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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 17-260-A-10

17-260-A-10

Adénomes hypophysaires
FX Roux
F Brami
P Page
Résumé. – Les adénomes représentent la quasi-totalité des tumeurs hypophysaires : 30 % sont non
sécrétants, 40 % sécrètent de la prolactine, 20 % de la growth hormone (GH), 10 % de
l’adrenocorticotrophic hormone (ACTH) (Cushing). Les marqueurs immunohistochimiques montrent souvent
la présence de plusieurs clones de cellules sécrétantes, y compris dans les adénomes non fonctionnels. Les
diagnostics clinique et biologique ne posent habituellement pas de problème. Le diagnostic radiologique est
basé quasi exclusivement sur l’IRM. Le traitement de première intention est chirurgical pour les adénomes non
fonctionnels et corticotropes. Pour les adénomes à GH, la chirurgie est indiquée d’emblée lorsqu’ils sont
enclos, les analogues de la somatostatine dans les autres cas et si existent des contre-indications à la
chirurgie. En cas de microprolactinome, la chirurgie est généralement proposée d’emblée, ou si le traitement
médical est mal supporté ou si la femme désire une grossesse. S’il s’agit d’un macroprolactinome, surtout
géant (> 30 mm), les agonistes dopaminergiques sont prescrits en première intention, en l’absence de
souffrance aiguë des voies visuelles. Les pourcentages de guérison à 10 ans sont les suivants : adénomes non
fonctionnels : 80 % ; microprolactinomes : 75-80 % ; macroprolactinomes : 30-35 %, ; prolactinomes
géants : 0-20 % ; adénomes somatotropes : 40-50 % ; adénomes corticotropes : 70-75 %.
© 2003 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : hypophyse, prolactinome, acromégalie, maladie de Cushing, adénome non fonctionnel, abord
rhinoseptal, agonistes dopaminergiques, analogues de la somatostatine, radiochirurgie,
radiothérapie.

Introduction Tableau I. – Tumeurs hypophysaires et diagnostics différentiels.

Les tumeurs hypophysaires représentent à peu près 10 % des Tumeurs hypophysaires


tumeurs intracrâniennes. Il s’agit, dans l’immense majorité des cas, Adénomes
de tumeurs bénignes, essentiellement des adénomes [48]. Les autres - non fonctionnels (non sécrétants) et gonadotropes 25-30 %
tumeurs développées dans l’hypophyse, et de façon plus générale - prolactinomes 30-40 %
dans la selle turcique, sont exceptionnelles et ne relèvent finalement - adénomes à hormone de croissance (acromégalie) 20 %
que de diagnostics différentiels (tableau I). C’est dans ce dernier - adénomes corticotropes (maladie de Cushing) 10 %
cadre qu’elles seront évoquées. Pour être pragmatiques et - thyréotropes, à sous-unité a exceptionnels
Autres tumeurs de l’hypophyse
didactiques, nous ne traiterons dans le présent article que les - kystes de la poche de Rathke
adénomes de la glande pituitaire. - métastases
Dans la grande majorité des cas, il n’y a pas de difficulté à poser un - abcès
diagnostic d’adénome sécrétant. Celui-ci est moins évident lorsqu’il - sarcoïdose
s’agit d’un adénome non fonctionnel (NF) ou gonadotrope. Diagnostics différentiels
Selon les études publiées, le pourcentage de répartition des
Tumeurs de la région sellaire
différents types d’adénomes varie de façon relativement importante. - craniopharyngiomes
Ceci est lié au recrutement spécifique de chaque équipe, qu’elle soit - méningiomes
neurochirurgicale ou endocrinologique. Ainsi dans notre - cholestéatomes (kystes épidermoïdes)
établissement, la répartition est la suivante : non sécrétants = 39 %, - chordomes
prolactine (PRL) = 39 %, hormone de croissance (GH : growth - chondromes
Autres lésions
hormone) = 19 %, corticotropes = 7 %.
- selle turcique vide
Dans la littérature, on retrouve des chiffres du même ordre. Par - mucocèles sphénoïdales
ordre de fréquence : les adénomes à prolactine (prolactinomes) - kystes arachnoïdiens
représentent 30 à 40 % des adénomes hypophysaires, les adénomes - anévrismes intrasellaires
- hypophysites lymphocytaires

François-Xavier Roux : Professeur des Universités, neurochirurgien des Hôpitaux. à GH : 20 %, les corticotropes à ACTH (adrenocorticotrophic hormone) :
Florence Brami : Praticien hospitalier, département d’imagerie morphologique et fonctionnelle.
Philippe Page : Praticien hospitalier, neurochirurgien des Hôpitaux.
10 %. Des adénomes sécrétants beaucoup plus rares peuvent être
Centre hospitalier Sainte-Anne, 1 rue Cabanis, 75014 Paris, France. rencontrés : gonadotropes (luteinizing hormone : LH, follicle

Toute référence à cet article doit porter la mention : Roux FX, Brami F et Page P. Adénomes hypophysaires. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Neurologie, 17-260-A-10,
2003, 12 p.
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stimulating hormone : FSH), thyréotropes (thyroid stimulating À l’inverse, dans les autres cas d’adénomes cliniquement NF, il
hormone : TSH) ou à sous-unité a (sous-unité commune à la LH, la existe une hypersécrétion de gonadotrophines entières (FSH : 30 %
FSH et à la TSH). des hommes, < 5 % des femmes ; LH : 15 % des hommes, 0 % de
Les adénomes non sécrétants représentent dans la littérature 25 à femmes) ou de leur sous-unité a dosable dans le plasma (50 % des
30 % de l’ensemble des adénomes pituitaires. Ceux-ci sont parfois hommes et des femmes).
responsables d’une insuffisance antéhypophysaire partielle touchant Ainsi, la moitié des adénomes NF sont gonadotropes à l’issue des
plutôt la lignée gonadotrope [13, 17]. dosages radio-immunologiques.
Il faut signaler que les marqueurs immunohistochimiques montrent Dans les adénomes gonadotropes, il faut noter que la FSH basale
la présence fréquente de plusieurs clones de cellules sécrétantes, y apparaît être un marqueur particulièrement sensible chez les
compris dans les adénomes non sécrétants. Ainsi dans l’acromégalie, hommes, puisqu’elle y est sécrétée en excès chez deux tiers d’entre
seuls 50 % des adénomes à GH ont une immunopositivité homogène eux, associée dans près d’un cas sur deux à une hypersécrétion de
avec un anticorps anti-GH, 30 % sécrètent de la GH et de la la sous-unité a. L’augmentation de la LH basale est rare, alors que
prolactine, 20 % sont multisécrétants. Chez les patients porteurs d’un l’augmentation de la sous-unité a libre basale (isolée : 35 % ou
prolactinome, 80 % sont monosécrétants. En ce qui concerne les associée : 60 %) dépasse les 90 %. Celle-ci est constante chez la
adénomes non fonctionnels, un peu moins de 50 % d’entre eux sont femme en période d’activité génitale, isolée chez deux tiers d’entre
effectivement immunonégatifs. elles, et associée à une hypersécrétion de LH ou de FSH dans le
dernier tiers.
Sur le plan immunocytochimique, 30 % à 50 % des adénomes NF
Faire le diagnostic d’adénome fixent plusieurs immunsérums : b FSH + b LH, b FSH + sous-
unité a, b LH + sous-unité a, b FSH + b LH + sous-unité a.
hypophysaire
¶ Prolactinomes (adénomes à prolactine) [29]
Le diagnostic en est généralement facile, que ce soit d’un point de
vue clinique ou biologique. Les images radiologiques, quant à elles Les prolactinomes concernent trois à cinq fois plus souvent les
sont également souvent très évocatrices. Elles reposent de nos jours femmes que les hommes. Chez la femme, il s’agit d’un
presque exclusivement sur l’imagerie par résonance magnétique microadénome (< 10 mm de diamètre) dans les deux tiers des cas, la
(IRM). prévalence des microprolactinomes étant de l’ordre de 1 à 2 %.
À l’inverse, chez l’homme, il s’agit d’un macroadénome invasif ou
non dans près de 85 % des cas.
CLINIQUE ET BIOLOGIE
L’âge moyen au moment du diagnostic se situe entre 25 et 30 ans
¶ Adénomes non fonctionnels et gonadotropes [13] chez la femme, 35 à 40 ans chez l’homme.

