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GEOTECHNIQUE

Fascicule IV

Propriétés mécaniques

Géotechnique – RC 2007
FASCICULE 4

PROPRIETES MECANIQUES

__________________________________________________________________________________________

Tables de matières

1. CONVENTION DE SIGNE DES CONTRAINTES – CERCLE DE MOHR ......... 4

2. INTRODUCTION ............................................................................................... 5

3. COMPRESSION OEDOMETRIQUE ................................................................. 6


3.1. Description............................................................................................................................................... 6
3.2. Coefficients de déformation déterminés à l'oedomètre ............................................................... 8
3.3. Mise en équation du diagramme oedométrique idéalisé ........................................................... 12
3.4. Théorie de la consolidation de Terzaghi ........................................................................................ 15
3.5. Dilatations et pressions de gonflement.......................................................................................... 22
3.6. Consolidation secondaire .................................................................................................................. 23

4. COMPRESSION TRIAXIALE.......................................................................... 24
4.1. Introduction ........................................................................................................................................... 24
4.2. Description............................................................................................................................................. 24
4.3. Types d'essais ...................................................................................................................................... 26
4.4. Réalisation ............................................................................................................................................. 27
4.5. Interprétation......................................................................................................................................... 28
4.6. Comportements à la rupture des sols ............................................................................................ 30
4.6.1. Modèle de Mohr-Coulomb.......................................................................................................... 30
4.6.2. Cas des sols granulaires ou à frottement interne – sables et graviers.......................... 32
4.6.3. Cas des sols cohérents – argiles ............................................................................................. 34

5. CISAILLEMENT DIRECT................................................................................ 36

6. PRESSIOMETRE (MENARD) ......................................................................... 39

7. ESSAIS DE PENETRATION........................................................................... 45
7.1. Essai de pénétration au cône – CPT ............................................................................................... 45
7.1.1. Généralités ..................................................................................................................................... 45
7.1.2. Description..................................................................................................................................... 45
7.1.3. Interprétation ................................................................................................................................. 47
7.1.4. Possibilités, avantages, inconvénients .................................................................................. 53

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7.2. Pénétromètre dynamique................................................................................................................... 53
7.2.1. Généralités ..................................................................................................................................... 53
7.2.2. Essais DPA et DPB ...................................................................................................................... 54
7.2.3. Autres essais au pénétromètre dynamique........................................................................... 56

8. ESSAIS DE CHARGEMENT SUPERFICIEL A LA PLAQUE ......................... 57

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Propriétés mécaniques 4— 4

1. Convention de signe des contraintes – Cercle de


Mohr

• Les composantes normales sont considérées positives en compression.

• Par convention, on a:
{1.1} σ1 > σ 2 > σ 3

• L'angle α entre la facette principale AB sur laquelle agit σ1 et une facette quelconque
BC est défini par α qui est compté depuis AB vers BC, positivement dans le sens anti-
horlogique (trigonométrique).

• L'état de contraintes en tout point peut être défini à partir des contraintes principales
grâce à:
σ1 + σ 3 σ1 − σ 3
{1.2} σ= + cos 2α
2 2

σ1 − σ 3
{1.3} τ = sin 2α
2

Suite au choix du sens positif de α, les composantes tangentielles de la contrainte sont


donc positives lorsqu'elles tendent à faire tourner la facette autour d'un point P intérieur au
triangle ABC dans le sens anti-horlogique.

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2. Introduction
Les lois de comportement des géomatériaux sont variées; elles dépendent de nombreux
facteurs dont les principaux sont :
- leur nature minéralogique,
- leurs états de lapidification et d'altération,
- leur teneur en eau,
- leurs structure et texture,
- leurs antécédents géologiques,
- leurs conditions aux limites.

Divers essais permettent l'établissement de lois de comportement mais toujours dans


des conditions particulières. Le choix des essais à considérer se fait en fonction des problèmes
à résoudre et des possibilités de réalisation. Pour expliquer ces lois, certaines théories ont été
établies. Dans ce cours de base, nous n'aborderons que les théories et essais principaux.
Les caractéristiques mécaniques dépendent fortement de l'altération, du remaniement,
de la décompression du matériau dus aux manipulations préalables à l'essai; il y a lieu de
s'efforcer de réduire au minimum possible les perturbations du terrain ou de l'échantillon
prélevé ainsi que de l'éprouvette qui en est retirée. De telles éprouvettes sont dites "non
remaniées" ou "intactes". En réalité, on n'atteint pas cette idéalisation surtout près des parois
où il y a forcément remaniement et détente. Des précautions particulières doivent être
également prises pour éviter, de nouveau dans la mesure du possible, toute variation de l'état
d'humidité.

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3. Compression oedométrique

3.1. Description

L'essai oedométrique est un essai de compression de sol avec champ de déformation


uniaxial (soit à déformations latérales empêchées), aussi appelé essai de compression
confinée ou encore essai de consolidation.

Il s'agit d'un essai de compression d'une éprouvette cylindrique de faible hauteur,


maintenue latéralement dans un anneau rigide et drainée haut et bas par des bases poreuses.
La déformation axiale stabilisée (verticale) relative qui s'écrit :

H f − Hi ∆H
{3.1} ε1 = ε a = − =
Hi Hi

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est égale à la déformation volumique relative εv, les déformations transversales étant nulles :

{3.2} ε2 = ε3 = 0

Le rapport des contraintes effectives sur les facettes verticales σ'l = σ'3 et sur les
facettes horizontales σ'a = σ'1, est une évaluation du coefficient de pression des terres au
repos K0∗:

σ l ' =σ 3' = K0
{3.3}
σ a' σ 1'

σ’3

K0

0
σ’1

La rupture du sol ne peut être obtenue par cisaillement et la déformation principale est
due à la compressibilité du matériau résultant d'écrasements aux points de contact et des
glissements des grains avec réarrangement de ceux-ci. Cet essai est fréquemment réalisé car il
est simple et correspond à de nombreux cas pratiques où les déformations latérales peuvent
être supposées nulles.
Pour obtenir un état de contrainte aussi uniforme que possible, il faut réduire l'effet
perturbateur principal qui est le frottement latéral. C'est une des raisons pour lesquelles le
rapport de la hauteur Hi au diamètre D est faible et souvent compris entre 1/4 et 1/3.
L'échantillon non remanié est quasi toujours essayé sous eau∗∗, car d'une part c'est le
plus souvent le cas des sols fins déformables et d'autre part c'est aussi le cas le plus
défavorable aux points de vue de la déformabilité et de la vitesse du phénomène. Pour
permettre le drainage, l'échantillon est placé entre deux pierres poreuses maintenues à une
même pression d'eau le plus souvent quasi nulle.


La pression des terres au repos est celle s'exerçant sur une facette verticale dans un massif
correspondant à un déplacement nul de cette facette. Cette notion sera développée au chapitre 5.

∗∗
D’où le nom d’oedomètre
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Pour étudier le comportement dans le temps, les contraintes sont appliquées par
paliers successifs de charge et éventuellement de décharge, maintenus jusqu'à obtenir une
vitesse de déformation négligeable.
Comme ce sont les sols fins qui sont le plus susceptibles de grandes déformations, les
oedomètres ont souvent quelques dizaines de centimètres carrés. Les sols grossiers ne peuvent
d'ailleurs normalement pas être transférés non remaniés dans un oedomètre.

3.2. Coefficients de déformation déterminés à


l'oedomètre
L’essai est réalisé par paliers de charge successifs. Pour chaque accroissement de
charge ∆σv , la courbe de déformation H est tracée en fonction du logarithme du temps ln t, et
parfois de la racine carrée du temps t . La courbe (H, ln t) définit bien le phénomène pour
des grandes valeurs de t et la courbe (H, t) pour les petites valeurs pour lesquelles ln t est
trop fortement négatif.
Sur ces courbes, trois comportements différents apparaissent :
- le premier est un phénomène qui donne naissance à une déformation instantanée,
- le deuxième est régi par l'évacuation de l'eau présente dans les pores du sol, c'est la
consolidation hydrodynamique ou primaire,
- le troisième est une déformation de fluage semblable à celle observée pour les
bétons ou aciers, elle est dénommée consolidation secondaire.

On définit la limite théorique entre les deux comportements par l'intersection de la


tangente au point d'inflexion de la loi de consolidation primaire et de l'asymptote à la courbe
de fluage. La déformation maximum conventionnelle de consolidation primaire correspond à
ce point d'intersection. Elle est ensuite reportée dans un diagramme en fonction de la
contrainte axiale correspondante. Cette courbe (σ’v, εv) représente la consolidation primaire.
Elle n'est pas linéaire et le comportement n'est pas réversible. Il comporte, en
première approximation, une composante élastique et une composante plastique. Il apparaît
donc que le module de déformation d'un échantillon dépend de la valeur de la contrainte et
du chemin antérieur des contraintes.

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H
Hi
consolidation consolidation
H0 Hi = hauteur initiale.
primaire secondaire
H-H
i 0 = tassement élastique

(immédiat, instantané).

H0 = hauteur au début de la
consolidation primaire.

X H100 = hauteur en fin de


consolidation primaire
(ou début de la
consolidation
secondaire).

X= point d’inflexion.

Y X TY = consolidation
H100
T primaire idéalisée.
Z
ln t TZ = Consolidation
secondaire idéalisée.

0.5 1 1.5
σ’v
Mpa

Sable
5

10
Argile

15

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On définit le coefficient de compressibilité mv. C'est le quotient de la variation relative


du volume par la variation correspondante de la contrainte effective normale :

dε vol
{3.4} mv = ……[en (kPa)-1]
dσ a'

ou
dH
{3.5} mv =− ……[en (kPa)-1]
H dσ a '

ou

{3.6} mv =− 1 de ……[en (kPa)-1]


1+e dσ v' '

Le module oedométrique Eoed est l'inverse de mv :

{3.7} Eoed = 1 ……[en (kPa)]


mv

Les tableaux qui suivent donne, à titre indicatif, quelques ordres de grandeur de Eoed en
MPa.
Sols non cohérents Etat
Lâche Moyen Dense
Graviers sableux 30 → 80 80 → 100 100 → 200
Sables 10 → 30 30 → 50 50 → 80
Sables limoneux 8 → 12 12 → 20 20 → 30

Sols cohérents Etat


Mou Ferme Dur Très dur
Sables argileux SC 5→8 8→15 15→20 20→40
Limons ML 3→6 6→10 10→15 15→30
Argiles à faible plasticité CL 2→5 5→8 8→12 12→20
Argiles à forte plasticité CH 1.5→4 4→7 7→12 12→30

Sols organiques
Limons organiques OL 0.5→5
Argiles organiques OH 0.5→4
Tourbes PT 0.1→2

A titre de comparaison, Eoedbéton ≈ 40 GPa; Eoedacier ≈ 260 GPa. Les sols sont donc de
200 à 400.000 fois plus déformables que le béton.

