que les ordres qui ont pris
position au sein du Hieros ont rapidement subi une baisse
de leurs subsides et du nombre de leurs adhérents.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 79
 La Haute chancellerie L ’Épée du Prophète
Historiquement, la Haute chancellerie était la cour suprême L’Épée du Prophète est le plus petit instrument de
du droit vaticin. Elle l ’est toujours, mais au cours des quatre l’Inquisition. Composée de gardes d’élite professionnels de
cents dernières années, elle est également devenue la maison la Cité vaticine, traditionnellement recrutés dans l’ouest de
mère de l ’Inquisition. Aux premiers temps de ses fonctions l’Eisen, l’Épée fait respecter la volonté de l’Inquisition depuis
de Grand Inquisiteur suprême, le cardinal Verdugo mandata la fin de la guerre d’Ombrelune, et procède également à des
un architecte vodacci pour reconstruire la Chancellerie et arrestations. Ses membres sont vêtus d’uniformes oranges
en faire un redoutable fort en forme d ’étoile, dans le style et pourpres caractéristiques, et sont armés de hallebardes
vodacci. Verdugo la dota ensuite d ’ornementations extra- lorsqu’ils sont de garde. Lorsqu’ils vont arrêter des hérétiques,
vagantes, d ’œuvres d ’art hors de prix et d ’ensembles de ils préfèrent les épées courtes, les matraques et les pistolets.
bureaux à l ’usage de l ’Inquisition. Les fortifications de la Contrairement à d’autres branches de l’Inquisition, qui, à
Haute chancellerie pointent dans toutes les directions, aussi l’instar du reste du Hieros, s’organisent selon une hiérarchie
bien vers l ’intérieur et la Cité vaticine que vers l ’extérieur qui va du prêtre au cardinal, l’Épée du Prophète suit une
et la mer. organisation militaire allant du simple soldat au général
La cour vaticine pensa l ’Inquisition originelle comme un
département d ’enquêteurs sur les affaires internes et, parfois, Le Sablier du Prophète
de chasseurs de sorcières, voués à réunir des informations Le Sablier du Prophète est la branche judiciaire de
ou à éliminer des menaces intérieures. L ’implication de l’Inquisition, parfois appelé « la Haute chancellerie » par
l ’inquisiteur le plus haut gradé d ’Eisen dans le scandale de métonymie (comme les Highlanders appellent la Haute
Stern (Livre de base, page 261) décima les soutiens de assemblée des conseillers « La Chambre du Parlement »).
l ’Inquisition au sein de l ’Église vaticine. En 1157, elle avait Depuis la fondation de l’organisation vaticine, un départe-
quasiment disparu. ment dédié à la jurisprudence poursuit les délinquants en son
L ’Inquisition castilliane du troisième Prophète se sein et offre des avis juridiques sur les agissements de l’Église.
concentra sur les menaces extérieures et l ’hérésie plutôt que La branche judiciaire traite également les cas d’hérétiques
sur les monstres et les fautes des prêtres. Les inquisiteurs remis à la justice de l’Église. La magistrature s’est considéra-
étaient des prêtres au sein de la hiérarchie vaticine ordinaire, blement élargie sous la tutelle du cardinal Verdugo, ce dernier
quoiqu ’ils eussent suivi un entraînement particulier et se participant lui-même au jugement des crimes les plus graves.
vissent assigner des missions spéciales visant à éradiquer les
sympathisants du Croissant, les sorciers dissimulés et autres Recrutement
dangers menaçant l ’unité du Hieros. Mais ces inquisiteurs L ’Inquisition recrute des professionnels adultes ayant fait
répondaient secrètement à un Grand Inquisiteur suprême la preuve de compétences particulières pour intégrer l ’une
caché parmi les cardinaux. des différentes branches, mais au moins la moitié de ses
Après la mort mystérieuse du troisième Prophète en 1268, rangs est constituée de personnes élevées en interne depuis
l ’Inquisition incarna sa volonté politique et théocratique. l ’enfance. L ’Académie inquisitoriale se situe à l ’intérieur
Lorsqu ’il en prit les rênes, le cardinal Verdugo la restructura
des murs de la Haute chancellerie. Les volontaires peuvent
en trois parties, le siège de chacune situé quelque part dans demander à y rentrer à n ’importe quel âge, souvent poussés
la Haute chancellerie. par le prêtre local. Beaucoup sont des orphelins qui ont
atterri sur l ’île Vaticine. Dans l ’Académie, les étudiants
Le Bâton du Prophète vivent une vie rigoureuse et isolée, pure et à l ’abri de la
Le Bâton du Prophète rassemble des informations et corruption du monde extérieur.
enquête sur des crimes envers la loi religieuse. Les opéra- Si l ’Épée et le Sablier sont les branches les plus visibles
tions du Bâton s ’inscrivent au plus près de la mission origi- (et les plus craintes), le Bâton du Prophète l ’emporte en
nelle de l ’Inquisition, mais Verdugo a également ordonné ampleur sur les deux autres combinées. Ce dernier entre-
des campagnes de surveillance sur presque tous les pouvoirs tient la plus grande archive d ’informations et de registres
politiques théans. de toute la Théah. L ’intégralité de son personnel, de ses
productions et de ses ressources sont dédiées à la collecte,
au rassemblement et au traitement de données que l ’Épée

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utilise pour évaluer et agir contre des menaces, et dont le

80 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
 LES ÉCLIPSES
Si la religion vaticine est la plus répandue parmi la Les opérations de l ’Inquisition
population théane, il existe également de nombreux Si l ’Inquisition peut techniquement accuser n ’importe qui
autres adorateurs de Theus. Les plus notables sont d ’hérésie pour n ’importe quel péché, les sorciers restent
les pratiquants yachidis et dīnistes. Les croyances l ’ennemi public numéro un. Le cardinal Verdugo abhorre
des yachidis sont antérieures au premier Prophète.
particulièrement les brujas, pratiquants d ’une magie indi-
Bien qu’ils croient en Theus, ils voient l’existence de
la magie sur Terra comme naturelle, et considèrent gène dérivée du paganisme castillian, que l ’Inquisition n ’a
que les esprits et les entités vénérées comme des d ’ailleurs jamais réellement réussi à étouffer.
dieux inférieurs sont des créations de Theus. On Bien que l ’Alquimia (voir page 93) soit une science et
trouve des poches de yachidis dans toute la Théah, non de la sorcellerie, l ’Inquistion s ’oppose actuellement
mais principalement dans l’Empire du Croissant. formellement à la recherche scientifique. Les boticarios
doivent donc éviter de pratiquer leur art en public ou au vu
L’al-dīn est plus proche de la religion vaticine et suit
les enseignements du deuxième Prophète, car les des espions de l ’Inquisition. Les liens entre l ’Alquimia, les
dīnistes ne reconnaissent aucun Prophète après le classes supérieures et les Croissantins (cibles privilégiées du
deuxième. Les pratiquants de cette religion vivent troisième Prophète) poussent l ’Inquisition à pendre bon
principalement dans l’Empire du Croissant, mais il nombre d ’apothicaires en les dénonçant comme des sorciers
en existe également beaucoup en Castille et dans prétendant être des alchimistes, quelle que soit la réalité.
d’autres régions de la Théah, qui ont refusé de se
Les objectionnistes sont vaticins mais sont considérés par
convertir après la reconquête de la Castille par le
troisième Prophète. l ’Inquisition comme des traîtres envers la Castille. Malgré
la liberté de discours au sein des murs des universités de la
Les Tamatama viennent de l’est et sont générale- Cité vaticine, les objectionnistes découverts hors de l ’île sont
ment des dīnistes, bien qu’ils puissent pratiquer susceptibles d ’être pris pour cible.
d’autres religions méconnues. Un décret royal de 1385 (soit exactement un an avant
qu ’une peste mystérieuse ne frappe toute la famille royale)
Si les Nations de Théah acceptent globalement ces
groupes, ces croyants sont bien souvent confrontés décriminalisait les hérésies yachidis et dīnistes. Leur
à l’Inquisition. Les Castillians appellent ces groupes présence de longue date dans la culture castilliane leur a
les Éclipses, un mot fourre-tout pour les factions valu un grand soutien.
marginalisées susceptibles d’attirer les soupçons de Cependant, les Castillians accordent encore un grand
l’Inquisition. prestige aux familles qui ont suivi le troisième Prophète
de longue date, et les actes de foi vaticine grandioses qui
Sablier se sert pour énoncer ses jugements. Si, en théorie, exemptent parfois les cibles de l ’Inquisition ne représentent
les informations du Bâton sont censées être uniquement pas vraiment une échappatoire pour les suspects yachidis ou
employées dans la lutte contre les menaces pesant sur le dīnistes… à moins, bien sûr, qu ’ils ne souhaitent se convertir.
Hieros, en pratique, elles ont des utilités bien plus diverses. La minorité ethnique des Tamatama a commencé à le faire
Armé de légions entières d ’analystes et d ’archives, Esteban par groupes entiers à cause de leur vulnérabilité particulière
Verdugo excelle dans l ’art de reconnaître non seulement les à l ’Inquisition.
dangers évidents ou dissimulés qui pèsent sur le Hieros, Bien sûr, sous le règne du cardinal Verdugo, cette
mais également les ententes politiques et les mouvements dernière est devenue une organisation aussi bien poli-
idéologiques qui pourraient faire obstacle aux devoirs de tique que religieuse. Toute menace à l ’encontre de sa
l ’Inquisition ou lui offrir des opportunités. En analysant souveraineté attire son regard. Peu importe votre inno-
les tours de garde de Charousse, le prix des cultures de cence, le cardinal Verdugo pourra trouver des preuves
l ’Atabéenne ou les chansons populaires d ’Avalon, Verdugo d ’hérésie... ou en fabriquer.
a découvert les dernières liaisons amoureuses de l ’Empereur,
les révoltes d ’esclaves dans l ’Atabéenne et les derniers
caprices des Sidhes. Il parvient à ces déductions grâce à
la quantité d ’informations qu ’il possède et à l ’aide pour
les décortiquer dont il dispose, sans compter son talent
personnel dans ce domaine.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 81
 Édicules de saints Cela a ses avantages et ses inconvénients. Les réseaux de
Les saints vaticins sont des personnages historiques qui clients permettent aux prêtres réassignés ou en voyage vers
firent montre d ’une dévotion exceptionnelle. Avant 1257, des pays peu familiers de prendre leurs nouvelles fonctions
les saints étaient essentiellement issus du folklore : les avec de l ’aide et en toute sécurité. Ils peuvent aider un
traditions orales avaient fini par décrire les plus prestigieux prêtre en porte-à-faux avec ses supérieurs ou confronté à
disciples des Prophètes comme des saints, en particulier des ouailles difficiles. Mais ces réseaux peuvent également
ceux martyrisés pour leur foi ou capables de miracles. Le contraindre incessamment à s ’attirer attentions et faveurs, ce
troisième Prophète décréta que seul un concile de cardinaux qui peut vite s ’avérer écrasant pour un prêtre introverti forcé
pouvait canoniser des saints, condamnant l ’adoration de de s ’engager dans des manœuvres sociales qui le dérangent
saints particuliers comme de l ’idolâtrie. Si la limite entre ou l ’effraient. Dernièrement, la montée de l’objectionnisme
vénération et adoration est difficile à définir, l ’Église vati- et les guerres religieuses qui font rage en Théah ont mis ce
cine encourage la consécration de sanctuaires individuels système à mal. Il est aisé d ’affronter des prêtres d ’une autre
(appelés édicules) ou d ’églises dédiées à des saints formelle- Nation que l ’on ne connaît pas, mais ces conflits ont souvent
ment canonisés (ou des saints canonisés de façon informelle, dressé l ’un contre l ’autre des mécènes et leurs clients. Les
mais si populaires qu ’ils font partie du paysage). La plupart inquiétudes des mécènes et des clients concernant la sécu-
des principales intersections de la Cité vaticine présentent rité de leurs réseaux ont rapidement généré un grand intérêt
un édicule de saint en leur centre, toujours doté d ’une statue envers Močiutės Skara au cours de la Guerre de la Croix.
impressionnante, et parfois même d ’une fontaine. Si une Sans surprise, lorsqu ’un mécène développe une opinion
personne vous demande de la retrouver dans la Cité vati- politique, ses clients forment une faction politique. Ce
cine, elle vous donnera probablement rendez-vous « près de genre d ’idée, en particulier dans le Séminaire maxentin, fait
l ’édicule de Saint untel. » obstacle aux agents inquisitoriaux qui veulent promouvoir
la politique du cardinal Verdugo. Les quatre plus grandes
La politique de l ’Église factions sont les plus susceptibles de mettre en avant un
L ’organisation formelle de l ’Église vaticine est une simple candidat viable au poste de hiérophante. Même le cardinal
pyramide d ’autorités régionales. Le hiérophante de tout Verdugo admet que la nature déteste le vide laissé par la
le Hieros est choisi parmi les archevêques et les gouverne mort du hiérophante. Il ne peut cependant pas abandonner
(les cardinaux sont des archevêques assignés à des conciles son propre poste pour combler lui-même ce manque, et
spéciaux, afin de conseiller un dirigeant comme le Haut ses soutiens sur l ’île Vaticine elle-même sont bien plus
Roi de Castille ou le hiérophante). Chaque archevêque faibles que de l ’autre côté de la mer, en Castille. Il ne peut
d ’un archidiocèse régit dix évêques. Chaque évêque d ’un pas retarder de beaucoup plus d ’un an l ’inévitable réunion
diocèse régit dix monseigneurs. Chaque monseigneur d ’une des cardinaux visant à élire un nouveau hiérophante. Il est
paroisse dirige dix grands prêtres, qui chacun dirigent les temps pour ces factions de se mettre en quête d ’alliés.
prêtres de leur propre église. D ’un point de vue pratique,
cependant, les allégeances politiques et personnelles du • Les Conservateurs veulent le retour de l ’Église
clergé n ’ont rien à voir avec la géographie ou le rang. Elles telle qu ’elle était avant la Réforme. Ils apprécient
dépendent uniquement de configurations théologiques, l ’art et l ’architecture opulente de la vieille école,
politiques ou relationnelles qui peuvent correspondre ou qu ’ils considèrent comme plus authentiques et
pas à celles régionales. bien plus esthétiques. Les Conservateurs affir-
Un système de mécènes et de clients forme le noyau de cet ment que malgré leurs intentions, les nouvelles
arrangement. Dans l ’Église, de tels réseaux, informels mais réformes polluent et diluent le message de
significatifs, forment une toile qui s ’étend sur tout le Hieros. l ’Église. Leurs opposants plaisantent que plutôt
Mécènes et clients se lient à un moment de leur éducation et que de commander une somptueuse statue, les
gardent un contact étroit, même d ’un pays à l ’autre. Ce fonc- Conservateurs préféreraient une icône simple et
tionnement a été grandement simplifié par l ’avènement de laide à côté d ’une gigantesque pile d ’or.
la presse imprimée. Bien sûr, les mécènes sont les clients de
mécènes plus vieux. Ainsi, le Hieros possède une hiérarchie
sociale et pratique correspondant à sa hiérarchie formelle.

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82 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
• Les Réformistes mènent la charge visant à réor-
ganiser et à réactualiser l ’Église en réponse à la
menace de l’objectionnisme. Ils sont derrière la
nouvelle propagande artistique et musicale de
l ’Église, suivant de nouveaux styles et de nouveaux
ordres censés faire en sorte que les visions et
les sons restent largement accessibles tout en
étant indéniablement exempts de péché. Ils sont
également à l ’origine de la soudaine explosion
de nouveaux ordres religieux, qui opèrent sans
entamer le budget vaticin. L ’opposition catégorique
des Réformistes aux danses traditionnelles castil-
lianes est une source infinie de plaisanteries au sein
des autres partis politiques, qui narguent parfois
les Réformistes dans les couloirs avec quelques pas
de danse. Le nombre de rixes indignes qui éclatent
dans la Basilique ou dans les salles du Séminaire a
de quoi surprendre.
• Les Réconciliateurs croient que les schismes au
sein de l ’Église sont la plus grande menace qui
pèse actuellement sur le Hieros. Au sein de cette
faction, les débats font rage pour déterminer quels
adorateurs des Prophètes sont au-delà de tout
salut et lesquels doivent être réintégrés aussi vite
que possible. Les objectionnistes et les adeptes du
premier ou du deuxième Prophète sont souvent
évoqués comme des brebis égarées qui doivent
revenir au sein du troupeau.
• Les Extrémistes ne sont plus appelés ainsi depuis
qu ’ils sont devenus la faction politique dominante.
Sur la base d ’une curieuse interprétation d ’une
antique théorie politique numanari, les Extrémistes
préconisent une Église monolithique unie par un
seul hiérophante, parfait et charismatique et expri-
mant une unique idéologie, sans laisser la place à
la dissidence contre son totalitarisme dogmatique.
Le cardinal Verdugo a adopté cette vision, avec une
petite nuance : il n ’y a pas de hiérophante. C ’est lui
qui occupe cette fonction. Pour l ’instant.
El Ducado de Soldano
Le ducado de Soldano est le plus étendu de toute la Castille,
ainsi que le cœur agricole du pays. Soldano fut le dernier
des anciens royaumes castillians à céder aux envahisseurs du
Croissant, et même après sa chute, il continua de résister à
leur influence. Avant l ’arrivée du troisième Prophète, bon
nombre de nobles d ’autres régions de Castille qui fuyaient
les Croissantins s ’installèrent au nord du Soldano ou du
Torres. Ainsi, lorsque la Lame ardente entreprit la recon-
quête, elle commença par le Soldano, alors même qu ’il était
le plus éloigné de la base principale du troisième Prophète.
Le soutien militaire exalté du Soldano poussa le Prophète à
anoblir nombre de ses habitants, à tel point qu ’aujourd ’hui,
quatre Soldanais sur cinq sont hidalgos.
Les haciendas, la version castilliane de la villa rustica vodacci,
apparurent dans le Soldano avant de se répandre à travers
la Castille. Ces vastes domaines agricoles autosuffisants
produisent de l’huile d’olive, du vin, des céréales et du bétail.
Beaucoup possèdent au moins un atelier de charpenterie,
une forge ou autre manufacture. Éloignés des villes, ils sont
également parfois pourvus d’une chapelle, d’un entrepôt, voire
d’une mine dans les régions montagneuses.
L’influence de la Vodacce sur l’architecture castilliane
persiste également au travers de l’atrio, une cour intérieure
au sein d’un bâtiment résidentiel qui contient des jardins
d’herbes aromatiques, des plantes décoratives, des vasques
d’eau et des espaces ouverts pour les fêtes ou les duels à
mort. Nichés dans ces lieux paisibles et décorés, les expatriés
vodaccis s’imaginaient encore vivre dans leur patrie.
C’est sur les terres du ducado de Soldano que l’armée castil-
liane parvint à arrêter l’avancée de la Montaigne. Cette dernière
subit des pertes importantes en tentant de traverser le fleuve
Sophie du Lac, lourdement défendu, puis gaspilla davantage de
ressources en chassant les guérilleros castillians dans la forêt du
nord. Lorsque les généraux de l’Empereur sonnèrent enfin la
retraite, leurs armées se retirèrent sur la côte occidentale plutôt
que de reculer à travers le ducado de Torres. Le Soldano est
donc devenu un symbole de la résistance castilliane, un fait qui
offense les nombreux Torresiens qui sacrifièrent beaucoup pour
que le Soldano obtienne la victoire.
La proximité avec l’Eisen fait du ducado un havre naturel
pour les objectionnistes castillians. Le Grande local, Diego
Ruiz, a déclaré publiquement son opposition à ces derniers
et a garanti à l’Inquisition le soutien total de son gouverne-
ment pour les éradiquer. Dans les faits, il n’a ni l’intention
ni la capacité de différencier les objectionnistes locaux des
Castillians influencés par l’Eisen.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 83
 San Gustavo
Le port de San Gustavo, d ’où les marchandises du Soldano
partent en direction de l ’île Vaticine ou de la Vodacce, tire
son nom de Gustavo al-Hamid. La légende prétend que
ce corsaire riche et tristement célèbre captura le deuxième
Prophète en mer. Alors qu ’il avançait sur la planche, le
Prophète déclama à Gustavo quelques vers improvisés de
poésie sacrée. Ces derniers touchèrent le pirate si profon-
dément qu ’il se convertit immédiatement et plongea pour
sauver son prisonnier.
La cathédrale de San Gustavo
La cathédrale de San Gustavo est la seule cathédrale de
Castille accessible aussi bien par la terre que par la mer. Les
pirates et marins venant du golfe Vaticin peuvent se rendre
dans l ’édifice lors de cérémonies religieuses, laissant de côté
leurs différends et leurs querelles tant qu ’ils demeurent dans
l ’enceinte de la cathédrale. En général, ils entrent dans le
bâtiment à bord d ’un canot, prient, puis reprennent la mer à
travers le chapelet d ’îles, observant une distance raisonnable
avant de reprendre pillages et massacres.
Pour implorer les saints de les protéger en mer, les marins
sculptent de petits bateaux votifs à l ’image de leurs propres
navires, que les prêtres accrochent au plafond. La cathé-
drale représente un paradoxe frustrant pour l ’Inquisition :
la couronne et le clergé ne peuvent s ’accommoder de pirates,
mais ce sont ces derniers qui ont fondé San Gustavo et y
ont érigé sa célèbre cathédrale qui attire les pèlerins. En
interdire l ’accès aux pirates la démunirait de son attrait le
plus célèbre, mais ne rien y faire permet aux criminels de se
pavaner sous son nez. Que faire ?
Le toit de la cathédrale abrite le bureau de l’inquisiteur
Octavio Mzabi. Depuis ce poste d’observation, l’Inquisiteur
noir peut garder un œil sur la cité tout en restant invisible aux
gens en contrebas. Comme San Gustavo marque le terminus
de nombreuses transhumances et possède un port très animé,
peuplé par des personnages hauts en couleur, ses rues sont
encombrées par la circulation. Cela arrange parfaitement
Mzabi : lorsqu’il dépêche un coursier à d’autres inquisiteurs
noirs, le messager est difficile à repérer parmi la foule agitée.
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84 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
La Mesta
En Castille et dans ses colonies, une cofradía est un club
social de fidèles vaticins qui pratiquent généralement le
même métier, à mi-chemin entre une guilde et un ordre
religieux. La Mesta, une puissante cofradía de fermiers,
possède son quartier général à San Gustavo. Elle traite non
seulement avec le gouvernement castillian, mais également
avec des dirigeants étrangers. Leurs habiles négociations
avec l ’Eisen, la Montaigne et la Vodacce ont permis aux
fermiers castillians de continuer à déplacer leurs troupeaux
le long des routes du Soldano, même en temps de guerre.
La plupart des habitants du Soldano et de ses alentours
détiennent quelque titre de noblesse, et souvent bien plus
d ’honneur que d ’argent. Les terres arables autour du ducado
jouissent du sol le plus fertile de la Castille, quoiqu ’elles
nécessitent une irrigation intense. Depuis que la guerre
a ravagé le ducado de Torres, les vignobles au nord du
Soldano sont devenus les plus productifs de Castille.
La Prière d ’Hamid
Les îles au large de San Gustavo sont parsemées de
cachettes et de forteresses pirates, dont les plus anciennes
appartiennent à la Fraternité de la côte. L ’île appelée la
Prière d ’Hamid, rocheuse et menaçante, se trouve exacte-
ment à mi-chemin entre San Gustavo et Cinq Voiles. Elle
est dirigée par le docteur Ainhoa Extandi, une galeno qui
rejoignit la Fraternité après la Guerre de la Croix pour
échapper à la persécution de l ’Inquisition.
Parfois, plutôt que de se faire implanter une prothèse
(comme un crochet ou une jambe de bois), un habitant du
coin estropié ira voir la chirurgienne de génie, dans l ’espoir
qu ’elle puisse lui greffer un membre de remplacement. L ’île
pratique également une sorte « d ’échange de bateau » :
un pirate peut temporairement « échanger » sa galère
contre un galion plus long-courrier s ’il doit effectuer un
long voyage, et un étranger possédant un navire imposant
peut faire de même s ’il a des affaires locales à mener pour
lesquelles une galère sera plus adaptée. Malheureusement
pour la Fraternité, le secret de leur île a été éventé : les
gouvernements de Castille et de Vodacce savent exac-
tement où se trouve la Prière d ’Hamid. À l ’instar de
Barcino dans le ducado de Torres, chaque gouvernement
essaie de convaincre l ’autre de faire le premier pas pour se
débarrasser des insoumis, mais ne compte pas engager de
ressources dans cette entreprise.
El Ducado de Aldana Seulement, ce n ’est pas la position la plus facile à défendre.
En raison de son climat chaud et généreux, l’Aldana fut la Avec ses vastes plaines dégagées et son grand port naturel,
première région colonisée de Castille. En 1257, le troisième retenir des envahisseurs a toujours été un problème pour ce
Prophète y installa la Casa de Aldana au nord-ouest, afin de village de pêcheurs. L ’utilisation de murs de pierre bas pour
remplacer les anciens Grandes favorables au Croissant. Riche couvrir les archers et les unités de cavaleries s ’est cependant
en terrains dégagés et en ports praticables, l’Aldana est le centre révélée efficace dans la plupart des situations, de même que
de la tradition équestre castilliane et possède l’économie la l ’édification stratégique de remparts pourvus de canons
plus stable de ce pays actuellement en proie aux difficultés autour du port. Aujourd ’hui, seules des attaques terrestres
financières. Les chevaux, les calesas hippomobiles décorées et maritimes coordonnées auraient la moindre chance de
et les selles de cuir raffinées d’Aldana étaient très demandés prendre la ville, raison pour laquelle l ’essentiel de la flotte
à l’époque où davantage de Castillians avaient les moyens de castilliane s ’est installée à San Cristóbal.
s’offrir de tels luxes. Actuellement, les calesas ne sont plus si Abritant le palais royal, la cité est un centre à l’activité poli-
colorées, car elles sont bien souvent remplies d’inquisiteurs. tique et sociale foisonnante. Les nobles de tous bords, fieffés ou
Aux côtés des Castillians, des Ifriens et des Croissantins, non, s’implantent ici dans l’espoir de s’attirer les faveurs royales.
les nomades tamatama sont plus nombreux dans le ducado
de Aldana que dans toute autre région. Les Tamatama El Alcázar
étaient initialement une caste d ’artistes itinérants issus Jusqu’à l’an dernier, le bon roi Sandoval régnait depuis el
d ’un sous-continent loin au sud-est de la Théah. Ils se Alcázar, une structure vertigineuse de style croissantin débor-
répandirent sur le territoire du Croissant et en Théah au fil dante de dômes, de tours et de colonnes. L’architecte amazigh
des siècles. Ils gagnent leur vie en voyageant de festival en Abd al-Majīd al-Mzabi, l’ancêtre de l’inquisiteur Octavio
festival et d ’une cour noble à une autre, s ’imprégnant des Mzabi, l’avait initialement baptisée « al-Qasr », en réfé-
chansons et des danses locales avant de les présenter lors rence au castrum sur lequel il l’avait construite. Aujourd’hui
de leur halte suivante. simplement appelée « el Alcázar », elle a subi d’incessantes
rénovations tout au long de l’occupation du Croissant, les
San Cristóbal fortifications jouissant de l’apport de toujours plus d’orne-
San Cristóbal est l ’une des plus anciennes cités de ments et d’améliorations technologiques au cours des siècles.
Castille. Lorsque l ’Empire du Croissant s ’en empara au Mais depuis 1257, elle semble comme figée dans le temps.
début de sa conquête de la Castille, c ’était déjà un village Le palais a été construit selon un plan relativement ouvert,
de pêcheur débordant d ’activité, doté d ’un port pitto- permettant à un nombre réduit de gardes de surveiller
resque. On y trouve une gastronomie fine, de bonnes l ’intégralité du bâtiment tout en repérant les menaces en
terres arables, et le fleuve Sandoval coule en son cœur. approche. Il y a peu de recoins dans lesquels se dissimuler,
L ’endroit parfait pour installer une capitale. et les bruits les plus légers résonnent dans les grands halls.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 85
 Lorsque le Roi logeait ici, d ’interminables colonnes de parfaite. Leur alignement laissait filtrer la lumière du soleil
conférenciers et d ’artistes érudits allaient et venaient du de manière à ce qu’elle souligne des détails précis des œuvres
palais. Chaque nuit apportait son lot de nouveautés : des d’art qui recouvraient les sols et les murs. En fin de compte,
danseurs de ballet de Vodacce et de Montaigne, pionniers l’armée n’égratigna pas la moindre brique de la mosquée.
de cet art, se produisaient aux côtés de scaldes vesten. Les Au lieu de cela, elle fut reconsacrée par l’Église vaticine et
conférenciers en philosophie politique y venaient parfois baptisée Basílica de Matamoros.
d ’aussi loin que du Cathay. Dans ce lieu splendide, les habitants de toutes les classes
Le départ soudain du roi Sandoval, de sa cour et de son sociales viennent accomplir leurs dévotions. Maintenant
sillage d’inquisiteurs indiscrets a créé un vide de pouvoir qu’une grande partie de l’Inquisition s’est repliée avec le
bien commode à San Cristóbal et, par extension, dans le Roi dans la Cité vaticine, une équipe minimale de religieux
ducado de Aldana en général. La haute société locale n’a entretient le presbytère. Il se trouve que toutes ces personnes
aucune intention de suivre l’enfant-roi dans la Cité vaticine, étaient des camarades de classe de l’inquisiteur Octavio
et nombre de danseurs de ballet et de conférenciers n’ont pas Mzabi, ce qui fait de la Basílica de Matamoros le seul véri-
rayé San Cristóbal de leur itinéraire malgré l’absence du Roi. table point de rassemblement de l’Inquisitio Aquila.
Le palais, maintenant dépourvu de son occupant royal, est Jusque-là, Mzabi et ses inquisiteurs noirs se sont contentés
devenu un lieu social central où l ’on se dispute le pouvoir et de rassembler des informations et de faire figure d’inqui-
le contrôle de la scène sociale de la ville. Le château accueille siteurs comme les autres, de sorte à ne pas se faire repérer.
désormais des personnages peu recommandables, aux côtés Paradoxalement, la Basílica est toujours (et l’était déjà sous
de la vieille cour de nobles aux titres aussi nombreux que l’inquisiteur Loyola) un important lieu de pèlerinage pour
leurs patrimoines sont faibles. Des patrons de la pègre, des les fidèles du deuxième Prophète. Bon nombre d’Éclipses
expatriés déshonorés, des marchands de l ’Alliance nahua- viennent donc ici pour prier en silence et en secret au milieu
cane et des Amazighen (qui pourraient bien surveiller de la foule et de l’activité de ce lieu saint vaticin majeur.
l ’endroit en prévision d ’une prise de pouvoir par la force)
ont investi el Alcázar, pareils à des prétendants dans le Le marché
foyer d ’un roi numanari revenu trop tard de la guerre. Les La place du marché de San Cristóbal est vaste et occupe
banquets et les bals ont perdu de leur vernis de politesse, un gigantesque forum construit par l ’Empire du Croissant
mais ils ont gagné en intérêt. après la conquête de la ville. On y trouve toutes sortes de
Le site d ’el Alcázar accueille également l ’académie militaire choses à bas prix et de piètre qualité. Le crime y est floris-
et les écuries les plus prestigieuses de Castille. La campagne sant, les gardes peu nombreux, et les étals et les échoppes
d ’Aldana est célèbre dans tout le pays pour l ’élevage de éphémères : quiconque convoite la version haut de gamme
chevaux et le talent de ses cavaliers. Les mouvements d ’un objet repéré sur le marché doit généralement s ’adresser
enseignés à l ’école d ’escrime aldanaise sise ici, semblables à au vendeur, qui lui donnera alors rendez-vous dans un local
ceux d ’une danse, s ’inspirent en réalité de la démarche agile plus permanent où il conserve ses marchandises de bonne
des chevaux aldanais, sur le dos desquels bon nombre de qualité. Des artistes de rue apparaissent en hordes dans les
maîtres d ’armes locaux aiment se battre. avenues de la place du marché, attirant de grandes foules... et
toutes sortes de voleurs à la tire, d ’escrocs, de faussaires et de
La Basílica de Matamoros receleurs qui se regroupent souvent en guildes suffisamment
Lorsque le troisième Prophète reconquit San Cristóbal, il importantes pour soudoyer les gardes de la ville.
affirma plus d’une fois son intention de démolir la mosquée Les bâtiments qui entourent la place incluent un poste de
locale. Toutefois, lorsque l’armée conquérante pénétra dans la garde (grand, mais loin d’être suffisant pour le quartier), divers
ville et contempla l’édifice, elle s’immobilisa : jamais les soldats restaurants chics (dans lesquels se produisent toujours de
n’avaient posé les yeux sur un aussi superbe bâtiment. Les nouveaux danseurs et musiciens), des tavernes, des magasins et
pierres et les briques encastrées dans les murs s’intriquaient des écoles de duel. Tous les principaux styles de duel sont repré-
en motifs géométriques hypnotiques. Des colonnes de marbre sentés ici, ainsi que d’autres moins répandus. Les affrontements
étaient incrustées de calligraphies dorées qui s’enroulaient d’escrime en public sont communs, chaque jour apportant son
autour d’elles comme du lierre montant à l’assaut d’un arbre. lot de duels, d’alliances et de rivalités changeantes.
Même la forme des fenêtres, inspirée de celle du feuillage, était

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86 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
El Ducado de Torres Indépendance
Bordant la Montaigne à l’ouest, l’Eisen au nord et le ducado Lorsque la Guerre de la Croix éclata, personne ne s ’inquiéta
de Soldano au sud-est, la région nord-ouest (appelée autant que les résidents des montagnes qui séparent la
Bagaudak jusqu’à il y a quarante ans) est bordée par des Montaigne et la Castille. La plupart de ces familles avaient
montagnes sur la frontière montaginoise et par la mer près un héritage mixte, et parlaient les langues des deux pays
de San Juan. Partout ailleurs, elle est parsemée de forêts clair-
ainsi qu ’un dialecte local.
semées. Les habitants de la région étaient bergers, fermiers, Ces autochtones évitèrent de s ’impliquer, tentant déses-
vignerons, pêcheurs et forestiers, et entretenaient des liens pérément, et souvent en vain, de protéger leurs foyers et
culturels étroits avec la Montaigne. Mais la Guerre de la leurs champs contre les armées en maraude qui les voyaient
Croix et l’invasion de la Montaigne ont dévasté la contrée. comme des sources faciles de ravitaillement ou d ’abri, voire
Des citadelles de montagne, érigées aussi vite qu’elles furent comme des moyens de satisfaire leur agressivité ou tout
détruites, remplacèrent les villages montagnards pittoresques autre de leurs besoins. La fin de la Guerre de la Croix
et donnèrent à la région son nom de « Torres ». La campagne alluma une lueur d ’espoir après trente ans de privations...
paisible se mua en un champ de bataille imprégné du sang Puis la Montaigne et la Castille se lancèrent dans un
de combattants forcés de prendre part à une guerre dont ils nouveau conflit.
n’avaient pas voulu. Les loyautés divisées déchirèrent nombre L ’Empereur ordonna au maréchal Eulàlia Madariaga de
de familles, certains se précipitant pour défendre la Castille, mener une force expéditionnaire dans les montagnes, que
d’autres se refusant à affronter les soldats montaginois qu’ils cette dernière connaissait bien pour y avoir grandi au cours
considéraient comme de leur propre sang. La famille du de la Guerre de la Croix. Sa mission était de conquérir la
Grande de Torres, jadis nombreuse, fut particulièrement zone pour la Montaigne. Elle accepta à la condition de
touchée. Beaucoup de ses filles et fils se lancèrent dans le pouvoir sélectionner une force composée de gens du cru.
combat sans avoir l’âge, la volonté ou l’entraînement nécessaire. Le maréchal Madariaga et ses troupes investirent une
Le ducado de Torres se montre particulièrement accueil- Barcino quasiment vide, sécurisèrent l ’endroit puis annon-
lant envers les exclus. Les Théans n’ayant pas les moyens de cèrent leur défection de l ’armée montaginoise, à la surprise
payer le passage jusqu’à Aragosta ou Fort Liberté peuvent et à l ’horreur de la Nation. Elles ne rallièrent cependant
s’aventurer dans la zone de guerre qu’est le ducado de Torres pas l ’armée castilliane, non : elles firent de Barcino une cité-
pour éviter ceux qui les recherchent. Ils y deviennent de petitsÉtat indépendante. Le maréchal Madariaga écrivit une lettre
chefs de guerre régnant sur des tours en ruine. Barcino est la ouverte passionnée à l ’Empereur, déclarant que sa guerre
plus célèbre et la plus réputée de ces citadelles, mais beaucoupétait une abomination cruelle qui bafouait les sentiments,
d’autres parsèment ces désolations déchirées par la guerre. l ’histoire et la sécurité des familles mixtes de la région
frontalière. Barcino serait désormais un havre de paix pour
Barcino quiconque méprisait le conflit, jusqu ’à ce qu ’une force les
Les alliés du nord du troisième Prophète construisirent la déloge, elle et ses troupes.
forteresse montagnarde de Barcino au début de la guerre La lettre dressait également la liste de toutes les méthodes
d ’Ombrelune pour s ’en servir de point de repli. Elle fut le d ’assaut possibles contre les fortifications de Barcino,
théâtre de quelques combats au cours de la guerre, mais démontrant clairement que n ’importe quelle armée castil-
l ’Empire du Croissant ne s ’y intéressa guère, légitime- liane ou montaginoise qui tenterait d ’assiéger la forteresse
ment réticent à l ’idée d ’attaquer une place fortifiée dans finirait certes par arracher la victoire, mais seulement
les montagnes avec une armée essentiellement composée après un siège long et éprouvant nécessitant bien plus de
de cavalerie. Dominant une vallée fertile nichée parmi les ressources que n ’en valaient les modestes troupes du maré-
pics au sud-est d ’Altamira, Barcino fut abandonnée par chal Madariaga. La rumeur raconte que l ’Empereur entra
l ’essentiel de ses troupes après la fin des hostilités. Trop dans une crise de colère d ’une semaine à la lecture de cette
éloignée pour attirer quiconque à l ’exception de la famille lettre. Ceci s ’avéra bénéfique, car ses officiers militaires
qui occupait traditionnellement les lieux, elle fut oubliée purent prendre le contrôle direct des opérations pendant
de tous à l ’exception de ladite famille ainsi que des fermiers cette période et réussirent à faire de véritables progrès dans
et bergers qui exploitaient la vallée, mélange de Castillians la conquête du ducado de Torres.
(Torresiens) et de Montaginois.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 87
 Collaboration avec la CCA La ville et les alentours
Cela pourra surprendre, mais Barcino bénéficie de soutien Il y a très peu de terres arables autour de Barcino, mais elles
matériel et financier de la part de la Compagnie commer- sont incroyablement productives. Peu de temps après que les
ciale atabéenne. Lorsque George Rourke, le président de explorateurs ont rapporté le tabac depuis le Nouveau monde,
la compagnie, lut la déclaration d ’indépendance que le les habitants de la région élaborèrent d’ingénieux systèmes
maréchal Madariaga adressa à l ’attention des couronnes de d’irrigation pour cultiver cette nouvelle ressource. En l’échan-
Montaigne et de Castille, il vit en Barcino un symbole de geant contre de quoi subsister, Barcino obtient bien plus qu’en
sa propre philosophie antigouvernementale qu ’il pourrait cultivant sa propre nourriture. Actuellement, tout le tabac
assimiler afin de répandre ses propres idées. revient à la Compagnie commerciale atabéenne en échange
La Compagnie envoya des agents remonter le fleuve de provisions. L’élevage de moutons est également répandu,
Barcino vers les montagnes afin d ’y trouver une voie d ’accès comme dans l’essentiel de la campagne environnante. Les habi-
jusqu ’à la forteresse. Ils utilisent désormais un passage tants de la région élèvent également des bovins et des caprins.
souterrain circulant depuis le littoral jusqu ’à la cité, grâce Les grottes, les tunnels et les cours d’eau souterrains sous
auquel ils acheminent de la nourriture, de l ’eau et des four- et autour de Barcino n’étaient à l’origine pas reliés par un
nitures estampillées par la Compagnie jusqu ’à Barcino. Si vaste réseau de galeries, mais les Syrneth en ont visiblement
vous attaquez la ville et êtes atteint par une flèche, vous décidé autrement. Ils ont foré des tunnels et des passages
pouvez parier que la pointe portera le sigle de la Compagnie. en profondeur, ainsi que de longs puits qui s’enfoncent au
cœur de zones semblables à des mines abandonnées garnies
Asile politique d’excavations rebouchées. À en juger par leur plafond renforcé
Barcino a attiré des demandeurs d ’asile de tout le monde constitué de métal et de céramique (qui semble inutile étant
connu. Éclipses, objectionnistes, Montaginois religieux, donnée l’épaisse couche de roche qui le surplombe), les explo-
contre-révolutionnaires numanaris et agitateurs des Nations rateurs supposent que ces galeries servaient moins de routes
pirates qui se sont attiré les foudres de trop d ’ennemis se que d’abris. Mais quelle sorte de menace pouvait effrayer les
réfugient ici en petits nombres. La ville possède également Syrneth à travers des centaines de mètres de roche ?
une imprimerie qui produit des journaux séditieux que la
Compagnie commerciale atabéenne distribue volontiers Le culte de Xana
dans toute la Théah. Si on lui posait la question, le maré- Si quelqu’un possède la réponse à cette question, c’est proba-
chal Madariaga se déclarerait volontiers en désaccord avec blement le culte de Xana de Barcino. Au beau milieu de la
nombre de ces idées, mais consciente de la vocation de Guerre de la Croix, l’Inquisition entendit parler d’un culte
Barcino, elle ne les désavoue pas. diabolique qui se réunissait régulièrement dans ces tunnels,
Même si plusieurs Nations étrangères savent que des vénérant un personnage décrit à tour de rôle comme un diable,
personnes recherchées se sont réfugiées à Barcino, ils ne une divinité ou un saint exerçant une influence magique sur la
peuvent se risquer à s ’y attaquer directement. L ’Eisen, la météorologie et la fertilité. Le terme torresien le plus répandu
Castille et la Montaigne sont toutes suffisamment proches pour la désigner était « Xana ».
pour assiéger la ville, mais chacune espère que l ’une des deux Une descente nocturne permit à l ’Inquisition de piéger des
autres perdra patience et engagera les hostilités en premier. centaines de personnes dans ces tunnels. Beaucoup d ’entre
Bon nombre de gouvernements, furieux de la trahison et de elles moururent en combattant, certaines usant de sorcel-
la gêne que représente Barcino, ont commencé à s’en prendre lerie (ou peut-être d ’Alquimia). L ’Église ne trouva jamais
aux familles de ceux qui ont trouvé asile dans la cité-État. La la Xana présumée, mais l ’inquisiteur qui menait l ’attaque
famille de la générale Madariaga a dû fuir son foyer ancestral affirma avoir vu une femme disparaître dans une antique
près d’Altamira, traquée par des équipes de tueurs montaginois. peinture rupestre. Cet événement marqua le début d ’une
D ’autres familles ne sont même pas au courant qu ’un de chasse aux sorcières dans le ducado de Torres qui coûta
leurs parents s ’est réfugié à Barcino. Les habitants de la la vie à sept mille personnes. Cet incident est encore au
cité-État auront besoin de contacts et d ’aide extérieurs s ’ils cœur de tout débat visant à déterminer si la magie folk-
veulent protéger leurs proches éloignés des murs de la forte- lorique castilliane n ’est que pure vilenie, ou si elle tient un
resse. Vous seriez surpris par le nombre remarquablement rôle positif dans la culture du pays. Le drapeau de Barcino
élevé de Héros qui ont des proches dont ils n ’ont jamais comprend une représentation de la peinture dans laquelle

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entendu parler entre les murs de Barcino. la mystérieuse femme disparut.

88 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
El Ducado de Zepeda
Au premier regard, la Zepeda ne paie pas de mine. Ses
îles pittoresques au nord-est seraient un lieu charmant
pour y construire de somptueuses demeures ou y pêcher
si l ’endroit ne grouillait pas de galères pirates.
Les montagnes au cœur de la région sont mena-
çantes et stériles. Les marais du Vagabundo, au sud, ne
tirent en réalité pas leur nom du justicier masqué, mais
des peuplades qui empruntent ses cours d ’eau sur des
bateaux à fond plat et vivent d ’apiculture, de pêche, ainsi
que de récolte d ’escargots, de crustacés et de grenouilles.
Cependant, la rumeur selon laquelle les profondeurs des
marais cachent El Vagabundo est au moins aussi courante
que celle qui le situe dans la forêt de Sandoval.
Pourtant, ces montagnes sont le joyau de la couronne
castilliane, car des métaux parmi les meilleurs de Théah
(le dracheneisen mis à part) en proviennent. Qui plus est,
la Zepeda est l ’un des ducados les plus modernes et les
plus technologiquement avancés. On dit même que Rioja
et les montagnes alentour dissimuleraient quantité de
laboratoires secrets du Collège invisible. Les ingénieurs
zepediens, célèbres pour leur éthique professionnelle, leur
sens de l ’humour franc et leur talent pour l ’improvisation,
peuvent trouver du travail dans toute la Castille.

Rioja
Située au sommet d ’une falaise, la ville de Rioja regorge
de mécanismes ingénieux, de verre et de laiton. Elle abrite
certains des bâtiments les plus hauts de Théah, construits
lors de l ’âge d ’or technologique de l ’Église au XIIIe siècle.
Ses bibliothèques de machinerie et d ’ingénierie avancées
sont désormais vides, sous le contrôle de l ’Inquisition.
Verdugo refuse que quiconque se serve des machines,
mais craint qu ’en les détruisant, il ne se prive d ’un avantage
majeur au cas où il devrait à nouveau s ’en servir en cas de
siège. Pour autant, ses inquisiteurs n ’ont pas été en mesure
de mettre un terme à la disparition constante de plusieurs
petits appareils chaque mois, ou à la réactivation mysté-
rieuse de certaines grandes machines publiques, comme
les horloges, pour des périodes de temps courtes et impré-
visibles. Ces machines sont-elles hantées ? À moins que le
Collège invisible n ’échappe à leur surveillance ?

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 L ’université de Rioja
Conçue sur le modèle de l’architecture yachidi, l’université
de Rioja est l’une des plus éminentes de Castille. Elle n’a pas
un campus unique à proprement parler, celui-ci se divisant
en tours d’ivoire éparpillées dans tout Rioja et reliées par un
système de téléphériques. Ses programmes de science et d’ingé-
nierie suscitaient la jalousie de l’intégralité du système éducatif
castillian, mais lorsque l’Inquisition remplaça son directeur,
tous les étudiants en sciences dures furent congédiés, brusque-
ment et sans cérémonie. Dorénavant, les cours de théologie, de
philosophie et de droit pénal approuvés par Verdugo dominent
l’université. Les anciens départements scientifiques existent
toujours, mais ils dispensent désormais leurs cours en secret,
dans des pubs bondés et des caves poussiéreuses, faisant passer
ces rassemblements pour des fêtes, des clubs de lecture ou des
cours de gymnastique, au cas où l’Inquisition s’en mêlerait. Le
Collège invisible n’est donc pas le seul collège invisible de la ville.
Tout explorateur rêve de découvrir le laboratoire secret
du professeur Artemio Durante de Bessarion, l ’inventeur
castilliano-vodacci à l ’origine d ’un grand nombre des
splendides appareils que l ’on peut admirer à Rioja et dans
la Cité vaticine. Une foule en colère chassa le professeur
Durante de son siège permanent à l ’université royale de
Rioja, lasse de voir ses engins leur exploser sans cesse à la
figure. Il construisit son nouveau laboratoire dans une cave
partiellement inondée à la base d ’une falaise du littoral, juste
au nord de la ville, visible et accessible uniquement à marée
basse. À l ’intérieur, gardées par des automates armés d ’arba-
lètes, s ’alignent toutes sortes de merveilles incroyables : des
galères à vapeur, des systèmes de purification d ’eau sophis-
tiqués, ainsi que des bateaux et machines submersibles.
Les maisons de guilde
Comme il sied à la ville jouissant de l ’artisanat le plus
impressionnant de Castille, chaque cofradía y possède sa
propre maison de guilde. La plus célèbre, la cofradía des
Taillandiers, est spécialisée dans la fabrication de couteaux
pliants à lame simple de qualité supérieure, plus adaptés
aux rues exiguës et à l ’étroitesse de Rioja que les lames
plus lourdes préférées dans le reste de la Castille. On peut
trouver des navajas (des couteaux pliants) de grande qualité
à la ceinture de tous les Castillians, même les plus démunis.
Une fois par an, lors du Festin de Sainte Arabella de Rioja,
chaque cofradía élabore un char de parade qui descendra la
Grand-rue, la seule rue plane de toute la ville. La guilde qui
présente le plus beau char reçoit une affectation spéciale
d ’un an pour créer des objets pour El Concilio de la Razón.
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90 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
L’Odissée
(El Ducado de Gallegos)
La marche de l ’histoire a raffermi les liens entre la plupart
des Castillians au fil des époques, mais la péninsule méri-
dionale d ’Odissée n ’a cessé de se démarquer. La couronne
castilliane a toujours convoité les revenus et les ressources
de cette région, avec ses denses forêts en altitude et son
littoral étendu doté de nombreux ports naturels. Là où
les autres royaumes de Castille ont mis leurs différends
de côté, soumettant leurs particularités individuelles à la
grande identité castilliane, l ’Odissée reste un cas à part.
Bienvenue dans un pays où les seuls habitants de souche
sont des étrangers.
La tradition maritime de l ’Odissée est la plus impor-
tante de Théah. Le pays est essentiellement constitué de
littoraux, et les collines de l ’arrière-pays sont couvertes
de diverses espèces de châtaigniers, de chênes et de pins.
L ’Odissée a toujours été à l ’avant-garde de la technologie
maritime : dès que quelqu ’un, quelque part, construit un
nouveau type d ’embarcation, il se trouve toujours un fichu
Odisséen qui réfléchit à un moyen de s ’en approprier un
exemplaire. Les cités portuaires de l ’Odissée (autrement
dit, toutes) regorgent de marchandises et de visages étran-
gers : quiconque parvient à braver les voleurs à la tire et la
pression de la foule pourra y dénicher de la soie du Cathay,
des plumes nahuacanes ou du coton de Khemet, et pourra
entendre d ’étonnantes histoires relatant la manière dont
tout cela s ’est retrouvé ici.
Les luttes de pouvoir qui ont émaillé l ’histoire de la
Castille ont affecté l ’Odissée d ’une manière particulière.
Tandis que les quatre autres royaumes de la Castille résis-
taient à une alliance avec l ’Empire du Croissant, le roi Fúlvio
V d ’Odissée épousa une princesse amazigh et lui proposa de
régner à ses côtés. Sa Nation n ’y vit pas d ’inconvénient, et
la princesse Tajeddigt s ’avéra une dirigeante avisée. Elle et
ses successeurs furent si populaires que lorsque le troisième
Prophète marcha sur l ’Odissée, les habitants lui résistèrent :
le Prophète leur ordonna de lui amener quiconque ne
croyait pas en lui, mais ils refusèrent.
Les voyages autour du monde ont fait des Odisséens des
personnes flexibles et courtoises. Cependant, cette Nation
dans la Nation a toujours évolué à la limite de l ’indé-
pendance, même au cours des périodes de grande unité
castilliane. Maintenant que le ducado ne bénéficie plus du
soutien du Croissant, si une guerre fratricide survenait, la
puissance militaire supérieure du nord du pays, ainsi que
ses considérables ressources en minerai de fer, marqueraient
certainement la fin de l ’Odissée. Au cours de la Guerre de la Pour de nombreuses raisons, l ’Inquisition voit l ’indé-
Croix, le Rex Castilium augmenta les taxes et réquisitionna pendance de l ’Odissée comme une menace effroyable qui
des navires pour une armada, ce à quoi l ’Odissée s ’opposa. nuit à ses objectifs et à son contrôle de la Castille, car elle
Un nouveau mouvement d ’indépendance enflamma alors ne fait qu ’aggraver encore les difficultés de l ’organisation
cette contrée, réclamant d ’en appeler aux puissances dans la péninsule. L ’Épée du Prophète est certes perfor-
ifriennes contre une armée castilliane occupée loin au nord. mante, mais elle sert plus de police que de force armée.
Officiellement, le siège du pouvoir de l ’Odissée est Lisso, De plus, comme le cardinal Verdugo a trahi les tercios, la
sur la côte septentrionale, une ville étalée sur deux pénin- Castille ne possède plus la puissance militaire nécessaire au
sules pointant vers la partie méridionale du littoral aldanais. contrôle de l ’Odissée. Finalement, l ’Inquisition ne doit son
L ’incompétent gouverneur Carlos Pérez y règne, quoique sursis qu ’à l ’absence de gestion centralisée du mouvement
peu d ’Odisséens semblent s ’en être aperçu : pour les habi- indépendantiste odisséen. Ce dernier est en effet un front
tants du ducado, la véritable capitale est San Felipe. communautaire de gens aux idées arrêtées, sans personne
La Grande d ’Odissée, Uxía Serafin, a été formellement pour canaliser leur énergie. La Grande s ’en rapproche, mais
déchue de son pouvoir politique. Lorsque le mouvement au moins jusqu ’à ce qu ’elle trouve un candidat convenable au
indépendantiste odisséen prit suffisamment d ’ampleur pour mariage, elle est accaparée par les affaires étrangères. Ainsi,
effrayer feu le roi Aldana, ce dernier nomma le gouverneur l ’Inquisition ne peut pas éliminer un meneur d ’une frappe
Carlos Pérez à la tête du ducado. Dans l ’ensemble, les chirurgicale, puisqu ’il n ’y en a pas... mais le mouvement
gens l ’ignorent, et Serafin fait comme il lui chante à San stagne malgré tout.
Felipe. Le cardinal Verdugo centralisant de plus en plus
de pouvoir autour de son Inquisition, elle est devenue la Le chapitre de la Société des Explorateurs
dirigeante régionale la plus influente de Castille. Esprit avisé,
Si Leandra Souza fonda la Société des Explorateurs à Lisso,
polyglotte émérite dont les lettres et essais sont publiés en le chapitre de San Felipe est plus grand et plus actif. Il
katabique, en castillian, en odisséen et parfois même en surplombe le port depuis le sommet d ’un musée richement
numanari, elle reçoit quantité de prétendants avides depuis pourvu, qui expose certaines des reliques les plus impres-
les quatre coins de Terra, des sénateurs numanari jusqu ’aux sionnantes de la Société (des répliques, bien sûr, puisque les
financiers de Vendel. Pour les parieurs, les chances sont originaux sont conservés dans des reliquaires uniquement
actuellement en faveur de l ’aventurier amazigh de haute accessibles aux Explorateurs). Nelinho, le fils de Leandra,
lignée, Ihsan al-Ibādi, héritier, dit-on, d ’un important émirat
dirige ce chapitre, bien qu ’il se rende régulièrement à Lisso
d ’Ifri du Nord. Une telle union aurait des répercussions pour rendre visite à sa mère, qui prend toujours une part
importantes sur les relations de l ’Odissée avec l ’Ifri du Nord
active dans les affaires de la Société malgré ses quatre-
et la Castille. vingt-douze ans. À l ’étage, la Société possède des salles de
réunion, des chambres d ’hôtel modestes ou luxueuses, ainsi
San Felipe qu ’une pièce qui fait office à la fois de bibliothèque et de
San Felipe est la ville la plus au sud de Castille. Lorsque bar. Techniquement, il est interdit de boire près des pièces
l ’Empire numanari s ’effondra, l ’Odissée était un pays indé- les plus précieuses, mais les Explorateurs ont tendance à
pendant qui parlait sa propre langue et résistait à la pulsion développer un certain talent pour s ’abreuver prudemment,
d ’unification de la Nation. Lorsque la Castille envahit et de manière responsable, près des ouvrages onéreux.
l ’Odissée, le manque relatif de ressources minières rendit
hasardeuse l ’idée de résister à l ’armée. Ainsi, le ducado Le Restaurante Salazar
tomba sous la coupe du trône de Castille. Le Restaurante Salazar est le véritable siège du gouverne-
Aujourd ’hui, San Felipe est à nouveau un foyer de ment d ’Odissée. Depuis sa fondation il y a des centaines
dissidence, de troubles et de migraines pour l ’Inquisition. d ’années, l ’établissement n ’a jamais cessé de servir à boire
Cette ville représente probablement la meilleure échappatoire et à manger, pas même un instant. Lorsque la guerre gagna
pour les Castillians souhaitant fuir le pays pour des raisons San Felipe, le Restaurante resta en service, même si cela
politiques pressantes. Un certain nombre d’inquisiteurs y sont consistait alors essentiellement à nourrir des soldats en
en poste, mais leur mission confine à l’impossible, puisqu’il manœuvre. Il occupe les quatre coins d ’une intersection
semble que le passe-temps favori de la quasi-totalité de la majeure entre le port et la place du marché, et des passe-

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population de la ville soit de leur rendre la vie impossible. relles en hauteur relient ses différents bâtiments. C ’est

7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 91

 ici, parmi la foule, que la Grande Uxía Serafin rencontre
ses nombreux espions et reçoit des diplomates étrangers
ainsi que maints prétendants. Les ascensions sociales et les
manœuvres politiques qui auraient d ’ordinaire lieu dans
les salles de bal du palais ducal se déroulent au bar ou en
virevoltant sur la piste de danse. Par conséquent, les nobles
de passage doivent braver une chose à laquelle leur vie
quotidienne ne les a pas habitués : la roture. Les officiers
du roi n ’ont de cesse de tenter de s ’infiltrer pour découvrir
ce que complote la Gran Duquesa, mais ils ne parviennent
jamais à obtenir une réservation, et des hordes d ’ivrognes
leur rentrent dedans comme par hasard chaque fois qu ’ils
font la queue pour entrer.
Le port de San Felipe
Le port de San Felipe est l ’un des plus étendus et actifs
de Théah. Les Odisséens ont toujours eu le pied marin, et
les quais de la ville en sont l ’illustration la plus flagrante.
Un gigantesque chantier naval, l ’un des plus importants
du continent, emploie un bon tiers des habitants de San
Felipe, et même plus si l ’on prend en compte les boutiques,
tavernes, cabinets médicaux et autres commerces qui servent
exclusivement le chantier et le port. En sus de construire
toutes sortes de bateaux, San Felipe est l ’endroit le moins
onéreux de toute la Théah où faire effectuer des répara-
tions. L ’attrait d ’une réfection à moindre coût pousse de
nombreux capitaines à faire un grand détour par San Felipe,
générant d ’importants revenus pour la ville tandis que les
équipages tuent le temps et gaspillent leur argent dans les
attractions touristiques à terre.
Outre des vaisseaux grandioses et modernes dont la popu-
larité s ’étend à l ’essentiel de la Théah, San Felipe accueille
encore de nombreuses galères. D ’une conception vieille de
plusieurs siècles, ces navires de moindre taille ne sont pas
adaptés aux expéditions en haute mer, mais ont toujours
la préférence de la Numa, du Croissant et de beaucoup
d ’Ifriens du Nord qui voyagent principalement aux alen-
tours des confins Numanaris. Ces navires sont propulsés
à la rame, déployant parfois leurs voiles pour bénéficier
d ’une poussée de vitesse. Bien que les bateaux de naviga-
tion modernes surclassent les galères, on trouve encore
nombre de ces vieux navires à vil prix. Ils sont également
remarquablement polyvalents, capables de tirer au canon sur
des bateaux ennemis, de lancer des abordages ou encore de
transporter des troupes aussi bien que des cargaisons près
du littoral ou dans les îles des confins Numanaris.
´
92 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
Le Quartier aux fleurs
Le Quartier aux fleurs accueille une communauté d ’expa-
triés du Nouveau monde, essentiellement des Rahuris et des
Nahuacans. Il est administré par Gonzalo « Lalo » Terrazas,
un marchand nahuacan. Ce secteur de la ville est ceint d ’un
mur extérieur de facture nahuacane. La zone la plus active
du Quartier aux fleurs est le terrain de jeu de balle, aussi
grand que ceux des grandes villes de l ’Alliance nahuacane ou
de Tzak K ’an. L ’équipe locale d ’Ōllamaztli, les Jaguars, est
la meilleure de Théah, mais certaines autres équipes castil-
lianes sont en train de la rattraper rapidement. Les soirs
où il n ’y a pas de match, le terrain accueille des marchés,
des danses ou des concours de lutte. Le Quartier aux fleurs
est l ’un des seuls lieux de Théah qui propose de la nour-
riture nahuacane authentique, y compris des insectes que
certains chefs ont apportés depuis l ’autre côté de l ’océan et
minutieusement élevés avec amour. Le peuple nahuacan s ’est
également fait une place unique en tant qu ’avocats. Après la
rigueur d ’une école de droit de l ’Alliance nahuacane, beau-
coup voient l ’apprentissage des lois castillianes comme un
prix acceptable, étant donnée la faible concurrence en Théah.
Lalo s ’aventure souvent hors de sa somptueuse demeure
du Quartier aux fleurs pour visiter des cités lointaines,
voyageant jusqu ’à Kirk ou Iskandar. Peu de Théans soup-
çonnent que Lalo envoie des missives codées au gouverne-
ment nahuacan par le biais de navires de commerce qui ne
se doutent de rien.
Les écoles de duel
San Felipe accueille bon nombre d ’écoles de duel théanes,
ainsi que quelques-unes du Nouveau monde et d ’Ifri. C ’est
le foyer moderne de la Siqueira, un art martial développé,
d ’après la légende, par des bergers odisséens qui souhai-
taient se défendre contre les loups et les voleurs. La Siqueira
enseigne l ’usage de matraques, de cannes, de bâtons de
combat et autres gourdins, profitant de la polyvalence et de
l ’allonge du bâton pour combattre plusieurs ennemis. Les
adeptes de la Siqueira s ’entraînent debout, en marchant,
assis sur une chaise ou sur le sol, et même allongés sur le
dos tandis que les attaques pleuvent de toutes parts.
L ’école d ’escrime de Gallegos possède également une
succursale dans la ville, tout comme deux styles du Nouveau
monde. Le vieux Mestre Gavião, qui passe l ’essentiel de son
temps au Restaurante Salazar, est le seul de toute la Théah
à enseigner le Jogo de Dentro, un art martial alliant danse
et combat. Il accepte parfois d ’apprendre un truc ou deux à
quiconque lui apporte un verre de sa ginjinha préférée.

