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Filière Génie Civil

GC2 2020-2021

Mécanique des sols

Chapitre 7:
Résistance au cisaillement des sols

Khamlichi Abdellatif

1
Plan

• Introduction
• Les contraintes s'exerçant sur un plan incliné
• Les contraintes à la rupture et les paramètres de la résistance
au cisaillement
• Le critère de rupture
• Les équations de rupture
• Les paramètres influençant sur la résistance au cisaillement
• L’essai de cisaillement direct
• L’essai triaxial
• Comportement des sols pulvérulents
• Comportement des sols cohérents
• Influence de certains facteurs sur la résistance au cisaillement

2
1 Introduction

 Le dimensionnement des sols utilisés comme matériau de fondation requiert la


connaissance de leur résistance aux déformations et à la rupture pour assurer la
stabilité des charges qu’ils auront à supporter.

 Avant de concevoir les fondations d’un ouvrage, il faudra définir les propriétés
mécaniques des sols pour que les charges qui lui seront appliquées ne provoquent
ni tassement excessif, ni rupture.

 Dans ce chapitre, nous étudierons les contraintes à la rupture et nous introduirons


les deux principaux paramètres décrivant la résistance au cisaillement d’un sol: la
cohésion et l’angle de frottement interne.

 Nous présenterons enfin les principaux essais effectués en laboratoire pour


mesurer les paramètres de la résistance au cisaillement des sols.

3
2 Les contraintes s'exerçant sur un plan incliné

 A une certaine profondeur dans un sol, la contrainte verticale σv appliquée sur une
facette horizontale sol est due au poids propre du sol se trouvant au-dessus d'elle.

 Si l’on applique une surcharge à la surface d’un dépôt de sol, l’augmentation de


la contrainte verticale dépend de l’importance de la surcharge, de la surface
d’application et de la position de l’élément de sol.

 La contrainte verticale induit une contrainte horizontale dans l’élément de sol.

σ2 = σh σ1 = σ v

σ3 = σh Contraintes en équilibre
σ2 = σh σ3 = σh appliquées a un élément
de sol.
σ1 = σ v
4
2 Les contraintes s'exerçant sur un plan incliné

 Dans les sols, les contraintes verticales et horizontales sont généralement


associées aux contraintes principales, car la plupart du temps, il n’y a aucun
cisaillement le long des surfaces sur lesquelles elles agissent.

 La contrainte principale majeure est notée σ1. Elle peut correspondre dans
certains cas à σv.

 Les contraintes principales intermédiaire et mineure sont notées respectivement


σ2 et σ3.

 En mécanique des sols, on considère habituellement que σ2 est égale à σ3,


ce qui permet de simplifier les problèmes en les ramenant à deux dimensions.
Cette hypothèse ne reflète pas toujours la réalité et peut conduire à des erreurs
importantes lorsque l’anisotropie du sol est prononcée.

5
2 Les contraintes s'exerçant sur un plan incliné
 Les contraintes verticale et horizontale qui agissent sur l’élément de sol induisent
un cisaillement sur un plan ayant une inclinaison donnée par rapport à l’horizontale.

 Une contrainte tangentielle τ, qu’on appelle contrainte de cisaillement, et une


contrainte normale σn, se développent sur ce plan pour maintenir l’équilibre.

1

σn
σ3 = σh
α τ
Plan de Plan vertical
cisaillement

σ1 = σ v Plan horizontal

Noter la convention contrainte de compression positive et cisaillement positif


selon le sens de τ 6
2 Les contraintes s'exerçant sur un plan incliné

 Supposons que la longueur du plan de cisaillement soit égale à  . Il est facile


d’évaluer alors les aires des surfaces horizontale et verticale sur lesquelles
s’appliquent les contraintes σv et σh:
- aire du plan de cisaillement: 
- aire du plan vertical:  sin α
- aire du plan horizontal:  cos α
 On peut alors déterminer les forces qui engendrent les contraintes agissant sur
l’élément de sol:

T = τ Force parallèle au plan de rupture

N = σn  Force perpendiculaire au plan de rupture

V = σ1 cos α Force verticale agissant sur le plan horizontal

H = σ3 sin α Force horizontale agissant sur le plan vertical

7
2 Les contraintes s'exerçant sur un plan incliné

 Connaissant ces forces, on peut exprimer τ et σn en fonction de σ1 et σ3 à l’aide


des équations de la statique. Ainsi:

−H − T cos α + N sin α = 0 Axes du repère



V − T sin α − N cos α = 0

 En exprimant les forces à l’aide des contraintes, on obtient les équations


suivantes:

−σ3 sin α − τ cos α + σn sin α = 0



σ1 cos α − τ sin α − σn cos α = 0

8
2 Les contraintes s'exerçant sur un plan incliné

 On peut isoler τ et σn sous la forme:

 σ1 − σ3
 τ = sin(2α)
2

σ = σ1 + σ3 + σ1 − σ3 cos(2α)
 n 2 2

 Ainsi, lorsque l’angle α varie et que les contraintes σ1 et σ3 demeurent constantes,


les contraintes τ et σn issues du système précédent tracent un cercle sur le
graphique de τ en fonction de σn. Ce cercle porte le nom de cercle de Mohr.

9
2 Les contraintes s'exerçant sur un plan incliné

σn
τ
τ
σ1 + σ3
2 T (σn , τ) α σ3

τ σ1

(σ3 , 0)

α
C σn (σ1 , 0) σn
σ − σ3
R= 1
2
Pôle

Cercle de Mohr des contraintes

10
2 Les contraintes s'exerçant sur un plan incliné

 La dimension du cercle de Mohr et sa position sur l’axe des σn dépend uniquement


des contraintes σ1 et σ3. Si l'on connaît les valeurs de ces contraintes ainsi que celle
de l’angle α, on peut facilement placer sur le cercle un point T dont les coordonnées
correspondent aux contraintes σn et τ à l’équilibre. Ce point est placé à l’intersection
du cercle et d’une droite ayant un angle d’inclinaison α et passant par le pôle des
plans de cisaillement.

 Egalement situé sur le cercle, le pôle revêt une grande importance; en effet, toute
droite qui part du pôle croise le cercle en un point dont les coordonnées
correspondent aux contraintes tangentielle et normale s’appliquant à un plan ayant
la même inclinaison que celle de cette droite par rapport à l'horizontale.

 En partant du pôle, on peut donc déterminer graphiquement les valeurs de σn et τ,


quel que soit l’angle α.

11
3 Exemple de calcul des contraintes
 On veut déterminer les contraintes σn et τ qui se développent dans un élément
de sol lorsque les conditions sont les suivantes: σ1=100kPa, σ3=30kPa et α=60°

τ(kPa)
60°
T
τ = 30.2

60°
C(65, 0)
(30, 0) σn = 47.4 (100, 0) σ n (kPa)
R = 35

12
4 Le critère de rupture

 Coulomb a réalisé des études sur la stabilité des sols, pour les besoins de
constructions militaires…

 A l’aide d’une boîte de cisaillement, il réalisa des expériences qui lui permirent
d’évaluer la résistance au cisaillement des sols à la rupture.

 Rappelons que la rupture a lieu lorsque les contraintes appliquées au sol sont
supérieures à la résistance au cisaillement, auquel cas un glissement de sol survient
dans le plan de cisaillement.

13
4 Le critère de rupture

 Lors de ses recherches, Coulomb a remarqué que la résistance au cisaillement à


la rupture τrupt est directement proportionnelle à la contrainte normale σrupt. Plus
cette dernière augmentait, plus la résistance au cisaillement devenait grande.
Il a noté aussi que les sols cohérents manifestent une certaine résistance au
cisaillement due à leur cohésion quand la contrainte normale est nulle.

 En partant de ces observations, il a formulé le critère suivant, connu sous le nom


de critère de Coulomb:

τrupt = c + σrupt tan ϕ

Cohésion Angle de frottement interne

14
4 Le critère de rupture

 Pour un sol pulvérulent, comme la cohésion y est nulle, l’équation prend la


forme suivante:

τrupt = σrupt tan ϕ

 Les paramètres servant à évaluer la résistance au cisaillement d’un sol à


la rupture sont donc la cohésion et l’angle de frottement interne. Quand on connaît
la valeur de ces deux paramètres, on peut calculer τrupt correspondant à σrupt.