Ils concernent deux fois plus souvent les hommes que les femmes, Circonstances de découverte
et se développent généralement pendant les quatrième et cinquième
Chez la femme, dans plus de 90 % des cas, il s’agit d’une
décennies (âge moyen au moment du diagnostic : 55 ans).
aménorrhée primaire ou secondaire associée en général à une
galactorrhée.
Circonstances cliniques de découverte
Chez l’homme, les symptômes dominants sont les troubles de la
Elles sont le plus souvent en rapport avec un syndrome tumoral qui fonction sexuelle, la baisse de la libido, l’impuissance partielle ou
témoigne du développement de la tumeur en dehors des limites de totale (> 80 %). Dans plus de 20 % des cas, existent des troubles du
la selle turcique. Il s’agit surtout d’extensions suprasellaires, plus champ visuel. À ces symptômes peuvent être associés : une
rarement latérales dans les sinus caverneux. gynécomastie avec ou sans galactorrhée, une infertilité, un
Les troubles visuels, particulièrement campimétriques, sont les hypogonadisme, un hypocorticisme, une hypothyroïdie.
signes révélateurs les plus fréquents : ils sont retrouvés dans 60 à Chez l’adolescent, rarement touché (< 3 %), on peut retrouver une
85 % des cas. À ceux-ci sont souvent associées des céphalées plus ou puberté incomplète et chez la fille une aménorrhée primaire.
moins anciennes. La grossesse soulève souvent la double question du traitement du
Chez les hommes, des troubles sexuels sont à l’origine du diagnostic prolactinome et du risque de croissance de celui-ci. En réalité, il
dans près de 15 % des cas ; plus rarement une asthénie ou une semble maintenant bien entendu que le risque de développement
hyponatrémie motivent un bilan d’insuffisance antéhypophysaire. d’un microprolactinome durant la grossesse est extrêmement faible,
Chez les femmes, la plupart des adénomes NF et gonadotropes inférieur à 1 % ; le traitement par un agoniste peut être arrêté sans
surviennent après la ménopause ; mais chez 20 % d’entre elles, le problème particulier sous couvert d’une surveillance régulière. Un
diagnostic est posé en période d’activité génitale devant une certain nombre de prolactinomes apparaît même guéris
aménorrhée. spontanément au décours de la grossesse. Par ailleurs, en cas de
macroprolactinome, l’ensemble des auteurs s’accorde de nos jours à
Un tableau d’apoplexie hypophysaire est rare ; il s’accompagne
considérer que le traitement médical peut et doit même être
généralement d’une paralysie oculomotrice, de céphalées brutales et
poursuivi, en particulier s’il existe un risque visuel du fait du
intenses pouvant simuler un tableau de méningite ou d’hémorragie
développement suprasellaire de l’adénome.
méningée.
Le bilan biologique montre habituellement une corrélation entre les
Enfin, dans 15 % des cas, la découverte de l’adénome est fortuite
taux de prolactinémie et le volume de l’adénome : les taux moyens
lors d’un bilan radiologique tomodensitométrique (TDM) et/ou IRM
varient ainsi de 100-160 ng/mL pour les microadénomes, à
pratiqué pour une quelconque raison.
2 000-3 000 ng/mL pour de volumineux adénomes invasifs. Des taux
pouvant dépasser 10 000 ng/mL peuvent être rencontrés, en
Bilan biologique
particulier chez l’homme. Les fonctions corticotropes et thyréotropes
Chez 65 à 70 % des patients porteurs d’un adénome NF, il existe un sont le plus souvent normales (98 %), de même que les taux de LH,
déficit antéhypophysaire touchant au moins une lignée hormonale, FSH et GH (85 à 95 %).
gonadotrope le plus souvent. Par ailleurs, une hyperprolactinémie Il faut noter que si les taux normaux de prolactinémie se situent
modérée de déconnexion est retrouvée chez 50 à 65 % des patients. autour de 15 ng/mL chez l’homme et 20 ng/mL chez la femme, ce
Il n’y a pas d’hypersécrétion de gonadotrophines chez 50 % des n’est qu’à partir de 200 ng/mL que l’on peut considérer que
hommes et 70 % des femmes concernés. l’hyperprolactinémie est certainement pathologique et en rapport

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Neurologie Adénomes hypophysaires 17-260-A-10

avec un prolactinome. Jusqu’à 100 ou 150 ng/mL, il faut absolument Elle est la conséquence d’une sécrétion excessive et chronique
confirmer le caractère pathologique de l’hypersécrétion et son d’ACTH par les cellules corticotropes de l’antéhypophyse. Elle
retentissement clinique certain. C’est dans ces cas de figures que touche surtout les femmes (le sex-ratio est de l’ordre de cinq femmes
plusieurs étiologies de fausses hyperprolactinémies doivent être pour un homme).
éliminées : hyperprolactinémies d’entraînement, présence de Un des principaux problèmes est d’affirmer que l’hypersécrétion
variants moléculaires inactifs de la prolactine tels les « big corticotrope est bien d’origine hypophysaire, et non le fait d’une
prolactines » et les « big big prolactines » détectés à la sécrétion ectopique d’ACTH (en rapport avec un carcinoïde
chromatographie, ou la prolactine glycosylée. bronchique surtout, un cancer bronchique à petites cellules, un
Sur le plan immunocytochimique un petit pourcentage, de l’ordre carcinome médullaire thyroïdien, une tumeur neuroendocrine
de 10 %, de prolactinomes fixe les anticorps anti-GH (adénomes pancréatique, un carcinoïde thymique). Le diagnostic d’un
mixtes). syndrome de Cushing ACTH-indépendant d’origine surrénalienne
ne pose habituellement pas de problème particulier.
¶ Adénomes somatotropes Il s’agit d’une maladie grave du fait essentiellement des accidents
(à hormone de croissance ou GH) [30] cardiovasculaires dont elle peut être responsable.
L’acromégalie est la conséquence d’une sécrétion excessive
d’hormone de croissance (GH). Il s’agit d’une affection rare qui ne Circonstances de découverte
touche, en France, que 200 à 400 nouveaux patients chaque année. L’âge moyen des patients concernés se situe entre 25 et 45 ans.
Sa prévalence est de 30-50 par million d’habitants.
La symptomatologie s’installe progressivement sur plusieurs
La symptomatologie clinique est très insidieuse. Elle débute en années ; elle est principalement liée aux troubles de la sécrétion du
moyenne 5 à 10 ans avant que le diagnostic ne soit réalisé. L’âge cortisol. Une perturbation de la sécrétion des minéralocorticoïdes
moyen des patients au moment du diagnostic est de 35-40 ans pour surrénaliens et des androgènes intervient également.
les femmes, et de 40-45 ans pour les hommes.
La clinique est souvent assez typique, marquée par un faciès arrondi,
Chez l’adulte, le syndrome dysmorphique craniofacial domine érythrosique et une pilosité excessive des joues et du menton
évidemment la symptomatologie. Il est associé à l’infiltration sous- (hirsutisme : 50-80 %), particulièrement évidente chez les femmes :
cutanée, à l’épaississement de la peau et à l’augmentation de la taille c’est le faciès cushingoïde (90-95 % des patients).
des mains et de la pointure des pieds.
Le cou et la nuque sont enflés réalisant le buffalo neck (le cou de
À cette symptomatologie prédominante s’associent souvent des
bison). À celui-ci est associée une obésité faciotronculaire (80-95 %)
céphalées (45 à 70 % selon les auteurs) et une hypertension artérielle
en rapport avec une modification de la répartition des graisses ;
(HTA) (30 %). De nombreux autres signes peuvent être retrouvés :
celle-ci est aggravée par une amyotrophie des ceintures et des
fatigabilité, baisse de la libido, impuissance, troubles des règles,
membres, responsable d’une faiblesse musculaire proximale
aménorrhée, troubles psychologiques, syndrome dépressif, douleurs
(40-60 %).
articulaires, apnée du sommeil, raucité de la voix, diabète, troubles
cardiovasculaires, troubles visuels (en cas de macroadénome). Des signes cutanés sont également présents :
Le diagnostic biologique de la maladie est essentiellement basé sur – vergetures pourpres sur l’abdomen, les faces internes des cuisses
le dosage radio-immunologique de la GH de base et après et les régions axillaires (40-60 %) ;
hyperglycémie provoquée orale, et de l’insulin-like growth factor
(IGF)-1 (anciennement somatomédine C). La sécrétion de GH étant – peau atrophique et fragile siège d’ecchymoses, de télangiectasies
pulsatile chez le sujet normal et l’acromégale, il est difficile de fixer et de taches purpuriques ;
un seuil pour le diagnostic d’acromégalie. Un consensus récent s’est – acné faciale.
dégagé sur les seuils suivants : une GH de base inférieure à Au niveau osseux, on retrouve une ostéoporose (40-60 %) qui facilite
0,4 ng/mL ou lors d’une hyperglycémie provoquée par voie orale la survenue de tassements vertébraux et de fractures costales, ainsi
(HGPO) inférieure à 1 ng/mL, et une IGF-1 normale permettent que de possibles ostéonécroses des têtes fémorales.
d’exclure une acromégalie. Une élévation de la GH de base non
freinable lors de l’HGPO et de l’IGF-1 permet de retenir le diagnostic Nombre de patients atteints d’une maladie de Cushing ont des
d’acromégalie. troubles du caractère : irritabilité, tendance dépressive, anxiété.
La surveillance des taux de GH (au mieux appréciés par un cycle) et L’HTA (40-90 %) est plus ou moins modérée, mais participe à la
d’IGF-1 permet de contrôler l’évolution de la maladie. morbidité et à la mortalité des patients. On note, enfin, des
perturbations des lignées gonadiques avec :
Les tests de tolérance au glucose et à l’insuline, ainsi que le test à la
growth hormone releasing hormone (GH-RH) permettent d’apprécier – spanioménorrhée, aménorrhée secondaire et infertilité chez la
la réserve de GH et sa régulation. femme (50-70 %) ;
– baisse de la libido, impuissance et régression testiculaire chez
¶ Adénomes thyréotropes [58]
l’homme (50-75 %).
Ils sont exceptionnels et représentent moins de 1 % des adénomes L’IRM est le meilleur sinon le seul examen radiologique vraiment
hypophysaires. utile pour explorer, de nos jours, un syndrome de Cushing.
Cliniquement, ils se manifestent par un tableau d’hyperthyroïdie Cependant, elle apparaît négative dans près de 30 % des cas ; ceci
modérée, souvent associé à un goitre. est dû au fait qu’un certain nombre de microadénomes sont en deçà
Biologiquement, l’augmentation des taux de T3 et T4 s’accompagne de la définition de l’IRM en raison de leur petit diamètre (< 3 mm),
d’un taux de TSH élevé ou à la rigueur normal. ou ne retiennent pas le gadolinium, restant à la limite de la visibilité ;
Le diagnostic différentiel se fait avec les adénomes thyréotropes on peut évoquer plus rarement l’existence d’un microadénome
réactionnels à une hypothyroïdie (augmentation de la TSH, ectopique situé dans un sinus caverneux ou sur la tige pituitaire.
effondrement de la T4), ainsi qu’avec les syndromes de résistance Dans 90 % des cas où l’IRM est positive, il s’agit d’un microadénome
aux hormones thyroïdiennes familiaux ou sporadiques. dont le diamètre est de l’ordre de 5 mm en moyenne. Chez 10 % des
patients, il s’agit d’un macroadénome (> 10 mm). Les adénomes
¶ Adénomes corticotropes géants (> 30 mm) sont quant à eux exceptionnels.
et maladie de Cushing [3, 25, 53, 54]
Enfin, il existe des faux positifs : dans la population générale, et en
La maladie de Cushing est une affection rare dont l’incidence varie, dehors de toute pathologie hormonale, il existe entre 10 et 27 % de
selon les études, de un à 10 cas par million d’habitants et par an. lésions adénomateuses non sécrétantes. Il existerait chez au moins