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La caractérisation d'un matériau par des coefficients variables est assez incommode,
c'est pourquoi on se réfère le plus souvent au diagramme (ln σ'v, εv) ou (log σ'v, e), appelés
courbes oedométriques, et qui sont "linéarisables". Le diagramme précédent prend l’allure
suivante :

e
20 50 70 100 200 500 700 1000 σv 20 50 70 100 200 500 700 1000 σ’v
0 1.3
k Pa k Pa
A σ ’p
B 1.2
ei A
5
B
1.1

10
1
D
D
C 0.9
15 C

0.8

20 E
E
0.7

ε (%)

Le plus généralement, le diagramme de e en fonction de log σ'v peut être idéalisé


comme suit :
- lors d'une montée en charge, il est assimilable à deux droites (AB et BC) (qui, en
réalité, se raccordent par une courbe plus ou moins étendue);
- lors d'une réduction des contraintes, le diagramme est linéaire (CD) quasi parallèle
à la droite AB du début de mise en charge;
- lors d'une remontée en charge, le comportement est pratiquement réversible
jusqu'en C puis suit de nouveau la droite du sol vierge BC.

Ce comportement est similaire au comportement élastoplastique classique d’un acier,


tel qu’on l’observe lors d’un essai de traction par exemple. Les droites AB, CD et DC
correspondent à un comportement élastique, tandis que la droite BC correspond au
développement simultané de déformation plastiques (irréversibles) et élastiques.
Il apparaît que le matériau a la mémoire des charges antérieures par le fait qu'il
conserve certains effets de la compression (réduction de la porosité) qui le rendent moins
déformable sous des charges inférieures aux charges antérieures. La courbe de première mise
en charge BE est appelée pour cette raison droite vierge.

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Il est en conséquence logique d'admettre que la courbe AB correspond à une remise en


charge. L'échantillon avait été soumis antérieurement (et parfois très anciennement, par
exemple lors de la période glacière) à une contrainte σ'p, appelée pression de
préconsolidation. Si le terrain n'a jamais été surchargé, cette contrainte correspond au poids
du sol qui est nommée contrainte effective verticale initiale σ'v0, le sol est alors dit
normalement consolidé. Lorsque σ'p > σ'v0, il est dit surconsolidé, tandis que σ'p < σ'v0
indique qu'il s'agit d'un sol récent non encore (normalement) consolidé c'est-à-dire
partiellement consolidé1. Il faut alors être particulièrement prudent quant à ses déformations
qui ne sont pas encore stabilisées naturellement et quant aux possibilités de consolidation lors
des essais de mesure de la résistance qui serait dans ce cas surestimée.
Le remaniement de l'échantillon adoucit le raccord entre les droites AB et BE jusqu'à
ne plus permettre de définir directement leur intersection. Cette observation montre la
nécessité de prendre toutes les précautions pour éviter le remaniement des échantillons depuis
avant le prélèvement jusqu'au début de l'essai oedométrique.

ln σ’v
σ’p

B
In situ

“non” rem anié

peu rem anié

c om plètem ent rem anié

εv

3.3. Mise en équation du diagramme oedométrique


idéalisé

La droite vierge BE (élastoplastique) a pour équation :

{3.8} e = e* - Cc log σ'v

avec e* = une constante (ordonnée à l'origine),


Cc = la constante caractérisant l'inclinaison de la droite vierge et appelée indice de
compression (il est sans dimension).

1
la différence entre σ'p et σ'v0 correspond alors à une surpression d’eau non encore dissipée – cf. §3.4
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e
σ’v1 e* σ’v1 σ’v1 e* σ
’ v1 log ’σ v σ’v1 2.718* σ’v1 σ’v1

A
B

C 1/C
c
D
C s
1/ A
1 1

C
εv Droite vierge E
e = base des ln

Les courbes de remise en charge ou de déchargement AB ou DC (élastique) ont pour


équation:

{3.9} e = e** - Cs log σ’v

avec e** = une constante,


Cs = l'indice de gonflement (également sans dimension). L’indice s indique le swelling
(=gonflement en anglais).

En pratique, on a toujours affaire à des variations de contraintes, si bien que les


constantes e* et e** sont sans importance et que les équations {3.8} et {3.9} s'écrivent
habituellement, en élastoplasticité :

{3.10} de=− Cc dσ v' =− Cc dσ v'


ln10 σ v' 2.3 σ v'

ou

{3.11} ∆e=−Cc.logσ v'+∆σ v'


σ v'

et en élasticité :

{3.12} de=− Cs dσ v' =− Cs dσ v'


ln10 σ v' 2.3 σ v'

ou

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{3.13} ∆e=−Cs.logσ v'+∆σ v'


σ v'

Il est souvent plus commode pour calculer les tassements et gonflements de considérer
directement les dilatations εv (= εvol) plutôt que les indices des vides e. Dans le diagramme (e,
ln σ’v), le comportement est aussi "linéarisable" même si en toute rigueur cela est
contradictoire avec la linéarisation du diagramme en (e, log σ’v).
Pour une compression vierge, on définit, en Belgique, la "constante" de compression
C par l'équation :

{3.14} ε v =ε v* + 1 .lnσ v'


C

et la "constante" de gonflement A par l'équation :

{3.15} εv =εv**+ 1 .lnσ v'


A

Les constantes A et C sont adimensionnelles.


En pratique, ces équations s'utilisent sous les formes :

{3.16} dεv = 1 dσ v'


C σ v'

ou

{3.17} ∆εv = ∆H = 1 .lnσ v'+∆σ v'


Hi C σ v'

et

{3.18} dεv = 1 dσ v'


A σ v'

ou

{3.19} ∆εv = ∆H = 1 .lnσ v'+∆σ v'


Hi A σ v'

Il existe évidemment des relations entre C et Cc et entre A et Cs ; en effet :

de
{3.20} dε v = −
1+ e

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En remplaçant, dans {3.16}, dεv par sa valeur de {3.20}, il vient :

{3.21} dεv =− de = 1 dσ v'


1+e C σ v'

puis en remplaçant dans {3.10}, on obtient :

2.3(1+e)
{3.22} Cc =
C

avec e correspondant à l'état initial. De même,

2.3(1+e)
{3.23} Cs =
A

Remarque : cela prouve bien la remarque précédente d'impossibilité mathématique de


linéarité simultanée des diagrammes (εv, ln σ’v) et (e, log σ’v) puisqu'il n'y a pas
proportionnalité entre Cc et 1/C, l'indice des vides variant en cours de compression.

Les valeurs courantes de Cc, Cs et de C sont reprises ci-après:

Sols Cc Cs C
Sables 0.1→0.01 50→300
Limons 20→50
Argiles 0.8→0.17 10→20
Montmorillonites 2.6→1 0.5→0.01
Tourbes >2 3→10

L'indice de gonflement Cs est une fraction de l'indice de compression Cc , pour les


sables elle vaut environ 1/10 et pour les argiles environ 1/3.

3.4. Théorie de la consolidation de Terzaghi

La théorie de la consolidation hydrodynamique a été établie par Terzaghi :


• pour expliquer le comportement dans le temps d'un échantillon saturé placé dans un
oedomètre et soumis à un accroissement de pression ∆σ
• pour permettre de déterminer l'évolution du tassement sous une construction.

Soit dans un oedomètre, une éprouvette de sol fin saturé et consolidé sous une
contrainte effective verticale σv'. Soit u la pression interstitielle éventuelle stabilisée. Compte

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tenu de la faible épaisseur de l'éprouvette les contraintes totales peuvent être supposées
constantes sur toute la hauteur.
A l'instant t0 un accroissement de surcharge totale ∆σv est appliqué. Cet accroissement
∆σv est habituellement choisi égal à la charge déjà supportée par l'échantillon. Les
contractions volumiques des phases solide et liquide sont négligeables sous les faibles
contraintes considérées en mécanique des sols. La déformation de l'éprouvette ne peut donc se
produire que par évacuation d'eau lors d'un réarrangement des grains et par des
compressions locales aux points de contact. Une image de ce processus est donnée par un
amortisseur élémentaire, composé d’un ressort et d’un piston muni d’un petit orifice.

La surcharge est d’abord supportée intégralement par l’eau, de rigidité quasi infinie.
Ensuite, sous l’action de la surpression, l’eau s’échappe, la pression diminue et la charge est
progressivement transférée au ressort.
Transposons ces concepts en mécanique des sols. A l'instant t0, compte tenu de la
faible perméabilité du sol, aucune particule d'eau n'a pu s'échapper et les grains de sols n'ont
pu se déplacer. Ceci conduit à un accroissement ∆u de la pression interstitielle égal à ∆σv.
Donc, pour t = t0 :

{3.24} ∆u (t0, zj) = ∆σv

et

{3.25} ∆σ’v (t0, zj) = 0

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Au cours du temps, l'eau s'échappe par les deux bases drainantes et l'excès de la
pression interstitielle ∆u diminue en fonction de t. L'évolution de ∆u est schématisée par
l'évolution des isochrones des pressions pour différents instants t depuis t0 jusque t∞. A
l'instant t =ti et à la profondeur z = zj, on a :

{3.26} 0 < ∆u (ti, zj) < ∆σv

et

{3.27} ∆σ’v (ti, zj) = ∆σv - ∆u (ti, zj)

Après un temps infini, t = t∞ , toute la pression interstitielle est dissipée et :

{3.28} ∆u (t∞, zj) = 0

et

{3.29} ∆σ’v (t∞, zj) = ∆σv .