15
4 Le critère de rupture

Enveloppe de rupture
τ τ
Enveloppe de rupture
ϕ
τrupt
ϕ
c τrupt

σrupt σn σrupt σn

Sol cohérent Sol pulvérulent


τrupt = c + σrupt tan ϕ τrupt = σrupt tan ϕ

16
4 Le critère de rupture

 La droite issue du critère de Coulomb constitue l’enveloppe de rupture, c’est-à-


dire la limite où se trouve la gamme des contraintes σrupt et τrupt agissant
sur le plan de rupture.

 Il ne peut y avoir aucun point au-dessus de cette droite, car au-delà de cette limite,
l’équilibre des contraintes est rompu et le sol s’écoule plastiquement. Un point situé
sous l’enveloppe représente des contraintes en équilibre et est à l'abri d'une
rupture.

 Quelles conditions peuvent entrainer l’accroissement des contraintes de telle sorte


qu’il se produise un glissement de sol et qu’on ait rupture? Dans la plupart des cas,
c’est une augmentation importante de la contrainte verticale σ1 faisant suite à
l’application d’une surcharge à la surface du sol qui cause la rupture.

σ1 − σ3
τ= sin(2α) ↑ si σ1 ↑ ou σ3 ↓
2
17
4 Le critère de rupture
Le cercle de Mohr exprime l’état des contraintes en un point du sol. S’il se situe
sous l’enveloppe de rupture, la résistance au cisaillement à la rupture ne sera
pas dépassée, et le sol demeure dans un état d’équilibre sans écoulement plastique.
Si l’on augmente σ1, le cercle se déplace vers la droite et son rayon grandit.
A la rupture, le cercle devient tangent à l’enveloppe de rupture.

τ σ3rupt
τrupt = c + σrupt tan ϕ
α
α
σ1rupt ϕ
T
τrup

B
c R
D A α
ϕ M
σ3 σ3rupt σ1 σ n,rupt σ1rupt σn
L
18
4 Le critère de rupture

 Le point de tangence T correspond aux contraintes τrupt et σrupt agissant sur le


plan de rupture (aucun cercle de Mohr ne peut traverser l’enveloppe de rupture).

 La rupture peut également résulter d’une diminution ou d’une augmentation de


la contrainte horizontale σ3, ce qui survient particulièrement dans les sols qui sont
en contact avec des murs de soutènement en situation de poussée libre.

 Une telle rupture peut également faire suite à une excavation susceptible d'entraîner
le relâchement des contraintes horizontales.

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5 Les équations de rupture

En combinant le cercle de Mohr à l’enveloppe de rupture, figure de la diapositive


18, on peut établir certaines relations entre les paramètres de la résistance au
cisaillement, l’angle α et les contraintes principales. Ainsi, on a:

π ϕ π
ϕ+ + π − 2α = π α= + (1)
2 2 4


 R = L sin ϕ
 σ1rupt − σ3rupt
 σ1rupt − σ3rupt
R = sin ϕ = 2
 2
σ1rupt + σ3rupt (2)
 σ1rupt + σ3rupt c
=
c
+
+
 L tan ϕ 2
 tan ϕ 2

Dans le cas d’un sol pulvérulent, l’équation (2) devient:

σ1rupt − σ3rupt
sin ϕ = (3)
σ1rupt + σ3rupt
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5 Les équations de rupture

 A la rupture selon le critère de Coulomb, on a:

2c cos ϕ + σ1rupt (sin ϕ − 1) + σ3rupt (1 + sin ϕ) = 0

 Dans le cas d’un sol pulvérulent, cette équation devient:

σ1rupt (sin ϕ − 1) + σ3rupt (1 + sin ϕ) = 0

21
6 Enveloppe de rupture de Mohr

 On appelle enveloppe de rupture de Mohr l’enveloppe que l’on trace à l’aide des
contraintes principales à la rupture des cercles de Mohr qu’elles sous-tendent.

 Dans la plupart des cas, cette enveloppe n’est pas vraiment linéaire, contrairement
au critère de Coulomb, mais elle présente une légère courbure.