Alquimia
La Castille, en grande partie du fait des efforts de l ’Église
vaticine, est la seule nation de Théah à ne pas posséder de
Sorcellerie traditionnelle. Au lieu de cela, génération après
génération, des esprits brillants ont consacré leurs vies à la
recherche et à l ’étude d ’autres sujets, de l ’anthropologie à la
médecine, initiant les avancées les plus spectaculaires dans
leurs champs d ’études respectifs.
Cependant, il est un savoir secret, jadis simplement
considéré comme inopportun, mais qui peut désormais
vous coûter la vie si l ’Inquisition vous suspecte d ’en être un
adepte. Si ses effets spectaculaires sont comparables à de la
Sorcellerie, il ne nécessite aucun talent magique pour être
mis en œuvre. Au contraire, l ’Alquimia (alchimie) est un
pur produit de la raison, combinant philosophie et expéri-
mentations concrètes.
Bien que dangereux pour ses pratiquants, le Grand Art est
non seulement toujours étudié aujourd ’hui, mais il pros-
père même largement. Dans les ombres de la Castille, un
réseau fermé et clandestin de boticarios protège ses membres
et perpétue cette tradition antique. Il met en relation des
mentors avec de potentiels apprentis et permet ainsi la
transmission de ce savoir millénaire aux Castillians qui s ’en
montrent dignes.
L ’Alquimia se base sur l ’idée de la perfection. Bien que
les boticarios l ’aient décliné de bien des manières au fil
des siècles, le concept originel veut que tous les aspects de
la réalité soient à la fois ordonnés et interconnectés dans
un flux d ’existence ininterrompu, de ses matières brutes à
ses constructions les plus élaborées. En ce sens, les boti-
carios étudient différentes réactions qui leur permettent
de transformer une substance élémentaire en une version
plus complexe, déchiffrant ainsi les connexions invisibles
qui existent entre la forme imparfaite d ’une substance et sa
version parfaite correspondante.
Le cadre théorique fondamental de ces expérimentations
est la compréhension que tout ce qui constitue la réalité est, à
l’origine, formé à partir de quatre caractéristiques : la chaleur,
la froideur, la sécheresse et l’humidité. Ces caractéristiques
correspondent aux quatre éléments les plus facilement
observables, à savoir le feu, l’air, la terre et l’eau. Ces qualités
terrestres sont à leur tour équilibrées par l’éther céleste, une
substance qui n’existe qu’en petite quantité sur Terra, mais qui
joue un rôle majeur dans les réactions alchimiques.
LA SCIENCE SACRÉE
Bien que proposant les procédures expérimentales
les plus avancées de toutes les sciences, l ’Alquimia
se distingue profondément des autres sciences
par sa dimension mystique. Si l ’archéologie vous
permet de vous plonger dans d ’autres cultures,
passées et présentes, et si l ’ingénierie peut vous
fournir une approche pratique à la résolution de
problèmes techniques, l ’Alquimia est, par nature,
une vision du monde globale avec des applica-
tions concrètes.
Cela signifie que, même si le but précis d ’un
boticario peut sembler trivial ou essentiellement
matérialiste, la réalité derrière l ’apparence implique
une transformation qui l ’affecte autant que la
substance impliquée. En ce sens, la quête de
perfection de cette discipline constitue un but
aussi bien physique et objectif que transcendantal.
En d ’autres mots, la perfection peut être trouvée à
la fois en soi et hors de soi.
Cet aspect de l’Alquimia s’est développé à partir
des relations que la Castille entretient avec l’Église
vaticine. Les boticarios tendent à développer une
approche de plus en plus religieuse de leur domaine,
au point que de nombreux traités alchimiques
affirment clairement que le but premier de l’étude est
d’ouvrir la voie jusqu’à Theus. Ils espèrent développer
une science permettant aux gens de comprendre le
monde, Theus et eux-mêmes à la fois.
Fonctionnement
Bien que n ’étant pas de la Sorcellerie au même sens que
d ’autres (et les boticarios ne sont pas considérés comme
des Sorciers en ce qui concerne les effets en jeu), l ’Alquimia
s ’obtient par le biais de l ’Avantage Sorcellerie (Livre de
base, page 150). Chaque fois que vous achetez l ’Avantage
Sorcellerie, vous accédez à l ’une des cinq Juvenilia (Juvenile
au singulier). De plus, chaque niveau d ’Alquimia après
le premier améliore le laboratorium, ce qui vous permet
d ’outrepasser les prérequis pour créer une Juvenile spéci-
fique. Choisissez un élément ou une concoction d ’une
Juvenile que votre Héros connaît, et qu ’il peut maintenant
créer dans son laboratorium sans prérequis.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 93
 Le Laboratorium
Toutes les expériences d ’Alquimia (souvent dangereuses)
doivent être menées dans un environnement sûr et contrôlé.
Par conséquent, tout boticario possède un laboratorium,
une installation souterraine soigneusement éclairée et bien
aérée où il peut poursuivre ses recherches loin des regards
indiscrets. Ces lieux contiennent généralement des équipe-
ments chers et personnalisés, des métaux rares et d ’autres
substances chimiques, ainsi que des grimoires volumineux,
manuscrits et bien souvent codés, dans lesquels le boticario
peut compiler ses recherches et leurs résultats.
Un laboratorium aura l ’air désordonné et sens dessus
dessous aux yeux d ’un profane. Bien sûr, ces agencements
d ’apparence chaotique et insensée sont volontaires. C ’est
une autre mesure de secret utilisée par le boticario, non
seulement pour protéger son travail, mais également pour
s ’assurer que l ’œil inexpérimenté ne puisse pas percer les
mystères de cette science sacrée.
Les Opera
Le fruit de centaines d ’années d ’études et d ’expérimen-
tations est appelé les Opera, « les Œuvres », qui font de
l ’Alquimia l ’aboutissement de la recherche scientifique. Ces
Opera constituent des secrets précieux, jalousement gardés
par l ’Ordre, un rassemblement de boticarios qui supervise
l ’initiation et la formation de nouveaux apprentis. Ainsi, les
non-initiés ne peuvent pas dupliquer ces mystères, hormis
dans des circonstances très particulières. Mais que sont les
Opera ?
Cela dépend du boticario.
L ’Alquimia est avant tout une entreprise personnelle. Les
boticarios appartiennent à un Ordre et suivent une philo-
sophie et une méthode communes, mais leurs découvertes
sont profondément individuelles. Si un boticario peut être
obsédé par l ’immortalité, un autre pourra tenter toutes les
combinaisons possibles pour transformer le plomb en or.
Du fait de cette approche très idiosyncrasique, on ne peut
parler de l ’Opera qu ’en termes généraux : les Juvenilia (les
travaux mineurs) et les Magna Opera (les travaux majeurs ;
Magnum Opus au singulier).
´
94 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
Juvenilia
Les Juvenilia, ou « travaux mineurs », sont souvent des effets
temporaires à durée réduite (généralement un Round ou
une Scène). Chaque effet nécessite que l ’utilisateur dépense
une Mise lors d ’une Séquence d ’Action ou d ’une Séquence
Dramatique pour être activé.
Créer un objet alchimique nécessite de dépenser un
point d ’Héroïsme et d ’utiliser un laboratorium. Certains
effets peuvent également être soumis à une ou plusieurs
Conditions, déterminées par le Maître du jeu. Un boticario
peut tenter de créer un effet d ’une Juvenile à laquelle il
n ’est pas formé, mais cela nécessite une Condition supplé-
mentaire pour être préparé correctement. La plupart des
Conditions peuvent être remplies en prenant un Risque ou
en accomplissant une Étape d ’Histoire.
Vous trouverez ci-dessous une liste de Conditions géné-
rales. Sauf mention contraire, chaque Condition ne peut
s ’appliquer qu ’une fois à chaque préparation.
• Un composant rare et difficile à trouver. Peut être
choisie plusieurs fois.
• L ’aide d ’un assistant qu ’il faut engager. Peut être
choisie plusieurs fois.
• Une grande quantité de matières premières (à
hauteur d ’1 Point de Richesse).
• La mise en danger de votre (vos) assistant(s) et de
vous-même.
• Les instructions d ’un mentor.
• L ’obtention d ’un traité d ’Alquimia particulier qui
traite du sujet étudié.
• Plusieurs tentatives ratées avant que la prépara-
tion ne fonctionne (ce qui augmente d ’un niveau
le temps nécessaire pour terminer le composé :
minutes > heures > jours > semaines). Peut être
choisie plusieurs fois.
• Un processus qui crée un composé instable (une
Mise supplémentaire est nécessaire pour que tout
fonctionne comme prévu).
Un boticario peut conserver deux objets alchimiques dans
son laboratorium et en transporter un sur lui pour chaque
achat de l ’Avantage Sorcellerie. Si un boticario dépasse cette
limite, le MJ peut dépenser un Point de Danger pour créer
un incident adapté, comme l ’explosion d ’un composé alchi-
mique ou son activation inopportune.
Wai Dan
La Juvenile « Élixir éternel » se concentre essentiellement
sur la purification corporelle et spirituelle. Cette dernière
passe par la consommation et l ’utilisation de diverses prépa-
rations connues sous le nom d ’élixirs, élaborées à partir de
substances trouvées à l ’extérieur du corps, chacune avec un
objectif différent.
Voici quelques exemples d ’élixirs :
• Longévité. Boire cet élixir permet de résister à des
blessures qui tueraient un être ordinaire. Jusqu ’à
la fin de la Scène, vous n ’êtes plus Sans défense
au bout de 4 Blessures Dramatiques. Au lieu de
cela, tout Scélérat qui prend un Risque contre vous
bénéficie de 3 dés supplémentaires (et non 2). Vous
bénéficiez d ’un rang de Blessures supplémentaire.
Lorsque vous subissez votre cinquième Blessure
Dramatique, vous devenez Sans défense. Préparer
cet élixir nécessite 1 Condition.
• Mémoire. Boire cet élixir permet d ’améliorer gran-
dement votre capacité mémorielle. Pour une durée
d ’une Scène, vous vous souvenez de tout ce que
vous voyez et entendez dans les moindres détails.
Vous pouvez ainsi mémoriser des documents,
des visages et des conversations en un clin d ’œil.
Préparer cet élixir nécessite 1 Condition.
• Intelligence. Boire cet élixir vous permet de faire
fonctionner votre esprit de manière optimale. Vous
bénéficiez d ’1 Rang supplémentaire en Astuce
pour une durée d ’une Scène. Préparer cet élixir
nécessite 2 Conditions.
• Jeunesse. Boire cet élixir vous permet de retrouver la
flexibilité des jours passés (ou à venir). Vous pouvez
immédiatement changer votre Approche sans malus.
Préparer cet élixir nécessite 1 Condition.
• Éclat resplendissant. Boire cet élixir vous permet
d ’exhiber votre beauté intérieure aux yeux de tous.
Vous bénéficiez de l ’Avantage Fascination pour une
durée d ’une Scène, sans avoir besoin de dépenser
un point d ’Héroïsme pour l ’activer.
Rasāyana
La Juvenile « Voie de l ’Essence » se concentre principale-
ment sur la préparation de sels essentiels, d ’alliages, d ’encres
et de poudres, généralement appelés « composés », dont
voici quelques exemples :
• Sel de lumière froide. Vous préparez un composé
qui produit suffisamment de lumière pour éclairer
une pièce pour une durée d ’une Scène, sans
combustion ni chaleur.
• Alliage incassable. Vous préparez un composé qui
transforme même le plus simple des métaux en un
matériau incassable. Un objet inorganique devient
virtuellement incassable pour le restant de la
Scène, à moins que des circonstances particulières
(comme de la Sorcellerie) n ’interviennent. Préparer
ce composé nécessite 1 Condition.
• Encre soporifique. Vous préparez une encre
spéciale qui plonge toute personne qui entre en
son contact dans un sommeil profond et surnaturel.
Lorsqu ’une cible entre en contact avec l ’encre, elle
devient Sans défense pour une durée d ’une Scène,
ou jusqu ’à ce que des circonstances extérieures ne
la réveillent (comme se faire secouer énergique-
ment, subir une Blessure, être à proximité d ’une
explosion, etc.). Préparer ce composé nécessite 2
Conditions.
• Poudre anesthésiante. Vous préparez un composé
qui immunise la cible contre toute douleur
physique. Jusqu ’à la fin de la Scène, le personnage
peut dépenser un point d ’Héroïsme pour ignorer
tous les effets d ’une Blessure Dramatique (le
Scélérat ne bénéficie pas de dés supplémentaires si
vous avez deux Blessures Dramatiques, et vous ne
devenez pas Sans défense après quatre Blessures
Dramatiques). Préparer ce composé nécessite 1
Condition.
• Sel essentiel de magnétite. Vous préparez
un composé qui, une fois versé, crée un champ
magnétique agissant comme un champ de force,
déviant les objets ou forces extérieurs pendant
un Round. Quiconque tente de tirer un projectile
sur l ’utilisateur du sel essentiel de magnétite doit
dépenser une Mise supplémentaire pour outre-
passer le champ magnétique.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 95
 Chymye
Cette Juvenile rassemble toutes les études concentrées sur
l ’analyse, la synthèse, la transformation et la production de
substances matérielles.
Voici une liste non exhaustive de ces préparations :
• Ciment de boticario. Cette préparation est
capable de lier deux objets ordinairement sépa-
rables. Rompre cette union coûte une Mise de
plus que si une colle classique avait été utilisée. En
général, cela signifie que la séparation des deux
objets nécessite 2 Mises plutôt qu ’1.
• Léger comme une plume. Cette préparation
réduit de moitié le poids d ’un objet inorganique
tout en préservant ses autres propriétés. Cela le
rend plus facile à transporter (porter cet objet
ne nécessite pas de Mise supplémentaire), mais
dégrade sa précision (le lancer nécessite une Mise
supplémentaire).
• Solidification de l ’eau. Cette préparation cristal-
lise jusqu ’à trente mètres cubes d ’eau en un Round,
jusqu ’à ce qu ’un solvant approprié soit appliqué
sur l ’eau gelée. Préparer cette substance nécessite
1 Condition.
• Solvant positif universel. Cette préparation peut
dissoudre des organismes vivants, leur infligeant
de graves dégâts. Tout matériau organique subit
une Blessure par Action passée à son contact, que
ce soit en le touchant, en l ’ingérant ou en étant
éclaboussé. Un personnage sur lequel le solvant a
été lancé peut dépenser une Action pour l ’essuyer
et supprimer ses effets. Préparer cette substance
nécessite 1 Condition.
• Plomb véritable. Cette préparation gêne le flux
des énergies magiques, immunisant pendant une
Scène un objet inorganique contre les effets provo-
qués par la Sorcellerie.
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96 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
Spagyrie
La Spagyrie est l ’une des évolutions les plus récentes de
l ’Alquimia, focalisée sur les remèdes à base de plantes
produits par procédé alchimique. Ces procédures
impliquent la fermentation, la distillation et l ’extraction des
composants minéraux de différentes plantes, chacune spéci-
fiquement adaptée au traitement d ’une affliction particulière.
Voici une liste de certains de ces extraits :
• Amarante. Cet extrait est utilisé pour traiter
les maladies du sang ainsi que pour stopper les
hémorragies. La cible récupère d ’une Blessure
Dramatique après avoir bu cet extrait et dépensé
un point d ’Héroïsme.
• Bétoine. Cet extrait insuffle une force surnaturelle
à qui le boit. La cible bénéficie d ’un Rang supplé-
mentaire en Force pour une durée d ’une Scène.
Préparer cet extrait nécessite 2 Conditions.
• Chélidoine. Quiconque boit cet extrait se
retrouve incapable de combattre ou de recourir à
la violence. Jusqu ’à la fin de la Scène, la cible est
sous Contrainte pour entreprendre des actions
agressives, comme infliger des Blessures à un autre
personnage.
• Euphorbe. Cet extrait accorde à qui le boit la
hardiesse et la détermination des Héros d ’antan.
Le temps d ’une Scène, le personnage qui boit cet
extrait est immunisé à la Peur, et toute Action
utilisant l ’Intimidation comme Approche contre
ce personnage nécessite deux Mises pour réussir.
Préparer cet extrait nécessite 1 Condition.
• Tournesol. Cet extrait affecte la capacité de discer-
nement de la cible, l ’empêchant de dissimuler ses
véritables intentions et l ’obligeant à répondre aux
questions en toute honnêteté. Un personnage qui
boit du Tournesol ne peut pas mentir pendant une
Scène. Préparer cet extrait nécessite 1 Condition.
Takwin quel objet avec sa main artificielle. Ceci ne nécessite
Cette Juvenile se concentre sur la création de vie synthétique aucune Mise. Il peut également remplir d ’autres
en laboratoire, y compris la vie humaine, ainsi que sur la fonctions raisonnables, comme manier une épée
conception de différents mécanismes qui imitent le mouve- ou serrer une main. Vous pouvez entreprendre une
ment, les organes sensoriels et d ’autres fonctions typiques Action en utilisant le Bras comme si vous aviez
des organismes vivants. Sauf mention contraire, de tels dépensé une Mise, mais il cesse ensuite de fonc-
appareils fonctionnent correctement pendant une Scène. tionner. Préparer cet appareil nécessite 1 Condition.
Après cette période, ils nécessitent un entretien équivalent • Automate simple. Cet appareil imite les mouve-
à 1 Condition pour fonctionner de nouveau (2 Conditions ments et le comportement d ’une petite créa-
si le Takwin n ’est pas une Juvenile connue). ture. L ’Automate peut exécuter un des ordres
Voici quelques exemples : suivants : attaquer, porter, défendre, rapporter,
suivre, surveiller, aller et quérir. Si l ’Automate
• Lentille d’amplification longue distance. Cet appa- effectue une Action qui nécessiterait un Risque,
reil permet à son porteur de percevoir des détails et il lance 4 dés. Si l ’Automate subit 4 Blessures, il
des irrégularités indétectables à l’œil nu. Tant que la est endommagé et nécessite des réparations avant
ligne de vue est libre, vous pouvez voir parfaitement de pouvoir fonctionner à nouveau. Préparer cet
sur une distance d’1,5 km. Si vous prenez un Risque appareil nécessite 2 Conditions.
reposant essentiellement sur votre vision, la Lentille
vous procure un dé supplémentaire.
• Dispositif de respiration sous-marine. Cet appa-
reil imite les fonctions des organes respiratoires,
vous permettant de respirer sous l ’eau comme en
plein air pendant une Scène.
• Détecteur à vision nocturne. Cet appareil, qui
imite les capacités de vision nocturne de certains
animaux, permet à son porteur de repérer les
objets solides sur une distance de 20 m dans toutes
les directions, quelle que soit la luminosité.
• Bras mécanique. Cet appareil fonctionne de la
même manière qu ’un bras humain. Il se fixe au
boticario et peut tenir indéfiniment n ’importe

´
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 97
 Magna Opera
Même si les processus alchimiques liés aux Juvenilia
sont relativement puissants, la plupart des boticarios les
voient comme de simples distractions qui les détournent
de l ’objectif véritable du Grand Art. En ce sens, tous
ces effets font pâle figure face aux Magna Opera, les
« Grands Œuvres » auxquels tous les pratiquants de
l ’Alquimia aspirent.
Accomplir un Magnum Opus nécessite une Histoire
de Héros en cinq Étapes, suivant les règles décrites dans
le Livre de base, pages 159 à 163. En l ’occurrence, la
Récompense dépend de la vision personnelle qu ’a votre
Héros de l ’objectif ultime de l ’Alquimia. Cela peut
inclure toutes sortes d ’effets, mais en général, ces derniers
surpassent ce qui peut être accompli avec des Juvenilia.
On peut par exemple envisager la création d ’un réactif
alchimique unique qui incarne (ou surpasse) les lois de la
nature, vous permettant d ’utiliser les effets d ’une Juvenile
sans dépenser de Mise ; la distillation d ’une mixture alchi-
mique qui s ’affranchit des règles habituelles de transport des
Juvenilia ; la création d ’un objet alchimique permanent et ne
nécessitant pas d ’entretien supplémentaire ; la découverte
d ’un nouvel élément primordial qui mène à la création d ’une
sixième Juvenile, etc.
Voici quelques exemples de Magna Opera tirés des
légendes qui courent parmi les boticarios.
Chrysopée
L ’objectif ultime de l ’Alquimia est de perfectionner pour beaucoup d ’autres branches de la science expérimen-
n ’importe quelle substance, permettant même à un matériau tale. En plus de cela, l ’alkahest pourrait révéler les compo-
aussi basique et vulgaire que le plomb de révéler sa véritable sants prima materia à l ’origine de toute existence matérielle.
valeur et son itération finale en se transformant en or. Ainsi, Voici quelques exemples :
un boticario consacre sa vie à discerner la perfection là où
d ’autres ne voient que des défauts.
Voici quelques exemples d ’aboutissements :
• Mon Héros découvre la pierre philosophale, mais
le coût de sa création implique qu ’il ne peut
l ’utiliser qu ’une fois.
• Mon Héros échoue dans ses recherches, mais il
découvre un nouveau matériau alchimique aux
propriétés inédites.
• Mon Héros a pu découvrir le véritable secret de la
perfection, qui épouse la réalité telle qu ’elle est au
lieu de la modifier.
´
98 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
Panacée
Le but ultime de l ’Alquimia est lié à la vie et à l ’existence
en général. Selon la conception d ’un boticario, rien n ’a plus
d ’importance que la préservation de la vie, le plus Grand
Œuvre de tous. Ainsi, il focalise ses études sur la prolonga-
tion de l ’existence de créatures vivantes, en particulier en les
protégeant des maladies et de la mort.
Voici quelques exemples :
• Mon Héros découvre un remède contre un grand
nombre de maladies, mais dans le processus, il crée
une affection terrible et incurable.
• Mon Héros s ’octroie accidentellement la vie éter-
nelle. Il est désormais une légende, recherché à la
fois par ceux qui veulent partager la même béné-
diction et par ceux qui veulent sa mort pour se
l ’approprier.
• Mon Héros dévoile enfin le mystère de la panacée,
remède contre toutes les maladies, source de vie
et de jeunesse éternelle… mais il doit désormais
trouver un moyen de l ’empêcher de tomber entre
de mauvaises mains.
Alkahest
L ’objectif ultime de l ’Alquimia est de découvrir l ’alkahest,
le solvant universel capable de dissoudre toutes les autres
substances. Une découverte aussi révolutionnaire serait ines-
timable, non seulement pour les boticarios, mais également
• Mon Héros est gravement et irrémédiablement
défiguré dans un accident survenu alors qu ’il
tentait de trouver l ’alkahest.
• Mon Héros distille l ’alkahest, le solvant universel,
mais un apprenti le vole, ainsi que les notes de
recherches correspondantes et la formule finale.
• Mon Héros ne parvient pas à distiller l ’alkahest,
mais découvre un solvant plus puissant que le sal
alkali, ce qui lui apporte fortune et gloire.
Les duels ou un élève : ainsi, les démonstrations sont fréquentes. Les
Le duel, en Castille, a toujours été considéré comme un maîtres forgerons viennent de partout pour exposer leurs
spectacle, et cela vaut aussi bien pour les échanges d’escrime productions sur le marché.
en pleine rue (même si cette pratique est interdite par les Ces derniers amènent leurs plus belles pièces, ayant parfois
vaticins) que pour les duels officiels sur la place du marché consacré toute une année à élaborer une unique lame qu ’ils
de San Cristóbal. Que ce soit simplement pour le sport ou exposent et vendent durant el Baile. Les Duellistes peuvent
pour régler un différend, les Duellistes castillians ont le sens dénicher des épées parmi les plus fabuleuses au cours de ce
de la mise en scène. Il n’est ainsi pas surprenant que la Castille deuxième jour, et beaucoup viennent même spécifiquement
organise tous les ans el Festival de la Espada (le Festival de au festival pour acquérir une telle arme. D ’ailleurs, ils ne
l’Épée), plus communément appelé el Baile (la Danse). participent souvent même pas aux festivités des autres jours.
El Baile est célébré en Odissée, le long de la côte méri-
dionale, et des voyageurs viennent de loin pour y assister Le troisième jour
et y participer. Le festival se déroule dans el Castillo del Au commencement du troisième jour, les maîtres du festival
Acantilado (le château sur la Falaise), un vieux castel qui confient dix-neuf gages de faveur au champion de l ’année
domine le littoral depuis le sommet d ’une falaise de pierre précédente. Le reste de la journée se passe en diverses
gris sombre. La majeure partie de l ’année, le château est démonstrations libres, que le champion récompense en
inutilisé, mais à l ’occasion d ’el Festival de la Espada, il donnant des gages aux Duellistes de son choix. Quiconque
rayonne de lueurs féériques. reçoit l ’un de ces gages se doit de le défendre : il est attendu
des personnes en ayant reçu un qu ’ils acceptent tous les
Le premier jour duels, avec comme enjeu cette marque honorifique. Les
El Festival de la Espada dure cinq jours. Le premier jour duels se font toujours au premier sang, et il arrive qu ’un
consiste simplement à se rassembler : « un étranger est juste détenteur de gage perde délibérément afin de permettre à
un ami que tu n ’as pas encore rencontré », comme le dit un allié de prendre part au tournoi à sa place.
l ’adage odisséen. Aucun événement particulier n ’est prévu, Perdre un gage n ’est pas un signe d ’échec total, car de
mais les participants mettent un point d ’honneur à faire nombreux prix sont par ailleurs attribués ce jour-là. On
connaissance et à deviser avec celles et ceux qui éveillent compte par exemple el Joven Prometedor (le jeune promet-
leur intérêt. teur), el más Bravo (le plus courageux), el más Cortés (le
Aucun duel n ’est autorisé le premier jour, quel qu ’en soit plus courtois, attribué au duelliste ayant fait preuve de la
le prétexte. Contrevenir à cette règle est passible d ’une plus grande politesse, indépendamment de l ’issue du duel)
expulsion du festival. Les voyageurs arrivent le premier et el Noble (le plus chevaleresque, généralement attribué au
jour pour se rencontrer et se retrouver dans les nombreux favori du public, une personne à l ’allure particulièrement
débits de vin qui entourent le château. Si les commerces ne marquante ou s ’étant fait remarquer dans la journée). Au
sont pas encore ouverts, on trouve malgré tout quantité de terme du troisième jour, les Duellistes en possession d ’un
nourriture et de boisson dans les parages. Les duellistes font gage peuvent participer au tournoi.
connaissance et vantent leurs exploits, donnant lieu à des
récits qui peuvent se prolonger jusqu ’aux heures tardives Le quatrième jour
de la nuit. Le tournoi débute le quatrième jour. Les dix-neuf détenteurs
de gage et le champion de l’année passée s’engagent dans un
Le deuxième jour tournoi très structuré. Le dernier participant à rester debout
Le deuxième jour, el Baile ne se distingue pas vraiment à la fin de cette journée est nommé la Espada de Castille
de n ’importe quel autre festival. Vendeurs et marchands (l’Épée de Castille). Cette personne aura l’honneur d’ouvrir le
installent leurs échoppes chargées de produits divers en tournoi lors du quatrième jour du prochain festival, et recevra
provenance de toute la Castille, et au-delà. Il est possible les gages à distribuer. La foule porte le nouveau champion
d ’y trouver une variété impressionnante de nourriture, jusqu’à la salle du trône sous une pluie de pétales de rose
ainsi que certaines des meilleures lames jamais forgées. Les multicolores, avant de le couronner vainqueur. Il est alors
Duellistes viennent au festival pour exhiber les nouveaux traité comme un roi pour le restant de la journée.
styles qu ’ils ont mis au point ou pour chercher un maître

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 99
 Le cinquième jour
Enfin, le dernier jour d ’el Baile se tient une cérémonie
unique en son genre appelée el Baile del Toro (littéralement
« la danse du taureau »). Si le reste du tournoi focalise sur
les duels à l ’épée, c ’est de cet événement que le festival tient
son nom officieux. Un taureau est lâché dans la cour, et trois
toreros, des danseurs taurins, font la démonstration de la
maîtrise de leur art. Chacun est équipé d ’une vara (un bâton
ou gourdin) et porte un costume élaboré et décoré.
La vara est un bâton cylindrique d ’environ soixante centi-
mètres, richement sculpté et orné de joyaux, traditionnel-
lement peint en rouge et or. Les toreros pénètrent à tour
de rôle dans l ’arène et se servent de leur vara pour attraper
une corne du taureau avant de virevolter autour. Les toreros
dansent avec l ’animal jusqu ’à ce que celui-ci soit épuisé, et
les blessures ne sont pas rares. Nombreux sont ceux qui
s ’entraînent toute l ’année pour maîtriser cette technique.
Si les toreros ne parviennent pas à terminer leur danse, le
taureau gagne sa liberté. Sinon, une fois que la danse est
terminée, le taureau épuisé est placé sur un grand coussin, et
les festivaliers le couvrent d ’affection, de cadeaux et d ’éloges
en remerciement de cette danse. Les officiels de la ville le
conduisent ensuite au château, où un boucher le cuisinera
pour le festin de fin de journée. La légende raconte que cette
viande offre virilité et longévité à quiconque en consomme.
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100 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
La Siqueira
Les toreros entraînés à la Siqueira sont formés à maîtriser
un taureau avec grâce en exécutant leur danse. Certains
disent que le style trouve ses origines chez les bergers et
leurs techniques pour se défendre contre les loups et les
voleurs. Muni de sa vara, le Duelliste contrôle sa cible en
la provoquant dans un premier temps, généralement en lui
donnant de petits coups avec le bout de son arme, et parfois
même en l ’insultant.
Une fois l ’ennemi à bout, le pratiquant de la Siqueira le
pousse à charger. Quand il se rue sur lui, le Duelliste s ’écarte
d ’un pas de côté et frappe le flanc de son adversaire avant
de se remettre rapidement à distance. Le but est de garder
l ’ennemi hors de portée et de le laisser venir pour garder le
contrôle au cours du duel.
Bonus de Style : Tomar al Toro Por las Astas
Lorsque vous êtes armé d ’un bâton ou d ’un gros gourdin,
vous bénéficiez d ’une Manœuvre appelée Tomar al Toro
Por las Astas (« prendre le taureau par les cornes »).
Lorsque vous effectuez cette Manœuvre, vous exercez une
Contrainte sur votre cible : si elle veut faire autre chose que
vous attaquer (c ’est-à-dire vous infliger des Blessures de
quelque façon que ce soit), elle doit dépenser deux Mises au
lieu d ’une pour accomplir cette Action. Si votre cible choisit
de vous attaquer, vous lui infligez un nombre de Blessures
égal à votre Rang en Finesse. Un Héros peut effectuer cette
Manœuvre seulement une fois par Round.
Leyendas d ’humilité en perdant son mari dans le conflit, proposa
Malgré les liens étroits entre la Castille et l ’Église vaticine, non seulement son pardon à la Maestre de Campo, mais
les Castillians sont de longue date très superstitieux, et également une généreuse récompense si elle décidait de
c ’est un euphémisme. Le mélange de croyances, de mythes revenir pour défendre le royaume. Elle y consentit, mais
et de dialectes résultant des différentes invasions, guerres refusa toute récompense et quitta le pays dès que le peuple
et occupations de la Nation a créé un folklore riche et fut en sécurité.
varié qui imprègne la vie quotidienne. En conséquence, À ce jour, les histoires ont condamné la sotte Grande à
presque toutes les localités de Castille, de la plus petite l ’oubli : son nom même a disparu dans les limbes du temps.
villa (hameau) aux plus grandes villes, possèdent une ou Mais le surnom et les exploits de la Maîtresse du Champ
plusieurs légendes qui leur sont associées. de bataille, eux, demeurent.
En réalité, il serait chimérique de compiler la pléthore de
leyendas (légendes) qu ’un Héros peut être amené à entendre Aujourd ’hui
au cours de ses voyages dans le pays. Les exemples suivants, La leyenda de la Maestre de Campo est une histoire
choisis parmi les plus connus et répandus, vous donneront édifiante qui encourage à estimer les qualités d ’autrui plutôt
un aperçu de la mentalité et de la vision du monde des que de les envier. De surcroît, la figure de la Maîtresse du
Castillians en ce qui concerne le surnaturel. Champ de bataille est devenue une source d ’inspiration
pour quiconque traverse une période difficile. Les gens la
La Maestre de Campo voient comme l ’incarnation de toutes les qualités admirées
La leyenda raconte que vivait jadis une puissante guerrière par les Castillians : la loyauté, l ’honneur et la résolution.
qui se distingua lors de nombreux conflits au cours desquels Outre cette sagesse populaire, la Maestre de Campo
elle défendit le territoire de son Grande. Ses exploits sur possède aussi une dimension surnaturelle. Certains
le champ de bataille et dans l ’art de la guerre étaient si rapportent des récits de batailles presque perdues dont le
éminents qu ’alliés comme ennemis la respectaient et la grati- cours a été renversé par une silhouette tout de noir vêtue,
fiaient de nombre de surnoms honorifiques. Le plus célèbre qui combattait avec la grâce et l ’aplomb des temps jadis.
d ’entre eux était Maestre de Campo, qui signifie, dans la D ’autres affirment avoir été sauvés de bandits et de hors-
langue de l ’Ancien Empire, « la Maîtresse du Champ de la-loi par un individu mystérieux qui les a défendus quand
bataille ». Grâce à l ’appui loyal de la Maestre de Campo, personne n ’avait osé le faire.
non seulement le Grande conserva son territoire, mais Enfin, d’aucuns disent que le légendaire El Vagabundo
en plus, il l ’agrandit à la faveur d ’une paix durable et d ’un aurait en réalité été inspiré et conçu à partir de la tradition
règne fructueux. de la Maestre de Campo, en tant que moyen d’assurer la
Après de nombreuses années, le Grande mourut et sa fille protection du peuple contre ceux qui abusent de leur pouvoir.
lui succéda. C ’était cependant une jeune femme mesquine,
et elle jalousait la Maestre de Campo depuis qu ’elle était
entrée au service de son père. Ainsi, son premier édit en
tant que nouvelle Grande fut de dépouiller la puissante
guerrière de ses terres et de ses titres, et de l ’envoyer en
exil en la menaçant d ’exécution si elle décidait de revenir.
Beaucoup murmurèrent leur inquiétude quant au bien-être
du royaume et de sa nouvelle dirigeante, mais la Maestre
de Campo se comporta aussi honorablement que sa
renommée le disait, et elle quitta la cour sans émettre la
moindre protestation.
Lorsque la nouvelle de cet incident se répandit, les vieux
ennemis se dressèrent à nouveau contre la jeune Grande,
mais cette fois, la Maîtresse du Champ de bataille n ’était
pas là pour défendre le peuple, et le royaume frôla la défaite.
La nouvelle dirigeante, après avoir appris une dure leçon

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 101
 Les anjanas
La plupart des localités établies près de points d ’eau, en
particulier des rivières, possèdent une ou plusieurs histoires
évoquant les anjanas, les êtres qui habitent partout où
l ’on trouve de l ’eau pure. Ces créatures sont généralement
minces et délicates. On les voit souvent marcher (certains
diraient flotter) le long de chemins forestiers ou se reposer
près des berges.
Elles sont décrites comme étant féminines, davantage en
raison de leur apparence svelte que pour de quelconques
caractères véritablement féminins. Presque tout le monde
les considère comme issues d ’un autre monde. D ’autres
histoires les décrivent comme de minuscules créatures ailées,
frêles comme des fleurs.
Les histoires à propos des anjanas sont aussi contradic-
toires et confuses que leurs descriptions. Untel relatera
qu ’une jeune fille aqueuse l ’a sauvée des plus terribles
dangers, tandis qu ’un autre se plaindra qu ’une telle créa-
ture lui a volé de l ’argent, des objets précieux, ou même ses
enfants ! Certains affirment qu ’on ne peut pas les toucher,
tandis que d ’autres prétendent le contraire, soutenant même
avoir eu une descendance avec une anjanas. D ’aucuns disent
avoir été sauvés de la noyade par une anjanas ; d ’autres affir-
meront que ces créatures sont responsables de la noyade
d ’êtres chers. Presque tout le monde connaît quelqu ’un
(un ami, un cousin…) qui a rencontré une de ces créatures,
même si la véracité de ces récits est douteuse. Tous ceux
qui prétendent avoir rencontré une anjanas jurent sur leur
honneur que leurs témoignages sont vrais et exacts, peu
importe s ’ils diffèrent des histoires généralement admises
dans sa région.
La vérité à ce sujet est difficile à discerner, mais le
consensus veut que les anjanas soient suffisamment dange-
reuses pour qu ’il vaille mieux les éviter que d ’aller à leur
rencontre. Bien sûr, tout le monde n ’écoute pas la sagesse
populaire, et les plus naïfs (ou les plus désespérés) risquent
leur vie en essayant de surprendre ces créatures énigma-
tiques. Certains tentent même d ’en capturer, dans l ’espoir
que cela leur attire bonne fortune. Peu de gens sont là pour
le confirmer, cela dit.
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102 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
Aujourd ’hui
Comme on peut s ’y attendre dans ce genre de cas, la vérité
sur les anjanas englobe toutes les histoires susmentionnées.
Bien que cela défie toute logique, ces apparentes contradic-
tions s ’expliquent très simplement.
Le terme anjanas désigne en fait deux types de créature
différents : les anjanas et leurs ennemis jurés, les ojáncanas.
Les premières sont à l ’origine de toutes les rencontres
bénéfiques et providentielles. Ce sont elles qui sauvent les
mortels de la noyade, les aident lorsqu ’ils sont dans le besoin
et leur offrent parfois même des richesses si nécessaire.
À l ’inverse, les ojáncanas sont à l ’origine des malheurs,
des problèmes et des facéties. Elles considèrent les mortels
comme des jouets et sont plus enclines à user de leurs
charmes pour les malmener à leur gré, allant même jusqu ’à
les tuer si l ’envie leur en prend. Malgré tout, elles ne consi-
dèrent pas ces actes comme relevant de la torture ou du
meurtre, mais simplement d ’un juste retour des choses, car
elles sont les descendantes d ’anjanas qui ont été utilisées et
maltraitées par des humains. En effet, lorsqu ’une anjanas
utilise sa magie de manière abusive, elle se transforme
en ojáncanas.
Ainsi, la plupart des anjanas traitent les mortels juste-
ment, en particulier s ’ils se montrent honnêtes et sincères.
Malheureusement, les humains peuvent toujours pousser
une anjanas à utiliser ses pouvoirs à leur propre profit,
instillant ainsi la corruption dans l ’esprit innocent de la
créature et la transformant en ojáncanas. Cela ne fait que
grossir les rangs de ces créatures haineuses qui ont recours
aux mesures les plus extrêmes pour venger d ’ancestrales
offenses faites à leur espèce.
Si les anjanas attaquent rarement les gens, elles n ’hésitent
pas à se défendre si on tente de les capturer ou de les
agresser. Ce sont des créatures d ’une Puissance de 5 dotées
des Propriétés Ailé et Métamorphe.
Les ojáncanas sont des créatures d ’une Puissance de 5
dotées des Propriétés Ailé et Effrayant.
L ’Estantigua
L ’Estantigua (l ’Ost antique), plus qu ’une simple leyenda, est
une croyance populaire commune à une grande partie de la
Castille. Elle est différente dans chaque villa et chaque cité
du pays, mais certaines caractéristiques se retrouvent dans
la plupart de ses versions.
D ’après les croyances, l ’Ost antique est une procession
d ’âmes des défunts (certains parlent d ’âmes tourmentées)
qui traverse un village à minuit, guidée par un homme ou
une femme vivant, à qui une malédiction impose cette tâche.
Le but de l ’Estantigua est sujet à débat. Certains prétendent
qu ’elle permet d ’assurer le repos éternel des esprits des
morts, tandis que d ’autres soutiennent que l ’objectif de
l ’Ost est de marquer les maisons de ceux qui vont bientôt
rejoindre ses rangs.
À ce sujet, le guide de l ’Estantigua n ’a aucun souvenir
de ses activités nocturnes. On dit que si une personne
mène l ’Ost pendant trop longtemps, elle devient peu à
peu plus morte que vivante, comme en témoigneraient sa
pâleur et son apparence chétive. D ’autres affirment que la
malédiction ne peut se transmettre à un autre être vivant
qu’au cours d’une procession. Dans ce cas, un chaudron
apparaît comme par enchantement dans la chambre du
nouveau guide, le désignant comme chargé de la procession
à compter de cet instant.
Aujourd ’hui
Conséquence fortuite des croyances de l ’Estantigua, la
plupart des Castillians évitent de sortir la nuit, en particu-
lier après minuit. Ceux qui s ’y voient contraints ont recours
à bon nombre de pratiques pour déjouer la malédiction du
meneur de l ’Ost, comme de s ’allonger face contre terre au
passage de l ’Estantigua, de dessiner autour de soi des cercles
protecteurs avec de la craie ou du sel, ou encore d ’exécuter
divers gestes de conjuration, le plus célèbre étant le signe
des cornes : on tend l ’index et l ’auriculaire tout en coinçant
le majeur et l ’annulaire sous le pouce.
Seul le meneur est visible ; le reste de l ’Ost ne peut être
vu, ni entendu. Sa présence peut néanmoins être perçue par
un frisson soudain ou un frémissement à son approche. Un
brusque silence, le son distant d ’une cloche et le hurlement
désespéré de chiens peuvent également trahir le passage
de l ’Estantigua. Pour ces raisons, la plupart des gens qui
doivent sortir la nuit en Castille le font en groupe et évitent
les silhouettes solitaires, craignant d ’être frappés par la malé-
diction en croisant sans le savoir le chemin de l ’Ost.
Les Castillians évitent les maisons qui héritent de
l ’Estantigua, et considèrent que leurs occupants sont
marqués par les morts et ne font plus partie des vivants. De
telles hantises sont avérées lorsque le guide et son invisible
cortège tournent trois fois autour de la maison, d ’ouest en
est. Toutefois, après le décès d ’un des habitants du foyer, les
survivants sont libérés de la marque et sont de nouveau les
bienvenus dans la communauté.
L ’Estantigua est considérée comme une Escouade de
Monstres d ’une Puissance de 10 dotée de la Propriété Mort-
vivant. Le guide est une personne normale sous l ’emprise et
le contrôle de la procession. Jusqu ’à la fin de la nuit ou la
destruction de l ’Ost, le meneur ne répond à aucun stimulus
physique ou social.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 103
 La brujería
En Castille, la brujería (sorcellerie) est souvent considérée
comme la cause principale du malheur ou de la maladie,
même si c ’est bien souvent inexact.
D ’après la sagesse populaire, une bruja (sorcière) est une
femme qui a troqué sa vertu et son âme contre des pouvoirs
transcendants qui lui permettent d ’accomplir des actes
terribles. La source de cette puissance varie d ’un endroit et
d ’une légende à l ’autre, mais les Castillians s ’accordent à dire
que les brujas doivent être craintes et fuies à tout prix. Par
conséquent, les gens évitent et contournent systématique-
ment les endroits où sont censées résider et se rassembler
les brujas.
Les leyendas répartissent les pouvoirs de ces sorcières
en deux grandes catégories : le mal de ojo (mauvais œil) et
les amuletos (amulettes). La première désigne ce à quoi la
plupart des gens pensent que la magie ressemble : des sorts,
des incantations, la préparation de potions et d’onguents, la
transformation en animaux… ce genre de choses. Parmi ces
pratiques, la plus crainte est l’aojar ou mal de ojo, que l’on peut
grossièrement traduire par « jeter le mauvais œil ». Ce type de
malédiction affecte particulièrement les bébés ou les enfants
liés à quiconque a suscité l’ire d’une bruja. Par conséquent,
en Castille, la plupart des nouveau-nés portent un vêtement
rouge ou leurs sous-vêtements à l’envers, voire les deux. Les
croyances populaires affirment que ces coutumes protègent
efficacement contre les pouvoirs des sorcières.
La seconde catégorie, les amuletos, désigne la brujería
bénéfique, également appelée sorcellerie « blanche ». Elle
consiste essentiellement en amulettes ou talismans créés
par les brujas dans le but de protéger quelqu ’un de toute
brujería. Ainsi, de tels objets sont onéreux et très recher-
chés. Ils sont transmis de génération en génération comme
héritages et fétiches. Ces amuletos peuvent prendre diverses
formes : colliers, boucles d ’oreille, ou même armes et
armures. Mais elles ne peuvent être utilisées efficacement
que par ceux qui les ont reçues initialement, ou par ceux
qui en ont hérité du plein gré de leur propriétaire originel.
Aujourd ’hui
Si, aujourd’hui, dans la plus grande partie de la Castille, une
femme vivant seule (en particulier si c’est une vieille veuve ou
une célibataire) est considérée comme une bruja, la plupart
sont simplement des personnes solitaires au passé tragique
et au caractère difficile. Elles vivent isolées et n’abandonnent
quasiment jamais leur foyer, mais elles n’ont pas pour autant
conclu de pacte avec des forces surnaturelles, et ne possèdent
´
104 CHAPITRE 2 : LA CASTILLE
pas de pouvoirs magiques. En fait, neuf fois sur dix, les
histoires concernant les brujas et leurs actes malfaisants ne
sont que cela : des histoires destinées à divertir ou racontées
par les mères qui veulent effrayer leurs enfants.
Cependant, la brujería est bien réelle, et très dangereuse,
en particulier pour ceux qui en font les frais.
Même si personne ne peut réellement l’affirmer, une chose
est certaine : les brujas obtiennent effectivement certains
pouvoirs surnaturels en échange de services rendus à un
être d’un autre monde. Ce qu’impliquent ces services varie
d’un être à l’autre, mais ils nécessitent tous la soumission de
la volonté et de l’existence de la bruja aux desseins de son
maître. Les vraies brujas, cependant, ne sont pas seulement
conscientes du folklore qui les entoure : elles en profitent.
Chaque fois qu’une personne en accuse une autre de sorcel-
lerie, ceux qui sont avertis suspectent presque toujours l’accu-
sateur plutôt que l’accusé, en particulier si le dénonciateur
est un homme. Car en réalité, la brujería peut être pratiquée
indistinctement par les hommes et les femmes. En effet, la
seule condition pour devenir bruja est la soumission de sa
volonté à celle d’une créature d’outre-monde.
Pour ce qui est de leurs pouvoirs, les brujas ont tendance
à jouir d ’une vie anormalement longue (s ’ils ne sont pas
percés à jour), peuvent réellement se changer en animal ou
prendre l ’apparence d ’autres personnes, et savent répandre
le chaos de manière subtile partout où ils vont. Par consé-
quent, ils incarnent des Scélérats parmi les plus redou-
tables et retors qu ’un Héros ou un groupe de Héros puisse
rencontrer. Cependant, plus que leurs pouvoirs surnaturels,
c ’est leur ruse et l ’astuce dont ils font preuve lorsqu ’ils sont
menacés qui les rend difficiles à vaincre.
Les brujas évitent autant que faire se peut de se dévoiler et
s ’abstiennent d ’user ouvertement de leurs pouvoirs, excepté
en cas de danger mortel. Au lieu de cela, ils mentent, piègent
et séduisent les Héros pour les induire en erreur si possible.
Si cela ne marche pas, ils en viennent à retourner la commu-
nauté contre les Héros avant d ’envisager d ’utiliser leurs
« dons » pour régler le problème.
Les brujas sont toujours des Scélérats. Leurs pouvoirs et
leur Puissance varient, mais ils possèdent toujours l’Avantage
Sorcellerie. Les pouvoirs qui leur sont conférés par les créa-
tures avec lesquelles ils fraient peuvent imiter n’importe
laquelle des Sorcelleries suivantes : Glamour, Toucher de la
Mère et Sanderis. Ils savent invoquer des Monstres parmi
leurs alliés démoniaques, et peuvent disposer à leur guise de
laquais monstrueux, tant que leurs Puissances combinées ne
dépassent pas le double de leur Influence.
Les aquelarres
Pourquoi les brujas font-ils tous ces efforts pour éviter
d ’être découverts ? En réalité, leur aptitude à communiquer
avec leurs maîtres et à recevoir leurs bénédictions est liée
à des lieux géographiques particuliers, appelés aquelarres
(sabbats). Ce terme signifie grossièrement « pré du bouc »,
car l ’un des êtres surnaturels les plus souvent associés à la
brujería est le bouc, en tant qu ’incarnation physique de
puissants êtres primordiaux.
Ainsi l ’aquelarre fait-il référence à la fois au rassemble-
ment des brujas dans ces lieux de pouvoir et à ces lieux
eux-mêmes. Bien que les croyances populaires désignent un
certain nombre d ’endroits comme des aquelarres, en réalité,
les véritables aquelarres sont des endroits impies, protégés
par des incantations puissantes qui les rendent difficiles à
détecter pour les profanes. Voilà la principale raison qui
fait que les brujas sont prêts à tout pour conserver leur
secret. S ’ils sont découverts, ils devront non seulement
quitter leur résidence, abandonnant un endroit défendu
par de nombreuses protections magiques, mais ils devront
également trouver un nouvel aquelarre depuis lequel ils
pourront à nouveau communiquer avec leurs maîtres. Cela
implique souvent de passer un marché avec une autre bruja,
car tous protègent leurs aquelarres aussi jalousement que
leurs secrets.
Le Burlador
Il était une fois, racontent certaines histoires, un homme
qui n ’avait pas d ’âme et qui n ’avait que faire des règles et
des considérations des mortels. Certains prétendent qu ’il
n ’était pas originaire de ce monde, tandis que d ’autres
affirment qu ’il s ’agissait d ’un enfant enlevé par quelque
créature maléfique.
Quoi qu ’il en soit, les récits concernant le Burlador (le
Dupeur) composent une leyenda que la plupart des Théans
ont du mal à croire, mais qui fait partie intégrante de la
sagesse populaire de Castille. Le mythe narre les méfaits
d ’un homme exécrable qui envoûte toutes sortes de gens,
forçant une femme fidèle à tromper son mari, une pucelle à
abandonner sa virginité et un homme chaste à parjurer ses
vœux et ses responsabilités… Et ce ne sont là que quelques
exemples de ses actes odieux. Ses victimes sont persuadées
d ’avoir été enchantées par sa brujería, mais en réalité, le
Dupeur ne possède pas de pouvoirs surnaturels. Il possède
simplement un talent avéré pour séduire et amadouer les
gens afin de les pousser vers leur perte.
Pendant longtemps, cette créature malmena des hommes
et des femmes honnêtes en toute impunité. Cela dura tant
et si bien que lorsqu ’un seigneur dénonça finalement ses
agissements malfaisants, l ’homme se contenta de sourire et
de répondre sur un ton railleur : « Quand la Mort viendra
s ’asseoir à ma table, je Lui demanderai de me pardonner. »
Et un jour, Elle vint.
Lorsque la Mort se présenta, silhouette de pierre exigeant
rétribution pour les actes du Dupeur, l ’homme tenta
d ’abord de La séduire. Lorsque la Mort repoussa ses avances,
le Dupeur connut la peur pour la première fois de son exis-
tence et tenta de L ’expulser de sa demeure. Comme elle
refusait, il sut que la fin était proche et qu ’aucune ruse ne
fonctionnerait avec Elle. Finalement, il implora le pardon
pour ses mauvaises actions et un peu de temps pour expier
ses fautes passées. Ce fut au tour de la Mort d ’esquisser
un sourire.
« Non, » dit-elle avant d ’entraîner le Burlador dans
l ’au-delà.
Aujourd ’hui
Conte moral parmi tant d ’autres, l ’histoire du Burlador
prend de plus en plus d ’importance dans la Castille
d ’aujourd ’hui. Après des décennies de guerre, de Grandes
ambitieux qui luttent pour la moindre parcelle de pouvoir
qu ’ils peuvent s ’approprier, et d ’une Église (plus particu-
lièrement une Inquisition) qui s ’intéresse plus à sa propre
influence qu ’à servir Theus, une grande partie du peuple
croit que le temps du jugement est arrivé.
C ’est pour cela que les Castillians surmontent les diffi-
cultés et les injustices avec une ténacité dont peu d ’autres
Théans peuvent faire preuve : ils savent que tôt ou tard, la
Mort vient pour tous et qu ’elle n ’a cure des confessions et
des excuses de dernière minute. Elle accomplit sa mission
et prend avec Elle tous les pécheurs afin de les juger à l ’aune
de leurs actes.
Aujourd ’hui, nombreux sont ceux qui ne considèrent cette
histoire que comme un conte. Ceux qui ont vécu plus long-
temps et se sont assagis savent qu ’il est malavisé de dédai-
gner une légende aussi ancienne et pertinente que celle-ci.
Mais comme d ’habitude, les jeunes raillent et battent froid
aux avertissements de leurs aînés... jusqu ’à ce que la Mort
elle-même leur rende visite.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 105
Chapitre 3
La Montaigne
 LA MONTAIGNE
« Le reste de la Théah est terriblement ignorant et se trompe lourdement sur la Montaigne. Ce
n ’est point surprenant, compte tenu de l ’aspect primitif des dialectes des autres nations. Ils sont
si grossiers et indélicats ! À l ’exception peut-être du vodacci qui, en un sens, est une version
abâtardie de notre belle langue. Ainsi, permettez-moi de vous corriger et de vous dire que nous
ne nous nommons pas « Montaignois », mais Montaginois. Si vous êtes incapables de faire
cette distinction des plus simples dans votre faconde, lorsque vous vous adressez à un diplomate
montaginois, vous n ’avez absolument aucun avenir à la cour éponyme, mon pauvre ami ! »
—Colette de Lioncourt, Duchesse d ’Arcy, conseillant un diplomate avalonien

Pour un observateur extérieur, la Montaigne est le pivot de
la culture, de la mode, de l ’art et de la haute société. En
effet, les cours montaginoises culminent dans ces domaines,
et elles produisent des rumeurs, des scandales et des
tendances vestimentaires parmi les plus remarquables de
toute la Théah. Cependant, elles ne représentent qu ’une
infime portion de la population. Le reste de la Nation,
qui comprend les nobliaux ruinés et les masses paysannes
démunies, constitue l ’épine dorsale de la Montaigne… et
cette épine dorsale est en train de s ’effondrer.
En dépit des revers que subit la Nation, les nobles conti-
nuent de mener un train de vie débridé, se concentrant
essentiellement sur les intrigues de la cour et manœuvrant
au mieux afin de conserver les faveurs de l ’Empereur. Un
noble qui possède des titres, mais pas de terres, cherche
quelque chose de plus concret pour se distinguer des
paysans. Ces derniers, de leur côté, épuisés par la guerre,
émotionnellement éreintés et malmenés, vivent aujourd ’hui
dans un pays excommunié par l ’Église. Ils sont au bord de la
révolte face à une noblesse qui préfère ignorer les besoins de
son peuple plutôt que de risquer de contrarier l ’Empereur.