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10 % des sujets jeunes et en bonne santé des images IRM L’IRM hypophysaire permet de visualiser un adénome dans environ
compatibles avec un microadénome corticotrope. 70 % des maladies de Cushing. Lorsque celle-ci est négative et que
les données biologiques sont discordantes (ne permettant pas de
Bilan biologique conclure clairement sur l’étiologie d’un syndrome de Cushing
Le diagnostic de maladie de Cushing repose essentiellement sur les ACTH-dépendant), il peut être intéressant de réaliser un dosage de
explorations biologiques. Celles-ci ont pour objet de confirmer l’ACTH lors d’un cathétérisme des sinus pétreux. Dans la maladie
l’hypercorticisme et l’ACTH-dépendance de celui-ci en confirmant de Cushing, on retrouve un gradient centropériphérique qui n’existe
la sécrétion inappropriée d’ACTH par les cellules tumorales, ainsi pas dans les sécrétions ectopiques d’ACTH.
que la perte du rythme circadien et de la régulation physiologique
de la sécrétion de cortisol (la sécrétion corticotrope n’est plus inhibée IMAGERIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE (IRM) [7, 47]

suffisamment par les glucocorticoïdes). Le diagnostic radiologique repose de nos jours sur la seule IRM.
Pour poser le diagnostic de maladie de Cushing, il faut : Celle-ci doit comporter une série de coupes sagittales et coronales
– affirmer l’hypercorticisme grâce à : pondérées en T1 ou T2, sans puis après injection de gadolinium. Les
coupes axiales en T1 après injection de gadolinium permettent
– l’élévation de la cortisolurie sur 24 heures qui présente une très d’apprécier au mieux l’extension tumorale, latéralement dans les
bonne sensibilité (supérieure à 95 % sur un seul dosage, et proche sinus caverneux (SC) et en avant vers les orbites. Les coupes doivent
de 100 % si les dosages sont répétés). Une élévation franche, être jointives et de 3 mm d’épaisseur.
supérieure à 400-500 µg/24 heures affirme le diagnostic. Celle-ci
Faire la différence entre microadénome (< 10 mm) et macroadénome
est en fait souvent plus modérée, entre 100 et 250 µg/24 heures
(> 10 mm) ne pose pas de problème particulier. En revanche, le fait
(cortisolurie normale : < 90 µg/24 heures) ;
de déterminer si un adénome volumineux comporte un élément
– la mise en évidence d’une abolition du rythme nycthéméral de envahissant un ou les deux sinus caverneux présente un intérêt
la cortisolémie est un argument supplémentaire pour le indiscutable en termes de stratégie thérapeutique. L’évocation d’une
diagnostic ; telle extension peut orienter vers un choix médical préférentiel voire
– ce dernier s’établit également sur la mise en évidence d’une une radiothérapie de première intention, avec les risques potentiels
baisse incomplète de la cortisolémie lors du freinage rapide inhérents à un tel traitement. Il faut donc tout faire pour différencier
(cortisolémie restant supérieure à 40 ng/mL à 8 h, après prise à invasion intracaverneuse et invagination de la paroi médiale du
minuit de 1mg de dexaméthasone par voie orale). Ce test étant sinus caverneux, sans rupture de celle-ci. L’existence certaine d’une
très sensible mais peu spécifique, il est de règle de conforter un rupture du diaphragme sellaire pourra, quant à elle, contre-indiquer
résultat anormal par un test de freinage faible (mesure de la parfois, mais parfois seulement, une exérèse par voie rhinoseptale.
cortisolurie de 24 h après prise de 2 mg/j de dexaméthasone La certitude ou la forte suspicion d’une rupture de la paroi médiale
pendant 2 jours ; dans l’hypercorticisme, la cortisolurie reste en d’un SC modifie la stratégie thérapeutique. Si celle-ci est réelle, elle
règle supérieure à 10 µg/24 heures). rendra plus risquée l’exérèse de l’adénome, compte tenu de ses
Il faut dans tous les cas éviter trois pièges pouvant mimer rapports dès lors très intimes avec les éléments vasculonerveux
biologiquement un syndrome de Cushing modéré : l’anorexie traversant l’espace caverneux. L’équipe multidisciplinaire qui prend
mentale, l’éthylisme chronique et le syndrome dépressif sévère. en charge le patient peut alors décider de ne pas opérer le patient, et
Lorsqu’il existe une majoration de la protéine porteuse du cortisol d’opter pour une thérapeutique médicale et/ou une radiothérapie
(cortisol binding protein ou CBP), le cortisol sanguin est augmenté première. Dans d’autres cas, l’option chirurgicale sera maintenue,
en l’absence d’hyperfonctionnement surrénalien ; c’est dans ces mais en préférant une voie d’abord intracrânienne plutôt qu’une
cas que le dosage du cortisol salivaire peut être très utile ; exérèse par voie transsphénoïdale pourtant moins dangereuse [1, 23,
60]
.
– affirmer le caractère ACTH-dépendant de l’hypercorticisme :
Il nous paraît donc fondamental d’avoir à l’esprit le maximum
– les dosages de l’ACTH plasmatique et de la cortisolémie de d’éléments pour apprécier au mieux la réalité d’une extension
base suffisent le plus souvent. Dans la maladie de Cushing, le intracaverneuse.
taux sanguin d’ACTH se situe classiquement à la limite
La fréquence d’une invasion intracaverneuse par un adénome
supérieure de la normale (60 pg/mL) ou est modérément élevé.
hypophysaire varie de façon considérable d’une publication à
Lorsque les taux d’ACTH de base sont plutôt bas mais non
l’autre, puisque les chiffres vont de 9 % à 40 % selon les auteurs.
effondrés (5 à 15 pg/mL), un test de stimulation par le CRH peut
Elle paraît globalement surévaluée. Ceci est lié à la difficulté
être nécessaire pour affirmer le caractère ACTH-dépendant de
d’interprétation des images radiologiques [28, 47]. Dans une étude
l’hypercorticisme (dans ce cas existe une stimulation) ;
récente menée par notre équipe, une telle extension n’a été confirmée
– devant un hypercorticisme ACTH-dépendant, il faut enfin faire le que dans deux cas sur 153, soit 1,3 % de l’ensemble des dossiers que
diagnostic étiologique différentiel entre maladie de Cushing (sécrétion nous avons repris, 1,8 % des macroadénomes et 10,5 % des fortes
d’ACTH hypophysaire eutopique) et sécrétion ectopique d’ACTH suspicions d’invasion intracaverneuse. Enfin, une image d’extension
(origine tumorale : pulmonaire, thymique, pancréatique endocrine, hypophysaire dans le SC doit être relativisée, dans la mesure où
etc). Plusieurs tests permettent de mener à bien cette étape près de 30 % des hypophyses saines bombent dans un ou les deux
diagnostique : sinus caverneux, avec un prolongement qui peut mouler la carotide
– le test de stimulation au CRH ou à la desmopressine (Minirint) intracaverneuse et s’étendre au-dessus ou au-dessous de celle-ci [19,
stimule la sécrétion d’ACTH et donc de cortisol dans la maladie
32]
. L’ensemble de ces données doit donc pousser à interpréter très
de Cushing ; prudemment les images IRM évoquant une extension
intracaverneuse, lesquelles correspondent le plus souvent à ce que
– le test de freinage fort par la dexaméthasone (pendant 2 jours)
nous appelons une invagination de la paroi médiale du SC (fig 1).
entraîne une baisse significative de la cortisolurie dans la maladie
Une véritable invasion intracaverneuse par un adénome
de Cushing ;
hypophysaire n’existerait que dans 2 % des cas au maximum. Cela a
– le test à la métopirone est moins utilisé actuellement : sa évidemment des conséquences thérapeutiques directes puisque, sauf
positivité est en faveur d’une maladie de Cushing ; exception, l’adénome pourra être retiré en totalité par voie
– le dosage du précurseur de l’ACTH, la POMC (pro-opio- transsphénoïdale de première intention.
mélanocortine), et de produits de sa maturation comme la LPH,
¶ Adénomes non fonctionnels
est pratiqué dans certains centres spécialisés. Ces peptides sont
anormalement élevés dans les sécrétions ectopiques d’ACTH, en L’IRM, qui est de nos jours l’examen morphologique essentiel,
particulier les sécrétions par tumeurs malignes. permet de préciser le volume de l’adénome : il s’agit dans plus de