 Cependant, du fait que le critère de Coulomb est un outil facile à employer pour
caractériser la résistance au cisaillement, on préfère ajuster l’enveloppe de rupture
réelle par une droite constituant une approximation acceptable en géotechnique.
Cette enveloppe approchée de rupture s’appelle enveloppe de rupture de Mohr-
Coulomb et elle concorde avec le critère de Coulomb

τ Enveloppe de rupture Mohr-Coulomb

σn
22
7 Les paramètres influençant sur la résistance au cisaillement

 La résistance au cisaillement des sols est causée par le frottement, l’enchevêtrement


et les forces de la cohésion entre les particules. Les facteurs qui agissent sur ces
trois causes auront évidemment une grande influence sur la valeur de l’angle de
frottement interne et de la cohésion.

 Ces paramètres varient d’un sol à l’autre, surtout en fonction de certaines propriétés
physiques, de la compacité, de la quantité d’eau contenue dans les vides du sol et
des conditions de drainage.

 Plus l’angle de frottement et la cohésion seront grands, plus la résistance au


cisaillement est grande.

23
7 Les paramètres influençant sur la résistance au cisaillement: sols
pulvérulents

 Dans les sols pulvérulents, la cohésion est nulle.

 L’angle de frottement interne dépend principalement de la compacité du sol,


de sa granulométrie et de la forme de ses particules.

 La compacité du sol constitue le facteur d’influence le plus important dans les sols
pulvérulents: lorsqu’elle augmente, l’angle de frottement augmente.

 Lorsqu’on compare deux sables de même type et de compacité similaire, celui qui
a une granulométrie étalée aura un angle de frottement supérieur à celui dont la
granulométrie est serrée.

 Plus les particules d’un sol sont angulaires, plus l’angle de frottement est important.

24
7 Les paramètres influençant sur la résistance au cisaillement: sols
pulvérulents

 On utilise l’angle de frottement effectif ϕ′ pour des conditions de rupture dans


lesquelles il existe un bon drainage.

 Dans de telles conditions, on a l’assurance que les pressions interstitielles se


dissipent rapidement et que les charges seront reprises uniquement par les
particules de sol. Les graviers et les sables sont des sols très perméables, on y
rencontre souvent ces conditions.

 Avec ces types de sols, on exprime presque toujours le critère de Coulomb en


contraintes effectives:

τ′rupt = σ′rupt tan ϕ′

 Certaines observations ont montré que l’angle ϕ′ des sols pulvérulents secs
à leur état le plus lâche est proche de leur angle de repos: angle que forment
l’horizon et la pente stabilisée d’un sol accumulé en un tas.

25
7 Les paramètres influençant sur la résistance au cisaillement: sols
pulvérulents

Ordre de grandeur de l’angle de frottement interne pour des


sols pulvérulents

26
7 Les paramètres influençant sur la résistance au cisaillement: sols
cohérents

 Les sols cohérents sont peu perméables, les paramètres de la résistance au


cisaillement y sont largement influencés par les conditions de drainage et la
teneur en eau.

 Quand le drainage est nul, l’eau demeure emprisonnée dans les vides du sol.
Si, de surcroît, le sol est saturé, ce qui est souvent le cas des argiles, aucune
consolidation n’est possible après l’augmentation des contraintes: l’eau étant
incompressible, elle empêche les particules de se rapprocher quand elle occupe
tous les vides du sol.

 Dans de telles conditions, lorsque les contraintes augmentent, la résistance au


cisaillement ne change pas; seules les pressions interstitielles augmentent.

27
7 Les paramètres influençant sur la résistance au cisaillement:
résistance non drainée des sols cohérents

 La résistance au cisaillement non drainée d’un sol saturé est constante quelques
soient les contraintes principales agissant à la rupture. Cette résistance est
désignée par cU, l’indice u provenant de l’anglais undrained. On désigne cet
essai par UU.

 Dans le diagramme de Mohr-Coulomb, l’enveloppe de rupture d’un sol non


drainé est représentée par une droite horizontale, et l’angle de frottement
interne est égal à zéro.

Enveloppe de rupture: τrupt = c u


τ

A B
cu

A
σ3,rupt A
σ1,rupt
B
σ3,rupt B
σ1,rupt σn

Essai UU pour un sol cohérent saturé 28


7 Les paramètres influençant sur la résistance au cisaillement:
résistance drainée des sols cohérents

 Lorsque le drainage est possible et que le sol est en cours de consolidation, son
volume diminue; ainsi les particules se rapprochent et la résistance au cisaillement
augmente.