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108 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
 Une corruption galopante gangrène la Montaigne, et la
noblesse exige toujours plus d ’une paysannerie bien en peine
de la satisfaire. La dernière campagne en Castille, qui fut
un échec catastrophique, est constamment louée en public
comme une entreprise glorieuse de l ’Empereur. Pourtant,
le nombre de jeunes hommes et de jeunes femmes perdus
au cours du conflit est suffisant pour entraîner une crise
démographique nationale dans les dix prochaines années.
Épuisée par la guerre, affamée et déprimée, la population
de la Montaigne est proche du point de rupture. À certains
endroits, des fissures sont déjà perceptibles, et il suffirait
d ’un discours subversif pour enflammer le brasier de
la révolution.
Les Montaginois cherchent du soulagement partout où ils
le peuvent. Certains gardent clandestinement des reliques
et des symboles religieux vaticins chez eux, et tiennent des
messes secrètes dans des endroits isolés. D ’autres tournent
leur regard vers des Nations comme la Fédération sarma-
tienne, rêvant d ’une représentation égalitaire. Ils constatent
les dégâts et l ’absence de gouvernance en Eisen, et se
demandent s ’ils pourraient eux aussi s ’y faire. Ils envient les
Ussurans qui élisent leurs dirigeants, idéalisant cette simple
liberté comme une ouverture vers un avenir plus radieux. En
définitive, la Montaigne est une grande Nation imprégnée
d ’art, de culture et de mode, le tout corrompu par l ’avidité
des plus riches et recouvert par un fin vernis qui dissimule
la souffrance des plus pauvres.
Une Nation en guerre
Plusieurs années de guerres dévastatrices ont ravagé la
Montaigne. Paysans comme nobles ont vu leurs enfants
mourir au cours du conflit coûteux contre la Castille. Les
raisons qui ont motivé l ’invasion sont incertaines, mais
certains individus dans la confidence suspectent l ’Empereur
d ’avoir des contrats d ’armement avec la Ligue de Vendel, lui
permettant ainsi d ’obtenir un retour sur investissement. La
Ligue a certainement vendu des armes et des munitions aux
deux Nations au cours de la guerre, et la Montaigne aurait
effectivement beaucoup eu à gagner d ’un tel arrangement.
Ceci expliquerait que l ’Empereur projette d ’envahir l ’Ussura,
et même de placer Montègue, l ’époux de sa fille cadette, à
la tête des troupes.
Malgré la croissance de la fortune montaginoise, ces
conflits ont prélevé un lourd tribut à la Nation. L ’état de
guerre constant et l ’excommunication par l ’Église ont
poussé la paysannerie dans ses derniers retranchements.
La corruption est omniprésente au sein des maisons nobles,
et même certains nobliaux sympathisent désormais avec
le petit peuple. Les pauvres sont dépourvus de pratique-
ment tout. Ils meurent de faim et survivent comme ils le
peuvent de leurs piètres cultures et des restes laissés par
les nobles. Ces derniers se trouvent dans une situation tout
autant désespérée : ils ne peuvent plus compter sur une
main-d ’œuvre suffisante pour entretenir leurs propres terres
puisque leurs enfants sont morts à la guerre. La Nation
souffre d ’une crise démographique alors même qu ’elle est
plus riche qu ’elle ne l ’a jamais été ces dernières années.
L ’Empereur a commencé à offrir des avantages à ceux
qui rejoignent son armée, accordant un titre de noblesse
à quiconque s ’engage pour au moins deux ans. Les nobles,
dubitatifs quant à ces privilèges accordés, voient leurs
paysans abandonner leur travail dans l ’espoir de jouir
d ’une ébauche de noblesse. Dépourvus de ces travailleurs,
les seigneurs doivent cultiver leurs champs eux-mêmes
s ’ils veulent produire assez de nourriture pour alimenter la
Nation. Or, eux aussi souhaitent trouver gloire au combat,
et de nombreux champs à travers le pays sont tombés en
jachère, faute d ’entretien. Les pénuries de nourriture ne
sont que le début du cauchemar que pourrait provoquer
une invasion de l ’Ussura. La Nation ressent plus que jamais
le poids des excès de l ’Empereur.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 109
 Personnages notables
Léon Alexandre de Montaigne
L ’Empereur du Monde, Roi de Montaigne, Léon Alexandre
XIV, Soleil de Montaigne. Dernier héritier mâle de la
lignée de Montaigne et dirigeant de la Nation depuis
cinquante ans.
Cet homme, narcissique à l ’excès, incarne à lui seul tout
ce qui gangrène la noblesse montaginoise. Il est opulent,
extravagant, égocentrique, égoïste et décadent. Lorsqu ’il
ne s ’entretient pas avec les ducs de Montaigne ou avec ses
ministres et conseillers, il goûte l ’incessante parade de galas,
de fêtes interminables et le cortège d ’invités privilégiés de la
cour royale dans son château du Soleil.
Ce dirigeant blasé cherche constamment à se distraire et
à se sentir valorisé. Il n ’a aucun scrupule à se débarrasser
de ceux qu ’il n ’apprécie pas, préférant les bannir plutôt
que de les tuer, même s ’il reconnaît l ’utilité d ’une exécu-
tion stratégiquement planifiée. Il a tendance à s ’irriter
facilement et même à entrer dans une rage incontrôlée
sans raison apparente. Nul n ’est à l ’abri de ses accès de
colère, à l ’exception de sa femme et de ses filles. Tout
ce que l ’on peut distinguer de ces crises, c ’est qu ’il ne
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110 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
tolère ni incompétence ni déception. Tout en essayant de
l ’impressionner, tous s ’efforcent donc de ne pas l ’offenser,
marchant sur des œufs pour éviter les sujets difficiles ou
les commentaires vexants. Son comportement erratique en
a poussé plus d ’un à le qualifier de « fou » dans son dos. Il
n ’en a cure et laisse ces gens le critiquer et le sous-estimer.
L ’imprévisibilité et la ruse sont deux outils dont il se sert
pour surprendre ses ennemis.
Il considère qu ’aucune de ses filles ne possède les compé-
tences requises pour lui succéder. Ainsi, malgré son atta-
chement envers elles (la plus jeune, Dominique, est de loin
sa préférée), il souhaite la naissance prochaine d ’un héri-
tier. Il s ’accroche à l ’espoir d ’engendrer un sorcier Porté,
comme lui et ses parents avant lui, pour hériter du trône
de Montaigne. Il a fait la promesse à son aînée Louise
qu ’elle pourrait hériter de la couronne si elle épousait un
sorcier Porté ou en enfantait un, mais elle ne satisfait pas
encore à ces conditions. Actuellement, il est le dernier de la
lignée de Montaigne à jouir du Porté, et même sa maîtrise
de cette magie décline.
 S ’il prend toutes les décisions qui concernent l ’ensemble
de la Montaigne, il se repose entièrement sur son habilité à
déléguer pour gérer les besoins quotidiens de son royaume.
Lorsque qu ’une complication ou un problème national
survient, il donne son blanc-seing à ceux qu ’il estime suffi-
samment compétents pour prendre les mesures nécessaires.
Le blanc-seing lui-même est un épais parchemin blanc
marqué de son sceau, de sa signature et pourvu d ’assez
d ’espace pour que ses délégués y notent toutes les dépenses,
mesures ou décisions qui pourraient contribuer à régler le
problème. Un délégué qui abuse de son blanc-seing le paie,
parfois de sa vie.
L ’Empereur prend ses décisions en fonction des informa-
tions que d ’autres lui rapportent, ce qui pousse de nombreux
ducs à omettre une partie des difficultés auxquelles ils font
face, dans l ’espoir de trouver une solution avant que le souve-
rain lui-même ne se mêle de ces affaires. Dernièrement, de
faux rapports rapportant une épidémie de peste à Dechaine
ont servi à couvrir un dangereux et violent soulèvement de
la paysannerie. Grâce à son réseau d ’espions et d ’informa-
teurs, le Roi est au courant de la supercherie fomentée par
le duc de cette région, mais il est curieux de savoir jusqu ’où
ce dernier ira pour régler ce problème.
Les objectifs de Léon Alexandre sont simples : continuer
de diriger la Montaigne et l ’élever au-dessus des autres
Nations. Pour gouverner son royaume, il doit être maître de
toutes les décisions qui affectent l ’ensemble de la Montaigne.
Il se tient au courant de tout ce qui présente le moindre
intérêt à ses yeux. À son âge, il souhaite garantir la pérennité
de son héritage et de sa succession.
L ’Empereur était autrefois un puissant sorcier Porté,
mais ses pouvoirs ont décliné au fil des ans. Dans le but de
gagner ses faveurs, la marquise Jeannette de Claire tente de
ranimer ses talents en lui faisant secrètement ingérer le sang
de sorciers Porté. Le reste de la cour est à la fois intrigué et
horrifié. Personne n ’ose le dire à l ’Empereur, mais presque
tout le monde souhaite que cela prenne fin.
Interpréter l ’Empereur
Un véritable Scélérat se dissimule derrière la caricature,
et il est crucial de le faire transparaître pour donner vie à
Léon Alexandre lors de vos parties. Ses humeurs oscillent
rapidement d ’un extrême à l ’autre. Employez une voix
forte et joviale, mais également menaçante. Il ne rencon-
trera probablement vos Héros que dans le cadre de sa cour,
car il ne rencontre en privé que ceux qui lui sont intime-
ment familiers.
Lors des réceptions, il aime rencontrer de nouvelles
personnes et cherche toujours des gens compétents à
qui il pourrait déléguer ses problèmes. Il évolue dans ces
décors tel un dieu parmi les mortels. Il récompense ceux
qui renforcent ce sentiment, ceux qui s ’inclinent le plus bas
et le complimentent, ceux qui le vénèrent et l ’adorent… et
il détruit socialement ceux qui ne propagent pas spontané-
ment ses idées.
Lors de réunions sérieuses, par exemple lorsqu ’il est
entouré de ses conseillers et de ses ministres, il abandonne
les mondanités et les badinages espiègles. Il devient un
génie vif et calculateur, et ordonne tout plan d ’action dont
il pense tirer des résultats. Il devient fou de rage s ’il est déçu
ou insulté.
Accroches scénaristiques
• Pierre Le Clerc contacte les Héros pour leur
demander de l ’aide. Sa pupille, la marquise Adalie
de Toille, a disparu. Il la pense enlevée par d ’autres
sorciers Portés, même s ’il n ’a pas de preuve. Tout
ce qu ’il a, c ’est un bijou qui porte sa Marque de
sang, mais il ne sait pas comment s ’en servir pour la
repérer. Les Héros seront-ils capables de la trouver
à temps pour lui éviter un destin funeste ?
• Le gendre de l ’Empereur, Montègue, est en Ussura
pour y lancer une nouvelle campagne après la
tentative ratée en Castille. Du moins, c ’est ce que
tout le monde pense. L ’Empereur sait ce qu ’il en
est, mais dans le but de maintenir l ’illusion, il a
lancé un appel aux chevaliers souhaitant rallier
Montègue dans sa noble croisade. Les Héros y
répondront-ils ? Découvriront-ils que Montègue
a en réalité disparu depuis un moment ?
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 111
 Morella Alouse Giacinni
La troisième femme de l ’Empereur est une Sorte Strega,
une sorcière de la Destinée vodacci. Elle est la plus polie,
sincère et respectable de toutes les dames de la cour de Léon,
mais peu de gens lui font confiance à cause de ses pouvoirs.
Ses manipulations sont subtiles, tirant les ficelles des
acteurs du pouvoir de la cour montaginoise sans craindre
de répercussions.
Elle maudit et empoisonne les ennemis de son mari
lorsqu ’une exécution publique et une démonstration de
force de la part de Léon Alexandre seraient inappropriées.
Elle veille toujours aux intérêts de son mari et de ses
protégés, et les aide en manipulant les fils du destin. Les
personnes qui jouissent des faveurs du Roi voient la chance
leur sourire. Elle ne craint pas les répercussions, car ses
objectifs vont dans le même sens que ceux de son mari.
Elle est parfaitement adaptée au rôle d ’épouse cruelle, et
même s ’ils entretiennent tous les deux des relations avec des
amants secrets, cela ne les empêche pas de s ’aimer profon-
dément. Morella connaît son mari mieux que quiconque.
Léon, de son côté, peut tout aussi adroitement anticiper la
prochaine manœuvre de sa femme. Ils travaillent en tandem,
et pourtant, ils semblent ne jamais partager leurs informa-
tions ni passer beaucoup de temps ensemble. Elle se repose
toujours dans son cottage ou dans ses jardins, tandis qu ’il
semble gérer les affaires et profiter de ses fêtes.
Elle ne donne pas l ’impression de s ’intéresser aux intri-
gues de la cour, mais est pourtant au courant des activités
des nobles même les moins influents. Certains murmurent
qu ’elle a des espions partout, ce qui expliquerait comment
ses renseignements s ’étendent jusqu ’aux domestiques. Si elle
a effectivement des informateurs, ils lui sont extrêmement
loyaux, car aucun ne se vante d ’avoir cet honneur, et aucun
n ’a été pris sur le fait.
Sans faute, et avec l ’exclusive complicité de leurs plus
proches valets et caméristes, le couple royal échange chaque
jour des lettres d ’amour. À de nombreuses reprises, les
Rilasciare et d ’autres entités ont tenté de décoder leur poésie
et leurs sous-entendus, en vain.
Ils en ont conclu que le code qu ’ils utilisent est simplement
trop complexe pour être déchiffré. Mais la vérité à ce sujet,
c ’est qu ’il n ’y a ni code, ni messages secrets. Ils partagent
leurs sentiments mutuels et n ’expriment rien de plus que la
passion et l ’admiration qu ’ils ont l ’un pour l ’autre dans ces
missives quotidiennes. Ainsi fonctionne le couple le plus
puissant de Montaigne.
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112 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Interpréter Morella Giacinni
Polie, douce et manipulatrice, Giacinni est une femme
aimable à la voix calme, l ’opposé manifeste de son mari. Son
visage est toujours à moitié voilé, « par honte de ne pas être
née Montaginoise », plaisante son mari. Sa peau est pâle,
ses lèvres charnues et rouges, et ses mouvements gracieux
et lents, quand elle n ’est pas assise bien droite. Elle peut
sembler mystérieuse et évadée d ’un autre monde à ceux qui
ne la fréquentent pas régulièrement.
Elle n ’assiste guère aux fêtes, bals et autres galas donnés
à la cour, ne s ’y montrant que quelques minutes pour faire
acte de présence et avoir un aperçu des nouveaux-venus. Les
Héros peuvent la trouver dans son cottage, et elle y reçoit
volontiers les visiteurs que lui envoie Léon Alexandre.
Lors des conversations, elle se contente de déclarations
vagues et ne répond aux questions que par le biais d ’inter-
rogations encore plus évasives, ce qui lui permet de toujours
dire la vérité. Cependant, lorsqu ’elle veut solliciter quelque
chose des Héros, elle sait se montrer précise afin d ’éviter
toute confusion.
Accroches scénaristiques
• Morella aime son mari, mais son premier amour
reste la Vodacce. Son mariage avec l ’Empereur est
tout sauf un coup du sort, et elle envoie régulière-
ment des rapports sur ses activités à sa famille. Si
un Héros venait à intercepter ces messages, il béné-
ficierait d ’informations confidentielles et détaillées
sur ce qui se passe en Montaigne.
• Le duc Maxime Bernard pense qu ’il est victime
d ’une malédiction lancée par Morella Giacinni lors
de leur dernière entrevue. La malchance semble
s ’acharner sur lui depuis une promenade dans la
ménagerie de l ’Impératrice conclue par une bise
d ’au revoir, mais il n ’a aucune idée de ce qu ’il peut
bien avoir fait pour susciter l ’ire de l ’Empereur. Il
demande aux Héros d ’enquêter sur ce qui se dit de
lui à la cour, afin de découvrir si quelqu ’un aurait
répandu une rumeur malveillante sur son compte.
Dominique de Montaigne
Dominique est l ’unique enfant de Léon Alexandre et
Morella Giacinni. Elle est la plus jeune des neuf filles de
l ’Empereur, qui sont autant de déceptions à ses yeux. Tout
comme ses sœurs, elle n ’a montré aucune affinité avec la
magie Porté. À sa naissance, son père plaça en Dominique
ses derniers espoirs de voir un de ses enfants hériter de son
sang de sorcier. Il l ’a dorlotée, adorée et lui a donné tout ce
qu ’elle aurait pu désirer. Pourtant, en fin de compte, elle a
failli, comme ses sœurs avant elle.
Rien n ’empêche d ’ordinaire les femmes montaginoises
d ’hériter de titres de noblesse et de terres. Malgré cela,
l ’Empereur s ’est toujours refusé à désigner l ’une de ses
filles comme héritière. Il attend qu ’au moins l ’une d ’entre
elles affiche des signes de noblesse au travers de la magie
Porté, mais à mesure qu ’il vieillit, ses chances de voir son
souhait se réaliser s ’amenuisent. La plupart des sœurs de
Dominique n ’ont aucune vue sur le trône de Montaigne :
elles se sont soit installées en Castille, la patrie de leur mère,
soit retirées dans la campagne montaginoise afin d ’y admi-
nistrer leurs propres terres.
L ’aînée, Louise de Montaigne, est la seule qui convoite
activement la couronne, malgré le refus constant de son
père. Morella Giacinni souhaite voir sa propre fille monter
sur le trône et œuvre résolument à cette fin. Cependant, elle
refuse d ’agir dans le dos de son mari, espérant qu ’il finira
par répondre à ses attentes et désignera Dominique comme
son héritière.
La relation de Dominique avec son père est devenue, au
mieux, tendue. L ’homme qui l ’aimait énormément s ’est
éloigné d ’elle, la traitant désormais avec une indifférence
froide qui lui brise le cœur. À l ’inverse, sa relation avec sa
mère s ’en porte fort mieux, car elles partagent un secret.
Si Dominique ne montre aucune affinité avec le Porté,
elle est devenue, sous la tutelle secrète de sa mère, une
adepte Sorte Strega. Elle ne porte pas le voile des Streghe, et
personne, à l ’exception de sa mère et de son mari, Montègue,
n ’est au courant de ses pouvoirs.
Interpréter Dominique de Montaigne
Dominique est intelligente, astucieuse et, en dépit de ses
origines, bienveillante. À de nombreuses reprises, elle a
montré pour le peuple de Montaigne un véritable intérêt,
s ’attirant ainsi l ’amour et la loyauté de la paysannerie aussi
bien que de la noblesse.
Rompue aux jeux politiques montaginois, elle n ’est pas
en reste dans l ’art de placer des allusions subtiles et des
menaces voilées. Elle utilise la Sorte pour favoriser le destin
de ceux qu ’elle juge dignes et maudire ceux qui, selon elle,
outrepassent leurs limites. Bien que l ’Empereur ait fait de
son mieux pour l ’éloigner, elle est l ’une des seules personnes
capables de le prendre par les sentiments et l ’amener à agir
dans son sens.
Accroches scénaristiques
• Louise de Montaigne est une femme abjecte qui
s ’est arrangée pour priver une à une ses sœurs des
faveurs de la cour. Elle voit en Dominique une
menace à son inévitable accession au trône de
Montaigne. Elle prévoit d ’expulser sa cadette de la
Nation, mais avant, elle veut la détruire sur le plan
politique, au cas où elle reviendrait. Elle répand
des rumeurs sur Dominique dans le but de liguer
la noblesse contre elle. Dominique ne peut pas
écarter tous les racontars et a besoin d ’aide pour
faire face à sa sœur.
• Dominique aime sa Nation, mais elle redoute
d ’hériter du trône et du désordre de ce peuple frac-
turé. Elle tente donc de traiter le pays à la racine et
voyage incognito dans de petites villes afin de venir
en aide aux paysans. Cependant, les efforts d ’une
femme seule ne sont pas suffisants, et elle cherche
des Héros pour soutenir sa cause.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 113
 Louise de Beaufort
Louise Marie-Françoise de Beaufort a été nommée admi-
nistratrice en chef du château de la Vie, où se trouve
notamment l ’académie des mousquetaires, en punition d ’un
affront fait au souverain. L ’Empereur s ’attendait à ce qu ’elle
abandonne ce poste et rentre dans le rang, comme tous ses
prédécesseurs, mais à sa grande surprise, elle a relevé le défi
et apporté plus de changements au cours de l ’année écoulée
que l ’académie n ’en a connus en plus de trente ans.
Elle travaille en étroite collaboration avec l ’ancien admi-
nistrateur, le colonel François de Chambord, qui l ’aide
à étendre son cercle d ’influence. Elle s ’est également liée
d ’amitié avec les capitaines et les instructeurs de l ’académie
des mousquetaires et se tient informée de toutes les opéra-
tions menées par ces troupes d ’élite.
C’est elle qui a le dernier mot sur les grâces et les punitions
royales délivrées par les juges montaginois corrompus. À cet
égard, seule l’autorité directe de l’Empereur prend le pas sur
la sienne. Toutefois, elle reste à l’écart de la cour royale, car
elle ne souhaite pas attirer plus que nécessaire l’attention sur
elle et les changements qu’elle opère dans le château de la Vie.
Elle veut sauver la Montaigne d’elle-même. Elle a vu les signes
d’agitation s’aggraver et a décidé de se positionner au meilleur
endroit pour s’en occuper. Avant toute chose, elle veut refondre le
système judiciaire corrompu. Dans un second temps, elle souhaite
accroître le pouvoir, l’efficacité et l’influence des mousquetaires.
Dans ce but, Louise compte limiter les opérations visant
à opprimer le peuple et positionner les mousquetaires en
défenseurs d ’une véritable justice. Elle est jeune et a l ’inten-
tion de survivre à la corruption du gouvernement tout en
posant les bases d ’une nouvelle noblesse qu ’elle souhaiterait
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de caractère plutôt que de naissance et de privilège.
114 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Interpréter Louise de Beaufort
Louise de Beaufort est agréable et polie. Son style vestimen-
taire, sobre, masculin et pratique, la laisse toujours parée à
l ’action en cas de besoin. Ses cheveux sont noirs et ondulés,
et ses traits doux trahissent son jeune âge. Fine psycho-
logue, elle sait détecter un mensonge quand elle l ’entend.
Quoiqu ’elle dénonce rarement la tromperie de ses interlo-
cuteurs, elle s ’arrange pour les mettre dans une position qui
les obligera à se confondre.
Elle fait toujours preuve d ’une grande patience. Cependant,
lorsqu ’elle a décidé d ’une marche à suivre, elle n ’hésite pas
et la mène à bien. Elle a accès à des ressources financières et
humaines presque illimitées grâce aux mousquetaires.
Accroches scénaristiques
• Louise a épousé les idéaux révolutionnaires de la
devise « Liberté, Égalité, Fraternité ». Cependant,
elle doit éviter les conflits pour atteindre cet
objectif. Elle souhaite aménager un havre sûr pour
les membres de la Bravoure de l ’Épervier, mais ne
peut pas s ’en charger entièrement elle-même. Elle a
besoin que quelqu ’un l ’aide à envoyer des missives
et à commander de l ’approvisionnement sans que
cela apparaisse dans les archives officielles.
• Elle a entendu dire que l ’Empereur va envoyer un
contingent de mousquetaires en mission secrète.
Malgré tous ses efforts, elle n ’a pas réussi à en
apprendre davantage à ce sujet. Elle est prête à
récompenser généreusement quiconque lui appor-
tera des informations.
Maurice de Thoulieu
et le ministère de la Culture
Le ministère de la Culture demeure un bastion d ’incorrup-
tibles et d ’irréprochables dans le gouvernement montagi-
nois. Il a à sa charge les arts, la musique et les publications
produites par l ’élite montaginoise. En d ’autres termes, il
contrôle tout ce qui a trait à la propagande et à la censure.
Le ministre de la Culture, Maurice de Thoulieu, dirige
l ’organisation d ’une main ferme. C ’est un homme petit et
plein d ’esprit, au goût prononcé pour la nature progressiste
de l ’art sous toutes ses formes.
Lui et son administration, qui comprend des escadrons
de soldats spécialement entraînés, contrôlent de près toutes
les œuvres d ’art et les prestations créées et exprimées en
Montaigne, afin qu ’elles soient conformes à l ’Empereur et
à sa réputation. Les artistes montaginois doivent solliciter
un permis de se produire ou d ’exposer leur travail dans
la multitude de théâtres et de galeries réparties à travers
toute la Théah. Même les artistes de rue ont besoin d ’une
autorisation, et ceux qui n ’en possèdent pas feraient mieux
de prendre garde aux émissaires du ministère en mission
d ’infiltration.
Tout ce qui constitue, de près ou de loin, une insulte ou un
préjudice moral à l ’encontre de la réputation de Sa Majesté
est traité rapidement et équitablement. Les ordres d ’empri-
sonnement pour les primo-délinquants surviennent souvent
sans avertissement, mais sont toujours fondés. Maurice
interdit qu ’il en soit autrement, et il emploie uniquement
des lieutenants et des assistants loyaux et dévoués. Il peut
passer pour un monstre, mais de Thoulieu est simplement
un homme honnête, loyalement dévoué à son monarque.
L ’organisation s ’est montrée inflexible, si ce n ’est aux
demandes de l ’Empereur lui-même. Aucune somme
d ’argent ne saurait convaincre le ministère d ’accuser
quelqu ’un à tort ou d ’épargner un coupable. De Thoulieu
prend son travail au sérieux et fait tout son possible
pour promouvoir la version de la culture de l ’Empereur.
Parfois, cela implique de soutenir un artiste en lui
permettant de se produire dans les plus grandes cours
de Théah. Dans d ’autres cas, il peut s ’agir d ’exécuter
quelqu ’un de divertissant, mais qui ne montre pas au
Roi le respect qui lui est indubitablement dû.
Interpréter Maurice de Thoulieu
Sévère, incorruptible, hautain. De Thoulieu possède des
caractéristiques singulières : il est petit, bedonnant et court
sur pattes. Homme très cultivé, il toise les masses incultes
avec un dédain qui alimente ses frustrations. Il s ’habille
toujours à la dernière mode, et représente l ’idéal de la mode
avant-gardiste masculine. Il ne réprimande pas ouvertement
les faux pas vestimentaires d ’autrui, mais tend à grommeler
sa désapprobation. Il sourit rarement.
Non content de juger les gens sur leur sens de la mode
(ou son absence), il évalue attentivement leur vocabulaire et
leurs tics de langage. Grâce à son seul esprit de déduction,
il peut affirmer sans hésiter d ’où vient un Héros et quelle
est son histoire, peu importe les déguisements ou le rôle
que ce dernier a adoptés. Il sait généralement déterminer
lorsqu ’on lui ment. C ’est également un historien sans égal et
un érudit concernant tout ce qui touche à sa Nation adorée.
Il s ’estime supérieur à tout le monde et regarde les gens de
haut, à l ’exception évidente de l ’Empereur et de sa famille.
Accroches scénaristiques
• Une troupe de théâtre a monté une nouvelle pièce
qui met en scène la vie de l ’Empereur. Maurice
a approuvé l ’affiche, mais les acteurs ont pris
quelques libertés avec leur interprétation. Ils
rencontrent un certain succès dans les théâtres,
mais si le ministère découvrait leurs modifications,
ils pourraient bien se voir pendus. Ils souhaite-
raient que quelqu ’un les aide à distraire Maurice
jusqu ’à la fin de la tournée.
• Le ministère de la Culture enquête sur les Héros
et les accuse de trahison et d ’actes séditieux envers
l ’Empereur. Les Héros viennent d ’arriver en ville,
il est donc impossible qu ’ils soient coupables, mais
de Thoulieu refuse de les écouter. Les Héros pour-
ront-ils découvrir qui a monté un coup contre eux
et convaincre le ministre de les laisser partir ?
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 115
 Yvonne de Gineston, Interpréter Yvonne de Gineston
marquise de Bâtonnier Elle attache haut ses longs cheveux noirs et s ’habille à la
Yvonne de Gineston est marquise de Bâtonnier depuis la mode du Valdoc et de l ’ancienne Montaigne. Ses traits
fin de la Guerre de la Croix. La ville, à peine plus petite que sont anguleux, ses yeux sombres et son nez aquilin. Son
Buché, était la capitale historique du Valdoc jusqu ’à ce que style évoque la simplicité : robes de velours, manteaux et
l ’Empereur décide de faire de Buché le nouveau chef-lieu de chapeaux confortables aux couleurs de l ’automne et vête-
la région, en récompense de quelque haut-fait accompli lors ments de soie blancs, tous dénués de l ’arrogance des styles
du conflit. Les autres marquis ont applaudi cette décision, modernes et ostentatoires.
mais Gineston n ’a jamais pardonné l ’Empereur. Depuis Elle prend des airs sévères, ce qui lui confère un air crispé,
ce jour, Yvonne fait tout son possible pour que Bâtonnier au premier abord. Dans l ’intimité de sa propre demeure, ou
redevienne le siège du Valdoc, mais cela n ’est pas une mince à l ’abri de murs fermés, elle détache sa chevelure, devenant
affaire, car le conseil des marquis a fait opposition à ses soudain plus affable et chaleureuse. Bien sûr, ce n ’est qu ’une
requêtes. Cela n ’a pas mis un terme à ses visées politiques, façade, car elle est loin de l ’être.
mais elles ont pris une direction différente. Yvonne est très puissante dans son fief de Bâtonnier, mais
Raymond de Taulose est l ’actuel duc de Valdoc. En vertu elle est peu connue en dehors des régions orientales de la
d ’une obscure loi, les marquis de la région votent tous les Montaigne. Elle traite essentiellement avec d ’autres nobles
cinq ans pour élire un nouveau duc. L ’Empereur a le dernier et de riches marchands dans sa vie quotidienne, mais elle
mot sur la question, mais il laisse cours à cette tradition n ’est pas à sa place dans d ’autres milieux sociaux. Elle se
parce qu ’elle l ’amuse. Gineston est en lice pour ce poste cette méfie des proches de l ’Empereur et saisit toute opportunité
saison, et mène actuellement campagne contre Taulose de de discréditer Raymond de Taulose, l ’actuel duc de Valdoc.
l ’unique manière qu ’elle connaît : par la tromperie.
Yvonne sait que Taulose a promis aux marquis diverses Accroches scénaristiques
faveurs sous la forme de pots-de-vin et d ’accords commer- • Yvonne encourage le peuple à se soulever contre
ciaux pour assurer sa position de duc. Elle a sapé tous ses le Roi-Soleil dans l ’espoir de provoquer une révo-
plans, découvert les promesses qu ’il avait faites et s ’est lution. Elle cherche à se servir de la paysannerie
arrangée pour qu ’elles échouent ou pour qu ’il ne puisse pas contre l ’Empereur, mais elle ne réalise pas que ses
les honorer. Elle a contacté les autres marquis et a plaidé efforts ne font qu ’alimenter un feu déjà brûlant,
sa cause pour que le titre change de mains, en promettant et qui pourrait bien finir par la consumer égale-
de les payer de sa poche en échange de leurs votes. Elle a ment. Ses derniers efforts pour exciter la populace
abordé Léon Alexandre et a fait bonne impression auprès de pourraient se terminer en émeutes dans sa cité.
lui. Elle s ’est assurée que Taulose le sache : plus il la consi- Comment les Héros vont-ils assurer la sécurité de
dère comme une menace, mieux c ’est. la ville ? Vont-ils ouvertement faire face à Yvonne
Ultimement, elle espère également remplacer Taulose et remettre en cause ses plans, ou permettre qu ’une
en tant que marquise de Buché, s ’assurant un vote majo- guerre civile éclate ?
ritaire au conseil des marquis et affirmant son emprise • Les deux fils aînés de Raymond de Taulose sont
sur le Valdoc. Raymond a perdu deux de ses fils ces dix morts dans des circonstances mystérieuses. Il pense
dernières années, ne lui laissant que le plus jeune comme que Gineston est responsable, mais il n’a aucune
héritier. Même si aucune preuve ne le confirme, Yvonne est preuve. Il ne veut pas qu’elle soit au courant de ses
impliquée dans ces deux décès. Elle a épargné le benjamin soupçons, et demande aux Héros d’enquêter pour lui.
de Raymond, car elle voit dans un mariage avec lui un bon
moyen de faire avancer ses plans de domination. Yvonne
pense que l ’Empereur est un idiot et espère séparer le sud et
le nord de la Montaigne pour devenir la dirigeante du nord.
Avoir le contrôle du Valdoc est la première étape de son plan.

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116 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
La marquise Sidonie du Carré
Cette femme entre deux âges est tyrannique, cruelle et arbi-
traire. Elle dirige l ’administration montaginoise d ’Altamira,
une ville castilliane encore sous le contrôle des forces monta-
ginoises. Selon les désirs et les ordres de Carré, ses conseil-
lers et officiers orchestrent minutieusement tous les aspects
d ’Altamira au nom de la sûreté et de la sécurité. Elle affiche
clairement ses intentions d ’assurer et de protéger les intérêts
de la Montaigne en Castille. En l ’espèce, cela implique de
secourir les troupes coupées des lignes de ravitaillement
montaginoises, et ce n ’est pas une mince affaire.
Au-delà d ’être une dirigeante franche et pragmatique,
Sidonie déborde de défauts. Sa cruauté dépasse largement
les besoins de ses objectifs et elle s ’enorgueillit d ’empoi-
sonner le plus possible la vie de tous ceux qui l ’entourent.
Elle ne supporte pas d ’être défiée et charge son bras droit, le
maréchal Pointu, d ’exécuter quiconque ose s ’opposer à elle.
Le Grande vieillissant d ’Altamira, ses filles et son dernier
fils encore en vie, Gabriel, sont retenus prisonniers dans leur
propre demeure. La marquise du Carré traite la famille au
mieux avec une indifférence polie, au pire avec une cruauté
mesquine. À l ’insu de la marquise, Gabriel s ’efforce d ’entrer
en contact avec l ’extérieur, risquant sa vie pour transmettre
un message indiquant que sa famille et lui ont désespéré-
ment besoin de secours. Gabriel aimerait aider son père et
ses sœurs à s ’échapper, mais il a constaté ce qu ’implique la
désobéissance sous le régime de la marquise : la souffrance
et la mort.
Autant Sidonie déteste la Castille et les Castillians, autant
elle adore Altamira, essentiellement parce que c ’est devenu
son terrain de jeu préféré. Malgré son statut de marquise
et le pouvoir qu ’elle détient sur les autres de par son rang,
elle n ’a jamais bénéficié d ’un contrôle aussi absolu que celui
qu ’elle exerce aujourd ’hui sur Altamira. Retenir la famille
du Grande en otage, contrôler leurs moindres mouvements
et, en règle générale, les terroriser eux et leur population,
n ’est que la cerise sur le gâteau. Pour cela, elle ne peut se
passer du maréchal Pointu. Laurent Pointu est un homme
grand et fin, aux traits longilignes et au regard sévère. Il
mène les troupes à Altamira et applique les ordres cruels de
la marquise sans question ni hésitation. Sans lui, son petit
empire s ’écroulerait rapidement, et elle le sait.
Interpréter la Marquise Sidonie du Carré
Les traits de du Carré sont fins, ses yeux bleus sont perçants
et elle garde toujours ses longs cheveux sombres attachés.
Elle est charmante et polie lorsqu ’elle est en compagnie de
dignitaires et de nobles montaginois importants. Elle leur
fait volontiers la visite du domaine d ’Altamira, principale-
ment pour leur vanter ce qu ’elle a accompli et le contrôle
qu ’elle exerce sur le peuple.
À ses yeux, le reste du monde se répartit en deux caté-
gories : les indésirables et les inutiles. Elle n ’a de patience
pour aucune des deux et laisse généralement le maréchal se
charger des individus problématiques. Elle classe la plupart
des nobles castillians parmi ceux-ci, même si elle a déjà
essuyé des critiques pour les mauvais traitements qu ’elle
leur inflige.
Dès que quelque chose tourne mal, elle devient mesquine,
et le comportement de tout le monde la contrarie et lui
déplaît. Le reste du temps, elle est calme et posée. Tant
que sa supériorité et son contrôle ne sont pas menacés, elle
semble presque aimable et abordable.
Accroches scénaristiques
• La manœuvre de Gabriel arrive presque à son
terme. Il s ’est introduit dans les réunions straté-
giques de Sidonie et a pris des notes sur les mouve-
ments de troupes prévus. Il a soudoyé les jardiniers
castillians pour qu ’ils l ’aident à se faufiler hors du
domaine la nuit. Il a dessiné une carte grossière
de la propriété en indiquant les endroits où les
gardes sont postés, leurs relèves et où les otages
sont enfermés après le couvre-feu. Il n ’a pas encore
trouvé une équipe compétente qui accepterait de
risquer le courroux de la Marquise, mais ce n ’est
qu ’une question de temps.
• Des habitants d ’Altamira ont empoisonné des
provisions destinées aux troupes montaginoises
qui continuent de revenir de Castille. Certains
ont des remords, mais ils ont peur d ’en informer
les autorités, car ils sont certains qu ’ils seront
punis avec tous les autres. Les Héros peuvent-ils
s ’occuper des provisions empoisonnées sans que
la marquise du Carré et ses sbires ne se rendent
compte de quoi que ce soit ?
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 117
 François DeGaulle Ève Lafrisée
François DeGaulle est l’un des favoris de la cour de Ève Lafrisée est l ’assassin numéro un du milieu clandestin
l’Empereur. Il est le fils aîné d’un puissant duc et, dit-on, de Charousse. Ses débuts modestes en tant que jenny dans
le cousin au deuxième degré de Léon Alexandre lui-même. les rues mal famées de Charousse, il y a quinze ans, ne
DeGaulle est en passe de recevoir un duché conséquent, et l ’auraient pas menée à devenir ce qu ’elle est, ni à acquérir
certains prétendent même que l’Empereur envisage de le son statut actuel, n ’eût été son frère, Arnault.
nommer héritier du trône. Si le fondement de telles rumeurs Ce dernier était toujours malade, et elle travaillait afin de
reste douteux, c’est un sorcier Porté doué, ce qui fait de lui gagner suffisamment d ’argent pour payer ses coûteux médi-
un meilleur candidat que Dominique aux yeux du Roi-Soleil. caments. Dans l ’ensemble, tout allait bien, mais beaucoup de
En ce qui le concerne, DeGaulle n ’est guère intéressé maisons de jennys n ’aimaient pas héberger quelqu ’un qui ne
par le trône de Montaigne et étouffe ces rumeurs dès qu ’il gagnait pas sa vie, et Ève passait d ’un emploi à un autre pour
le peut. Or, sa liaison amoureuse avec Dominique et le se nourrir et assurer la sécurité d ’Arnault. Dans la dernière
fait qu ’il soutienne son accès au trône contredisent son maison où elle travailla, un client particulièrement éméché
propos. Cette liaison est d ’autant plus problématique que et violent assassina son frère. Dans sa colère, elle maîtrisa
le mari de sa maîtresse, Montègue, est son meilleur ami. l ’homme, le tortura et le tua. Elle se rendit alors compte que
DeGaulle est d ’ailleurs convaincu que ce dernier n ’est pas sa véritable vocation n ’était pas d ’être une jenny, mais de tuer.
là où l ’Empereur le prétend. D ’évidence, il y aurait un côté Le commerce de la mort était bien plus lucratif que de
romantique à entrer dans les bonnes grâces de l ’Empereur, divertir les fils et les filles de riches marchands, et il continue
épouser sa fille, hériter du trône, etc. Cela serait formidable de l ’être. Après avoir réuni une équipe et s ’être débarrassée
s ’il n ’était pas aussi affairé à parcourir les catacombes de de tous les assassins de bas étage qui croisèrent sa route,
Charousse et à chasser le moindre indice qui lui indiquerait elle devint le meilleur assassin de Charousse, sa réputation
la position d ’artefacts occultes en Théah. prenant de l ’ampleur à chaque mission réussie. Rien ne peut
En effet, lorsque DeGaulle n ’est pas occupé à charmer l ’arrêter désormais, et elle dirige la majorité des entreprises
la cour ou à lancer les dernières modes, il explore à corps criminelles de la ville et de ses alentours. Elle est aujourd ’hui
perdu toute tombe ou ruine qu ’il soupçonne de receler plus riche que beaucoup de ducs montaginois, mais elle en
d ’antiques magies inconnues. Et s ’il n ’en a pas après un veut encore davantage. Son organisation criminelle continue
artefact, il parcourt tous les livres et grimoires sur lesquels de se développer, amassant les services et les contrats, jour
il peut mettre la main décrivant le Porté et l ’espace entre après jour.
les mondes. Bien sûr, il garde le silence sur ces activités, et Ève soudoie régulièrement les juges et avocats corrompus
seul Montègue est au courant de l ’étendue de son savoir. du système judiciaire montaginois. Bien informée de ce
Montègue, qui est marié à son amante, qui a disparu et qui se trame à la cour de l ’Empereur, elle ne recule devant
qui, il ne sait comment, a perdu la Marque de sang que aucune dépense pour garder en vue les possibilités de chan-
DeGaulle lui avait apposée. tage qui pourraient se présenter. Bon nombre de jeunes
nobles ont actuellement une dette envers elle, et ils n ’ont
Interpréter Francois DeGaulle aucun scrupule à la rembourser à l ’aide d ’informations
François DeGaulle est un homme placide, toujours vêtu concernant d ’autres nobles plutôt qu ’en monnaie sonnante.
selon la mode actuelle à la cour, mode qu ’il influence Ève a toujours eu une chance formidable dans ce qu ’elle
souvent avec sa manière de s ’habiller. Ses longs cheveux a entrepris, et elle a toujours promptement éliminé tous
bruns sont toujours couverts soit par un élégant chapeau ceux qui se sont dressés sur son chemin. Son entourage la
pourpre, soit par une élégante perruque poudrée elle-même croit bien plus impitoyable qu ’elle ne le prétend. Elle ne sait
couverte par un chapeau pourpre. pas d ’où vient cette rumeur, mais elle la laisse courir pour
Si DeGaulle est assez aimable, son souci du secret lui étendre sa réputation.
donne de faux airs désintéressés ou distraits. Il est égale- Bien qu ’elle soit à la tête d ’une gigantesque organisation
ment difficile de s ’entretenir en tête-à-tête avec lui, car de criminelle, elle continue d ’opérer en tant qu ’assassin. Le prix
nombreux courtisans recherchent ses faveurs. C ’est une de ses services est élevé, mais ils valent largement la dépense.
source d ’informations fiable sur la famille royale, car ses rela-
tions lui permettent de se tenir au courant de leurs activités.

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118 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Interpréter Ève Lafrisée
Audacieuse, impitoyable, corrompue, Lafrisée est un élec-
tron libre. De taille moyenne, ses cheveux d ’un roux vif sont
frisés, ses yeux sont marrons et sa peau hâlée est couverte
de taches de rousseur. Bien qu ’elle soit indubitablement une
Scélérate, elle n ’hésitera pas à assister un Héros aussi bien
qu ’à l ’entraver, selon ce qu ’il peut lui apporter. Elle arbore
toujours un sourire, même dans la défaite, et elle considère
chaque conflit comme un moyen de s ’élever au-dessus
des autres.
Ève est une femme d ’affaires en toutes circonstances, prête
à faire des compromis en prenant toujours en considération
les gains et les risques. Elle se déplace rapidement et sans
grâce. Qu ’elle conclue un accord ou qu ’elle abatte quelqu ’un,
ses mouvements sont directs et précis.
Elle sait faire preuve d ’un charme désarmant en cas de
nécessité, mais elle préfère être crainte qu ’appréciée. Si
elle le peut, elle laisse entendre qu ’elle en sait plus que ce
n ’est véritablement le cas, mais elle est souvent bien mieux
informée que les gens ne l ’imaginent grâce à son réseau de
maîtres chanteurs et d ’informateurs.

Accroches scénaristiques
• Ève a sous sa coupe toutes les bandes criminelles
de Charousse, mais une nouvelle a émergé et elle
refuse de plier. Des combats ont éclaté entre les
agents de Lafrisée et ces nouveaux venus, provo-
quant des troubles dans la ville. L ’une des deux
factions doit céder avant que les rues de Charousse
ne se transforment en bain de sang.
• Lafrisée a remarqué que quelqu ’un la suivait, et a
plus tard appris qu ’un de ses informateurs avait
été tué. Quelqu ’un a désigné les Héros comme
responsables et attiré sur eux son courroux. C ’est
un coup monté, mais Ève s ’en moque : elle réclame
vengeance. Les Héros doivent trouver le véri-
table coupable pour se laver de tout soupçon, ou
affronter Lafrisée et son gang.

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 Ragnar Odinsson
Ragnar Odinsson est une figure légendaire dans la région
de la forêt de Lock-Horn, particulièrement aux alentours
de Pierre-Percée. Les récits à son propos sont extrêmement
variés : c ’est un tueur de drachen, et il a occis le dernier
d ’entre eux il y a plusieurs siècles ; il est déjà mort et a visité
le Grand Hall, mais ses amis l ’en ont ramené ; il boit dans
une chope d ’argent toujours remplie d ’hydromel, mais n ’en
offre une gorgée qu ’à ceux qu ’il considère comme ses amis
; il possède une fortune immense et en fait bénéficier ceux
qu ’il juge dignes.
Si beaucoup pensent qu ’il est mort depuis longtemps
et considèrent les chansons et les récits épiques sur sa
personne comme de grossières exagérations, ils se trompent.
Les histoires sur sa vie et ses hauts faits sont vraies. Les
rumeurs sur son immense trésor sont véridiques. Ragnar est
vieux, mais il est bel et bien en vie. Il ne connaît pas la peur,
seulement la tristesse d ’avoir vécu trop longtemps et vu sa
lignée s ’éteindre sous les affres de l ’adversité et du temps.
Les gens du cru connaissent Odinsson sous un autre
patronyme : le vieux Gérard. C ’est une sorte d ’expert
concernant le trésor O ’Roorke, et il relate volontiers la vie
de Ragnar à quiconque fait montre d ’intérêt. Les gens consi-
dèrent ses récits comme des contes à dormir debout, mais
Ragnar sait qu ’ils sont vrais, comme la fois où il enleva le
fils d ’un roi après l ’avoir ramené d ’entre les morts. Ou celle
où il navigua vers les cieux, sa seule voix servant à gonfler
ses voiles. Ou celle encore où il affronta un drachen doré, en
périt, puis revint d ’entre les morts.
De temps à autre, il rencontre un chasseur de trésors
respectable et partage avec lui des indices qui lui permet-
tront de dénicher une partie de sa fortune, un coffre à la fois.
Il espère ainsi engendrer un esprit aventureux semblable
à celui qui le guidait dans sa jeunesse, et voir quelqu ’un
reprendre enfin son flambeau. Mais il souhaite également
trouver quelqu ’un d ’assez valeureux et capable pour mettre
enfin un terme à sa longue vie. S ’il fait preuve d ’un grand
sens de l ’humour, il a fini par désespérer de trouver la mort,
ainsi qu’un adversaire qui puisse la lui donner au combat.
Il préfère ne pas se mêler de politique et déteste les intrigues
et autres subterfuges dont la finalité dépasse le niveau de la farce.
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120 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Interpréter Ragnar Odinsson
Ragnar est un Héros d ’antan aux yeux gris perçants et aux
rides creusées. Il est vénérable et massif, comme les plus
épais chênes de la forêt de Lock-Horn : grand, robuste, les
membres puissants, le visage encadré de longues tresses
blanches et d ’une longue barbe grise, il a l ’allure d ’un Pilleur
vesten énergique qui n ’aurait jamais pris la peine de mourir
de vieillesse.
L ’humeur de Ragnar est très changeante : il peut passer
d ’une joie immense à une profonde tristesse pour finir par
sombrer dans une colère hostile en l ’espace de quelques mots
malencontreusement choisis, et inversement, au détour
d ’un trait d ’humour bien placé. Il peut crier sur quelqu ’un
qui l ’a bousculé avant de lui offrir un verre et de lui conter
une histoire. Derrière son aspect bourru, Odinsson est un
homme fascinant dont la profondeur de caractère et l ’esprit
vif rivalisent avec ceux de n ’importe quel Héros.
On peut trouver Ragnar dans n ’importe laquelle des
auberges et tavernes de Pierre-Percée, sous le surnom du
vieux Gérard. Il aime raconter des histoires et partager des
nouvelles des villages et des agglomérations alentour. S ’il
apprend que des problèmes ont lieu dans la région ou même
au-delà, il n ’hésite pas à s ’impliquer.
Accroches scénaristiques
• Ragnar cherche l ’aventure qui sera le chant du
cygne de son existence. Il sillonne Pierre-Percée
en quête d ’un haut fait à sa mesure, qui le condui-
rait vers un danger suffisamment grand pour le
terrasser enfin. Tout ce temps, il s ’est préparé à se
mesurer à un drachen, quoique n ’importe quelle
créature fabuleuse de la même trempe lui convien-
drait. Quiconque lui permettrait de satisfaire ce
désir serait grandement récompensé.
• Au fil des années, Ragnar a distribué de petites
parties de son trésor en récompense à ceux qu ’il a
trouvés dignes, si bien qu ’aujourd ’hui, il ne possède
presque plus rien. Plutôt que d ’admettre simple-
ment la situation, il a décidé de dénicher d ’autres
trésors pour renflouer ses coffres. Les Héros aide-
ront-ils le vieux vesten à se remettre à flot, mus par
la promesse de s ’enrichir également ?
Le général Pardie Soussens Interpréter le général Pardie Soussens
Le général de l ’armée montaginoise désormais défaite se Le général Soussens est grande et musclée. Ses cheveux
lasse de la guerre. Elle a perdu son appétit pour la violence, blancs sont coupés courts et ses yeux sombres sont perçants.
et ne fût-ce son grade, elle aurait déserté depuis longtemps. Elle ne quitte jamais son uniforme de général aux boutons
C ’est une femme forte qui n ’a pas peur de tomber au combat. défaits, réparé et raccommodé bon nombre de fois.
C ’est précisément la témérité et les tactiques opportunistes En digne femme à l ’esprit pratique, elle n ’a pas d ’attaches
dont elle fit montre aux premiers temps de la guerre entre familiales, à l ’exception des hommes et des femmes qui
la Montaigne et la Castille qui lui permirent de gravir les combattent sous ses ordres. Elle n ’accorde aucune impor-
échelons jusqu ’à accéder au poste qu ’elle occupe depuis. tance aux intrigues que les Héros pourraient lui proposer,
Malheureusement, la guerre a érodé sa jeunesse et sa à moins qu ’elles ne garantissent de sauver des vies. Malgré
volonté de prendre les armes contre d ’autres adversaires, ses immenses compétences de stratège, elle préférera systé-
quel que soit leur camp. Ses cheveux jadis roux ont viré au matiquement une approche et une confrontation directe à
blanc, et la tristesse et l ’amertume ont creusé sur son visage des complots alambiqués.
des rides sévères.
Au cours des derniers mois, elle s ’est efforcée de remettre Accroche scénaristique
en état l ’armée montaginoise afin de disposer des forces • Le général Soussens est fatiguée d’être envoyée
nécessaires pour soutenir la retraite et les lignes d ’appro- combattre des gens sans défense dans des guerres
visionnement des troupes toujours stationnées en Castille. injustifiées. Désabusée quant à la grandeur de sa
Malheureusement, ses soldats sous-alimentés et surmenés propre Nation, elle est aussi susceptible de prendre les
restent marqués par les atrocités de la guerre. Grâce à ses armes contre son Empereur dément que contre une
efforts, le camp près de Dechaine est malgré tout passé ville de paysans révoltés. La rumeur d’une nouvelle
d ’un simple bivouac à l ’un des cantonnements militaires guerre la pousserait sûrement à se rebeller, mais si elle
les plus importants de la région. Elle a travaillé en étroite savait que la famille royale de Dechaine se trouve dans
collaboration avec les amiraux et les officiers de la marine une situation désespérée, son honneur la contrain-
montaginoise afin de réassigner une partie de ses troupes drait à agir contre la ville. Les Héros tenteront-ils de
au combat maritime. Elle cherche également à donner un l’influencer dans un sens ou dans l’autre ?
élan nouveau à ses efforts.
Actuellement, Pardie a encore davantage à gérer que ses
soldats épuisés et affamés, les officiers égoïstes et la défaite
militaire imputable à l ’incompétence de l ’Empereur en
matière de prise de décision. Le duc qui contrôle la région
de Dechaine lui a ordonné de reprendre la ville. Maintenant,
elle connaît la vérité : Dechaine n ’est pas une zone prohibée
à cause d ’une épidémie de peste, mais parce que sa popu-
lation a renversé la classe dirigeante et pris le pouvoir.
Soussens est face à un dilemme moral qui pourrait bien lui
coûter la vie.
Elle a le cœur brisé de voir ce que ses soldats et le peuple
de Montaigne subissent, mais elle a des ordres stricts, et
ses actes à venir font l ’objet d ’une attention particulière.
Soussens a mobilisé ses troupes et envoyé à nouveau ses
soldats au combat, pour dispenser mort et violence à ceux
qui ont osé s ’opposer à la tyrannie. Si elle hésite à agir, les
puissants soutiens de l ’Empereur l ’accuseront de trahison
envers la couronne et ils l ’exécuteront.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 121
 Les mousquetaires
Force d ’élite de l ’armée montaginoise, les mousquetaires
sont dévoués aux principes d ’honneur, de devoir, de courage
et de loyauté. Mais un mousquetaire est également l ’incar-
nation même des privilèges et de l ’indifférence de la noblesse
montaginoise. Pris dans leur ensemble, ce sont les soldats
les plus loyaux, les plus braves et les plus honorables de la
Nation. Pourtant, chacun d ’entre eux est originaire d ’une
maison noble, coopté par d ’autres nobles, peuplant ainsi
involontairement leurs rangs de privilégiés.
L ’histoire du groupe dément pourtant cet élitisme récent.
Lors des premières années de la Guerre de la Croix, un
groupe de soldats préserva la frontière montaginoise
contre l ’invasion castilliane pendant plus de trente jours.
Le nombre de soldats diminuait constamment, mais
les deux dernières unités tinrent bon. Elles finirent par
changer le cours de la bataille en ramassant les mousquets
des soldats tombés et en lâchant volée après volée de tirs
sur les rangs de l ’armée castilliane. Le commandement
adverse, persuadé que la Montaigne avait reçu des renforts,
sonna la retraite.
Lorsque les deux unités revinrent au pays, l ’Empereur
récompensa leur bravoure en leur donnant le nom de
mousquetaires et en les autorisant à s ’adjoindre les meilleurs
soldats. Il en sélectionna rapidement certains afin qu ’ils
intègrent la Garde éclair et lui servent de gardes du corps.
Trois d ’entre eux servent encore sous ses ordres aujourd ’hui.
À l ’origine, les rangs des mousquetaires comptaient aussi
bien des nobles que des roturiers, mais au fil des ans, de
moins en moins de soldats d ’origine paysanne reçurent
l ’entraînement nécessaire pour satisfaire aux impératifs
du corps d ’élite. Chaque année, les mousquetaires les
plus âgés prennent leur retraite et de nouvelles recrues se
présentent. Les exigences élevées de l ’ordre garantissent
que seuls les meilleurs soldats intègrent ses rangs. Depuis
la guerre contre la Castille, les militaires expérimentés
capables de passer les tests sont uniquement issus de la
noblesse, et à mesure que les plus anciens mousquetaires
prennent leur retraite, l ’ordre se remplit de plus en plus de
nobles. Les jeunes affirment ne pas accorder d ’importance
à l’extraction de ses membres, et ils traitent assurément
leurs aînés avec autant, sinon plus de respect que leurs
pairs au sang bleu.
Les mousquetaires sont les soldats les plus loyaux et les
mieux entraînés de toute la Montaigne. Ils composent la
Garde éclair et officient souvent en tant que gardes du corps
des nobles les plus éminents de la Nation. Si leurs effectifs
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122 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
se limitent à mille membres, un adage au sein de l ’ordre
dit : « Mousquetaire un jour, mousquetaire toujours. » Cela
signifie que même si un membre cesse de porter le tabard et
de manier le mousquet caractéristique, les autres le considé-
reront toujours comme l ’un des leurs.
Malgré ce qui s ’apparente à un certain favoritisme envers
la noblesse, les mousquetaires sont universellement admirés
en Montaigne. Les paysans leur font confiance, davantage
qu ’aux gardes locaux, pour dispenser la justice, et les nobles
leur confieraient volontiers leur vie. Partout où ils vont, ils
sont accueillis à bras ouverts, jouissent d ’une confiance
immédiate et se retrouvent probablement avec un ou deux
problèmes de plus à régler. Même dans les régions les plus
nécessiteuses ou affectées par les guerres de l ’Empereur,
tout mousquetaire sera probablement reçu en fanfare à son
entrée en ville.
Si leur loyauté fait leur renommée, elle est récemment à
l ’origine d ’une infinité de dilemmes moraux pour eux. Ces
Héros aiment leur Nation et agissent au mieux afin de
protéger et de défendre leur peuple. Ce dernier les traite
comme l ’âme de la Montaigne (compatissants, généreux
et justes), mais ils sont amenés à prendre des mesures
qui renforcent activement le statut et les intérêts de leur
souverain Scélérat et corrompu. Pour la plupart d ’entre
eux, il n ’est pas aisé de gérer cette dichotomie entre devoir
et honneur.
Ce contraste se reflète jusque dans le commandement des
mousquetaires. D ’un côté, Guillaume Houbleton, lieute-
nant capitaine de l ’unité, applique strictement les lois et
les directives de l ’Empereur tout en protégeant le peuple
de Montaigne contre ces lois. À l ’inverse, Julien Reinette,
ancien caporal de l ’armée montaginoise et désormais
commandant en second des mousquetaires avec le grade de
sous-lieutenant, n ’a aucun problème à soutenir et à promou-
voir le pouvoir abusif de l ’Empereur à l ’encontre du peuple,
et il envoie souvent ses mousquetaires escorter un noble
oppressif afin de garantir qu ’aucun mal ne lui sera fait.
Les mousquetaires suivent les ordres, mais personne
n ’attend d ’eux qu ’ils le fassent aveuglément. Leur dévo-
tion à l ’honneur et à la justice fait partie des critères de
sélection. Ils sont prêts à mourir pour l ’Empereur, mais
ils sont tout aussi disposés à mettre leur vie en jeu pour
protéger le peuple dont la vie dépend du bon vouloir du
Roi-Soleil. Qu ’ils considèrent ou pas leur monarque comme
un individu oppressif, ils sont voués à sa protection et, dans
certains cas, à soutenir son régime abusif. Certains, décou-
ragés, prennent une retraite anticipée, tandis que d ’autres
font face et se distinguent de leurs confrères en adoptant
une philosophie qui place le peuple de Montaigne au-dessus
des intérêts de l ’Empereur. Ils justifient alors leurs actions
en prétendant protéger leur souverain de lui-même.
De nombreux mousquetaires ont adopté cette attitude
et assistent Louise Marie-Françoise de Beaufort dans
ses efforts pour éliminer la corruption qui gangrène
la Montaigne. Le plus gros du travail consiste à main-
tenir le lieutenant capitaine Houbleton en poste et à
essayer de forcer le sous-lieutenant Reinette à se retirer.
Malheureusement, un certain nombre de mousquetaires,
suffisamment expérimentés pour savoir comment les choses
se passent, adhèrent à la philosophie de Reinette consis-
tant à faire respecter les lois à la lettre. Si les mousquetaires
ne sont pas véritablement divisés, les idées divergentes
conduisent bien souvent à des scissions et des mésententes.
Accroches scénaristiques
• Les mousquetaires inspirent beaucoup de respect,
mais dans des endroits comme Dechaine, les
paysans sont de plus en plus agités et hostiles. Le
lieutenant capitaine Houbleton souhaite envoyer
des mousquetaires pour aider et soulager ces
paysans, mais l ’ordre a déjà fort à faire. Les Héros
peuvent-ils aider Houbleton à redorer le blason
des mousquetaires ?
• Le sous-lieutenant Julien Reinette a ordonné à une
mousquetaire nommée Lisette Bernard d’escorter
un noble jusqu’à Charousse. Cet homme est un ami
du père de Bernard, mais il est corrompu et violent.
Il lui est arrivé de frapper le petit frère de Lisette si
fort que le garçon en a gardé un bleu pendant une
semaine. Elle est partagée entre son devoir et l’envie
de corriger cet homme une bonne fois pour toutes.
Peut-être les Héros peuvent-ils l’aider ?
• Les Héros ont eu vent d ’un complot qui viserait
à incendier le château de la Vie, l ’académie des
mousquetaires. Les fomenteurs sont des membres
des Rilasciare qui pensent que l ’ordre est corrompu.
Les Héros aideront-ils les Rilasciare ou les mous-
quetaires ? Ou parviendront-ils à trouver une
solution qui réglerait le problème sans violence ?
Cédric Béadoux
Orphelin, Cédric Béadoux grandit dans les rues de Crieux,
vivotant de petits boulots, parfois contraint de voler. Une
petite bande de malfrats finit par le prendre sous son aile et
lui enseigna les arts subtils de la tromperie et du vol, dans
lesquels il excella. Rapidement, il s ’éleva dans leur hiérarchie
désorganisée et finit par prendre le pouvoir. Il poussa les
membres de sa bande à se familiariser avec le maniement
de véritables armes, et pour ce faire, ils se rendirent régu-
lièrement dans les baraquements des gardes de la ville
pour glaner quelques conseils et les observer tandis qu ’ils
s ’entraînaient.
Un prêteur sur gages engagea Béadoux et son gang afin
qu ’ils s ’occupent d ’un mauvais payeur, lequel s ’entêta dans
son refus de payer, si bien que les voyous le menacèrent de
violence. L ’homme répondit en tirant son épée et, pour
la première fois de sa vie, Béadoux donna la mort. Cette
nuit-là, son existence bascula. Il sut qu ’il ne souhaitait plus
jamais tuer, mais il était trop impliqué dans les affaires de
son groupe pour le quitter. La culpabilité le rongea et le
rendit distrait et négligent.
La vie de Béadoux prit un nouveau tournant lorsqu ’une
cible apparemment facile se révéla un maître duelliste
doublé d ’un Chevalier de la Rose et de la Croix, qui lui fit
mordre la poussière avant même qu ’il ne commence à lui
faire les poches. Plutôt que de livrer Béadoux à la garde,
Jean-Baptiste Babineaux lui offrit l ’opportunité de le servir
en tant qu ’écuyer et d ’apprendre à devenir quelqu ’un de bien.
Voyant là l ’occasion d ’échapper à sa vie de rapines, Béadoux
s ’empressa d ’accepter.
Cédric servit Babineaux pendant les dix années qui suivirent,
affûtant ses talents autodidactes de bretteur et s’efforçant
de réparer les erreurs qu’il avait commises dans sa jeunesse.
Babineaux a permis à Béadoux d’intégrer les Chevaliers de la
Rose et de la Croix lors de l’année passée, quelque chose que
Cédric avait toujours cru hors de sa portée.
Interpréter Cédric Beadoux
Cédric est un homme musclé aux longs cheveux bruns et
aux yeux intenses, l ’un vert et l ’autre noisette. Il porte le
tabard des Chevaliers de la Rose et de la Croix avec fierté et
refuse de l ’ôter, excepté dans les situations les plus intimes.
Il est poli et aimable, même s ’il conserve l ’esprit vif de ses
origines de voyou des rues. Béadoux se méfie des étrangers,
mais n ’hésite pas à proposer son aide, quelles que soient les
circonstances. Ceux en qui il a confiance bénéficient de sa
loyauté indéfectible et de sa maîtrise de l ’épée.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 123
 Sigsvald
Né au Vestenmennavenjar, Sigsvald est une légende à
Altamira. Il est le tenancier de la Barba del Trol (la Barbe
du Troll), l ’unique maison longue de la ville, et c ’est aussi
un maître conteur et un maître brasseur. Il bâtit l ’édifice de
ses propres mains, ce qui, outre le fait d ’impressionner les
gens du cru, lui valut également leur respect.
Dans sa jeunesse, Sigsvald était un Pilleur vesten qui dépouilla
d’innombrables navires dans la Gueule. Chacune de ses cica-
trices possède sa propre histoire, qu’il évoque avec passion. Il
abandonna le pillage pour se lancer dans le brassage lorsque le
maître brasseur Skard offrit à son équipage l’intégralité d’un
hydromel expérimental en récompense de la livraison d’une
cargaison de miel Numanari volé. Il se rendit à la brasserie de
Skard et l’assista, finissant par obtenir lui aussi le titre de maître.
Mais en l’absence de formation officielle, la Ligue de Vendel fut
au regret de refuser comme maître de guilde cet homme dont
elle n’avait jamais entendu parler.
Sigsvald se retira à Altamira après plusieurs années à se
battre pour la ville. Il considère la cité comme son foyer et
l’occupation montaginoise lui déplaît. Sa maison longue
sert de refuge à toute personne fatiguée par la guerre et de
havre sûr aux Castillians qui souhaitent fuir la ville. Personne
n’importune Sigsvald, pas même la marquise du Carré, bien
qu’elle ait essayé à son arrivée. Il la remit rapidement à sa place,
et désormais, même ses gardes l’évitent, ce qui fait de son
établissement l’endroit parfait pour des réunions clandestines.
La Barba del Trol propose le meilleur hydromel du monde
après celui du maître Skard, à Vendel. Sigsvald se spécia-
lise dans des hydromels légers et fruités, et il possède des
versions pétillantes pour lesquelles ses clients castillians et
montaginois seraient prêts à tuer.
Interpréter Sigsvald
Sigsvald a la cinquantaine bien tassée, quoi que seules
quelques mèches grises parsèment sa barbe épaisse. Il se
rase la tête afin d ’exhiber ses tatouages et ses cicatrices,
obtenus lors de ses années de pillages. Pour lui, rien n ’a plus
de valeur qu ’une bonne histoire, et il est connu pour offrir
de son hydromel à quiconque en a une à raconter.
La Barba del Trol possède une autre particularité : une
table couverte de runes. Sigsvald garde généralement le
silence sur ce que ces symboles représentent, mais ceux qui
y boivent pendant un moment peuvent garantir qu ’elles ne
sont pas sans effet. Les jeux à boire s ’y font plus audacieux,
les bagarres de bar qui y éclatent sont plus épiques et les
histoires qui y sont contées prennent vie.
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124 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Renée Martin
Renée Martin est issue de la campagne montaginoise.
Paysanne, elle travaillait dans les champs d’un noble qui
possédait plus de terres que de temps ou de patience. Sa
famille s’en sortait bien, bénéficiant d’un travail régulier, d’un
revenu humble et de nourriture la plupart du temps. Son
frère aîné succomba à une maladie dégénérative alors qu’elle
n’était qu’un bébé, et ses deux plus jeunes frères périrent au
cours de l’invasion de la Castille, contrairement à Renée.
Elle et ses frères, tous trois nés à un an d’intervalle, s’étaient
engagés dans l’armée lors de la deuxième année de la campagne
contre la Castille. Alors que les deux autres enfants Martin
étaient vraisemblablement trop jeunes pour se battre, Renée
était dans la fleur de l’âge. Elle maîtrisa rapidement l’escrime et
la stratégie, se distinguant ainsi de ses pairs. Lors de sa première
escarmouche, elle fut la seule nouvelle recrue à véritablement
charger et attaquer tandis que les autres restaient paralysés par
la peur ou fuyaient. Elle passa d’une unité à l’autre à mesure que
les effectifs de ses escouades fondaient à vue d’œil.
Elle finit par obtenir le rang de commandeur et par diriger
sa propre unité. Lorsqu ’elle revint de la guerre, Renée était
une autre femme. Elle connaissait les rigueurs de la bataille,
mais elle avait également ressenti la gloire de la victoire. Elle
passa sans attendre les tests afin de rejoindre les mousque-
taires et, à sa surprise comme à la leur, elle fut acceptée.
Cependant, elle sait qu ’elle est différente. Elle est l ’une des
rares mousquetaires roturières, et la seule de son âge. Elle
s ’entraîne au château de la Vie avec d ’autres membres et
fait son possible pour prouver sa valeur. La plupart de ses
camarades ne semblent pas faire cas de cette différence, du
moins pas ouvertement. Les seuls qui osent sont ceux qui
ont intégré l ’ordre en même temps qu ’elle, et qui la persé-
cutent et se moquent d ’elle. Elle le supporte sans ciller, se
contentant de donner le meilleur d ’elle-même, mais ils lui
rappellent constamment qu ’elle n ’est pas comme les autres.
Interpréter Renée Martin
Renée Martin est jeune, mais son expérience de la guerre l ’a
endurcie. Elle garde ses cheveux bruns ras, et dans ses yeux
noisette brille l ’éclat de la jeunesse. Elle est petite et menue,
conséquence de sa sous-alimentation. Ne brillant pas par
sa force, elle tire parti de sa rapidité et de sa souplesse pour
surclasser ses adversaires. Elle emploie la même approche
lorsqu ’elle traite avec des gens, préférant des discours brefs
au langage fleuri employé par ses compatriotes. Terre-à-
terre, serviable et farouchement loyale envers sa Nation, elle
croit sincèrement au code des mousquetaires.
 Sociétés secrètes
Les Sociétés secrètes ont étendu leur influence à travers La Société des Explorateurs
toute la Théah, et certaines plus que d ’autres en Montaigne. Dans les grandes villes et cités de Montaigne, la Société des
Quelques-unes y opèrent quasi-ouvertement, sans être Explorateurs entretient des clubs, des bibliothèques et des
inquiétées par leurs opposants habituels, tandis que d ’autres collections que peuvent visiter ses membres jouissant d ’une
doivent s ’enfoncer dans la clandestinité si elles ne veulent bonne réputation. Des membres de l ’élite montaginoise
pas risquer l ’ire de l ’Empereur et la condamnation à mort. subventionnent et entretiennent ces lieux de savoir.
Les membres ont fort à faire en Montaigne : depuis que la
La Fraternité de la côte plupart des églises ont été converties en musées par la noblesse,
La Fraternité a prospéré au sud de La Motte. Comme les la Société des Explorateurs s’efforce d’obtenir l’accès aux reli-
marchands vestens sont souvent dans l ’incapacité de payer quaires, aux artefacts syrneth, aux vieux grimoires et aux autres
la taxe élevée sur les produits de luxe, ils jettent généra- trouvailles mystérieuses dans l’objectif de les étudier. L’ancien
lement leur dévolu sur des ports castillians ou vodaccis clergé a compliqué les choses en extrayant clandestinement les
plus lucratifs. Or, les détails de leurs opérations finissent artefacts sacrés et les reliquaires des églises pour dissimuler ces
toujours, d ’une manière ou d ’une autre, entre les mains de trésors aux yeux des nobles cupides.
la Fraternité, qui en fait usage pour intercepter et piller La Société n’a pas réussi à avoir accès à la zone protégée
les navires transportant des biens de valeur. L ’abondance de la Grande Cathédrale de Charousse. Seuls quelques
d ’informations aussi précieuses a permis aux membres de membres jouissant de bonnes relations ont pu bénéficier, au
rapidement gagner des faveurs à La Motte. mieux, d’une visite courtoise. Y sommeillent des artefacts qui
ne demandent qu’à être étudiés et des documents savants qui
Die Kreuzritter devraient certainement être partagés. Ce n’est qu’une question
Les Kreuzritter sont rares en Montaigne. Cela sert les de temps avant que cette considérable et insaisissable collec-
chasseurs de monstres, dans la mesure où ils se connaissent tion ne finisse entre les mains de la Société.
tous personnellement et savent dans quelles région ou ville
chacun d ’entre eux opère. Ils partagent leurs informations Močiutės Skara
et s ’entraident dès que possible. La Société secrète a récem- Récemment, des informateurs ont rapporté l ’émergence
ment entendu parler du Diable du Sommet, mais elle n ’a d’un important conflit à Dechaine, ainsi que d ’une poten-
pas encore pris de mesure à cet égard. Mais ce n ’est qu’une tielle épidémie de peste. Bien sûr, les rapports de maladies
question de temps avant qu ’un groupe de « pèlerins » ne sont largement exagérés, mais cela ne signifie pas que les
se lance dans une chasse au monstre. Au préalable, Die habitants de la ville n ’ont pas besoin d’aide.
Kreuzritter a besoin d ’informations supplémentaires, car Tout agent qui parvient à gagner la cité pourra prêter
nul n ’a jamais pu attraper le Diable et les gens prétendent main-forte de bien des manières, que ce soit en venant
qu ’il réapparaît peu de temps après avoir été vaincu. en aide à ceux qui souffrent d ’une maladie mortelle ou en
évitant l ’irruption d ’une guerre civile. Quoi qu ’il en soit, ils
s ’exposent à une confrontation avec les Rilasciare locaux,
très actifs et influents.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 125
 Le Collège invisible Les Rilasciare
Les membres du Collège invisible ont du pain sur la Que les Rilasciare aient été impliqués ou non dans l’expulsion
planche en Montaigne. Fort heureusement, l ’influence de la religion vaticine de Montaigne n’a pas d’importance. Ce
de l ’Inquisition y est presque inexistante, à l ’exception de qui en a, c’est que cette expulsion a enhardi l’Empereur et la
quelques informateurs et agents cachés. Buché est le centre noblesse en général. Le pouvoir de Léon Alexandre est absolu,
de liaison des opérations du Collège invisible en Montaigne, et les agents des Rilasciare ont dû infiltrer tous les échelons
aidant les érudits vaticins de toute la Nation à trouver du du gouvernement montaginois et tous les organes dirigeants.
travail en tant que tuteurs et professeurs dans les universités Il y a quelques mois, une opportunité se présenta
progressistes de la ville. Ses membres sont également parti- à Dechaine et les Rilasciare y envoyèrent des agents
culièrement actifs à Charousse, où les académies militaires rejoindre la cellule active locale. La révolution sur place
développent des armes sophistiquées et une poudre à canon serait probablement survenue d ’elle-même, mais les agents
plus efficace. des Rilasciare en accélérèrent le processus, tout d ’abord en
Tout comme la Société des Explorateurs, les membres intensifiant les effets négatifs des mesures de l ’Empereur
du Collège invisible cherchent à mettre la main sur les et du duc au pouvoir, puis en éduquant la population, en
grimoires conservés dans la Grande Cathédrale. Cet intérêt délivrant des discours passionnés et en répandant les idéaux
commun peut s’avérer dangereux, car les membres des de Liberté, d ’Égalité et de Fraternité. Ils mirent ainsi le feu
Sociétés secrètes qui convoitent ou protègent ces collections aux poudres politiques avec un résultat retentissant !
sont suffisamment désespérés pour recourir à la violence. Galvanisés par ce succès éclatant, les Rilasciare prendront
toutes les mesures nécessaires pour conserver l’élan ainsi
Los Vagabundos créé et libérer les régions entourant Dechaine. Pendant ce
La Montaigne est une Nation peuplée de nombreux troi- temps, les agents au sein de la cour de l ’Empereur tentent
sièmes et quatrièmes enfants de nobles. Certains petits activement de distraire le Roi-Soleil. Dans cette optique, ils
nobles n ’enseignent jamais l ’art de gouverner à ces enfants, perpétuent la supercherie du duc de Dechaine selon laquelle
alors même qu ’après tant de guerres, ils pourraient bien une mise en quarantaine suffira à supprimer la menace que
être les derniers représentants de leur lignée. Les membres représente la ville. Ils ont également envoyé leurs meilleurs
de Los Vagabundos ont de quoi faire : ils doivent garder agents convaincre le général Soussens de rejoindre la cause
un œil sur les rangs clairsemés de la noblesse et faire en révolutionnaire, et attendent leur retour.
sorte de hisser les meilleurs de ses membres restants Les dirigeants des Rilasciare en Montaigne ont consenti
au gouvernement. des entorses à leurs principes moraux dans le but d ’obtenir
Par ailleurs, l ’attention des agents masqués est tournée des résultats. Si tous les membres de la Société secrète
vers Altamira depuis longtemps. La famille du Grande étant soutiennent l ’objectif d ’éliminer les monarchies et les reli-
retenue en otage par l ’administration montaginoise, Los gions en Théah, certains agents sont mal à l ’aise avec la poli-
Vagabundos ont tenté de l ’extraire, mais jusqu ’à aujourd ’hui, tique actuelle de la Société. L’assassinat de divers espions
seuls quelques actes de sabotages ont abouti. La sécurité sur dans le but de garantir la confidentialité, le sacrifice de
place est bien trop importante. quelques personnes pour le bien commun et des désaccords
parmi les membres concernant la marche à suivre adéquate
La Faveur en Montaigne. ont créé une scission au sein des Rilasciare. Certains pensent
Un Héros membre de Los Vagabundos peut obtenir de la que le moment est venu et que leurs objectifs en Montaigne
Faveur en Montaigne des façons suivantes : sont à portée de main, tandis que d’autres estiment que le
temps joue pour eux et qu ’il serait préférable de continuer
• Aider un noble qui en est digne à gagner de à tirer parti des opportunités qui se présenteront.
l ’influence à la cour rapporte 5 de Faveur.
• Libérer la famille noble d ’Altamira rapporte 12 de La Faveur en Montaigne.
Faveur. Un Héros membre des Rilasciare peut obtenir de la Faveur
en Montaigne de la manière suivante :
• Déclencher une révolte paysanne dans une ville
rapporte 5 de Faveur.

