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Résumé
La propagation du Coronavirus (Covid-19) a entraîné l’arrêt des championnats professionnels
violent de cette crise sur le modèle de financement des clubs de football amateur en
comparant leurs comptes avant la crise et à la fin de de la saison en cours. Les mesures
gouvernementales de soutien au sport sont prises en compte pour voir combien les clubs y ont
eu recours.
Abstract
The spread of Coronavirus (Covid-19) has put an earlier end on professional and amateur
football championships. The article aims at highlighting whether the instant and violent shock
of this crisis has affected the financing model of amateur football clubs by comparing their
accounts before the crisis and at the end of the current season. Government’s measures to
support sport activity are taken on board to check how much clubs have resorted to them.
1
Introduction
La propagation du coronavirus (Covid-19) entraîne depuis le début de l’année 2020 une crise
sanitaire dans le monde entier. A l’instar de tous les autres secteurs de l’économie, le sport
professionnel et amateur est confronté à cette crise. En France, les clubs connaissent une
fédérations et ligues sportives ont été contraintes à l’arrêt définitif des compétitions pour la
saison 2019/20.
voté la fin des compétitions amateurs et professionnelles. Pareille situation est inédite dans
l’histoire du football. Même pendant la Première Guerre mondiale, les clubs français ont
continué à disputer leurs matches. La Coupe de France a même été créée en 1917. Durant la
Pour l’heure, il manque une recherche détaillée estimant précisément, par l’observation des
comptes des clubs de football amateurs, les effets potentiels d’une crise sanitaire avec
confinement sur leurs finances, même si le risque de vulnérabilité financière a déjà été
souligné dans trois sports d’équipe (Terrien & Dufau, 2020). Un accès privilégié aux acteurs
National 2 permet de retracer dans cet article les effets de cette crise sur différentes variables
caractérisant leur modèle économique et sur leur stabilité financière à court terme.
L’article se lit comme suit. Après avoir spécifié la crise du Covid-19 par rapport à l’évolution
1
Sur la période étudiée, ce sont en moyenne 67 clubs de National et de National 2 (ayant le statut sportif
amateur) qui ont été suivis par la commission fédérale de contrôle des clubs au sein de la FFF.
2
d’une synthèse des données financières disponibles de 2008 à 2019. La section 3 rappelle les
Covid-19 et précise quelle proportion des clubs concernés a eu recours à ces mesures. La
Section 4 donne à voir les effets immédiats de la crise en comparant les comptes des clubs à
l’issue de la saison 2019/20 avec le modèle économique identifié pendant les dix années
précédentes. Une brève conclusion marque la différence entre les résultats comptables et le
Un problème se pose quand on veut estimer les effets d’une crise sur l’économie du sport, et
du football en particulier, à savoir quelle est la situation de référence par rapport à laquelle on
va comparer une déviation importante supposée être causée par la crise. Peut-on considérer
les deux premières décennies du 21e siècle comme une situation économique «normale» du
Covid-19? La réponse n’est pas simple car le football a traversé plusieurs crises déclenchées
Si l’on suppose que la «norme» d’une économie saine du football et d’une bonne gestion des
clubs est qu’ils atteignent au moins le point mort dans leurs comptes, i.e. ne font pas de déficit
et donc évitent de s’endetter, alors le football professionnel européen est en crise depuis le
début du siècle2, avant même la crise des subprimes. Le football français y compris (Andreff,
2007), crise qui dure jusqu’à présent (Andreff, 2018). Or les comptes agrégés des clubs
amateurs présentent aussi un résultat net négatif, tant en N1 qu’en N2, pendant toute notre
2
Voir les deux numéros du Journal of Sports Economics, 7(1), 2006) et 8(6), 2007 consacrés à la crise financière
du football européen.
3
Si l’on déplace le curseur à un niveau plus micro-économique que la ligue, celui de chaque
club de football, sa situation de crise peut déboucher sur une faillite avec mise en liquidation.
Or, bien avant la Covid-19, 79 clubs de football français ont été déclarés insolvables de 1970
à 2014 (Scelles et al., 2018), dont 28 clubs de N1 entre 1993 et 2014. Entre la saison 2008/09
et la saison 2018/19, 17 clubs de National et de National 2 ont fait faillite (Carin, 2019)3.