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*
A *
B

*
C

1 Imagerie par résonance magnétique d’un macroadénome non fonctionnel. Les coupes coronales T1 avant injection (A) et après injection de gadolinium (B) montrent les images
d’invagination de la tumeur dans le sinus caverneux droit. En coupe coronale T2, on retrouve un aspect en hypersignal des zones partiellement nécrosées au sein de la tumeur (C).

5 à 6 % restants correspondent à des adénomes invasifs. Chez


l’homme, les pourcentages sont inversés, avec 15 % de
microadénomes et 70 % de macroadénomes non invasifs.

¶ Adénomes à GH [24, 55]

Le pourcentage de microadénomes à GH est de l’ordre de 20 % à


30 % selon les séries publiées.
Les macroadénomes (>10 mm) sont très fréquents du fait du
caractère lent et insidieux de la symptomatologie clinique. En
pratique, ils représentent 70 à 80 % des adénomes à GH. Le
pourcentage des adénomes géants (> 30 mm) est de l’ordre de 25 %
à 30 %, la fréquence de ceux mesurant plus de 40 mm reste plus
faible (5 %).

¶ Adénomes corticotropes [21, 25, 54]

2 Adénome hypophysaire non sécrétant : imagerie par résonance magnétique coupe


Dans 90 % des cas, il s’agit d’un microadénome dont le diamètre est
coronale pondérée en T1 après injection de gadolinium. Macroadénome médian entraî-
nant un bombement du diaphragme sellaire et venant au contact du chiasma optique relativement faible, puisqu’il est en moyenne de l’ordre de 5 mm.
qui est discrètement refoulé vers le haut. Chez 10 % des patients, l’IRM retrouve un macroadénome
(> 10 mm). Les adénomes géants (> 30 mm) sont exceptionnels.
95 % des cas d’un macroadénome comportant presque toujours une Cependant, la résonance magnétique n’est pas toujours aussi
extension suprasellaire. Dans deux tiers des cas, il reste enclos contributive qu’on le souhaiterait. Elle est négative dans à peu près
(fig 2, 3) alors qu’une fois sur trois il apparaît invasif. La fréquence 30 % des cas, sans pour autant que cette négativité exclue le
des microadénomes NF est inférieure à 2 %. diagnostic de maladie de Cushing. Ceci est en partie lié au fait qu’il
existe un certain nombre de très petits microadénomes (fig 5), encore
¶ Prolactinomes appelés picoadénomes (< 3 mm), qui ne sont pas toujours détectés
par les séquences classiques d’IRM. En cas de forte suspicion
L’IRM permet presque toujours de visualiser l’adénome. clinique de maladie de Cushing avec un bilan IRM initial négatif,
Chez la femme, il s’agit d’un microadénome (< 10 mm) dans 65 % les séquences dynamiques semblent intéressantes pour mettre
des cas (fig 4), d’un macroadénome enclos dans à peu près 30 % ; les parfois en évidence ces lésions de très petite taille. Un faux négatif

3 Macroadénome géant non sécrétant en « bouchon de


champagne ».
A. Imagerie par résonance magnétique coupe sagittale T1
avant injection de gadolinium.
B. Imagerie par résonance magnétique coupe sagittale T1
après injection de gadolinium. La prise de contraste lé-
sionnelle est intense et légèrement hétérogène.

*
A *
B

5
17-260-A-10 Adénomes hypophysaires Neurologie

4 Microprolactinome du lobe droit.


A. Imagerie par résonance magnétique coronale pondérée
en écho de spin T1, avant injection de gadolinium. Aspect
en hyposignal de l’adénome.
B. Imagerie par résonance magnétique coronale pondérée
en écho de spin T2. Aspect en hypersignal discrètement
hétérogène.

*
A *
B

craniopharyngiome à développement intrasellaire sont généralement


5 Imagerie par résonance
des découvertes opératoires. Un abcès, une métastase intrasellaire
magnétique coupe coronale
T2. Picoadénome à adreno- ou une lésion sarcoïdosique sont exceptionnels ; il est cependant
corticotrophic hormone parfois possible d’en évoquer le diagnostic avant l’intervention, du
(ACTH) latéralisé à droite fait du contexte pathologique.
apparaissant en hypersi-
gnal franc.
Traiter un adénome hypophysaire
PRINCIPES DU TRAITEMENT
DES ADÉNOMES HYPOPHYSAIRES
L’objectif principal du traitement d’un adénome non fonctionnel est
de préserver les voies visuelles et d’éviter les conséquences d’une
volumineuse extension suprasellaire qui pourrait être menaçante
pour les structures cérébrales (hydrocéphalie par blocage des cavités
ventriculaires).
peut être également en rapport avec l’existence d’un microadénome En cas d’adénome sécrétant, le traitement cherche, d’une part à tarir
en situation ectopique, situé dans un sinus caverneux ou sur la tige l’hypersécrétion hormonale en respectant dans la mesure du
pituitaire. À l’inverse, il existe des faux positifs. Plusieurs études possible les autres axes hormonaux, d’autre part à réduire au
ont rapporté que, dans la population générale et en dehors de toute maximum un volume tumoral menaçant entre autres les voies
pathologie hormonale, il existe entre 10 et 27 % de lésions visuelles.
adénomateuses non sécrétantes. Il existerait chez au moins 10 % des Schématiquement, nous avons à notre disposition trois armes
sujets jeunes et en bonne santé des images IRM compatibles avec un thérapeutiques qui peuvent être utilisées isolément ou en
microadénome corticotrope. Ces éléments expliquent que le association : les traitements hormonaux, la chirurgie, et plus
diagnostic de maladie de Cushing repose en grande partie sur les rarement la radiothérapie et la radiochirurgie.
explorations biologiques.
TRAITEMENT MÉDICAL
¶ Diagnostics différentiels [48]