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126 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
La Bravoure de l ’Épervier
La Bravoure est un groupe d ’hommes et de femmes qui ont
tissé des liens et œuvrent désormais à un objectif commun.
Ce terme désigne également le Manteau de l ’Épervier, une
capuche de cuir rouge ornée d ’un nez pointu et d’une
pèlerine. Enfin, la Bravoure désigne le trait commun à tous
les membres.
Cette Société secrète fut fondée et opère aujourd ’hui
selon les mêmes principes que Los Vagabundos. Lorsque
Los Vagabundos commença à opérer au sein de la noblesse
montaginoise, il apparut rapidement que les ressources
infinies de l ’Empereur présenteraient un obstacle majeur
à l ’organisation. Les espions et les alliés de l ’Empereur
constituèrent la plus grande menace à l ’encontre de l ’exis-
tence même de la Société secrète castilliane. À son apogée,
le conflit prit une ampleur telle que Los Vagabundos vit bon
nombre de ses membres contrecarrés et tués. Opérer dans
une Nation dont le monarque est un véritable Scélérat a mis
l ’organisation à mal.
Afin de contourner cette menace, Colette de Lioncourt,
l ’influente duchesse d ’Arcy, proposa de financer et d ’entre-
tenir une cellule de Vagabundos en Montaigne. La raison
de son soutien envers cette cause était simple : son petit-
fils portait le masque d ’El Vagabundo lorsque les agents de
l ’Empereur le tuèrent.
Elle ignorait l ’existence de la Société secrète alors même
qu ’elle vivait avec son petit-fils. Pendant tout le temps où il
fut actif en tant qu ’agent de Los Vagabundos, il opéra sous
son nez, dans sa propre maison. Il tint même des réunions
secrètes et envoya des agents à travers la Montaigne, le tout
depuis le salon de sa grand-mère, à son insu.
Elle envoya ses agents et espions personnels sur la piste
des proches de son petit-fils, afin de découvrir les véri-
tables raisons de son assassinat. Lorsqu ’elle les captura, ils
pensèrent venue la fin de l ’influence de Los Vagabundos
en Montaigne, mais elle apprécia ce qu ’ils lui révélèrent.
Elle comprit l ’ampleur de leurs objectifs et, surtout, le
sacrifice que son petit-fils avait consenti. Elle les libéra,
leur rendit le masque d ’El Vagabundo et les chargea de le
ramener aux Castillians. Elle avait d ’autres plans pour la
Montaigne. Lorsque les membres revinrent, ils formèrent
la Bravoure. Elle opère depuis six ans, aussi son influence
est encore réduite.
La Bravoure entend protéger les Héros nobles de
Montaigne tout en contrecarrant les plans de leurs homo-
logues Scélérats. Ces objectifs simples passent par un grand
nombre d ’opérations complexes. La Bravoure est modeste.
Colette de Lioncourt a recruté la plupart de ses espions
parmi ses gens de confiance, et ils ne savent pas qu ’ils
servent la Bravoure. Peu à peu, ils ont sapé l ’influence de
l ’Empereur, principalement en révélant à quel point c ’est
un piètre dirigeant. La Bravoure de l ’Épervier a décidé que
le mieux pour la Montaigne serait de voir Léon Alexandre
quitter le trône pour que sa plus jeune fille, Dominique
de Montaigne, prenne sa place en tant qu ’héritière et
monarque légitime.
La Bravoure opère essentiellement à Charousse et dans
ses alentours, là où l ’influence de l ’Empereur est la plus
importante, mais on a récemment vu un agent à Dechaine
sauver des nobles innocents d ’une foule en colère.
La Faveur au sein de la
Bravoure de l ’Épervier
La Bravoure opère indépendamment de Los Vagabundos
afin d ’épargner l ’organisation mère des foudres de
l ’Empereur. Cependant, les Vagabundos qui ont besoin
d ’aide ou souhaitent agir en Montaigne savent comment
entrer en contact avec la Bravoure, gagner ses faveurs et
obtenir ce dont ils ont besoin.
Les Faveurs auprès de la Bravoure sont interchangeables
avec celles de Los Vagabundos.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 127
 Lieux notables
Charousse
La ville de Charousse grouille inlassablement d ’activité :
les rues pavées résonnent du claquement des sabots et des
chaussures luxueuses, et le cliquètement des pièces ou le
choc des lames d ’escrime sont des sons ordinaires dans ces
rues étroites et ces places couvertes. À la différence d ’autres
villes de Montaigne, Charousse est de bien des façons une
Nation à part entière. Les habitants des autres régions du
pays se sentent différents de ceux de Charousse, et à juste
titre. Si les Montaginois prêtent attention à la mode et à l ’art,
ce sont les Charoussiens qui lancent ces modes et créent
cet art. Le sort d ’un Charoussien peut changer en un rien
de temps s ’il sait tirer son épingle du jeu. Chaque affaire et
chaque rencontre apportent leur lot d ’opportunités.
Le Charoussien typique agit avec détermination et ne connaît
pas la demi-mesure. Il se consacre pleinement à ses objectifs,
menant rigoureusement ses affaires et conviant bruyamment
les clients dans la rue à venir profiter de ses marchandises et
services. Avant tout, les Charoussiens sont capables de déter-
miner en un clin d’œil d’où vient un individu. Même les indi-
gents qui vendent des babioles bon marché savent repérer un
´
128 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
noble campagnard attifé de beaux atours ou un riche duc dans
un déguisement miteux. Après tout, leur survie en dépend : ils
détectent les opportunités aussi clairement que si elles étaient
peintes sur le visage des gens qu’ils rencontrent. Pour toutes ces
raisons, les Charoussiens repèrent les étrangers, qu’ils soient de
Montaigne ou d’autres parties de la Théah.
Charousse est une ville de marchands, où bourgeois et
nobliaux se mêlent aux pauvres négociants, aux domes-
tiques et aux roturiers qui tentent de s ’en sortir grâce à la
prochaine grosse vente ou combine qui subviendra à leurs
besoins pour les mois à venir. Cela ne signifie pas que toute
personne qui désire gagner de l ’argent à Charousse est un
escroc ; simplement que cela aide à survivre.
Le large fleuve Sinueuse alimente la ville en marchan-
dises fraîches le long de ses vastes berges. Des marchands
empressés exhibent leurs dernières trouvailles issues
de rivages lointains comme de ports notoires. Ils font
commerce de nourriture exotique, d ’habits à la dernière
mode ou d ’antiquités hors de prix exhumées du passé
montaginois. À quelques pas, les clients peuvent trouver
les « nouveautés du jour », comme des masques ifriens, des
sculptures vodaccis, des teintures et pigments rares, des
tissus aux motifs raffinés, de la soie de l ’Empire du Croissant
et des grimoires rares et savants dans toutes les langues. Des
serviteurs de confiance acquièrent ces nouveautés pour le
compte de quelque noble qui les exposera fièrement dans
son salon comme symbole de prestige plus qu ’autre chose.
Tant qu ’il y aura de l ’argent à dépenser, des biens seront
vendus, véritables comme contrefaits.
Il est rare de croiser les membres les plus riches de la
noblesse charoussienne dans la ville elle-même, ces derniers
chargeant leurs domestiques ou des familles nobles infé-
rieures de les représenter lors de transactions financières.
Après tout, Charousse est la ville des marchands, et les
personnes réellement influentes résident au château du
Soleil, le nouveau palais de l ’Empereur.
Le marché du Pont-Neuf
L ’endroit le plus bruyant et actif de Charousse est le marché
du pont Neuf. Ce marché à ciel ouvert s’étend des deux côtés
du plus grand pont de la capitale. Il est indispensable de
jouer des coudes si l ’on veut y progresser. La circulation des
piétons, des cavaliers et des chariots sépare les deux côtés du
pont. Ce dernier relie les quartiers nobles au reste de la ville.
En raison de sa proximité avec la noblesse, les marchandises
qui y sont vendues sont très chères et lourdement taxées.
Elles sont également très variées, des étals de nourriture
fragrants aux présentoirs de mode et d ’art, en passant par
les vendeurs d ’objets rares provenant de Théah et d ’au-delà.
Ce marché est le plus important de Montaigne, et par
conséquent le plus renommé. Il est facile de s ’y perdre, mais
également d ’y dénicher tout et n ’importe quoi. Les prix sont
plus élevés que partout ailleurs, mais si quoi que ce soit peut
s ’acheter, il sera possible de le trouver ici ! Reste à ne pas
se faire avoir par une imitation, car si on peut y trouver
des marchandises de qualité, on peut également tomber sur
d ’habiles copies. Le marché de la contrefaçon est si déve-
loppé à Charousse que les commerçants peuvent y vendre
leurs marchandises en les désignant clairement comme des
répliques. Seuls des experts sont capables d ’identifier avec
certitude les contrefaçons de ces faussaires, souvent aussi
talentueux que les artisans d ’origine.
Par ordre du prévôt de Charousse, les marchands doivent
installer leurs étals à l ’aube et les retirer bien avant le
coucher du soleil. Quiconque ne paie pas la taxe fixée ou ne
quitte pas le pont à temps se voit puni d ’une lourde amende,
d ’une peine de prison ou d ’une interdiction de vendre ses
marchandises sur le pont jusqu ’à nouvel ordre.
La nuit, le pont accueille danseurs, jongleurs et comédiens
venus dans l ’espoir de gagner une pièce ou deux tandis que
les plus grandes fortunes de la Nation traversent le fleuve
pour aller se promener. Les nobles qui désirent bénéfi-
cier d’une protection armée ou d’une compagnie agréable
peuvent engager ici quiconque fera leur bonheur pour la
nuit. Là où le pont rejoint les places et les rues du quartier
marchand, des troupes de théâtre de rue, des chanteurs, des
magiciens et des marionnettistes se disputent l’attention.
Le château de la Vie
Le château de la Vie est un édifice impressionnant de pierre
claire, aux grandes cours fermées. Pendant longtemps, il fut
le siège du pouvoir montaginois, avant que l ’Empereur ne
déplace la cour au château du Soleil, un édifice plus récent.
On y trouve toujours la Caserne royale des mousquetaires,
où le corps d’élite s ’entraîne et opère.
Après l’avoir appelé le château du Parlement pendant une
centaine d ’années, les commères l ’ont rebaptisé le château du
Vieux Roi, en référence au père de Léon Alexandre. Il servait
jadis de siège du gouvernement montaginois, et l ’Empereur
et son père avant lui y retrouvaient ducs, conseillers, juges
et ministres. Les bâtiments luxueux entourant le château
étaient réservés à la famille royale et à ses invités, aux digni-
taires étrangers, aux ambassadeurs et aux courtisans possé-
dant leurs entrées. Lorsque l ’Empereur érigea son château
du Soleil, l ’activité au château du Parlement diminua, se
limitant à accueillir les vaillants mousquetaires et les tribu-
naux. Désormais, les capitaines et juges corrompus, ainsi
que les nobles suffisamment malchanceux pour être assignés
au « château du Vieux », ont à leur charge toutes les fonc-
tions bureaucratiques secondaires du gouvernement.
L ’Empereur gratifie ceux qu ’il juge vieux et ennuyeux
d ’une charge pesante, les ensevelissant sous des responsa-
bilités à la mesure de leur fadeur, comme régler de petites
querelles entre marchands et citoyens, valider des auto-
risations de voyage et autres culs-de-sac bureaucratiques.
Cette sanction sociale terrible contraint souvent le pauvre
noble à manquer toutes les réceptions et les fêtes au cours
desquelles il est possible d ’acquérir ou de subtiliser influence
et richesse.
Lorsque Louise Marie-Françoise de Beaufort reçut en
camouflet le poste d ’administratrice en chef du château du
Vieux, elle fut raillée par son père et ses sœurs et tournée
en ridicule par le reste des invités à la soirée de l ’Empereur.
C’était pour le Roi-Soleil un moyen de récompenser
Beaufort pour ses efforts à la cour... en l’écartant de son
´
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 129
 chemin. Ainsi, elle serait désormais dans l ’incapacité de
répandre ses discours critiques et ses sermons acerbes à
l ’encontre des courtisans, de leur comportement immoral
et des torts qu ’ils causaient au reste de la Montaigne.
Abattue, Louise tourna rapidement la page et donna à
ses ambitions un nouveau tour. Après tout, elle a peut-
être manqué de finesse dans sa rhétorique en adressant à
l ’Empereur ses opinions sur l ’égalité et la liberté, mais elle a
fait de cette mutation insultante une aubaine, avec panache
et intelligence.
Louise de Beaufort n ’a pas œuvré seule : avec l ’aide de
l ’ancien administrateur, elle est parvenue à tirer un surplus
du budget après seulement un mois à son poste, et s ’est
liée d ’amitié avec les capitaines des mousquetaires après
trente jours de plus. Mois après mois, à coups de réno-
vations et de réaffectations, elle insuffle une nouvelle vie
dans le vieux palais et dans ses environs luxueux, aussi bien
en construisant des jardins en terrasse qu ’en définissant
de nouveaux programmes d ’entraînement, ce qui attire
l ’attention sur le quartier. Ses résultats sont tels que le nom
fluctuant de l ’endroit a de nouveau changé : le château du
Vieux est devenu le château de la Vie. L ’énergie du chan-
gement y est palpable, et si la corruption de la Cour supé-
rieure est toujours présente, tout ce qui l ’entoure change
sous l ’influence d ’un sentiment que les mousquetaires
eux-mêmes n ’ont pas éprouvé depuis un moment : l ’espoir.
Le château du Soleil
En bordure de Charousse s’étend l ’immense forêt des rois
de Montaigne. Ces terres ancestrales, qui constituaient le
pavillon de chasse royal ainsi qu ’un vaste domaine attenant,
représentent désormais le centre du pouvoir montaginois.
Au cours du règne de Léon Alexandre, cet endroit est
devenu le château du Soleil.
Le pavillon principal possède plusieurs étages et semble
s’étendre prodigieusement à mesure que l ’on s ’en approche.
La maçonnerie magnifique présente des fresques vives et
des lignes symétriques frappantes. De splendides sculptures,
des fontaines raffinées et des jardins soigneusement entre-
tenus entourent tous les bâtiments et les cours, formant
un décor surréaliste. Cela donne aux visiteurs l ’impression
d ’une extrême insignifiance comparés à la personne que
le domaine incarne : l ’Empereur lui-même. Le coût de
cet exploit architectural a été considérable, même pour les
caisses montaginoises a priori infinies. Ce monument de la
culture nationale a uniquement été rendu possible grâce à
´
130 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
des armées d ’ingénieurs, de sculpteurs et de jardiniers, qui
sont toujours à la disposition du maître des lieux.
Mais si majestueux que soit l ’extérieur, l ’intérieur est
encore plus impressionnant : chaque galerie et chaque pièce
est décorée de meubles finement travaillés, de gigantesques
peintures et fresques de plafond, ainsi que de sculptures
décoratives si vastes et si détaillées qu ’elles éclipsent les visi-
teurs. Les détails submergent tant les sens qu ’il est impos-
sible de repérer les complexes quartiers des domestiques ou
de s ’y orienter, ou même de remarquer lesdits domestiques.
Les serviteurs empruntent des passages muraux labyrin-
thiques et des panneaux pivotants pour rester invisibles
jusqu ’à ce que leurs services soient requis. Les invités
voient leurs verres remplis et leurs assiettes garnies comme
par magie.
Le flot d ’invités qui vient prendre part aux rassemble-
ments, fêtes ou galas grandioses quotidiens est tout aussi
phénoménal. La plupart espèrent faire bonne impression
auprès du Roi-Soleil afin qu ’il leur dispense richesses et
faveurs. L ’ambiance est plus calme lorsque Sa Majesté n ’est
pas présente aux fêtes, prise par ses fréquents conseils et
réunions. Si l ’Empereur apprécie quelqu ’un, il le garde
près de lui en lui attribuant des quartiers dans l ’enceinte du
palais. Bien sûr, ce dernier ne possède qu ’un nombre limité
d ’appartements, et les faveurs royales peuvent changer sur
un coup de tête : untel peut un jour être dans les petits
papiers du Roi, puis se retrouver dans une tout autre aile,
ou pire, se voir refuser l ’accès au château du Soleil, dût-il
tomber en disgrâce. De tels nobles sont généralement jeunes,
riches, beaux et cherchent désespérément à se faire apprécier
de l ’Empereur.
À ce jour, les bâtiments principaux et ses longs couloirs
sont en service depuis plus de dix ans, mais le domaine ne
cesse de se garnir d ’annexes. De nouveaux pavillons sont
érigés pour accueillir une liste croissante de courtisans et
de puissants ambassadeurs en visite à la cour du souverain.
Les équipes d ’ouvriers ont leurs propres baraquements de
bois, à l ’extérieur des portes auxiliaires du terrain de chasse.
Une petite caserne jouxte chacun des portails et rejoint le
bastion principal par un sentier de gravier bien gardé. La
garnison de la Garde éclair de l ’Empereur opère depuis ces
places fortes. Ils sont dévoués à leur tâche et valorisent plus
que tout l ’honneur, le courage et le zèle.
La Garde éclair est composée de soldats d ’élite triés sur le
volet et chargés de la protection de l ’Empereur. La sécurité
du souverain ne quitte jamais leur esprit et leur cœur, et ils
ne lui ont jamais failli. Des emplois du temps stricts et des
rapports réguliers leur permettent d ’éliminer rapidement
tout imposteur, empêchant une infiltration dans leurs rangs.
Ils restent constamment aux aguets, à l ’affût des assassins
et autres infâmes ennemis de Léon Alexandre et de sa cour,
même si la plupart des invités ne s ’en rendent pas compte.
Grâce à leur vigilance, les incidents dangereux sont rares à la
cour, et lorsqu ’ils surviennent, les gardes font justice rigou-
reusement et impitoyablement : l ’Empereur n’a aucun scru-
pule à exécuter ses ennemis pour faire une démonstration.
La Grande Cathédrale
La plus grande tour de Théah, visible depuis presque
n ’importe quel endroit de Charousse, est une église. La
Grande Cathédrale de Charousse fut édifiée il y a longtemps,
mais l ’ajout de cette tour date de moins de vingt ans, lorsque
l ’Empereur était plus jeune et encore en bons termes avec
l ’Église vaticine. Il voulait avoir l ’église la plus grandiose de
toute la Théah. Après tout, sa foi valait bien cela.
Maintenant que l ’Église a excommunié la Montaigne et
que l ’Empereur a complètement banni cette religion, il a
transformé la Cathédrale en musée. Elle accueille désor-
mais une collection bien gardée de modèles architecturaux,
d ’artefacts syrneth rares, d ’antiques épées et de trésors issus
des conquêtes de l ’Empereur de Montaigne, ainsi que de
châsses historiques d ’anciens rois et nobles.
Au cœur de la crypte de la Cathédrale, quelque part sous
ce qui était jadis un célèbre autel vaticin, les sarcophages et
reliquaires de saints enterrés dans l’édifice ont été conservés.
Ce n ’est un secret pour personne que les reliquaires vaticins
sont toujours ici, mais les employés du musée ont décidé de
ne plus les exposer au public.
Sous la crypte, dans les salles qui contiennent les colonnes
porteuses de la Cathédrale elle-même, les membres de
l ’Ordre de la Rose et de la Croix se réunissent régulièrement.
La Grande Cathédrale est le siège de la Société secrète à
Charousse et dans ses environs. Chevaliers et bienfaiteurs
reconnus se rencontrent dans la Cathédrale avec la béné-
diction de l ’Empereur lui-même, toujours sous le prétexte
commode d ’exposer de nouveaux artefacts, de partager
de nouvelles découvertes scientifiques, voire d ’admirer
de nouveaux aménagements dans une alcôve inutilisée,
destinés à accueillir les ouvrages éclairés d’érudits. Tant
que les objets exposés continuent de célébrer la gloire de
ses lumières, Léon Alexandre ne se soucie guère de ce qui
se passe dans l ’église, du moment qu ’il ne s ’agit pas d ’une
messe, bien sûr. Ces prétextes sont de merveilleuses excuses
pour les membres de la Rose et de la Croix. Cependant,
au fil du temps, la collection du musée de la Cathédrale
a attiré l ’attention de la Société des Explorateurs et du
Collège invisible. Il est peu probable que des luttes territo-
riales éclatent, mais il peut advenir que des artefacts et des
grimoires disparaissent.
Les Catacombes
En plus des chasseurs de trésors et d ’artefacts gonflés
d ’espoir, des citoyens les plus pauvres et des employés des
égouts, une population nouvelle a émergé du labyrinthe de
tunnels syrneth de Charousse : les criminels.
Ces derniers forment un réseau fondé sur une hiérarchie
claire et sur une organisation en territoires. La Reine
des Catacombes fixe les prix des marchandises illégales
et taxe tous les criminels qui opèrent dans son domaine,
à l ’instar des fonctionnaires de la ville qui taxent les
honnêtes marchands de Charousse. Cela dit, sa part est
bien plus raisonnable que les impôts fixés par l ’Empereur
et son conseil. Ici-bas, on l ’appelle simplement « La Reine »,
mais les avis de recherche l ’identifient sous le nom d ’Ève
Lafrisée. Elle y est représentée avec la cicatrice allongée
caractéristique qui lui barre la joue et qui tord sa bouche
à chaque rictus.
Comme dans toute organisation criminelle, le respect et
la loyauté priment, davantage que les coups d ’éclat ou les
meurtres. Après tout, récompenser des chiens fous ne ferait
qu ’encourager la compétition, or la Reine gère également un
commerce de services : interrogatoires, torture, assassinats,
organisation d ’accidents… À chaque prestation son tarif,
bien sûr, lequel dépend généralement de l ’influence de la
cible ou de ce qu ’implique l ’acte délictueux.
Dans la rue, on dit que la Reine des Catacombes s ’occupe
elle-même des assassinats, et qu ’elle sait y faire, mais son
réseau loyal d ’intermédiaires et de faux témoins rend cette
rumeur impossible à confirmer. Quoi qu ’il en soit, la Reine
est bien protégée, et prouver quoi que ce soit n ’en ferait pas
une personne plus recherchée. Les argousins n ’osent pas s ’en
prendre à elle : ils craignent que se débarrasser de la Reine
des Catacombes ne crée un vide de pouvoir au sein de ses
réseaux criminels, lequel aurait sur la ville des répercussions
bien plus importantes que ce qu ’ils sont prêts à gérer.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 131
 Buché
Nichée dans une vallée peu profonde et abreuvée de nombreux
cours d’eau, la ville portuaire de Buché est la capitale de la
région du Valdoc. C’est une ville calme et étendue, où les bâti-
ments de pierre rouge prédominent. À l’extérieur de ses murs,
terres arables, vergers et forêts s’étendent jusqu’aux collines
venteuses. Plus loin à l’ouest, forêts denses et chaînes monta-
gneuses hébergent de petits villages. Vers le sud, des plages
rocheuses jalonnent la petite crique au nord de la baie Dorée.
Buché est le plus important paradis fiscal de Théah. Les
marquis du Valdoc, qui dirigent la région, ont trouvé le moyen
de se soustraire complètement à la politique opportuniste de
la cour de l’Empereur. À l’instar d’autres cités hors de portée
de l’influence de Charousse, la noblesse y contrôle l’applica-
tion des mesures et décrets impériaux et, en raison d’une loi
obscure, les marquis sont en droit d’attribuer à l’un des leurs le
titre de duc afin de les représenter à la cour de l’Empereur. Ce
vote a lieu tous les cinq ans, sans l’intervention du Roi-Soleil.
Le duc se voit accorder des pouvoirs lui permettant d’outre-
passer même la politique économique de l’Empereur.
Les marquis accordent une importance primordiale à la paix
et au calme que la région leur garantit, en dépit des amorces
de conflit avec la Castille, en particulier avec la ville jumelle de
Barcino. En cette période d’affluence de soldats sur le retour,
dont beaucoup se retrouvent sans emploi, Buché a conclu un
accord de paix avec Barcino. Malheureusement, des saboteurs
des deux camps frappent de temps à autre, au détriment des
deux villes. Des tensions avec la cité indépendante montent
lentement, malgré le calme apparent.
Les marchés ouverts
Le terme « marché ouvert » désigne tout marché qui émerge
spontanément dans la ville, lequel est alors nommé en fonction
de son emplacement. Par exemple, le marché Saint-Saturnin
fait référence à un marché installé près de l’église Saint-
Saturnin. Jusqu’où celui-ci s’étend est de moindre importance.
Les cours d’eau et canaux sont calmes et facilement navigables,
si bien qu’un marché peut apparaître n’importe où. Cela rend
ces marchés difficiles à contrôler, mais simples d’accès.
Les marchés devraient normalement payer des taxes basées
sur des évaluations officielles, mais ils se déplacent souvent pour
les éviter, faisant ainsi retomber lesdites taxes sur les nobles.
Cela permet aux marchés de fixer leurs propres tarifs. Ainsi, les
marchés ouverts pratiquent les prix les plus bas de Montaigne.
Comme les marchés fluctuent et changent souvent d’emplace-
ment afin d’échapper à l’attention des contrôleurs, il est essentiel
d’engager un guide local pour dénicher de bonnes affaires.
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132 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Le mot « ouvert » fait également référence à la variété des
marchandises disponibles. En raison de la nature mouvante
des marchés, tout commerçant peut y vendre des biens illi-
cites tant qu ’il parvient à échapper aux contrôleurs. Ce qui,
ailleurs, ne se trouve qu ’au marché noir est ici vendu ouver-
tement, à condition de mettre la main sur le bon vendeur.
La plupart des étals exposent des marchandises diverses
dans l’espoir de pousser les clients à concentrer leurs
emplettes. Les commerçants essaient d’éviter une trop forte
concurrence en matière de marchandises illégales, de sorte à
garantir la stabilité des prix, préférant varier leurs produits
afin d’embrouiller les autorités. Si un commerçant vend une
marchandise illégale une semaine, il vendra probablement
autre chose la suivante. S’il peut s’avérer difficile de garder la
trace d’un étal, en particulier au niveau des taxes, les officiers
de la ville connaissent cependant les vendeurs par leurs noms.
Les quartiers des érudits
Buché est un pôle important de l ’enseignement supérieur
en Montaigne. Les visiteurs qui s ’éloignent du centre-ville
peuvent aisément trouver ses universités progressistes, au
sein desquelles les étudiants et les professeurs sont choisis
selon leurs mérites plutôt qu ’en fonction des moyens finan-
ciers de leur famille. Les universités tiennent régulièrement
des débats très courus : chaque nuit, maîtres et érudits de
toute la Théah abordent nombre de sujets pointus, dont
certains considérés comme tabous.
Les intervenants débattent librement de sujets contro-
versés dans les salles de cours et les amphithéâtres des
universités, malgré les fréquentes arrestations conduites
par le ministère de la culture de l ’Empereur. Un orateur
qui n ’a pas encore été envoyé au tribunal pour défendre ses
idées n ’est pas considéré comme un professeur accompli. Les
arrestations forment souvent de véritables spectacles : en
plus de divertir les étudiants et le personnel, elles renforcent
le concept selon lequel les idées sont dangereuses, prouvant
l ’importance des universités progressistes et l ’utilité de
Buché elle-même en tant que centre culturel.
L ’influence du Collège invisible en Montaigne est princi-
palement concentrée dans cette ville. La Société secrète aide
activement des érudits castillians à trouver une place parmi
les cercles culturels de Buché, que ce soit comme tuteurs
privés d ’étudiants qui peuvent se le permettre, comme assis-
tants-professeurs, comme bibliothécaires ou encore comme
professeurs renommés exerçant sous un pseudonyme.
L ’église Saint-Saturnin
Saturnin fut un martyr de l ’époque du premier Prophète. En
tant que saint et prosélyte de ce dernier, il répandit la bonne
parole dans la région de la baie Dorée avant de finalement
s ’installer dans ce qui deviendrait Buché. À cette époque,
le Prophète symbolisait le salut, une promesse de bonheur
à venir dans un monde incertain. Nombre de gens furent
séduits et, rapidement, des ouailles se réunirent autour de
Saturnin. Il fonda un temple et, dans la décennie qui suivit,
s ’attira les foudres des cultes locaux qui vénéraient encore
un panthéon polythéiste et révéraient leurs ancêtres.
L ’actuelle église Saint-Saturnin fut érigée à l ’endroit où il
fut martyrisé. Son concept de dieu unique avait suscité la
colère des dirigeants des autres cultes théans de la région.
Refusant de participer à un rituel polythéiste, il fut fouetté
et traîné par un taureau sacrificiel. Lorsque le taureau finit
par s ’arrêter, Saturnin rendit son dernier souffle le sourire
aux lèvres, réjoui d ’avoir enfin résolu le mystère du martyre.
Ses fidèles le pleurèrent et, sur l ’emplacement où il avait
expiré, fondèrent une nouvelle église en son honneur.
Depuis, l ’église est devenue la plus importante de toute la
région : ses cloches résonnent dans toute la ville et dans les
champs alentour.
Grâce au relatif isolement de la région, à son indépendance
et à son éloignement, l ’église Saint-Saturnin est restée active
et continue d ’organiser la messe, même sans le soutien de
l ’Église vaticine. Elle accueille les évêques et les prêtres de
paroisses qui ont fermé leurs portes à cause du décret de
l ’Empereur bannissant la religion vaticine. Les dîmes et
les dons sont intégralement utilisés par l ’évêque de Buché
plutôt que d ’être transmis aux cardinaux. Ce dernier se sert
de ces fonds pour protéger les membres de l ’Église vaticine
en Montaigne, allant jusqu ’à financer des pèlerinages secrets
en engageant des gardes et des protecteurs, à acheter des
terres proches où les moines peuvent travailler champs et
vergers, et à encourager de petits villages à héberger des
membres exilés de l ’Église.
L ’église Saint-Saturnin renferme également de
nombreuses reliques qui y ont été déplacées et cachées afin
de les protéger de l ’Empereur. L ’évêque de Buché sait que
ce n ’est qu ’une question de temps avant que ses actes de
résistance envers les décrets du Roi-Soleil—et ceux des
marquis du Valdoc—n ’affectent la ville. Buché connaît la
paix et la prospérité, ce qui est une anomalie. L ’évêque craint
que lorsque les puissants de la cour de l ’Empereur compren-
dront mieux la situation à Buché, leurs réactions n ’aient de
graves conséquences pour son église et ses ouailles.
Le château des Marquis du Valdoc
Les marquis du Valdoc profitent grandement d ’avoir élu
l ’un des leurs en tant que duc du Valdoc. Actuellement,
et depuis plus de dix ans, Raymond de Taulose, marquis
de Buché, combine les titres de marquis et de duc. Huit
autres marquis règnent sur le Valdoc, chacun jouissant de
ses domaines propres, mais ils se réunissent régulièrement à
quelques kilomètres de Buché, dans le château des Marquis,
qui leur appartient techniquement à tous.
Chacun y a ses propres quartiers, mais il sert également
de résidence principale au duc. Raymond loge également
dans la demeure ancestrale de sa famille, mais c ’est ici qu ’il
passe l ’essentiel de son temps. Dans l ’aile principale de cette
grande propriété, les marquis devisent des affaires locales et
étrangères, mais également des mesures à mettre au point
pour leur bien commun.
Au fil du temps, l ’égalité de mise parmi les marquis a évolué,
et le pouvoir et la richesse du duc se sont accrus, en dépit
des accords originels. Au cours de la prochaine réunion du
conseil, son titre de duc sera soumis au vote, et Raymond
compte bien conserver son poste. Il doit réunir les deux tiers
des voix, sans quoi un autre marquis prendra sa place… à
moins que l ’Empereur ne s ’immisce lui-même dans le vote
et ne tranche. Le cas échéant, il est probable qu ’il choisisse
à nouveau Raymond, mais à condition que sa politique soit
plus fermement appliquée. Il en résulte des tensions parmi
les marquis du Valdoc, et chacun a commencé à mobiliser
ses troupes, au cas où le conseil se briserait.
Le principal rival de Raymond est Yvonne de Gineston,
marquise de Bâtonnier. Ces dernières années, elle a œuvré
à s ’assurer qu ’elle sortirait gagnante de l ’éventuelle chute du
conseil. Peu lui chaut que le conseil l ’élise comme nouvelle
duchesse de Bûché ou que l ’Empereur finisse par la désigner,
quand bien même elle affirme qu ’il serait préférable que le
conseil la soutienne. Naturellement, les autres marquis sont
aussi en lice, et rivalisent d ’ambition et d ’avidité.
Le château, comme nombre d ’autres de la région, est une
solide forteresse de pierre dénuée des contours raffinés
de l ’architecture montaginoise moderne. Il est aisément
défendable, même s ’il est peu probable qu ’un des marquis
puisse se permettre de tenir l ’endroit et d ’envahir ses voisins.
Seul le duc serait en mesure d ’agir de la sorte, à condition
d ’engager suffisamment de mercenaires. Après tout, de
nombreux vétérans de guerre ont besoin de travail, et il ne
manque pas de ressources… Il s ’attend cependant à ce que
le conseil tienne. Tant que les marquis s ’entendent, le Valdoc
pourra tenir face à l ’influence du Roi-Soleil.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 133
 Dechaine
Cette ville, qui était jadis une cité portuaire majeure, a
été dernièrement placée en quarantaine. Une petite flotte
de navires montaginois se tient à bonne distance, prête
à avertir ou à intercepter quiconque approche par la mer.
La nouvelle de la quarantaine s ’est rapidement répandue
parmi les marchands vestens et avaloniens, qui ont modifié
leurs itinéraires afin de rallier d ’autres des principales cités
portuaires montaginoises le long de la côte septentrionale
du pays, concentrant leurs ventes à Lierie et Crieux.
À la pointe nord de la Montaigne se tient la ville de
Dechaine, ancienne et bien implantée, avec ses murs et ses
tours de pierre grise vieux de plusieurs siècles. L ’armée
montaginoise a bloqué les voies de commerce intérieures et
extérieures, et les habitants semblent effectivement affairés
à brûler les corps des défunts.
Hélas, la rumeur d ’une peste contrôlée n ’est que propa-
gande, un subterfuge grossier du duc local, Jean-Richard
du Lac, qui a pour but de détourner l ’attention de la vérité,
bien plus simple et beaucoup plus affreuse.
Le peuple de Dechaine s ’est dressé contre le régime
oppressif qui l ’a privé de richesses, puis de pitance. Après
avoir subi de plein fouet les conséquences de la Guerre de
la Croix puis, plus récemment, de celle contre la Castille,
il souffre désormais de l ’anticléricalisme oppressif de la
classe noble privilégiée et de l ’envolée des prix des biens
de première nécessité, à cause de la pression du commerce
extérieur. Le moral de la population de Dechaine n ’a jamais
été aussi bas qu ’il y a un mois.
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134 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
La roture déchaînée
Après des années de mécontentement, à la limite de la
famine, désespérée et dos au mur, une foule d ’indigents
se rassembla sur les quais. La colère gronda. Les discours
enflammés des représentants de l ’Église encouragèrent la
population. Des membres respectables de la communauté
et des libres penseurs éclairés se joignirent au mouvement.
Les bourgeois, las de ne pas pouvoir jouir de leur richesse
à cause de leur manque de sang noble dans une Nation
privilégiant la naissance avant tout, ajoutèrent leurs voix à
la clameur. Cependant, personne n ’anticipa l ’ampleur que
prendrait le mouvement. Assoiffée de justice, la foule gagna
la propriété de la marquise Isabeau de Dechaine et s ’agglu-
tina aux portes, exigeant réparation pour les abus subis.
Isabeau envoya ses gens gérer ce problème et comprit qu ’elle
était le catalyseur de leur colère et de leur rage réprimées.
Les serviteurs de la marquise amenèrent de la nourriture
pour apaiser la populace, mais cela ne fit qu ’attiser sa fureur.
Un cri retentit : « Nous ne sommes pas des chiens que vous
pouvez enchaîner et affamer jusqu ’à ce que vous ayez besoin
de nous pour mener vos guerres ! ». Ils lancèrent des pierres
sur la vingtaine de gardes et abattirent les portes avant de
prendre la propriété d ’assaut.
Le chaos s ’ensuivit. La fureur de la foule s ’abattit sur les
gardes, les serviteurs et, enfin, sur la famille noble. Les révo-
lutionnaires étaient sur le point de se jeter sur la doyenne de
la famille, Madame de Dechaine (la mère de la marquise),
qui tenait dans ses bras sa petite fille, Hélène. Un mysté-
rieux héros s ’interposa et sauva les deux nobles avant de les
conduire dans un endroit sûr tandis que la foule incendiait
la propriété et le manoir de la marquise.
Les murs de la ville et au-delà
La nouvelle de la chute du tyran de Dechaine se répandit à
travers la ville comme une traînée de poudre, et les citoyens
se sentirent brusquement délivrés. Ils défilèrent dans les
rues avec le cadavre de la marquise, sous les applaudisse-
ments de la foule en délire. Des combats éclatèrent çà et
là parmi la population, mais ceux qui s ’opposaient à la
tyrannie sortirent vainqueurs de cette nuit.
La foule demeura dans les rues jusqu ’au lever du
soleil, chantant la liberté et acclamant ses libérateurs.
Étonnamment, les paysans restèrent calmes, et aucune
émeute ni aucune violence significative n ’éclatèrent.
Sous la direction des Rilasciare, les citoyens en appelèrent
à leur entraînement militaire, acquis lors de la campagne en
Castille. Ils désignèrent rapidement des dirigeants parmi
ceux qui avaient lancé l ’assaut effréné contre le domaine de
Dechaine. Les meneurs nouvellement attitrés organisèrent
un conseil citoyen, lequel organisa les citadins en groupes
pour reprendre les bâtiments et garder les murs de la
ville. Ceux-ci avaient tenu bon depuis le XIIIe siècle, mais
s ’étaient depuis couverts de mousse et avaient laissé place à
d ’autres infrastructures.
La population se prépara à subir un siège : ayant affirmé
la souveraineté de leur cité-État, ils s ’attendaient à en subir
les conséquences. Dans les deux semaines qui suivirent, ils
érigèrent la ville en capitale de leur territoire autonome,
propageant la nouvelle en dépêchant des citoyens dans les
fermes et hameaux alentour. Ils organisèrent des camps
d ’approvisionnement, échangèrent des services pour le
bien commun et fournirent matériel et denrées selon les
besoins. La nécessité absolue d ’organiser les communica-
tions s ’imposa, à laquelle le conseil citoyen répondit en
s ’organisant en petits comités, par souci de simplicité.
Tous étaient égaux. Hommes, femmes, marchands,
miliciens, boulangers, paysans… C ’était la promesse de
l ’extinction de la noblesse et des privilèges du sang noble.
Ils défendraient farouchement cette liberté, de leurs vies
si nécessaire, car même une liberté éphémère valait mieux
qu ’une existence de servitude humiliante et de famine. Jadis
connue sous le nom de Dechaine, calme cité portuaire, la
ville prit le nom de Déchaîné.
La campagne paisible
Dans le pays, la nouvelle de la rébellion se répandit lente-
ment, alors même que des rapports confus faisaient état
d ’une épidémie de peste ayant imposé l ’embargo et la
quarantaine actuels. La menace la plus importante qui
pèse sur la révolution se trouve à quatre-vingts kilomètres à
l ’extérieur de Dechaine : des troupes sont stationnées, prêtes
à être mobilisées.
Jean-Richard du Lac, le duc de Dechaine, à qui il échoit de
reprendre le contrôle de la situation, a proposé au général
Pardie Soussens une somme astronomique, ainsi que
des titres et des propriétés à Dechaine, si elle parvenait à
reprendre la ville avant que l ’Empereur n ’apprenne la vérité.
Et dans l ’optique où quelqu ’un informerait le souverain, le
duc espère lui prouver sa valeur en empêchant que la révo-
lution ne se répande jusqu ’à devenir un phénomène national.
Le général Soussens a vu trop de guerres. Elle a gagné bon
nombre de campagnes en Castille et a beaucoup appris des
tactiques de Montègue, le gendre de l ’Empereur, au cours du
conflit. Lorsque le Roi-Soleil cessa de fournir aux troupes
en Castille les ressources dont elles avaient besoin, Soussens
tint ses positions jusqu ’à ce qu ’elle ne puisse plus supporter
de perdre d ’autres soldats. Son contingent, le dernier à
revenir du front, reçut alors l ’ordre d ’établir une garnison.
Il y a quelques mois, alors qu ’ils regagnaient la Montaigne,
beaucoup de soldats désertèrent après avoir entendu dire
que la guerre était finie depuis longtemps, facilement gagnée,
puis finalement perdue pour nulle autre raison que la lassi-
tude de l ’Empereur. Ceux qui restèrent loyaux édifièrent
un camp et finirent par obtenir le ravitaillement dont ils
avaient si désespérément besoin. Ils s ’attendent désormais à
retourner en Castille pour un nouvel assaut. Aucun d ’entre
eux—hormis les plus suspicieux—ne se doute de la propo-
sition que le duc du Lac a faite à Soussens.
Ainsi continuent-ils de tenir leur position, attendant les
ordres de leur général. Cette dernière n ’a pas encore pris son
parti, mais ce n ’est qu ’une question de semaines, voire de
jours, avant qu ’elle ne se décide. Les Rilasciare de Déchaîné
ont déjà envoyé leurs agents infiltrer son camp pour y semer
la dissidence et les idéaux de liberté parmi les soldats. Leur
tâche est facilitée par le général Soussens qui, lasse des
combats, n ’a pas le cœur à tuer ses propres compatriotes.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 135
 La Motte
À la pointe méridionale de la Montaigne se trouve la Motte,
une île célèbre pour ses grandes falaises rocheuses couvertes
de terres verdoyantes et fertiles. Les grimpeurs ne peuvent
atteindre son sommet qu ’en empruntant des escaliers
sculptés ou en passant par le port de Bas-coteaux.

Les marchés de Bas-coteaux

Le port est un centre majeur pour certaines des plus grosses
compagnies maritimes de Théah et d ’ailleurs : c ’est une
étape de réapprovisionnement avant la voie commerciale
du fleuve Sinueuse, où les marchandises sont acheminées
puis vendues à Charousse, aux nobles les plus riches
de Montaigne.
Les Théans peuvent trouver tout ce dont ils pourraient
rêver aux marchés de Bas-coteaux, et ce à des prix défiant
toute concurrence… du moins, jusqu ’à récemment. Par
ordre du gouvernement montaginois, tous les articles de
luxe ont été lourdement taxés. Cette décision a eu un impact
très négatif sur la Ligue de Vendel, très active à la Motte.
La Ligue soupçonne, à juste titre, que ces nouvelles taxes
visent à saper son pouvoir et celui du guilder, et elle œuvre à
rétablir les anciens tarifs commerciaux. La vérité est que ces
nouvelles taxes sont la conséquence d ’un marché passé entre
l ’Empereur et le prince vodacci Vestini. En retour, Vestini a
garanti l ’agrandissement du quartier montaginois de Cinq
Voiles, en vendant à la noblesse montaginoise des parties du
vieux quartier vodacci de la ville. Les personnes impliquées
gardent jalousement le secret de cet arrangement, et la Ligue
de Vendel paierait cher pour en savoir plus. À la Motte, la
seule personne au courant de ce marché est le directeur du
port Jean-Luc de la Porte. Parvenir à s ’insinuer dans ses
bonnes grâces pourrait s ’avérer très lucratif.

Les Falaises : le marché noir de la Motte

Les nouvelles taxes commerciales ont poussé un nombre
croissant de visiteurs à se rendre au marché noir, attirant
ainsi une attention fâcheuse sur les dirigeants des Falaises.
L ’expression argotique « longer les falaises » signifie se rendre
au marché noir à la recherche de marchandises non taxées.
S ’il est possible d ’y trouver des biens de luxe ou courants
non taxés, la plupart de ceux qui longent les falaises le font
à la recherche de magie rouge, une plante dont l ’ingestion
ou l ’inhalation provoque des effets euphorisants. Poussant
sur les falaises rocheuses le long du littoral de la Motte,
elle est endémique à l ’île, et ses brefs effets bienfaisants
s ’accompagnent d ’une perte de mémoire à court terme

´
après utilisation. Les autorités de la Motte ont interdit cette
drogue, et la culture ou la cueillette de la plante est passible
de fortes amendes. Cela n ’empêche pas les criminels de la
Motte de la vendre sur les marchés des falaises.
Le mont du Flambeau
Cette petite île au nord de la Motte est une forteresse bien
défendue, vestige de l ’influence vaticine en Montaigne. Jadis
siège de la noblesse locale, elle s ’enorgueillit depuis le XIIIe
siècle d ’une enceinte inexpugnable ainsi que de la plus
grande cathédrale et du plus grand monastère de Montaigne.
Il s ’agissait également d ’une étape majeure pour nombre de
pèlerins montaginois. Au moment de l ’excommunication de
masse de la Montaigne par le Hiérophante, les moines et les
pèlerins dévots y étaient plus nombreux que la noblesse et
ses modestes forces armées, de sorte que les nobles avaient
davantage confiance en leurs murs qu ’en la soldatesque qui
les tenait. Les moines vivant dans le monastère lancèrent
une attaque à la faveur de la nuit, lorsque les nobles s ’y
attendaient le moins. Les religieux expulsèrent les aristo-
crates et les soldats, puis s ’enfermèrent dans la forteresse,
exploitant promptement les murs protecteurs de la cité et
ses ressources.
Depuis, un nouveau pèlerinage s ’est développé parmi les
Montaginois dévots entêtés qui suivent encore la foi vati-
cine : des pèlerins se rendent à la forteresse pour réappro-
visionner les moines et fidèles, afin de garantir la pérennité
du siège. Cette situation est une insulte au marquis local,
lequel a dépensé une grande partie de sa fortune (si ce n ’est
l ’intégralité) dans de vaines tentatives de reprendre l ’île.
Selon les dernières estimations du quartier-maître, les
réserves de nourriture de la population du mont du
Flambeau seront intégralement épuisées dans six mois,
même en se rationnant. Malheureusement, les maigres
provisions apportées par les pèlerins au cœur de la nuit ne
suffiront pas à tenir indéfiniment. L ’évêque a donc envoyé
certains de ses moines pour organiser des convois de
ravitaillement qui permettront aux assiégés de conserver
l ’île-forteresse pendant quelques années supplémentaires.
L ’auberge de la Croix d ’Or
Sur le continent, dans un petit village juste à l ’est de la
Motte et à proximité d ’une église dressée au sommet d ’une
colline, se trouve l ’auberge de la Croix d ’Or, la plus grande
de Montaigne. C ’est un relais débordant d ’activité, propriété
de Marie et Claude Bonvalet. Du fait de son emplacement
stratégique et de son cadre pittoresque, bon nombre de
messagers et d ’espions au service de tous les gouvernements
et de toutes les organisations de Théah s ’y rendent pour y
transmettre des informations à d ’autres agents, échanger des
lettres, payer leurs maîtres chanteurs, etc.
Le couple Bonvalet et ses sept enfants sont conscients
de ces manigances et n ’y voient aucun problème. Certains
sont prêts à débourser des sommes conséquentes pour
obtenir une information capitale, et souvent beaucoup plus
pour garantir la confidentialité. La famille maîtrise l ’art du
subterfuge et vend des secrets aux plus offrants. Elle opère
depuis maintenant trente-deux ans, sans que personne n ’ait
soupçonné son manège… ou, en tout cas, sans que personne
n ’ait été suffisamment stupide pour lui mettre des bâtons
dans les roues.
Le bâtiment lui-même est une construction de pierre et
de bois, typique de l ’esthétique rustique de la région. La
porte principale s ’ouvre sur une cour, avec l ’auberge à gauche
et les écuries à droite. Un espace sur le côté de l ’auberge
est aménagé pour les calèches et les chevaux des clients,
ainsi que les quelques montures que les Bonvalet vendent
ou louent. L ’intérieur est chaud, accueillant et décoré de
nombreux objets ménagers en laiton ou en cuivre, fabriqués
par de célèbres artisans de toute la Montaigne. Le restaurant
propose les plats les plus savoureux et les plus raffinés de la
région, et c ’est peut-être là la principale raison qui pousse
les voyageurs à recommander l ’auberge.
À l ’arrière de la propriété se dresse un édifice où les nobles
peuvent se reposer et se divertir. Un jardin foisonnant et
charmant, propice aux rencontres secrètes ou improvisées,
sépare la bâtisse du reste de l ’auberge. Les chambres ici sont
typiques de la mode montaginoise moderne, richement
décorées de grands miroirs et de tableaux, avec de hauts
plafonds aux motifs dorés.
La famille Bonvalet tient généralement ses réunions privées
dans la cave à vin, vaste et bien garnie. Après tout, il n’y a rien
de suspect à ce que les employés aillent chercher des denrées
dans leur réserve pour réapprovisionner la cuisine.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 137
 Le château de Nulle Part
Au nord-ouest de l ’île de la Motte, une petite parcelle de
terre haute et rocailleuse émerge des flots. Ce rocher n ’est
pas suffisamment important pour figurer sur les cartes,
et son sommet est difficile d ’accès. Or, les plus vigilants
remarqueront que des provisions y sont amenées tous les
six mois. Quant aux personnes suffisamment imprudentes
pour escalader les falaises, elles disparaissent à jamais.
C ’est ici que l ’Empereur envoie les personnes dont il ne
veut plus entendre parler : au château de Nulle Part. Il n ’est
en service que depuis huit ans. Il est rare que de nouveaux
prisonniers y soient amenés, mais ceux que la curiosité a
poussés jusqu ’ici sont appréhendés et enfermés dans une
cellule d ’isolement trop petite pour y faire autre chose
qu ’attendre dans les ténèbres, allongé sur la pierre froide et
dure dans laquelle elle est taillée.
Les soldats qui y sont assignés font serment de garder ses
secrets. Y être muté est l ’équivalent militaire d ’une peine de
prison, car les gardes sont rarement réaffectés. Parfois, un
geôlier perd la raison et déserte, plongeant dans l ’espoir de
rejoindre la Motte à la nage. Lorsque cela se produit, un
tireur d ’élite est chargé d ’abattre son compagnon. Ces inci-
dents sont assez rares, mais ils marquent toujours ceux qui
restent pour surveiller la centaine de prisonniers.
Le détenu le plus notable est probablement celui que
le monde croit être en Ussura, en train de mener une
campagne militaire : le gendre de l ’Empereur, Montègue.
Apprécié du peuple, Montègue naquit dans une famille
paysanne et officia en tant que caporal de l ’Empereur. Un
jour, il sauva Léon Alexandre d ’une mort certaine aux mains
des Castillians. En récompense de cet exploit retentissant, il
fut promu au rang de haut général de Montaigne et épousa
la plus jeune fille de Léon Alexandre, offrant à ce dernier
un regain de popularité... pour un temps. Si la présence de
Montègue dans cette prison venait à se savoir, les Rilasciare
pourraient se servir de lui afin de mener le peuple révolté
de Montaigne, renverser la structure du pouvoir et apporter
la liberté. Peut-être un déserteur a-t-il survécu au trajet à
la nage jusqu ’à la Motte et se souvient-il de cette informa-
tion ? À moins que sa mémoire ne lui fasse défaut après
avoir manqué de se noyer…
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138 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Altamira
Avant la guerre, Altamira était une cité portuaire castil-
liane populaire. Plaque tournante du commerce entre
la Montaigne, l ’Eisen et la Castille, elle jouissait d ’un lac
abondant, des cours d ’eau attenants qui se jettent dans la
baie Dorée, ainsi que de la proximité avec les rivières monta-
ginoises qui vont se déverser dans la mer à Crieux.
La ville est désormais occupée par les forces montaginoises,
et ce depuis longtemps. Comptant parmi les premières
conquêtes dans la guerre opposant les deux Nations,
Altamira devint rapidement le centre opérationnel militaire
montaginois en Castille, pourvoyant troupes et ressources
nécessaires au succès du conflit. La noblesse castilliane qui
contrôlait jadis Altamira a été entièrement déchue de son
pouvoir, mais l ’administration montaginoise la garde en vie
pour tenir en respect les Grandes de Castille.
Malgré plusieurs tentatives de sauvetage initiées par El
Vagabundo, la famille noble d ’Altamira est toujours prison-
nière dans sa propre propriété, sur les collines rocheuses qui
surplombent la ville et le port. Le gouvernement monta-
ginois occupe encore le domaine par le biais d ’une jeune
marquise : Sidonie du Carré. C ’est une femme violente,
cruelle et obsédée par le contrôle de tout ce qui l ’entoure, et
Altamira ne fait pas exception.
L ’administration montaginoise
L ’immense demeure du Grande d ’Altamira a été modifiée
afin d ’accueillir l ’administration montaginoise. Les membres
de la famille noble sont désormais cloîtrés dans les quartiers
inférieurs de l ’aile nord-ouest et font l ’objet d ’une surveil-
lance permanente. Ils sont régulièrement contraints de
partager une chambre avec de la parentèle qu ’ils n ’apprécient
pas particulièrement. Ils peuvent évoluer librement tant
qu ’ils respectent les couvre-feux stricts et ne s ’aventurent
pas dans les pièces qui leur sont interdites, ainsi que l ’exige
le maréchal Laurent Pointu, le bras droit de la marquise.
Le reste du domaine a été complètement réaménagé. La
marquise a pris ses quartiers dans les anciennes chambres
du Grande d ’Altamira pour profiter du luxueux décor castil-
lian sous le charme duquel elle est tombée. La grande salle,
où la famille et ses invités dînaient, buvaient et chantaient
allègrement, accueille désormais le conseil de guerre, et
des officiers de haut rang y tiennent des réunions capitales
concernant les manœuvres montaginoises à l ’étranger, que
ce soit en Castille ou en Eisen. Les pièces adjacentes sont
également le lieu de délibérations.
 Les ailes sud abritent les quartiers d ’habitation des divers
nobles et officiers qui gèrent les aspects administratifs. Le
bâtiment jadis destiné à accueillir les invités, près des jardins
et des fontaines du domaine, a été reconverti en hôpital.
Lorsqu ’ils sont blessés au combat, c ’est ici que les enfants de
haute lignée sont conduits pour y être soignés par l ’un des
plus brillants chirurgiens de Montaigne : Jacques Ferrand
et son équipe.
La marquise, quant à elle, se tient consciencieusement
au courant de tous les mouvements de troupes. Beaucoup
pensent que c ’est elle qui a dirigé l ’invasion initiale de la
Castille, orientant généraux et autres officiers au moyen
de manipulations subtiles ou d ’ordres directs lorsque cela
s ’avérait nécessaire. Toutes ses décisions sont savamment
orchestrées et bénéficient de son sens aigu du détail. Elle
a sous ses ordres un conseil militaire composé d ’hommes
et de femmes nantis qui ont des intérêts en Castille et en
Eisen. Pour la plupart, ce sont des nobles compétents qui se
sont vu promettre des terres supplémentaires en fonctions
des conquêtes dans les deux Nations. Beaucoup d ’entre eux,
déçus par le manque de soutien de l ’Empereur, pensent
qu ’il serait dans leur intérêt de solliciter un renouvellement
des opérations militaires en Castille. Si la marquise dirige
l ’administration montaginoise comme si elle était toujours
en guerre avec la Castille, sa priorité est d ’extraire les troupes
en toute sécurité.
Depuis que les lignes de soutien et de ravitaillement
se sont mises à défaillir, des groupes de soldats sont
demeurés en Castille et luttent avec les autochtones dans
le seul but d ’obtenir les ressources dont ils ont besoin pour
subsister jusqu ’à pouvoir rejoindre la Montaigne et rentrer
enfin chez eux. Comme Altamira est la plaque tournante
de l ’armée montaginoise à l ’étranger, la moitié des soldats
assignés à Altamira obéissent au maréchal et à la marquise
sans poser de questions. Cependant, une autre partie des
contingents militaires, qui ne font que passer dans les
environs, n ’ont que faire de ce qui s ’y passe et des plans
que du Carré a pour la région.
Le rôle des troupes montaginoises, ou ce pour quoi elles
s ’apprêtent, n ’est pas clair, dans la mesure où elles battent
progressivement en retraite, essentiellement par nécessité
face au manque d ’approvisionnement de la part du gouver-
nement central montaginois. Cette tension a provoqué
des conflits entre les soldats fidèles à la marquise et ceux,
mécontents, qui reviennent du front et qui voient l ’effort de
guerre et la perte de leurs frères et sœurs d ’armes comme
un horrible gaspillage. Jusqu ’à présent, la marquise n ’a pas
hésité à faire exécuter un officier montaginois ayant dépassé
les limites.
Le peuple d ’Altamira
Étant donné que la famille noble d ’Altamira est détenue
dans son propre domaine, et faute d ’assemblée ou de gouver-
nement sur lequel se reposer, la population d ’Altamira a
cherché conseil auprès du clergé local. Hélas, l ’église vaticine
de la ville a été fermée par les autorités d ’occupation monta-
ginoises. Les dirigeants religieux et les prêtres se sont donc
fondus parmi les familles les plus humbles de la cité, qu ’ils
aident dans leurs tâches quotidiennes en se faisant passer
pour des érudits ou des ouvriers.
L ’évêque d ’Altamira, Alejandro Lucio Pereida, trouve
l ’inspiration dans ces temps troublés. Il se sent plus proche
que jamais de ses ouailles. Il complote avec eux à libérer
la famille noble d ’Altamira, envoie des messages codés à
des membres éloignés de l ’Église vaticine, bref, s ’engage
dans une voie qu ’il pensait inenvisageable à cinquante-cinq
ans. Il pense être la personne désignée pour tenir tête à la
marquise. Pour le moment, il a suivi les conseils des prêtres
et des marchands, qui préfèrent le statu quo plutôt que de
voir leur évêque exécuté par la marquise. Pereida a envoyé
nombre de ses prêtres dans des villes voisines, contrôlées
par la Castille. Il espère y trouver des Héros audacieux qui
seraient prêts à aider la famille noble à échapper aux griffes
de l ’administration montaginoise à Altamira.
En attendant, il est hors de question de reprendre la ville
par la force, de crainte que l ’occupant n ’exécute le Grande
d ’Altamira et toute sa famille.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 139
 La forêt de Lock-Horn
La forêt de Lock-Horn est une terre enchantée à l ’histoire
complexe, magique et mystérieuse aux yeux de ses visiteurs.
Par le passé, la forêt et ses environs appartinrent à des
seigneurs avaloniens qui y installèrent de nombreux fiefs, à
des bandes eisenörs, ou encore à des Pilleurs vesten qui s ’en
prirent à ses régions septentrionales. Désormais, ces terres
sont sous l ’entière juridiction de petits seigneurs montagi-
nois. Ceci explique que certains noms de villages et de lieux
ont des significations différentes. Si le montaginois est la
langue officielle, les roturiers de la région utilisent différents
dialectes et langues bâtardes qui combinent des racines
montaginoises, avaloniennes et eisenörs. Les visiteurs
peuvent donc avoir des difficultés à communiquer avec les
natifs, créant des situations pour le moins étranges. Si l ’on
ajoute à cela la magie, les miracles et les mythes, la région
de Lock-Horn semble être une contrée coupée de tout. Plus
l ’on s ’éloigne des routes principales entre Aur, Sices, Arrent
et Buché, plus l ’on est susceptible d ’expérimenter l ’insolite et
de faire d ’étranges rencontres. Ajoutez à cela les rumeurs de
Sidhes, de ruines syrneth encore inconnues et de créatures
étranges tapies au cœur des bois, et vous serez convaincu
d ’avoir quitté la Montaigne.
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140 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Les terres de magie et les Trois Rois
La magie est la véritable religion de la région. Ce que vous
pouvez y voir et sentir est réel. La magie est réelle. Les
miracles de Theus sont réels.
Le Roi de la Tour
Le Roi de la Tour n ’est autre que le baron local, Philippe
de Niord. Son blason figure ses chiens de chasse, célèbres
pour leur capacité à en imposer jusqu ’aux créatures les plus
terrifiantes des tréfonds de la forêt de Lock-Horn. La tour
de Niord est un vieux donjon érigé bien avant l ’unification
de la Montaigne. Ses pierres sont noircies par le temps et le
chemin qui y mène est masqué par une végétation enche-
vêtrée. Les gens qui se perdent dans les environs finissent
souvent par tomber sur Philippe, un hôte vieux mais
affable, dont le personnel réduit suffit à peine à empêcher
sa propriété de sombrer dans la décrépitude. Le baron de
Niord aime ses terres et son peuple, mais il aime également
le théâtre et la lecture. Souvent perdu dans ses rêveries, il
s ’imagine partir à l ’aventure et trouver l ’amour.
Lorsque les habitants parlent du Roi, c ’est à Philippe qu ’ils
font référence : le Roi de la Tour.
Le Roi de la Forêt Pierre-Percée
Un Sidhe vit dans la forêt de Lock-Horn, dans les bois au Pierre-Percée désigne la région située au cœur de Lock-
sud-est de Pierre-Percée, si l ’on en croit la rumeur. Les gens Horn, près du lac au nord d ’Aur, et comprend la partie
de la région l ’appellent « le Roi Cornu » ou « le Roi de nord-ouest de la forêt. Ses villages sont isolés et difficiles
la Forêt. » Le roi Jalan, un seigneur Seelie à la puissance d ’accès, et ses ponts et ses routes grignotées par la forêt sont
certaine, vivait déjà dans la forêt de Lock-Horn à une infestés de brigands. La plupart des villages de Pierre-Percée
époque où les Montaginois ne se désignaient pas encore sont bien loin de ce qui constitue la norme en Montaigne.
comme tels. Les Sidhes d ’Avalon l ’exilèrent avec sa cour, et Si la plupart des bourgades du pays sont rustiques, celles
ses gens et lui continueront probablement d ’habiter la forêt de Pierre-Percée sont clairement primitives : les habitants
aussi longtemps que cette dernière existera. subsistent des fruits de la forêt plutôt que de ceux de l ’agri-
Il la protège contre ceux qui envahissent ses terres enchan- culture et de l ’élevage. Si les bois protègent ces populations
tées et chasse ceux qui troublent leur quiétude. Les seuls des épreuves que l ’Empereur impose au peuple montaginois,
endroits que ses chevaucheurs de cerfs et lui évitent sont les ils présentent néanmoins leurs propres difficultés.
diverses ruines syrneth disséminées dans la région. De gigantesques et fabuleuses créatures, des ordres de
Les chasseurs laissent habituellement des offrandes au Roi druides antiques, insaisissables et malfaisants, des trésors
Cornu avant de sortir de la forêt. ancestraux de Pilleurs vestens de jadis et des épées magiques
accordées à de valeureux protecteurs : voici les merveilles
Le Roi de Paille que renferme Lock-Horn. Et Pierre-Percée grouille de
La légende du Roi de Paille fait partie de l ’histoire floris- Héros prêts à relever ces défis fantastiques.
sante de Pierre-Percée. Elle dit que dans les moments de
plus profonde détresse de la population de Pierre-Percée, Le trésor O ’Roorke
quelqu ’un sera élevé au rang de roi ou de reine. Ce titre La légende raconte que ce trésor est le fruit des exactions
est à la fois une plaisanterie et un sujet très sérieux. Le de deux jeunes Pilleurs vestens le long des côtes d ’Ifri et
premier Roi de Paille était le chevalier du Glamour avalo- de l ’Empire du Croissant. D ’après le folklore local, le duo
nien Lanvaus de Pierre-Percée, un proche ami de Pæga du et son équipage avaient l ’intention de regagner le Vesten
Lac. Le roi de la Forêt Jalan lui conféra le titre de Roi de pour partager leurs richesses. Malheureusement, ils furent
Paille, parodiant l ’amour des Théans pour les titres, l ’appa- pris dans une tempête invoquée par une sorcière en colère
rente couronne de branches et de feuilles coincée dans ses et qui les força à s ’engager à l ’intérieur des terres en remon-
cornes lui ayant lui-même valu le nom de Roi de la Forêt. tant un fleuve. Se rendant compte qu ’ils ne pourraient pas
En accordant ce titre à Lanvaus, il lui assigna la charge de naviguer plus loin que les petites îles boueuses du lac de
mobiliser la population contre les tyrans montaginois qui Pierre-Percée, ils décidèrent de s ’y installer. Ils auraient
avaient entrepris une déforestation méthodique. caché leur fortune dans la forêt de Lock-Horn, à Pierre-
Aujourd ’hui, le titre est depuis longtemps tombé Percée ou aux alentours.
dans l ’oubli des gens peu familiers avec l ’histoire de Ceux qui recherchent le trésor légendaire l ’associent au
la région, mais si un chevalier du Glamour digne de la nom d ’O ’Roorke, d ’après le célèbre chasseur de trésors Fin
charge venait à se rendre à Pierre-Percée, et s ’il s ’avérait O ’Roorke. Certains affirment qu ’il est mort à Pierre-Percée,
nécessaire qu ’un roi héroïque endosse ce rôle, le Roi de en quête des richesses qu ’il ne parvint jamais à trouver.
la Forêt tiendrait sûrement sa promesse envers Lanvaus O ’Roorke réussit néanmoins à mettre à jour bon nombre
et accorderait à nouveau le titre. de mystères au cours de sa quête, y compris le sens caché de
contes et de chants folkloriques de la région.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 141
 Le nom pourrait également venir des initiales de Ragnar Les Feuilles Blanches
Odinsson et Oden Ragnarsson, abrégées en « R.O.O.R. » Les Feuilles Blanches sont un lieu à nul autre pareil
Les contes populaires relatent plus souvent la vie des en Théah. Certains pensent que c ’est ici qu ’est née la
deux Vestens que leur trésor supposé. Les habitants du Sorcellerie Porté, à l ’endroit même où le premier sorcier
coin ont depuis longtemps rejeté l ’existence du trésor, trouva le moyen de lier son sang à des lieux et des objets,
préférant partager rumeurs, vérités et mensonges éhontés et où il repose depuis pour l ’éternité. D ’autres rumeurs
avec les chasseurs de trésors pleins d ’espoir, et ce toujours avancent qu ’une puissante Sidhe y prêta un serment et que
avec zèle et enthousiasme. Cependant, on peut toujours le Glamour laissé par son vœu solennel eut une influence
distinguer des fragments de vérité mêlés aux détails les sur ces terres. Et selon d ’autres encore, l ’effet des Feuilles
plus croustillants de menteries flagrantes. La population Blanches est lié aux ruines syrneth situées à un peu plus
de Pierre-Percée appelle également les chasseurs de trésor d ’un kilomètre de là.
les « Rouqueurs », parfois de façon moqueuse, parfois La région elle-même est difficile d ’accès pour qui n ’en est
avec affection. pas familier. Lorsqu ’un voyageur approche, sensiblement,
La légende des trésors des deux Vestens perdure, en la forêt devient plus silencieuse. Au début, la lumière du
grande partie parce qu ’une fois par génération, un chasseur soleil ou de la lune semble lui jouer des tours, donnant
de trésor particulièrement chanceux ramène une petite l ’impression que les feuilles dansent comme sous l ’effet d ’un
fortune, dont les pièces s ’ajoutent au puzzle et à la réalité vent invisible et qu ’elles reflètent la lumière du ciel. Au bout
que constitue le trésor O ’Roorke. d ’un moment, les feuilles paraissent véritablement blanches
et argentées. À chaque pas de plus vers la lumière, la forêt
Ragnar Odinsson et Oden Ragnarsson devient plus laiteuse, silencieuse et paisible. Puis l ’écorce des
La Ballade de Ragnar est un conte populaire narré et arbres, et enfin les feuilles au sol se font opalines à leur tour.
chanté dans la région de Pierre-Percée. Ragnar est souvent Quelques pas de plus en direction des six arbres blancs
le sujet des chansons, même si les paroles font également du bosquet magique, et le voyageur se retrouve ébloui. La
presque toujours mention d ’Oden, décrivant le duo lumière du bosquet devient trop vive pour être supportable,
comme inséparable. forçant l ’aventurier à fermer les yeux. S ’il persiste à avancer,
Ces ritournelles renferment de nombreux indices sur le il est transporté ailleurs, submergé par une sensation
trésor, malgré leur vernis fantastique. Des historiens ont étrange tandis qu ’il voyage sur les vents éthérés qui meuvent
avéré l ’existence des pillages sur les côtes ifriennes, dans les les arbres. Arrivé à destination, il se rend compte que les
ports de l ’Empire du Croissant et dans d ’autres riches cités vents l ’ont guidé jusqu ’à son désir le plus intime, que celui-ci
portuaires sur ce trajet. Les personnes concernées, Ragnar soit conscient ou inconscient, et qu ’il concerne un objet ou
et Oden, ont réellement vécu à Pierre-Percée, et leurs une personne. Dans son sillage gisent les restes de feuilles
descendants sont des citoyens célèbres de la région (le fils blanches, visibles pendant quelques minutes avant qu ’un
de Ragnar a épousé la fille d ’Oden). souffle intangible ne les emporte.
Aujourd ’hui, certaines personnes pensent que le vieux En raison de la nature mystique du lieu, la plupart des
Ragnar est toujours vivant et qu ’il cherche à rejoindre le gens s ’en tiennent à l ’écart, quoique certains apprécient la
Valhalla, espérant qu ’un groupe de Héros lui offrira l ’occa- sensation que procure ce genre de voyage, et n ’hésitent
sion d ’un combat digne de lui. Bien sûr, si quelqu ’un aidait le pas à guider fidèlement des étrangers. Mais pour ce qui
vénérable pilleur, il pourrait enfin lui révéler l ’emplacement est du retour, il peut s ’avérer dangereux de faire confiance
secret de son trésor. aux Feuilles Blanches…