Quant aux causes externes ou exogènes de crise du football, ce qu’est la Covid-19, elles sont
La crise des subprimes (2008), et la Grande Récession qui s’ensuivit – le taux de croissance
du PIB de la France fut de +0,2% en 2008, -2,7% en 2009 et +1,4% en 2010 –, ont déclenché
un sérieux choc exogène sur l’économie du sport et le football (Andreff, 2009). Elle s’est
traduite par une perte de pouvoir d’achat pour les ménages, lesquels ont diminué leurs
dépenses sportives en 2009, tant pour la pratique sportive (licences) que pour le spectacle
sportif. L’affluence a baissé dans toutes les ligues du football professionnel européen pendant
les saisons 2008/09 et 2009/10, de manière plus ou moins significative, sauf dans l’English
Premier League (Andreff, 2012), avec un effet négatif sur les recettes de billetterie des clubs.
Les collectivités territoriales les plus endettées ont réduit leurs subventions, dont en faveur du
sport. Plusieurs sponsors en difficulté financière se sont retirés du sport, y compris dans le
football; certains clubs ont perdu leur sponsor en 2009 - Aston Villa, Sheffield Wednesday,
Leicester -, les revenus sponsoring d’Anderlecht ont chuté de 20% la même année. Toutefois,
Barget et Brocard (2015) observent que les ligues et les clubs riches ont été les moins touchés
par la récession et ont retrouvé dès 2011 leur rythme de croissance antérieur à la crise, sauf en
Grèce.
On note des effets similaires, légèrement retardés, dans les comptes agrégés des clubs de
football amateur français, avec un niveau amoindri des recettes de billetterie en N1 (-42% en
3
Sète, Libourne Saint-Seurin, Strasbourg, Gueugnon, Cassis-Carnoux, Besançon, Gap, Rouen, Vannes, Uzès,
Istres, Arles-Avignon, Moulins, Luçon, Colmar, Paulhans, Limoges.
4
2010, -32% en 2011) et en N2 (-49% en 2011). Les revenus du sponsoring baissent en 2011
C’est de la crise des subprimes que celle de la Covid-19 peut être comparée, mais il faut
souligner deux différences importantes. D’une part, la crise de la Covid-19 entraîne une totale
cessation d’activité sportive et économique dans presque tous les sports. Suite à la pandémie
d’événements et de déplacement des personnes ont obligé les fédérations et les ligues
sportives à arrêter les compétitions avant la fin de la saison 2019/20, ce dont le Tableau 1 rend
Tableau 1: Décisions prises pour les cinq sports d’équipe majeurs en France
Championnats
Sport
Championnats amateurs professionnels
Suspension des
championnats jusqu'en
septembre (reprise
Basket Arrêt des championnats amateurs, coupes
éventuelle en septembre
pour terminer la saison
sportive 2019/20)
Arrêt des championnats amateurs y compris
Arrêt des championnats de
Football Championnat National 1-National 2 et D1
Ligue 1 et de Ligue 2
Féminine
Volley Arrêt définitif des championnats amateurs et professionnels pour la saison
Ball 2019/20
Arrêt définitif des championnats amateurs et professionnels pour la saison
Hand Ball
2019/21
Arrêt du championnat de
Rugby Arrêt des championnats amateurs
Top 14 et de Pro D2
La seconde différence est que la crise économique déclenchée par la pandémie promet d’être
plus violente et plus profonde que la précédente crise financière. Les effets sur le football
amateur risquent donc d’être plus sensibles et d’affecter un plus grand nombre de clubs qu’en
2010 et 2011. Au stade actuel, il est quasiment impossible de faire des prévisions un tant soit
peu précises sur l’ampleur et la diffusion de la crise de la Covid-19. Selon Barro et al. (2020),
4
Données issues des comptes agrégés des clubs de National 1 et de National 2 (commission fédérale de contrôle
des clubs - FFF)
5
la pandémie pourrait entraîner la mort de 150 millions de personnes, si on lui applique le taux
consommation mondiale de 8%. Après une estimation initiale de l’INSEE d’une perte de 3%
de PIB, réalisée début avril 2020, la prévision plus récente de l’OCDE (10 juin 2020) est une
contraction du PIB de l’économie française se situant entre -11,4% et -14,1% en 2020; l’effet
économique de la crise sanitaire est une récession sans précédent depuis 1945. Avec déjà
atteindre 12,5% en décembre 2020, selon l’OCDE. Un retour à la «normale» est attendu au
mieux en 2022. Autant dire que les comptes des clubs de N1 et N2 devraient être affectés par
même si le football a subi plusieurs crises au cours des vingt dernières années, on retiendra
«de référence» reflétée dans les comptes des clubs de N1 et N2. Par comparaison les comptes
arrêtés en juin 2020 sont supposés fournir de premiers indicateurs des effets de la crise Covid-
19 sur le football amateur et vérifier jusqu’à quel point l’hypothèse d’une vulnérabilité
de la N2
Le modèle économique d’un club sportif se caractérise par la structure des revenus – et qui les
finance -, par la structure de ses coûts et par le solde d’exploitation (profit ou déficit) qui s’en
dégage (Andreff & Scelles, 2016). On présente donc la situation normale sur la période 2008-
2019 sous l’angle du financement, des coûts et du résultat net, agrégés des clubs de la N1 et
5
Une chute moyenne de 25% des souscriptions de licence lors de la rentrée sportive, ce qui équivaut à " 4,6
millions de licenciés en moins et une perte de 800 millions d’euros pour les clubs " (Source : CNOSF lettre au
ministère de l’économie).