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∆σ v A D
∆σ ’v (t,ii z)
O A D E
zi B C
E UtI= A D
H B C
ti
z
B C

A l'instant ti, le pourcentage de déformation de la couche élémentaire d'épaisseur dzj


peut être calculé si la loi de déformation du sol est connue. En adoptant, en suivant Terzaghi,
une loi linéaire définie par un coefficient de compressibilité mv uniforme sur l’échantillon
pour une étape donnée, ce qui peut être admis si les ∆σv sont relativement petits, le
pourcentage de déformation U(ti, zj) – en un point et un instant – est égal au rapport :

∆σ v'(ti, z j ) ∆σ v −∆u(ti, z j )
U (ti, z j )= ε i = =
ε ∞ ∆σ v'(t∞, z j )
{3.30}
∆σ v

A ce même instant ti, le pourcentage de la déformation de tout l'échantillon, appelé


degré de consolidation U, vaut :

∆σ v −∆u(ti, z j )
U (ti )= ∫
H
{3.31} dz
0 ∆σ v

La variation d'épaisseur ∆H (t) à l'instant t = ti vaut :

{3.32} ∆H (ti) = U(ti).∆H (t∞)

Si mv est le coefficient de compressibilité de l'éprouvette on a :

{3.33} H (t∞) = H.mv.∆σv

d'où

{3.34} H (ti) = U(ti).H.mv.∆σv

mv est déterminé à partir de la courbe oedométrique entre les charges σ’v et σ’v + ∆σ’v,
habituellement égal à 2σ’v .

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Il reste à déterminer U(ti); c'est-à-dire ∆u(ti, zj), ce qui doit se faire à partir des
équations d'écoulement. L'écoulement est uniquement vertical et le milieu est saturé (Sr=1), si
bien que l'équation de continuité se simplifie comme suit :

∂ 2h − 1 ∂e ∂ε v
{3.34} k = . =
∂z 2
1 + e ∂t ∂t

Or :

h = −z + u + ∆ u
(ch. 3)
{2.2} γw

donc

∂ 2 h 1 ∂ 2 ∆u
{3.35} =
∂z 2 γ w ∂z 2

La variation par rapport au temps de la déformation relative εv de l'élément d'épaisseur


dz, c'est-à-dire :

{3.36} dε v = −de
1+e

est provoquée par la variation d ∆σv de la contrainte effective et vaut :

{3.37} dε v =mv dσ v'

ou encore, compte tenu de :

{3.38} ∆σv = ∆σ’v + ∆u = constante

en éliminant la déformation ∂εv entre {3.36} et {3.37} :

{3.39} 1 ∂e =mv ∂∆u


1+e ∂t ∂t

L'équation {3.34} s'écrit donc, compte tenu de {3.35} et {3.39} :

k ∂ ∆u = ∂∆u
2
{3.40}
mvγ w ∂z 2 ∂t

On définit le coefficient de consolidation (verticale):

{3.41} cv = k (m²/s)
mvγ w

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qui est assez peu variable et peut être pratiquement considéré constant pour des variations de
contraintes suffisamment petites pour que le rapport de mv et de kz, qui varient dans le même
sens, puisse être assimilé à une constante. Généralement, lors des essais oedométriques, on
choisit le rapport ∆σ σ égal à 1.

L'équation {3.40} devient alors :

∂ 2∆u ∂∆u
{3.42} cv =
∂z 2 ∂t

et peut alors être considérée à coefficients constants. Elle peut de ce fait être intégrée plus
généralement, en éliminant ce coefficient par un changement de coordonnées dans le but de
rendre le problème adimensionnel.
On définit :
• la profondeur relative:

{3.43} Z= z
Hw

Hw étant la plus grande distance de parcours d'une particule d'eau, dans ce cas Hw =
H/2, le plan médian de l'échantillon n'étant pas soumis à écoulement;
• le facteur temps ou durée de consolidation :

cv t k .t k .Eoed .t γ w .H w2
{3.44} Tv = = = ou t = .Tv
H w2 mv .γ w .H w2 γ w .H w2 k .Eoed

L'équation de la consolidation peut notamment être résolue par série de Taylor. Sa


résolution fournit par exemple les isochrones des pressions interstitielles induites ∆u(ti, zj)
rapportée à l'accroissement de contraintes ∆σv qui sont données à la figure dans le cas d'un
drainage de l'éprouvette par les deux bases.
Le degré de consolidation U peut donc être calculé en introduisant les solutions de
3.43 dans 3.29. Compte tenu du changement de coordonnées, on obtient que U est une
fonction uniquement de Tv (courbe m = 1). Dans le cas d'une des deux bases imperméables, la
fonction U(Tv) est également donnée à la figure pour cinq valeurs de m=∆u1 .
∆u2
Par le fait que le plan médian d'une éprouvette drainée par les deux bases n'est pas
soumis à écoulement, celle-ci peut être considérée comme la superposition de deux demi-
éprouvettes drainées par une seule base. La fonction U(Tv) est donc valable
pour les deux cas de drainage.

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U (z,i t)i
∆σ’v (z,j t)i ∆ u (z,j t)i
∆σv ∆σv

0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1

U (z,j t)i

zj

Tv = oo

0.2 0.5 0.8


0.4 0.7
0.1
0.3 0.6 0.9

Tv = 0.05

Tv = 0

Le coefficient de consolidation cv verticale et en conséquence la perméabilité peuvent


se déduire de la courbe de consolidation tracée expérimentalement en y faisant coïncider la
courbe théorique U(Tv). Plus simplement, on peut considérer la coïncidence en un point assez
éloigné non seulement de l'origine, où le mouvement est non permanent et où les lectures sont
les moins précises, mais aussi de la fin de la consolidation hydrodynamique qui est perturbée
par le début de la consolidation secondaire. On choisit le plus souvent U = 50 % ce qui
correspond à Tv ≈ 0,2.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 22

0 1
Tv
0 0.197 1 Tv

50

5 0.5
0
1

m= oo

90

100 100
0.798 0.921= 0.798 * 1.15
% U % U
∆u1,0pour t= 0

∆u2,0pour t= 0
m= 1 0 oo <1 >1

3.5. Dilatations et pressions de gonflement

Le phénomène de consolidation peut être perturbé lorsque le sol n'est pas saturé en
place et qu'il contient des minéraux gonflants. En effet, dans ce cas, au moment de sa mise
sous eau dans l'oedomètre, il est susceptible de se dilater. On peut :
- soit le laisser gonfler et mesurer la dilatation de gonflement (εg - εi) sous une
charge donnée σi. Le gonflement est évidemment maximum sous les plus faibles
charges. Pour des charges élevées, on observe un tassement. La pression neutre σn
correspond à une variation de volume nulle lors de l'humidification;
- soit empêcher ce gonflement en maintenant εi constante, et en mesurant la
pression de gonflement σg.

Ces pressions de gonflement peuvent atteindre la pression neutre σn ; elles valent, par
exemple, pour :
- l'argile de Londres : de 0,2 à 1 MPa,
- l'argile noire à coton (Black cotton soil) : 0,3 MPa

Ce sont les montmorillonites et plus particulièrement celles à ions Na+ qui sont
gonflantes (jusqu'à 1000 % de déformation). Les gonflements in situ peuvent atteindre

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 23

plusieurs dizaines de pour-cent. Quand le degré de saturation de ces sols diminue, ils
présentent des retraits importants.
Le caractère gonflant peut être suspecté à partir des résultats d'essais de classification; en
effet, il apparaît que, pour un matériau donné, l’indice de plasticité des limites d’Atterberg IP
est proportionnel au pourcentage de grains inférieurs à 2 µm et que le coefficient de
proportionnalité est d'autant plus grand que le matériau est gonflant.

3.6. Consolidation secondaire

La consolidation dite secondaire correspond au fluage de l’échantillon. Ce fluage est un


phénomène très lent par rapport à la consolidation primaire. La différenciation des deux
phénomènes est d'autant meilleure que la distance maximum de drainage Hw est faible, car la
consolidation primaire est alors relativement plus rapide, la consolidation secondaire étant,
elle, indépendante de Hw.
La consolidation secondaire est souvent caractérisée par le taux de consolidation
secondaire Cα qui représente la pente de la courbe de fluage (ε, ln t) :

{3.45} Cα = ∆ε
∆logt

log t
t 10 t


1
εv

Habituellement, Cα vaut pour les :


• argiles normalement consolidées : de 0,005 à 0,02
• sols très plastiques, sols organiques : 0,03
• argiles préconsolidées avec une préconsolidation > 2 * contrainte naturelle : 0,001

Ce coefficient Cα croît avec les contraintes.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 24

4. Compression triaxial

4.1. Introduction

Dans les massifs, les compressions ne sont généralement pas uniaxiales car le terrain
environnant s'oppose à la déformation transversale. Il naît ou il existe préalablement une
contrainte latérale.
En laboratoire, on simule cette contrainte en appliquant une pression de fluide sur la
surface cylindrique d'une éprouvette soumise à compression.
Classiquement, cet essai est dit de compression triaxiale ou de cisaillement triaxial ou
tout simplement essai triaxial.
Il s'agit en fait d'un essai de compression triaxiale particulier, axisymétrique, pour
lequel σ2 = σ3. Les essais avec σ2 ≠ σ3 sont très malaisés à réaliser; ils sont nommés, pour
éviter la confusion, essai de compression triaxiale vraie ou essai de compression multiaxiale,
ils sont exécutés sur des éprouvettes cubiques ou cylindriques creuses.
Les essais de compression triaxiale sont couramment utilisés pour tracer les courbes
intrinsèques, et définir ainsi les caractéristiques de résistance des sols et des matériaux
rocheux.