¶ Traitement médical des adénomes NF


L’IRM confirme donc le plus souvent mais pas toujours le
diagnostic ; elle permet d’éliminer d’autres diagnostics tels un et gonadotropes [13]
anévrisme artériel développé dans la selle, un méningiome Les agonistes dopaminergiques (bromocriptine, quinagolide,
intrasellaire. Un kyste de la poche de Rathke (fig 6) ou un cabergoline) ont une efficacité limitée, de l’ordre de 20 %. Ils ne sont

*
A *
B

*
C

6 Kyste de la poche de Rathke.


A. Imagerie par résonance magnétique coupe coronale T1 : lésion intrasellaire latéralisée à droite en hypersignal spontané.
B. Pas de modification lésionnelle après injection de gadolinium.
C. Coupe sagittale T1 après injection de gadolinium. La lésion est située en arrière de l’antéhypophyse, au contact de la tige pituitaire.

6
Neurologie Adénomes hypophysaires 17-260-A-10

donc que rarement utilisés en première intention, mais – après échec de la chirurgie et au décours de la radiothérapie ; son
essentiellement en deuxième intention chez des patients non guéris but est alors de diminuer voire de normaliser la sécrétion de GH en
par la chirurgie. attendant l’effet de l’irradiation ;
Les analogues de la somatostatine (octréotide, lanréotide) sont moins – en cas de contre-indication à la chirurgie et à la radiothérapie.
efficaces encore, mais sont parfois proposés en cas d’échec de la Deux produits dont l’efficacité est identique sont utilisés :
chirurgie ou de récidive tumorale.
– l’octréotide (Sandostatinet) nécessite trois injections quotidiennes
¶ Traitement médical des prolactinomes : de 150 à 600 µg par jour (maximum 1500 µg par jour) du fait de sa
demi-vie qui est de l’ordre de 90 à 110 minutes, après injection sous-
agonistes dopaminergiques [39, 40, 57]
cutanée. Il existe heureusement une forme retard qui permet de
limiter le traitement à une seule injection intramusculaire par mois :
Microprolactinomes
il s’agit de l’octréotide LP (Sandostatine LPt 10, 20 ou 30 mg). Une
Si l’exérèse chirurgicale est le plus souvent proposée en première fois normalisés les taux d’hormone de croissance (< 1µg/L) et
intention, surtout chez les femmes jeunes ou désirant une grossesse, d’IGF-1, il est possible de passer à une dose inférieure de 10 mg ;
le traitement par bromocriptine (Parlodelt) ou quinagolide – le lanréotide LP (Somatuline LPt 30 mg) est administré tous les
(Norporolact) est indiqué dans les autres cas dans un premier 10 à 14 jours par voie intramusculaire, en fonction de la réponse
temps, tant qu’il est bien supporté. appréciée sur les taux de GH et d’IGF-1.
Ils permettent d’obtenir :
Macroprolactinomes
– dans 80 à 90 % des cas, une amélioration clinique (infiltration des
Chez ces patients, la chirurgie seule apparaît alors insuffisante. La
tissus sous-cutanés et des muqueuses, céphalées, etc) ;
bromocriptine ou la quinagolide sont d’autant plus intéressantes
qu’elles ont une double action : inhibitrice de la sécrétion de – chez 50 % des patients, une normalisation de l’IGF-1 et de la GH
prolactine et antitumorale propre. Les agonistes dopaminergiques (< 2 ng/mL). L’effet du traitement médical sur le volume tumoral
permettent en effet de normaliser la prolactinémie dans 70 à 80 % reste habituellement très modeste et ne concerne que 25 à 50 % des
des cas, de réduire le volume tumoral de plus de 25 % dans 70 à cas.
90 % des cas, d’obtenir enfin des cycles ovulatoires dans 80 à 90 % Il faut noter que des résultats intéressants semblent avoir été obtenus
des cas. avec la quinagolide et la cabergoline (normalisation de l’IGF-1 dans
En cas d’utilisation du Parlodelt (bromocriptine), le schéma 30 à 50 % des cas). La bromocriptine n’a quant à elle qu’un effet très
thérapeutique peut être : 1/2 comprimé à 2,5 mg le premier jour au limité [16].
repas du soir, puis augmentation de 1/2 comprimé tous les 2 ou Les principaux effets secondaires de ces produits sont
3 jours pour atteindre une posologie qui variera de 2,5 à 40 mg par essentiellement marqués par des troubles digestifs : nausées,
jour, en deux ou trois prises. vomissements, diarrhée, douleurs et ballonnements abdominaux,
Des effets indésirables peuvent survenir, surtout en début de lithiase biliaire (10 à 55 % des patients), douleur au point d’injection.
traitement, et conduire à arrêter le traitement : nausées et
vomissements, hypotension orthostatique (celle-ci peut être
¶ Traitement médical des adénomes thyréotropes [12, 58]

généralement évitée par une augmentation très progressive des Le traitement des adénomes thyréotropes est avant tout chirurgical.
doses). Les agonistes de la somatostatine sont donc actuellement proposés
Le Norprolact (quinagolide) et le Dostinext (cabergoline) ont une en préparation à la chirurgie ou en cas d’échec de celle-ci.
efficacité au moins égale à celle de la bromocriptine et sont parfois Ils ont fait la preuve de leur efficacité dans ce type d’adénome : ainsi,
mieux tolérés. Leur demi-vie plus longue permet de limiter le dans 70 % des cas, on obtient une normalisation de la TSH et des
nombre de prises à une seule par jour, voire une à deux par semaine. hormones thyroïdiennes, alors qu’une diminution de ces hormones
Il faut le plus souvent attendre 2 à 3 mois pour juger de l’efficacité est retrouvée dans 90 % des cas ; enfin, le traitement médical peut
du traitement tant sur les taux de la prolactinémie que sur le volume entraîner une réduction du volume de l’adénome chez 30 % des
de l’adénome. Ceci dit, la prolactinémie peut baisser rapidement dès patients.
les premiers jours. L’efficacité thérapeutique peut être prolongée
pendant plusieurs années, mais l’arrêt du traitement est souvent
¶ Traitement médical des adénomes corticotropes
suivie d’une augmentation du volume tumoral et de (maladie de Cushing) [11, 38, 53]
l’hyperprolactinémie. Les médicaments anticortisoliques sont proposés en première
En ce qui concerne les troubles visuels, leur amélioration peut intention, en préparation médicale à la chirurgie lorsque le
survenir dès les premières 24 ou 48 heures. Il est alors habituel de retentissement de l’hypercorticisme est sévère, ou chez les patients
reporter l’intervention chirurgicale, et de ne la rediscuter que si le ne présentant pas d’adénome hypophysaire visible à l’IRM. Ils sont
résultat obtenu est jugé insuffisant. À l’inverse, si le traitement indiqués également en cas de contre-indication de la chirurgie,
médical n’est pas rapidement efficace sur les troubles visuels, d’échec immédiat de celle-ci ou de récidive. Dans la mesure où ils
l’intervention doit être réalisée dans des délais d’autant plus brefs peuvent entraîner une insuffisance surrénalienne, il est fréquemment
que ceux-ci sont importants. nécessaire d’y associer un traitement substitutif adapté.
Le produit le plus utilisé est l’op’DDD (Mitotanet). Celui-ci entraîne
¶ Traitement médical de l’acromégalie : l’inhibition de la synthèse stéroïdienne, mais a également une action
agonistes de la somatostatine [12] cytotoxique mitochondriale qui conduit à une véritable
surrénalectomie chimique. Le contrôle chimique de
Le traitement médical de l’acromégalie repose sur des analogues de l’hypercorticisme est effectif chez à peu près 80 % des patients, au
synthèse de la somatostatine, hormone hypothalamique et bout de 6 à 8 mois de traitement. Mais quelques mois à quelques
pancréatique qui inhibe la sécrétion de nombreux tissus années après l’arrêt de celui-ci, 50 % d’entre eux rechuteront. Le
neuroendocrines. Mitotanet peut être responsable de troubles digestifs (nausées,
Il peut, bien sûr, être instauré en première intention et semble vomissements, diarrhée), d’une somnolence, de troubles de
particulièrement intéressant : l’équilibre.
Les autres anticortisoliques disponibles sont :
– pendant les quelques mois (3 à 6 mois) qui précèdent l’exérèse
chirurgicale de l’adénome ; ceci permet d’obtenir une désinfiltration – l’aminoglutéthimide (Orimétènet) : elle bloque aussi la synthèse
des muqueuses et de faciliter le geste opératoire ; stéroïdienne, et peut avoir une action en 24 à 48 heures. Elle peut