6
de la N2, tels qu’ils sont rassemblés et analysés par la Direction Nationale du Contrôle de
division (N2). Selon les règlements des compétitions, le championnat de N1 accueille chaque
saison les équipes classées de la 4ème à la 14ème place lors de la saison précédente (11 clubs),
les quatre clubs promus de National 2. Les conséquences financières peuvent être importantes
pour le club barragiste de National, car l’accès à la Ligue 2 permet au club de bénéficier de
vainqueur de chacun des quatre groupes est promu en championnat de National. Les trois
derniers de chaque groupe (12 clubs au total) sont relégués en National 3 (5 ème division).
L’arrêt de ces deux championnats du fait de la crise sanitaire a entraîné des recours juridiques
de clubs pouvant prétendre à une promotion dans une division supérieure et de clubs relégués
Sur un plan juridique, certains clubs participant aux championnats amateurs sont une section
d’un club professionnel et ne bénéficient pas d’une indépendance juridique. Les autres clubs
ont le statut soit d’association à but non lucratif, soit de société commerciale en convention
avec une association. Une autre distinction apparaît quant au statut sportif: quelques clubs ont
un statut professionnel et tous les autres un statut amateur. Le statut professionnel est
maintenu pour les clubs ayant participé précédemment aux championnats de Ligue 1 ou de
7
Le modèle de financement a surtout été analysé pour le sport professionnel (Andreff &
modèle SSSL où les revenus des clubs proviennent des spectateurs, des subventions et des
sponsors d’origine locale et, un modèle apparu vers la fin des années 1990, dans les ligues et
les clubs les plus riches, nommé MMMMG, où de nouvelles sources de financement sont les
medias (TV), les magnats (capitaines d’industrie, oligarques, etc.), le merchandising et les
marchés du travail (transferts de joueurs) et du capital (cotation des clubs en Bourse), avec
des fonds d’origine globale ou internationale. En tant que tel, aucun des deux modèles ne
convient pour l’analyse des clubs de football amateurs. Il leur manque, comme sources de
Plus récemment, Andreff (2014) a suggéré un modèle SSL pour les clubs amateurs où les
subventions (et dons, de mécènes notamment) et le sponsoring sont les piliers du financement
des clubs amateurs, loin devant les cotisations des adhérents et la billetterie. Il semble adapté
font ressortir comme premier poste la masse salariale chargée (salaires + cotisations sociales),
partout supérieure à 50% des charges totales et souvent à 60%, voire 70%, dans les ligues
8
européennes. Il convient de vérifier ci-dessous si les salaires ont une aussi grande importance
régulières: comptes annuels certifiés par les auditeurs légaux, une situation intermédiaire au
cours).