 Si le drainage est tel qu’aucune pression interstitielle ne se développe et que


toutes les charges appliquées sont reprises par les particules de sol, on exprimera
le critère de rupture en fonction de la cohésion et de l’angle de frottement interne
effectifs sous la forme suivante:

τ′rupt = c′ + σ′rupt tan ϕ′

On désigne cet essai par CD (Consolidated Drained).

29
7 Les paramètres influençant sur la résistance au cisaillement:
résistance drainée des sols cohérents

 La réalisation d’un essai CD est très longue. Dans la pratique, il est souvent
remplacé par un essai CU + u (essai consolidé non drainé avec mesure de u)
pour lequel on mesure la pression interstitielle, ce qui permet de calculer les
contraintes effectives σ’1 et σ’3.

 Le critère de rupture est exprimé alors en fonction des contraintes effectives:

τ′rupt = c′CU + σ′rupt tan ϕ′CU

 On peut avoir des valeurs de φ’CU un peu supérieures à celles de φ’CD à cause du
comportement visqueux des argiles (effet de la vitesse).

30
7 Les paramètres influençant sur la résistance au cisaillement:
résistance drainée des sols cohérents

 La teneur en eau du sol agit de façon importante sur la valeur des paramètres
de la résistance au cisaillement. Une hausse de la teneur en eau éloigne les
particules les unes des autres et diminue ainsi les forces de cohésion.

 L’augmentation de la teneur en eau provoque une consistance molle et une


résistance au cisaillement faible.

 Par contre, les sols peu humides présentent une consistance relativement raide
et une résistance au cisaillement assez élevée.

31
7 Les paramètres influençant sur la résistance au cisaillement:
résistance drainée des sols cohérents

 La cohésion est presque nulle dans les sols cohérents normalement consolidés
et non cimentés.

 Dans les argiles surconsolidés et non cimentées, dont la pression de préconsolidation


ne dépasse pas 1000kPa, sa valeur peut être inférieure à 10kPa.

 Dans les sols compactés, la cohésion sera plus grande.

32
8 Le choix des paramètres de résistance au cisaillement en fonction
des conditions potentielles de rupture

 La cohésion et l’angle de frottement interne sont les paramètres qui servent à


calculer la capacité portante des sols à la rupture et la stabilité des murs de
soutènement et des pentes.

 La vitesse à laquelle les charges sont appliquées sur le sol, la perméabilité du sol
et les conditions de drainage détermineront le choix des paramètres à considérer.

 Avec les sols pulvérulents, on utilise un seul paramètre: l’angle de frottement


interne effectif car ces sols sont suffisamment perméables pour dissiper rapidement
les augmentations de la pression interstitielle.

33
8 Le choix des paramètres de la résistance au cisaillement en fonction
des conditions potentielles de rupture

 Lorsque l’application des charges sur un sol cohérent est rapide (plus rapide
que la consolidation), on doit calculer l’ouvrage en se servant de la résistance au
cisaillement non drainée.

 Quand l’application des charges sur les sols cohérents est suffisamment lente pour
que la consolidation puisse avoir lieu, on utilise les paramètres effectifs du sol
obtenus dans un essai drainé. C’est le cas des barrages en terre érigés lentement.

34
9 La mesure des paramètres de la résistance au cisaillement

 Les paramètres de la résistance au cisaillement sont mesurés lors d’essais sur


le terrain et en laboratoire.

 Sur le terrain, on effectue des essais de pénétration standard (Dynamique) et de


pénétration statique au cône (Piézocône), l’essai au scissomètre de chantier et
l’essai pressiométrique (On reviendra sur ces essais dans un chapitre du module
Géotechnique II).

 L’avantage de procéder à des essais en place est que les propriétés et les
conditions environnantes du sol étudié demeurent relativement intactes. Cependant
l’interprétation des résultats des essais est souvent difficile.

35
9 La mesure des paramètres de la résistance au cisaillement

 Les cinq principaux essais de laboratoire qui servent à déterminer la valeur des
paramètres de la résistance au cisaillement des sols sont:

- l’essai de cisaillement direct (rapide et économique);

- l’essai au scissomètre de laboratoire (sols cohérents, rapide et économique);

- l’essai au pénétromètre à cône suédois (sols cohérents, rapide et économique);

- l’essai de compression simple (sols cohérents, rapide et économique);

- l’essai triaxial (surtout sur les sols cohérents, complexe et coûteux).

