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Le cercle de Mohr est une représentation graphique des états de contrainte à deux
dimensions, proposée par Christian Otto Mohr en 1882.
Ce cercle se construit à partir de la connaissance des efforts extérieurs auxquels est soumise la
pièce. Il permet de déterminer :
les directions principales , ainsi que les contraintes principales σI, σII et
σIII ;
la direction pour laquelle on a la cission τ maximale, qui est donc la direction de
rupture probable (l'orientation du faciès de rupture), ainsi que la valeur de cette
contrainte.
Sommaire
1 Problématique
o 1.1 Représentation graphique de l'état de contrainte
o 1.2 Recherche de la cission maximale
2 Tracé du cercle pour des sollicitations simples
o 2.1 État de contraintes planes
2.1.1 Cas général
2.1.2 Sollicitation uniaxiale
2.1.3 Cisaillement pur
2.1.4 Sollicitation biaxiale
3 Tracé du cercle pour des sollicitations triaxiales
o 3.1 Généralisation
o 3.2 Cas dégénéré
4 Autres cercles de Mohr
o 4.1 Cercle de Mohr des déformations
o 4.2 Cercle de Mohr des moments
5 Voir aussi
o 5.1 Articles connexes
o 5.2 Liens externes
Problématique
Représentation graphique de l'état de contrainte
Le cercle de Mohr est une représentation graphique de l'état de contrainte. Il permet une
résolution graphique de la validation à l'état limite ultime, selon le critère de Tresca (cission
maximale). C'est donc une méthode rapide et demandant peu de moyens de calcul par rapport
au traitement du tenseur des contraintes, mais ayant une précision limitée par le tracé.
La rupture d'un matériau ductile — c'est le cas de la plupart des métaux à température
ambiante pour des vitesses de déformation modérées — se fait toujours en cisaillement :
l'effort nécessaire pour « arracher » les atomes est beaucoup plus important que celui
nécessaire pour faire glisser les atomes les uns sur les autres (voir Déformation plastique).
Pour une sollicitation donnée d'une pièce, il faut donc savoir dans quelle section la cission τ
(tau) est maximale.
Prenons le cas de la traction simple, ou traction uniaxiale. On sait que lors de cet essai, le
faciès de rupture va s'amorcer lorsqu'il est orienté à 45 ° par rapport à l'axe de l'éprouvette. Si
l'on considère une section droite de l'éprouvette, celle-ci a une aire S0 ; la force F que l'on
applique est normale à cette section, on a donc une contrainte normale σ0 qui vaut:
et un cisaillement nul.
Considérons une section inclinée ; elle a une aire S1. Si l'on projette la force sur la normale
à cette section, on obtient une force normale . La contrainte normale σ1 vaut alors:
Si l'on projette sur la section, on obtient une force . La cission τ1 vaut alors:
Plus la section est inclinée, plus T est grand, mais plus S est grand. La fraction τ = T/S
présente un maximum pour une section située à 45 °, ce qui explique le faciès de rupture.
Si maintenant on trace τ = ƒ(σ), on voit que l'on obtient un cercle, le cercle de Mohr.
Les faciès de rupture sur les essais uniaxiaux (traction ou compression) mettent en évidence
cette direction de cission maximale à 45°.
Rupture en compression d'une éprouvette en béton ; le plan de rupture n'est pas à 45°,
en raison de l'anisotropie du matériau
Cas général
Considérons un point P d'un solide ayant un état de contrainte plane. Il s'agit typiquement d'un
point de la surface d'une pièce où aucune force extérieure ne s'applique : pas de pression
hydrostatique, pas de contact avec une autre pièce (surface libre).
Nous supposons ici que l'on est dans un état de contraintes planes dans le plan (x', y ). Le
tenseur des contraintes est donc symétrique et de la forme
avec :
Si les valeurs de ces trois contraintes sont connues, alors le cercle de Mohr se trace de la
manière suivante :
on place le point A décrivant les contraintes sur la face normale à x, qui a pour
coordonnées (σx, τxy), c'est un point du cercle ;
on place le point B décrivant les contraintes sur la face normale à y, qui a pour
coordonnées (σy, -τxy), est un point du cercle ;
le segment [AB] est donc un diamètre, donc le milieu de [AB] est le centre du cercle ;
si A et B ne sont pas sur l'axe horizontal, le centre est à l'intersection de [AB] et de
l'axe σn ;
cela permet de tracer le cercle ;
on vérifie que le centre du cercle a pour abscisse :
Cz = (σx + σy )/2,
et que le rayon du cercle vaut :
et τmax = Rz.
Si l'on veut connaître les contraintes sur une face quelconque faisant un angle θ avec le plan
(x, y ), il faut prendre les coordonnées du point C situé à un angle -2θ du point A sur le cercle
Les intersections du cercle avec l'axe horizontal σn donne les contraintes principales σI et σII.
Si l'on appelle -2θp est l'angle que fait le point A avec l'horizontale —
—, la direction première principale fait un angle θp avec l'axe des x, la seconde direction
principale lui est perpendiculaire.
On note que sur le cercle : l'axe σn représente les directions principales et l'axe τn représente
les directions de cission maximale ; les axes géométriques x et y sont représentés par une
droite diamétrale inclinée d'un angle -2θp.
Sollicitation uniaxiale
La contrainte normale nominale est σx. Le cercle de Mohr est tangent à l'axe τn ; il se trouve
du côté des σn positif dans le cas de la traction, et du côté des σn négatifs en compression. Son
centre est au point d'abscisse Cz = σx /2, et le cisaillement maximal vaut τmax = Rz = σx /2.
On remarquera que le cisaillement est nul sur les deux surfaces considérées, les directions ,
sont donc principales et σx , σy sont les valeurs des contraintes principales.