La lecture des comptes de résultat des clubs fait apparaître huit grandes catégories de produits
territoriales et de la FFF; les indemnités de transfert reçues; les transferts de charges; les
cotisations licences; les autres produits (ventes d’équipements, buvette). Les charges sont
frais d’organisation des matches; autres services extérieurs; impôts et taxes; charges de
L’analyse des revenus des clubs de N1 et de N2 sur les saisons 2008/09 à 2018/19 (Tableau 2)
montre une concentration sur deux sources de financement: les subventions des collectivités
N2) faisant participer des entreprises locales au financement du club. C’est bien le schéma
SSL. La troisième source de revenus est la subvention versée par la FFF en N1 (13%), 8% en
N2. Les cotisations des adhérents et les autres produits liés à la vente d’équipements sportifs
Tableau 3: Produits des clubs de National et National 2, synthèse des saisons 2008/09 à
2018/19 (moyenne sur 11 saisons)
9
NATIONAL NATIONAL 2
Entrées 28,648 7% 22,021
Sponsors 92,278 24% 78,271
Mécénat 39,547 10% 110,629
Subventions Collectivités Territoriales 108,543 28% 190,742
retrace l’évolution de la part de chaque source de financement dans le total des revenus entre
N2.
sur la
NATIONAL 1 2008/09 2009/10 2010/11 2011/12 2012/13 2013/14 2014/15 2015/16 2016/17 2017/18 2018/19 période des
11 saisons
Sponsoring
+ Mécénat 34% 40% 36% 34% 43% 40% 31% 27% 29% 29% 32% 34%
Subventions
Collectivités
Territoriales 30% 29% 33% 29% 29% 30% 32% 31% 29% 22% 19% 28%
Subventions
FFF 13% 11% 13% 14% 12% 12% 11% 14% 20% 15% 10% 13%
Subventions
Collectivités
Territoriales 42% 38% 40% 39% 39% 36% 33% 31% 32% 30% 24% 34%
Subventions
FFF 7% 8% 7% 8% 7% 8% 8% 7% 6% 7% 8% 8%
Source : données issues des comptes agrégés des clubs de National et de National 2 (commission de contrôle des
clubs – FFF)
Le budget moyen des clubs de N1 a crû de 26% entre 2008/09 et 2018/19. La structure de
financement est assez stable, avec néanmoins une baisse de la part des subventions depuis
10
2018 et trois années où le sponsoring-mécénat franchit le seuil de 40% des revenus. Le budget
moyen des clubs de N2 croît deux fois plus vite que celui des clubs de N1 sur la période
(+53%). Pour les clubs de N2, la part des subventions ne cesse de baisser et celle du
sponsoring s’accroît après 2015. L’écart entre le plus petit budget et le plus gros budget en N1
en 2018/19 (Tableau 4). Les disparités économiques entre les clubs se sont davantage
En descendant dans le détail des comptes, seuls deux clubs (sur 13) de N1 présentent une
subvention supérieure à 30% du budget en 2018/19 contre sept clubs en 2008/09. Sept clubs
huit en 2008/09. La quasi-totalité des clubs de N1 présentent un revenu issu des cotisations et
Tableau 5 : Répartition des clubs de N1 et de N2 selon la part des différents postes de
produits (moyenne sur 11 saisons)
11
NATIONAL 1 NATIONAL 2
Nombre de Clubs 15 13 54 51
Subvention (Part du budget) 2008/09 2018/19 2008/09 2018/19
<10% du budget 1 3 0 5
10% à 25% 3 6 8 23
25 à 30% du budget 4 2 7 5
entre 30% et 50% du budget 6 2 24 13
>50% du budget 1 0 15 5
total 15 13 54 51
2018/19; en 2008/09, 72% avaient une subvention supérieure à 30% de leur budget. 64% des
2018/19 (46% en 2008/09). La quasi-totalité des clubs de N2 présentent un revenu issu des
Le modèle économique des clubs de football amateur concentre les coûts sur les charges de
personnel: 60% du total des charges pour les clubs de N1, 52% pour les clubs de N2 (Tableau
5). Les frais de déplacement sont le deuxième poste de charges, respectivement 14% et 20%
du total des charges des clubs de N1 et de N2. De nombreux clubs amateurs utilisent les frais
de déplacement pour rémunérer indirectement les joueurs. Cette pratique illégale fait l’objet
de nombreux contentieux avec les organismes sociaux en charge de la collecte des cotisations
sociales.