4.2. Description

L'éprouvette cylindrique est placée entre deux disques poreux (rarement entre des
disques pleins) et entourée d'une membrane très souple en latex. L'ensemble est déposé dans
une enceinte cylindrique étanche. La base de l'enceinte est percée de plusieurs conduits
permettant d'appliquer la pression de confinement σ3 ou de consolidation isotrope σ’c, de
mesurer la pression interstitielle aux deux bases, de drainer et de saturer l'éprouvette. Le
couvercle contient un piston axial qui permet de pousser sur la base supérieure de l'éprouvette
en plaçant l'ensemble dans une presse. La contrainte axiale σ1 est égale à la somme de la
pression de confinement σ3, car elle agit également sur les bases, et du déviateur (σ1 - σ3)
produit par l'effort appliqué F. La pression de confinement σ3 peut être préréglée et maintenue
constante à des valeurs souvent inférieures à 1 MPa.
Les disques des bases doivent être très perméables pour permettre la saturation de
l'éprouvette ou la dissipation des pressions interstitielles. De plus, les pressions interstitielles
dans ces disques doivent pouvoir être mesurées à volume constant (pas de drainage) ou dans
le cas d'un drainage avec dissipation complète des pressions interstitielles, le volume échangé
avec l'extérieur doit pouvoir être également mesuré.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 25

Pour se placer dans les conditions les plus défavorables, mais aussi dans des
conditions bien définies et aisément reproductibles, l'éprouvette est généralement saturée.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 26

4.3. Types d'essais

Avant le début de l'application de l'effort de cisaillement F, l'éprouvette peut être non


consolidée (NC ou U) ou consolidée (C).
Dans le premier cas (essai non consolidé NC), dès que la pression de confinement est
appliquée, le cisaillement est commencé.
Dans le second cas, le plus courant, (essai C), une pression de confinement est d’abord
appliquée. On laisse se dissiper les surpressions interstitielles engendrées, comme lors des
paliers de charge de l’essai oedométrique. Le cisaillement n'est effectué qu'après dissipation
totale des pressions interstitielles. Le volume d'eau expulsé et le tassement sont mesurés.
Lors du cisaillement, on peut maintenir :
• soit la pression interstitielle constante (égale à la pression initiale imposée, nulle ou
égale à une valeur appelée contre-pression2). En choisissant une vitesse de
cisaillement suffisamment lente en en entourant, si nécessaire, l'éprouvette de drains,
le drainage se fait sous très faible gradient. L'essai est alors dit drainé (D) et les
variations de volume d'eau sont mesurées;
• soit le volume d'eau interstitielle constant, l'essai est alors dit non drainé (ND ou U) ;
la pression interstitielle est alors généralement mesurée. Dans ce cas, l'essai peut être
plus rapide, les mouvements d'eau étant localisés principalement dans la zone de
rupture, sont petits. Il faut, lors de la mesure de u, éviter tout mouvement d'eau vers
l'extérieur en utilisant des capteurs de pressions aussi rigides que possible.

La combinaison de ces possibilités conduit à trois types d'essais :


1. essais consolidés drainés, désignés par (C, D) ;
2. essais consolidés non drainés, désignés par (C, ND) ou par (C, U);
3. essais non consolidés non drainés, désignés par (NC, ND) ou par (U, U) ou encore
par Q (quick).

La quatrième possibilité (NC, D) n'est pas bien définie, car l'éprouvette se consolide
plus ou moins lors du cisaillement lent et, de ce fait, son état de consolidation évolue d'une
manière inconnue.

2
La contre-pression a principalement pour effet de contribuer à assurer une bonne saturation de l’échantillon.
Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 27

Le type d'essais sera choisi pour répondre au mieux aux conditions réelles :

état de consolidation
- échantillons non consolidés pour des remblais nouveaux;
- échantillons consolidés sous les contraintes correspondantes à la profondeur pour
l'étude de la stabilité d'un massif dans les conditions naturelles ou après
déchargement;
- échantillons consolidés sous contraintes réelles pour l'étude de la stabilité d'un
massif après consolidation;
- échantillons consolidés sous pression latérale d'essai si conditions non définies.

état de drainage en cours d'essai


- essais drainés (ou à défaut non drainés avec mesure de la pression interstitielle)
pour des calculs de stabilité à long terme sur les matériaux peu perméables et dans
tous les cas pour les matériaux perméables;
- essais non drainés pour les calculs à court terme en contraintes totales pour des
matériaux très peu perméables et saturés ou essais non drainés avec mesure de u
pour les calculs à court terme en contraintes effectives si les u in situ sont connus.

4.4. Réalisation

Les détails de réalisation ne peuvent être considérés dans le cadre de ce cours


élémentaire.
Pour les essais consolidés, la courbe de consolidation sous contraintes hydrostatiques
σc ou plus rarement sous contraintes principales σ’c1 et σ’c2 = σ’c3 différentes, est tout à fait
semblable à une courbe de consolidation oedométrique. Le volume d'eau expulsé ∆Vw est
mesuré. La consolidation est poursuivie jusqu'à la fin de la consolidation primaire.
Lors du cisaillement, l'éprouvette est comprimée à une vitesse d’écrasement ou de
déformation constante, et la pression latérale σ3 (de confinement) est maintenue constante.
L'effort de compression, et si possible la variation de volume d'eau de l'éprouvette drainée ou
la variation de la pression interstitielle u, sont relevés en fonction du déplacement du piston.
L'effort est augmenté, soit jusqu'à l'obtention d'une rupture franche qui peut être
aisément observée pour un matériau à caractère fragile avec formation d'un plan de
glissement, soit jusqu'à 15 ou 20 % de raccourcissement lors de la déformation de l'éprouvette
en tonneau pour les sols plastiques. La contrainte principale maximum σ1 (ou le déviateur σ1 -
σ3) est calculé(e) en tenant compte des variations de section de l'éprouvette.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 28

4.5. Interprétation
Le déviateur des contraintes à la rupture (σ1 - σ3)f se calcule à partir de la valeur de
l'effort appliqué par le piston à l'éprouvette et de l'aire de sa section droite Af. Il faut
tenir compte de la variation de diamètre au cours de la compression. On peut soit mesurer
directement le diamètre, soit le calculer quand l'échantillon est saturé en supposant que la
section moyenne est le rapport du volume de l'éprouvette à sa hauteur.
Pour des sols non plastiques, la rupture est définie sans équivoque : le pic du déviateur
est bien marqué. Il est suivi d’une chute rapide des contraintes.
Pour les sols purement plastiques (σ1 - σ3)f est également bien défini : le déviateur
atteint un plateau.
Pour des sols plastiques avec radoucissement, on peut définir (σ1 - σ3)f = (σ1 - σ3)max
[ou (σ1 - σ3)pic] et le déviateur correspondant à la résistance résiduelle (σ1 - σ3)R.
Pour les sols plastiques avec raidissement, (σ1 - σ3) continue à croître même pour de
grandes valeurs de ε. On suppose que la rupture est atteinte pour un ε conventionnel, par
exemple de 20 %.

log t
(σ1−σ3)f
σ1−σ3

σ1−σ3
(σ1−σ3)f

ε ε
σ1−σ3

σ1−σ3

(σ1−σ3)max
(σ1−σ3)f

(σ1−σ3)R

ε 20 % ε
Parfois, on adopte comme critère de rupture (σ’1/σ’3)max. Les valeurs de σ’1f à la
rupture sont généralement peu différentes de celles obtenues par le critère du déviateur
maximum.
La distinction entre les contraintes normales totales σ et effectives σ' ne peut se faire
en toute rigueur que si on mesure la pression interstitielle u.

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Propriétés mécaniques 4— 29

La courbe intrinsèque est l'enveloppe des cercles de Mohr à la rupture. Un essai


conventionnel est réalisé avec trois ou quatre éprouvettes sollicitées à des contraintes de
confinement différentes. Le tracé de la courbe intrinsèque est alors aisé à partir d'essais à 3 ou
4 pressions latérales différentes.
La pression interstitielle étant isotrope, le déviateur des contraintes est le même en
contraintes totales et en contraintes effectives :
(σ’1 - σ’3) = [(σ1 - u) - (σ3 - u)]
{4.1}
= (σ1 - σ3)

La pression interstitielle n'ayant pas de composante tangentielle :

{4.2} τ' = τ

σ
σ3 σ1

Le cercle en contraintes effectives s'obtient donc simplement en translatant le cercle en


contrainte totale de la valeur de u vers l'origine des axes quand u > 0 et dans le sens inverse
quand u < 0.

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Propriétés mécaniques 4— 30

4.6. Comportements à la rupture des sols

4.6.1. Modèle de Mohr-Coulomb

Pour un matériau vierge et pour de grandes plages de contraintes de confinement, la


courbe intrinsèque de Mohr a une allure parabolique.

Pour les contraintes habituelles dans les travaux de génie civil (souvent inférieures à 1
MPa), pour une plage de contraintes d’étendue relativement limitée, la courbe est quasi
linéaire, son équation s'écrit :

{4.3} τf = c' + σ’ tg φ’

ou

{4.4} τf = cu + σ tg φu

C'est le critère de rupture de Coulomb ; en réalité il est symétrique par rapport à l'axe
des σ’, σ et il faudrait écrire:

{4.5} ⏐τf ⏐= c' + σ’ tg φ’

et

{4.6} ⏐τf ⏐= cu + σ tg φu

τ τ

τf = c ’ + σ’ tg φ’ τf = c u + σ tg φ u
φ’ φu
c’ cu

σ’ σ
τ τ
cu

(φu), φ’
(σ), σ’ σ

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 31

Les caractéristiques de résistance sont définies par les ordonnées à l'origine, nommées
cohésion effective c’ ou cohésion apparente cu et par les pentes caractérisées par l'angle de
frottement interne effectif φ’ ou l'angle de frottement apparent φu.
Les terrains non cohérents (sans cohésion ou non cohésifs) sont caractérisés par des
droites intrinsèques passant par l'origine (c’ = cu = 0).
Les sols purement cohérents (ou cohésifs) sont définis par une courbe intrinsèque
horizontale (φ’= φu = 0) d'ordonnée cu qui est nommée dans le cas d'un sol saturé et non
drainé, cohésion non drainée.
On peut également représenter les résultats de l’essai dans le plan p’-q, avec la
contrainte moyenne p'=σ'1+2σ'3 et le déviateur q=σ'1−σ'3

Le critère de rupture de Mohr – Coulomb suppose que la rupture se produit par


glissement sur les deux facettes pour lesquelles le cercle de Mohr est tangent aux droites
φ' φu
intrinsèques. Les directions de rupture dr font des angles de ⎛⎜ π + ⎞⎟ ou ⎛⎜ π + ⎞⎟ par rapport à
⎝ 4 2⎠ ⎝4 2⎠
la direction de la facette principale sur laquelle agit σ’1.