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142 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Porté : le passage
Lorsqu ’un sorcier Porté utilise une Marque de sang pour
ouvrir un portail, il génère une déchirure dans la trame
même de l ’univers et la traverse. L ’espace qu ’il emprunte
pour rejoindre sa Marque se nomme le passage, et tout
sorcier sait qu ’il ne doit pas y ouvrir les yeux, quoi qu ’en
prétendent les voix qu ’il y entend.
Les Montaginois n’en savent que très peu à propos du passage,
ce qui n’empêche pas certains érudits d’élaborer des théories
fumeuses ou de compiler des témoignages spécieux. Tous les
sorciers prétendent connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un
qui a exploré le passage les yeux grands ouverts et s’en est sorti,
mais nul ne semble être en mesure d’apporter des détails concrets.
En vérité, il est extrêmement rare que quelqu’un réussisse à
contempler ce qui se cache à l’intérieur de cet affreux trou dans
l’univers sans perdre la raison. Les quelques personnes qui y
sont parvenues sont revenues changées, imprégnées à jamais par
l’influence insistante de cet espace mitoyen. Parfois, un sorcier
revenu du passage se retrouve investi de nouveaux pouvoirs
étranges, mais qui pourrait dire ce qu’il a perdu en échange ?
La nature de la bête
Aux yeux d ’un explorateur, ce qui se cache derrière le
portail pourrait ressembler à un autre monde, similaire
au sien, mais chimérique, comme un mirage aux couleurs
chatoyantes qui danserait dans les airs à la limite de son
champ de vision et résonnerait de voix issues de gorges
invisibles. Il y découvrirait des reflets d ’endroits familiers
côtoyant des lieux imaginaires. Il pourrait y trouver sa
propre maison, avec des différences subtiles et perturbantes
qu ’il ne remarquerait qu ’une fois parti : toutes les portes
s ’ouvrent à l ’envers, ou une pièce supplémentaire remplace
un mur. Il pourrait tomber sur une antique forteresse dont
il n ’aurait eu connaissance qu ’à travers ses lectures et qui
s ’animerait d ’une vie improbable, fidèle jusqu ’au moindre
détail et peuplée de personnes mortes depuis longtemps.
Cependant, il ne s ’agit pas d ’un véritable monde. Rien ici
n ’est réel. Au début, avant que les sorciers ne se mettent
à emprunter des raccourcis via ces vides dans la réalité,
seul le néant s ’y étendait à l ’infini. Au fil des millénaires,
les rêves, souvenirs et spéculations des malheureux qui se
sont égarés pour l ’éternité dans cet espace se sont agglutinés.
Ils ont édifié un écho distordu du monde, une projection
déformée, expression de leur désir désespéré de rentrer chez
eux. Tandis qu ’ils sombraient de plus en plus profondément
dans la folie, minés par la solitude et la peur, leur imagina-
tion donna naissance à des endroits plus étranges que tout
ce qu ’ils avaient réellement connu, engendrant des lieux
surgis de contes et de cauchemars. Aujourd ’hui, un sorcier
qui ouvre ses yeux dans le passage peut y surprendre les
échos ancestraux d ’endroits disparus depuis longtemps dans
le monde réel, auxquels les délires de ses ancêtres ont donné
forme, et qui subsistent à jamais dans les limbes.
Ce qui se cache derrière les voix
Une entité qui réside dans le passage n’a plus rien d’une
personne. Ce qu’elle était auparavant a été métamorphosé en…
autre chose, irrémédiablement corrompu par la folie du Lieu
entre les Mondes. Seul un fou pourrait placer sa confiance
en ces êtres, car leurs aspirations humaines ont laissé place
à d’autres, profondément monstrueuses. Ils veulent désor-
mais troquer leur destinée contre celle d’un vaillant Héros,
ou l’accompagner dans le monde des vivants, ou le tuer et
s’emparer de son pouvoir, ou encore le convaincre de leur tenir
compagnie à jamais. Quand bien même un Héros pourrait
découvrir le véritable esprit d’un être cher qui se serait égaré
ici, il est probable que la personne qu’il cherche ne soit plus
la même, brisée par la solitude et les promesses bafouées. Il
est plus que probable qu’elle ne soit désormais plus qu’un
Monstre dénué d’humanité, ou encore un Scélérat, toujours
en mesure de se souvenir de sa vie passée, mais aujourd’hui
trop dévoyé par le passage pour constituer un allié.
Vous pouvez choisir de jouer les entités du passage comme
des Monstres ou des Scélérats, en suivant leurs règles
respectives (Livre de base, pages 193-198). Dans un cas
comme dans l ’autre, elles bénéficieront généralement de
Propriétés monstrueuses dues à leur exposition prolongée
à la corruption du passage. Toutefois, si vous voulez créer
un ennemi qui n ’y a pas été emprisonné trop longtemps,
voire un Héros qui a encore une chance de se racheter, vous
pouvez ne pas le considérer comme un Monstre. L ’Influence
d ’un Scélérat du passage reflète l ’ampleur et l ’étendue de
son autorité sur les autres entités de ce monde, mais elle
peut également indiquer dans quelle mesure les lieux qu ’il
y conjure reflètent sa personnalité profonde.
Entrer
Quel genre de Héros peut ouvrir des plaies béantes dans
l’univers pour s’y engager les yeux fermés, persuadé qu’il
sortira de l’autre côté sans s’y perdre corps et biens ? Pour cela,
il faut une volonté de fer et une fascination pour le macabre
qui frise l’obsession. Les sorciers trop sensibles qui héritent de
ce pouvoir sans avoir le tempérament adéquat font en sorte
de ne pas user de ce don (ou de cette malédiction). Ceux qui
choisissent de s’en servir se bâtissent peu à peu une assurance
´
inébranlable, jusqu’à devenir capables de plonger sans ciller
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 143
 LE SORCIER SOLITAIRE
Il est probable qu’un seul Héros ait accès au Porté.
S’aventurer dans le passage pour y secourir un ami,
y découvrir un savoir antique, s’y réconcilier avec un
amant décédé ou pour toute autre raison impliquera
généralement de s’engager dans une Histoire
complète. Or, il ne faudrait pas que les autres Héros
attendent les bras croisés pendant ce temps. Si les
autres Héros ne souhaitent pas s’impliquer, vous
pouvez jouer une telle Histoire comme une mini-
partie en tête-à-tête avec le Héros sorcier. Si tout
le monde souhaite participer, mais que le coût en
points d’Héroïsme pour amener le groupe dans le
passage et en ressortir est trop élevé, vous pouvez
choisir l’option suivante : plutôt que de contraindre
votre Héros sorcier à dépenser un point d’Héroïsme
pour chaque personne qui le suit, il peut verser
plus de sang. En plus de la Blessure Dramatique
nécessaire à l’ouverture du portail, il peut subir une
Blessure normale par point d’Héroïsme qu’il aurait
dû payer en temps normal. Il peut combiner les deux
coûts dans n’importe quelles proportions.
leur regard dans les plus noirs des cauchemars. Ils se tiennent
au bord d’un précipice, en équilibre entre l’Héroïsme et la
Scélératesse, car le chemin du Porté est pavé de tentations.
Tout sorcier est averti du danger potentiel qu ’il y aurait
à tomber à court d ’objets marqués vers lesquels se réfugier,
dût-il se trouver dans l ’incapacité de rejoindre sa destination
prévue. Un Scélérat cherchant à se débarrasser d ’un sorcier
Porté pourra partir en quête de toutes ses Marques afin
de les éradiquer l ’une après l ’autre, ou bien passer par un
effroyable sacrifice de sang dans le but de neutraliser ses
portails et ainsi lui couper toute voie de repli. Cependant,
des dangers plus subtils attendent également les imprudents.
Une pratique répandue parmi les sorciers les plus riches et
téméraires consiste à engager un archéologue et à l’emmener
dans le passage à la recherche de ruines syrneth, voire des
Syrnes eux-mêmes. Les érudits Porté plus circonspects y voient
là de l’inconscience pure. Cependant, la gloire et la richesse
promises à quiconque revient avec des indices permettant de
découvrir des secrets syrneth sont suffisamment alléchantes
pour que les sorciers les plus audacieux s’y hasardent.
Fonctionnement
Un Héros qui brave le passage les yeux ouverts découvre
rapidement pourquoi si peu en reviennent : chaque seconde
passée ici pervertit l ’âme, même si le Héros ne fait rien pour
mériter cette corruption. Toutes les Étapes d ’Histoire
accomplies dans le passage comptent comme un Acte
malfaisant en ce qui concerne l ’acquisition de Corruption,
´
si ce n ’est que le Héros n ’est pas soumis à la Déchéance.
144 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Si un Héros atteint 10 en Corruption alors qu ’il est dans
le passage, il y reste piégé, même s ’il dispose toujours de
Marques : son éloignement émotionnel avec le monde réel
rompt tous ses liens de sang, et donc toutes ses Marques.
Cependant, cela ne fait pas immédiatement de lui un
Scélérat. La Déchéance n ’intervient que s ’il entreprend un
Acte malfaisant. Accomplir une Étape d ’Histoire ne compte
pas dans cette situation, et ne peut donc pas provoquer la
Déchéance. S ’il s ’en sort sans accomplir un Acte malfaisant,
il est en mesure de se racheter. Sinon, il est perdu à jamais
et devient un véritable habitant du passage.
Joueurs et MJ peuvent utiliser une Histoire de Rédemption
(Livre de base, page 203) comme modèle afin de concevoir
une Histoire d’Évasion du passage, dont le but sera de
soustraire un Héros piégé à l’abysse de la Scélératesse, et de
lui offrir un moyen (laborieux s’il en est) de revenir dans le
monde réel. Accomplir une Étape d’Histoire d’une Histoire
d’Évasion n’entraîne pas de gain de Corruption.
Écouter les murmures des êtres égarés de longue date peut
également détourner un Héros du droit chemin. Une entité
du passage ne peut s’en prendre directement à un voyageur à
moins que celui-ci ne l’ait préalablement vue. Cependant, elle
reste capable de parler et d’exercer une Contrainte sur un Héros
afin qu’il cède à la tentation, ouvre les yeux et s’engage dans une
quête ou un mystère qui le détourne de sa destination. Si une
entité inflige une Blessure Dramatique, elle peut consommer
le sang versé pour voler les Marques du voyageur, s’appropriant
sa destinée et son pouvoir : après tout, elle était elle-même un
sorcier, fut un temps. Elle peut désormais rejoindre le monde
réel la prochaine fois qu’un portail s’ouvrira près d’elle. Elle
hérite de tous les liens de sang du Héros, obligeant ce dernier
à trouver un autre moyen de s’évader.
Un sorcier peut s’emprisonner lui-même dans le passage en
accomplissant un noble sacrifice, s’y engageant pour refermer
la navrure d’un Scélérat sans pouvoir garder les yeux fermés
ou s’assurer qu’il lui reste une Marque vers laquelle se diriger.
Fermer une navrure nécessite d’arpenter la logique onirique
du passage pour réparer la Blessure du monde en accom-
plissant des actions qui symbolisent la guérison ou l’apai-
sement, en fonction de l’environnement actuel du passage.
Un Héros pourra se voir chargé de trouver un remède à la
maladie d’un roi, reconstruire un mur écroulé ou mettre fin
aux cauchemars d’un enfant, tout en empêchant les entités
les plus malfaisantes du passage de s’échapper par le portail
hurlant. Cela pourra nécessiter une ou plusieurs Séquences
Dramatiques pour aboutir, et exposera certainement le Héros
à l’enfermement, comme détaillé ci-dessus.
Sortir
Un Héros piégé doit trouver un moyen de sortir avant de
céder à l’atmosphère délétère du passage. Il peut chercher une
issue, passer un marché avec des entités prisonnières ou tenter
d’attirer l’attention d’autres sorciers en transit. Dans tous les
cas, cela devra passer par une Histoire de Rédemption, et l’une
des Étapes devra impliquer une rétribution, d’une manière ou
d’une autre (pour plus d’informations sur le prix à payer, voir
« Ce que vous ramenez avec vous » plus loin dans ce chapitre).
Le Héros pourra s’aventurer dans les souvenirs distordus de
personnes mortes depuis longtemps, visiter des lieux qui n’ont
existé que dans les peurs d’innombrables sorciers égarés ou
braver l’incarnation de ses propres cauchemars.
De nombreux dangers se mettront en travers de l’évasion du
Héros. Les infortunés qui se sont perdus depuis trop long-
temps tenteront désespérément de persuader ou de forcer le
voyageur à les ramener avec lui, ou à passer l’éternité en leur
compagnie. Ils pourront le posséder à la manière des esprits,
le pousser à les guider jusqu’à la navrure d’un Scélérat ou lui
ôter tout souvenir de sa vie passée. Mourir dans le passage
ne met pas fin à la souffrance d’un sorcier. L’âme infortunée
erre dans cet endroit, transformée en esprit monstrueux du
passage désormais étranger au reste de l’humanité, jusqu’à ce
qu’elle parvienne à s’échapper aux dépens de quelque pauvre
hère, ou jusqu’à ce qu’un Héros la détruise.
Un autre Héros peut s ’aventurer dans le passage pour
secourir des amis piégés, au prix de grands risques pour
lui-même et pour ceux qui l ’accompagneraient. Courage
et persévérance sont indispensables pour mener à bien de
telles missions de sauvetage. Extraire un sorcier piégé du
passage nécessite les mêmes dépenses de points d ’Héroïsme
que pour y amener quelqu ’un d ’autre, selon les règles du
Livre de base, page 221.
Retour à la normale... ou presque
Un Héros libéré qui revient dans son monde fera face à
un immense bonheur, mais également à des conséquences
et des séquelles concrètes. Si une entité du passage a
consommé son sang et volé ses liens, chaque fois qu ’il
créera une nouvelle Marque, il ouvrira également une
voie permettant à la créature libérée d ’utiliser ses propres
pouvoirs contre lui ou de rôder dans le monde pour y
répandre le chaos. Toute Corruption accumulée lors de
son séjour dans le passage se résorbera à raison d ’un point
par Scène après son retour dans le monde réel. Dans
l ’intervalle, il devra lutter contre les ténèbres ramenées
avec lui. D ’autre part, le temps n ’a pas prise sur le passage,
de sorte que la période que le Héros y a passée pourra
n ’avoir aucun rapport avec le moment de son retour. Une
poignée de secondes comme un siècle entier pourront
s ’être écoulés. Sa perception du temps pourra avoir été en
parfaite adéquation avec la chronologie du monde réel, ou
il pourra être revenu avant sa propre naissance !
´
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 145
 Ce que vous ramenez avec vous
Un Héros piégé dans le passage n ’en émerge jamais indemne.
Il doit toujours payer un prix ou conclure un marché pour
obtenir sa liberté : sacrifier une chose à laquelle il tient
(comme un souvenir, un bien précieux ou même un être
cher), accepter de ramener quelque chose de terrible avec lui,
troquer une Compétence contre une autre, créer un nouveau
Scélérat né de ses propres peurs, obtenir de la Corruption
qui ne se dissiperait pas automatiquement ou même altérer
fondamentalement le fonctionnement de sa magie Porté.
Lorsqu ’un Héros s ’échappe du passage, son joueur et le MJ
doivent décider du genre de marché qui correspond le mieux
au personnage et dans quelle mesure ce compromis a pu
marquer sa conscience.
Pouvoirs Porté alternatifs
Si le joueur décide d ’altérer la manière dont la magie de
son Héros fonctionne, il peut choisir parmi les options
suivantes. La liste n ’est pas exhaustive ; il s ’agit seulement
d ’exemples. Le joueur et le MJ doivent se mettre d ’accord
sur les nouveaux pouvoirs que le sorcier pourra développer.
• Le sorcier perd la capacité de créer des Marques
de sang. À la place, il choisit un autre type d ’ancre
pour son pouvoir, quelque chose vers lequel il
peut se déplacer ou qu ’il peut amener à lui. Il peut
toujours sentir la présence de sa nouvelle ancre,
comme dans le cas d ’une Marque de sang, et il sait
lorsqu ’un exemplaire de cette ancre est disponible
pour lui permettre d ’utiliser son Porté. La nouvelle
ancre peut être un type particulier d ’objet ou de
personne, ou encore quelque chose d ’intimement
lié au sorcier : son désir le plus ardent, sa plus
grande crainte ou ce qu ’il souhaite le plus détruire
actuellement, par exemple. Bien sûr, personne ne
comprend tout le temps parfaitement ses propres
sentiments, ce qui peut donner lieu à des voyages
inattendus. Parmi les exemples de nouvelles
ancres, on peut citer : un enfant orphelin dans le
besoin, des reliques de valeur dont la propriété est
ardemment disputée, des personnes à l ’agonie aux
dernières volontés désespérées ou des lieux qui
voient la lumière pour la première fois depuis plus
d ’un siècle.
´
146 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
• Le sorcier compte son nombre maximum de
Marques mineures et majeures comme s ’il possé-
dait un exemplaire supplémentaire de l ’Avantage
Sorcellerie. En contrepartie, lorsqu ’il place une
Marque au cours d ’une Séquence d ’Action, il doit
dépenser deux Mises supplémentaires pour éviter
que la Marque n ’apparaisse à un autre sorcier,
comme si ce dernier l ’avait lui-même placée.
• Le sorcier perd la capacité de traverser un portail
(mais peut toujours attirer des objets à lui). Au lieu
de cela, il peut espionner à travers ses Marques
majeures en percevant les environs de ces dernières
avec ses cinq sens, comme s ’il se trouvait sur place.
Si le sorcier échoue au Risque pris pour espionner
en toute discrétion, un personnage dans les parages
de la Marque pourra se douter qu ’il est épié, et
depuis quelle position.
• Le sorcier acquiert la possibilité de créer une
Marque supérieure qui lui permet d ’emprunter
le passage de manière plus efficace. Accéder à
celle-ci requiert de dépenser un point d ’Héroïsme
plutôt que de subir une Blessure Dramatique. Une
Marque supérieure ne peut être placée que sur un
endroit, pas sur une personne, car le point visé doit
demeurer immobile. Un sorcier ne peut posséder
qu ’une seule Marque supérieure à la fois, laquelle
s ’ajoute à ses autres Marques. S ’il veut placer
une nouvelle Marque supérieure, il doit d ’abord
couper son lien à celle existante. Créer une Marque
supérieure requiert une grande quantité de sang,
nécessitant de subir une Blessure Dramatique et
de dépenser un point d ’Héroïsme.
• Le sorcier perd la capacité de créer des Marques
de sang. Au lieu de cela, il peut activer le Porté
pour Tirer ou Marcher vers quelque chose qu ’il
voit, au prix d ’un point d ’Héroïsme (plus une Mise
au cours d ’une Séquence) au lieu de la Blessure
Dramatique habituelle. Un Héros peut activer
cette Sorcellerie une fois par partie pour chaque
exemplaire de l ’Avantage Sorcellerie qu ’il possède.
Lorsqu ’il Marche vers une ancre, il ne peut plus
amener personne. Si quoi que ce soit bloque la vue
du Héros (une porte fermée, un épais brouillard,
un Scélérat astucieux qui lui bande les yeux, etc.),
il ne peut pas activer ce pouvoir.

Les duels
De Charousse à Buché en passant par Dechaine, tout noble
a au moins des bases d ’escrime, même si bien peu d ’entre
eux peuvent prétendre au statut de Duelliste. La culture
montaginoise évite généralement les oppositions directes :
les insultes sont murmurées ou sous-entendues. L ’agression
passive est un art subtil, qui fait presque rang égal avec la
peinture ou la sculpture au sein de la noblesse montaginoise.
Mais parfois, les insultes dépassent l ’acceptable, et les fiertés
se voient bafouées au point qu ’une confrontation physique
devient inévitable. Les cours nobles emploient ainsi des
Duellistes de la guilde, qui servent de gardes du corps géné-
reusement payés et vivent rarement dans le besoin.
L ’excès et la passion définissent la culture montaginoise,
hormis en ce qui concerne les duels. La guilde des Duellistes
de Montaigne trouve son origine dans les duels vodaccis
et castillians classiques, dont les Montaginois ont peaufiné
les idéaux et les règles. Les avocats de la guilde s ’assurent
que le thésaurus légal obscurcisse le langage commun, et
ce pour deux raisons : premièrement, seules les personnes
adéquatement éduquées peuvent ainsi appréhender la
légalité complexe des duels, retirant à un pauvre roturier la
possibilité de croiser le fer avec ses supérieurs ; deuxième-
ment, en codifiant ainsi les règles des duels, les combats à
mort restent rares. Les Duellistes sont des atouts onéreux
dont on n ’use pas inconsidérément avant de les jeter.
Les duels en Montaigne doivent se dérouler dans l ’enceinte
d ’une maison de la guilde ou sous la supervision d ’un de ses
membres. Tout membre peut attester d ’un duel à la touche,
la seule condition préalable restant l ’accord oral des parties
concernées. Un maître de guilde local peut contrôler des
duels au premier sang, dont les termes sont généralement
convenus et signés par toutes les parties concernées. Les
duels à la reddition ont uniquement lieu dans l ’enceinte
d ’une guilde ou sous la supervision d ’un responsable de
la guilde. Les avocats des deux parties conviennent des
termes et les ratifient, mais jamais sans l ’accord personnel
du seigneur de la région. Les duels à mort sont exception-
nellement rares et nécessitent l ’accord de l ’Empereur en plus
de la supervision d ’un responsable de la guilde.
Ceux qui ne participent pas aux duels les voient comme
un divertissement. Un duel dans les règles est un événement
permettant de se sociabiliser et de développer son réseau,
aussi bien qu ’un sport extrême. La société montaginoise
voit les paris sur ces événements comme discourtois et
de mauvais goût, ce qui n ’empêche pas les nobles les plus
rustres de s ’y adonner.
LA GARDE ÉCLAIR
La Garde éclair est la plus prestigieuse des unités de
gardes du corps. Ces soldats, triés sur le volet, protè-
gent l’Empereur en personne. Cette mission appelle
bien des sacrifices, même si la simple idée de faire
partie de la crème de la crème attire presque tous
les Duellistes. Décrocher une place parmi la Garde
éclair demande de solides soutiens politiques, de
pair avec une aptitude exemplaire. Les prétendants
ne peuvent pas se contenter de faire jouer leurs
relations pour intégrer ce corps d’élite, mais il n’est
pas non plus suffisant d’être un excellent combat-
tant. Une grande éloquence, doublée d’un esprit
vif qui sait également quand le silence est de mise,
sont des atouts tout aussi importants que peuvent
l’être un bras agile et un jeu de jambes rapide. Bien
sûr, une loyauté indéfectible envers le Roi-Soleil et
l’ensemble de la Montaigne est aussi requise.
Quel que soit le résultat d ’un duel, toutes les parties
considèrent que l ’insulte qui en est à l ’origine est résolue.
Chercher à se venger de l ’issue d ’un duel honnête est
illégal et fait fortement peser le risque d ’une mise aux fers,
voire pire.
Cela ne signifie pas que des duels illégaux n ’ont jamais
lieu. Les passions s ’embrasent. Les lois sont ignorées. L ’acier
chante. Le sang est versé. En Montaigne, nobles comme
paysans peuvent se montrer impétueux et faire preuve d ’une
grande fierté. Il n ’est pas rare que le palmarès d ’un Duelliste
compte nombre de duels non autorisés. Récemment, les
duellistes ont pris pour habitude d ’offrir des roses à leurs
adversaires et leurs rivaux. Normalement, l ’usage veut que
les épines en soient retirées pour éviter que le destinataire
ne se blesse, mais les Duellistes laissent une épine pour
chaque duel non autorisé auquel ils ont participé. Malheur
à celui qui reçoit une demi-douzaine de roses aux tiges
épineuses. Claire Bouchier a offert à son dernier rival en
date une trentaine de roses garnies d ’épines. Ce dernier
a abandonné.
Les lignées nobles riches en sorciers Porté ont engendré
des Duellistes parmi les plus craints de toute la Théah.
Les sorciers capables de déchirer la trame de la réalité et
de combiner cette compétence à leur talent de bretteur
montaginois changent les termes d ’un duel, et les règles
traditionnelles cessent simplement de s ’appliquer. Des
rumeurs parlent de sorciers Duellistes qui se déplacent
d ’un point à un autre de la zone de duel en un clin d ’œil et
frappent depuis des angles impossibles.
´
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 147
 La guilde interdit l’usage du Porté dans les duels officiels, à Bonus de Style : Politesse de Vore
moins que les deux combattants n’en maîtrisent l’art. Si de Si vous maniez une rapière dans votre main directrice,
nombreux nobles ont accès à cette Sorcellerie, peu de duel- vous bénéficiez d ’une Manœuvre spéciale appelée la
listes en revendiquent l’usage, du moins pas de façon officielle. Politesse de Vore. Lorsque vous effectuez cette Manœuvre,
Beaucoup de duels officieux entre sorciers se terminent par dépensez toutes vos Mises et choisissez une cible (poten-
la disparition de l’un des deux combattants à l’intérieur du tiellement vous-même) présente dans la même Scène que
passage, une perspective qui a de quoi refroidir les ardeurs. vous. La Politesse de Vore prévient toutes les Blessures qui
lui sont infligées, même celles qui devraient être impos-
De Vore sibles à prévenir, comme dans le cas de la Manœuvre Fente
Dans un petit village appelé Auzat, niché dans les sommets ou de la Blessure Dramatique automatique infligée par
Blancs, se trouve un château nommé le mont de Vore, qui vit un tir d ’arme à feu. Les Blessures prévenues doivent être
la naissance du style de duel éponyme. Cet édifice se dresse infligées par un autre personnage : les dégâts provoqués
sur les rives d ’un lac, sous le regard altier de montagnes aux par l ’environnement ou des Conséquences (comme une
sommets enneigés. De nombreuses personnes s ’y rendent explosion ou un tir de canon) ne peuvent pas être prévenus
dans l ’objectif d ’y parfaire leur talent. Les étudiants y grâce à la Politesse de Vore. Un Héros peut effectuer la
apprennent les postures adéquates et la supériorité de la Politesse de Vore une fois par Round.
Montaigne en toutes choses. Les duellistes de Vore, que
l ’on dit semblables à des statues, gardent la tête droite et
ne bougent que très peu durant les combats. Ils sont des
modèles d ’efficience. Un Duelliste pratiquant ce style tient
sa main directrice et sa rapière ostensiblement plus haut
que ne le dicte le confort, parallèlement au sol. Les étudiants
de Vore revendiquent ainsi « placer haut la barre du duel ».
Le mont de Vore offre une cravache aux diplômés, afin de
leur rappeler l ’importance d ’une posture et d ’un protocole
rigoureux. Monsieur Riche la Barre est l ’actuel directeur
du mont de Vore. Cet homme charismatique est un ancien
membre de la Garde éclair. Il perdit son œil gauche lors
d ’une tentative d ’assassinat contre l ’Empereur, et se défit
du tueur alors qu ’il était ensanglanté et aveuglé. Il dut
abandonner son poste prestigieux à cause d ’un scandale
impliquant l ’une des filles du Roi-Soleil. Son passé lui évita
la corde, et il prit une retraite tranquille dans les montagnes
qui l ’avaient vu jadis apprendre le de Vore. Il décida d ’y
consacrer ses dernières années à enseigner aux nouvelles
générations le Style qui lui avait tant servi par le passé.

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148 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Légendes
Bayard de la forêt de Lock-Horn
Dans les profondeurs de la forêt de Lock-Horn, où les
sentiers meurent parfois sous les broussailles et où la canopée
ne laisse filtrer que quelques minces rais de lumière, la magie
frémit. Un voyageur épuisé peut se perdre et errer dans ces
bois sans jamais retrouver son chemin. Ainsi, peu osent
voyager seuls dans la forêt de Lock-Horn, par crainte de la
sorcellerie étrange à l’œuvre sur ces terres. Pourtant, ceux qui
ont bravé ces dangers rapportent des histoires de créatures
magiques qui ne se montrent qu’aux voyageurs solitaires.
La légende raconte qu’au crépuscule, un étalon magnifique
et majestueux s’approche des âmes désespérées et terrifiées.
La créature est déjà sellée et bridée, et sa taille est parfaite-
ment adaptée au voyageur. Ce dernier, malgré sa fatigue, doit
cependant prendre garde à la couleur de la robe du cheval.
Si elle est blanche et s’accompagne d’une crinière dorée et
gracieuse, le visiteur se verra mené en sécurité, sur un chemin
dégagé proche de sa destination. Si elle est noire et que la
crinière de l’équidé est d’un blanc immaculé, il sera plus prudent
de lui offrir une friandise et de partir dans la direction opposée.
L’étalon noir n’est pas bienveillant : il emmène ses victimes au
plus profond de la sombre forêt. Personne ne sait exactement
ce qu’il advient de ceux qui lui font confiance, car aucun de ceux
qui l’ont chevauché n’est revenu pour en parler.
La vérité
Le cheval, Bayard, est une créature magique et un ami proche de
Jalan, le roi de la forêt de Lock-Horn. En retour de la protection de
Jalan et de son aide pour protéger la forêt, Bayard assiste les amis
du Roi et lui livre ses ennemis. Ceux qui n’ont pas de différend
avec le roi sidhe et lui témoignent leur respect (généralement en
lui laissant une offrande en quittant les bois) peuvent jouir de
l’assistance de Bayard en cas de besoin. En revanche, ceux dont le
comportement envers la forêt ou ses habitants est irrespectueux
ou agressif voient Bayard les amener devant le Roi cornu, lequel
décide de leur sort (qui est généralement loin d’être agréable).
Bayard et Jalan s’amusent des soi-disant indices concernant
l’animosité ou la bienveillance du cheval, car sa robe change en
réalité de couleur en fonction de la saison. Habituellement, elle est
pâle en hiver et sombre en été, afin de mieux se fondre dans son
environnement. Le fait que son apparence varie en fonction du
voyageur n’est que pure exagération et racontars. Selon les villes,
les gens affirment que le matériau utilisé pour la confection de la
bride, la direction depuis laquelle Bayard survient ou l’apparence de
sa selle indique si ses intentions sont bienveillantes ou malveillantes,
mais ces théories ne sont également que des mythes.
Les dames blanches
Voyager dans les montagnes est déjà une activité dangereuse
en soi, mais une étrange légende circule dans la région des
pics des sommets Blancs et du mont Doré. Ceux qui s’y
aventurent rapportent discerner des visions et des sons
étranges lorsque le blizzard se lève dans les montagnes. Les
bourrasques de flocons tourbillonnent alors pour s’ordonner
en silhouettes connues sous le nom de dames blanches. Ces
femmes dansent et chantent dans la tourmente, invitant les
voyageurs à se joindre à elles. Si ces appels peuvent paraître
suspects, ceux qui dansent avec l’une de ces dames se voient
protégés de la fureur de la tempête, tandis que ceux qui s’y
refusent voient leur chemin s’effacer sous les neiges nouvelles.
Les descriptions des dames blanches ne sont pas
unanimes : certains leur attribuent une forme humaine
solide, à la peau pâle et drapée d ’une robe blanche comme
neige, tandis que d ’autres affirment que les dames ne sont
visibles que sous forme de silhouettes ébauchées par les
flocons tourbillonnants. Leur voix, cependant, est toujours
décrite comme un murmure qui se fond dans le vent et cerne
les voyageurs égarés dans la tempête. Leur appel provient de
toutes les directions à la fois, implorant leur nouvel ami de
les rejoindre dans leur danse.
Par beau temps, les voyageurs perdus peuvent également
solliciter l ’aide des dames en leur offrant une babiole
au moment d ’aller se coucher. L ’objet doit être blanc et
d ’une certaine valeur. Les offrandes les plus courantes
comprennent de la soie ou des mouchoirs de lin fins, des
éventails de dentelle, des gants et des rubans. Si le présent
est abandonné dans la neige, il disparaît au cours de la nuit.
Au matin, une piste d ’empreintes de pas guide le voyageur
jusqu ’au sentier de montagne perdu.
Parfois, ceux qui traversent les montagnes n ’arrivent pas
au bout de leur périple. Beaucoup affirment que ceux qui
se perdent ainsi rejoignent les dames blanches et dansent
joyeusement pour l ’éternité dans un blizzard éternel.
La vérité
Une puissante magie imprègne l ’air du pic du mont Doré.
Sous la vigueur des tempêtes naturelles, les dames prennent
forme dans les tourbillons de neige portés par le vent et
acquièrent une vie propre au travers de l ’énergie qui court
dans la région. Cette énergie magique qui baigne les
montagnes suit naturellement les sentiers les plus arpentés,
d ’où les histoires selon lesquelles les dames blanches
indiquent la bonne voie.
´
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 149

Ces dernières n ’aident que ceux pour qui elles se sont
prises d ’affection, souvent parce qu ’ils ont prouvé qu ’ils
avaient le cœur pur ou parce qu ’ils ont fait une offrande
prodigieuse. Les présents lancés du haut de la falaise font
office de puissants gages pour les dames, qui les acceptent
gracieusement, guidant les infortunés en sûreté au travers
des passes montagneuses. Laisser une offrande la nuit
peut invoquer les dames afin qu ’elles dégagent une voie
sur les sentiers couverts de neige, mais cette pratique est
moins fiable.
Les dames blanches varient en force et en fréquence, mais
elles sont souvent des Monstres d ’une Puissance de 4 avec
la Propriété monstrueuse Élémentaire.
Dame Fortune
Dans les marchés de Montaigne, un symbole se retrouve
dans de nombreuses boutiques et sur de nombreux étals :
une pièce de monnaie percée d ’un trou. Celle-ci est soit
accrochée bien en vue sur la porte de la boutique, soit portée
en collier par le commerçant. Cette pièce est traditionnel-
lement la première gagnée par le vendeur, et sert d ’offrande
à Dame Fortune.
Les marchands racontent qu ’elle garantit des affaires
florissantes et prospères tant qu ’elle est exposée à la vue
de tous. Le long du canal, les commerçants font souvent
d ’autres offrandes en lançant une pièce dans l ’eau le matin,
afin d ’attirer les clients et de repousser les argousins.
La légende raconte que Dame Fortune elle-même apparaît
parfois peu avant l ’heure de fermeture, flânant entre les étals
des marchés ouverts ou errant le long des chemins sinueux
du marché du Pont-neuf. Si quelque marchandise attire
son attention, elle pourra s ’arrêter pour l ’acheter, mais les
vendeurs doivent prendre garde à la façon dont ils la traitent.
Son apparence est celle d ’une cliente ordinaire, mais si
un commerçant se conduit mal à son endroit, cela peut
lui valoir une très mauvaise année. En revanche, ceux qui
agissent convenablement verront leurs affaires prendre un
nouvel essor et leurs revenus gonfler, leur assurant une vie
tranquille, et même prospère. Bien sûr, Dame Fortune ne
s ’arrête jamais dans les magasins de ceux qui oublient sotte-
ment d ’exhiber leur pièce, les condamnant à mettre la clé
sous la porte dans le mois.
Du reste, elle n ’est pas connue pour punir ceux qui ne
lui font pas d ’offrande, mais elle veille sur ceux qui le font.
Même les marchands les plus compétitifs ne se permettent
pas d ’abîmer ou de voler la pièce d ’un concurrent, de peur
de susciter la colère de Dame Fortune, et ils répondent avec
´
150 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
DAME FORTUNE ET LE
MARCHÉ NOIR
L’histoire de Dame Fortune n’est pas uniquement le
fruit de superstitions relatives au succès commercial.
La pièce sombre que portent certains marchands
les identifie comme membres d’une organisation
clandestine, surveillée et contrôlée par ceux qui
font affaire avec eux. Cette pratique est apparue
à Charousse sous l’influence de la Reine des
Catacombes, mais elle s’est rapidement étendue à
toute la Montaigne.
Quiconque désire vendre des marchandises illégales
en Montaigne (même dans des endroits comme les
marchés ouverts où la pratique est naturellement
répandue) se rendra compte que sans la pièce,
même les autres commerçants ne lui adresseront
pas la parole. Les seuls qui se hasardent à vendre des
biens illégaux sans avoir de pièce sont des gardes
sous couverture ou des idiots qui cherchent à se
faire arrêter.
plaisir à ceux qui posent des questions sur leur pièce. C ’est
une grande source de fierté pour tous les commerçants, un
héritage qui se transmet du maître à son apprenti, comme
témoignage de son succès.
La vérité
La superstition est une force très puissante, et quand
suffisamment de gens s ’accordent sur un même sujet, il
est difficile d ’aller à contre-courant. Voyant tous les autres
marchands afficher le même symbole, les nouveaux commer-
çants préfèrent suivre le mouvement, de peur d ’être rejetés
ou ignorés parce qu ’ils ne respectent pas quelque loi tacite,
sans parler de la pauvreté qui menacerait ceux qui mécon-
tenteraient Dame Fortune.
Beaucoup apprennent au fil du temps que porter autour
du cou une pièce forgée dans un métal très sombre est un
signe envers les acheteurs qui cherchent des produits à la
limite de la légalité. Après tout, Dame Fortune peut sourire
à tout le monde, et les marchands suffisamment astucieux
pour ne pas être pris à vendre des marchandises illégales
sont souvent largement récompensés.
Si honnête qu ’il soit, tout marchand préférera ne pas
dénoncer cette pratique, sous peine de s ’attirer l ’ire de
concurrents peu scrupuleux qui n ’hésitent pas à réduire au
silence ceux qui attirent trop l ’attention. Il est plus simple
de suspendre sa pièce et de prier pour obtenir les faveurs de
Dame Fortune, en ignorant la fin prématurée des commer-
çants qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas.
Le Diable du Sommet
Bien que des pèlerins les traversent régulièrement, arpenter
les régions montagneuses de Montaigne reste périlleux. Les
sommets Blancs sont constamment couverts d ’une épaisse
couche de neige, ce qui rend les voyages hasardeux. Et qui
plus est, le mont Doré est le repaire de l ’une des créatures
les plus mortelles de l ’histoire montaginoise : le Diable du
Sommet. Les légendes prétendent que le monstre sillonne
les pics en quête de sang humain ou, à défaut, de chèvres
ou de bétail.
Il est recommandé aux voyageurs ne pas s ’éloigner des
chemins, d ’éviter si possible les zones boisées et de ne pas
voyager de nuit. Le Diable du Sommet est connu pour
chasser après le coucher du soleil, à la recherche de proies
faciles, comme les voyageurs errant dans les bois.
Le Diable du Sommet est une créature massive qui se
déplace aussi aisément sur quatre pattes que sur deux. Son
corps anormalement grand et musculeux est recouvert d ’une
épaisse fourrure rougeâtre, crasseuse et enchevêtrée. Sa tête
et ses mains sont respectivement parachevées de cornes et
de griffes crochues, et ses pattes arrière se terminent par des
sabots fendus. Les témoignages divergent en ce qui concerne
la classification zoologique de cet animal, si seulement c ’en
est un. Du fait de sa bipédie, certains présument qu ’il
s ’agirait d ’une sorte d ’humain muté ou maudit. D ’autres
affirment que c ’est un sbire de Légion, une créature de
cauchemar à moitié chèvre et entièrement monstrueuse.
La bête a longtemps terrorisé les hameaux de la vallée,
et plus particulièrement les élevages bovins de Pourisse.
Indigné par ces attaques et les pertes de bétail, Pierre
Flaubert de Doré envoie régulièrement des chasseurs dans
les montagnes afin de traquer cette créature maléfique.
Bien qu ’ils soient plus d ’une fois revenus chargés de
peaux et de diverses têtes d ’animaux féroces, les attaques
n ’ont jamais cessé plus de quelques semaines ou quelques
mois. Aucune méthode de destruction du cadavre de la
créature n ’a empêché son retour, qu ’il soit enterré ou brûlé,
ses cendres ensuite dispersées aux quatre vents. Les gens
murmurent que la bête est immortelle et revient à chaque
fois d ’entre les morts pour les tourmenter à jamais.
La vérité
Si les prédateurs locaux sont responsables de bon nombre
d ’attaques, un simple loup ne peut tout bonnement pas
arracher la tête d ’un bœuf. Certains chasseurs plus sensés
accusent les ours, connus pour leur capacité à se dresser sur
leurs pattes arrière et pour leur force prodigieuse.
La même magie qui investit les dames blanches crée
bon nombre des illusions qui déguisent le Diable. Au fil
du temps, l ’énergie magique a transformé l ’un des ours
vivant dans les montagnes, accroissant sa taille et sa force
et prolongeant sa durée de vie. Les histoires de cornes et
de sabots ne sont que des racontars exagérés de la part
d ’habitants terrorisés qui affublent la créature d ’un aspect
démoniaque, bien qu ’elle soit tout aussi terrifiante en réalité.
Le monstre chasse toute l’année, ignorant les périodes
d’hibernation qui affectent les membres normaux de son
espèce. Il attaque souvent les villes au cours des mois d’hiver,
lorsque les proies se font rares. Peu de gens ont réellement
croisé la créature, bien qu’elle arbore de vieilles cicatrices et
blessures. Sa capacité à surmonter des afflictions qui tueraient
d’autres animaux alimente les histoires selon lesquelles elle
serait soit immortelle, soit une sorte de bête morte-vivante.
Le Diable du Sommet est un Monstre d ’une Puissance de
6 avec les Propriétés monstrueuses Effrayant et Puissant.
 L ’ange vaticin
Depuis qu ’elle s ’est libérée du joug de l ’Empereur, la popu-
lation de Déchaîné a été ravie de revenir ouvertement vers
la foi vaticine. Parmi les antiques bâtiments qui composent
la ville, on compte une petite cathédrale au sein de laquelle
les habitants se regroupent pour y célébrer leur foi trop
longtemps étouffée et y quérir l ’assistance divine.
Les fidèles de Theus croient que le Créateur vient toujours
en aide aux fidèles, et les citoyens pratiquants de Déchaîné
ont redoublé de dévotion dans l’espoir d’obtenir l’aide de l’ange
vaticin. Censé intervenir sous le couvert de la nuit, l’ange laisse des
produits de première nécessité (nourriture, vêtements, couver-
tures) aux familles de fidèles dans le besoin. Pour signifier leur
dévotion, les habitants apposent des sceaux sur le cadre de leur
porte d’entrée ou suspendent un symbole de leur foi au-dessus.
L’ange semble être particulièrement actif à Déchaîné, lais-
sant des provisions pour toute la ville dans la cathédrale et
apportant de plus petites portions aux foyers individuels. Des
remerciements et des louanges suivent chaque distribution,
qui se déroule généralement les nuits où le brouillard se lève
depuis le port avoisinant et recouvre la ville. Les citoyens de
Déchaîné voient dans ces livraisons un signe de la ténacité
de leur révolution et de sa capacité à se propager. Ils y voient
aussi l’espoir que, bientôt, l’intégralité de la Montaigne pourra
vivre débarrassée de l’ombre étouffante de l’Empereur.
La vérité
Si le clergé de Montaigne reste généralement caché, il reste
convaincu de son devoir solennel de servir les fidèles de Theus. Si
les donations émergeaient initialement de leur propre poche (ou
bien en puisant dans les coffres alimentés par les pots-de-vin de
l’Empereur), au fil du temps, les membres de ces communautés
soudées ont cherché un moyen d’offrir leur aide sans insulter les
familles en leur offrant la charité, car l’autonomie est une valeur
primordiale en Montaigne, et ce dans toutes les strates de la
société. Un don de Theus est différent de la pitié d’un voisin, et
plus facile à accepter pour les fiers Montaginois.
À La Motte et à Déchaîné, le clergé qui opère sous couvert
de l ’ange est particulièrement actif. Il alimente en ressources
la cité de Déchaîné pour soutenir sa restructuration galo-
pante, et collecte des provisions à envoyer au mont du
Flambeau assiégé. En tant que serviteurs de Theus, ces reli-
gieux pourvoient en premier lieu aux besoins de leur propre
population, mais ne refusent jamais d ’aider les autres s ’ils
en ont les moyens. Ce groupe agit indépendamment des
Sociétés secrètes, même si Močiutės Skara est conscient de
son existence et lui envoie de l ’aide lorsque c ’est possible.
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152 CHAPITRE 3 : LA MONTAIGNE
Son Ombre
Il est un fait admis dans la communauté clandestine et
parmi les nobles et les forces de l ’ordre de Charousse :
personne ne cherche de noises à Ève Lafrisée. Elle punit
sévèrement et personnellement les personnes qui médisent
d ’elle, qui tentent de se retirer d ’un marché ou d ’éviter de
rembourser une dette impayée, et même ceux qui se rendent
coupables d ’offenses plus futiles. Dès lors qu ’un noble se voit
disgracié ou qu ’un marchand disparaît, les rumeurs et bruits
de couloir abondent. Dans la bonne société, on dit générale-
ment de ceux qui ont affaire à Lafrisée que son Ombre s ’est
abattue sur eux, l ’implication étant que quiconque trempe
dans de sombres affaires n ’en sort pas indemne.
Les membres de l ’aristocratie n ’ont guère à craindre un
assassinat, car leur position sociale leur permet de jouir
d ’une certaine protection. Quant à ceux qui sont impli-
qués dans des entreprises clandestines sans l ’égide de ces
privilèges, ils savent qu ’ils risqueraient leur vie si d ’aventure
ils s ’essayaient à courroucer, perturber, voire entraver les
affaires de l ’assassin le plus tristement célèbre de la ville.
Quelle que soit la faute, la punition est systématiquement
démesurée, et les « intérêts » sur la somme, la faveur ou
l ’information initialement promise prennent la forme de
préjudices corporels. Même les nobles sont susceptibles
d ’ingérer une boisson empoisonnée ou de passer sous les
roues d ’une calèche dorée, mais c ’est bien souvent la ruine
sociale et financière qui les attend, car il est bien plus
plaisant de leur laisser la vie sauve pour se délecter de leur
humiliation que de leur accorder la paix miséricordieuse
de la mort.
La vérité
Quiconque osera s’enquérir auprès d’Ève de sa manière de
gérer ses « clients problématiques », n’obtiendra rien de plus
qu’un sourire suffisant et entendu. Certains présument qu’elle
dispose d’une poignée d’hommes de main triés sur le volet qui
exécutent ses ordres et défendent sa réputation, une théorie
soutenue par des alibis irréfutables. Personne ne peut affirmer
avec certitude qui Ève a recruté dans son équipe, mais ils sont
certainement aussi mortels que leur maîtresse.
Ève elle-même sait que l ’application miraculeuse de sa
volonté va bien au-delà de simples escouades de gros bras.
Depuis qu ’elle a assuré sa position de dirigeante de l ’inté-
gralité des affaires illicites, elle a remarqué qu ’une autre
force la protège et l ’aide, que ce soit des rares incorruptibles
de la cour ou des tentatives d ’assassinat sur sa personne.
Elle n ’a pas la moindre idée de l ’identité de son mystérieux
bienfaiteur. Elle sait simplement qu ’il n ’a jamais rien La vérité
demandé en retour et qu ’il la soutient inconditionnellement. Si l ’épée d ’Achille existe réellement, la plupart de ses carac-
Derrière le succès d ’Ève se cache une sœur aînée qu ’elle n ’a téristiques extraordinaires peuvent être attribuées au maté-
jamais connue. Margaux Lafrisée fut arrachée à son frère et riau dans lequel elle fut forgée plutôt qu ’à une quelconque
à sa sœur dès son plus jeune âge. En apprenant la nouvelle bénédiction magique ou divine. Constitué de dracheneisen,
du décès d ’Arnault, elle est partie à la recherche d ’Ève et l ’a l ’artefact est toujours aussi efficace que lorsqu ’Achille le
suivie tandis qu ’elle s ’élevait farouchement jusqu ’à sa posi- mania jadis. Les propriétés miraculeuses qui lui sont attri-
tion actuelle. Faute de la conviction nécessaire pour diriger buées (s ’enflammer dans les mains d ’un combattant fidèle,
elle-même un empire criminel, Margaux préfère assister permettre à Achille de tenir tête à des sorciers) viennent du
et protéger sa petite sœur depuis les ombres. Quand elle fabuleux métal.
apparaît, c ’est souvent sous l ’apparence d ’une silhouette Pendant des siècles, l ’épée reposa dans les catacombes de
encapuchonnée qui se fond aisément dans la foule. la Grande Cathédrale de Charousse, sous une fausse appel-
Margaux est un Scélérat d ’une Malfaisance de 10, pour lation, dans le but de la dissimuler aux yeux des Kreuzritter,
une Puissance de 6 et une Influence de 4. Elle se sert de qui détestent voir des armes en dracheneisen dans des
son Influence pour employer des voyous des rues à garder mains autres que les leurs. L ’habitude prise par les diffé-
un œil sur Ève. rents groupes d ’érudits qui consiste à s ’approprier, déplacer
ou s ’emparer discrètement d ’artefacts est à l ’origine de
L ’épée d ’Achille l ’ignorance relative à la position exacte de l ’épée. Il paraîtrait
Durant les guerres menées par le troisième Prophète, pala- que la nature de l ’arme serait dissimulée par un modeste
dins et chevaliers de la foi l’aidèrent à promouvoir ses dogmes. fourreau, qui n ’est certainement pas celui avec lequel l ’épée
Ils se rendirent dans les Nations à l’extérieur de la Castille afin a été fabriquée.
d’y propager sa parole. L’un de ces paladins, nommé Achille, Même le groupe qui la détient aujourd ’hui n ’est peut-être
atteignit la Montaigne où il unit la population et implanta pas tout à fait conscient de posséder une telle relique, mais
pour la première fois la religion vaticine dans le pays. Les nombre de rumeurs rapportent depuis longtemps que l ’épée
habitants furent stupéfiés lorsqu’il affronta ceux qui tentaient fut dissimulée à la noblesse montaginoise lorsque la reli-
d’attaquer les nouveaux fidèles, l’emportant même contre ceux gion fut bannie. De nombreux aventuriers ont fouillé les
qui employaient la magie contre lui. reliquaires religieux à sa recherche, mais jusque-là, nul n ’a
La population ne voyait rien moins qu’un miracle dans les encore mis la main dessus.
victoires qu’il arrachait contre toute attente, et de nombreuses
personnes se convertirent après s’être vu promettre la même
protection divine. À sa mort, ses fidèles le mirent en terre
dans les catacombes de la Grande Cathédrale. Réclamée par
l’Église, son épée fut exposée de nombreuses années, jusqu’à
ce que l’Empereur bannisse la religion de Montaigne.
Depuis, l ’arme s ’est volatilisée, mais les érudits affir-
ment qu ’elle existe toujours et qu ’elle réapparaîtra pour
entraîner une nouvelle révolution religieuse. Les paysans
pieux aspirent à quelque chose qui les rallierait et renou-
vellerait leur foi, particulièrement en Montaigne où la
noblesse s ’oppose farouchement à la religion vaticine. La
légende raconte que l ’épée se nimbe de vives flammes
blanches lorsqu ’elle est brandie par un véritable fidèle et
qu ’elle garantit la victoire et la bonne fortune, afin que soit
répandue la parole de Theus et que soient reprises les terres
hérétiques perdues.

´
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 153
Chapitre 4
Le Vestenmennavenjar
 LE VESTENMENNAVENJAR
« Les rivières rouges engendrent des vallées fertiles. »
« Rouges sont les jeunes rivières. D’argent sont les puissantes. »
De bien des manières, le Vestenmennavenjar représente
une étrange contradiction. Sa population s ’est acharnée
pendant des siècles à arracher une existence précaire à son
foyer fait de glace, de neige et de mers houleuses. Palliant
les ressources qui lui font défaut par la pratique intensive
du pillage, la culture vesten est depuis longtemps basée sur
la frugalité, le sacrifice et la ténacité face aux épreuves.
Aujourd ’hui, la Ligue de Vendel et son guilder omni-
présent ont amorcé une ère de prospérité pour la Nation,
permettant au Vestenmennavenjar moderne de vivre la
période la plus opulente de son histoire. L ’économie, jadis
soutenue par les pilleurs et les guerriers, repose désormais
en grande partie sur les commerçants et les diplomates, et
si ce changement est accueilli à bras ouverts par certains
´
Vestens, il est violemment rejeté par d ’autres.
156 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Ancien proverbe vesten
Proverbe vesten moderne
Cette Nation se mue en centre d ’activité toujours plus
important de l ’économie mondiale à mesure que le guilder
se répand. Toutefois, les Vestens n ’ont ni roi ni couronne :
le Vestenmennavenjar ne possède pas de monarque unique.
Au lieu de cela, chaque communauté possède son propre
jarl, chargé de la gouvernance, ainsi qu ’un carl, chef
marchand à la tête des affaires économiques. La noblesse
existe toujours, constituée de lignées familiales qui dirigent
le bon peuple du Vestenmennavenjar depuis des générations,
ainsi que de braves Héros qui doivent leur renommée à
leurs glorieux exploits. Mais contrairement aux rois et
reines, les jarls œuvrent de concert avec leurs homologues
marchands, sans nécessairement revendiquer une quel-
conque ascendance.
Une guerre économique
Jadis tristement réputé dans toute la Théah comme un
pays essentiellement peuplé de barbares et de bandits, le
Vestenmennavenjar est désormais l ’une des Nations les
plus pacifiques du continent. Sous la tutelle séduisante de
la Ligue de Vendel, les marchands vestens ont découvert
que le commerce pouvait s ’avérer bien plus rentable que le
pillage. Et si la population n ’en est pas moins courageuse et
robuste, elle rejette aujourd ’hui majoritairement la violence,
du moins en tant que moteur économique. Sceptique face
au monde déchiré par la guerre qui s ’étend à l ’extérieur de
ses frontières, elle se demande souvent pourquoi tout le
monde n ’a pas encore suivi la même voie qu ’elle.
Si les jarls promulguent les lois, contrôlent les relations avec
les autres cités et gèrent la défense des villes, ce sont bien les
carls qui détiennent la véritable autorité. À des degrés divers,
tous les carls du Vestenmennavenjar font partie de la Ligue de
Vendel. Ils représentent ses intérêts dans la Nation et travaillent
en étroite collaboration avec les guildes afin de consolider les
bases de son pouvoir économique.
Le Vestenmennavenjar n ’est sous la férule d ’aucun
dirigeant noble. La Ligue de Vendel constitue ce qui se
rapproche le plus d ’un gouvernement centralisé. C ’est elle
qui décide des pratiques et normes à appliquer, lesquelles
sont relayées aux jarls par l ’entremise des carls. La paix
entre les nombreux groupes disparates ne résulte pas d ’une
conquête militaire, mais de la prospérité économique géné-
rale. Bon nombre d ’aspirants carls voyagent à travers toute
la Théah en tant que représentants de la Ligue de Vendel
auprès des autres Nations. Ils y œuvrent à promouvoir ses
objectifs, lui permettant de s ’enrichir et, à terme, de s ’impli-
quer dans la politique de toutes les Nations.
Vu de l ’extérieur, le Vesten semble faible. La Nation
n ’entretient aucune armée, n ’exporte aucune denrée essen-
tielle et ne possède pas de monarque. Sa flotte est composée
de navires marchands, et ses baies sont envahies de pirates et
de corsaires. Et pourtant, les bateaux de la Ligue rallient la
quasi-totalité des ports en toute tranquillité, ils transportent
les quantités de marchandises de luxe les plus importantes
de toutes les Nations théanes, le guilder est accepté presque
partout où les Vestens font affaire et la Ligue de Vendel
possède des représentants et des maisons de guilde dans la
quasi-intégralité des cités majeures de Théah.
Il y a longtemps, le peuple du Vestenmennavenjar se rendit
compte que la conquête ne pourrait se faire par l ’invasion
et la guerre. À la place, il se consacra à prendre lentement
l ’ascendant sur toute la Théah en devenant une source de
stabilité économique indispensable. Pourquoi entretenir
une flotte militaire lorsque les navires de fret sont les
bienvenus dans tous les ports ? Pourquoi entretenir une
armée de soldats lorsque les marchands voyagent librement
partout ? Pourquoi s ’acharner à asseoir son pouvoir lorsque
sa monnaie circule déjà dans toutes les Nations ?
Quoique celle-ci reste fragmentaire, la Ligue de Vendel
a étendu son influence dans la plupart des Nations de
Théah : elle vend des armes et des armures aussi bien à la
Castille qu ’à la Montaigne ; elle se fait payer par les Princes
marchands vodaccis pour augmenter ses prix en Castille et
accepte de bouder les ports vodaccis en échange de pots-
de-vin de la Castille ; elle achète de la nourriture et des
céréales à la Fédération sarmatienne qu ’elle revend à l ’Eisen
en échange d ’armes à monnayer à l ’Ussura. Lorsqu ’une
activité commerciale se déroule en Théah, soit la Ligue de
Vendel est au courant, soit elle y prend une part active.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 157
 Personnages notables
Frederick Ulfsen, jarl de Vendel
Frederick Ulfsen a été choisi par la Ligue de Vendel en
remplacement de l ’ancien et puissant jarl de la ville. S ’il
n ’a rien d ’un mauvais bougre, c ’est en revanche un piètre
dirigeant. D ’aucuns pensent d ’ailleurs que c ’est précisément
pour cette raison que la Ligue l ’a désigné.
Contrairement à de nombreux jarls, Frederick n ’a pas
reçu l ’éducation d ’un guerrier. Fourreur œuvrant à faciliter
le commerce des fourrures de luxe entre les cités des terres
septentrionales et les commerçants de Vendel, sa person-
nalité charismatique lui valut une popularité grandissante
auprès de ses clients, ainsi que le cœur de la jeune Sofia,
fille d ’un ancien jarl de Klorhulg. Cette dernière fut ravie
de rejoindre son mari dans l ’environnement plus urbain de
Vendel, et beaucoup lui attribuent la notoriété de Frederick
auprès de la Ligue. Cette femme rusée possédait un talent
pour la planification à long terme, mais sa fougue juvénile
déclina à mesure que les goûts de luxe, les priorités égoïstes
et les habitudes irréfléchies de son mari l ’épuisèrent.
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158 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Lorsqu’il se lassa de gérer son commerce de fourrures,
Ulfsen suivit le conseil de sa femme et investit massivement
dans le minerai d’argent. Ce pari porta rapidement ses fruits
à mesure que la circulation du guilder s’étendit au monde
entier. Grâce à sa fortune, il obtint un rôle de conseiller auprès
de son oncle, Aksel Main-rouge, alors jarl de Vendel. Jouant
plus de sa popularité que de véritables compétences, Frederick
devint l’une des personnalités les plus en vue de la ville, connu
pour son soutien envers les arts et les entreprises éducatives et
caritatives, mais aussi et surtout pour être un type formidable.
Frederick hérita du poste de jarl à la mort prématurée et
mystérieuse de son oncle. Il reste très populaire au Vesten
grâce à sa personnalité joviale, sa générosité et son amour
des arts, mais sa réputation n ’est pas aussi flatteuse auprès
de ses pairs, qui incriminent (à raison) son impuissance
figurative dans tout ce qui touche à la politique.
Frederick reçoit fréquemment des personnalités influentes
d ’autres Nations, ce qui conduit certains à douter de sa
loyauté envers Vendel et le Vestenmennavenjar. Certains
craignent que Frederick ne fournisse, volontairement ou
accidentellement, des informations confidentielles sur la
ville ou la Ligue à des espions étrangers.
Interpréter Frederick Ulfsen
Ulfsen est un homme bien fait de sa personne, mais d ’un
genre un rien trop raffiné et élégant pour les critères de bon
nombre de Vestens. La carrure délicate et la mise toujours
impeccable, ses détracteurs disent de lui qu ’il doit avoir du
sang montaginois.
Quelle que soit son ascendance, il est vrai que Frederick
accorde à son apparence une importance immodérée. Il
emploie plus de tailleurs, de merciers, de bottiers, de
joailliers et autres chapeliers qu ’aucun autre jarl avant lui.
Ses cheveux et sa barbe auburn sont toujours proprement
taillés dans un style plus approprié au continent théan qu ’à
sa patrie.
En raison de son ego, Frederick est sensible à la flagornerie,
aux pots-de-vin composés de jolies babioles et à la séduction
pure et simple. Peu de choses attisent autant sa colère que
de se voir insulté pour ses goûts ou son apparence, et de tels
outrages l ’enferment parfois dans des rancunes mesquines
qui durent des années.
Accroches scénaristiques
• Frederick n ’est pas si incompétent que la Ligue de
Vendel l ’imagine : il abomine sa propension abusive
à l ’esclavagisme et travaille à saper son pouvoir à
Vendel. Cependant, il craint qu ’elle ne découvre la
supercherie, et cherche quelqu ’un qui puisse faire
office de messager entre lui et ses collaborateurs
étrangers, afin de détourner l ’attention.
• Bien que Sofia joue toujours le rôle de la femme
aimante et courtoise en public, les personnes dans
la confidence affirment qu ’en réalité, elle déteste
son mari et souhaite sa mort… mais pas avant
que ses enfants n ’aient atteint l ’âge d ’hériter de
son titre. Certains pensent que Sofia lui en veut
d ’avoir obtenu le poste de jarl à sa place, alors
même qu ’elle est bien plus rompue à la politique
que lui. Les Héros parviendront-ils à découvrir
son complot et à le déjouer avant qu ’elle ne s ’en
prenne à Frederick ?
Gylffi Hafgrimmr,
jarl de Klorhulg
Un proverbe vesten prétend que « la gaieté emplit rarement
le cœur du sage », et Gylffi est un sage parmi les sages. Les
changements que la Ligue de Vendel a apportés à Klorhulg
pèsent lourdement sur ses épaules, et s ’il ne souhaite rien
d ’autre que le bonheur et le bien-être de son peuple, il est
loin d ’être convaincu que ce jeu en vaut la chandelle.
Jarl de Klorhulg depuis plusieurs décennies, Gylffi
est célèbre pour sa force, sa sagesse et son dévouement
inébranlable envers la ville dont il a la charge. Pendant des
générations, son peuple a arraché sa subsistance à la glace
et à la neige, chassant les animaux de la banquise du Père-
de-Tout pour leur fourrure, pêchant lors des rares mois
au cours desquels la mer se libère de l ’emprise glacée du
Père-de-Tout, et complémentant ses maigres récoltes par
un travail accablant dans les mines d ’argent. Or, ces derniers
temps, Hafgrimmr a vu sa ville passer du statut d ’avant-
poste isolé, entretenu à force de travail et de courage, à celui
de cité animée, édifiée en grande partie à la sueur du front
d ’esclaves exploités et maltraités. Ce changement préoccupe
beaucoup Gylffi.
Comme nombre de citoyens de Klorhulg, Hafgrimmr a
travaillé dans les mines d ’argent du temps de sa jeunesse. Il
ne connaît donc que trop bien les efforts qu ’exige l ’extrac-
tion de ce précieux minerai des sols gelés. Maintenant qu ’il
est jarl, il se préoccupe non seulement des esclaves que la
Ligue de Vendel tue à la tâche pour prélever le minerai, mais
également du poids moral que représentent ces abus pour
sa population.
L ’esclavage est illégal au Vestenmennavenjar, mais
l ’emploi de serviteurs sous contrat (appelés « asservis ») est
une pratique répandue. Les lois de l ’Allthing (le tribunal
suprême vesten) protègent les asservis et leur donnent des
droits, ce qui pose problème lorsque l ’on veut forcer des gens
à travailler jour et nuit dans des mines d ’argent. Certains
membres de la Ligue de Vendel ont commencé à importer
des esclaves et à les astreindre à travailler dans les mines,
tout en mentant à Gylffi et à quiconque pose des questions
quant à leur provenance.
Dernièrement, Močiutės Skara s ’est installé à Klorhulg. Le
jarl s ’interroge quant à la raison de leur venue, mais il se
réjouit de l ’intérêt qu ’ils portent aux mineurs.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 159
 Interpréter Gylffi Hafgrimmr
Hafgrimmr est l’incarnation du roi-marin vesten. Il coiffe
souvent ses longs cheveux d’un brun profond en de longues
tresses, et orne sa barbe de perles en os de baleine finement
sculptées. Ses yeux sont aussi sombres qu’une tempête marine,
et brillent d’un éclat menaçant sous ses épais sourcils.
Contrairement à ses citoyens, qui ont adopté bon nombre
de tenues vestimentaires élaborées et luxueuses venues de
l’étranger, il continue de porter les vêtements de laine, de
fourrure et de cuir qui lui ont tant servi au long de son règne
en tant que jarl de la ville. Les seuls bijoux et parures qu’il
s’autorise sont ceux que l’on trouvait avant l’enrichissement
de la cité. Le jarl se préoccupe avant tout de la santé physique,
émotionnelle et morale des habitants, et les affaires récentes
concernant les mines le plongent dans un profond désarroi.
Gylffi est affable avec les visiteurs, considérant l ’hospitalité
comme un devoir sacré, en particulier dans le Nord glacial.
S ’il se montre juste et généreux vis-à-vis de ceux qui ont des
faveurs à lui demander ou qui sollicitent une audience pour
des raisons diplomatiques, il n ’est ni crédule ni naïf.
Ceux qui partageront ses inquiétudes quant à la situa-
tion actuelle trouveront en lui une aide volontaire, mais
ceux qui tenteront de le soudoyer ou qui rabaisseront ses
concitoyens pour leur cupidité devront faire face à son
caractère ombrageux.
Accroches scénaristiques
• Si la Ligue de Vendel n’est techniquement pas en
mesure de remplacer Gylffi par une marionnette
plus conciliante, elle est parvenue à écarter de la
scène politique une autre dirigeante influente de
Klorhulg : Elisif Geirsdatter, ancienne carl de la
ville et désormais nouvelle maîtresse de la Breffa
(l’établissement de frappe des guilders de la Ligue
de Vendel). Le jarl a donc besoin de tous les alliés
possibles s’il souhaite conserver sa place dans la ville.
• D ’après la rumeur, connaissant le sort des mineurs,
Gylffi fermerait les yeux sur les tentatives de sous-
traire les travailleurs maltraités à leur tourment,
et il paraît même qu ’il soutiendrait activement
de telles entreprises. Il finance discrètement des
groupes révolutionnaires qui cherchent à libérer
les esclaves, mais se doit d ’avoir l ’air impartial aux
yeux des espions de la Ligue. Il aurait bien besoin
d ’un intermédiaire pour l ’y aider.
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160 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Ragna Ankidatter,
jarl de Kirk
En des temps désormais révolus, Ragna aurait été consi-
dérée comme la jarl parfaite. Sa férocité, sa sagesse, son
honneur et son sens du devoir sont irréprochables, mais
l ’époque moderne n ’exige-t-elle pas autre chose d ’un diri-
geant ? Septième fille d ’une septième fille, le destin de Ragna
Ankidatter était d ’être jarl, et c ’est dans cette optique qu ’elle
a été élevée. Il y a près d ’un siècle, la famille de l ’ancien jarl
de Kirk l ’adopta et lui apprit tout ce qu ’un jarl se devait de
savoir… du moins, à cette époque.
Or, les temps changent, et si son attachement aux mœurs
traditionnelles du Vestenmennavenjar les a bien servis durant
des décennies sa ville et elle, il a récemment suscité des
conflits avec la Ligue de Vendel, qui favorise une approche
plus moderne. Là où la Ligue cherche à rompre avec les tradi-
tions, Ankidatter tire sa force de son respect du passé.
L ’antique folklore vesten veut que le jarl de Kirk soit
immortel. Ainsi, sous une forme ou une autre, c ’est la même
entité qui occupe le poste de jarl depuis la fondation de Kirk.
On raconte que quand la mort se penche sur le jarl de la cité,
son âme se réfugie dans un œuf d ’aigle lové dans les profon-
deurs de sa poitrine. À son trépas, son successeur retire
l ’œuf et l ’avale, jouissant ainsi de tout le savoir et de toute
l ’expérience d ’une lignée de jarls qui remonte à l ’origine
de la ville. Ces vénérables coutumes en tête, Ankidatter se
démène pour trouver un moyen de transmettre son héritage.
Elle a formé plusieurs remplaçants potentiels au fil des décen-
nies, mais tous sont morts dans des circonstances suspectes.
Elle entraîne actuellement plusieurs individus dans l’espoir
que l’un d’eux au moins lui survive et perpétue les traditions.
Mais le destin semble en avoir décidé autrement : l’un de ses
protégés s’est avéré de très faible constitution, et un autre, qui
est le favori de Ragna, ressemble tant à sa préceptrice que seuls
les traditionalistes les plus farouches de Kirk ne se rendent pas
compte qu’il serait incapable de guider la ville vers son avenir.
Si la Ligue de Vendel n ’a pas consulté Ankidatter quant
à la création de la Breffa sous sa ville, la jarl en comprend
l ’intérêt politique et économique. En ce qui concerne l ’édifi-
cation de la Mestrkirk, toutefois, c ’est une autre histoire.
Foncièrement opposée à la corruption de la foi vesten
traditionnelle par l ’hérésie objectionniste, Ragna s ’est battue
bec et ongles contre l ’achèvement de la nouvelle cathédrale,
dressant de considérables obstacles politiques, économiques
et religieux. Pourtant, en dépit de ses efforts, les travaux sur
l ’église Maîtresse progressent rapidement.
Interpréter Ragna Ankidatter
Aussi grande que la plupart des hommes vestens, Ankidatter
se tient droite comme un chêne malgré son âge avancé. Ses
cheveux argentés lisses lui tombent plus bas que sa ceinture,
et elle les rassemble le plus souvent en une natte simple,
bien qu ’il lui arrive de les arborer détachés lors de certaines
circonstances officielles.
Elle s ’habille dans un style vesten très traditionnel, ce
qui laisse d ’autant plus croire à son immortalité. Elle porte
généralement un long bâton de marche qui peut lui servir
d ’arme si le besoin s ’en fait sentir. Elle souhaite de tout son
cœur le bien de Kirk et de l ’ensemble du Vestenmennavenjar.
Malheureusement, dans sa vision des choses, qu ’elle soit
juste ou pas, la tradition est assimilée au bien et la moder-
nité à la corruption. Ceux qui l ’abordent en faisant preuve
de respect envers les us antiques se font une alliée puissante.
Ceux qui dénigrent l ’histoire vesten doivent affronter une
adversaire inflexible.