12
Tableau 6: Charges des clubs de National et National 2, synthèse des saisons 2008/09 à
2018/19 (moyenne sur 11 saisons)
NATIONAL NATIONAL 2
Achats
marchandises 23,214 6% 45,691 8%
Services
extérieurs 22,897 5% 31,046 5%
Frais de
déplacement 58,342 14% 114,987 20%
Frais
d'organisation 16,238 4% 26,460 5%
matches
Autres services
extérieurs 24,346 6% 31,623 6%
Impôts et Taxes 10,935 3% 8,660 2%
Rémunérations
du personnel 179,372 43% 233,135 41%
Charges sociales 69,786 17% 60,670 11%
Source : données issues des comptes agrégés des clubs de National et de National 2 (commission de contrôle des
clubs – FFF)
Sur la période étudiée, les comptes annuels des clubs font ressortir des pertes d’exploitation
exceptionnels permettent de réduire ces pertes, le résultat net cumulé reste négatif : 23
A la lecture du tableau n°7, force est de constater que les comptes des clubs de N1 et de N2
font déjà apparaître des pertes cumulées de 2008/09 à 2018/19. Sur la même période, 42%
des clubs de N1 et 32% des clubs de N2 affichent des pertes supérieures à 10K€. Le Tableau 8
13
dénombre les clubs déficitaires (déficit supérieur à 10K€), les clubs à l’équilibre financier
(résultat compris entre -10 et +10K€) et les clubs bénéficiaires (bénéfice supérieur à 10K€).
Avant même l’arrivée du Covid-19, la situation normale était donc, en moyenne, qu’entre un
Pour aider les clubs à faire face à l’impact économique du confinement de la population, de la
1/ Le report du paiement des charges sociales et fiscales: les clubs sont concernés en tant
2020, le Ministère de l’Action et des Comptes Publics a transformé les reports de charges
sociales en exonérations pour la période de février à mai 2020 inclus pour divers secteurs dont
le sport. Les clubs amateurs de football employeurs peuvent bénéficier du remboursement des
cotisations payées sur cette période ou d’une annulation des sommes dues.
2/ Un prêt garanti à 90% par l’Etat peut être sollicité. Souscrit auprès d’un établissement
moyen terme si le club ne peut pas rembourser à l’échéance, sous réserve d’accord de
l’établissement prêteur.
14
3/ La mise en chômage partiel des salariés du club. Le gouvernement s’engage à verser à
salarié dans la limite de 70 % de 4,5 SMIC. Le reste à charge des entreprises est nul pour les
Fonds de solidarité exceptionnel pour soutenir la reprise d’activité des clubs amateurs et faire
2020/21. Ce Fonds alimenté par la FFF, les ligues et les districts, s’élèvera à un total d’aides
a/ Une aide exceptionnelle de 10 euros par licencié versée sur les comptes des clubs.
c/ Une revalorisation de 20% du montant des licences clubs attribuées par la FFF pour les
d/ Une revalorisation des indemnités kilométriques pour l’ensemble des clubs nationaux.
Un état synthétique des mesures de soutien obtenues par les clubs de N1 et de N2 (Tableau 8)
résulte des réponses des clubs au questionnaire de la DNCG. Tous les clubs (13) de N1 ont
renvoyé l’ensemble des documents demandés et confirment avoir bénéficié des mesures de
. 11 des 13 clubs ont sollicité un report de charges pour un montant de 1.033.080 euros; le
montant par club se situe entre 29.000 et 135.000 euros et la distribution des données est très
. 8 clubs ont demandé un prêt garanti par l’Etat: montant total de 1.711.000 euros; entre
100.000 et 321.000 euros par club, distribution peu dispersée (coefficient de variation: 0,29).
6
Par mesure de confidentialité, il n’est pas possible de nommer ces clubs (source DNCG).
15
. L’ensemble des clubs ont bénéficié du chômage partiel, soit 461 personnels bénéficiaires.
Les joueurs fédéraux et amateurs forment 69% de l’effectif en chômage partiel, les
entraîneurs et les éducateurs 17%, les personnels administratifs et de gestion 14%. La prise en
charge est en moyenne d’une durée de quatre mois. Le montant prévisionnel des indemnités
Tableau 9 : Mesures gouvernementales prises par les clubs de National et de National 2
L’ensemble des répondants de N2 (48 clubs, taux de réponse de 94%) confirment avoir
. Report des charges : 30 clubs bénéficiaires pour un montant total de 722.746 euros, entre
. 16 clubs ont demandé un prêt garanti par l’Etat pour un montant total de 2.358.500 euros,
. L’ensemble des clubs répondants a mis en place le chômage partiel, soit 962 personnels
bénéficiaires ; 59% des joueurs sont en chômage partiel, 30% des entraîneurs – éducateurs et
11% des personnels administratifs et de gestion. Pour une durée moyenne de quatre mois. Le
montant prévisionnel des indemnités de chômage partiel à recevoir par les clubs est estimé à
2.366.514 euros.