36
9 La mesure des paramètres de la résistance au cisaillement

 L’essai de cisaillement direct permet de mesurer l’angle de frottement interne


effectif et la cohésion effective (conditions drainées).

 Avec l’essai triaxial, il est possible de maîtriser le drainage de l’échantillon de sol


et de reproduire d’une façon assez réaliste les contraintes naturelles agissant sur
un échantillon. Cet essai complet permet de déterminer les caractéristiques du sol
drainés ou non drainés.

 Les résultats obtenus dépendent largement de la qualité de l’échantillon.

37
9 La mesure des paramètres de la résistance au cisaillement

Résumé synthétique des caractéristiques de cisaillement

38
10 L’essai de cisaillement direct

∆h
εh =
H

∆L
∆L
ε=
L

Principe de l’essai de cisaillement direct

39
10 L’essai de cisaillement direct

Banc d’essai de cisaillement direct:


NF P 940-71-1/2
40
10 L’essai de cisaillement direct

Vue générale de la boîte de cisaillement direct


41
10 L’essai de cisaillement direct

Banc d’essai de cisaillement direct:


NF 141222-2 (sols à gros granulats, ballast ligne LGV)
30x30x30 cm3 ou 50x50x50 cm3
42
10 L’essai de cisaillement direct

Echantillon après un essai de cisaillement direct

43
10 L’essai de cisaillement direct

 L’essai de cisaillement direct est le plus ancien des cinq essais les plus connus.
Il est issu des expériences de Coulomb. Il s’effectue à l’aide d’une boîte de
cisaillement, dont la forme la plus récente a été élaborée par Casagrande en 1932.

 Cette boîte est constituée de deux parties se déplaçant l’une par rapport à l’autre
dans un plan horizontal.

 L’essai consiste à placer un échantillon de sol dans une boîte de cisaillement et


à le soumettre à une charge verticale, puis à une charge horizontale que l’on
augmente progressivement jusqu’à la rupture.

 La vitesse de chargement horizontal doit être assez faible pour permettre le


drainage et dissiper les pressions interstitielles. Le plan de rupture se développe
progressivement le long du plan horizontal imposé par le déplacement de la partie
inférieure de la boîte de cisaillement sur sa partie supérieure.

44
10 L’essai de cisaillement direct

 La charge horizontale maximale enregistrée définit les conditions de rupture. En


mesurant l’aire corrigée Ac sur laquelle agissent les charges, on peut calculer
directement la contrainte normale effective et la résistance au cisaillement effective
à la rupture: σ′rupt , τ′rupt

 Ces deux valeurs sont représentées par un point sur l’enveloppe de rupture.
Comme il faut au moins trois points pour tracer celle-ci convenablement, on doit
procéder à deux autres essais en appliquant des charges verticales différentes.

 L’essai convient mieux aux sols pulvérulents. Il ne se réalise pas assez


facilement sur les sols cohérents (en particulier, il ne permet pas de mesurer la
pression interstitielle). Il permet néanmoins de déterminer les paramètres drainés
des sols cohérents et la résistance au cisaillement non drainé. Dans ce dernier
cas, le chargement doit être suffisamment rapide (habituellement moins de 20
minutes).

45
10 L’essai de cisaillement direct

εe ε pic ε

Courbe contrainte-déformation issue d’un essai de cisaillement direct

1 – la valeur au pic de la courbe τpic;


2 – la valeur correspondant à la résistance résiduelle τres;
3 – la limite d’élasticité τe.

46
10 L’essai de cisaillement direct

τrupt,3
σn3 > σn2 > σn1

Déformation ε
verticale Déformation
εh horizontale

Courbes expérimentales obtenues dans un essai de


cisaillement direct; effet de la contrainte normale imposée

47
10 L’essai de cisaillement direct

Résultats d’un essai de cisaillement direct dans le plan de Mohr

48
11 L’essai triaxial

 Dans le but de remédier aux faiblesses que présente l’essai de cisaillement direct,
un essai a été développé au milieu des années 1930. L’essai permet d’appliquer
à la fois des contraintes axiale et latérale sur un échantillon de sol et de maîtriser
les conditions de drainage.