Accroches scénaristiques
• Ankidatter est vieille et mourante, mais il lui
manque encore un successeur. Elle a tenté de
former un nouveau jarl, mais chaque candidat
cachait des objectifs politiques qui ne lui plaisaient
pas. En réalité, elle souhaite qu ’Ulga, l ’une de ses
anciennes étudiantes d ’il y a quelques décennies,
revienne à Kirk et prenne sa place. Elle demande
aux Héros de la quérir avant qu ’il ne soit trop tard
et que l ’un de ses étudiants actuels ne prenne le
pouvoir.
• La rumeur raconte que l’un des étudiants de Ragna,
Snorri, est en fait loyal à la Ligue de Vendel et lui sert
d’espion dans la cour du jarl. S’il succède à Ragna, il
pourrait en résulter des changements drastiques pour
la ville. Kenna, son autre étudiante, à la santé fragile
mais au cœur fort, tente d’entraver la progression de
Snorri, mais il lui faut une aide extérieure.

´

Alvor Ekillsdatter
Adorée de son équipage et crainte de ceux qui ne la
connaissent que comme la dirigeante des Pilleurs vestens,
Alvor Ekillsdatter est la reine pirate la plus célèbre du
Vestenmennavenjar. Si la plupart des Vestens ont aban-
donné le pillage au profit du commerce, Alvor et ses
Pilleurs s ’accrochent aux traditions séculaires de leur peuple
et parcourent les mers à la recherche de butins fabuleux.
D ’aucuns reprochent à la Ligue de Vendel de ne pas avoir
éliminé les Pilleurs, tandis que d ’autres se demandent si les
relations entre les deux groupes ne sont pas plus complexes
qu ’il n ’y paraît.
Ekillsdatter grandit dans une famille de pêcheurs d ’Eskjo,
mais à peine sortie de l ’adolescence, elle fut capturée par
une bande hétéroclite de pirates. Ses ravisseurs avaient
l ’intention de la vendre comme esclave, quelque part en
Théah, mais à force d ’audace (et d ’une chance inouïe), elle
parvint à s ’échapper et à regagner sa ville natale en travail-
lant sur différents navires flibustiers. À son retour, elle se
rendit compte que la mer (et plus précisément la piraterie)
ne l ’avait pas quittée. Or, comme son village ne considérait
plus le pillage comme un métier honorable depuis long-
temps, elle partit faire carrière en compagnie de personnes
qui partageaient sa vocation.
Au fil des ans, elle servit avec plusieurs équipages,
grimpant les échelons jusqu ’à devenir capitaine de son
propre navire au sein d ’un groupe connu sous le nom de
Pilleurs vestens. Plus d ’une décennie plus tard, elle dirige
désormais la flotte entière. Elle s ’est assuré la loyauté sans
faille de son équipage et du reste des Pilleurs grâce à son
intelligence, son intrépidité, son pragmatisme et une chance
apparemment inépuisable.
Interpréter Alvor Ekillsdatter
Ekillsdatter est une femme d ’âge moyen qui a passé toute sa
vie en mer. Le vent et le soleil ont tanné ses traits ordinaires
et bruni sa peau, et la vie à bord de bateaux pirates lui a
laissé son lot de cicatrices. Elle se vêt à la mode vesten :
un pantalon, des bottes robustes avec une bonne adhé-
rence pour rester stable sur le pont, et plusieurs couches
de chemises et de gilets pour affronter le temps capricieux.
Toutefois, elle adore les ornements, en particulier les
« trophées », comme les chapeaux, les écharpes ou les bijoux
arrachés à ses diverses proies.
Ceux qui rencontrent Alvor découvrent une femme joviale
motivée autant par le désir de surmonter les risques et de
vivre l ’aventure que par le profit. Toujours prête à relever un
´
162 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
LES PILLEURS VESTENS
Si la Ligue de Vendel considère officiellement les
Pilleurs vestens comme un ramassis de criminels
et de brutes, les deux groupes étaient, aux débuts
de la Ligue, plus proches qu’elle n’ose l’avouer
aujourd’hui. Reconnaissant le besoin de protéger
ses flottes pour parvenir à commercer avec toute la
Théah, et craignant que ses navires ne fassent des
cibles trop alléchantes aux yeux des Pilleurs, la Ligue
compta faire d’une pierre deux coups en engageant
les pirates comme mercenaires. Cependant, elle se
rendit rapidement compte que la nature indépen-
dante des Pilleurs ne se mariait guère au besoin
d’obéissance et d’ordre de la Ligue. La plupart des
Vestens ne sont pas au courant que les Pilleurs ont
un jour travaillé pour la Ligue, et celle-ci tait scru-
puleusement la nature actuelle de leurs relations (si
tant est qu’ils en ont). Reste toutefois qu’aujourd’hui
encore, les Pilleurs n’attaquent presque jamais les
bateaux de la Ligue.
défi, que ce soit un jeu d ’argent, une course ou un combat
à l ’épée, elle est célèbre pour relever des paris fous, pour
peu qu ’on les lui présente de façon intéressante. Si elle ne
cautionne pas la triche pure et simple, jouer sur l ’énoncé
d ’une règle lui semble légitime, et elle accorde son respect à
ceux qui se montrent plus malins qu ’elle en faisant preuve
d ’inventivité.
Accroches scénaristiques
• Quelque chose s ’est passé au sein de la Ligue de
Vendel, et celle-ci prend maintenant les Pilleurs
vestens pour cible. Ekillsdatter a beau ordonner
expressément à ses navires de ne pas attaquer ceux
qui arborent les couleurs de la Ligue, cette dernière
s ’en prend tout de même aux Pilleurs. Plutôt que
de les attaquer, la Ligue prélève des taxes sur les
butins et augmente ses prix pour les navires des
Pilleurs qui souhaitent faire escale à Vendel. Alvor
soupçonne quelqu ’un de monter la Ligue contre
elle et ses équipages, mais elle a besoin d ’aide pour
dénicher le coupable.
• Si appréciée que soit Alvor, nul règne ne dure éter-
nellement. Plusieurs de ses capitaines convoitent
sa place, et il risque de falloir plus qu ’un coup de
chance pour la maintenir à son poste. Les Héros
l ’aideront-ils à assurer sa position, ou vont-ils
tenter d ’élever quelqu ’un de plus avantageux à la
tête des Pilleurs vestens ?
Elisif Geirsdatter
Méthodique et bourrue, Elisif Geirsdatter est douée d ’un
esprit mathématique qui lui a bien servi. Fille et assistante
d ’un marchand de fourrures de Klorhulg, elle s ’est hissée
au rang de carl de la ville avant de se laisser convaincre de
se rendre à Kirk pour y assurer une tâche plus complexe :
maîtresse de l ’hôtel des Monnaies de la Ligue de Vendel.
Orpheline de mère, Geirsdatter est devenue naturellement
indépendante en grandissant. Comme son père s ’absentait
pour de longues périodes de chasse et de missions commer-
ciales, elle apprit à se débrouiller seule dès son plus jeune âge.
Les années passant, son père lui apprit à tenir les comptes,
à repérer qui paie le plus pour chaque type de fourrure, qui
cherche des peaux de grande qualité et qui se satisfait de
marchandises de moindre qualité. À peine entrée dans
l ’âge adulte, Elisif prit la charge de l ’aspect commercial
des affaires de son père, ce qui permit à ce dernier de se
concentrer sur la pose de pièges et la chasse. Après la mort
de son père, elle commença à travailler pour la ville et finit
par prendre la place de son mentor, faisant d ’elle la plus
jeune carl de l ’histoire de Klorhulg.
Peu de temps après que la Ligue de Vendel commença
à employer des esclaves dans ses mines, Geirsdatter se vit
offrir le poste de Maîtresse de la Breffa, un rôle qui exigeait
d ’elle qu ’elle abandonne sa ville natale pour Kirk. Pour la
Ligue, cette promotion répondait à un but double : profiter
du sens aigu des affaires d ’Elisif tout en écartant son atten-
tion des mines d ’argent de Klorhulg. Désormais en charge
de l ’hôtel des Monnaies qui frappe le guilder à Kirk, elle est
trop occupée pour se pencher sur la situation à Klorhulg,
exactement comme la Ligue l ’avait voulu. Dans les faits,
cela ne l ’a pas empêchée d ’envoyer discrètement des lettres
aux membres de Močiutės Skara pour leur faire part de la
situation là-bas.
Techniquement chargée de la tenue des registres, Elisif,
dans l ’exercice de sa charge, gère en réalité toutes les acti-
vités les plus importantes de la Breffa, y compris l ’envoi des
cargaisons de guilders ou la supervision des quotas d ’excava-
tion. Mais par-dessus tout, elle doit s ’assurer que la présence
de l ’hôtel des Monnaies sous la ville reste secrète.
Interpréter Elisif Geirsdatter
Geirsdatter est grande, fine, et particulièrement jeune pour
le poste prestigieux qu ’elle occupe. Très avisée pour son âge,
elle est capable d ’une astuce et d ’une intelligence que peu
sauraient égaler. Elle a un port assuré et arpente les couloirs
de la Breffa avec une précision conquérante. Depuis ses
cheveux impeccablement tressés et ramenés en couronne sur
sa tête jusqu ’à ses vêtements et sa façon de parler, tout chez
elle est minutieusement contrôlé et parfaitement ordonné.
Elisif accorde peu de place à l ’intrigue ou au badinage dans
son quotidien. Elle considère son travail comme une tâche
presque sacrée, et quiconque tente d ’user d ’argent ou de
chantage pour la détourner ou la dévoyer de ses obligations
doit s ’attendre à voir le poids entier de la Ligue s ’abattre
sur lui.
Néanmoins, Elisif possède une faiblesse : elle se soucie
de ce qui se trame dans les mines de sa ville natale. Cela
constitue un talon d ’Achille qui pourrait être exploité par
quiconque voudrait pousser la Maîtresse de la Breffa à agir
dans ses intérêts.
Accroches scénaristiques
• Malgré la volonté de la Ligue d ’écarter Elisif
de Klorhulg, elle garde le contact avec Gylffi
Hafgrimmr, le jarl de la ville, et collabore avec lui
pour s ’assurer que les choses ne dégénèrent pas
trop. Elle essaie d ’instaurer un réseau de messagers
entre Kirk et Klorhulg, mais la Ligue contrecarre
ses tentatives. Elle a besoin d ’un peu de répit pour
tout mettre en place. Peut-être les Héros pour-
ront-ils l ’y aider.
• À l ’exception de la Ligue elle-même, la Maîtresse
de la Breffa est la personne la mieux informée sur
le flux des guilders en Théah. Si la Ligue s ’efforce
de garder ces informations vitales secrètes, tout
réseau d ’espionnage paierait cher pour mettre la
main dessus. Elisif est par conséquent une cible
privilégiée de tentatives d ’espionnage.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 163
 Ivethay, Géante de l ’île
La légende raconte qu ’Ivethay est une géante et une sorcière
qui règne sur l ’île éponyme, au centre du lac du Wyrd. En
réalité, elle n ’existe pas, ou du moins, pas comme les étran-
gers l ’imaginent. Ivethay (qui signifie sorcière ou ancienne)
n ’est pas le nom d ’une personne réelle, mais le titre assigné
à la femme la plus sage et la plus respectée de la tribu
Ukonsaari qui occupe l ’île.
L ’Ivethay actuelle, Brynhild Bergljot, assure ce rôle depuis
près de dix ans, depuis que sa mère s ’est retirée. Élevée
dans cet objectif, elle détient une connaissance étendue des
traditions spirituelles et des croyances ukonsaaris ; elle est
formée dans l ’art de guérir et dans celui de la diplomatie,
et possède toutes sortes d ’autres compétences qui lui
permettent d ’œuvrer en tant que conseillère spirituelle de
tout son peuple. Traqueuse, chasseresse et guerrière expéri-
mentée, elle voyage seule d ’un bout à l ’autre de son île impo-
sante. Elle ne réside désormais plus dans un unique village,
mais voyage de hameau en hameau afin de les conseiller. Le
reste du temps, elle se déplace à la manière des nomades le
long des rivages du lac, à la recherche de nourrissons aban-
donnés à sauver avant que les éléments ne les emportent. Là
où elle passe, elle bénit les enfants adoptifs des habitants et
prodigue conseils, soutien et savoir à son peuple.
Comme le veut la tradition, Ivethay n ’a pas de mari, bien
que l’on attende d ’elle qu ’elle ait des amants et porte des
enfants qui seront élevés par d ’autres membres de la tribu.
Les Ukonsaaris considèrent tous les enfants adoptés comme
ceux d ’Ivethay, même s ’ils ne la rencontrent jamais, et se
chargent de les élever pour elle.
´
164 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Ivethay incarne plus qu ’une simple guide spirituelle et
figure maternelle pour les Ukonsaaris. Elle agit en tant que
chef de guerre, représentante politique et juge des querelles
entre les tribus. Son rôle est d ’unir les différents clans et de
maintenir la paix, ce qui n ’est pas une mince affaire.
Si toutes les tribus de l ’île respectent et écoutent Ivethay,
elles suivent également un mode de vie guerrier, empiétant
sur les terres avoisinantes et pillant les pêcheries des autres
quand elles pensent pouvoir agir sans subir de représailles.
Ivethay représente les tribus auprès du monde extérieur,
même si elle quitte rarement l ’île. Cela signifie que lorsqu ’un
étranger se présente, il doit d ’abord recevoir l ’aval d ’Ivethay
avant d ’être autorisé à traverser le pays.
Interpréter Ivethay
Dépassant d ’environ une tête le Vesten moyen (pourtant
grand), la protectrice de la tribu insulaire est une guerrière à
ne pas sous-estimer. Conformément à la tradition vestimen-
taire de son peuple, elle se vêt principalement de fourrures
et de feutre plutôt que de laine tissée. Elle porte souvent un
bébé sur son dos, et ne voyage jamais sans une arme.
L ’Ivethay actuelle est âgée d ’une cinquantaine d ’années et
compte garder son titre pendant encore une ou deux décen-
nies avant de se retirer et de transmettre ses fonctions à
l ’une de ses filles (mise au monde ou adoptée), comme sa
mère avant elle.
Ceux qui s’adressent à elle avec respect découvrent une femme
méfiante, mais raisonnable. Sa priorité absolue reste la protec-
tion de sa tribu et des enfants qu’elle adopte, et il est possible de
s’en faire une alliée si on lui fait une proposition qui va dans ce
sens. Ceux qui menacent son peuple, en revanche, trouveront
en la géante une ennemie opiniâtre et éternelle.
Accroches scénaristiques Désormais, Gillespie voyage dans toute la Théah. C ’est
• Ivethay est consciente que le monde extérieur à l ’île un membre renommé des Chevaliers de la Rose et de la
est en pleine expansion scientifique et politique. Croix, qui voue sa vie à la protection des plus faibles et
Si rien n ’est fait pour rompre leur isolement, les qui lutte pour le bien et la justice. Il ne possède peut-être
Ukonsaaris risquent d ’être vite dépassés et finale- pas lui-même la magie du Glamour, comme les chevaliers
ment écrasés par le reste de la Théah. Afin de parer d ’antan, mais il agit de manière à incarner au mieux leurs
à cela, elle souhaite ouvrir davantage son île aux codes et leurs lois.
visiteurs, mais les habitants les plus conservateurs Il s ’est récemment installé au Vestenmennavenjar après
résistent à cette éventualité. Elle aurait bien besoin avoir entendu des rumeurs concernant le traitement inhu-
d ’émissaires capables de se rendre facilement d ’un main réservé aux mineurs d ’argent exploités par la Ligue
pays à l ’autre. de Vendel, qui se rend sciemment complice d ’un vil trafic
• Le jarl Egil est mort brusquement, sans laisser d ’esclaves. Il cherche non seulement à libérer les esclaves
d ’héritier. Tous ses frères luttent désormais pour de Klorhulg, mais également à destituer les membres de
son titre, et le peuple cherche une solution paci- la Ligue de Vendel qui permettent à des actes aussi mons-
fique pour éviter le bain de sang. On dit que le trueux de se produire.
frère d ’Egil, Alfdr, aurait enlevé l ’héritier légitime,
porteur d ’une marque de naissance reconnaissable, Interpréter Lucas Gillespie
et l ’aurait emmené sur l ’île d ’Ivethay voilà plus de Amical, serviable et jovial, Lucas Gillespie est un homme
trente ans. Certains pensent même qu ’Ivethay en plein d ’entrain, à peine sorti de l ’adolescence. Ses cheveux
personne est l ’héritière perdue et la cherchent. Les sont d ’un brun sombre et ses yeux d ’un bleu verdoyant
Héros l ’aideront-ils à accéder au rang de jarl ? semblent percer l ’âme de tous ceux qui les croisent. C ’est
un fin psychologue, et il se consacre pleinement à quiconque
Lucas Gillespie lui semble digne de sa loyauté. C ’est aussi un poète et un
Lucas Gillespie grandit dans un petit village des Marches conteur qui relatera avec plaisir l ’un des récits qu ’il a appris
des Highlands, bercé par les histoires des plus grands au cours de ses voyages, en échange d ’un autre. Les Héros
guerriers du pays, les Chevaliers d ’Elilodd. Il idolâtrait leur pourront le croiser à Klorhulg ou dans ses environs, en
courage et leur romantisme, et espérait un jour marcher sur particulier s ’ils s ’intéressent aux mines d ’argent.
leurs traces. Tandis qu ’il travaillait dans les champs de sa
famille, il rêvait d ’aventures audacieuses et de sauvetages Accroches scénaristiques
périlleux. Il étudia tout ce qu ’il put concernant les Sidhes, • Gillespie projette une mission de sauvetage auda-
les antiques lois de la magie du Glamour, le code auquel cieuse afin de libérer les esclaves des mines de
adhéraient les Chevaliers du Glamour, et tout ce qui s ’y Klorhulg. Il ignore que d ’autres œuvrent à aider et
rapportait de près ou de loin. soulager ces gens, et que ses actes pourraient nuire
Ses connaissances furent mises à l ’épreuve lorsqu ’une aux membres locaux de Močiutės Skara. Les Héros
colonie sidhe se présenta à l ’orée de son village et que le pourront-ils le convaincre d ’attendre que la Société
Glamour qu ’ils charriaient commença à envahir les terres, accomplisse sa lente besogne, ou l ’aideront-ils dans
menaçant les plantations et son moyen de subsistance. son entreprise ?
Gillespie, malgré sa jeunesse, approcha la noble Sidhe et • Lorsque Gillespie lia les Sidhes à une petite
sollicita une unique faveur en échange d ’une autre équi- parcelle des Marches des Highlands, il pensait
valente. La dame accepta, sûre de son ascendant sur ce avoir trouvé la raison idéale pour partir à l ’aven-
gamin idiot. Invoquant les plus vieilles lois connues du ture. Récemment, il a entendu dire que la ferme
Glamour, Gillespie lia les Sidhes à une parcelle de terre de ses parents subissait des attaques de la part de
précise, loin à l ’extérieur de son village natal. En échange, Sidhes loyaux à la dame qu ’il a piégée. Il ne peut
il s ’exila des Marches des Highlands. La noble Sidhe, inca- se rendre sur place pour aider les siens sans briser
pable de refuser cette faveur, fut piégée dans un minuscule le sort, mais peut-être les Héros accepteront-ils de
domaine, incapable d ’en sortir ou d ’étendre sa magie tant secourir sa famille ?
que Gillespie resterait hors des Marches.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 165
 La Ligue de Vendel
Fondée il y a plus de deux cent ans, la Ligue de Vendel
n ’était à l ’origine qu ’une vague alliance de marchands et
de négociants, dédiée à la protection des intérêts (et de
la fortune) du peuple vesten. Aujourd ’hui, si elle emploie,
collabore et fait affaire avec d ’innombrables personnes, la
Ligue elle-même n ’est formellement constituée que de cent
marchands et négociants de toute la Théah : neuf présidents
au conseil dirigeant et quatre-vingt onze sièges représentant
des individus, des carls, des entreprises, des commerces et
des agglomérations particulièrement puissants de par le
monde entier.
Où qu ’ils aillent en Théah, les Héros sont susceptibles
d ’avoir affaire à la Ligue de Vendel. Ses représentants et
ses commerciaux sont présents dans toutes les grandes
villes, où ils œuvrent à accomplir l ’objectif de la Ligue :
imposer le guilder comme monnaie universelle. À Vendel,
les Héros pourront rencontrer l ’un des neuf directeurs de la
Ligue, dont vous trouverez la liste dans les pages suivantes.
Certains d ’entre eux sont clairement des Scélérats, tandis
que d ’autres sont susceptibles d ’aider les Héros dans
leurs aventures.
L ’histoire de la Ligue
La Ligue était à l ’origine constituée de huit carls vestens,
chacun à la tête de sa propre guilde. La décision de créer la
Ligue fut soumise au vote de l ’intégralité des carls du Vesten,
et comprenait des accords de commerce avec l ’Avalon,
l ’Eisen et l ’Ussura. L ’imperator d ’Eisen de l ’époque gratifia
la Ligue d ’un capital de départ conséquent en échange
d ’un siège.
Ces neuf membres devinrent les présidents de la Ligue,
chacun jouissant de la prérogative de désigner son succes-
seur. Le reste des cent sièges revint à différents carls et
marchands de par le Vestenmennavenjar.
Peu après la Guerre de la Croix, les présidents de la Ligue
de Vendel entreprirent d ’étendre leur influence par-delà les
côtes du Vestenmennavenjar et commencèrent à allouer
certains des quatre-vingt onze sièges à des partenaires
commerciaux étrangers. Ce faisant, les membres vestens
adoptèrent des versions avaloniennes de leurs noms pour
une plus grande facilité de prononciation.
Actuellement, l ’inclusion d ’un individu à la Ligue dépend
davantage de ses profits et de ses soutiens politiques que de
sa loyauté aux idéaux vestens.
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166 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Titres et désignations
Le titre de chaque président et membre inclut la mention de
« maître ». Seuls les présidents l ’emploient de façon absolue,
tandis que les membres se qualifient plutôt de maître de
guilde, ou parfois de maître marchand ou maître négociant.
L ’appellation de tel ou tel membre peut être difficile à
mémoriser et à comprendre, même pour ceux qui font partie
de la Ligue elle-même. Parfois, maître Mokk exige qu ’un
candidat emploie le plus de titres possible, y compris « carl
de Vendel » pour faire bonne mesure. Bien sûr, personne
ne l ’appelle « maître président Sigvald Gunnisen, Val Mokk,
carl de Vendel » à moins d ’avoir désespérément besoin de
son aide.
Succession
S ’il est possible de troquer, acheter et vendre les quatre-
vingt onze sièges de la Ligue, les postes de président sont
incessibles. Interférer avec le choix du successeur d ’un
président qui se retire est un blasphème aux yeux de la
Ligue, et quiconque est assez idiot pour tenter de soudoyer,
d ’assassiner ou de payer pour obtenir un poste de président
se retrouvera radicalement écarté de la Ligue, politiquement
ou par des biais plus définitifs.
Cela n ’empêche pas les présidents de comploter en faisant
pression ou en se soudoyant les uns les autres, chacun
cherchant à pousser les autres à choisir un successeur
qui lui convient. À une époque, du fait des disputes entre
présidents, le chantage, la subornation, les menaces et
autres manœuvres perturbatrices sévissaient à outrance.
Désormais, ce genre de corruption est moins répandu, ne
serait-ce que parce que les présidents ont progressé dans
l ’art de dissimuler leurs querelles internes.
La situation parmi les membres n ’est pas meilleure… elle
est même généralement pire. Les sièges sont occupés par des
individus de toute la Théah, et la distance qui les sépare ne
rend pas les conflits internes moins fréquents, d ’autant que
les enjeux sont souvent plus conséquents : si les présidents
jouent de menaces et de chantage, les membres cherchent à
briser leurs confrères.
Le dépositaire d ’un siège peut se vouer à saper la réputa-
tion et la légitimité d ’un autre pour qu ’il finisse ruiné, son
tourmenteur s ’arrangeant alors pour que l ’un de ses alliés
récupère sur-le-champ son siège. Contre de telles perfi-
dies, les membres contractent des alliances et s ’associent
marchands et représentants de la Ligue de Vendel afin de
former des réseaux de soutien.
Guilde des marchands :
maître Val Mokk
(Sigvald Gunnisen)
Sur le papier, tous les présidents de la Ligue sont égaux.
Dans les faits, maître Val Mokk dirige la Ligue de Vendel.
L ’arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père de Mokk fut
l ’un des carls vestens fondateurs de la Ligue, ce dont il ne
manque jamais de faire bruyamment étalage. Depuis, la
présidence de la guilde des marchands s ’est transmise dans
sa famille jusqu ’à aujourd ’hui.
Né et élevé à Vendel même, Mokk a hérité son poste
de sa mère il y a plus de dix ans. Son crâne dégarni, ses
mauvaises manières et son ventre proéminent ont beau en
rebuter certains, le fait est qu ’il est très doué dans ce qu ’il
fait. Par malheur, cependant, cela consiste essentiellement
en des acquisitions cupides, de sournoises manipulations et
d ’impitoyables jeux de pouvoir.
Si un seul mot devait définir Val Mokk, ce serait
« marchand ». Les Mokk vendent de tout et n ’importe quoi,
et se vouent à l ’acheminement des marchandises plutôt qu ’à
la spécialisation dans un commerce précis. Depuis son siège
de la guilde des marchands, Mokk a amassé sa fortune en
taxant les commerçants locaux et étrangers pour le simple
droit de mener des affaires à Vendel. Le guilder est son
invention, et il projette de s ’en servir pour taxer un jour les
marchands de toute la Théah.
Sous la direction de Mokk, le guilder s ’est propagé à
travers tout le continent : un véritable prodige de virtuosité
économique. Cependant, le succès de Mokk a également
suscité une demande presque infinie de minerai d ’argent
pour frapper sa monnaie, et pour y répondre, il n ’a abso-
lument aucun problème avec l ’esclavage, la corruption et la
violence qui ont cours à Klorhulg.
Les Héros risquent fort de se heurter au maître de guilde
Mokk, car il ne supporte pas ceux qui font obstacles à sa
productivité ou aux intérêts de la Ligue. Il peut s ’avérer
un allié puissant pour ceux qui servent ses objectifs, et un
ennemi redoutable pour ceux qui les contrarient.
Guilde des marins :
maître Allen Trel
(Arvor Troelsen)
Né à Eskjo, maître Allen Trel n ’avait que quinze ans quand
il hérita de ses postes de directeur de la guilde des marins
et de président de la Ligue. Après le décès inattendu de son
mentor, maître Jal Erksen, beaucoup pensèrent que Trel, le
plus jeune président à ce jour, ne serait pas prêt à assumer
cette responsabilité. Or, au cours des quinze dernières
années, il a démontré son sang-froid, sa clairvoyance et son
éloquence : tout ce que son mentor aurait pu attendre de
son successeur.
Cet homme sec vêtu de manière pratique s ’est acclimaté
à son rôle au sein de la Ligue. Il supervise aujourd ’hui la
planification de nouvelles routes commerciales, les change-
ments de programmes et d ’autres problèmes qui nécessitent
une expérience directe de la mer. Il ne se mêle jamais de ce
qui ne le concerne pas, s ’assurant ainsi une relation paisible
avec presque tous les autres présidents de la Ligue, à une
seule exception : Joris Brak, le directeur de la guilde des
menuisiers, pour qui il a un béguin à sens unique. Lorsque
Brak est dans les environs, Trel perd complètement son
sang-froid et se transforme en benêt verbeux et bafouilleur.
Certains membres de la Ligue l ’ont remarqué, mais Brak
lui-même reste aveugle à l ’adulation de son confrère.
Beaucoup au sein de la Ligue considèrent Trel comme
apolitique, ce qui lui convient. S ’il n ’est pas sans objectifs
ou convictions politiques, il pense que la gestion du Vesten
doit rester entre les mains des jarls et des carls, dont il ne fait
pas partie. Il évite autant que possible de s ’impliquer dans
la politique de la Ligue, proposant des solutions commer-
ciales consensuelles dans ses domaines d ’expertise et restant
neutre sur les autres sujets. Il ne menace aucun des plans
des autres membres qui, dans l ’espoir de s ’attirer ses faveurs,
lui envoient cadeaux et propositions de soutien qu ’il renvoie
souvent sans réponse.
Trel pourra proposer ses conseils ou son aide aux Héros
concernant la navigation dans et autour des eaux vestens. Si
la Ligue de Vendel n ’emploie pas directement les Pilleurs
vestens, Trel a suffisamment d ’emprise sur eux pour aider
les Héros en cas de problème.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 167
 Guilde des charpentiers :
maître Joris Brak
(Joris Braakenjorsen)
Là où d ’autres menuisiers se voient comme des artisans,
maître Joris Brak est un artiste dans l ’âme. Il rejoignit la
guilde des menuisiers dès l ’adolescence dans l ’espoir de
trouver un exutoire à sa créativité. Si son souci du détail
l ’empêchait de compter parmi les ouvriers les plus rapides,
son talent pour marier les aspects pratiques et esthétiques
fit sa réputation, tout d ’abord au sein de son village natal
de Soroya, puis dans tout le Vesten. Jeune adulte, il rallia
Vendel pour devenir l ’apprenti du maître de la guilde
des menuisiers d ’alors, et passa les dix années suivantes à
apprendre l ’art de son maître, puis à le surpasser. Brak fut
surpris (et pas vraiment ravi) d ’être nommé successeur de
son mentor lorsque celui-ci prit sa retraite, mais il dispose
de nombreux subalternes compétents auxquels déléguer les
aspects pratiques de sa charge, ce qui lui laisse du temps
(bien que jamais assez à son goût) pour poursuivre ses
propres projets artistiques en paix.
Brak est un homme de contradictions. Sa carrure moyenne
cache une force qui lui permet de mettre en place une
poutre à la seule puissance de ses bras, tandis que ses doigts
longs et délicats sont capables d ’une minutie absolue dans
les détails les plus infimes. Sa beauté lui vaut l ’attention et
les regards admiratifs des femmes et parfois des hommes de
son entourage, mais il reste insensible à leur badinage et se
comporte comme s ’il était véritablement marié à son travail.
Brak fait peu de cas de la politique de la Ligue de Vendel,
ce qui ne signifie pas qu ’il n ’a cure de la Ligue et du bien-
être de sa Nation. En effet, il se voue entièrement à main-
tenir la Ligue de Vendel à la tête du Vesten, mais il n ’a
aucun penchant pour les querelles internes et l ’espionnage.
La plupart des membres de la Ligue connaissent la force et
la loyauté de Brak et le laissent donc en paix. Il n ’aiderait
pas, par exemple, un Héros dont l ’objectif serait de discré-
diter un autre président, mais il l ’aiderait certainement à
repousser une menace pesant sur la Ligue.
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168 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Guilde des forgerons :
maître Sela Cole
(Selma Colbjorsdatter)
Maître Sela Cole, la plus récente des présidents, fut
l ’apprentie du forgeron le plus talentueux de sa ville natale
de Klorhulg alors qu ’elle était trop jeune pour faire autre
chose que souffler la forge. Au fil des années, Sela s ’avéra
douée non seulement pour cet artisanat, mais également
pour se faire une place au sein de sa communauté. Conscient
de son potentiel, son mentor la prit sous son aile et lui
enseigna davantage que ce qu ’il transmettait d ’ordinaire à
ses subalternes, ce qui lui valut rancune puis hostilité de
la part de ses pairs. Bien que l ’affection qu ’il lui portait fût
uniquement filiale, la jalousie propagea des rumeurs de rela-
tions illicites entre cet homme veuf et son étudiante, ce qui
rendit la vie à Klorhulg impossible à la jeune fille.
Elle s ’en fut avec la bénédiction de son mentor et une lettre
de recommandation pour le maître de la guilde des forge-
rons de Vendel. Elle devint encore une fois son apprentie
privilégiée, mais prit soin de minimiser l ’importance d ’un
quelconque traitement de faveur. Après le meurtre du
maître de guilde par des pirates lors d ’un voyage, son testa-
ment révéla qu ’il avait choisi Sela pour prendre sa suite. En
tant que dernière présidente en date, et malgré ses efforts,
certains restent persuadés que sa promotion tient plus à sa
relation avec ses mentors qu ’à ses compétences.
Son bon goût vestimentaire n ’aide pas : elle préfère les
vêtements moulants lorsqu ’elle travaille, et la mode monta-
ginoise lorsqu ’elle sort en ville. Sela n ’est ni faible, ni idiote,
et sa nomination à la tête de la guilde n ’est pas le fruit du
hasard : cette femme maîtrise les affaires commerciales et
la forge avec le même talent. Sa personnalité extravertie et
sociable lui vaut nombre d ’amis et d ’alliés, ce qui complique
d ’autant la tâche à ceux qui veulent lui nuire.
Sela est probablement le membre de la Ligue de Vendel
avec lequel il est le plus facile d ’entrer en contact et de traiter,
mais cela ne la rend pas moins redoutable. Son réseau
d ’alliés pourrait se révéler une aide précieuse pour les Héros,
tant que le jeu en vaut la chandelle pour elle.

Guilde des jennys :
Madame Lorraine Weller
(Avalon)
Madame Lorraine Weller est présidente depuis si long-
temps qu ’aucun membre actuel (président ou ordinaire) n ’a
le souvenir d ’un temps où elle ne faisait pas encore partie de
la Ligue. Elle entretient un réseau d ’espions à travers toute
la Théah et se sert de sa guilde pour obtenir des informa-
tions vitales aux opérations de la Ligue. Originaire d ’Avalon,
Weller hérita son poste de la maître précédente (qui était
alors une Vesten) après l ’avoir servie pendant des décen-
nies en tant qu ’assistante et conseillère. La rumeur prétend
qu ’elle compte plus de rois et de reines parmi ses clients
que n ’importe quel autre membre de la guilde des jennys,
bien qu ’elle réponde aux questions déplacées à ce sujet par
un regard glacial dont l ’intensité et la durée rivalisent avec
celles de la banquise du Père-de-Tout.
Weller est une douairière aux manières impeccables. Ses
cheveux gris sont toujours parfaitement coiffés lorsqu ’elle
se montre en public, et sa garde-robe se compose de magni-
fiques robes, osées selon les critères vestens, exception faite
de ses bas d ’un rouge vif qui protègent sa décence tout en
indiquant son rang. Son maquillage est toujours appliqué
avec une précision experte, et même s ’il est évident qu ’elle
était sublime dans sa jeunesse, elle conserve cette beauté
élégante qui lui a valu des partisans dans toute la Théah.
Malgré son âge, madame Weller est toujours présente aux
maisons de jennys. Elle accepte régulièrement des clients
quand ses responsabilités envers la Ligue lui en laissent le
temps. Ses services sont onéreux, mais valent les guilders
qu ’ils coûtent. Elle affirme que cela l ’aide à rester jeune et
vigoureuse, et il est vrai que son attitude et son apparence
contredisent son âge avancé. Certains prétendent qu ’elle
reçoit des invités intimes dans ses quartiers du Hall de
la Ligue à Vendel, bien qu ’elle se refuse à mêler plaisir
et affaires.
Grâce à son réseau étendu d’espions, Madame Weller est
probablement la personnalité la mieux renseignée de la Ligue
de Vendel. C’est une femme impitoyable quand il s’agit de
protéger les intérêts de la Ligue. Peu importe qui sont ses
ennemis, elle s’en occupe avec une précision froide qui effraie
même les plus abjects des autres présidents. Les Héros qui
souhaiteraient comploter contre la Ligue feraient mieux de
prendre garde, car ils pourraient attirer son attention.
INTERAGIR AVEC LA
LIGUE DE VENDEL
La Ligue de Vendel du Vestenmennavenjar est une
organisation vaste et nébuleuse. Avoir affaire au
groupe dans son intégralité est rare, dans la mesure
où il rassemble cent personnes disséminées à travers
la Théah. Que ce soit par désintérêt ou par pure
scélératesse, la Ligue de Vendel est responsable
de nombre d’actes abominables. Bien sûr, elle
est également responsable de l’exportation des
marchandises vestens et de la croissance significative
de la fortune et du prestige de la Nation.
Comme souvent avec les grandes organisations, tous
les membres de la Ligue (présidents ou ordinaires)
ne sont pas des Scélérats. À vrai dire, elle en compte
bien peu. Il s ’agit dans son ensemble d ’une machine
corporative, et les Héros qui entendent s ’impliquer
dans les affaires de la Ligue de Vendel doivent
être prêts à affronter obstacles bureaucratiques et
complots politiques.
Lorsque vous décidez d ’utiliser la Ligue de Vendel
dans vos parties, demandez-vous tout d ’abord
si vous souhaitez faire figurer ses présidents
eux-mêmes ou ses différents membres mineurs.
La Ligue de Vendel est relativement ouverte aux
interactions, et elle organise quotidiennement des
réunions dans sa Maison de Guilde à Vendel, mais
déterminer qui pourra faire office d ’allié et qui se
dressera en adversaire aux Héros doit représenter
un véritable défi. De manière générale, un seul
président, pris comme obstacle ou contact pour
les Héros devrait suffire à la plupart des parties.
Néanmoins, rien n ’empêche les Héros de tenter
d ’éliminer la corruption et de remplacer la Ligue.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 169
 Guilde des usuriers :
maître Red
(Gytha Hallesdatter)
Si le commerce est la facette la plus évidente de l’influence
économique de la Ligue en Théah, il ne sert à rien d’accumuler
de la richesse pour ne rien en faire. Utiliser de l’argent pour
générer de l’argent est la véritable source de pouvoir d’une
Nation prospère, et maître Red, de la guilde des usuriers, est
une experte dans ce domaine. Sous sa direction, la Ligue a
ouvert de modestes banques de prêt dans toutes les villes et
tous les villages d’importance de la Nation. Red supervise
également et personnellement les prêts de guilders aux autres
Nations, ce qui assure un profit conséquent si les prêts sont
remboursés, et un avantage politique (ainsi que la propriété
des terres fournies en garantie) s’ils ne le sont pas. C’est une
personne très rationnelle, qui traite ses affaires et son rôle
au sein de la Ligue avec le même flegme. Cependant, elle
n’est ni cruelle, ni malhonnête : elle s’assure que ses contrats
sont parfaitement clairs, tout en n’éprouvant aucune espèce
d’empathie envers ceux qui s’engagent pour ensuite manquer
à leur part.
Maître Red est fidèle au contrat, et toutes ses relations
d ’affaires (au sein de la guilde comme à l ’extérieur) reposent
sur des contrats. Elle est méticuleuse, mais juste, dans la
formulation comme dans les clauses, garantissant un pied
d ’égalité aux deux parties contractantes. Elle n ’a pas besoin
d ’user de failles cachées ou de terminologie confuse, car elle
est consciente qu ’il y en aura toujours pour enfreindre un
contrat, si simple ou complexe soit-il. Son impartialité lui
a parfois profité, parfois pas, mais se montrer juste lui a
permis de gagner en renommée et en fiabilité.
Malgré sa relative jeunesse, maître Red inspire le respect à
son entourage, même à ses aînés. Elle maintient ses cheveux
roux récalcitrants en tresses sévères, et porte des vêtements
à la coupe simple et sans ornements. Son comportement est
tout aussi austère que sa garde-robe, et ses lèvres pincées
sont si caractéristiques que les enfants de Vendel imitent
son expression pour se moquer de leurs camarades les plus
stoïques. Si certains la jugent impitoyable, elle se considère
comme pragmatique. Elle sait reconnaître une bonne affaire
quand elle en voit une et lit toujours les petites clauses sur
les contrats. Elle pourra s ’avérer une alliée précieuse pour les
Héros au Vesten, s ’ils ont un contrat valable à lui proposer.
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170 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Guilde des brasseurs :
maître George Skard
(Jorgan Skaardalsen)
Si un seul homme devait incarner le sens du mot « jovial »,
ce serait maître George Skard, le dirigeant de la guilde des
brasseurs. Sa carrure en barrique, ses petits yeux presque
toujours cachés derrière le large sourire qu ’il arbore et son
rire réchauffent la Maison de Guilde de la Ligue de Vendel.
Cela dit, lorsque son gagne-pain consiste à produire et
vendre des boissons alcoolisées, il est peut-être facile de se
montrer jovial.
Skard a la charge de président de la Ligue depuis presque
aussi longtemps que maître Mokk, bien que son influence
soit différente. Il est persuadé que le secret d ’une vie réussie,
d ’un mariage heureux, d ’une ville bien tenue et d ’une Nation
prospère peut se trouver au fond d ’une barrique bien
brassée. Avec l ’aide de la Ligue, il a non seulement haussé
les cuvées vestens du statut de besoin artisanal à celui de
produit d ’exportation réputé, mais il a également encouragé
la recherche de nouvelles espèces d ’abeilles, d ’arbres fruitiers
et de vignes suffisamment robustes pour survivre aux rudes
hivers vestens, dans l ’espoir d ’inaugurer une ère nouvelle en
matière de boissons alcoolisées pour la Nation.
L ’intérêt de Skard se concentre essentiellement sur la
création de cuvées vestens uniques, renommées d ’un bout à
l ’autre de la Théah. Il passe autant de temps dans les champs
à entretenir ses grains et ses fruits que dans les couloirs de la
Ligue, ce qui le rend relativement facile à trouver. Il possède
un laboratoire à Vendel, à l ’extérieur des murs du Hall de
la Ligue, dans lequel il brasse de l ’hydromel, du vin, de la
bière et d ’autres boissons fermentées. Il expérimente de
nouvelles saveurs en modifiant aussi bien ses préparations
que les tonneaux dans lesquels il les stocke. Il vend ce qui
en résulte par petits lots et à prix élevé, afin de financer ses
expériences suivantes. Il propose même des visites payantes
de sa brasserie expérimentale dans l ’espoir d ’obtenir un
retour sur ses dernières créations.
Maître Skard s ’intéresse plus à ses cuvées qu ’à son poste
au sein de la Ligue, et il a laissé ses relations avec les autres
membres s ’étioler au fil du temps. La plupart l ’ignorent et
prennent des décisions sans le consulter, même lorsqu ’elles
concernent son commerce. Skard, quant à lui, se satisfait de
pouvoir brasser et boire en paix. Il est autant susceptible de
demander une faveur à un Héros que de lui en octroyer une.
Quoique membre de longue date de la Ligue, son influence
n ’est pas aussi importante qu ’elle pourrait l ’être.
Guilde des mineurs :
maître Eladio Ballesteros
(Castille)
Maître Eladio Ballesteros est l ’un des trois présidents de
la Ligue non natifs du Vesten. Né en Castille, Ballesteros
fut l ’apprenti de la précédente maître de la guilde, elle aussi
Castilliane. Lorsqu ’elle obtint son poste de présidente, il la
suivit à Vendel afin de poursuivre ses études. Peu de temps
après son arrivée au Vesten, Ballesteros fut blessé lors d ’un
effondrement, au cours de la visite d ’une mine d ’argent
à l ’extérieur de Klorhulg. Une tempête anormalement
violente pour la saison et l ’isolement des lieux empêchèrent
un bon rétablissement, et il fallut lui amputer le bras pour
lui sauver la vie.
Là où une telle blessure en aurait sensibilisé d ’autres au
danger que représente le travail dans les mines, Ballesteros
réagit de manière totalement opposée. Il devint amer, et
son accident sembla le rendre indifférent aux conditions de
travail dans les mines. Peut-être estimait-il que si lui avait
dû subir un tel sacrifice, les mineurs n ’avaient pas lieu de se
plaindre de leur travail. Cette apathie froide faisait l ’affaire
de l ’avidité de Mokk, et le maître de la guilde des marchands
exerça une influence subtile et minutieuse pour discréditer
les potentiels rivaux de Ballesteros à la succession de son
mentor. Parvenu à ses fins, Mokk manipule désormais l ’ego
et la cruauté de Ballesteros afin qu ’il soutienne les entre-
prises de minage effrénées de la Ligue.
Ballesteros n ’eut pas beaucoup besoin des encouragements
de Mokk, même s ’il reconnut la dette qu ’il avait envers lui
lorsqu ’il prit ses fonctions. Ensemble, les deux hommes
ont permis au statut du minerai d ’argent d ’évoluer de bien
de luxe moyennement rentable à celui de premier produit
d ’exportation du Vestenmennavenjar, sous la forme de
guilders. Mokk s ’assure que le reste de la Ligue demeure
mal informée de la condition des esclaves dans les mines,
et Ballesteros que les mines soient toujours fournies en
travailleurs frais et capables.
Ballesteros est tout autant un Scélérat que Mokk, sinon
plus. Si l ’avidité et la richesse sont clairement les motiva-
tions de ce dernier, celle de Ballesteros est plus profonde et
complexe : il est amer et a développé un goût pour la souf-
france d ’autrui. Comme ses actions sont motivées par son
sadisme, il est instable et difficile à apaiser. Mokk conserve
un semblant de contrôle en lui permettant de satisfaire ses
désirs inavouables, mais même lui craint de le contrarier
lorsque leurs objectifs divergent.
Joseph Volker :
Majordome et représentant de
feu l ’imperator Riefenstahl
Le titre de président détenu par Joseph Volker est unique en
cela qu ’il s ’agit du seul à ne pas échoir à un maître de guilde.
En fait, Volker était majordome avant de devenir président,
une manœuvre qui pourrait bien être un affront volontaire
fait à la Ligue par le regretté imperator Riefenstahl, qui
attribua son titre à son domestique.
En retour de l ’aide fournie par l ’Eisen aux membres
fondateurs de la Ligue de Vendel, l ’un de ses postes de
président a toujours été réservé à l ’imperator d ’Eisen. Ce
dernier choisit son successeur, qui fait également office de
représentant… Du moins, il en allait ainsi jusqu ’à la mort
sans succession du dernier imperator. Depuis, Volker, en
poste depuis presque aussi longtemps que madame Weller,
attend et espère que sa patrie se reprenne et lui envoie un
véritable successeur. Il a expédié des lettres en ce sens depuis
la guerre, mais n ’a pas osé se déplacer lui-même : il craint
que la Ligue ne saisisse son départ pour l ’Eisen comme un
prétexte pour invalider sa présidence.
Il garde quelques contacts avec l ’Eisenfürst de Freiburg,
Niklas Träge, quoique sporadiques. Si ce dernier n ’a aucune
intention autre que de s ’occuper de ses propres terres, il a
agi de manière à ce que l ’Eisen conserve un intérêt auprès
de la Ligue de Vendel en adoptant le guilder. Bien sûr, la
stabilité de Freiburg est loin d ’être assurée, et Volker en est
conscient. Ses contacts avec les autres Eisenfürsten se sont
avérés moins concluants.
Volker aime sa Nation, et quand bien même il n ’a pas
quitté Vendel depuis sa prise de fonction, il continue de
se montrer quasiment toujours coiffé d ’un feutre typique
de l ’Eisen. Très vieux et maigre comme un clou, l ’ancien
majordome, éprouvé mais insoumis, continue à servir de
son mieux la mémoire de son regretté dirigeant.
Volker est membre de la Ligue au même titre que les autres,
et il veille tout autant à ses intérêts que n ’importe quel autre
président. Il paraît parfois absent du fait de ses soucis rela-
tifs à la gouvernance eisenör, mais il garde un œil sur les
autres membres et joue consciencieusement le jeu politique.
Il craint d ’être assassiné ou de mourir tout simplement de
vieillesse avant que l ’Eisen n ’envoie un remplaçant, et il fait
de son mieux pour tenir d ’ici là.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 171
 Sociétés secrètes
Au Vestenmennavenjar, les Sociétés secrètes ont bien plus La Fraternité de la côte
de liberté d ’action que dans bien d ’autres Nations occiden- Les Pilleurs vestens rassemblent l’essentiel des navires de la
tales. Tant qu ’elles n ’outrepassent pas les règles de la LigueFraternité. Tous les Pilleurs ne font pas partie de la Fraternité,
de Vendel et ne perturbent pas la gouvernance d ’un jarl, même si tous en suivent les codes de base. Les Pilleurs battent
elles peuvent opérer en toute tranquillité. leurs propres couleurs, non celles de la Fraternité, quoique les
En revanche, cela signifie que des organisations comme deux organisations soient tout aussi méritantes.
Los Vagabundos ou les Rilasciare doivent, autant que Rares sont ceux qui hissent le pavillon de la Fraternité
possible, faire profil bas. dans la Gueule ou la baie du Père-Morose, mais ceux qui le
font jouissent d ’une protection tant qu ’ils ne s ’y attardent
La Société des Explorateurs pas. Les Pilleurs vestens revendiquent le droit de piller dans
Les profondeurs des montagnes septentrionales du ces eaux, et si un membre de la Fraternité souhaite opérer
Vestenmennavenjar recèlent quantité de ruines syrneth. dans la région, il doit d ’abord se joindre à eux. Jusque-là,
Malheureusement pour la Société des Explorateurs, ces cet arrangement a plutôt bien fonctionné, même si, avec
ruines sont enfouies sous la neige et la glace l ’essentiel de l ’intensification du commerce entre le Vesten et le reste de
l ’année. Les chemins qui mènent et partent des montagnes la Théah dans ces eaux, bon nombre de corsaires quadrillent
sont traîtres, et même lors des mois les plus chauds, l ’envi- la région pour s ’approprier leur part du gâteau.
ronnement ne garantit pas des accès plus praticables.
La Société organise des expéditions au moins une fois par Die Kreuzritter
an, lors de la saison des fontes. Aucun membre n ’a encore Les collines et les montagnes du Vestenmennavenjar sont
exploré ne serait-ce qu ’une ruine dans son intégralité, mais peuplées de monstres de toutes sortes. Peu de membres de
ce n ’est pas faute d ’avoir essayé. À maintes reprises, des l ’ordre s ’installent au Vesten, mais ceux qui le font ont de
expéditions ont échoué suite à quelque catastrophe naturelle. quoi faire. Les Vestens adorent leurs mythes vivants que
Les membres les moins impliqués refusent d ’entreprendre sont les jötunn, et ne voient pas d ’un bon œil que des chas-
des recherches dans la Nation, qui reste de ce fait en grande seurs de monstres tentent de les éradiquer.
partie inexplorée. Au cours des mois estivaux, les explora- Il est souvent difficile de démêler le vrai du faux entre une
teurs plus audacieux peuvent trouver un guide local à même histoire de fantôme, de troll ou de démon et une attaque de
de les orienter dans les montagnes, et s ’enorgueillissent à bandits. Il arrive que des villages engagent des Kreuzritter
leur retour d ’un artefact ou deux… lorsqu ’ils parviennent pour s ’occuper de trolls en maraude ou pour retrouver un
à revenir. être cher emmené par des créatures des bois, mais d ’une
Certains membres assidus de la Société des Explorateurs manière générale, le peuple vesten vit en paix aux côtés de
ont pris le parti de fouiller la côte à la recherche de ruines, ceux que Die Kreuzritter considèrent comme des monstres.
mais seules d ’antiques pierres levées couvertes de runes Obtenir de l ’aide ou l ’autorisation de tuer ces créatures peut
ancestrales constituent leurs trouvailles les plus marquantes. s ’avérer plutôt difficile.

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172 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Les Chercheurs du
mot d ’Ekerila
L ’essentiel de ce que le peuple vesten sait du langage runique
est issu de la tradition orale. En dehors des ypperste prester
(grands prêtres), rares sont ceux qui comprennent les runes,
et même eux n ’en connaissent pas la totalité. La légende veut
que les runes soient l ’écriture des dieux, chacune définissant
un aspect de la vie.
Si les ypperste prester puisent dans la magie des runes, ils
n ’ont accès qu ’aux plus basiques d ’entre-elles, qui sont les
seules encore comprises aujourd ’hui. Ces runes basiques
composent l ’ossature de l ’antique langage, non son intégra-
lité. Certaines pierres levées sont gravées de récits complets,
rédigés dans le langage runique, dont seules quelques
parties éparses ont pu être traduites. La traduction des
runes est un art perdu que les Chercheurs du mot d ’Ekerila
espèrent raviver.
Il est dit, non pas au travers d ’une unique histoire mais
d ’une série de légendes, qu ’Ekerila, la première ypperste
prest, traduisit le langage des dieux sous la forme des runes
écrites que les Vestens connaissent aujourd ’hui, et qu ’elle
nomma futhark. Ekerila avait connaissance d ’une race
d ’êtres anciens et puissants, et elle compila ce qu ’elle savait
d ’eux sous la forme du langage runique. La magie des runes
donna vie à leur légende, et ils lui enseignèrent de nouveaux
mots de pouvoir qu ’elle traduisit ensuite. Uniquement
soucieuse de préserver la connaissance, Ekerila partagea
naïvement les runes avec d ’autres. Inconscients, ils abusèrent
du pouvoir des mots divins et manquèrent de détruire le
pays, distordant la magie qui soutenait le monde tandis que
celle-ci tentait de retrouver son équilibre. Horrifiée par ce
qu ’elle avait suscité, Ekerila reprit les runes et les détruisit
toutes, à l ’exception des plus vitales. Aujourd ’hui, seule une
poignée d ’entre-elles a survécu au passage du temps.
Les Chercheurs du mot d ’Ekerila pensent que la race
antique dont Ekerila tira ses connaissances n ’était autre
que les Syrneth. Ses membres ne comptent pas seulement
redécouvrir ces runes disparues, mais bien l ’intégralité du
langage futhark qu ’Ekerila utilisa pour engendrer la légende
des Syrneth. Ils sont convaincus que runes et Syrneth sont
plus étroitement liés que les mythes ne le font paraître, et
ils cherchent à le prouver.
La Faveur au sein des Chercheurs
du mot d ’Ekerila
Un Chercheur se voue principalement à l ’étude de runes
antiques, en particulier celles découvertes dans des ruines
syrneth ou à proximité. La Société secrète cherche à établir
un lien entre les deux et accorde une grande valeur aux
textes, traductions ou preuves qui vont dans ce sens.
Un Héros membre des Chercheurs du mot d ’Ekerila peut
obtenir de la Faveur des manières suivantes :
• Acquérir un artefact, une relique ou une connais-
sance contenant un texte runique antique vaut 4
de Faveur si cet artefact est confié aux Chercheurs
ou partagé avec eux. Il peut s ’agir de textes possé-
dant une traduction runique, d ’artefacts véritables
gravés de runes ou de la localisation d ’une pierre
levée jusque-là inconnue couverte d ’écrits runiques.
• Fournir une preuve du lien entre les runes antiques
et les Syrneth vaut 5 de Faveur. Il peut s ’agir d ’une
relique découverte dans une ruine affichant un écrit
runique, ou encore de textes ou de traductions de
runes qui évoquent le peuple syrneth.
Un Héros membre des Chercheurs du mot d ’Ekerila peut
demander de l ’aide des manières suivantes :
• Avoir accès à un reliquaire coûte 3 de Faveur. Un
reliquaire des Chercheurs contient des artefacts
rares et des runes magiques découvertes lors de
leurs expéditions. Une telle relique fonctionne
comme un Objet fétiche, ses effets précis étant
toutefois à la discrétion du MJ. Il sera attendu de
l ’Agent qu ’il rapporte la relique au reliquaire une
fois sa mission accomplie. S ’y refuser pourra être
interprété comme un acte de trahison.
• Les Chercheurs peuvent encoder un message pour
l ’agent au prix d ’1 de Faveur. Ce cryptage prend la
forme de runes que seul un ypperste prest pourra
vraisemblablement déchiffrer.
• Demander l ’aide d ’un ypperste prest coûte 2 de
Faveur. Un ypperste prest possédera généralement
une Puissance de 6, ainsi que l ’Avantage Sorcellerie
(Galdr) (voir page 189).
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 173
 Le Collège invisible
Soutenu par la Ligue de Vendel et le guilder, le Collège
invisible n ’est pas si invisible que ça au Vestenmennavenjar.
Quiconque désireux de mener des recherches scienti-
fiques en est libre dans les villes majeures de la Nation.
L ’Inquisition doit faire profil bas au Vestenmennavenjar, et
la conversion récente à l ’objectionnisme a attiré au Vesten
certains des esprits scientifiques les plus brillants. Les
recherches et informations les plus controversées restent
cachées, juste au cas où un Inquisiteur tomberait dessus.
Pour le Collège invisible, le Vestenmennavenjar s ’est avéré
une retraite plus paisible que leurs cachettes et refuges habi-
tuels en d ’autres parties de la Théah.
Faveur au Vestenmennavenjar
Un Héros membre du Collège invisible peut obtenir de la
Faveur au Vesten de la manière suivante :
• Aider à construire une université ou un lieu
d ’apprentissage au Vesten vaut 5 de Faveur.
Les Chevaliers de la
Rose et de la Croix
Depuis que la Ligue de Vendel a introduit le guilder
en Théah, elle a encouragé son adoption. Pour ce faire,
un moyen idéal consiste à devenir un Bienfaiteur des
Chevaliers de la Rose et de la Croix, ce qui permet de
répandre la monnaie tout en se faisant bien voir. Au Vesten,
tout membre de la Société se voit fort bien traité et accueilli
à bras ouverts. La promesse de richesses et de gloire attire
des Chevaliers de toute la Théah, ainsi que des représen-
tants d ’écoles de duel, suscitant compétitions et spectacles
d ’escrime.
Si la Ligue de Vendel et les divers jarls et carls offrent
argent et mécènes à profusion, tout Chevalier finira par
se rendre compte que le peuple du Vestenmennavenjar a
rarement besoin de protection. La plupart se retrouvent
à escorter de riches marchands sur leurs routes commer-
ciales ou à intégrer l ’entourage de jarls. Cela ne signifie
pas que les Chevaliers sont condamnés à l ’apathie au
Vestenmennavenjar. En effet, ceux qui finissent débiteurs
de la Ligue—et ils sont nombreux—sont prêts à payer cher
pour obtenir l ’aide d ’un Chevalier.
´
174 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Los Vagabundos
Bien que le contrôle de l ’économie de la Nation revienne
ostensiblement à la Ligue de Vendel, les jarls et carls la
dirigent encore. La Ligue apprécierait d ’avoir tous les jarls et
carls à sa solde, mais bon nombre de Vestens restent ferme-
ment opposés à ce qu ’ils perçoivent comme une privatisa-
tion de leur Nation. Les agents de Los Vagabundos font en
sorte de maintenir les bons jarls et carls au pouvoir, de sorte
à prévenir l ’hégémonie de la Ligue de Vendel. Ils gardent
un œil attentif sur les membres intègres de la Ligue, au cas
où quelqu ’un chercherait à se débarrasser d ’eux pour gagner
un peu de pouvoir.
Močiutės Skara
Aucun conflit n ’a embrasé le Vestenmennavenjar depuis
des siècles. Le Châle n ’avait donc que peu de raison de
s ’y aventurer jusqu ’à récemment. Par le biais des espions
d ’Elisif Geirsdatter, la Société a entendu parler de l ’exploi-
tation d ’esclaves dans les mines d ’argent de Klorhulg, et ses
membres ont envoyé de l ’aide aux résistants qui cherchent
à les libérer. S ’ils ne sont pas directement engagés dans le
conflit, les agents œuvrent à fournir des soins médicaux
corrects et de la nourriture à ceux qui obtiennent leur liberté.
Les Rilasciare
Les membres des Rilasciare ont fort à faire au
Vestenmennavenjar. D ’aucuns pourraient penser que, dans
la mesure où aucun monarque ne règne sur la Nation,
les Rilasciare devraient être satisfaits, mais avec la Ligue
de Vendel, le peuple vesten n ’a fait que troquer un tyran
contre un autre. Même si le peuple destituait tous les jarls
et carls de la Nation, la Ligue de Vendel resterait le véritable
dirigeant corrompu du Vesten. Les agents des Rilasciare
s ’efforcent de saper le pouvoir de la Ligue et des différentes
guildes, bien que leur ampleur rende la tâche ardue.
Faveur au Vestenmennavenjar
Un Héros membre des Rilasciare peut obtenir de la Faveur
au Vesten de la manière suivante :
• Bloquer ou entraver les activités d ’un membre de
la Ligue vaut 4 de Faveur. La Ligue de Vendel est
pire que la plupart des monarques dans la mesure
où elle a plusieurs têtes, mais qu ’on lui coupe les
pattes et tout le reste s ’écroulera.