τ
dr

σ3

π -φ’ σ1
φ‘ R α 2
C σ’
φ‘ α π -φ’
2

[π−( π2 − φ’)]
α= 2

φ’
α = π4 + 2
dr

Pour un matériau purement cohérent les directions de rupture sont donc inclinées de
π/4 sur les directions principales.
Pour que ce critère soit valable quand il y a du frottement, il faut que la contrainte
normale σ’ (ou σ) soit positive (c'est-à-dire une compression) sinon ce frottement n'est pas
possible.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 32

Les caractéristiques en contraintes effectives φ’ et c' sont pratiquement indépendantes


du type de cisaillement, ce sont donc les caractéristiques qui doivent être considérées comme
intrinsèques. Les caractéristiques en contraintes totales dépendent de l'évolution de la pression
interstitielle et donc du type d'essai; elles sont une combinaison des caractéristiques
intrinsèques du squelette du sol et de l'eau interstitielle. Elles ne devraient donc être utilisées
que lorsqu'elles sont les seules données connues ou dans certains cas particuliers.

Les concepts de cohésion et d'angle de frottement sont des notions définies


théoriquement pour représenter l'équation de la courbe intrinsèque du sol assimilée à la
droite ; considérer c' et φ’ comme des caractéristiques mécaniques dissociables n'a pas de
fondements réels, il est plus logique de considérer la notion globale de résistance au
cisaillement τf.

4.6.2. Cas des sols granulaires ou à frottement interne –


sables et graviers

Pour les sables et les graviers, la résistance au cisaillement a deux origines


principales:
- la résistance au frottement des grains sur les grains (due à la friction et aussi au
roulement);
- la résistance due à l'enchevêtrement.
Pour les sables lâches, c'est la résistance de frottement qui est prépondérante tandis
que pour les sables compacts, l'effet de l'enchevêtrement peut ne plus être négligeable, ce qui
conduit à des résistances au cisaillement importantes, avec parfois une cohésion apparente.
Pour de faibles porosités (et donc de grandes densités), le diagramme contraintes
déformations présente un maximum τf pour se stabiliser à une valeur résiduelle τR, valeur qui
correspond à la valeur maximum d'un sable lâche.
Les variations de volume correspondant à ces différentes porosités sont des
contractions pour des sables lâches, même soumis à des compressions faibles et des
dilatations suivies d'une faible réduction de volume pour des sables compacts même fortement
comprimés.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 33

τ τ
τf τf
Sable dense
τR τR
Sable Sable
dense lâche
Sable lâc he

Déformation de cisaillement

∆V e1 e c rit e2
V
Sable dense

Déformation de cisaillement

Sable lâc he

A titre indicatif, les valeurs habituelles des angles de frottement φ’f et φ’R des
matériaux non cohérents correspondant respectivement aux résistances maximum (de pic) et
résiduelle sont données au tableau (en degrés).

φ’f φ’f φ’R


État moyennement État dense
dense
Silts 28° à 32° 30° à 34° 26° à 30°
Sables uniformes fins ou moyens 30° à 34° 32° à 36° 26° à 30°
Sables fins à granularité étalée 34° à 40° 38° à 46° 30° à 34°
Sables gros ou graviers 36° à 42° 40° à 48° 32° à 36°

L'indice des vides critique d'un sable soumis à une compression latérale de
confinement σ3 donnée, est défini comme étant l'indice des vides correspondant à la variation
de volume nulle pour de grands déplacements (à condition que l'évolution de cette variation
de volume ne soit jamais une contraction).
En saturation partielle, pour de faibles teneurs en eau, les forces capillaires
engendrent des tensions superficielles, et des pressions de contact entre grains et donnent
naissance ainsi à une cohésion (qu'il faudrait nommer de type capillaire). Pour des sables
contenant des éléments fins, cette cohésion peut atteindre de quelques dizaines à plusieurs
centaines de kPa. Cette cohésion capillaire disparaît quand la teneur en eau se rapproche de
zéro et quand le sable se sature. C’est une des raisons pour lesquelles les essais triaxiaux sont
généralement réalisées sur des échantillons saturés le parfaitement possible.
Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 34

En ce qui concerne l'angle de frottement interne φ’, la différence entre les valeurs à
l'état sec et à l'état saturé n'est que de 1 ou 2°. La perte de résistance d'un sable due à l'eau,
sous les mêmes contraintes effectives, est donc très faible. L’eau ne joue donc nullement le
rôle d’un lubrifiant !
Lors d'un cisaillement de sable saturé non drainé, la pression interstitielle u évolue
différemment suivant l'état de porosité initiale. Pour un sable dense, le sable a tendance à
dilater. La condition non drainée et la grande raideur de l’eau empêche cette déformation. Il
en résulte que u diminue, d'autant plus que n est faible. Pour un sable lâche, la tendance est
une contraction. Comme l’essai est non-drainé, cette tendance est contrecarrée par l’eau et u
augmente. Au schéma ci-dessous, l'influence des variations de u sur la résistance apparaît
également.

(σ1−σ3) (σ1−σ3)
kPa kPa
1500

dense
750
150
lâche
LACHE
DENSE

u u 75

Dans le cas de sables fins saturés, de porosité supérieure à la valeur critique (donc
très lâches), les contraintes effectives peuvent s'annuler lors d'un remaniement même très
localisé. En effet, à cette porosité tout cisaillement du sable à l'état sec se ferait avec
diminution de volume des vides interstitiels. A l'état saturé, cette réduction de la porosité est
empêchée par la présence d'eau, qui se met en pression à cause de la faible perméabilité. Le
sol se transforme alors en une suspension de sable dans l'eau et s'écoule à la manière d'un
liquide. Ce sont les sables mouvants (quick sands).

4.6.3. Cas des sols cohérents – argiles

Pour les sols cohérents (dans notre pays, il s’agir principalement des argiles et des sols
argileux), il est primordial de faire la différence entre les caractéristiques intrinsèques (φ’, c')
correspondant à l'état des contraintes effectives ou à un cisaillement drainé et les
caractéristiques apparentes relatives aux contraintes totales obtenues par un essai non drainé
(φu , cu).
Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 35

Dans le cas d'un sol complètement saturé et d'un essai non drainé sur matériau vierge,
le déviateur des contraintes qf = (σ1 - σ3) à la rupture est presque indépendant de la pression
interstitielle initiale. Les changements de volume sont négligeables. Le sol a un comportement
parfaitement plastique, la résistance au cisaillement est quasi indépendante des contraintes
normales totales, dans ce cas φu = 0, cu =σ 1 −σ 3 et u = σ3. Le déviateur σ1 - σ3 étant
2
indépendant de la pression interstitielle u et la contrainte effective σ’3 = (σ3 - u) étant nulle,
un seul cercle peut donc être tracé en contraintes effectives.

τ τ
cu cu

σ3 σ1 σ σ’3=0 σ’1 σ’

Dans le cas d'éprouvettes saturées de sols argileux, consolidées sous σ’c = σ’3, le
comportement lors d'un cisaillement non drainé est différent suivant que :
• σ’c > la contrainte de préconsolidation σ’p, l'éprouvette est alors normalement
consolidée sous σ’c et τf est proportionnel à σ’c ;
• σ’c < σ’p ; l'éprouvette est alors surconsolidée sous σ’p et τf > à la résistance d'une
éprouvette normalement consolidée.

τf τf
argiles surconsolidées.

argiles normalement
consolidées.
φ’
c’

φ’ σ’ σ’

La courbe de τf en fonction de σ’c, est formée de deux tronçons; le premier, une


courbe, pour les échantillons surconsolidés et le second, une droite, passant par l'origine pour
les essais normalement consolidés.
Dans le cas d'essais drainés, d'argiles normalement consolidées, la courbe (droite)
intrinsèque passe par l'origine. Si le sol est surconsolidé, la résistance sous contrainte normale
nulle, c'est-à-dire la cohésion effective, est supérieure à zéro et dépend de σ’c.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 36

5. Cisaillement direct
L'essai de cisaillement direct est la plus ancienne et la plus simple des méthodes de
détermination de la courbe intrinsèque correspondant à une rupture par cisaillement. Les
appareils classiques imposent un cisaillement technologique suivant un plan imposé. De rares
appareils sophistiqués permettent de réaliser un cisaillement théorique uniforme dans
l'éprouvette. Le principe de l'essai classique est d'appliquer une contrainte normale à une
éprouvette relativement mince et de provoquer un cisaillement dans un plan normal par
application d'une contrainte tangentielle τ croissante jusqu'à rupture. L'essai est recommencé
deux ou trois fois avec des contraintes normales σ différentes, pour pouvoir tracer une courbe
intrinsèque.

b) cisaillement
homogène
a) état initial
c) cisaillement
technologique

Cet essai est moins précis que l'essai triaxial pour les sols cohérents, les conditions de
consolidation et de drainage étant moins bien contrôlées. Pour les sables, il donne de bons
résultats en conditions drainées.
L'appareil classique est dénommé "boîte de cisaillement de Casagrande".
L'éprouvette de sol est placée ou confectionnée dans deux demi-boîtes superposées dont
le plan de séparation impose le plan de cisaillement.
On applique un effort normal N par l'intermédiaire d'un piston et de bases pleines ou
constituées de pierres poreuses, on maintient N constant. On applique ensuite un effort de
cisaillement T en imposant un déplacement relatif des deux demi-boîtes, généralement à
vitesse constante.
L'éprouvette d'un matériau argileux peut être consolidée (avec des bases poreuses) ou
non consolidée (avec des bases pleines). Au cours du cisaillement l'éprouvette peut soit être
drainée (vitesse lente et bases poreuses) soit non drainée (vitesse rapide et bases pleines).
Deux types d'essais peuvent donc être réalisés, soit consolidé-drainé, soit non consolidé – non
drainé.
Pour les sables, le drainage ne peut être empêché par l'espace entre les demi-boîtes; seul
un essai consolidé – drainé peut donc être réalisé.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 37

La pression interstitielle est malaisée à mesurer. La répartition des contraintes, surtout


en ce qui concerne les composantes tangentielles n'est pas uniforme, les τ sont manifestement
plus grands près des parois qu'au centre. Pour de grands déplacements, les demi-échantillons
débordent et l'effort normal s'excentre d'où les contraintes σ se répartissent non
uniformément.
En cours d'essai, la contrainte principale majeure σ1 s'incline de plus en plus (à partir de
la verticale). L’essai n’impose donc pas un état de contrainte simple et homogène.
Les courbes τ en fonction du déplacement sont semblables à celles du déviateur dans les
essais triaxiaux.
Habituellement, les composantes de la contrainte de rupture sur le plan de cisaillement
sont supposées uniformes, en considérant éventuellement la section réduite réelle. Le tracé de
la courbe intrinsèque est direct puisque σf et τf sont connus.