 On peut ainsi reproduire en laboratoire d’une façon beaucoup plus réaliste les
conditions entourant un échantillon de sol sur le terrain et donc mesurer plus
rigoureusement les paramètres de la résistance au cisaillement.

 Cet essai porte le nom d’essai triaxial.

49
11 L’essai triaxial

 Dans cet essai, l’éprouvette de sol est placée dans une cellule dite « triaxiale ».
L’éprouvette cylindrique d’un élancement h/d au moins égal à 2, h désignant la
hauteur et d le diamètre.

Principe de l’appareil triaxiale


50
11 L’essai triaxial

Banc d’essai triaxial


51
11 L’essai triaxial

Echantillon après un essai triaxial

52
11 L’essai triaxial

Cellule triaxiale

53
11 L’essai triaxial

Montage d’un essai triaxial dans les conditions UU


54
11 L’essai triaxial

Pose de la membrane étanche

55
11 L’essai triaxial

https://www.youtube.com/watch?v=xer3DkcfJpI

56
12 Les étapes d’un essai triaxial

 L’essai triaxial est réalisé à l’aide d’une cellule triaxiale étanche dans laquelle
on enferme un échantillon de sol. Il comprend deux étapes: la consolidation
et le cisaillement de l’échantillon.

 Avant de procéder à la consolidation de l’échantillon de sol, il faut lui appliquer


une contrainte latérale σ3, ou pression cellulaire. Cette pression est habituellement
produite par de l’eau acheminée à l’intérieur de la cellule, puis comprimée
jusqu’à la valeur désirée. Pour protéger l’échantillon de tout contact avec l’eau
de la cellule, on l’enveloppe d’une membrane étanche en latex, ce qui permet du
même coup de maîtriser les conditions de drainage à l’intérieur du sol.

 La consolidation est faite en ouvrant la valve reliée à la conduite de consolidation.


Sous l’effet de la pression cellulaire, l’eau à l’intérieur de l’échantillon est expulsée
par la conduite. On considère que la consolidation est terminée après une période
de drainage de 24h.

 Si on souhaite ne pas consolider l’échantillon, il suffira de maintenir la valve fermée.

57
12 Les étapes d’un essai triaxial

 Le cisaillement se fait immédiatement après la consolidation. Au moyen d’un piston de


chargement, on applique progressivement la charge axiale P jusqu’à la rupture du sol.

 Pendant le chargement, on peut procéder au drainage de l’échantillon en ouvrant les


valves appropriées; on doit alors choisir une vitesse de chargement très lente pour
éviter que les pressions interstitielles n’augmentent.

 Comme dans l’essai de compression simple, l’échantillon peut se briser selon trois
modes: une rupture fragile, une rupture plastique ou une combinaison des deux.

58
12 Les étapes d’essais triaxiaux

 Selon les conditions de drainage imposées à l’échantillon de sol et la vitesse de


chargement choisie, l’essai triaxial peut prendre trois formes:

- l’essai triaxial non consolidé non drainé (UU);

- l’essai triaxial consolidé non drainé (CU);

- l’essai triaxial consolidé drainé (CD).

59
12 Les étapes d’essais triaxiaux

 Dans l’essai UU, aucun drainage de l’échantillon de sol n’est permis, la charge axiale
est appliquée rapidement. L’essai ne mesure que la résistance au cisaillement non
drainé cU.

 Dans l’essai CU, l’échantillon de sol est drainé à l’étape de consolidation. Durant le
cisaillement, l’échantillon n’est pas drainé et la charge axiale y est appliquée assez
rapidement. Les contraintes mesurées à la rupture sont donc des contraintes totales.
Si l’on mesure la pression interstitielle, on peut calculer les contraintes principales
effectives.

 Dans l’essai CD, l’échantillon de sol est drainé pendant la consolidation et le


cisaillement, de sorte que la pression interstitielle n’augmente pas. Seules les
particules de sol absorbent les contraintes cellulaire et axiale. La charge axiale
est appliquée très lentement à l’étape de cisaillement.