7
17-260-A-10 Adénomes hypophysaires Neurologie

donc être très utile à court terme chez des patients présentant un Enfin, cette voie permet l’exérèse totale de 50 % à 70 % des
hypercorticisme sévère. En revanche, sa toxicité neurologique macroadénomes, en particulier lorsqu’ils sont de consistance molle.
(vertiges, somnolence) en limite souvent l’usage au long court ; Lorsque l’évidement tumoral ne peut être complété d’emblée, un
– la métopirone inhibe la 11 b-hydroxylase (responsable de la deuxième temps opératoire, le plus souvent par voie basse
transformation du composé S en cortisol). Elle agit plus rapidement également, sera envisagé quelques semaines plus tard. Ces exérèses
que l’Orimétènet, en quelques heures. Son efficacité à long terme en deux temps sont souvent proposées lorsqu’il s’agit de
est souvent limitée par la réponse de l’ACTH à la baisse du cortisol ; macroadénomes en « bouchon de champagne » comportant un collet
relativement serré au niveau de la tente de l’hypophyse. La
– le kétoconazole (Nizoralt) agit plus lentement, en 1 semaine. La décompression des voies optiques peut être obtenue dans 80 à 90 %
posologie varie habituellement entre 400 et 1000 mg/24 h. Son action des cas par cette voie.
sur la stéroïdogenèse surrénalienne permet de contrôler L’utilisation d’un endoscope (optique de 30°) est parfois utile pour
l’hypercorticisme chez environ 80 % des patients pendant plusieurs l’exérèse de certains macroadénomes, dès lors qu’il est utilisé
années. Il a une meilleure tolérance que l’op’DDD en ce qui concerne conjointement avec le microscope opératoire [10, 34, 35]. Il permet la
les troubles digestifs, mais présente un risque d’hépatite nécessitant visualisation de zones qui ne sont pas bien dégagées par la vision
une surveillance biologique régulière. linéaire du microscope, telles que les expansions supra- et
parasellaires des macroadénomes. Il peut permettre, également,
[6, 22, 27, 31] grâce à sa vision macroscopique, de mieux distinguer la limite entre
PLACE DU TRAITEMENT CHIRURGICAL
tissu sain et tissu tumoral.
La chirurgie de l’hypophyse n’est pas récente, puisque la première
intervention sur une tumeur pituitaire a été réalisée, par voie Morbidité et mortalité
intracrânienne, il y a plus de 110 ans (Horsley, 1889). La première La mortalité opératoire dans ce type de chirurgie est exceptionnelle :
voie d’abord transsphénoïdale remonte au début du siècle dernier 0 % à 1,7 % selon les publications, avec une moyenne de 0,2 % (0 %
(Schloffer, 1907). dans notre expérience). Celle-ci est essentiellement en rapport avec
Le but de l’intervention chirurgicale est de réaliser une exérèse aussi une méningite ou une hémorragie postopératoire (blessure de la
complète que possible de l’adénome, ainsi que de décomprimer les carotide interne intracaverneuse).
voies optiques lorsqu’elles sont refoulées par celui-ci. Dans certains
Complications
cas, la chirurgie ne permettra que de réaliser un évidement partiel,
en particulier lorsqu’il s’agit d’un macroadénome très fibreux, ce qui Les complications des voies basses transsphénoïdales, qu’elles soient
n’empêche pas cependant les éventuels troubles visuels d’être endonasales ou sous-labiales [6, 27, 55], restent peu fréquentes : hormis
améliorés, voire guéris. un diabète insipide définitif rare, mais généralement préexistant à
En théorie, les adénomes hypophysaires peuvent être abordés par l’intervention (1 à 2 % des patients), elles sont essentiellement
deux types de voies : transcrânienne ou transsphénoïdale. Mais du d’ordre rhinologique.
fait des risques qu’elle entraîne, la chirurgie intracrânienne n’a – La plainte la plus fréquente des patients opérés par voie sous-
quasiment plus sa place de nos jours dans le traitement de ces labiale reste les algies gingivales et dentaires (30 %) inexistantes avec
tumeurs ; ceci d’autant plus qu’elle ne permet pas toujours d’obtenir la voie endonasale, plus rarement une anosmie (20 %) qui est
une exérèse complète de la tumeur. Ce n’est qu’en cas d’extension presque toujours transitoire et apparaît exceptionnelle après une
intracrânienne certaine ou d’échec de la chirurgie transsphénoïdale voie endonasale.
qu’il faut parfois discuter un abord par voie haute. En réalité, même – Une perforation septale est notée, après intervention par voie
en cas de très volumineux adénome, il est préférable de pratiquer gingivale, dans 3 % à 5 % des cas.
dans un premier temps un évidement aussi large que possible par
– Une rhinorrhée est retrouvée chez 5 % des opérés, essentiellement
voie transsphénoïdale. Celui-ci facilite le geste intracrânien, si tant
porteurs d’un adénome volumineux ; elle est habituellement
est que son indication soit maintenue, tout en sachant qu’un
contrôlée et tarie en 3 ou 4 jours par la prescription de diurétiques
deuxième temps par voie endonasale ou qu’un traitement
(acétazolamide : Diamoxt, ou furosémide : Lasilixt) et/ou d’une
complémentaire médical et/ou radiothérapeutique lui seront le plus
ponction lombaire quotidienne, voire d’un drainage lombaire
souvent préférés.
externe. Dans des cas exceptionnels, il peut être nécessaire de
proposer une intervention pour pose d’une dérivation ventriculaire
¶ Voies d’abord transsphénoïdale, transnarinaire interne ou obturation de la zone de fistule par voie endonasale. En
ou sous-labiale [2, 5, 9, 15, 26, 36, 41, 45, 46, 48, 50, 56] réalité, s’il apparaît une fuite liquidienne durant l’intervention, il
La chirurgie moderne par voie basse, sous contrôle d’un fluoroscope faut immédiatement obturer l’ouverture durale (généralement de
et sous microscope opératoire, a été mise au point et développée par petite taille, voire punctiforme) avec un fragment de fascia lata, de
G Guiot (1959) puis R Hardy (1969). Grâce à eux, la voie sous- muscle et/ou de graisse prélevé sur la cuisse du patient.
labiale supérieure est devenue la voie de référence. La voie d’abord – Une aggravation des troubles visuels (dans le cas de
transnarinaire a été proposée plus récemment. Depuis 1996, cette macroadénomes à extension suprasellaire) est retrouvée dans 1 % à
voie est la seule que nous utilisons, car elle répond au mieux aux 10 % : selon les séries publiées, avec une moyenne de 2 %.
critères actuels d’une chirurgie aussi atraumatique et peu invasive
que possible. ¶ Voies d’abord intracrâniennes [44, 52]

Cet abord est plus simple à réaliser, plus rapide (durée moyenne Ainsi que nous l’avons vu, la chirurgie intracrânienne n’a, de nos
d’intervention de l’ordre de 40-45 minutes), moins hémorragique jours, que très peu de place dans l’arsenal thérapeutique des
que la voie sous-labiale. Il permet d’éviter nombre des inconvénients adénomes hypophysaires. Ce n’est qu’en cas d’échec de la chirurgie
de la voie sous-labiale tels que les douleurs gingivales ou dentaires transsphénoïdale qu’il faut discuter un abord par voie haute, tout
et les séquelles rhinologiques (rhinite croûteuse, déformations et en sachant qu’un deuxième temps par voie rhinoseptale ou qu’un
perforations du septum nasal). traitement complémentaire médical et/ou radiothérapeutique lui
seront le plus souvent préférés.
Une voie transsphénoïdale (endonasale ou sous-labiale) est réalisable
et donc, préférable, même en cas d’extension suprasellaire Deux voies principales sont possibles, dépendant de la topographie
importante ou de développement vers les SC. Cette attitude est liée et du volume tumoral :
au fait que la réalité d’une infiltration ou d’une invasion d’un SC est – la voie frontoptérionale s’adresse avant tout à des adénomes
finalement rare (< 2 % des cas). Ceci dit, l’envahissement d’un SC, invasifs (avec rupture du diaphragme sellaire) à développement
s’il est confirmé, restera, malgré tous les progrès techniques, une suprasellaire, s’étendant dans une vallée sylvienne, envahissant ou
limitation à la résection radicale (y compris par voie intracrânienne). non un sinus caverneux ;