τ
τf F R
σf
σ3 Σ1 σ τf
Σ3 σf τf
σ1
σf

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Propriétés mécaniques 4— 38

τ σ

τf

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Propriétés mécaniques 4— 39

6. Pressiomètre (Ménard)

L'essai consiste à mesurer la déformation radiale moyenne d'un forage en fonction de


la pression appliquée par de l'eau.
Le pressiomètre est composé :
• d'une sonde tricellulaire de diamètre compris entre 32 et 115 mm et qui est formée d'une
cellule de mesure centrale et de deux cellules de garde de part et d'autre pour que le
champ des déplacements puisse être considéré comme radial au niveau de la cellule
centrale de mesure;
• d'un contrôleur pression-volume (CPV) destiné à mesurer le volume d'eau injecté dans la
cellule de mesure (qui permet de calculer la variation moyenne de diamètre
correspondante en fonction de la pression d'injection);
• de tubulures de connexion de la sonde au CPV.

La sonde est descendue de façon différente suivant la nature des sols. Habituellement,
on réalise un forage et on la glisse simplement. En terrain pierreux, elle est protégée par un
tube fendu en acier. Parfois, on utilise des sondes autoforeuses ou battues.
L'essai est réalisé à une profondeur déterminée par paliers de charges de durées
constantes égales à 60 (ou 120) secondes. Une mesure intermédiaire est faite à 30 (ou 60)
secondes. Le volume total d'eau injecté dans la sonde est donc mesuré après 30 et 60
secondes; il est noté V30 et V60 (ou V60 et V120).
La courbe pressiométrique fournit le volume V60 (ou V120) fonction de la pression
appliquée p. Parfois, la courbe "inverse" est tracée, donnant 1/V.
La courbe de fluage correspond à V60 - V30 (ou V120 - V60).
Les valeurs de la pression appliquée au terrain et du volume correspondant aux
déplacements radiaux du forage sont calculées en tenant compte de divers facteurs correctifs,
notamment :
• la différence de hauteur piézométrique,
• l'inertie propre de la sonde et éventuellement du tube fendu de protection,
• la variation de volume des tubulures et accessoires.

Les courbes font apparaître trois comportements différents :


• d'abord une remise en place (recompaction) du terrain détendu,
• ensuite un comportement quasi linéaire dit pseudoélastique,
• finalement une plastification du terrain.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 40

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 41

p
0 0 0
8 1 4
2
1 2 temps
60 120 300 s

V-V
60 30

n
o 1
V tic
a V
p
m
o état pseudo état
c
e plastique plastique
r

1
V V

∆p

p0 pf pl p

V-V
60 30

p0 pf pl

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 42

Les limites de ces trois comportements sont :


• La pression naturelle p0 qui est le plus souvent définie par des considérations
indépendantes de l'essai pressiométrique. C'est la contrainte qui existait sur une facette
verticale avant perturbation. Généralement, on considère que p0 est égale, en terrain
normalement consolidé, à :

{6.1} p0 =K0σ v0

avec
K0 = coefficient de poussée au repos pris souvent égal à (1 - sin φ) ou (0,95 - sin φ),
σv0 = contrainte sur une facette horizontale égale à γ.z ou (γ - γw).z.
• La pression de fluage pf correspond à la première plastification (à la périphérie du trou),
elle est déterminée à partir de la courbe de fluage, c'est-à-dire des V60 - V30 ou à partir de
la courbe pressiométrique inverse, c'est-à-dire des 1/V.
En théorie, on peut relier pf à c et φ. Après rétablissement de la pression naturelle, une
augmentation ∆p dans le forage se traduit dans le sol, supposé élastique, par une
diminution égale de la contrainte circonférentielle ∆σθ. A la première plastification :

{6.2} p f − p0 =( p0 +ccot gφ )sinφ

d'où

{6.3} p f = p0(1+sinφ )+c cosφ

Cependant il n'est pas recommandé d'utiliser cette formule, le corps ne pouvant pas être
considéré comme linéairement élastique, mais seulement comme pseudo élastique.
• La pression limite p1 correspond à des déplacements non limités, c'est-à-dire à la rupture
globale du terrain. Elle est déterminée facilement par la courbe inverse, mais souvent elle
est prise conventionnellement égale à la pression qui conduit à doubler le volume initial
de la sonde.
La zone pseudo élastique permet de définir un module de déformation (de distorsion)
du sol appelé module pressiométrique Ep. D'après la théorie de l'élasticité (théorie du cylindre
épais – cours de mécanique du solide déformable), on peut écrire :

{6.4} ε r = dr = 1 dp
r 2G

avec dr r = variation relative du rayon,


dp = variation de pression considérée,
G = module de cisaillement.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 43

Comme

{6.5} V = π.l.r²

avec l = longueur de la sonde,

{6.6} dV =2πlr .dr

{6.7}
dV = 2πlr dr =2 dr = dp
V 2πlr 2 r G

La courbe pressiométrique pouvant être assimilée à une droite dans la partie pseudo
élastique du comportement du sol, on définit :

∆p
E p =2(1+ν )
{6.8} ∆V
V

Souvent, on considère une valeur moyenne de ν = 0,33. D'où finalement :

∆p
{6.9} E p =2.66V
∆V

Parfois des cycles de chargement-déchargement sont effectués en vue de déterminer


les modules pressiométrique de déchargement et alternés.
Les plages habituelles de Ep, p1 et Ep/p1 sont données au tableau suivant.

Sols Ep en MPa pl en kPa Ep / pl


min max min max min max
Vases et tourbes 0.2 1.5 50 150 10
Argiles molles 0.5 3 50 300 10
Argiles plastiques 3 8 300 800 10
Argiles raides 8 40 600 2000 13 20
Marnes 5 60 600 2000 8 30
Sols vaseux 0.5 2 100 500 5 4
Limons 2 10 200 1500 10 6.7
Sables et graviers 8 40 1200 5000 6.7 8
Sables sédimentaires 7.5 40 1000 5000 7.5 8
Rochers calcaires 80 20000 3000 10000
Remblais récents 0.5 5 50 300 10 16.7
Remblais anciens 4 15 400 1000 10 15

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 44

Le rapport Ep/p1 est une caractéristique du terrain, les valeurs élevées, de 12 à 30, se
rencontrent dans les sols surconsolidés, les faibles valeurs, de 5 à 8, sont plutôt notées dans les
terrains alluvionnaires ou remaniés.
La physionomie du site s'obtient en réalisant des essais, par exemple tous les mètres et
en présentant les résultats comme indiqué à la page suivante.
Il n'est pas recommandé de calculer les caractéristiques au cisaillement c et/ou φ à
partir de l'essai pressiométrique, puis de calculer une fondation ou une poussée des terres. Il
est préférable de se référer aux méthodes semi empiriques proposées par Ménard.

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Propriétés mécaniques 4— 45

7. Essais de pénétration

7.1. Essai de pénétration au cône – CPT

7.1.1. Généralités

L'essai de pénétration au cône (Cone Penetration Test), en abrégé CPT, a fait l'objet
d'une recommandation de la Société Internationale de Mécanique des Sols et des Travaux de
Fondations (S.I.M.S.T.F.). Il a aussi été appelé précédemment essai de pénétration statique,
essai de pénétration en profondeur, ou sondage (en Belgique),

7.1.2. Description

Le CPT consiste à mesurer la résistance à l'enfoncement dans le sol à la vitesse de 2


cm/s d'un cône et éventuellement la résistance au frottement d'un tube en fonction de la
profondeur. Les efforts mis en œuvre pour obtenir cet enfoncement peuvent atteindre 20
tonnes.
Les pointes sont constituées essentiellement (cf. page suivante) :
• d'un cône, soit coulissant (ou mobile) type M1 ou M4, soit "fixe" type standard
ISMSFE;
• éventuellement d'un manchon de mesure du frottement latéral (dit aussi local), soit
coulissant type M2, soit "fixe" type standard ISMSFE ou E2.

Les pointes sont vissées à un train de tubes (de 1 m de longueur) assemblées entre eux
par vissage. Ces tubes contiennent :
- dans le cas des pointes coulissantes, un train de tiges transmettant l'effort au cône;
- un câble dans le cas de pointes fixes transmettant les informations des capteurs
d'efforts.
Les tubes (et tiges) sont enfoncés par vérinage. Les cônes ont le plus souvent un angle
au sommet de 60° et une section de la base de Ac = 10 cm² (diamètre φ = 35,7 mm). Les tubes
(ou fourreaux) ont la même section. Les manchons de frottement ont généralement une aire de
150 cm².
L'effort maximum d'enfoncement varie de 25 à 250 kN. La réaction nécessaire est
fournie le plus souvent par le poids du véhicule porteur de la machine (qui doit être lesté, pour
peser plus de 25 tonnes) ou plus rarement par ancrage dans le terrain par tarières hélicoïdales
courtes. Dans le cas de pointes coulissantes, les efforts de cône et de frottement sont lus sur
des manomètres ou des dynamomètres placés entre les tubes et le vérin. Dans le cas de pointes

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Propriétés mécaniques 4— 46

fixes, les capteurs d'effort sont placés directement à l'arrière du cône ou du manchon de
frottement.

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Propriétés mécaniques 4— 47

7.1.3. Interprétation

Les figures (ci-dessous et page suivante) donnent deux exemples de diagrammes des
mesures effectuées.