État de contraintes sur une face orientée par
On détermine maintenant l'état de contrainte sur une face qui aurait tourné de α comme
représenté sur le schéma ci-contre.
C'est l'équation d'un cercle de centre et de diamètre . Lorsque l'on tourne de -2α
sur le cercle, on tourne de α dans la matière. On a la représentation ci-contre.
Cisaillement pur
Cercle de Mohr pour du cisaillement pur.
Le cisaillement pur se rencontre dans un tube en torsion, ainsi que dans une pièce cisaillée,
mais uniquement sur le plan à la fibre neutre (le cisaillement simple s'accompagne d'une
légère flexion).
Le cercle de Mohr est centré sur l'origine, Cz = 0. La contrainte de cisaillement maximale est
également la cission nominale , τmax = Rz = τxy. Les directions principales sont les bissectrices
du repère (x, y ) (droite à 45° dans l'espace réel), avec σI = -σII = τxy.
Sollicitation biaxiale
Considérons un point P où l'état de contrainte est biaxial. Il peut s'agir typiquement d'un point
à l'air libre d'un réservoir sous pression, ou bien d'un point d'une tôle soumise à deux couples
de forces perpendiculaires dans le plan de la tôle.
Le cercle passe par les points de coordonées (σx, 0) et (σy, 0). On en déduit que
les axes x et y sont les directions principales ;
le centre du cercle a pour abscisse (σx + σy)/2 ;
la cission maximale vaut τmax = (σx - σy)/2.
On remarque que le cercle dans le cas σx = - σy est identique au cercle obtenu dans le cas d'un
cisaillement pur, avec τxy = σx /2. L'état mécanique est donc identique, et donc si la matière est
isotrope, l'état de la matière est identique, seule change l'orientation.
la contrainte normale ;
la composante tangentielle obtenue par le théorème de Pythagore :
soit .
Si l'on ajoute le fait que le vecteur est un vecteur unitaire, on a un système de trois équations
à trois inconnues nx2, ny2 et nz2 :
Lorsque le vecteur tourne, les valeurs des ni2 balaient l'intervalle réel [0 ; 1]. On en déduit
trois inéquations :
avec
« Tricercle de Mohr »
Dans le plan (σ, τ), la représentation des solutions des équations τ2 + (σ - Ci )2 = Ri2 sont des
cercles de centre Ci et de rayon Ri . Donc, l'ensemble des valeurs (σ, τ) pour toutes les
orientations possibles de est une surface délimitée par trois cercles.
Cette figure est appelée « tricercle de Mohr », à la fois parce qu'il s'agit de trois cercles de
Mohr, mais aussi car elle est semblable à l'arbelos, forme étudiée entre autres par l'homonyme
Georg Mohr.
Chacun des cercle est le cercle que l'on aurait si l'on se plaçait dans un contexte de contraintes
biaxiales, (σy, σz ), (σx, σz ) et (σx, σy ). Pour tracer le tricercle connaissant σx, σy et σz, on se
rapporte donc aux cas précédents.
On remarque tous les cercles sont tangents deux à deux, et que le plus grand cercle est le
cercle de rayon Ry, donc correspondant au plan (x, z ). La cission maximale vaut donc
Généralisation
L'état de contrainte triaxial est en fait l'état général : si l'on a un tenseur des contraintes dont
aucune composante n'est nulle
on sait qu'il existe un repère orthonormé, le repère principal, dans lequel le tenseur est de la
forme
L'état de contrainte triaxial peut venir d'un chargement complexe, mais aussi tout simplement
de la forme de la pièce. Par exemple, une éprouvette entaillée utilisée pour un essai Charpy
présente un état de contrainte triaxial en fond d'entaille alors qu'elle n'est soumise qu'à de la
flexion.
Cas dégénéré
CI = σII, RI = 0 ;
CII = CIII = (σI + σII)/2 ;
RII = RIII = (σI - σII)/2.
On voit que le cercle I se réduit à un point, et que les cercles II et III sont confondus. On a
donc un seul cercle, identique au cas biaxial.
Autres cercles de Mohr
De manière analogue, on peut tracer :
On obtient le cercle de Mohr des déformations en traçant le diagramme (εii , εij)i ≠ j , ou si l'on
préfère utiliser l'écart à l'angle droit γij , le diagramme (εii , ½γij)i ≠ j .
L'axe horizontal du cercle, ε, représente les directions principales. L'axe vertical, ½γ,
représente les directions d'angle de glissement maximal.
Ce cercle de Mohr est très utile en extensométrie, pour dépouiller les résultats donnés par une
rosette de jauges de déformation.
Plaque fléchie par une distribution uniforme de moments sur ses côtés
Si l'on fait une coupe selon un plan faisant un angle α autour de l'axe z, on voit que cette face
subit un moment fléchissant, qui courbe la face, et un moment de torsion qui l'incline. En
écrivant l'équilibre de cette portion de plaque, on voit que le moment s'exerçant sur la face de
coupe peut se décomposer en un vecteur moment normal mnn , qui crée la torsion (la section
tourne dans le plan), et un vecteur moment tangentiel mnt qui crée la flexion (la plaque se
courbe). On se retrouve dans une situation similaire à celle des contraintes normales et
tangentielles.
On peut ainsi tracer un diagramme (mnn , mnt ) et l'on obtient un cercle. Les intersections de ce
cercle avec l'axe mn donne les sections principales, c'est-à-dire les sections sur lesquelles le
moment de torsion est nul.
[Théorie des plaques élastiques, département Architecture, géologie, environnement & constructions de
l'Université de Liège]
Voir aussi
Articles connexes
Critère de plasticité
Liens externes
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