8
Neurologie Adénomes hypophysaires 17-260-A-10

– la voie sous-fronto-orbito-nasale (SFON), que nous préférons à la


précédente, s’adresse plutôt aux adénomes à développement DIAGNOSTIC INITIAL (= clinique + biologie + IRM)
suprasellaire remontant vers le troisième ventricule.
Malgré la lourdeur du geste opératoire et les risques qui lui sont
liés, l’exérèse reste incomplète dans 50 % à 75 % des cas, notamment NF PRL GH Cushing
lorsque l’adénome présente une extension intracaverneuse. C’est
dans ce type d’intervention que la navigation interventionnelle a son micro ou
macro enclos
macro < 30 mm géant > 30 mm

intérêt, alors qu’elle en a beaucoup moins lors d’interventions par


voie basse.

Morbidité et mortalité
chirurgie chirurgie chirurgie agonistes chirurgie chirurgie
La mortalité opératoire est considérablement plus importante que (ou agonistes) (ou agonistes puis (ou agonistes de la
pour les voie basses, puisqu’elle est de l’ordre de 5 à 6 %. puis chirurgie) chirurgie somatostatine si
Il en est de même de la morbidité, en particulier en ce qui concerne contre-indication
à la chirurgie
la fonction visuelle qui n’est améliorée par l’intervention que dans
60 % des cas en moyenne, alors qu’une aggravation postopératoire 7 Adénomes hypophysaires : indications thérapeutiques schématiques. NF : adé-
est retrouvée chez 6 à 10 % des patients. Une fuite de liquide nome non fonctionnel ; PRL : adénome à prolactine (prolactinome) ; GH : adénome à
cérébrospinal (LCS) est constatée dans 8 à 10 % des cas. Les hormone de croissance (acromégalie) ; Cushing : adénome à adrenocorticotrophic
hormone (ACTH).
fonctions endocriniennes sont presque toujours perturbées. Enfin,
mais plus rarement, des lésions frontales à type d’hématome ou de
foyer ischémique peuvent être notées. Deux types de rayonnement peuvent être utilisés :
– des rayons X produits par un accélérateur linéaire (linac). La
¶ Surrénalectomie dans la maladie de Cushing
convergence des rayonnements se fait par rotation de la source
La surrénalectomie totale bilatérale peut être indiquée dans certains autour de la cible. Il s’agit de la technique que nous utilisons dans
cas de maladie de Cushing en cas d’échec de la chirurgie notre service depuis bientôt 20 ans, et qui est installée dans la
hypophysaire [53]. Celle-ci est maintenant réalisée le plus souvent par majorité des centres de radiochirurgie en France ;
cœliochirurgie. Le risque de développer secondairement un – des rayons gamma délivrés par des sources multiples (n > 200) de
syndrome de Nelson (tumeur corticotrope agressive) concerne 15 à cobalt 60 réparties autour d’un casque porte-collimateurs placé au-
25 % des patients. dessus de la tête du patient.
La dose moyenne à l’isodose de référence entourant la lésion est de
PLACES DE LA RADIOTHÉRAPIE l’ordre de 20 Gy, avec une dose maximale au centre de la cible entre
ET DE LA RADIOCHIRURGIE [4, 13, 14, 18, 20, 37, 42, 53, 59] 35 et 39 Gy.
Exceptionnellement, en cas de contre-indication à la chirurgie, un Les indications de la radiochirurgie sont les adénomes invasifs ayant
traitement radiothérapique peut être proposé en première intention. eu une résection incomplète, ou les récidives. Le risque principal est
Il est, alors, généralement associé à un traitement médical. d’ordre visuel (20 %). Il faut donc parfaitement connaître les
L’irradiation doit être essentiellement un traitement de seconde indications à une RC :
intention, proposé en cas d’échecs des traitements conventionnels
– diamètre de la cible : 20 mm ;
médical et chirurgical.
Il existe trois modalités possibles de radiothérapie dont chacune a – distance entre la tumeur et les voies visuelles : 5 mm ;
ses indications, ses avantages et ses inconvénients : la radiothérapie – pas de déficit des fonctions visuelles avant la RC ;
conventionnelle, la radiothérapie stéréotaxique fractionnée, la
– enfin, la dose maximale doit être de 8 Gy sur les voies visuelles et
radiochirurgie.
de 40 Gy sur les nerfs oculomoteurs.
¶ Radiothérapie conventionnelle Comme pour tout traitement par irradiation, l’effet thérapeutique
est retardé de quelques mois, mais il est beaucoup plus rapide
Elle est réalisée, de nos jours, avec des photons X de haute énergie qu’avec la radiothérapie conventionnelle. Une diminution rapide des
(4 à 10 MeV) délivrés en trois, quatre ou cinq faisceaux convergents. taux hormonaux dans le premier mois semble être associée à un bon
Ceux-ci sont émis par des accélérateurs linéaires (linac) 45 à 50 Gy résultat tardif. Les patients guéris le sont en général dès la 1re année
et sont délivrés en quelque 25 séances de 2 Gy environ. suivant l’irradiation. Mais il est cependant nécessaire d’avoir un
Il faut généralement attendre 2 à 3 ans pour voir les taux hormonaux recul de 1 à 2 ans avant de parler de guérison, de rémission ou
se normaliser. Leur baisse étant fonction du temps, ce délai peut d’échec. Enfin, cette méthode a l’avantage de limiter les risques
atteindre 5, 10 voire 15 ans. Pendant cette période intermédiaire, le d’insuffisance antéhypophysaire.
traitement médical peut permettre d’attendre l’obtention de l’effet Le pourcentage global d’échecs, tous adénomes confondus, est de
thérapeutique retardé de l’irradiation. l’ordre de 30 %. Les pourcentages moyens de guérison ou de
rémission sont les suivants : 80 à 100 % pour les prolactinomes, 40-
¶ Radiothérapie stéréotaxique fractionnée 50 % pour les adénomes somatotropes, 20-60 % pour les
corticotropes.
La radiothérapie stéréotaxique fractionnée consiste à irradier, en un
nombre limité de séances (trois à cinq), une cible parfaitement
déterminée selon une méthodologie stéréotaxique.
Indications thérapeutiques et résultats
Cette technique est une alternative à la radiochirurgie, en particulier
pour des adénomes de grande taille et/ou proches des voies (fig 7, 8)
visuelles.
ADÉNOMES NON FONCTIONNELS
¶ Radiochirurgie (RC) ET ADÉNOMES GONADOTROPES [8, 17, 51]

Il s’agit d’une technique d’irradiation qui se déroule en une seule La chirurgie de première intention (fig 9, 10) est le meilleur choix
séance. thérapeutique dans la mesure où les traitements médicaux n’ont à

9
17-260-A-10 Adénomes hypophysaires Neurologie

de gonadotrophines (notamment la sous-unité a) ne se normalisent


RÉCIDIVES que dans 30 à 40 % des cas. Une amélioration du déficit
antéhypophysaire est obtenue dans un pourcentage variable de
NF PRL GH Cushing patients (15 à 50 %).
Globalement, le pourcentage de guérison à 10 ans est de l’ordre de
80 % et celui des récidives de 20 %.
Lorsque la récidive est menaçante pour les voies optiques, nous
Chirurgie Agonistes RTE et/ou proposons : soit une réintervention par voie basse suivie d’une
et/ou dopaminergiques agonistes de la radiothérapie, soit une radiothérapie seule s’il existe une contre-
RTE et/ou somatostatine
(± traitement chirurgie (± agonistes indication chirurgicale ou si le patient refuse de se faire réopérer.
médical peu dopaminergiques) Un traitement médical est parfois proposé comme adjuvant ; mais
efficace) on connaît son caractère peu efficace (20 % de cas de réduction
invasif non invasif absence de tumorale avec les agonistes dopaminergiques ; 15 % avec les
tumeur à la analogues de la somatostatine).
1ère opération

[29, 39, 48]