La résistance de cône qc peut être interprétée en vue de déterminer les caractéristiques


de résistance du sol en utilisant les formules de capacité portante des pieux (cf. cours de
fondations indirectes). Toutefois, il faut noter que seuls un ou deux paramètres peuvent être
mesurés. De plus, ils correspondent à un état de sollicitation très hétérogène. L’interprétation
de l’essai en terme de capacité de résistance est donc toujours délicate et demande beaucoup
de prudence de la part de l’ingénieur.

Dans le cas de terrains homogènes purement cohérents (φ = 0), on admet :

{7.1} qc = Nc .cu

où cu est la cohésion non drainée.

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Propriétés mécaniques 4— 49

Pour un cône simple, Nc est le facteur de capacité portante correspondant à l'effet de la


cohésion qui vaut environ 10, la formule 7.1 s'écrit simplement :

qc
{7.2} cu =
10

Pour un cône à jupe (sur laquelle le sol refoulé crée un effort de frottement parasite),
Nc est majoré souvent de 50 à 80 %, ceci conduit à :

qc qc
{7.3} <cu <
18 15

Dans ces formules, au lieu de la résistance de cône qc, il est plus correct de considérer
le "déviateur" qc - σv0 qui régit la plastification du sol, les formules s'écrivent alors :
- pour le cône simple :

qc −σ v0
{7.4} cu =
10

- et pour la pointe à jupe :

(qc −σ v0) (qc −σ v0)


{7.5} <cu <
18 15

Dans le cas de terrains non cohérents (c = 0), on admet :

{7.6} qc = Nq .σ’v0


- σ’v0 est la contrainte naturelle verticale effective (charge) au niveau du cône;
- Nq est le facteur de portance relatif aux surcharges, il dépend très principalement
de φ’et aussi de la forme de la surface de refoulement imaginée (c'est-à-dire des
chercheurs qui se sont attelés à définir la relation entre Nq et φu).
Le plus fréquemment, en Belgique, on utilise la formule très prudente proposée par
De Beer pour des terrains incompressibles de caractéristiques (cu, φu) et (c', φ’). Dans ce cas
le drainage n'étant pas complet, on détermine un angle de frottement apparent φu en émettant
des hypothèses sur la valeur de φ’ et en ne considérant pas c et c' :

{7.7} qc = f (φ’, φu).(σvo - u0)


avec
⎡ φu ⎤ tgφ
f(φ',φu)=1.3⎢e2πtgφu tg 2⎛⎜ π + ⎞⎟−1⎥ ′ +1
⎣ ⎝ 4 2 ⎠ ⎦ φu

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Propriétés mécaniques 4— 50

en prenant φ’ = 30° quand φu < 30°,


et φ’ = φu quand φu > 30°.

De nombreuses autres formules ont été établies, les principales sont reprises à la figure
de la page suivante. Il apparaît une très grande divergence entre les résultats des théories
proposées par les différents chercheurs. Lors du calcul des fondations, il est impératif de se
référer à la théorie basée strictement sur les mêmes hypothèses.
En réalité, le diagramme de qc en fonction de (σv0 - u0) a une ordonnée à l'origine que
l'on pourrait imaginer de considérer comme l'effet de la cohésion :

{7.8} α = cu . Nc ,

{7.9} tg β = Nq .

La pratique courante est cependant de considérer cα = 0 (c'est-à-dire α = 0) et de


calculer pour chaque profondeur une valeur équivalente φ*u de φu correspondant à β*.

q c -σ’v0

β*
β

(z)

(z)
(σv0-u)0

Parfois, il est proposé d'estimer la déformabilité (Eoed ou C) du terrain à partir de la


résistance de cône. Cette méthode, qui déduit d'un essai à la rupture une caractéristique sous
charge statique nettement plus faible que la charge ultime, est a priori non fondée. En réalité,
implicitement, on caractérise le terrain à partir de qc et éventuellement de paramètres
supplémentaires et on considère une valeur courante et raisonnable de Eoed ou de C.

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Propriétés mécaniques 4— 51

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Le plus souvent, en Belgique, on mesure l'effort total de frottement latéral Qst et on en


déduit l'effort de frottement ultime des pieux, en considérant l'effet d’échelle direct :

{7.10} Qstpieu =QstCPT. dpieu


dCPT

avec Qstpieu = effort total de frottement latéral du pieu,


QstCPT = effort total de frottement latéral du pénétromètre,
dpieu = diamètre du pieu,
dCPT = diamètre du pénétromètre (35,7 mm).

Si l'on veut caractériser les terrains il paraît préférable de mesurer le frottement latéral
unitaire fs, en considérant le frottement sur un manchon que l'on recommande de placer tout
juste à l'arrière du cône. Il y a lieu de remarquer que l'intégrale des fs ne donne pas Qst à cause
des modifications du frottement en fonction du déplacement relatif du tube par rapport au
terrain et des techniques même de mesure.
Il y a lieu de remarquer que la valeur de qc étant influencée fortement par la porosité
du terrain, elle ne peut à elle seule permettre la détermination de la nature du sol.
La forme générale des diagrammes de qc et Qst (ou fs) donne des indications utiles sur
les caractéristiques des terrains :
- une allure régulière de qc correspond à un sol fin homogène;
- une allure en dents de scie à un sol graveleux ou pierreux;
- une croissance nulle ou quasi nulle de qc correspond à un sol cohérent ou à un
sable lâche;
- une croissance forte de qc correspond à un sable compact;
- une forte croissance de Qst correspond à un sol cohérent;
- une diminution de qc et de Qst correspond à un sol instable (ébouleux).

Plus généralement, l’analyse du diagramme de résistance mesurée au pénétromètre


CPT permet d’évaluer (qualitativement à tout le moins) des caractéristiques des différentes
couches de terrain sondées. Un profil de résistance peut ainsi être proposé. Son interprétation
en vue du dimensionnement d’un ouvrage est toujours délicat, mais l’information relative à la
succession des couches est d’une grande richesse.

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Propriétés mécaniques 4— 53

7.1.4. Possibilités, avantages, inconvénients

L’essai réalisé dans des conditions normales permet la reconnaissance des terrains
meubles sans blocs, jusqu'à quelques dizaines de mètres.

Les avantages de l'essai de pénétration au cône sont sa rapidité, sa bonne aptitude à


déceler des couches de résistances différentes, son interprétation simple et directe pour le
dimensionnement des pieux (cf. cours de fondations indirectes).

Il s'agit toutefois d'une méthode indirecte de reconnaissance nécessitant des


hypothèses d'interprétation qui peuvent être levées en partie par la connaissance de la coupe
lithologique du terrain, et en partie par des essais complémentaires d’un autre type :
pressiomètre, compression triaxiale, oedomètre...

Lorsqu'une couche résistante est détectée et susceptible de servir de couche d'appui


d'une fondation, il est indispensable de s'assurer d'une quelconque façon de son épaisseur
suffisante pour éviter tout poinçonnement.

7.2. Pénétromètre dynamique

7.2.1. Généralités

Parallèlement au développement de l'essai de pénétration quasi statique qui a abouti à la normalisation du CPT, des
essais de pénétration par battage ont été développés et ont conduit à la normalisation des essais DPA, DPB et DPL.

Les deux principaux reproches faits aux essais de pénétration par battage est que les sollicitations du sol en cours
d'essai sont très différentes de celles – quasi statiques – en service et que l'interprétation en contraintes à la rupture est
imprécise, compte tenu de la difficulté d'estimer les pertes d'énergie. Son utilisation devrait, en conséquence, être limitée aux
sols non ou peu cohérents.

La pénétration dynamique type A (DPA = Dynamic Probing Type A) est considérée comme l'essai de référence. Il
permet de réduire le frottement des tiges à une valeur négligeable. La pénétration dynamique type B (DPB) est affectée par le
frottement et n'est recommandable que pour reconnaître les terrains, la valeur d'une résistance de cône ne devrait pas en être
déduite.

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Propriétés mécaniques 4— 54

7.2.2. Essais DPA et DPB

Une pointe massive (30 cm² pour le DPA et 20 cm² pour le DPB; 90° d'angle au sommet) est fixée en-dessous d'un
train de tiges de diamètre inférieur à celui de la pointe. L'ensemble est battu à l'aide d'un mouton de 63,6 kg (140 lbs) tombant
de 76,2 cm (30 pouces) sur une enclume de 10 à 15 kg fixée en tête du train de tiges.

Le nombre de chute Nd pour un enfoncement donné, souvent de 0,2 m, caractérise la résistance à l'enfoncement. La
plage normale d'utilisation correspond à 5 < Nd < 100 et la cadence recommandée à 30 coups par minute (à défaut comprise
entre 20 et 60 coups pour les sols non cohérents ou 30 coups pour les sols cohérents).

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Propriétés mécaniques 4— 55

Lors de l'essai DPA, le frottement sur le train de tiges est éliminé ou fortement réduit par l'utilisation d'une boue de
forage ou d'un tubage. Lors de l'essai DPB, aucune précaution particulière n'est prise, et tout au plus sait-on estimer le
frottement pour le couple nécessaire à la rotation du dispositif. Ce type d'essai est couramment utilisé en Europe centrale et
dans les pays nordiques.

Les résultats sont présentés sous forme d'histogrammes des nombres de chute par incrément de profondeur Nd, en
fonction de la profondeur (cf. page suivante).

Il apparaît sur un tel diagramme, tout comme sur un diagramme de CPT, les couches de résistances différentes.
Pour les couches minces, les variations sont atténuées et il est important de noter en cours d'essais les irrégularités dans
l'enfoncement. Notamment les grands enfoncements sous un coup qui sont les indices d'une très mauvaise couche, voire d'un
vide.
Les résultats sont aussi parfois exprimés, sous une forme semblable à ceux du CPT, en convertissant Nd en
résistance de cône par une des formules de battage classique considérée pour les pieux, en exprimant l'égalité de l'énergie
fournie et du travail d'enfoncement, en émettant diverses hypothèses sur les pertes (cf. cours de fondations profondes). On
peut considérer le plus simplement que l'énergie de battage est complètement transformée en travail d'enfoncement :

{7.11} rd . Ap . S = MM . g . H
avec rd = résistance dynamique de pointe,
Ap = section de la pointe,
S = enfoncement sous un coup,
MM = masse du mouton,
g = attraction gravifique,
H = hauteur de chute du mouton;
d'où :

M M gH
{7.12} rd =
ApS
mais plus souvent, on utilise la formule hollandaise qui tient compte de la conservation des impulsions et donc de l'inertie du
poids mort Mg du dispositif pour calculer une résistance de pointe équivalente qd :

Hg
qd = M M .
2
{7.13}
M +M M Ap S
d'où :

qd =rd M M
2
{7.13}
M +M M
Dans ces deux formules, les frottements sont négligés.