Vendel
Qu ’aucun Haut Roi n ’occupe le trône antique depuis des
siècles n ’empêche en rien Vendel de rester le cœur du
Vestenmennavenjar, et le siège de son pouvoir économique
et politique. Selon les proverbes vestens, les contrats conclus
à Vendel surpassent en nombre ceux du reste de la Théah.
Vrai ou pas, le commerce est et a toujours été l ’essence de
la plus grande ville du Vestenmennavenjar. Les premiers
marchands à avoir établi des jonctions avec le reste de la
Théah venaient de l ’antique Vendel, et les jetées jumelles
de la Barbe abritent le port naturel de la cité, ce qui en fait
un sanctuaire comparé aux eaux tumultueuses qui agitent
le reste des côtes du Vesten. De longue date, la large crique
de la baie de Hål (qui signifie Fosse) et son emplacement
à proximité de la baie du Père-Morose font de Vendel un
point de départ propice aux expéditions de pillage, non
seulement vers l ’Eisen par-delà la baie, mais également
vers le reste de la Théah. Ces mêmes particularités en font
encore aujourd ’hui un port idéal, et l ’essentiel du commerce
du Vestenmennavenjar avec la Théah passe par la baie du
Père-Morose.
Lieux notables
Vendel est le berceau de la Nation. Une génération après
l ’autre, les vigoureuses forêts d ’épicéas ont fourni un bois
abondant pour la construction de bâtiments et de navires.
À mesure que les habitants déforestèrent les lieux, ceux-ci
firent place à des terres arables luxuriantes et à des pâtu-
rages irrigués par des sources claires : de quoi subvenir
aux besoins de la population croissante. Les montagnes
lointaines abritaient le peuple de Vendel contre les intem-
péries et les invasions, ce qui lui permit de croître et de
s ’enrichir sans être menacé par les jarls voisins ou par des
armées étrangères. Bien différente des régions rocailleuses
et accidentées qui constituent l ’essentiel du reste du Vesten,
la vaste vallée fluviale permit une expansion aisée. Le village
de Vendel évolua rapidement en ville puis en cité, et ce sans
problèmes de surpopulation, contrairement à d ’autres agglo-
mérations au développement comparable.
Les riches terres arables autour de Vendel fournissent
l ’essentiel des fruits et légumes frais, ainsi que des fleurs,
des épices et des herbes cultivées au Vestenmennavenjar.
Les bovins, adaptés aux pâturages plats, prospèrent dans
l ’ancienne vallée fluviale, remplaçant avantageusement les
´
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 175
 robustes chèvres et moutons élevés dans d ’autres parties
de la Nation. Vendel commerce avec les villes vestens
lasses du poisson, troquant de la nourriture fraîche contre
des denrées luxueuses, rares et plus facilement transpor-
tables. Ces marchandises constituent ensuite l ’essentiel des
échanges de la Ligue de Vendel avec les autres Nations.
La Vendel moderne rivalise avec n ’importe quelle autre
ville prospère du monde connu, tout en respectant ses
racines antiques. Les plus vieux quartiers, près du cœur de
la cité, furent édifiés avec une telle maîtrise et un tel souci
du détail que nombre des bâtiments originels sont encore
utilisés par les descendants de leurs bâtisseurs. Au fil du
temps, de nouveaux secteurs se sont développés aux côtés
des anciens, contrairement à de nombreuses villes où les
vieux bâtiments sont abattus pour être remplacés. Ces
nouveaux quartiers, souvent plus riches et plus élaborés
que les précédents, témoignent de l ’évolution incessante des
styles et des techniques architecturaux depuis la fondation
de la ville. Progresser depuis l ’extérieur de la cité vers son
centre prend des airs de voyage dans le temps, du moins en
ce qui concerne la structure et le style des bâtiments. Les
zones nouvelles offrent de larges rues pavées avec soin pour
le transport en calèche ou en charrette, et les bâtiments sont
souvent entrecoupés de jardins, de parcs et d ’autres zones
d ’agrément destinées aux rassemblements publics.
Ces étendues de haies, de verdure et d ’allées, dédiées aux
activités sociales, aux pique-niques, aux théâtres en plein
air et, à l ’occasion, aux pendaisons, flagellations et autres
châtiments publics de criminels, fournissent également
des emplacements de choix pour les duels, les rencontres
privées et les rendez-vous galants. Bien que la garde de
Vendel patrouille ces endroits, ils restent des zones sensibles
de la criminalité nocturne, ce qui a conduit les habitants
à leur inventer des surnoms comme « l ’esplanade des
Escamoteurs » ou le « square du Surineur ».
Les parties les plus anciennes de la ville se font de moins
en moins luxueuses et spacieuses, bien que leur architecture
ait toujours été source de fierté pour les artisans vendelars.
Dans les quartiers les plus vieux, certains bâtiments datent
d ’une époque ancestrale, antérieure à l ’avènement du
Vestenmennavenjar en tant que Nation, alors que Vendel
n ’était guère plus qu ’un petit village côtier, havre d ’une tribu
anciennement nomade.
´
176 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
L ’influence de la Ligue
Comme dans toute autre grande ville, la population de
Vendel va de l ’extrême pauvreté à l ’immense richesse.
Cependant, depuis son avènement, la Ligue a fait de gros
efforts pour garantir un métier adapté à chaque citoyen en
recherche d ’un emploi. Les projets civils, comme les écoles
et les universités, proposent toute une gamme d ’emplois de
services, et le carl de Vendel a mis en place un programme
permettant d ’engager ceux qui ont des difficultés à trouver
un travail afin qu ’ils participent à l ’entretien général de la
ville. Chiffonniers, balayeurs, jardiniers, paysagistes : si un
habitant est capable de frotter la pierre ou de nettoyer les
fenêtres, la ville lui trouvera une occupation. Même les vieil-
lards, les estropiés et les infirmes sont acceptés par la société
de Vendel, et peuvent gagner leur vie dans l ’enseignement,
la comptabilité, la gestion de projets ou la création d ’œuvres
d ’art, pour le bien de toute la ville.
La population de Vendel fait généralement bon accueil
aux visiteurs, quelles que soient leurs origines, tant qu ’ils ne
sont pas hostiles. Les intellectuels trouveront toutes sortes
d ’écoles, de musées, de galeries et de bibliothèques acces-
sibles au public. Les esprits plus martiaux pourront s ’entre-
tenir avec les plus grands fabricants d ’armes et d ’armures
du monde, ainsi qu ’avec des constructeurs de navires et
d ’armements volumineux comme des trébuchets, des
canons et même des machines de mort plus excentriques.
La variété des marchandises disponibles dans les magasins
et marchés est tout aussi importante que dans le reste du
monde, et toutes les transactions s ’y font en guilders. La
Ligue vend certains biens plus discrètement que d ’autres,
sans en interdire aucun. Elle considère en effet que le
marché lui-même décide ce qu ’il est acceptable de vendre ou
non. Elle impose cependant lourdement les marchandises
sensibles et surveille leur vente.
À Vendel plus que n ’importe où ailleurs au
Vestenmennavenjar, et grâce à la gestion efficace de la
Ligue, le titre de jarl est devenu essentiellement cérémoniel.
Frederick Ulfsen en « hérita » à la suite de son prédécesseur
et oncle, Aksel Main-Rouge, mort dans des circonstances
mystérieuses. La Ligue de Vendel se satisfait bien davantage
d ’Ulfsen, en grande partie parce qu ’il se contente largement
de servir de façade diplomatique et laisse la Ligue gérer la
politique de la ville. En revanche, la femme d ’Ulfsen, Sofia,
est bien plus apte en politique que son époux. Tout juste
âgée de quinze ans lors de son mariage, elle lui a donné huit
enfants, et quoiqu ’aucun ne soit encore sorti de l ’enfance,
elle leur arrange minutieusement des mariages d ’influence.
La Maison de Guilde
Chef-d ’œuvre d ’architecture internationale, la Maison de
Guilde de la Ligue de Vendel est le fleuron de la ville. Avant
d ’entamer sa construction, la Ligue a consulté des maîtres
architectes des quatre coins de la Théah et sélectionné des
éléments destinés à dépasser leurs plus grandes réalisations,
non seulement en beauté, mais aussi en fonctionnalité. Le
domaine est conçu de manière à ce que sa surveillance néces-
site un nombre de gardes minimal, tandis que l ’attention
du visiteur reste focalisée sur les jardins et les paysages
luxuriants du bâtiment principal.
Le rez-de-chaussée est pour l ’essentiel constitué du Hall
de la Ligue, où les présidents peuvent recevoir des péti-
tionnaires, soit en groupe dans une galerie, soit dans des
chambres de conseil privées. En fonction de son statut,
l ’invité attendra dans une chambre austère aux bancs de
bois durs ou dans une somptueuse suite où lui seront
proposées les plus luxueuses commodités de la Ligue. Les
pages de la Maison de Guilde complètent souvent leurs
revenus en vendant des informations sur les chambres et
leurs occupants, ainsi que sur la durée de leur séjour. Ces
bribes d ’information servent de baromètre économique et
social. Ainsi, commères et parieurs sont prêts à payer de
belles sommes pour les obtenir.
Au-dessus de l ’étage principal, chaque maître de guilde
dirige sa propre aile. Chacune s ’étend depuis un point
central, en une étoile à neuf branches. Ces quartiers, aussi
luxueux que des maisons domaniales, servent de foyer
officiel aux maîtres de guilde et à leur entourage lorsqu ’ils
se rendent à Vendel. La tradition veut qu ’ils ne reçoivent
pas de dignitaires dans ces quartiers privés : ce serait faire
preuve d ’une familiarité en contradiction avec le standard
commercial de la Ligue. Néanmoins, bon nombre des
maîtres de guilde possèdent des appartements personnels
secrets, plus ou moins opulents, ailleurs dans la ville. Ainsi,
les réunions privées ne sont pas rares entre les membres de
la Ligue et de potentiels partenaires commerciaux, loin du
cadre traditionnel de la Maison de Guilde.
Quelques maîtres de guilde ne s’embarrassent pas de
propriétés à l’extérieur du Hall, préférant mener leurs affaires
à proximité des autres guildes. Ceux-là ont étendu leurs quar-
tiers pour en faire des maisons de guilde à part entière, avec
de quoi s’entraîner et pratiquer sur place. Les guildes des char-
pentiers et des usuriers fonctionnent essentiellement à l’exté-
rieur du Hall, et seul le capital politique que leurs maîtres ont
accumulé empêche les autres d’en prendre ombrage.
Mjotuthrstoll, le trône du Haut Roi
Au cœur de la cité de Vendel, parmi les somptueuses devan-
tures et les domaines élégants, se trouve un sentier pavé trop
étroit pour une calèche, qui mène au sommet d ’un monti-
cule rocailleux jusqu ’à un belvédère de granit pur. Cette
cour est cernée par des pierres levées hautes comme deux
hommes, et si larges qu ’il faudrait être deux pour en faire le
tour de ses bras. Elles sont couvertes de créatures sculptées
et d ’antiques runes narrant les aventures des anciens dieux
et Héros du Vestenmennavenjar. En leur centre s ’élève un
trône de pierre immémorial presque aussi haut que ces
monolithes, placé de telle manière qu ’au matin suivant le
solstice d ’hiver, le soleil levant le baigne directement dans
sa lumière. Ce grand siège, le trône depuis lequel l ’antique
Haut Roi du Vestenmennavenjar régnait sur les tribus
unies de la Nation, est marqué d ’une rune liée symbolisant
les quatre principes de la culture vesten : chance, loyauté,
honnêteté et courage.
Si aucun Haut Roi n ’a siégé sur Mjotuthrstoll depuis
deux siècles, le site et le trône lui-même restent des
piliers de la culture du Vestenmennavenjar. Les Vestens
prétendent que les personnes pourvues de véritables
qualités de dirigeant ressentent une vibration palpable
lorsqu ’elles posent la main sur le siège de pierre sombre,
et ceux qui aspirent à diriger effectuent souvent un pèle-
rinage jusqu ’à Mjotuthrstoll, rapportant systématique-
ment avoir ressenti ce phénomène à leur arrivée. Selon la
tradition, les personnes souffrant de maladies incurables
arpentent le sentier étroit (ou y sont transportées), dans
le but d ’implorer au pied du trône que les grands rois de
jadis se manifestent par-delà la mort et les soulagent de
leurs souffrances. Les mères frottent le bonnet de leurs
nourrissons sur la rune liée, dans l ’espoir de leur trans-
mettre une partie des qualités des anciens dirigeants.
Le Marché
D ’un pays de guerriers, la Ligue de Vendel a fait du
Vestenmennavenjar une Nation de négociants, et le
Marché est la preuve de leur succès. Plus grand que la
plupart des villages reculés du Vesten, le Marché était jadis
une vaste plaine dédiée à l ’élevage et au pâturage, ainsi
qu ’aux festivals saisonniers. Lorsqu ’un commerçant se
rendait à Vendel dans l ’optique d ’y vendre ses marchan-
dises, c ’était généralement ici qu ’il s ’installait. Avec le
temps et à mesure que le commerce gagna en importance
dans la cité portuaire, la fréquentation et le nombre des
marchands augmentèrent. La Ligue, saisissant l ’occasion,
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 177
 acheta le terrain et y érigea de petits étals permanents, de refusèrent d’abandonner leurs foyers ancestraux. Les érudits
sorte à permettre les ventes même lors des rudes mois modernes n’accordent que peu de crédit à ces vieux contes,
d ’hiver. Elle engagea également des gardes pour surveiller mais il reste que la quasi-intégralité des bâtiments de Kirk
la zone et garantir la sécurité des commerçants. arbore les symboles runiques censés protéger contre ces
Désormais, le Marché est un endroit bouillonnant d ’acti- ennemis, même si les artisans affirment ne voir là que des
vité tout au long de l ’année. Tout ce qui peut être vendu vestiges d’une époque depuis longtemps révolue.
quelque part en Théah peut sans doute être acheté ici, À l’abri des invasions étrangères, Kirk est depuis des géné-
depuis les pierres et métaux précieux jusqu ’aux carottes et rations un sanctuaire pour les universités et les bibliothèques,
aux morues séchées. Fermiers, fourreurs et autres vendeurs protégeant les connaissances sacrées aux yeux des Vestens (et
saisonniers y installent parfois des étals temporaires, mais ceux qui les étudient) contre d’éventuelles menaces extérieures.
certains commerces implantés dans le Marché depuis La cité compte plus d’écoles d’enseignement supérieur par habi-
désormais des générations ont façonné des rues entières tant que n’importe quelle autre ville du Vestenmennavenjar, et
consacrées à l ’habillement, à l ’alimentation ou à d ’autres bon nombre des plus grands artisans, écrivains, créateurs et
biens particuliers. Un quartier est même dédié au commerce artistes de la Nation ont étudié à Kirk.
d ’esclaves, scrupuleusement surveillé par des représentants Si l ’inaccessibilité de la ville en a fait un havre du savoir et
de la Ligue afin de garantir les meilleurs traitements—du de la religion au cours des siècles, elle fournit désormais à la
moins, dans l ’enceinte de la ville. Ligue une protection identique contre l ’ingérence extérieure,
y compris celle de Vendel. C ’est là que se trouve la Breffa,
Kirk que les personnes extérieures pensent être une simple
Kirk a toujours été un haut lieu de la culture et de la religion archive de la Ligue, mais dont les sous-sols contiennent
au Vestenmennavenjar. C ’est la capitale de la Nation depuis probablement une fortune plus considérable que tout le
cent ans, malgré les efforts de la Ligue pour la déplacer à reste du Vestenmennavenjar.
Vendel. Les pierres levées au centre de la ville sont commu- Si c ’est à Vendel que les marchés sont conclus, c ’est à Kirk
nément considérées comme étant les plus anciennes de tout que l ’argent est conservé.
le Vestenmennavenjar, et les bâtiments qui les entourent
accueillent des prêtres et prêtresses parmi les plus révérés Mestrkirk
de la Nation. Les terres environnant Kirk sont parsemées Quoiqu ’inachevée, la Mestrkirk, également désignée comme
de lieux considérés depuis longtemps comme sacrés aux la Sublime Cathédrale, attire déjà l ’attention de la Théah.
yeux des dieux, riches en assemblements de pierres levées Les enseignements objectionnistes ont beau ne pas exiger
et sculptées datant de temps immémoriaux. Les petits de pèlerinages, la réputation de la Mestrkirk est telle qu ’au
villages de la région hébergent de nombreux prêtres qui cours des dernières décennies, d ’innombrables dévots du
entretiennent ces pierres et officient pour ceux qui croient monde entier ont voyagé jusqu ’à Kirk pour admirer la gloire
au caractère sacré de ces lieux. Chaque saison, des pèlerins inachevée de ses gigantesques contreforts, de ses tours
viennent des quatre coins de la Nation pour participer à des majestueuses et de son domaine raffiné.
festivals sacrés et à des célébrations en l ’honneur des dieux. Comme Kirk abrite bon nombre d ’églises traditionnelles
Ils reconnaissent les périodes et lieux saints de la foi vesten qui font partie du patrimoine vesten, certains sont perplexes
et se consacrent à la religion de leurs ancêtres, perpétuant devant la décision de la Ligue d ’y parrainer la construction
une tradition qui se perd dans le temps. de la plus grande cathédrale objectionniste jamais conçue.
Jadis plus grande ville du Vesten (Vendel détenant désor- D ’aucuns, en particulier les fidèles les plus fervents de la
mais ce titre grâce à l’influence de la Ligue), Kirk a toujours foi traditionnelle, voient dans cette initiative de la Ligue
été protégée des invasions extérieures par la distance qui la une insulte flagrante à leurs croyances. Ils affirment que
sépare de la côte. Son peuple, non moins brave que ses cousins poussés par leur avidité de biens et de richesses étrangers,
de la côte occidentale, a su faire face à toutes sortes d’ennemis ces marchands se sont hasardés à insulter les dieux du
à travers l’histoire. Les légendes de la région abondent en créa- Vesten avec ce bâtiment blasphématoire. Ils attendent avec
tures surnaturelles que les braves gens de Kirk combattirent impatience le jour où le Père-de-Tout et les siens abattront
pour le contrôle des terres : des géants dans les montagnes, cette abomination et tous ceux impliqués dans sa création.
des trolls près des rivières et d’autres créatures mythiques qui

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178 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
 Quelles que soient les intentions de la Ligue, personne En réalité, la Breffa recèle encore plus. Dissimulée sous
ne peut nier que la construction vaut le détour. Même les les étages apparents, une forteresse souterraine conserve
adeptes les plus fidèles de la religion vesten viennent la voir, les immenses réserves de richesses de la Ligue : gemmes,
ce qui stimule le commerce local depuis quelques années. lingots de métaux précieux, ou encore actes de propriétés en
terres étrangères. C ’est aussi là que se trouvent les archives
La Breffa secrètes, des documents que seuls les membres de la Ligue
Aux yeux du monde extérieur, la Breffa est le lieu où sont et la Maîtresse de la Breffa elle-même peuvent consulter. Un
entreposées les vastes archives de la Ligue et de ses transac- espion étranger paierait une véritable fortune et d ’innom-
tions. La consommation effrénée de papier des comptables brables vies pour avoir accès à ces locaux, s ’il en connaissait
de la Ligue est telle qu ’elle a donné naissance à bon nombre seulement l ’existence.
de plaisanteries. Selon l ’une d ’elles, le besoin en fripes (utili- Plus profondément encore, à l ’insu de tous excepté des
sées pour produire de la pulpe de papier) menace de remplir membres les plus haut placés de la Ligue, se trouve l ’hôtel
les poches de la Nation mais de la priver de pantalons. Une des Monnaies qui frappe le guilder. Un seul maître artisan,
autre affirme que la Ligue aurait lancé des expéditions à connu uniquement sous le nom de « Meister » (apparem-
la recherche d ’indigènes dotés de quatre mains, de sorte à ment originaire de Vodacce, mais aujourd ’hui dévoué à la
doubler le rythme de rédaction. Ligue pour des raisons que la Maîtresse elle-même ignore)
Blague à part, depuis sa création au XVe siècle, la Breffa supervise la monnaierie. Lui et ses trois apprentis vivent
enregistre toutes les transactions effectuées par la Ligue ensemble dans les souterrains et supervisent la frappe de
et ses délégués, même les plus insignifiantes. La Breffa ne chacune des pièces du célèbre guilder de la Ligue. Aucune ne
consigne ces documents officiels qu ’en alphabet runique quitte la Breffa sans être passée sous l ’œil attentif du Meister.
traditionnel, antérieur de plusieurs siècles à la création de la La Ligue ne confie la garde de ces souterrains qu’aux soldats
Ligue. Certains n ’y voient qu ’un reflet de l ’attachement de la les plus fidèles. Nombre d’entre eux ont contracté une dette
Ligue à son héritage et à son histoire. D ’autres comprennent à vie envers la Ligue ou possèdent un parent vivant dans le
que cela rend l ’espionnage moins aisé que si les archives foyer d’un membre de la Ligue, ce qui garantit leur loyauté.
étaient consignées dans un dialecte plus moderne.
Depuis les comptables jusqu ’aux archivistes, des fabri-
cants d ’encre aux aubergistes, beaucoup de familles de Kirk
travaillent désormais d ’une manière ou d ’une autre pour la
Ligue, faisant de cet entrepôt l ’un des bâtiments les plus
importants du Vestenmennavenjar.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 179
 La baie du Père-Morose
À l ’intérieur des terres, de l ’autre côté de la Gueule, au-delà
des eaux traîtresses du grand canal de Hoppe, s ’étend
une vaste étendue d ’eau appelée la baie du Père-Morose.
Loin de n ’être qu ’un simple golfe, la baie du Père-Morose
pourrait facilement accueillir l ’intégralité de l ’Avalon, des
Marches des Highlands, de l ’Inismore et des eaux qui les
entourent. Si l ’Ussura et l ’Eisen en revendiquent le littoral
sud, le contrôle des côtes nord et des vastes voies navigables
revient aux Vestens depuis la fondation du pays, et même
encore avant, à l ’époque immémoriale de leurs ancêtres les
plus lointains.
Eskjo
Nichée sur la côte septentrionale de la baie du Père-Morose,
Eskjo est une ville modeste, mais farouchement indépen-
dante, dont la subsistance repose principalement sur les
eaux de la baie. Elle est essentiellement peuplée de pêcheurs,
et les jarls successifs, dont le titre se transmet au sein de la
même famille étendue depuis des générations, restent très
attachés aux traditions.
Le personnage le plus notable d ’Eskjo n ’est pourtant pas
son jarl, mais Alvor Ekillsdatter, la femme à la tête du tris-
tement célèbre groupe de pirates connus sous le nom de
Pilleurs vestens. Si son territoire s ’étend à toute la baie du
Père-Morose et à la Gueule au-delà, Alvor se sert d ’Eskjo
comme base d ’opérations pour sa vaste armada de navires
pirates. Depuis cette ville, elle dirige son réseau de corsaires.
Leur flotte est composée de bâtiments rapides à l ’arsenal
léger mais mortel, constitué de canons et d ’autres armes.
S ’ils épargnent généralement les flottes vestens, ils
mènent une chasse ouverte aux bâtiments étrangers. Alvor
est connue des marins pour son sens de l ’humour et son
penchant pour les paris et les jeux de hasard. De fait,
certaines de ses victimes ont pu échapper à ses griffes en
lui proposant des défis intéressants ou des paris amusants
capables de piquer son intérêt.
Du fait de leur terrible réputation, le modus operandi
habituel des Pilleurs est très généralement bien plus paci-
fique et civil qu ’il ne pourrait l ’être : ils demandent une
« donation » aux navires de commerce qu ’ils attrapent. Si
la proposition leur paraît satisfaisante, ils laissent le bateau
continuer sa route sans lui causer plus de problèmes. Si
l ’équipage refuse la demande, ou si les Pilleurs trouvent le
paiement insuffisant, ils ravagent l ’embarcation à coups de
canon, l ’abordent et prennent tout ce qui a de la valeur, ce
qui inclut souvent les vêtements du capitaine radin et de
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180 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
ses marins. Ils laissent ensuite les survivants reprendre leur
chemin et naviguer tant bien que mal jusqu ’au port le plus
proche, où ils subissent les railleries de ceux qui ont payé les
Pilleurs sans autre conséquence.
Somajez
Somajez est peut-être la moins vesten de toutes les villes
Vestenmennavenjar. En fait, il y a encore quelques années,
c ’était une garnison ussurane. Pendant des générations, la
propriété de ce grand village et de la forteresse militaire
qu ’il abrite ont fait l ’objet de débats houleux entre le
Vestenmennavenjar et l ’Ussura. Ce conflit repose en grande
partie sur la localisation de Somajez à la pointe la plus
orientale de la côte de la baie du Père-Morose, ce qui en
fait pour les deux Nations un excellent emplacement pour
les manœuvres militaires terrestres ou maritimes, ainsi que
pour lancer des missions de reconnaissance vers l ’autre
Nation. La population a développé une culture propre qui
inclut des us des deux Nations et les combine d ’une manière
proprement et résolument somaji.
Tenant davantage de l ’avant-poste que de la ville, l ’exis-
tence de Somajez a toujours été assujettie aux financements
de la Nation qui en revendiquait la propriété. Du fait de son
manque de ressources naturelles et de sa position trop à l ’est
du Père-Morose pour attirer le commerce, le village n ’aurait
jamais rassemblé plus qu ’une poignée de nomades n ’eût été
la forteresse. Lorsque la première garnison s ’y implanta
(vesten ou ussurane, le débat fait encore rage), elle amena
avec elle suffisamment de ressources et de marchandises
pour engager les habitants de la région à satisfaire leurs
besoins, permettant au petit hameau de devenir l ’agglomé-
ration de taille respectable qu ’elle est aujourd ’hui.
En retour, génération après génération, la population du
village se mit au service des troupes militaires, dans une
sorte de symbiose. La forteresse, dont le nom a changé une
douzaine de fois au fil des siècles, emploie les habitants au
nettoyage, à la cuisine, à la couture, aux réparations, au soin
des animaux et autres tâches subalternes. Les troupes se
reposent également sur la population de Somajez pour tout
ce que leurs circuits officiels ne leur fournissent pas : de la
nourriture de meilleure qualité que le rata réglementaire,
des marchandises non militaires allant des objets de luxe
aux drogues illicites en passant par les armes non autorisées,
et bien évidemment des divertissements divers et variés.
Le changement de statut le plus récent de Somajez
constitua sans doute la passation de pouvoir la moins spec-
taculaire de l ’histoire de la ville. Alors que la plupart des
précédentes prises de contrôle d ’une Nation ou de l ’autre de la forêt du Jarl reste le légendaire lindorm, un drachen
s ’étaient déroulées dans la violence (bien souvent au détri- à l ’arrière du corps serpentin, dépourvu d ’ailes, mais doté
ment des habitants), la récente acquisition de Somajez par le de pattes avant griffues et tranchantes. Féroces et très veni-
Vestenmennavenjar s ’est produite sans la moindre effusion meux, les plus grands lindorms seraient capables de cracher
de sang, grâce à l ’intervention de la Ligue de Vendel, qui a du feu et de la fumée toxique. La légende raconte que l ’un
inclus sa cession dans l ’actuel accord commercial contracté des derniers Hauts Rois a abattu un lindorm à lui seul, afin
avec les dirigeants de l ’Ussura. de prouver son courage et son talent avant d ’endosser son
Comme la tradition vesten l ’exige, des habitants de titre et de siéger sur Mjotuthrstoll.
Somajez se sont vu attribuer les titres de jarl et de carl
à l ’occasion du transfert de la cité. La forteresse possède Krog, l ’auberge à la croisée des chemins
également un commandant en charge des troupes locales, Initialement constituée d ’un seul bâtiment, Krog (la taverne)
dont la nomination est supervisée par la Ligue de Vendel. est devenue un petit village principalement peuplé par les
Pourtant, aucun de ces personnages n ’est le véritable déten- descendants du propriétaire originel. Dans la mesure où
teur du pouvoir à Somajez. En tant que représentant de la même les chevaux les plus rapides ne peuvent pas traverser
Ligue dans la ville, Waldemar Hagensenn est officiellement toute la forêt du Jarl en une journée, Krog est un endroit
un subordonné du jarl, mais sa parole (et donc celle de la prisé par les voyageurs désireux de ne pas dormir à la belle
Ligue) fait loi sur tous les sujets importants, ce dont le jarl étoile. Aujourd ’hui, Krog offre une forge, deux auberges,
est bien conscient. une brasserie, un commerce et un charpentier, ainsi que les
services de marchands et vendeurs saisonniers.
La forêt du Jarl Tenue par le fils du propriétaire originel, Bjorn, et sa
Couvrant une large part du territoire de la Nation, la forêt femme Justa, Krog est la seule agglomération véritablement
du Jarl est la plus grande et la plus dense des étendues laïque des profondeurs de la forêt du Jarl. Pour cette raison,
boisées du Vesten. On raconte que certains des arbres et du fait du folklore bien ancré, certains croient que les
nichés au cœur de la forêt ont connu l ’époque où les dieux aimables époux sont plus que de simples mortels. Bien qu ’ils
arpentaient le pays, et s ’élèvent plus haut que n ’importe quel soient assez vifs pour leur âge avancé, tous deux affirment
bâtiment de Vendel. La forêt du Jarl a toujours fourni la ne devoir leur vigueur qu ’à un dur labeur et un mode de
matière première de la plupart des flottes vestens, et depuis vie sain.
l ’avènement de la Ligue de Vendel, c ’est une source majeure La position reculée de Krog en fait un endroit de choix
de bois d ’export vers les Nations les moins boisées de Théah. pour les négociations clandestines et les réunions secrètes.
La forêt du Jarl abrite également de vastes domaines Bien que probablement conscients du nombre d ’espions
nobles, beaucoup desquels couvrent plusieurs centaines étrangers (ou d ’émissaires de la Ligue et de Scélérats
d ’hectares. La chasse est un passe-temps populaire de la vestens) qui fréquentent Krog, Bjorn et Justa ne peuvent pas
noblesse, et plus la proie est dangereuse, mieux c ’est. Depuis se permettre de choisir leur clientèle, compte tenu de leur
que la Ligue de Vendel a diminué l ’importance de la guerre situation reculée. Le vieux couple reste toutefois fidèle à sa
chez les Vestens, l ’engouement pour ce sport, qui permet Nation, malgré ce qui peut se tramer dans leur grande salle.
de faire valoir des compétences martiales dorénavant moins
utiles, s ’est renforcé. Les nobles fieffés organisent parfois
de grands tournois, avec des récompenses exotiques pour
qui ramènera la proie la plus impressionnante en un temps
donné. Ces tournois attirent des participants de toute la
Nation, et même au-delà.
Seuls les plus braves chassent au cœur de la forêt du Jarl.
On prétend que des serpents géants capables d ’engloutir
un cavalier et sa monture s ’y terrent, aux côtés d ’araignées
monstrueuses aussi massives que des maisons et capables
de piéger un groupe entier de chasseurs dans leur toile.
Cependant, le gibier le plus craint (et donc le plus prisé)

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 181
 Les Pierres d ’elle de manière si claire qu ’elle peut en suivre le cours et
Certaines des plus anciennes pierres levées du la direction, elle serait capable de glaner un aperçu du futur.
Vestenmennavenjar sont disséminées dans la forêt du Jarl. Certains affirment que l ’oracle aurait prédit l ’avènement
Si certaines de ces formations portent sans équivoque des de la Ligue de Vendel une génération avant sa création.
louanges ou des suppliques adressées aux dieux, ou encore Cependant, personne ne peut affirmer avec certitude que
narrent les hauts-faits de dirigeants ou de guerriers mortels, l ’oracle actuelle est la même que celle qui avait prédit la
d ’autres sont si anciennes que nul ne comprend vraiment ce transformation du géant militaire vesten en grande puis-
qui y est gravé. sance économique.
L ’un de ces rassemblements de pierres, qui en comptait
initialement douze, mais dont seules onze se dressent encore, Gandr (le Bâton)
présente des inscriptions si archaïques que même les plus Bien que la plupart des arbres de la forêt du Jarl soient majes-
érudits des ypperste prester du Vestenmennavenjar avouent tueux, l’un d’eux les surpasse dans tous les sens du terme.
mal comprendre leur fonction, voire ne pas la comprendre Connu sous le nom de « Gandr », les histoires prétendent
du tout. Cela n ’empêche pas certains d ’entre eux de consa- que ce chêne imposant était le bâton de marche utilisé par
crer leur vie à la protection et à l ’étude de cette formation, le Père-de-Tout lui-même et qu’il développa des racines une
simplement connue sous le nom des Pierres. fois planté. À sa base, son tronc est plus épais qu’une maison
Chaque année, des pèlerins de toute la Nation s ’enfoncent et ses branches s’élèvent si haut que selon certaines légendes,
jusqu ’au cœur de la forêt du Jarl pour visiter les Pierres. Ils quiconque grimperait à leur sommet une nuit de pleine lune
y laissent des offrandes et des sacrifices sur la dalle qui fait pourrait s’adresser directement aux dieux.
office d ’autel, et passent souvent des jours ou même des Unique chêne dans une forêt de bouleaux et de pins,
semaines à consulter les prêtres dévoués aux Pierres dans Gandr est un lieu de pèlerinage depuis des générations, en
l ’attente d ’une solution aux troubles qui les ont conduits particulier pour ceux désireux d ’abandonner leur passé et
jusqu ’ici. Pour leur part, les prêtres aident les pèlerins au de rejoindre le groupe sacré qui vénère et entretient cet
mieux, employant parfois le Galdr en complément de leur arbre légendaire.
sagesse innée. Certains pensent qu ’ingérer un gland de Gandr peut
Les rumeurs parlent d ’une oracle qui vivrait avec les soigner tout poison ou maladie. D ’autres croient que seule
prêtres des Pierres. Bien que ces derniers n ’autorisent pas les une flèche taillée dans ce bois sacré peut tuer un lindorm.
étrangers à lui rendre visite, les questions particulièrement Quoi qu ’il en soit, cet arbre est sacré pour les Vestens, et
graves (ou celles posées par des suppliants influents) lui sont quiconque tenterait de lui nuire se retrouverait seul face à
parfois transmises. Censée percevoir le mythe vivant autour la Nation entière.

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182 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Les Terres du Nord En plus de son emplacement et de son accessibilité, la
Le Vestenmennavenjar n ’est pas fait pour les faibles. Son nature a doté Klorhulg des mines d ’argent les plus riches et
environnement rude et son climat inhospitalier ont forgé les plus abondantes de la Nation. À l ’origine, l ’exploitation
une population qui compte parmi les plus robustes et des mines par les habitants de la région produisait suffi-
farouches de toute la Théah. Pourtant, même parmi les samment de métal à l ’export pour les secteurs du luxe et de
Vestens, les habitants des redoutables Terres du Nord la joaillerie. Lorsque la Ligue de Vendel lança le guilder, la
sont admirés pour la persévérance stoïque dont ils demande dépassa ce dont la production locale était capable,
font preuve. et la Ligue commença à envoyer des asservis dans les mines.
L ’essentiel de la population se concentre dans de petits Pendant un temps, cette situation s ’avéra bénéfique pour
villages situés à proximité de ressources telles que les zones tous : les travailleurs asservis remboursaient leurs dettes
boisées, les sources d ’eau fraîche et les zones de migration bien plus vite que dans d ’autres régions de la Nation, et les
saisonnière des animaux. La nourriture disponible limite locaux se réjouissaient de cette aide qui leur permettait de
d ’elle-même la croissance démographique : même après respecter les quotas de la Ligue. La demande de guilders
l ’essor économique que la Ligue de Vendel a apporté au augmenta encore, cependant, et les conditions de travail
reste de la Nation, les agglomérations des Terres du Nord se firent éprouvantes, puis enfin tyranniques. À mesure
sont restées les plus pauvres et les plus proches du seuil que les asservis remboursaient leurs dettes et partaient à
de subsistance de tout le Vesten. Bon nombre de villages la recherche d ’une vie plus facile au sud, les mineurs de la
côtiers ne demeurent accessibles que par voie maritime, à région commencèrent à se plaindre du rendement réclamé
la faveur des courts mois d ’été qui voient la fonte annuelle par les contremaîtres de la Ligue.
de la banquise du Père-de-Tout. Le reste de l ’année, ces En réponse, la Ligue importa des esclaves pour leur prêter
villages et ceux situés plus loin dans les terres ne peuvent main forte, les faisant passer pour des asservis. Au début,
être atteints que par voie terrestre, le plus souvent au moyen cette main-d ’œuvre supplémentaire apaisa les exigences,
d ’un traîneau tiré par un renne ou des chiens. mais à mesure que l ’influence de la Ligue grandit, et avec
elle ses besoins en argent pour frapper de nouveaux guilders,
Klorhulg les impératifs de production commencèrent à dépasser des
Figure d ’exception dans les Terres du Nord, Klorhulg niveaux de rendement humains.
constitue depuis des générations une véritable « ville », Les lois de l’Allthing concernant les asservis suscitèrent une
à la différence des villages éparpillés dans la région. certaine indignation face à ce traitement, mais les esclaves, eux,
Historiquement, sa croissance et sa prospérité sont ignoraient tout de leurs propres droits dans la Nation. Tandis
attribuables à deux principaux facteurs : sa situation que les conditions s’aggravaient, les asservis et les mineurs
géographique dans l ’un des fjords les plus encaissés du indépendants refusèrent de travailler, invoquant la dangero-
Vestenmennavenjar, et les mines d ’argent qui parsèment sité et le traitement inhumain dans les mines. Cette révolte
la région. menaçait de signer la fin des entreprises de la Ligue. Maître
Comme la profondeur de la baie de Klorhulg l ’empêche de Ballesteros congédia alors toute la main-d’œuvre, la remer-
geler et que sa position assez à l ’ouest lui épargne l ’isolement ciant pour ses services, et la remplaça par des esclaves illégaux.
par la glace (hormis au cours des hivers les plus rudes), la Pour éviter une mutinerie parmi les villageois, il leur
ville reste depuis des siècles le port septentrional vesten le versa de petites aides en compensation de leur licencie-
plus actif. Lorsque des ressources vitales sont envoyées vers ment, principalement pour acheter leur silence quant aux
le nord par le reste du Vestenmennavenjar (et de la Théah), conditions déplorables encore imposées dans les mines.
c ’est par Klorhulg qu ’elles transitent, ce qui en fait un centre Certaines personnalités de la région (dont l ’ancienne carl
de communication, de commerce et de culture pour la de Klorhulg, Elisif Geirsdatter) sont moins corruptibles,
région. Les autres habitants des Terres du Nord traversent mais la Ligue les écarte de différentes manières. Beaucoup
des centaines de kilomètres de paysages gelés pour obtenir se demandent comment le jarl actuel, Gylffi Hafgrimmr, va
des biens et de l ’équipement de première nécessité en réagir à ces pressions.
échange de somptueuses fourrures, que les marchands de
Klorhulg vendent ensuite aux marchés étrangers.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 183
 La banquise du Père-de-Tout
La surface totale de la banquise du Père-de-Tout équivaut
à celle du reste du Vestenmennavenjar, du moins en hiver.
Ces massives étendues de glace doublent en superficie à
la saison froide, mais fondent en grande partie l ’été venu.
L ’accès à l ’essentiel de la côte septentrionale se libère alors,
permettant la pêche de poissons et de baleines, ainsi que la
navigation depuis et vers les Terres du Nord.
La banquise offre un terrain de chasse important pour
les villageois de la région, qui s ’y aventurent à la recherche
de phoques, de morses, d ’ours polaires et d ’autres gibiers
riches en nutriments. Cependant, la banquise reste dange-
reuse, même pour un chasseur expérimenté. Beaucoup de
ceux qui partent en expédition n ’en reviennent pas, victimes
de leurs proies, du temps imprévisible ou des créatures
monstrueuses qui, d ’après les légendes, font de la banquise
leur territoire. Les résultats valent pourtant les risques
encourus : sans les richesses naturelles de ces étendues
désolées, bon nombre des villages des Terres du Nord ne
pourraient pas subsister.
Ces dernières années, la banquise du Père-de-Tout est
devenue un lieu de safaris pour d ’intrépides explorateurs.
De riches étrangers déboursent de fortes sommes pour
s ’aventurer sur la glace en quête de trophées, et servir de
guide à ces explorateurs fournit aux autochtones de quoi
rendre leurs chasses encore plus lucratives… à condition de
supporter la fréquente incompétence de ces dilettantes. Cela
n ’empêche pas les grimpeurs sur glace audacieux de profiter
des étrangers ignorants et de leurs attentes déplacées.
Au-delà des énormes ours polaires, des morses aux longues
défenses et autres créatures exotiques, certains aventuriers
convoitent des proies encore plus insaisissables. D ’après
les légendes, loin au nord, là où la banquise ne fond jamais,
résident les jötunn, une tribu mythique de géants canni-
bales à moitié humains qui vit en exil depuis les premiers
jours du Vestenmennavenjar, et que les explorateurs tentent
de débusquer depuis des siècles. Ces jötunn sont censés
posséder une magie antique leur permettant notamment
de survivre dans ces désolations de glace.
Jusqu ’à aujourd ’hui, personne n ’a pu apporter une preuve
tangible d ’une rencontre avec des jötunn, aussi leur nature
reste-t-elle un mystère. Peut-être qu ’ils n ’existent tout
simplement pas, qu ’ils ont réussi à éviter tout contact ou
qu ’ils tuent ceux qui les trouvent. Peut-être aussi que ceux
qui sont entrés en contact avec eux sont assez avisés pour
ne pas ébruiter leurs secrets.
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184 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Les Vestens savent que les jötunn existent, mais qu ’ils
ne sont pas des géants cannibales. Du moins pas tous. Les
jötunn sont un mythe vivant : des individus et des choses du
passé qui continuent d ’influencer la vie des Vestens.
Le lac du Wyrd
Situé à la lisière nord de la forêt du Jarl, le lac du Wyrd s ’est
formé à partir des restes d ’un volcan préhistorique, alimenté
par une source souterraine dont jaillissent les eaux les plus
pures de tout le Vesten. Plusieurs rivières importantes qui
s ’étendent sur le quart nord-ouest de la Nation trouvent
leur source dans le lac, et leurs affluents s ’étendent sur des
centaines de kilomètres jusqu ’aux littoraux nord et ouest.
Depuis que les premiers colons se sont installés sur les terres
qui allaient devenir le Vestenmennavenjar, le lac du Wyrd et
l’île qui trône en son centre ont eu une place importante dans
le folklore local. Certaines légendes racontent que l’île abrite
le grand arbre qui relie le monde des vivants à celui de leurs
ancêtres. D’autres prétendent que les anciens géants ennemis
des Vestens ont fui vers cette île après que de féroces guer-
riers du Vestenmennavenjar les ont chassés de leurs terres. La
légende à l’origine du nom de l’île (l’île d’Ivethay, qui signifie
« l’île de l’ancienne » ou « l’île de la sorcière ») prétend que le
lac et l’étendue de terre en son centre soient la propriété d’une
sorcière qui transforme les intrus en arbre, expliquant ainsi la
vaste forêt recouvre l’île.
L ’île d ’Ivethay
L ’île d ’Ivethay est une parcelle de terre boisée nichée au
beau milieu du lac du Wyrd. Suffisamment grande pour
être une micro-Nation à elle seule, cette île n ’abrite que
quelques petits villages tribaux dont la plupart n ’ont que
peu de contacts avec le monde extérieur.
La tribu Ukonsaari vit sur l’île d’Ivethay et les rivages qui
l’entourent depuis aussi longtemps que l’homme habite le
Vestenmennavenjar. Connus pour leur taille (l’Ukonsaari
moyen mesure une bonne tête de plus que le Vesten moyen),
les membres de cette tribu matriarcale partagent une histoire
houleuse avec les autres tribus vestens, et ont fini par se retirer
sur cette grande île au milieu du lac du Wyrd, afin d’y vivre
en paix. Au fil des siècles, des rumeurs et des superstitions au
sujet des Ukonsaaris sont nées de cette isolation. Certaines
sont le résultat de l’ignorance, d’autres sont sciemment entre-
tenues par la tribu en guise de protection.
Même si elle serait suffisamment vaste pour accueillir
des villes, l ’île n ’en comprend aucune, mais plusieurs
petits villages éparpillés qui abritent les différents groupes
familiaux de la tribu Ukonsaari, tous liés par un complexe
système exogamique matriarcal. Pour éviter la consangui-
nité au sein de cette population renfermée, les anciennes de
la tribu gardent consciencieusement la trace de la généa-
logie de chacun et arrangent des mariages entre les jeunes
gens de leurs communautés, adoptant souvent des enfants
d ’autres villages pour faciliter les relations. Si chaque village
possède ses propres dirigeants politiques et religieux, tous
se tournent vers une seule femme sage, qui porte le titre
d ’Ivethay, pour régler les problèmes entre villages ou pour
s ’occuper de problématiques particulièrement importantes.
Les légendes qui entourent l ’île d ’Ivethay ont créé une
étrange solution au problème que représente la population
réduite de la tribu. L ’une de ces histoires affirme que si
la sorcière géante qui vit sur l ’île transforme les intrus en
arbres, elle est bien disposée envers les enfants et est inca-
pable de leur faire du mal. Pendant des siècles, les femmes
qui ne pouvaient ou ne voulaient pas élever leurs propres
enfants se sont fié à ces légendes et ont abandonné leurs
nouveau-nés sur les rivages du lac du Wyrd, dans l ’espoir
qu ’Ivethay en prenne soin à leur place. Les mères céliba-
taires et les familles trop pauvres pour élever leurs enfants
ont souvent eu recours à ces mesures désespérées. Les
Ukonsaaris ont également adopté des enfants promis à la
mort, comme les héritiers d ’un trône ou les descendants
illégitimes de dirigeants politiques ou de nobles influents.
Les Ukonsaaris élèvent les enfants adoptés comme des
membres de la tribu à part entière, sans stigmates ou consé-
quences sociales dus à leur origine. Lorsqu ’un enfant adopté
atteint l ’âge adulte, il peut se marier, travailler et vivre sa vie
exactement comme s ’il était originaire de l ’île. En un sens,
il a plus de valeur (en tout cas dans son potentiel reproduc-
teur) qu ’un enfant né au sein de la tribu, car les femmes qui
arrangent les mariages entre les différents villages savent que
son sang étranger ajoute force et diversité à une population
dangereusement réduite et stagnante.
Si les membres de la tribu considèrent l ’adoption d ’enfants
abandonnés comme un devoir sacré et un honneur, cette
générosité a parfois engendré des conflits directs avec
les Vestens extérieurs à l ’île, qui cherchent à se servir
des enfants comme de simples pions sur l ’échiquier poli-
tique. Conscients de ne pouvoir affronter face-à-face des
adversaires plus riches et plus puissants qui pourraient
en avoir après leurs pupilles, les Ukonsaaris emploient la
furtivité, le secret et la superstition pour tenir les intrus
à distance de leur île et de ses précieux réfugiés. Si cette
pratique a longtemps fait partie de la tradition, l ’abandon

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 d ’enfants à Ivethay s ’est peu à peu raréfié, créant un besoin
croissant de sang neuf. Certains souhaitent ouvrir l ’île aux
relations commerciales avec les villages de l ’extérieur, afin
de permettre l ’immigration sur leurs terres, mais d ’autres
craignent les changements qui en découleraient.
Malgré leurs traditions isolationnistes, les Ukonsaaris
ont quelques contacts avec le monde extérieur. Parfois,
un membre de la tribu s ’aventure vers les villages ou les
propriétés avoisinantes pour échanger avec ses voisins des
biens et des provisions que la tribu ne peut pas produire.
De tels marchands cachent leurs liens avec l ’île, s ’identifiant
comme voyageurs, colporteurs ou autre.
La côte occidentale
Par plusieurs aspects, la côte occidentale du
Vestenmennavenjar est presque une Nation propre. Bien
que gouvernés de façon indépendante (comme ailleurs
au Vesten), les villes et villages de cette région partagent
bien des points communs, à commencer par les défis qu ’ils
doivent relever. Leur emplacement le long des côtes occi-
dentales les isole des villages vestens plus enfoncés dans
les terres, et même leurs voisins des côtes méridionale et
septentrionale sont peu enclins à entreprendre un voyage
hasardeux le long d ’un littoral rigoureux à fin de commerce
ou de simple visite.
Les falaises rocheuses, les marées traîtresses et les
tempêtes venues de l ’ouest, capables de mettre un navire
en pièces, donnent du fil à retordre, même aux locaux. Pour
les visiteurs, elles constituent un obstacle mortel aux inte-
ractions avec Soroya, Costa et Thorshofn (les plus grandes
villes de cette partie de la côte), sans parler des villages
maritimes plus petits et moins accueillants. Les marins
d ’autres régions dévient souvent leur trajectoire pour éviter
ces périls, abandonnant les habitants du littoral ouest à un
étrange isolement.
Issus des mêmes peuplades tribales primitives, ceux-ci
partagent des dialectes pratiquement identiques, et grâce à
des générations d ’échanges commerciaux, chacun parvient
à comprendre le patois des autres, là où un étranger aura
beaucoup plus de mal à s ’y retrouver. En raison de leur
proximité et de leur culture partagée, il est bien plus
fréquent que les membres d ’une même famille se répar-
tissent parmi les autres villes côtières plutôt que parmi
d ’autres populations plus loin dans les terres.
Malgré tous ces liens, chacune des trois principales villes
de la côte occidentale a curieusement développé une person-
nalité bien distincte des deux autres. De la xénophobie de
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186 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Soroya à la diversité de Thorshofn, chaque communauté du
littoral ouest entretient une relation unique avec le monde
qui l ’entoure, et ces différences se creusent à mesure que
le Vestenmennavenjar lui-même développe ses connexions
avec le reste de la Théah.
Soroya
Soroya, la ville la plus nordique de la côte occidentale,
témoigne d ’une époque où l ’isolement était la norme et
où les jarls protégeaient leurs territoires non seulement
des invasions étrangères, mais également des jarls voisins.
Si l ’essentiel du Vestenmennavenjar a accepté la Ligue de
Vendel et se réjouit des richesses et du luxe que le commerce
extérieur apporte à la Nation, la plupart des habitants de
Soroya rejettent les « progrès » de la Ligue, qu ’ils voient
comme un signe de faiblesse débilitante de la part de leurs
voisins. Toutefois, plutôt que de critiquer ouvertement
la Ligue et de risquer ainsi de s ’attirer son courroux, les
Soroyans préfèrent s ’en tenir discrètement à l ’écart.
Les Soroyans sont des gens fiers. Le dernier Haut Roi
du Vestenmennavenjar était originaire de leur ville, un
fait que son arrière-arrière-petit-fils, l ’actuel jarl, n ’a
jamais oublié. Comme le veut la culture des habitants de
Soroya, plus traditionalistes que la majorité des Vestens,
les croyances étrangères ne sont pas les bienvenues. Les
seuls individus susceptibles d ’être plus mal reçus que des
étrangers sont les étrangers porteurs de symboles religieux,
que ceux-ci soient vaticins ou objectionnistes. Si la loi de
Soroya condamne officiellement les violences à l ’encontre
des fidèles d ’autres fois, aucune personne accusée d ’agres-
sion à l ’encontre de prédicateurs de ces Églises n ’a jamais
été reconnue coupable.
Là où l ’essentiel du Vestenmennavenjar prospère grâce
à la Ligue de Vendel, Soroya est une ville en déclin. À la
différence Klorhulg au nord-est, elle ne possède pas de
mines, et ses environs manquent de ressources susceptibles
d ’intéresser la Ligue. La mer pourvoie presque entièrement
aux besoins des Soroyans depuis des millénaires.
Contrairement à la majorité du Vestenmennavenjar, les
Soroyans n’ont pas réellement abandonné la tradition du
pillage, quoiqu’ils opèrent avec plus de discrétion, et ce même
avant l’avènement de la Ligue. Lorsqu’un pêcheur soroyan
repère un navire marchand (étranger ou de la Ligue de
Vendel) dans les eaux locales, il le signale à la ville par le biais
d’une série de signaux de lumières et de drapeaux clandestins.
Des bateaux rapides et anonymes attaquent alors avant que
les étrangers n’aient le temps de franchir les eaux soroyanes.
 En cas de victoire, ils abattent l ’infortuné équipage pour
éliminer les témoins et saccagent le navire avant de le brûler
jusqu ’à la ligne de flottaison et de le couler en mer, loin des
rivages de Soroya. La rumeur veut que cette flotte soit
celle de « brigands sans foi ni loi », mais elle est en réalité
commandée par le jarl de Soroya, et le fruit des pillages
rejoint directement les coffres de la cité. Pour l ’heure, la
Ligue n ’a pas pris de mesure officielle contre cette pratique,
mais il est probable qu ’elle soit au courant et attende le bon
moment pour agir contre cette région reculée d ’insoumis.
Les Pilleurs vestens, quant à eux, voient cette concurrence
dans les mers occidentales d ’un mauvais œil, en particulier
parce que les Soroyans tuent les équipages. Ils ne savent pas
encore que ces attaques sont coordonnées par le jarl local,
mais l ’information finira par fuiter, et ils s ’occuperont alors
de ce problème.
Costa
Loin au sud-ouest de Soroya se situe la ville de Costa, qui
subsiste uniquement en vertu de deux facteurs environne-
mentaux complémentaires. Le premier est sa baie modeste,
mais très profonde, idéale pour abriter les navires conçus
pour la haute mer plutôt que le cabotage ; le second est
la proximité d ’une étendue boisée protégée par une falaise.
D ’aucuns la trouveraient petite, mais cette forêt fournit
assez de bois de construction pour le commerce de géné-
rations de constructeurs de navires à venir. C ’est grâce à ces
deux atouts que les Costiens sont devenus les aventuriers
maritimes qu ’ils sont aujourd ’hui.
Si la vie quotidienne des Costiens ne diffère guère de celle
de leurs voisins côtiers du nord ou du sud, ils sont plus
enclins à partir en mer pendant des mois, voire des années,
qu ’à se lancer dans de modestes expéditions de pêche
ou d ’exploration. Si la plupart de ces voyages sont à but
commercial, la quantité réelle de marchandises exportées
et importées par voie maritime est relativement faible. Une
grande partie des « trésors » que les marins ramènent n ’est
pas constituée de biens matériels, mais de connaissances et
d ’expérience. L ’ambition d ’explorer le monde qui les entoure,
aussi loin que possible, est tellement ancrée dans la culture
costienne que le rite de passage à l ’âge adulte des jeunes du
village prend souvent la forme d ’un pèlerinage en mer. Ils
rapportent ensuite ce qu ’ils ont appris et le partagent avec
leurs amis et leurs familles, l ’arborant comme une compo-
sante intrinsèque de leur être. Les surnoms des Costiens
découlent des actes accomplis lors de leur première expé-
dition en mer : Œil d ’aigle pour quelqu ’un qui repère une
île non répertoriée, Arpenteur pour quelqu ’un qui a visité
de nombreux ports étrangers, Deux-navires pour un marin
ayant survécu au naufrage de son bateau en pleine expédi-
tion, et ainsi de suite.
Ces voyages, de même que les connaissances et les artefacts
amassés, font de Costa un trésor cosmopolite semblable à
nul autre au Vestenmennavenjar. Quiconque cherche des
réponses et se fie plus à l ’expérience et aux trésors exotiques
qu ’aux connaissances livresques pourra trouver son bonheur
à Costa.
La jarl du village, Mara l ’Orientale, est célèbre pour son
premier voyage. Elle traversa la mer du Commerce à l ’ouest,
longea le littoral occidental des Marches des Highlands
encore plus à l ’ouest, gagna la mer de la Veuve loin au sud,
puis fit cap vers l ’est jusqu ’à l ’Empire du Croissant. Cela ne
suffit pas à expliquer son accession au poste, mais la sagesse
qu ’elle a amassée en chemin a sans aucun doute pesé dans
la balance.
L ’architecture de Costa, son patchwork culturel et son
atmosphère générale reflètent cette tradition d ’explorateurs.
Les habitants accueillent à bras ouverts les voyageurs qu ’ils
traitent presque comme des rois, assoiffés d ’informations
et d ’histoires à propos de leur vie et de leurs voyages. Ils se
montrent rarement méfiants avec les étrangers, car beau-
coup d ’entre eux sont des expatriés venus s ’installer avec un
natif de la ville après en être tombé amoureux.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 187
 Thorshofn
La pointe méridionale de la côte accueille la ville de
Thorshofn (« la baie de Thor »). Nommée d ’après un
antique jarl légendaire, Thorshofn a été initialement édifiée
sur le pourtour de la crique à laquelle elle doit son nom.
Au fil des générations, la ville s ’est développée en suivant la
vallée du fjord vers l ’intérieur des terres au nord, créant une
agglomération toute en longueur entre deux gigantesques
falaises de roche.
Comme la plupart des villes côtières du Vestenmennavenjar,
l ’essentiel de ses ressources est maritime. Les habitants
complètent leur régime, constitué principalement de mets à
base de poisson, avec des algues, des oiseaux côtiers et leurs
œufs, des coquillages et des crustacés. Une autre richesse de
la mer, dont ses cousins plus septentrionaux jouissent beau-
coup moins, complète celles de Thorshofn : le commerce
direct avec les Nations étrangères.
En raison de son emplacement à l ’embouchure de la
Gueule, Thorshofn attire bien plus l ’attention extérieure,
qu ’elle soit négative ou positive, que le reste de la côte occi-
dentale. Les premiers pillards originaires de ce qui devien-
drait l ’Eisen et l ’Avalon atteignirent quelquefois Thorshofn,
mais presque toujours, la distance à parcourir dépassait
ce à quoi ils s ’étaient préparés. Affaiblis par leur voyage,
les intrus étaient quasi-systématiquement défaits par les
défenseurs du village. Ils finissaient soit tués, soit réduits
à la servitude ou à l ’esclavage, sous les ordres de ceux qu ’ils
comptaient conquérir. Les marchandises et l ’équipement
des vaincus étaient récupérés, et au fil du temps, les styles
esthétiques et les goûts variés firent partie intégrante de la
communauté de Thorshofn.
Avec le temps, les étrangers vinrent commercer au lieu
d ’envahir, et les habitants de la région s ’installèrent en grand
nombre à Thorshofn, devenue le plus important fournis-
seur de biens étrangers de la côte occidentale. Les routes
commerciales qui en résultèrent devinrent essentielles
à l ’économie de la ville. Les locaux exportent de grandes
quantités de morue salée et d ’autres produits durables de
la mer, et les commerçants venus des villages de la côte
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188 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
occidentale, qui viennent parfois d ’aussi loin que Soroya, y
trouvent un marché pour leurs fourrures, leur or et d ’autres
métaux précieux, ou encore pour d ’autres marchandises plus
courues à l ’étranger que sur le marché local. Les marchands
étrangers, essentiellement avaloniens et eisenörs, contri-
buent à la diversité des marchandises de luxe à Thorshofn :
de la soie et du brocart, du verre soufflé, des livres imprimés,
du vin, du tabac et d ’autres produits que l ’on trouve rare-
ment au Vestenmennavenjar en dehors de Vendel.
Cet accès aux marchandises lointaines, ainsi que l ’intégra-
tion progressive de nombreux aspects culturels étrangers,
ont fait l ’originalité de Thorshofn. Le jarl et le carl travaillent
en étroite collaboration. Ils régulent soigneusement le
commerce extérieur, conscients que la richesse grandissante
de leur ville, éloignée de tout, en fait une proie juteuse et
attirante pour le reste de la Théah.
Si la mode vestimentaire de la ville reste en majorité
traditionnelle, les habitants de Thorshofn sont plus
enclins à arborer une écharpe de laine fine des Marches
des Highlands ou une dague castilliane que les Vestens
d ’autres régions du Vestenmennavenjar. On y trouve aussi
davantage de familles mixtes, combinant origines Vestens
et étrangères, et donc d ’individus plurilingues ou au moins
familiers d ’autres langues.
Si les voyageurs sont les bienvenus dans la ville, rien n ’a
plus de valeur aux yeux de la population de Thorshofn que
le commerce. Ceux qui arrivent les mains vides risquent fort
d ’attirer les regards méfiants. Bien sûr, la ville elle-même
accueille de petites communautés de toutes les autres
Nations théanes, chacune pouvant offrir refuges ou alliés.
Beaucoup de marchands disposent d ’un pied-à-terre dans
la ville pour se reposer et profiter de son atmosphère cosmo-
polite pendant quelques jours avant de reprendre la mer.
Les habitants de Thorshofn ont également tendance à être
plus mobiles, allant et venant sur des navires marchands, à
la recherche de nouvelles affaires.
Galdr
Si l ’art antique du Galdr n ’est pas complètement perdu, il
reste rare.
La légendaire Héroïne vesten Ekerila fut celle qui décou-
vrit (ou redécouvrit) l ’antique futhark, le langage des dieux,
mais elle commit une terrible faute : elle confia ce pouvoir
aux mauvaises personnes, lesquelles l ’utilisèrent à de
mauvaises fins. Elle consacra le reste de sa vie à laborieu-
sement corriger cette erreur, afin de garantir que seuls ceux
qui s ’en seraient montrés dignes pourraient user du pouvoir
du Galdr. Hélas, cette tâche impossible était vouée à l ’échec,
car le pouvoir s ’était répandu. Ekerila en avait perdu l ’exclu-
sivité et ne pouvait la revendiquer.
Bien que le Galdr soit méconnu dans le Vesten moderne,
il connaît une certaine résurgence depuis quelque temps.
Les Vestens traditionalistes le considèrent comme une
constituante de l ’antique foi, un rappel de l ’époque où les
dieux s ’exprimaient par la furie des vents et des éclairs, et
où de braves et courageux guerriers étaient dépositaires de
ce pouvoir. Les Vestens plus modernistes y voient un outil
dans leur quête de domination de la Théah.
Ceux qui connaissent le futhark et savent l ’utiliser
sont appelées des vala. Aujourd ’hui, certains au
Vestenmennavenjar considèrent que quiconque prétend être
un vala n ’est rien de plus qu ’un charlatan, un opportuniste
qui use d ’un grand mot pour intimider les autres. D ’une
certaine manière, ils ont raison, mais la puissance du Galdr
va bien au-delà de simples légendes, et lorsque celle-ci se
révèle, seuls les plus obtus pourraient nier son potentiel.
Le groupe connu sous le nom de Chercheurs du mot
d ’Ekerila (voir p. 173) s ’efforce de contrôler ceux qui se
revendiquent vala, mais la tâche est d ’envergure. Les vala ne
voient généralement aucun intérêt à se soumettre aux règles
des Chercheurs, dont l ’influence politique est, au mieux,
vague. De plus, il suffit de lorgner du côté de l ’ennemi poli-
tique principal du Vestenmennavenjar pour voir ce qu ’il se
passe lorsque la Sorcellerie est régie et régulée, et aucun vala
n ’envie le statut des Streghe vodaccis.
Fonctionnement
Chaque fois que vous achetez l ’Avantage Sorcellerie, vous
apprenez deux runes du futhark et pouvez invoquer leur
pouvoir pour aider vos alliés ou frapper vos ennemis. Ces
runes sont constituées de deux mots, et donc de deux effets :
la stort merke (grande marque) et la litet merke (petite
marque). Écrire l ’une ou l ’autre des merke d ’une rune ne
nécessite pas de magie particulière. N ’importe quel enfant
est capable de gribouiller une forme. Un vala rassemble les
runes en un motif et insuffle sa volonté dans l ’inscription,
l ’imprégnant de magie.
Cependant, ce n ’est pas le tracé d ’une rune qui crée la
magie, mais sa destruction. Les vala transportent souvent
de petites tablettes d ’argile gravées d ’inscriptions runiques
communes, qu ’ils brisent ou jettent à terre pour activer
leur magie. Ils apprennent également à tracer rapidement
des runes dans la poussière à l ’aide d ’un simple bâton ou
de leur doigt, ou à griffonner rapidement la forme d ’une
rune sur une pierre avec de la craie. Il suffit alors de défaire
l ’inscription runique (en donnant un coup de pied dans la
poussière ou en passant la main sur le dessin à la craie) pour
libérer la magie du Galdr.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 189
 LA TREIZIÈME RUNE
Certains vala parlent d’une treizième rune, De nombreuses litet merke ajoutent un effet à la cible de
qu’Ekerila aurait dissimulée avant le partage du la stort merke. Si la stort merke que vous activez n ’a pas
futhark avec les siens. Ils prétendent que cette de cible particulière (si elle ne stipule pas « choisissez un
rune régit la vie et la mort. Elle serait si puissante personnage », par exemple), votre litet merke peut cibler
que l’évoquer suffirait à invoquer son pouvoir. Si
n ’importe quel personnage dans la même Scène que vous. Si
l’histoire d’Ekerila et de son futhark est largement
connue des vala, leurs interprétations diffèrent. la stort merke indique que vous devez désigner quel person-
Certains ne voient dans cette rune puissante nage affecter, votre litet merke ciblera le même.
qu’une allégorie du Galdr, un avertissement envers
une utilisation trop fréquente ou futile des runes, La « malédiction » du Galdr
et les graves conséquences qui attendent les vala Le Galdr est une magie d ’équilibre. Le futhark incarne à
irréfléchis. D’autres pensent qu’Ekerila avait puisé
la fois un idéal et son contraire. Utiliser une rune pour
dans la magie du mythe elle-même et qu’elle
pouvait communiquer avec les dieux. D’autres obtenir la prospérité finira par provoquer une perte, en
encore croient que cette dernière rune possède le utiliser pour l ’amour finira par entraîner une peine de cœur.
pouvoir de tuer ou de donner la vie—ou les deux, Même si la perte n ’est pas identique, les effets s ’équilibrent
en prenant la vie à quelqu’un pour la donner à toujours. Ainsi, employer le Galdr contre ses ennemis pour-
un autre. rait leur apporter bonne fortune à un moment où un autre.
Quiconque n ’est pas initié à la magie du Vestenmennavenjar
Peu de vala cherchent activement la treizième
rune. Quoi qu’ils pensent de la symbolique de la craint les vala et leurs pouvoirs, redoutant qu ’une rune ne
rune, ils s’accordent à dire qu’Ekerila l’a cachée soit utilisée contre lui. Si les effets initiaux peuvent s ’avérer
pour de bonnes raisons. Même les vala les plus néfastes, ils finissent presque toujours par avantager la cible.
téméraires réalisent qu’il ne faut pas prendre le Peu de gens savent qu ’ils doivent parfois leur chance au
Galdr à la légère. Seuls les plus anciens et les plus Galdr, et rares sont les vala qui le confirment.
sages des ypperste prester devraient avoir accès à
Bien sûr, le prix que paye un vala pour l ’usage de sa magie
ce genre de pouvoir, et rares sont les vala actuels
qui prétendent à un tel savoir. Ceux qui pratiquent est moins connu et plus terrible. Si un vala utilise son Galdr
le Galdr depuis des années sont particulièrement sans une volonté claire de le faire, c ’est-à-dire s ’il l ’utilise
conscients des dangers d’une utilisation incon- dans un accès d ’émotion ou pour une raison mesquine, il
sidérée des runes. subira l ’effet retour de la rune. Le pouvoir mystique qui lie
le monde ne se laisse pas altérer, et le contrecoup qui en
La litet merke modifie toujours la stort merke, et lorsqu ’il résulte est d ’autant plus fort.
forme une inscription, un vala enchevêtre les deux runes Les vala s ’entraînent des années avant de commencer à
de manière presque inséparable. Pourtant, un troisième créer des runes dans le but d ’utiliser le Galdr. Lorsqu ’il
élément, une troisième rune, vient lier la magie du Galdr : le conçoit ses runes, le vala y instille sa propre force vitale par
nom du vala, écrit de sa main. Pour cette raison, les dessins un acte de volonté. Lors de leur utilisation, il brise cette
ou tablettes tracés par d ’autres ne contiennent aucune magie. volonté, la transformant en une force qui change le monde.
En superposant son nom aux anciens mots de pouvoir, le Les vala savent au plus profond d ’eux si le Galdr a été utilisé
vala lie la magie à sa propre volonté et la modèle afin de correctement et peuvent sentir la magie opérer à travers et
modifier le monde qui l ’entoure. à partir d ’eux.
Chaque fois qu ’un vala active son Galdr, il dépense un Si votre personnage utilise le Galdr dans un acte de
point d ’Héroïsme et choisit la stort merke de l ’une des runes rancune, de passion ou de façon inconsidérée, le MJ peut
qu ’il connaît pour activer ses effets. Ensuite, il choisit la litet dépenser un point de Danger pour infliger la contrepartie
merke d ’une rune qu ’il connaît et en déclenche les effets. de la stort merke au Héros. Ce dernier ne reçoit pas les
Il est possible de choisir deux fois la même rune. Activer effets positifs de la merke, seulement les négatifs.
le Galdr au cours d ’une Séquence d ’action ou Dramatique
coûte une Mise en plus du point d ’Héroïsme.