PROLACTINOMES
RTE Chirurgie anticortisoliques
+ ± anticortisoliques ou ¶ Microprolactinomes (essentiellement chez la femme)
anticortisoliques (± RTE) surrénalectomie
(± surrénalectomie) (± RTE) Le traitement médical par un agoniste dopaminergique entraîne une
8 Adénomes hypophysaires : indications thérapeutiques schématiques. NF : adé- normalisation de la prolactinémie dans 85 % à 90 % des cas. Seules
nome non fonctionnel ; PRL : adénome à prolactine (prolactinome) ; GH : adénome à 5 à 10 % des patientes sont résistantes au traitement médical.
hormone de croissance (acromégalie) ; Cushing : adénome à adrenocorticotrophic L’exérèse chirurgicale est proposée par la plupart des équipes soit
hormone (ACTH). RTE : radiothérapie d’emblée, soit dès que le traitement médical (bromocriptine,
quinagolide ou cabergoline) est mal supporté ou que la femme a un
peu près aucune action antitumorale. La majorité de ces adénomes désir de grossesse.
étant volumineux (95 % de macroadénomes dont un tiers d’invasifs), À 10 ans de l’intervention :
l’exérèse est souvent subtotale.
– 75 % à 80 % des femmes sont guéries et conservent une
Lorsqu’il existe des troubles visuels préopératoires, la prolactinémie normale et/ou des cycles ovulatoires normaux et
décompression rapide des voies visuelles entraîne une amélioration réguliers. Ce chiffre est d’autant plus élevé que la prolactinémie
ou une normalisation de ceux-ci dans 40 à 70 % des cas. préopératoire était plus basse. Un taux de prolactinémie supérieur à
La persistance relativement fréquente d’un résidu tumoral, lié au 5 µg/L en postopératoire immédiat serait un facteur prédictif de
caractère fréquemment incomplet de l’exérèse, explique que les taux récidive de l’hyperprolactinémie ;

9 M B, 82 ans. Adénome géant non sécrétant révélé par une


baisse majeure de l’acuité visuelle (< 1/10e des deux yeux).
L’imagerie par résonance magnétique préopératoire, en sé-
quence de spin écho T1 après injection de gadolinium,
montre un très volumineux adénome, refoulant vers le haut les
voies visuelles et le plancher du troisième ventricule.

10 (Même patient que figure 9). L’imagerie par résonance


magnétique T1 après injection de gadolinium réalisée 6 mois
après l’intervention par voie endonasale (durée opératoire :
30 minutes) confirme l’évidement de la selle et la libération des
voies visuelles. Cliniquement, le patient a retrouvé une vision
efficace des deux côtés (5/10e à droite, 6/10e à gauche).

10
Neurologie Adénomes hypophysaires 17-260-A-10

11 Mme J, 59 ans. Acromégalie. L’imagerie par résonance


magnétique en séquence T1 Fat Sat (saturation de graisse)
après injection de gadolinium met en évidence un macroadé-
nome venant, en haut, au contact des voies visuelles sans re-
tentissement clinique ophtalmologique.

12 (Même patiente que figure 11). Un an après l’interven-


tion pratiquée par voie endonasale (durée opératoire : 45 minu-
tes), l’imagerie par résonance magnétique T1 après injection
de gadolinium montre une selle turcique vide. Les voies opti-
ques sont parfaitement décomprimées. Les taux de growth hor-
mone (GH) et insulin-like growth factor (IGF)-1 sont norma-
lisés

[12, 16, 43]


– 20 à 25 % ont une récidive de leur symptomatologie clinique et/ou ADÉNOMES SOMATOTROPES (À GH)
biologique.
La seule chirurgie par voie basse est le traitement de première
¶ Macroprolactinomes (essentiellement chez l’homme) intention lorsqu’il s’agit d’un adénome enclos ; l’exérèse en est,
habituellement, complète (fig 11, 12). En revanche, si l’adénome est
Les agonistes dopaminergiques (Parlodelt, Norprolact, Dostinext) invasif et s’étend dans un ou les deux sinus caverneux, le geste
sont parfois prescrits en première intention. La chirurgie est chirurgical sera incomplet ; il est alors logique de proposer d’emblée
indiquée : une association thérapeutique chirurgie-radiothérapie
– en urgence devant une compression chiasmatique aiguë pouvant conventionnelle avec ou sans traitement associé par les analogues
faire craindre une nécrose tumorale primaire ou secondaire aux de la somatostatine.
dopaminergiques ; Les analogues de la somatostatine (octréotide, lanréotide) sont
– en cas d’inefficacité du traitement dopaminergique, ou utilisés d’emblée en cas de contre-indication à la chirurgie liée à l’âge
d’intolérance à celui-ci. du patient ou à son état cardiologique. Qu’il s’agisse d’un traitement
Le taux moyen de récidives à 10 ans est de l’ordre de 65 % à 70 %. de première intention ou d’un reliquat postopératoire, ils permettent
Le traitement est, alors, essentiellement basé sur la reprise d’un d’obtenir une baisse de la GH plasmatique et de l’IGF-1, mais plus
traitement médical, associé ou non à une radiothérapie rarement une réduction modérée du volume tumoral. Par ailleurs,
conventionnelle ou fractionnée. Dans quelques cas, un geste ils sont utilement prescrits en préopératoire lorsque le patient est
chirurgical est réalisé s’il existe une menace visuelle et une réponse fragile ; celui-ci pourra être opéré dans un second temps, avec un
lente aux agonistes dopaminergiques. risque abaissé de morbidité et de mortalité.

¶ Prolactinomes géants (> 30-40 mm) Globalement, les résultats thérapeutiques sont de l’ordre de 40 % à
50 % de guérison. La surveillance est essentiellement basée sur les
La quasi-totalité des auteurs s’accorde pour entreprendre en taux plasmatiques de GH et d’IGF-1 et l’IRM. Les facteurs de
première intention un traitement médical (le plus souvent, nous mauvais pronostic sont le caractère invasif de l’adénome et/ou un
prescrivons la bromocriptine), afin de diminuer le volume tumoral taux préopératoire de GH élevé.
et de limiter ainsi les risques visuels postopératoires. L’intervention
chirurgicale par voie basse, en un ou deux temps, est réalisée après En cas de récidive (50 à 60 %), le traitement médical (analogue de la
quelques semaines de traitement par agonistes. Exceptionnellement, somatostatine éventuellement associé à un agoniste
ce traitement peut entraîner une disparition complète de l’adénome dopaminergique) permet un contrôle clinique et biologique dans
sur les contrôles IRM. plus de 60 % des cas. Une radiothérapie doit être discutée au cas
À 10 ans, 80 % à 100 % des patients présentent une récidive selon par cas. Lorsqu’elle est réalisée, un traitement médical est
que l’adénome soit invasif ou non. Les propositions thérapeutiques généralement nécessaire, permettant d’attendre l’effet thérapeutique
sont, alors, identiques aux cas de figure précédents : traitement de celle-ci dont on sait qu’il est toujours retardé, de parfois 5 à
médical et/ou radiothérapie conventionnelle. 10 ans.

11
17-260-A-10 Adénomes hypophysaires Neurologie

[3, 33, 48]


ADÉNOMES CORTICOTROPES Les résultats sont schématiquement les suivants :
La chirurgie est proposée en première intention, dès lors que
l’adénome est bien identifié sur l’IRM : elle est le meilleur moyen – 70 % à 75 % de guérison à 10 ans ;
pour obtenir la disparition de l’hypercorticisme et la restauration – l’hypercorticisme récidive chez environ 25 % des patients dans les
d’un fonctionnement normal de l’axe corticotrope. L’indication 10 années postopératoires. Le délai moyen de survenue de la
chirurgicale est plus discutée en l’absence d’adénome clairement récidive est de 3 ans.
visible sur l’IRM.
Un traitement médical par anticortisolique (op’DDD) de première En cas de récidive, l’efficacité d’une deuxième intervention n’est plus
intention est proposé dans trois cas de figures : que de l’ordre de 50 %.
– existence d’une contre-indication à l’intervention (patient très âgé, Un traitement op’DDD seul ou éventuellement une surrénalectomie
mauvais état général…) ; peuvent être proposés si un abord chirurgical n’est pas retenu.
– absence d’adénome visible à l’IRM ; Quant à la radiothérapie hypophysaire, nous la réservons aux
– en préparation médicale lorsque le retentissement du syndrome reliquats de macroadénomes invasifs, ou aux volumineux adénomes
de Cushing est sévère. fibreux inopérables.

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