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7.2.3. Autres essais au pénétromètre dynamique

En Europe centrale et notamment en Allemagne, l'utilisation d'un pénétromètre léger est courante. Les
caractéristiques de l'essai DPL sont celles normalisées par la DIN 4094 :
- pointe de 5 à 10 cm² de section,
- mouton de 10 kg,
- hauteur de chute 50 cm,
- angle d'ouverture de la pointe 90°.

L'avantage principal de cet appareil est son transport aisé et sa possibilité d'utilisation manuelle; ses performances
sont également très bonnes (comparables à celles d'un CPT de 100 kN).

En France, on a développé au cours des dernières années le pénétromètre dynamique léger PANDA. Cet appareil
peut en principe être utilisé par un homme seul. Transporté dans une valise, il est très souple d’utilisation, et présente des
performances similaires à celles du DPL. L’acquisition des résultats est totalement automatisée et informatisée.

Grâce à ces appareils, il est possible d'estimer rapidement pour un avant-projet, mais sans grande précision, les
forces portantes admissibles des fondations superficielles. Il faut, pour un projet, ne pas se baser uniquement sur ces valeurs.

L'essai à la sonde de battage type CRR a pour but de déterminer la portance des sols routiers. Le matériel est
semblable au matériel DPL, la pointe a cependant un angle d'ouverture de 60° et une section de 5 cm². Une latte de mesure
permet de lire au millimètre près l'enfoncement, les mesures sont faites chaque fois qu'un des repères gradués écartés de 10
cm descend sous le niveau de la plaque. L'enfoncement moyen par coup peut ainsi être déduit correctement.

L'essai de pénétration standard (Standard Penetration Test - SPT) est destiné à mesurer la résistance à la
pénétration d'un échantillonneur fendu dans les sols (et accessoirement à récupérer des échantillons remaniés). L'essai
s'effectue à partir du fond d'un forage.

La résistance à la pénétration résulte de la somme d'une résistance de pointe et d'une résistance de frottement
indissociables, ce qui rend l'interprétation en C et φ impossible.

L'essai fournit des indications sur la résistance des sols et permet de connaître sa nature et son humidité à partir des
échantillons prélevés dans le forage ou extraits de l'échantillonneur. Celui-ci (diamètres intérieur 35 mm, extérieur 51 mm,
longueur utile 650 mm) est enfoncé par battage d'un mouton de 63,6 kg (140 livres) tombant en chute libre de 0,762 m (30
pouces).
Le carottier est descendu sur le fond du forage préalablement nettoyé, puis enfoncé de 15 cm pour l'amener dans la
position de départ. Il est ensuite battu de 0,305 m (1 pied), à la cadence de 30 coups par minute. Le nombre de coups
nécessaire N à l'enfoncement est noté, ainsi que les nombres de coups N1 pour l'enfoncement des premiers 0,152 m et N2 pour
les 0,152 m suivant. Si l'enfoncement n'est pas obtenu pour 50 coups, on note l'enfoncement correspondant à ce nombre de
coups.

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8. Essais de chargement superficiel à la plaque

Les essais de chargement d’une aire à la surface d’un massif sont réalisés souvent dans
le but de déterminer un module de déformation du terrain et parfois aussi la pression de
rupture. Différents types d’essais existent, ils sont réalisés souvent dans des buts particuliers.
L’essai à la plaque, aussi appelé en France essai à la table, consiste à mettre en charge
une plaque posée à la surface d’un massif de sol et à mesurer les enfoncements en fonction de
la charge. C’est un essai sur modèle réduit de fondation directe. Il peut être exécuté dans une
fouille au niveau prévu de fondation. Il permet de déterminer la déformabilité et la résistance,
si la rupture est atteinte, de la couche superficielle du massif.
L’essai à la plaque (généralement circulaire) est d’un emploi courant en construction
routière, pour vérifier la qualité des différentes couches des chaussées, depuis le sol en place à
la couche de fondation.
Les plaques utilisées sont souvent circulaires et ont quelques dm2 de section, leur
diamètre dépasse rarement 0,75 m. Elles sont rigides ou rendues rigides par empilement de
plaques de diamètres décroissants.

Charge morte

poutrelle de référenc e vérin

c omparateur
plaque

La charge est appliquée par paliers maintenus jusqu’à stabilisation de l’enfoncement


au moyen d’un vérin. Elle est généralement limitée à environ 0,5 MPa. La réaction est
constituée d’une charge morte, par exemple un camion. Les appuis de cette charge doivent
être au dehors de la zone soumise à déformation suite à l’enfoncement de la plaque d’essai (à
l’extérieur d’un cercle de cercle de rayon égal à 4 fois le diamètre de la plaque).
Le déplacement moyen de la plaque est mesuré à l’aide de trois capteurs de
déplacement placés symétriquement. Ces capteurs sont solidarisés à une poutrelle dont les
appuis sont en dehors de la zone influencée.

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Sous chaque charge la vitesse de déformation est calculée en fonction du temps. La


charge suivante est appliquée lorsque cette vitesse descend sous une valeur fixée,
suffisamment faible pour que l’on puisse supposer la stabilisation.
Les valeurs stabilisées des déformations sont reportées sur un diagramme charges (ou
contraintes) – déplacements. La forme du diagramme dépend de la plasticité et de la
compacité du terrain. Un sol compact et raide présente un diagramme quasi bilinéaire,
représentant un comportement pratiquement élastoplastique. Un sol peu compact fournit un
diagramme très incurvé, indiquant le compactage de celui-ci et une rupture moins franche. Un
sol peu consistant présente une très faible valeur de la résistance et un diagramme très
incurvé.

t q1 q2 qf q
1 1
2 2
∆S 3
3 4

5 5

S S

Le module de déformation E se définit en supposant linéaire le diagramme entre deux


pressions q1 et q2 données et en supposant le matériau élastique. Il a pour expression :

q1 − q 2
{8.1} E =α D
∆S

avec E = module de déformation élastique,


D = diamètre de la plaque,
q1 = pression initiale considérée,
q2 = pression finale considérée,
∆S = tassement correspondant à l’accroissement de la pression de q1 à q2,
α = coefficient dépendant de la forme, de la raideur et de l’état de surface de la plaque,
de l’hétérogénéité et du coefficient de Poisson du sol. Le plus souvent, il est compris
entre 0,75 et 1.

Le cahier des charges type 150 définit pour les assises de routes le « coefficient de compressibilité M1 », en
supposant α = 1. Deux dimensions de plaques sont imposées, l’une de 200 cm2 (D = 0,16 m) pour les argiles, limons, graves
et empierrements jusqu’à 40 mm et l’autre de 750 cm2 (D = 0,31 m) pour les sables, graves et empierrements jusqu’à 75 mm
et matériaux comportant de gros éléments toutefois inférieurs à 75 mm. La procédure d’essais est bien définie (Mode

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opératoire MF 40/78 : Essais de chargement à la plaque pour le contrôle du compactage « CRR »). Les charges de calcul de
M1 dépendent du type de couche pour tenir compte de la répartition des charges. Les pressions q1 et q2 sont respectivement
de 0,05 et 0,15 MPa pour les sols et remblais, de 0,15 et 0,25 MPa pour la couche de sous-fondation et de 0,25 à 0,35 MPa
pour la couche de fondation.
Il est parfois exécuté un second cycle de mise en charge duquel on déduit M2.
Les valeurs minima sont : M1 = 11 MPa pour les remblais d’assises, 17 pour les fonds de coffre, 35 pour les
couches de sous-fondation et 110 pour les couches de fondation.

L’effet d’échelle (pour des mêmes pressions) peut s’écrire, d’après Terzaghi et Peck,
qui ont remarqué que la loi entre S et B n’était pas strictement linéaire :
2
S1 ⎡ B1 ⎤ ⎡ 3,28 B2 + 1⎤
{8.2} =⎢ ⎥ ⎢ ⎥
S2 ⎣ B2 ⎦ ⎣ 3,28 B1 + 1 ⎦

avec S1 = tassement de la plaque de diamètre B1, ce dernier étant exprimé en m,


S2 = tassement de la plaque de diamètre B2, également exprimé en m.
Bjerrum et Eggestad ont trouvé que la dispersion était assez grande et ont proposé un
domaine de variation représenté à la figure, en se référant à B0 = 1 pied = 0,304 m.
La limite supérieure correspond à des sables très lâches.
La pression de rupture peut être interprétée par une formule de force portante limite
(cf. cours de fondations directes) en terme d’angle de frottement pour les matériaux non
cohérents ou en terme de cohésion pour les matériaux sans frottement.
Quand la cohésion c est strictement nulle

B
{8.3} qf = ⋅ γ ⋅ Nγ
2

avec B = diamètre de la plaque,


γ = poids volumique du sol,
Nγ = facteur de portance de poids propre = f(φ) ; il est donné à la page suivante.

Quand φ = 0
{8.4} q f = cu N u

avec cu = cohésion non drainée,


Nu = facteur de portance pour φ nul, qui vaut 5.14.
Pour les matériaux intermédiaires, on fait souvent plusieurs hypothèses, sur la valeur
de la cohésion par exemple.

Géotechnique – RC 2007
Propriétés mécaniques 4— 60

L’interprétation de l’essai à la plaque en terrain hétérogène est malaisée, des formules


pour des terrains bi et tri couches existent.
Il faut toujours être prudent lorsque l’on extrapole des dimensions de la plaque à
celles de la fondation. En effet, les zones d’influence étant de volumes très différents, les
profondeurs sensiblement affectées, qui sont de 2 ou 3 fois le diamètre, peuvent atteindre une
mauvaise couche pour la fondation alors que la plaque ne la contraignait pas.

Géotechnique – RC 2007

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