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190 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Le futhark Litet merke
Le futhark est composé de douze runes au total. Chacune Choisissez un autre personnage dans la même Scène que
possède deux marques, ou mots, qui lui sont associés, vous. Celui-ci peut immédiatement saisir une Opportunité
pour un total de vingt-quatre. Chaque rune représente sans dépenser de Mise.
une dualité, souvent (mais pas toujours) une chose et
son contraire. L ’Esprit
Ces mots sont ceux qu ’Ekerila a découverts et traduits. La La rune de l ’Esprit régit la liberté, l ’émotion et l ’empathie.
légende raconte que les dieux les utilisèrent pour façonner Elle désigne les Héros qui ont fait don d ’eux-mêmes pour
l ’intégralité de l ’existence, des humains aux bêtes, des aider les autres. Elle est couramment utilisée comme charme
montagnes aux mers. Au sens propre, ces mots ont créé d ’amour.
le monde.
On trouve ces runes partout au Vestenmennavenjar, Stort merke
gravées dans des pierres et brodées sur des tissus, souvenirs Choisissez un personnage dans la même Scène que vous et
des histoires de jadis. Chacune possède plusieurs sens, mais actuellement sous Contrainte. Celle-ci est immédiatement
les vala en connaissent les plus basiques et primordiaux. supprimée, mais jusqu ’à la fin du Round, le personnage
doit payer 2 Mises supplémentaires au lieu d ’1 pour en
La Bête surmonter d ’autres.
La rune de la Bête préside aux prouesses de chasse, aux
créatures et instincts primitifs, qu ’ils soient naturels ou pas. Litet merke
La rune désigne les grands Héros en lien avec les étendues Choisissez un deuxième personnage dans la même Scène
sauvages. Les profanes l ’utilisent pour se protéger contre que vous. Ce personnage est affecté par la stort merke de
les embuscades. votre Galdr de la même manière que le premier. Si votre
stort merke affecte plusieurs personnages, cette litet merke
Stort merke est sans effet.
Choisissez un personnage dans la même Scène que vous
(vous y compris). Jusqu ’à la fin du Round, il est immunisé L ’Étoile
contre les Propriétés des Monstres qui le ciblent spécifi- La rune de l ’Étoile régit les mystères, les dangers dissimulés,
quement, mais les Blessures qui lui sont infligées par un ainsi que la tromperie. Elle désigne les Héros aux origines et
Monstre ou un animal sauvage sont augmentées de 1. aux caractères pratiquement inconnus. La plupart des gens
l ’utilisent pour repousser le danger.
Litet merke
La cible de la Rune peut communiquer avec les Monstres et les Stort merke
animaux pendant une Scène. Cela ne préjuge pas de la coopé- Choisissez un autre personnage dans la même Scène que vous.
ration de telles créatures : après tout, elles restent des animaux Ce personnage gagne la Propriété Métamorphe, comme s’il
et des Monstres, et elles ne souhaitent peut-être pas discuter. était un Monstre. Chaque fois que ce personnage entreprend
une Action déguisé de la sorte, il subit 1 Blessure. S’il subit
Le Courage une Blessure Dramatique, son déguisement tombe et il perd
La rune du Courage est souvent associée à la légitimité de cette Propriété.
la royauté, de la noblesse et du règne. Elle désigne les Héros
qui ont un jour été les hauts dirigeants du pays, et ceux Litet merke
dont le cœur est pur. Les profanes l ’utilisent pour garantir Le personnage que vous ciblez peut immédiatement entre-
la vérité et l ’honnêteté lors de tractations commerciales. prendre une Action sans dépenser de Mise, mais cette
Action doit utiliser la Compétence Dissimulation ou Vol
Stort merke (sans surcoût d ’Improvisation).
Dépensez n ’importe quel nombre de points d ’Héroïsme. Le
MJ perd autant de points de Danger.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 191
 Le Fer
La rune du Fer est liée aux défis, aux épreuves de volonté et à
la persévérance. Elle désigne les Héros qui ont surmonté de
lourds revers. Beaucoup l ’utilisent pour chasser la maladie
et la malchance.
La Lumière
La rune de la Lumière est liée à la révélation, à la vérité et
à la clairvoyance. Elle désigne les Héros qui ont mené une
vie juste et droite. Les profanes s ’en servent pour attirer la
richesse et la prospérité.

Stort merke Stort merke

Choisissez un autre personnage dans la même Scène Choisissez un personnage dans la même Scène que vous
que vous et exercez une Contrainte sur lui. Si ce person- (vous y compris). Jusqu ’à la fin de la Scène, ce person-
nage choisit de surmonter cette Contrainte (en payant 2 nage ne peut pas mentir, mais il sait immédiatement si
Mises pour son Action), il gagne un point d ’Héroïsme. quelqu ’un ment.
S ’il choisit de ne pas la surmonter (en choisissant d ’effec-
tuer une action correspondant à la Contrainte que vous Litet merke
exercez), il guérit d ’un nombre de Blessures égal à sa plus Le personnage que vous ciblez peut immédiatement entre-
haute Caractéristique. prendre une Action sans dépenser de Mise, mais cette
Action doit utiliser la Compétence Vigilance ou Empathie
Litet merke (sans surcoût d ’Improvisation).
Le personnage que vous ciblez peut choisir de gagner une
Mise et de subir un nombre de Blessures égal à sa plus La Pierre
haute Caractéristique. La rune de la Pierre est liée à l ’endurance et à la persévé-
rance, et souvent utilisée pour caractériser l ’obstination. Elle
L ’Hiver désigne les Héros qui ont lutté envers et contre tout, sans
La rune de l ’Hiver est liée à la difficulté, aux ténèbres et à jamais abandonner. Les profanes l ’utilisent comme charme
l ’inéluctabilité. Elle désigne les Héros qui se sont sacrifiés pour garantir de bonnes récoltes et des troupeaux sains.
au nom du bien, pour finalement perdre quand même. La
plupart des gens l ’utilisent pour se garder de la difficulté et Stort merke
de l ’infortune. Choisissez un personnage dans la même Scène que vous
(vous y compris). Lors de ce Round, la prochaine fois que
Stort merke ce personnage subit des Blessures, elles sont réduites de
Choisissez une Opportunité dans la même Scène que vous. moitié, arrondies au supérieur. Et la prochaine fois que
Cette Opportunité est détruite, ce qui signifie que personne ce personnage inflige des Blessures, elles sont réduites de
ne peut l ’activer. moitié, arrondies au supérieur. Les effets de cette merke
cessent à la fin du Round, même si le personnage n ’a pas
Litet merke infligé ou subi de Blessures.
Lors de ce Round, la prochaine fois que la cible subit des
Blessures, elle en subit 1 de plus. Litet merke
Le personnage ciblé peut dépenser un point d ’Héroïsme
pour ignorer tous les malus infligés par des Conséquences
(comme des Blessures, des malus de dés, etc.) jusqu ’à la fin
du Round.

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192 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
Le Sang Le Temps
La rune du Sang est liée à la famille, à la parenté et au La rune du Temps régit les prophéties, la destinée et, plus
pouvoir de la communauté. Elle désigne les Héros de lignées important, les cycles. Elle désigne les Héros qui ont un
prestigieuses, ou ceux dont les familles ont accompli de grand destin, qu ’ils le suivent ou non. Elle est couramment
grandes actions. Les profanes s ’en servent pour garantir la utilisée pour chasser l ’oisiveté.
pérennité d ’une communauté et la sécurité d ’êtres chers.
Stort merke
Stort merke Choisissez un autre personnage dans la même Scène que
Dépensez n ’importe quel nombre de points d ’Héroïsme. vous. Il perd immédiatement toutes ses Mises. Lors du
Vous pouvez les donner à n ’importe quel autre personnage prochain Round, il gagne un nombre de Mises supplémen-
dans la même Scène. taires égal au double du nombre de Mises perdues.

Litet merke Litet merke

Le personnage que vous ciblez peut immédiatement Le personnage ciblé doit immédiatement effectuer une
dépenser un point d ’Héroïsme pour gagner deux Mises. Action (en dépensant des Mises, comme d ’habitude). Si
cette litet merke est combinée avec la stort merke du Temps,
La Tempête le personnage doit effectuer cette Action avant de perdre
La rune de la Tempête annonce des changements impré- ses Mises.
visibles et soudains. Elle désigne des Héros devenus
Scélérats, ou des Scélérats qui se sont amendés. Bien des Le Tonnerre
gens l ’utilisent pour invoquer la pluie lors de saisons sèches. La rune du Tonnerre représente l ’audace, la furie et la fierté
face à l ’adversité. Elle désigne les Héros au cœur plein de
Stort merke bonté et qui ont apporté la paix au pays. Elle est couram-
Tous les personnages de la Scène actuelle gagnent ment utilisée pour marquer quelqu ’un de trop fier, afin de
1 Mise. Choisissez un personnage : celui-ci gagne 1 l ’enjoindre à faire preuve d ’humilité.
Mise supplémentaire.
Stort merke
Litet merke Choisissez un personnage dans la même Scène que vous
Le personnage que vous ciblez peut immédiatement changer (vous y compris). Lors de ce Round, la prochaine fois que
son Approche. ce personnage inflige des Blessures, elles sont majorées de
votre Caractéristique la plus élevée. Et la prochaine fois que
ce personnage subit des Blessures, elles sont majorées de
votre Caractéristique la plus élevée. Les effets de cette merke
s ’arrêtent à la fin de ce Round, même si le personnage n ’a
pas infligé ou subi de Blessures.

Litet merke
Le personnage que vous ciblez est immunisé à la Peur
jusqu ’à la fin du Round.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 193

Les duels
Aux yeux des profanes en matière de politique vesten, deux
puissantes entités gouvernent conjointement la Nation :
les jarls et les carls. De fait, les jarls tiennent effectivement
les rênes du pays tandis que les carls gèrent ses immenses
richesses. Or, en marge de cette organisation, les Duellistes
du Vesten occupent une position avantageuse : ils n ’ont
pas besoin de la protection des jarls, et ils gagnent suffi-
samment bien leur vie pour ne pas être assujettis aux carls.
Les Maisons de Duel représentent donc un troisième
échelon unique du pouvoir au Vesten. Si les carls et les jarls
emploient souvent les Duellistes, seuls les plus insensés
imagineraient exercer un pouvoir sur eux. Les Maisons
travaillent avec, et non pour les carls et les jarls.
Cela ne se dit pas, mais le fait est qu ’on ne verra jamais un
jarl rendre justice à l ’encontre d ’un Duelliste coupable d ’un
crime : les Maisons de Duel s ’en chargent. De même, aucun
carl ne rompra jamais un marché passé avec un Duelliste,
même au profit de gains considérables : un tel acte n ’aurait
pas forcément des conséquences immédiates, mais il en
aurait tôt ou tard.
Au sein des villes du Vestenmennavenjar, les Maisons de
Duel ne détiennent aucun pouvoir décisionnaire concret,
mais elles ont celui que leur confèrent leur parole et leur
honneur. Les autorités municipales emploient souvent
des Duellistes pour arbitrer des litiges, maintenir l ’ordre
et, parfois, simplement pour servir de garde d ’honneur
prestigieuse. À proprement parler, les jarls et les carls n ’ont
pas besoin de rémunérer les Duellistes, mais s ’ils y font
fréquemment appel, il sera attendu d ’eux qu ’ils fassent de
généreuses donations à leur Maison de Duel locale.
Les Maisons de Duel du Vestenmennavenjar sont connues
pour louer les services de leurs membres. Moyennant de
généreux honoraires, n ’importe qui en Théah peut conclure
un contrat avec elles. Ceux-ci peuvent s ’étendre sur le long
terme (plusieurs années) ou ne concerner qu ’un événement
unique. Les Maisons décident cependant du Duelliste
qu ’elles envoient. Toute demande pour un Duelliste en
particulier est ignorée. Si la Maison refuse le contrat, le
demandeur reçoit une lettre de refus scellée, ainsi que la
moitié de la somme engagée.
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194 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
MERCENAIRES ET
MAISONS DE DUEL
VESTENS
La plupart des Duellistes vestens méprisent les merce-
naires. Même lorsqu’ils sont employés à se battre pour
le compte de quelqu’un d’autre, ils se considèrent
comme supérieurs aux soudards ordinaires. N’importe
qui peut posséder une arme et se faire payer à la
manier, mais pour les Duellistes, le combat est
une sorte d’art. Ces guerriers consacrent leur vie à
l’étude des complexités du combat, et les qualifier de
mercenaires revient à dénigrer leurs compétences,
et même leur personne. Un forgeron qui dédie sa vie
à sa profession n’est pas un artisan comme un autre.
Pareillement, même un Duelliste qui vend ses services
est plus qu’un banal mercenaire.
Il convient cependant de noter que ce point de vue
n’est guère partagé en dehors du Vesten. Les autres
Nations de Théah voient les Duellistes comme des
mercenaires. Certains étrangers sont même assez
idiots pour s’adresser de la sorte à un Duelliste
vesten, mais ils apprennent à la dure que l’honneur
lui importe autant qu’aux autres, et peut-être même
plus, puisque ce sont sur sa parole et ses actes que
reposent son gagne-pain.
Les Maisons ne se considèrent pas comme des mercenaires.
Elles mettent simplement à disposition un contingent de
Duellistes professionnels afin de satisfaire les demandes des
Nations théanes. Cependant, les Maisons n ’acceptent jamais
de contrats qu ’elles jugent indignes d ’elles, et une fois en
mission, le Duelliste est libre d ’interpréter le contrat selon
son bon jugement.
Les Maisons de Duel du Vestenmennavenjar sont les
seules de Théah à ne pas requérir de frais d ’inscription à
leurs étudiants. Si leurs critères rigoureux rivalisent avec
ceux des académies les plus élitistes et prestigieuses de
Théah, ils permettent à quiconque, depuis le paysan le plus
miséreux jusqu ’au noble le plus fortuné, de s ’inscrire gratui-
tement. Toutefois, à la différence des Duellistes d ’autres
Nations, les membres sont contractuellement tenus de
reverser une partie de leurs revenus aux Maisons du Vesten
tant qu ’ils usent des compétences qu ’ils y ont apprises. Cela
représente des sommes conséquentes et explique en partie
la position privilégiée des Duellistes vestens dans la Nation,
hors de la structure de pouvoir usuelle. Depuis l ’essor de
la Ligue de Vendel, ces Duellistes exigent également
d ’être payés en guilders, contribuant à l ’expansion de cette
monnaie dans toute la Théah.
Hallbjorn Bonus de Style : Choc d ’Hallbjorn
Le créateur de ce Style fut Hallbjorn Ulfsen, un Pilleur Si vous maniez une arme lourde (en général une hache, mais
vesten légendaire qui abandonna la mer pour intégrer une parfois une épée longue ou un marteau) dans une main et
Maison de Duel vesten. Les guerriers qui le pratiquent un bouclier dans l ’autre, vous avez accès à une Manœuvre
maîtrisent le bouclier et l ’utilisent à la fois pour se protéger spéciale appelée le Choc d ’Hallbjorn.
des attaques ennemies et comme une arme. Ils créent des Lorsque vous effectuez un Choc d ’Hallbjorn, vous
ouvertures dont leurs alliés peuvent profiter tout en percu- infligez un nombre de Blessures égal à votre Rang en Force.
tant leurs adversaires de leur bouclier. La prochaine fois que votre cible subit des Blessures ce
Contrairement à ceux utilisés par les soldats d ’autres Round-ci, elle subit un nombre de Blessures supplémen-
Nations de Théah, le bouclier rond vesten est fait de bois, taires égal à votre Rang en Force. Vous ne pouvez utiliser le
et même renforcé de métal, il reste moins solide que beau- Choc d ’Hallbjorn qu ’une fois par Round.
coup d ’autres. Cela est délibéré, car un bouclier plus léger
permet aux utilisateurs du Hallbjorn de le manier avec plus
d ’aisance pour frapper. Cependant, ils résistent rarement
longtemps aux rigueurs du combat. Pour cette raison, de
nombreux Duellistes Hallbjorn apprennent à fabriquer
leurs propres boucliers. Ils n ’en utiliseraient jamais un
fabriqué par quelqu ’un d ’autre, car ils croient insuffler
une partie de leur propre férocité dans leurs créations. Ils
les décorent également d ’images ou de motifs runiques
inspirés de leur vie. Si quelqu ’un venait à rassembler tous les
boucliers utilisés par un Duelliste et les alignait par ordre
chronologique, il pourrait aisément retracer sa vie.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 195

Mythes
Le peuple du Vestenmennavenjar respecte les croyances
et les religions d ’antan, faisant de ses mythes bien plus
que de simples histoires : il s ’agit de récits de vie, ou
encore de leçons. La culture orale est importante pour les
Vestens : ils partagent leurs mythes et se les transmettent
de mère en fils, de père en fille et ainsi de suite. Parfois,
les récits sont embellis, mais bien souvent, le sens et la
leçon qu ’ils véhiculent restent inchangés. Ce ne sont pas
de simples hyperboles censées pousser les enfants à obéir,
mais des mises en garde réelles, ainsi que des louanges
envers les individus et les créatures qui habitent ces terres
depuis des siècles. Les Vestens ne se contentent pas de
raconter leurs mythes, ils y croient, et leurs légendes sont
aussi réelles que les rochers et les arbres qui peuplent
le Vestenmennavenjar.
Sinterklaas
Sinterklaas peut se manifester n’importe où, mais il appa-
raît le plus souvent dans des lieux calmes et ouverts. La
plupart des témoins prétendent l ’avoir croisé pendant les
mois d ’hiver, mais certains affirment qu’il s ’est présenté à
eux lors de fraîches nuits d’été. Sinterklaas rend rarement
des visites individuelles, excepté une fois par an, lors du jour
qui lui est consacré.
Légende
Chaque année, à la même date, les enfants vestens reçoivent
dans leurs chaussettes un jouet (toujours un jouet) sculpté
dans du bois de pin. Il s ’agit là d ’un cadeau de Sinterklaas.
Les Vestens racontent qu ’un missionnaire vaticin arriva de
Castille par bateau, les poches pleines d ’oranges hivernales,
pour répandre sa foi aux premiers temps de l ’Église. Il était
cependant bien plus généreux que prosélyte. Ainsi, même
s ’il ne parvint jamais à répandre son dogme, il demeura au
Vestenmennavenjar et se fit un devoir d’apporter la joie aux
enfants de la Nation. Depuis, les Vestens lui consacrent
un jour qu ’ils nomment le jour de Sinterklaas, ou parfois
simplement le jour de Klaas. Bien sûr, Sinterklaas, difficile
comme tous les autres jötunn, n ’offre de cadeaux qu ’aux
enfants sages, punissant les autres de coups de badine.
D ’autres jötunn l ’accompagnent parfois et prennent plaisir à
lui désigner ceux qui n ’ont pas été sages afin de les voir punis.
Sinterklaas considère comme des enfants tous ceux qui ne
sont pas encore mariés. Ainsi, les vieux garçons et les vieilles
filles, de même que les préadolescents, bénéficient également
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196 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
LES JÖTUNN (VÆTTIR)
Au Vestenmennavenjar, on peut avoir l ’impression
que chaque ruisseau et chaque rocher porte le nom
d ’une personne morte depuis longtemps. Élément
par élément, le pays s ’est mué en mémorial, érigé
par un peuple déterminé à préserver ses fantômes.
Et il ne s ’agit pas là que d ’une expression ou d ’une
coutume nostalgique : au Vestenmennavenjar, un
homme qui protège son village d ’un ours enragé
peut devenir, des siècles plus tard, l ’esprit gardien
de ce qui est désormais une ville, si son nom est
toujours loué. Les étrangers appellent ces fantômes
des « légendes vivantes » ou des « mythes
vivants ». Les Vestens les nomment plus souvent
jötunn, ou simplement géants, bien que ce dernier
terme prête à confusion. Dans les régions reculées
de la Nation, les gens les désignent sous le terme de
vættir, qui désigne les esprits de façon générique.
Certains jötunn se manifestent de façon imprévisible,
d’autres seulement sous certaines conditions.
Certains sont intangibles, mais ceux qui marquent
les mémoires apparaissent en chair et en os,
indiscernables des vivants si ce n'est par leurs actes.
L ’essentiel des jötunn ne sont célèbres qu ’au niveau
local, leur mythe n ’étant perpétré qu ’à l ’échelle
d ’un village, d ’une ville ou d ’une région. Cependant,
quelques jötunn sont connus dans tout le pays, tels
que ceux détaillés dans cette section.
de ses présents. Sinterklaas est l ’un des rares jötunn que les
gens se réjouissent de voir chaque année, malgré le risque
de recevoir des coups de badine.
Manifestation
Sinterklaas apparaît comme un vieil homme à l ’épaisse
barbe blanche, vêtu des robes rouges d’un cardinal vaticin.
Il parle avec un léger accent castillian, et ses gigantesques
mains calleuses sentent souvent le pin frais. Il transporte un
grand livre rouge dont la nature fait débat : certains affir-
ment qu ’il s ’agit d ’un exemplaire du Livre des Prophètes,
tandis que d’autres soutiennent que c ’est une liste sans cesse
grandissante des enfants vestens. Ses poches débordent
d ’oranges hivernales, qu ’il donne à ceux qui se montrent
amicaux à son endroit lorsqu ’il se manifeste, ou encore
qui accomplissent un acte de gentillesse sous ses yeux. Les
malpolis et les mal élevés s ’exposent à ses coups de badine.
Angrboda La Sorcière blanche
Angrboda demeure dans les cavernes sous le mont Ragnhild, La Sorcière blanche est susceptible de se manifester dans
la montagne la plus au nord du Vesten. Rallier ce pic est une n ’importe quel lieu couvert de neige ou de glace, bien qu ’elle
entreprise reconnue comme dangereuse, et de nombreuses apparaisse rarement devant plus d’une personne à la fois.
épopées relatent les périls que des aventuriers ont osé braver
afin d ’accéder à la sagesse d ’Angrboda. Légende
Les histoires des humains du Vestenmennavenjar décrivent
Légende la Sorcière blanche comme une enchanteresse triste et soli-
Les histoires prétendent qu ’à leur arrivée, les premiers taire. Lorsqu ’un infortuné esseulé la croise dans les bois,
colons du Vestenmennavenjar errèrent sur la banquise du elle tente de le convaincre de la suivre jusqu ’à son palais de
Père-de-Tout, perdus dans ce territoire hostile et inconnu. glace, dont nul ne peut s’échapper. Ceux qui refusent ses
Un blizzard assombrit le ciel, et les malheureux, en quête propositions ou déjouent ses manigances se voient changés
d ’un abri, se réfugièrent dans une profonde caverne creusée en bouffée de neige. Les Vestens ont pris l’habitude de
sous le mont Ragnhild. Dans ses méandres, ils découvrirent voyager en terrain enneigé par deux, et pas seulement pour
une rivière entièrement gelée et, piégée dans la glace, une se protéger des éléments.
femme d ’âge indéterminé. Ils libérèrent la femme qui ne La réputation de la Sorcière blanche est différente chez
parut guère réjouie devant ses sauveteurs. Elle affirma faire les trolls. Cruelle et capricieuse, elle les créa en les sculptant
partie d ’une antique civilisation et avoir subi un processus dans la pierre et les maudit lorsqu’ils refusèrent de lui obéir.
d ’auto-momification. Toutefois, elle fut émerveillée par Désormais, lorsqu ’elle en croise un, elle le gèle et le fracasse,
l ’étoffe tissée que les colons portaient, car son peuple, par pure rancune.
prétendit-elle, ne portait que des peaux. Lorsque les colons Les deux races voudraient oublier la Sorcière blanche, mais
lui offrirent tout le tissu dont ils étaient vêtus, elle entonna elle reste un jötunn puissant, que leurs peurs maintiennent
une chanson à propos de leur destin, qui relatait notamment en vie.
leur voyage vers le sud, où ils fonderaient une grande cité.
Manifestation
Manifestation La Sorcière blanche apparaît sous la forme d ’une femme
Angrboda apparaît comme une femme d’âge indéterminé, grande et magnifique aux longs cheveux d ’albâtre, drapée
aux bras et aux jambes couverts de glace. Grincheuse et énig- de superbes fourrures blanches et montée sur un traîneau
matique, elle préfère la solitude, mais se refuse à éconduire que tirent deux rennes blancs. Elle se manifeste auprès
quiconque voyage jusqu’à son foyer. Ses yeux sont laiteux, d ’humains esseulés et leur promet cadeaux et sucre-
mais les histoires relatent qu’elle voit tout ce qui a été, est, et ries s ’ils acceptent de monter avec elle sur son traîneau.
pourrait être. Le plus souvent, ses visiteurs viennent la trouver Ceux-là disparaissent à jamais. Quant à ceux qui refusent
pour découvrir un moyen d’accomplir ce qui semble impos- et essaient de s ’enfuir, ils sont transformés en bouffées de
sible ou de prévenir ce qui semble inévitable. Elle délivre ses neige d ’un simple geste. Le seul moyen de s ’en sortir à peu
prophéties sous forme de chansons. Quant à savoir si elle près indemne est de refuser ses invitations, le plus poli-
voit simplement le futur ou si elle le concrétise par ses chants, ment possible, et de lui offrir un cadeau à la place. Ainsi,
c’est là tout un débat métaphysique. Elle maudit ceux qui la au Vestenmennavenjar, il est considéré comme le sommet
menacent ou lui manquent de respect en leur chantant un de l’inconscience de s’aventurer dans la neige sans quelques
avenir terrible. Elle refuse tout cadeau à l’exception des étoffes sucreries ou marrons, juste au cas où.
tissées, et apprécie fort les marques de révérence ou de respect, La Sorcière blanche est un Monstre d ’une Puissance de 8
mais bien peu la flagornerie. doté des Propriétés monstrueuses Métamorphe, Puissant
Angrboda ne s’en prend généralement pas à ceux qui se et Régénérant.
présentent à elle, mais elle a mauvais caractère, et quiconque
ne lui apporte pas de tissu en cadeau ferait mieux de prendre
garde. Angrboda est un Monstre d’une Puissance de 6 doté
des Propriétés monstrueuses Élémentaire (Glace) et Puissant.

´
7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 197
 Les trolls
Les Vestens vous diront qu ’il existe deux types de trolls : les
trolls de pierre et les trolls verts, et que les trolls de pierre
sont stupides.
Les trolls de pierre sont bêtes, malodorants et sauvages.
Ils sentent le soufre et arrachent un par un les membres de
ceux qui s’aventurent accidentellement dans les zones mal
définies qu’ils considèrent comme étant leur « territoire ».
Si un troll de pierre vous surprend sur son domaine, seule
la flagornerie crasse, la soumission ou la ruse pourront
vous épargner une mort violente, et encore n ’est-ce pas
certain. S ’attaquer à eux est suicidaire, car ils sont « assez
forts pour arracher un sapin à une main », comme le dit un
proverbe vesten. De plus, leur peau de pierre les prémunit
contre la plupart des coups et des éléments, excepté les
plus violents. D ’une certaine manière, ce dernier point est
positif, car la plupart des trolls de pierre n ’ont ainsi aucun
problème à établir leur territoire dans des pics inhospita-
liers, où ils risquent de ne s ’en prendre qu ’à quelques voya-
geurs occasionnels.
Les Vestens vous diront qu ’il existe deux types de trolls :
les trolls de pierre et les trolls verts, et que les trolls verts
sont malins.
La légende raconte que la Sorcière blanche sculpta et
enchanta le premier troll vert, mais que pour avoir désobéi à
ses ordres, elle le condamna à errer à jamais. Dût-il chercher
un foyer, le mauvais sort s ’abattrait sur quiconque l’accueil-
lerait et sur tous ses descendants. En tant que jötunn, la
Sorcière blanche hante toujours le Vestenmennavenjar, et
la plupart des rituels trolls visent à amoindrir les effets de
sa malédiction, permettant ainsi à un ou plusieurs d ’entre
eux de rester dans un village pendant quelques jours, voire
quelques semaines. D ’autres rituels ont pour but d ’empê-
cher la Sorcière blanche de se manifester près de trolls verts,
car il est dit que si l ’un d ’eux venait à la croiser, il serait
contraint de lui obéir.
Les trolls verts voyagent seuls ou en groupe, parfois suivis
d ’une harde de trolls de pierre. Ceux-ci leur obéissent incon-
ditionnellement, mais il n ’est pas né celui qui convaincra
un troll vert de révéler comment ils s ’y prennent. Les trolls
verts ont les traits taillés à la serpe et tiennent à leurs secrets.
Aucun humain ne peut apprendre leur langue, qui ressemble
au frottement de deux pierres. Ils voyagent de ville en
ville afin de proposer leurs services en tant qu ’artisans ou
colporteurs, un sac sur le dos ou à bord de caravanes ornées
d’étranges charmes lapidaires. Ils sont célèbres pour leurs
sculptures sur pierre. Contrairement aux trolls de pierre, ils
´
198 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR
ne se sédentarisent jamais : leur nature possessive s ’exprime
autrement. Ils sont durs en affaires, comptent leurs sous, ne
perdent jamais d ’argent aux jeux et, que cela leur prenne
une journée ou une décennie, traquent ceux qui les volent
et récupèrent deux fois la valeur de ce qui leur a été dérobé.
Enfin, ils tuent quiconque les menace.
Les gens diront que croiser un troll vert est préférable à
un troll de pierre, mais si vrai que cela puisse être, il n ’y a
rien d ’agréable à rencontrer un ou plusieurs trolls verts. Ils
ont pour la plupart une apparence identique (peau verte,
pommettes hautes et bouche ridiculement grande), et
comme si cela ne suffisait pas, ils sont tous vêtus de lourds
manteaux à capuche, quelle que soit la température. Ils ont
toute une variété de rituels, qu ’ils n ’accomplissent que les
nuits de lune décroissante, et dont les seuls vestiges sont des
rochers marqués au crayon de cire noire et tachés de sang,
sans un seul os. Personne ne sait ce qu ’ils sacrifient sur ces
pierres, car ils ne laissent approcher aucun humain, et la
plupart des gens préfèrent ne pas savoir.
La vérité
Tous les trolls sont sculptés dans la pierre : les trolls de
pierre dans du granite et les trolls verts dans du marbre
(ce n ’est pas un hasard si l ’essentiel du marbre excavé au
Vestenmennavenjar est vert). Les trolls de pierre ont l ’aspect
du minéral dont ils proviennent, tandis que ceux verts
paraissent faits de chair (certes verte), excepté lorsqu ’ils
sont directement exposés au soleil. Ils se changent alors en
pierre et restent pétrifiés jusqu ’à ce que le soleil se couche
ou qu ’ils en soient abrités.
Les trolls ne meurent pas de vieillesse, mais peuvent
succomber aux coups et blessures. Les trolls verts peuvent
être blessés comme les humains, tandis que les trolls de
pierre et les trolls verts pétrifiés peuvent être brisés comme
de la roche. De plus, les trolls peuvent mourir de faim. Pour
conserver leur mobilité, ils doivent consommer régulière-
ment du gravier, sous peine de lentement se rigidifier.
Les trolls verts sont des magiciens lapidaires : les charmes
de pierre qu ’ils suspendent, portent et vendent parfois sont
d ’une remarquable efficacité. Plus étrange cependant, les
trolls verts se reproduisent en sculptant d ’autres trolls verts
dans des blocs de marbre vesten. Ainsi, à leur création, tous
les trolls verts se ressemblent. Les exposer à la lumière du
soleil pour les pétrifier, puis remodeler leur visage, permet
de modifier leur apparence. Ils cicatrisent lorsqu ’ils sont
faits de chair, et il est assez courant parmi eux de se scarifier
pour se différencier, s ’ils en ressentent le besoin.
 Les trolls verts, de par leur méthode de reproduction, n ’ont Comme les trolls verts, les trolls de pierre n ’ont pas de
pas de genre et répondent à n ’importe quel pronom. En genre et ne forment pas de couples, préférant vivre seuls ou
général, ils ne forment pas non plus de couples et préfèrent en groupes qui revendiquent des territoires proportionnels
voyager seuls ou en petits groupes. à leur effectif. La « malédiction d ’errance » des trolls verts
Les trolls verts sont en général prudents et peu bavards. n ’affecte pas leurs cousins rocheux, qui ne craignent pas
Compte tenu de leur vulnérabilité au soleil et de la malédic- particulièrement la Sorcière blanche. Sans besoin autre
tion qui les lie à la Sorcière blanche, leur souci du secret se que du gravier pour survivre, ils accumulent rarement des
comprend sans difficulté. Ils se flattent de ne presque jamais possessions. Ce que la majorité des trolls a de plus proche
se laisser offenser, si ce n ’est par les menaces de violence à de la religion est la musique, que beaucoup se sentent
leur égard, auxquelles ils répondent avec une extrême hosti- obligés de jouer sans savoir pourquoi.
lité. Presque tous les trolls verts portent des lances faites La force des trolls verts varie, mais le troll vert moyen est
d ’obsidienne. Certains s ’en servent comme bâton, d ’autres un Monstre d ’une Puissance de 4 avec la Propriété mons-
les cachent dans leur manche, mais presque tous les manient trueuse Chitineux.
avec une grande dextérité. La force des trolls de pierre varie également, et ils opèrent
Tous les trolls de pierre viennent au monde sculptés dans en groupe. Une bande de trolls de pierre moyenne est
le granite par un troll vert qui voulait ou avait besoin d ’un une Escouade de Monstres d ’une Puissance de 6 avec les
serviteur. Les trolls de pierre nouvellement sculptés sont Propriétés monstrueuses Chitineux et Puissant.
des automates dénués de conscience : ils sont incapables
d ’agir de façon indépendante et obéissent aveuglément à
leur sculpteur. Leur conscience ne se développe qu ’après
environ un siècle, après quoi ils quittent presque toujours
leur maître, en général avec l ’assentiment de ce dernier.
Les trolls de pierre conscients ont tendance à être taci-
turnes, entêtés, solitaires et territoriaux. Les humains les
taxent de stupidité, mais ce n ’est pas tout à fait juste. En
réalité, les trolls de pierre apprennent et intègrent les choses
moins vite que les humains et les trolls verts, mais ils ne les
oublient jamais. De fait, les plus vieux d ’entre eux sont fort
sages. Hélas pour de nombreux humains, le cliché territorial
est assez fidèle : les trolls de pierre conscients s ’établissent
souvent dans des montagnes inhospitalières, et malheur
au voyageur infortuné qui s ’aventure par mégarde dans ces
domaines ! Seules les plus abjectes supplications peuvent
éviter une justice brutale à ces aventuriers, et des tensions
naissent généralement lorsque des humains commencent
à creuser des routes à travers les pics. Pourtant, cette
même territorialité représente une aubaine pour
certains humains : marchands et seigneurs de
guerre engagent souvent des trolls solitaires
pour garder des ponts et de grandes routes recu-
lées. Dans de tels endroits, la résistance des trolls
de pierre aux éléments revêt un avantage
supplémentaire. Un problème survient
cependant lorsque leur employeur
meurt, car ces créatures immortelles
n ’en continueront pas moins de garder
ces infrastructures indéfiniment.
 Le Chasseur Les géants
Le Chasseur se manifeste lorsque la visibilité est réduite, Les géants, ou jötunn (à ne pas confondre avec les mythes
entre midi et minuit. Juché sur son cheval et accompagné vivants qui se manifestent dans tout le Vestenmennavenjar, eux
de ses chiens, on les entend sans jamais les voir. Il chevauche aussi appelés jötunn) sont des créatures humanoïdes friandes
toujours vers l ’ouest. de chair et d’os humains qui dépassent les plus grands Vestens
de trois à six mètres. Ces antiques enfants du Père-de-Tout
Légende vivent dans les pics enneigés du Vestenmennavenjar où ils
Si personne ne connaît l ’histoire du Chasseur, tout le se nourrissent de proies humaines égarées. Leur corps étant
monde sait comment il apparaît : il traverse la campagne, composé de glace, ils doivent se cantonner aux lieux gelés sous
suivi d ’une meute de molosses et accompagné des appels peine de fondre. Ils peuvent passer des années sans manger,
de son cor de chasse. Ainsi, c ’est le mystère qui entoure ses mais cela les rend violents et imprévisibles. Il est possible de
origines qui enrichit sa légende et lui permet paradoxale- tromper un géant en lui faisant manger une autre viande, et
ment de rester dans les mémoires. Le seul « fait » sur lequel d’obtenir audience avec l’un d’eux afin d’apprendre leurs rites
le mythe populaire s ’accorde est qu ’il chasse le soleil, mais antiques, mais cela n’est pas sans risques. Les voyageurs qui
les raisons qui expliquent cette chasse sont aussi variées que traversent les montagnes en hiver prennent un surcroît de
les descriptions du Chasseur lui-même : il traque un amour viande avec eux et en laissent à l’extérieur de leur camp en
perdu, une famille, une vie, de l ’argent, ceux qui tentent de offrande aux géants. Les plus malchanceux d’entre eux dispa-
nuire aux autres, ceux qui ont des problèmes ou ceux qui ne raissent sans laisser de trace, dévorés corps et biens.
montrent pas aux jötunn le respect qui leur est dû. Certains
affirment que c ’est un loup, d ’autres un homme, et d ’autres La vérité
encore soutiennent que c ’est une femme. Personne ne sait La confusion homonymique est issue des différentes
vraiment, mais chaque ville du Vestenmennavenjar a sa histoires au sujet des mythiques mangeurs d ’hommes. Le
propre version de l ’histoire. terme jötunn fait référence à toute entité extraordinaire, et
les esprits légendaires d ’ancêtre morts depuis longtemps
Manifestation entrent dans cette catégorie. Dans les montagnes, les
Il se trouve toujours un élément pour cacher le Chasseur, Vestens nomment ces fantômes ancestraux les vættir, et les
son cheval et ses chiens : le brouillard, la neige ou simple- géants jötunn. Comme la plupart des mythes vestens, celui
ment une nuit d ’encre. La Chasse est une odeur, un son, des géants est une histoire devenue réalité. La prétendue
un frisson et un sentiment imprévu, le cri d ’un chien soli- origine des géants comme enfants du Père-de-Tout n ’est que
taire repris en chœur, un roulement fracassant de sabots fiction et rumeur. Ils sont un type de vættir, des légendes
et une impression de menace accablante et étouffante, une vivantes nées de la magie du Vestenmennavenjar ainsi que
envie presque irrésistible de courir tandis que la Chasse se des superstitions et peurs des autochtones.
rapproche inexorablement. D ’après un proverbe vesten, si Il est dangereux de voyager au cours des mois d’hiver, même
l ’on entend la Chasse, il ne faut pas courir. Ceux qui le font pour les aventuriers les plus expérimentés. Parfois, des gens
disparaissent à jamais, leurs cris résonnant dans les cieux. Si disparaissent purement et simplement dans les pics. Après le
l ’on entend la Chasse, il faut rester immobile et silencieux dégel, un villageois tombe parfois sur les restes d’un animal à
jusqu ’à ce qu ’elle passe dans un souffle glacé à vous donner moitié dévoré, se persuade qu’il a trouvé le cadavre d’un infor-
la chair de poule. tuné voyageur, et accuse les géants. Au fil du temps, la légende
Le Chasseur est un Monstre Scélérat d ’une Puissance de s’est développée, les gens ont brodé des histoires sur leur créa-
5 et d ’une Influence de 6 avec les Propriétés monstrueuses tion, et le mythe des jötunn a pris forme. Le pic le plus élevé
Effrayant, Furtif et Vif. Il commande plusieurs Escouades des montagnes proches de la banquise du Père-de-Tout est
de Monstres d ’une Puissance de 4 avec les Propriétés mons- appelé Jotun Fjell, et c’est là qu’errent les jötunn. Ces créatures
trueuses Inéluctable et Vif. ne sont pas aussi puissantes que les récits le prétendent, mais
elles sont violentes : nées de la peur, elles agissent en fonction.
Les histoires concernant leur magie sont exagérées, car la seule
magie dont ils bénéficient est celle du Vestenmennavenjar.
Les géants sont des Monstres d ’une Puissance de 7 avec les

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Propriétés monstrueuses Élémentaire (Glace) et Puissant.

200 CHAPITRE 4 : LE VESTENMENNAVENJAR

Les huldas
Les huldas ont l ’apparence de femmes sublimes dénuées
d ’ombre, dotées d ’une petite queue, et dont les vêtements
dissimulent un dos creux et des pieds inversés. Lors des
nuits de lune croissante ou pleine, elles tiennent des baccha-
nales près de rivières et de lacs et invitent les voyageurs à
prendre part à leurs festivités, jouant de leur beauté fabu-
leuse. Ceux qui dansent et boivent leur vin, frais et enivrant,
se réveillent migraineux le lendemain, avec un goût amer
d ’acide gastrique et d ’eau de rivière dans la bouche. Pourtant,
qui se joint à leurs danses peut rencontrer un destin bien
pire. Celui qui embrasse une belle hulda qui l ’aime en retour
la verra perdre sa queue et devenir sa compagne fidèle, mais
si celle-ci se contente d ’un baiser par jeu, elle se mettra à
déverser de l ’eau de rivière dans la bouche du malheureux et
lui tiendra la tête jusqu ’à ce qu ’il s ’étouffe et se noie. Lorsque
la lune éclaire la nuit, les voyageurs peuvent voir le visage
et la forme de ceux que les huldas ont noyés, gravés par la
pluie dans les parois rocheuses. Bien des Vestens refusent de
boire en voyage, de crainte d ’attirer les huldas et de risquer
de mourir noyés.
La vérité
L ’essentiel du folklore concernant les huldas est tout à
fait exact : elles tiennent des bacchanales près des sources
d ’eau fraîche, transforment l ’eau en vin et peuvent noyer
une personne d ’un baiser, à moins qu ’elles ne l ’aiment.
Dans ce cas, elles perdent leurs pouvoirs magiques et
leur queue, acquièrent une ombre et deviennent presque
humaines. Malheureusement, certaines conservent leurs
pieds retournés et leur dos creux, et celles qui épousent un
humain souffrent souvent de discrimination. En revanche,
les personnes noyées par les huldas ne se muent pas en
sculptures rocheuses naturelles, mais en nouvelles huldas
après une période d ’environ un millénaire.
Une hulda qui tombe amoureuse ne peut pas procréer
avec un humain, et se retrouve souvent dans une situation
fâcheuse lorsque son ou sa partenaire le découvre. Certaines
filent un véritable bonheur, tandis que d ’autres retournent
à l ’eau pour découvrir qu ’elles n ’y sont plus les bienvenues.
De plus, les huldas ne sont pas toutes des femmes : bien que
toutes soient imberbes et présentent des traits extrêmement
féminins, elles peuvent être des deux sexes.
Les huldas sont des Monstres d ’une Puissance de 5 avec
les Propriétés monstrueuses Aquatique et Nocturne.
Les ponts du diable
Au Vestenmennavenjar, les ponts naturels sont courants, à
tel point que selon certains, l ’une des premières personnes
à s ’installer au Vesten pactisa avec un ancien dieu, une
ancienne déesse ou un antique jötunn (l ’identité n ’est géné-
ralement pas précisée), lui proposant sa main en échange
de la construction de ces ponts. Cependant, elle revint sur
sa parole une fois les ponts construits, et l ’entité créatrice
maudit ses ouvrages en retour, frappant de malchance les
mortels qui les traverseraient. Si ces ponts semblent étran-
gement pratiques, un nombre inhabituel d ’accidents et de
disparitions inexplicables se produisent lorsque des gens
les empruntent...
La vérité
Il n ’y a jamais eu de pacte, et les ponts ne sont pas maudits
par un quelconque phénomène surnaturel. Parfois, le stress
ou la crainte des superstitions expliquent les accidents sur
les ponts naturels, de même que les phénomènes physiques :
beaucoup tremblent, gèlent et fondent au fil des saisons,
ou deviennent progressivement plus étroits et instables,
jusqu ’au jour où quelqu ’un glisse et tombe, ou qu ’une cara-
vane en fait s ’écrouler un.
La plupart du temps, cependant, de tels accidents sont le
fait de bandes de hors-la-loi qui profitent des superstitions
des gens. Des cartes détaillées des ponts et de leurs envi-
rons se vendent à prix d ’or sur le marché noir vesten. Des
« cartographes du diable » gagnent leur vie en parcourant la
campagne du Vestenmennavenjar pour élaborer ces cartes.
Bien souvent, toutefois, poussés par la corruption ou le
chantage ils restituent de manière erronée la topographie
de certains ponts revendiqués par des gangs établis. Un
groupe de ces cartographes, basés à Vendel, a pris le nom
de « guilde des Illusionnistes » : ils gagnent la confiance
des hors-la-loi, apprennent les astuces qu ’ils utilisent pour
tromper les superstitieux qui traversent les ponts, puis
vendent ces mêmes astuces à d ’autres bandes, bien souvent
pour des sommes astronomiques.
Tous les gangs des ponts ne sont pas identiques, mais ils se
composent généralement d ’Escouades de Brutes mélangeant
Gardes et Voleurs.
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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 201
 Annexe
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Nouveaux Historiques
Historique des îles du Glamour Historique de l’Inismore
ÉCUYER SIDHE DORNÁLAÍ
Les Sidhes sont revenus en Avalon, et il vous incombe de faire en « Queuv’là un sacréga ! Tut’battré pa’unpeu pourzyvoir ? »
sorte que leur retour soit aussi paisible que possible. Coup d'éclat
Coup d'éclat Gagnez un point d'Héroïsme lorsque, quelle que soit l’issue d’une
Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous vous donnez du mal bagarre, vous passez l'éponge et vous liez d'amitié avec votre adversaire.
pour servir d’intermédiaire entre Sidhes et mortels, pour une Avantages Compétences
meilleure compréhension mutuelle.
Bon buveur Athlétisme
Avantages Compétences Cogneur Bagarre
C'était un malentendu Armes blanches Coup dévastateur Intimidation
Sorcellerie (Glamour) Empathie Persuasion
Équitation Vigilance
Érudition
Persuasion Historiques de la Castille

Historique d’Avalon BOTICARIO

La science est une chose magnifique.
DÉFENSEUR DU PATRIMOINE ROYAL Coup d'éclat
L’Avalon est un pays magnifique, et la Reine vous a chargé de Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous vous attirez des ennuis
faire en sorte qu’il le demeure. en vous obstinant à découvrir un secret alchimique.
Coup d'éclat Avantages Compétences
Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous vous attirez des ennuis Estomac en fer forgé Dissimulation
en tentant de protéger une merveille de la nature. Sorcellerie (Alquimia) Empathie
Sorcellerie (Alquimia) Érudition
Avantages Compétences Persuasion
Maîtrise de la gâchette Athlétisme Vigilance
Sens de l'orientation Empathie
Tireur d'élite Érudition
Tir JOVEN PROMETEDOR
Vigilance Vous n’avez peut-être pas gagné le tournoi d’el Baile, mais vous
n’êtes pas passé inaperçu.

Historique des Marches des Highlands Coup d'éclat

Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous envenimez un
problème pour améliorer vos compétences à l'épée ou
AS DES SHANNAGARY votre réputation.
Un marin doué peut naviguer sans dommages à travers les Avantages Compétences
Shannagary en trois jours. Deux vous suffisent, au prix de
quelques égratignures. Étude du combat Armes blanches
Réputation Athlétisme
Coup d'éclat Empathie
Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous vous attirez des ennuis Représentation
en sacrifiant la prudence au profit de la vitesse. Vigilance
Avantages Compétences
Marié à l'Océan Art militaire SABUESO REAL
Vent en poupe Athlétisme Les ennemis des détectives royaux affirment que vous n’êtes rien
Bagarre d’autre que l’un des molosses du roi. Mais ils le font depuis leur cellule.
Navigation Coup d'éclat
Vigilance
Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous refusez d'agir avant
d’en savoir plus et que cela vous attire encore plus d’ennuis.
Avantages Compétences
Accointances interlopes Dissimulation
Opportuniste Empathie
Tir
Vigilance

´
Vol

7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 203

 TERCIO SOURIS DU MARCHÉ
Vous avez rejoint l’armée pour améliorer votre quotidien. Tout ça Vous connaissez les rues comme votre poche.
est tombé à l’eau, mais vous ne perdez pas espoir. Coup d'éclat
Coup d'éclat Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous choisissez de partager
Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous défendez une cause vos biens mal acquis avec quelqu’un de plus nécessiteux que vous.
pour vous racheter, vous amender de crimes passés ou avoir une Avantages Compétences
chance d’obtenir un titre de noblesse.
C’est ma ville Dissimulation
Avantages Compétences Ni vu ni connu Empathie
Débrouillard Armes blanches Érudition
Escrimeur Art militaire Persuasion
Tornade d’acier Athlétisme Vigilance
Tir
Vigilance VOIX DES SANS-VOIX
Historiques de la Montaigne Vous parlez pour ceux qui ne le peuvent, que ce soit par impuis-
sance ou par crainte.

BALAYEUR Coup d'éclat

Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous refusez une
Vous gagnez votre vie en tant que balayeur, avec un balai bien
solution qui vous avantagerait, mais qui nuirait à ceux que
particulier, qui avale de la poudre et recrache du plomb.
vous représentez.
Coup d'éclat Avantages Compétences
Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous parvenez à garder le
J’accuse ! Empathie
contrôle d’une situation où vous êtes en infériorité numérique.
Réputation Érudition
Avantages Compétences Intimidation
Dans le mille Bagarre Persuasion
Sens de l'orientation Empathie Vigilance
Sept d’un coup Intimidation
Tir Historiques du Vestenmennavenjar
Vigilance
HRUNGNIR
ÉPÉE SANGLANTE Vous n’avez pas besoin d’une épée pour être dangereux.
Vous avez appris l'art du fer et du sang, ce qui vous a valu le titre Coup d'éclat
d’Épée sanglante ainsi que l'admiration et la crainte de vos pairs.
Gagnez un point d'Héroïsme lorsque quelqu’un vous sous-estime
Coup d'éclat parce que vous n’avez pas d’arme, et que vous en tirez parti.
Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous évitez un conflit Avantages Compétences
en tirant parti de la crainte, justifiée ou non, qu’inspirent
vos capacités. Bagarreur de bar Athlétisme
Bon buveur Bagarre
Avantages Compétences Tout peut servir d’arme quand Dissimulation
Académie de Armes blanches on sait s’y prendre Intimidation
Duellistes (De Vore) Athlétisme Vigilance
Sorcellerie (Porté) Érudition
Intimidation MURSKAAJA
Vigilance
La solidité d’une ligne de défenseurs dépend de son maillon le
plus faible. Vous êtes maître dans l'art de le trouver et de le briser.
RESCAPÉ DU PASSAGE
Vous êtes sorti du passage après y avoir été piégé pendant une
Coup d'éclat
durée incalculable, sans en garder aucun souvenir. À vrai dire, Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous vous lancez tête
vous ne vous rappelez pas votre vie d’avant non plus… pour baissée dans une situation dangereuse pour déstabiliser
l’instant. vos adversaires.
Coup d'éclat Avantages Compétences
Gagnez un point d'Héroïsme lorsque votre passé revient vous Foncer dans le tas Armes blanches
hanter et que cela vous cause des problèmes. Sens de l'orientation Art militaire
Spécialiste des armes lourdes Athlétisme
Avantages Compétences Dissimulation
Approche flexible Empathie Équitation
Fibre héroïque Intimidation
Persuasion
Subornation
Vigilance

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204 ANNEXE
PANKKIIRI VALA
L'argent a un langage, et vous avez un sacré vocabulaire. Les scribes et les politiciens d’aujourd’hui prêtent du pouvoir aux
mots. Ils n’imaginent pas à quel point ils ont raison.
Coup d'éclat
Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous profitez de votre posi- Coup d'éclat
tion ou de votre argent pour contraindre un autre personnage à Gagnez un point d'Héroïsme lorsque vous refusez d’user de
agir et que cela vous attire des ennuis. magie pour simplifier la résolution d’un problème, parce que vous
estimez que cela ne vaut pas la peine de déployer un tel pouvoir.
Avantages Compétences
Bakchich Empathie Avantages Compétences
Mécène (Ligue de Vendel) Érudition Linguiste Équitation
Navigation Sorcellerie (Galdr) Érudition
Persuasion Sorcellerie (Galdr) Intimidation
Tir Persuasion
Représentation

Nouveaux Avantages
Avantages à 1 point SEPT D’UN COUP
Votre Héros doit posséder l’Avantage Dans le mille pour
COUP DÉVASTATEUR acheter cet Avantage. Lorsque vous prenez un Risque de
Votre Héros doit posséder l’Avantage Cogneur pour acheter Tir faisant appel à un pistolet, un tromblon ou une arme
cet Avantage. Lorsque vous prenez un Risque de Bagarre de jet (comme une hachette ou un couteau), dépensez une
pour taper à coups de poing, de pied, de tête ou de toute Mise pour réduire la Puissance d'une Escouade de Brutes
autre partie de votre corps, vous pouvez choisir de dépenser de votre Rang en Finesse.
toutes vos Mises lors de votre première Action. Vous
infligez alors un nombre de Blessures égal aux Mises dépen- TORNADE D’ACIER
sées, et votre cible perd la moitié de ses Mises actuelles, Votre Héros doit posséder l’Avantage Escrimeur pour
arrondies à l’inférieur.. acheter cet Avantage. Lorsque vous prenez un Risque
d’Armes blanches faisant appel à une rapière, une dague,
FONCER DANS LE TAS
un sabre ou toute autre arme à une main semblable, vous
Votre Héros doit posséder l’Avantage Spécialiste des armes pouvez choisir de ne pas lancer les dés au début d’un
lourdes pour acheter cet Avantage. Lorsque vous prenez Round. Si vous faites ainsi, réduisez la Puissance de toutes
un Risque d’Armes blanches faisant appel à une claymore, les Escouades de Brutes de la Scène de moitié, arrondie à
une zweihänder, une hache de bataille, une hallebarde ou l’inférieur.
toute arme à deux mains similaire, vous pouvez choisir de
ne pas lancer les dés au début d’un Round. Si vous faites TOUT PEUT SERVIR D’ARME
QUAND ON SAIT S’Y PRENDRE
ainsi, vous éliminez une Escouade de Brutes, quelle que soit
sa Puissance. Votre Héros doit posséder l’Avantage Bagarreur de bar
pour acheter cet Avantage. Lorsque vous prenez un Risque
MAÎTRISE DE LA GÂCHETTE
de Bagarre pour combattre à l’aide d’une arme improvisée
Votre Héros doit posséder l’Avantage Tireur d’élite pour (comme une table retournée, un tabouret de bar, une
acheter cet Avantage. Lorsque vous prenez un Risque de Tir planche en bois, une canne, etc.) et que vous dépensez une
faisant appel à un mousquet à canon long, un arc long ou Mise pour infliger des Blessures, vous pouvez choisir de
une arbalète, la première fois que vous dépensez une Mise briser l’arme. Si vous faites ainsi, les Blessures que vous
pour infliger une Blessure, vous pouvez dépenser un point infligez ne peuvent être prévenues d'aucune manière. Vous
d'Héroïsme pour infliger en plus une Blessure Dramatique. ne pouvez pas utiliser cet Avantage plus d’une fois par Scène,
Votre victime doit ignorer votre présence pour que cet à moins de payer un Point d'Héroïsme pour vous procurer
Avantage fonctionne, et vous ne pouvez l’activer qu’une fois une nouvelle arme.
par Scène.

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 205
 Avantages à 2 points
C’EST MA VILLE
Dépensez un point d'Héroïsme lorsque vous êtes en terrain
connu pour semer un poursuivant, repérer un étranger
suspect, déterminer si quelqu’un vous file ou trouver
un raccourci.
Avantages à 3 points
BAKCHICH
Dépensez 1 point de Richesse pour corrompre un person-
nage lors d’une Séquence d’Action ou Dramatique, sans
dépenser de Mise. Vous ne pouvez utiliser cet Avantage
qu’une fois par Séquence.

DUELLISTE FLEXIBLE ÉTUDE DU COMBAT

Votre héros doit connaître deux Styles de Duel pour acheter Vous apprenez les Manœuvres Taillade et Parade, ainsi
cet Avantage. Vous pouvez dépenser un point d'Héroïsme qu’une Manœuvre de votre choix qui n’est pas associée à
pour changer de Style au cours d’un Round, tant que les un Style. Vous pouvez y recourir comme un Duelliste.
conditions du nouveau Style (comme l'arme utilisée) sont L’Avantage Académie de Duellistes ne vous coûte que
respectées. Vous ne pouvez utiliser cet Avantage qu’une fois 3 points.
par Round.
J’ACCUSE !
Dépensez un point d'Héroïsme lorsque vous prenez un
Risque d’Intimidation ou de Persuasion pour réduire la
Puissance d’une Escouade de Brutes présente dans la Scène
de moitié, arrondie à l’inférieur.

VENT EN POUPE
Lorsque vous pilotez un Navire, vous pouvez dépenser un
point d'Héroïsme pour atteindre votre destination plus
rapidement. Si vous faites ainsi, votre Navire subit un
Dégât Critique, mais vous réduisez d’un quart le temps de
trajet. Si vous êtes poursuivi en mer, vous pouvez à la place
activer cet Avantage (au même prix que décrit ci-dessus)
pour échapper à vos poursuivants à la faveur d’une poussée
prodigieuse, au-delà de ce qui devrait être possible sur l’eau.

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206 ANNEXE
 Index
Avalon 11, 16–57, 141, 166, 188
Inismore Jarl Frederick Ulfsen 158, 159, 176
11, 17, 22, 23, 26, 32, 35, 38–41, 44, 52, 53, 56
Marches des Highlands Kirk 160, 163, 178
17–20, 24, 31, 32, 41, 52, 53, 165
Ligue de Vendel 12, 24, 35, 39, 109, 136, 156–163,
Les bons rois Sandoval 11, 61, 63, 64, 66, 71, 72, 85, 86 165–171, 174, 176–178, 181–183, 186, 194
Amadeo Sandoval 11, 61, 63, 64, 66 Louise Marie-Françoise de Beaufort
Rocío Sandoval 63, 64, 66 114, 123, 129, 130
Bryn Bresail 19, 21, 22, 27, 28, 30, 31
Marquise Sidonie du Carré 117, 124, 138, 139
Capitaine Jeremiah Berek 25, 26, 38 Monstres 54–57, 69, 102–104, 143,
Cardinal Esteban Verdugo 149–151, 172, 196–201
12, 60, 61, 63, 64, 67, 68, 71, 72, 75, 78–83, 89–91 Montaigne 11, 12, 17, 24, 28, 61, 64,
Carleon 25, 31, 33–36 69, 83, 87, 88, 108–153
Castille Montègue 109, 111, 113, 118, 135, 138
11, 17, 22, 23, 31, 44, 60–105, 109, 117, 132, 135, 138, Morella Alouse Giacinni 112, 113
147, 156, 188 Mousquetaires 114, 122–124, 129, 130, 131, 147
Château de la Vie 114, 123, 124, 129, 130
Château du Soleil 110, 129, 130, 131 Objectionnisme 25, 43, 81, 83, 88, 161, 174, 178
Chiens de mer 25, 26, 36, 38, 61
Cité vaticine 11, 61, 63, 64, 66, 68, 71, 72, 76–83, 86 La pierre Fål 17, 23, 27, 38, 39
El Concilio de la Razón 63, 71, 72, 90
Cygnes accorts 18, 20, 24, 53 Réalistes 11, 19,25, 35, 55
Reine Elaine 11, 16–22, 24–26, 28, 31–34,
Derwyddon 19, 21, 22, 33, 35 36, 41, 43–45
Dominique de Montaigne 110, 113, 118, 138 Roi Jack O  ’Bannon 17, 19, 22, 23, 31, 38, 39, 45
Duels 52, 53, 79, 99, 100, 147, 148, 194, 195 Roi James MacDuff 17, 19, 24, 41, 42, 45
Les Cleasa de Skatha 53
De Vore 148 San Cristóbal 63, 64, 66, 68, 85, 86
Hallbjorn 195 Séparatistes 11, 18–20, 24, 31,42
Rossini 79 Sidhes 11, 16–23, 25–31, 33, 36–38, 45–47,
Siqueira 100 54, 56, 57, 140–142, 165
Sociétés secrètes 25, 30–32, 74–76, 125–127, 172–174
Éclipses 66, 68, 74, 76, 81, 86, 88 Bravoure de l  ’Épervier 114, 127
Église vaticine 11, 12, 25, 31, 35, 43, 60, 62, 64, 65, 67, Chercheurs du mot d  ’Ekerila 173, 189
71, 74–84, 86, 88, 101, 105, 108, 109, Chevaliers de la Rose et de la Croix 31, 42, 69, 74,
131, 133, 137, 139, 152, 153, 196 123, 131, 174
L  ’Inquisition 11, 25, 31, 32, 60, 61, 63–72, 74–76, Collège invisible 31, 68, 75, 76, 89, 90,
78–81,83, 84, 86, 88–91, 105, 126, 174 126, 131, 132, 174
Eisen 17, 61, 83, 109, 156, 166, 188 Filles de Sophie 32, 76
L  ’Empereur Léon Alexandre de Montaigne 12, 61, 81, Fraternité de la côte 25, 31, 69, 125, 172
83, 87, 108–116, 118, 121, 122, 126, Inquisitio Aquila 65, 74, 75, 84, 86
127, 129–133, 135, 136, 138, 147, 152, 153 Die Kreuzritter 30, 54, 74, 75, 79, 125, 153, 172
Ligue du Preste-pas 32
Fédération sarmatienne 12, 31, 109, 156 Močiutės Skara 31, 76, 82, 125, 152, 159, 165, 174
Rilasciare 31, 66, 76, 112, 123, 125, 126, 135,
Général Pardie Soussens 121, 126, 135 138, 174
Le Graal 16, 17, 19, 20, 22, 24, 27, 28, Société des Explorateurs 30, 35, 44, 76, 91,
31, 32, 36, 46, 47 125, 131, 172
Grandes Ducados 60, 62, 71–73, 83–92 Los Vagabundos 31, 66, 70, 76, 89,
Guerre de la Croix 11, 17, 22, 23, 32, 43, 61, 101, 126, 127, 138, 174
68, 82, 87, 88, 90, 91, 116, 122, 166

Inquisiteur Octavio Mzabi 65, 75, 84–86

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7E MER NATIONS DE THÉAH : VOLUME 1 207
 Index (suite) Liste d  ’Avantages
Sorcellerie 11, 16, 19, 20–22, 25 27–32, 34, 36, Bakchich (3 points) 206
37, 46, 47–51, 67, 93–98, 104, 105, 118, 189–193
Alquimia 68, 81, 93–98 C  ’est ma ville (2) 206
Galdr 189–193 Coup dévastateur (1) 205
Glamour 11, 16, 19, 20 -23, 27 -32, 34, 36,
37, 46–51, 104, 141, 142–146, 165 Duelliste flexible (2) 206
Porté 110, 111, 113, 118, 142–146, 148
Sanderis 104 Étude du combat (3) 206
Sorte 32, 112, 113
Toucher de la Mère 104 Foncer dans le tas (1) 205
Syrnes 30, 35, 44, 88, 131, 140–142, 144, 173
J  ’accuse ! (3) 206
Ussura 109, 156, 166, 180
Maîtrise de la gâchette (1) 205
Vendel 158, 159, 175–177
Vestenmennavenjar 11, 12, 156–201 Sept d  ’un coup (1) 205
Vodacce 32, 76, 77, 83, 112, 136, 147, 156
Tornade d  ’acier (1) 205
Tout peut servir d  ’arme quand on sait s  ’y prendre (1)
205

Vent en poupe (3) 206

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208 ANNEXE