60
12 Les étapes d’essais triaxiaux

Les courbes expérimentales tirées d’un essai triaxial comprennent la courbe


(σ1 - σ3) en fonction de ε à laquelle on associe soit une courbe de variation
de la pression interstitielle, soit une courbe de variation de volume.
61
12 Les étapes d’essais triaxiaux

Résultats d’un essai de cisaillement triaxial dans le plan de Mohr

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13 Le traitement des résultats

 La contrainte latérale σ3 demeure constante tout au long de l’essai; on la mesure


avec un manomètre. Quant à la contrainte principale majeure σ1, elle augmente
en fonction de la charge axiale appliquée P:

P A0 ∆L
σ1 = σ3 + , A= , ε=
A 1− ε L0

Déformation axiale mesurée

 A la rupture, la contrainte principale majeure vaut:

Pmax
σ1rupt = σ3 +
A

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13 Le traitement des résultats

 Dans le calcul de σ1rupt, on doit également tenir compte de la résistance de la


membrane étanche lorsqu’elle entraine une diminution supérieure à 5%

Pmax
σ1rupt = σ3 + − Ψ ( σ1 − σ3 )
A 
Si ≥5%

Résistance de la membrane

avec
4E m tε 4A
Ψ ( σ1 − σ3 ) = , D=
D π

Em: module de Young = 1400 kPA pour une membrane en latex


t: épaisseur de la membrane
ε: déformation axiale
D: diamètre moyen
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13 Le traitement des résultats

 Dans le cas de l’essai UU, on calcule finalement la résistance au cisaillement non


drainé à l’aide de l’équation suivante:

σ1,rupt − σ3,rupt
cU =
2

ce qui correspond au rayon du cercle de Mohr à la rupture.

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14 Comportement des sols pulvérulents
 ll s’agit de sols sableux ou graveleux pour lesquels, en principe, il n’existe pas de
cohésion si le sol est sec ou parfaitement saturé . Hormis le cas de sollicitations
très rapides (du type tremblement de terre, battage de pieux ou de palplanches),
le comportement de ces sols sera toujours du type drainé à cause de la perméabilité
élevée de ces matériaux.
On présente les résultats obtenus classiquement avec deux courbes :
- une courbe contrainte de cisaillement-déformation (a)
- et une courbe variation de volume-déformation ( b).

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15 Comportement des sols cohérents: comportement à court terme

 Dans un essai UU, l’application de la pression de confinement entraîne une


compression immédiate de l’air contenu dans le sol, c’est-à-dire une diminution
de l’indice des vides. Cette action se poursuit jusqu’à atteindre la saturation ou
plutôt la quasi saturation du sol.

Essai UU pour un sol fin

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15 Comportement des sols cohérents: comportement à long terme CD

 Deux types de courbes sont tracés durant la phase de cisaillement :


- une courbe contrainte déformation (déviateur de contrainte normé);
- une courbe de variation de volume en fonction de la déformation, le sol étant
a priori saturé, cela correspond au volume d’eau expulsé pendant le cisaillement.

Essai CD pour un sol fin saturé


(1) sol normalement consolidé, (2) sol surconsolidé, (3) sol remanié
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15 Comportement des sols cohérents: comportement à long terme CU

Essai CU pour un sol fin saturé:


(1) sol normalement consolidé, (2) sol surconsolidé

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16 Etat de consolidation et résistance au cisaillement

Pour le sol (NC), il y a les points ABCF qui s’alignent suivant une courbe enveloppe
définissant l’angle de frottement drainé ϕd. Par contre, les essais correspondant
aux états E et D (SC) se retrouvent dans le plan de Mohr au dessus de la courbe
précédente et traduisent la « mémoire du sol », ces points définissent une courbe
enveloppe différente avec une cohésion significative et un angle de frottement
inférieur au précédent.
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17 Relation entre la pression de consolidation d’une argile
et sa cohésion non drainée

σ′p

Pour un sol normalement consolidé. La cohésion croît avec la profondeur en même


temps que la pression de consolidation, avec un rapport fonction de la plasticité du sol.

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18 Influence de la température

(σ1 − σ3 ) pic

D’après Mitchell 1969, les résultats d’essais effectués à différentes températures


montrent qu’une augmentation de température entraîne une diminution de la résistance
au pic et également une diminution du module de déformation.

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