16
4. Les effets de la crise de la Covid-19 perçus dans les comptes estimés des
clubs en 2019/20
L’analyse des comptes estimés de la saison 2019/20 montre une contraction aussi bien des
revenus que des charges des clubs de N1 et de N2 par rapport au budget actualisé des clubs
(Tableau 10).
Tableau 10: Synthèse des comptes estimés 2019/20 des clubs de National et de National 2
National 1 National 2
Ces comptes estimés pour 2019/20 confirment les observations faites pour la période 2008/09
deuxième source et poursuivent leur baisse en pourcentage (34% en N1, 26% en N2). La
subvention versée par la FFF et les cotisations des adhérents et les autres produits forment les
Le modèle économique des clubs de football amateur concentre encore ses coûts cette saison
sur les charges de personnel (52 % en N1, 48% en N2), mais leur part dans le budget des
clubs baisse du fait des indemnités de chômage partiel reçues. Les frais de déplacement
restent le deuxième poste de charges avec respectivement 20% et 15%. Il est aussi en
17
diminution en raison de l’arrêt des compétitions et de l’impossibilité pour de nombreux clubs
Dans les comptes estimés pour 2019/20, les pertes d’exploitation cumulées se sont réduites
par rapport au budget initial en N1, de 2,9 millions à 1,2 million d’euros; en N2, le déficit
initial de 598.000 euros s’est transformé en un bénéfice de 1,1 million d’euros. Sur les deux
divisions, les comptes d’exploitation agrégés des clubs font ressortir un résultat estimé à la
clôture bien meilleur que celui qui avait été budgété avant la crise de la Covid 19. En
détaillant les comptes des clubs, 46% des clubs de N1 et 16% des clubs de N2 présentent des
pertes supérieures à 10K€. Le nombre de clubs déficitaires est divisé par deux en N2
(seulement 16% des clubs en déficit contre 32% entre 2008/09 et 2018/19). La part des clubs
D’après ces résultats escomptés, les clubs de N1 et de N2 semblent résister aux effets
économiques de la crise de la Covid-19 sur la saison 2019/20. La situation des clubs de N2 est
paiement des charges. Alors que les clubs ont reçu globalement les revenus espérés (d'autant
que le poste billetterie est d'ordinaire très faible). Les revenus de sponsoring-mécénat étaient
en grande partie versés avant la crise et les subventions seront versées par les collectivités.
Les revenus espérés initialement seront donc encaissés par les clubs. Les clubs ont par ailleurs
connu une baisse de leurs charges: pas de frais d'organisation de matches, diminution ou
annulation des frais de déplacements susceptibles d'être versés pendant la période. La baisse
la plus significative concerne le poste coût du personnel. Les clubs ont profité de la prise en
charge par l’Etat d’une part importante des salaires bruts des joueurs, les charges sociales ont
fait l'objet d'une exonération temporaire, les vacations des joueurs amateurs et les primes de
matches n’ont pas été versées. Les clubs de football amateur sortent de cette saison dans une
situation financière meilleure que ce que l’on pouvait craindre par temps de crise.
18
Conclusion
L’analyse des comptes des clubs de football amateur montre que leur budget dépend avant
tout des revenus du sponsoring et des subventions tandis que leurs principales charges sont la
masse salariale et les frais de déplacement. La crise de la Covid-19, du moins à court terme
(saison 2019/20), a affecté les revenus et les charges de manière opposée; tandis que les deux
principales charges disparaissent avec l’arrêt du championnat, les deux principales sources
des revenus sont déjà encaissées ou sécurisées. Le résultat d’exploitation, déficitaire dans les
crise Covid-19. Les clubs bénéficient d’un effet d’aubaine et des mesures de soutien. Ce
constat tranche avec le discours politique mené par les clubs amateurs depuis mars 2020 qui
vise à participer à la distribution des aides prévues au titre des mesures de soutien
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20